l`epreuve( ( revue(de(presse - la compagnie des Petits Champs

Transcription

l`epreuve( ( revue(de(presse - la compagnie des Petits Champs
L’EPREUVE(
(
REVUE(DE(PRESSE(
(
La(Compagnie(
des(Petits(Champs(
1,(route(de(Beaumont=la=Ville,(27170(Beaumontel.(
Direction(Artistique(:(
Clément(Hervieu=Léger(&(Daniel(San(Pedro(
Administrateur(:(Martin(Roch(
[email protected](
www.lacompagniedespetitschamps.com(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
1er mars 2012
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
12 février 2012
#
L’ÉPREUVE
Théâtre de l'Ouest Parisien (Boulogne-Billancourt)
Comédie de Marivaux, mise en scène de Clément HervieuLéger, avec Audrey Bonnet, Adeline Chagneau, Loîc
Corbery, Daniel San Pedro, Nada Strancar et Stanley
Weber.
Après "La Critique de l’Ecole des femmes" de Molière présentée
en janvier 2011 au Studio Théâtre de la Comédie Française,
dont il est pensionnaire depuis 2005, Clément Hervieu-Léger
signe, sa deuxième mise en scène avec une version aussi
résolument grave qur réussie de "L’épreuve" de Marivaux.
Certes cela commence avec de printaniers gazouillis d’oiseaux
mais la scénographie de Delphine Brouard est sans équivoque :
le ciel de la toile peinte en fond de scène n’est pas d’un bleu
céruléen de pastorale mais un ciel torturé à la Nolde et guère engageant est le jardin
suggéré par le squelette métallique d’un arbre de post-apocalypse.
Projetant l'intrigue au 19ème siècle romantique, il donne à Lucidor une allure de dandy
atteint, peut-être du fameux mal du siècle qu'est la mélancolie, mais, sûrement, d'une
maladie dont les séquelles lui impose une faiblesse générale qui le flanque souvent à terre
nonobstant l'appui d'une canne derrière lequel est bien présent le bourgeois pécunieux qui,
amoureux d'Angélique, la fille sans fortune ni dot de l'intendante de sa nouvelle propriété,
veut, à l'instar des très jolies femmes qui veulent être aimées pour leur beauté intérieure,
s'assurer de l'amour désintéressé que celle-ci semble lui porter.
Car l'argent, préoccupation majeure de nombre des personnages de Marivaux, prend souvent
le pas sur l'amour ou l'inclination. En l'espèce, cela concerne aussi bien le jeune fermier
grippe-sous Maître Blaise qui, ne pensant qu'à accroître sa galette, n'est pas regardant sur le
pedigree de la future pourvu que la dot soit gironde, la mère pragmatique, Madame Argante,
qui veut établir sa fille et la suivante Lisette qui préfère tenir que courir. Seul le valet Frontin
se contente de l'image de prestance que lui renvoie son miroir et de ses succès galants.
Pour sonder la pureté de l'élue de son coeur, Lucidor la soumet donc à une épreuve qui n'a
rien d'un jeu de salon : il l'éprouve, au sens premier du terme, en lui opposant non pas un
mais deux faux prétendants jouissant de belles rentes, son valet Frontin déguisé en ami
grassement nanti puis le fermier du crû, avec une cruauté, certes sado-masochiste, mais
néanmoins brutale, insistante et acharnée.
Car Clément Hervieu-Léger prend cette "épreuve" au pied de la lettre et quand Angélique
paraît, en cheveux et dans une méchante robe de tissu couleur de brique, le seul vilain des
costume confectionnés par Caroline de Vivaise, et incarnée par Audrey Bonnet, visage
tragique et voix d'outre-tombe de victime désignée, la cause est entendue.
De cette épreuve les deux amants sortiront tous deux brisés. Car si l'amour finit par
triompher en un mariage annoncé, en l'occurrence, point de divertissement. Les deux fiancés
quittent la scène accablés, sans un geste de tendresse, chacun seul, lui n'étant pas apaisé
d'un mal qui réside sans doute ailleurs dans la crainte de l'engagement et l'incertitude du
choix amoureux, elle ayant perdu ses illusions, édifiée sur la condition masculine et sur le
pouvoir destructeur de l'amour.
