Nouvelle maquette

Transcription

Nouvelle maquette
scènes
magazine
au poche genève :
l’enseigneur
© Nicolas Golovtchiner
ISSN 1016-9415
263 / juin 2014
CHF. 10.-- 7 €
28.08 – 12.09.2014
www.septmus.ch
sep t m u s c h
Charles
Char es D
Dutoit
utoit
Jiří
iř Bělohlávek
Bě oh ávek
Conrad
Conrad v
van
an Alphen
A phen
Ricardo
Ricardo C
Castro
a tro
Yuri
Azevedo
Yur A
zevedo
Philharmonie
Philha monie ttchèque
chèque
Royal
Roya Ph
Philharmonic
lharmon c O
Orchestra
rchestra London
London
Russian
Russian Nat
National
iona O
Orchestra
rchestra
Youth
Youth Orchestra
Orchestra o
off Bahia
Bahia
Quatuor
Van
Quatuor V
an Kuijk
Kuijk
Martha
Ma tha A
Argerich
rger ch
Delphine
Delphine B
Bardin
ardin
Corey C
erov ek
Corey
Cerovsek
Alexandra Conunova
Conunova
Alexandra
Lionel
L onel C
Cottet
ottet
Colin
Col n C
Currie
urrie
James
ames E
Ehnes
hnes
Alexander Gurning
Gu ning
Alexander
Mami H
agiwara
Mami
Hagiwara
Chihiro
Chihiro H
Hosokawa
osokawa
Alexey
Alexey IIvannikov
vann kov
Paavali
Paavali Jumppanen
Jumppanen
Alexander
Alexander Kutuzov
Kutuzov
err y Léonide
Léon de
Jerry
Radu Lupu
Lupu
Radu
Mikhail
Mikha l P
Pletnev
etnev
Julien
ul en Q
Quentin
uent n
Conrad
Conrad T
Tao
ao
Var vara
Varvara
C audio Vignali
V ignali
Claudio
Alisa
A isa W
Weilerstein
ei erstein
s o m m a i r e
6 cinéma
6
8
9
10
11
12
18
cine die / raymond scholer
cinémas du grütli : quinzaine des réalisateurs / chr. bernard
brève : sortie dvd / christian bernard
cinémathèque suisse en juin / raymond scholer
sous la loupe : deux jours, une nuit / christian bernard
les films du mois / christian bernard, serge lachat
nyon : visions du réel / christian bernard
19
on ne dit pas ‘je’ de laure mi hyun croset / rosine schautz
20
21
22
22
le poche genève : l’enseigneur /rosine schautz
vidy-lausanne en juin : théâtre et danse / nancy bruchez
théâtre du passage, neuchâtel : les fleurs du mal
théâtre du casino, évian : staying alive
24
marionnettes de genève : saison 2014-15 / l. tièche chavier
26
28
29
30
31
32
32
33
34
36
37
38
39
40
grand théâtre : la wally / éric pousaz
entretien : frank beermann / éric pousaz
lausanne : les joyeuses commères de windsor / éric pousaz
avenches : carmen / bernard halter
la route lyrique : phi-phi / bernard halter
marseille : le roi d’ys / françois jestin
toulouse : les pigeons d’argile / pierre-rené serna
barcelone : kitège / christophe imperiali
milan : les troyens & le lac des cygnes / éric pousaz
bâle : the indian queen / éric pousaz
berlin : tannhäuser, parsifal & roméo et juliette / éric pousaz
berlin : les contes d’hoffmann / christian bernard
monte-carlo : ernani / frank fredenrich
mémento
42
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
entretien : tobias richter / éric pousaz
en septembre : rigoletto / éric pousaz
portrait : michael nagy / pierre jaquet
en octobre : eugène onéguine / éric pousaz
entretien : agathe mélinand / pierre-rené serna
portrait : harmut haenchen / beata zakes
portrait : violeta urmana / françois lesueur
portrait : marko letonja / christian wasselin
portrait : pinchas steinberg / frank langlois
entretien : xavier dayer / christian bernard
ballet du grand théâtre : saison / emmanuèle rüegger
19 livres
20 théâtre
24 spectacles
54
récitals : bryn terfel, elina garanca, patricia petibon,
michael volle, laurent naouri et natalie dessay,
diana damrau
57 musique
57
58
59
60
cully classique / yves allaz
agenda romand / yves allaz
agenda genevois / martina diaz
l’orchestre de chambre de genève : saison / f. fredenrich
62
63
63
64
65
66
68
69
70
73
montpellier danse / bertrand tappolet
colmar : hommage à evgueny svetlanov / pierre jaquet
vienne : 34e festival de jazz / christian bernard
lyon : les nuits de fourvières / nancy bruchez
avignon / anouk molendijk
gstaad : menuhin festival / christian bernard
entretien : raymond duffaut, orange / françois jestin
présentation : radio france et montpellier / françois jestin
entretien : bernard foccroule, aix / françois jestin
bellerive : 19e édition / christian bernard
74
76
78
78
79
79
80
80
81
81
82
83
84
fondation beyeler : gerhardt richter / régine kopp
schaulager : paul chan / régine kopp
mémento beaux-arts : france
palais lumière, évian : chagall, œuvre gravé
mémento beaux-arts : ailleurs
rancate : céramiques d’art italiennes
mémento beaux-arts : suisse romande
fondation de l’hermitage : peindre l’amérique
mémento beaux-arts : suisse alémanique
fondation gianadda : revoir renoir
genève : art en vieille ville / françoise-h. brou
ferme de la chapelle : bernard garo & jo fontaine /f.-h. brou
musée de la croix rouge : trop humain / christophe rime
85
86
88
90
90
91
91
chronique des concerts / david verdier
opéra : arbre florissant / pierre-rené serna
sélection musicale de juin / françois lesueur
mémento théâtre
grande halle de la villette : josef nadj
mémento expositions
jeu de paume : oscar munoz
62 festivals
26 opéra
74 expositions
41 saison du grand théâtre
85 paris
263 / juin 2014
90 les mémentos
ABONNEZ-VOUS!
Découvrez chaque mois dans nos pages :
L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs
Cinéma
Concerts
Livres
Opéra
Critiques
Danse
Expositions
Théâtre
Entretien
Avant-Premières
Mémento
Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4
Tél. (022) 346.96.43 / de France +41 22 346.96.43
www.scenesmagazine.com / e-mail : [email protected]
COMMANDE D’ABONNEMENT
scènes
magazine
Nom
Prénom
Adresse
Code Postal
Localité
Pays
o un abonnement (10 numéros) à 80 SFrs / Europe : 120 Sfrs. / hors Europe : 140 Sfrs.
o un abonnement France (10 numéros) à 70 €
o un abonnement de soutien (10 numéros) à 100 SFrs
à partir du N°
A renvoyer à SCENES MAGAZINE
CP 48 - 1211 GENEVE 4 - Suisse
avec
le
règlement
par
chèque
ou
virement sur le CCP Scènes Magazine
12-39372-8
Date
Signature
EDITO
direction
Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier,
Jérôme Zanetta
comité de rédaction
Christian Bernard, Serge Bimpage,
Françoise-Hélène Brou, Laurent
Darbellay, Frank Dayen, Martine
Duruz, Frank Fredenrich,
Jérôme Zanetta
éditeur responsable
Frank Fredenrich
publicité
Bimpage Communication
Viviane Vuilleumier
secrétaire de rédaction
Julie Bauer
collaborateurs
Yves Allaz, Philippe Baltzer,
Julie Bauer, Nancy Bruchez,
Gabriele Bucchi, Claudia Cerretelli,
Romeo Cini, Sarah Clar-Boson,
Martina Diaz, Catherine Graf,
Emilien Gür, Bernard Halter,
Christophe Imperiali, Pierre Jaquet,
François Jestin, Régine Kopp,
Serge Lachat, Frank Langlois,
David Leroy, François Lesueur,
Anouk Molendijk, Paola Mori,
Michel Perret, Eric Pousaz,
Stéphanie Nègre, Christine Pictet,
Christine Ramel, Serene Regard,
Christophe Rime, Julien Roche,
Emmanuèle Rüegger, Maya Schautz,
Rosine Schautz, Raymond Scholer,
Pierre-René Serna, Bertrand Tappolet,
Laurence Tièche Chavier,
Tuana Gökçim Toksöz, David Verdier,
Christian Wasselin, Beata Zakes,
François Zanetta
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
Incrédulité ?
Tout ce que l’on pourra faire pour que rien ne se fasse sera bon à faire.
(Xavier Gorce)
D
epuis plusieurs années, trois projets agitent à juste titre les milieux
culturels genevois. Dans une cité qui consacre un montant important aux divers aspects de la création artistique - au point que le
pourcentage du budget culturel est sans égal en Europe – on ne peut que s'étonner de la difficulté récurrente à finaliser des projets de construction ou de
rénovation.
Ainsi en est-il de la « comédie de la Nouvelle Comédie » dont on peut rappeler à la manière d'une médiocre pièce que s'il y a un prologue, il date de la
fin des années 1980 avec le projet de Matthias Langhoff avant de connaître
divers développements si l'on songe par exemple à une conférence de presse
organisée par l'Association pour une Nouvelle Comédie datant de septembre
2005, sensée être un acte fondateur de cette « Nouvelle Comédie, une institution phare pour Genève et sa région ». En février 2010, on pouvait publier
(Scènes Magazine no 219) un éditorial intitulé « La (Nouvelle) Comédie de
fait que commencer !». Mais de délai en délai, on ne voit rien venir ! En bref,
on aura compris que les actes ne suivent guère le prologue et que le phare se
fait attendre, ou plutôt reste à quai en attendant – en théorie ? - la première
rame du CEVA.
Côté rénovation et agrandissement du Musée d'Art et d'Histoire, aux dernières nouvelles, un communiqué de presse du 6 mai 2014 assure que « le
Cercle de soutien au MAH+ Genève se réjouit du rejet des recours de
Patrimoine Suisse Genève et d'Action Patrimoine Vivant », marquant ainsi
« une étape importante et positive vers le projet de rénovation et d'agrandissement du Musée d'Art et d'Histoire ». Ainsi, selon le Cercle de soutien au
MAH+ (qui compte plus de 1100 membres), les travaux pourraient commencer «rapidement ». Un bel optimisme que ne saurait refroidir la réaction immédiate du cercle des opposants irréductibles et entêtés, lesquels se promettent de
s'opposer par tous les moyens – y compris référendaires – à un projet pourtant
nécessaire.
Désormais, Carouge bouge également du côté de la rue Ancienne et de son
théâtre. Porté par l'enthousiasme de Jean Liermier et un soutien presque unanime de la classe politique locale, une reconstruction de la salle du Théâtre de
Carouge est en projet. Comme il se doit, une réaction populiste n'a pas tardé et
quelques débats sont à planifier, sans parler d'un possible référendum. Affaire
à suivre, car on a pu le constater avec les votes au sujet de la Maison de la
danse ou d'un projet de Musée d'ethnographie, rien n'est jamais acquis si l'on
fait appel à l'opinion populaire.
On peut au moins supposer que ces sujets resteront longtemps encore d'actualité, de quoi fournir bien des sujets de débats, commentaires, invectives et
autres éditoriaux...
Rendez-vous au prochain éditorial consacré à l'un de ces sujets !
FF/SCENESMAGAZINE
scènes
magazine
case postale 48 - 1211 Genève 4
Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43
www.scenesmagazine.com
e-mail : [email protected]
c
i
n
é
le cinéma au jour le jour
Cine Die
16e Far East Film Festival (FEFF)
Udine confirme la prépondérance de la Corée du Sud et de Hong
Kong en matière de cinéma populaire asiatique.
Corée du Sud
6
Miss Granny (2014) de Dong-hyuk Hwang, dont le précédent film
Silenced (2011) sur une affaire d’abus d’enfants dans une école pour
sourds-muets, plébiscité au FEFF, avait entraîné dans son pays un renforcement significatif de la protection des mineurs, concerne une vieille
dame qui ne s’en laisse conter par personne. Elle a un caractère bourru, un
langage de charretier, et est en bisbille avec sa dondon de belle-fille. Elle
se chamaille même avec le seul homme qui l’adule en secret depuis toujours, son collègue de travail. Un jour, elle se fait tirer le portrait par un
photographe qui lui offre une « photo de jouvence ». En voyant sa
réflexion dans une vitrine plus tard, elle réalise qu’elle a maintenant le
physique d’une jeune fille. Les membres de sa famille ne la reconnaissent
pas. Comme elle adore chanter, elle fait tout pour se faire « découvrir » par
son petit-fils qui dirige un groupe rock. L’effet comique qui a fait trembler
de rire les salles de la péninsule naît du talent de la jeune comédienne Eungyeong Shim, qui mime les manières brusques et le franc-parler cru de la
vieille dame à la perfection, lesquels détonnent bien sûr sur un corps si
juvénile. Le développement économique foudroyant du pays aidant, le
gouffre séparant les sexagénaires de la jeune génération coréenne n’est
plus seulement culturel, mais aussi linguistique.
SHIM Eun-gyeong dans «Miss Granny»
The Terror Live (2013) de Byung-woo Kim met aux prises, en direct
et en exclusivité, un journaliste de télé soi-disant honnête avec un maîtrechanteur qui fait exploser un pont routier sur la rivière Han pour montrer
que ses revendications doivent être prises au sérieux. Il n’est d’ailleurs pas
motivé par le lucre, il émet simplement une exigence morale : que le président vienne faire des excuses à la télé pour les morts que des économies
indues dans la réfection dudit pont quelques années en arrière ont occasionnées. Il donne un temps de réponse, faute de quoi il procédera à d’autres explosions bien placées. D’emblée, le journaliste se retrouve entre le
a
c
t
m
a
marteau et l’enclume, avec les révélations de médias concurrents jaloux
qui ont déniché des irrégularités dans son passé professionnel, les services
secrets qui ne veulent pas laisser le président céder au chantage, les dirigeants de la télé qui poussent vers une issue violente parce que celle-ci fait
normalement exploser le taux d’écoute, et le terroriste qui perd patience.
Le spectateur passe tout le film en compagnie du journaliste dans le studio de la télé, d’où on a une belle vue sur le pont en question. Les effets
des tractations secrètes deviennent donc immédiatement visibles in situ.
Lorsque les premières pertes humaines arrivent à mi-film, on espère que
tout le monde y mettra du sien pour éviter le pire, mais le film est coréen
et donc noir jusqu’au bout. Le remake hollywoodien aura à coup sûr une
fin plus lénifiante.
The Attorney (2013), premier film de Woo-seok Yang, est un peu le
prolongement de National Security de Ji-Yeong Jeong, vu l’année passée.
Alors que ce dernier décrivait les tortures subies par les victimes innocentes de la dictature de Chun Doo-hwan (1980-1988), le film de Yang se
déroule au milieu de la population et se focalise sur un avocat sans forma-
Do-won KWAK dans «The Attorney»
tion universitaire, opportuniste, spécialisé en conseils fiscaux, qui, en
1981, n’a aucun grief contre le gouvernement et ne veut pas croire tout ce
qu’on dit, jusqu’au moment où un jeune étudiant dont il connaît la famille
pauvre et travailleuse, est arrêté par les services secrets et accusé d’être un
agent communiste. Il découvre alors les fallacieux prétextes et sordides
réalités des détentions de civils innocents et décide de se muer en avocat
de la défense. Comme les dés sont pipés d’avance, il perd le procès, non
sans avoir hurlé ses quatre vérités à la face des juges dans une scène
mémorable. Mais on le retrouve en 1987 comme activiste en tête des
manifs et cette fois-ci, c’est à lui que le régime fera un procès. Le nom de
l’avocat fictionnel est Song Woo-seok, clairement fabriqué à partir du nom
de l’acteur qui l’incarne, le toujours impressionnant Song kang-ho, et le
prénom du réalisateur. Le personnage est d’évidence basé sur Roh Moohyun, qui a suivi grosso modo le même parcours avant d’être élu Président
de la République en 2002. Mais comme la Corée a maintenant un régime
de droite, il n’est pas nommé expressément.
Hong Kong
Firestorm (2013) de Alan Yuen pose un nouvel étalon. Le film est un
véritable bulldozer qui a laissé bouche bée les spécialistes des films d’action de l’ex-colonie britannique, pourtant habitués depuis longtemps à toutes sortes d’excès, mais là, il faut bien l’avouer, Dante Lam a été battu sur
son propre terrain, et encore par un novice ! L’histoire a à peine commen-
u
a
l
i
t
é
c i n é m a
sympathiques du cinéma de genre philippin des années huitante, lequel
profitait de la manne étatique sous les auspices d’Imelda Marcos, fondatrice du Manila Film Center. Souffrant de nanisme primordial, le petit
gamin s’enthousiasma assez tôt pour les arts martiaux et devint ceinture
noire. «Adopté » l’espace de quelque 6 films par le producteur Peter
Caballes et sa femme, l’acteur devint la coqueluche du Manila
International Film Festival avant de sombrer dans l’oubli et la dèche
quelques années plus tard. Le film de Leavold, construit comme une véritable enquête, alterne les extraits de films (où l’on peut constater l’extrême agilité du cascadeur miniature, son espièglerie et le charme trouble
qu’il exerce sur les femmes) avec les interviews de collègues de travail, et
surtout, cerise sur le gâteau, une réception chez l’ex Première Dame en
personne à l’occasion de son 83e anniversaire.
Andy Lau (3e) dans «Firestorm»
cé qu’un transport de fonds se fait harponner et hisser dans les airs par une
grue, en pleine ville. La police a beau être vite sur place, la bataille qui
s’enclenche n’est que la première de toute une série au cours desquelles
civils innocents et policiers paient de leur vie, sans parler des dégâts matériels. Les nouveaux gangsters venus du continent utilisent des armes de
guerre qui pulvérisent des bus, font s’affaisser des ponts et creusent des
cratères ; ils poussent le sadisme jusqu’à jeter une petite fille autiste d’un
balcon devant les yeux de son père avant de torturer celui-ci, un infiltré, à
mort. Andy Lau, le commissaire, n’a dès lors plus qu’un désir: liquider la
racaille par tous les moyens possibles, fussent-ils illégaux ou immoraux !
Il tabasse un gangster à terre jusqu’à l’envoyer dans le coma, laisse tranquillement un autre mourir d’une crise d’asthme, trahit ses taupes, etc. Le
film d’action devient ainsi un film catastrophe, donnant corps à cet idéal
du romantisme, selon lequel le déchirement intérieur des personnages se
reflète dans la réalité extérieure. Alors qu’un typhon encercle Hong Kong,
le monde urbain plonge dans le chaos : le flic honnête devient l’incarnation du mal et le gangster pourri se mue en père de famille responsable.
Lorsqu’au terme de cette orgie de destruction, le seul survivant s’efforce
de rétablir l’ordre ancien, le ciel s’éclaircit aussi.
Japon
The Eternal Zero (2013) de Takashi Yamazaki reçut le maximum de
votes de la part du public, mais la gêne était palpable chez certains spectateurs à la lecture du palmarès. Le Zéro dont il est question est bien sûr
l’avion des kamikazes, déjà l’objet de Le Vent se lève (Hayao Miyazaki,
2013). À l’occasion de l’enterrement de leur grand-mère, ses petitsenfants apprennent qu’elle avait eu un premier mari, pilote d’avion et
instructeur de vol, lequel mourut en mission au-dessus du Pacifique en
1945. Des témoignages contradictoires louaient le héros ou dénonçaient le
couard. Mais peu à peu se dessine le portrait d’un homme qui aimait tendrement son épouse et sa petite fille, à tel point qu’il mettait sa survie audessus de toute considération de sacrifice pour la patrie. Pendant les combats aériens au-dessus de Rabaul, il restait souvent à l’écart en prenant littéralement de la hauteur : pour l’état-major, il devint alors de plus en plus
Philippines
Un des meilleurs documentaires de ces dernières années nous vient de
Andrew Leavold, un historien australien (qui publiera
sous peu sa thèse Bamboo
Gods and Bionic Boys : A
History of Pulp Filmmaking
in the Philippines). Le film,
une coproduction philippino-australienne s’intitule
The Search for Weng Weng
(2013). Weng Weng est le
pseudonyme de Ernesto de
la Cruz (1957-1992), qui du
haut de ses 83 cm, fut au
cinéma l’inoubliable Agent
00 dans For Y’ur Height
Only (Eddie Nicart, 1981) et
The Impossible Kid (E.
Nicart, 1982), deux exemWeng Weng
ples symptomatiques et
a
c
t
u
a
l
Les kamikazes de «The Eternal Zero»
suspect. On lui confia l’entraînement des kamikazes. Et là, il recalait ses
élèves aussi souvent qu’il le pouvait pour les maintenir en vie. Mais ils
finissaient toujours par être envoyés à une mort certaine. Le film laisse
supposer que, se sentant coupable de toutes ces morts, il décida de s’immoler lui-même en lançant son Zéro sur un navire américain, non sans
avoir sauvé une dernière fois un de ses élèves qui deviendra le deuxième
mari de la grand-mère et sera un grand-père empreint de toute la noblesse
des samouraïs d’antan. Un film donc tout à fait dans l’esprit de Shinzo
Abe.
Au mois prochain
Raymond Scholer
i
t
é
7
c i n é m a
les cinémas du grütli
La Quinzaine
des Réalisateurs
On le sait, Edouard Waintrop, le directeur des Cinémas du Grütli, est
également aux commandes de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes.
Une douzaine de films de la sélection 2014 seront présentés à Genève entre
le 5 et le 11 juin, immédiatement après leur première sortie cannoise.
8
apprentie coiffeuse, lui déserteur de l’armée et
leur bonheur de s’aimer évident. Le père de
Laïla décide d'envoyer son fils Zaheer et une
bande de chasseurs de prime, certains musulmans, d’autres britanniques de souche, à la
recherche de sa fille. Quand ils la trouvent, il y
a confrontation violente entre elle et son frère
qui se blesse mortellement en chutant. La violence montera encore entre les poursuivants
cette fois, la violence des immigrés tabassant le
petit ami de Laïla entraînant celle des
Britanniques… Laïla ayant accepté de retourner
chez son père, la conclusion sera un terrible face
à face père-fille.
“Les films de série noire“ et “L'échappée
belle“ sont d'après Edouard Waintrop, les maîtres-mots de la Quinzaine 2014. Passage en
revue de deux films relevant de la première
catégorie, Catch me Daddy de Daniel Wolfe
(GB) et Les Combattants de Thomas Cailley
(France), et d’un film de l’Argentin Diego
Lerman Refugiado, appartenant de plein droit,
on verra pourquoi, à la seconde.
Catch Me Daddy
Un premier film loin d’être sans défaut,
mais qui s’impose progressivement et ose un
regard sidérant de justesse sur une réalité hélas
banalisée et édulcorée par le moulinage médiatique: les rapports père-fille et frère-sœur tels
qu’ils sont régis par la tradition dans une famille
d’immigrés musulmans dans le Yorkshire, en
Grande-Bretagne.
Laïla, une jeune fille d’une vingtaine d’années, a fui sa famille et se cache avec son petit
ami, un Britannique de souche (le titre du film
«Les Combattants»
renvoie à une chanson de Janis Joplin tirée de
l’album Cheap Thrills (1968), époque où
régnait le fantasme du drop out). Elle est
A verser au débit du film, l’étirement
excessif de la traque jusqu’à ce que le couple
soit retrouvé. Mais tout change dans les scènes
mettant en présence Laïla, son frère, puis son
père. La violence verbale et physique des hommes et la soumission de Laïla, propres aux
sociétés patriarcales, sont montrées sans fard
aucun, mais - ce qui est exceptionnel - en révélant les sentiments contradictoires de chacun
sous les comportements dictés par l’honneur.
On n’oubliera pas de sitôt l’explosivité du père
poussant Laïla au suicide tout en l’assurant de
son amour. Je ne me souviens pas d’un film
osant montrer aussi crûment les différences culturelles sans souci du politiquement correct.
Les Combattants
Représentant d’un cinéma français que l’on
qualifiera de viril, Thomas Cailley intrigue et
accroche avec le récit de la rencontre d’Arnaud
et de Madeleine. Arnaud a 17 ans, la tête sur les
épaules, mais un peu indécis quant à son avenir.
«Catch Me Daddy»
a
c
t
u
a
l
i
t
é
c i n é m a
Gérant avec son frère aîné et sa mère une petite
entreprise d’abris de jardin, il est attiré par l’armée de terre qui fait circuler un bus de promotion dans la région. Comme l’est également
Madeleine, 19 ans, “un bloc de muscles tendus,
de phrases lapidaires et de regards noirs”.
Madeleine est une (com)battante se préparant
pour une guerre (mais laquelle ?). Elle veut un
régiment dur pour apprendre à survivre (mais à
quoi ?). Pour s’entraîner elle avale un poisson
cru passé tout entier au mixer. Leur différence
n’empêchera pas un rapprochement à l’instinct.
Arnaud va-t-il s’engager à sa suite, mais sur
quel chemin ?
On a aimé la façon dont Thomas Cailley
parvient à faire échapper ses personnages à tout
typage déjà connu, à leur donner (surtout pour
Madeleine) une consistance forte faite d’un
mélange de familiarité et d’étrangeté, à intéresser à une relation dont rien ne permet d’anticiper l’évolution. Chemin faisant, dans un film
fondamentalement réaliste et témoignant d’un
grand souci du détail parlant, il dresse un portrait d’une certaine jeunesse, ni marginalisée ni
privilégiée dans la France d’aujourd’hui, sonnant particulièrement juste.
Refugiado
On reste dans le genre réaliste avec le film
de Diego Lerman, qui suit Matias, 8 ans et
Laura, sa mère en début de grossesse. Passant
successivement de l’école où personne n’est
venu chercher Matias, au foyer de femmes où
«Refugiado», photo Wojtek
ils ont trouvé refuge, puis au commissariat où
Laura fait une déposition (le père, Fabian,
jaloux, l’a menacée d’un couteau et l’a frappée
au ventre), le spectateur comprend qu’ils ont été
obligés de fuir à la hâte l’appartement familial.
Fabian ayant réussi à les localiser grâce au portable de Laura, ils doivent quitter le foyer, la
fuite se poursuivant d’hôtel en hôtel jusqu’au
cabanon habité par la mère de Laura.
Evitant tout misérabilisme, manifestant une
empathie dépourvue de pathos à l’égard de ses
personnages (absence notable de toute musique
dramatisante), refusant de dramatiser outre
mesure, gardant la juste distance, Diego
Lerman, dans ce film sans homme (on n’entend
Fabian qu’au téléphone), rend un bel hommage
à la force des femmes et à leur solidarité.
On admire le portrait de Laura en Mère
Courage à la fois forte et fragile, mais plus
encore celui de Mathias et de la petite fille rencontrée dans le centre d’accueil: tout est dit de
la faculté des enfants à jouer de leurs traumatismes en les rejouant comme une histoire fantastique, en une thérapie instinctive. Aussi instinctive que la formule de Laura à Mathias à un des
pires moments de leur fuite: “Dans la vie, tout a
une solution, sauf la mort”.
Christian Bernard
Sortie DVD
LE REPENTi
de Merzak Allouache, Algérie, 2012
(DVD BLAQ OUT)
Projeté à Cannes en 2012 (Quinzaine des
réalisateurs), repris au FIFDH et aux Cinémas du
Grütli en 2013, Le Repenti suit Rachid, jeune
combattant islamiste des années 90 venu se rendre
à l’armée, donc repenti au sens de la loi dite de
concorde civile, censée mettre un terme à la guerre civile. Ce faisant, c’est le portrait d’une société
frappée d’amnésie qu’Allouache dessine.
Le Repenti est un film clair, intelligent et
humain, qui vous prend dès les premières images
(l’Algérie des hauts plateaux sous la neige) pour ne
plus vous lâcher grâce à un sens du récit consommé. La narration, très fluide, enchaîne les saynètes
semant des indices dont l’explication est savamment retardée pour relancer l’intérêt du spectateur.
a
c
t
u
«Le Repenti »
La situation des personnages y compris secondaires dans l’Algérie d’aujourd’hui, riche en tabous,
se précise par petites touches à travers mille détails
très concrets (et souvent très drôles). Le dénoue-
a
l
i
t
ment indique clairement que la guerre civile n’est
en réalité pas terminée, et il laisse planer le doute
sur l’identité des bourreaux actuels ou futurs.
Christian Bernard
é
9
c i n é m a
juin à la
Cinémathèque suisse
Philip Seymour Hoffman
10
On l’avait cru ancré dans la première moitié
d’une carrière époustouflante (qui était censée
s’achever en douceur après le milieu du siècle),
on ne savait pas que c’était un grand angoissé en
lutte permanente avec des démons que lui seul
connaissait : il a lâché prise début février et l’avenir du cinéma s’est soudain appauvri. Car il
était l’un de ces comédiens inclassables qui
investissait chacun de ses personnages d’une
empreinte singulière, d’une respiration bien à lui.
Caméléon, il surprenait toujours par une coloration spécifique. Un rôle tenu par Hoffman acquérait automatiquement une signification, un poids
particuliers. Sur la soixantaine de titres que comporte sa filmo, l’hommage de la Cinémathèque
en propose une douzaine, judicieusement choisis.
Et si on peut regretter l’absence de certains
films portés aux nues outre-Atlantique
[Synecdoche, New York (Charlie Kaufman,
2008) ; The Savages (Tamara Jenkins, 2007) ;
Love Liza (Todd Luiso, 2002) ; Next Stop
Wonderland (Brad Anderson, 1998) ; Owning
Mahowny (Richard Kwietniowsky, 2003)], c’est
qu’ils ne sont tout simplement pas sortis sur nos
écrans : ils ne sont donc pas dans les dépôts de la
Cinémathèque. En revanche, celle-ci a acquis le
seul film mis en scène par Hoffman, Jack Goes
Boating (2010), aussi inédit que les précédents :
il y incarne un chauffeur de limousine timide et
vulnérable qui rencontre, grâce à un couple ami,
une jeune femme souffrant du même symptôme.
À première vue, il y a donc du Mike Leigh dans
l’air. Le récit, à ce qu’il paraît, réserve pourtant
des surprises. Les autres titres ne nécessitent pas
de recommandations : qu’il incarne Truman
Capote (Capote de Bennett Miller, 2005), un prêtre accusé de pédophilie (Doubt de Patrick John
Shanley, 2008), un travesti (Flawless de Joel
Schumacher, 1999), le jouisseur épicurien
Freddie Miles imaginé par Patricia Highsmith
(The Talented Mr. Ripley de Anthony
Minghella, 1999), un professeur d’anglais potelé
et flegmatique, fasciné par le tatouage d’Anna
Paquin (25th Hour de Spike Lee, 2002) ou un
agent moustachu de la CIA (Charlie Wilson’s
War de Mike Nichols, 2007), Philip Seymour
Hoffman est toujours stupéfiant.
Histoire Permanente du Cinéma
3 titres de 1964 qui ne courent pas les rues :
Hamlet (Grigori Kozintsev) transpose les vers
du Barde dans les mélodieux chuintements de la
langue de Boris Pasternak, co-scénariste, vers
prononcés ici par l’incomparable Innokenti
Smoktounovski, ancien déporté de Sibérie,
connu par son portrait du physicien Koulikov
dans Neuf Jours d’une Année (Mikhaïl Romm,
1962). Selon Ado Kyrou, « jamais on n’avait
encore vu un Hamlet aussi viril. Et jamais on
n’avait vu des rencontres avec Ophélie aussi
physiquement érotisées ».
Thomas l’Imposteur (Georges Franju), le
rêveur juvénile de Jean Cocteau veut vivre l’aventure de la guerre - sans se rendre compte que
la guerre n’est pas une aventure, mais une réalité sordide ! Il se fait passer pour le neveu d’un
général héros de
Philip Seymour Hoffman est «Capote»
a
guerre. Son imposture révèle toutes les autres,
celles des nobles, des religieux, des militaires.
Les Diamants de la Nuit (Jan Nemec)
raconte la fuite éperdue de deux jeunes
Tchèques échappés d’un train de déportés pendant la Seconde Guerre mondiale. Une meute de
vieux chasseurs des Sudètes se lancent à leur
poursuite, les capturent, se moquent d’eux et
feignent de les relâcher. La course éperdue
recommence. « Version singulière du mythe de
Sisyphe filmée à l’allure des fugitifs, dans un
enchevêtrement de travellings, d’images mentales obsessionnelles et de flash-back » (Anne
Kiefer, Dictionnaire des Films, Larousse).
Séances Spéciales
10 juin : Das Notizbuch des Mr. Pim de
Frank Ward Rossak est un long métrage produit
par le Parti social-démocrate autrichien (SDAP)
dans le cadre des élections parlementaires du 9
novembre 1930. Le rédacteur en chef d’un journal américain, Mr. Pim, se rend en Autriche pour
se rendre compte du danger que représente le
socialisme, mais le spectacle des acquis sociaux
finit par le convaincre du bien-fondé d’une politique pour les masses. Seule copie 35mm connue.
19 juin : Heaven’s Gate (1980), le western
à la fois colossal et intimiste de Michael Cimino,
dans sa version restaurée de 216 minutes.
21 juin : Egged on (1926) de Charley
Bowers, qui intègre avec virtuosité l’animation
dans la prise de vue réelle. « Qui n’a pas vu les
petits tacots éclore d’œufs couvés par le moteur
d’une voiture, les mains mécaniques donner la
vie à une merveilleuse poupée de son, la souris
dégainer son revolver devant le chat, la machine
à rendre les œufs incassables, n’a rien vu .. »
(Jean-Pierre Jeunet, Positif, 1981).
Raymond Scholer
Innokenti Smoktounovski dans «Hamlet»
c
t
u
a
l
i
t
é
c i n é m a
sous la loupe
Deux jours, une nuit
On sait que tous les films des frères Dardenne ont été projetés en première
vision à Cannes depuis Rosetta en 1999 et qu’ils sont dans le club très
fermé des cinéastes récompensés par deux Palmes d’Or, pour Rosetta et
pour L’Enfant en 2005. Seront-ils les premiers à l’obtenir une troisième
fois? A l’heure où ces lignes sont écrites, nous ne le savons pas, mais, primé
ou non, Deux jours, une nuit s’impose comme une grande réussite.
La réussite est à la mesure des pièges tendus par leur propre scénario. Qu’on en juge:
Sandra (Marion Cotillard), employée d’une
PME de panneaux solaires sortant d’un congé
maladie pour dépression, doit chercher en un
week-end, avec l’aide de son mari (Fabrizio
Rongione), à convaincre un à un sa quinzaine de
collègues de voter pour son maintien dans l'entreprise plutôt que pour une prime de 1000
euros. La tâche s’annonce d’autant plus difficile qu’un premier vote a déjà eu lieu, largement
favorable à la prime, mais que la direction pressée par une syndicaliste amie de Sandra, a
accepté d’invalider vu la pression douteuse
exercée par un contremaître.
Mise sous pression généralisée
On retrouve pleinement les Dardenne dans
la description précise et sans fard du monde du
travail où règne la mise sous pression généralisée. Sans fard, mais sans caricature: la pression
s’applique du haut au bas de la hiérarchie, de la
direction soumise à l’obligation de tenir ses
coûts, au Noir en CDD tremblant pour sa place.
Comme on retrouve les cinéastes dans le soin
pris à inscrire la dureté de ce monde du travail
dans les corps, à commencer par celui de Marion
Cotillard. C’est dans son corps et sur son visage
sans maquillage que s’éprouvent la fatigue, les
tensions et la fragilité d’une Sandra au bord de
Fabrizio Rongione et Marion Cotillard dans «Deux jours, une nuit»
Un schéma narratif qui n’est pas sans rappeler Douze hommes en colère, même si, ici,
c’est la victime qui essaie de convaincre les
“jurés”. Avec un scénario aussi tenu, inhabituel
pour eux, les frères Dardenne couraient le
risque de nous priver du sentiment de partir à
l’aventure, si caractéristique de leur manière, au
profit de l’observation satisfaite d’une belle
mécanique qui se serait enfermée dans le
suspense: réussira-t-elle ou non; happy end ou
non? On verra plus loin l’habileté avec laquelle
ils évitent le piège.
a
c
t
u
Marion Cotillard dans «Deux jours, une nuit»
l’effondrement, mais aussi sa force. On ne peut
qu’être admiratif, soit dit en passant, devant la
liberté avec laquelle Marion Cotillard gère son
image et sa carrière, loin de l’obsession d’être
une star (ce qu’elle est aussi).
Le film doit relever le défi de faire exister
avec très peu de temps à l’écran tous les collègues que va rencontrer Sandra. Si elle présente
toujours sa demande de la même manière (c’est
le patron qui a mis en balance les 1000€ et son
licenciement), les réponses varient, même si la
plus fréquente est “on n’a rien contre toi, mais on
a
a besoin des 1000€”, tout comme les attitudes: il
y a le rejet violent du jeune macho à la voiture
tunée, d’autant plus hostile que son père est, lui,
solidaire; l’indifférence de celui qui ne voit que
l’intérêt de faire des heures sup si le travail est
fait avec une personne en moins; celui qui voudrait qu’on sauve à la fois la prime et l’emploi; le
oui du collègue footballeur se sentant coupable;
le courage de celle qui décide (pour la 1ère fois
de sa vie, dit-elle) de voter pour Sandra et de
quitter son mari qui l’a frappée lorsqu’elle a
envisagé de renoncer aux 1000€; l’hésitation,
enfin, du Noir qui a peur de ne pas être gardé à
l’issue de son CDD en septembre s’il vote pour
elle. Or son vote est celui qui peut faire pencher
la balance, les oui et les non s’équilibrant. Il lui
promet de voter pour elle… Ce défi de faire exister autant de personnages secondaires est parfaitement relevé par les Dardenne. Il faut dire qu’à
leur habitude, ils ont soigné les castings et multiplié les répétitions.
Le piège scénaristique de l’alternative
happy end ou échec est évité: le vote n’aura pas
lieu le lundi car Sandra a la surprise d’être
convoquée par le patron qui lui annonce qu’au vu
de sa combativité, il la réengagera en septembre
après un court chômage et qu’il ne renouvellera
pas le CDD du Noir. Sandra refuse quand elle
l
i
t
comprend que le maintien de son emploi est au
prix du non-renouvellement du CDD de son collègue. Elle échoue ainsi volontairement, gardant
intacte son intégrité morale: en renonçant à l’emploi pour lequel elle s’est tant battue, elle n’a pas
fait à autrui ce qu’elle ne veut pas qu’on lui fasse.
D’où la sorte de bonheur dans la défaite qui
s’empare d’elle. Comme elle le dit à son mari,
“on s’est bien battu!”. Y croire, se battre, “Fais ce
que dois, advienne que pourra”: tout l’humanisme moral des Dardenne est là.
Christian Bernard
é
11
c i n é m a
Les films du mois
MELAZA
de Carlos Lechuga, avec Yuliet Cruz, Amando
Miguel Gomez,… (Cuba 2013)
12
Dans le village cubain de Melaza, la vie se
déroule au ralenti depuis que la production
sucrière a cessé. Monica, dernière employée
d’une usine à l’arrêt qui rouille lentement, envoie
quotidiennement son rapport certifiant le bon état
des machines, pendant qu’Aldo, son compagnon,
instituteur du village, enseigne aux enfants à
nager dans une piscine vide et à apprendre les
rudiments d’un art martial susceptible de les faire
triompher des potentiels envahisseurs américains ! Quotidiennement, un avion passe qui largue des paquets du journal officiel du Parti que
personne ne lira, et une camionnette traverse le
village en scandant les slogans qui disent les succès du régime contre la menace yankee.
Ne réussissant plus à nouer les deux bouts,
le couple loue sa petite cahute (où vivent encore
la grand-mère handicapée et la fille de Monica) à
une amie de Monica qui survit grâce à la
prostitution. Mais la police met fin à ce commerce, condamnant le couple à une amende tellement
salée qu’Aldo, après avoir proposé sans succès
des cours d’anglais, ne voit comme solution que
de se lancer dans le trafic autrement plus risqué
de viande. Toujours sans succès, son partenaire
étant même arrêté ! Reste pour survivre à proposer les charmes de Monica…
Ce portrait sans concession de la situation
économique catastrophique de Cuba ne sombre
pourtant jamais dans le misérabilisme. Pour son
premier long-métrage, Carlos Lechuga trouve un
ton doux-amer et une forme d’humour à froid qui
ne sont pas sans rappeler ceux du film mexicain
Workers de José Luis Valle. Derrière le discours
collectiviste officiel, ce que montre le cinéaste,
ce sont les petites astuces individuelles pour s’en
sortir au quotidien. Sans grands discours, mais
avec un peu de musique et les gestes (un peu las,
certes) d’une tendresse encore vive.
En 80 minutes, le cinéaste trouve une
manière assez brechtienne de nous dépeindre
sans concession la situation de son pays. Plus,
par sa grande maîtrise formelle et sans jamais
som-brer dans la psychologie, il réussit à nous
parler de manière émouvante du quotidien de
gens vrais auxquels le régime n’a plus rien à
offrir…
Serge Lachat
TOUT EST PERMiS
(France, 2014)
documentaire de Coline Serreau
A mon goût, Coline Serreau s’est souvent
révélée meilleure cinéaste dans ses documentaires que dans ses fictions. Son goût pour les
« sujets de société » comme l’oppression des
homosexuels (Pourquoi pas ? 1977) ou des fem-
«Melaza» © Trigon films
a
c
t
u
a
mes (Mais qu’est-ce qu’elles veulent, 1977), ou
encore comme, plus récemment, les mises en
garde contre les désastres écologiques (Solutions
locales pour un désordre global, 2010) lui donne
un punch que ses comédies comme Trois hommes
et un couffin (1985) ou La Crise (1992) n’ont pas
forcément, noyées qu’elles sont dans les bons
sentiments. Elle revient aujourd’hui avec ce que
certains verront comme un « petit » sujet, mais
que d’autres, dont je suis, considéreront comme
un vrai film « citoyen ». Marquée par ce qu’elle
a entendu lors de son passage dans un stage de
récupération des points du permis de conduire,
elle a voulu partager cette expérience où, autour
d’une table, des gens de tous milieux, de toutes
origines, de toutes professions, viennent dire d’abord leur sentiment d’être victimes d’une injustice, et écoutent ensuite ce que des techniciens, des
juristes, des médecins ont à leur dire sur les
risques provoqués par leurs infractions au code
de la route.
Je précise que même les spectateurs de pays
qui ne connaissent pas le permis à points ont intérêt à voir ce documentaire : ils y retrouveront les
discours mille fois entendus sous nos latitudes
aussi sur le caractère scandaleux de la répression
des infractions routières (« l’Etat veut seulement
nous prendre des sous »), sur le sentiment d’injustice de ceux qui ont été pris (« pour un km/h
d’excès de vitesse !!! », « un excès de vitesse
alors que j’étais seul sur la route ! »), avec les
excuses-bidon (« je n’appelle pas au téléphone,
je réponds aux appels »), les arguments de mauvaise foi (« en Allemagne, il n’y a pas de limitations de vitesse et il y a moins d’accidents », ou
pire encore, « conduire vite est un droit de l’homme » !!!),
Coline Serreau ne prend jamais la parole,
mais elle répond à ces formules par un montage
de réponses de responsables de la sécurité routière. Certains ne manqueront pas de lui reprocher
d’approuver les mesures strictes adoptées, mais
son montage prouve qu’elles sont prises pour
sauver des vies humaines. D’ailleurs, après
quelques discussions et quelques images particulièrement « efficaces », la plupart des participants
reconnaissent le bien-fondé des limitations de
vitesse et des contrôles.
Reste la question du caractère cinématographique d’un tel documentaire : il faut reconnaître
que Coline Serreau fait plus qu’un film d’éducation routière. Son art de dénicher des « trognes »
qu’elle ne se prive pas de filmer en gros, voire
très gros-plans (à noter que ceux qui ne voulaient
pas être à l’image ont leurs visages floutés), son
art de laisser les gens s’exprimer avec leurs mots,
l
i
t
é
c i n é m a
leurs hyperboles, leur accent, leur colère donne à
son film une « épaisseur » humaine indéniable.
Même dans leurs propos les plus extrêmes, voire
les plus stupides ou les plus intransigeants, tous
les intervenants gardent une humanité qui témoigne de l’absence de tout mépris dans l’approche
de la cinéaste.
Beau travail documentaire donc, dont on
peut seulement se demander si sa place n’est pas
à la télévision plus que sur grand écran…
Serge Lachat
GRACE OF MONACO
d’Olivier Dahan, avec Nicole Kidman, Tim
Roth, France, 2014
Projeté en avant-première et hors-compétition pour l’ouverture du Festival de Cannes,
Grace of Monaco est le type même du film globalisé. Olivier Dahan ayant fait un tabac outreAtlantique avec La Môme (2007, biopic retraçant
la vie d’Edith Piaf), veut manifestement récidiver
avec cet autre biopic évoquant un moment de la
vie de Grace Kelly devenue Princesse de
Monaco. Chaque seconde du film exprime le
souci de plaire au public américain et pour ce
faire, le réalisateur français reproduit tous les clichés américains sur la France et l’Europe, mais
«Tout est permis» © Agora
et son rôle de Princesse. Isolée dans une culture
qui lui est étrangère, mal-aimée des
Monégasques, négligée par un “Ray” qui ne
pense qu’aux affaires d’Etat, elle va devoir choisir. Elle choisira d’être Princesse tout en restant
elle-même, c’est-à-dire bonne épouse, bonne
mère et bonne Américaine… Ce ne sera pas facile dans une Principauté où tout est mensonge et
double jeu, soumise qu’elle est au blocus économique de la France gaullienne pour des raisons
fiscales (tiens, tiens!), mais Grace sauvera
Monaco. Le film serait-il une hagiographie ?
ler à la rencontre des gens sur les marchés et
même des douaniers français à la frontière. Une
quasi campagne électorale… Prenant le parti de
laisser de côté tant l’accident de voiture fatal que
les aspects intimes de la vie du couple, Dahan
donne une place démesurée au conflit avec la
France pour créer un suspense. Au mépris de
toute vérité historique, le conflit menace de tourner à une guerre menaçant Monaco d’anéantissement. La France, forcément impériale, (et peu
importe si de Gaulle au même moment est en
train de résoudre le conflit algérien…) menace
d’envoyer ses tanks sur le Rocher!
Heureusement, Grace a l’idée de génie d’inviter
de Gaulle au Bal de la Croix-Rouge où elle prononcera un grand discours pacifiste reproduisant
quasi à l’identique le discours final du Dictateur
de Chaplin, qui soulève l’enthousiasme général… Quand Robert McNamara (à l’époque
responsable des bombardements au Viet-Nam) se
penche vers de Gaulle pour lui glisser “Hey
Charlie, vous n’allez pas bombarder la Princesse
ou bien!”, on comprend que le happy end est au
rendez-vous. Ouf!
Christian Bernard
L’ARMEE DU SALUT
d’Abdellah Taïa (France, Maroc, Suisse) avec
Saïd Mrini, Karim Ait M’hand, Frédéric
Landenberg… (2013)
Nicole Kidman dans «Grace of Monaco» © Ascote Elite
aussi sur l’Amérique elle-même. Recenser ces
clichés est le principal intérêt que l’on peut prendre au film…
Monaco au début des années 60. Grace
Kelly mariée depuis 6 ans au Prince Rainier III
cherche sa place entre la tentation de reprendre sa
carrière d’actrice (le film s’ouvre sur la proposition que lui fait Hitchcock de jouer dans Marnie)
a
c
t
u
L’isolement culturel ? En bonne
Américaine, “Gracie” visitant un hôpital pour
enfants, dit ce qu’elle pense, voit immédiatement
comment améliorer les choses en abattant
quelques cloisons, alors que les bienfaitrices
l’accompagnant ne pensent qu’au Bal de la
Croix-Rouge… Elle décide d’apprendre le français (trop difficile, mission impossible…) et d’al-
a
l
i
t
Né en 1973 à Rabat, Abdellah Taïa est un
écrivain marocain de langue française qui a
publié au Seuil quelques romans et recueils de
nouvelles d’inspiration autobiographique dans
lesquels il traite de sa jeunesse et de son homosexualité comme Une Mélancolie arabe (2008),
Lettres à un jeune Marocain (2009), Le Jour du
roi (2010, pour lequel il a obtenu le Prix de Flore)
et Infidèles (2012).
é
13
c i n é m a
14
L’Armée du Salut est son premier film et est
une adaptation que Taïa juge lui-même très infidèle de son livre éponyme paru en 2006.
Sélectionné à la Semaine de la critique à Venise,
aux Festivals de Toronto, de Namur et de Tanger,
il a remporté le Prix spécial du Jury au Festival
Tous Ecrans de Genève en décembre 2013 et le
Grand Prix du Jury à Angers en janvier 2014.
Le film raconte de manière très elliptique
deux moments de la vie d’Abdellah. Dans une
première partie, ce dernier nous apparaît comme
un adolescent doux et sensible, qui adore les
chansons « sucrées » des vieux films égyptiens
qui passent à la télévision, qui préfère les occupations féminines (laver le linge, préparer les
repas) au grand dam de sa mère et qui aime passionnément Slimane, son frère aîné, au point
d’entrer en cachette dans sa chambre pour l’observer lorsqu’il se change ou, en son absence, se
glisser dans son lit pour humer ses draps et ses
vêtements. Ses sœurs se moquent de son côté
féminin, ses voisins lui jettent des pierres ou ont
avec lui des étreintes fugaces sur un chantier,
dans un recoin du marché ou sur la plage, mais
nous ne saurons jamais si ces rapports sont subis
ou désirés. De même, nous ne saurons jamais ce
qui cause les violences du père sur la mère après
les étreintes conjugales, un père par ailleurs tout
de douceur à l’égard de son fils…
De même, pour la deuxième partie, rien ne
nous sera dit ou montré de ce qui motive l’ellipse de 10 ans qui nous fait découvrir Abdellah à
Genève cherchant à revoir un amant suisse rencontré au Maroc non pas pour solliciter son aide,
pour trouver un refuge (il est « condamné » à dormir à l’Armée du Salut du titre !) ou du travail (il
a obtenu une bourse pour étudier à l’Université),
mais pour violemment refuser de s’expliquer sur
«L’Armée du Salut» © Rita Productions
la fin de son amour et sur leur rupture…
Abdellah Taïa trouve indéniablement une
manière très personnelle de raconter son histoire,
loin de toute psychologie, de toute revendication
politique ou sociale même si son film dit bien
quelque chose de la réalité marocaine, de son
opacité, de ses refoulements (violences familiales, homosexualité, difficultés économiques…).
Mais en procédant ainsi « en creux » (souvenir de
Bresson ?), dans une absence presque totale de
dialogues, il risque de perdre son spectateur faute
d’une dramaturgie suffisante, faute de références
déchiffrables. Alors certes ce spectateur est d’autant plus attentif, à l’affût de tout renseignement
lui permettant de comprendre l’histoire ou les
personnages, mais l’opacité devient si impénétrable qu’il « décroche » parfois. Ce qu’un livre permet, un film ne le permet pas forcément.
Reste à évoquer ce qui pour moi est une des
raisons principales d’aller voir ce film : la photographie d’Agnès Godard dont le cinéaste avait
découvert le travail pour Nénette et Boni de
«Bird People» © Agora films
a
c
t
u
a
Claire Denis. Dans son film, que ce soit dans la
partie marocaine aux couleurs douces, comme
tamisées, tout en nuances ou dans la partie genevoise aux couleurs froides et sombres dans l’université comme dans les rues ou sur les bords du
lac, Agnès Godard évite tous les clichés touristiques et fait littéralement redécouvrir les lieux
de cette « histoire en pointillés »…
Serge Lachat
BiRD PEOPLE
de Pascale Ferran, avec Anaïs Demoustier, Josh
Charles, Roschdy Zem, Camelia Jordana…
(USA, 2014)
« Il est libre Max, y a en même qui disent
qu’ils l’ont vu voler… »
20 ans après son premier long métrage,
Petits arrangements avec les morts, qui avait fait
sensation et lui avait permis d’obtenir la Caméra
d’Or, Pascale Ferran revient à Cannes avec Bird
People. Cinéaste rare et précieuse, elle n’a réalisé « que » 3 longs-métrages avant ce dernier : Les
petits arrangements…, L’Age des possibles en
1996 (récompensé à Venise et Belfort), Lady
Chatterley en 2006, (5 Césars et le prix Louis
Delluc). A chaque fois, elle porte un regard quasi
documentaire sur la grisaille du monde et sur le
temps qui passe inexorablement mais dont elle
réussit à extraire quelques moments de plénitude,
quelques instants de bonheur.
Pascale Ferran fait preuve de la même délicatesse et de la même indulgence dans Bird
People qui jette un regard impitoyable sur le
monde d’aujourd’hui, avec ses parcours balisés
vers les lieux de travail ou vers le domicile, ses
systèmes de contrôles de cartes diverses (dont la
cinéaste tire une véritable symphonie des différents bruits électroniques qui nous submergent et
qui certifient appels, connexions, déconnexions,
l
i
t
é
c i n é m a
acceptations, refus, signaux que nos mails sont
bien partis…), ses panneaux indicateurs, ses
rituels, ses faux-semblants. Et tout à coup, elle
s’envole et filme le monde tel que peut le percevoir un moineau !
