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Crédit photo : Nourri-Source Meilleur
IL TÉTAIT UNE FOIS
Le bulletin saisonnier de
Volume 30 — Juin 2014 :: ISSN 1913-4487 :: www.nourri-source.org
L’ÉDITORIAL
Le succès d’un allaitement mixte
Par Mariane Landriau, rédactrice en chef
Par Mariane Landriau, rédactrice en chef
L’Organisation mondiale de la santé recommande l’allaitement
maternel exclusif jusqu’à six mois, puis la poursuite de l’allaitement
jusqu’à deux ans et au-delà.
Que ce soit pour faciliter un retour
au travail ou pour planifier une
activité hebdomadaire sans bébé,
ou que cette pratique soit la seule
solution pour poursuivre l’allaitement, l’allaitement mixte (parfois
appelé
allaitement
partiel)
permettra à votre bébé de continuer à bénéficier des bienfaits de
l’allaitement.
En tant que mouvement d’entraide pour l’allaitement maternel,
Nourri-Source encourage les mères à suivre cette
recommandation, de façon à assurer la santé optimale des bébés,
car les bienfaits de l’allaitement ont été démontrés à maintes
reprises.
Toutefois, pour bien des raisons, cet objectif est parfois difficile à
atteindre pour certaines mères. Il existe bien peu de situations où
l’allaitement doit être arrêté pour des raisons médicales, soit pour
la mère, soit pour le bébé. Par contre, une maladie, une réduction
mammaire, un gain de poids insuffisant chez le nouveau-né, la
fatigue, des gerçures répétées et de nombreux autres problèmes
peuvent amener la mère à remplacer quelques tétées par des
biberons de préparation commerciale pour nourrissons ou à sevrer
complètement son bébé.
Bien que le réseau Nourri-Source encourage toutes les mères à
poursuivre leur allaitement le plus longtemps possible, nos
marraines sont formées pour vous écouter et vous soutenir dans
vos objectifs d’allaitement, et ce, sans porter de jugement sur votre
décision de sevrer votre bébé.
L’allaitement doit avant tout être une source de bonheur et un
moment de tendresse partagés, et non une source de stress et de
pleurs. N’hésitez pas à demander conseil à l’une des marraines de
Nourri-Source!
Dans ce numéro, nous essaierons de vous donner le plus de
renseignements possible concernant l’allaitement mixte (ou
allaitement partiel) et le sevrage à l’aide de différentes rubriques
informatives, mais aussi de témoignages inspirants, afin de vous
guider dans votre parcours d’allaitement.
Bonne lecture!
DANS CE NUMÉRO, DÉCOUVREZ :
2 Allaiter ou sevrer, telle est la
question...
Crédit photo :
Nourri-Source Meilleur
Le parcours d’allaitement
Mais comment assurer le succès
de l’allaitement partiel? Voici quelques conseils pour vous aider à y arriver.
Assurez-vous que votre lactation est bien établie. La production de
lait met plusieurs semaines à être bien installée. Si vous sautez plusieurs
tétées avant quatre à six semaines d’allaitement, votre production de lait
pourrait en souffrir.
N’oubliez pas que la production lactée dépend de l’offre à la
demande. Plus bébé prend de lait au sein, plus la production est stable.
Si vous supprimez une tétée, vos seins produiront, dans beaucoup de
cas, moins de lait pour s’adapter à la demande.
Attendez-vous à ce que bébé refuse le biberon. Certains bébés
acceptent volontiers de boire au biberon, tandis que d’autres, non. Ne
vous découragez pas! Pour mettre les chances de votre côté, voici
quelques conseils. 1) Introduisez un premier biberon lorsque bébé est
calme et non affamé. 2) Allez-y graduellement; offrez le premier biberon
pour une collation. 3) Choisissez une tétine dont le débit lent ressemble
à celui de votre sein. 4) Commencez par lui donner du lait maternel au
biberon pour éviter trop de nouveauté d’un seul coup. 5) Établissez une
routine différente de celle de la tétée; par exemple, ce pourrait être le
papa qui offre le biberon tandis que vous vous éloignez, et il pourrait
3 Pallier une réduction mammaire
5 Un allaitement mixte différent
7 Vrai ou faux — Allaitement mixte
6 Un sevrage tout en douceur
8 Suggestion de lecture
et sevrage
DOSSIER : Allaitement mixte et sevrage
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s’installer dans un autre fauteuil qu’à l’habitude. 6) Si cela ne
fonctionne pas, essayez de lui offrir un petit verre ou un
gobelet.
homogénéisé à 3,25 % de M.G., si son alimentation est équilibrée (céréales enrichies de fer, fruits, légumes et viande), à
moins d’un avis contraire de la part de son médecin.
