INTEGRATION DES MARCHES DE PRODUCTION ET DE
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INTEGRATION DES MARCHES DE PRODUCTION ET DE
1 INTEGRATION DES MARCHES DE PRODUCTION ET DE CONSOMMATION AU CAMEROUN Mireille NTSAMA ETOUNDI 1 Université of Yaoundé 2-Soa Cameroun et Cerdi-Université d’Auvergne-France Ce draft, novembre 2011 Résumé Cet article étudie l‟intégration des marchés de production et de consommation au Cameroun. L‟étude s‟appuie sur l‟estimation du modèle à correction d‟erreur avec rupture et du modèle TAR. Le modèle à correction d‟erreur avec rupture souligne l‟existence d‟une rupture dans la relation entre les prix des marchés domestiques de consommation et de production sur la période de 1994-2009. L‟existence de cette rupture peut s‟expliquer par l‟amélioration des infrastructures de communication, par une demande de plus en plus accrue des pays rentiers de la sous-région Afrique centrale. Le modèle TAR quant à lui montre que les chocs de prix agricoles sont asymétriques pour certaines paires de marchés. 1 FSEG, CEREG, University of Yaoundé II-Soa, PO Box 1365 Yaoundé– Cameroon and Centre d’Etudes et de Recherches sur le Développement International (Cerdi), BP 10448, F-63000 Clermont-Ferrand. CNRS, Clermont-Ferrand – France. E-mail: [email protected] 2 Mots clés : intégration des marchés, TAR, rupture structurelle, modèle à correction d‟erreur avec rupture JEL : C22, O11, Q11,Q18 1. Introduction La question de l‟approvisionnement alimentaire des marchés est l‟un des plus grands défis des pays en voie de développement au cours des dernières décennies. Force est de constater que les ménages urbains des pays en voie de développement éprouvent de plus en plus des difficultés d‟accès aux denrées alimentaires. Les troubles civils et les émeutes dites de la faim de février 2008 ont ainsi mis en lumière la vulnérabilité des ménages urbains face à l‟envolée des prix des denrées alimentaires. Cette vulnérabilité des ménages urbains soulève deux questions pertinentes. La première question concerne la transmission des chocs de prix entre les marchés domestiques et les marchés internationaux. En effet, afin de combler le déficit de l‟offre alimentaire, il est important que les marchés domestiques soient liés aux marchés internationaux. Deuxièmement, l‟efficacité de la stabilité de l‟approvisionnement et son accès dépend du degré d‟intégration des marchés domestiques. Les enjeux de l‟intégration des marchés agricoles sont importants pour la sécurité alimentaire et la croissance agricole. En effet, différentes études (Fackler et Goodwin, 2001 ; Mabaya, 2004 ; Araujo-Bonjean et Combes, 2010) montrent que l‟intégration des marchés accroît les revenus des 3 producteurs grâce à une meilleure exploitation des économies d‟échelle et des avantages comparatifs et elle stabilise les prix agricoles en protégeant ainsi les marchés domestiques des chocs. L‟importance de l‟intégration des marchés agricoles étant avérée, il n‟est pas surprenant que ces dernières années soient marquées par une attention accrue du rôle de l‟intégration des marchés sur la sécurité alimentaire des ménages des pays en voie de développement (Dercon, 1995 ; Fafchamps et Gavian, 1996 ; Fackler et Goodwin, 2001 ; Abdulahi, 2002 ; Araujo et al, 2005 ; Araujo et al, 2010). Ce papier s‟inscrit dans la continuité des papiers qui se sont intéressés à l‟analyse de l‟intégration des marchés agricoles et de la transmission des chocs de prix domestiques (Lutz et al, 1994 ; Badiane et Shively, 1998 ; Abdulahi, 2000 ; Araujo et al, 2005 ; Ihle et al, 2010). Dans ce papier, nous étudions à la fois l‟intégration spatiale des marchés domestiques de production et consommation de la tomate et la transmission asymétrique des chocs de prix entre les marchés domestiques camerounais. En effet, même si les marchés sont intégrés, l‟impact de la transmission des chocs de prix peut être différent entre les zones de production excédentaire et les zones de production déficitaires. Il peut s‟avérer qu‟il existe des changements structurels dans les séries de prix. Ainsi, la présence d‟une rupture structurelle peut masquer la vraie nature de toute potentielle relation entre les marchés. L‟objectif est d‟étudier l‟intégration des marchés de consommation et des marchés de production au Cameroun. Dans cette étude, nous allons répondre aux questions suivantes: «Est-ce l‟intégration des marchés de consommation et les marchés de production agricole du Cameroun a connu une rupture structurelle vers un état instable ? Quand le point de rupture arrive ? Quels facteurs jouent un rôle clé lors de ce changement? La transmission des prix est-elle asymétrique ou non ? Par transmission asymétrique, il faut entendre qu‟une hausse des prix est le plus souvent moins rapidement transmise qu‟une baisse des prix. Sur la base du caractère rapidement périssable de la tomate, nous supposons que les commerçants répercuteraient moins rapidement les hausses des prix à la production de peur de ne pas pouvoir écouler leurs stocks. De ce fait, il convient de tester une transmission asymétrique des prix lorsqu‟il ya suspicion d‟une rupture structurelle dans la relation entre les prix des marchés domestiques de consommation et de production. 4 L‟originalité de ce papier est que nous avons en premier lieu étudié la rupture structurelle de l‟intégration des marchés de production et de consommation au Cameroun par le modèle à correction d‟erreur avec rupture. A partir des résultats empiriques, nous le point de rupture structurelle autour de 1999 et 2004, après quoi l‟intégration des marchés camerounais était devenue moins forte. En deuxième lieu, nous avons étudié si la transmission des chocs de prix était asymétrique ou non. Les résultats montrent que les chocs de prix agricoles sont asymétriques pour certaines paires de marchés. A cet effet, nous avons recours à des données mensuelles sur un échantillon de cinq marchés camerounais couvrant une période entre décembre 1993 et Juillet 2009. Nous estimons un modèle à correcteur d‟erreur avec rupture semblable à celui de Krivonos (2004) et un modèle autorégressif avec seuil (TAR) pour tester la transmission asymétrique des chocs de prix entre les marchés. Ce papier est organisé en cinq parties : dans la section 2, une brève présentation de la littérature sur l‟intégration des marchés agricoles, sur la transmission des prix des marchés agricoles et la mesure de l‟intégration des marchés agricoles. Nous présentons une application sur le marché camerounais de la tomate et une description de la stratégie d‟estimation ainsi que les données utilisées dans la section 3. La section 4 expose les résultats économétriques. La conclusion et les recommandations de politique économique sont données dans la section 5. 