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L’EPREUVE( ( REVUE(DE(PRESSE( ( La(Compagnie( des(Petits(Champs( 1,(route(de(Beaumont=la=Ville,(27170(Beaumontel.( Direction(Artistique(:( Clément(Hervieu=Léger(&(Daniel(San(Pedro( Administrateur(:(Martin(Roch( [email protected]( www.lacompagniedespetitschamps.com( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( 1er mars 2012 ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( 12 février 2012 # L’ÉPREUVE Théâtre de l'Ouest Parisien (Boulogne-Billancourt) Comédie de Marivaux, mise en scène de Clément HervieuLéger, avec Audrey Bonnet, Adeline Chagneau, Loîc Corbery, Daniel San Pedro, Nada Strancar et Stanley Weber. Après "La Critique de l’Ecole des femmes" de Molière présentée en janvier 2011 au Studio Théâtre de la Comédie Française, dont il est pensionnaire depuis 2005, Clément Hervieu-Léger signe, sa deuxième mise en scène avec une version aussi résolument grave qur réussie de "L’épreuve" de Marivaux. Certes cela commence avec de printaniers gazouillis d’oiseaux mais la scénographie de Delphine Brouard est sans équivoque : le ciel de la toile peinte en fond de scène n’est pas d’un bleu céruléen de pastorale mais un ciel torturé à la Nolde et guère engageant est le jardin suggéré par le squelette métallique d’un arbre de post-apocalypse. Projetant l'intrigue au 19ème siècle romantique, il donne à Lucidor une allure de dandy atteint, peut-être du fameux mal du siècle qu'est la mélancolie, mais, sûrement, d'une maladie dont les séquelles lui impose une faiblesse générale qui le flanque souvent à terre nonobstant l'appui d'une canne derrière lequel est bien présent le bourgeois pécunieux qui, amoureux d'Angélique, la fille sans fortune ni dot de l'intendante de sa nouvelle propriété, veut, à l'instar des très jolies femmes qui veulent être aimées pour leur beauté intérieure, s'assurer de l'amour désintéressé que celle-ci semble lui porter. Car l'argent, préoccupation majeure de nombre des personnages de Marivaux, prend souvent le pas sur l'amour ou l'inclination. En l'espèce, cela concerne aussi bien le jeune fermier grippe-sous Maître Blaise qui, ne pensant qu'à accroître sa galette, n'est pas regardant sur le pedigree de la future pourvu que la dot soit gironde, la mère pragmatique, Madame Argante, qui veut établir sa fille et la suivante Lisette qui préfère tenir que courir. Seul le valet Frontin se contente de l'image de prestance que lui renvoie son miroir et de ses succès galants. Pour sonder la pureté de l'élue de son coeur, Lucidor la soumet donc à une épreuve qui n'a rien d'un jeu de salon : il l'éprouve, au sens premier du terme, en lui opposant non pas un mais deux faux prétendants jouissant de belles rentes, son valet Frontin déguisé en ami grassement nanti puis le fermier du crû, avec une cruauté, certes sado-masochiste, mais néanmoins brutale, insistante et acharnée. Car Clément Hervieu-Léger prend cette "épreuve" au pied de la lettre et quand Angélique paraît, en cheveux et dans une méchante robe de tissu couleur de brique, le seul vilain des costume confectionnés par Caroline de Vivaise, et incarnée par Audrey Bonnet, visage tragique et voix d'outre-tombe de victime désignée, la cause est entendue. De cette épreuve les deux amants sortiront tous deux brisés. Car si l'amour finit par triompher en un mariage annoncé, en l'occurrence, point de divertissement. Les deux fiancés quittent la scène accablés, sans un geste de tendresse, chacun seul, lui n'étant pas apaisé d'un mal qui réside sans doute ailleurs dans la crainte de l'engagement et l'incertitude du choix amoureux, elle ayant perdu ses illusions, édifiée sur la condition masculine et sur le pouvoir destructeur de l'amour. ( ( .../... ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( L’Épreuve de Marivaux, mise en scène par Clément Hervieu-Léger au Théâtre de l’Ouest Parisien. © Brigitte Enguérand ( La quinzaine d’Armelle Héliot Airs du temps En plein hiver, le festival Le Standard Idéal réveille les esprits engourdis. Mais c’est sans doute aux Bouffes du Nord avec Katia Kabanova vue par André Engel, à l’Athénée avec Divine dansée et jouée par Daniel Larrieu, avec L’Épreuve mise en scène par Clément Hervieu-Léger, que le théâtre a été à son sommet au début de l’année. P OUR SA 9 ÉDITION, Le Standard Idéal, le festival de la MC93 de Bobigny, a présenté sur deux grandes semaines des spectacles venus de Berlin, de Lisbonne, de Budapest, de Barcelone. S’il fallait dégager une ligne de force, on dirait que la dominante a été au théâtre musical. En forme minimale pour Desaparecer / Disappear, une mise en scène du Catalan Calixto Bieito d’après un conte d’Edgar Allan Poe, dans une traduction espagnole de Julio Cortazar. Un acteur très connu en Espagne, Juan Echanove, disant avec conviction et une expressivité assumée le texte (très bien surtitré) et, au piano, belle musicienne aux allures d’une héroïne d’Edgar Allan Poe, justement, Maika Makovski qui a composé pour l’occasion des morceaux inspirés par la thématique de la disparition. Un spectacle bref, plus proche du récital poétique que du théâtre. Tout enveloppé de lumières, dans un espace sobre, un moment hors temps. « Un concert dans la brume », comme le dit Calixto Bieito, E d’après Le Chat noir et le poème Nevermore. Juan Echanove serait l’assassin, Maika Makovski l’épouse morte… Beaucoup plus imposant était Le Clavier bien tempéré de David Marton que l’on commence à découvrir en France, et notamment grâce à Patrick Sommier, directeur de la MC93 de Bobigny. C’est bien « d’après » Jean-Sébastien Bach qu’est construite cette longue traversée, d’après un roman hongrois que l’on découvrait à cette occasion, un roman de László Krasznahorkai, très connu dans son pays, La Mélancolie de la résistance. Une petite ville de province et la haute délicatesse de l’œuvre de Bach… La musique est inscrite au cœur de l’œuvre littéraire par la présence d’un personnage de musicien, ancien directeur de l’orchestre municipal. Cet homme s’est retiré du monde pour tenter désespérément de découvrir ce qu’il nomme « une harmonie naturelle »… Manipulations sociales, politiques, déli- .../... Desaparecer / Disapp © David Ruano tement, sour sition vers un noires. Un sp son esprit, au Marthaler. M du metteur en il y a quelque dans cette lo interprétée. musiciens, ch Schaubühne été donné ce devait être en Autre pro Queen par un le Teatro Prag du groupe Os Queen, on le celant qui lie de William Sh sition magn Louons d’ent 90 I L’avant-scène théâtre ( ( ( « L’Épreuve », de Marivaux Aimer ou la mise à mort « L’Épreuve » de Marivaux : une comédie sombre où le rire allège quelque peu la mélancolie. La mise en scène de Clément Hervieu-Léger, pensionnaire de la Comédie- Française, exacerbe jusqu’à la torture la cruelle nécessité du jeune Lucidor à sonder le cœur d’Angélique. Une machination pour extorquer, aux dépens de l’être aimé, le sentiment le plus sincère. Lucidor est riche et il aime. Angélique, la fille de la concierge du château qu’il vient d’acquérir, s’éprend de lui, alors qu’il est malade. Tout le bonheur est à portée de main. Rien, toutefois, ne s’acquiert avec facilité. Dans une société où l’argent prévaut sur