LE TRAVAIL N`A PLUS DE SAISONS !
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LE TRAVAIL N`A PLUS DE SAISONS !
EXPLOITATION FORESTIÈRE : LE TRAVAIL N’A PLUS DE SAISONS ! COMMENT LES CONDITIONS DE TRAVAIL EN SYLVICULTURE ET BÛCHERONNAGE SONT-ELLES LEVIER OU OBSTACLE AU DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE BOIS ? SYNTHÈSE DE L’ÉTUDE - DÉCEMBRE 2012 ENJEUX : La filière bois est l’une des filières stratégiques pour la région Lorraine. Avec 869 000 hectares de forêt, elle est au 1er rang des régions productrices de feuillus. Pour autant, des indicateurs sociaux font douter de l’attractivité de l’amont de la filière. Dans un contexte de forte concurrence, les métiers sont réputés pénibles et faiblement attractifs. Les accidents du travail sont graves, les maladies professionnelles sont nombreuses et invalidantes. L’étude a questionné cette tension : comment concilier l’intensification de l’exploitation et un renforcement de la qualité des métiers ? Pour y répondre, elle fixe 3 objectifs : tEtablir un diagnostic de la population et des conditions de travail, et développer une meilleure connaissance des expositions aux risques professionnels. tComprendre les parcours professionnels en lien avec les parcours d’expositions. tRecommander des actions correctives sur le champ de la prévention et des compétences. 1 POINT MÉTHODE COMMENT IDENTIFIER LES ENJEUX ? Pour identifier les conditions de travail propres à l’exploitation forestière, nous rassemblons : des données structurelles de la filière, des indicateurs de santé ou de pénibilité, des informations sur les métiers et les itinéraires professionnels. Ces éléments sont examinés dans le cadre d’un atelier auquel participent professionnels et partenaires sociaux. LA SANTÉ, RÉVÉLATEUR DE LA PÉNIBILITÉ DES MÉTIERS Ces deux métiers sont très touchés par les accidents du travail. Si la fréquence reste stable ces dernières années, la gravité croît. Les lésions sont principalement constatées aux membres et aux yeux. En 2009 pour le régime agricole, parmi les 1 210 accidents du travail avec arrêt (dont trajet), 32 % concernaient les travaux forestiers. Sylviculteurs et bûcherons sont des populations vieillissantes, mais la structure des âges pour les salariés en exploitation forestière est plus jeune (+ de 35 à 45 ans) que celle en sylviculture (+ de 45 à 55 ans). Cette différence s’explique par une réorientation des bûcherons vers la sylviculture, faisant parfois suite à des restrictions d’aptitude ou des maladies professionnelles. Des enquêtes montrent un ressenti négatif quant au vieillissement dans le métier : douleurs, sentiment de se fatiguer et difficulté à récupérer, gène des mouvements et handicap fonctionnel… Après un accident, l’arrêt de travail est en moyenne 3 fois plus long pour un salarié de 55 ans que pour un salarié de 20 ans. Le nombre de jours d’arrêt faisant suite à un accident est nettement plus fort en exploitation forestière que pour l’ensemble des activités agricoles. UNE FILIÈRE QUI S’ENRACINE EN LORRAINE Comparaison d’une durée moyenne d’un arrêt faisant suite à un accident de travail selon l’âge et le métier. UN POSITIONNEMENT STRATÉGIQUE POUR NOTRE RÉGION 200 Avec 6 % de la surface nationale boisée, la Lorraine produit 86 millions de m3 de feuillus. La filière bois occupe une place stratégique pour l’économie de notre région : 3 700 entreprises emploient 22 900 salariés. Elles sont particulièrement localisées dans le massif vosgien. Comme pour le reste du territoire national, une part importante des bois est exportée, principalement vers la Chine. La filière est hétérogène dans ses activités : gestion et exploitation de la forêt, la transformation par sciage, fabrication de meubles et parquets, papier et cartons ou construction bois. La production croissante de granulés ou de plaquettes de chauffage sont le résultat de la politique « bois d’énergie », inscrite comme priorité nationale. Ce nouveau débouché industriel augmente le taux de prélèvement. 