2. Que dit la littérature théorique et empirique sur l’intégration des marchés, la transmission des prix. Cette section fait dans un premier temps, une revue de la littérature théorique de l‟intégration des marchés et de la transmission des chocs de prix et dans un deuxième temps, elle présente les différentes mesures de l‟intégration des marchés agricoles. Intégration des marchés et transmission des chocs de prix La question de la transmission des prix et l‟intégration des marchés sont la clé pour comprendre comment les marchés agricoles sont intégrés. Les termes « intégration des marchés » et « transmission des chocs de prix » sont largement utilisés dans l‟analyse des prix. Il est donc nécessaire de faire une distinction entre ces deux termes. 5 La définition de l‟intégration des marchés est relativement imprécise dans la littérature économique. Sa définition diffère selon les auteurs ; les marchés intégrés correspondraient à des emplacements dont les prix sont fortement corrélés (Harris, 1979), à des lieux géographiquement connectés grâce aux flux commerciaux (Ravallion, 1986) ou à des régions dont les prix sont reliés les uns aux autres (Goodwin et Schroeder, 1991), ou encore à la transmission douce des signaux des prix et des informations entre les marchés spatialement séparés (Barrett, 1996). Barrett et Li (2002) prennent appui sur toutes ces définitions pour définir l‟intégration des marchés comme le processus par lequel la demande, l'offre et les coûts de transaction sur les marchés spatialement séparés déterminent conjointement les prix et les flux commerciaux, ainsi que la transmission des chocs de prix d'un marché à l'autre. Les auteurs ont du mal à faire une distinction entre l‟intégration des marchés et la transmission des prix puisque l‟intégration des marchés est une conséquence de la transmission des prix. En d‟autres termes, c‟est en fonction du degré de transmission des prix, que l‟on peut conclure si les marchés agricoles sont intégrés ou non. En somme, l‟intégration des marchés tout comme la transmission2 des prix repose sur la loi du prix unique. Cette loi postule que la différence de prix entre les marchés spatialement séparés ne doit pas excéder les coûts de transaction d‟un marché à un autre. La satisfaction de cette loi conduit à conclure que les marchés sont intégrés ; Autrement dit, la transmission des prix entre eux est parfaite. Formellement, la loi du prix unique et le modèle Enke-Samuelson-Takayama-Judge (ESTJ) affirment que si la condition suivante est respectée alors les marchés peuvent être considérés comme intégrés: Pd pe c (1) Avec c qui renvoie aux coûts de transaction, p d et p e sont respectivement les prix du marché déficitaire et le prix du marché excédentaire. Cependant, il est difficile de remplir cette condition car les marchés doivent être libres et sans friction. Il est très rare de rencontrer ce type de marché dans la réalité. Ainsi, les économistes sont 2 La transmission des prix se définit comme une relation d’interdépendance entre les prix de deux marchés donnés entre les prix internationaux et les prix domestiques des denrées alimentaires, par exemple, ou entre les prix au producteur et les prix au consommateur d’un bien de consommation. 6 préoccupés par le fait que la transmission est différente selon que les prix augmentent ou diminuent. On parle ainsi d‟une transmission asymétrique des prix. La transmission asymétrique l'économie agricole. Cette des prix a fait l'objet d'une transmission asymétrique des attention considérable prix est dans importante parce que sa présence est souvent considérée comme une preuve de défaillance du marché. De ce fait, la transmission asymétrique mérite une attention particulière. A cet effet, il existe une liste3 non exhaustive des études portant sur la transmission asymétrique des prix. Dans un contexte de transmission des prix, l‟asymétrie peut être classifiée par trois critères. D‟après Meyer et Von Cramon-Taubadel (2004), ces trois critères sont : l‟ampleur du choc, la vitesse de transmission et la combinaison : ampleur des chocs et vitesse de transmission. Ces critères sont représentés dans la figure 1. Dans la figure 1, le prix sur le marché de consommation ( P out ) dépend d‟un autre prix sur le marché de production ( P in ) qui augmente ou diminue à un moment donné. Figure 1 : transmission asymétrique des prix i. 3 Ampleur du choc Parmi ces études, on note les études de l‟asymétrie dans la transmission des prix du détail dans le secteur laitier (Kinnucan et Forker, 1987), les prix asymétriques dans les marchés du porc américain (Boyd et Brorsen, 1988), l‟asymétrie dans les marchés spatiaux des bovins (Bailey et Brorsen, 1989), la transmission asymétrique des prix sur les marchés de viande et de porcs (Hahn, 1990), sur le marché du beurre d‟arachide (Zhang et al, 1995) et sur le marché international de blé (Mohanty et al, 1995), la relation asymétrique des prix dans l‟industrie du poulet de chair aux Etats-Unis (Bernard et Willett, 1996), la transmission des prix asymétriques sur les marchés du détail de la tomate fraîche, les oignons, du café soluble, du lait en poudre et du haricot au Brésil (Aguiar et Santana, 2002), la transmission des prix asymétriques du maïs au Ghana (Abdulahi, 2002) et la transmission du prix de la tomate fraîche aux Etats-Unis (Girapunthong et al, 2003) et au Ghana (Ihle et al, 2010). 7 La figure i montre que l‟ampleur de la réponse au choc de P in dépend de la direction de ce choc. Dans ce cas, l‟asymétrie conduit à un transfert permanent de bien-être des acheteurs de biens aux vendeurs de ces biens dont la taille dépend uniquement de l‟évolution des prix et des volumes de transactions. ii. la vitesse de transmission du choc Dans la figure ii, c‟est la vitesse de réponse qui dépend du changement de P in . La transmission asymétrique conduit à un transfert temporaire de bien-être des acheteurs des biens aux vendeurs de ces biens dont l‟importance dépend du temps mis entre t1 et t1n ainsi que des changements de prix et des volumes de transactions. iii. La vitesse de transmission du choc et l‟ampleur du choc Source : Von Cramon-Taubadel (1998) La transmission asymétrique dans la figure iii est liée à la combinaison de la vitesse de transmission et l‟ampleur du choc. Ainsi, une augmentation de P in prend deux périodes ( t1 , t 2 ) pour être transmis entièrement à P out alors qu‟une diminution de P in a besoin de trois périodes 8 ( t1 , t 2 , t 3 ) pour être transmise. Cette figure iii montre que les prix sont plus flexibles à la hausse qu‟à la baisse. Cette situation est due à la présence de coûts de menu. Dans les pays en développement, plusieurs facteurs peuvent entraver la transmission des prix, et ne pas tenir compte de ces facteurs conduiraient à adopter de mauvaises implications de politique économique. Outre les mécanismes d‟intervention des pouvoirs publics (les droits de douane à l‟importation, les contingents tarifaires, les subventions ou les taxes à l‟exportation), le pouvoir du marché, les coûts de transfert élevés (les infrastructures de transport ou de communication faibles), la détention des stocks et les fortes marges commerciales entravent la transmission des chocs