(
(
.../...
(
(
(
(
(
(
(
(
(
(
L’Épreuve de Marivaux, mise en scène par Clément Hervieu-Léger au Théâtre de l’Ouest Parisien. © Brigitte Enguérand
(
La quinzaine
d’Armelle Héliot
Airs du temps
En plein hiver, le festival Le Standard Idéal réveille les esprits engourdis. Mais
c’est sans doute aux Bouffes du Nord avec Katia Kabanova vue par André Engel,
à l’Athénée avec Divine dansée et jouée par Daniel Larrieu, avec L’Épreuve mise
en scène par Clément Hervieu-Léger, que le théâtre a été à son sommet au début
de l’année.
P
OUR SA 9 ÉDITION, Le Standard Idéal,
le festival de la MC93 de Bobigny,
a présenté sur deux grandes
semaines des spectacles venus
de Berlin, de Lisbonne, de Budapest, de
Barcelone. S’il fallait dégager une ligne
de force, on dirait que la dominante a été
au théâtre musical. En forme minimale
pour Desaparecer / Disappear, une mise
en scène du Catalan Calixto Bieito d’après
un conte d’Edgar Allan Poe, dans une
traduction espagnole de Julio Cortazar.
Un acteur très connu en Espagne, Juan
Echanove, disant avec conviction et une
expressivité assumée le texte (très bien
surtitré) et, au piano, belle musicienne
aux allures d’une héroïne d’Edgar Allan
Poe, justement, Maika Makovski qui a
composé pour l’occasion des morceaux
inspirés par la thématique de la disparition.
Un spectacle bref, plus proche du récital
poétique que du théâtre. Tout enveloppé
de lumières, dans un espace sobre, un
moment hors temps. « Un concert dans
la brume », comme le dit Calixto Bieito,
E
d’après Le Chat noir et le poème
Nevermore. Juan Echanove serait
l’assassin, Maika Makovski l’épouse
morte…
Beaucoup plus imposant était Le
Clavier bien tempéré de David Marton
que l’on commence à découvrir en
France, et notamment grâce à Patrick
Sommier, directeur de la MC93 de Bobigny.
C’est bien « d’après » Jean-Sébastien
Bach qu’est construite cette longue
traversée, d’après un roman hongrois
que l’on découvrait à cette occasion,
un roman de László Krasznahorkai, très
connu dans son pays, La Mélancolie de
la résistance. Une petite ville de province
et la haute délicatesse de l’œuvre de
Bach… La musique est inscrite au cœur
de l’œuvre littéraire par la présence d’un
personnage de musicien, ancien directeur
de l’orchestre municipal. Cet homme
s’est retiré du monde pour tenter
désespérément de découvrir ce qu’il
nomme « une harmonie naturelle »…
Manipulations sociales, politiques, déli-
.../...
Desaparecer / Disapp
© David Ruano
tement, sour
sition vers un
noires. Un sp
son esprit, au
Marthaler. M
du metteur en
il y a quelque
dans cette lo
interprétée.
musiciens, ch
Schaubühne
été donné ce
devait être en
Autre pro
Queen par un
le Teatro Prag
du groupe Os
Queen, on le
celant qui lie
de William Sh
sition magn
Louons d’ent
90 I L’avant-scène théâtre
(
(
(
« L’Épreuve », de Marivaux
Aimer ou la mise à mort
« L’Épreuve » de Marivaux : une comédie sombre où le rire allège
quelque peu la mélancolie. La mise en scène de Clément Hervieu-Léger,
pensionnaire de la Comédie- Française, exacerbe jusqu’à la torture la
cruelle nécessité du jeune Lucidor à sonder le cœur d’Angélique. Une machination pour extorquer,
aux dépens de l’être aimé, le sentiment le plus sincère.
Lucidor est riche et il aime. Angélique, la fille de la concierge du château qu’il vient d’acquérir,
s’éprend de lui, alors qu’il est malade. Tout le bonheur est à portée de main. Rien, toutefois, ne
s’acquiert avec facilité. Dans une société où l’argent prévaut sur les sentiments, la sincérité s’achète
par les pires tourments. Pour savoir qui de lui ou de sa fortune l’emporte dans le cœur de sa belle,
Lucidor manigance, organise et met en scène son propre jeu de dupes. Car, spectateur de la douleur
d’Angélique, il souffre en retour.