Bird People commence donc en montrant de
manière presque documentaire notre monde
d’aujourd’hui, avec ses foules immenses qui se
déplacent chaque jour dans différents moyens de
transports, foules dont vont émerger quelques
personnages, deux principalement, qui fréquentent le même hôtel de Roissy près de l’aéroport
Charles-de-Gaulle (nous ne cesserons durant tout
le film d’assister à des décollages et atterrissages
d’avions) : l’un est un client américain en transit
(Josh Charles), l’autre une nettoyeuse (Anaïs
Desmoustier) peut-être aussi étudiante dans une
fac parisienne dont nous ne verrons jamais rien.
Et le film devient fiction.
Et il se divise alors en deux parties. Dans la
première, nous suivons l’ingénieur en informatique américain qui vient régler à Paris quelques
derniers détails avant de conclure une affaire
importante à Dubaï. Epuisé par son voyage, par
le stress et par l’absurdité de ses déplacements
professionnels, il passe une mauvaise nuit. Ses
insomnies le décident à refuser de poursuivre son
travail (il quitte son entreprise) comme sa vie
familiale (il quitte femme et enfants). Décision
incompréhensible pour tout son entourage. Ce
qui amène Pascale Ferran à proposer une scène
de rupture par « skype » (toujours cette inscription du film dans le monde d’aujourd’hui !) qui
par sa longueur et par la dureté des échanges que
permet la distance deviendra sûrement un exemple dont d’autres cinéastes s’inspireront.
L’autre partie du film est consacrée à l’étudiante-femme de chambre. Epuisée elle aussi par
ses déplacements dans les transports en commun
et par la lourdeur de sa tâche (augmentée encore
par les multiples sollicitations de ses cheffes),
elle saisit l’occasion d’une panne d’électricité
pour se rendre sur une terrasse de l’hôtel. De là,
fascinée par les mouvements incroyablement libres d’un moineau, elle se met à voler (et nous
avec elle, qui partageons son regard) longuement
autour de l’hôtel, dans les chambres, et plus loin
en pleine nature dans un endroit où vont dormir
dans leur voiture des gens sans domicile… Vol
libre, mais soumis à divers dangers : un chat, une
chouette, rester enfermé dans une chambre. Cette
partie dont le statut fantastique reste peu clair (on
retrouve plus tard la jeune fille endormie sur la
terrasse, tout n’est donc peut-être qu’un rêve) lui
permet de frôler l’Américain en crise qui ne sera
croisé que tout à la fin du film, mais permet aussi
a
c
t
u
quelques rencontres dont l’une avec un dessinateur-aquarelliste japonais ou coréen qui
« croque » magnifiquement l’oiseau… Cette
deuxième partie, que certains trouveront assurément trop longue, permet à Pascale Ferran de filmer en donnant une impression de liberté totale
dans les mouvements de la caméra et dans son
mépris de toutes les règles dramaturgiques qui
visent à l’efficacité narrative traditionnelle.
A l’heure où j’écris ces lignes, je ne sais pas
encore quel accueil Cannes aura réservé à ce film
qui concourt dans la section « Un certain
regard ». Mais jamais peut-être un film n’aura
pareillement correspondu à l’appellation de cette
section !
Serge Lachat
DER GOALiE BiN iG
de Sabine Boss (CH, 2014) avec Markus Signer,
Sonja Riesen, Pascal Ulli, Michael
Neuenschwander…
Tiré du roman éponyme de Pedro Lenz (Prix
Schiller en 2011) qui a d’ailleurs collaboré au
scénario, le film de Sabine Boss a remporté cette
année le Quartz d’Or du meilleur film suisse.
joué gardien de but), s’explique par le fait qu’il
avait voulu défendre un garçon particulièrement
maladroit que ses coéquipiers voulaient punir de
sa faible prestation du match.
Ces retours en arrière nous permettent de
mieux comprendre comment et pourquoi Ernst
est devenu dans les années 80 un trentenaire
glandeur et mollachu, vaguement alcolo et drogué dans son gros bourg du canton de Berne.
Comment et pourquoi il s’est laissé entraîner
dans une affaire de trafic de drogue pour laquelle il a purgé un an de prison au pénitencier de
Witzwil pour avoir refusé de donner Ueli son
meilleur ami d’enfance qui l’avait entraîné dans
cette histoire pourrie. Revenu de prison, il essaie
de se réinsérer, de trouver un boulot, de vivre une
histoire d’amour avec la serveuse du Central, le
bistrot du coin. Peu à peu, devant l’hostilité générale, il comprend de quelle manipulation il a été
le naïf objet. Anti-héros, mais toujours au grand
cœur, il renonce à dénoncer ses « amis » et
admet, avec le flic du village, être un dinosaure.
Et il annonce sa volonté de poursuivre cahincaha sa petite vie dans la capitale…
Le film, comme le roman, nous plonge dans
la médiocrité d’un gros village suisse où tout le
«Der Goalie Bin Ig» avec Sonja Riesen (Regula) et Marcus Signer (Goalie) © Ascot Elite
Jeune réalisatrice remarquée dès son premier
long-métrage Urgences à la Havane (2002)
Sabine Boss travaille en même temps pour le
théâtre et la télévision suisse-alémanique.
Le film comme le livre racontent (en « je »)
quelques épisodes de la vie d’Ernst, appelé « der
Goalie » par tout le monde. Ce surnom, nous
l’apprenons en cours de film, au gré de flashes
back sur l’enfance de ce personnage, incompréhensible dans un premier temps (il n’a jamais
a
l
i
t
monde connaît tout le monde. Pire : les rapports
d’amitié, de haine, de jalousie créés et les
« rôles » joués dans l’enfance semblent perdurer
pour le pire (et le meilleur) dans le monde des
adultes. Ce monde où le silence règne sur les
petites ou moins petites magouilles, tout Suisse
né dans une petite ville ou un village le reconnaîtra. Et le fait que le film soit parlé en dialecte
suisse alémanique ne le rend pas moins compréhensible de ce côté de la Sarine.
é
15
c i n é m a
Dans son langage cinématographique assez
classique (avec, hérités du roman, une narration à
la première personne et des flashes back), Sabine
Boss réussit, en évitant les clichés folkloriques
d’une Suisse paysanne et en refusant la nostalgie
des années 80 simplement signalées par quelques
voitures et objets d’époque, à faire exister vraiment ces personnages et cette Suisse profonde.
Le mérite en revient aussi aux acteurs, à Markus
Signer et Sonja Riesen, en particulier qui dégagent un parfum d’authenticité qui n’est pas pour
rien dans le charme opéré par le film.
Serge Lachat
TWO MEN iN TOWN /
LA VOiE DE L’ENNEMi
de Rachid Bouchareb (2013, France, Belgique,
USA, Algérie) avec Forest Whitaker, Brenda
Blethyn, Harvey Keitel, Luis Guzman, Helen
Burstyn…
16
Après une carrière de producteur admirable
(associé à Jean Bréhat, il a par exemple produit
les films de Bruno Dumont La Vie de Jésus,
1997, L’Humanité, 1999, et Flandres, 2006 !),
Rachid Bouchareb s’est fait remarquer comme
réalisateur avec des films comme
Little Senegal (nommé pour l’Ours
d’Or à Berlin en 2001) et surtout
Indigènes en lice pour la Palme d’Or
à Cannes en 2006 où il reçut le Prix
d’interprétation masculine pour tous
les acteurs du films, avant qu’Horsla-loi (2010) ne soulève de grandes
polémiques en France à cause de l’évocation des heures sombres de la
guerre d’Algérie avec les massacres
de Sétif et Guelma et le massacre du
17 octobre 1961 à Paris. Bouchareb
décide alors de traverser l’Atlantique
pour réaliser une trilogie sur les rapports entre les Etats-Unis et l’Islam.
Bien qu’inspiré par le film de
José Giovanni, Two Men in Town
n’est en rien un remake de Deux hommes dans la ville (1973) avec Jean
Gabin et Alain Delon. D’abord, le
cinéaste choisit comme décor le paysage frontière désertique du Nouveau-Mexique et
il ne fait pas de son film un plaidoyer contre la
peine de mort (le Nouveau Mexique étant justement un des états américains qui l’a abandonnée). Mais il se penche sur la question de la possible réinsertion d’un homme condamné pour
meurtre.
Après 18 ans de prison pour meurtre de l’as-
a
sistant du shérif, William (Forest Whitaker) est
libéré pour bonne conduite. Il a non seulement
été un prisonnier exemplaire, mais il a profité de
cette incarcération pour apprendre à lire et à écrire, pour passer son bac et pour se convertir à
l’Islam et à la non-violence. A sa sortie de prison,
son rêve est de mener une vie « normale » avec
femme, enfants et un métier à exercer.
Il trouve immédiatement un boulot de
vacher et, un peu miraculeusement (le cinéma
permet ce genre de coup de force), le grand
amour en ouvrant un compte en banque ! Mais la
réalisation de son rêve va se heurter au harcèlement du shérif Agati (Harvey Keitel) qui ne lui
pardonne pas le meurtre de son adjoint et pense
qu’un meurtre mérite la peine de mort, ainsi
qu’aux efforts de son ancien boss (Luis Guzman)
dans le monde du crime qui cherche à le faire à
nouveau travailler pour lui. Malgré l’aide de
deux femmes, sa compagne et Emily, une policière chargée d’aider à sa réinsertion après sa sortie de prison, William retombera dans la violence…
On mesure à quel point on est loin du film
de Giovanni et plus près d’un western « à la John
Ford » (un plan cite d’ailleurs explicitement La
le village, les pratiques religieuses du protagoniste suscitent à peine de l’étonnement autour de lui,
mais aucune animosité… Les personnages ont
presque tous une certaine « épaisseur » : le shérif
veut la mort de William, mais il est en larmes
lorsqu’il trouve dans le désert les cadavres d’immigrés clandestins et s’oppose aux milices qui
les pourchassent; l’employeur de William ne
cède qu’à contre-cœur au « conseil » du shérif de
licencier son employé ; Emily, l’agente de probation, malgré son allure de « tough girl » écoute
Barbara (oui, la chanteuse française!) et malgré
son respect de la hiérarchie, n’hésite pas à se
heurter violemment au shérif lorsqu’elle estime
qu’il sort de la légalité ; et le trafiquant mafieux
témoigne d’une véritable amitié pour celui qui ne
l’a pas trahi jadis… A l’évidence, le choix de ses
actrices et acteurs permet à Bouchareb de faire
un film qui surprend souvent en bien malgré un
scénario terriblement ténu et qui manque souvent
de crédibilité, particulièrement dans son histoire
d’amour ! Mais on reste loin des enjeux politiques qui firent la renommée du cinéaste en
France, même s’il est vaguement question d’immigration, de frontière et de deuxième chance
pour un afro-américain converti à l’islam.
Forest Whitaker et Luis Guzman dans «Two Men in Town» © Tessalit-Pathé. Photo Gregory Smith
Prisonnière du Désert et le titre français du film
est emprunté à une chanson indienne d’une tribu
rencontrée par le cinéaste lors de sa recherche
d’un lieu pour le film). Loin de vouloir s’enfermer dans un plaidoyer, Bouchareb évite tout
manichéisme : il « n’exploite » en rien la conversion de William à l’islam et, alors même qu’à son
retour d’Afghanistan un GI est fêté en héros par
c
t
u
a
Or La Voie de l’ennemi constitue le deuxième volet de la trilogie que le cinéaste voulait
consacrer aux relations entre les Etats-Unis et le
monde arabe. Le premier volet, Just like a
Woman, est sorti à la télévision américaine et en
DVD sans passer par le grand écran. On n’en sait
donc pas grand-chose. Peut-être le troisième
volet sera-t-il plus ambitieux par rapport au pro-
l
i
t
é
c i n é m a
nyon : visions du réel tient ses paris
Points forts
33'000 entrées vendues, soit dix pour cent de plus qu'en 2013...
Le projet de faire se croiser professionnels et grand public a atteint sa
vitesse de croisière, témoin cette dame d'âge respectable qui me confiait
qu'elle réservait cette semaine-là et allait voir « plusieurs films par jour...
enfin des films stimulants et passionnants, au lieu de voir toutes ces c...
qu'on déverse à la télé ». il faut espérer que les programmeurs de chaînes
sauront répondre à cette tendance qui prend de l'ampleur.
Témoins, bien entendu, ces réalisateurs du monde entier déambulant dans
les rues de Nyon.
18
Le festival, pour les spectateurs de plus en
plus nombreux, c'est une plongée dans cent mondes, mille subjectivités, l'occasion d'essayer de
saisir en profondeur, loin des clichés, un pays en
train de se reconstruire, comme avec le Focus
sur la Tunisie. Portraits sensibles, tel celui de
l'institutrice rurale du Chant du millénaire, complexes, celui du militant de L'opposant nous faisant vivre en direct la campagne et les élections
dans une ville ; et parfois on rit aussi, avec le
peintre en bâtiment cinéaste de VHS Kaloucha.
Le public retenait son souffle en découvrant
The Empire of Shame, de la Sud-Coréenne LiGyeong Hong, ou les dessous de Samsung. De
toutes jeunes filles embauchées à l'entrée de leur
école professionnelle, euphoriques à l'idée de
bien gagner leur vie dans une multinationale
prestigieuse... Le journal intime troublant de
l'une d'elles, une parmi près de 200, découvrant à
peine 20 ans passés qu'elle est atteinte d'un cancer du cerveau ; une parmi d'autres, parmi les
nombreux autres cas de leucémie. Des protections inexistantes ou inefficaces contre les produits toxiques. La caméra nous montre avec tact
la lutte des proches de certaines, déjà décédées,
et le travail de l'association qui entoure ces jeunes filles. La scène où l'une d'elle, désormais en
«The Empire of Shame» de Li-gyeong Hong
a
lement dans le wagon, partageant thé, vodka et
histoires de vie. Toujours sur les rails, mais cette
fois en hommage au cinéaste Medvedkine et à
son train : 15 équipes de réalisation ont exploré
avec talent les clichés du pays : l'hiver, la vodka,
la Lada, l'ours, la datcha... c'est un ping pong de
rires avec Cinétrain russian winter. Le film a
obtenu le Prix du public de la ville de Nyon. Très
beau travail des Suissesses Céline Carridroit et
Aline Suter avec Räsuns (Echos) ; à travers de
belles personnes, deux enfants, un berger-poète,
une musicienne et une Grisonne d'adoption tombée amoureuse des forêts et des montagnes de ce
pays, au milieu de paysages à couper le souffle,
nous percevons à quel point les langues rhéto-
chaise roulante et parlant avec
difficulté, questionne en plein
parlement le vice-président de
Samsung filmé frontalement, lui
qui n'a de cesse d'éviter son
regard et de ne rien répondre, est
quasiment insoutenable, mais
jamais voyeuse. La firme a réagi
en niant, puis contrant les arguments, puis achetant le silence
d'une partie des victimes, puis
coupant sa subvention à un festi«Industrial Revolution» de Frederico Lobo, Tiago Hespanha
val de films de femmes, puis
reconnaissant certains cas de leucémie. Ce n'est romanches gardent un goût de début du monde
jamais un film militant, juste une description de en lien profond avec la nature. Small instruments
ce qui se cache derrière l'un de nos objets fami- de la Polonaise dyta Wróblewska trace le portrait
liers.
de musiciens qui improvisent ou jouent des œuvDans la Chine rurale mise à mal par la cour- res classiques sur des instruments chinés divers,
se galopante au profit, Ye Zuyi, avec The avec une inventivité réjouissante. Voyage dans
Gleaners - Les glaneurs - a filmé en 26 longs l'histoire, au fil du rio Ave et de leurs rencontres,
plans fixes comment les parents, dans une famille Tiago Hespanha et Frederico Lobo dressent dans
de paysans sans aucune protection sociale, sont Industrial revolution le portrait d'une région fraacculés à vendre leur terre et à travailler jusqu'à gilisée du Portugal.
la mort. Le fils, de son côté, cherche les bribes
La masterclass avec Ross McElwee, qui a
d'un passé occulté et rompt avec la tradition d'en- commencé son œuvre en Super 8 dans sa terre
tretenir ses parents.
natale, la Caroline du Sud, documente un peu
Song de Selma Vilhunen nous a entraînés plus de 20 ans de vie quotidienne, familiale, coldans les grands espaces de neige de lective à travers des personnages particuliers ; la
Finlande, avec une artiste qui répare caméra est un interlocuteur à part entière, à qui le
son passé en apprenant les poèmes cinéaste confie ses réflexions « Le souvenir de
traditionnels d'un très vieux chanteur nos enfants petits les protège à l'adolescence,heude runes; fluidité des plans, délica- reusement». Reste à espérer que The Optimists
tesse des sentiments, émotion... un de Gunhild Westhagen Magnor sorte en salle,
grand moment.
tant la vie et l'entraînement de cette équipe de
Quelques jours ensemble avec basketteuses norvégiennes de 64 à 98 ans en vue
le peuple russe, c'est l'invitation du d'un match avec une équipe de seniors suédois
Français Stéphane Breton qui filme sonne juste, avec un punch nordique qui a mis
avec un dispositif minimal dans un des étoiles dans les yeux de toutes les classes
compartiment 3e classe Moscou- d'âge présentes.
Catherine Graf
Vladivostock : nous sommes littéra-
c
t
u
a
l
i
t
é
l
i
v
r
e
laure mi hyun croset
On ne dit pas ‘je’ !
Ce nouvel opus de Laure Mi Hyun Croset relate l’histoire véridique de Lionel
Stéphane Dulex, fondateur d’un label suisse de musique électronique,
Littlehouse records. Le héros ? Un quadragénaire, Lionel, dont on suit l’histoire
faite de méandres assez emblématiques de notre époque et d’une certaine
génération, dont plusieurs années ‘pas tristes’ dans le monde de la toxicomanie.
C’est un livre, mais ce n’est pas un roman.
Pas un traité. Pas un texte documentaire. Pas un
essai sur, autour de, avec, contre. Pas un témoignage. Ni une fiction. Pas un pamphlet, ni un
dossier à charge ou un essai d’admiration. Non,
nolens volens, ce livre est un objet littéraire
d’un genre nouveau qui croise non pas plusieurs
styles - car Laure Mi Hyun Croset comme à son
habitude cisèle avec précision et virtuosité les
mots pour ‘le’ dire – mais qui tisse entre eux les
instants mémorables d’une vie d’errance dont le
slogan, injonction maternelle entendue dans
l’enfance, serait effectivement de ne pas dire
‘je’. A comprendre comme un encouragement à
se défaire de tout égoïsme, une sommation idéologique post-68 et déjà punk, ou comme l’incitation à vivre en compagnie, en groupe, en troupe, en clan, en meute.
Aller là-bas vivre ensemble…
Hasard d’une rencontre
Un soir d’hiver, l’auteure rencontre ‘son
héros’ dans un bar de quartier. Elle connaît son
œuvre et son label de musique électronique. Ils
échangent quelques propos, et Lionel, en
confiance, lui parle de son ‘bilan sacré’, texte de
synthèse sur une partie de sa vie que ses médecins lui avaient demandé de rédiger lors d’une
ultime cure de désintoxication.
Laure Mi Hyun Croset en lisant ce bilan
comprend qu’il y a matière à écriture, à ré-écriture en quelque sorte, et forte de ce constat s’attelle à une tâche à la fois iconoclaste et respectueuse de ce qui est écrit. Elle reprend les anecdotes, restitue les moments-phares, et telle une
petite fille aux allumettes, éclaire les pans de vie
d’un parcours peu banal.
A l’économie, avec une fulgurante rapidité
de ton, elle dessine un petit halo au moyen de
ses allumettes modernes, et ce trait de lumière
fonctionne comme un frêle focus mis sur une
réalité crue et parfois cruelle que nous laissons
exister en tapinois dans le noir de nos cités.
Livre à lire en une fois, ou pourquoi pas à
feuilleter en en mélangeant délibérément les
parties, car la vie de Lionel, comme souvent la
vie, est à la fois linéaire et border (line).
Rosine Schautz
On ne dit pas ‘je’,
Lausanne, BSN Press
Récit, 96 pages, collection « Fictio »
Laure Mi Hyun Croset
a
c
t
u
a
l
i
t
é
19
t
h
é
â
t
le poche genève
L’enseigneur
« En entrant, j’ai compris. J’ai vu leurs jeans et leurs baskets. J’ai vu leurs
fesses en équilibre précaire au bord des chaises. J’ai vu leurs torses affalés.
Et leurs chewing-gums. Leurs yeux vides et leurs regards morts. Une classe
terminale ! »
En phase terminale ? Peut-être un peu
aussi, car dans le calme de leurs bibliothèques,
les enseigneurs se posent parfois par-devers eux
la question : « A quoi qu’on sert ? »…
Vent debout
20
Un « enseigneur » ? Le mot de prime abord
embarque l’enseignant et le professeur dans la
même valise, mot en mode de clin d’œil narquois
inventé par l’auteur de la pièce, Jean-Pierre
Dopagne. Ici, l’enseigneur apparaît vent debout
devant sa classe. Il veut jouer les passeurs, mais
le fleuve est large, et les eaux tumultueuses. Et
les barques moins solides qu’il n’y paraît.
Ce prof en scène et presqu’en arrêt sur itinéraire ne sait pas manier l’indifférence, cette version un brin aristocrate du je-m’en-foutisme ou
de la désinvolture dont on aime tant se plaindre
ici et là. C’est ce qui le rend attachant, évidemment. Abandonné, épuisé, et finalement presque
déçu, il lutte avec une malice joyeuse face à des
évidences douloureuses qui, à force d’être répétées, ne lui font presque plus ‘mal’. Quoiqu’il ne
faille pas toujours croire aux apparences car à bas
bruit elles peuvent entamer même les plus motivés. Spectacle brûlant et nécessaire. Nécessaire
comme l’est toujours la vocation, surtout quand
au loin brûlent les quelques derniers vaisseaux de
nos engagements.
Rosine Schautz
Entretien avec Patrick Lapp
Ce texte est-il révélateur d’un état de
la question actuel ? Ou dresse-t-il le constat
du pire à venir ?
Constat du pire ? En fait c’est surtout l’histoire
d’un prof qui a la vocation, qui aime son métier,
mais qui peine à communiquer ses enthousiasmes à ses élèves. J’ai joué cette pièce devant une
classe de terminale, et la situation au théâtre était
presque déjà celle d’une classe : les élèves en
bloc se sont groupés au fond, se sont collés les
uns aux autres, sifflaient, commentaient, se manifestaient pendant la représentation… A la fin, j’ai
parlé aux profs qui les avaient amenés au théâtre.
Je voulais comprendre l’attitude de ces jeunes
gens, et l’on m’a répondu : « Nous, voyez-vous,
c’est toute l’année comme ça ! ». Alors oui, c’est
le constat d’un état actuel.
Comment faire aimer la littérature
aux nouvelles générations ?
Le fait d’aimer ce que l’on veut transmettre ne
suffit pas. Il faut savoir communiquer, trouver
une voie, un trait d’union qui permette de faire
entrer dans les matières
selon le public que l’on a
devant soi. Avec notre
émission Aqua Concert,
avec Jean-Charles Simon,
on a essayé de faire aimer
la musique classique d’une
autre manière, en souriant,
et c’est ce qui a fait le succès de cette émission. On
avait trouvé une porte
d’entrée, une façon moins
rébarbative de transmettre.
Quel
rapport
entretenez-vous avec ‘les
grands textes’ ?
«L’enseigneur» © Nicolas Golovtchiner
e
r
e
apprécie beaucoup. Mais je lis plutôt les auteurs
modernes et contemporains, moins les classiques, à part l’Iliade et l’Odyssée que j’ai toujours plaisir à relire. Je lis surtout les prix littéraires, et chaque fois, ça me plaît. Les auteurs
disent le monde d’aujourd’hui, et j’aime ça. En
ce moment, je lis Yasmina Khadra.
La discipline a-t-elle à voir avec l’enseignement ?
C’est toujours la question… En fait, si le prof
est bon, sait faire passer son savoir, il n’a pas
besoin d’être autoritaire. Il a une autorité naturelle qui fait qu’on l’écoute. Un peu comme un
chef d’orchestre qui sait inclure tous les participants et communiquer avec son auditoire. Cela
étant, il y a aussi des chefs d’orchestre qui sont
détestés, que les musiciens ne respectent pas. Je
me souviens d’une soirée où on les voyait tirer
sans vergogne des boulettes de papier sur leur
chef, en plein concert!
Quelle différence faites-vous entre
une salle de classe et une salle de spectacle ?
Après le spectacle, les profs me disent souvent
qu’ils se retrouvent dans mon personnage… Le
dialogue entretenu entre un comédien et son
public peut ressembler à ce que vivent les enseignants avec leurs élèves. Même rapport de l’acteur ‘seul en scène’ face au grand nombre. Au
théâtre aussi les spectateurs qui s’ennuient toussent, se tassent, se recroquevillent, et décrochent par instants.
Pourquoi ce texte ? Comment l’avezvous découvert ?
C’est Lova Golovtchiner qui me l’a fait lire.
D’emblée, j’ai été ‘branché’, car le thème nous
concerne tous. On a tous eu des amis profs, on
a presque tous eu des enfants qui nous racontaient leurs cours. Ce qui a à voir avec l’éducation, la formation, la transmission ne peut pas
être inintéressant. Les profs restent ‘de première nécessité’ comme on le dit de certains médicaments, ou de certains aliments.
Y a-t-il des similitudes avec La journée de la jupe, le film de Jean-Paul
Lilienfeld ?
Oui, on touche aux mêmes problématiques,
quoiqu’ici l’intrigue soit moins ‘politique’,
revendique moins.
Propos recueillis par Rosine Schautz
Du 10 au 19.6. : L'Enseigneur de Jean-Pierre Dopagne,
m.e.s. Martine Jeanneret. Le Poche-Genève, lun et ven à
20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi relâche
(rens./rés. /loc. 022/310.37.59)
Quand je les joue, je les
n
t
r
e
t
i
e
n
t h é â t r e
lausanne
A Vidy avant l’été…
En juin, à Vidy, le prologue imaginé par Vincent Baudriller a des airs
de mini-saison : un concentré de théâtre participatif et de danse
contemporaine.
Du théâtre…
Du 3 au 5 juin, Please, Continue (Hamlet)
de Yan Duyvendak et Roger Bernat
Depuis sa création par Shakespeare,
Hamlet fascine autant les lecteurs que les critiques. Cette tragédie ambigüe suscite des questions : fou ou pas, coupable ou non ?
Yan Duyvendack et
Roger Bernat ont choisi
de mettre le texte dans les
mains de la justice d’aujourd’hui. C’est le tribunal qui est exhibé ici, la
parole qui cherche la
vérité.
Cette performance
hors du commun remporte l’adhésion du public
partout où elle est jouée
depuis sa création à
Genève en 2011.
Cette fiction théâtrale mêle trois acteurs et
six vrais professionnels
de la justice qui reçoivent
tous un même dossier
d’instruction qui fait office de canevas. C’est le juge qui décide ensuite
de la tournure du spectacle. Un jury choisi dans
le public à l’issue des plaidoiries décidera du
sort d’Hamlet. Jusqu’ici, il a été acquitté dans la
moitié des procès.
De la rencontre d’un ancien architecte catalan, Roger Bernat, et d’un plasticien suisse, Yan
Duyvendak, est né un théâtre participatif où le
spectateur devient spect'acteur.
Du 3 au 5 juin également, Jérusalem
Plomb Durci de la Winter Family
Ruth Rosenthal est une performeuse et
chanteuse juive israélienne. Sa présence scénique incroyable, notamment grâce à sa voix
grave, remplit la scène d’une tension presque
sacrée. En tandem avec le musicien français
Xavier Klaine, ils forment la Winter Family. La
a
c
t
u
base de ce spectacle est le son. Pendant deux
ans, le duo a accumulé du matériel sonore et
visuel partout dans la ville : écoles, rues, lieux
symboliques. Nous visitons ainsi la société
israélienne par immersions lors de courts et
intenses tableaux. Cette performance de théâtre
documentaire convie le public à « un voyage
Foofwa d’Imobilité dans «Musings» © Fred Ruegg
halluciné dans une dictature émotionnelle ».
… et de la danse
Du 11 au 14 juin 2014, le mini-festival
Let’s dance! verra pendant 4 jours, danseurs et
chorégraphes d’aujourd’hui venir s’interroger
sur la danse contemporaine de façon vibrante,
dans et aux abords du Théâtre de Vidy.
Le Musée de la danse & guests de Boris
Charmatz fera la part belle à plusieurs spectacles. Tout d’abord Flip Book du 11 au 12 juin
2014, à la salle Charles Apothéloz.
Tout part ici d’un livre qui devient partition
chorégraphique. Dans Merce Cunningham: un
demi-siècle de danse, on trouve des photos du
chorégraphe américain depuis l’âge de cinq ans
ainsi que des images de toutes ses créations. Il y
a là sa vie, son œuvre en poses successives que
a
l
i
t
des danseurs s’approprient librement. Puis
(sans titre) (2000), du 13 au 14 juin 2014, un
spectacle conçu par Tino Sehgal, sous le
Chapiteau.
Dans les deux versions proposées ici, Boris
Charmatz et Frank Willens donnent chacun une
interprétation très différente du solo. À partir
d’une même composition, chacun l’ouvre sur un
imaginaire singulier, l’un en salle, et l’autre en
plein air.
Du 13 au 14 juin 2014, dans l’herbe, à la
tombée de la nuit, danseurs et spectateurs se rassemblent pour une pièce conçue comme une
sculpture mécanique. Il y a constamment du
mouvement dans Levée des conflits. 24 danseurs entrent l’un après l’autre, prennent et
lâchent la danse, participent à un tourbillon
constitué de 25 mouvements dans la plus belle
des fluidités, d’autant
plus libre et évanescent
qu’il est dansé en plein
air.
Foofwa d’Imobilité
proposera deux spectacles : à commencer par
Musings, du 11 au 12 juin
2014. Brillant interprète
de Merce Cunningham
pendant plusieurs années,
Foofwa d’Imobilité a
écrit un hommage au
chorégraphe américain
après sa mort en 2009. Il
s’agit d’une ultime promenade avec le maître et
ami.
Puis du 13 au 14 juin
2014, dans un registre plus humoristique, Pina
Jackson in Mercemoriam est aussi un hommage. Ce sont ici trois grandes figures de la danse
disparues la même année, Pina Bausch, Merce
Cunningham et Michael Jackson, qui se retrouvent en enfer.
Pour conclure, du 13 au 14 juin 2014, Dub
Love où les chorégraphes et danseurs François
Chaignaud et Cecilia Bengolea, accompagnés
d’une troisième danseuse, suivent sur pointes
les vibrations dub balancées en live par un DJ
réunionnais. Joyeuse liberté côté musique,
contraintes extrêmes côté danse: cette rencontre
fait l’effet d’une bombe.
Nancy Bruchez
Programme complet sur : www.vidy.ch
é
21
Théâtre du Passage, Neuchâtel
« Les Fleurs du Mal » de Baudelaire - mise en scène de Françoise Courvoisier
Du 3 au 15 juin 2014 (Location : 032 / 717.79.07)
Théâtre du Casino, Evian
© Erika Irmler
« Staying Alive » d’Antonio Buil, Delphine Lanza, Paola Pagani et Dorian Rossel
Les 3 et 4 juin 2014 (Location : 04.50.71.39.47)
LESS DESIGN | PHOTO : ADRIEN BARAKAT
SAISON
2014-15
UNE PLUIE
D’ ÉTOILES
BILLETTERIE DÈS LE 2 JUIN
T 021 315 40 20
WWW.OPERA-LAUSANNE.CH
SUIVEZ-NOUS SUR
s p e c t a c l e s
diens mèneront les spectateurs à la poursuite
d’un serial killer de marionnettes. Carnage,
meurtres et vision d’horreur sont réservés à un
public d’adultes et d’adolescents. Création, du
19 mai au 7 juin.
théâtre des marionnettes de genève
Saison 2014-2015
Guy Jutard, entamera sa dernière saison à la tête du théâtre des Marionnettes
de Genève qu’il dirige depuis 2002 et qui a acquis au-delà des frontières genevoises une réputation d’exigence grâce à la qualité des spectacles proposés, quel
que soit l’âge du public auquel ils s’adressent. En témoigne le nombre croissant
de spectateurs, avec un taux de remplissage de 96%.
Coup d’œil sur une saison ponctuée par
quatre créations, des spectacles invités et des
reprises, et dont l’affiche réalisée par l’artiste et
illustratrice genevoise Albertine, qui réalise
tous les visuels depuis six ans, tire la langue
avec impertinence.
Points forts
24
Deux moments forts marqueront la saison
2014-2015 :
En ouverture de saison, La Leçon du
Montreur, que la population est invitée à suivre
gratuitement et en plein air dans la cour de l’école Hugo-de-Senger. Le guignoliste Louis-Do
Bazin y donnera un cours de manipulation drolatique, à la manière d’un instituteur des années
cinquante. Spectacle invité, les 20 et 21 septembre, dès cinq ans.
En clôture de saison, Rififi rue Rodo, un
polar sous forme de déambulation théâtrale
imaginée par Claude-Inga Barbey, René
Delcourt et Guy Jutard. Une quinzaine de comé-
Créations
Trois autres créations ponctueront la saison :
La Ligne de Chance, de et par LaureIsabelle Blanchet, une habituée du TMG, puise
au bestiaire fantastique suisse, dans une scénographie inspirée des papiers découpés du Pays
d’En-Haut de H. J. Hauswirth. Tradition et
modernité vont s’allier pour séduire un public
dès quatre ans, du 3 au 21 décembre.
Le Dératiseur de Hamelin par la
Compagnie Pied de Biche de Lausanne reprend
la légende du Joueur de Flûte de Hamelin pour
en faire un conte musical évoquant des thèmes
graves tels que pauvreté et richesse, soif de profits, place de l’artiste et sacrifice d’enfants. Dès
7 ans, du 24 janvier au 8 février 2015.
Reprise : «Soucis de plume» © Cédric Vincenzini
a
c
t
u
a
l
i
t
é
s p e c t a c l e s
25
Reprise : «Mam’zelle Chapeau», photo de répétition Olivier Carrel
Le Bob Théâtre adapte la nouvelle
Bartleby d’Herman Melville qui met en scène le
discret employé d’un cabinet d’avocats, lequel
entre peu à peu dans la désobéissance civile tout
en répétant la formule « Je préfèrerais ne pas ».
Fable politique ou révolte individuelle, cette
énigmatique nouvelle s’adressera aux adultes et
adolescents du 8 au 20 janvier 2015.
Accueils
Outre le spectacle d’ouverture, trois spectacles invités :
Mathilde, dernier opus de l’australo néerlandais Neville Tranter, bien connu du public
genevois. Conte cruel sur l’attente infinie, entre
la vie qui n’est plus tout à fait et la mort qui
n’est pas encore, où l’humanité est cependant
très présente, Mathilde s’adresse aux adultes et
ados, du 24 au 28 septembre.
Toi du monde met en scène les petites difficultés et les grandes préoccupations de l’enfance, qui vont de comment lacer ses chaussures à comment faire face à la séparation de ses
parents. Serge Boulier emmène l’enfant sur les
toits afin de lui apprendre la confiance. Dès 4
ans, du 4 au 19 octobre.
Le très grand marionnettiste Frank Soehnle
conduit un public d’adultes et d’ados dans sa
a
c
t
u
chambre des curiosités avec Wunderkammer.
Clin d’œil à la peinture contemporaine, le spectacle fait dialoguer l’amateur et l’artiste dans un
voyage rêveur porté par une bande son d’une
grande variété d’inspiration. Du 31 octobre au 5
novembre.
Reprises
Enfin, des reprises qui raviront celles et
ceux, petits et grands, qui n’ont pas vu ces spectacles :
Laure-Isabelle Blanchet propose à nouveau
ses deux spectacles pour tout petits (1 à 3 ans) :
Turlututu du 20 au 30 octobre et Mam’zelle
Chapeau du 12 février au 1er mars 2015.
Monsieur Petitmonde – Guy Jutard entraînera son public dès 4 ans dans sa quête drolatique de l’origine d’une plume somme toute très
familière. Soucis de plume du 8 au 26 novembre.
Les Chaises d’Eugène Ionesco adaptées
par Guy Jutard en 1991, farce sur la monotonie,
l’ennui et l’espoir vain que cela change, s’adresseront du 19 février au 1er mars 2015 à un
public d’adultes et d’ados.
On retrouvera une nouvelle fois LaureIsabelle Blanchet dans Loulou d’après Grégoire
Solotareff. Une histoire d’amitié, de tolérance,
a
l
i
t
de respect de l’autre. Dès 4 ans, du 7 au 25 mars
2015.
Enfin, une reprise attendue qui s’imposait
après la votation du 9 février dernier, Le Vilain
petit mouton d’Olivier Chiacchiari, mis en
scène par Guy Jutard. À l’origine motivé par les
affiches de l’UDC sur le mouton noir, le spectacle trouve à nouveau – hélas ! – sa justification.
O. Chiacchiari, graphiste de formation et satiriste, propose une fable amère sur l’intégration
puis le rejet au gré des besoins et des intérêts.
L’auteur et le metteur en scène ont souhaité
faire réentendre au jeune public une forme de
désobéissance civile. Dès 6 ans, du 15 avril au 3
mai 2015.
Laurence Tièche Chavier
Réservations et abonnements dès le 19 août 2014. 022 807
31 07 / www.marionnettes.ch
é
o
p
é
r
fin de saison au grand théâtre de genève
Exhumation d'un opéra
injustement oublié
Le Grand Théâtre de Genève termine sa saison sur un coup d'éclat en
proposant la création en pays de langue française de La Wally du compositeur
italien Alfredo Catalani. En France, l'ouvrage a pourtant connu un début de
popularité lorsque Jean-Jacques Beneix s'est décidé à utiliser, dans son film à
succès Diva, l'air de La Wally 'Ebben... Nè andro lontana...' que chante
Wilhelmenia Wiggins-Fernandez.
Le succès mondial remporté par la bande
sonore du film n'a semble-t-il pas suffi à inciter
un grand théâtre lyrique de l'Hexagone à tenter
l'expérience d'une mise à l'affiche de l'ouvrage
original, et l'on ne saurait assez louer l'Opéra
genevois de permettre enfin à son public de
juger sur pièce.
26
'Un homme de bien et un musicien
excellent'
C'est Giuseppe Verdi qui, à l'annonce de la
mort d'Alfredo Catalani, a formulé ce
jugement certes flatteur, mais qui
venait du cœur. Il n'était d'ailleurs pas le
seul à admirer le génie de ce compositeur ; le grand chef d'orchestre italien
Arturo Toscanini tentera toujours de
s'entremettre auprès de la direction des
théâtres italiens et étrangers pour qu'ils
mettent à l'affiche cette Wally qu'il
jugeait d'excellente facture et il parviendra même à en imposer la création
américaine au Metropolitan Opera de
New York. Mais le compositeur italien,
enclin à de violents accès de mélancolie, se montrait excessivement sourcilleux en société et rebutait les
meilleures volontés par son attitude
rébarbative; de plus, il exprimait en
public une haine presque viscérale à
l'encontre d'un jeune compositeur dont
l'étoile brillait chaque jour un peu plus,
un certain Giaccomo Puccini...
Le livret de La Wally a été conçu à
partir de l'intrigue d'un roman à l'eau de
rose, avec happy end obligé, écrit par la
romancière bavaroise Wilhelmine von
Hillern; publié en 1873 sous le titre Die
Geyer-Wally (littéralement : La Wally des
vautours), il parut en traduction italienne
a
sous la forme d'un feuilleton aux début des
années 90. L'auteure y dépeint une femme de
caractère bien trempé qui refuse les projets
matrimoniaux conçus par son père à son encontre et préfère quitter la maison paternelle plutôt
que de se soumettre; ce qu'elle fait sans hésiter,
dans l'opéra aussi, en entonnant l'air célèbre utilisé ensuite par le cinéaste français.
Après la mort de son père, elle hérite de ses
terres et devient la femme forte du lieu; elle
résiste vaillamment aux avances de ses nom-
Evelino Pidò sera à la tête de l’Orchestre de la Suisse
Romande
c
t
u
a
a
breux prétendants, qu'attirent autant sa fortune
que sa beauté. Mais elle s'amourache d'un jeune
homme du village voisin, un certain Hagenbach
qui est connu loin à la ronde pour sa moralité
douteuse. Lorsque ce dernier se fiance à une
femme plus jeune, la Wally se retire, humiliée,
dans les montagnes pour vivre en ermite.
Rejointe plus tard par un Hagenbach soudain
conscient de l'erreur de jugement qu'il a commise, elle vit quelques instants de pur bonheur partagé avant qu'une avalanche ne lui arrache des
bras celui qu'elle aime déraisonnablement.
Incapable de surmonter ce deuil, elle se jette à
son tour dans l'immensité blanche. Ce final tragique, qui s'inscrit en faux contre les épousailles
du livre original, n'est pas sans rappeler celui
d'une certaine Floria Tosca qui se lance dans le
vide du haut du Château Saint-Ange à Rome
après avoir perdu son Mario...
Une musique à la croisée des
styles
Ce final dramatique, imaginé par Luigi
Illica (qui fut également le librettiste de Puccini
pour Tosca, Manon Lescaut et Madama
Butterfly, entre autres) ancre fortement l'ouvrage dans cette période particulière de la culture
italienne où l'intelligentsia cultivait à la
fois le vérisme le plus cru et un symbolisme décadent encore teinté de romantisme allemand tardif. Dans l'opéra coexistent ainsi deux langages musicaux
différents: il y a la peinture d'un univers
paysan, ici évoqué, par exemple, dans
les airs populaires et l'accompagnement
à la cithare de la 'Chanson de
l'Edelweiss' qu'entonne Walter au début
de l'ouvrage et qui revient par la suite
hanter, tel un leitmotiv, la mémoire des
protagonistes. Mais il y a aussi le langage harmonique extraordinairement
développé qui accompagne le chant de
l'héroïne de l'opéra; cette femme rebelle, hostile aux conventions du temps,
incarne à sa façon le triomphe des forces naturelles de l'instinct qui refusent
toute soumission. Dans son ermitage,
elle fait un avec la montagne et l'irruption inopinée du drame sous la forme de
l'avalanche meurtrière ne fait que sceller le destin des deux héros dont on
imagine mal qu'ils eussent pu mener
une vie paisible dans un chalet confortable éclairé par les rayons rougeoyant
du soleil couchant! Hagenbach et la Wally
doivent mourir parce que leur volonté s'avè-
l
i
t
é
o p é r a
re trop faible pour se forger un avenir qui leur soit favorable. Lorsque
la Wally se précipite dans le vide
après son amant, elle ressemble
moins à la diva furieuse qu'incarnera plus tard une Floria Tosca dévorée par sa passion jalouse qu'à une
Senta qui, à la fin du Vaisseau fantôme, se noie dans les flots tempétueux pour retrouver celui avec
lequel il lui est impossible de rêver
une vie en commun sur la terre
dans le cadre d'une union bourgeoise.
Le compositeur introduit dans
le langage lyrique italien une sensibilité nouvelle, où l'orchestre joue
un rôle inhabituellement prépondérant jusqu'ici. S'il ne parvient encore à se hisser aux hauteurs instrumentales qu'atteindra plus tard
Giaccomo Puccini, habité par une
même ambition, c'est d'abord parce
que son inspiration mélodique est
trop hétéroclite pour se graver de
façon durable dans la mémoire de
l'auditeur. Tenté à la fois par les
harmonies hallucinogènes des
émules de Wagner et par la générosité mélodique de ses contemporains italiens, Catalani ne parvient
pas à trancher. Comme chez
Wagner, récitatifs et arias s'entremêlent et se fondent les uns dans
les autres dans un langage instrumental dont la voix humaine peine
souvent à se détacher, comme si
finalement c'était à l'orchestre que
le musicien voulait donner le rôle
principal. Or en Italie, l'opéra reste
d'abord une affaire de voix....
Oeuvre charnière, La Wally
n'a pas encore trouvé son public
au Nord des Alpes. Peut-être cette
tardive exhumation genevoise
aidera-t-elle ce titre à retrouver un
lustre qui a déjà malheureusement
tendance à se ternir en Italie aussi.
Eric Pousaz
La Wally est à l'affiche au Grand Théâtre
les 18, 20, 22, 24, 26 & 28 juin
Morenike Fadayomi interprétera La Wally (en alternance avec Ainhoa Arteta)
Vitaliy Bilyy sera Vincenzo Gellner
Bálint Szabó sera Strommiger
a
c
t
u
a
l
i
t
é
27
o p é r a
les joyeuses commères de windsor à l’opéra de lausanne
Frank Beermann
Après avoir fêté des triomphes inégalés sur toutes les scènes germanophones
d'importance, y compris les Opéras de Vienne, Berlin ou Munich, Les Joyeuses
commères de Windsor d'Otto Nicolaï foulent de plus en plus rarement les
planches dans les théâtres situés au Nord du Rhin. Ailleurs en Europe, où elles
n'ont qu'accidentellement conquis les faveurs du public, elles ne font plus
aucun bruit depuis longtemps... Entretien avec Frank Beermann, chef d'or-
28
Pour terminer sa saison en beauté, l'Opéra
de Lausanne a décidé de programmer ce titre
dont ce sera vraisemblablement la première en
Suisse romande. Frank Beermann se réjouit de
voir l'impact que cette musique pleine de verve et
de charme aura sur un public forcément libre de
tout préjugé, car il est persuadé qu'il s'agit-là d'un
chef-d'œuvre absolu injustement tombé dans
l'oubli. Lors de notre rencontre, je lui ai d'abord
demandé quelles étaient, à son avis, les raisons
de cette désaffection des théâtres à l'encontre de
cette œuvre, même en Allemagne où elle a fait
partie du répertoire de base jusqu'à une époque
fort récente. Sa réponse a fusé spontanément :
- La faute en incombe principalement aux artistes
allemands eux-mêmes qui passent la musique de
Nicolaï à la moulinette wagnérienne!... Or le
style du langage lyrique de Nicolaï n'a rien à voir
avec la déclamation véhémente chère à Wagner
et exige une approche qui tienne compte de ses
véritables antécédents musicaux, qui sont à chercher du côté de l'Italie et de la France, non de
l'Allemagne. Un autre malentendu joue un mauvais tour au compositeur : dans les studios d'opéra où sont formés les jeunes talents de demain ou
dans les écoles de chant, il est devenu traditionnel de monter ces Joyeuses commères comme
spectacle de fin d'année scolaire, au prétexte que
l'écriture en est aisée pour les chanteurs et pour
les musiciens d'orchestre. Ce qui est faux, archifaux! Nicolaï demande a être abordé avec le
même soin que Mozart et ce n'est pas parce que
les profils mélodiques de son ouvrage shakespearien comportent peu de vocalises d'une extrême
difficulté d'exécution que l'interprétation de ses
airs et ensembles puisse être considérée comme
techniquement facile.
poque et a pris pour modèles les ouvrages à succès d'un Bellini, d'un Rossini ou d'un Donizetti. Il
reste toutefois un Allemand dans sa recherche
d'effets instrumentaux et s'inscrit très vite en faux
contre la transparence et la grâce de la tradition
italienne où la voix doit toujours avoir priorité
absolue sur l'orchestre. Dans Les Joyeuses commères de Windsor, il n'y a pas de divas ou de
vedettes incontestées. Aucun rôle ne s'impose à
l'attention au détriment d'un autre. C'est véritablement un opéra de troupe où la place de chacun
est essentielle à l'équilibre de l'ensemble.
Son insuccès actuel serait-il dû au fait
que Nicolaï a fait moins bien que ses modèles ?
Je ne le pense honnêtement pas car son tempérament d'artiste le poussait vers d'autres voies. Il a
certes été influencé par l'écriture belcantiste des
opéras italiens d'alors, mais son style d'orchestration renouvelle profondément le rôle des musiciens assis en fosse. Prenez par exemple l'un des
effets comiques les plus efficaces cultivé par un
Rossini dans ses ouvrage bouffes, celui du crescendo. Par la rapidité du débit du texte et la répétition de certaines formules musicales immédiatement reconnaissables, le compositeur italien
crée progressivement un effet de chaos qui
englobe tous les acteurs présents sur la scène et
aboutit à un final dont la vis comica se révèle
Que faut-il faire alors pour rendre
justice au langage lyrique de Nicolaï ?
Il faut alléger au maximum. Et encore alléger!
L'idéal serait de pouvoir utiliser des instruments
d'époque accordés plus bas et dont le jeu serait
moins épais. Au risque de me répéter, je dirai
qu'il faut impérativement oublier Wagner...
Cette musique colle-t-elle au texte de
façon plus précise que celle d'un Rossini ?
Un tel constat est difficile à faire, car les intentions des auteurs divergent fortement. Lorsqu'on
lit le livret que Hermann von Mosenthal a écrit
pour Nicolaï, on s'étonne que le compositeur ait
pu accepter une langue qui se prête en apparence
si peu au chant. Puis on en vient à se demander si
le compositeur ne conserve pas expressément ces
tournures 'inchantables' afin d'en tirer un effet
comique démontrant la supériorité de sa poétique
musicale sur les mérites littéraires du texte!...
Pour rester sérieux, je dirai que l'ambition du
librettiste dépasse le seul souci de fournir au
compositeur un texte sur lequel il pourra écrire
facilement sa musique. Car il y a déjà, dans le
final par exemple, des éléments du dialogue qui
font penser aux analyses que fera Siegmund
Freud de certains comportements humains. Et le
compositeur est sensible à cette ambition,
comme l'atteste le petit trio qui, au moment où
l'on croit que l'opéra est terminé, ajoute soudain
au final une petite note critique de la meilleure
veine.
Comment allez-vous aborder cet
ouvrage à Lausanne ?
J'ai la chance de travailler ici avec un orchestre et
des chanteurs qui n'ont pas été imprégnés par une
tradition contre laquelle je dois lutter. Chacun
arrive avec un esprit neuf, sans idée préconçue.
De plus, la version que j'ai choisie de concert
avec le metteur en scène aide grandement à
dépoussiérer l'ouvrage. Pour rendre l'œuvre plus
accessible au public, David Hermann a en effet
décidé de supprimer tous les dialogues et de les
Comment jugez-vous le style d'écriture de Nicolaï ?
Ce compositeur a longtemps vécu en Italie et ses
deux premiers ouvrages lyriques ont été écrits en
italien pour des théâtres de la Péninsule. Il s'est
donc d'abord inspiré de ce qui s'y faisait à l'é-
e
irrésistible. On ne trouve rien de cela chez
Nicolaï. Lorsqu'il utilise le procédé de la répétition, il l'enrichit chaque fois de trouvailles rythmiques nouvelles qui forcent les chanteurs et les
instrumentistes à faire extrêmement attention à
l'écriture de la partition. On rit alors non parce
qu'on réagit spontanément à une augmentation
sonore qui vire au 'chahut', mais parce qu'on est
systématiquement pris au dépourvu par une tournure musicale renouvelée à laquelle on ne s'attendait pas. Le procédé est peut-être moins directement efficace, mais il reste d'une drôlerie irrésistible pour qui fait l'effort d'écouter vraiment ce
qui se passe en fosse ou sur le plateau...
Frank Beermann
n
t
r
e
t
i
e
n
o p é r a
remplacer par un texte de son crû, dit par un personnage ajouté à la distribution pour l'occasion.
Cela a l'avantage d'éviter de longues conversations enrichies des accents baroques de chanteurs
maîtrisant mal la langue allemande!... Et surtout,
cela permet de resserrer le rythme de la représentation car les morceaux s'enchaînent alors sans
grande césure; de cette façon, le mouvement
d'ensemble du spectacle s'en trouve accéléré et
rend plus directement sensibles les effets
comiques recherchés par le compositeur.
D'une façon générale, la mise en scène
influence-t-elle votre conception musicale ?
Il est évident que dans les discussions préalables que j'ai eues avec le metteur en scène, nous
avons échangé nos points de vue sur la nature
du spectacle que nous voulions mettre sur pied.
Lorsque les répétitions commencent (au
moment de l'interview, seul le premier acte a été
entièrement passé en revue), nous voyons tout
de suite ce qui, sur le plateau, entraîne une accélération ou un ralentissement du tempo. Par
exemple, nous sommes arrivés aujourd'hui à un
moment de l'action où il nous paraît nécessaire
que M. Fluth embrasse sa femme. Il est évident
que je dois alors prévoir une pause, ne serait-ce
que pour rendre ce jeu de scène possible dans le
timing d'ensemble de la scène!
Le fait de préparer un spectacle pour
un public qui n'a aucune idée de l'opéra qu'il
va voir vous gêne-t-il ?
Au contraire! Tout est possible dans un tel cas.
Il faut bien sûr tenir compte de la sensibilité
actuelle des spectateurs, et c'est la raison pour
laquelle nous allons renoncer aux perruques et
costumes d'antan. L'action se déroulera dans les
dernières années du XXe siècle dans un milieu
aisé car il est évident pour nous qu'une telle
comédie ne peut se jouer que dans un cercle de
gens oisifs où le travail quotidien n'est pas le
sujet de préoccupations numéro un !
N'y a-t-il pas un risque de hiatus
entre une musique qui s'écoute comme un
témoignage vibrant du romantisme au XiXe
siècle et un univers théâtral résolument
contemporain ?
Non. J'ai souvent remarqué qu'au théâtre, le
public est heureux de retrouver un monde musical qu'il peut décrypter sans trop de problèmes
tout en se trouvant face à une réalisation scénique
qui le surprend par ses décalages temporels.