150 ensemble t des salariés Nombre de jours d’arrêt par accident agricoles t sylviculteurs t bûcherons 100 50 0 Âge <14 14-15 16-17 18-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans Source : CCMSA : données cumulées 2000 - 2009. EN AMONT DE LA FILIÈRE : LES TRAVAUX FORESTIERS L’amont de la filière bois comprend les 6 métiers des travaux forestiers : sylviculture, bûcheronnage, élagage, débardage, transport grumiers et conduite d’abatteuse. Ils emploient 1 700 personnes au travers de 840 entreprises. C’est principalement l’ONF (70 % directement ou en sous-traitance) et des entreprises privées (30 %) qui assurent l’entretien et la récolte. 90 % de ces dernières comptent moins de 5 salariés. Nous nous sommes centrés ici sur la sylviculture et le bûcheronnage. tLes sylviculteurs réalisent l’ensemble des techniques pour créer l’exploitation rationnelle des forêts tout en assurant leur conservation et régénération : dégagement, plantation, pose de protection, détourage et débroussaillage. tLes bûcherons repèrent l’arbre à couper, analysent le penchant du houppier pour identifier la direction de la chute, préparent la zone, abattent manuellement l’arbre puis effectuent la découpe et le cubage. AU RYTHME DES SAISONS ? D’ici 2015, il est attendu d’augmenter de 15 % la récolte. Dans ce contexte, les conditions d’exploitation évoluent significativement. Cela se traduit par exemple par : t-VUJMJTBUJPOQMVTMBSHFEFOHJOTNÏDBOJRVFTBQQFMBOUEBVUSFTDPNQÏUFODFTQSPGFTTJPOOFMMFT t-ÏWPMVUJPOEVTUBUVUEFTFOUSFQSFOFVSTTVCJFUOPODIPJTJ MBDSÏBUJPOBOOVFMMFEFFOUSFQSJTFTTPVWFOU individuelles, et l’arrivée de la concurrence d’Europe de l’Est. t-JOUFOTJåDBUJPOEFMBGGPVBHFSFOGPSÎBOUMBQSÏTFODFEFTQPQVMBUJPOTBNBUSJDFTEBOTMFTGPSÐUT t6OFUFOTJPOTVSMFNQMPJEJGåDVMUÏTEFSFDSVUFNFOUEPVWSJFSTRVBMJåÏTFOSFMBUJPOBWFDMBUUSBDUJWJUÏ La saisonnalité est d’autant modifiée que l’exploitation s’intensifie : l’abattage de feuillus en feuilles est maintenant courant. Mais cette évolution pose des questions majeures en termes de conditions d’exploitation, de contenus de métier et d’articulation avec la vie sociale. 2 POINT MÉTHODE COMMENT POSER LE DIAGNOSTIC ? Le diagnostic est le résultat d’une analyse croisée de la bibliographie, des données sociales et économiques, des investigations de terrain et des interviews des acteurs. Il est ensuite exposé auprès de personnes impliquées dans la filière, par exemple la CPHSCT, pour être modéré ou enrichi. LE MÉTIER AU GRÉ DES SAISONS ET DE L’ÂGE La faible attractivité des métiers de sylviculteur et de bûcheron s’explique en examinant les éléments qui construisent les représentations et valeurs de métier. Ils sont liés au contexte de la filière bois, à l’intensification de la récolte, à l’environnement et l’organisation des entreprises, aux conditions de réalisation des chantiers, aux vécus professionnels… Ils sont résumés ci-dessous et ordonnés pour les besoins de la lecture ; mais nous devons les comprendre comme dynamiques et articulés entre eux. TRAVAILLER SELON LES SAISONS Diversification des activités et mobilité Selon le sol et la pente, la mobilité est plus ou moins aisée. Traverser et accéder à la parcelle, transporter l’outillage et réaliser les activités utiles : débroussaillage pour les sylviculteurs, abattage pour les bûcherons. Selon les difficultés d’accès, le choix des chantiers est une stratégie parfois tenue par le dirigeant : « Pour l’hiver, je garde des chantiers situés en plaine car là, on a moins de risque de neige qu’en montagne. Ça fait plus de déplacements pour les équipes, mais ça nous permet de nous arrêter le moins possible. » Pour faire face à la concurrence, des activités connexes sont investies, comme l’élagage ou le dégagement de couloirs de lignes. Outre l’accroissement de la polyvalence, cela introduit une plus grande variété de terrains d’intervention. Peuplement et activité physique La densité de la parcelle va faciliter ou rendre difficile les activités. Pour les bûcherons par exemple, les arbres s’encrouent plus facilement lorsque la densité est forte. L’objectif de production est alors altéré, le risque d’accident grave augmente. Pour les sylviculteurs, MFTHFTUFTTPOUEBOTDFDPOUFYUFQMVTDPOUSBJOUTMPSTEVNBOJFNFOUEFMBUSPOÎPOOFVTFPV lors de la pose de filets. Le type de végétation compte aussi : les hautes fougères masquent les obstacles