Lucidor est malade. Malade d’amour, certes. Mais aussi, apparemment, un malade qui sent sa fin
venir. Le testament, lu par la mère d’Angélique à la fin de la pièce n’apparaît pas dans l’édition du
texte, lequel se termine habituellement en vaudeville. Le metteur en scène délivre clairement sa
lecture de la pièce. Il y a comme une urgence à percer à vif les sentiments d’Angélique, parce que la
mort rode. D’emblée, le personnage apparaît sur scène chancelant. Son corps ne lui appartient pas,
tout comme son cœur. Lucidor est un être plus qu’inquiet. La maladie semble décupler son angoisse
d’être ou de ne pas être aimé. Et c’est l’incertitude qui va l’obliger à emprunter tous les détours pour
s’assurer de ce qu’il veut savoir.
Ôter l’amour à force de vouloir tout disséquer
Alors, voici Frontin, interprété par Daniel San Pedro, le valet travesti en futur époux, au gré d’un
faux quiproquo qui touche à la perversité. Drôle, sûr de lui et de son charme, il est cependant plus
homme que son maître et ne goûte guère aux tourments qu’il provoque. Voici encore Blaise, le
paysan amoureux. Enfin, plus épris de l’argent que de la belle Angélique. Lui aussi, il fera partie de
la machination. Mais, il ne connaît pas les usages. Stanley Weber joue avec beaucoup de drôlerie le
rustre benêt qui s’emmêle dans tous ses désirs. Et puis il y a celles qui participent inconsciemment
au jeu : Lisette, la servante guillerette et affable, jouée par Adeline Chagneau. Charmante, mutine,
jusqu’à outrepasser sa fonction en faisant la morale à sa maîtresse. Et la mère, Madame Argante,
dont Nada Strancar montre à merveille le caractère revêche. Rude envers sa fille, doucereuse envers
les prétendants et... intéressée par l’argent. À aucun moment, elle ne perçoit la détresse
d’Angélique. Et c’est peu de dire qu’Audrey Bonnet nous livre à nu le cœur de la jeune fille.
Audrey Bonnet, c’est d’abord une voix rauque et suave et une émotion à fleur de peau, depuis le
beau moment de la « fausse » déclaration d’amour, jusqu’à l’aboutissement final. Elle nous montre
les méandres d’un cœur sous le regard de Lucidor, capable d’ôter l’amour à force de vouloir tout
disséquer.
La pièce – malgré la bonne humeur de Maître Blaise et de Lisette, malgré le bonheur d’une mère
heureuse du testament en faveur de sa fille – s’achève sur une infinie tristesse. Les cœurs des deux
amants sont dévastés. L’amour a été dit, mais à quel prix ? Une belle mise en scène, des comédiens
de grande tenue, un regard sur le sentiment amoureux aiguisé. Un vrai bonheur de spectateur.
Fatima Miloudi
(
(
Avec « L'Épreuve », de Marivaux, Clément Hervieu-Léger prouve qu'au
théâtre, toutes les histoires d'amour ne finissent pas mal
L'ambiance, d'abord : des chants d'oiseau, le lointain son de la cloche du village.
Le décor, ensuite : un arbre, quelques chaises sur fond de paysage à la tombée du
jour. La distribution, enfin : sans une fausse note, les six comédiens donnent au
texte de Marivaux toute sa puissance et sa profondeur. Lucidor (Loïc Corbery,
sociétaire de la Comédie française) et Angélique (Audrey Bonnet, parfaite hier
soir malgré une toux lancinante) s'aiment.
Cela se voit dans leurs gestes à la fois maladroits et empressés, cela s'entend dans
les joutes verbales auxquelles ils se livrent pour ne pas succomber à leur élan.