Dans tous les cas, ne forcez pas bébé à boire et ne le réprimandez pas. Cette situation est nouvelle pour lui aussi, alors
faites preuve de patience.
Rappelez-vous que l’allaitement mixte peut mener au
sevrage. Il peut arriver que bébé perde intérêt à boire au sein
si la production de lait diminue. Parfois, bébé en vient à
bouder le sein même si la production de lait est abondante,
ce qui pourrait mener au sevrage. Ce n’est pas toujours le
cas, et beaucoup de mères pratiquent l’allaitement partiel
pendant plusieurs mois, mais cela peut arriver.
Utilisez un substitut adapté à l’âge de votre bébé. Si votre
bébé a moins de neuf mois, le lait maternel devra être remplacé
par une préparation commerciale pour nourrissons enrichie de
fer. S’il a plus de neuf mois, vous pouvez lui donner du lait
SOURCES :
http://www.infobebes.com/Bebe/Allaitement/J-allaite/Sevrage/Sevrage-et-allaitement-mixte/Allaitement-mixte-les-regles-d-or
Institut national de santé publique du Québec. Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans, 2013, p. 406 à 408.
Allaiter ou sevrer, telle est la question...
Par Jocelyne Charron Giguère, marraine, responsable, IBCLC pour Nourri-Source Meilleur et
présidente de la FNS
diffèrera d’un enfant à l’autre. Plus l’allaitement durera
longtemps, plus il sera bénéfique pour la mère et l’enfant, car
il réduira davantage les risques du non-allaitement tout en
sécurisant le bambin.
Crédit photo:
Audrey Des Roberts, photographe
Quand on attend un enfant, et particulièrement le premier, et
que l’on prend la décision d’allaiter, il est difficile de tout
prévoir et de savoir exactement comment le tout se déroulera
ou même combien de temps on allaitera. L’adaptation postnatale à laquelle fait face la nouvelle famille est un défi qui
amène bien des changements dans la vie de tous les jours.
Selon chaque dyade mère-enfant et les différentes situations
auxquelles elle fera face, l’apprentissage et le déroulement de
l’allaitement en seront affectés.
Si tout va bien, certaines mères poursuivront l’allaitement
jusqu’au sevrage naturel, qui consiste à attendre que l’enfant
se sèvre par lui-même. Évidemment, comme c’est l’enfant qui
décide quand il cessera l’allaitement, le moment du sevrage
Par contre, si l’allaitement ne se déroule pas comme prévu,
et bien que Santé Canada recommande que l’allaitement soit
exclusif jusqu’à six mois et se poursuive jusqu’à deux ans et
même au-delà, d’autres envisageront de sevrer plus tôt leur
petit, car selon elles, c’est la seule issue possible pour sortir
d’une situation qui les dépasse ou les stresse. Les raisons
qui poussent dans cette direction diffèrent d’une mère à
l’autre. Cela peut varier tant sur le plan des problématiques
liées à la prise du sein qu’à une production de lait qui semble
insuffisante.
Alors, comment peuvent-elles songer à poursuivre
l’allaitement quand, par exemple, elles croient que leur bébé
n’est pas satisfait, que la prise de poids est insuffisante, que
des raisons médicales ou physiques tendent dans cette
direction ou que leur entourage fait pression sur elles pour
que la situation change? Elles sont déroutées, et c’est
normal.
