Les voies d`un nouveau développement en - CIVAM
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Les voies d`un nouveau développement en - CIVAM
Grison Servanne, Hélye Gildas, Licence Aménagement du territoire, Université Rennes 2 AGRICULTURE ET TERRITOIRE EN BRETAGNE : LES VOIES D’UN NOUVEAU DEVELOPPEMENT ? LA FERME PEDAGOGIQUE DE CONVENANTTANNOU INTRODUCTION Après un demi-siècle d’agriculture intensive, on observe aujourd’hui une diversification des systèmes de production et des activités agricoles. Ceci peut être attribué à un ensemble de causes : attentes d’une société, de plus en plus urbaine, qui exprime un besoin de campagne, de nature ; besoins d’une agriculture fréquemment remise en cause et souvent méconnue, qui souhaite communiquer, faire connaître ses activités, valoriser son patrimoine. Ainsi face aux dérives du progrès technique et aux nombreuses crises alimentaires, des voies alternatives émergent. L’agriculture biologique suscite notamment un intérêt croissant à la fois de la part des consommateurs et des différents acteurs du monde agricole. La Loi d’Orientation Agricole (LOA) du 4 juillet 1980 définit l’agriculture biologique comme une « agriculture n’utilisant pas de produits chimiques de synthèse ».On compterait en France 10400 exploitations, totalisant 420.000ha 1. La bio connaît une progression régulière : en Bretagne, on note une progression de plus de 10% des surfaces en bio entre 2001 et 2002, qui représentent désormais 1,9% de la Surface Agricole Utile (SAU) 2. Les agriculteurs dont la production a été certifiée biologique par un organisme homologué peuvent alors utiliser le logo AB : En parallèle, on observe une recherche de diversification des activités agricoles. Certains agriculteurs cherchent à développer la transformation, la commercialisation directe des produits, ou encore le tourisme. En effet, le tourisme vert est actuellement en pleine expansion, et certains exploitants choisissent d’accueillir des clients au sein de leur ferme (restaurants, gîtes). C’est dans ce mouvement que les fermes pédagogiques s’inscrivent. Elles sont définies par la Commission Interministérielle3 comme des « structures présentant des animaux d’élevage et/ou des cultures, qui accueillent régulièrement des enfants et des jeunes dans le cadre scolaire ou extra-scolaire et qui souhaitent développer cette activité». Elles sont considérées comme « un support pour la découverte des espèces animales et végétales ressources de l’agriculture, des modes de production et de transformation, des conditions d’hygiène et de sécurité alimentaire, du métier d’agriculteur, des différents rôles de l’agriculture, de la place du consommateur, de l’évolution du monde rural… » 1 source : Le Monde, article du 22 mars 2002 source : fiche de l’observatoire de la Production Biologique en Bretagne, Août 2003, FRAB 3 crée en 1992, elle est composée de représentants des Ministères de l’Education Nationale, de l’Agriculture et de la Pêche, de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, de la Jeunesse et des Sport, et de la Justice, et édicte des recommandations concernant l’accueil en ferme pédagogique. 2 Il existe deux types de ferme pédagogique : d’un côté les fermes d’animation principalement urbaines ou périurbaines, avec peu ou pas de production agricole commercialisée, de l’autre les exploitations agricoles. Ces dernières se sont beaucoup développées et sont aujourd’hui majoritaires ; elles gardent leur fonction première de production et accueillent des enfants, des jeunes ou des adultes de façon régulière. Figure 1 : répartition des types de ferme pédagogique Année Exploitation agricole Ferme d' animation Ferme mixte 2000 1994 889 41 298 49 132 10 Le sujet de cette étude est de savoir ce que ces transformations du monde agricole peuvent aujourd’hui apporter au développement du territoire breton. En effet le centre de la Région Bretagne a perdu beaucoup de sa population au profit des territoires littoraux et urbains. On cherche aujourd’hui à lutter contre cette désertification rurale, en développant de nouvelles activités dans le but de voir s’implanter de nouvelles populations. Nous avons choisi de nous rendre en Centre Bretagne dans une exploitation agricole dont la production relève de l’agriculture biologique, et qui a choisi de diversifier ses activités. Il s’agit de la Ferme Pédagogique de Convenant-Tannou, crée en 1994. Tenue par Catherine et Wulfrand Ducos Landoas, elle se situe sur la