On ne devrait pas badiner avec l'amour et pourtant... Pour s'assurer de la pureté
des sentiments de sa belle Angélique, Lucidor, malade blafard et chancelant, veut
la mettre à L'épreuve et, ce faisant, ce sont aussi son valet Frontin (Daniel San
Pedro), le vénal et pataud fermier Maître Blaise (Stanley Weber), la mère
d'Angélique (Nada Strancar) et la mutine servante Lisette (Adeline Chagneau)
qu'il pousse à se confronter à leurs démons personnels, ceux de l'ambition et de la
prétention. Nous voici chez Marivaux. En s'emparant de ce texte, le metteur en
scène Clément Hervieu-Léger réussit parfaitement à « faire entendre le silence et
les mots qui ne sont pas dits », ceux-là même qui lui ont, dit-il, donner envie de
monter la pièce.
Avec quelle classe ! Des costumes particulièrement riches de Caroline de Vivaise
à la musique discrète mais sensible de Pascal Sangla, tout fait sens. Sans
fioritures, sans ces artifices superflus dont affublent trop souvent les textes
anciens les jeunes metteurs en scène se piquant de modernité. Marivaux, seul, est
moderne. L'épreuve a beau être une pièce courte en un acte, elle n'en évoque pas
moins toute une vie. Ses douleurs, ses écueils, ses non dits. Sans en oublier la
légèreté, aussi, parfois. Du théâtre comme on l'aime. Comme quoi, toutes les
histoires d'amour ne finissent pas mal.
Béatrice Frère
(
(
(
(
9 Janvier 2013
Marie-Céline Nivière
T.O.P.
Renseignements page 53.
(
(
L’ÉPREUVE
[comédie dramatique]
Loïc Corbery
Pariscope
© Fabienne Rappeneau / Wikispectacle
Devant le succès rencontré
l’année passée, le Théâtre de l’Ouest
Parisien reprend pour dix
représentations la pièce de Marivaux,
mise en scène par Clément HervieuLéger. Sa lecture très personnelle
de l’œuvre, d’un marivaudage plus
tourmenté, nous a emballés. Cherchant
à savoir si elle l’aime pour lui-même ou
pour sa fortune, Lucidor met à
l’épreuve les sentiments d’Angélique.
On sait qu’il a été souffrant et que la
jeune fille, aidée de sa mère, l’a soigné
avec dévotion et tendresse. Ici, il n’est
pas guéri. Portant le masque de la
douleur et de la mort, Lucidor devient
un héros romantique. Ses doutes sont
liés à cette fin prématurée qui
s’annonce. Clément Hervieu-Léger met
aussi en avant la solitude des
personnages, des maîtres aux valets,
en passant par le paysan, tous
cherchent à s’en échapper. Seule la
mère d’Angélique semble en avoir pris
son parti, par habitude, parce que
le temps a fait son œuvre. La
scénographie, très bel ouvrage de
Delphine Brouard, porte les couleurs du
romantisme : ciels tourmentés, lumières
froides créées par Bertrand Couderc.
La fragilité des personnages est
enfermée dans un écrin de nacre,
comme dans une coquille d’huître.
Les costumes de Caroline de Vivaise
nous transposent au XIXe siècle.
L’interprétation des comédiens est
admirable. Le talentueux Loïc Corbery
incarne avec une belle sensibilité les
souffrances de Lucidor. Avec Audrey
Bonnet, tout en charme et en subtilité,
plus que jamais le prénom d’Angélique
sonne juste. Elle est un ange. Dans les
rôles des valets, Adeline Chagneau et
Daniel San Pedro proposent une
partition très délicate sortant des
clichés. Quant à Stanley Weber, il fait
de Maître Blaise non pas un benêt, mais
un héros tchekhovien. Les personnages
de mère sont toujours beaux chez
Marivaux, Nada Strancar y est très
émouvante. A ne pas manquer ! ■
(
ALLEGRO THÉÂTRE
11 Janvier 2013
“L'Épreuve” de Marivaux
Plus qu'une épreuve c'est une torture qu'inflige Lucidor, jeune aristo
très nanti à Angélique qui a son âge mais ne possède pas sa fortune.
Comme souvent chez Marivaux le maître ordonne au serviteur de se
substituer à lui afin d'éprouver les sentiments de celle avec laquelle
il envisage de faire sa vie. Eprise de Lucidor, qu'elle a veillé alors
qu'il était au plus mal, elle rejette vigoureusement le faux
prétendant. Pas assuré encore de l'attachement d'Angélique, le
garçon de ses pensées fait mine de vouloir l'unir à maître Blaise, un
paysan hypersensible à l'attrait de l'argent.