de prix et favorisent une transmission asymétrique. La plupart des travaux publiés sur la transmission asymétrique des prix se réfèrent à la structure non concurrentielle des marchés comme une explication de l‟asymétrie. Par exemple, un groupe de grossistes peut décider de transmettre une diminution du prix international aux producteurs locaux, cela peut retarder la transmission en cas d‟une augmentation du prix international ; par conséquent, il conserve une marge supplémentaire. Ou encore, la transmission asymétrique est liée au fait que la réduction des taxes sur le carburant ne diminuera pas les prix à la consommation car les multinationales pétrolières et les pays exportateurs ajusteront rapidement leurs marges correspondantes. Cette approche implique les marchés ne sont pas efficients car certains acteurs du marché ne respectent les règles du marché concurrentiel. S‟agissant des coûts de transaction élevés, les infrastructures de transport et de communication de mauvaise qualité auront pour conséquence de fortes marges commerciales, car les coûts de transaction sont élevés pour acheminer les produits des zones de production aux marchés. Les marchés peuvent ainsi être isolés à cause de ces marges. Les coûts de transaction élevés et les fortes marges commerciales entravent la transmission des prix, dans la mesure où ils peuvent limiter tout arbitrage (Sexton et al, 1991; Badiane et Shively, 1998). En outre, le fait de détenir des stocks sur les marchés domestiques peut conduire à une transmission asymétrique, car le déblocage de ces stocks peut faire baisser les prix sur le marché intérieur et entraîner une hausse du prix intérieur inférieur à celle logiquement attendue en l‟absence de stocks (Maccini, 1978; Blinder, 1982, Reagan et Weitzman, 1982). 9 Mesure de l’intégration des marchés agricoles La mesure de l‟intégration des marchés a été largement étudiée aussi bien sur le plan empirique que sur le plan méthodologique dans la littérature récente. Sur le plan empirique Différentes mesures du degré d‟intégration des marchés ont été utilisées dans des contextes variés. Le concept d‟intégration des marchés a été utilisé pour définir les frontières du marché dans les politiques antitrust et dans les conflits du commerce international (voir Horowitz, 1981 ; Slade, 1986 ; Asche et al, 2001). Dans les pays en développement, les mesures de l‟intégration des marchés ont été utilisées pour évaluer le degré de vulnérabilité des régions face à des chocs idiosyncratiques (Ravallion, 1986 ; Baulch et al, 20084 ), pour analyser l‟impact du développement des marchés et les politiques de libéralisation (Goletti et al, 1995). Baulch(1997) montre qu‟un plus grand degré d‟intégration conduit à une transmission des chocs de prix qui, à son tour, incite les producteurs à se spécialiser selon les avantages comparatifs. Il a été démontré que les prix constituent le meilleur mécanisme de signalisation de la rareté relative, qui montre que les producteurs produisent de façon appropriée et les ressources sont utilisées de façon optimale. Ainsi, les économistes considèrent souvent l‟intégration des marchés comme un signe de compétitivité et du fonctionnement efficace des marchés. Sur le plan méthodologique Les premiers travaux dans le domaine agricole ont utilisé de simples régressions ou les corrélations des prix du marché (Lele, 1967 ; Blyn, 1973 ; Jones, 1972 ; Loveridge, 1991) visant à évaluer le degré d‟intégration du marché. D‟autres améliorations à ces approches ont été apportées par le développement des modèles vectoriels autorégressifs (VAR) et la cointégration bivariée linéaire (Dercon, 1995) et multivariée (Gonzalez-Rivera et Helfand , 2001 ; Ghosh, 2003). Ces méthodes de cointégration traitent le problème de la non-stationnarité des séries de prix et de la tendance commune. Néanmoins, elles ne tiennent pas compte de la non-linéarité et ignore les coûts de transaction. 4 “The Spatial Integration of Paddy Markets in Vietnam » Journal of Agricultural Economics 2008, Volume 59, Issue 2 10 La reconnaissance de l‟importance des coûts de transaction dans l‟intégration des marchés a été faite par Heckscher5 (1916). Ce dernier montre que les coûts de transaction pourraient créer une bande neutre qui provoquera des écarts dans l‟intégration des marchés. Les limites de la cointégration conduisent à l‟élaboration de deux méthodologies qui tiennent compte de l‟effet non linéaire et de l‟effet de seuil générés par les coûts de transaction. Ces méthodologies reposent sur les modèles à changement de régime ou sur les modèles à seuil à l‟instar du TAR. Les modèles à changement de régime incorporent explicitement les coûts de transaction observables. Pour cela, ils scindent la transmission en différents régimes. Mais les coûts de transaction sont difficilement observables, car ils intègrent à la fois les coûts de transferts, de stockage et les coûts non observables comme le risque (Spiller et Wood, 1988 ; Barrett, 1996). Les travaux empiriques récents tentent implicitement de tenir compte des effets des coûts de transaction sur les prix et sur les ajustements. Ces modèles sont les modèles à seuil car ils reconnaissent les seuils dus aux coûts de transaction dont l‟existence d‟une déviation doit provoquer des ajustements de prix d‟équilibre qui conduisent à l‟intégration des marchés. Les modèles à seuil ont été introduits par Tong et Lim (1980). Le développement statistique et économique de ces modèles a été fait par Enders et Siklos (1999). Ces modèles ont été rapidement appliqués sur les marchés agricoles (Goodwin et Piggott, 1999 ; Goodwin et Harper, 2000 ; Abdulahi, 2002 ; Sephton, 2003 ; Meyer, 20046 ; Araujo et al, 2005; Subervie, 2007). Certaines études réalisées dans le contexte des pays d‟Afrique Subsaharienne attirent aussi l‟attention sur la non-linéarité causée par les coûts de transaction élevés en utilisant soit les modèles à changement de régime, soit des modèles TAR. Dercon (1995) analyse les effets de la libéralisation et de la fin des guerres civiles sur les marchés agricoles en Éthiopie en recherchant les ruptures structurelles dans le modèle de cointégration. Fafchamps et Gavian (1996) testent l‟intégration des marchés du bétail au Nigeria en utilisant la cointégration multivariée. Badiane et Shively (1998) améliorent l‟approche de cointégration en modélisant les conséquences de la volatilité des prix locaux tel que le processus ARCH. Abdulahi (2002) utilise quant à lui un modèle TAR pour examiner la transmission spatiale des prix du maïs 5 6 Heckscher, E.F., 1916. Va¨xelkursens grundval vid pappersmyntfot. Ekonomisk Tidskrift 18, 309–312. ―Measuring market integration in the presence of transaction costs—a threshold vector error correction approach‖, Agricultural Economics 31 (2004) 327–334 11 au Ghana. Araujo et al (2005) ont analysé les effets de la dévaluation sur le marché du Bétail au Burkina Faso en utilisant un modèle à changement de régimes. Ihle et al (2010) ont recours à un modèle vectoriel à correction d‟erreur à changement de régime. Ce papier a utilisé deux approches pour comprendre l‟intégration des marchés camerounais de la tomate : un modèle à correction d‟erreur avec rupture et un modèle autorégressif avec seuil (TAR). Ces modèles permettent d‟examiner à la fois le degré d‟intégration des marchés en tenant compte d‟une date de rupture qui a été déterminé de façon endogène et la transmission des chocs de prix qui peut être symétrique ou asymétrique. 