Il est alors important d’en évaluer la cause et s’il y a matière à
s’inquiéter. Avec le soutien d’une personne compétente en
allaitement, la mère évaluera avec celle-ci les raisons qui la
poussent à visualiser tout cela. Elle pourra alors considérer
les solutions qui s’offrent à elle et prendre une décision à
savoir si l’allaitement se poursuit ou si elle envisage un
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Certaines pourront allaiter partiellement le temps qu’il faut et
revenir par la suite à un allaitement exclusif. D’autres mères
vivant une problématique particulière, qui ne se règle pas
malgré les différentes techniques utilisées, poursuivront un
allaitement partiel leur permettant d’offrir cet attachement qui
sécurise tout en faisant bénéficier l’enfant de l’immunisation
que procure le lait humain. Tant et aussi longtemps qu’un
enfant est allaité, il profite de cette protection.
Si la mère prend la décision de sevrer son bébé, il est recommandé d’éviter de cesser brusquement l’allaitement. Cela
pourrait avoir un impact sur les réactions de celui-ci ainsi que
sur le confort de la mère en causant des changements
hormonaux radicaux ou des problèmes de congestion qui
peuvent mener à des canaux lactifères bloqués, une mastite ou
un abcès. Pour la fréquence et la durée du sevrage, cela
dépendra de l’âge du bébé et au nombre de boires encore
offerts au moment où il se produit.
Le bébé peut réagir au sevrage s’il n’est pas prêt. Il faut
procéder sans le brusquer tout en s’assurant qu’il a autant de
contacts physiques qu’avant le sevrage. Si, malgré tout, il a
une réaction négative face à tout cela, il est préférable
d’attendre et de réessayer à un autre moment, lorsque les
deux sont calmes et sereins, afin de ne pas le brusquer.
La mère peut procéder en douceur, ce qui permet à l’enfant
de s’adapter graduellement. Elle peut également procéder à
un sevrage plus rapide en coupant un boire tous les trois à
cinq jours. Cependant, elle devra évaluer les réactions de son
corps, et si elle ressent un engorgement, attendre un peu
avant de supprimer le boire suivant.
Si la mère commence le sevrage et qu’après elle change d’avis ou éprouve des regrets, que la santé du bébé se détériore
ou que la situation change, l’allaitement peut être repris à l’aide de soutien adéquat de la part d’un groupe d’entraide ou
d’une personne compétente en allaitement.
Pallier une réduction mammaire
Par France Pomminville, Nourri-Source La Presqu’île
Ayant subi une réduction mammaire en 2003, je me doutais que
je ne pourrais pas allaiter exclusivement pendant des mois.
J’étais préparée à ça, mais motivée à faire le maximum.
Lorsque j’étais enceinte de mon premier garçon, Xavier, j’ai
suivi des cours prénataux et j’ai appris que les pronostics
étaient minces. Heureusement, j’ai croisé le chemin d’une chiropraticienne, également consultante en lactation diplômée de
l’IBCLE, qui entrouvrit une porte d’espoir pour mon allaitement.
J’ai accouché à l’hôpital LaSalle le 2 décembre 2010, à 1 h 53.
Un bel accouchement, avec péridurale vers la fin du travail
seulement. Mon fils doit par contre aller à la pouponnière, et il
ne prendra sa première tétée que trois heures après sa
naissance. Après une nuit de tétées groupées, je développe
des gerçures et des crevasses, rien pour m’aider. Dès mon
séjour à l’hôpital, je commence les compléments de préparation
commerciale pour nourrissons. Je manque de colostrum pour
nourrir mon petit glouton. Puis, la montée laiteuse arrive et je
peux allaiter presque deux semaines exclusivement, alors ça va
beaucoup mieux.
Vers deux semaines de vie, la prise de poids ne s’avère pas
assez bonne et je sens que ce n’est pas assez, malgré la prise
de médication. J’enchaîne donc avec l’allaitement mixte, pas le
choix. Au début, on y va avec l’alimentation au doigt, mais
après une semaine, je n’en peux plus, et je passe au biberon.
France Pomminville et ses deux fils
Le plus difficile, c’est de savoir quand s’arrêter. Mon conjoint
et moi avons beaucoup de difficulté avec les quantités. Rapidement, il boit beaucoup de préparation commerciale, trop à
mon goût. Ça devient un calvaire et mon cœur de maman se
déchire chaque fois que je vois le nombre d’onces augmenter.
Je revois ma consultante et, en effet, selon elle, on le suralimente. Avec ses techniques, je le stimule et le fais boire aux
deux heures avec compression du sein, et ce, jusqu’à satiété.