Faire épouser à un subordonné la fille d'une classe inférieure avec
laquelle un “fils de famille” a passé du bon temps était, sous
l'Ancien Régime, une pratique courante. Qui a, à l'évidence, inspiré
le canevas de cette pièce en un acte. Nostalgique des premières
morsures de l'amour, Marivaux la baigne dans un climat préromantique. Metteur en scène et directeur d'acteurs aussi subtil
qu'averti des avanies de l'existence, Clément Hervieu-Léger a
ménagé un final qui prend à la gorge.
Si Audrey Bonnet et Loïc Corbery interprètent avec une grâce
véhémente un couple d'amants en proie à des tourments, le reste de
la distribution les égale. On retrouve notamment avec joie Nada
Stancar qui donne au rôle de la mère d'Angélique, le plus souvent
incarné comme une femme dure et qui ne songe qu'à amasser des
ressources, une rayonnante humanité.
Jusqu'au 20 janvier TOP théâtre de l'ouest parisien tel 01 46 03 60 44
Joshka Schidlow.
(
(
(
14 janvier 2013
Critiques
/ Théâtre
Critiques
/ Théâtre
L’Épreuve de Marivaux - Un stratagème malheureux
L’Épreuve de MarivauxOn ne -se lasse Un
stratagème
pas d’entendre Marivaux, la beauté d’une langue dont la finesse malheureux
d’analyse le dispute à la fluidité, à
l’élégance de la langue. D’une pièce à On ne se lasse pas d’entendre Marivaux, la beauté d’une
dont
la finesse
le
l’autre, langue
presque toujours les d’analyse
mêmes éléments
remis en
jeu, battus
à les
dispute à la fluidité, à l’élégance de la langue. D’une
piècesont
à l’autre,
presque
toujours
nouveau
comme
on
bat
les
cartes
mêmes éléments sont remis en jeu, battus à nouveau comme on bat les cartes : l’amour :en est
l’amour en est le thème central, le moteur le thème central, le moteur qui lui permet d’examiner
les relations entre les hommes et les
qui lui permet d’examiner les relations femmes du siècle des Lumières. Il révèle la violence
cruauté
d’un cœur
entredes
les sentiments,
hommes et leslafemmes
du siècle
orgueilleux. L’Épreuve semble être un précipité des des
thèmes
privilégiés
de
Lumières. Il révèle la violence des
sentiments, la cruauté d’un cœur Marivaux. On retrouve les ingrédients de La Fausse
SuivanteL’Épreuve
ou du Jeusemble
de l’amour
orgueilleux.
être un et du
précipité
desamour
thèmes
de
hasard : un personnage se déguise pour observer l’objet
de son
à sonprivilégiés
insu et estimer
si
Marivaux. On retrouve les ingrédients de La Fausse Suivante ou du Jeu de l’amour
et
du
hasard
:
un
on l’aime pour sa fortune ou pour lui-même. Clément Hervieu-Léger a fait de la pièce une
personnage se déguise pour observer l’objet de son amour à son insu et estimer si on l’aime pour sa lecture sombre qui bascule dans la tragédie. Cette fois, le stratagème n’est pas heureux et ne
fortune ou pour lui-même.
finira pas par un joyeux divertissement de village mais par la lecture du testament de Lucidor
Clément Hervieu-Léger a fait de la pièce une lecture sombre qui bascule dans la tragédie. Cette fois, le
qui annonce un legs à une certaine Angélique retirée dans un couvent... Le metteur en scène
stratagème n’est pas heureux et ne finira pas par un joyeux divertissement de village mais par la lecture a déshabillé
comédie
tirer
qui révèlent la cruauté de la manipulation exercé
du
testament delaLucidor
qui pour
annonce
un les
legsfils
à une certaine Angélique retirée dans un couvent… Le metteur
en
scène
a
déshabillé
la
comédie
pour
tirer
les filsdes
qui personnages
révèlent la cruauté
de la manipulation
par le jeune et coquet Lucidor et la solitude
impuissants
à sa merci.