3. Statistiques sommaires et Données Nous proposons dans cette section de présenter les statistiques descriptives et les données utilisées dans ce papier. a) Le marché de la tomate au Cameroun Les cultures maraîchères sont en pleine expansion au Cameroun. La tomate est le légume le plus important au Cameroun en matière de production. Sa production n‟a cessé d‟augmenter au fil des années avec une augmentation de l‟ordre de 72% entre 2001 et 2006 (Agristat n°15, 2009). La figure 2 montre une évolution à la hausse de la production de tomate depuis une décennie. Figure 2 : production de la tomate au Cameroun Source : Agristat n°15, 2009 12 L‟évolution de la production révèle une forte expansion de cette culture sur le territoire Camerounais. De ce fait, elle constitue des revenus non négligeables pour les producteurs en zones rurales et périurbaines7. La tomate est cultivée dans toutes les régions du Cameroun et la plus grande zone de production se trouve à l‟ouest du Cameroun, suivie de la région du centre comme le montre le tableau 1 cidessous. Tableau 1 : production (Prod.) et superficies (Sup.) de tomate par région Région Sup.1999 Sup.2000 Sup.2001 Sup.2002 Sup.2003 Adamaoua - - - - - - 162 173 Centre 3749 3754 5138 6269 7647 9329 9 778 11 002 Est - - 449 - - - 312 322 Extrême Nord 96 83 99 121 147 181 102 102 Littoral 292 292 310 378 462 563 - - Nord-Ouest 63 63 66 81 98 120 2 500 2 731 Ouest 15354 16170 16946 20674 25222 30772 25 165 25 469 Sud-ouest 969 969 1030 1256 1533 1870 179 186 Sud - - - - - - 451 458 Total 20523 21331 23589 28779 35109 42835 38702 40506 Région Sup.2004 Sup. 2005 Sup. 2006 Prod.1999 Prod.2000 Prod.2001 Prod.2002 Prod.2003 Prod.2004 Prod.2005 Prod. 2006 Adamaoua - - - - - - 2 036 2 182 Centre 50042 50091 51292 88661 90787 92969 124 133 146 748 Est - - - - - - 3 942 4 618 Extrême Nord 1112 1108 1134 1252 1281 1313 1 344 1 307 Littoral 3685 3685 3773 3424 3506 3591 670 810 Nord-Ouest 970 970 994 952 975 998 31 504 34 554 Ouest 287247 312972 320483 292722 299746 306941 317 217 323 880 Sud-ouest 2307 2307 2363 2142 2194 2246 2 252 2 343 Sud - - - 9 10 10 5 692 5 809 Total 345363 371133 380039 389153 398489 408068 488790 522251 7 L’agriculture périurbaine est particulièrement importante pour l’approvisionnement de la ville en produits périssables. 13 Le tableau 1 montre la production et la superficie de la tomate dans les différentes régions du Cameroun. Nous notons que les différents marchés camerounais de la tomate sont approvisionnés par la région de l‟Ouest-Cameroun et par la région du Centre-Cameroun. Les régions de l‟Ouest et du Centre sont des régions excédentaires et les régions de nord, du littoral, du Sud-ouest, de l‟Est et du Nord-ouest sont des régions déficitaires. La tomate est un bien rapidement périssable, il est important que sa production soit vite écoulée. Le téléphone mobile est devenu un outil important pour les agriculteurs, car il les rend plus performant et plus compétitif en permettant aux producteurs d‟élargir le marché pour leur produit. Il est plus facile aux agriculteurs d‟écouler rapidement leur production. Il n‟existe pas de lieux spécifiques pour la commercialisation de la tomate ; il existe différents circuits de commercialisation de la tomate à savoir : les circuits locaux (i.e. les lieux de production et les marchés proches des lieux de production), les circuits nationaux (i.e. les grands marchés tels que ceux de Yaoundé, de Douala, de Bafoussam) et sous-régionaux (les marchés de Gabon, de la Guinée Equatoriale et du Congo). Données Les données de prix de la tomate proviennent de la base de données de l‟Institut National de la Statistique du Cameroun et couvrent cinq marchés suivis par l‟Institut National de la Statistique(INS) à savoir : Yaoundé, Douala, Garoua, Garoua, Bamenda sur la période de décembre 1993 à juillet 2009. Ces séries de prix de la tomate ont été déflatées8 à l‟aide de l‟indice de prix à la consommation Camerounais. Tableau 2: Statistiques descriptives des données de prix Moyenne (FCFA/Kg) Médiane (FCFA/Kg) 8 Prix Yaoundé Prix Douala Prix Bafoussam Prix Bamenda Prix Garoua 194.15 159.35 173.45 139.41 139.28 156.36 148.04 165.23 128.36 126.83 Le Prix réel est calculé grâce à la formule suivante : prix réel = (prix nominal/ indice des prix à la consommation)*100 14 Coefficient de variation (%) Maximum (FCFA/Kg) Minimum (FCFA/Kg) Observations 46.79 32.35 39.35 34.79 34.66 457.44 364.59 370.35 296.17 294.30 77.08 43.43 52.90 54.31 56.15 187 187 187 187 187 La comparaison des prix de la tomate sur la période décembre 1993 à juillet 2009 montre que la volatilité dans le temps du prix (mesurée par le coefficient de variation) est plus grande à Yaoundé (46.79) qu‟à Bafoussam (39.35), à Garoua (34.66), à Bamenda (34.79) et à Douala (32.35). Les marchés de Bafoussam et de Yaoundé sont des marchés situés près des grandes zones de production de tomate. Les marchés de Yaoundé et de Douala sont les plus grands marchés de consommation de la tomate, car ce sont les plus grandes villes du Cameroun. Le marché de Yaoundé est approvisionné en partie par la production de la région du Centre et par la production de la région de l‟Ouest. Quant au marché de Garoua, il est ravitaillé par les commerçants de N‟Gaoundéré, Maroua et Yaoundé (Nchoutnji et al, 2009). La figure 3 montre l‟existence d‟une différence de prix de la tomate entre les cinq principaux marchés. Figure 3 : série des prix des cinq principaux marchés du Cameroun 500 400 300 200 100 0 1994 1996 1998 Bafoussam Garoua 2000 2002 2004 Bamenda Yaoundé Source : INS, 2010 2006 2008 Douala 15 Le tableau 2 et la figure 3 montrent qu‟en moyenne le prix de la tomate est plus élevé sur les marchés de Yaoundé, de Bafoussam et de Douala. Le prix élevé sur le marché de Bafoussam, par exemple, peut s‟expliquer par le processus d‟arbitrage des commerçants (les commerçants de Yaoundé, de Douala et les commerçants des pays frontaliers) qui achètent et vendent la production aux plus offrants. En effet, la Guinée-Équatoriale importe de la tomate provenant de Foumbot9 (Cameroun) (Minader, 2008). Cet arbitrage crée une baisse de l‟offre sur le marché de Bafoussam et par ricochet, une hausse du prix de la tomate car la production de tomate étant déjà déficitaire, une partie non négligeable est vendue aux acheteurs des pays voisins. Il est important dans les études d‟intégration des marchés de déterminer le sens des flux commerciaux, car on s‟attend à ce que les régions productrices aient une influence