Entendre un air des Noces de Figaro de Mozart
interprété par un comte en smoking ne dérange
personne. Par contre, faire chanter Alban Berg à
une distribution emperruquée passerait nettement
moins bien la rampe!...
e
n
t
r
Valentina Farcas (Frau Fluth)
Le trait d'union entre l'italie et
l'Allemagne
“ L'opéra allemand contient trop de philosophie, mais pas assez de musique. L'opéra italien contient, lui, trop de musique et pas assez
de philosophie. Est-il vraiment impossible d'imaginer une union entre ces deux aspirations
en apparence contradictoire ? “ Cette question
essentielle, Otto Nicolaï se la posait dans un essai
publié alors qu'il était organiste à la chapelle de
l'ambassade allemande de Rome. Et tenter de
mettre sous un même toit ces deux composantes
divergentes allait être son credo pendant tout le
temps qu'il a mis à composer ces Joyeuses commères de Windsor qui devaient tragiquement
devenir son chant du cygne.
Poursuivi par la malchance
Mort à 39 ans, Otto Nicolaï n'a pas eu beaucoup de chance dans sa vie. Alors qu'il séjournait
à Rome, il s'essaya plusieurs fois à l'opéra italien
dans le style des Donizetti et Bellini de l'époque,
mais son succès ne fut jamais à la hauteur de ses
espérances. Il joua même de malchance lorsqu'il
refusa le livret d'un certain Nabucco que lui proposait l'imprésario de la Scala : Ce texte contient
trop d'invectives pour faire un bon livret d'opéra!, aurait-il dit en refusant cette commande émanant pourtant d'un théâtre prestigieux. Un jeune
compositeur italien ambitieux, nommé Giuseppe
Verdi, sera d'un autre avis et c'est précisément en
composant sa musique sur ce livret jugé trop violent qu'il obtiendra son premier grand succès en
Italie. Nicolaï ne le lui aurait jamais pardonné...
On le retrouve plus tard à Vienne, toujours à
la recherche d'un sujet qui lui permettrait de tirer
profit des atouts de la musique allemande et de
l'italienne. Nommé directeur de ce qui allait
devenir le célèbre Orchestre Philharmonique de
Vienne, il remporte de grands succès avec cet
ensemble; c'est même à lui, semble-t-il, que l'on
doit l'idée d'un concert festif destiné à marquer
annuellement le changement d'année. Le concept
était promis à un grand avenir quand on sait
e
t
i
e
qu'aujourd'hui, la retransmission télévisée du traditionnel concert du Nouvel-An donné dans la
salle du Musikverein est l'émission qui possède
la plus grande audience planétaire!... On lui doit
aussi d'avoir fait enfin entrer au répertoire régulier de l'orchestre l'interprétation de la Neuvième
Symphonie de Beethoven, jugée jusque-là excentrique et bruyante car composée à rebours de tout
bon sens (!)... Les rivalités et querelles partisanes des milieux viennois (qui ont causé du tort à
bon nombre de grands artistes) allaient pourtant
forcer Nicolaï à quitter l'Autriche pour s'établir à
Berlin où il occupe le poste de directeur général
de la musique à la Hofoper. Et c'est alors qu'il
compose son chef-d'œuvre, Les Joyeuses commères de Windsor, dont la création connut un succès
énorme le 9 mars 1849. Nicolaï ne devait pourtant pas retirer grand avantage de cette tardive
reconnaissance publique car il mourait d'une
crise cardiaque le 11 mai de la même année. Son
ouvrage a fait les beaux soirs des plus grands théâtres allemands dont il a enrichi le répertoire jusqu'à la fin du XXe siècle; malheureusement, de
nos jours, il semble de plus en plus délaissé, même
si l'on a recensé de nouvelles productions à Berne
et Zurich lors des récentes saisons passées.
Turbulence étudiée
Plus fidèle à l'original shakespearien que
celui du Falstaff de Verdi, le livret de Mosenthal
tente néanmoins de gommer les aspects d'acerbe
critique sociale que l'on trouve dans la version
anglaise. Ici, le texte vise d'abord à divertir et tire
un adroit parti des quiproquos qui abondent chez
Shakespeare; dans les dix-sept numéros de sa
partition, le compositeur réussit le tour de force
de proposer une musique savamment orchestrée
accompagnant un bouquet de mélodies faciles
qui évoquent tour à tour les doux émois des airs
de L'Elixir d'amour de Donizetti et les rythmes
entraînants des opéras comiques français de l'époque. Les ensembles, écrits d'une main de maître, ou les chœurs, pleins d'entrain et de punch,
assurent à la représentation un rythme soutenu
qui ne relâche jamais son emprise sur l'auditeur.
Les airs, duos et le superbe quatuor du 2e acte
n'ont, quant à eux, pas à rougir d'une comparaison
avec le tourbillonnement musical récemment
expérimenté à l'Opéra de Lausanne en compagnie
du bien plus célèbre Barbier de Séville de Rossini.
Bref, voilà une occasion unique d'élargir son horizon musical sans devoir se prendre la tête.
Eric Pousaz
Die lustigen Weiber von Windsor sont à l'affiche de
l'Opéra de Lausanne les 6, 8, 11, 13 & 15 juin 2014
n
29
o p é r a
avenches
Carmen
Pour sa vingtième édition, le Festival d’Opéra d’Avenches
mise sur Carmen de Bizet. Chaque année en juillet, les
vastes arènes romaines de la bourgade vaudoise –sise à
mi-chemin entre Lausanne et Berne– accueillent les grands
classiques du répertoire lyrique sous son ciel étoilé.
30
ne direction artistique, remonte à dix ans déjà et n’avait alors pas pleinement convaincu. La Carmen de 2014 se présente en revanche sous de très
bons auspices : le chef français Alain Guingal, invité régulier depuis plusieurs décennies par les plus grandes maisons italiennes, notamment, dirigera l’Orchestre de Chambre de Lausanne. Eric Vigié signera la mise en
scène de l’ouvrage. S’il ne dévoile encore rien de son travail, il laisse
cependant dire que le contexte général aura « un parfum de l’Espagne
années soixante ».
Eric Vigié, directeur de l’Opéra de Lausanne depuis près de dix ans,
dirige également l’institution d’Avenches depuis 2011. Les trois premières productions qu’il a proposées (n.d.l.r. : Rigoletto en 2011, La Bohème
en 2012, Nabucco en 2013) ont bénéficié d’un succès public et critique
substantiel, tout particulièrement La Bohème qu’il a lui-même mise en
scène en 2012, avec reprise à l’Opéra de Vichy en septembre de la même
année.
Avenches, c’est un peu les Chorégies suisses romandes, avec une programmation sans visée avant-gardiste mais susceptible de convaincre les
exégètes les plus avertis de l’art lyrique, ce à la faveur de six représentations. Ainsi, pour le jubilé de la manifestation, assiste-t-on avec Carmen
au retour de l’opéra qui est peut-être le plus populaire et le plus connu de
tous. La dernière production avenchoise de cet ouvrage, fruit de l’ancien-
Giancarlo Monsalve by Timo Maczollek
Les voix
La distribution est alléchante : le personnage culte de la cigarière sera
campé par la mezzo-soprano Béatrice Uria Monzon, présentée comme
l’une des plus grandes Carmen actuelles (les 4, 6, 8 et 11 juillet) et par la
soprano zurichoise Noëmi Nadelmann (les 5 et 12 juillet), qui interprétera la célèbre gitane pour la première fois de sa prolifique carrière. Béatrice
Uria Monzon a fait ses débuts en Carmen en 1993, à l’Opéra Bastille, où
son interprétation s’éloigne d’emblée des clichés et des archétypes du personnage. Elle a également déjà chanté Carmen en plein air, aux Chorégies
d’Orange, en 2008. Don José prendra les traits du jeune ténor espagnol
Jorge de Leon (les 4, 6, 8 et 11 juillet) en alternance avec le ténor chilien
Giancarlo Monsalve (les 5 et 12 juillet). Micaëla sera incarnée par Rocío
Ignacio (les 4, 6, 8 et 11 juillet), ainsi que par Greta Baldwin (les 5 et 12
juillet). Quant au rôle du toréro Escamillo, il sera assuré par le baryton
Franck Ferrari. Le chœur de l’Opéra de Lausanne ainsi que le chœur d’enfants Les Marmousets seront préparés par le très expérimenté Pascal
Mayer.
Bernard Halter
Représentations : les 4, 5, 6, 8, 11 et 12 juillet 2014 à 21h00.
Réservations et renseignements : www.avenchesopera.ch
Avenches Tourisme : tél. 026/ 676 06 00 ou [email protected]
Béatrice Uria-Monzon © photo Bérard
a
c
t
u
a
l
i
t
é
o p é r a
route lyrique
Phi-Phi
Après ses tournées de 2010 et 2012, l’Opéra de Lausanne propose une nouvelle
fois sa Route Lyrique. A l’affiche, l’opérette Phi-Phi d’Henri Marius Christiné
(1867-1941) créée le lendemain de l’Armistice de 1918 et qui a connu un succès
phénoménal : la pièce s’est jouée sans interruption durant trois ans aux
Bouffes-Parisiens, dans la foulée de sa création. Jalonnée de quinze étapes
romandes au cours du mois de juin et de début juillet, surtout en terres
vaudoises, la nouvelle production s’exportera à Vichy pour une unique
représentation, juste après avoir offert une touche opératique au Festival
de la Cité de Lausanne.
L’intrigue baigne dans l’Antiquité, comme
un clin d’œil moqueur adressé à la solennité du
genre de l’opera seria. A Athènes, en l'an 600
avant Jésus-Christ, le grand sculpteur Phidias
(Phi-Phi) reçoit commande d'une statue représentant la Vertu et l'Amour. Il se met alors à la
recherche d’un beau modèle en arpentant les
rues de la ville et finit par rencontrer la très attirante Aspasie, ce qui a l’heur et le malheur d’attiser les jalousies. Chassés-croisés, intrigues
amoureuses cocasses, orgueils froissés, rebondissements et allusions potaches font de cette
pièce pétillante et frivole de ton un moment qui
verse aussi dans la satire puisqu’au terme de
maints aléas, la statue commandée est érigée
avec pour titre et commentaire : L'Amour et la
Vertu, aidés par l'Économie, fondent le bonheur
conjugal.
Tradition et modernité
L’opérette convoque six solistes et un
chœur pour une musique française alliant tradition et modernité autour des refrains piquants et
Gérard Demierre
Phidias : Alexandre Diakoff © Omar Garrido
a
c
t
u
grivois du livret d'Albert Willemetz et Fabien
Solari. Les serviteurs de l’œuvre de la Route
lyrique 2014 sont pour l’essentiel des artistes
régulièrement actifs en Suisse romande, à commencer par le metteur en scène Gérard
Demierre auquel on doit dans le domaine de la
musique, notamment, la version scénique de la
Passion selon Saint Jean de Bach à la
Cathédrale de Lausanne en 2007 ou encore
Pierre et le loup et Les moutons bleus pour le
compte de l’Opéra de Lausanne. Pour les décors
et costumes, la Route lyrique s’adjoindra les
talents de Sébastien Guenot, actif dans les
domaines des arts visuels, du graphisme, de
l'illustration, de la scénographie et de l'installation architecturale et qui a déjà œuvré pour
l’Opéra de Lausanne à plusieurs reprises ces
dernières saisons.
a
l
i
t
Aspasie : Sarah Pagin
Le rôle-titre sera tenu par le baryton-basse
Alexandre Diakoff, qui campe régulièrement
des rôles de caractère en Suisse et en France.
Yannis François, qui mène une double carrière
internationale de danseur et de chanteur lyrique,
aura le rôle du domestique Pirée. Récemment
nommée finaliste du Concours International de
Chant de Genève, Sarah Pagin, qui chante également régulièrement à l’Opéra de Montpellier,
prendra les traits de la jolie Aspasie. Guillaume
Paire, André Gass et Aurélie Jarjaye complètent
la distribution.
L’Ensemble instrumental de l’Opéra de
Lausanne sera placé sous la direction de Jaques
Blanc. Chef de chœur et assistant de nombreux
chefs d’orchestre prestigieux, à l’image
d’Armin Jordan ou de Jeffrey Tate, Jacques
Blanc préside à la destinée des chœurs de
l’Opéra de Bordeaux de 1999 à 2013 avant de se
consacrer à la direction et à l'étude du répertoire avec de jeunes chanteurs. Signalons encore
qu’il sera chef de chœur pour Manon et La
veuve joyeuse à l’Opéra de Lausanne lors de la
saison 2014-2015.
Bernard Halter
La tournée débute le 1er juin au théâtre du Jorat,
Mézières, pour se terminer le 11 juillet à l’Opéra de
Vichy après avoir passé, entre autres, par Cully,
Cossonay, Aubonne ou Martigny...
Réservations et renseignements :
www.opera-lausanne.ch.
Tél : +41 21 315 40 20.
é
31
o p é r a
à marseille
Le Roi d’Ys
Créée à l’Opéra de Saint-Etienne en 2007, la production
de Jean-Louis Pichon est reprise à Marseille, par une
équipe artistique qui défend magnifiquement le chefd’œuvre d’Edouard Lalo.
rement imprécis dans l’intonation. Nicolas Courjal (Le Roi) est une basse
imposante, plutôt monolithique, visuellement très bien grimé en vieux roi, tandis que le timbre superbement assis et projeté du baryton Philippe Rouillon
(Karnac) est un régal. La production très minérale de pierres noires (décors
d’Alexandre Heyraud) n’est pas exempte de tableaux spectaculaires, avec
fumées et chutes d’eau sur le plateau, bien dans le ton de cet ouvrage aux
accents de grand opéra français.
François Jestin
Lalo : LE ROi D’YS – le 10 mai 2014 à l’Opéra de Marseille
32
Après sa quasi absence des scènes nationales ces dernières décennies, Le
Roi d’Ys semble trouver un fort regain d’intérêt depuis les productions stéphanoises et la reprise du spectacle en 2008 à Liège, dont l’Opéra Royal de
Wallonie est coproducteur (une captation est disponible en DVD chez
Dynamic). Une autre mise en scène avait été montée par Nicolas Joël à
Toulouse (2007), et par ailleurs des représentations en version de concert ont
été données la saison dernière à Montpellier et Paris à l’Opéra-Comique. Ce
n’est que justice, tant la partition recèle de beautés, interprétée ici avec
concentration, enthousiasme et une grande énergie sous la direction du chef
Lawrence Foster. Deux pupitres sont à féliciter plus particulièrement, les bois
précis et inspirés, ainsi que les cuivres, très brillants. Les chœurs phocéens ne
se situent malheureusement pas à ce niveau en termes de qualité de son, d’homogénéité, voire de concentration lorsque pendant le chœur d’ouverture une
bonne partie des chanteurs ne parvient pas à bien accrocher le rythme.
au capitole de toulouse
Pigeons d’argile
Témoin éloquent de la politique artistique imaginative de
Frédéric Chambert à la tête du Capitole de Toulouse, la
création mondiale des Pigeons d’argile remporte un succès
retentissant. Devant un public fervent, mais qui n’était
peut-être pas d’emblée gagné à la cause.
La distribution francophone est emmenée par les deux cantatrices Inva
Mula (Rozenn) et Béatrice Uria-Monzon (Margared), qui possèdent un peu les
mêmes qualités et défauts, très investies dans leur rôle, capables de puissance
assez considérable – à cet égard certains duos tournent aux concours de décibels, et une confrontation se termine avec un bracelet qui voltige dans la fosse
d’orchestre! –, mais un inconfort récurrent dans le registre grave, ainsi qu’une diction perfectible. Ces faiblesses sont accentuées chez Uria-Monzon, aux
graves parfois sourds, en raison vraisemblablement de sa fréquentation récente d’emplois plus aigus (Tosca, Chimène, …). La lecture des surtitres devient
en revanche superflue lors des interventions masculines, à commencer par
l’articulation très claire de Florian Laconi (Mylio), ténor généreux, sonore,
aux aigus vainqueurs, qui sait aussi alléger en voix de tête, mais parfois légè-
«Les pigeons d’argile» avec Vannina Santoni (Patricia Baer), Gaëlle Arquez
(Charlie), Aimery Lefèvre (Toni), crédit photo : Patrice Nin
C’est la juste récompense d’une réalisation méticuleusement pensée et
travaillée, où tous les éléments se ramassent en un bloc indissociable, de la
musique de Philippe Hurel (né en 1955) au livret de Tanguy Viel, à la mise en
scène de Mariame Clément et aux interprètes, solistes, chœur et orchestre sous
la direction de Tito Ceccherini. Le livret prend sa source dans un fait divers
survenu dans les années 70 aux États-Unis : l’enlèvement de la fille d’un
magnat de la finance par un groupuscule révolutionnaire. Et la recluse de vite
s’éprendre de la cause de ses ravisseurs ; ce que l’on désigne comme « syndrome de Stockholm ». Sur une trame propice aux soubresauts et au suspens,
dans la veine des « thrillers » dont Viel s’est fait une spécialité à travers sa
dizaine de romans, s’inscrit une action qui emprunte des chemins détournés.
Les situations et les psychologies ne se révèlent pas celles attendues ; avec un
Philippe Rouillon (Karnac) au premier plan © Dresse
a
c
t
u
a
l
i
t
é
o p é r a
agitateur politique qui parle davantage poésie que marxisme, des complices et adversaires qui ne se conforment pas à leur attribution, dans leurs
sentiments et leurs comportements, retournés souvent, pour aller là où on
ne les espérait pas. D’où une tension qui ne relâche pas, jusqu’au
dénouement final (tragique, cette fois on s’en doutait). Aucun message,
non plus, et un piège évité : la morale – s’il y en a une – serait simplement celle de la vanité et de l’incohérence du monde qui nous entoure.
Encore fallait-il que la musique colle à cette action rondement
menée et vite prenante. Prouesse accomplie ! Hurel choisit des mouvements allègres, des sonorités crissantes (à grand renfort de cuivres), des
ambiances musicales contrastée et bousculées, un chant qui à travers ses
déclamations exacerbées reste du chant, sans intervalles extravagants. La
complicité est entière entre les mots du livret, leur traitement et leur
transmission, conséquence d’une mûre préparation à tous égards. Pour ce
tout premier opéra d’un compositeur jusque-là défiant vis-à-vis du genre
lyrique, la réussite s’impose indéniablement. Mais peut-être davantage
pour le spectacle, dont on ne voit guère d’autre possible lecture, que pour
l’inspiration musicale. S’agissant dans ce cas de recettes savamment cuisinées, plus que d’originalité d’écriture ou de langage ; dans une esthétique post-sérielle, une construction (par courtes scènes et rappels motiviques), déjà entendues par ailleurs.
Puisque, on l’aura compris, la restitution répond à l’ambition. Gaëlle
Arquez (pour sa première incursion dans la musique contemporaine), Aimery
Lefèvre, Vincent Le Texier, Vannina Santoni, Sylvie Brunet-Grupposo et
Gilles Ragon, dont les vertus vocales dans les répertoires les plus divers ne
sont plus à chanter, sont les incarnations mêmes de leurs personnages. Avec
un chant fermement constant, assorti d’une présence qui ne l’est pas moins.
Avouons, toutefois, notre faible pour les voix féminines, dont on peut croire
qu’elles constituent le cœur palpitant de l’œuvre. L’orchestre du Capitole et
son chœur (qui a une part importante et complexe) vibrent en phase, nets et
tranchants, sous la précision affûtée de la battue de Ceccherini.
Quant à la réalisation scénique, elle atteint une sorte de perfection ; avec
son plateau tournant présentant successivement un intérieur petit bourgeois,
une friche industrielle ou une assemblée de notabilités, sur fond de projections
vidéo réalistes comme un feuilleton de télévision (ce que cette pièce est aussi,
versant opéra), nourris d’éclairages et de personnages bien cadrés. On comprend ainsi l’impact direct d’un spectacle qui reste, et avant tout, un spectacle.
Ce qui, tout bien considéré, n’est pas si ordinaire ni aisé.
Pierre-René Serna
à barcelone
Eblouissante
Kitège
Au Liceu de Barcelone, Dmitri Tcherniakov propose une
lecture saisissante de La Légende de la cité invisible de
Kitège.
«Kitège» © A. Bofill
Rimsky-Korsakov en1907, que la parfaite maîtrise de l'écriture ne parvient pas
toujours à masquer une inspiration mélodique nettement moins généreuse que
celles d'un Moussorgski ou d'un Borodine, dont le souvenir est omniprésent.
Mais lorsque c'est Dmitri Tcherniakov qui porte cette partition sur l’estrade, le
résultat est si frappant qu'on en oublie vite ces menues réserves.
Dès l'ouverture de rideau, la salle du Liceu, ce soir-là, éclatait en applaudissements devant la beauté d'une forêt cernée de blonds épis. Devant une
petite cabane de bois, la jeune Fevronia (délicieuse Svetlana Ignatovitch)
chante son amour de la nature. Un chasseur arrive ; il s'éprend de la jeune
femme. Bien entendu, c'est le prince de la cité voisine, Kitège... On est en
plein conte, et la musique (très « premier degré ») comme la scénographie
(très « carte postale ») illustrent parfaitement cette atmosphère simple et charmante. Le contraste avec le 2ème acte n’en est que plus frappant : une société en perte de valeurs se grise en attendant le prince et sa fiancée ; arrive une
troupe de Tatares qui annonce la prise prochaine de la ville. Cette scène laisse le spectateur béant, effaré par ce déferlement de sauvagerie et ébloui par la
précision inouïe de la direction d’acteurs dont fait montre Tcherniakov. Quelle
maîtrise des mouvements de masse ! On a l’impression – si rare à l’opéra ! –
que chaque soliste et chaque choriste est totalement fondu dans son personnage. Signalons en particulier la formidable prestation de Dmitry Golovnin dans
le rôle de l’ivrogne Grishka – cet être vil qui accepte d’amener les Tatares jusqu’à Kitège, au moment où Fevronia demande à Dieu de protéger la cité en la
rendant invisible. On assiste avec attendrissement à la noble résignation des
habitants de Kitège, puis on est à nouveau saisis par la débauche des Tatares,
dessinés à l’image des gangs mafieux de la Russie post-soviétique. Le dernier
acte nous ramène au monde naturel du début, et Tcherniakov parvient (en
dépit de quelques longueurs de la partition) à créer une atmosphère ambiguë :
on se demande si c’est dans ce monde où un miracle se serait produit, au-delà
de la mort, ou en rêve que Fevronia retrouve son prince, dans la charmante
petite cabane du 1er acte...
Coproduite par les opéras d’Amsterdam, Milan et Barcelone, cette
magnifique production a été filmée à Amsterdam et vient de paraître en DVD
chez Opus Arte.
Certes, on se prend parfois à penser, en écoutant cet opéra composé par
Christophe Imperiali
a
c
t
u
a
l
i
t
é
33
o p é r a
milan : printemps scaligère
Mémorables Troyens
Comme toutes les maisons d'opéra italiennes, le Teatro alla Scala de Milan a dû
réduire la voilure cette saison car les sponsors, en ces temps de crise, se font
rares. Le nombre de spectacles lyriques à l'affiche a été fixé à dix seulement.
Mais le public n'a pas vraiment lieu de se plaindre si toutes les représentations
ont atteint un stade de perfection comparable à cette réalisation musicale
et scénique exemplaire des difficiles Troyens de Berlioz.
34
Coproduit avec les Opéras de Londres, San
Francisco et Vienne, cette réalisation de David
McVicar a été étrennée en été 2012 au Covent
Garden pour marquer le début des Jeux
Olympiques d'été. Avec sa distribution presque
entièrement renouvelée, cette production a
connu un succès retentissant à Milan si bien que
la sixième représentation à laquelle j'ai assisté
affichait quasiment complet. Et l'enthousiasme
du public aurait pu faire croire qu'on donnait ce
soir-là une n-ième Traviata dans une distribution de gala tant les bravos crépitaient à la fin de
chaque air ...
La mise en scène dans les décors spectaculaires d'Es Devlin ne cherche pas à réinterpréter
le sujet. Seuls les costumes de Moritz Junge
évoquent plutôt la France du XIXe siècle que la
guerre de Troie à l'antique. Avec ses nombreux
défilés et ses nombreux tableaux vivants figeant
les acteurs en des poses avantageuses, le spectacle se veut d'abord illustratif et réussit pleinement à rendre justice aux proportions épiques
de cet ouvrage de plus de quatre heures de
musique. La chorégraphie de Lynne Page et les
éclairages saisissants de Werner Goebbel suffisent quant à eux à recréer dans toute sa magnificence l'univers grandiose dans lequel le compositeur s'est plu à placer ses personnages hors
du commun.
Des voix magnifiques
La distribution des rôles principaux ne saurait prêter le flanc à la critique. Après avoir
cueilli ses premiers lauriers sur la scène interna-
«Les Troyens», vue d’ensemble - photo Brescia/Amisano © Teatro alla Scala
a
c
t
u
a
tionale dans les grands rôles rossiniens,
Gregory Kunde évolue dorénavant vers des
emplois plus lourds sans que son timbre, encore
souple et lumineux, ne perde une once de son
éclat. Rarement, le rôle écrasant d'Enée aura
paru aussi bien chanté sur toute la tessiture et
dans tous les registres qu'en cette occasion où,
contrairement à certains de ses confrères français, le chanteur américain n'épaissit jamais le
trait pour donne plus de volume au chant: la
finesse de l'émission, autant que la fluidité des
changements de registres assurent en effet au
chef des Troyens un indiscutable ascendant
vocal sur tous les autres personnages de ce
drame.
Anne Caterina Antonacci, déjà présente en
Cassandre à Genève lors de la dernière mise à
l'affiche de ce titre il y a quelques saisons,
confirme sa suprématie indiscutable dans ce
rôle qu'elle habite avec une intensité dramatique
et vocale inégalée, et peut-être même inégalable
aujourd'hui. Dès sa première entrée, elle domine les deux premiers actes (La prise de Troie)
avec une véhémence accumulant un nombre
impressionnant de décibels sans que jamais son
interprétation ne vire à l'exhortation spectaculairement gratuite.
Moins connue dans ce répertoire, Daniela
Barcellona est tout aussi prodigieuse en Didon,
n'était une maîtrise moins parfaite de l'idiome
français. Avec ses graves suaves et ronds, elle
brosse de la reine de
Carthage un portrait d'une
singulière richesse de
nuances et de colorations
miroitantes, depuis les
accents chaleureux de sa
triomphale entrée en scène
au début du IIIe acte jusqu'aux déchirements fièrement maîtrisés de ses
adieux à Enée et de sa
montée sur le bûcher funéraire. Les très nombreux
rôles secondaires sont
confiés à des chanteurs
valeureux au français parfois certes exotique mais à
la sureté stylistique indiscutable.
Autre triomphateur de
la soirée :
Antonio
Pappano dirige l'impeccable orchestre de la Scala
avec une verve qui accentue les bizarreries des trou-
l
i
t
é
o p é r a
rait passer sous silence la précision de chaque mouvement,
de chaque saut, de chaque
pirouette qui font honneur à
l'engagement constant de
chacun, même lorsqu'une
figure le place dans un
endroit peu privilégié. Au
final, l'impression d'assister à
une représentation donnée
par l'une des plus grandes
troupes de ballets européennes s'impose avec de plus en
plus de force...
Fragile Odile, Polina
Semionova se mue en une
Odette sauvage aux jetés
d'une sûreté somnambulique,
aux pirouettes d'une sauvagerie magnifiquement maîtrisée
et aux arabesques millimétrées avec une précision
époustouflante. Lorsqu'elle
apparaît en cygne, ce sont les
«Le Lac des cygnes» avec Polina Semionova et Marco Agostino - Photo Brescia e Amisano / Teatro alla Scala
délicates cambrures mouvantes des bras, l'exquis abandon
vailles instrumentales du compositeur français. ensembles tout en approfondissant la psycholo- de ses pas battus ou la perfection de ses écarts
Son approche a quelque chose de barbare avec gie des personnages. Ainsi, le méchant Rothbart qui s'inscrivent comme des figures raffinées
les inflexions appuyées qu'il place sur les se voit-il gratifié d'un magnifique solo au troi- sans véritable poids corporel et suscitent l'enbrusques déchirures des cuivres dans le tissu sième acte ainsi que d'une esquisse de pas de thousiasme légitime du public. Face à une telle
subtilement tissé des cordes ou la mise en exer- trois avec Odile et le Prince Siegfried en fin perfection, la technique raffinée de Carlo di
gue subite du chant des instruments à vent dont d'ouvrage. Au premier acte, un mouvement Lanno sent encore trop la barre et paraît plus
le profil mélodique paraît systématiquement d'ensemble est habilement réservé aux chas- étudiée que libérée. On admire les fouettés ou
“surjoué“, comme pour donner à entendre seurs se préparant à accompagner le jeune prin- les jetés, mais l'on n'oublie jamais qu'il s'agit-là
depuis la fosse les mots et pensées que les per- ce pour faire contraste avec les apparitions éthé- de mouvements étudiés que le danseur n'a pas
sonnages n'osent formuler. Incroyablement rées des cygnes au début de la séquence suivan- encore su incorporer à un langage corporel maîmoderne lorsqu'il est interprété ainsi, ce langa- te. Partout, la pantomime est réduite à sa portion trisé au point d'en devenir naturel. Marco
ge orchestral à la fois bruyant et violemment congrue, ce qui assure non seulement une plus Agostino profite avec un aplomb mémorable du
contrasté fait comprendre l'insuccès du compo- grande fluidité aux enchaînements des solos et solo que le chorégraphe russe a réservé à
siteur français auprès de ses contemporains. des mouvements de groupe mais permet égale- Rothbart pour s'imposer comme un incomparaAujourd'hui, il ne fait aucun doute, pour l'audi- ment d'exploiter au mieux le potentiel d'une par- ble athlète dans sa danse d'une férocité étudiée
teur réceptif et attentif, que cet opéra compte au tition grandiose qui semble solliciter spontané- et d'une irrésistible force de percussion.
nombre des plus grands chef-d'œuvre de l'art ment le mouvement dansé.
Paul Connelly dirige la partition de
lyrique du XIXe siècle. (Représentation du 30
La production, donnée dans les décors Tchaïkovski sans excès d'emphase avec juste ce
avril)
somptueux d'Ezio Frigerio et enrichie des splen- qu'il faut d'abandon dans les deux actes blancs
dides costumes aux tons pastel de Franca pour souligner le contraste entre leur univers
Le lac des cygnes
Squarciapino, est un vrai régal pour l'œil. Le onirique et la réalité plus terre-à-terre des actes
Les grands ballets revisités par Rudolf corps de ballet de la Scala compte au nombre impairs. Efficace à défaut d'être enthousiasmanNoureev continuent à juste titre de faire les des grandes compagnies européennes, même s'il te, cette interprétation a au moins le mérite de
beaux soirs des grands compagnies de ballet à lui manque parfois ce dernier zeste d'aisance et ne pas ajouter trop de sucre à une partition qui
Paris, Vienne ou Milan. La reconstitution du d'abattage qui marque les grandes soirées mos- sent vite la guimauve quand elle est mise entre
grand danseur russe de la chorégraphie de covites, londoniennes ou parisiennes. de mauvaises mains... (Représentation du 29
Marius Petipa et Lev Ivanov pour le célébrissi- L'ensemble des danseurs de la troupe fait gran- avril)
Eric Pousaz
me Lac des cygnes de Tchaïkovski compte au de impression. Malgré une certaine mollesse
nombre de ses plus éloquentes réussites parce parfois dans la mise en place des figures comqu'il a habilement rééquilibré la distribution des plexes imaginées par le chorégraphe, on ne sau-
a
c
t
u
a
l
i
t
é
35
o p é r a
traversent les murs de la caverne et se meuvent
à l'envers sur le plafond de la grotte comme s'ils
se promenaient à leur aise dans un confortable
salon.
bâle
The Indian Queen
Henry Purcell est considéré comme le créateur de l'opéra anglais. Néanmoins,
même s'il a composé bon nombre de pièces destinées au théâtre, il n'a composé
qu'un drame lyrique à proprement parler : Dido and Aeneas. Ses autres
ouvrages ressortissent au domaine du masque, autrement dit d'extraits
instrumentaux et vocaux destinés à enrichir la représentation d'une pièce de
théâtre, les plus célèbres d'entre eux étant King Arthur et The Fairy Queen...
36
«The Indian Queen» avec Mireille Lebel, Marc Labonnette © Peter Schnetz
L'Opéra de Bâle s'attaque actuellement à
The Indian Queen, un titre beaucoup moins
connu, dont certaines parties n'ont pu être composées par Purcell lui-même; elles ont en fait
été complétées par son frère Daniel pour la
création londonienne en 1695. L'intrigue de ce
drame sanglant est fort compliquée et évoque de
loin celle de Roméo et Juliette : un prince et une
princesse, dont les pères sont ennemis jurés,
s'aiment d'amour tendre malgré l'inimitié de
leurs familles respectives. Cela se termine bien
évidemment avec le traditionnel amoncellement
de cadavres sur le plateau. Le metteur en scène
du spectacle bâlois, Joachim Schloemer, a décidé de se passer entièrement du texte parlé original et se contente d'un court scénario récrit pour
l'occasion. Il est dit par une actrice entre les
diverses séquences musicales qui constituent la
soirée et permet d'agencer celles-ci dans un
ordre presque rationnel (!) Une touriste américaine est interrogée par la police; elle raconte
son aventure extraordinaire au cours de laquelle
elle a perdu la trace de ses deux accompagnants.
a
Un soir, elle décide de faire une promenade en
brousse avec eux. Elle sent tout à coup le sol se
dérober sous elle et tombe dans une caverne où
elle est victime d'hallucinations inquiétantes
tournant autour de sacrifices humains et de
repoussants êtres reptiliens verdâtres.
Lorsqu'elle revient à elle dans sa chambre d'hôtel, elle est confrontée à des inspecteurs de police qui l'accusent d'un double meurtre. Elle se
défend bec et ongles et le spectateur ne sait finalement pas si les diverses séquences sanguinolentes jouées et dansées pendant la représentation sont les reflets des actes crapuleux d'une
dangereuse psychopathe ou si elles ne sont que
le fruit d'un rêve hallucinatoire enfanté par l'angoisse.
Visions théâtrales
Virtuosité
Sous la direction fougueuse et vivifiante de
David Cowan, l'orchestre La Cetra, formé de
membres de la célèbre Schola Cantorum bâloise, éblouit par le fini parfait et le poli orchestral
impeccable de son accompagnement; les cordes, d'une virtuosité affichée, étendent un tapis
d'une souplesse chatoyante sous les voix des
solistes alors que vents et cuivres, dans les passages festifs ou pastoraux, font oublier la difficulté d'intonation que rencontrent tous les musiciens s'aventurant dans le domaine baroque en
jouant sur des instruments anciens.
Les voix des solistes n'ont pas, quant à
elles, cette blancheur que l'on associe d'ordinaire aux reconstitutions à l'ancienne de ce répertoire; elles se permettent au contraire d'exploiter
avec intelligence un vibrato qui ajoute une prise
d'émotion au profil musical de leurs rôles en
cultivant l'expression dramatique avant la pureté sonore. Les cinq chanteurs présents sur le plateau marient ainsi avec intelligence les acquis
des connaissances actuelles sur l'interprétation
des musiques du XVIIe siècle tout en les adaptant aux habitudes d'écoute du public de notre
époque. Kim-Lillian Strebel en Orazia et
Mireille Lebel en Zempoalla font preuve d'un
instinct théâtral remarquable dans leurs airs privés ici de presque tout contexte théâtral; au lieu
de virer à la pure musique de divertissement, les
interprétations de ces deux artistes cultivent la
nuance et la couleur particulière à chaque scène
pour redonner sa vraie dimension théâtrale au
langage de Purcell. Le rôle du chamane bourru
est tenu par un Marc Labonnette aux accents
tour à tour débonnaires ou agressifs qui font
presque de ce personnage un cousin lointain du
futur Osmin mozartien dans L'Enlèvement au
Sérail. Plus pâles, Andeers J. Dahlin et Markus
Nykänen tirent néanmoins avec adresse leur
épingle du jeu avec des voix qui manquent
encore de caractère... Le chœur, par contre, se
profile comme l'interprète sensible et remarquablement précis d'un style musical qui n'est pourtant pas tous les jours à son programme.
(Représentation du 3 mai)
Si le spectacle, sous cette forme abrégée,
comporte une bonne dose d'ésotérisme qui peut
agacer, il présente une succession de visions
théâtrales du plus bel effet, le sommet étant sans
doute atteint lorsque divers doubles des héros
c
t
u
a
Eric Pousaz
l
i
t
é
o p é r a
berlin
Wagner pour
débutants
Une nouvelle tendance se dessinerait-elle chez les metteurs en scène allemands ?
En tous les cas, les deux nouvelles productions wagnériennes de ce printemps
présentent de façon linéaire et immédiatement compréhensible les intrigues
du compositeur allemand sans surcharger le décor et l'action de symboles
ésotériques.
Wagner dansé
La Staatsoper a offert à Sasha Waltz, une
des chorégraphes les plus aimées du public berlinois, l'occasion de s'attaquer à son premier
Wagner avec Tannhäuser. Connue pour ses
spectacles très physiques, l'on attendait évidemment beaucoup de sa transcription visuelle de la
fameuse Bacchanale au Venusberg qui ouvre le
premier acte. La déception a été proportionnel-
mèdes dansés qui s'avèrent au mieux inutiles, au
pire grotesques. On a ainsi droit à des pèlerins
jouant les derviches tourneurs, des chasseurs
sautillants sur place pour exprimer leur joie au
retour du poète maudit, des invités au concours
de chant qui se font des papouilles pour mettre
en pratique les définitions de l'amour chantées
par les maîtres rassemblés à l'occasion de leur
concours annuel. Pendant ce temps, les chanteurs restent plantés comme des statues sur la
Tcherniakov.
La musique, par contre, est royalement servie. Peter Seiffert reste un des meilleurs interprètes du rôle titre actuellement : la voix est
ferme, brillante, souple et ne connaît aucun
signe de fatigue jusque dans l'exténuant air final
où l'interprète ose des nuances attestant de l'état
de fraîcheur inespéré d'un timbre inoxydable.
René Pape, en Landgrave, donne une véritable
leçon de bel canto à l'allemande avec ses phrasés nobles et longs qui donnent au chant des
nuances infinies tout en permettant au chanteur
de faire un sort à chaque syllabe d'un texte restant parfaitement compréhensible. Dans sa prise
de rôle en Wolfram, Peter Mattei se hisse sans
peine au niveau de ses partenaires et aborde sa
Romance à l'étoile avec une retenue, une pudeur
et une intensité dramatique rarement entendue
ici. Maya Prudenskaya, une Vénus au chant
ensorcelant, d'une fluidité venimeuse, et Ann
Petersen, une Elisabeth radieuse à l'aigu déjà
légèrement entamé, ainsi qu'une excellente
troupe de petits maîtres complètent cette distribution presque parfaite.
A la tête d'une Staatskapelle des grands
jours, Daniel Barenboïm ne parvient pas tout à
fait à convaincre que la version de Dresde de
Tannhäuser, plus primitive et rocailleuse dans
l'instrumentation comme dans la construction
des scènes, convienne parfaitement à son style
de direction plutôt lent et soucieux d'équilibre
dans les timbres. Son approche reste cependant
d'une impressionnante cohérence dans cette partition disparate et remporte légitimement un
succès immense lorsque tous les instrumentistes
sont réunis sur le plateau pour les saluts du
final. (Représentation du 16 avril)
Parsifal comme au bon vieux
temps
«Tannhäuser» avec Peter Seiffert dans le rôle-titre © Bernd Uhlig
le aux attentes : immense! Une demi-douzaine
de danseurs presque nus se contorsionnent pendant une vingtaine de minutes à l'intérieur d'un
gigantesque œil (ou s'agirait-il d'un autre orifice
du corps humain?) sans que l'on puisse vraiment
définir à quoi jouent ces figures grotesques. S'il
s'agit-là d'une version chorégraphiée de l'acte
copulatoire, on comprend pourquoi Tannhäuser
ne pense qu'à s'échapper de ce gymnase-sauna!..
Par la suite, Sahsa Waltz enrichit chaque
séquence chantée du drame de quelques inter-
a
c
t
u
scène s'ils ne parviennent à s'intégrer aux mouvements d'ensemble réglés pour le corps de ballet, ce qui est bien sûr le plus souvent le cas. Le
chœur, presque toujours relégué au second plan,
fait, lui, de la figuration plus ou moins intelligente. Au vu des réactions plutôt froides du
public et de la presse, la chorégraphe a déjà
annoncé qu'elle repenserait entièrement sa mise
en scène pour le prochain festival pascal où cet
opus wagnérien figure au titre de nouvelle production au côté d'un Parsifal conçu par Dmitri
a
l
i
t
Dans sa nouvelle mise en scène de Parsifal
créée à la Deutsche Oper en novembre 2012,
Philip Stölzl essaie de raconter avec un maximum de précision l'histoire compliquée du
chaste fol. Pour ce faire, il se rappelle qu'il a d'abord travaillé à l'élaboration de clips vidéo pour
la TV et s'offre le luxe de peupler son décor de
tableaux vivants qui apparaissent à l'arrière-plan
pour donner à voir, par exemple, ce que
Gurnemanz est en train de raconter aux jeunes
chevaliers du temple. Cette esthétique de BD,
utilisant diverses bulles pour clarifier la progression du récit, a pourtant des limites. Chaque
apparition d'une nouvelle vision permet certainement au spectateur de se retrouver dans les
méandres du récit, mais l'attention se porte alors
é
37
o p é r a
«Parsifal» © Matthias Baus
38
sur le visuel au détriment de ce qui se joue en
fosse ou de ce qui se chante sur le plateau. Dans
un décor évoquant les naïves images pieuses
distribuées autrefois dans les cours d'école du
dimanche, l'action paraît rapportée de façon
puérile et entre en conflit avec l'atmosphère
indubitablement mystique que Wagner essaie de
mettre en place dans son univers sonore. Les
amateurs de mises en images à l'ancienne sont
donc ravis, ceux qui souhaitent aller au théâtre
pour approfondir leur connaissance du sujet restent par contre sur leur faim.
Encore une fois, la musique sauve la soirée... Axel Kober, n'oubliant jamais que l'on
n'est pas à l'église mais bien au théâtre, dirige un
Parsifal plutôt rapide; malgré quelque gros
dérapages instrumentaux dont on ne saurait le
tenir responsable puisqu'il a repris la baguette
du maître musical des lieux sans un nombre
élevé de répétitions, sa conception convainc
d'autant plus que les chanteurs se sentent à l'aise dans cette fourchette de tempos allants d'où
toute lourdeur est bannie.
La distribution est magnifique de cohérence. Le baryton rayonnant de Bo Skovhus négocie sans difficulté la tessiture meurtrière du rôle
d'Amfortas et brosse un portrait bouleversant de
ce roi déchu que la mise en scène transforme
presque en nouveau Christ. Hans-Peter König
en Gurnemanz fait montre d'une indéniable
autorité naturelle portée par un timbre à la fois
velouté et brillant, même en pleine puissance.
Le Parsifal scéniquement maladroit de Stefan
Vinke éblouit par sa voix solaire, limpide, riche
de couleurs expressives qui rendent bouleversant l'exposé de sa souffrance au début du 3e
acte. Bastian Everink en Klingsor fait montre
a
d'une noirceur de timbre idoine sans que le son
paraisse jamais engorgé. Last but not least,
Evelyn Herlitzius prête sa voix de grand soprano dramatique à une Kundry au chant conquérant et resplendissant, plus convaincante dans la
scène de séduction que dans celles de contrition
aux premier et troisième actes. Des filles-fleurs
aux mélismes musicaux ensorcelants et un
choeur qui reste parmi les meilleurs
d'Allemagne achèvent de combler un public qui
ne peut se résoudre à quitter la salle en fin de
spectacle. (Représentation du 18 avril)
Eric Pousaz
Les Contes d’Hoffmann
Reprise en avril de la mise en scène de
Thilo Reinhardt créée en 2007 au Komische
Oper. La modernité du chef-d’œuvre
d’Offenbach datant de 1881 y apparaît plus évidente que jamais.
Modernité déjà présente dans les pulsions
auto-destructrices de l’artiste Hoffmann, à la
fois causes et conséquences des inévitables
déceptions auxquelles l’expose sa propension à
projeter ses propres sentiments sur des figures
féminines. Auto-destruction, projection: la mise
en scène multiplie les allusions au cinéma et
aux films reprenant cette thématique, de Casino
à Shining. Au 2e acte, elle fait d’Olympia, la
poupée mécanique dont s’éprend Hoffmann, un
objet de désir qui n’est pas sans évoquer la
Samantha du film Her de Spike Jonze. C’est
sans forcer et avec beaucoup de naturel que
Thilo Reinhardt met en évidence le côté visionnaire d’un opéra qui semble anticiper notre
XXIe siècle d’amours virtuelles et de fantasmes
programmés. Au 3e acte, lorsque Antonia chante au péril de sa vie, l'inscription du théâtre dans
le théâtre est très réussie même si elle doit visiblement quelque chose à la mise en scène de
Robert Carsen à Bastille.
Les chanteurs-comédiens sont excellents,
manifestant toute l’aisance que confère l’appartenance à une troupe. Les voix sont belles avec
une mention particulière pour Thimoty
Richards très émouvant dans le rôle
d’Hoffmann, pour Theresa Kronthaler dans
celui de la Muse, et pour Beate Ritter qui a remplacé au pied levé la titulaire malade dans le
rôle d’Olympia: avec seulement deux répétitions, elle s’est parfaitement emparée du rôle
(en français) dont elle avait toujours rêvé, alors
que la veille elle chantait la Reine de la nuit…
Ovation du public.
Christian Bernard
«Les Contes d’Hoffmann». Photo Monika Rittershaus © Iko Freese / drama-berlin.de
c
t
u
a
l
i
t
é
o p é r a
Roméo et Juliette
John Cranko est mort à 45 ans; malgré une
carrière de chorégraphe relativement courte, il a
créé quelques ballets d'action qui ont atteint
aujourd'hui le stade de classiques dans les plus
grandes compagnies de monde. Qui ne connaît
son Onéguine, créé sur des musiques de
Tchaïkovski extraites d'autres ouvrages que de
l'opéra, ou sa Mégère apprivoisée sur des mélodies de Scarlatti ? Mais c'est avec Roméo et
Juliette de Prokofiev, un ballet créé en décembre
1962 à Stuttgart, que le chorégraphe sud-africain
devait atteindre à une notoriété mondiale. Ce ballet a été présenté sur d'innombrables scènes, et
c'est en février 2012 que le Ballet d'Etat de Berlin
a décidé de l'ajouter à son vaste répertoire.
Le ballet n'a pas pris une ride, notamment
dans les nombreux soli et duos qui permettent à
bon nombre de solistes de briller. Dans les mouvements d'ensemble, par contre, ce travail porte
son âge : les scènes de carnaval au 2e acte ou le
ballet chez les Capulet paraissent réglés de
manière curieusement exsangue, comme si
Cranko tenait absolument à se démarquer de la
grande tradition classique russe. Alors que la
musique atteint des paroxysmes de grandeur et
de puissance, les mouvements scéniques souvent
répétitifs évoquent plutôt une atmosphère intimiste. On peut imaginer que ce ballet, lorsqu'il
tombera dans le domaine public, soit un jour
retravaillé comme c'est déjà le cas des grandes
créations de Marius Petipa.
La troupe berlinoise se présente ici sous son
meilleur jour. Le corps de ballet est irréprochable
de précision, de panache et de clarté dans les
mouvements d'ensemble. Le Tybalt de Leonard
Jakovina, éblouissant de grâce aérienne forme un
'couple' parfait avec le Mercutio farceur, félin et
chargé d'adrénaline d'Alexei Orienco. Inana
Salenko, Juliette fragile et décidée à la fois,
domine de loin le Roméo plutôt réservé, presque
timide de Dinu Tamazlacaru, dont c'était, il est
vrai, la première apparition dans ce rôle lourd et
complexe.
Ce qui reste de cette soirée, c'est d'abord un
magnifique travail d'ensemble où chaque élément est à sa place. Et l'orchestre n'est pas en
reste dans l'interprétation de cette partition admirable qui n'a rien à voir avec les gentillettes mélodies de Giselle ou de Coppélia: sous la direction
énergique d'Anton Grishanin, il offre de la
musique une interprétation au poli roboratif qui
aurait été parfaitement digne de figurer au programme d'un concert symphonique.
(Représentation du 17 avril)
Eric Pousaz
a
c
t
u
opéra de mont-carlo
Ernani
Classique, la production d'Ernani proposée à l'Opéra de Monte-Carlo ? Certes,
mais assurément propre à satisfaire le public franco-italien qui s'était déplacé
pour l'occasion dans la belle salle Garnier monégasque.
Oeuvre de jeunesse de Verdi inspirée bien
entendu par la pièce de Victor Hugo – lequel
n'avait pas apprécié l'emprunt fait par le compositeur et le librettiste Francesco Maria Piave, au
point de les contraindre à un changement de
titre – Ernani n'est pas un « must » du répertoire, mais de nombreux ténors entourés par des
grands noms du moment ont un jour ou l'autre
offert une interprétation de cette victime du sens
de l'honneur version ibérique.
Ramon Vargas, dans le rôle-titre, offrait
une interprétation nuancée de cet amant malheureux au destin tragique alors même qu'il
croyait toucher aux feux de l'amour. Toutefois,
le ténor mexicain livrait une première partie
Ludovic Tézier recueillait tous les suffrages ce
qui était mérité, le baryton français s'imposant
tant par la qualité de son timbre que sa puissance vocale et une ligne de chant impeccable. Et
de l'interprétation d'Alexander Vinogradov, on
pourrait dire qu'elle se révélait paradoxale dans
la mesure où le personnage de Silva n'est guère
attachant bien au contraire, mais la basse russe
arrivait malgré tout sans peine à faire apprécier
une voix superbe, d'une élégance remarquable.
Dans une ambiance sombre quasiment en
permanence due aux lumières claires obscures
de Laurent Castaingt et un décor laissant entrevoir quelques traces de la bataille de San
Lorenzo de Paolo Uccello, Jean-Louis Grinda
«Ernani» © Opéra de Monte-Carlo
manquant d'éclat, ne faisant guère oublier son
jeu scénique peu convaincant, et ne se libérant
qu'après l'entracte.
A ses côtés, Svetla Vassilieva au jeu séduisant assurait une prestation plus émouvante que
tragique, déployant une belle gamme de couleurs au service de moyens vocaux appropriés
au rôle d'Elvira. Incontestablement, cet « autre »
Don Carlo, roi d'Espagne qu'interprétait
a
l
i
t
signe donc une mise en scène très lisible, mettant clairement en place l'affrontement entre les
amants et rivaux. Le Chœur et l'Orchestre
Philharmonique de Monte-Carlo placés sous la
direction précise de Daniele Callegari servaient
avec efficacité cette plaisante réalisation.