au sol et les plants à dégager. Elles obligent à une gymnastique pesante pour les jambes, au fil des heures et des années... La préparation des chantiers par la hiérarchie, lorsqu’elle prend en compte la densité du peuplement, permet de prévoir au plus juste la charge de travail. Saisons et chaleur du corps Si l’appréciation des saisons pour le travail en forêt reste individuelle, l’hiver est néanmoins la période la mieux appréciée. Le temps est sec et froid, et le réchauffement dû à l’activité physique compense. À l’automne et au printemps les précipitations sont moins appréciées et gênent les activités. Le réchauffement est alors d’autant moins facile que des arrêtés locaux interdisant les feux se multiplient. Mais avec l’âge, ces appréciations peuvent s’inverser : « Avant, je préférais travailler avec un froid sec. Mais maintenant quand il fait un peu plus chaud, j’ai moins de douleurs ». Le temps venteux est redouté pour le travail du bûcheron. L’abattage nécessite de définir la direction du houppier. Un vent fort rend incertain cette opération. La tempête de 2000 reste dans toutes les mémoires car ces événements climatiques complexifient profondément les activités des professionnels et change la demande des clients. Certaines parcelles en gardent la trace et, en cours de repousse, sont aujourd’hui difficiles d’accès. Feuillus en feuilles, bonne lune et sécurité Les demandes accrues des scieurs en bois frais et l’intensification de l’exploitation induisent l’abattage de plus en plus fréquent de feuillus en feuilles. Cette pratique inhabituelle des bûcherons leur pose des difficultés majeures. L’accidentologie augmente. La chute du feuillu en feuilles est plus délicate car il s’encroue plus facilement. Dans ce cas, contrairement aux consignes, pour tenir les objectifs de volumes et éviter des accidents futurs avec des promeneurs, le bûcheron procède à un dangereux désencrouage. La saison nuit à la qualité du produit. La présence de sève dans le végétal dégrade la qualité du bois, BVHNFOUF MB QÏOJCJMJUÏ FU NVMUJQMJF MFT PQÏSBUJPOT EF NBJOUFOBODF EFT DIBÔOFT EF USPOÎPOOFVTFT -B coupe en lune descendante est préférée par des anciens, tout en reconnaissant l’empirisme de cette approche. TRAVAILLER, PROTÉGER ET SE PROTÉGER Éloignement des chantiers, conciliation des temps Équipements de protection et spécificités Le contexte économique tendu conduit les entreprises à augmenter leur périmètre d’intervention et à négliger les préparations de chantier. En conséquence, les ouvriers allongent leur temps de travail journalier, parfois avec des délais de prévenance raccourcis. Pour cet ouvrier, la fatigue est évitée lorsque le chantier n’est pas éloigné : « Bien soulagé de ne pas devoir conduire après une journée de travail ». Une journée de travail est ainsi plus fatigante lorsque les déplacements sont réguliers, en particulier pour les ouvriers vieillissants. Une moindre visibilité sur la programmation des chantiers rend difficile la gestion des activités physiques de la semaine et du mois. Elle renforce la tension au regard de la vie hors travail. La fatigue cumulée conduit aussi à de plus nombreux accidents. Le port quasi systématique des équipements de sécurité individuels montre une évolution positive des professionnels pour éviter coupures, écrasements, perte de la vue ou surdité. Mais ces équipements entravent parfois l’activité et rendent le travail inconfortable. Pour des entreprises conscientes de cette limite, elles cherchent à affiner leurs choix et mieux répondre aux ouvriers : nouveaux matériaux, adaptation personnalisée… Faune, cohabitation et dangers Le gibier prolifère, d’autant que les propriétaires optent pour une repousse naturelle. Les animaux font des ravages dans les plantations, si bien que les plantations et protections se multiplient. Les sylviculteurs témoignent du risque accru de se retrouver face à un sanglier… A la faveur de l’été les insectes abondent. Abeilles, guêpes, taons, tiques et autres peuvent avoir des effets urticants, allergisants ou contaminants, parfois très graves selon les personnes. La chenille processionnaire du chêne est un fléau important en