les sentiments, la sincérité s’achète par les pires tourments. Pour savoir qui de lui ou de sa fortune l’emporte dans le cœur de sa belle, Lucidor manigance, organise et met en scène son propre jeu de dupes. Car, spectateur de la douleur d’Angélique, il souffre en retour. Lucidor est malade. Malade d’amour, certes. Mais aussi, apparemment, un malade qui sent sa fin venir. Le testament, lu par la mère d’Angélique à la fin de la pièce n’apparaît pas dans l’édition du texte, lequel se termine habituellement en vaudeville. Le metteur en scène délivre clairement sa lecture de la pièce. Il y a comme une urgence à percer à vif les sentiments d’Angélique, parce que la mort rode. D’emblée, le personnage apparaît sur scène chancelant. Son corps ne lui appartient pas, tout comme son cœur. Lucidor est un être plus qu’inquiet. La maladie semble décupler son angoisse d’être ou de ne pas être aimé. Et c’est l’incertitude qui va l’obliger à emprunter tous les détours pour s’assurer de ce qu’il veut savoir. Ôter l’amour à force de vouloir tout disséquer Alors, voici Frontin, interprété par Daniel San Pedro, le valet travesti en futur époux, au gré d’un faux quiproquo qui touche à la perversité. Drôle, sûr de lui et de son charme, il est cependant plus homme que son maître et ne goûte guère aux tourments qu’il provoque. Voici encore Blaise, le paysan amoureux. Enfin, plus épris de l’argent que de la belle Angélique. Lui aussi, il fera partie de la machination. Mais, il ne connaît pas les usages. Stanley Weber joue avec beaucoup de drôlerie le rustre benêt qui s’emmêle dans tous ses désirs. Et puis il y a celles qui participent inconsciemment au jeu : Lisette, la servante guillerette et affable, jouée par Adeline Chagneau. Charmante, mutine, jusqu’à outrepasser sa fonction en faisant la morale à sa maîtresse. Et la mère, Madame Argante, dont Nada Strancar montre à merveille le caractère revêche. Rude envers sa fille, doucereuse envers les prétendants et... intéressée par l’argent. À aucun moment, elle ne perçoit la détresse d’Angélique. Et c’est peu de dire qu’Audrey Bonnet nous livre à nu le cœur de la jeune fille. Audrey Bonnet, c’est d’abord une voix rauque et suave et une émotion à fleur de peau, depuis le beau moment de la « fausse » déclaration d’amour, jusqu’à l’aboutissement final. Elle nous montre les méandres d’un cœur sous le regard de Lucidor, capable d’ôter l’amour à force de vouloir tout disséquer. La pièce – malgré la bonne humeur de Maître Blaise et de Lisette, malgré le bonheur d’une mère heureuse du testament en faveur de sa fille – s’achève sur une infinie tristesse. Les cœurs des deux amants sont dévastés. L’amour a été dit, mais à quel prix ? Une belle mise en scène, des comédiens de grande tenue, un regard sur le sentiment amoureux aiguisé. Un vrai bonheur de spectateur. Fatima Miloudi ( ( Avec « L'Épreuve », de Marivaux, Clément Hervieu-Léger prouve qu'au théâtre, toutes les histoires d'amour ne finissent pas mal L'ambiance, d'abord : des chants d'oiseau, le lointain son de la cloche du village. Le décor, ensuite : un arbre, quelques chaises sur fond de paysage à la tombée du jour. La distribution, enfin : sans une fausse note, les six comédiens donnent au texte de Marivaux toute sa puissance et sa profondeur. Lucidor (Loïc Corbery, sociétaire de la Comédie française) et Angélique (Audrey Bonnet, parfaite hier soir malgré une toux lancinante) s'aiment. Cela se voit dans leurs gestes à la fois maladroits et empressés, cela s'entend dans les joutes verbales auxquelles ils se livrent pour ne pas succomber à leur élan. On ne devrait