Les tétées sont longues, car mon débit n’est pas rapide. Ce
TÉMOIGNAGE Pallier à une réduction mammaire
sevrage partiel ou complet.
TÉMOIGNAGE Pallier à une réduction mammaire
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n’est pas suffisant, mais j’arrive à ne donner que deux boires
par jour en complément, ce qui représente une nette amélioration. Puis, à force de stimuler ma production, je réduis la quantité à un biberon.
L’allaitement mixte devient intéressant, même si je souhaitais
allaiter exclusivement; j’essaie de voir les bons côtés. Papa
donne le biberon, ce qui me laisse du temps pour préparer le
souper, moi qui adore cuisiner. Vers six mois, avec l’introduction des aliments, j’arrive à couper les biberons et même à me
tirer du lait. Je suis heureuse et bébé aussi! Vers neuf mois,
c’est le début de la garderie, car je dois retourner au travail. Je
reviens à l’allaitement mixte, mais je continue d’allaiter le
matin, le soir et les fins de semaine. Un beau rythme que
j’aime bien! Le sevrage aura lieu vers 22 mois pour Xavier,
alors que j’étais enceinte de 4 mois.
Yoann est né le 21 avril 2013, à 18 h 32. J’accouche naturellement de mon bébé, encore à l’hôpital LaSalle, avec le soutien
d’une accompagnante à la naissance, cette fois-ci. Ma merveilleuse doula, Valérie, m’a accompagnée pendant toute ma
grossesse et est là pour le grand moment. Je suis fière de
l’avoir fait naturellement. Je sais que ça peut aider mon allaitement et le bébé. Je n’ai eu aucune intervention médicale, comparativement à mon premier. À sa naissance, je pratiquais le
peau à peau et je le mets rapidement au sein. L’allaitement se
passe à merveille et j’allaite exclusivement mon bébé. J’adore,
je suis aux anges!
Le réseau Nourri-Source
Le réseau Nourri-Source est constitué de
groupes d’entraide Nourri-Source, dont la
mission principale est de soutenir les familles
lors de l’allaitement. Près de 750 marraines
bénévoles expérimentées offrent leur aide
chaque année afin de favoriser et
d’encourager l’allaitement maternel. La particularité de notre réseau et ce qui en fait sa
renommée, c’est la souplesse dont les bénévoles font preuve lors de leurs interventions
auprès des mères. Appelez-nous au
1 866 948-5160 ou au 514 948-9877, ou
écrivez-nous à [email protected] pour
être jumelée à une marraine dans votre
secteur.
Vers trois mois, j’ai le cœur en miettes. Yoann ne prend plus
assez de poids, malgré la médication. Je dois passer à l’allaitement mixte. Mon monde s’écroule. Moi qui avais espéré allaiter
exclusivement jusqu’à six mois… J’introduis donc un biberon
par jour et c’est suffisant. Cette étape coïncide avec la visite de
la famille de mon mari venue de la France en vacances. Je
leur laisse donc la chance de donner le biberon et je profite de
ce moment pour m’occuper de moi. Je fais mon deuil de l’allaitement exclusif et j’essaie de voir le bon côté de l’allaitement
mixte, ce qui a rendu mon expérience d’allaitement plus
positive. Puis, vers six mois, avec l’introduction des aliments,
comme à Xavier, je suis revenue à l’allaitement exclusif. Ce
n’est que vers neuf mois, encore avec l’entrée à la garderie et
le retour au travail, que je suis retournée à l’allaitement mixte.
Yoann a alors 10 mois et je l’allaite encore le matin, le soir et
les fins de semaine.
J’aurai donc pratiqué l’allaitement mixte pour des raisons physiologiques, et non par choix personnel. Je déteste devoir traîner les biberons, les faire chauffer, les nettoyer, faire la préparation. Pour moi, c’est beaucoup plus simple d’allaiter et c’est
tellement mieux pour la santé de l’enfant. De plus, la relation
avec notre bébé est tellement belle! Ça reste dans mes plus
beaux souvenirs de maman. J’espère de tout cœur avoir un
troisième bébé et pouvoir allaiter exclusivement; c’est vraiment
un de mes souhaits les plus chers à mon cœur!
Partagez vos connaissances
Devenez marraine d’allaitement !