Lorraine. L’infestation contraint à sécuriser les zones, quelque soit la saison, et empêcher les travailleurs d’y pénétrer. L’impact est alors à la fois économique et sanitaire. Chasseurs, promeneurs et risques conjoints La forêt, lieu de travail et lieu de loisirs. S’ajoutant aux chasseurs, randonneurs et vététistes sont aujourd’hui plus nombreux. Bûcherons et sylviculteurs témoignent des tensions que cette cohabitation provoque, pouvant entraîner parfois des difficultés avec les municipalités donneuses d’ordre. Malgré des mesures de signalisation, la peur de l’accident est renforcée. « On doit regarder l’arbre, voir où il tombe, on prévient ses collègues. Surveiller à droite à gauche sans arrêt pour voir s’il n’y a pas quelqu’un qui arrive (…) le pire c’est les VTT, on ne les voit pas débouler ». La cohabitation avec ces populations renforce ainsi le stress déjà connu lorsque les travaux se déroulent en bordure de route, de voie ferrée ou de ligne électrique. Souvent, le professionnel est un travailleur isolé. L’alerte en cas de danger, d’incident ou de perte de connaissance conditionne l’arrivée des collègues ou des secours, et à terme la survie de l’ouvrier. Tous semblent munis de téléphones mobiles ou de systèmes d’alerte en cas d’inactivité. Pour autant, leur utilisation et leur efficacité est hasardeuse : les réseaux ne sont pas systématiques, les systèmes techniques parfois défaillants ou se déclenchant de manière intempestive. La situation de travailleur isolé et non protégé perdure donc souvent. TENIR LE MÉTIER AU FIL DE L’ÂGE Outils variés, efforts et pénibilité Valeurs à l’épreuve du rendement Les travaux de sylviculture et de bûcheronnage impliquent principalement l’usage d’outils de coupe à main. Le croissant, pour une exécution de la taille dite « à la volée ». Sa manipulation demande de l’adresse afin d’actionner sèchement l’outil tout en le manœuvrant avec habileté. La USPOÎPOOFVTFTFNCMFQMVTTPVWFOUDIPJTJFMPSTRVFMMFFTUVUJMJTÏFDPNNF débroussailleuse. Mais son usage expose les salariés à des risques accrus majeurs : explosion ou brûlure, respiration de la fumée et de poussières de bois, vibrations et bruit. -F DIPJY FOUSF DSPJTTBOU FU USPOÎPOOFVTF FO TZMWJDVMUVSF 1BSGPJT JM dépend des propriétaires. Pour les ouvriers, le maniement du croissant est OFUUFNFOUQMVTGBUJHBOURVFMBUSPOÎPOOFVTF*MFTUQPVSUBOUQMVTÏDPOPNF et écologique, car il ne dégage ni fumée ni bruit. D’autres outils tels le coin, frappé par une hache ou un merlin, implique des gestes violents avec effort. Cela impacte l’appareil musculosquelettique et l’usure prématurée des salariés. La saisie du cubage par les bûcherons au moyen d’un instrument électronique est un moyen de trouver des temps de récupération. Ainsi, l’évolution des outils et leurs conditions d’utilisation participent à l’exclusion ou leur maintien en emploi. La valorisation du bois et en particulier le développement du secteur bois-énergie intensifie l’exploitation. Les donneurs d’ordre demandent plus fréquemment des coupes à blanc. On constate que cette commande n’est parfois que partiellement exécutée. Les bûcherons expliquent cette résistance par une perception différente de la gestion de la forêt : « Il y a des espèces que je ne vais pas couper comme le merisier… et pourtant le chef m’a dit de tout couper, c’est le client qui a demandé. Mais il va être beau ce merisier ! ». Les anciens développent un sens du métier aussi porté sur l’environnement. Ils manifestent une forme de responsabilité pour la gestion du patrimoine forestier et ont une perception différente sur le devenir des massifs. Le SFOEFNFOUFTUQPVSFVYVOJRVFNFOUMJÏBVYDPßUTFUMBHFTUJPOEFMBGPSÐUOBSSJWFSBJURVFMPJOEFSSJÒSF*MTQFSÎPJWFOU un impact sur l’emploi futur et sont enclins à une retenue pour encourager les jeunes à investir la profession. Cette perception négative des évolutions de la filière est aussi renforcée par l’exportation des bois bruts et leur retour en produits finis, tout comme la présence d’entreprises étrangères, cassant les prix et insouciantes de l’environnement. De l’abattage à la pousse, le maintien en emploi L’activité sylvicole est considérée par les professionnels comme moins