pas badiner avec l'amour et pourtant... Pour s'assurer de la pureté des sentiments de sa belle Angélique, Lucidor, malade blafard et chancelant, veut la mettre à L'épreuve et, ce faisant, ce sont aussi son valet Frontin (Daniel San Pedro), le vénal et pataud fermier Maître Blaise (Stanley Weber), la mère d'Angélique (Nada Strancar) et la mutine servante Lisette (Adeline Chagneau) qu'il pousse à se confronter à leurs démons personnels, ceux de l'ambition et de la prétention. Nous voici chez Marivaux. En s'emparant de ce texte, le metteur en scène Clément Hervieu-Léger réussit parfaitement à « faire entendre le silence et les mots qui ne sont pas dits », ceux-là même qui lui ont, dit-il, donner envie de monter la pièce. Avec quelle classe ! Des costumes particulièrement riches de Caroline de Vivaise à la musique discrète mais sensible de Pascal Sangla, tout fait sens. Sans fioritures, sans ces artifices superflus dont affublent trop souvent les textes anciens les jeunes metteurs en scène se piquant de modernité. Marivaux, seul, est moderne. L'épreuve a beau être une pièce courte en un acte, elle n'en évoque pas moins toute une vie. Ses douleurs, ses écueils, ses non dits. Sans en oublier la légèreté, aussi, parfois. Du théâtre comme on l'aime. Comme quoi, toutes les histoires d'amour ne finissent pas mal. Béatrice Frère ( ( ( ( 9 Janvier 2013 Marie-Céline Nivière T.O.P. Renseignements page 53. ( ( L’ÉPREUVE [comédie dramatique] Loïc Corbery Pariscope © Fabienne Rappeneau / Wikispectacle Devant le succès rencontré l’année passée, le Théâtre de l’Ouest Parisien reprend pour dix représentations la pièce de Marivaux, mise en scène par Clément HervieuLéger. Sa lecture très personnelle de l’œuvre, d’un marivaudage plus tourmenté, nous a emballés. Cherchant à savoir si elle l’aime pour lui-même ou pour sa fortune, Lucidor met à l’épreuve les sentiments d’Angélique. On sait qu’il a été souffrant et que la jeune fille, aidée de sa mère, l’a soigné avec dévotion et tendresse. Ici, il n’est pas guéri. Portant le masque de la douleur et de la mort, Lucidor devient un héros romantique. Ses doutes sont liés à cette fin prématurée qui s’annonce. Clément Hervieu-Léger met aussi en avant la solitude des personnages, des maîtres aux valets, en passant par le paysan, tous cherchent à s’en échapper. Seule la mère d’Angélique semble en avoir pris son parti, par habitude, parce que le temps a fait son œuvre. La scénographie, très bel ouvrage de Delphine Brouard, porte les couleurs du romantisme : ciels tourmentés, lumières froides créées par Bertrand Couderc. La fragilité des personnages est enfermée dans un écrin de nacre, comme dans une coquille d’huître. Les costumes de Caroline de Vivaise nous transposent au XIXe siècle. L’interprétation des comédiens est admirable. Le talentueux Loïc Corbery incarne avec une belle sensibilité les souffrances de Lucidor. Avec Audrey Bonnet, tout en charme et en subtilité, plus que jamais le prénom d’Angélique sonne juste. Elle est un ange. Dans les rôles des valets, Adeline Chagneau et Daniel San Pedro proposent une partition très délicate sortant des clichés. Quant à Stanley Weber, il fait de Maître Blaise non pas un benêt, mais un héros tchekhovien. Les personnages de mère sont toujours beaux chez Marivaux, Nada Strancar y est très émouvante. A ne pas manquer ! ■ ( ALLEGRO THÉÂTRE 11 Janvier 2013 “L'Épreuve” de Marivaux Plus qu'une épreuve c'est une torture qu'inflige Lucidor, jeune aristo très nanti à Angélique qui a son âge mais ne possède pas sa fortune. Comme souvent chez Marivaux le maître ordonne au serviteur de se