Vous avez vécu une expérience d’allaitement enrichissante
et aimeriez aider d’autres mères à y arriver également?
Nous sommes toujours à la recherche de personnes qui ont
quelques heures par mois à consacrer au soutien
téléphonique et à l’accueil des haltes allaitement. Nous
offrons une formation complète aux nouvelles bénévoles.
Nous voulons vous connaître!
Écrivez-nous à [email protected].
Témoignages d’allaitement recherchés
Vous avez vécu une histoire d’allaitement et vous
aimeriez la partager? Nous aimerions vous lire!
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Un allaitement mixte différent
Un témoignage de Valérie Laramée Saryan
Propos recueillis par Isabelle Forgues, marraine d’allaitement, Nourri-Source Dorval-Lachine
Après des années de maux de dos et
de cou, Valérie a décidé, à l’âge de
22 ans, de subir une réduction
mammaire. En 2004, on lui a donc
retiré 680 grammes de tissus (1,5 lb)
dans chaque sein. Lorsqu’elle a songé
à concevoir un bébé, elle a
questionné son chirurgien par courriel
pour savoir si elle serait en mesure
d’allaiter. Il l’a rassurée en spécifiant
qu’elle avait subi une opération en
ancre et qu’elle devrait être en mesure
d’allaiter. Valérie avait toutefois des
doutes et ils se sont concrétisés lors
de l’accouchement de Jakob, en
2011.
Crédit photo : Isabelle Forgues
À l’hôpital, lorsque les infirmières ont
vu ses cicatrices, elles ont supposé
d’emblée que Valérie serait incapable de produire assez de lait
pour nourrir son bébé. Elles lui ont tout de même prêté un
tire-lait, qui a très peu servi. Comme son fils était traité en
photothérapie, elle ne pouvait le prendre qu’une fois aux trois
heures, ce qui a surement nui au bon départ de cet allaitement.
Pour une maman végétalienne, supplémenter avec des préparations commerciales pour nourrisson à base de lait de vache
constituait toute une bizarrerie. Valérie avait d’ailleurs effectué
quelques recherches avant son accouchement pour les éviter
et avait trouvé une donneuse de lait maternel par
l’intermédiaire de l’organisme Human Milk for Human Babies,
mais cette dernière a déménagé dans une autre province. Lors
de ses recherches, Valérie se souvient de ne pas avoir compris
l’ampleur des risques liés au lait artificiel.
De retour à la maison, c’est le cocktail de stimulation de
production lactée qui s’est entamé : fenugrec, chardon bénit et
Dompéridone à doses maximales. Ce n’était malheureusement
pas suffisant : Valérie ne produisait simplement pas assez de
lait. Durant les deux premiers mois, Valérie a nourri Jakob au
sein, supplémenté grâce à un dispositif d’aide à l’allaitement
(DAA), tiré son lait et stimulé sans cesse sa production. Elle a
ensuite introduit les biberons, pleurant chaque fois qu’elle lui
en offrait un.
Armée de sa détermination, Valérie a poursuivi son allaitement
en donnant le sein le plus souvent possible et en ajoutant un
complément de préparation durant six mois. Puis, elle a rencontré Sandra Canty, une nutritionniste reconnue, entre
autres dans le domaine de l’alimentation des bébés et des bambins.
Madame Canty, également maman,
connaissait bien les recommandations du docteur Jack Newman et a
guidé Valérie et Jakob pour l’introduction de la nourriture, une
technique de supplémentation
n’ayant pas recours aux laits artificiels que Valérie redoutait tant*.
Aujourd’hui, Jakob a 29 mois et est
toujours allaité, maintenant en
tandem avec sa sœur, Évelyne.
Avec toutes les connaissances
qu’elle avait acquises et parce
qu’elle allaitait toujours Jakob,
Valérie croyait qu’elle allaiterait
sans problème et exclusivement
son deuxième bébé. Dévastée, elle apprit que la belle
Évelyne, âgée de quatre jours, souffrait de déshydratation. À
ce moment-là, Valérie a su qu’elle produisait du lait, mais pas
assez pour satisfaire les besoins d’un nouveau-né pour qui le
lait est le seul aliment. Elle s’est donc lancée à nouveau dans
l’ingurgitation d’un cocktail galactogène amélioré pour stimuler
sa production et a entamé ses recherches de lait maternel
chez les organismes de partage de lait maternel tels que le
Partage de lait Montréal (Montreal Milk Share) et le Human
Milk for Human Babies, d’où elle a recueilli trois dons.
