HISTOIRE(S) DES IMAGES PHOTOGRAPHIQUES
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HISTOIRE(S) DES IMAGES PHOTOGRAPHIQUES
HISTOIRE(S) DES IMAGES PHOTOGRAPHIQUES - 1re partie de 1839 aux années 1960 Cours de Jean pierre Morcrette Plan et citations COURS N° 5 PHOTOGRAPHIES ET ARTS PLAN du cours : 1 - Préliminaire : premiers rapports entre la photographie et l’art 2 - Quelques repères : les principaux courants artistiques de la fin du 18e au début du 20e siècle 3 - Modernisme / académisme, “avant-garde” / “pompier”; de la volonté d’art en photographie; la photographie est-elle un art ? Une réponse juridique ; Henry Peach ROBINSON, Peter Henry EMERSON 4 - Le mouvement pictorialisme en Europe (environ 1890-1914) Quelques représentants : Robert DEMACHY, Constant PUYO, Henrich KUEHN Les procédés de tirage des Pictorialistes « La photographie est née, la peinture est morte. » Paul DELAROCHE, peintre, 1839. « Voici quelques années est née la gloire de notre époque, une machine qui, jour après jour, surprend notre pensée et épouvante nos yeux. Dans un siècle, cette machine sera le pinceau, la palette, les couleurs, l’habileté, l’expérience, la patience, l’agilité, la précision, le coloris, le vernis, l’ébauche, le fini, l’extrait de la peinture. […/…] N’allons pas croire que le daguerréotype signifie la mort de l’art. […/..] Lorsque cet enfant géant aura grandi, lorsque tout son art et sa puissance se seront développés, le génie brusquement lui mettra la main au collet et lui criera : Ici ! À présent nous allons travailler ensemble. » Antoine WIERTZ, peintre, 1855. Cité par Walter Benjamin, in « Petite histoire de la photographie ». “ La fatuité moderne aura beau rugir, éructer tous les borborygmes de sa ronde personnalité, vomir tous les sophismes indigestes dont une philosophie récente l’a bourrée à gueule-que-veux-tu, cela tombe sous le sens que l’industrie, faisant irruption dans l’art, en devient la plus mortelle ennemie, et que la confusion des fonctions empêche qu’aucune soit bien remplie La poésie et le progrès sont deux ambitieux qui se haïssent d’une haine instinctive, et, quand ils se rencontrent dans le même chemin, il faut que l’un des deux servent l’autre. S’il est permis à la photographie de suppléer l’art dans quelques-unes de ses fonctions, elle l’aura bientôt supplanté ou corrompu tout à fait, grâce à l’alliance naturelle qu’elle trouvera dans la sottise de la multitude. Il faut donc qu’elle rentre dans son véritable devoir, qui est d’être la servante des sciences et des arts, mais la très humble servante, comme l’imprimerie et la sténographie, qui n’ont ni crée ni suppléé la littérature. ” Charles BAUDELAIRE, in LE SALON DE 1859, Le public moderne et la photographie […] « C’est la critique de ces artistes qui, au lieu de prendre le daguerréotype comme un conseil, comme une espèce de dictionnaire, en font le tableau même. Ils croient être bien plus près de la nature quand, à force de peines, ils n’ont pas trop gâté dans leur peinture le résultat obtenu mécaniquement. Ils sont écrasés par la désespérante perfection de certains effets qu’ils trouvent sur la tablette de métal. Plus ils s’efforcent de lui ressembler, plus ils découvrent leur faiblesse. Leur ouvrage n’est donc que la copie nécessairement froide de cette copie imparfaite à d’autres égards. L’artiste, en un mot, devient une machine attelée à une autre machine. » […] Eugène DELACROIX, in Revue des Arts, Revue des deux-mondes, sept. 1850. « […] Il faut s’attendre que de si grandes nouveautés transforment toute la technique des arts, agissent par là sur l’invention elle-même, aillent peut-être jusqu’à modifier merveilleusement la notion même de l’art. » Paul VALERY, in La Conquête de l’Ubiquité, Pièces sur l’art, 1934, La Pléiade. COURS N° 5 PHOTOGRAPHIES ET ARTS Page 1 / 1 HISTOIRE(S) DES IMAGES PHOTOGRAPHIQUES – 1re partie. Une série de cours proposée par Jean pierre Morcrette “ On s’était dépensé en vaines subtilités pour décider si la photographie était ou non un art, mais on ne s’était pas demandé d’abord si cette invention même ne transformait pas le caractère général de l’art.” Walter BENJAMIN, in L’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique, traduction fr. en 1936. « L’art est mort, vive l’art de la machine » Vladimir TATLINE, vers 1920 « La photographie c’est le photojournalisme, le reste, c’est de la peinture » Christian BOLTANSKI « Le but normal et dernier de la peinture, comme d’ailleurs de tous les arts, ne saurait être la représentation directe des objets. Sa finalité est d’exprimer, en les traduisant