substituer à lui afin d'éprouver les sentiments de celle avec laquelle il envisage de faire sa vie. Eprise de Lucidor, qu'elle a veillé alors qu'il était au plus mal, elle rejette vigoureusement le faux prétendant. Pas assuré encore de l'attachement d'Angélique, le garçon de ses pensées fait mine de vouloir l'unir à maître Blaise, un paysan hypersensible à l'attrait de l'argent. Faire épouser à un subordonné la fille d'une classe inférieure avec laquelle un “fils de famille” a passé du bon temps était, sous l'Ancien Régime, une pratique courante. Qui a, à l'évidence, inspiré le canevas de cette pièce en un acte. Nostalgique des premières morsures de l'amour, Marivaux la baigne dans un climat préromantique. Metteur en scène et directeur d'acteurs aussi subtil qu'averti des avanies de l'existence, Clément Hervieu-Léger a ménagé un final qui prend à la gorge. Si Audrey Bonnet et Loïc Corbery interprètent avec une grâce véhémente un couple d'amants en proie à des tourments, le reste de la distribution les égale. On retrouve notamment avec joie Nada Stancar qui donne au rôle de la mère d'Angélique, le plus souvent incarné comme une femme dure et qui ne songe qu'à amasser des ressources, une rayonnante humanité. Jusqu'au 20 janvier TOP théâtre de l'ouest parisien tel 01 46 03 60 44 Joshka Schidlow. ( ( ( 14 janvier 2013 Critiques / Théâtre Critiques / Théâtre L’Épreuve de Marivaux - Un stratagème malheureux L’Épreuve de MarivauxOn ne -se lasse Un stratagème pas d’entendre Marivaux, la beauté d’une langue dont la finesse malheureux d’analyse le dispute à la fluidité, à l’élégance de la langue. D’une pièce à On ne se lasse pas d’entendre Marivaux, la beauté d’une dont la finesse le l’autre, langue presque toujours les d’analyse mêmes éléments remis en jeu, battus à les dispute à la fluidité, à l’élégance de la langue. D’une piècesont à l’autre, presque toujours nouveau comme on bat les cartes mêmes éléments sont remis en jeu, battus à nouveau comme on bat les cartes : l’amour :en est l’amour en est le thème central, le moteur le thème central, le moteur qui lui permet d’examiner les relations entre les hommes et les qui lui permet d’examiner les relations femmes du siècle des Lumières. Il révèle la violence cruauté d’un cœur entredes les sentiments, hommes et leslafemmes du siècle orgueilleux. L’Épreuve semble être un précipité des des thèmes privilégiés de Lumières. Il révèle la violence des sentiments, la cruauté d’un cœur Marivaux. On retrouve les ingrédients de La Fausse SuivanteL’Épreuve ou du Jeusemble de l’amour orgueilleux. être un et du précipité desamour thèmes de hasard : un personnage se déguise pour observer l’objet de son à sonprivilégiés insu et estimer si Marivaux. On retrouve les ingrédients de La Fausse Suivante ou du Jeu de l’amour et du hasard : un on l’aime pour sa fortune ou pour lui-même. Clément Hervieu-Léger a fait de la pièce une personnage se déguise pour observer l’objet de son amour à son insu et estimer si on l’aime pour sa lecture sombre qui bascule dans la tragédie. Cette fois, le stratagème n’est pas heureux et ne fortune ou pour lui-même. finira pas par un joyeux divertissement de village mais par la lecture du testament de Lucidor Clément Hervieu-Léger a fait de la pièce une lecture sombre qui bascule dans la tragédie. Cette fois, le qui annonce un legs à une certaine Angélique retirée dans un couvent... Le metteur en scène stratagème n’est pas heureux et ne finira pas par un joyeux divertissement de village mais par la lecture a déshabillé comédie tirer qui révèlent la cruauté de la manipulation exercé du