sur les prix des régions consommatrices. Les tests de causalité de Granger ont ainsi le mérite de nous permettre de déterminer la direction des échanges. En effet, les tests de causalité de Granger indiquent l‟existence d‟une relation statistiquement significative entre les prix retardés et les prix à l‟instant t. Ces tests consistent à tester des restrictions de nullité des coefficients du système à l‟aide d‟un F-test standard pour chaque équation. Le sens de la causalité devrait donc nous indiquer la direction des échanges entre les zones productrices et les zones consommatrices. Les résultats des tests de Granger sont résumés dans le tableau 3 ci-dessous. Tableau 3: Tests de causalité de Granger Tests de Causalité de Granger Sample: 1993M12 2009M07 Hypothèse nulle : YAOUNDÉ ne cause pas au sens de Granger de GAROUA Obs F-Statistic Probabilité 187 19.561 2.E-05*** 4.009 0.046** 34.989 2.E-08*** 0.007 0.932 GAROUA ne cause pas au sens de Granger de YAOUNDÉ DOUALA ne cause pas au sens de Granger de GAROUA GAROUA ne cause pas au sens de Granger de DOUALA 9 187 Foumbot est une des principales zones de production de la tomate de l’Ouest-Cameroun. 16 BAMENDA ne cause pas au sens de Granger de GAROUA 187 GAROUA ne cause pas au sens de Granger de BAMENDA BAFOUSSAM ne cause pas au sens de Granger de GAROUA 186 GAROUA ne cause pas au sens de Granger de BAFOUSSAM DOUALA ne cause pas au sens de Granger de YAOUNDÉ 187 YAOUNDÉ ne cause pas au sens de Granger de DOUALA BAMENDA ne cause pas au sens de Granger de YAOUNDÉ 187 YAOUNDÉ ne cause pas au sens de Granger de BAMENDA BAFOUSSAM ne cause pas au sens de Granger de YAOUNDÉ 186 YAOUNDÉ ne cause pas au sens de Granger de BAFOUSSAM BAMENDA ne cause pas au sens de Granger de DOUALA 187 DOUALA ne cause pas au sens de Granger de BAMENDA BAFOUSSAM ne cause pas au sens de Granger de DOUALA 186 DOUALA ne cause pas au sens de Granger de BAFOUSSAM BAFOUSSAM ne cause pas au sens de Granger de BAMENDA BAMENDA ne cause pas au sens de Granger de BAFOUSSAM 186 0.231 0.631 0.363 0.547 3.419 0.066* 0.013 0.908 6.296 0.013** 3.509 0.062* 5.683 0.018** 23.069 3.E-06*** 1.183 0.278 3.895 0.049** 0.214 0.644 17.760 4.E-05*** 0.027 0.869 0.047 0.827 1.637 0.202 0.743 0.389 Les résultats des tests de Granger ci-dessus ne permettent pas de prédire de manière formelle la direction des échanges. En effet, ces tests ne font pas ressortir le caractère exogène des prix des régions productrices tels que Bafoussam et Yaoundé. Les prix de Bafoussam causent au sens de Granger uniquement les prix de Garoua ; par contre, les prix de Yaoundé causent au sens de Granger les prix de Douala, de Garoua et de Bafoussam. Ces différents résultats remettent en cause le rôle central joué par le marché de Bafoussam dans la formation des prix de la tomate au Cameroun. Nous préconisons un choix intuitif des zones de production et des zones de consommation à partir du tableau 1 ci-dessus. b) La stratégie d’estimation Pour vérifier l‟hypothèse d‟intégration des prix et de transmission asymétrique des chocs de prix sur les marchés camerounais de tomate, nous avons utilisé plusieurs méthodes. Dans un premier temps, les propriétés statistiques des séries de prix de la tomate sur différents marchés sont analysées. Les séries de prix dans la plupart des études d‟intégration des marchés agricoles sont généralement non stationnaires ; il est donc important de vérifier cette propriété par les tests de 17 racine unitaire et de stationnarité : les tests de Dickey-Fuller augmenté (ADF) et de PhillipsPerron avant toute manipulation afin d‟éviter de faire des régressions dites fallacieuses. Étant donné que les données de prix de la tomate de la figure 2 ne présentent pas de tendance, nous utilisons uniquement les tests de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) et de Phillips- Perron (PP) sans tendance. Ces différents tests sont présentés dans le tableau 4 ci-dessous. Tableau 4 : les tests de racine unitaire Statistiques de test En niveau (sans constante et Différence première (sans sans tendance) tendance et sans constante) Séries ADF PP ADF PP Yaoundé -0.499 0.00012 -11.585*** -26.203*** Douala -0.032 0.164 -10.454*** -28.516*** Bafoussam -0.217 0.174 -15.829*** -21.899*** Bamenda -0.444 0.158 -10.449*** -63.712*** Garoua -0.272 0.217 -10.914*** -86.069*** Aucune des séries de prix n‟est stationnaire en niveau, mais elles le sont toutes en différence première, ce qui nous permet d‟appliquer les tests de cointégration. Dans un deuxième temps, la détermination de l‟intégration de long terme des marchés de tomate s‟est faite à partir de la méthode d‟Engle-Granger (1987). Cette méthode consiste à estimer la relation de long terme entre les prix et à tester l‟existence d‟une relation de cointégration entre les prix dont l‟équation est la suivante. Ptd Pte t (2) β reflète le changement du prix du marché déficitaire en réponse à un changement d‟une unité du prix du marché excédentaire. Pt d et Pt e sont respectivement les prix des régions déficitaires et les prix des régions excédentaires pour un produit agricole donné. t est le terme d‟erreur avec une 18 variance constante et qui capte l‟effet de variables difficilement observables telles que les coûts de transaction (l‟ensemble des coûts relatifs au transport, au stockage et aux marges commerciales). Si les erreurs sont stationnaires, alors les séries de prix sont cointégrées. Par conséquent, les prix sont liés par une relation d‟équilibre de long terme stable même si les prix des marchés excédentaire et déficitaire évoluent chacun différemment (Dwyer et Wallace, 1992). Les résultats (voir tableau 7) issus du modèle d‟Engle-Granger montrent que nos séries de prix sont cointégrés. Par conséquent, on peut estimer le modèle à correction d‟erreur avec rupture et le modèle autorégressif avec seuil (TAR). le modèle à correction d’erreur avec rupture. Dans l‟analyse de cointégration, il est important de tenir compte d‟éventuelles ruptures structurelles dans la relation entre les prix des marchés domestiques de consommation et de production, car elles peuvent affecter les résultats. En nous inspirant du modèle de Krivonos (2004), nous déterminons la date de rupture et estimé le modèle à correction d‟erreur avec rupture. Dans un premier temps, nous utilisons le test de Grégory et Hansen (1996) pour déterminer de manière endogène la date de rupture. L‟hypothèse nulle de ce test suppose une relation de cointégration entre les prix sans changement structurel (modèle 1). Modèle 1 : cointégration standard sans changement structurel ptd 1 2 pte t Où ptd et pte sont I(1) et t est I(0). Dans la majorité des cas, si le modèle 1 permet de tester la relation de long terme, nous allons considérer 1 , 2 comme invariants dans le temps. Mais, il est aussi possible d‟envisager que la cointégration subsiste une certaine période dans le temps et on assiste au passage à une nouvelle relation de long terme. L‟hypothèse alternative suppose que le changement peut prendre