exercé par le jeune et coquet Lucidor et la solitude des personnages impuissants à sa merci. D’emblée, D’emblée, la tonalité est annoncée avec ce ciel sombre gonflé de nuages en fond de scène,
la
annoncée
avec ce
sombre
gonflé avec
de nuages
en fond de scène,
cet arbre étique
et sans
cettonalité
arbreestétique
et sans
viecielqui
contraste
le gazouillis
des oiseaux,
quelques
chaises
vie qui contraste avec le gazouillis des oiseaux, quelques chaises d’école. L’austérité de la d’école. L’austérité de la scénographie de Delphine Brouard n’annonce rien qui vaille.
scénographie de Delphine Brouard n’annonce rien qui vaille.
Le Lucidor de Loïc Corbery évoque le Perdican de Musset ;; c’est un jeune homme maladif, blême, qui Le Lucidor
de Loïc
évoque letotalement
Perdicanaveuglé
de Musset
homme
semble
lutter contre
uneCorbery
violence intérieure,
par son; c’est
projet un
fou.jeune
Il manipule
toutmaladif,
le
blême,
qui
semble
lutter
contre
une
violence
intérieure,
totalement
aveuglé
par
son
monde : le brave Frontin (Daniel San Pedro), qui n’est pas dupe, n’a pas d’autre choix que d’accepter projet
fou.
Il manipule
toutLalecharmante
monde : et
le espiègle
brave Frontin
Pedro),comme
qui n’est
pasBlaise
dupe, n’a
ce qu’on lui ordonne.
Lisette (Daniel
(Adeline San
Chagneau)
Maître
(Stanley
Weber,
excellent
en
fermier
lourdaud
et
bonhomme,
gentiment
brutal),
ne
sait
plus
à
quel
pas d’autre choix que d’accepter ce qu’on lui ordonne. La charmante et espiègle
Lisette
saint
se
vouer
;
Madame
Argan
(Nada
Strancar
enrichit
le
personnage
de
sa
présence
généreuse
et
(Adeline Chagneau) comme Maître Blaise (Stanley Weber, excellent en fermier lourdaud et
grave) se fait mener par le bout du nez. Chacun se débat dans la toile tissée par Lucidor sans
bonhomme, gentiment brutal), ne sait plus à quel saint se vouer ; Madame Argan (Nada
comprendre la situation. La douce Angélique, magnifiquement interprétée par Audrey Bonnet, en sera
Strancar
le personnage
decœur sa présence
généreuse
et grave)
se fait mener
par le bout
la victime enrichit
car comment donner son à un homme capable d’une machination
? D’abord du nez. Chacun
débat
dans la fébrile toile tissée
parson Lucidor
la situation.
amoureuse rêveuse se
dans l’impatience de voir vœu le sans
plus comprendre
cher se réaliser, elle est La
douce Angélique,
interprétée
Audrey
sera
la dans victime
brutalement anéantie, magnifiquement
trahie par Lucidor qui a poussé par
l’épreuve trop Bonnet,
loin. Dès en
lors, raidie sa car
douleur qu’elle muselle autant qu’elle peut, elle semble absente
à
elle-même.
Cette
pièce
courte
brille
comment donner son cœur à un homme capable d’une machination ? D’abord amoureuse
comme
diamant
noir sous le
regarddedevoir
Clément
Hervieu-Léger dont la deuxième en rêveuseundans
l’impatience
fébrile
son vœu
le plus cher
sec’est réaliser,
elle estmise brutalement
scène (sa Critique de l’école des femmes était un bijou d’intelligence et d’humour) et par les anéantie, trahie par Lucidor qui a poussé l’épreuve trop loin. Dès lors, raidie dans sa douleur
comédiens, tous au diapason.
qu’elle muselle autant qu’elle peut, elle semble absente à elle-même. Cette pièce courte brille
Corinne Denailles
comme un diamant noir sous le regard de Clément Hervieu-Léger dont c’est la deuxième
mise en scène (sa Critique de l’école des femmes était un bijou d’intelligence et d’humour)
L’épreuve
de comédiens,
Marivaux. Misetous
en scène
Clément Hervieu-Léger (de la Comédie-Française). Scénographie, Delphine
et par les
au diapason.