commune de Saint –Nicodème. Nous allons dans une première partie présenter son fonctionnement, ses activités et ses spécificités, puis dans une seconde partie une analyse de sa clientèle grâce au recueil de données effectué sur place, afin de déterminer en quoi la ferme est actrice de son territoire. Figure 2 : lande bretonne Partie I LA FERME PEDAGOGIQUE DE CONVENANT-TANNOU Fonctionnement, partenariats, activités La ferme pédagogique de Convenant-Tannou se situe sur la commune de SaintNicodème ( 22160 ), appartenant au canton de Callac, dans le département des Côtes d’Armor. Elle fait partie du Pays de Guerlédan et du Korong. Cette zone du Centre Bretagne, est un espace naturel préservé, qui n’a pas été remembré. Elle a été référencée par l’Europe comme un secteur à développer dans le respect des zones humides et des bocages. Figure 3 : paysage de l'argoat Cette ferme est ouverte depuis 1994. L’exploitation s’étend sur 41 hectares dont 21 en propriété, 15 en commodat (prêt à usage, entraînant l’obligation de rendre après avoir utilisé4), et 5 sur lesquels la ferme paie des impôts. Il s’agit d’une exploitation agricole à la production diversifiée : porcins, volailles, lapins, ovins, caprins, équidés…et une serre est actuellement en construction pour le maraîchage. L’ensemble de la production relève de l’agriculture biologique, ce qui a été mal perçu au moment de l’installation par les agriculteurs locaux. En effet à cette époque, l’agriculture intensive n’était pas encore remise en question, les agriculteurs du coin n’ont pas vu cette installation, d’une ferme à la fois bio et pédagogique, d’un bon œil, mais l’exploitante estime être aujourd’hui « une référence dans le monde pédagogique » L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE, UN CHOIX PERSONNEL Catherine, l’exploitante, est originaire de la côte, mais découvre le monde agricole chez ses grands-parents, qui ont des pratiques traditionnelles. Elle fait des études agricoles, mais travaille ensuite dans le monde de l’animation socioculturelle pendant 10 ans, en passant son BAFA puis son BAFD. Elle acquiert ainsi une expérience de directrice pour apprendre la gestion dans le but de monter son propre centre. C’est ainsi qu’en 1994, accompagnée de son mari, Wulfran, actuellement en formation BAPAAT, elle crée son exploitation. Figure 4 : découverte de l'exploitation avec les enfants Le choix de la bio est lié à son enfance et aux pratiques traditionnelles qu’elle a découvertes chez ses grands-parents. Mais elle considère que c’est un monde aussi impitoyable que celui de l’agriculture conventionnelle. De prime abord, elle nous dit que le choix de la bio ne présente en rien une contrainte, les contrôles ne se faisant que trois fois par an. Cependant au fil de la discussion, on découvre que l’agriculture biologique demande un surcroît de travail. Par exemple, la pratique du maraîchage est difficile : la tomate, qu’il est déjà difficile de cultiver dans cette région à cause du climat très humide, est attaquée par une plante qui prolifère, et l’on ne peut la traiter avec des produits chimiques. De même, le désherbage les allées sur lesquelles passent les visiteurs de la ferme devait se faire à la main, et il a fallu obtenir des autorisations pour pouvoir s’aider de produits sur ces endroits délimités. Enfin elle explique que le problème du bio en agriculture est notamment la main-d’œuvre que cela nécessite. Elle fait référence à l’ « avant », quand il existait une solidarité entre agriculteurs et que l’entourage pouvait constituer la main-d’œuvre et venait aider aux moments nécessaires. 4 définition du Petit Robert LA NECESSITE DE TRAVAILLER EN PARTENARIAT Une structure telle qu’une ferme pédagogique est confrontée à des exigences législatives pour accueillir le public, et ne peut se développer sans tenir compte des autres acteurs présents sur le territoire. Elle doit nécessairement entretenir des relations avec les administrations déconcentrées, ainsi que se faire connaître du public. Pour cela, elle peut avoir recours à des réseaux. De même, il est fréquent que les fermes pédagogiques travaillent avec des associations ou d’autres structures de façon à enrichir les thèmes abordés. Nous allons à présent voir ce qu’il en est de la ferme de Saint-Nicodème. L’obligation des agréments Une ferme pédagogique nécessite un certain nombre d’agréments pour avoir l’autorisation d’ouvrir, et est soumise à de nombreuses obligations : déclarations obligatoires