Présentation Distribution Une pièce paysage - Charleroi
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Présentation Distribution Une pièce paysage - Charleroi
DANCE Inouï Présentation Le lieu est l'appartement, assez nu et assez commun pour que "chaque un" s'y trouve. Certaines formes, certains objets renvoient à la fonction ou à l'atmosphère des lieux - formes et objets dont la mémoire a évacué l'aspect direct. C'est le nu de l'espace dont on a retiré toute connotation réaliste et/ou théâtrale. Ce qui invite à un regard "en dedans" plutôt "qu'à". En anglais : "A look into", instead of "the look at". Ainsi, le lieu privé de l'objet est ouvert pour le rêve. Rêve non pas comme image onirique, allusion ou métaphore, mais comme lieu virtuel d'une figurabilité sans figures. Inouï propose des seuils de consciences intensifiés par des matières sonores, des filtres de lumière qui se jouent des textures, des peaux, des surfaces tactiles, où distance et profondeur tronquent la réalité tant objective que subjective. L'expérience du spectateur est alors dans la zone indicible et inouïe de la présence immanente des choses : absence de soi ? pleine présence de soi ? Une expérience surgit, sensible, comme si nous recouvrions la vue, l'ouïe. Fable et danse d'instants qui se tissent d'éléments épars et que la conscience relie. De l'un à l'un, sept personnes ainsi se démultiplient et se recomposent. Des corps, des yeux, des voix, des temps arrêtés, des durées " respirantes ", à peine visibles, à peine audibles. INOUÏ, comme NU, comme UN, comme NOUS, comme OUI... Distribution Conception et scénographie Pierre Droulers Interprété et créé par Olivier Balzarini, Sébastien Chatellier, Katrien Vandergooten, Saori Miyazawa, Marielles Morales, Michel Yang Assistant artistique Arnaud Meuleman Création lumières Jim Claybyugh Création sonore Thomas Turine Direction technique Gianni Brecco Régie lumière Nicolas Olivier Régie plateau Sébastian Lerot, Ahmed Zaghlal Collaboration vêtements Anne Masson Musique Beth Gibbons Réflexions plastiques Ann Veronica Janssens, Michel François Coproduction Charleroi Danses / Festival de Marseille / Festival d'Automne / Théâtre de la Ville Avec l'aide du centre de Développement Chorégraphique Toulouse - Midi Pyrénées dans le cadre du projet In Vivo Avec le soutien du Théâtre de la Balsamine / Centre Chorégraphique Nationale de Rennes et de Bretagne Avec l'appui de l'Agence Wallonie-Bruxelles En collaboration avec Bird Créé dans le cadre de la Biennale de Charleroi Danses, le 23 mars 2004 au Beau Local d'Art Contemporain de Bruxelles Une pièce paysage "À l'intime le pouvoir de renverser toute idéologie, tout systématisme ". Ce pourrait être un slogan ; il aurait quelque pertinence à l'heure où le dogme de la rentabilité et des ineffables " gains de productivité " tend à occuper en tout lieu et à tout moment le travail invisible et secret de l'expérience. Pour Pierre Droulers, c'est simplement un chemin, qui a pris sa source dans le mouvement de la danse voici plus de vingt ans, et qu'il poursuit avec l'obstination lente du poète. À l'époque où, à Bruxelles, il improvisait en compagnie du saxophoniste Steve Lacy, Maurice Béjart tenait le haut du pavé. Puis est venue la " nouvelle danse " française ; Pierre Droulers s'en est tenu à l'écart, peu soucieux de coller à l'utopie d'une effervescence politicoartistique. En Belgique a ensuite déferlé la "nouvelle vague flamande" ; même s'il a dansé pour Anna Teresa De Keersmaeker dans le magnifique Ottone, Ottone, Droulers ne s'est pas mêlé à ce bouillonnement ; Et aujourd'hui ? Pas conceptuel pour deux sous, il continue à distiller l'essence de l'émotion. Bref, il n'a jamais été à la mode, ce qui est sans doute une façon de ne jamais se démoder. Sans se gorger de mots, ni céder à une quelconque surenchère spectaculaire, il a égrené au fil de ses créations des saveurs dont l'espace, le temps, la lumière, et bien sûr la densité du mouvement sont les matières premières. Après Mountain/Fountain et Ma, qui l'ont enfin pleinement consacré, Pierre Droulers signe avec Inouï une œuvre essentielle et ample où l'espace frémit et respire. Sans forcer aucun passage, dans un éveil perceptif constant, jouant du proche et du lointain comme de l'ombre et de la luminosité, la danse est ici au bord de l'effacement, sans la moindre velleité superflue. Tableau tour à tour expressif et abstrait, agité et immobile, où s'inscrivent et se dilatent des présences ténues, atomisées, décantées, Inouï est une pièce-paysage semblable à la vague lente d'une aube qui se lève. Jean-Marc Adolphe Extraits de presse Extraits de presse "À Marseille, c’est Pierre Droulers