Brouard. Lumières, Bertrand Couderc. Costumes, Caroline de Vivaise. Musique, Pascal Sangla. Avec Audrey Bonnet,
Adeline Chagneau, Loïc Corbery (de la Comédie-Française), Daniel San Pedro, Nada Strancar, Stanley Weber. Au TOP
Corinne Denailles
(reprise) jusqu’au 20 janvier, du à 20h30, dimanche 16h. Tel 01 46 03 60 44. Durée
: 1h25. www.top-bb.fr
13 janvier 2013
L’amour est-ce grave ou bien simple et
léger ? Écoutez
l’Épreuve
au TOP
cette semaine
L’amour est-ceMarivaux
grave dans
ou bien
simple
et léger
? Écoutez
Marivaux dans l’Épreuve
cetteLesemaine
La pièce est à voir pour ses silencesau
et TOP
ses regards.
temps s’arrête, de longues secondes
durant, sur le dialogue muet auquel se livrent Angélique (Audrey Bonnet) et Lucidor (Loïc
La pièce est à voir pour ses silences et ses regards. Le temps
Corbery de la Comédie-Française).
Ils échangent
toutsecondes et ne sedurant, disentsur rienle etdialogue sur leurmuet visage et
s’arrête, de longues sur leur corps se marque l’infiniauquel
de l’attente.
malgré
monetpeu
de (Loïc
condition?
se livrent M’aime-t-il
Angélique (Audrey
Bonnet)
Lucidor
Corbery
la Comédie-Française).
Ils échangent
tout et est
ne selà pour
M’aime-t-elle pour moi et non pour
mon de
argent?
L’intensité de leur
interrogation
rienn’est
et sur
leur visage
et sur leur corps se marque
rappeler que si tel n’est pas le cas,disent
la mort
peut-être
pas loin.
l’infini de l’attente. M’aime-t-il malgré mon peu de
condition? pour moi et non
pourStrancar),
mon argent?
La position sociale et l’argent, incarnés
parM’aime-t-elle
la mère d’Angélique
(Nada
sont en
L’intensité de leur interrogation est là pour rappeler que si tel réalité de peu d’importance, et l’inquiétude de chacun c’est l’autre. Ils s’aiment, c’est une
n’est pas le cas, la mort n’est peut-être pas loin.
évidence pour tous, et peut-être même
pour eux.
Ils n’osent
se le dire,
et Lucidor,
La position sociale et l’argent, incarnés par la torturé
mère par
d’Angélique (Nada Strancar), sont en réalité de peu l’incertitude, met à l’épreuve Angélique
dans unet stratagème
d’une
d’importance, l’inquiétude de inconsciente
chacun c’est cruauté.
l’autre. Il est
inquiet, elle souffre. Elle reste fidèle
à elle-même, sûre de ses sentiments, simplement
Ils s’aiment, c’est une évidence pour tous, et peut-être
mêmefemme
et aimante peu à peu profondément
perturbée
par
la
douleur
de
la
mise
à
l’épreuve.
Il l’aime
pour eux. Ils n’osent se le dire, et Lucidor, torturé par
l’incertitude, met à l’épreuve Angélique dans un stratagème d’une inconsciente cruauté. Il est inquiet, et il lui fait vivre cela? Le seul sentiment qu’elle énoncera sera « Je vous hais ». Et même si
elle
souffre.
fidèle àlaelle-même,
sûre de ses
femme
et aimante
peu – ils
l’issue
est Elle
un reste
mariage,
joie a déserté
lessentiments,
cœurs etsimplement
l’incertitude
s’est
déplacée
à peu profondément perturbée par la douleur de la mise à l’épreuve. Il l’aime et il lui fait vivre cela? s’aimaient, s’aimeront-ils encore? Et qu’en feront-ils?
Le seul sentiment qu’elle énoncera sera « Je vous hais ». Et même si l’issue est un mariage, la joie a déserté les cœurs et l’incertitude s’est déplacée – ils s’aimaient, s’aimeront-ils encore? Et qu’en Heureusement Marivaux reconnait plus d’une facette à l’amour ! Pendant que le son grave
feront-ils?
des amours inquiètes
développe,
nousfacette propose
la musique
cristalline
joyeuse
de la vie
Heureusement Marivaux se
reconnait plus il
d’une à l’amour ! Pendant que le et
son grave des qui profite
d’elle-même.
servante,
Lisette
(Adeline
Chagneau),
le profite
fier Frontin
amours
inquiètes
se développe,Lail nous
propose
la musique
cristalline
et joyeuseapprécie
de la vie qui
d’elle-même.