dans un langage spécial, les idées. Aux yeux de l’artiste […] les objets ne peuvent avoir de valeur en tant qu’objets. Ils peuvent lui apparaître que comme des signes. » Albert AURIER, Le Symbolisme en peinture, Le Mercure de France, 1891 « La photographie est-elle un art ? Toutes ces magnificences qu’elle produit, toutes ces merveilles qu’elle étale devant nous et qui excitent notre admiration, sont-elles des œuvres d’art ? Est-il vrai que, dans ces œuvres, l’instinct, le sentiment, le goût, le cœur, l’âme de l’artiste ne soient pour rien, et qu’il n’y ait qu’un procédé mécanique qui aura donné les effets produits ? Voilà la question grave, importante, vitale pour la photographie, […] » Maître MARIE, avocat de Mayer et Pierson, cité par L. Sassère, « Code des photographes », Le Moniteur de la photographie, 15 mai 1862 « Tous les jours [des photographes] sont victimes de la spoliation. On se présente chez eux, on achète 1 franc 50 centimes un portrait carte, puis on le reproduit à 1 franc, à 90 centimes et même à 40 centimes […] [or en frais de production ] chacune de ces petites cartes coûte 150 à 200 francs […] et bien souvent 1500 à 2000 francs. Si la contrefaçon s’empare de ces objets, vous voyez l’importance du préjudice. » In « Revue photographie », 1862 « Considérant que la loi du 19 juillet 1793 interdit toute reproduction, au préjudice du droit des auteurs, des œuvres qui sont le produit de l’esprit ou du génie, notamment de la gravure et du dessin ; Considérant que les dessins photographiques ne doivent pas être nécessairement, et dans tous les cas, considérés comme dénués de tout caractère artistique, ni rangés au nombre des œuvres purement matérielles ; Qu’en effet, ces dessins, quoique obtenus à l’aide de la chambre noire et sous l’influence de la lumière, peuvent, dans un certain degré, être le produit de la pensée, de l’esprit, du goût et de l’intelligence de l’opérateur ; […] Considérant que, dans l’espèce, les portraits de comte de Cavour et de lord Palmerston, par ces divers caractères, peuvent être considérés comme des productions artistiques et qu’ils doivent jouir de la protection accordée par la loi de 1793 aux œuvres de l’esprit ; […] Tribunaux, Chambre des appels de police correctionnelles, audience du 10 avril 1862, Le moniteur de la photographie, 1er mai 1862. [ Les raisons de la réalisation de « Two ways of life ».exposé à l’Art Treasurus Exhibition de Manchester en 1857 ] « Premièrement. Elle devait supporter la concurrence de ce que l’on pouvait attendre de l’étranger. Deuxièmement. Je voulais montrer aux artistes combien la photographie peut-être utile comme outil de leur art, non seulement pour les détails, mais aussi pour la préparation de ce que l’on peut considérer comme l’esquisse la plus parfaite de leur composition, leur permettant par là de juger l’effet avant de passer à l’achèvement de leur œuvre définitive. Troisièmement. Démontrer la plasticité de la photographie. J’ai cherché à introduire des figures drapées et nues, les unes précisément modelées par la lumière, les autres transparentes dans l’ombre, et à prouver que, par ma méthode, on n’est pas limité à un seul plan, mais que l’on peut placer à n’importe quelle distance des personnages et des objets aussi nets et distincts qu’ils doivent l’être relativement les uns aux autres. » Oscar Gustave REJLANDER, in Photographic Journal, Vol. IV, 21 avril 1858. COURS N° 5 PHOTOGRAPHIES ET ARTS Page 2 / 2 HISTOIRE(S) DES IMAGES PHOTOGRAPHIQUES – 1re partie. Une série de cours proposée par Jean pierre Morcrette « L’œil ne voit pas tout ce qui se présente devant lui de la même façon, pas de lignes, mais des tâches plus ou moins sombres, plus ou moins nettes. […] La photographie est supérieure au dessin, à la gravure sur bois, au fusain, en ce qu’elle donne un meilleur rendu ; elle ne le cède à la peinture que par manque de couleurs. » Peter Henry EMERSON, conférence donnée en 1886 : « La photographie un art pictorial ». « L’œuvre d’art n’est pas dans le motif mais dans la façon de le montrer; Or l’objectif le montre mal ou, si l’on aime mieux, le montre trop bien ; En tout cas il le montre gauchement, bourgeoisement, froidement. En somme, si nous laissons faire l’objectif nous tournons le dos à l’art. » […] Peut être nous accusera-t-on d’effacer ainsi le caractère photographique ? C’est bien notre intention. » Robert DEMACHY COURS N° 5 PHOTOGRAPHIES ET ARTS Page 3 / 3 HISTOIRE(S) DES IMAGES PHOTOGRAPHIQUES – 1re partie. Une série de cours proposée par Jean pierre Morcrette
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