testament delaLucidor qui pour annonce un les legsfils à une certaine Angélique retirée dans un couvent… Le metteur en scène a déshabillé la comédie pour tirer les filsdes qui personnages révèlent la cruauté de la manipulation par le jeune et coquet Lucidor et la solitude impuissants à sa merci. exercé par le jeune et coquet Lucidor et la solitude des personnages impuissants à sa merci. D’emblée, D’emblée, la tonalité est annoncée avec ce ciel sombre gonflé de nuages en fond de scène, la annoncée avec ce sombre gonflé avec de nuages en fond de scène, cet arbre étique et sans cettonalité arbreestétique et sans viecielqui contraste le gazouillis des oiseaux, quelques chaises vie qui contraste avec le gazouillis des oiseaux, quelques chaises d’école. L’austérité de la d’école. L’austérité de la scénographie de Delphine Brouard n’annonce rien qui vaille. scénographie de Delphine Brouard n’annonce rien qui vaille. Le Lucidor de Loïc Corbery évoque le Perdican de Musset ;; c’est un jeune homme maladif, blême, qui Le Lucidor de Loïc évoque letotalement Perdicanaveuglé de Musset homme semble lutter contre uneCorbery violence intérieure, par son; c’est projet un fou.jeune Il manipule toutmaladif, le blême, qui semble lutter contre une violence intérieure, totalement aveuglé par son monde : le brave Frontin (Daniel San Pedro), qui n’est pas dupe, n’a pas d’autre choix que d’accepter projet fou. Il manipule toutLalecharmante monde : et le espiègle brave Frontin Pedro),comme qui n’est pasBlaise dupe, n’a ce qu’on lui ordonne. Lisette (Daniel (Adeline San Chagneau) Maître (Stanley Weber, excellent en fermier lourdaud et bonhomme, gentiment brutal), ne sait plus à quel pas d’autre choix que d’accepter ce qu’on lui ordonne. La charmante et espiègle Lisette saint se vouer ; Madame Argan (Nada Strancar enrichit le personnage de sa présence généreuse et (Adeline Chagneau) comme Maître Blaise (Stanley Weber, excellent en fermier lourdaud et grave) se fait mener par le bout du nez. Chacun se débat dans la toile tissée par Lucidor sans bonhomme, gentiment brutal), ne sait plus à quel saint se vouer ; Madame Argan (Nada comprendre la situation. La douce Angélique, magnifiquement interprétée par Audrey Bonnet, en sera Strancar le personnage decœur sa présence généreuse et grave) se fait mener par le bout la victime enrichit car comment donner son à un homme capable d’une machination ? D’abord du nez. Chacun débat dans la fébrile toile tissée parson Lucidor la situation. amoureuse rêveuse se dans l’impatience de voir vœu le sans plus comprendre cher se réaliser, elle est La douce Angélique, interprétée Audrey sera la dans victime brutalement anéantie, magnifiquement trahie par Lucidor qui a poussé par l’épreuve trop Bonnet, loin. Dès en lors, raidie sa car douleur qu’elle muselle autant qu’elle peut, elle semble absente à elle-même. Cette pièce courte brille comment donner son cœur à un homme capable d’une machination ? D’abord amoureuse comme diamant noir sous le regarddedevoir Clément Hervieu-Léger dont la deuxième en rêveuseundans l’impatience fébrile son vœu le plus cher sec’est réaliser, elle estmise brutalement scène (sa Critique de l’école des femmes était un bijou d’intelligence et d’humour) et par les anéantie, trahie par Lucidor qui a poussé l’épreuve trop loin. Dès lors, raidie dans sa douleur comédiens, tous au diapason. qu’elle muselle autant qu’elle peut, elle semble absente à elle-même. Cette pièce courte brille Corinne Denailles comme un diamant noir sous le regard de Clément Hervieu-Léger dont c’est la deuxième mise en scène (sa Critique de