différentes formes dont les trois sont présentés ci-dessous. Modèle 2 : Changement de niveau (C) ptd 1 2 pte 3 D t 19 Avec D qui prend la valeur 1 quand t t 0 et zéro sinon. Le modèle 2 montre l‟existence d‟une relation de cointégration avec changement de niveau tandis que dans le modèle 3, il existe une relation de cointégration avec un changement de niveau et une tendance. Modèle 3 : Changement de niveau avec tendance (C/T) ptd 1 2 pte 3 D t t Le modèle 4 révèle quant à lui l‟existence d‟une relation de cointégration avec un changement de niveau et de régime. Modèle 4: Changement de régime (C/S) ptd 1 2 D 3 pte * D 4 pte t Pour cette analyse, le modèle 4 est estimé par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) et le test de racine unitaire (ADF) est appliqué sur le résidu. Ce résidu est récupéré pour chaque année. La date de rupture correspond à la statistique d‟ADF la plus faible. Toutefois, la même approche pourrait être utilisée pour tester les modèles 2, 3, 4, si la date du changement de régime est connue à priori. Après avoir déterminé la date de rupture, nous introduisons directement la variable muette D (qui prend la valeur 1 quand t t 0 et zéro sinon) dans le modèle à correction d‟erreur. L‟objectif de l‟équation 3 ci-dessous est de montrer que la vitesse d‟ajustement du prix sur les marchés dans le modèle à correction d‟erreur dépend d‟une période donnée. Ptd 1Pte D 2 Pte (1 D) 1 t 1D 2 t 1 (1 D) t (3) t 1 est le terme de déséquilibre retardé d‟une période issu de la relation de cointégration, θ1 et θ2 représentent respectivement la vitesse d‟ajustement avant et après la date de rupture ; β1 et β2 sont respectivement la réponse de court terme au choc de prix du marché excédentaire avant et après la date de rupture et t est un bruit blanc. le modèle autorégressif avec seuil (TAR). 20 Selon Engle et Granger (1987), le test de cointégration consiste à vérifier la stationnarité du terme d‟erreur t de l‟équation 2. Ce test s‟écrit de la manière suivante: t t 1 t (4) Où est la vitesse de convergence et t est un bruit blanc. Les tests de cointégration standard sont effectués sur l‟équation (4). Mais cette relation (4) suppose qu‟il existe un ajustement symétrique. Toutefois, la plupart des variables économiques sont sujettes à des ajustements asymétriques. Enders et Granger (1998) se proposent de tenir compte de ces ajustements en intégrant des valeurs positives ( 1 ) et négatives ( 2 ) du résidu. Ainsi, l‟équation de test de cointégration asymétrique est la suivante : t I t 1 t 1 (1 I t ) 2 t 1 t (5) Selon Enders et Granger (1998), pour que t soit stationnaire, il faut que la condition suivante soit remplie: 2 ( 1 , 2 ) 0 et It est une variable indicatrice définie de la manière suivante : 1 It 0 si si t 1 t 1 (7) Avec , la valeur du seuil. Les conditions nécessaires et suffisantes de la stationnarité de t sont 1 0 , 2 0 et (1 1 )(1 2 ) 1 Lorsque t =0, l‟ajustement est considéré comme la valeur de l‟équilibre à long terme. Si t >0, alors l‟ajustement est 1 * t et lorsque t 0 , alors l‟ajustement est 2 * t . Par contre, si 1 2 , le modèle prend la forme de celui d‟Engle et Granger (1987). Selon Enders et Siklos (2001), la cointégration des variables permet d‟écrire le modèle de correction d‟erreur de la manière suivante : Pt d I t 1t 1 2 (1 I t ) t 1 k j 0 e. j Pte j k d d . j Pt j vt (8) j 1 Où 1 et 2 sont respectivement les coefficients d‟ajustement des séquences négative et positives du terme de correction d‟erreur. 21 Les tests statistiques pour l‟hypothèse nulle en utilisant la spécification TAR de l‟équation (5) et (7) sont basés sur les statistiques et * . Ces statistiques et * sont tabulées dans Enders et Granger (1998) et Enders et Siklos (2001). Enders et Granger (1998) montrent que l‟équation (5) peut être augmentée avec des variations décalées dans la séquence de t pour tenir compte des effets d‟ajustement dynamique. t I t 1 t 1 (1 I t ) 2 t 1 p 1 i t 1 t (9) i 1 Où les critères d‟optimalité pour le choix de p sont les suivants: le critère d‟information d‟Akaike (AIC), le critère d‟information de Schwarz (BIC). Le test de cointégration envisagé par Enders et Siklos (2001) est le test basé sur les deux statistiques : Φ (F-test) et t-max (pour tester l‟hypothèse selon laquelle les coefficients 1 et 2 sont significativement négatifs). Après avoir trouvé une relation de cointégration asymétrique entre les paires de marchés (Bafoussam-Yaoundé ; Yaoundé-Bamenda ; Yaoundé-Douala), nous estimons le modèle à correction d‟erreur asymétrique (MCEA) suivant : J P k 1 k 0 P d a k Ptdk k Ptek 1.1.I t 1 2.1 (1 I ) t 1 t (10) où 1.1 et 1.2 sont respectivement les coefficients d‟ajustement pour les déviations positives et négatives du prix domestique. 4. Résultats et discussion Comme expliqué précédemment, nous avons déterminé la date de rupture grâce au test de Gregory et Hansen (1996) et estimé le modèle à correction d‟erreur avec rupture. Le tableau 5 récapitule les dates de ruptures entre les paires de marchés. Tableau 5 : Date de la rupture structurelle entre les paires de marchés 22 Marchés Dates de rupture Bafoussam – Bamenda 2004 Bafoussam – Douala 2004 Bafoussam – Garoua 2003 Bafoussam - Yaoundé 1999 Yaoundé - Bamenda 1999 Yaoundé – Douala 2004 Yaoundé – Garoua 1999 Le test de Gregory et Hansen (1996) indique une date de rupture potentielle autour de 2004 pour les paires de marché (Bafoussam-Bamenda, Bafoussam-Douala et Yaoundé-Douala), de 2003 pour Bafoussam-Garoua et de 1999 pour les paires de marchés (Bafoussam-Yaoundé, YaoundéBamenda, Yaoundé-Garoua). On peut penser que les dates de rupture trouvées à partir du test statistique de Gregory et Hansen (1996) sont grandement influencées par un changement de régime dû au développement des infrastructures (routières et de télécommunications) au Cameroun. En effet, sur l‟itinéraire Gabon-Cameroun-Guinée Equatoriale, avec le concours de l‟Union Européenne, de la Banque Africaine de Développement (BAD) et de l‟Agence Française de Développement (AFD), la construction de deux ponts et la modernisation des routes ont été faites. L‟un des ponts sur l‟axe Yaoundé(Cameroun)-Libreville (Gabon). Ce pont est situé à la frontière entre les deux pays et remplace ainsi le Vieux bac qui était utilisé pour le transport des hommes et des marchandises. D‟après le document stratégique pays10 2008-2013 de l‟Union européenne, les routes assurent le désenclavement des zones de production et permettent à l'agriculture de développer les débouchés qui s'offrent à elle dans la sous-région, valorisant ainsi les opportunités à l'exportation. D‟où l‟allocation d‟une enveloppe de 110 à 120 milliards d‟Euros pour l‟amélioration des infrastructures notamment routières qui sont un élément clé pour le développement économique et l‟intégration régionale. 