C’est avec un grand désarroi qu’elle a annoncé cette nouvelle
à un groupe d’amies mamans qui allaitent un bambin de plus
de deux ans. Mues de compassion et armées de leur tire-lait,
plusieurs femmes de ce groupe lui ont alors proposé de lui
donner du lait maternel. C’est ainsi qu’une fois par mois,
Valérie entame sa « tournée de lait » et va recueillir les dons
de lait maternel sur la Rive-Sud, de Delson à Longueuil, en
passant par Saint-Philippe et Saint-Hubert. Bien qu’elle ait
confiance en toutes ces femmes, Valérie pasteurise le lait et
le donne à Évelyne avec le DAL pendant qu’elle est au sein**.
C’est ainsi que Valérie pratique l’allaitement mixte, cette fois
sans lait artificiel, seulement du lait maternel!
* Avant de recourir à une telle méthode, veuillez consulter un
professionnel de l’allaitement et le médecin de l’enfant. Cette
méthode pourrait ne pas convenir à certains bébés, selon leur
état de santé.
** Certaines maladies peuvent être transmises par le lait
maternel.
TÉMOIGNAGE Un allaitement mixte différent
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DOSSIER : Allaitement mixte et sevrage
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Un sevrage tout en douceur
Par Mariane Landriau, rédactrice en chef
Crédit photo :
Audrey Des Roberts, photographe
Pour diverses raisons, vous avez décidé de sevrer votre
bébé. Que devez-vous savoir avant de mettre fin définitivement à votre allaitement?
Tout d’abord, demandez conseil à votre marraine. Votre
marraine Nourri-Source peut vous aider à vous éclairer dans
votre prise de décision. Sevrez-vous votre bébé parce que
vous vous sentez prête ou parce que vous ne le pouvez
plus, ou est-ce que vous avez seulement une vague impression que c’est ce que vous devez faire? Sans remettre en
question votre décision, votre marraine s’assurera que le
sevrage relève bien de votre décision et que vous êtes à
l’aise avec celle-ci. Ensuite, elle vous donnera l’information
nécessaire pour bien vivre cette transition et vous dirigera
vers les ressources appropriées, s’il y a lieu (par exemple,
un service de location de tire-lait). Le moment idéal du sevrage est lorsque vous vous sentez prête.
Procédez au sevrage graduellement. Si vous arrêtez
d’allaiter votre bébé du jour au lendemain, vos seins n’auront
pas eu le temps de stopper leur fabrication de lait. Par
conséquent, vous pourriez vous retrouver avec un sérieux
engorgement, qui pourrait dégénérer en mastite. De plus,
une coupure radicale pourrait être difficile pour votre enfant,
qui risque de l’interpréter comme un rejet. Quoique le temps
nécessaire pour sevrer un bébé peut varier, une période de
quatre semaines parait réaliste, ce qui correspond à couper
une ou deux tétées par semaine en la remplaçant par un
biberon, en commençant par exemple par l’une des tétées qui
accompagnent la prise d’aliments solides. Évitez de supprimer
deux tétées de suite et faites preuve de patience!
Exprimez votre lait. Si vous devez arrêter d’allaiter
rapidement, pour des raisons de santé ou lors d’une séparation,
exprimez votre lait aux heures correspondant aux tétées en
coupant une séance par semaine ou en diminuant
graduellement la quantité exprimée tous les quatre à sept jours,
jusqu’au sevrage complet. De cette façon, votre production
lactée ralentira progressivement et vous pourrez même utiliser
ce lait pour le donner à votre bébé au biberon ou au verre.
D’ailleurs, le lait exprimé donné au biberon constitue une excellente transition pour votre bébé, qui retrouve le goût du lait de
maman lors du boire. Entre les boires, si vous sentez que vos
seins sont tendus, exprimez un peu de lait ou prenez une
douche chaude.