Frank Fredenrich
é
39
o p é r a
genève
Grand Théâtre (022/418.31.30)
s La Wally (Pido-Lievi) – 18, 20, 22,
24, 26, 28 juin
lausanne
Opéra (021.315.40.20)
s Die Lustigen Weiber von Windsor
(Beermann-Hermann) – 6, 8, 11, 13,
15 juin
zurich
Opernhaus (044.268.66.66)
s Il Ritorno d'Ulisse in patria (BoltonDecker) – 1er, 5, 7, 11, 14 juin
s Das Gespenst von Canterville
(Angelico-Hadziahmetovic) – 9, 28
juin
s Rigoletto (Luisi-Gürbaca) – 18, 21
juin
s La Fanciulla del West (ArmiliatoKosky) – 22, 25, 28 juin
s Roberto Devereux (Yurkevytch-del
Monaco) – 27 juin
s Carmen (Petrenko-Hartmann) – 29
juin
paris
40
Champs-Elysées (01.49.52.50.50)
s L'Italiana in Algeri (Norrington) –
10 juin
s La Scala di seta (Mazzola) – 13 juin
s Fidelio (Rhorer) – 15 juin
Châtelet (01.40.28.28.40)
s The King and I (Holmes-Blakeley) –
13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 24,
25, 26, 27, 28, 29 juin
Cité de la musique (01.44.84.44.84)
s Orlando (Jacobs) – 19 juin
Opéra Comique (0825.01.01.23)
s Robert le cochon et les kidnappeurs (Heisser-Grinberg) – 13, 14, 15
juin
Opéra National (08.92.90.90)
Bastille :
s La Traviata (OrenJacquot) – 2, 5, 7, 9, 12, 14,
17, 20 juin
Garnier :
s
L'Incoronazione di
Poppea
(AlessandriniWilson) – 7, 9, 11, 14, 17, 20,
22, 24, 26, 28, 30 juin
Salle Pleyel
(01.42.56.13.13)
s L'Orfeo (Rousset) – 2 juin
s La Bohème (Tingaud) – 17
juin
mulhouse
vienne
Opéra National du Rhin
(03.89.36.28.28)
s Platée (Rousset-Clément)
– 29 juin
Staatsoper
(43/1514447880)
s
Les
Contes
d'Hoffmann (Letonjanice
Serban) – 1er, 4 juin
Opéra (04.92.17.40.79)
s La Cenerentola
s Dreyfus (Pillement(Lopez-Cobos-Bechtolf) –
Benoin) – 1er, 3, 4, 5, 6 juin
2 juin
strasbourg
s Siegfried (TateOpéra National du Rhin
Bechtolff) – 5, 25 juin
(03.89.36.28.28)
s Die Zauberflöte
s Platée (Rousset-Clément)
(Trinks- Caurier/Leiser) –
– 13, 15, 17, 19, 21 juin
7, 9, 13, 17 juin
toulouse
s Götterdämmerung
Théâtre du Capitole
(Tate-Bechtolff) – 8, 29
(05.61.63.13.13)
Joseph Calleja sera le Comte de Leicester dans «Maria
juin
s Daphné (HaenchenStuarda» au Deutsche Oper de Berlin
s Das Rheingold (TateKinmonth) – 15, 19, 22, 25,
Bechtolf) – 19 juin
29 juin
s Les Contes d'Hoffmann
(Cambreling-Marthaler) - 3, 6, 9, 12, s Die Walküre (Tate-Bechtolf) – 22
juin
amsterdam
15, 18, 21 juin
De nederlandse Opera
s I Vespri siciliani (Conlon) – 11, 14, Tosca (Auguin-Wallmann) – 23, 27 juin
Theater an der Wien (43/15.88.85)
(31.20.62.55.456)
17 juin
s Cosi fan tutte (Cambreling-Haneke)
s Falstaff (Gatti-Carsen) – 7, 10, 12,
– 2, 4, 5 juin
16, 19, 22, 28, 30 juin
londres
bruxelles
La Monnaie (32/70.23.39.39)
s Fidelio (Rhorer) – 11, 12 juin
s Orphée et Eurydice (NiquetCastellucci) - 17, 18, 20, 22, 24, 25,
27, 29 juin
barcelone
Liceu (34.934.85.99.13)
s Die Walküre (Pons-Carsen) – 3 juin
s Il Prigioniero/Suor Angelica (PonsPasqual) – 22, 25, 27 juin
madrid
Teatro Real (34/90.224.48.48)
bologne
Teatro Communale (39/051.617.42.99)
s Cosi fan tutte (Mariotti-Martone) –
6, 8, 10, 12, 15, 17 juin
milan
Teatro alla scala
(39/02.720.03.744)
s Elektra (Salonen-Chéreau) – 3,
6, 10 juin
s Cosi fan tutte (BarenboimGuth) – 19, 21, 24, 27, 30 juin
rome
Teatro dell’opera
(39/06.48.16.02.55)
s Carmen (Villaume-Sagi) – 19,
20, 21, 22, 24, 25, 26, 27, 28 juin
turin
Teatro Regio
(39/011.881.52.41)
s The Rake's progress (NosedaMcVicar) -10, 13, 15, 18, 22 juin
s
Die
Lustige
Witwe
(Campestrini-deAna) – 27, 28, 29
juin
lyon
Opéra National
(08.26.30.53.25)
s Simon Boccanegra
(Rustioni-Bösch) – 7, 9, 11,
13, 15, 17, 22 juin
marseille
Opéra (04.91.55.11.10)
s La Traviata (Foster-Auphan)
– 17, 18, 19, 20, 21, 22 juin
ROH (0044/207.304.4000)
s Tosca (Caetani-Kent) – 3, 16, 19,
21, 26 juin
s Dialogue des Carmélites (RattleCarsen) – 2, 4, 7, 9, 11 juin
s Manon Lescaut (Pappano-Kent) –
17, 20, 24, 28 juin
s Ariadne auf Naxos (Pappano-Loy) –
25, 30 juin
venise
Maria Agresta participera aux représentations de
«Suor Angelica» au Liceu de Barcelone
a
c
t
Teatro La Fenice (39/041.24.24)
s The Rake's progress (MatheuzMichielotto) – 27, 29 juin
u
a
l
berlin
Deutsche Oper (49/30.343.84.343)
s Billy Budd (Runnicles-Alden) – 3, 6
juin
s La Damnation de Faust (RunniclesSpuck) – 1er juin
s Don Giovanni (Layer-Schwab) – 8
juin
s Maria Stuarda (Arrivabeni) - 4, 7
juin
s Werther (Runnicles) – 16, 19 jui
Staatsoper (49/30.20.35.45.55)
s Tosca (Ranzani-Riha) – 1er juin
s Aufstieg und Fall der Stadt
Mahagonny (Marshall-Boussard) – 6,
8, 12, 15, 20, 25 juin
s Il Triomfo del tempo e del disinganno (Minkowski-Flimm) – 7, 9, 11
juin
s Lohengrin (Rovetta-Kerkkhof) – 14,
16, 18, 19, 21, juin
s Macbeth (Coleman-Flimm) – 21, 25,
28, 30 juin
s Neither (Roth-Mitchell) – 22, 24, 27,
29 juin
s The Fairy queen (Boder-Guth) – 23,
26, 28 juin
Komische Oper (49/30.47.99.74.00)
s La Traviata (Barbacini-Neuenfels) 1er, 13 juin
s Cosi fan tutte (Nanasi-Hermanis) –
23 juin
s Die Soldaten (Feltz-Bieito) – 15, 20,
25 juin
sCastor et Pollux (Curnin-Kosky) – 6
juin
s Le Nozze di Figaro (VestmannKosky) - 8, 13 juin
i
t
é
g r a n d
t h é â t r e
saison 2014-2015
« Porgy and Bess »
Les 13, 14, 15, 16, 18, 19, 20, 21, 23, 24 février 2015 à 19h30
& les 15, 22 février 2015 à 15h00
Photo William Barkhymer
g r a n d
t h é â t r e
saison 2014/2015 au grand théâtre
La saison des grands
chambardements
Le Grand Théâtre de Genève se dirige vers une période de turbulences. Ce ne
sont bien sûr pas des problèmes de nature artistique qui assombrissent l'avenir
proche du théâtre, mais la rénovation de la maison mère oblige les responsables
de la programmation, qui fixent généralement leurs priorités trois ou quatre
ans à l'avance, à tenir compte de paramètres qu'ils ne maîtrisent pas encore
complètement à l'heure actuelle... interview de M. Tobias Richter, Directeur
42
A première vue, la saison qui va s'ouvrir cette
automne, la dernière dans le bâtiment de la
Place de Neuve avant les transformations prévues qui s'étaleront sur deux ans, paraît plus
légère que de coutume. Au lieu des huit productions lyriques traditionnellement mises à l'affiche, l'institution n'affichera que six spectacles
montés sur place et complètera son offre par un
grand concert choral donné au Victoria Hall et
une série de représentations de Porgy and Bess
de Gershwin que donnera un théâtre new-yorkais dans le cadre d'une tournée européenne.
Questionné sur cette apparente baisse de régime
dans la production, le directeur du Grand
Théâtre met avec élégance les points sur les 'i'
Tobias Richter : Nous offrirons, il est vrai,
deux spectacles en propre de moins en cours de
saison prochaine. Les raisons de ce ralentissement dans le rythme de production de la maison
sont multiples. Il y a d'abord eu le problème
posé par le déménagement dans un théâtre provisoire. Les travaux auraient dû, dans un premier temps, débuter en février 2015 déjà. C'est
pourquoi nous avons opté pour un accueil de
théâtre en tournée et un concert au Victoria Hall
avant d'entrer dans nos nouveaux murs provisoires pour les trois dernières créations 'maison'
de la saison prochaine. Pour diverses raisons, ce
déménagement a été retardé jusqu'à l'été et c'est
pourquoi nous resterons en nos murs jusqu'à
l'été 2015.
Cela a-t-il impliqué des changements
importants dans l'agenda de ces productions ?
Non, car il s'agit dans les trois cas de nouveaux
spectacles conçus spécialement pour Genève,
au contraire des deux titres qui vont ouvrir la
saison 2014-2015.
Vous faisiez allusion à d'autres causes
e
expliquant la structure allégée du prochain
hiver lyrique genevois..
Oui. Il était important pour nous de savoir dans
quelle mesure la production actuelle de
L'Anneau du Nibelung allait influencer notre
budget pour l'année suivante. Nous ne pouvons
et ne voulons pas engager l'argent qu'on nous
confie sans nous assurer de l'exploitation maximale et rationnelle des ressources mises à
disposition. Nous avons donc joué la carte de la
prudence. Et puis, il ne faut pas oublier l'énorme travail que représente, pour toutes les équipes du théâtre, ce déménagement d'une durée de
deux ans dans une structure dont nous ne
connaissons pas encore tous les avantages ou
les limites! Dans ces conditions, il eût été téméraire de vouloir trop étreindre...
Plus généralement, comment concevez-vous alors une nouvelle saison ?
Il faut d'abord tenir compte de l'historie du théâtre. Qu'est-ce qu'il est important de représenter
maintenant sur notre scène ? Qu'est-ce qui n'a
pas été donné depuis (trop) longtemps ? Il faut
ensuite respecter les diverses époques et les
diverses écoles lyriques du répertoire.
Théoriquement, j'ai besoin chaque année d'au
moins un titre français, un italien, un allemand
et un slave. Et puis, il y a le répertoire baroque,
le grand répertoire romantique, les ouvrages
essentiels du XXe siècle, la création. Je ne peux
bien sûr chaque année tenir compte de tous ces
paramètres, mais je tente sur plusieurs saisons
de faire la part des choses.
Vous arrive-t- il de programmer un
titre parce que vous savez qu'un chanteur,
un metteur en scène ou un chef est disponible
à l'époque de sa programmation ?
Je ne peux répondre par un oui ou un non francs
à cette question, car il y a trop d'éléments divers
n
t
r
e
qui entrent en considération. Disons que j'aime
retrouver, dans la mesure du possible, ce qui fait
la richesse des théâtres de troupe avec un grand
répertoire comme ils existent encore en
Allemagne parce qu'ils offrent la possibilité
d'engager sur plusieurs années un artiste dont le
public peut suivre l'évolution. Ainsi le public
genevois a-t-il eu l'occasion de voir plusieurs
spectacles de Robert Carsen, parce que j'estime
capital de montrer les différentes facettes d'un
art de la mise en scène qui compte parmi les
plus fascinants de l'époque actuelle. Il en ira de
même pour le travail d'un Laurent Pelly dont le
public genevois retrouvera plusieurs fois le nom
au cours des prochaines saisons. Et il en va
aussi de même pour les chanteurs, quand les
choses s'arrangent comme je le souhaite. Ainsi
je suis très content de pouvoir faire entendre
une Jennifer Larmore dans le rôle titre de la
Medea de Cherubini après le franc succès remporté par sa Lady Macbeth dans l'ouvrage de
Verdi il y a deux ans.
Justement, Medea... Pourquoi avoir
choisi la version italienne alors qu'il existe
une version autographe de cet ouvrage en
français ?
Le metteur en scène, le chef et moi-même avons
longuement hésité avant de trancher en faveur
de la version italienne. Ce qui me gêne dans l'original français, c'est l'importance des dialogues, qui me paraissent beaucoup moins intéressants que la musique qui s'y rattache. La version
italienne, plus homogène, plus concise même,
suit le drame de plus près et ne relâche jamais
son emprise sur le spectateur, au contraire de ce
qui se passe lorsqu'on choisit de donner les dialogues français qui ne sont pas tombés de la
plume d'un grand écrivain, il faut le reconnaître
sincèrement!...
Que ferez-vous alors des dialogues,
jugés souvent simplistes à l'excès, du chefd'œuvre musical qu'est le Fidelio de
Beethoven que vous avez programmé en fin
de saison ?
La question se pose en termes différents dans ce
cas, car le compositeur n'a jamais imaginé une
version sans dialogues. Et je ne m'imagine pas
me substituer à Beethoven! Donc, dialogues il y
aura. Mais sous quelle forme ? Je ne puis encore vous le dire encore. Ils seront probablement
abrégés... Dans tous les cas, je m'opposerais fortement à toute suppression car les morceaux
musicaux, alignés sans transition parlée, ne forment pas un tout dramatique satisfaisant. De
même, je ne sais pas encore comment se fera la
transition entre les deux tableaux du 2e acte
t
i
e
n
(une certaine habitude interprétative, souvent
contestée d'ailleurs, veut qu'on insère à ce
moment l'ouverture dite Leonore III) mais c'est
de toute façon le compositeur, et lui seul, qui
aura le dernier mot.
Vous avez confié la mise en scène
d'Iphigénie en Tauride à un metteur en scène
de théâtre. S'agit-il pour vous de mettre
avant tout l'accent sur le potentiel dramatique d'un tel ouvrage ?
En effet, les ouvrages de Gluck tendent à une
fusion complète de tous les arts scéniques ;
chant, orchestre, théâtre, mouvements scéniques, décors... Il m'importe de trouver quelqu'un qui se sente à l'aise dans tous ces registres. Lukas Hemleb est à l'origine de brillantes
réussites tant sur les planches de théâtres (il a
notamment signé la mise en scène de spectacles
présentés au Théâtre de Vidy à Lausanne) que
dans les maisons d'opéra (son nouveau
Lohengrin à Madrid a suscité l'enthousiasme du
public et de la critique...). Sans préjuger bien
sûr de son travail ici à Genève, je pense qu'il est
à même de relever un défi aussi complexe, et
ses propositions scéniques ne peuvent qu'intéresser des spectateurs qui n'ont pas encore eu la
possibilité de faire la connaissance de son travail dans le domaine de l'opéra.
g r a n d
t h é â t r e
Laurent Pelly vient présenter sa vison
de la Grande-Duchesse de Gérolstein
d'Offenbach, un spectacle qui a connu un
grand succès à Paris et a même fait l'objet
d'une captation télévisuelle publiée en DVD.
Que peut-on attendre de cette reprise genevoise ?
quelque chose de neuf. C'est alors que s'est
imposée, progressivement, l'idée d'un spectacle
sur Tristan und Isolde chorégraphié sur des
musiques de Wagner. D'abord cela permettra de
terminer sur un point d'orgue cette “orgie“ de
spectacles wagnériens qu'a constitué le montage
d'un Ring complet en une année et demie. Et
surtout, l'univers wagnérien apparaîtra ici sous
un jour entièrement différent, plus intimiste,
aimerais-je dire. Sous le titre Salue pour moi le
monde!, qui est une citation tirée du drame de
Wagner, il s'agira non seulement de présenter
des extraits musicaux de versions originales en
grand effectif instrumental et vocal, mais également d'introduire diverses transcriptions pour
piano ou petit ensemble. Le sujet tournera
autour du couple, comme dans Roméo et
Juliette, mais l'angle choisi sera peut-être plus
austère, car toute composante humoristique est
absente de l'opéra allemand alors que le sujet de
Roméo comprend plusieurs passages franchement humoristiques, par exemple.
Notez qu'il m'est difficile d'en dire plus pour
l'instant car au stade actuel de la création de ce
nouveau ballet, les lignes de force de ce spectacle ne sont pas encore bien définies. Disons que
nous tendons vers une opposition entre l'univers
de la nuit, propice à la fusion qui sous-tend tout
amour absolu, et celui du jour qui, avec sa
lumière, s'avère toujours destructeur de la vraie
passion profonde. Pour rendre plus clair mon
propos, pensez à la torche qu'Isolde, dans l'opéra, tient tellement à éteindre pour retrouver
Tristan dans une obscurité qu'elle ressent
comme infiniment complice... Notre but, en l'état actuel, serait donc de proposer une création
chorégraphique d'une heure et demie à deux
heures qui ne s'accompagnerait pas forcément
d'un synopsis dans le programme. Connaissant
le thème général, le public devrait être en état de
suivre le déroulement du ballet sans qu'on l'oblige à voir à tel ou tel moment la correspondance
chorégraphiée d'une péripétie précise du drame.
On rêve en quelque sorte d'un public qui serait
coauteur de ce qu'il voit sur le plateau!...
Les décors originaux ont été détruits et c'est
bien un nouveau spectacle que présentera
Laurent Pelly au Grand Théâtre. Je lui ai laissé
toute latitude de faire les changements qu'il
jugera nécessaires même si je pense que la réussite exceptionnelle de sa version parisienne va
laisser des traces et que l'on retrouvera avec
plaisir certaines des trouvailles scéniques qui
ont fait la joie du public d'alors. Pour l'instant,
tout est ouvert...
Les deux autres reprises de spectacles
conçus à l'étranger seront par contre fidèles
à l'esprit de leur création, j'imagine...
Rigoletto est une coproduction que nous avons
signée avec les théâtres d'Aix-en-Provence,
Strasbourg, Bruxelles et Moscou, entre autres.
Donc il s'agira bien d'une réplique fidèle de original découvert au Festival d'Aix en été 2012. Il
en ira de même pour la mise en scène d'Eugène
Onéguine que Carsen a signée pour le
Metropolitan Opéra en 1997 déjà. Mais dans ce
cas, il ne s'agit pas d'une vraie coproduction,
plutôt d'une location d'un spectacle complètement monté et abouti. Le metteur en
scène se sent pourtant dans ce cas plus
libre d'adapter son spectacle à la distribution dont il disposera ici puisque le théâtre
new-yorkais a déjà remplacé cette mise en
scène par une autre...
Vous aimez répéter que, pour
vous, une saison ne se conçoit pas sans
création...
L'an prochain, notre grande création sera
chorégraphique, non lyrique. Mais pour en
parler, je passe la parole à mon adjoint, M.
Daniel Dollé, qui est le dramaturge et
conseiller artistique de la maison et qui a
suivi ce projet de près depuis ses premiers
balbutiements.
M. Dollé : L'idée, avec ce spectacle, était
d'abord de permettre à Joëlle Bouvier de
poursui-vre sa réflexion sur le couple entamée avec sa version chorégraphiée du
Roméo et Juliette de Prokofiev. Nous
avions d'abord songé à Eugène Onéguine
ou à la Dame aux Camélias, mais de
grands chorégraphes du XXe siècle se sont
déjà attelés avec succès à ces sujets et il
nous paraissait plus important de créer
Tobias Richter
e
n
t
r
e
t
i
e
On le voit : même pour cette dernière saison dans ses murs, forcément placée par les circonstances sous le signe de l'incertitude, l'équipe du Grand Théâtre ne baisse pas les bras et
s'ingénie à proposer une série de manifestations
qui ne devraient pas mettre au repos forcé les
cellules grises de ses abonnés et autres spectateurs fidèles !...
Propos recueillis par Eric Pousaz
n
43
g r a n d
t h é â t r e
à l'affiche du grand théâtre
Un nouveau Rigoletto de
Carsen ... ou de Verdi ?
Depuis quelques décennies, les metteurs en scène d'opéra ne se contentent plus
d'illustrer un livret d'opéra pour le faire vivre sur un plateau de théâtre avec
un maximum de détails réalistes mais prétendent au contraire en proposer une
interprétation. Aussi parle-t-on facilement du Tristan d'Olivier Py, du Pelléas
de Bob Wilson ou de la Traviata de Dmitri Tcherniakov, comme si les noms des
metteurs en scène devenaient plus importants pour désigner un spectacle que
celui du compositeur de sa musique. irréversible, le mouvement gagne chaque
jour du terrain, au point qu'on a pu reprocher à une réalisation scénique
genevoise récente de rester trop proche des didascalies du livret...
44
Rigoletto n'a pas échappé à cette tendance,
depuis que Jonathan Miller à Londres et JeanClaude Auvray à Bâle ont fait joué son intrigue
dans le quartier italien de Chicago, transformant
par là-même le duc de Mantoue en chef maffieux
prompt à satisfaire toutes ses lubies sexuelles.
L'an passé, à Aix-en-Provence, Robert Carsen a
été encore plus loin en transformant l'action de
Rigoletto en clown triste
Le personnage du bouffon trouve idéalement son pendant aujourd'hui dans l'univers du
cirque, dont il est et restera toujours, sous l'habit
de clown, un acteur essentiel. Mais que faire du
Duc ? ou de la pure Gilda ? Robert Carsen ne
s'embarrasse pas de scrupules liés à un rendu
réaliste d'une l'action qui,
dans l'original de Victor
Hugo, demande aussi du
spectateur une propension
évidente à la rêverie. Ainsi, au
lieu de chercher à dépeindre,
par exemple, la pauvre
demeure où Gilda vit cachée
sur les ordres impératifs de
son père, le metteur en scène
canadien imagine une jeune
femme membre de la troupe
du cirque qui, visiblement
gênée par ce style de vie exhibitionniste, se réfugie dans un
monde de rêve dont elle définit elle-même les lois. Les
«Rigoletto» au Festival Aix-en-Provence © PBerger Artcomart
artistes qui œuvrent chaque
Rigoletto en représentation de cirque donnée soir pour distraire un public avide de sensations
sous un chapiteau. Le réalisme est banni au pro- fortes restent ainsi étrangers à son univers consfit d'une transcription onirique de la meilleure truit sur mesure pour satisfaire ses besoins
veine qui, pourtant, fera grincer les dents aux tra- empreints d'idéalisme. Mais un jour, elle tombe
ditionnalistes pour qui les intentions de l'auteur en arrêt devant un jeune homme qu'elle prend
d'un livret d'opéra restent une bible. Et c'est pré- pour un spectateur insignifiant (l'étudiant pauvre
cisément avec cette réalisation, donnée en copro- du li-vret) et dont elle tombe aussitôt éperdument
duction avec l'Opéra du Rhin à Strasbourg, le amoureuse. Dans son monde onirique, tout n'estThéâtre de la Monnaie à Bruxelles et le Théâtre il pas possible à une jeune âme sensible que la vie
Bolchoï de Moscou, que le Grand Théâtre de a jusqu'ici épargnée ? La suite se déroule ensuite
Genève va ouvrir sa prochaine saison.
sur le schéma connu, et la mise en scène n'a plus
a
c
t
u
a
besoin de faire violence à la succession d'événements prévus dans le livret original.
Mais le metteur en scène ne s'arrête pas en si
bon chemin. Il essaie en effet de trouver systématiquement des correspondances visuelles aux
messages qu'envoie la musique de Verdi. Pour ce
faire, il ne puise pas dans le répertoire de l'imagerie traditionnelle mais cherche dans l'univers
du cirque ce qui lui permettrait de faire écho au
langage lyrique. Gilda confie-t-elle à la nuit les
émois provoqués par son amour naissant en une
cascade virtuose de notes aigües d'une extrême
difficulté d'interprétation ? Robert Carsen fait
alors apparaître une danseuse qui s'enroule dans
un long tissu soyeux tombant des cintres pour
planer à une hauteur vertigineuse faisant courir le
frisson dans le dos du spectateur à la fois effrayé
et ébloui. Le Duc se précipite-t-il sans plus
demander son reste dans la chambre où l'attend la
jeune fille que ses courtisans viennent d'enlever?
Le jeune homme voyou sur l'identité duquel
Gilda se méprend se livre alors, tel un streaker
moderne, à un strip-tease rapide, incongru et provocant que souligne la musique haletante prévue
par le compositeur pour accompagner sa sortie
hâtive... Et ainsi de suite jusqu'à la dernière
image, inoubliable, où la mort de Gilda est transcrite visuellement de fulgurante façon.
La question initiale reste pourtant posée :
jusqu’à quel point un metteur en scène peut-il
s'arroger de telles libertés avec le livret de l'opéra qu'on lui confie ? La réponse dépend bien
entendu de la propension de chacun à se laisser
surprendre et à s'ouvrir à des propositions scéniques nouvelles. Pourtant, si l'on admet une fois
pour toutes que l'opéra n'a jamais été un art aux
prétentions réalistes, il semble difficile de refuser
aux artistes de la scène actuelle le droit de coller
sur une musique dramatique connue des images
issues de leur monde imaginaire qui collent à la
réalité de notre quotidien. Il serait plutôt légitime
de juger une telle entreprise sur l'adéquation que
le spectateur peut établit entre ce que la musique
lui suggère et ce qu'il ressent en assistant à la
représentation.
A la fois novatrice dans son cheminement et
esthétiquement superbe dans sa réalisation, cette
production de Rigoletto devrait permettre d'alimenter intelligemment une discussion qui n'est
pas prêt de s'éteindre...
Eric Pousaz
Rigoletto est à l'affiche du Grand Théâtre les 3, 6, 8, 9,
10, 12, 14 & 16 septembre
Billets: Dès le 1er septembre 2014 à 10h
l
i
t
é
g r a n d
t h é â t r e
productions étaient plus parcimonieuses, mais
plus soignées aussi. On prenait plus de temps
pour répéter.
michael nagy au grand théâtre de genève
Eugène Onéguine
très attendu !
Paysages intérieurs
Un chanteur d'origine hongroise pour le rôle-titre d'un ouvrage russe destiné à
un public romand, sans parler d'une distribution internationale, voilà des
soirées genevoises qui se profilent pluriculturelles.
Né en 1976 d'une famille hongroise établie
en Allemagne, Michael Nagy était un chérubin
très réservé ! Pour le socialiser, ses parents l'ont
inscrit à des cours de chant pour enfants, et il a
intégré le chœur des Stuttgarter HymnusChorknaben. Adolescent, sa voix ayant mué, il
a donné moins de place à la musique, sans l'oublier totalement. Jeune adulte, et après une
période d'hésitation - il avait songé à entreprendre des études de médecine - Michael Nagy s'est
présenté à des examens d'admission au
Conservatoire de musique. Après les avoir réussis, son choix était fait : il ne quitterait jamais ce
milieu ! Parmi ses professeurs, se trouve le
maestro et pédagogue Helmuth Rilling, qui l'a
encouragé à développer ses qualités de baryton.
Son portrait musical
par Simon Rattle et publiée en 2013.
En compagnie de Juliane Ruf, pianiste, il
donne aussi des récitals. Le Lied lui offre une
sorte de contrepoint à son activité opératique.
Cette dimension plus intimiste lui permet une
maturation plus personnelle, un enrichissement
de ses potentialités musicales. L'aspect de
confession, inhérent au genre, contribue sans
doute à expliquer la précision de diction manifestée sur des scènes plus larges. N'étant donc
pas qu'un simple à-côté, ce type de production
lui a permis, en 2004, de gagner le prix de
l'Académie Hugo Wolf, à Stuttgart.
S'il s'intéresse à l'enregistrement, le chanteur ne se formalise pas trop des difficultés du
marché du disque. Selon lui, le commerce du
CD avait connu une inflation. Il faut retrouver
l'esprit des années 50 / début 60. A l'époque, les
Le public apprécie sa voix
puissante, qui sait aussi se parer
de douceur; souvent aussi, dans
un registre plus léger, elle s'affirme plus bondissante. Le sens
de la couleur, manifesté par l'interprète, met tous les critiques
d'accord !
Après des débuts à l'Opéra
comique de Berlin, l'artiste s'engage dans un répertoire plus
imposant
:
Puccini,
Tchaïkovsky, Wagner, ... En
2011, la presse allemande l'a
qualifié de «Tannhäuser
Miracle de Bayreuth» ! Son
interprétation
des
Wunderhornlieder, fin 2013,
avec l'Orchestre de la Radio
Bavaroise, a été saluée. Pour
autant, il n'abandonne pas un
répertoire plus délicat : le baryton a été un Papageno tout en
aisance, avec sa voix pleine et
saine, d'une version conduite
a
c
t
Personnalité très intuitive, Michael Nagy
entre en résonance avec les lieux. Pour lui, lors
d'une représentation, il y a un esprit, un souffle,
qui va et vient entre le chanteur et son public.
Chaque espace définit un sentiment différent
qu'il appartient au chanteur de capter. Même si
la partition a été rédigée il y a un, deux, ou trois
siècles, les notes véhiculent un message qui doit
parler encore aujourd'hui. Le chanteur est un
médiateur. Pour ce musicien, l'opéra, pour se
perpétuer, nécessite d'être vécu par tous, intensément. C'est une expérience véritable dans une
salle ! Certes le multimédia peut assurer une
visibilité au genre, mais cela ne remplacera
jamais l'émotion ressentie, partagée... La tradition a pour but de protéger les interprétations
d'excès d'innovation auxquels ont recours certains pour se faire remarquer; mais il faut aussi
toujours avoir à l'esprit que cette musique doit
vivre: les chanteurs, ne doivent pas être des statues de cire égarées de quelque musée !
Pierre Jaquet
Tchaïkovsky: Eugène Onéguine. Chanté en russe avec
surtitres anglais et français. Reprise de la production du
Metropolitan Opera de New
York
Orchestre de la Suisse
Romande. Chœur du Grand
Théâtre de Genève.
Direction Michail Jurowski
Du 9 au 19 octobre 2014
Billets: Dès le 1er septembre
2014 à 10h
Conférence de présentation
par Mathilde Reichler en
collaboration
avec
l'Association genevoise des
Amis de l'Opéra et du
Ballet, mercredi 8 octobre
2014 à 18h15
Diffusion sur Espace 2,
samedi 22 novembre 2014 à
20h
Michael Nagy, photo Autogramm
u
a
l
i
t
é
45
g r a n d
t h é â t r e
saison 2014/2015 au grand théâtre
Onéguine d'importation
new-yorkaise
Déjà présent avec Rigoletto en début de saison, Robert Carsen signe encore à
Genève la reprise de son Eugène Onéguine new-yorkais présenté pour la
première fois au Met en 1997.
46
Cette production diffère entièrement de
l'approche traditionnelle de ce titre, dans la
mesure où le décor et la mise en scène se
concentrent sur l'essentiel et refusent toute
concession au 'grand' opéra. Ainsi, on attendra en vain les spectaculaires intermèdes
chorégraphiques avec grandes robes et fracs
impeccablement coupés; de même, la maison campagnarde de Mme Larina paraîtra
bien vide sans sa pittoresque foule de paysans et de serviteurs endimanchés.
Le plateau reste pour ainsi dire vide
pendant tout le spectacle. Seuls quelques
éléments concentrent l'attention du spectateur sur ce qui est porteur de sens. Mais la
beauté abstraite des déplacements des protagonistes sur l'immense plateau dépouillé de
toute fioriture décorative inutile a quelque
chose d'inoubliable : comment rester insensible, par exemple, à ce parterre de feuilles
mortes jonchant le sol pendant tout le pre-
Eric Pousaz
Eugène Onéguine est à l'affiche du Grand Théâtre
les 9, 11, 13, 15, 17 et 19 octobre
Billets : Dès le 1er septembre 2014 à 10h
Irina Shishkova (Olga)
Edgaras Montvidas (Lenski) © Rokas Darulis
a
mier acte pour annoncer de pénétrante façon le
flétrissement des espérances d'une Tatiana encore bien innocente ? Les hautes parois blanches et
vides qui délimitent l'espace mettent d'abord en
évidence la solitude des protagonistes, enfermés
dans leurs illusions et condamnés à passer l'un à
côté de l'autre sans se rencontrer vraiment jusqu'à
la dramatique déchirure du dernier tableau; quant
aux accessoires et costumes, qui se situent, eux,
dans la grande tradition de l'opéra romantique à
la russe, ils soulignent par leur formalisme glacial les codes assassins d'un monde où la vérité et
la spontanéité n'ont pas leur place. La vie sociale
est ici essentiellement fonction de la forme
et n'a que faire d'émotions dérangeantes qui
incitent à la rébellion, comme le prouve l'échec de Tatiana qui écrit pendant une nuit de
folie sa déclaration d'amour enflammée à
Onéguine. Son acte mal compris va, par
ricochets, entraîner la mort de Lenski et son
propre malheur, sans parler de celui de sa
sœur.
Dans ce spectacle d'une austérité calculée, Robert Carsen atteint au sublime avec
des moyens d'une simplicité rare qui mettent
à nu les vrais enjeux du drame; qu'importe,
en conséquence, si le prix à payer est une
certaine monotonie visuelle ?
Maija Kovaleska (Tatiana), photo Polina Viljun
c
t
u
Vitalij Kowaljow (Prince Grémine)
a
l
i
t
é
g r a n d
t h é â t r e
au grand théâtre : entretien avec agathe mélinand
Nouvelle Grande
Duchessse
Agathe Mélinand est la dramaturge de la Grande Duchesse de Géroldstein mise
en scène par son fidèle complice, Laurent Pelly, programmée pour l’hiver de la
prochaine saison du Grand Théâtre. Elle explique sa conception et son
intervention dans cet opéra-bouffe d’Offenbach.
Ce n’est pas exactement votre premier travail au Grand Théâtre de Genève.
Pouvez-vous nous le rappeler ?
Nous avions fait, avec Laurent Pelly, Orfée aux
Enfers pour l’ouverture du Bâtiment des Forces
Motrices. C’était même le tout premier opéra
que nous réalisions, il y a une quinzaine d’années. Cela nous avait mis le pied à l’étrier, pour
les ouvrages lyriques et pour Offenbach. Nous
avions aussi présenté au Grand Théâtre Platée
de Rameau, repris de la production donnée à
l’Opéra de Paris.
Offenbach semble une de vos spécialités. Vous en avez conçus combien ?
Onze, très exactement ! En comptant aussi les
petits opéras en un acte, comme Chou fleuri ou
l’Ile de Tulipatan, que j’adore, ou cette grande
machine que sont les Contes d’Hoffmann.
Offenbach est un compositeur qui nous est proche à Laurent Pelly et à moi.
Pour la Grande Duchesse, peut-on
parler d’une reprise de votre production
donnée en 2004 au Châtelet parisien ?
En réalité, il va s’agir d’une récréation. Dans la
mesure où le décor et les costumes de la production du Châtelet ont été détruits. Il ne nous reste
plus de cette production que le dévédé, et le livret tel que je l’avais écrit. Heureusement ! Cela
va donc totalement constituer une autre réalisation pour le Grand Théâtre ; le décor va être
reconstruit, les costumes vont être refaits…
C’est vraiment une nouvelle production, et non
pas une reprise.
il y aura-t-il aussi des changements
dans votre approche de l’œuvre ?
Au stade où nous parlons, je ne peux encore
préciser lesquels. Car il faut tenir compte des
interprètes et des répétitions de six à sept semaines qui précèderont le spectacle. De toute façon,
il y aura forcément des changements. En revanche, l’approche dramaturgique et rêveuse du
spectacle restera du même ordre, avec beaucoup
e
n
t
r
de similitudes. Cet univers que Laurent Pelly
avait créé, dans cette espèce de monde fou,
demeurera. Car tout est fou dans cette œuvre, et
les personnages principaux eux-mêmes, à commencer par le rôle-titre. On remarque par exemple que cette dernière ne porte pas de nom ; elle
a seulement une fonction, qu’elle ne remplit pas
d’ailleurs. C’est une femme tyrannique, vieillissante et vierge. Déjà tout un programme !
Vous reconnaissez-vous dans ce personnage ? Pourriez-vous dire, à l’instar de
Flaubert pour Madame Bovary : la Grande
Duchesse, c’est moi ?
Non (rires). Et heureusement, on ne fait pas la
guerre pour me désennuyer ! Le livret original,
pour les dialogues parlés, est énorme. Si on le
jouait entièrement, le spectacle ferait bien une
soirée de quatre heures… Mon premier travail
est donc d’élaguer, de couper, et puis aussi d’essayer de m’amuser avec le personnage ; en
pointant sa solitude, sa tyrannie, son côté ogresse, son alcoolisme aussi, et son aspect totalement obsédé par le sexe. Faire ainsi un personnage démesuré et malgré tout touchant, et –
hélas il faut le dire ! – un peu bête.
Donc ce n’est pas vous !... Mais votre
travail de dramaturge, pourrait-il se résumer à une conception générale associée à la
réécriture du livret ?
Mon travail avec Laurent Pelly est de lui fournir le matériel qui va lui permettre de rêver, de
lui donner matière à jouer. Et aussi de lui laisser
les mains libres… C’est à la fois une conception
commune, et la liberté laissée à l’autre. Avec
Laurent Pelly, il faut savoir aussi écrire les choses les plus impossibles à réaliser, car il excelle
dans l’impossibilité.
Vous ne touchez pas au texte chanté,
mais vous réécrivez les passages parlés du
livret. Restez-vous toutefois fidèle aux librettistes ? Ou transposez-vous, actualisezvous ?
e
t
i
e
Agathe Mélinand © Polo Garat Odessa
Non. Car mon adaptation correspond tout d’abord à une demande. Ce n’est pas moi qui décide du haut de mon olympe que j’ai plus de talent
que Meilhac et Halévy. Le deuxième motif de
cette adaptation, c’est comme je vous disais la
longueur des livrets, devenue impossible pour
un spectateur d’aujourd’hui. La troisième raison
est de rendre ces livrets plus faciles et efficaces
pour les chanteurs. Après, une grosse partie de
mon intervention est aussi de faire jouer les
interprètes. Donc, j’essaye d’éviter l’actualisation, parce que je pense que ce n’est pas toujours heureux. Finalement, je tente d’être le plus
fidèle possible à ceux qui ont écrit le livret d’origine, de me mettre dans leur tête d’une certaine façon. Dans le cas de la Duchesse, il y a par
exemple une association, entre les dialogues
parlés d’origine et ceux que j’ai réécrits. Mais le
tout reste, surtout, drôle.
Pouvez-vous nous livrer les grandes
lignes de l’action ?
Nous ne sommes pas au XIXe siècle, mais plutôt dans un monde imaginaire. Le duché de
Géroldstein reste un petit royaume perdu, on ne
sait où, au milieu de l’univers. C’est un mélange de conspirations et de délires. Avec une
action complètement dingue, et une souveraine
tout autant. Une folle, assumée qui plus est !
Est-ce qu’il y a une morale à tout ça ?
Difficile à dire. Ce pourrait être, tout compte
fait, l’histoire d’une femme et de sa liberté. Les
héroïnes, qui ont une grande place chez
Offenbach, c’est un peu toujours la représentation d’une femme qui aspire à la liberté ; dans ce
monde tellement corseté de cette époque, et
peut-être de la nôtre.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
n
47
g r a n d
t h é â t r e
grand théâtre de genève : hartmut haenchen
Je vis grâce au travail !
Hartmut Haenchen viendra diriger Iphigénie en Tauride de Gluck, début 2015.
Portrait d'un Allemand de l'Est, peintre des fresques en musique et
marathonien du podium.
48
Né à Dresde en 1943, Hartmut
Haenchen, a réalisé un parcours exemplaire; artiste “Ossie“, il a dû s’expatrier pour être apprécié à sa juste valeur.
Très jeune, il avait rejoint le Dresden
Kreuzchor, formation réputée, dont à
15 ans déjà, il se voyait confier occasionnellement la direction. A 17 ans, il
a conduit de façon mémorable une version rafraîchie du Requiem de Hasse.
Sa formation, dans les domaines de la
direction et de la voix, a eu lieu entre la
Musik Hochschule de sa ville natale,
des masterclasses à Berlin et en
Autriche, et le Festival de Bayreuth, où
il a suivi chaque saison - souffle coupé
- le moindre geste de Herbert Von
Karajan…
Tchaïkovsky, Gluck sont aussi ses compositeurs
fétiches. Diriger des ouvrages d’une telle envergure en a fait un athlète du podium. Il pratique
quotidiennement le yoga, pour sauver son dos,
point sensible dans cette profession. Il croit au
pouvoir du travail: c’est le sens et l’essence de
la vie. Actif sur tous les plans - il a écrit sur la
musique, notamment sur Wagner et Mahler -, il
a un peu “levé le pied“ en clôturant en mai dernier sa vieille de collaboration de 34 ans (!) avec
l’Orchestre de Chambre de Carl Philip Bach,
lors d’un concert Mozart au Konzerthaus à
Berlin. Il y a derrière ses adieux une volonté de
passer plus de temps avec ses petitsenfants, mais ce n’est sans doute qu’un
prétexte. Il s’agit de focaliser toute l’énergie pour s’attaquer aux partitions qui
lui ont résisté jusqu’à présent.
Visiblement, Hartmut Haenchen marche sur les traces du Grand Herbert von
Karajan, avec qui il cultive même,
dirait-on, une certaine ressemblance
physique….
Au Grand Théâtre
Ainsi nourri, c’est à Halle que le
jeune maestro est entré professionnellement sur scène. Au début des années
70, il a dirigé pour la première fois à la
Staatsoper de Berlin, dans Boris
Godounov. Il est retourné ensuite “au
bercail“, pour prendre la tête de l’Opéra de
Dresde, sans couper ses attaches avec la capitale allemande.
Sa véritable carrière n'a débuté qu’en 1986,
quand il a accepté de prendre la direction de
l’Opéra d’Amsterdam et de deux autres phalanges de la capitale : le Philharmonique et
l’Orchestre de Chambre Néerlandais. Hartmut
Haenchen s'est profilé comme “l'interprète de
qualité“ d'un répertoire surtout allemand. Il
s’est entouré d’une équipe dynamique : ses opéras ont attiré par des mises en scène novatrices.
De son passé d’“Ossie“, il garde une personnalité rebelle : alors que “sous son règne“ le
Philharmonique Néerlandais a atteint la gloire,
il a renoncé à son poste, en 2002, pour protester
contre les coupes budgétaires dans la culture…
a
Hartmut Haenchen © Marc Waymel
Son travail, sa vie
Dresser la liste de ses concerts, collaborations, tournées, œuvres dirigées et plus de 130
enregistrements pour diverses maisons de
disques, serait aussi impressionnant que fastidieux…
Disons que Hartmut Haenchen a dirigé
tous les grands opus opératiques, et toutes les
partitions symphoniques clés, de préférence de
grands tableaux - pour ne pas dire des fresques
-, sur lesquels évoluent des héros historiques ou
mythologiques, dans un univers de contrastes
alla chiaroscuro... Les 70 ans du maestro, l’an
passé, ont coïncidé avec le bicentenaire
Wagner; il reconnaît que sa vie aurait pu prendre une toute autre tournure sans ce nom. Mahler,
Beethoven, Strauss, Mozart, Verdi, Puccini,
c
t
u
a
Au milieu de la saison 2014-2015,
consacrée aux grandes tragédies et récitals, le maestro Haenchen offrira aux
mélomanes Iphigénie en Tauride, le
dernier opéra de Gluck. Le rôle-titre
sera confié à la soprano Anna Catarina
Antonacci, appréciée du public genevois pour son interprétation de
Cassandre dans les Troyens de Berlioz,
en 2007. La mise en scène sera créée
par Lukas Hemleb, Allemand d’origine
et Français d’adoption, passionné de littérature russe et de civilisation chinoise, auteur de nombreux projets scéniques sortant des sentiers battus, notamment à Vidy. Ce
trio garantit une relecture picturale et grandiose
d’une tragédie grecque à laquelle d'autres se
sont déjà attaqués, du grand Goethe, à l’époque
romantique, au chef Minkowski, plus récemment.
Beata Zakes
Conférence de présentation par Alain Perroux, 22 janvier 2015 à 18h15
Diffusion sur Espace 2 : 7 mars 2015 à 20h
Chœur du Grand Théâtre de Genève, OSR
Dim 25 janvier 2015, ma 27 janvier 2015, je 29 janvier
2015, sa 31 janvier 2015, lu 02 fév. 2013, me 4 février 2015
à 19h30
Billets : Dès le 1er septembre 2014 à 10h
l
i
t
é
g r a n d
t h é â t r e
portrait de la mezzo-soprano
Violeta Urmana
Curieux destin vocal que celui de Violeta Urmana, cantatrice lituanienne qui
s'est d'abord fait connaître en tant que mezzo-soprano, avant d'aborder le
grand répertoire de soprano dramatique une décennie durant, pour revenir
finalement à ses premières amours et au registre de ses débuts.
Fenena dans un inoubliable Nabucco de
Verdi donné en 1995 à la Bastille, où la jeune
Urmana faisait ses preuves aux côtés de Julia
Varady, Jean-Philippe Lafont, Samuel Ramey et
José Cura, celle-ci s'est rapidement imposée sur
les plus grandes scènes, dans des rôles de mezzos où sa voix large et puissante répondait idéalement aux critères musicaux de Verdi (Eboli,
Azucena, Amneris) et Wagner
(Fricka, Brangäne, Sieglinde à
Bayreuth et Kundry), impression confirmée par l'album
qu'elle grave aux côtés de
Placido Domingo avec
Antonio Pappano (Emi 2002).
avec Domingo et Marcello Viotti pour Emi en
2003), mais également Tosca (à Vienne, Berlin
ou Bilbao), Medea (Valencia 2012), Ariadne auf
Naxos (Met 2011), osant même Norma à Dresde
et à Madrid, tout en abordant la Brünnhilde de
Siegfried et Isolde, qu'elle vient d'interpréter
dans la mise en scène de Peter Sellars/Bill Viola
à Madrid, en avril sous la direction de Teodor
Currentzis, puis à Paris (Bastille) en mai avec
Philippe Jordan.
Projets
Cette mutation ne s'arrête pourtant pas là
puisque depuis peu Violeta Urmana a décidé de
revenir à sa tessiture d'origine, conservant de
ses héroïnes passées, Isolde, Kundry et
Santuzza (Cavalleria rusticana), rôles qui conviennent aussi
bien aux sopranos qu'aux mezzos.
A Verona cet été elle sera
Amneris (Aida), personnage
qu'elle reprendra en octobre au
Met, prévoyant de défendre la
partie mezzo du Requiem de
Verdi, messe dans laquelle on
peut la retrouver dirigée par
Jordan (cd Erato capté live en
juin 2013 à Paris/Bastille) et
qu'elle donnera la saison prochaine en Suisse au Victoria
Hall, avec le maestro Semyon
Bychkov.
Tournant
Les années 2000 marquent un tournant décisif dans
cette carrière rondement
menée, sa voix évoluant de
façon progressive vers l'aigu.
Suivant son instinct, la cantatrice accueille sans ciller ce
changement et s'engage vers
des nouveaux emplois qu'elle
puise aussi bien chez Verdi,
Amelia du Bal masqué,
Elisabetta de Don Carlo,
Leonora de La Forza del destino quelle chante à Vienne en
2009, puis à la Bastille et à
Barcelone dans la mise en
scène de
Jean-Claude
Auvray, Lady Macbeth (à la
Bastille encore, cette fois avec
Dimitri Tcherniakov en 2009,
dvd Bel Air) qui précèdent le
rôle-titre d'Aida et Attila
(Odabella), que parmi le
vérisme, Andrea Chenier ou
Gioconda (qu'elle enregistre
a
c
t
François Lesueur
Messa di Requiem de Verdi au
Victoria Hall, sous la direction de
Semyon Bychkov. Violetta Urmana
sera en compagnie du ténor Riccardo
Massi et de la basse Roberto
Scandiuzzi. Les 8, 10, 11 et 13 mars
2015
Billets : Dès le 1er septembre 2014 à
10h
Violeta Urmana © Christine Schneider
u
a
l
i
t
é
49
g r a n d
t h é â t r e
un chef d’autriche-hongrie au grand théâtre
Marko Letonja
Marko Letonja dirigera Medea, en avril 2015, au Grand Théâtre de Genève,
avec Jennifer Larmore dans le rôle-titre.
50
Marko Letonja représente l’archétype du
musicien austro-hongrois comme on n’ose plus
l’imaginer. Né le 12 août 1961 non loin de
Ljubljana, il est donc slovène. C’est dire qu’il a
vu le jour dans la république située le plus au
nord de l’ex-Yougoslavie, la plus proche aussi,
historiquement et culturellement, de l’empire de
François-Joseph. C’est pourquoi, très logiquement, il a effectué ses études musicales à
l’Académie de musique de Ljubljana (piano,
direction d’orchestre) puis à Vienne, bien qu’il
n’ait commencé la musique qu’à l’âge de huit
ans : « Je pensais être dentiste. Lors des portes
ouvertes à l’université de médecine, l’odeur de
formol m’a fait tourner les talons. J’ai préféré
entrer au conservatoire de musique. »
Mstislav Rostropovitch, de Vadim Repin ou
encore de Thomas Quasthoff. Du Teatro di San
Carlo de Naples à la Scala de Milan en passant
par les Wiener Symphoniker ou une nouvelle
production de La Dame de pique au Grand
Théâtre de Genève, de Roméo et Juliette au
Teatro dell’Opera di Roma ou à Médée au
Teatro São Carlos à Lisbonne, où il dirigea aussi
la Tétralogie, Marko Letonja est décidément
très demandé.
Jennifer Larmore sera Medea
De la Tasmanie à Strasbourg
Il a cependant la sagesse de mener une carrière discographique originale : il grave le
méconnu Manfred de Tchaïkovski, l’œuvre
intégrale de Weingartner (eh oui, ce chef d’or-
Marko Letonja by Tanja Niemann
Et c’est pourquoi, tout aussi logiquement,
il a d’abord été directeur musical de l’Orchestre
philharmonique de Slovénie (de 1991 à 2003)
avant de glisser un peu vers l’ouest et de s’installer à Bâle, ville où il fut à la tête de
l’Orchestre symphonique et de l’Opéra de 2003
à 2006. Ce qui ne l’empêche pas, évidemment,
de mener par ailleurs une carrière de chef invité
et de donner des concerts en compagnie de
a
ches-tre fut aussi compositeur), le Concerto
pour violon et orchestre de Jolivet avec Isabelle
Faust, artiste qu’il a d’ailleurs invitée en résidence à Strasbourg en 2013-2014. Car s’il est
directeur musical de l’Orchestre de Tasmanie
depuis 2012, Marko Letonja est aussi le patron
de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg
depuis 2012. Une formation, étrangement, qu’il
a d’abord entendue à Vienne, en 1988, à l’occa-
c
t
u
a
sion d’une tournée de l’orchestre emmené alors
par Theodor Guschlbauer. Et dont il tient à préserver l’équilibre : « Sa “couleur“ – la façon
dont sonnent les bois – est française, tandis que
sa façon de jouer est allemande ». Ce qui lui
permet de collaborer avec l’Opéra du Rhin : on
se souvient de son Ring avec David McVicar, ou
encore de cette production sensible, signée
Robert Carsen, de De la maison des morts de
Janacek.
Avec sa belle voix grave, Marko Letonja
est un polyglotte qui manie admirablement la
langue française. On sent en lui l’héritier d’une
civilisation européenne aujourd’hui vivante
mais menacée. Et en le regardant bien, il n’est
pas interdit de lui trouver un air de famille avec
Peter Eötvös, même si les deux musiciens n’ont
en commun aucun lien de parenté.
On retrouvera Marko Letonja la saison prochaine dans Medea de Cherubini à Genève (il
s’agira là de la version italienne rendue célèbre
par Maria Callas et non pas de l’original en
français) et dans La Dame de pique, à
Strasbourg et Mulhouse, à l’occasion d’une
nouvelle production signée Robert Carsen.
Christian Wasselin
Les 9, 15, 18,21, 24 avril 2015 à 19h30 & le 12 avril 2015
à 15h
Billets : Dès le 1er septembre 2014 à 10h
l
i
t
é
g r a n d
t h é â t r e
portrait
Pinchas Steinberg
Pinchas Steinberg, est trop ou mal connu des Genevois : en 2005, au terme de
trois ans de contrat, ce chef d’orchestre israélien divorçait, avec fracas, de
l’Orchestre de la Suisse Romande. invité, par le Grand Théâtre de Genève, à y
diriger Fidelio en juin 2015, il y retrouvera l’OSR. Un petit portrait s’impose.
Né en 1945, Pinchas Steinberg travailla
d’abord le violon à New York ; entre autres professeurs : Joseph Gingold et, surtout, le grand
Jascha Heifetz. Puis il musarda quelque peu
avec le trombone, avant d’étudier la composition, à Berlin, avec Boris Blacher.
En Europe, il eut diverses expériences de
Konzertmeister, notamment au Berliner
Philharmoniker, avec Herbert von Karajan.
Deux expériences lui demeurent en mémoire,
remontant au début des années 1970 : Tristan
und Isolde, au Festival de Salzburg ; au Festival
de Lucerne, un concert dont, s’il en a oublié le
programme, l’empreinte demeure vive « Il y
avait une telle atmosphère que les musiciens
Pinchas Steinberg © DR
a
c
t
u
avaient des larmes dans les yeux. Karajan
savait comme personne d’autre créer ces
atmosphères mais on ne savait pas dire à quoi
cela tenait. En fait, nous faisions de la musique
de chambre pour grande formation. » C’est à
Berlin, mais avec le Deutsches SymphonieOrchester Berlin (à l’époque dénommé RIAS
Berlin) qu’il débuta comme chef d’orchestre.
Le baryton Detlef Roth sera Don Pizarro
Carrière d’ample dimension
Pinchas Steinberg a entretenu des liens
durables avec certains grandes institutions :
Bremer Philharmoniker, entre 1985 et 1989
(directeur musical) ; Wiener Staatsoper, entre
1987 et 1993, (premier chef invité) ; Wiener
Symphoniker, entre 1989 et 1996 (directeur
et
;
musical)
l’Orchestre de la Suisse
romande, entre 2002 et
2005. Mais c’est
comme chef invité que
la carrière de Pinchas
Steinberg prend une
ample dimension. Sa
carte de visite plaide
pour lui.
Au concert, il a
dirigé de prestigieuses
phalanges : Berliner
Philharmoniker,
Cleveland Orchestra,
de
Gewandhaus
Leipzig, Münchner
Rundfunkorchester et
Philharmonia
Orchestra. Dans la
fosse, il a été invité par
le Berliner Staatsoper,
l’Opéra national de
Paris, le Royal Opera
San
le
House,
Francisco Opera, le
a
l
i
t
Teatro Real Madrid et le Wiener Staatsoper.
Quant aux festivals où il s’est produit, mentionnons, entre autres, ceux de München, Orange,
Salzburg, Tanglewood, Verona et Wien.