10 http://ec.europa.eu/development/icenter/repository/scanned_cm_csp10_fr.pdf 23 Une autre explication de la rupture structurelle se trouve du côté des infrastructures de télécommunication. En effet, les pays africains connaissent un développement extraordinaire de la téléphonie mobile comme le montre la figure 4 ci-dessous. Figure 4 : Abonnement au téléphone mobile (pour 100 personnes) Source : construit à partir des données de WDI (2011) Il a été démontré que le téléphone mobile est un outil de développement économique et contribue à l‟amélioration des conditions de vie des populations par le fait qu‟il concourt au désenclavement des régions les plus reculées. Ainsi, nous remarquons une explosion de l‟adoption du téléphone mobile à partir de 1999 (qui est la date de la libéralisation du secteur des télécommunications dans plusieurs pays au Sud du Sahara). Ce dynamisme dans le secteur des télécommunications est ainsi susceptible d‟accélérer l‟intégration régionale des marchés de la Zone Cemac et de développer le commerce dans cette zone. Par son ampleur et par sa progression, le développement de la téléphonie mobile présente des avantages à la fois pour les producteurs et pour les acheteurs. Les producteurs ne sont plus obligés de se déplacer pour écouler leurs produits car les acheteurs viennent dans l‟exploitation acheter la récolte. Le fait de connaître la date de la récolte réduit ainsi les coûts de transaction pour les acheteurs car cela évite aux acheteurs de se déplacer sans avoir la garantie de trouver la production. C‟est donc sur la base d‟une rupture dans la relation entre les prix des marchés domestiques de consommation et de production entre décembre 1993 et Juillet 2009 qu‟il convient ici d‟estimer 24 un modèle à correction avec rupture. Le tableau 6 présente les résultats de l‟estimation économétrique du modèle à correction d‟erreur (MCE) avec rupture. Tableau 6 : Résultats de l‟estimation économétrique du MCE avec rupture Paires de marchés β1 β2 θ1 θ2 Observations F-stat(1) : θ1= θ2 F-stat(2) : β1= β2 BafoussamBamenda -0.333 BafoussamDouala 0.803*** BafoussamGaroua 0.146 BafoussamYaoundé 0.307 YaoundéBamenda -0.132 YaoundéDouala 0.823*** YaoundéGaroua -0.331 (-1.133) (3.425) (0.389) (1.104) (-0.388) (4.441) (-0.836) 0.265*** 0.233*** 0.059*** 0.178*** 0.309*** 0.216*** 0.299*** (3.678) (3.431) (2.646) (2.563) (4.507) (3.631) (3.456) -0.078 0.861*** -1.156*** -0.027 -0.821*** -0.253*** 0.317 (-0.314) (3.484) (-4.763) (-0.165) (-3.409) (-2.109) (1.493) -0.605*** 0.024 -0.561*** -0.258*** -0.774*** -0.561*** 0.337*** (-8.719) (0.487) (-8.220) (-5.044) (-10.294) (-7.459) (4.794) 186 186 186 186 186 186 186 0.0427** 0.0011** 0.0181** 0.1827 0.8521 0.0311** 0.9293 0.0496** 0.0206** 0.8154 0.6538 0.2043 0.0021** 0.1215 Notes : les t-statistiques sont entre parenthèses *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1 Pour les paires de marchés Bafoussam-Douala et Yaoundé-Garoua, les prix ne sont pas cointégrés. Le test de Wald sur les coefficients permet de déterminer si 1 et 2 d‟une part et θ1 et θ2 d‟autre part, sont significativement et conjointement différents et permet de valider l‟existence d‟asymétrie dans les ajustements. Mais les résultats du test de Wald ne permettent pas de conclure à une différence significative entre les coefficients des paires de marchés suivants : Bafoussam-Yaoundé ; Yaoundé-Bamenda ; Yaoundé-Garoua. De plus, il n‟existe pas de différence significative entre les coefficients 1 et 2 pour la paire Bafoussam-Garoua. Dans le cas Bafoussam-Bamenda, le test de Wald appliqué aux coefficients du modèle indique que la réponse de court terme est significativement plus importante avant la date de rupture (2004) ; de plus, la vitesse d‟ajustement est significativement plus élevée avant la date de rupture. En revanche, pour la paire Yaoundé-Douala, la réponse de court terme et la vitesse d‟ajustement sont significativement moins importante après la date de rupture (2004). 25 Par contre, la vitesse d‟ajustement pour la paire Bafoussam-Garoua n‟est significativement plus élevée avant 2003, mais la réponse de court terme est significativement plus importante avant 2003. En somme, les marchés camerounais de la tomate sont plus intégrés avant la date de rupture pour plusieurs raisons. On peut supposer que l‟amélioration des infrastructures de communication régionales notamment avec la construction des ponts et des routes reliant les différents pays de la zone Cemac (Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale) a joué un rôle majeur sur l‟intégration des marchés. De plus, la couverture de la téléphonie mobile a favorisé aussi la fluidité des échanges entre les zones de production et les marchés de consommation des pays frontaliers. En effet, le téléphone mobile permet la divulgation des informations et la connexion des individus et des marchés. Il joue ainsi un rôle prépondérant dans l‟intégration spatiale des marchés. Au moment où le commerce occupe une place centrale dans la sécurité alimentaire, différentes études empiriques (voir Abraham, 2007 ; Jensen, 2007 ; Aker, 2008 ; Goyal, 2008; Muto et Yamano, 2009) ont montré les effets positifs du téléphone mobile sur le commerce des denrées alimentaires. Au vu des résultats du modèle à correction d‟erreur avec rupture, on peut conclure que le développement des infrastructures de communication a joué un rôle dans la mauvaise intégration des marchés camerounais de la tomate après la rupture structurelle. Les commerçants préfèrent vendre au plus offrant (i. e les commerçants des pays frontaliers) plutôt que de vendre sur les marchés locaux. Mais ce modèle fait l‟hypothèse d‟une relation linéaire du marché déficitaire à tout changement de prix sur le marché excédentaire. Il existe une possibilité de réponse asymétrique des prix sur un marché déficitaire suite à un choc sur le marché producteur à cause du pouvoir du marché, de l‟information imparfaite et les coûts de transaction. Par conséquent, l‟intégration des marchés est aussi estimée et testée pour l‟ajustement asymétrique en utilisant les équations 6, 7, 9. Le tableau 7 présente les résultats de l‟analyse de cointégration avec le marché de Bafoussam et le marché de Yaoundé. 26 Tableau 7 : Résultats de la relation de long terme d‟Engle-Granger ( Pt d 1 2 Pt e t ) Paires de marchés Bafoussam-Bamenda Bafoussam-Douala Bafoussam-Garoua Bafoussam-Yaoundé Yaoundé-Bamenda Yaoundé-Douala Yaoundé-Garoua α1 α2 3.457*** 0.281** (12.262) (5.073) 3.993*** 0.203** (15.405) (3.999) 3.567*** 0.259** (12.647) (4.681) 3.674*** 0.295** (9.874) (4.044) 2.548*** 0.451*** (10.621) (9.766) 3.296*** 0.334*** (14.187) (7.472) 2.810*** 0.400*** (11.261) (8.330) Notes : les t-statistiques sont entre parenthèses *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1 Globalement, l‟analyse du comportement des marchés de la tomate (les marchés excédentaires et les marchés déficitaires) montrent que les marchés sont intégrés avec une réponse de long terme. Le coefficient de cointégration est significativement plus élevé pour la relation BafoussamDouala, Bafoussam-Yaoundé et Yaoundé-Douala. Ainsi, une hausse d‟1% du prix de la tomate à Bamenda sera répercutée à hauteur de 28% à Bafoussam et de 45% à Yaoundé. Précédemment, nous avons trouvé que les séries étaient cointégrées. Les tests d‟Enders-Granger confirment aussi la cointégration entre les séries. Ceci conduit à faire le test d‟ajustement symétrique dont l‟hypothèse nulle est 1 2 . 