Utilisez un substitut adapté à l’âge de votre bébé. Si votre
bébé a moins de neuf mois, utilisez une préparation commerciale pour nourrissons enrichie de fer. S’il a plus de neuf mois,
vous pouvez lui donner du lait homogénéisé à 3,25 % de M.G.,
si son alimentation est équilibrée (céréales enrichies de fer,
fruits, légumes et viande), à moins d’un avis contraire de la part
de son médecin.
Soyez patiente. Le bébé habitué au sein et au lait de maman
peut refuser le biberon. Parlez-lui doucement, rassurez-le et
donnez-lui beaucoup d’amour. Vous ne devez forcer votre
enfant à boire ou le priver de lait en aucun cas. Le boire ne doit
pas être un moment de tension ni une punition. Commencez
par lui donner de votre lait dans le biberon, et, s’il a plus de six
mois, essayez de le lui donner dans un verre, avec ou sans bec
verseur. Bébé mettra quelque temps à s’y habituer et il se peut
qu’il ne boive pas beaucoup au début. Si nécessaire, offrez-lui
le biberon par la suite et assurez-vous qu’il boive suffisamment
de lait pour répondre à tous ses besoins nutritionnels, car le lait
est son aliment de base jusqu’à un an.
SOURCES :
http://www.infobebes.com/Bebe/Allaitement/J-allaite/Sevrage/Sevrage-et-allaitement-mixte
http://www.journaldesfemmes.com/maman/bebe/allaitement-8-regles-d-or-pour-reussir-son-sevrage.shtml
Institut national de santé publique du Québec. Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans, 2013, p. 410 à 412.
Vrai ou faux — Allaitement mixte et sevrage
Par Mariane Landriau, rédactrice en chef
1. Une grève de la tétée est irréversible.
Faux. Plusieurs raisons peuvent pousser votre bébé à refuser
le sein soudainement : une otite, un torticolis, une dent qui
pousse, le début de vos menstruations, etc. Cette grève est
habituellement temporaire et bébé recommencera la plupart du
temps à prendre le sein lorsque la situation reviendra à la
normale. En attendant, vous pouvez exprimer votre lait pour
éviter une baisse de production, ce qui éviterait également un
engorgement. Ce lait exprimé pourra être offert au bébé
jusqu’à ce que la situation soit réglée.
2. En général, l’allaitement se poursuivait plus longtemps
jadis que dans les sociétés occidentales d’aujourd’hui.
Vrai. Selon Aristote (384 av. J.-C.–322 av. J.-C.), la mère
devrait allaiter de 12 à 18 mois, ou jusqu’à la reprise de ses
menstruations, mais certaines allaitaient jusqu’à 5 ans. Ce
n’est qu’au début du XIXe siècle que l’allaitement mixte est
apparu dans les sociétés occidentales. En 2009-2010, selon
Statistiques Canada, seulement 25,9 % des mères
canadiennes ont allaité exclusivement leur dernier enfant pendant six mois ou plus.
3. Le sevrage devrait avoir lieu lors de l’introduction des
aliments solides.
Faux. Bien que l’on recommande d’introduire des solides vers
l’âge de six mois pour compléter l’alimentation du bébé et lui
procurer du fer, l’allaitement peut se poursuivre même lorsqu’il
se met à manger, et ce, jusqu’à ce que la mère et le bébé le
désirent.
4. La principale raison évoquée par les mères pour sevrer
son enfant est le manque de lait.
Vrai. L’impression de manquer de lait est très fréquente, mais
souvent erronée. Si la montée de lait a eu lieu, que bébé avale
régulièrement lors des tétées, que le nombre de couches
mouillées et souillées est normal et que la prise de poids est
adéquate, il est peu probable que vous manquiez de lait. Si
vous en doutez, parlez-en à votre marraine. Par ailleurs, la
principale raison donnée par les mères allaitant plus de trois
mois pour sevrer leur bébé est le retour au travail.
5. Le médecin ou le pédiatre est le meilleur placé pour dire
à la mère quand sevrer son enfant.
Faux. C’est la mère ou le bébé qui doit prendre cette décision.
Par ailleurs, si la santé de la mère et de l’enfant le permettent,
tout médecin devrait soutenir l’allaitement exclusif jusqu’à six
Crédit photo :
Audrey Des Roberts photographe
mois. Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à demander de
l’aide à une consultante en lactation diplômée de l’IBCLE.