Tout comme son compatriote (et cadet de
dix ans) Daniel Oren, Pinchas Steinberg a nettement choisi son répertoire lyrique : le romantisme (allemand et italien) et le postromantisme.
Soient : Wagner (Rienzi, Der fliegende
Holländer, Tristan und Isolde), Verdi (Aida,
Attila, La battaglia di Legano, Nabucco),
Puccini (presque tout), Giordano (Andrea
Chenier), Leoncavallo (Cavalleria rusticana),
Strauss (Salome, Der schweigsame Frau,
Elektra) et Korngold (Die tode Stadt). Les
années passant, il a développé un style large,
puissant et où, même dans le répertoire symphonique, la musicalité grouille de
théâtralité.
Dans un an, puissent les musiciens de
l’OSR avoir oublié leur tristesse de 2005 et
accueillir, avec enthousiasme, une des très
talentueuses baguettes lyriques de ce temps.
Frank Langlois
Fidelo de Beethoven.
Les 10, 12, 16, 18, 21, 23 et 25 juin 2015
Billets : Dès le 1er septembre 2014 à 10h
é
51
g r a n d
t h é â t r e
entretien
Xavier Dayer
En collaboration avec le Grand Théâtre, unique représentation dimanche
29 mars 2015 au Victoria Hall de l’opéra de chambre Contes de la lune vague
après la pluie, de Xavier Dayer sur un livret d’Alain Perroux d’après le film
éponyme de Kenji Mizogushi, quelques jours après sa création, le 20 mars, à
l’Opéra de Rouen. Le compositeur genevois a répondu aux questions de
Scènes magazine.
Comment vous-même et Alain
Perroux en êtes-vous venu à vouloir adapter
le film de Mizogushi ?
52
Le projet remonte déjà à plusieurs années. A
l’origine la Fondation Royaumont m’avait proposé un projet destiné à de jeunes chanteurs et à
un jeune public. Les choses ont évolué et le côté
jeune public a disparu. Mais je me suis souvenu
du film de Mizogushi que j’avais vu 20 ans
auparavant et qui m’avait fasciné. J’y ai trouvé
les éléments pour faire un opéra narratif, ce qui
peut paraître audacieux aujourd’hui car la plupart des formes lyriques contemporaines évitent
la question du récit. Dans cette œuvre je souhaite raconter une histoire de manière à ce que le
public puisse vraiment la suivre. Jusqu’alors
j’avais écrit, arrangé mes propres livrets et je
me suis dit que cette fois-ci j’avais besoin d’un
Vous êtes à 10 mois de la création, la
mise en scène se précise probablement...
dramaturge, ce qu’est Alain Perroux
que je connais depuis longtemps, et
j’ai eu le bonheur de le voir accepter
immédiatement ma proposition.
Le fait d’adapter un film ou ce film – pour l’opéra pose-t-il
des problèmes particuliers ?
Ce que j’ai surtout retenu du film ce
sont des atmosphères, un souvenir de
sa force expressive, mais j’ai très vite
oublié le film pour travailler le livret.
Cependant une chose est restée très
puissante : une image sonore centrale
dans ma mise en musique de l’œuvre
qu’est le Koto (harpe japonaise), très
présente dans la musique traditionnelLuanda Siqueira sera la Princesse Wakasa
dans les «Contes de la lune vague après la pluie»
le japonaise. La corde pincée qui
résonne est
présente comme élé- Jusqu’à maintenant le travail était essentiellement poétique et non ment une collaboration avec Alain Perroux sur
pas pour recréer un le livret. Aujourd’hui l’œuvre s’ouvre et s’étend
monde japonisant. à d’autres collaborations, avec Vincent Huguet
L’opéra étant en fran- et Richard Peduzzi pour la scénographie et c’est
çais et hormis cet élé- un moment extrêmement stimulant car nous
ment poétique la allons vers une œuvre commune, ce qui est pour
musique ne fait pas moi très précieux. J’accueille favorablement l’iréférence directement dée qu’il puisse y avoir des transformations, que
à
la
musique l’on questionne la temporalité de la partition. Le
travail scénique a lieu au moment des répétijaponaise.
tions, c’est à la fois une grande tension et un
En quoi est- grand bonheur.
ce un opéra de
chambre?
D’abord l’orchestre
est réduit. C’est une
formation de musique
contemporaine et non
pas un orchestre symphonique. Il y a neuf
Xavier Dayer
e
musiciens qui pourraient être placés sur la
scène. Cela permet ainsi une certain dépouillement loin du grand opéra romantique. Par
ailleurs, le texte génère un type d’émotion proche de celui produit par la poésie japonaise, très
différent du lyrisme typique de l’Europe. Une
émotion plus distanciée. J’aimerais que l’œuvre
puisse dire beaucoup avec peu, ce qui est une
constante de la culture et des arts japonais.
n
t
r
e
Propos recueillis par Christian Bernard
Contes de la lune vague après la pluie, sous la direction
musicale de Jean-Philippe Wurtz, le dimanche 29 mars à
17h
Billets : Dès le 1er septembre 2014 à 10h
t
i
e
n
g r a n d
t h é â t r e
ballet du grand théâtre de genève
Une saison riche
et variée
Lors de la saison 2014-2015, le Ballet du Grand théâtre de Genève, proposera
un des joyaux du répertoire classique, Casse-Noisette, et une création mondiale
de Joëlle Bouvier. Par ailleurs, Philippe Cohen, son directeur, a invité une
compagnie taïwanaise célèbre.
La saison s’ouvrira le 13
novembre 2014 avec une nouvelle
version de Casse-Noisette. Ce ballet, créé en 1892, d’après un conte
d’E. T. A. Hoffmann, raconte l’histoire d’une fille, Marie, qui reçoit
pour cadeau de Noël un casse-noisette. Pendant la nuit, ce jouet
prend vie, devient un prince. Rêve
ou réalité ? La musique est bien
sûr de Tchaïkovski. Le jeune chorégraphe belge Jeroen Verbruggen,
qui vient de mettre fin à une belle
carrière de danseur notamment au
sein des Ballets de Monte-Carlo,
pour se dédier à la création s’attellera à cet ouvrage. On peut se
La dernière semaine de mai
2015, la chorégraphe française née
en Suisse Joëlle Bouvier présentera une création mondiale inspirée
de Tristan et Isolde de Richard
Wagner intitulée Salue pour moi le
monde! (Phrase prononcée par
Isolde quand elle quitte Brangäne.)
Joëlle Bouvier, la cinquantaine,
peut se prévaloir d’une longue carrière parsemée de nombreux succès, dont le mémorable Roméo et
Juliette de la saison 2008-2009 du
Ballet du Grand théâtre de Genève.
«Water Stains on the Wall», dans la chorégraphie de Lin Hwai-Min
Sa gestuelle propice à exprimer les
passions sera idéale pour donner
réjouir car son style est enjoué et féerique. Ce vie aux tourments des deux amants sur la
sera une opportunité pour la compagnie gene- musique envoûtante du compositeur allemand.
voise de montrer son savoir-faire car la
Emmanuèle Rüegger
gestuelle de Verbruggen est également
virtuose !
Joëlle Bouvier
Jeroen Verbruggen
a
c
t
Au mois de mars 2015, on pourra voir au
Grand Théâtre la compagnie Cloud Gate Dance
Theater de Taïwan (cloud gate signifie “porte
des nuages“). Le fondateur de cette célèbre
compagnie, Lin Hwai-Min, mêle dans ses œuvres les styles et l’esprit asiatiques avec les techniques modernes occidentales. L’ouvrage proposé, Water Stains on the Wall (Tâches d’eau
sur le mur), s’inspire de l’art de la calligraphie.
Il s’agit d’une pièce créée en 2010 au Théâtre
national de Taipei. On peut se réjouir car,
imprégnés des deux cultures, ses vingt-quatre
danseurs sont époustouflants.
u
a
l
i
t
é
53
g r a n d
t h é â t r e
54
Bryn Terfel © DR
Elīna Garanča © Paul Schirnhofer
Patricia Petibon © Felix Broede
Michael Volle © Winfried Hösl
a
c
t
u
a
l
i
t
é
g r a n d
t h é â t r e
55
Laurent Naouri © DR
Natalie Dessay © Simon Fowler
Récitals au Grand Théâtre à 19h30
Mercredi 24 septembre 2014
BRYN TERFEL, baryton-basse
Accompagné au piano
par Malcolm Martineau
Mercredi 28 janvier 2015
NATALIE DESSAY, soprano
LAURENT NAOURI, baryton-basse
Accompagnés au piano par
Maciej Pikulski
Dimanche 30 novembre 2014
I CAPULETTI E I MONTECCHI,
en version de concert
Direction Karel Mark Chichon
Tebaldo Francesco Meli
Capellio Krisjanis Norvelis
Lorenzo Nahuel Di Pierro
Romeo Elīna Garanca
Giulietta Aleksandra Kurzak
Mercredi 4 mars 2015
MICHAEL VOLLE, baryton
Accompagné au piano
par Helmut Deutsch
Jeudi 23 avril 2015
DIANA DAMRAU, soprano
Accompagnée à la harpe
par Xavier de Maistre
Samedi 20 décembre 2014
PATRICIA PETIBON, soprano
Accompagnée au piano par
Susan Manoff
Billetterie du Grand Théâtre - CP 5126- CH–1211 Genève 11
T + 41 22 322 50 50 du lundi au samedi de 10h à 18h
[email protected]
Location dès le 1er septembre 2014 à 10h
Diana Damrau © Michael Tammaro
a
c
t
u
a
l
i
t
é
LES OPÉRAS
RIGOLETTO
EUGÈNE ONÉGUINE
LA GRANDE-DUCHESSE DE GÉROLSTEIN
IPHIGÉNIE EN TAURIDE
PORGY AND BESS
MESSA DA REQUIEM
MEDEA
FIDELIO
LES BALLETS
CASSE-NOISETTE
WATER STAINS ON THE WALL
«SALUE POUR MOI LE MONDE !»
LES RÉCITALS
BRYN TERFEL
PATRICIA PETIBON
NATALIE DESSAY & LAURENT NAOURI
MICHAEL VOLLE
DIANA DAMRAU
OPÉRA JEUNE PUBLIC
LE PETIT PRINCE
CONCERTS EXCEPTIONNELS
I C A P U L E T I E I M O N T E C C H I ( E L Ī N A G A R A N Č A )
ANGELA GHEORGHIU
SPECTACLES
LES PROCÈS D'IPHIGÉNIE ET DE MÉDÉE
MON OPÉRA MON AMOUR
O P É R A S B A L L E T S C O N C E R T S R É C I TA L S & S P E C TA C L E S
A B O N N E Z - V O U S !!
SAISON1415
WWW.GENEVEOPERA.CH
+41(0)22 322 5050
m
u
s
i
q
11e festival cully classique du 20 au 29 juin
Avec « Vienne »
comme fil rouge
Consacrée à la Vienne des compositeurs qui ont fait de cette ville une des
capitales de la musique, l’édition 2014 du Cully Classique propose
21 concerts en soirée au Temple et en nocturne à l’église Notre-Dame, ainsi
que six concerts « Découvertes » destinés à faire connaître de jeunes
talents, avec pour l’un d’eux la récompense d’un « coup de cœur » décerné
par un jury professionnel.
Séries “événements“, “Grands
Concerts“ et “Nocturnes“
Le vendredi 20 au Temple, c’est le Keller
Quartet qui ouvrira les feux, avec Edicson Ruiz
à la contrebasse et Alexei Lubimov au piano. Au
programme figurent des pages de Mahler, de
Berg / Grots et de Schubert (Quintette « La
Truite »). A Notre-Dame, avec un éclairage à la
bougie prévu pour tous les
« Nocturnes », Cédric Pescia
interprétera deux sonates de
Beethoven, la douzième et la
trente-deuxième, Op. 111.
Le lendemain, le récital de
Khatia Buniatishvili s’annonce
passionnant, la pianiste géorgienne nous livrant sa vision
sans doute très personnelle
d’Intermezzi de Brahms, de
Lieder de Schubert transcrits par
Liszt et de La Valse de Ravel. En
nocturne, c’est à nouveau le
Keller Quartet qui se fera
entendre dans le Quatuor à cordes d’Anton Webern et l’immense Opus132 de Beethoven.
Le dimanche 22 aura lieu
un des concerts les plus originaux de la semaine, avec l’ensemble bernois Les Passions de l’âme qui,
conduit du violon par Mereth Lüthi, se fera le
traducteur plein de fraîcheur et de spontanéité - il
suffit d’écouter son dernier album « Spicy » pour
s’en convaincre - de pages de Schmelzer, Biber
et Fux, compositeurs viennois des XVIIe et début
XVIIIe siècles.
Mardi 24 et mercredi 25, ce sont tour à tour
les pianistes Boris Berezovsky et Nicholas
Angelich qui livreront leur traduction de pages
a
c
t
u
de Beethoven et de Schubert (Wanderer
Fantaisie) pour l’un, de Haydn, Beethoven et
Schumann (Kreisleriana) pour l’autre.
Jeudi 25, le violoncelliste Mario Brunello
se produira en duo avec le pianiste Gérard Wyss
dans les Kindertotenlieder de Mahler, et seul
dans les Suites No 1 et 5 pour violoncelle de
J.S.Bach. En nocturne, dans l’intimité de Notre-
Belcea Quartet © Ronald Knapp
Dame, c’est un duo que l’on dit « touché par la
grâce » qui interprétera la Sonate pour violoncelle et piano No 3 op.69 de Beethoven, ainsi que la
Sonate « Arpeggione » de Schubert. Ce duo est
celui de la violoncelliste française Camille
Thomas et de la pianiste valaisanne Béatrice
Berrut.
Le lendemain, nous retrouvons ces deux
musiciennes qui, associées au violoniste Roman
Patocka au sein du Trio Saint-Exupéry, présen-
a
l
i
t
u
e
teront des Trios de Haydn, de Brahms et de
Schubert (D.929). En nocturne, les Variations en
fa de Haydn et la Sonate No 21 de Schubert sont
à l’affiche du récital de piano de l’excellent
Fabrizio Chiovetta.
Samedi 27, ce sera la création mondiale
d’Assonance Ib pour violon, clarinette et violoncelle de Michael Jarrell. Elle précédera une
autre page de Jarrell, le Lied ohne Worte pour trio
avec piano, et deux chefs-d’œuvre mozartiens, le
Trio K.548 et le Quatuor avec piano K.493. Les
interprètes en seront le pianiste Gérard Wyss et
des étudiants de la Hochschule für Musik Basel
et de l’Universität für Musik Wien. Le dernier
nocturne verra le Belcea Quartet interpréter le
Langsamer Satz de Webern et le Quatuor No 13
de Schubert.
Dimanche 29, au Temple, il appartiendra à
ce même Belcea Quartet de conclure en beauté
le festival, avec des quatuors de Mozart et de
Beethoven.
Série “Découvertes“
Trois récitals sont attribués à de jeunes pianistes, la Russe Sofja Gülbadamova, le
Norvégien Joachim Carr et le
Suisse Mauro Lo Conte, qui
tous trois proposent des programmes de haute tenue. Un
concert nous fera découvrir le
duo violoncelle et piano d’Olivia
Gay
et
de
Natacha
Kudritskaya. Deux rencontres
musicales sont prévues, l’une
entre Cédric Peschia et le violoncelliste
Constantin
Macherel, qui jouera, entre autres, la Sonate pour violoncelle
seul de Ligeti –, l’autre entre
Gérard Wyss et Astrig
Siranossian, qui a mis les Trois
pièces pour violoncelle et piano
de Nadia Boulanger au centre de
son programme. Les familles ne
sont pas oubliées : dimanche 22
à la Salle Davel, les Petits
Chanteurs de Lausanne s’y produiront pour
elles. Des conférences, des rencontres avec des
étudiants, des après-concerts au Caveau
Potterat, et plus encore, sans compter les
quelque 50 concerts du Festival OFF, complètent une offre d’une richesse débordante.
Yves Allaz
Programme complet sur : www.cullyclassique.ch
é
57
m u s i q u e
scènes de juin
Agenda romand
La nouvelle production, à l’Opéra de Lausanne, de Die
lustigen Weiber von Windsor (Les Joyeuses commères de
Windsor) d’Otto Nicolaï, coproduite avec l’Opéra Royal
de Wallonie à Liège, constitue un des événements
marquants de ce mois de juin, tandis que les festivals
faisant la transition entre une saison 13/14 qui jette ses
derniers feux et les festivals de l’été qui pointent le bout
du nez occupent déjà le devant de la scène musicale : la
11e édition du Cully Classique, du 20 au 29, et le 14e
festival de musique ancienne La Folia, du 5 au 9 juin à
Rougemont, au Pays-d’Enhaut. Sans oublier la Fête
de la Musique, célébrée un peu partout le 21 juin en
terre romande.
58
A Lausanne, Die lustigen Weiber von Windsor, l’opéra-comique de
Nicolaï (1810-1849) inspiré de la comédie de Shakespeare, sera donné les 6,
8, 11, 13 et 15 juin à l’Opéra, dans une distribution dominée par le Sir John
Falstaff de Harry Peeters, avec le Chœur de l’Opéra et l’OCL, sous la direction musicale de Franck Beermann, et dans la mise en scène de David
Hermann. De son côté, la Route Lyrique de l’Opéra de Lausanne prendra
son envol au début juin, le 1er au Théâtre du Jorat – avant d’entreprendre sa
grande tournée estivale en juin et juillet, avec dans ses bagages Phi-Phi, l’opérette du Genevois Henri Christiné (1867-1941). Gérard Demierre en signe
la mise en scène, décors et costumes sont de Sébastien Guenot, le Chœur et
l’Ensemble instrumental de l’Opéra de Lausanne seront placés sous la
baguette de Jacques Blanc. Une vingtaine d’étapes sont inscrites au compteur, de ville en château du Pays de Vaud, et jusqu’en ville de Fribourg, à
l’Equilibre le 3 juin, et à l’Opéra de Vichy le 11 juillet.
Au Théâtre de Beaulieu, le 5, huitième et dernier concert de la saison
d’abonnement de l’Orchestre de la Suisse Romande, avec la création suisse
d’Emergences (Nachlese VI) de Michael Jarrell, avec en soliste le violoncelliste Jean-Guihen Queyras, et sous la conduite de Thierry Fischer. Des fragments symphoniques du Martyre de Saint Sébastien de Debussy, ainsi que
des extraits du Roméo et Juliette de Berlioz figurent également au programme de la soirée.
Deux récitals de piano, à l’enseigne de « Fortepianissimo » des
Concerts de Montbenon, sont à l’affiche de la Salle Paderewski. L’un, le 13,
Jean-Guihen Queyras © Yoshinori Mido
a
c
t
verra le jeune Louis Schwizgebel interpréter des pages de Haydn, de
Holliger, de Ravel et de Schubert. L’autre, le 20, permettra la découverte
d’œuvres de Vladimir Ryabov, compositeur né à Tchéliabinsk, à l’est de
l’Oural, en 1950, par le pianiste arméno-américain Sergei Babayan. Né à
Guimri, professeur réputé du Cleveland Institute of Music - Daniil Trifonov
fut un de ses élèves -, Sergei Babayan jouera aussi des pages de Chopin lors
de cette soirée qui promet de mettre en beauté un terme à ce cycle bienvenu de récitals de piano devenus bien rares en ville de Lausanne.
L’Orchestre de Chambre de Lausanne donnera son 10e et dernier
concert d’abonnement, les 16 et 17 juin à la Salle Métropole. La Symphonie
No 8 ( 9e de l’ancienne numérotation) en do majeur, dite « La grande », de
Schubert, ainsi que le dernier Concerto pour piano de Mozart, le sublime
27e, en si bémol majeur, K. 595, sont au programme. Avec Radu Lupu au
piano et Jukka-Pekka Saraste à la tête de l’OCL.
Au même endroit, le 22, aura lieu le 8e Concert du Dimanche de la formation lausannoise, avec Ivan Ortiz Motos, corniste solo de l’orchestre,
dans le Concerto pour cor no 2 de Richard Strauss. Joshua Weilerstein et
l’OCL interpréteront ensuite la plus beethovénienne des symphonies de
Robert Schumann, la majestueuse 2e, en do majeur, op.61.
A l’église Saint François, trois manifestations sont annoncées : le 7, De
la Renaissance à nos jours, par l’Ensemble vocal Quatuor Symphonique ; le
14, Frescobaldi et alii, par Jan van Hoecke, flûte et Gaël Liardon, orgue ; le
21, Faites de la musique !
Fête de l’orgue, une nuit
de l’orgue orchestrée par
Benjamin Righetti.
A Cully, sous la thématique « Vienne », le
Cully Classique déploiera
ses fastes du 20 au 29,
avec pas moins de 21
concerts à l’affiche. Voir
article consacré par
ailleurs à cette importante
manifestation sous la
rubrique musique du présent numéro de Scènes
Magazine. Programme
Benjamin Righetti
complet sous www.cullyclassique.ch
A Montreux, le 1er juin au Château du Châtelard, des musiciens de
l’Association Arabesque présenteront « Telemann, l’Européen », à la flûte à
bec, à la viole de gambe et au clavecin.
A Rougemont, l’église clunisienne du XIe siècle accueillera les musiciens du festival La Folia lors du week-end de Pentecôte, du 5 au 9 juin. S’y
produiront, entre autres, le violoniste Giuliano Carmignola, les clavecinistes
Pierre Hantaï, Skip Sempé et Ruedi Lutz, les Ensembles Les Folies
Françoises et Obsidienne, ainsi que L’Arpeggiata, qui proposera un voyage
autour de la Méditerranée en compagnie du sopraniste Vincenzo Capezzuto.
A découvrir aussi une toute jeune formation genevoise de huit musiciens,
Chiome d’Oro, avec la soprano Capucine Keller en soliste. Programme
complet sous www.festival-la-folia.ch
A Moudon, du 6 au 8, est annoncé un Festival des musiques populaires, avec tout un éventail de musiques dites traditionnelles ou populaires.
En Valais, à Chamoson le 15, l’Ensemble Huberman présentera deux
grands quatuors avec piano, l’un d’Ernest Chausson, l’autre de Dvorak, le
u
a
l
i
t
é
m u s i q u e
No 2, op.87, qui date de 1889.
A Sion, le 6 à la Fondation
de Wolff, la violoncelliste
Ophélie Gaillard, le clarinettiste
Fabio Di Casola et la pianiste
Delphine Bardin joueront des
œuvres de Schumann et de
Brahms.
A Neuchâtel, les 27 et 28 à
la Collégiale, à l’initiative des
organistes et pianistes Benjamin
Righetti et Simon Peguiron, les
cinq concertos pour piano de
Beethoven seront accompagnés à
l’orgue par des interprètes qui
inverseront leurs rôles, passant
de l’orgue au piano et vice-versa,
d’un concerto à l’autre. Une
démarche assez singulière et originale.
Marie Kalinine © DR
A Neuchâtel encore, le 8, et
aussi à Mézières, le 15 au Théâtre du Jorat, mais après Besançon et
Sochaux-Montbéliard, sera donnée une création mondiale du trompettiste de
jazz Erik Truffaz, un musicien qui, pratiquant le métissage des genres, a
composé un poème symphonique intitulé Avant l’Aube, pour trompette,
électronique et orchestre. Cette création réunira l’Ensemble Symphonique
Neuchâtel et l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté sous la conduite de
Jean-François Verdier, directeur artistique du VHFC depuis 2010.
A Bienne, au Stadttheater, dernières représentations, les 1, 13 et 15, de
Die Entführung aus dem Serail de Mozart et le 12, de Figaro, une création
de Christian Henking.
Au Palais des Congrès, les 9 et 11, en version de concert, La Damnation
de Faust de Berlioz aura pour interprètes, sous la direction musicale de
Kaspar Zehnder, Gilles Ragon en Faust, Eric Martin-Bonnet en Méphisto,
Marie Kalinine en Marguerite, Jean-Luc Ballestra en Brander, avec les
chœurs réunis du Théâtre Bienne-Soleure et Lyrica de Neuchâtel et
l’Orchestre Symphonique Bienne-Soleure.
A Porrentruy le 7 et à Delémont le 8, récital du jeune pianiste JeanSélim Abdelmoula, qui jouera la Partita No 1, BWV 825, de Bach, la Sonate
« Pastorale » de Beethoven, ainsi que la monumentale Sonate en sib majeur
D 960, de Schubert.
A Porrentruy encore, le 15, l’Espace Choral et l’Orchestre Musique des
Lumières, avec Facundo Agudin à leur tête, interpréteront la Cantate BWV
131 de J.S.Bach, ainsi que des Motets de Victoria et de Mendelssohn.
A Fribourg enfin, outre la représentation de Phi-Phi du 3, le théâtre
L’Equilibre accueillera le Brussels Philharmonic et son chef Michel
Tabachnik pour clore la saison de la Société des Concerts. Le programme
comporte trois œuvres de Richard Strauss, les poèmes symphoniques Mort
et Transfiguration et Ainsi parlait Zarathoustra, ainsi que Burlesque pour
piano et orchestre, avec en soliste Lilya Zilberstein. Une soirée tout entière
consacrée au compositeur bavarois, en commémoration du 150e anniversaire de sa naissance, le 11 juin 1864 à Munich.
Yves Allaz
scènes de juin
Agenda genevois
Le mois de juin est, plus qu’aucun autre, celui de la musique dans la
Cité du bout du lac. Rendez-vous donc du 20 au 22 juin sur les différentes
scènes du canton. Programme complet dès le 3 juin sur www.ville-ge.ch/culture/fm/.
La saison s’achèvera sur la scène du Grand Théâtre avec les résonances de La Wally de Catalani, qui n’a pas été représentée à Genève depuis
près de cinquante ans. Evelino Pidò sera à la tête de l’Orchestre de la Suisse
Romande dans la fosse, tandis que la mise en scène est assurée par Cesare
Lievi et que les décors sont signés Ezio Toffolutti. Le personnage éponyme
sera chanté tantôt par Ainhoa Arteta, tantôt par Morenike Fadayomi ; Bálint
Szabó sera Strommiger.
Côté symphonique, l’Orchestre de la Suisse Romande recevra le 4 juin
le violoncelliste Jean-Guihen Queyras, qui interprétera une création de
Jarrell. Thierry Fischer dirigera aussi des œuvres de Debussy et Berlioz. Le
lendemain, le Nouvel Orchestre de Genève, conduit par Michel Dumonthay,
jouera la Neuvième Symphonie
de Beethoven, toujours au
Victoria Hall. L’Académie Seiji
Ozawa fera son traditionnel
concert le 28 juin, dans la même
salle : Béla Bartók sera alors à
l’honneur. Enfin, l’OSR achèvera sa saison avec deux concerts :
lors du premier, dans le cadre de
la Fête de la Musique, la formation recevra le 21 juin, au
Victoria Hall, le chef d’orchestre
Alain Altinoglu et le violoniste
Kristi Gjezi : des œuvres de
Mozart, Saint-Saëns, Sarasate et
Mendelssohn sont annoncées.
Enfin, le 29 juin, l’orchestre
dédiera une soirée à Honegger,
Rimski-Korsakov
et
Tchaïkovski. Kazuki Yamada y
tiendra alors la baguette, et le
violoniste Daishin Kashimoto
Kristi Gjezi
exécutera le Concerto pour violon du dernier. Les amateurs de musique contemporaine retrouveront par
ailleurs l’Ensemble Contrechamps au Théâtre du Galpon le dimanche 15
juin, avec un programme contenant Grisey, Janson, Haas, Ablinger.
L’Orchestre de Chambre de Genève propose enfin une soirée surprise, le
mardi 3 juin, au Bâtiment des Forces Motrices : la carte blanche sera donnée au violoniste Gordan Nikolic.
Martina Diaz
a
c
t
u
a
l
i
t
é
59
m u s i q u e
(harpiste), Patrick Ayrton (clavecin) et Simon Savoy (piano) en tant que
solistes pour un programme JS Bach (Suite no 3), Frank Martin (Petite
Symphonie concertante) et Beethoven (Symphonie no 4).
l’orchestre de chambre de genève
Saison 2014-15
Sourire aux lèvres, c'est un Arie va Beek détendu qui a
présenté sa deuxième saison en tant que directeur
artistique et musical de l'Orchestre de Chambre de
Genève. Le chef néerlandais a insisté sur la cohérence
qu'il a cherché à établir dans un programme
comprenant principalement huit soirées durant lesquels
la musique se mêlera à d'autres formes artistiques, à
savoir le dessin, les marionnettes et le cinéma.
60
Hervé Niquet abandonnera pour une fois l'ensemble qu'il a formé pour
diriger l'OCG le mardi 17 février dans un programme mêlant les siècles en
compagnie d'Isabelle Druet (Mezzo-soprano), Mathias Vidal (ténor) et Marc
Labonnette (baryton) : Mozart (ouverture de Don Giovanni), de Arriaga
(Symphonie en ré), Telemann (Don Quichotte) et de Falla (Le Retable de
Maître Pierre – opéra en un acte). Cette dernière œuvre ayant été composée
« pour chanteurs, marionnettes et orchestre », une collaboration a été
concoctée avec la compagnie de marionnettes Bambalina. Et les mélomanes
avertis qui connaissent le chef français se doutent qu'il veillera d'une baguette attentive à ce que le divertissement soit réussi.
Retour à un programme plus classique le mardi 17 mars, avec JeanJacques Kantorow au pupitre et son fils
Alexandre âgé de 16 ans au piano ! Sibelius
(Suite Pelléas et Mélisande), Liszt (Malédiction
pour piano et orchestre à cordes et le Concerto
pour piano no 2) ainsi que Saint-Saëns
(Symphonie no 2) à l'affiche.
La saison débutera avec un duo francogenevois de solistes puisque Véronique Gens et
Emilie Pictet, en compagnie du Chœur de femmes du Grand Théâtre, seront à l'affiche d'un
programme Wagner (Deux entractes tragiques,
arrangement de Henk de Vlieger), Berlioz
(Herminie, scène lyrique pour soprano et orchestre) Mendelssohn (Le Songe d'une nuit d'été) que
dirigera Arie van Beek le mardi 23 septembre
(tous les concerts de soirée ayant lieu au
Bâtiment des Forces Motrices à 20h).
Un « Concert du dimanche au Victoria
Hall » que dirigera Arie van Beek est annoncé le
27 février à 17h (Tehillim de Steve Reich et la
Symphonie no 35 de Mozart).
Un invité inattendu, le dessinateur-vidéaste
Mariusz Wilczynski illustrera sur un écran la thématique originale du deuxième concert : les
Animaux. Toujours dirigé par le chef titulaire,
avec la Genevoise Sylviane Deferne et Maarten
van Veen, pianistes en tant que solistes, la soirée
proposera le jeudi 16 octobre des
oeuvres de Respighi (Gli Uccelli –
les oiseaux), Peter Jan Wagemans
(Drie Vlinderderdansen – danses de
papillons), Camille Saint-Saëns (Le
Carnaval des animaux) et Haydn
(Symphonie no 73 « La Chasse »).
Concert hors norme le 30 avril puisque la
phalange genevoise et Arie van Beek fêteront par
le biais d'une « narration musicale » imprévisible
- et donc à découvrir ! - les 200 ans de la fin de
l'occupation française que la Cité de Calvin célèbre cette année.
Arie van Beek
La saison des concerts de soirée s'achèvera le mardi 2 juin toujours sous la direction d'Arie van
Beek et avec David Guerrier
(trompette)
et
Andreï
Korobeinikov (piano) comme
solistes pour une copieuse affiche
comprenant des œuvres de Haydn
(Symphonie no 90 et Concerto
pour trompette) et Chostakovitch
(Concerto pour piano, trompette et
orchestre à cordes ainsi que la
Symphonie no 9).
Soirée plus sérieuse le lundi
24 novembre sous la direction de
Joji Hattori et avec le ténor Donald
Litaker avec La Valse triste de
Sibelius, le Nocturne opus 60 de
Britten pour ténor et orchestre à
cordes et la Symphonie no 4 « tragiquze » de Schubert.
Gabor Takacs-Nagy prendra
le relais à la tête de l'OCG lors du
premier concert 2015, le jeudi 15
janvier avec Geneviève Chevallier
Le cinéma ne sera pas négligé
puisque le spécialiste Philippe
Béran dirigera deux ciné-concerts,
le premier avec Le Cirque de
Chaplin (le 26 novembre à
Fribourg, le 2 décembre à Rolle et
le 3 décembre au Victoria Hall), et
Véronique Gens © M Ribes and Van Tao / Virgin Classics
a
c
t
u
a
l
i
t
é
m u s i q u e
61
L’Orchestre de Chambre de Genève © Gregory Batardon
ensuite Les Lumières de la ville du même Chaplin (le 14 décembre à
Montreux et le 17 au Forum Meyrin).
Pour petits et grands, deux « Heures d'Arie». Le samedi 28 février
(Pierre et le Loup de Prokofiev) et le 6 juin (L'Histoire de Babar de
Poulenc). Et encore, des nourritures terres-tres avec « Musiques en bouche » le 27 mai à 12h15, et l'Apéro OCG le même jour à 18h.
Et comme toujours d'autres concerts sont planifiés avec des chœurs
locaux, le Concours de Genève.
Mais on retiendra surtout la participation de l'OCG à la création mondiale conjointe par l'Opéra de Lausanne et le Grand Théâtre de Genève
du Petit Prince, une composition de Michael Levinas avec une mise en
scène de Lilo Baur (du 5 au 12 novembre à l'Opéra de Lausanne et du 6
au 10 janvier au BFM).
Frank Fredenrich
Isabelle Druet © Némo Perier Stefanovitch
Patrick Ayrton
a
c
t
u
a
l
i
t
é
f e s t i v a l s
instants. Et amplifiée par la beauté plastique de
l’ensemble. Un peu à l’image de la polyphonie de
gestes imaginée par le chorégraphe belge et
marocain. Cette dernière mêle gestes, mythes,
cultures et origines d’ici et d’ailleurs. Dansé par
un quatuor de danseurs chinois et un interprète
Un large éventail d’alphabets et expressions chorégraphiques se déploie au
japonais, l’opus se veut une méditation axée
fil du Festival Montpellier Danse. Anjelin Preljocaj cisèle des gestes sur un
autour d’un corps placé sous surveillance conticanevas fragmenté. Sidi Larbi Cherkaoui explore une enfance tourmentée.
nue. Pour le chorégraphe, l’humain naît et disparaît à l’hôpital, espace désincarné, aseptisé. De
fait, il est un être profondément médicalisé,
A la recherche du geste fulgurant comme de briquent dans une lenteur très apprêtée et traver- jaugé, testé, évalué en permanence sa vie durant.
la parole la plus juste, Anjelin Preljocaj part du sées de micromouvements. Ils évaluent leur force Le récit mouvementiste incorpore ainsi des éclats
tandem philosophique et musical formée du pen- gravitaire, leur pesanteur dans des configurations autobiographiques déclinant une enfance en
seur et essayiste Henri-David Thoreau et du com- corporelles empreintes d’élasticité. Mais aussi souffrance, car médicalement assistée.
positeur John Cage. Empty words permet à Cage d’une fascinante beauté conjuguée à l’étrangeté.
La pièce s’ouvre sur ses danseurs fantômes
de retravailler par cut-up, syncopes et brouillages Bien que le chorégraphe se tienne souvent en revêtus de tablier blanc et portant un masque
le texte de Thoreau, La Désobéissance civile. réserve de toute volonté affirmée d’illustrer cho- antibactérien sur la bouche. De grands cubes
Dans cet écrit, Thoreau accepte de s’en remettre régraphiquement un propos, on peut se rappeller translucides et mobiles enferment les danseurs.
à l’autorité du gouvernement, dans la mesure où néanmoins dans ces anatomies comme chaînées Ils évoquent une atmosphère de laboratoire si
celui-ci cherche à obtenir le consentement de ses que la vraie cause, libérale, défendue par bien décrite ailleurs par Michaël Ferrier dans
administrés. C’est là le sens du progrès, de la Thoreau et suscitant sa révolte, est l’existence de Fukushima. Récit d’un désastre. Au Japon, l’hudémocratie ainsi que du respect pour l’individu et l’esclavagisme en son pays. « La seule voix qui main s’est fait cobaye et l’on demande aux réfules droits humains. Le philosophe y conclut : puisse hâter l’abolition de l’esclavage est celle giés de la catastrophe nucléaire de fournir des
« Jamais il n’y aura d’État vraiment libre et de l’homme qui engage par là sa propre liberté », certificats de non-contamination. Avec une
éclairé, tant que l’État n’en viendra pas à recon- écrit-il.
musique jouant du puzzle des cultures et distillée
naître à l’individu un pouvoir supérieur et indénotamment par un musicien indien joueur de
pendant d’où découletambour, une pianiste
rait tout le pouvoir et
et un chant tibétain,
l’autorité d’un gouCherkaoui
relaie
vernement prêt à trail’esprit d’une « entreter l’individu en
prise de domesticaconséquence. »
tion comme on a rareLa
partition
ment vu depuis l’avèsonore englobe la capnement de l’humanitation des réactions
té », celle-là même
courroucées du public
pointée par Ferrier
de l’époque. Afin de
pour Fukushima. On
ciseler des gestes sur
n’oublie néanmoins
un canevas fragmenté
pas que le contact
au cœur d’un quatuor
physique peut se révéde danseurs, le choréler ici une déclinaison
graphe reprend cette
thaumaturgique face à
«Genesis», chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui © Arnout André de la Porte
partition sonore en
un corps qui ne s’apébullition. « Empty moves est composée d'acpartient plus. Ni la beauté simple et épurée de
tions et mouvements inspirés par les paroles et Vie auscultée
boules en cristal ou celle pareille à une lymphe
Au détour de Genesis, Sidi Larbi Cherkaoui marquant magnifiquement les gestes d’une veste
phonèmes lus par John Cage au Teatro Lirico de
Milan et enregistrés en public le 2 décembre explore une enfance tourmentée en estampant à manches très allongées qui matrice et froisse
1977. La notion de distanciation, de désagréga- l’espace de paysages corporels puisés à même sa les lignes corporelles de Yabin Wang.
tion du mouvement et d’une nouvelle articulation collaboration avec la star chinoise, danseuse et
Bertrand Tappolet
du phrasé chorégraphique prime sur leur sens et chorégraphe Yabin Wang. Il y a dix ans, elle a
dansé dans le blockbuster de Zhang Yimou, Le
leur essence », explique Preljocaj.
Au plateau, les danseurs délaissent le narra- Secret des poignards volants, une sarabande gra- Festival Montpellier Danse. Du 22 juin au 9 juillet.
tif, la fable. Des tableaux abstraits se déploient en phique dans les plis d’un film d’arts martiaux se Rens. : www.montpellierdanse.com
un mouvement qui est à la fois fluide et flux tenant en 859 et en apesanteur. Un filmage des
continu. Les corps se tuilent, s’encadrent, s’im- corps rehaussé par une virtuosité de tous les
édition 2014
Montpellier danse
62
a
c
t
u
a
l
i
t
é
f e s t i v a l s
festival de colmar
festival
Sur disque, le nom d’Evgueny Svetlanov est associé à
d'innombrables enregistrements. Le festival alsacien
rend hommage à un maestro qui a incarné la musique
symphonique russe.
La 34e édition du grand rendez-vous jazzisitique se
déroulera du 27 juin au 12 juillet 2014 dans la Cité
gallo-romaine, à moins de 30 kms au sud de Lyon.
A Colmar, tout comme
dans le reste du monde,
Evgueny Svetlanov a dirigé son
Orchestre symphonique d’Etat
de Russie dans des concerts qui
ont marqué les mémoires; c'était entre 1992 et 1996. Ami du
musicien et directeur artistique
de la manifestation, Vladimir
Evgueny Svetlanov
Spivakov a proposé de lui rendre hommage. Comme dans les éditions précédentes, le choix d'une personnalité emblématique va permettre d'offrir aux mélomanes une variété de productions et de concerts, impossible d'évoquer ici de façon un tant soit peu
exhaustive...
Dans le bâtiment du Koïfuss, qui abritera comme chaque année une
exposition, on rappellera les débuts brillants d'Evgueny Svetlanov au
Bolchoï. Mais plus nombreux seront les documents qui attesteront de son
long et talentueux travail à la tête de l'Orchestre symphonique d'Etat de
l'URSS. Qui n'a pas un disque dans sa bibliothèque sonore ?
Du 3 au 14 juillet, toute la ville sera une salle de concerts “multi sites“.
Le Koïfuss servira d'écrin pour la musique de chambre, avec notamment
Romain Descharmes et Sarah Nemtanu, bien évidemment dans un programme de musique russe (8 juillet). La Chapelle Saint-Pierre offre un cadre plus
élargi pour cette musique; s'y produiront, entre autres, le Quatuor Sine
Nomine (avec Marie-Pierre Langlamet, harpe) dans une affiche, cette foisci de musique française, peut-être bien pour matérialiser l'amitié francorusse (9 juillet). La splendide église Saint-Matthieu sera sans nul doute le
lieu le plus proche de l'esprit du dédicataire. L'Orchestre National
Philharmonique de Russie (phalange “en résidence“, mais pas la seule à s'y
produire), dirigée par Vladimir Spivakov, proposera le Premier concerto de
Tchaïkowsky (avec Alexander Romanovsky au clavier) et la Première
Symphonie de Rachmaninov (6 juillet). Le 10, Mahler sera à l'affiche
(Kindertotenlieder et Symphonie n°1); à cette occasion, le soliste sera
Mathias Goerne. Mais le grand disparu ne sera jamais aussi présent que le
11 juillet, lorsque la même formation jouera, à côté de pages de
Rachmaninov, des Variations pour harpe et orchestre du grand Svetlanov.
Connaissant l'aspect flamboyant et coloré de la direction de cette figure tutélaire, il y a fort à parier que ces concerts seront intenses et incandescents. Et le mélomane appréciera sans doute de retrouver, entre les concerts,
les terrasses accueillantes de la pittoresque cité.
Comme dans tout festival de cette envergure, ce sont plusieurs dizaines de concerts qui sont proposés chaque jour, dans l’impressionnant
cadre du Théâtre Antique, bien sûr, mais aussi, et pour des concerts gratuits, sur une dizaine d’autres scènes parmi lesquelles le Club de Minuit,
dans l’écrin intime du ravissant Théâtre, ou les Scènes de Cybèle, dans un
jardin ombragé en plein centre-ville. Mais venir à Vienne, c’est aussi l’occasion de visiter ses adresses gourmandes dont la légendaire et étoilée
Pyramide fondée par le grand Fernand Point au temps de la Nationale 7.
Dans la riche programmation au Théâtre Antique, on n’aura que l’embarras du choix entre le Paolo Fresu Quintet + Paolo Conte (samedi 28
juin), l’Orchestre national de Lyon et Stefano Bollani + Youn Sun Nah
Quartet (mercredi 2 juillet, avec la possibilité d’entendre à nouveau la
chanteuse coréenne le lendemain au Club de Minuit en duo avec le grand
guitariste Ulf Wakenius), les arrangements de l’éternellement jeune
Quincy Jones (jeudi 3 juillet), le blues de Thomas Schœffler Jr + Buddy
Guy (vendredi 4 juillet), les guitare heroes Joe Satriani + Jeff Beck
(dimanche 6 juillet), la guitare de Thomas Dutronc + le jeune crooner
Jamie Cullum (lundi 7 juillet), le Daniel Humair Quartet (mardi 8 juillet),
la virtuosité vocale de Bobby McFerrin (mercredi 9 juillet), la voix de
velours de Gregory Porter + le trompettiste arrangeur Tom Harrell dans
une formation comprenant la troublante Esperanza Spalding à la basse et
au chant (samedi 12 juillet).
Hommage
Jazz à Vienne
Pierre Jaquet
Esperanza Spalding © Sandrine Lee
Ce bref échantillon ne rend qu’imparfaitement compte de la divesité
d’une programmation ouverte à tous les jazz d’où qu’ils viennent. Vous
aimez le Funk, la Soul, le Free Jazz, le rap, les musiques d’Afrique, du
Brésil, de New Orleans? Jazz à Vienne a ce qu’il vous faut.
Festival international de Colmar 8, rue Kléber - FR-68000 COLMAR - 27 concerts du 3
au 14 juillet 2014 - Tél. : +00 33 (0)3 89 20 68 97 - [email protected]
a
c
t
u
a
l
Christian Bernard
i
t
é
63
f e s t i v a l s
Vous avez aimé Falstaff de Verdi ? Vous allez
adorer Les joyeuses commères de Windsor
de Nicolai d’après la comédie de Shakespeare !
6, 8, 11, 13, 15 JUIN
DIE LUSTIGEN WEIBER
VON WINDSOR
OTTO NICOLAI
lyon, les nuits de fourvière
Diversité
Année après année, sous l’impulsion de son directeur
Dominique Delorme, Les Nuits de Fourvière se parent
d’audace et d’originalité. Théâtre, musique, danse,
opéra, cirque, cinéma...
PHOTO : © RIFAIL AJDARPASIC
Petit florilège des spectacles de théâtre et de danse qui vous attendent
en juin et juillet.
Théâtre et Théâtre musical
T 021 315 40 20
WWW.OPERA-LAUSANNE.CH
DU 4 AU 12
JUILLET 2014
CARMEN
C’est un opéra imaginé par Robert Wilson qui posera la première
pierre de cette édition du mardi 3 juin au vendredi 6 juin à 22h. Zinnias :
The Life of Clementine Hunter célèbrera deux siècles de musique noire
américaine avec la complicité de Bernice Johnson Reagon, Toshi Reagon
et Jacqueline Woodson. Dans le même temps, Gwenaël Morin, reviendra
hanter les fins de journée de ses tragédies grecques avec Ajax, Œdipe roi
et Électre qui hurleront leur colère dans les ruines romaines du sanctuaire
de Cybèle : Ajax, du mardi 3 juin au samedi 21 juin, 18h30 / Oedipe Roi,
du mardi 24 juin au samedi 12 juillet, 18h30 / électre, mardi 15 au mercredi 30 juillet, 18h30. Manon des Sources & Jean de Florette, samedi 7
juin et dimanche 8 juin à 20h par la compagnie Comp. Marius. L’Eau des
collines, diptyque romanesque écrit par Marcel Pagnol, sera patiné du
souffle et de l’accent flamand.
Du lundi 16 juin au vendredi 4 juillet à 19h, Jean-Pierre Vincent s’attaquera à huit courtes pièces de Mark Ravenhill : War and Breakfast et
Armand Gatti, du 29 au 31 juillet, à l’un de ses écrits dramatiques,
Résistance selon les mots, tiré du recueil La Traversée des langages.
Mardi 17 juin et mercredi 18 juin, 21h : La Veuve et le Lettré de
Wang Renjie avec Zeng Jingping, Théâtre Liyuan. Vendredi 20 juin et
samedi 21 juin à 22h, Toutaristophane, Fragments. Lectures par Eric
Elmosnino, Hervé Pierre (sociétaire de la Comédie-Française) Ariane
Ascaride, Christine Citti, Manuel Le Lièvre. Le dimanche 13 juillet à 22h
au Grand Théâtre (en première française). Après avoir présenté aux Nuits
de Fourvière ses relectures pleines d’invention de La Flûte Enchantée et
de Carmen, l’Orchestra di Piazza Vittorio revient avec Le Tour du Monde
en 80 minutes. Du dimanche 22 juin au samedi 28 juin à 20h30 à la
Maison de la Danse : Golgota de Bartabas.
Danse
Lundi 23 juin et mardi 24 juin à 22h au Grand Théâtre : Répertoires
#1, florilège hip-hop pour trente danseurs, naîtra du souffle de cinq chorégraphes contemporains sous la houlette de Mourad Merzouki. Il s’enrichit
des partitions classiques d’Anthony Égéa, des chorégraphies ciselées de
Bouba Landrille Tchouda, des récits oniriques de Kader Attou et de la
danse instinctive de Marion Motin. Lundi 30 juin et mardi 1er juillet à 22h
à l’Odéon : Gymnopédies & Henri Michaux : Mouvements, chorégraphies de Marie Chouinard, musique d’Erik Satie
Nancy Bruchez
AVEC
BÉATRICE URIA MONZON
NOËMI NADELMANN
JORGE DE LEON
FRANCK FERRARI
BILLETTERIE
WWW.AVENCHESOPERA.CH
Programme complet sur www.nuitsdefourviere.com
a
c
t
u
a
l
i
t
é
f e s t i v a l s
tion, à travers le cycle de lecture de Lydie Dattas, où elle présentera deux
textes en rapport avec Jean Genet : « La nuit spirituelle », « La chaste de
vie de Jean Genet », puis « Les amants lumineux » et « La foudre », texte
né de l’intimité avec la famille Bouglione. Les poètes dramaturges auront
leur place sur les planches, avec l’Orlando ou l’Impatience d’Olivier Py,
qui présentera également lors de ce festival sa reprise de La jeune fille, le
diable et le moulin et Vitrioli, sur un texte de Yannis Mavritsakis. Py a
annoncé un « fil rouge grec » au long de ce festival, qui nous permettra de
découvrir O Kyklismos tou tetragonou de Dimitris Dimitriadis. L’Europe
sera représentée avec des spectacles d’Emma Dante, Gianina Crbunariu,
Fabrice Murgia, Ivo van Hove, Josse de Pauw et Kris Defoort.
festival
Avignon 2014
Olivier Py, premier artiste à diriger le festival après
Jean Vilar, a souhaité porter l’accent lors de sa
présentation de saison sur le retour au texte et sur la
vocation populaire du festival.
Musique / danse
Ainsi, dans l’espoir de rajeunir le
public, les moins de vingt-six ans pourront bénéficier d’un abonnement avantageux : quatre spectacles pour quarante euros. Les « grands spectateurs »
pourront aussi accéder dès le cinquième
spectacle à des tarifs intéressants. Py
cherche également à opérer ce qu’il
appelle la décentralisation « la plus
compliquée » : celle qui se fait sur trois
kilomètres ! On pourra assister à un
spectacle itinérant : Othello Variation,
de Nathalie Garraud et Olivier
Saccomano, où le mot « maure » sera
systématiquement remplacé par
« arabe », ce qui permettrait d’envisager l’œuvre sous l’angle du racisme.
Côté musical, on notera une collaboration avec l’Abbaye de Royaumont
pour un concert de cinq chants orientaux, un cycle de musique sacrée, la
présence de la musique dans des spectacles comme Lied Ballet de Thomas
Lebrun, Coup fatal d’Alain Platel, ou
encore avec Haeeshek d’Hassan el
Geretly, qui présentera l’Egypte d’aujourd’hui à travers la forme du cabaret
et du conte.
La réflexion fera toujours partie
intégrante du festival, avec le retour des
Sujets à vifs proposés par la Société des
auteurs et compositeurs dramatiques.
Le public pourra également se retrouver entre dix heures du matin et minuit
à la Faculté des sciences afin de réfléchir et débattre sur les sujets du festival.
Les enfants auront un lieu privilégié pendant ce festival : la chapelle des
Pénitents Blancs. Ils pourront assister
dans ce lieu aux représentations de
Falstafe de Novarina par Lazare
Henrson-Macarel, Même les chevaliers
tombent dans l’oubli de
Gustave Akakpo par
Matthieu Roy et La jeune
fille, diable et le
moulin par Olivier Py.
Grands textes
Pour ce qui est du retour aux textes, on notera le retour du Prince de
Hombourg, mis en scène par Giorgio
Barberio Corsetti, et qui ouvrira le festival à la Cour d’Honneur du Palais des
Papes. Henri VI sera présenté en 18h à
la Fabrica, dans une mise
en scène du jeune Thomas
Jolly.
Autre grand texte :
Mahabharata sera donné à
nouveau à la carrière de
Boulbon, trente ans après
Peter Brook. Mais cette
fois, on assistera uniquement à un épisode de cette
fresque, celle du roi Nala,
dans la mise en scène de
Satoshi Miyagi, qui
emprunte des codes du
kabuki.
Les poètes contemporains trouveront également
leur place dans cette édi-
a
c
t
Olivier Py, directeur du Festival d'Avignon
© Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Le festival in s’achèvera en même temps que le
off avec une dimension
musicale et festive : les
Têtes Raides investiront la
Cour d’Honneur du Palais
des Papes avec Corps de
Mots.
Anouk Molendijk
Programme sur :
www.festival-avignon.com
Palais des papes
© Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon.
u
a
l
i
t
é
65
f e s t i v a l s
chambre de Bâle dans les Indes galantes de
Rameau, le 24e Concerto pour piano de Mozart
et la musique de scène pour l’Arlésienne de
Bizet.
gstaad
Menuhin Festival
Habitués et découvertes
intitulée “Music in Motion”, c’est sous le signe du mouvement et de
l’émotion que sera placée l’édition 2014 qui se déroulera du 17 juillet
au 6 septembre. Grande nouveauté introduite cette année par
Christoph Müller, directeur artistique du festival: une master class
de direction d’orchestre.