dangereuse, moins stressante mais plus fatigante que le bûcheronnage. L’une et l’autre ne sollicitent pas les mêmes gestes. Cette appréciation est subjective, d’autant que la mesure de la production et de la qualité du travail n’est pas aisée, particulièrement en sylviculture. Difficile donc de préciser les différences de pénibilités. Dans le secteur public notamment, l’alternance saisonnière entre ces deux activités était instaurée. Mais l’allongement des périodes d’exploitation freine cette alternance. Il existe aussi des transitions de bûcherons vers les activités sylvicoles, notamment à partir de 50 ans. Dans les petites structures privées, cette transition est plus difficile, voire impossible. Cela pénalise le maintien en emploi des bûcherons et les conduit parfois à des ruptures professionnelles. Relève et itinéraires professionnels Selon que l’on soit ouvrier du secteur public ou du secteur privé, le parcours professionnel est différent. Dans le public, la structure des âges vieillissante s’explique par le maintien en emploi, l’allongement de la carrière et la baisse des recrutements de jeunes professionnels. Ce faisant, le travail collectif n’évolue pas positivement : l’entraide diminue entre les salariés vieillissants et les novices, et la transmission des valeurs de métier est fragilisée. Pour le secteur privé, les données manquent mais il semble que l’on vieillit moins bien dans le métier. L’usure prématurée expliquerait ces départs. Les sorties du métier se feraient parfois vers la reprise d’activité de gestion, ou vers d’autres activités non forestières. Pour remplacer ces départs, les dirigeants de TPE sont confrontés à des recrutements difficiles du fait d’une faible attractivité du métier. Collectif de travail et de prévention L’équipe de travail est la condition pour réaliser l’activité mais aussi assurer la sécurité, l’entraide, la transmission des compétences. Elle évite aussi le travail isolé. Au fil de la pratique et de leur usure, sylviculteurs et bûcherons construisent des compétences et des savoir-faire de prudence. Ils adoptent des stratégies pour se préserver, et l’équipe est le moyen pour transmettre et renforcer les bonnes pratiques de travail et de prévention. Le collectif complète les savoirs fondamentaux donnés lors de la formation initiale. L’utilisation de l’abatteuse mécanique est faite pour des exploitations « à blanc ». Les savoir-faire et les compétences des bûcherons sont alors très différents. Il s’agit ici de conduire un engin complexe en terrain accidenté, et de réaliser QBSDPNNBOEFÏMFDUSPOJRVFMFTPQÏSBUJPOTEBCBUUBHFQVJTEÏCSBODIBHFUPVUFOFOSFHJTUSBOUMFTWPMVNFTGBÎPOOÏT par essences programmées. 3 POINT MÉTHODE COMMENT CONSTRUIRE LES RECOMMANDATIONS ? Un groupe ad hoc, rassemblant la DIRECCTE, la DRAAF, la CAAAM, la CPHSCT, la MSA et l’ARACT a travaillé à partir du diagnostic et des connaissances propres à chacun. Il a produit des recommandations, tout en veillant à ce qu’elles aient un caractère pertinent et réalisable selon les acteurs concernés. LES LEVIERS DE L’ATTRACTIVITÉ EVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES ET POUR QUI ? DÉVELOPPEMENT DES SAVOIR-FAIRE DE POUR QUI ? tDévelopper des outils favorisant la variété des tâches et supprimant des astreintes : outils de cubage ou géolocalisation. > Employeurs et salariés tAnticiper et gérer la co-activité : calendrier et évaluation des risques (fiche de chantier selon l’arrêté du 31 mars 2011). > Donneurs d’ordre et entrepreneurs tRenouveler les chantiers selon les évolutions technologiques en incluant une nouvelle évaluation du risque. > Organismes tImpliquer les salariés dans le choix d’EPI adaptés. Garantir leur disponibilité et promouvoir leur efficacité. > Employeurs et salariés tAnticiper les pénibilités nouvelles au regard des évolutions mécaniques et technologiques. > Paritaires tProposer avec les salariés un large choix de matériels adaptés à la tâche et à la spécificité de chacun des travaux. > Organismes de formation tConstruire des compétences nouvelles lors de l’introduction de machines de type abbateuse. > Collecteurs agréés tRenforcer la transmission des savoirs prudentiels au même