SOURCES :
http://naitreetgrandir.com/fr/etape/0_12_mois/alimentation/
fiche.aspx?doc=naitre-grandir-bebe-sevrage-allaitement
Institut national de santé publique du Québec. Mieux vivre
avec notre enfant de la grossesse à deux ans, 2013, p. 410 à
412.
http://www.cps.ca/fr/documents/position/sevrage-deallaitement
http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/surveill/nutrition/commun/
Une nouvelle régionale et un nouveau
secteur pour le réseau Nourri-Source!
naissance
sont ààleur
summum.
Le 26 avril dernier,
l’occasion
d’une Pourquoi?
rencontre desTout
simplement parce qu’il cadre merveilleusement
membres du réseau Nourri-Source, la présidente
bien avec le lâcher-prise de l’accouchement et la
de la Fédération Nourri-Source, Jocelyne Charron
confiance que toute maman devrait avoir le droit
Giguère,
a annoncé
création
la le
régionale
de
ressentir
lorsquelason
corpsdefait
travail le
Nourri-Source
Estrie.
La
charte
a
été
émise
juin il
plus extraordinaire du monde, celui pourenlequel
et legénétiquement
processus de fondation
seradepuis
terminédes
d’icimilest
programmé
l’automne
2014.
Cette
nouvelle
régionale
chapeaulions d’années.
tera cinq secteurs, soit Nourri-Source Coaticook,
La « technique » ― si elle en est une ― consiste
Nourri-Source Memphrémagog, Nourri-Source
tout d’abord à garder bébé en peau-à-peau le
Sherbrooke,
Val-Saint-François
et le se
plus
souventNourri-Source
possible. Lorsque
bébé semble
tout
nouveau
secteur
Nourri-Source
Haut-Saintréveiller, on se place en
François, formé le 13 juin dernier.
Félicitations!
VRAI OU FAUX?
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Suggestion de lecture
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Suggestion de lecture
Par Mariane Landriau, rédactrice en chef
Le livre À propos du sevrage… Quand l’allaitement se termine
regroupe des témoignages de mères qui ont sevré leur enfant
de façon naturelle. Il explique notamment la façon de procéder
au sevrage naturel sans que cette transition soit stressante,
les différents âges du sevrage, l’attitude à aborder par rapport
aux critiques, les changements vécus au cours de cette période et la relation avec l’enfant après la fin de l’allaitement.
Faites voyager ce journal
Vous connaissez de jeunes familles dans lesquelles la mère allaite? Des garderies qui aiment distribuer de l’information aux parents? N’hésitez pas à
transférer ce journal électronique à ceux que cela
pourrait intéresser!
Les mères qui souhaitent se préparer à cette période y trouveront certes du réconfort et une source d’inspiration pour
vivre le sevrage naturel sereinement.
À propos du sevrage… Quand l’allaitement se termine
Auteure : Diane Bengson
Éditeur : Ligue La Leche
Date de parution : avril 2005
275 pages
Toute l’équipe du journal vous
souhaite de passer un bel été et
de bien profiter du beau temps et
de la nature!
IL TÉTAIT UNE FOIS
BULLETIN SAISONNIER DU RÉSEAU NOURRI-SOURCE
ÉDITEUR – Fédération Nourri-Source
RÉDACTRICE EN CHEF – Mariane Landriau
RÉDACTRICES BÉNÉVOLES – Jocelyne Charron Giguère, Isabelle Forgues, France
Pomminville
RÉVISION DU CONTENU – Jocelyne Charron Giguère
GRAPHISME – Jocelyne Charron Giguère
PROCHAIN NUMÉRO : Septembre 2014 – thème : Seins douloureux, pas de panique!
DATE DE TOMBÉE : 1er août 2014
RÉDACTRICES ET RÉDACTEURS BÉNÉVOLES RECHERCHÉS
Nous sommes toujours à la recherche de rédactrices ou rédacteurs bénévoles pour enrichir
notre journal. Vous aimez écrire? Vous avez un témoignage d’allaitement à livrer? L’allaitement vous passionne? Joignez-vous à notre équipe de rédacteurs bénévoles en nous écrivant à [email protected].