Gstaad Conducting Academy
66
Assister à une master class de haut niveau
ouverte au public, comme le Menuhin nous en a
offert la possibilité ces cinq dernières années avec par exemple le chant sous la direction de
Silvana Bazzoli Bartoli et Cecilia Bartoli, ou le
piano sous la direction d’Andras Schiff - est une
expérience particulièrement instructive que
n’offre pas le concert : on voit et on entend le
travail plutôt que le résultat. Cette année l’offre
est plus riche que jamais: chant (Silvana
Bazzoni Bartoli), piano (Leon Fleisher), cordes
(Igor Ozim, Wonji Kim, Ettore Causa, Ivan
Monighetti), musique baroque (Maurice
Steger). Avec, pour la première fois, ce cours de
maître d’une durée de trois semaines ouvert à
17 jeunes chefs en début de carrière, animé par
le grand chef estonien Neeme Järvi assisté de
Leonid Grin et Gennady Rozhdestvensky avec
le concours du Gstaad Festival Orchestra.
Neeme Järvi précise que les participants « sont
jeunes mais déjà formés, connaissent parfaitement la musique. La plupart possèdent déjà leur
propre orchestre. Ce qu'ils viennent chercher
ici, c'est la chose la plus dure à acquérir pour un
chef: une technique. À savoir cette capacité à
parler à l'orchestre avec les mains, qui n'a rien
à voir avec la simple battue».
Programme détaillé sur www.gstaadacademy.ch.
Christian Zacharias
Il est l’artiste en résidence 2014. Le pianiste et chef d’orchestre ouvrira les feux avec trois
concerts à l’Eglise de Saanen d’abord en solo
dans des Sonates de Mozart et Schubert, puis
avec la violoniste Baiba Skride et la violoncelliste Sol Gabetta dans un programme Beethoven
et Schubert, enfin à la tête de l’Orchestre de
Le Menuhin a ses habitué(e)s que l’on se
réjouit de retrouver. Ainsi Sol Gabetta déjà
nommée, pour trois concerts et la souvent surprenante violoniste Patricia Kopatchinskaja,
pour trois concerts également. On les entendra
ensemble dans un Pas de deux… mêlant Bach,
Haydn, Ravel, Xenakis et Vasks (commande du
festival). Habituée toujours, la très libre Katia
Buniatishvili donnera le Concerto pour piano
de Grieg accompagnée du Gstaad Festival
Orchestra dirigé par Neeme Järvi, ainsi qu’un
récital à Saanen comprenant les Tableaux d’une
exposition de Moussorgski, ainsi que, de Ravel,
Gaspard de la nuit et La Valse. Signalons au
chapitre jazz, jamais négligé par le Menuhin, le
retour de Bobby McFerrin, d’autant que le prodige viendra accompagné d’amis dont la bassiste et chanteuse Esperanza Spalding… Première
venue à Gstaad en revanche pour la violoniste
Isabelle Faust que l’on entendra en compagnie
de Kristian Bezouidenhout dans des Concertos
pour violon et clavecin de Bach, puis, deux
jours plus tard, dans un programme intitulé La
beauté de Bach et Pärt.
Concerts symphoniques
Retour cette année du London Symphony
Orchestra placé sous la direction d’Antonio
Pappano pour un gala de prestige avec Diana
Damrau, Joseph Calleja et Thomas Hampson
dans des airs d’opéras italiens et français. Avec
le LSO toujours, Janine Jansen donnera le
Concerto pour violon no. 1 de Bartok.
Début septembre le festival accueillera le
ténor Gaston Rivero et la mezzo Vesselina
Kasarova dans une version de concert de
Carmen avec le Chœur et l’Orchestre de
Fribourg-en-Brisgau et, pour le concert de clôture, l’Orchestre philharmonique de la Scala de
Milan placé sous la baguette de Daniel Harding
dans la 4ème Symphonie de Tchaïkovski, ainsi
que la soprano Christine Schäfer dans les Vier
letzte Lieder de R. Strauss.
Christian Bernard
Rens. sur www.menuhinfestivalgstaad.ch
Christian Zacharias
a
c
t
u
a
l
i
t
é
f e s t i v a l s
67
a
Antonio Pappano © MusacchioIanniello licensed to EMI Classics
Christine Schaefer
Isabelle Faust, photo Felix Broede
Bobby McFerrin
c
t
u
a
l
i
t
é
f e s t i v a l s
entretien : raymond duffaut
jonction d’une 3ème représentation de Carmen en 2015.
Chorégies
Pour revenir à l’édition 2014, on voit pour Nabucco beaucoup
de nouveaux venus aux Chorégies …
Directeur général des Chorégies d’Orange depuis 1981,
Raymond Duffaut nous présente l’édition 2014 du
festival ainsi que les perspectives à plus long terme.
Comme en 2011 où étaient
présentés Aida et Rigoletto, 2014 est à
nouveau une édition « Tutto Verdi ! »
avec cette fois Nabucco et Otello…
68
Tout à fait, mais sans grande prise de risque, par exemple Martina Serafin
qui est une grande soprano lirico dramatique d’aujourd’hui, chantera – il
est vrai – Abigaille pour la première fois, mais je pense que c’est un rôle
qu’elle peut aborder avec ses propres qualités. C’est aussi une première
pour Karine Deshayes en Fenena, et les autres titulaires principaux ne
seront pas en prise de rôle, mais simplement à Orange pour la première
fois. La mise en scène de Jean-Paul
Scarpitta ne sera pas le spectacle qu’il
avait monté à Rome, mais construite
sur la base d’un nouveau dispositif scénographique, avec de nouvelles vidéos
et des costumes entièrement conçus
pour les Chorégies.
Oui, ce n’est pas une constatation nouvelle, mais pour ce qui concerne la proPour Otello, l’équipe artisgrammation on s’aperçoit que dès que
tique est bien habituée aux lieux…
l’on sort des sentiers un peu battus aux
Là, il s’agira d’une production issue de
Chorégies, les choses ne sont pas possicelle montée pour l’opéra de Marseille
bles, avec des résultats qui deviennent
la saison passée, mais avec évidemment
très vite problématiques. Problèmes auxune approche scénographique totalequels on se trouve d’ailleurs confrontés
ment différente, puisque les décors qui
actuellement, préoccupants pour l’avenir
étaient conçus à l’origine pour un théâdes Chorégies. Depuis des années, nous
tre fermé, ont été complètement revus,
alertons sur la situation financière des
en partant sur un jeu de miroirs et un sol
Chorégies qui est extrêmement fragile,
déstructuré. C’est une production avec
toujours sur le fil du rasoir, ayant toule festival de Savonlinna en Finlande
jours dit que tant qu’on pouvait assurer
qui reprendra cet Otello en 2016, et
un taux d’autofinancement de plus de
parallèlement Savonlinna fera Boris en
80%, le résultat était alors quasiment
2015 que nous reprendrons 2 ans plus
équilibré. Mais si par malheur un ouvratard.
ge marche un peu moins bien, on passe
Sur l’aspect vocal, Roberto
très vite dans le rouge. Le Ministère de
Karine
Deshayes
©
Vincent
Jacques
Alagna
est en prise de rôle …
la Culture a chiffré un re-subventionneOui,
une
prise de rôle importante, un
ment annuel de nos partenaires instituemploi
lourd
auquel
j’ai
toujours
cru,
j’espère
ne pas me tromper. Je vous
tionnels à la hauteur de 600 000 €, pour que nous puissions travailler nordirais
qu’après
l’avoir
entendu
récemment,
dans
Le dernier jour d’un
malement et assurer la pérennité du festival. Il faut savoir qu’en gros les
Condamné
où
je
l’ai
trouvé
particulièrement
en
forme,
avec un grave et un
subventions n’ont pas bougé depuis 20 ans (pour un total de 830 000 €), et
bas
médium
extrêmement
bien
exprimés,
cela
m’a
rassuré
– pour autant
au bout d’un certain temps on ne peut plus faire de miracle ! Et ceci malgré
que
je
devrais
l’être
!
–
sur
la
manière
dont
il
pourrait
aborder
Otello. C’est
le fait que nous avons doublé le montant du mécénat en 2 ans, pour arriver
un
rôle
auquel
il
tient
beaucoup, il
à un montant très largement au-desl’aborde
d’ailleurs
en
concert fin
sus de la subvention la plus imporjuin
à
Paris
à
la
Salle
Pleyel.
tante, qui est celle de l’Etat. Voilà
Comme
à
Marseille,
il
sera
aux
ce qui m’avait conduit à proposer
côtés
d’Inva
Mula
et
de
Sengcette programmation pour 2014, et
Hyoun Ko, cette fois-ci dirigés par
aussi amené à retravailler sur l’affiMyung
Whun Chung.
che à partir de 2015 de manière à
Et
puis Carmina Burana
proposer des ouvrages qui sont cenen
juillet,
Plasson, Yoncheva,
sés s’adresser au plus large public,
Cencic
;
est-ce
la première fois
et ne prendre a priori aucun risque.
qu’un
contre-ténor
se produit au
D’où le remplacement de Samson et
Théâtre
antique
?
Dalila par le Trouvère en 2015, le
Je pense que c’est effectivement la
glissement de Boris Godounov de
première
fois qu’un contre-ténor
2016 vers 2017 et son remplaceMax
Emanuel
Cencic
©
Laidig
s’y
produit,
du moins sur les 40 derment par Butterfly, ainsi que l’ad-
e
n
t
r
e
t
i
e
n
f e s t i v a l s
festival de radio-france et montpellier
Centenaire
1914-2014, le Festival de Radio-France et Montpellier
célèbre en juillet le centenaire du début de la première
guerre mondiale, avec une affiche en partie dédiée à
cette thématique.
Robreto Alagna, photo Studio Harcourt
nières années. Et je précise qu’aucune sonorisation n’est prévue a priori.
Le belcanto sera aussi à l’honneur avec un concert Rossini /
Donizetti défendu par deux spécialistes de ce répertoire …
Oui, la soirée est programmée entre les deux représentations d’ Otello.
Patrizia Ciofi retrouvera les Chorégies, dont elle est l’une des sociétaires
les plus assidues, et nous accueillerons Daniela Barcellona pour la première fois, dont je garde le vif souvenir de ce Requiem de Verdi dirigé par
Abbado en 2001 à Berlin. Luciano Acocella sera placé à la direction musicale, lui qui a assuré jusqu’à présent les concerts en juin de Musiques en
Fête, est programmé pour la première fois à l’intérieur du festival.
On annonce pour 2015 Carmen avec un Don José qui devrait
attirer les foules : Jonas Kaufmann…
C’est cela, trois représentations de Carmen avec Jonas Kaufmann et Kate
Aldrich, dirigés par Mikko Franck. Jonas Kaufmann était venu à Orange
en 2006 pour un Requiem de Mozart et il était pratiquement inconnu du
grand public à l’époque, ce qui n’est plus exactement le cas aujourd’hui ;
nous avons travaillé à son retour depuis longtemps, et la décision est prise
depuis 3 ans. Pour l’édition 2015, Roberto Alagna sera distribué dans le
Trouvère (dirigé par Bertrand de Billy) et non plus dans Samson donc,
avec Sonya Yoncheva en prise de rôle, Marie-Nicole Lemieux qui aborde
d’ailleurs Azucena cet été à Salzbourg et Franco Vassallo. Au programme
aussi une soirée avec Joseph Calleja et Anna Caterina Antonacci, et un
autre concert sous la baguette de Bertrand de Billy.
La soirée « Musiques en Fête » du 20 juin est-elle reconduite,
avec une diffusion en direct à la télévision ?
Oui, le programme en sera précisé bientôt, avec Luciano Acocella au pupitre, et Didier Benetti pour les pièces plus légères. La soirée sera diffusée
en prime time sur France 3, et concernant les autres retransmissions,
Carmina Burana sera enregistrée puis diffusée le 9 août, alors qu’Otello
sera donné en direct sur France 2 le soir de la 2ème représentation. France
Télévisions reste un partenaire majeur au niveau de la notoriété des
Chorégies d’Orange.
Propos recueillis par François Jestin
Le concert du 16 juillet dirigé par Alain Altinoglu sera au cœur du
sujet, en proposant un programme de musique allemande que l’on pouvait
entendre outre-Rhin pendant la guerre, et puis Maurice Ravel, en son temps
envoyé au front, sera également à l’honneur : une soirée le 18 avec le
Philharmonique de France, une autre le 21 – Jean-Claude Casadesus dirige l’Orchestre National de Lille – aux côtés d’Adam Laloum qui interprétera le Concerto pour la main gauche, composé par Ravel pour un pianistesoldat autrichien amputé du bras droit. Coupe du monde de football oblige,
la soirée d’ouverture le 13 juillet à 18h30 intitulée « Les tubes des pays
champions », devrait permettre aux afficionados (sauf moult rappels et prolongations…) de vibrer devant leur poste de télévision à 21h00 pour la finale. Trois opéras en version de concert seront donnés au Corum, en commençant par Zingari de Leoncavallo, le 15 juillet (jumelé avec des pièces
orchestrales de Massenet), qui rassemble Anna Pirozzi, Stefano Secco,
Fabio Capitanucci, Sergey Artamonov,
dirigés par Michele Mariotti.
La rare Caterina Cornaro de Donizetti
sera défendue (le 22) par Elena Mosuc dans
le rôle-titre et Paolo Carignani à la baguette, avant que le festival n’apporte sa contribution (le 24) au 250ème anniversaire de la
mort de Jean-Philippe Rameau, en proposant Castor et Pollux dans une distribution
très prometteuse : Colin Ainsworth,
Stéphane Degout, Emmanuelle de Negri,
Clémentine Margaine, Sabine Devieilhe,
accompagnés par Raphaël Pichon et
l’Ensemble Pygmalion.
Au registre vocal encore, le couple à la
ville Natalie Dessay – Laurent Naouri
interprétera (le 20) un programme de mélodies françaises (Fauré, Duparc, Poulenc,
Gianandrea Noseda
…), avec Maciej Pikulski au piano. Sont
© Sussie Ahlburg
attendus également parmi bien d’autres le
chef Gianandrea Noseda (le 23) aux commandes de l’Orchestre National
de France, le violon solo de Renaud Capuçon (le 19), le pianiste
Alexandre Tharaud (le 25) dans un programme Mozart, Mahler,
Beethoven. A noter encore le 17 juillet un concert de musique électronique,
« spatialisé en son 3D », et puis en clôture du festival, la « Fête du violon »
rassemblera le 26 juillet Marina Chiche, Michael Barenboim et Dorota
Anderszewka sous la direction d’Enrique Mazzola et l’Orchestre National
Montpellier Languedoc-Roussillon.
François Jestin
www.festivalradiofrancemontpellier.com
www.choregies.fr
a
c
t
u
a
l
i
t
é
69
f e s t i v a l s
entretien : bernard foccroulle
Aix-en-Provence
Bernard Foccroulle, Directeur du festival international d’art lyrique
d’Aix-en-Provence, nous présente la programmation de l’édition 2104,
riche de nombreuses nouvelles productions, avec une reprise qui promet,
celle de La Flûte enchantée selon Mc Burney...
D’abord peut-être un mot sur la
disparition de Patrice Chéreau, dont la dernière mise en scène fut celle d’Elektra à Aix
l’été dernier …
70
Un peu après ma prise de fonction, je lui avais
proposé Elektra en 2007 et il n’avait pas dit oui
tout de suite. Il a fallu un délai d’à peu près 3
ans avant qu’il ne donne sa réponse, il hésitait,
il trouvait que la scène des servantes au début
était très hystérique et trop violente, et il n’avait
pas pris tout de suite cette proposition comme la
chose évidente, mais c’était caractéristique de
Chéreau, il prenait du temps avant de se décider
pour des projets. Mais une fois sa décision
prise, je pense que les choses à ce moment-là se
sont précisées assez rapidement, il a beaucoup
travaillé, beaucoup parlé avec Waltraud Meier
dont il était très proche et qui l’a, je pense, nourri dans sa propre perception du rôle de
Clytemnestre. Ensuite il a eu un tel appétit de
monter cette œuvre, il avait envie un an à l’avance de mettre en route les répétitions, et pendant la période de travail à Aix, il était en chimiothérapie, à la fois très fatigué et en même
temps complètement porté par la pièce et surtout par sa relation avec les trois chanteuses clés
avec lesquelles il a développé un lien d’une très
grande empathie. Ce qu’il m’a répété très clairement à deux reprises, c’est que c’était sans
doute la production dans laquelle il s’était senti
le plus heureux en période de répétition, comme
si la fatigue qui était la sienne était compensée
par le sentiment d’être en parfaite adéquation
avec ses interprètes et avec l’œuvre. De ce point
de vue-là, je trouve que le chef Esa Pekka
Salonen a été remarquable, présent, très discrètement présent d’ailleurs pendant les répétitions, suivant le travail de Chéreau comme un
assistant à la mise en scène, très passionné.
Alors qu’ils ne se sont pas beaucoup parlé, ils se
sont totalement compris. Il y a eu une sorte
d’osmose entre le travail de transparence de la
musique, en évitant la saturation sonore, qui a
e
permis justement à toute cette humanité du travail de Chéreau sur ces trois femmes de s’exprimer beaucoup mieux qu’on ne peut l’entendre
au disque ou la plupart du temps sur les scènes
d’opéra. On parle aujourd’hui d’opéra tellement
souvent en termes de metteur en scène, moi je
pense a contrario que le rôle du chef d’orchestre et des chanteurs reste capital, et cette production paradoxalement le prouve. Il faut un chef
d’orchestre au meilleur de lui-même et totalement investi musicalement et théâtralement,
c’est quand même lui ensuite qui tient le specta-
moment où j’allais entrer en contact avec Mc
Burney, j’apprends que Pierre Audi, directeur
de l’Opéra d’Amsterdam, a déjà le projet de
monter La Flûte avec lui. Je contacte alors
Pierre Audi et nous décidons d’une coproduction. Celle-ci a déjà été montrée à Amsterdam,
mais il faut savoir que Mc Burney est un metteur en scène extrêmement créatif, donc c’est
une Flûte qui ne ressemble à aucune autre,
racontée de façon très personnelle, très originale, très dramatique aussi à certains moments.
C’est quelqu’un qui à chaque reprise remet la
pièce sur le métier, ce qui est passionnant et
peut être aussi inquiétant car nous savons qu’il
va être très exigeant dans la période de répétitions. Entre-temps, la pièce a été reprise à
Londres où elle était techniquement beaucoup
plus élaborée, mais artistiquement un peu moins
convaincante. Nous espérons donc à Aix obtenir
la convergence maximale de ces deux éléments,
avec en plus un chef d’orchestre particulièrement attendu, Pablo Heras-Casado, l’un des
plus brillants de sa génération, élu le chef de
l’année en Amérique, qui se montre convaincant dans tous les répertoires qu’il aborde.
Pas de création pour cette édition ; on
se souvient de Written on Skin de George
Benjamin en 2012…
Du point de vue de la création d’opéra, je dirais
que c’est un petit pas de côté, nous avons toutefois cette année plusieurs créations mondiales
dont une pièce importante de Manfred Trojahn
destinée à Sabine Devieilhe, sur des textes de
René Char, un compositeur de premier plan, très
francophile. Pour être tout à fait franc, après
2013 année de la Capitale de la Culture, j’avais
fait bien attention de ne pas surcharger la barque
de 2014. L’édition 2013 s’est heureusement
bien terminée, avec un résultat financier équilibré, mais si on veut bien gérer les choses, on ne
peut pas systématiquement prendre des risques
à répétitions. Des créations lyriques toutefois, il
y en aura au moins une, voire deux, dans les
années qui viennent.
Simon McBurney © Chr. Raynaud de Lage
cle.
Le festival reste fidèle à sa tradition
mozartienne, avec cette année La Flûte
enchantée dans une production existante…
Il y a quelques années lorsque nous avons commencé à réfléchir à La Flûte, dont le « tour »
revenait assez naturellement, parmi les metteurs
en scène auxquels je pensais il y avait Simon
Mc Burney que tout le monde de l’opéra rêve de
séduire depuis des années et des années. Au
n
t
r
e
On ne retrouve pas le Grand SaintJean, comme lieu du festival cette année. On
se souvient aussi de son absence certaines
années passées ; est-ce un lieu qui peine à
trouver sa pérennité dans la programmation ?
Il était déjà absent en 2008 et 2009, pour des
raisons différentes d’aujourd’hui. J’ai été
nommé en 2006 et me suis très vite rendu compte que la fin du Ring allait être financièrement
t
i
e
n
f e s t i v a l s
l’identité XVIIIème du festival, de ce point de
vue c’est l’idéal.
Haendel prend-il une place aussi
importante que Mozart à Aix ?
Olga Peretyatko sera Fiorilla dans le « Turc en Italie »
très lourde pour le Festival, on a dû faire un plan
d’économies, qui intégrait la décision de ne pas
aller au Grand Saint-Jean pendant 2 ans. En
2014, la Ville nous dit aujourd’hui que la dégradation de l’enveloppe extérieure de la Bastide
fait que la sécurité du public ne peut être garantie. La Ville nous a promis de s’en occuper pour
2016, et nous espérons fermement que l’ensemble du site soit restauré pour y revenir avec un
projet fort en 2016. A terme je pense que la présence du Festival au Grand Saint-Jean, et de
l’Académie en particulier, y sera renforcée.
Pas d’opéra français à l’affiche en
version scénique…
Je pense qu’il n’y a pas de festival sans Mozart,
mais qu’il peut très bien y avoir un festival sans
opéra en français, je crois que ça ne fait pas partie
du cahier des charges, mais il y aura des opéras
français très importants dans les années qui viennent, donc c’est plus conjoncturel que délibéré.
C’est un compositeur que j’ai découvert un peu
sur le tard. Lorsque j’étais jeune musicien, en
comparant Haendel par rapport à Bach, j’avais
le sentiment d’un musicien plus superficiel,
mais je ne le mesurais pas à sa juste valeur.
Depuis que j’ai commencé à travailler l’opéra,
dont Agrippina à Bruxelles, je trouve qu’il y a
une écriture vocale sans égal dans la première
moitié du XVIIIème, dans les registres de la virtuosité, de l’expressivité. On y trouve également un équilibre musical, vocal et théâtral très
satisfaisant, sachant que l’on dispose aujourd’hui de chanteurs au top niveau dans ce répertoire.
L’Académie a-t-elle un rôle majeur ?
La place de l’Académie reste plus importante
que jamais. Comme nous avons cette année une
petite forme – tout de même exceptionnelle,
avec le Winterreise chanté par Goerne et mis en
scène par Kentridge –, nous aurons également
une production de l’Académie sur les Cantates
de Bach. Le principe reste que chaque année il
y ait au moins un opéra porté par l’Académie.
En plus du mois de juillet, l’Académie est la
colonne vertébrale du festival d’Aix en juin,
avec cette année La Scala di Seta de Rossini et
d’autres projets.
Vous aviez pris la succession à
Bruxelles de Gérard Mortier, qui vient de
disparaître. Vous avez déclaré « Cet homme a
changé ma vie »…
Je n’étais pas stricto sensu dans l’équipe
Mortier, mais très proche du travail de la
Le Freiburger Barockorchester
commence sa résidence, en jouant sur
deux productions d’opéra, Zauberflöte et
Ariodante…
Oui il commence sa résidence sur une durée
de 3 ans. Ils avaient déjà joué en 2010, Don
Giovanni sous la direction de Langrée et
Alceste sous Bolton. Nous avions alors
beaucoup apprécié leur travail, leur attitude,
leur générosité. Avec leur répertoire, ce
seront bien sûr les Mozartiens des 3 années
qui viennent, mais on va aussi mettre en
œuvre avec eux un cycle Haendel, c’est un
orchestre parfaitement en adéquation avec
e
n
t
r
Monnaie pendant la décennie où il en était
directeur ; j’ai écrit pour la dramaturgie, été
assistant de Cambreling sur l’Orfeo de Gluck, et
aussi claveciniste... C’est quand même Mortier
qui est à l’origine de ma candidature, sinon je ne
me serais jamais posé la question de lui succéder. Lorsque j’ai été nommé, j’ai eu à peu près
20 mois de présence dans la maison pour préparer mon travail, construire une équipe, et voir de
plus près le fonctionnement. Quand je dis qu’il
a changé ma vie, c’est non seulement du point
de vue professionnel, mais même si je n’étais
pas devenu directeur d’Opéra, il a vraiment
changé ma manière de voir, de penser la vie
musicale, et en particulier le système de l’opéra.
Ce que j’espère toujours secrètement quand on
présente des œuvres auxquelles on croit avec de
très grands interprètes, c’est que quelque part ça
change un peu la vie des gens. C’était quelqu’un
qui ne laissait pas indifférent, il a occupé une
position unique ces 30 dernières années, avec
une vraie vision pour que l’art vive et soit pertinent par rapport au monde dans lequel on vit ;
tous les artistes qui ont travaillé avec lui le
reconnaissent.
Quelles différences majeures voyezvous entre le métier de directeur d’une maison d’opéra et celui de directeur de festival ?
Je réponds à votre question par le paradoxe suivant : le défi d’un directeur d’Opéra c’est de
créer des moments de festival, comme par
exemple ce que fait l’Opéra de Lyon, et le défi
d’un directeur de festival, c’est de travailler la
pérennité. Aujourd’hui une maison d’opéra
pour exister est obligée de créer des moments
d’une densité médiatique plus forte, des petits
moments d’emballement festivalier. A l’inverse, le festival qui est un exemple de concentration dans le temps, d’une grande densité, a
un vrai défi de travailler la question du processus, par exemple pour l’Académie cela se
met en route un an à l’avance avec les auditions, les recrutements, et puis on fait tourner
des productions pendant un, deux ou trois
ans dans le monde entier, par exemple Elena
de Cavalli voyage beaucoup. Il ne faut pas
oublier non plus tout le travail d’ancrage
avec les écoles, l’université, le monde économique…
Propos recueillis par François Jestin
Andrea Marcon dirigera les représentations d’«Ariodante»
© Harold Hoffmann /DG
e
t
i
e
Toutes les informations sont disponibles sur :
http://www.festival-aix.com/fr
n
71
f e s t i v a l s
festival de bellerive / genève
19ème édition
Du 7 au 17 juillet les fidèles de ce rendez-vous musical
de qualité se retrouveront sur le beau domaine de la
Ferme de Saint-Maurice à Collonge-Bellerive offrant
sa vue sur les champs, le lac et le Jura.
Comme à l’ordinaire le festival s’ouvre et se clôt par des concerts symphoniques placés sous la direction de Gábor Takács-Nagy, concerts très vite
complets au demeurant. Le concert d’ouverture sera donné par l’Orchestre
de Chambre de Genève et Martynas Levickis, accordéon, le concert de clôture par le Verbier Festival Chamber Orchestra avec Olena Tokar, soprano
et Finghin Collins, piano. Entre deux la musique de chambre règnera sans
partage avec le Quatuor Serafino, le Trio Saint-Exupéry, le Quatuor Ebène.
Ces formations se trouveront associées au gré des concerts avec des
artistes confirmés aussi bien qu’avec de jeunes artistes en début de carrière,
dont la promotion a toujours été une préoccupation de Lesley de Senger, la
directrice artistique du festival. On se réjouit tout particulièrement des deux
soirées de rencontres autour du Quatuor Ebène dans un programme consacré à Fauré et Brahms, tout comme de celles autour du Quatuor Serafino et
du Trio Saint-Exupéry qui donneront l’occasion d’entendre la soprano
Olena Tokar déjà nommée, le violoncelliste István Várdai, les pianistes
Nelson Goerner et Igor Gryshyn. Comme toujours au Festival de Bellerive,
c
t
u
a
compositeurs et interprètes hongrois auront la part belle, avec entre autres un
concert en matinée le dimanche consacré à des œuvres de Dohnányi, Kodály
et Liszt.
Christian Bernard
PROGRAMME
u Lundi 7 juillet 20h30 : L'Orchestre de Chambre de Genève. Gábor Takács-Nagy,
direction. Martynas Levickis, accordéon. ViVALDi, Concerto « Hiver » / BRAHMS,
Danse hongroise n°5 / MOZART, Symphonie n°41 KV551 « Jupiter » / BEETHOVEN,
Symphonie n°2 op. 36
u Mercredi 9 juillet 20h30 : RENCONTRE i - BEETHOVEN, SON iNSPiRATiON...
Quatuor Serafino ; Trio Saint-Exupéry. Olena Tokar, soprano. igor Gryshyn, piano.
BEETHOVEN, Quatuor cordes op. 59 n°3 « Razumovsky » /DVORÁK, Trio pour piano
et cordes op. 65 ; Gypsy Songs op. 55 ; Chant à la lune, air de Rusalka
u Jeudi 10 juillet 20h30 : RENCONTRE ii - PAPA HAYDN, SON iDOLE...
Trio Saint-Exupéry ; Quatuor Serafino. Mookie Lee-Menuhin, piano. Yuuki Wong, violon. Blythe Teh-Engstroem, alto. Jánka Mekis, alto. istván Várdai, violoncelle. Daniel
Szomor, contrebasse. HAYDN, Quatuor à cordes op. 76 n°2 « Quintes » ; Trio pour piano
et cordes Hob.XVi : 28 / MENDELSSOHN, Trio pour piano et cordes op. 49 ; Sextuor
pour piano et cordes op. 110
CONCERT EN MATiNéE :
u Dimanche 13 juillet 11h30 : ALL’ONGHARESE. Quatuor Serafino. Olena Tokar,
soprano. istván Várdai, violoncelle. Nelson Goerner, piano. igor Gryshyn, piano.
DOHNÁNYi, Quintette pour piano et cordes op. 1 / KODÁLY, Sonatina pour violoncelle et piano / LiSZT, Romance oubliée pour violoncelle et piano / LEHAR, Airs d’opérettes
u Lundi 14 juillet 20h30 : RENCONTRE iii - LE QUATUOR EBENE... AUTREMENT
(i). Quatuor Ebène. Marion Tassou, soprano. Shani Diluka, piano. Akiko Yamamoto,
piano. FAURé, Quatuor n°2 pour piano et cordes op. 45 ; « Dolly » pour piano 4 mains
/ BRAHMS, Mélodies ; Joplin. Quatuor pour piano et cordes op. 26
u Mardi 15 juillet 20h30 : RENCONTRE iV - LE QUATUOR EBENE... AUTREMENT
(ii). Quatuor Ebène. Marion Tassou, soprano. Akiko Yamamoto, piano. Shani Diluka,
piano. FAURé, Quatuor n°1 pour piano et cordes op. 15 ; Mélodies / BRAHMS, «
Liebeslieder Walzer » pour piano 4 mains ; Quatuor pour piano et cordes op. 60
u Jeudi 17 juillet 20h30 : Verbier Festival Chamber Orchestra. Gábor Takács-Nagy,
direction. Olena Tokar, soprano. Finghin Collins, piano. MOZART, Exsultate Jubilate
KV165 ; Concerto pour piano n°24 KV491 / BEETHOVEN, Symphonie n°3 op. 55 «
Eroica »
La soprano Manon Tassou © David Ignaszewski
a
Igor Gryshyn
l
i
t
é
73
e x p o s i t i o n s
fondation beyeler, riehen : l’œuvre de gerhard richter
Entre cycle, série et motif
Que Gerhard Richter (né en 1932) fasse partie de ce cénacle très fermé des
plus grands artistes de notre temps, cela ne fait aucun doute. Ses grandes
rétrospectives dans les plus grands musées du monde, à Berlin, Londres, New
York, Paris, Madrid ou Pékin…, les prix les plus prestigieux décernés à son
œuvre, sa présence dans les plus importantes collections, sa cote pharamineuse
et une meute de médias accourant des quatre coins de l’Europe le jour de
l’ouverture, font de lui une des stars très prisées de ce monde de l’art. Et
pourtant l’homme n’a rien d’extravagant, d’apparence modeste et pudique,
il est en somme l’anti-Jeff Koons.
74
A ceux qui en douteraient, nous ne pouvons que recommander de visiter cette nouvelle
exposition, qui lui est consacrée à la fondation
Beyeler, riche d’une centaine de toiles, d’une
soixantaine de photographies peintes et de deux
œuvres en verre. Contrairement à d’autres expositions de ce lieu souvent de moindre intérêt,
cette exposition est exemplaire. Par le choix
hautement qualitatif des œuvres, la grande
diversité des cycles et séries proposés, mais surtout la cohérence du parcours, l’accrochage subtil. D’avoir pu gagner pour le projet comme
commissaire d’exposition Hans Ulrich Obrist,
une grande pointure dans ce domaine, n’y est
pas étranger. Il est familier de longue date avec
l’œuvre de l’artiste mais aussi avec l’artiste, qui
a personnellement suivi le projet de la conception à la réalisation. Car Richter s’est toujours
intéressé à la présentation de son œuvre et ses
rapports à l’architecture, réalisant souvent des
œuvres in situ, comme il le fit en 1999 pour le
parlement allemand ou en créant le vitrail du
transept sud de la cathédrale de Cologne en 2007.
Son œuvre est d’une grande diversité thématique mais aussi stylistique. Si sa formation
s’est faite dans les années cinquante, à l’académie des Beaux-Arts de Dresde avec l’apprentissage de la peinture murale, la photographie
prend une place centrale dans son œuvre. Ses
peintures tendent au réalisme photographique,
comme le montre une de ses premières œuvres
de 1966, Acht Lernschwestern, réalisée à partir
de portraits d’infirmières assassinées reproduits
dans la presse. L’efficacité de l’image de presse fusionne alors avec l’aspect sériel de sa création. C’est aussi ce qui correspond à la partie
figurative de l’œuvre de Richter, qui aime peindre ce qui l’entoure, sa famille ou certains paysages. Dans les années soixante-dix, on voit
a
apparaître de nouvelles séries qui explorent le
rapport entre thème et variation. Des séries que
l’artiste peint simultanément et s’il décide d’une
modification sur l’une des toiles, cela n’est pas
sans conséquence sur d’autres et la plupart sont
faites pour rester ensemble.
Invité en 1972 à la Biennale de Venise, il
se confronte à la Scuola Grande di San Rocco à
une des références de l’histoire de l’art, en faisant une copie de L’annonciation d’après Titien
(1973), tout en reconnaissant que sa copie ne
peut en aucun cas atteindre le chef-d’œuvre, car
cette culture est perdue, précise l’artiste. « Il ne
Gerhard Richter «Forêt» (2), 2005
Huile sur toile, 197 x 132 cm,. The Museum of Modern Art, New York, Donation Warren et Mitzi Eisenberg et
Leonard et Susan Feinstein, 2006 © Gerhard Richter, 2014
c
t
u
a
l
i
t
é
nous reste qu’à vivre avec cette perte, ajoute-til, et malgré tout à continuer et en tirer autre
chose ». Il a ainsi poursuivi avec d’autres versions, présentées côte à côte. Alors que l’on
reconnaît facilement la Vierge et l’ange dans
cette première version, le sujet s’estompe de
plus en plus, comme s’il était tout d’abord
recouvert d’un écran de brouillard, pour se dissoudre dans les deux dernières versions en composition abstraite. Il reprendra ce thème iconographique dans la série S. avec enfant (1995)
réalisée à partir de photos de famille et accrochée à l’entrée de l’exposition, dans lequel il
sonde sur un plan iconographique et thématique
le rapport entre tradition et époque présente.
Dans cette même salle, la suite triple November,
Dezember, Januar (1989) évoquant l’éphémère
réunit deux autres peintures photographiques
très délicates, de petit format, Schnee (1999) et
Gehöft (1999). Une salle qui a sa cohérence et
qui permet au visiteur de comprendre les rapports entre les œuvres de l’artiste et le lieu.
Passion vitale
Une autre série des années 1975 est celle
des tableaux gris. Ces grisailles présentées sous
forme d’ensemble au Städtisches Museum de
Mönchengladbach, nous révèle les qualités
artistiques de la variation. Cette série nous
conduit vers un autre cycle, tout en gris, celui du
18 Oktober 1977 (1988). Quinze toiles réalisées
d’après des photos de presse dans lesquelles
l’artiste règle à sa manière ses comptes avec
l’histoire allemande et son épisode sanglant lié
à la Fraction Armée Rouge et sa fameuse bande
à Baader. Richter ne prend aucune position politique, car lui-même, qui avait fui la RDA en
1961, s’étonnait de leur discours. « Je venais
d’un état quasi fasciste, explique-t-il dans un
entretien avec Hans Ulrich Obrist, et je trouvais
terrifiant de voir l’importance qui leur était
accordée, et l’impact de leur conviction, de leur
foi ». En regardant ces tableaux qui placent au
premier plan l’incertitude et le doute, nous sommes entraînés dans un espace pictural, où l’on
peut s’interroger avec l’artiste sur la possibilité
de représentation picturale de l’histoire. Pour
l’artiste, il s’agit là d’un cycle qui forme un
ensemble et dont on ne peut isoler les toiles. Il en
va de même pour sa série des forêts, Wald (2005),
une dizaine de toiles abstraites, toutes accrochées
dans une grande salle lumineuse, dans laquelle le
visiteur est appelé à se perdre mais où il peut
aussi se sentir protégé. Richter reconnaît que
c’est un beau thème romantique avec une connotation particulière dans la culture allemande.
a
c
t
u
Gerhard Richter «Annonciation d’après le Titien», 1973
Huile sur toile, 125 x 200 cm. Hirshhorn Mjuseum and Sculpture Garden, Washington D.C. (Joseph H. Hirshhorn
Purchase Fund), 1994 © 2014 Gerhard Richter
Mais plutôt que de voir une représentation
concrète de la forêt, ce thème est lié à une forme
de désarroi. « Le désarroi est la plus forte motivation de la peinture (...) », précise-t-il.
La musique est aussi la grande affaire de
l’artiste, pour qui les notes deviennent couleurs.
Une passion vitale sublimée dans une expression artistique dont l’exposition présente deux
cycles. L’un est consacré à Bach (1992) avec
quatre grandes toiles abstraites, l’autre à Cage
(2006) avec six toiles. Mais à chaque fois, il y
va du processus pictural. Richter travaille
simultanément à chacune des toiles et crée ainsi
un nouvel espace pictural élargi. Il utilise la
technique de la raclette pour étendre la couleur
ou la retirer, plus arbitraire et moins précise que
ne l’est celle du pinceau. Et d’expliquer : « Je
ne peux pas prévoir consciemment ce que je
vais obtenir. Mais inconsciemment, je m’en
doute. C’est un très beau sentiment ».
Richter a participé à la scénographie du
parcours et il lui importait de pratiquer l’art du
contrepoint, bien connu en musique, dans la
présentation des grands ensembles. Ainsi le
cycle Cage est rythmé par deux petites toiles
figuratives, Eisberg im Winter (1982), opaque et
glaciale et Schädel (1983), symbole de vanités,
comme l’est sa bougie (Kerze, 1982), placée
dans la salle de sa série inspirée par
l’Annonciation.
Une de ses séries plus récentes Strip (2013)
prend pour point de départ la photo numérique
d’une toile abstraite de 1990, dont les détails
sont agrandis à l’ordinateur. Pour l’artiste, une
nouvelle manière de réfléchir au potentiel artistique de la sérialité et de la répétition et qui
rejoint une ancienne préoccupation. Dès 1973
avec son œuvre 1024 Farben puis en 2007 avec
4900 Farben, deux œuvres présentées dans
l’exposition, il explore les systèmes numé-
a
l
i
t
riques, les combinaisons chromatiques. Il évacue toute figuration, tout geste, tout message
mais la rigueur conceptuelle de ses nuanciers de
couleurs ne laisse pas indifférent.
Le verre est un matériau fascinant à beaucoup d’égards et depuis les années 1990,
Richter s’y intéresse, découvrant avec ses
Spiegel (Miroirs) de nouveaux rapports à
l’espace car le miroir changent le regard et
repoussent les limites de la peinture. C’est toute
la salle d’exposition avec ses visiteurs qui se
trouve au cœur de l’attention, quand le regard se
pose sur les vitres réfléchissantes. L’expérience
de celui qui regarde est ainsi délibérément intégrée dans l’œuvre. Cette recherche autour de
l’objet, de l’espace architectural et pictural est
aussi au centre de ses travaux de 2013 intitulés,
12 stehenden Scheiben (12 panneaux verticaux)
et 9 Scheiben (Kartenhaus).
Si d’habitude le visiteur se déplace de
tableau en tableau à l’intérieur de l’exposition,
il le fera cette fois de salle en salle, guidé par la
cohérence de chacun des ensembles. Quand il
évoque la musique de Jean-Sébastien Bach, « si
parfaite qu’elle n’a plus besoin de nous »,
Richter se dit fasciné par cette idée que « l’art
peut atteindre une telle perfection, indépendante de nous ». Comme Dieu ? lui demande le
commissaire dans l’entretien. « Oui, l’art a
quelque chose de semblable ». Pour Richter,
Dieu n’existe plus comme est mort le Dieu des
artistes. Le doute s’est installé mais il poursuivra en toute humilité son travail. Mais soyons
rassurés. Avec Gerhard Richter, la peinture
n’est pas morte, comme on peut l’entendre parfois, elle vit. Mieux, elle triomphe !
Régine Kopp
Jusqu’au 7 septembre 2014
www.fondationbeyeler.ch
é
75
expos ition
schaulager, bâle : heureux qui comme
Paul Chan…
Depuis que le Schaulager existe, et qu’il propose souvent une grande exposition
consacrée à un artiste contemporain, c’est à chaque nouvelle présentation, un
spectaculaire événement artistique, tels qu’on ne saurait trouver que dans les très
grandes métropoles. La ville de Bâle doit ce lieu exceptionnel à Maja Oeri, une des
héritières de Hoffmann-La Roche, et une grande collectionneuse.
76
Infatigable globe-trotteuse du monde de
l’art contemporain, elle a fait sien le questionnement des artistes. Voilà plus de dix ans qu’elle
suit le travail de Paul Chan, né à Hong Kong en
1973, vivant et travaillant à New York. Elle voulait en savoir plus, sur lui, sur son travail et lui a
mis à disposition l’espace du Schaulager. Bien
fou, l’artiste qui n’accepterait pas une telle proposition et Paul Chan reconnaît qu’une telle
opportunité est unique. Pour mener à bien ce projet, décidé il y a quatre ans, Paul Chan s’est
d’ailleurs retiré de la scène artistique et est venu
s’installer en février dernier à Bâle avec sa
famille. Il est donc son propre commissaire,
assisté de deux collaboratrices du Schaulager,
Heidi Naef et Isabel Friedli ainsi que de Daniel
Birnbaum, conseiller artistique, directeur du
musée moderne de Stockholm, qui se considère
lui-même comme le « body-guard » de l’artiste.
Pour autant, Paul Chan n’est pas un néophyte. On a pu voir ses œuvres à la Documenta 13 en
2012 à Kassel, à la Biennale de Venise en 2009, à
la Whitney Biennale à New York ou à la
Serpentine Gallery de Londres. Des œuvres à la
fois dérangeantes et fascinantes, qui se réfèrent à
la politique, aux questions sociétales, en passant
par les grands thèmes universels de la philosophie,
de la religion, de l’histoire qu’il mêle librement à
son travail artistique. Sans scrupule, en digne
représentant de cette génération internet, il exploite le potentiel du web et ses informations pléthoriques. Sa production peut sembler débordante et
confuse, puisqu’il touche à tout. Il est dessinateur
et peintre, mais aussi vidéaste, réalise des installa-
tions, enseigne et écrit, créant sa propre maison
d’éditions en 2010, Badlands Unlimited.
Comme Homère, qui raconte en 24 chants,
l’épopée d’Ulysse, qui se lance avec ses compagnons dans un voyage plein de dangers, Paul
Chan entreprend son voyage en 24 salles ou
lieux, égarant ses visiteurs, comme le fit Homère
avec ses lecteurs. Le parcours qui comprend des
œuvres anciennes et nouvelles s’inscrit dans une
mise en scène surprenante et sophistiquée.
Certaines références utilisées par Chan vous sautent immédiatement aux yeux, d’autres ne se
révèlent qu’en creusant et se servant du guide
explicatif. Bien sûr, nous pouvons partager les
mêmes références avec l’artiste mais l’artiste les
détourne de leur sens originel et plonge ces clins
d’œil et allusions dans un ordre nouveau. Pour
entrer dans ce monde, il a conçu deux niveaux,
correspondant au rez-de-chaussée et au sous-sol :
le ciel et la terre, le rêve d’un monde différent et
la réalité de notre existence. La première animation vidéo qui accueille le visiteur, crée un
monde fantastique, rappelant les jeux informatiques ou des bandes publicitaires animées. Un
titre révélateur, comme le sont tous les titres des
œuvres de Tchan, Hapiness (Finally) after
35’000 years of Civilization (after Henry Darger
and Charles Fourier (2000-2003). Sur la projection numérique, visible des deux côtés, Paul
Chan explore le thème du vivre ensemble, à partir de deux visions du monde : le royaume fantastique et enfantin de l’artiste outsider Henry
Darger et l’utopie sociale du philosophe Charles
Fourier. Puis, l’utopie vire à la catastrophe, pour
Paul Chan, Happiness (Finally) After 35,000 Years of Civilization (after Henry Darger and Charles Fourier),
2000-2003, digital video projection (color, sound), 17'20'', The Museum of Modern Art, New York. Fractional and
promised gift of David Teiger © Paul Chan, photo: Paul Chan
a
c
t
u
a
finir quand même par triompher. Dans l’installation vidéo My birds…trash the future (2004),
réalisée juste après la réélection de Georges
Bush, on y voit dans un paysage apocalyptique,
des hommes armés de fusils tirant sauvagement
autour d’eux, des terroristes, des pendus lynchés,
qui évoquent sans aucun doute les Désastres de la
guerre de Goya. Avec en fond sonore, des cris
d’oiseaux, décrits dans la Bible comme impurs,
des aigles, des vautours, perchés sur une souche
d’arbre mort.
Paul Chan est un artiste mais aussi un activiste très engagé qui interpelle le visiteur à plusieurs reprises sur le parcours. Que ce soit la
guerre en Irak ou l’ouragan Katrina, il intervient
en tant qu’artiste, car, pour lui, seul l’art peut
remettre en question l’ordre établi. C’est ainsi
qu’en 2007, il s’installe pendant neuf mois à la
Nouvelle Orléans et y monte avec les populations
locales en collaboration avec le Classical Theater
of Harlem, En attendant Godot de Samuel
Beckett. Le message formé par l’arbre nécrosé
d’En attendant Godot à La Nouvelle Orléans et
le dessin au fusain de la page de couverture de la
biographie de Georges W. Bush Decision Points,
se décrypte sans mal, stigmatisant d’une part la
misère immédiate sur les lieux mêmes et d’autre
part, l’inaccessible centrale de commande du
pouvoir. Que la réflexion artistique de Paul Chan
soit aussi philosophique, cela ne saurait mieux se
lire que dans la section consacrée à qu’est-ce
qu’une chose ? Paul Chan y répond par une proposition artistique très originale, Arguments, où il
explore l’imbrication des relations qui fait
qu’une chose est une chose. Ce nouveau groupe
d’œuvres semblables à des toiles d’araignée, sont
faites de câbles électriques qui sortent de prises
fichées dans les murs et s’entremêlent joyeusement ; les objets s’insèrent dans le circuit électrique, interrompu comme dans un faux contact.
Des Arguments, allant jusqu’à s’étendre aux autres œuvres, connectant même les salles entre
elles et qui culminent au sous-sol dans une œuvre
qui en déconcertera plus d’un : d’innombrables
chaussures, diverses et variées, remplies de
béton, sont dispersées sur le sol et reliées entre
elles par le câble électrique. Cette vaste installation Master Argument (2013) doit se comprendre
comme une sorte d’agora, lieu d’échange pour
les citoyens de l’Antiquité.
Arrivé en fin de parcours, souhaitons que le
visiteur ait trouvé à son tour des solutions. Ne
vous inquiétez pas, dit Paul Chan, ce n’est que de
l’art. Et qui donc a peur de l’art ?
Régine Kopp
Jusqu’au 19 octobre 2014-05-08 www.schaulager.org
l
i
t
é
tmg
marionnettes
saison
2014
2015
ABONNEZ-VOUS
www.marionnettes.ch
Théâtre des Marionnettes de Genève
Rue Rodo 3 – 1205 Genève
Avec le soutien de la Ville
et de l’Etat de Genève
Réservations dès le 19 août
au 022 807 31 07 ou
sur www.marionnettes.ch
Illustration : Albertine
JO FONTAINE | BERNARD GARO
Du 24 mai au 29 juin 2014
OXYMORES
laFERME
de laCHAPELLE
laFERME
de laCHAPELLE
GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE
39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY
WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH
Ville de Lancy
République et canton de Genève
expos itions
FRANCE
Avignon
Musée Angladon : Toulousel
Lautrec. Jusqu’au 15 juin.
l Musée du Petit Palais : Acquérir,
restaurer, attribuer : La Visitation. Du
20 juin au 2 novembre.
l Prison Saint-Anne : La disparition des lucioles. Jusqu’au 25
novembre.
Baux-de-Provence
Carrières de lumières : Klimt et
l
Vienne. Un siècle d’or et de couleurs.
Jusqu’au 4 janvier 2015
Beauvais
Galerie nationale
l
de la
Tapisserie : 350 ans. Portrait d’une
manufacture. Jusqu’au 24 août.
Cassel
Musée départemental
de
Flandres : Dans le sillage de Rubens,
Erasme Quellin. Du 5 juin au 16 sept.
l
78 Colmar
Musée Bartholdi : Exquises esquisl
ses (dessins de Bartholdi). Du 21 juin
au 31 décembre.
Evian
Maison Garibaldi : « Evian et le
l
drame de la Grande Guerre »,
en
500’000 civils rapatriés. Jusqu’au
16 novembre
l Palais Lumière : Chagall, l’œuvre
imprimé. Du 28 juin au 2 novembre.
Grenoble
Musée de Grenoble : La pointe
l
et l’ombre. Dessins nordiques du
Musée de Grenoble. Jusqu’au 9 juin
Giverny
Musée des impressionnismes :
L’Impressionnisme
et
les
Américains. Jusqu’au 29 juin.
l
Le
Havre
Musée d’Art moderne André
franc e
Marseille
Toulon
Centre de la Vieille Charité :
Hôtel des Arts : Mimmo Jodice,
l
Visages, Picasso, Magritte, Warhol.
Jusqu’au 22 juin.
l MuCEM : Splendeurs de Volubilis
- Bronzes antiques du Maroc et de
Méditerranée. Jusqu’au 25 août.
Des artistes dans la cité. Jusqu’au 8
septembre. Le Monde à l’envers Carnavals et mascarades d’Europe
et de Méditerranée. Jusqu’au 25
août.
Metz
Centre Pompidou-Metz
Malraux : Nicolas de Staël. Lumières
du Nord - Lumières du Sud. Du 7 juin
au 9 novembre.
l
:
Paparazzi ! Photographes, stars et
artistes. Jusqu’au 9 juin. Hans
Richter. La traversée du siècle.
Jusqu’au 24 février 2015
l
l
l
Nantes
Lens
Musée des Beaux-Arts : Fernand
Le Louvre : Les désastres de la
guerre, 1800-2014. Jusqu’au 6 oct.
Léger 1924-1945 - Reconstruire le réel.
Du 20 juin au 22 septembre.
L’Isle-Adam
Musée d’art et d’histoire Louis Ornans
Musée Courbet :
l
Senlecq : Adolphe Willette (18571926), rétrospective. Du 15 juin au 28
septembre.
Lyon
Musée des
beaux-arts :
L'Invention du Passé - Histoires de
cœur et d’épée en Europe. 18021850. Jusqu’au 21 juillet.
l
Cet obscur
objet de désirs. Autour de L’Origine
du Monde. Du 7 juin au 1er sept.
l
l
photographies. Jusqu’au 22 juin.
Wingen
s/Moder
Musée Lalique : Le monde aqual
tique de Lalique. Jusqu’au 11 nov.
Yerres
Propriété Caillebotte
:
Caillebotte à Yerres, au temps de l’impressionnisme. Jusqu’au 30 juillet.
l
AiLLEURS
Barcelone
Museu Nacional d’Art
de
Catalunya : Josep Tapiró, peintre
de Tanger. Jusqu’au 14 septembre. Le peintre Antoni Viladomat i
Manalt (1678-1755). Jusqu’au 31
décembre.
l
Berlin
Bode-Museum (Am Kupfergraben)
l
Andreas Schlüter et le Berlin
baroque. Jusqu’au 13 juillet
Thonon
Bilbao
Musée du Chablais (Châ̂teau
Musée Guggenheim : Georges
l
de Sonnaz) Le Léman en question.
Jusqu’au 9 novembre.
l
Braque. Du 13 juin au 21 septembre.
Palais Lumière, Evian
Chagall, œuvre gravé
Plus de 40 ans après la rétrospective de l’œuvre gravé de Chagall
organisée par la Bibliothèque nationale, l’exposition présentée au
Palais Lumière se propose de retracer l’évolution de l’œuvre imprimé
de Chagall (gravures, lithographies, livres illustrés), en montrant les
liens entre les différentes techniques utilisées par l’artiste.
A travers des travaux préparatoires, elle permettra d’entrer dans
le processus de création des estampes. Elle repose sur la collection de
lithographies rassemblée par Charles Sorlier, l’assistant de l’artiste.
Cet ensemble sera complété par des prêts d’œuvres provenant de
collections publiques et privées permettant d’appréhender l’œuvre
gravé dans toute sa diversité, tant technique que thématique.
L’exposition présentera quelques monotypes de Chagall, provenant de
la Fondation Cramer. Quant au Musée Marc Chagall de Nice, il prête
un ensemble de 16 gravures illustrant la Bible, une commande
d’Ambroise Vollard en 1931. Autre prêt, une sélection de gravures de la
Bibliothèque nationale de France. En outre, quatre livres provenant de
la collection Tériade, prêt du Musée Matisse du Cateau-Cambresis,
sont présentés au Palais Lumière.