l’école des femmes était un bijou d’intelligence et d’humour) L’épreuve de comédiens, Marivaux. Misetous en scène Clément Hervieu-Léger (de la Comédie-Française). Scénographie, Delphine et par les au diapason. Brouard. Lumières, Bertrand Couderc. Costumes, Caroline de Vivaise. Musique, Pascal Sangla. Avec Audrey Bonnet, Adeline Chagneau, Loïc Corbery (de la Comédie-Française), Daniel San Pedro, Nada Strancar, Stanley Weber. Au TOP Corinne Denailles (reprise) jusqu’au 20 janvier, du à 20h30, dimanche 16h. Tel 01 46 03 60 44. Durée : 1h25. www.top-bb.fr 13 janvier 2013 L’amour est-ce grave ou bien simple et léger ? Écoutez l’Épreuve au TOP cette semaine L’amour est-ceMarivaux grave dans ou bien simple et léger ? Écoutez Marivaux dans l’Épreuve cetteLesemaine La pièce est à voir pour ses silencesau et TOP ses regards. temps s’arrête, de longues secondes durant, sur le dialogue muet auquel se livrent Angélique (Audrey Bonnet) et Lucidor (Loïc La pièce est à voir pour ses silences et ses regards. Le temps Corbery de la Comédie-Française). Ils échangent toutsecondes et ne sedurant, disentsur rienle etdialogue sur leurmuet visage et s’arrête, de longues sur leur corps se marque l’infiniauquel de l’attente. malgré monetpeu de (Loïc condition? se livrent M’aime-t-il Angélique (Audrey Bonnet) Lucidor Corbery la Comédie-Française). Ils échangent tout et est ne selà pour M’aime-t-elle pour moi et non pour mon de argent? L’intensité de leur interrogation rienn’est et sur leur visage et sur leur corps se marque rappeler que si tel n’est pas le cas,disent la mort peut-être pas loin. l’infini de l’attente. M’aime-t-il malgré mon peu de condition? pour moi et non pourStrancar), mon argent? La position sociale et l’argent, incarnés parM’aime-t-elle la mère d’Angélique (Nada sont en L’intensité de leur interrogation est là pour rappeler que si tel réalité de peu d’importance, et l’inquiétude de chacun c’est l’autre. Ils s’aiment, c’est une n’est pas le cas, la mort n’est peut-être pas loin. évidence pour tous, et peut-être même pour eux. Ils n’osent se le dire, et Lucidor, La position sociale et l’argent, incarnés par la torturé mère par d’Angélique (Nada Strancar), sont en réalité de peu l’incertitude, met à l’épreuve Angélique dans unet stratagème d’une d’importance, l’inquiétude de inconsciente chacun c’est cruauté. l’autre. Il est inquiet, elle souffre. Elle reste fidèle à elle-même, sûre de ses sentiments, simplement Ils s’aiment, c’est une évidence pour tous, et peut-être mêmefemme et aimante peu à peu profondément perturbée par la douleur de la mise à l’épreuve. Il l’aime pour eux. Ils n’osent se le dire, et Lucidor, torturé par l’incertitude, met à l’épreuve Angélique dans un stratagème d’une inconsciente cruauté. Il est inquiet, et il lui fait vivre cela? Le seul sentiment qu’elle énoncera sera « Je vous hais ». Et même si elle souffre. fidèle àlaelle-même, sûre de ses femme et aimante peu – ils l’issue est Elle un reste mariage, joie a déserté lessentiments, cœurs etsimplement l’incertitude s’est déplacée à peu profondément perturbée par la douleur de la mise à l’épreuve. Il l’aime et il lui fait vivre cela? s’aimaient, s’aimeront-ils encore? Et qu’en feront-ils? Le seul sentiment qu’elle énoncera sera « Je vous hais ». Et même si l’issue est un mariage, la joie a déserté les cœurs et l’incertitude s’est déplacée – ils s’aimaient, s’aimeront-ils encore? Et qu’en Heureusement Marivaux reconnait plus d’une facette à l’amour ! Pendant que le son grave feront-ils? des amours inquiètes développe, nousfacette propose la musique cristalline joyeuse de la