qui a forcé l’attention avec Inouï, un spectacle accroché aux moindres détails, mettant en valeur ce qui, en général, disparaît sous un flot de danse et de spectaculaire." Marie-Christine Vernay Libération, août 2004 "(…) À regarder et entendre cet Inouï, on se croirait presque dans une exposition. Les danseurs ne font pas de bruit, la danse se loge dans les recoins, tapie. Les circulations sont calmes, les croisements incertains. Les solos révèlent la beauté de chacun. On écoute le moindre bruissement, même un morceau de guitare électrique qui n’émet aucun son….Mais malgré l’errance, la vacuité, une chaleur sourd des corps. Peut-être parce que ces individus, mus par une danse délicate, sensible, sans effet aucun, sont le dernier espoir animé dans un monde qui referme ses portes, qui n’offre plus aucun espace pour l’intime, qui cloisonne et tait ses richesses dans des coffres-forts cimentés.(…)" Marie-Christine Vernay Libération, juillet 2004 "(…) Le naturel, mais sans naturalisme, sondé et transcendé, une quête de l’extraordinaire au coeur de l’ordinaire, l’infime, le détail, le presque banal extraits “provisoirement de leur discrétion naturelle”. Avec pour vecteur la danse de six corps, six personnages (Olivier Balzarini, Sébastien Chatellier, Suni Löschner, Saori Miyazawa, Marielle Morales, Michel Yang), leurs réactions en chaîne, leurs évolutions isolées, leurs mouvements sèchement segmentés ou au contraire enveloppants, leurs lassitudes, leurs obsessions, leur formidable énergie. Et l’humour aussi, qui éclate en bulles sur les seuils que sans cesse franchit et repousse la pièce, entre le silence et le son, l’être et le néant, l’anarchie et la rigueur, la fin et les commencements. (…)" Marie Baudet La Libre Belgique, mars 2004 MA / Inouï MA / Inouï J’avais pensé pour Inouï , le contraire de MA. Un ami japonais me dit : c’est l’ombre de MA. Oui, Inouï , c’est l’ombre de MA. Le Blanc comme origine et fin. Ma fin est mon commencement. C’est autour du vide que nous marchons. Le Blanc comme cette toile-écran où tout apparaît et disparaît. C’est une question de lumière. C’est la page, le film qui s‘écrit. Les couleurs, comme les émotions, viennent après. « Les couleurs sont les souffrances du blanc. » Le plus beau discours que j’aie jamais entendu a été une conférence donnée par un maître bouddhiste sur le monde des illusions. Suspendue à ses mots, l’assemblée est restée muette lorsque le maître s’est tu, saisie dans l’illusion du discours qui s’est dissoute. Un silence de rien du tout. Un rire s’en est suivi ; dupe, duperie. Comment est-ce possible que l’esprit-de-saisie, soudainement, n’aie plus rien à prendre. L’illusion c’était la situation ellemême et comme on y croyait dur comme fer à ce cher maître, on s’est fait mettre. Ça me rappelle un autre(maître), qui descendant l’escalier, traverse l’assemblée et dit en riant : « You think you exist, but you don’t ». Et de cheminer, souriant, rond et tranquille jusqu’à son trône. Magnifique, sans arrogance, avec une bonté implacable, lorsqu’il s’assoit c’est pour de bon. Bon, pour MA : on part du blanc et les interprètes circulent derrière des panneaux blancs qu’ils véhiculent savamment sur une scène, blanche aussi. Une voix enregistrée nomme les couleurs : « blue, red, green, orange, yellow, white ». Des spectateurs me diront plus tard qu’ils aimaient bien la séquence des panneaux de couleurs... ( qu’ils croyaient avoir vus ! ). On finit avec du noir, les couleurs ayant alors défilé dans les impulsions que les interprètes ont fait subir au vide par l’agitation des sens et des mouvements. Pour Inouï , le noir s’étire, déchire, cogne, glisse, enjambe ses couleurs par les interprètes. Ils s’éveillent et sculptent les contours d’un espace incertain qui s’éclaire et se fragmente, pour en rester là, autour d’une table lumineuse. C’est que je ne suis pas le maître et que j’échoue. Le faisant avec des êtres, la pièce reste inachevée. Je crois cependant qu’elle annonce un futur probable. Un pressentiment vient d’ailleurs à l’extinction des feux. « On ne voit jamais aussi clairement que lorsque la chandelle s’éteint. » Les corps hantent le souvenir de l’être que nous sommes ; somme toute, cette lueur réveille. La fin d’Inouï est le commencement de MA. La fin de MA est le commencement d’Inouï . L’un active l’autre. C’est pourquoi il y aurait un intérêt à maintenir ces deux pièces l’une près de l’autre. MA et Inouï , c’est un peu : Il y eut un soir et il y eut un matin. Un jour. Pierre Droulers 2004 Ludovica Riccardi a réalisé, en 2008, un film documentaire autour de Inouï, Light no Light .
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