. A voir du 28 juin au 2 novembre 2014
Marc Chagall «Les Trois Acrobates», 1957. Lithographie en couleurs,
66 x 50,5 cm. Mourlot 169 © Collection Charles Sorlier. Courtesy Bouquinerie de
l’Institut, Paris © ADAGP, Paris 2014 - Chagall ®
a
g
e
n
d
a
expos itions
en
europe
Pinacothèque cantonale Giovanni Züst, Rancate (Mendrisio)
Fragile Beauté
La Pinacothèque cantonale de Rancate présente une série de céramiques d’art italiennes, qui se
situent entre le style Liberty et le style informel. Ces œuvres proviennent d’une importante collection privée et nous convient à un voyage à travers le XXe siècle d’un point de vue très original : la céramique
d’art produite par des designers, artistes et manufactures italiens entre les ultimes années du XIXe siècle
et les années cinquante du XXe siècle.
Des formes sinueuses “art nouveau“ proposées par
Galileo Chini et la Manufacture italienne de Laveno, on
passe aux inventions informelles d’Antonio Campi,
Carlo Zauli et Lucio Fontana, sans oublier le goût
“petit-bourgeois“ des productions de la manufacture
tessinoise Lenci.
Un point commun relie les diverses options stylistiques de cette céramique, c’est la recherche d’une ligne
moderne du design italien qui, telle une force que rien
ne peut arrêter, traverse les arts décoratifs de la
Péninsule des années 20 aux années 50.
Gio Ponti, Ciste La conversation classique, 1925, pour la Société Céramique
Richard-Ginori, Doccia, FLorence
L’exposition s’est fixé pour but de reconstruire, à
travers la céramique italienne, le parcours de la modernité. Grâce aux œuvres exposées, le visiteur peut “lire“ l’histoire de la céramique du XXe siècle.
Mario Sturani, Bol – Le pont / Paysans dansants,1930,
Des créations “Liberty“ inspirées de la nature, aux éléments ornementaux provenant d’une
pour la Manufacture Lenci, Turin
tradition héritée de la Renaissance, et aux contemporains (Chini, Melandri), on passe au
triomphe de l’art “Déco“ et à l’affirmation du goût italien avec la créativité de l’architecte Gio Ponti.
A partir de 1928, on entre dans le marché de la céramique d’artiste avec, par exemple, le marchand Lenci qui propose une série de céramique ornementale conçue par des peintres et sculpteurs turinois, qui s’avère innovante et originale... Des merveilles à découvrir
. A voir jusqu’au 17 août 2014
Bruxelles
Londres
Palais des Beaux-Arts : Michaël
British Museum : Vikings, vie et
l
Borremans. Jusqu’au 3 août
Ferrare
Palazzo dei Diamanti : Matisse. La
l
silhouette. La force de la ligne, l’émotion des couleurs. Jusqu’au 15 juin
Florence
CCC Strozzina : Contexte familial.
l
Portaits et expériences de familles
d’aujourd'hui. Jusqu’au 20 juillet
l Musée national du Bargello :
Baccio Bandinelli (1493-1560).
Jusqu’au 13 juillet.
l Palazzo Strozzi : Pontormo et
Rosso. Des chemins divergents du
Maniérisme. Jusqu’au 20 juillet.
Forli
Musée San Domenico : Liberty.
l
Un style pour l’Italie moderne.
Jusqu’au 15 juin.
l
légende. Jusqu’au 22 juin.
L’Allemagne divisée - Baselitz et sa
génération. Jusqu’au 31 août.
l Courtauld Gallery : De Brueghel
à Freud : les gravures du Courtauld
Institute. Du 19 juin au 21 sept.
l National Gallery : Véronèse Magnificience de la Renaissance à
Venise. Jusqu’au 15 juin. Construire
l’image - l’architecture dans la peinture de la Renaissance italienne.
Jusqu’au 21 sept. Couleur. Du 18 juin
au 7 sept.
l Royal Academy of Art :
Renaissance Impressions - Gravures
sur bois en clair-obscur - Coll. Georg
Baselitz & Albertina. Jusqu’au 8 juin.
l Tate Britain : Kenneth Clark.
Jusqu’au 10 août.
l Tate Modern : Henri Matisse - les
papiers découpés. Jusqu’au 7 sept.
l Victoria & Albert Museum : L’art
perdu de l’écriture. Jusqu’au 30 juin.
Francfort
Städelmuseum : Emil Nolde. Madrid
Musée du Prado : Rubens - Le
l
Jusqu’au 15 juin. Hendrick Goltzius et
son cercle. Gravures maniéristes du
Stadelmuseum. Du 4 juin au 14 septembre.
a
g
l
Triomphe
de
l'Eucharistie.
Jusqu’au 29 juin. El Greco et la peinture moderne. Du 24 juin au 5 oct.
l Musée Thyssen-Bornemisza :
e
n
Peintures victoriennes de la collection
Pérez-Simón. Du 24 juin au 5 oct.
dique. Böcklin, Klimt, Munch et la peinture italienne. Jusqu’au 21 juin.
l
l
Mayence
Turin
Landesmuseum : Max Slevogt. En
La Veneria Reale : Splendeurs des
route vers l’Impressionnisme. Jusqu’au
12 octobre.
cours italiennes - les Este. Jusqu’au
6 juillet.
Ravenne
Venise
Musée d’art de la Ville : Le charme
Ca’ Pesaro : Un autoportrait de
l
de la fresque. Chefs-d’œuvres détachés de Pompeï à Giotto et de
Corrège à Tiepolo. Jusqu’au 15 juin.
Reggio
Emilia
Palazzo Magnani : Un siècle de
l
grande photographie - les chefsd’œuvre Fotografis, Bank Austria.
Jusqu’au 13 juillet
Rome
Musei Capitolini : Michel-Ange
l
artiste universel. Jusqu’au 14 sept.
Museo Fondazione Roma :
Hogarth, Reynolds, Turner. La peinture anglaise à l’aube de la modernité. Jusqu’au 20 juillet
l Scuderie del Quirinal : Frida
Kahlo. Jusqu’au 13 juillet.
l
Rovigo
Palazzo Roverella : L’obsession norl
d
a
l
Miroslav Kraljevic, croate moderne. Jusqu’au 15 juin.
l Palazzo Fortuny : Les amazones de
la photographie. De la collection de
Mario Trevisan. Jusqu’au 14 juillet.
l Palazzo Grassi : Irving Penn &
L’illusion des lumières. Jusqu’au 31
décembre.
l Peggy Guggenheim Collection:
Seulement pour vos yeux. Une collection privée, du maniérisme au surréalisme. Jusqu’au 31 août
Vienne
Albertina Museum (Albertinapl.)
l
Naissance d’une collection. De
Dürer à Napoléon. Jusqu’au 29 juin.
l Belvedere : Vienna - Berlin. L’Art
de deux villes. Jusqu’au 15 juin.
Franz Barwig l’Aîné. Jusqu’au 7
septembre.
79
expos itions
Genève
Art & Public (Bains 37) Fang Lijun.
l
Sculptures. Jusqu’au 20 juin.
Blancpain Art Contemporain
(Maraîchers 63) Joachim Koester.
Jusqu’au 17 août.
l Blondeau & Cie (Muse 5) Martin
Szekely. Jusqu’au 21 juin.
l Cabinet d’Arts graphiques (Promenade du Pin 5) Satires ! Caricatures
genevoises et anglaises du XVIIIe siècle. Jusqu’au 31 août
l Centre d'Art Contemporain
(Vieux-Grenadiers 10) Joachim
Koester. Jusqu’au 17 août.
l Centre de la Photographie (Bains
28) Photography against the grain.
Du 6 juin au 3 août.
l Espace Jörg Brockmann (Noirettes
32) Nicolas Guiraud. Jusqu’au 29
août.
l Espace L (rte des Jeunes 43)
Pointillisme brésilien - Edgard
Soares. Jusqu’au 15 juillet.
l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle)
Oxymores - Jo Fontaine et Bernard
Garo. Jusqu’au 29 juin.
l Fondation Baur (Munier-Romilly
8) Textiles bouddhiques japonais.
Jusqu’au 10 août.
l Fondation Bodmer (Cologny)
l
80
en
Alexandrie la Divine. Jusqu’au 31
août.
l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Après-Guerre - couleurs
et expressions. Jusqu’au 25 juillet
l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43)
Omar Ba. Jusqu’au 26 juin.
l Galerie Bernard Ceysson (7,
Vieux-Billard) Wallace Whitney.
Jusqu’au 26 juillet
l Galerie Foëx (Évêché 1) Philippe
Deléglise & Vincent Fournier.
Jusqu’au 14 juin.
l Galerie Anton Meier (Athénée 2)
Franklin Chow. Jusqu’au 5 juillet.
l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Jean Crotti. Jusqu’au 5 juillet.
l Galerie Turetsky (25, Grand-Rue)
Andrea Gabutti. Jusqu’au 28 juin.
l Interart (33, Grand-Rue) Óscar
Domínguez. Jusqu’au 4 juillet.
l Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle Des Histoires sans fin,
séquence été 2014. Du 25 juin au
21 septembre.
l Milkshake Agency (24, Montbrillant) Hadrien Dussoix. Jusqu’au
20 juin.
l Musée Ariana (Av. Paix 10) Terres
d’Islam - L’Ariana sort de ses réverves II. Jusqu’au 31 août. Création
contemporaine et mécenat, une
alliance durable. Jusqu’au 16 nov.
s uis s e
Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Rodin. L’accident et l’aléatoire. Du 20 juin au 28 sept.
l Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin
10) Nudités insolites. Jusqu’au 30
novembre.
l Musée de Carouge (pl. Sardaigne)
Plaisirs de bouche - ballade gastronomique et historique. Jusqu’au 14
septembre.
l Musée Rath (pl. Neuve)
Humaniser la guerre ? CICR - 150
ans d'action humanitaire. Jusqu’au
20 juillet.
l Red Zone Arts (Bains 40) Chevaux
de Chine, porcelaines de Zhou Qi.
Du 25 juin au 30 août.
l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Pablo Reinoso. Du 11 juin
au 31 juillet.
l
Lausanne
Collection de l’Art brut (Bergières
l
11) L’Art brut dans le monde. Du 6
juin au 2 novembre.
l Fondation de l’Hermitage (2, rte
Signal) Peindre l’Amérique - Les
artistes du Nouveau Monde (18301900). Du 27 juin au 26 octobre.
l Mudac (pl. Cathédrale 6) Le verre
vivant. Acquisitions récentes de la
collection d'art verrier. Jusqu’au 16
novembre.
l Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Magie du paysage russe.
Chefs-d’œuvre de la Galerie nationale Trétiakov, Moscou. Jusqu’au 5
octobre
l Musée de l’Elysée (Elysée 18) Luc
Chessex - Cuba & Matthieu Gafsou
- Only God can Judge Me. Du 4
juin au 24 août
l Vidy-Lausanne : Expo 64, la naissance d'un théâtre. Jusqu’au 7 juin
Fribourg
Espace Jean Tinguely-Niki de
l
Saint Phalle : Corps en jeu / la collection du MAHF. Jusqu’au 24 août.
l Fri-Art (Petites Rames 22) Trix &
Robert Haussmann, designers.
Jusqu’au 15 juin.
l Musée d’art et d’histoire : «Le
pinceau, le taureau, la femme»,
Picasso graveur. Jusqu’au 17 août.
Martigny
Fondation Pierre Gianadda : La
l
Beauté du corps dans l'Antiquité
grecque. Jusqu’au 9 juin. Revoir
Renoir. Du 18 juin au 30 nov.
l Fondation Louis Moret (Barrières
33) John Carter. Jusqu’au 8 juin
l Le Manoir de la Ville : Authentik
Energie. Jusqu’au 15 juin.
Fondation de l’Hermitage, Lausanne
Peindre l’Amérique
Pour fêter ses 30 ans, la Fondation de l’Hermitage prépare une grande exposition qui rendra hommage aux artistes du Nouveau Monde.
Centrée autour des genres du paysage, du portrait et de la nature morte, cette manifestation réunit un ensemble d’œuvres réalisées entre 1830
et 1900, et pour la plupart présentées pour la première fois en Europe.
Consacrée à la peinture américaine du XIXe siècle, l’exposition réunit des œuvres majeures provenant des Etats-Unis. Durant cette période cruciale de l’histoire de ce pays, les artistes se distancient peu à peu de leurs modèles européens et développent un art novateur. Par sa vitalité et sa singularité, la création artistique américaine accompagne
activement l’émergence d’une nouvelle nation qui se forge une identité, nationale et démocratique.
Encore peu connue du grand public européen, la peinture américaine, dont l’essor fut considérable au XIXe siècle, est présentée au
travers de plus de 70 œuvres. Le paysage est à l’honneur, avec les
artistes de la Hudson River School (Thomas Cole, Jasper Cropsey,
Albert Bierstadt, Frederic Church et Thomas Moran) et du mouvement luministe (Sanford Gifford, John Kensett, Martin Johnson
Heade, Fitz Henry Lane).
Edward Lamson Henry, «Kept In», 1889
Huile sur toile, 34,3 x 45,7 cm. Cooperstown, New York, Collection of
the Fenimore Art Museum, don de Stephen C. Clark
© Fenimore Art Museum, Cooperstown, NY / Richard Walker
a
g
Aux côtés de plusieurs portraits d’Amérindiens peints par George
Catlin, sont également réunis des scènes de la vie quotidienne et des
portraits réalisés par Winslow Homer, Thomas Eakins et Richard
Caton Woodville. Enfin, des tableaux de William Michael Harnett,
John Peto et John Haberle illustrent le renouvellement profondément
original du genre de la nature morte. Un magnifique ensemble de
photographies regroupant des paysages et des portraits
d’Amérindiens complète la présentation.
. A voir du 27 juin au 26 octobre 2014
e
n
d
a
expos itions
en
s uis s e
Fondation Gianadda, Martigny
Revoir Renoir
Au cours des vingt dernières années, la Fondation Pierre Gianadda a
exploré avec bonheur l’œuvre des maîtres de l’impressionnisme, offrant des
rétrospectives historiques - Degas (1993), Manet (1996), Gauguin (1998),
Van Gogh (2000), Berthe Morisot (2002) et Monet (2011).
Cette année, la Fondation rend hommage au plus célèbre portraitiste
du temps : Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), le plus charnel des impressionnistes, l’amoureux de l’éternel féminin, en proposant une sélection
d’œuvres souvent inconnues provenant de collections publiques et privées
européennes.
Le pari de l’exposition actuelle est de réunir un panorama aussi intimiste que possible. Renoir, dont on apprécie également les natures mortes,
les bouquets et les paysages, maîtrise avec un art consommé tout l’éventail
de sa palette au profit de sa technique picturale.
Le visiteur pourra en juger en découvrant, tout d’abord, une série de
remarquables portraits - «Femme à l’ombrelle ou Lisa», 1872 ; «Portrait
de Madame X», 1875 ; «Portrait de la Comtesse de Pourtales», 1877 ou
«Les enfants de Martial Caillebotte», 1895 et «Jean Renoir cousant», 1898
- ainsi que des paysages, tels «Paysage d’Alger», vers 1881, ou «Villeneuveles-Avignon», 1901. Quelques nus font également partie de l’exposition.
. A voir du 18 juin au 30 novembre 2014
Renoir «Jeune fille au chapeau noir à fleurs rouges», vers 1890
Huile sur toile, 41.3 x 33 cm
Collection particulière © Jean-Louis Losi, Paris
Neuchâtel
Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut
l
74) Le labyrinthe poétique d'Armand
Schulthess. Jusqu’au 3 août.
l Laténium, parc (Hauterive)
Profession archéologue, photographies. Jusqu’au 29 juin
l Musée d'art et d'histoire (espl.
Léopold-Robert 1) Argent - Jeux Enjeux. Jusqu’au 31 août.
Prangins
Musée national suisse : «Papiers
l
découpés. Scherenschnitte. Silhouette. Paper cuts». Jusqu’au 28 sept.
Vevey
Musée Jenisch : Markus Raetz.
l
Du 26 juin au 5 octobre
l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Bernard
Dubuis, Tant et temps de passages. Jusqu’au 30 août.
OUTRE SARiNE
Kunsthalle : Georgia Sagri.
Jusqu’au 8 juin.
l Kunstmuseum (St. Alban-Graben
16) Kasimir Malewitsch - Le monde
comme non-figuration. Jusqu’au 22
juin
l Musée des Cultures (Münsterpl.
20) La malle aux perroquets. Art
populaire d'Amérique latine.
Jusqu’au 20 juillet.
l Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) Le
Corbeau et le Renard. Révolte de la
langue avec Marcel Broodthaers.
Jusqu’au 17 août.
l Cartoonmuseum (St. AlbanVorstadt 28) Le monde selon Plonk
& Replonk. Jusqu’au 22 juin.
l HMB - Museum für Musik / Im
Lohnhof (Im Lohnhof 9) pop@bâle.
La musique pop et rock depuis les
années 1950. Jusqu’au 29 juin.
l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Krištof Kintera. I am not
you. Du 11 juin au 29 sept.
l Schaulager (Ruchfeldstr. 19,
Münchenstein) Paul Chan - Selected
Works. Jusqu’au 19 octobre.
l
8-12) Bill Viola - Passions. Jusqu’au
20 juillet. Anker, Hodler, Vallotton...
Chefs-d’œuvre de la Fondation pour
l’art, la culture. Jusqu’au 24 août.
Bienne
CentrePasqu’Art (fbg Lac 71-75)
l
Juxtapositions, de Frölicher &
Bietenhader. Jusqu’au 22 juin.
l PhotoforumPasqu’Art : Steeve
Iuncker – Virginie Rebetez – Reiner
Riedler. Jusqu’au 22 juin.
Zurich
Rancate
Haus Konstruktiv : Delphine
Musée Jenisch : Beauté fragile - Chapuis-Schmitz. Jusqu’au 7 sept.
l
l
céramique d’art italienne. Jusqu’au
17 août.
Riggisberg
Abegg-Stiftung : Les tissus du
l
Moyen âge dans le culte des
reliques. Jusqu’au 9 novembre.
Warth
Kunstmuseum Thurgau : Joseph
l
Kosuth. L’existence et le monde.
Jusqu’au 24 août.
Weil
/ Rhein
Bâle
Berne
Vitra Design Museum : Konstantin
Cartoon Museum (St. AlbanCentre Paul Klee (Monument im
l
l
Vorstadt 28) Le monde selon Plonk
& Replonk. Jusqu’au 22 juin.
l Fondation Beyeler (Riehen)
Gerhard Richter. Jusqu’au 7 sept.
a
g
l
Fruchtland 3) Le Voyage en Tunisie.
Klee, Macke, Moilliet. Jusqu’au 22
juin.
l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr.
e
n
de la Suisse. Jusqu’au 24 août.
Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) 1914/18 - Images de la
frontière. Du 7 juin au 12 octobre.
l Kunstmuseum (Museumstr. 52)
Gerhard Richter - Travaux sur
papier. Jusqu’au 27 juillet.
l Museum Oskar Reinhart
(Stadthausstr. 6) Johann et
Friedrich Aberli, médailleurs de
Winterthour. Jusqu’au 30 nov.
l
Grcic - Panorama. Jusqu’au 14 sept.
Winterthur
Fotomuseum (Grüzenstr. 44)
l
Surfaces. Nouvelle photographie
d
a
Kunsthalle : Haim Steinbach.
Jusqu’au 17 août.
l Kunsthaus (Heimpl.1) Cindy
Shermann. Du 6 juin au 14 sept.
Les Torches de Prométhée. Du 20
juin au 12 octobre.
l Landesmuseum : 1900-1914. Expédition Bonheur. Jusqu’au 13 juillet.
l
Museum für Gestaltung
(Austellungsstr. 60) Galerie :
Weingart Typography. Jusqu’au 28
septembre.
l Museum Rietberg (Gablerstr.
15) Un jardin secret - Peinture
indienne de la collection Porret.
Jusqu’au 29 juin. L’univers du
Maître Zen Sengai (1750-1837).
Jusqu’au 10 août.
l
81
expos ition
Andrea Gabutti
genève
Art en Vieille-Ville
Art en Vielle-Ville (AVV) est une association culturelle créée en 2007 qui
regroupe treize galeries d’art et d’antiquités situées en Vielle-Ville de Genève
ainsi que trois institutions de renom : le Musée Barbier-Mueller, le Musée d’art
et d’histoire et la Fondation Baur. Deux fois par an, au printemps et en
automne, elles organisent des vernissages communs et des exposition où sont
présentées des œuvres rares et originales.
82
La manifestation, en forme de parcours
piétonnier, contribue ainsi à animer les rues
médiévales de la cité de Calvin. Durant le premier week-end, les galeries tiennent également
une entière journée « portes ouvertes » pour lancer l’opération. Nouveauté : cette année l’association accueille une nouvelle galerie membre,
Gowen Contemporary, qui se distingue par une
vision avant-gardiste dont la vocation est de
dénicher et d’accompagner des jeunes talents.
Placé sous le signe de la diversité, l’événement offre au public une vaste palette d’expressions artistiques et stylistiques : des objets rares
et précieux d’archéologie de la Mésopotamie à
Byzance à la galerie Phoenix Ancient Art ; l’art
de la renaissance avec des portraits d’exception,
de Martin Luther et Philippe Melanchthon
peints par Lucas Cranach Le Jeune, à voir à la
galerie De Jonckheere ; l’art informel des
années d’après-guerre avec des œuvres de Hans
Hartung exposées à la galerie Jacques de la
Béraudière ou des peintures de Jacques Monory,
Arrêtons-nous quelques instants sur les
œuvres d’Andrea Gabutti, peintre tessinois
vivant et travaillant à Genève, dont les récents
travaux sont exposés à la galerie Rosa Turetsky.
Toujours ancrée dans la nature, sa démarche le
conduit à saisir des instantanés de la vie végétale, animale et humaine, grâce aux médiums qu’il
privilégie : encre de chine, mine de plomb, fusain
et acrylique. Ses sujets sont définis avec l’art
d’un calligraphe oriental, circonscrivant des
espaces en suspension, dépouillés, réduits à l’es-
artistes de la
Figuration narrative, à découvrir
chez
Sonia
Zannettacci ; de
l’art contemporain
chez
Gagosian, Michel
Foëx,
Anton
Meier ou Rosa
Turetsky, entre
autres. Enfin la
galerie Patrick
Gutknecht accroche des photographies de Bernard
Galerie Jacques de la Béraudière : Hans Hartung et l’exposition
«Art d'après-guerre : couleurs et expressions»
Faucon, l’un des
meilleurs photographes européens actuels, et la galerie sentiel graphique et chromatique. Plus suggestifs
TACTILe présente des bijoux contemporains que descriptifs, les dessins et peintures d‘Andrea
Gabutti se situent entre naturalisme et abstraccréés par l’artiste Alice Cicolini.
tion, sur une frontière représentative qui tour à
tour efface et souligne le réel. Le cadrage et le
découpage de ses compositions traduisent la plupart du temps une approche photographique ou
d’illustration graphique, un procédé qui contribue à créer d’étonnants effets de distanciation ou
à l’inverse de plongée dans l’image.
Françoise-Hélène Brou
Galerie Rosa Turetsky : Andrea Gabutti, «D’après Barthélé́my Menn» (1815 - 1893), «Paysage avec arbre et
cabane», 2012, encre de Chine sur papier, 150 x 220 cm
a
c
t
u
a
Art en Vieille-Ville – Genève. Expositions de mai à juillet
2014
Participants : Galerie Jacques de la Béraudière – Galerie
Michel Foëx – Gagosian Gallery – Galerie Gowen
Contemporary – Galerie Grand Rue – Galerie Patrick
Gutknecht – Galerie interart – Galerie De Jonckheere –
Galerie Anton Meier – Phoenix Ancient Art SA / Young
Collectors – Galerie TACTiLe – Galerie Rosa Turetsky –
Galerie Sonia Zannettacci. Musée Barbier-Mueller –
Musée d’art et d’histoire - Fondation Baur.
Parcours et informations à consulter sur le site de l’association : www.avv.ch
l
i
t
é
expos ition
galerie de la ferme de la chapelle : bernard garo & jo fontaine
istanbul
Le peintre Bernard Garo et le sculpteur Jo Fontaine ont travaillé ensemble sur
la ville d’istanbul où ils ont séjourné. il s’agit d’un projet, intitulé
« ARiL 2004-2014 », conçu par Garo qui s’est intéressé à quatre villes
cardinales d’Europe : Alexandrie, Reykjavik, Lisbonne, istanbul, liées par deux
cercles tracés sur une carte dont le point central est la Suisse.
Chaque étape propose un regard sur des
civilisations, des histoires, des climats et des territoires situés aux extrémités continentales,
Istanbul constitue le dernier volet de cette exploration. La Galerie de la ferme de la Chapelle a
présenté les diverses phases de ce concept original qui a notamment réuni, en 2012, Garo et le
sculpteur Etienne Krähenbühl. Aujourd’hui, le
face-à-face avec le monde minéral de Jo Fontaine
ouvre une nouvelle extension formelle et thématique. Istanbul, autrefois Constantinople ou
Byzance, est devenue l’une des plus grandes
mégapoles du monde (14 millions d’habitants
recensés en 2013), à ce titre elle symbolise tous
les modèles de transformations de civilisations
passés, présents et futurs. Aussi la présence dans
l’espace de l’exposition d’une majorité de formats monumentaux, peintures et sculptures, ne
doit-elle pas étonner le visiteur qui éprouvera
immédiatement une sensation de vertige et d’atemporalité. Un sentiment assez comparable au
fameux syndrome de Stendhal (ou syndrome du
voyageur) décrit pour la première fois par l’écrivain lors de son voyage à Rome, Naples et
Florence où, face aux ruines et vestiges aux œuvres d’art mêlées à la vie urbaine quotidienne, il
vécut un état d'émotion intense. Il est vrai qu’en
certains lieux marqués par les Grecs, les
Romains, les Ottomans, les Croisés, on chemine
dans les traces de ceux qui ont vécu et sont morts
plusieurs milliers d'années auparavant. Une
contraction du temps qui renvoie à des questions
fondamentales, à l'éternité, à sa place d'individu
dans cette immense chaîne de l'humanité. Tout
cela ne peut que faire vaciller l’esprit.
La figure rhétorique de l’oxymore, choisie
comme titre générique des peintures de Garo,
incarne emblématiquement les contrastes absolus
de l’agglomération stambouliote : frontière
Orient-Occident, architectures chrétienne,
musulmane, moderniste, ville multi-culturelle au
passé prestigieux et aux prises avec une société
contemporaine déchirée entre conservatisme et
a
c
t
u
libéralisme. Les artistes ont décliné ces contrastes dans leur langage respectif. Jo Fontaine présente un ensemble d’oeuvres intitulées « Ciels,
Miroirs d’Orient et d’Occident » avec lesquelles
il développe une démarche sur la paradoxale
légèreté de son matériau privilégié, la pierre,
« J’aimerais, dit-il, faire envoler la pierre ».
Réalisées pour la plupart en serpentine, roche
vert-sombre appelée aussi « pierre de l’infini »,
les surfaces délicatement polies et engravées
déclenchent autant de phénomènes miroitants
que graphiques, les veinures sous l’impact de la
lumière quant à elles dégagent de subtils effets
colorés. Une seconde série de
sculptures, taillées dans de l’albâtre, repose sur de hauts piliers de
bois clair, ces pièces de petit format
et d’une blancheur laiteuse évoquent des structures architecturales,
temples ou tours. Leur regroupement en hauteur alternant avec les
pièces sombres posées à même le
sol ou accrochées aux murs, façon
bas-relief, crée un paysage minéral
où le regard se déplace entre les différents niveaux et points de vue,
plonge aussi dans la profondeur des
masses opaques et translucides en
oubliant leur densité.
turer un dessin projeté antérieurement sur la toile
où in fine se profilent failles et cratères, mais
aussi pans de cathédrale, de façades, portions de
voûtes. Ses murs de peinture portent les stigmates du temps, fossilisent coupoles, dômes et portiques de basiliques et de minarets.
Au-delà des divergences thématiques et
techniques, se dessine une connivence entre ces
artistes. Pour Jo Fontaine la pierre n’a rien d’inanimé, il déploie au contraire ses potentialités
plastiques, spéculaires, graphiques, qu’il connecte avec une nature en perpétuel mouvement.
Lumière, eau, végétaux répondent aux sollicitations du minéral, soulignant la cohérence de l’univers, la place de l’homme dans cette confrontation. Dans un même perpetuum mobile, la peinture de Bernard Garo élargit et creuse les
concepts de géographie physique et humaine,
prétexte à la découverte de nouvelles topographies. « La grande forme des choses du monde
est la turbulence » écrit Michel Serres (Le Retour
d’Empédocle), aussi le chantier pictural de Garo
fait-il basculer les structures solides vers un
ordonnancement d’essence tellurique, révélant
La partie peinture de Garo
offre d’emblée une composante
performative, d’abord par les impoJo Fontaine, Temples d'Orient et d'Occident, albâtre, bois, 2014
santes dimensions de ses composiBernard Garo, Harem, Bleu d'orient. Technique mixte sur lin, 2013
tions et à travers le processus d’exécution, proche de l’action painting d’un Pollock, leur caractère immuable comme l’éventualité de
qui dénote un engagement corporel total. leur effondrement.
L’artiste parle de « peinture sismique », formule
Françoise-Hélène Brou
traduisant son affrontement avec les éléments et
les matières brutes qu’il broie, malaxe, tamise et
décompose dans un joyeux chaos, afin de les Bernard Garo & Jo Fontaine, Galerie de la ferme de la
faire renaître dans de vastes fresques organisées Chapelle, du 24 mai au 29 juin 2014.
souvent en séries. Terre, sable, roche volcanique, 39 route de la Chapelle, CH-1212 Grand-Lancy.
bitume, pigments viennent par ailleurs architec-
a
l
i
t
é
83
expos ition
la souffrance au micr
Violence sans adresse
La souffrance sous toutes ses formes se dévoile monstrueusement au MiCR. Trop
humain. Artistes des XXe et XXIe siècles devant la souffrance, l’exposition proposée
par le MAMCO et le Musée de la Croix-Rouge – du 7 mai 2014 au 4 janvier 2015
– revient par la création sur les violences perpétrées par les politiques terroristes
du XXe siècle et du suivant. Comment représenter les extrêmes ?
84
La Boétie, dans son Discours sur la servitude volontaire, nous avait donné la leçon : le pouvoir n’existe que parce que ceux sur lesquels il
s’exerce y consentent ; s’ils n’y consentent plus,
il n’est plus et s’effondre naturellement. Le philosophe libertaire écrivit son discours au XVIe
siècle mais ce propos aurait-il encore pu tenir la
rampe au XXe siècle, ce momentum dont les historiens disent qu’il est celui de tous les génocides ? Assurément non, La Boétie, comme toutes
les autres philosophies, ont été comme stérilisées
devant les violences paroxystiques que les régimes totalitaires, de toute facture et sur tous les
continents, ont vomies pour broyer le principe
d’humanité. Ces violences sans adresse, pour
reprendre les mots de l’hypothèse du philosophe
Bertrand Ogilvie, ont durablement et profondément secoué le siècle passé, l’ont lacéré à un
point tel que les métamorphoses causées par ce
temps de la fosse commune ont engagé des mutations insondables pour l’humanité qui en a été
victime, comme pour celle qui allait en sortir.
Ce sont ces violences mais plus encore les
souffrances humaines qui en résultent qu’ont
voulu donner à voir les responsables du Musée
International de la Croix-Rouge, en collaboration
avec le MAMCO. En quatre grands espaces
ouverts et quelques vestibules attenants, les artistes des XXe et XXIe siècles disent leurs faits de
ces abominations, de ce moment de l’annihilation – notamment par la sculpture, la peinture, la
projection ou la photographie, la vidéo et le film
–, parfois aussi crûment que l’objet dont ils tentent à grand peine de prendre toute la démesure.
Toute l’insondable atrocité des tyrannies, des
despotismes et des dictatures trouve un écho
épouvantable par les représentations de ceux qui
en ont subi les tortures ou qui en ont été témoins.
Bouches déformées hurlant des cris sourds
et muets, corps martyrisés, torturés puis rapiécés… Corps empilés et enchevêtrés comme de
vulgaires buches, mutilations et bestialités…
Ombres d’humains devenus fantômes, percés et
alignés, attendant leur tour… telles sont les
a
expressions que les artistes réunis pour cette
exposition ont voulu pour dire l’indicible : le
temps de l’inhumain, la déshumanisation ultime.
Depuis les prémices hurlants d’un XXe siècle
commençant dans les braises et les ruines de la
Première Guerre mondiale, jusqu’aux plus récentes épurations ethniques du continent africain, en
passant par toutes les entreprises exterministes
déployées par les régimes totalitaires – nazi, stalinien, khmer rouge et autre – cette exposition
vous fait traverser les chemins de la déraison
politique, de la folie idéologique, des coursives
de tous les systèmes concentrationnaires et
répressifs de l’histoire contemporaine. Le malaise est immédiat, l’effacement de tous repères,
brutal, l’atonie de la palette chromatique, manifeste. Seul le noir, le gris et le rouge règnent en
maîtres absolus dans ce décor morbide des souffrances endurées par les corps humains, sous les
coups de leurs tortionnaires.
Danse macabre
Tout aussi poignantes que les littératures des
Primo Levi, Robert Antelme, Imre Kertész, la
force des images représentées ici par les artistes
venus de tous les horizons, prend à la gorge et ne
desserre plus son étreinte. Quelques œuvres se
démarquent pourtant : Der Widerstand – für
Peter Weiss (III), huile sur toile peinte par
Hubertus Giebe (1953-) entre 1986 et 1987, nous
fait étrangement penser à une effrayante réinterprétation post-moderne de la fresque du
Jugement dernier de la Chapelle Sixtine, peinte
par Michel-Ange, à la grande différence qu’aucune espérance salvifique y est offerte, l’obscurité y
trône en déesse, où que le regard se porte. Plus
loin, la salle affichant, côte à côte, les gravures
sur papier d’Otto Dix (1891-1969) et les gravures
à l’eau forte de Robert Morris (1931-), coupent le
souffle par la puissance d’évocation des horreurs
de la guerre. Le sombre et le noir jouent avec les
vides et les pleins, pour faire apparaître l’innommable d’une danse macabre – une Totentanz – à
la fin de laquelle les corps chutent et finissent
c
t
u
a
Pablo Picasso «La femme qui pleure I», 1937
Eau-forte, 69.20 x 49.50 cm
Fondation Beyeler, Riehen / Basel, Sammlung Beyeler
© 2014, ProLitteris, Zurich. Photo : Peter Schibli, Basel
lamentablement amoncelés, partout, sans fin…
La pièce monumentale – 265 par 600 cm – de
l’artiste peintre Bernard Buffet (1928-1999) est
quant à elle, saisissante de réalisme, les fusillés
n’y apparaissant plus que comme des enveloppes
de chair, vidées de leurs âmes… La noblesse du
corps semble avilie et finit, sous les assauts des
régimes de terreur moderne, par devenir vulgaire
paquet de viande, la déstructuration et les forces
à l’œuvre étant tellement violentes. C’est le sentiment que procure également au spectateur l’œuvre de Pablo Picasso, La femme qui pleure, au
travers de laquelle une profonde et universelle
détresse se détache, implacablement.
Trois absents de ces créations artistiques : la
vie, les couleurs, dieu… Ne reste de cette visite
qu’une humanité altérée, dont la fragilité et la
beauté ont été détruites, ravagées par les forces
ataviques des tyrannies modernes. Et c’est très
exactement ce que dénonce cette exposition, une
absence d’humanité, laquelle à force de contraintes bestiales qui lui ont fait plier l’échine, s’est
comme évaporée du décor des XX et XXIe siècles, pour que lui soit substituée une humanité
jetable. Ce triomphe de la déshumanisation doit
nous interpeller, car elle n’est en rien fantasmagorique, mais bien tristement réelle. Cela s’est
déroulé et se déroulera encore à l’avenir, comme
le titre de la toile réalisée en 1971 par l’artiste
slovène Zoran Music le martèle clairement :
Nous ne sommes pas les derniers ! Quand les
Seigneurs de la Guerre s’emparent en effet du
corps des hommes, la régression vers l’animalité
est totale et les conditions du questionnement
radical que Nietzsche avait posé dans son recueil
d’aphorismes, Humain, trop humain, de revenir
impitoyablement s’imposer à nous : ne sommesnous pas en face d’une généalogie de la dé-raison
moderne ? Âmes insensibles s’abstenir…
Christophe Rime
l
i
t
é
p
a
r
i
bre. La fascination est d’autant plus grande que le
retour du chœur offre à la mémoire d’évidents
parallèles entre introduction et conclusion.
Marie-Agnès Gillot redéfinit les contours d’une
simple incarnation. Son Eurydice rend visible un
destin qui est également le nôtre, à la recherche
d’une rédemption improbable et inespérée, que la
mort vient interrompre sans qu’elle ait pu comprendre les origines du sort cruel qui la frappe.
Madone immobile, les bras chargés de fleurs rouges, elle tire sa puissance dramatique dans ce jeu
de faux-semblants entre fragilité et séduction.
Quasiment présent d’un bout à l’autre de la soirée, Stéphane Bullion est un Orphée belliqueux et
athlétique, soumis aux épreuves et luttant de toutes ses forces pour vaincre ce destin qui finira par
avoir raison de lui. La voix de Yun Jung Choi
(Eurydice) n’est pas totalement libérée, comme
retenue assez bas dans le masque et manquant de
projection. Maria Riccarda Wesseling connaît
bien son rôle pour l’avoir chanté à plusieurs
reprises et signé la captation officielle. Nulle part
on ne trouve chez elle la trace d’un douleur émolliente face à l’adversité. C’est avec autorité
qu’elle s’adresse aux divinités des Enfers pour
reprendre sa bien aimée. Le timbre est mat et
chronique des concerts
Remarquable soirée
A l’amphithéâtre Bastille, la série Convergence rend hommage à des figures méconnues du
monde musical français entre fin de siècle et
années folles. Après Louis Vierne fin mars, c’est
Gabriel Dupont qui est à l’honneur. Les
Chansons normandes pour voix de femmes, sur
des poèmes d’Emile Blémont trouve dans le
Chœur de l’Opéra des interprètes de haut vol.
L’enchaînement avec la Damoiselle élue de
Debussy, d’après Dante Gabriel Rossetti, permet
d’apprécier l’esthétique décadente de cette écriture sensible et sensuelle. On note la performance de
la jeune Andreea Soare, dont la voix de soprano
verse un jour diffus et nostalgique sur les ondulations moirées du chœur. Avec Les Heures dolentes
(1905) et La Maison dans les dunes (1910), on
découvre l’univers mortifère d’un compositeur au
crépuscule de sa vie à seulement 36 ans. La noirceur des arpèges alterne avec la vigueur des lignes
mélodiques dans une succession de plans fixes. Le
piano de Nicolas Stavy se fait discret et attentif,
soucieux de ne pas verser dans l’emphatique pour
mieux privilégier l’émotion.
A Bastille toujours, c’est une explosion de
couleurs pour le double programme chorégraphique Balanchine-Millepied. L’éclatante reprise
du Palais de Cristal fait aisément oublier que le
programme a été créé en 1947. Philippe Jordan
dirige, pour la première fois depuis son arrivée à
Paris, un spectacle de danse. Son geste, à la fois
précis et revigorant donne une admirable carrure
dynamique à l’ensemble. La Symphonie en ut
majeur de Bizet trouve dans la danse de
Balanchine un miroir expressif très cohérent. La
naïveté très pimpante des couples Amandine
Albisson – Mathieu Ganio et Ludmila Pagliero –
Emmanuel Thibault contraste avec la noire
mélancolie de Marie-Agnès Gillot et Karl
Paquette dans l’adagio central. Le décor de
Daniel Buren offre à la chorégraphie du Daphnis
et Chloé de Ravel par Benjamin Millepied une
symbolique conceptuelle assez décalée avec la
couleur antiquisante et néoclassique qu’on peut
parfois reprocher à cette partition. Inutile de
chercher ici une esthétique art déco ou années 50.
Hervé Moreau et Aurélie Dupont imposent une
mobilité très incarnée, faite de rebonds et lignes
croisées mettant idéalement en valeur une danse
a
c
t
u
s
basée sur les géométrisation des segments corporels.
Au bonheur multicolore succède la beauté
désenchantée de l’Orphée et Eurydice de Gluck
revue et dansée par Pina Bausch. La leçon de
Montaigne nous enseignait déjà que philosopher
c’était ap-prendre à mourir mais dans la mesure
où le geste chorégraphié côtoie l’expression de la
pensée, on ne peut pas s’interdire de voir dans le
travail de Pina Bausch un prolongement à cette
beauté désenchantée. Créé en 1975, cet “opéra
dansé“ succédait à la très classique Iphigénie en
Tauride de Gluck (1974). À la différence de cette
première incursion dans le domaine de l’opéra
classique, le concept du Tanztheater appliqué à
Orphée implique l’intégration sur scène des rôles
chantés, avec leurs “doubles“ dansés. Seul le
chœur reste relégué en fosse, mais son absence
est largement contrebalancée par l’extraordinaire
ductilité des déplacements sur scène.
C’est là toute l’importance d’une
danse puisant dans le réseau imaginaire des didascalies une prolifération
en mouvement autour de l’action
principale. La mémoire rétinienne ne
peut se défaire de ces élans arythmiques du chœur dansé, duquel se
détache tout un florilège de ports de
bras dans les nuances expressives du
lamento. Le flux a pour effet une pulsation d’ensemble qui fait s’étirer les
mains comme un bouquet en mouvement, tout le haut du corps extraordinairement souple et volubile dans
cette déploration au ralenti qui préfè«Orphée et Eurydice» avec Marie-Agnès Gillot et Stéphane Bullion
re à l’expression de la douleur, la
© Agathe Poupeney / Opéra national de Paris
beauté infinie de ces corps alanguis.
Cette signature, Pina Bausch la dissimule en fili- froid, délibérément terrien et physique. Une pluie
grane à l’intérieur d’une chorégraphie qui puise de lauriers pour la direction de Thomas
sa force et sa violence dans le choix de la version Hengelbrock à la tête du superlatif Balthasaroriginale de l’Orphée de Gluck. L’absence de Neumann Ensemble & Chor. Les équilibres délisurtitre contraint à concen-trer son attention au cats entre fosse et scène sont remarquables d’un
cœur de l’action, tandis que la marche forcée vers bout à l’autre de l’ouvrage, faisant de cette favocette deuxième mort d’Eurydice renforce le sen- la in musica l’un des jalons les plus essentiels et
timent de l’inéluctable et de l’inanité de la foi en les plus beaux de notre vie commune avec le
une justice divine. Organisé en quatre “pan- spectacle vivant.
neaux“ (deuil, violence, paix, mort), l’intrigue en
David Verdier
se refermant ne laisse voir que les deux extrêmes,
comme un polyptyque replié dans un écrin funè-
a
l
i
t
é
85
p
a
r
i
s
opéra
Arbre florissant
Le Châtelet poursuit son exploration des œuvres lyriques de John Adams. On
ne s’en plaindra pas ! Après un saisissant Nixon in China en 2012, puis en 2013
I Was Looking at the Ceiling, place maintenant à A Flowering Tree.
Une réussite originale.
86
seurs et figures traditionnels indiens (dont une
statue de la déesse Shiva), devant un alignement
scrupuleux d’amphores ; à un second acte
animé d’un jeu virevoltant, entre gerbes de blés
dorés et saris rougeoyants, pour s’achever dans
des images éminemment caractérisées. Une
forêt de symboles, pour un arbre touffu !
Paulina Pfeiffer incarne une Kumudha (le
personnage central féminin) très en voix, pleinement épanchée dans ses scènes finales.
D’entrée, David Curry (au nom tout indiqué !)
manifeste une projection irradiante, qui ne
faillira pas, Prince d’éclat comme son costume.
Franco Pomponi reste davantage sur la réserve,
Narrateur et baryton de tessiture restreinte. Le
Chœur du Châtelet, qui n’a pas la partie facile,
vibre en parfaite cohésion. Alors que
l’Orchestre symphonique Région Centre-Tours
scintille, à l’instar des timbres de son instrumentarium, s’élance ou se fait tapis de soie.
Puisque c’est son chef titulaire, Jean-Yves
Ossonce, qui est aux commandes, dont sont
connues les magnifiques vertus de rigueur et de
clarté (bien qu’insuffisamment célébrées).
Capulet et Montaigu de retour
Châtelet : «A Flowering Tree». Photo Marie-Noëlle Robert/Châtelet
L’opéra avait été créé en 2006, à la demande de Peter Sellars, qui l’avait mis en scène,
pour son festival de Vienne. A Flowering Tree
revient donc, mais dans une nouvelle production. L’idée – quasi géniale – du Châtelet, est
d’avoir confié la conception scénique à une
équipe indienne, venue de ce Bollywood qui
enchante les foules locales. Une sorte de retour
aux sources, puisque la trame reprend un conte
indien : celui d’une jeune et belle (évidemment !) femme qui se mue en arbre fleuri pour
la grande joie de son prince (charmant), avec sa
charge de connotations hyperboliques. La
musique dont la pare Adams tient cependant
peu du raga – si ce n’est pour un certain aspect
incantatoire –, mais plutôt d’une complexité
orchestrale et d’une écriture vocale savante, qui
répondent mal aux schémas simplificateurs
dans lesquels on a voulu enfermer le compositeur étatsunien. Plus que répétitive, c’est rythmée qu’il convient de qualifier une esthétique,
du côté des chœurs et de l’orchestre, assez prenante. La ligne de chant des trois et seuls solistes verserait davantage dans une déclamation
monocorde, évoluant sur la fin vers un lyrisme
sans ambage. Le second acte constitue
d’ailleurs musicalement la part la plus riche,
avec aussi ses ensembles (plus élaborés côté
a
chœurs par exemple), comme une montée en
puissance (et en intérêt), à l’égal du livret –
bilingue, en anglais et en espagnol, signé
Adams et Sellars.
La mise en scène de Vishal Bhardwaj suit
un parcours similaire, d’un premier acte qui
campe la situation, avec vapeurs d’encens,
marionnettes grandeur nature, costumes, dan-
I Capuleti e i Montecchi reviennent à la
Bastille, après un long voyage qui les aura mené
de 1996, création de cette production de Robert
Carsen, à différentes reprises, dont la dernière
date de 2008. La mise en scène n’a rien perdu
de son attrait, avec ses scènes de foules assez
bien balancées, dans des costumes crypto d’époque devant de grands panneaux nus et de larges volées d’escalier qui se dévoilent sous des
éclairages et tons pourpres. Mais, on l’aura
Opéra Bastille : «I Capuleti e i Montecchi» vue d'ensemble (2008)
Crédit : Opéra national de Paris/ Ch. Leiber
c
t
u
a
l
i
t
é
p
Châtelet : «Kagel Circus» © 2e2m
compris, le décorum n’est pour rien dans l’opéra de Bellini, si le chant n’est pas de gala. Et
gala il y a ! Karine Deshayes dispense un mezzo
sans rupture, et sans surprise au su de ses vertus
vocales, propre au Romeo travesti qu’elle incarne. Mais la révélation vient de Yun Jung Choi,
ancienne membre de l’Atelier lyrique de
l’Opéra de Paris, qui prend presque au pied levé
(en raison de la défection de dernière minute de
Ekaterina Siurina) et à bras le corps une
Giulietta que l’on n’attendait pas. Beauté des
aigus (parfois dans le masque), assurance de la
projection, délié du phrasé, tout se conjugue
pour faire de cette jeune chanteuse une belcantiste à suivre. Un éclatant début pour un rôle
majeur sur une grande scène internationale !
Excellente participation également des rôles
secondaires, masculins, par Paul Gay, Charles
Castronovo et Nahuel di Pierro. Chœurs cadencés et sans histoire (pour une partie qui n’est pas
vraiment difficile), mais orchestre raffiné, sous
la baguette experte de Bruno Campanella.
musique dite contemporaine ne se départait pas
d’un sérieux contrit. Il y a donc des clins d’œil,
des allusions, sulfureuses parfois, et une sorte
de jeu de massacre. La musique, elle, se fait
sage, jolie toile de fond sans rebrousse-oreilles
alors de rigueur à l’époque (il est amusant de
penser que l’esthétique musicale n’est pas si
éloignée de celle d’un Adams, que les sectateurs
de la musique n’ont pourtant pas rangé dans la
même catégorie). Karim Sebbar conçoit le spectacle, à l’aide d’un tulle derrière lequel se
cachent les instrumentistes et qui reçoit des projections d’images diverses, avec les intervenants précités évoluant de part et d’autre. Le
public qui s’écrase, comprenant nombre d’enfants (auxquels les « Concertos Tea » sont plus
ou moins destinés), fait une fête au spectacle et
à ses participants, dont Pierre Roullier très
attentif à la tête de son 2e2m.
Peu de jours auparavant, dans l’Auditorium
a
r
a
c
t
u
Atelier Rameau
Dans le cadre de l’omniprésente année
Rameau et d’une tournée, l’Atelier lyrique de
l’Opéra de Paris se confronte lui aussi au répertoire du grand génie lyrique du XVIIIe siècle
Auditorium Marcel Landowski : «Black Box Music» © 2e2m
a
l
i
t
s
Marcel Landowski (de l’ancien conservatoire,
rue de Madrid), c’est un concert tout aussi inusité, et qui lui aussi tient du théâtre. La soirée rassemble trois œuvres actuelles des plus dissemblables : Karakuri/Poupée mécanique d’Ondrej
Adamek (né en 1979), illustration d’une thématique traditionnelle japonaise à travers un climat
de bruine instrumentale du plus chatoyant effet ;
Hommage à Klaus Nomi d’Olga Neuwirth (née
en 1968), arrangement sans grand apport particulier de tubes du con-tre-ténor pop des années
70 ; et Black Box Music, création française de
l’œuvre de Simon Steen-Andersen (né en 1976),
relecture du théâtre de marionnettes ou de l’antique « chambre noire », pour doigts gantés et
objets dans une boîte noire, manipulés par un
« performer », dont les actions guident une
musique de bruitages et percussive, le tout filmé
en direct sur grand écran – déroutant au départ,
puis, par le fait même de sa spécificité, captivant. Shigeko Hata est une soprano dont les
postures et la voix se marient idéalement pour la
première pièce. Daniel Gogler est, pour la
deuxième œuvre, le contre-ténor de circonstance, adapté aux chansons qu’il pousse vaillamment. Hakon Stene est le performer en question
de la dernière pièce, virtuose du doigté. La technique de la Muse en Circuit apporte un judicieux appoint électroacoustique. Alors que
2e2m se glisse d’une partition à l’autre, avec un
savoir-faire maîtrisé et éclectique, à l’instar du
programme, sous la battue précise et vigoureuse de Pierre Roullier.
Théâtre musical
L’ensemble 2e2m, dont la réputation n’est
plus à confirmer depuis la quarantaine d’années
de son existence à la pointe de la musique
contemporaine, convie à deux soirées particulières. Au Châtelet, dans le cadre de la série
« Concerto Tea », c’est une représentation de la
pièce de Mauricio Kagel, Variété, rebaptisée
pour la circonstance Kagel Circus. Cet ouvrage
écrit en 1977 convoque six instrumentistes, un
comédien quelque peu clown et prestidigitateur,
des acrobates et danseurs. Ou le monde du
cirque comme prétexte, revu par cet iconoclaste
de toujours que fut Kagel dans ces années où la
i
é
87
p
a
r
i
s
français. Lors d’une étape au Théâtre Poissy, en région parisienne, le
concert juxtapose de larges extraits des Surprises de l’Amour, des Indes
galantes et d’Hippolyte et Aricie. Autant de pages captivantes, puisées à
des chefs-d’œuvre qu’il n’est plus besoin de sanctifier. Reste à relever le
défi, pour ces jeunes voix internationales exposées à la stylistique baroque
française (et à son redoutable et très bas diapason 392). Un risque donc.
Pleinement assumé en l’espèce, dont chaque participant s’acquitte, à des
degrés divers et en fonction de ses propres moyens, avec les beaux honneurs. Andriy Gnatiuk ne possède pas toujours une élocution mal connue
de son Ukraine natale, mais compense par une projection d’une assurance
confondante et des notes d’une belle profondeur. João Pedro Cabral et
Tiago Matos dispensent, eux, l’aisance qu’on leur connaît dans l’articulation musicale et l’articulation française, avec en sus un sort expressif
rendu à chaque mesure. Armelle Khourdoïan semble peiner dans sa première apparition, mais rattrape vite une véritable présence. Andreea Soare
dégage pour sa part la maîtrise et l’ardeur qui ont fait sa jeune et déjà grande réputation. Mais c’est surtout Élodie Hache, sa puissance dramatique,
sa régularité dans la tessiture, son élan mesuré et nuancé, son legato phrasé, qui remporte la partie. Une étoile du chant ramiste est née !
L’accompagnement, si l’on peut dire pour les neufs instrumentistes tout
autant solistes des Folies Françoises, met une parure des beaux jours,
alliant virtuosité, rigueur, couleur et lié. Bel ensemble décidément, que
celui que dirige avec netteté de son violon Patrick Cohën-Akenine !