La
servante,
Lisette
(Adeline
Chagneau),
apprécie
le
fier
Frontin
(Daniel
San
Pedro)
(Daniel San Pedro) et le beau Blaise (Stanley Weber), Blaise apprécie le bel argent etque lui
le
beau Blaise
(Stanley
Blaise apprécie
le bel argent
que lui
propose
son et le
propose
Lucidor
dansWeber),
son stratagème
et chacun
épousera
l’être
qui Lucidor
aura et dans
l’argent
stratagème et chacun épousera l’être qui aura et l’argent et le sourire. Il n’est plus tout à fait question sourire. Il n’est plus tout à fait question d’amour mais d’épousailles, de situation sociales et
d’amour mais d’épousailles, de situation sociales et de désirs immédiats. Marivaux nous surprend, de désirs
immédiats.
nous
surprend,
nous de
égaie
et nous
donne
nous
fait rire,
nous égaieMarivaux
et nous donne
envie
de vivre nous
ainsi, fait
dansrire,
la légèreté
la joie
de vivre
et la envie
de vivre ainsi, dans la légèreté de la joie de vivre et la capacité à s’abandonner à la jubilation
capacité à s’abandonner à la jubilation de l’instant.
de mise
l’instant.
La
en scène de Clément Hervieu-Léger donne une densité physique au ballet des émotions. Le
décor est épuré mais lourd et inquiétant. Les scènes sont intensément rythmées: graves, lentes,
La mise en scène de Clément
Hervieu-Léger
donne enlevées
une densité
physique
ballet des
denses, pour l’amour d’Angélique
et Lucidor,
joyeuses, légères,
pour les
amours deau
Lisette,
Frontin
et
Blaise.
Angélique
est
une
intensité
immobile,
Lucidor
une
perpétuelle
chute,
Lisette
pétille
émotions. Le décor est épuré mais lourd et inquiétant. Les scènes sont intensément rythmées:
de vie et rayonne, Blaise est tonitruant et en mouvement, Frontin s’avère audacieux
et fidèleenlevées
et Mme pour
graves, lentes, denses, pour l’amour d’Angélique et Lucidor, joyeuses, légères,
Argante un bloc de dureté. En fond sonore le chant des oiseaux, une musique, le bruit du vent; et les
les amours de Lisette, Frontin et Blaise. Angélique est une intensité immobile, Lucidor une
silences et regards, les corps tendus, offrant une vision sculpturale des sentiments.
perpétuelle chute, Lisette pétille de vie et rayonne,
Blaise
est tonitruant
en emporte
mouvement,
C’est du beau théâtre qui coule comme une partition
parfaitement
exécutée.
Cette pièceet
nous
Frontin
s’avère audacieux
fidèle
et Mme Argantetous
unces
bloc
de dureté.
En fond
le
et
nous accompagne
encore bienetaprès
les applaudissements:
personnages,
comme
autantsonore
de
parties
de nous
mêmes,une
interrogent
longtemps
graves, et
quiregards,
sont légères,
qui sonttendus,
chant des
oiseaux,
musique,
le bruitnos
duamours;
vent; etquilessont
silences
les corps
l’amour
!
offrant une vision sculpturale des sentiments.
Sophie Pellat
C’est du beau théâtre qui coule comme une partition parfaitement exécutée. Cette pièce nous
Au
10 au 20
2013
emporte
et janvier
nous accompagne
encore bien après les applaudissements: tous ces personnages,
Théâtre de l’Ouest Parisien
autantdedepalissy
parties de nous mêmes, interrogent longtemps nos amours; qui sont graves,
1comme
place bernard
qui
sont
légères,
qui
sont l’amour !
92100 Boulogne-Billancourt
Réservations 01 46 03 60 44
Sophie Pellat
Réservations en ligne www.top-bb.fr
Lundi 21 janvier 2014
Du 12 février au 12 mars 2014