vie Heureusement Marivaux se reconnait plus il d’une à l’amour ! Pendant que le et son grave des qui profite d’elle-même. servante, Lisette (Adeline Chagneau), le profite fier Frontin amours inquiètes se développe,Lail nous propose la musique cristalline et joyeuseapprécie de la vie qui d’elle-même. La servante, Lisette (Adeline Chagneau), apprécie le fier Frontin (Daniel San Pedro) (Daniel San Pedro) et le beau Blaise (Stanley Weber), Blaise apprécie le bel argent etque lui le beau Blaise (Stanley Blaise apprécie le bel argent que lui propose son et le propose Lucidor dansWeber), son stratagème et chacun épousera l’être qui Lucidor aura et dans l’argent stratagème et chacun épousera l’être qui aura et l’argent et le sourire. Il n’est plus tout à fait question sourire. Il n’est plus tout à fait question d’amour mais d’épousailles, de situation sociales et d’amour mais d’épousailles, de situation sociales et de désirs immédiats. Marivaux nous surprend, de désirs immédiats. nous surprend, nous de égaie et nous donne nous fait rire, nous égaieMarivaux et nous donne envie de vivre nous ainsi, fait dansrire, la légèreté la joie de vivre et la envie de vivre ainsi, dans la légèreté de la joie de vivre et la capacité à s’abandonner à la jubilation capacité à s’abandonner à la jubilation de l’instant. de mise l’instant. La en scène de Clément Hervieu-Léger donne une densité physique au ballet des émotions. Le décor est épuré mais lourd et inquiétant. Les scènes sont intensément rythmées: graves, lentes, La mise en scène de Clément Hervieu-Léger donne enlevées une densité physique ballet des denses, pour l’amour d’Angélique et Lucidor, joyeuses, légères, pour les amours deau Lisette, Frontin et Blaise. Angélique est une intensité immobile, Lucidor une perpétuelle chute, Lisette pétille émotions. Le décor est épuré mais lourd et inquiétant. Les scènes sont intensément rythmées: de vie et rayonne, Blaise est tonitruant et en mouvement, Frontin s’avère audacieux et fidèleenlevées et Mme pour graves, lentes, denses, pour l’amour d’Angélique et Lucidor, joyeuses, légères, Argante un bloc de dureté. En fond sonore le chant des oiseaux, une musique, le bruit du vent; et les les amours de Lisette, Frontin et Blaise. Angélique est une intensité immobile, Lucidor une silences et regards, les corps tendus, offrant une vision sculpturale des sentiments. perpétuelle chute, Lisette pétille de vie et rayonne, Blaise est tonitruant en emporte mouvement, C’est du beau théâtre qui coule comme une partition parfaitement exécutée. Cette pièceet nous Frontin s’avère audacieux fidèle et Mme Argantetous unces bloc de dureté. En fond le et nous accompagne encore bienetaprès les applaudissements: personnages, comme autantsonore de parties de nous mêmes,une interrogent longtemps graves, et quiregards, sont légères, qui sonttendus, chant des oiseaux, musique, le bruitnos duamours; vent; etquilessont silences les corps l’amour ! offrant une vision sculpturale des sentiments. Sophie Pellat C’est du beau théâtre qui coule comme une partition parfaitement exécutée. Cette pièce nous Au 10 au 20 2013 emporte et janvier nous accompagne encore bien après les applaudissements: tous ces personnages, Théâtre de l’Ouest Parisien autantdedepalissy parties de nous mêmes, interrogent longtemps nos amours; qui sont graves, 1comme place bernard qui sont légères, qui sont l’amour ! 92100 Boulogne-Billancourt Réservations 01 46 03 60 44 Sophie Pellat Réservations en ligne www.top-bb.fr Lundi 21 janvier 2014 Du 12 février au 12 mars 2014
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