88
Désert aride
Le Palazzetto Bru Zane, centre qui promeut à grands moyens la
musique dite « romantique française », célèbre cette année Félicien David
(avec de multiples concerts, recréations diverses de ses œuvres lyriques, à
travers toute la France et jusqu’à Venise). On ne sait trop pourquoi au
reste, puisque nul anniversaire ne semble se profiler pour ce compositeur
né en 1810 et disparu en 1876. Et on ne sait trop, non plus, en vertu de quel
critère musical. Car ce musicien, fameux en son temps au point qu’il avait
éclipsé Berlioz (qui l’avait pourtant protégé), et depuis bien oublié, ne
mériterait peut-être pas tant d’efforts ni d’honneurs posthumes. À en juger
par la récente résurrection de son opéra Herculanum (voir Scènes
Magazine d’avril) et celle, à la Cité de la Musique, du Désert, son ouvrage le plus célèbre. Cette « ode-symphonie », formule assez inédite, pour
chœur, orchestre, récitant et ténor écrite en 1844, ne dépasse cependant
guère le cadre d’un faiseur à la commande, avec sa veine chiche, ses
chœurs martelés et ses idées qui tournent court. On distingue toutefois de
jolies mélodies du ténor, ici défendues au mieux par un Cyrille Dubois
souverainement inspiré, quelques traits instrumentaux et un beau chœur
(d’entrée, puis repris sur la fin – on ne
saurait trop multiplier les idées !). Le
Chœur Accentus et l’Orchestre de
chambre de Paris témoignent d’à-propos, sous la direction sans relief particulier de Laurence Équilbey. En première partie, le Concerto pour piano
dit « Égyptien » de Saint-Saëns, constitue une autre découverte, plus attachante, entre phrases lisztiennes et
exotisme délicat, sous les doigts
emportés de Bertrand Chamayou.
Bertrand Chamayou
© Richard Dumas
Pierre-René Serna
a
c
t
Chronique musicale de juin 2014
Belle fin de saison du côté de l'Opéra National avec deux nouvelles
productions, l'une à la Bastille confiée à Benoît Jacquot, à qui l'on doit le très
beau Werther revu cette année, Traviata de Verdi dirigée par Daniel Oren et
Francesco Ivan Ciampa en alternance et dans les rôles principaux, Diana
Damrau (Violetta), Francesco Demuro (Alfredo), Ludovic Tézier (Germont)
et Anna Pennisi (Flora), Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris du
2 au 20 juin, l’autre au Palais Garnier signée Bob Wilson L'incoronazione
di Poppea de Monteverdi. Dans la fosse Rinaldo Alessandrini à la tête du
Concerto Italiano, sur la scène Gaëlle Arquez (Fortuna, Drusilla), Jaël
Azzaretti (Vritu, Damigella), Amel Brahim-Djellouol (Amore), Varduhi
Abrahamyan (Ottone), Karine Deshayes (Poppea), Jeremy Ovenden
(Nerone), Monica Bacelli (Ottavia), une coproduction avec la Scala de
Milan présentée du 7 au 30 juin. Concert Wagner, Strauss et Berlioz avec le
baryton Simon Keenlyside le 11 juin dirigé par Philippe Jordan à la tête de
l’Orchestre de l'Opéra national, suivi le 16 par un programme Bizet, Strauss
et Ravel avec la soprano Anja Harteros.
Au Théâtre des Champs-Elysées les 4 et 5 juin, opéra pour le jeune
public, Così fanciulli de Nicolas Bacri, un opéra prologue au Così fan tutte
de Mozart sur un livret d’Eric-Emmanuel Schmitt, dirigé par David Stern et
mis en scène par Jean-Yves Ruf, avec Nathalie Perez (Despina), Pierrick
Boisseau (Don Alfonso), Jennifer Courcier/Julie Prola (Fiodiligi), Sophia
Stern/Léa Desandre (Dorabella), Etienne Duhil De Benaze/Sahy
Ratianarinaivo (Ferrando), Benoit Rameau/ Alexandre Artemenko
(Guglielmo), Orchestre Opera Fuoco. Poursuite du Festival Rossini le 10
avec une version de concert de L'Italina in Algeri de Rossini confiée à la
mezzo Marie-Nicole Lemieux dans le rôle d'Isabella, dirigée par Sir Roger
Norrington, avec Antonino Siragusa (Lindoro), Nicolas Cavalier (Mustafa),
Omo Bello (Elvira), Sophie van de Woestyne (Zulma), Nigel Smith
(Taddeo), Nicolas Rigas (Haly), Orchestre de chambre de Paris et le Chœur
Aedes. Le 11 concert à deux voix proposé par Les Grandes Voix, avec le
ténor Ramón Vargas et la basse ildar Abdrazakov accompagnés au piano
par Mzia Bachtouridze : au programme des œuvres de Tchaïkovski, Verdi,
Donizetti, Rossini, Mozart et bien d'autres. Concert de l'Orchestre National
de France conduit par Semyon Bychkov avec la mezzo Christianne Stotijn
(Strauss et Wagner) le 12. Le 13, La Scala di seta de Rossini sera dirigée
par Enrique Mazzola avec Désirée Rancatore (Giulia), Bogdan Mihai
(Dorvil), Christian Senn (Germano), Rodion Pogossov (Blansac), Carine
Séchaye (Lucilla), Enrico Casari (Dormont) et l'Orchestre National d’Ile-deFrance, pour clore le Festival Rossini. Le lendemain place à Fidelio de
Beethoven dirigé par Jérémie Rhorer avec Malin Byström (Léonore), Joseph
Kaiser (Florestan), Sophie Karthäuser (Marzelline), Andrew FosterWilliams (Don Pizarro), Robert Gleadow (Rocco), Michael Calvin
(Jaquino) et Mischa Schelomianski (Don Fernando), avec les instrumentistes du Cercle de l’Harmonie. Enfin le 25 le contre-ténor Philippe Jaroussky
en compagnie de Dominique Visse et des membres de L’Arpeggiata dirigés
par Christina Pluhar interpréteront des pages de Purcell.
La Salle Pleyel accueillera le 2 juin Les Talens Lyriques et leur chef
Christophe Rousset pour une exécution concertante d'Orfeo de Monteverdi
interprétée par Gulya Orendt (Orfeo), Emôke Barath (Euridice), Carol
Garcia (La Musica, La Messaggiera, Speranza), Elena Galitskaya
(Prosperina, Ninfa) et Cyril Auvity (Pastore). Le 3 place au Bamberger
Symphoniker au chef Jonathan Nott et à la mezzo-soprano Violeta Urmana
pour un programme Strauss (Don Juan), des lieder avec orchestre, puis
Mahler (Symphonie n° 1 “Titan“). Le 15, l'Orchestre National de Lyon sera
placé sous la direction de Leonard Slatkin entourés par Véronique Gens et
u
a
l
i
t
é
p
André Dussollier en récitant qui joueront des pièces de Rimski-Korsakov
(Antar musique de scène 1909, sur un nouveau texte d'Amin Maalouf) et de
Ravel (Deux mélodies hébraïques, Shéhérazade et Daphnis et Chloé Suite
n° 2). Le 17 opéra en concert avec La Bohème de Puccini dirigée par JeanLuc Tingaud à la tête du Royal Philharmonic Orchestra avec dans le rôle de
Mimi et pour la première fois Patrizia Ciofi, qui partagera l'affiche avec
Stefan Pop (Rodolfo), Florian Sempey (Marcello), Christian Helmer
(Schaunard), Julie Fuchs (Musetta), Nicolas Cavallier (Colline) ; concert
donné au profit de la Chaîne de l'espoir, Action enfance et Toutes à l'école,
une production ColineOpéra. Le 27 enfin, dernier concert de la saison des
Grandes Voix, avec des très larges extraits de l'Otello de Verdi chantés par
Roberto Alagna, Inva Mula (Desdemona) et Dmitri Hvorostovsky (Iago),
accompagnés par l'Orchestre National d'Île-de-France dirigé par Riccardo
Frizza.
Le Châtelet recevra le 5 juin 2014 deux artistes, baryton et bartyonbasse, Thomas Hampson et Luca Pisaroni, chanteurs à la scène mais surtout beau-père et gendre à la ville, pour un concert intitulé « No tenors needed», qui les conduira à interpréter des airs et des duos extraits d’opéras de
Mozart, Gounod, Massenet, Rossini, Donizetti, Bellini, Verdi… accompagnés au piano par Christian Koch. A partir du 13 et jusqu'au 29 juin nouvelle comédie musicale sur cette scène qui lui est désormais dédiée, The King
and I de Rodgers et Hammerstein.
L'Opéra de Versailles propose le 3 juin Le Messie de Haendel par Lorna
Anderson, Rowan Hellier, Joshua Ellicott et David Wilson-Johnson, Chœur
et orchestre The King’s Consort dirigé
par Robert King, suivi le 4 par l'oratorio Belshazzar chanté par Lorna
Anderson (Nitocris), Robin Blaze
(Daniel), Rowan Hellier (Cyrus),
Joshua Ellicott (Belshazzar) et David
Wilson-Johnson (Gobrias). Toujours
de Haendel le 5, Amadigi chanté par
Lawrence Zazzo (Amadigi), Roberta
Invernizzi (Oriana), Karina Gauvin
(Melissa), Filippo Mineccia (Dardano)
et Valerio Zanolli, (Orgando),
Kammerorchester Basel placé sous la
Valer Sabadus © Christine Schneider
direction de Ottavio Dantone. Le 11
place au swing de Michel Legrand chanté par Natalie Dessay dans les
Jardins de l'Orangerie « Entre Elle & Lui », avec au piano le compositeur
lui-même. Les 14 et 15 juin opéra avec Didon et Enée de Purcell chanté par
Vivica Genaux (Didon), Henk Neven (Enée), Ana Quintans (Belinda),
Caroline Meng (Première Sorcière), Cécile Roussat et Julien Lubek à la
mise en scène avec Accentus, Opéra de Rouen Haute-Normandie et
l'Orchestre du Poème Harmonique dirigé par Vincent Dumestre. Le 25 juin,
récital Haendel par Valer Sabadus (contre-ténor) et le Concerto Köln.
L'Opéra comique ouvrira ses portes à Nora Gubisch (mezzo-soprano)
et Alain Altinoglu (piano) le 4 juin pour interpréter des pages de Berio,
Brahms, de Falla, Granados, Komitas, Obradors, Ravel auxquelles se joindront Gérard Caussé (alto), Raphael Perraud (violoncelle), Raphael Severe
(clarinette) et quelques autres. Le 5 concert exceptionnel, Légende
d'Arménie, oratorio de Garbis Aprikian créé à Paris en 1994, chanté par
Naira Abrahamyan, Stella Grigorian, Mikael Babajanyan, Coro e
Orquestra Gulbenkian dirigé par Alain Altinoglu avec le soutien de la
Fundation Calouste Gulbenkian ; en complément œuvres de Prokofiev et
de Khatchatourian.
a
c
t
u
a
l
a
r
i
s
A l'auditorium du Musée d'Orsay, le 5 juin au soir, carte blanche à
Dame Felicity Lott qui sera entourée pour ce concert exceptionnel par
Mireille Delunsch, Eric Huchet, Damien Pass et le pianiste Maciej Pikulski,
qui interpréteront des Fables de La Fontaine et des histoires de bêtes mises
en musique par Lecocq, Offenbach, Gounod, Caplet, Ravel… en écho à l'exposition consacrée à Gustave Doré.
La Cité de la musique accueillera le 19 juin René Jacobs et l'orchestre
B'Rock pour une exécution concertante d'Orlando de Haendel chantée par
Bejun Mehta dans le rôle-titre.
Dernier récital de la saison au Théâtre du Palais Royal avec le 22 la
soprano Anna Prohaska accompagnée au piano par Eric Schneider
(Schubert, Schumann, Mahler, Ives et Liszt).
Le Festival de Saint-Denis se tiendra du 3 au 27 juin : comme chaque
année le programme est intimement lié au patrimoine architectural de la
ville et oscille entre passé et présent, répertoire et création. Parmi les nombreux rendez-vous fixés, les 5 et 6 juin James Gaffigan dirigera le National
de France avec Genia Kühmeier et Nathalie Stutzmann (Symphonie n°2 de
Mahler) dans la Basilique. Le 10, Nathalie Stutzmann dirigera ses instrumentistes d'Orfeo 55, chantera des cantates de Bach, et proposera sa lecture
de La nuit transfigurée de Schönberg, avec Renaud Capuçon pour des
concertos de Bach ; Raphaël Pichon et l'Ensemble Pygmalion interpréteront
Mozart et Haydn le 11 avec en solistes Malin Chritensson, Marianne
Crebassa, Julien Behr et Andreas Wolf. Rareté le 13 avec le Stabat mater de
Dvorak placé sous la direction de Jakub Hrusa et le Philharmonique de
Radio France (Angela Denoke, Varduhi Abrahamyan, Steve Davisslim et
Alexander Vinogradov au chant). Le 20 l'Argentin Leonardo Garcia Alarcon
jouera un oratorio inconnu du XVIIème siècle, Il Diluvio universale de
Falvetti avec Mariana Flores, Magali
Arnault et Fabian Schofrin. Salle de la
Légion d'Honneur le 22, la soprano Julie
Fuchs chantera des airs d'opéras, des lieder et des mélodies (de Haendel à
Sondheim) avec l'Ensemble Le Balcon
dirigé par Maxime Pascal. Le chef italien
Ottavio Dantone exécutera la Petite
messe solennelle de Rossini le 24 avec
Julia Lezheva, Franco Fagioli, Michael
Spyres et Marco Vinco (Orchestre de
Chambre de Paris). Daniele Gatti
conduira l'oratorio de Mendelssohn Elias
les 26 et 27 juin en clôture du festival,
avec Lucy Crowe, Christianne Stotijn,
Rainer Trost et Michael Nagy (National
de France).
Vu et entendu : de plus en plus
June Anderson
© Jean-Luc Léon
rare sur les plateaux, June Anderson
était en récital au Châtelet le 9 avril, dans un programme de mélodies françaises et d'airs américains absolument remarquable.
Ailleurs en France : Toulouse met à l'affiche la trop rare Daphné de
Strauss du 15 au 29 juin dans une mise en scène de Patrick Kinmonth,
avec Harmut Haenchen dans la fosse du Capitole.
François Lesueur
i
t
é
89
p
r
ATELIER (loc. 01.46.06.49.24)
L’aide-mémoire de Jean-Claude
Carrière - m.e.s. Ladislas Chollat avec Sandrine Bonnaire, Pascal
Greggory - jusqu’au 5 juillet
BOuFFES Du NORD
(loc. 01.46.07.34.50)
u L'Annonce faite à Marie de Paul
Claudel - m.e.s. Yves Beaunesne - du
24 juin au 19 juillet
CARTOuCHERIE - THéâTRE DE
L’éPéE DE BOIS (loc. 01.43.28.36.36)
u La tragédie de Siâvosh de
Ferdowsi, Farid Paya - m.e.s. Farid
Paya - du 5 au 29 juin
COLLINE (rés. 01.44.62.52.52)
u Aglavaine et Sélysette de Maurice
Maeterlinck - m.e.s. Célie Pauthe jusqu’au 6 juin
u Trafic de Yoann Thommerel m.e.s. Marie-Christine Soma et
Daniel Jeanneteau - jusqu’au 6 juin
u Glückliche Tage (Oh les beaux
jours) de Samuel Beckett - m.e.s. S.
Braunschweig - du 10 au 14 juin
COMéDIE FRANçAISE
SALLE RICHELIEu (01.44.58.15.15)
u Le Songe d’une nuit d’été de
Shakespeare - m.e.s. Muriel MayetteHoltz - jusqu’au 15 juin
u
90
a
i
s
u Le Misanthrope de Molière - m.e.s.
Clément Hervieu-Léger - jusqu’au 17
juillet
u Lucrèce Borgia de Victor Hugo m.e.s. Denis Podalydès - jusqu’au 20
juillet.
u Phèdre de Racine - m.e.s. Michael
Marmarinos - du 13 juin au 20 juillet
STuDIO-THéâTRE (01.44.58.98.98)
u Cabaret Georges Brassens - m.e.s.
Thierry Hancisse - jusqu’au 15 juin
VIEuX-COLOMBIER (01.44.39.87.00)
u Hernani de Victor Hugo - m.e.s.
Nicolas Lormeau - du 10 juin au 6
juillet
COMéDIE SAINT-MICHEL
(loc. 01.55.42.92.97)
u La Cave aux Folles de et m.e.s. J.
Dos Santos - jusqu’au 28 juin
DARIuS MILHAuD
(rés. 01.42.01.92.96)
u La Chute de Camus - m.e.s.
Vincent Auvet - jusqu’au 24 juin
u Marie et Marguerite de Daniel
Keene - m.e.s. Alain Lahaye - jusqu’au 23 juin
FONTAINE (01.48.74.74.40)
u Une semaine... Pas plus ! de
Clément Michel - m.e.s. A.Jugnot, D.
Roussel - jusqu’au 28 juin
LA REINE BLANCHE
(http://www.theatreonline.com)
u Le bal des crapules de Luc
Chaumar - m.e.s. Corinne Boijols jusqu’au 28 juin
LE VINGTIèME THéâTRE
(01.43.66.01.13)
u À chacun ses cendres de Alison
Svoboda - m.e.s. Alice de la Baume jusqu’au 15 juin
NOuVEAuTéS (01.47.70.52.76)
u Le Placard de et m.e.s. Francis
Veber - avec Elie Semoun et Laurent
Gamelon - jusqu’au 29 juin
ODéON EuROPE (01.44.85.40.40)
ATELIERS BERTIER
u Tartuffe de Molière - m.e.s. Luc
Bondy - jusqu’au 6 juin
POCHE-MONTPARNASSE
(01.45.48.92.97)
u Voltaire Rousseau de JeanFrançois Prévand - m.e.s. Jean-Luc
Moreau et Jean-François Prévand jusqu’au 13 juillet
u Le Legs de Marivaux - m.e.s.
Marion Bierry - jusqu’au 13 juillet
RIVE GAuCHE (01.43.35.32.31)
u La Trahison d’Einstein de EricEmmanuel Schmitt - m.e.s. Steve
Suissa - jusqu’au 15 juin
L’affrontement de Bill C. Davis m.e.s. Steve Suissa - avec Francis
Huster, Davy Sardou - jusqu’au 20
juillet
ROND-POINT (0.892.701.603)
u Azimut d’Aurélien Bory - avec le
Groupe acrobatique de Tanger - jusqu’au 29 juin
u Perdues dans Stockholm de et
m.e.s. Pierre Notte - du 3 au 29 juin
THéâTRE 13/JARDIN
(rés. www.theatre13.com/)
u Le Roi nu d’Evguéni Schwartz m.e.s. L. Schwebel - jusqu’au 22 juin
THéâTRE CLAVEL
(06.03.23.32.15)
u Autour de ma pierre, il ne fera pas
nuit de Fabrice Melquiot - m.e.s.
Sébastian Bonnabel
THéâTRE LA BOuSSOLE
(rés. : www.theatreonline.com)
u La vie rêvée des profs de et m.e.s.
Johann Cuny, Guarani Feitosa - jusqu’au 30 juin
TGP - CDN DE SAINT-DENIS
(rés. : www.theatreonline.com)
u Les Serments indiscrets de
Marivaux - m.e.s. Christophe Rauck du 4 au 15 juin
u
Grande Halle de la Villette
Joseph Nadj
Entrez dans la maison de Josef Nadj, figure emblématique de la danse contemporaine en France, et retrouvez son bestiaire fantasmagorique, ses clowns
muets et ses objets étranges.
A travers cette programmation d’œuvres cohérentes, La Villette présente dans la Grande Halle une expérience artistique singulière traversée par la pensée
magique. Un univers onirique et surréaliste où la danse rencontre le free-jazz, le cinéma muet des années 30 et la littérature d’avant-guerre en Europe de l’Est.
Le public pourra découvrir Josef Nadj à travers quatre
propositions artistiques :
— « Les Philosophes », un spectacle de Josef Nadj où
l’image et la danse se rencontrent autour de la figure du père dans
une scénographie circulaire originale;
— « Ozoon », un spectacle de Josef Nadj liant mouvement et
musique free-jazz où l’humain fait face à sa propre animalité;
— « Elégia », un concert pour 6 musiciens sur une composition originale d’Akosh S., suivi de la projection du film “Elegia“
de Zoltàn Huszàrik.
— Une exposition où l’on retrouve les créations plastiques et
filmographiques du chorégraphe, accessible avant ou après le(s)
spectacle(s) sur présentation de votre billet.
. Du 16 au 28 juin 2014
«Les Philosophes» du 16 au 20 juin
«Ozoon» du 23 au 27 juin
«Elégia» le 28 juin
Billetterie en ligne : http://www.villette.com/fr/agenda/nadj-villette-2014.htm
«Les Philosophes» © Severine Charrier
a
g
e
n
d
a
b e a u x - a r t s
Musée du Jeu de Paume
Oscar Muñoz « Protographies »
Oscar Muñoz, né en 1951 à Popayán (Colombie), est considéré comme l’un des artistes contemporains les plus importants de son pays natal, tout en suscitant l’attention de la scène internationale. Diplômé de l’Institut des Beaux-Arts (Instituto de Bellas Artes) de Cali, il développe, depuis plus de quatre décennies, une œuvre autour de l’image en relation avec la mémoire, la perte et la précarité de la vie. Grâce à des interventions sur des médiums aussi différents que
la photographie, la gravure, le dessin, l’installation, la vidéo et la sculpture, son œuvre défie toute catégorisation systématique.
L’exposition « Protographies » (un néologisme qui évoque l’opposé de la photographie, le moment antérieur ou postérieur à l’instant où l’image est fixée
pour toujours) présente l’essentiel de ses séries, regroupées autour des thématiques majeures de l’artiste, qui mettent en rapport de façon poétique et
métaphorique son vécu personnel et les différents états de matérialité de l’image. Il associe par exemple la dissolution de l’image, son altération ou sa décomposition avec la fragilité de la mémoire et l’impossibilité de fixer le temps ; ou encore l’évaporation et la transformation de l’image avec la tension entre la rationalité et le chaos urbains. Enfin dans la majeure partie de son travail, il crée
des images éphémères qui, en disparaissant, invitent le spectateur à une
expérience à la fois sensuelle et rationnelle.
Le Jeu de Paume présente, Oscar Muñoz, les œuvres sur papier et
séries en grand format de dessins hyperréalistes au fusain (1976-1981) – au
sein desquels se manifeste un intérêt profond pour le contexte social –, en
passant par les dessins et les gravures réalisés à partir des années 1980, qui
marquent l’abandon du papier au profit de l’exploration de matériaux et de
processus non conventionnels (impression sur plastique mouillé, utilisation
du sucre et du café, etc.), ses recherches engagées dans les années 1990 et
2000 sur la stabilité de l’image et sa relation avec les processus de la
mémoire ; jusqu’à ses derniers travaux (2009-2014), inscrits dans un
processus constant d’apparition et disparition, dont une nouvelle création
produite spécifiquement pour l’exposition.
Oscar Muñoz «Le Regard du cyclope», 2001-2002. Impression numérique sur papier,
6 photographies, 50 x 50 cm chaque. Courtesy de l’artiste
Bibliothèque-Musée de
l’Opéra Palais Garnier
l LES BALLETS SuéDOIS 1920-1925.
uNE COMPAGNIE D’AVANT-GARDE – Du
11 juin au 28 septembre.
Bibliothèque Nationale
l DESSINS FRANçAIS Du XVIIE SIèCLE.
Coll. du dépt Estampes et photographie – jusqu’au 15 juin
Centre Pompidou
l HENRI CARTIER-BRESSON – jusqu’au
9 juin
l BERNARD TSCHuMI, RéTROSPECTIVE –
jusqu’au 28 juillet
Compiègne, Château
l CARRIER-BELLEuSE. LE MAîTRE DE
RODIN – jusqu’au 27 octobre.
Cinémathèque française
l LE MuSéE IMAGINAIRE D’HENRI
LANGLOIS – jusqu’au 3 août
Cité du cinéma, St.Denis
l STAR WARS IDENTITIES – jusqu’au
30 juin
Château de Versailles
l LA CHINE à VERSAILLES. ART ET
DIPLOMATIE Au XVIIIE SIèCLE – jusqu’au 26 octobre
Fondation Custodia
l DE BOSCH à BLOEMAERT : Dessins
néerlandais des XVe et XVIe s. –
jusqu’au 22 juin
a
g
Grand Palais
l BILL VIOLA – jusqu’au 21 juillet
l MOI, AuGuSTE, EMPEREuR DE ROME
– jusqu’au 13 juillet
l ROBERT MAPPLETHORPE – jusqu’au
13 juillet
Jeu de Paume
l KATZI HORNA & OSCAR MuñOZ –
du 3 juin au 18 septembre
l KAPWANI KIWANGA. MAJI-MAJI –
du 3 juin au 18 septembre
Maison du Danemark
l JEAN RENé GAuGuIN 1881-1961.
SCuLPTEuR ET CéRAMISTE – jusqu’au
12 juillet
Maison de Victor Hugo
l L’âME A-T-ELLE uN VISAGE ?
L’Homme qui rit, de Gwynplaine
au Joker – jusqu’au 31 août
Musée des arts décoratifs
l SECRETS DE LA LAQuE FRANçAISE : LE
VERNIS MARTIN – jusqu’au 8 juin
l DE LA CHINE AuX ARTS DéCORATIFS
– jusqu’au 29 juin
Musée d’art moderne
l LuCIANO FONTANA, rétrospective
– jusqu’au 24 août
l uNEDITED HISTORy, Iran 19602014 – jusqu’au 24 août
Musée Carnavalet
l PARIS LIBéRé, PARIS PHOTOGRAPHIé,
e
n
. du 3 juin au 21 septembre 2014
PARIS EXPOSé – du 11 juin au 8
février
Musée Cernuschi
l OBJECTIF VIETNAM - Photos de
l’Ecole française d’ExtrêmeOrient – jusqu’au 29 juin
Musée Cognacq-Jay
l LE TRAIT EN LIBERTé : FRANçOISANDRé VINCENT, DESSINS (1746 1816) – jusqu’au 29 juin
Musée Dapper
l INITIéS, BASSIN Du CONGO &
MASQuES DE ROMuALD HAZOuMè –
jusqu’au 6 juillet
Musée Jacquemart-André
l DE WATTEAu à FRAGONARD, LES
FêTES GALANTES – jusqu’au 21 juillet
Musée du Louvre
l LE TRéSOR DE L’ABBAyE DE STMAuRICE D’AGAuNE – jusqu’au 16 juin
l EuGèNE DELACROIX, « le plus légitime des fils de Shakespeare » –
jusqu’au 30 juin
Musée du Luxembourg
l JOSéPHINE – jusqu’au 29 juin
Musée Maillol
l LE TRéSOR DE SAN GENNARO – jusqu’au 20 juillet
Musée Marmottan-Monet
l LES IMPRESSIONNISTES EN PRIVÉ. 100
chefs-d’œuvre de collectionneurs
d
a
– jusqu’au 6 juillet
Musée de Montmartre
l PICASSO à MONTMARTRE. La BD
Pablo de Julie Birmant & Clément
Oubrerie – jusqu’au 31 août
Musée de l’Orangerie
l LES ARCHIVES Du RêVE, DESSINS Du
MuSéE D'ORSAy : CARTE BLANCHE à
WERNER SPIES – jusqu’au 30 juin
Musée d’Orsay
l VINCENT VAN GOGH / ANTONIN
ARTAuD. LE SuICIDé DE LA SOCIéTé –
jusqu’au 6 juillet
l CARPEAuX (1827-1875), uN SCuLPTEuR POuR L'EMPIRE – Du 24 juin au
28 septembre.
Musée Rodin
l MAPPLETHORPE / RODIN – jusqu’au
21 septembre
Petit Palais
l CARL LARSSON - L’imagier de la
Suède – jusqu’au 7 juin
l PARIS 1900, LA VILLE SPECTACLE –
jusqu’au 17 août
Petit de Tokyo
l L’éTAT Du CIEL [partie 1] – jusqu’au 7 septembre.
Pinacothèque
l LE MyTHE CLéOPâTRE – jusqu’au 7
septembre.
91
m é m e n t o
GENEVE
concerts
92
u 3.6. : Concert de soirée No. 7.
CARTE BLANCHE. LOCG, dir. et violon
Gordan Nikolić (surprise). BFM à 20h
([email protected], 022/807.17.90)
u 4.6. : Série Symphonie. OSR, dir.
Thierry Fischer, JEAN-GuIHEN
QuEYRAS, violoncelle (Debussy,
Jarrell, Berlioz). Victoria Hall à 20h
(Tél. 022/807.00.00 / [email protected])
u 5.6. : NOuVELLE ORCHESTRE DE
GENèVE, dir. Michel Dumonthay /
SWITzERLAND – JAPAN GOODWILL
BEETHOVEN, dir. Chosei Komatsu
(Beethoven). Victoria Hall à 20h
(entrée libre sur invitation à retirir à
la Maisond es arts du Grütli)
u dimanche 15.6. : PROLOGuE.
Solistes de l’Ensemble Contrechamps (Grisey, Janson, Hass,
Ablinger). Le Galpon à 11h et 15h
(rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2
heures avant le début de l’événement - [email protected])
u dimanche 15.6. : Amarcordes.
ENSEMBLE FRATRES (Bach - Schönberg
/ L’Offrande Musicale - La Nuit
transfigurée). Château de Dardagny
18h (rés. www.amarcordes.ch/)
u jeudi 19.6. : LE JOuRNAL INTIME DE
ROBERT ET CLARA SCHuMANN avec
Brigitte Fossey, comédienne, Didier
Castell-Jacomin piano, Laurence
Malherbe, soprano & le Quatuor
Marsyas (C. Schumann, Lied / R.
Schumann, Quintette op. 44).
Théâtre du Léman à 20h (loc.
www.theatreduleman.com)
u 21.6. : Fête de la musique. OSR,
dir. Alain Altinoglu, KRISTI GJEzI, violon (Mozart, Saint-Saëns, Sarasate et
Mendlssohn). Victoria Hall à 15h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 28.6. : SEIJI OzAWA INTERNATIONAL
ACADEMY SWITzERLAND, dir. Seiji
Ozawa (Bartok). Victoria Hall à 20h
(org. Ville de Genève)
u 29.6. : Concert d’été de la Ville de
Genève. OSR, dir. Kazuki Yamada.
DAISHIN
KASHIMOTO
violon
(Honegger, Tchaïkovski, RimskiKorsakov. Victoria Hall à 17h (Org.
Ville de Genève)
théâtre
u Jusqu’au 5.6. : PHèDRE de Jean
Racine, m.e.s. Raoul Pastor, création. Théâtre des Amis, mar-ven à
20h, mer-jeu à 19h, dim à 18h
(rens. 022/342.28.74)
u Jusqu’au 14.6. : LAVERIE PARADIS
par la Cie Sans Scrupules, ClaudeInga Barbey et Doris Ittig. Théâtre
Saint-Gervais, grande salle, mar-jeusam à 19h, mer-ven à 20h30, dim 1er
juin à 18h ; relâche dim 8 juin et les
lundis (rés. 022/908.20.20)
u Jusqu’au 14.6. : RECHERCHE ÉLÉPHANTS, SOuPLESSE ÉxIGÉE d’après
Russel Hoban, par le Théâtre du
Loup, m.e.s. Eric Jeanmonod.
Théâtre du Loup, mar+jeu+sam à
19h, mer+ven à 20h, dim à 17h (rés.
022/301.31.00)
u Du 3 au 15.6. : A NANIWA, Qu'IMPORTE par le Groupe du Vent, chor.
Myriam zoulias. Le Grütli, Grande
salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h,
mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche
lun
([email protected]
/
022/888.44.88)
u Du 10 au 19.6. : L'ENSEIGNEuR de
Jean-Pierre Dopagne, m.e.s. Martine
Jeanneret. Le Poche-Genève, lun et
ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim
à 17h, mardi relâche (rens./rés. /loc.
022/310.37.59)
u Du 10 au 22.6. : BLOCKBuSTER, création, dir. d’acteurs Elsa Gallès.
Théâtre Alchimic, mar-ven à 20h30;
mer-jeu-sam-dim à 19h (rés.
022/301.68.38 / loc. Service culturel
Migros)
u Du 10 au 22.6. : DuO, création
théâtrale librement inspirée de
L’opérette imaginaire de Novarina,
La Mégère apprivoisée de
Shakespeare et Ubu Roi de Jarry,
m.e.s. Serge Martin. Avec Clara
Brancorsini et Mathieu ziegler. Le
Galpon, du mar au sam à 20h, dim à
18h, relâche lun (rés. au
022/321.21.76 au plus tard 2 heures
Seiji Ozawa international Academy Switzerland
Académie 2014
L’Académie 2014 aura lieu du 20 juin au 2 juillet au Courtil à Rolle, à Genève et à Paris, et ccélébrera ses dix
ans d’existence ainsi que les 150 ans des Relations diplomatiques entre la Suisse et le Japon. Une série de concerts est
au programme :
- Jeudi 26 juin 2014 à 19h30 dans la cour du Château : concert
gratuit regroupant la Chorale des Armaillis de la Gruyère, les
Etudiants de Seiji Ozawa International Academy Switzerland et
l’Harmonie des élèves du Conservatoire de l’Ouest Vaudois, sous la
direction de Seiji Ozawa.
danse
u 6.6. : COSAQuES DE RuSSIE. Salle
des fêtes du Lignon à 20h
u 11 et 12.6. : ADC. THE DANES de
Daniel Linehan. Salle des Eaux-Vives,
82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets :
Service culturel Migros, Stand Info
Balexert, Migros Nyon La Combe)
u Du 13 au 15.6. : ODYSSÉE d’après
Homère, chor. Manon Hotte. Salle
des fêtes du Lignon, ven-sam à 20h,
dim à 18h
u Du 27 au 28.6. : THE BITTER END OF
ROSEMARY de et par Dada Masilo.
Salle des Eaux-Vives à 19h
u 15 et 16.6. : LINDA LEMAY, « Feutres
et Pastels ». Théâtre du Léman, le 15
à 19h, le 16 à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com)
Signalons encore qu’un concert privé sera donné le mercredi 25
juin pour les résidents et invités de la Fondation Aigues-Vertes, conSeiji Ozawa
cert qui illustrel’engagement de Seiji Ozawa en faveur des handicapés. D’autre part, les 23, 24 et 25 juin à 19h30, les répétitions auront lieu dans la salle du Conseil du Château de
Rolle, et seront publiques
. Du 20 juin au 2 juillet 2014
g
opéra
u 18, 20, 22, 24, 26, 28.6. : LA WALLY
de Alfredo Catalani, OSR, dir.
Evelino Pidò, m.e.s. Cesare Lievi.
Grand Théâtre à 19h30, dim à 15h
(loc. 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/)
divers
- Samedi 28 juin 2014 à 20h : concert au Victoria Hall de
Genève. Au programme : Bartok.
- Mardi 1er juillet 2014 à 20h : concert au Théâtre des ChampsElysées, Paris. Quatuors à cordes et ensemble sous la direction de
Seiji Ozawa et Kazuki Yamada. Au programme : Mozart, Haydn,
Beethoven, Schubert, Schumann, Brahms, Bartók et Schoenberg
a
avant le début - mail : [email protected])
u Du 13 au 29.6. : MALADE D'AVOIR
LAISSÉ PASSER L'AMOuR. «BERLIN
ALExANDERPLATz..» d'après Alfred
Döblin,
conception
Matteo
zimmermann et Le Collectif. Le
Grütli, Petite Salle (2ème étage), à
20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] /
022/888.44.88)
u Du 25 au 28.6. : SuR LES PLANCHES,
Ateliers enfants et adolescents du
Théâtre du Loup. Théâtre du Loup,
jeu+sam à 19h, mer+ven à 20h.
Théâtre
du
Loup
(rés.
022/301.31.00)
u Du 26 au 29.6. : FRÉNÉSIRE ! Ou LE
NOuVEL ORPHÉE, de et m.e.s. David
Jakubec / Cie du Dépoâtre, création
théâtrale. Le Galpon, du jeu au sam
à 20h, dim à 18h (rés. au
022/321.21.76 au plus tard 2 h avant
l’événement - [email protected])
e
n
LAUSANNE
concerts
u 5.6. : OSR, dir. Thierry Fischer,
JEAN-GuIHEN QuEYRAS, violoncelle
(Debussy, Jarrell, Berlioz). Théâtre
d
a
m
de Beaulieu à 20h15 (Tél.
022/807.00.00 / [email protected] ou
chez Passion Musique)
u 7.6. : ENSEMBLE VOCAL, QuATuOR
SYMPHONIQuE. Dominique Tille et
Nicolas Reymond (ténors), Romain
Mayor (baryton), ulrich Acolas
(basse). Eglise Saint-François à 17h
(entrée libre, collecte)
u 8.6. : CHEN HALEVI, MICHAL
LEWKOWICz, CARLOS CERRADA, trio de
clarinettistes (Mozart). Musée historique de Lausanne à 15h (entrée
libre)
u 13.6. : Fortepianissimo. BRIGITTE
MEYER, piano (Haydn, Mendelssohn).
Casino de Montbenon, Salle
Paderewski à 20h (Rés. :
[email protected], ou : 076 570 40 72)
u 14.6. : JAN VAN HOECKE, flûte, GAëL
LIARDON, orgue. Eglise Saint-François
à 17h (entrée libre, collecte)
u 20.6. : Fortepianissimo. SERGEI
BABAYAN, piano. Casino de
Montbenon, Salle Paderewski à 20h
(Rés. e-mail : [email protected] / par
SMS : +41 76 570 40 72)
u 22.6. : Les Concerts du dimanche.
OCL, dir. Joshua Weilerstein, IVáN
ORTIz MOTOS, cor (Strauss,
Schumann). Salle Métropole à 11h15
(Billetterie : 021/345.00.25)
FESTIVAL CuLLY CLASSIQuE
du 20 au 29 juin
(rés. par tél. : +41 21 312 15 35 (le
mardi de 13h00 à 17h00 et le jeudi
de 9h00 à 13h00).
u 20.6. : EDICSON RuIz, ALExEI LuBIMOV,
KELLER QuARTET. Temple à 19h30
u 20.6. : Nocturne. CÉDRIC PESCIA,
piano. Notre Dame à 22h30
u 21.6. : Rencontre. CONSTANTIN
MACHEREL, violoncelle et CÉDRIC
PESCIA, piano. Steinway Lounge à 12h
u 21.6. : Découverte. SOFJA
GüLBADAMOVA, piano. Steinway
Lounge à 16h
u 21.6. : KHATIA BuNIATISHVILI, piano.
Temple à 19h30
u 21.6. : Nocturne. KELLER QuARTET.
Notre Dame à 22h30
u 22.6. : PETITS CHANTEuRS DE
LAuSANNE, dir. Yves Bugnon et Réjane
Vollichard. Salle Davel à 11h
u 22.6. : Découverte. JOACHIM CARR,
piano. Steinway Lounge à 16h
u 22.6. : LES PASSIONS DE L’ÂME.
Mereth Lüthi, violon et dir. Temple à
18h
u 24.6 : BORIS BEREzOVSKY, piano.
Temple à 20h
u 25.6 : NICHOLAS ANGELICH, piano.
Temple à 20h
u 26.6. : MARIO BRuNELLO, violoncelle
et GERARD WYSS, piano. Temple à
19h30
u 26.6. : Nocturne. CAMILLE THOMAS,
é
m
e
violoncelle et BÉATRICE BERRuT, piano.
Notre Dame à 22h30
u 27.6. : TRIO SAINT-ExuPÉRY. Temple à
20h
u 27.6. : Nocturne. FABRIzIO CHIOVETTA,
piano. Notre Dame à 22h30
u 28.6. : Rencontre. ASTRIG
SIRANOSSIAN, violoncelle et GÉRARD
WYSS, piano. Steinway Lounge à 12h
u 28.6. : Découverte. MAuRO LO
CONTE, piano. Steinway Lounge à 16h
u 28.6. : MICHAEL JARRELL, comp. et
GÉRARD WYSS, piano; avec les
Etudiants de la Hochschule für Musik
Basel et de l’universität für Musik
Wien. Temple à 19h30
u 28.6. : Nocturne. BELCEA QuARTET.
Notre Dame à 22h30
u 29.6. : Découverte. OLIVIA GAY, violoncelle et NATACHA KuDRITSKAYA,
piano. Steinway Lounge à 16h
u 29.6. : BELCEA QuARTET. Temple à
18h
théâtre
u Du 3 au 5.6. : PLEASE, CONTINuE
(HAMLET), concept. Yan Duyvendak
et Roger Bernat. Vidy-Lausanne,
salle Charles Apothéloz, à 19h30
(rés. 021/619.45.45 - www.billetterie-vidy.ch)
u Du 3 au 5.6. : JÉRuSALEM PLOMB
DuRCI, conception et m.e.s. de
n
t
o
Winter Family. Vidy-Lausanne, salle
René Gonzalez à 20h (loc.
021/619.45.45)
u Du 3 au 6.6. : SAuNå de et m.e.s.
Adrien Barazzone. L’Arsenic, ma-je
19h, me-ve 20h30 ([email protected] / 021/625.11.36)
u Du 3 au 8.6. : NOBODY DIES IN
DREAMLAND de Attilio Sandro Palese,
accueil théâtre par la Cie Love Love
Hou! Théâtre 2.21, mar-ven à 20h30,
mer-jeu-sam à 19h, dim à 18h (loc. /
rés. Tél. +41 21 311 65 14 )
u Du 10 au 22.6. : RING de Leonore
Confino. Pulloff théâtres, mer + ven
à 20h, mar, jeu + sam à 19h, dim à
18h (réservations 021/311.44.22 ou
sur www.pulloff.ch)
divers
u 13.6. : SÉRIE OPÉRA 3/3 - SALOMÉ.
Concept et musique Christian Garcia
- B000M CIE (CH), Création.
L’Arsenic, le foyer, à 21h ([email protected] / 021/625.11.36)
u 14 et 15.6. : LA PAGAILLE de JeanLuc Priano et Bérengère Altieri-Leca,
Chanson, concert, dès 5 ans. Le petit
théâtre, à 14h et 17h (rés.
www.lepetittheatre.ch)
u 27.6. : RODOLPHE BuRGER & RACHID
TAHA, concert en plein air. VidyLausanne,sur le toit du théâtre à 22h
(loc. 021/619.45.45)
Espace Nuithonie, Villars-sur-Glâne
Atmosphère, Atmosphère...
La Compagnie de l’Au-de l’Astre, constituée d’un petit groupe de personnes mentalement handicapées mais désireuses de faire du théâtre, est née de l’envie d’aller vers
l’autre, d’offrir de la joie, de s’amuser...
Ce qui, au départ, n’était que l’envie d’offrir à ces personnes une prise de conscience
de soi, une possibilité d’expression, s’est transformé à la demande des comédiens en une
compagnie théâtrale qui crée des spectacles - au total, quatre spectacles ont ainsi vus le
jour de 1999 à nos jours : « Rue du soleil » (2000-2001), « 1, 2, 3 ... Premier » (20022004), « Au Parc des... » (2004-2006) et « Au printemps les girafes fleurissent » (20082011).
Cette année, la Compagnie de l’Au-de l’Astre nous emmène dans le monde du cinéma. Une caravane symbolise le lieu de vie de différents groupes de personnages hétéroclites. Un vieux barman cocaïnomane, des séductrices, un garagiste foireux, un génie, un
amoureux de cinéma, entre autres, y vivent leur quotidien.
Un quotidien fragile et banal qu’ils traversent avec panache.
Ce spectacle, dans sa scénographie, navigue dans des atmosphères théâtrales et cinématographiques. Supportée par des extraits de quelques classiques du cinéma projetés sur
un grand écran, il nous emmène dans un doux mélange du monde d’Emir Kusturica, de
Bagdad Café. Les acteurs sont personnages, héros de leurs histoires et s’évadent dans
leurs héros de cinéma.
Le cinéma comme reflet de la vie, la vie faisant son cinéma.
. Les 4 et 5 juin 2014
Billetterie : Fribourg Tourisme, 026/350.11.00, ou une heure avant chaque représentation à
Nuithonie, 026/407.51.51 - Equilibre, 026/350.11.00
«Atmosphère, atmosphère...»
a
g
e
n
d
a
93
m
é
m
e
n
t
o
Festival de théâtre au château de Coppet
neuchâtel
Autour de Mme de Staël
Une nouvelle édition du festival « Autour de Mme de Staël » aura lieu à fin juin, et de même que lors des précédentes éditions, le programme se partage entre musique, théâtre et conférences, avec la présence de quelques habitués,
tels Me Bonnant ou Alain Carré.
94
Les festivités débutent, le lundi 23 juin, par un concert de clavecin servi par Aline d’Ambricourt, avec des œuvres
de J.S. Bach, J. Ph. Rameau, D. Scarlatti et F. Couperin ; le clavecin qui résonnera lors de cette soirée est une copie
d’un instrument Ruckers/Hemsch. Le même soir, prestation de Me Bonnant sur le thème «Le XVIIIe siècle : le temps
révolu de l’intelligence des femmes».
Mardi 24 juin, place à «Roméo et Juliette» de la Compagnie
dell’Improvviso assistée du Trio Zéphyr. Mercredi 25 juin, «Olympe
de Gouges» sera servie entre autres par Maria Mettral et Daniel
Vouillamoz, avant une «Guillotine» d’après Victor Hugo dans la mise
en scène et le jeu de Régis Virot et Philippe Vuillermet.
Jeudi 26 juin, la Compagnie A présente «Les Précieuses
Ridicules dans la mise en scène de Pierrot Corpel et, le vendredi 27
juin, le comédien Alain Carré propose Napoléon et le «Mémorial de
Sainte Hélène», alors que le pianiste François-René Duchâble interprète des œuvres de Beethoven.
Parmi les conférences prévues, celle de Doris Jakubec,
«Retrouver Paris en 1814. Germaine de Staël d’après ses lettres» (le
François-René Duchâble
24 juin), de Dusan Sidjanski, intitulée «L’Europe de Mme de Staël
contre l’Europe de Napoléon» (le 25), de Stéphanie Genand, «Staël
et Slade : une proximité paradoxale» (le 26) et de Léonard Burnand, «Mme de Staël et Napoléon : mythes et réalités
d’un duel» (le 27 juin).
. Du 23 au 27 juin 2014
Billetterie : TicketCorner
danse
u Du 11 au 12.6. : FLIP BOOK,
conception Boris Charmatz. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz à
19h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch)
u Du 11 au 12.6. : MuSINGS, conception Foofwa d'Imobilité. VidyLausanne, La Passerelle, à 21h (loc.
021/619.45.45)
u Du 13 au 14.6. : DuB LOVE, conception Cecilia Bengolea et François
Chaignaud. Vidy-Lausanne, salle
René Gonzalez, à 16h30 (loc.
021/619.45.45)
u Du 13 au 14.6. : PINA JACKSON IN
MERCEMORIAM, conception Foofwa
d'Imobilité. Vidy-Lausanne, salle La
Passerelle, à 18h
(loc.
021/619.45.45)
u Du 13 au 14.6. : (SANS TITRE) (2000)
de Tino Sehgal, par Frank Willens.
Chapiteau Vidy-L, à 18h (loc.
021/619.45.45)
u Du 13 au 14.6. : (SANS TITRE) (2000)
de Tino Sehgal, par Boris Charmatz.
Vidy-Lausanne, salle Apothéloz, à
19h30 (loc. 021/619.45.45)
u Du 13 au 14.6. : LEVÉE DES CONFLITS,
chor. Boris Charmatz. Stade
Samaranch (à 200m du Théâtre de
Vidy) à 21h30 (loc. 021/619.45.45)
opéra
u 6, 8, 11, 13, 15.6. : DIE LuSTIGEN
WEIBER VON WINDSOR d’Otto Nicolaï,
dir. Frank Beermann, OCL, m.e.s.
David Hermann. Opéra de Lausanne
(loc. 021/315.40.20, lun-ven de 12h à
18h / ou : www.opera-lausanne.ch)
u 10.6. : Midi-récitals - Artistes de
DIE LuSTIGEN WEIBER VON WINDSOR.
Salle de l'Opéra de Lausanne à
12h15 (billets sur place).
AiLLEURS
annecy
BONLIEu SCèNE NATIONALE aux Haras
d’Annecy, sauf mention contraire
(rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected])
u 6.6. : PAT METHENY uNITY GROuP
u 20 et 21.6. : ANTIGONE 466-64,
m.e.s. Claude Brozzoni
fribourg
THÉÂTRE EQuILIBRE à 20h (billetterie :
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected])
a
g
u 3.6. : PHI-PHI, opérette de Henri
Christiné sur un livret d’Albert
Willemetz. Opéra de Lausanne /
Route Lyrique 2014, dir. Jacques
Blanc, Opéra de Lausanne
mézières
THÉÂTRE Du JORAT à 20h, dim à 17h,
sauf mention contraire
(rés. : www.theatredujorat.ch/)
u 1.6. : La Route Lyrique. PHI-PHI,
opérette
u 5, 6.6. : PARADISO, inspiré de La
Divine Comédie de Dante; danse,
acrobatie et illusionnisme par la
Compagnie Emiliano Pellisari
u 8.6. : AVANT L’AuBE, poème symphonique. Première suisse. Avec le
trompettiste Erik Truffaz + une figure de la scène rock + des musiciens
classiques.
u 14, 15.6. : POuR L’AMOuR D’uN
STRADIVARIuS, avec C. Cassimo et K.
Slama. La Camerata de Lausanne,
dir. Pierre Amoyal
u 19.6. : JuLIETTE, chanson
u 20.6. : JuLIEN DORÉ, chanson
u 23, 24.6. : I MuVRINI, chanson. En
faveur de Terre des Hommes.
u 26, 27.6. : MACBETH (THE NOTES)
d’après Macbeth de Shakespeare,
m.e.s. Don Jemmett, avec le comédien Ayala
e
n
THÉÂTRE Du PASSAGE. A 20h, di à 17h
(loc. 032/717.79.07)
u 3, 4, 5, 6, 10, 11, 12, 13, 14, 15.6.:
LES FLEuRS Du MAL de Charles
Baudelaire, avec des textes de
Brigitte Fontaine et Areski Belkacem
u 14 juin : LES TROIS MOuSQuETAIRES
d’après Alexandre Dumas, m.e.s.
Manu Moser
THÉÂTRE Du POMMIER
(tél. 032/725.05.05)
u Du 5 au 8 et du 12 au 15.6. :
BRETzEL KABARET, d’après Karl
Valentin, m.s.s. Yann Mercanton.
Horaire : jeu à 20h, ven-sam à 20h30,
dim à 17h
u Du 19 au 22.6. : 6E FESTIVAL DES
CHAMBRISTES. Horaire : jeu à 19h
(Requiem de Mozart) / ven à 20h :
ALExANDRE DuBACH, violon (Mozart,
Rachmaninov, Sarasate, Mendelssohn / dim à 18h (Paganini, Bonnal,
Bauermeister, Onslow)
évian
MAISON DES ARTS, ESPACE MAuRICE
NOVARINA à 20h30, sauf mention
contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en
ligne : billetterie.mal-thonon.org)
u 3 et 4.6. / théâtre du Casino,
Evian : STAYING ALIVE de et m.e.s.
Antonio Buil, Delphine Lanza, Paola
Pagani et Dorian Rossel
u 7.6. / Grange au Lac à 20h, Evian :
ALExANDRE THARAuD, piano et JEANGuIHEN QuEYRAS, violoncelle (J.-S.
Bach, Brahms, Webern)
vevey
u Du 11 au 15.6. : Oriental-Vevey. LE
REVIzOR d’après Nicolas Gogol.
Spectacle tout public dès 7 ans. Par
Les arTpenteurs. Sous chapiteau
(rés. au 021 923 74 50)
villars s/gl.
ESPACE NuITHONIE, à 20h (loc.
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected], ou
Nuithonie: 026 407 51 51)
u 4 et 5.6. : ATMOSPHèRE,
ATMOSPHèRE… par la Compagnie de
l’Au-de l’Astre, m.e.s. Thierry
Jacquier, Ana Tordera et Nathalie
Dubath
d
a
fo rum - m eyrin.c h
forum-meyrin.ch
Théâtre
Place
Cinq-Continents
Genève
T
hé âtre Forum
Fo r um Meyrin,
M ey r i n , P
l a c e des
des C
in q- C o ntin e nts 11,, 11217
217 Meyrin,
M ey r i n , G
e n ève
Photo
P
hoto © F
Francis
rancis Traunig
Traunig
9 juillet - 5 août 2014
Verdi
Nabucco
Mercredi 9 juillet à 21h45
Samedi 12 juillet à 21h45
Orff
Carmina Burana
Jeudi 17 juillet à 21h45
Verdi
Otello
Saluces.com - Licences 1-137284 / 2-1001992 - Visuel : Nathalie Verdier
Samedi 2 août à 21h30
Mardi 5 août à 21h30
Concert lyrique
Patrizia Ciofi – Daniela Barcellona
Lundi 4 août à 21h30
Concert des révélations
Classiques de l’Adami
Cour Saint-Louis
Mercredi 9 juillet à 18h
www.choregies.fr
tél. 04 90 34 24 24 / fax 04 90 11 04 04