1 met en évidence les ajustements des chocs positifs et 2 la vitesse d‟ajustement aux chocs négatifs. Le tableau 8 présente les résultats du modèle à correction d‟erreur avec un ajustement asymétrique selon que le marché de production soit le marché de Bafoussam et de Yaoundé. 27 Tableau 8 : Résultats économétriques du modèle TAR pour les différentes paires de marchés Paires de marchés Bafoussam- Bafoussam- Bafoussam- Bafoussam- Yaoundé- Yaoundé Yaoundé- Bamenda Douala Garoua Yaoundé Bamenda -Douala Garoua 1 -0.614 -0.307 -0.521 -0.324 -0.894 -0.402 -0.817 2 -0.522 -0.653 -0.638 -0.186 -0.743 -0.704 -0.675 AIC -928.027 -1029.169 -914.864 -964.558 -924.513 -1086.247 -977.746 SIC -883.018 -984.160 -869.779 -919.549 -879.428 -1041.086 -932.585 1 2 0 * 37.618 34.278 36.440 14.027 64.025 44.260 54.921 1 2 0.462 8.876 0.704 2.013 1.080 6.375 0.989 Seuils -0.195 -0.257 -0.309 0.585 0.256 -0.216 0.268 Notes : * la valeur lue sur la table d’Enders et Siklos (2001) aux seuils de 1%, 5% et 10% soit respectivement 8.04, 5.87 et 4.92 Les résultats du tableau 8 indiquent que 1 et 2 sont négatifs pour toutes les paires de marchés. On peut ainsi conclure que tous les modèles convergent et l‟hypothèse nulle de non cointégration du modèle TAR est rejetée car la valeur calculée de est supérieure à la valeur lue sur la table d‟Enders et Siklos (2001) aux seuils de 5% et 10% soit respectivement 5.87 et 4.92. Pour la paire Bafoussam – Yaoundé, l‟ajustement aux chocs négatifs est deux fois plus rapide que l‟ajustement aux chocs positifs et l‟ajustement asymétrique se fait autour du seuil qui est égale à -0.31. Ainsi, les commerçants de Douala ne sont pas sensibles à un choc négatif qui augmenterait les prix à Bafoussam que si le prix à Douala se retrouve à un niveau inférieur à son équilibre de long terme augmenté du seuil. En outre, l‟estimation de 1 pour la relation Yaoundé-Bamenda suggère qu‟environ 89% de l‟écart positif de la relation d‟équilibre de long terme est éliminé en 1 mois et l‟estimation de 2 28 quant à elle indique que 74% de la déviation négative de la relation d‟équilibre est éliminé en 1 mois. L‟hypothèse nulle de l‟ajustement symétrique peut être testée en utilisant une distribution standard de Fisher (Enders et Granger, 1998). Cette hypothèse est rejetée à 5% pour la paire de marché de Bafoussam-Douala et Yaoundé-Douala. On peut ainsi conclure à une relation de cointégration asymétrique entre ces paires de marchés. En effet, ces marchés (Douala et Yaoundé) sont très importants de termes de consommation. Ce résultat confirme qu‟il existe des facteurs tels que les coûts de transaction, le pouvoir du marché qui entravent la relation de long terme entre les séries de prix de certains marchés. Pour les autres paires de marchés, il n‟existe pas un ajustement asymétrique, cela peut être dû au fait que ces marchés n‟attirent pas beaucoup de commerçants et la demande peut être satisfaite par l‟offre locale, car il n‟existe pas un grand marché de consommateurs. Toutefois ces asymétries jouent ici en sens inverse : 3 fois sur 7, les détaillants transmettent plus rapidement aux consommateurs les baisses de prix à l'expédition que les hausses. Les vitesses moyennes de transmission sont égales à 59% en cas de diminution du prix d'expédition et 55% en cas d'augmentation de ce prix. Cette situation, pour surprenante qu'elle paraisse, a déjà été évoquée dans la littérature et correspond à des produits particulièrement difficiles à stocker. Le risque de ne pas vendre rapidement, et donc de perdre le produit, incite le détaillant à limiter les hausses de prix et à favoriser les baisses. Le tableau 9 présente les résultats du modèle à correction d‟erreur avec un ajustement de prix asymétrique. Tableau 9 : résultats du modèle à correction d’erreur avec un ajustement de prix asymétrique. Paires de Bafoussam- Bafoussa Bafoussam Bafoussam- Yaoundé- Yaoundé- Yaoundé- marchés Bamenda m-Douala -Garoua Yaoundé Bamenda Douala Garoua 1 2 0.146 -0.318*** -0.469*** -0.236*** 0.128 -0.391*** 0.042*** (1.299) (-4.11) (-4.92) (-2.94) (0.34) (-4.30) (0.33) -0.072 -0.537*** -0.613*** -0.153*** 0.071 -0.646*** 0.062 29 (-0.52) (-4.32) (-4.45) (-2.31) (0.55) (-5.48) (0.55) Notes : les t-statistiques sont entre parenthèses *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1 L‟estimation du modèle à correction d‟erreur a consisté à mettre en évidence les relations de court terme et à valider l‟hypothèse de cointégration. La non-significativité des coefficients des forces de rappel conduit à conclure que quel que soit le choc sur le prix de la tomate sur le marché de Bafoussam et Yaoundé, il y aura aucune réaction des prix sur le marché de Bamenda et de Garoua. Cela est d‟autant plus vrai pour la paire Yaoundé et Garoua que la tomate est un bien rapidement périssable et compte tenu des moyens limités dont disposent les producteurs pour la conservation et le transport ; il est difficile d‟acheminer les produits vers Garoua. Les résultats du tableau 8 montrent les forces de rappel sont négatives et les chocs négatifs se corrigent plus rapidement entre les paires de marchés Douala-Bafoussam ; Bafoussam-Garoua ; Yaoundé-Douala. A contrario, les chocs négatifs se corrigent moins rapidement entre Bafoussam et Yaoundé. En outre, une baisse de 1% à Douala entraîne une réponse immédiate de Bafoussam et Yaoundé de l‟ordre de 3,4% et de 14%. 5. Conclusion Ce papier a mis en évidence d‟une part l‟existence d‟une rupture structurelle dans la relation entre les prix des marchés domestiques de consommation et de production de la tomate et d‟une transmission asymétrique de prix entre sept paires de marchés sur la période 1994 – 2009. Les résultats obtenus en utilisant les méthodes de Krivonos (2004) suggèrent une transmission plus rapide des prix de la tomate avant la date de rupture. Cette date de rupture qui peut être approximée au développement des infrastructures routières et de communication (le développement du réseau de téléphonie mobile) par exemple. Ainsi, les marchés semblent moins intégrés après le développement des infrastructures de communication car les producteurs et les commerçants par un processus d‟arbitrage préféreraient vendre leurs produits sur les marchés proposant les prix élevés. 30 En outre, les résultats du modèle TAR montrent que la vitesse d‟ajustement aux chocs négatifs est plus rapide que la vitesse d‟ajustement suite aux chocs positifs sur 4 marchés sur 7. Les producteurs ou commerçants auraient tendance à répercuter plus rapidement les hausses de prix de la tomate. Il est important de mettre l‟accent sur la conservation des produits agricoles rapidement périssables. 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