titre que d’autres compétences de métier. > Apprentis et tuteurs DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES : tSoutenir les employeurs pour le développement de leur professionnalisation, en particulier la gestion des hommes. > Ecoles et organismes de formation tRéaliser des formations communes, quelque soit le statut des salariés dans l’entreprise. > Fournisseurs de matériels tAccompagner des transitions de métiers sur des activités connexes telles l’écologie de tourisme ou l’activité hippomobile. > Préventeurs PRUDENCE ET MESURES DE PRÉVENTION : tStabiliser autant que possible les équipes. Proscrire le travail isolé, notamment si les outils d’alerte ne sont pas opérants. tDiffuser largement et régulièrement des informations relatives au secours, sauvetage et mesures d’hygiène. > Préventeurs ORGANISATION, ÉLOIGNEMENT DES POUR QUI ? UN ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL ET POUR QUI ? tAdapter la nature et l’organisation des activités selon les objectifs de production et les facteurs de pénibilité. > Pouvoirs publics tEncourager d’autres formes d’exploitations écologiques, tout en s’assurant d’une bonne compétitivité. > Propriétaires et gestionnaires tIntroduire des critères de qualité et de responsabilité sociale et écologique, quelque soit le statut de l’intervenant en forêt. > Profession et employeurs tDéfinir des conditions de marché cohérentes avec les valeurs du métier, la saisonnalité et les exigences de prévention. > Acteurs du marché t3FHSPVQFS MFT QBSDFMMFT GPSFTUJÒSFT QPVS BVHNFOUFS MB surface exploitée. Promouvoir l’adhésion à des groupements forestiers. > Donneurs d’ordre CHANTIERS ET CONCILIATION DES TEMPS : tConstruire une coordination des marchés régionaux selon leur localisation géographique, par exemple sous forme d’annuaire. tPromouvoir le recours aux entreprises proches et globalement responsables : écologie, économie et humain. > Donneurs d’ordre Profession > Employeurs tAnticiper l’organisation des chantiers selon les saisons, les reliefs et la nature des travaux. tBaliser et informer des travaux pour les promeneurs. Couper l’accès aux chemins proches de chantiers. ACRONYMES ARACT - Assocation Régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail CAAAM - Caisse d’Assurance Accidents Agricoles de la Moselle CESEL - Conseil Économique, Social et Environnemental de Lorraine CPHSCT - Commission Paritaire d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail CONDITIONS D’EXPLOITATION : tRenforcer les représentations patronale et salariales et ainsi favoriser leur coordination sur les enjeux de métier. DIRECCTE - Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi DRAAF - Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt MEDEF - Mouvement des Entreprises de France MSA - Mutualité Sociale Agricole ONF - Office National des Forêts > Organisations représentatives POINT MÉTHODE COMMENT SONT FAITES LES INVESTIGATIONS ? UNE PRÉOCCUPATION COMMUNE Sur le terrain : c’est un moyen incontournable pour comprendre la relation qui se joue entre filière et réalité des hommes de métier. 8 entreprises ayant des activités de sylviculture et de bûcheronnage ont été rencontrées, au coeur des forêts lorraines et en pleine condition d’exercice. Cette étude est une initiative et une réalisation de l’Aract Lorraine. Sa réussite n’a été possible qu’avec la participation des entreprises d’exploitation forestière : Bernard BALLAND - Jean-Luc BELL - BOURASSIN SCHOUWEY - Robert DIEUDONNE - PHARISIEN - ONF Lorraine - SCHMITT F. Leurs directions et leurs salariés en sont remerciés. L’implication d’acteurs de la région a contribué à la qualité de ce travail et à la mobilisation des entreprises : le CESEL, la CAAAM, la CPHSCT, la DRAAF, Gipeblor, le MEDEF 88, le Syndicat des Entrepreneurs de Lorraine, la MSA Lorraine. Une recherche-action financée par : Cette action est cofinancée par l’Union européenne UNION EUROPÉENNE Conception et réalisation : ARACT LORRAINE 1, Place Pont à Seille 57045 METZ Cedex 01 Tél. : 03 87 75 18 57 E-mail : [email protected] Site Web : www.lorraine.aract.fr Crédits photos : Shutterstock - ARACT Lorraine. Impression 12/2012 - 1 500 ex. 4