en mairie ou en préfecture, contrôles réguliers et obligations administratives (registres d’accueil…) Elle doit respecter la législation en matière de sécurité, hygiène, encadrement. Tout mineur accueilli hors de sa famille ou de son école est placé d’office sous l’autorité publique, garante de sa sécurité. C’est donc, en ce qui concerne la sécurité, au niveau de la structure qu’il faut s’en préoccuper Le contrôle se fait notamment par les différentes administrations déconcentrées en charge de la sécurité et de la jeunesse : • Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports (DDJS) pour les compétences et l’agrément des locaux • Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) pour la moralité et les règles sanitaires • Direction des Services Vétérinaires (DSV) pour la qualité de l’alimentation et les règles d’hygiène • Inspecteur d’Académie, représentant de l’Education Nationale pour l’accueil des classes… Ces agréments, nécessaires pour accueillir des enfants, peuvent donner lieu à des financements de la part de la DDJS pour aider les structures à la mise aux normes, mais cela s’avère difficile. Ils sont conditionnés par un axe pédagogique qui doit pouvoir se décliner de plusieurs façons au cours de l’année, et le respect des contraintes de sécurité… La ferme est donc agrémentée pour recevoir les publics qu’elle accueille. Les réseaux : un moyen de se faire connaître On recense actuellement plus de 70 réseaux de fermes pédagogiques locaux ou nationaux.5 Il s’agit d’un échange de service. L’agriculteur paie une cotisation annuelle, s’engage en signant une charte à accepter certaines contraintes notamment techniques et à promouvoir le réseau. Ce dernier va l’aider en contre-partie à monter son projet, à accéder à des subventions, s’occuper de la promotion en commercialisant la ferme par le biais de la diffusion d’un catalogue… La ferme de Convenant-tannou appartient aux réseaux Bienvenue à la Ferme et Gîte de France. Catherine explique que l’adhésion à de tels réseaux est utile pour sortir de l’isolement 5 source : site de la bergerie nationale géographique, pour ouvrir la ferme sur l’extérieur et la faire connaître. De plus, cela rassure les clients car de telles adhésions sont conditionnées à la signature de chartes, définissant des normes et décernant ainsi un label. Le réseau « Bienvenue à la ferme » est un réseau de tourisme et de vente directe à la ferme recouvrant différents produits, regroupés par domaines : hébergement (du camping au gîte rural…), restauration, vente directe, loisirs, ferme pédagogique. C’est un réseau exclusivement ouvert aux exploitations agricoles ouvertes au public. Il s’agit d’un réseau associatif organisé par département, et coordonné au plan régional par l’Union Bretonne du Tourisme Rural (UBTR). C’est une marque déposée par l’ensemble des Chambres d’Agricultures. Symbolisé par la petite fleur, elle regroupe des agriculteurs, sous forme associative, qui proposent des prestations d’accueil de nature différente (ferme pédagogique, ferme auberge, camping à la ferme…). Chaque activité est encadrée par une charte nationale6 qui précise les normes de qualité auxquelles les adhérents doivent satisfaire. La ferme de Convenant-Tannou apparaît deux fois dans le catalogue édité par le réseau : elle est présentée dans la catégorie « loisirs : accueil d’enfant » en tant que gîte d’enfant, ainsi que dans la catégorie « ferme pédagogique ». C’est d’après Catherine par ce réseau qu’un certain nombre de client viennent à la ferme. Le réseau Gîte de France est un acteur important du tourisme vert aujourd’hui en France. Il a pour but de favoriser les séjours touristiques en milieu rural en développant des hébergements de qualité. Cependant, bien que la ferme de Convenant-Tannou y adhère, elle réfléchit à la prolongation de son adhésion. Elle ne reçoit en effet que très peu de clients envoyés par ce réseau, alors que la cotisation annuelle est de 1100 francs. Mais Catherine explique qu’elle fonctionne surtout beaucoup par bouche à oreille, ainsi que par Internet depuis 1997 ; elle est depuis peu équipée sur place et a ainsi accès à Internet depuis la ferme, ce qu’elle trouve formidable. Ainsi, l’adhésion à des réseaux est un atout pour une ferme car elle permet de se faire connaître. Ce n’est cependant pas synonyme de réussite et d’abondance de la clientèle, comme nous l’avons vu dans le cas de Gîte de France. Le travail de commercialisation se fait aussi par le contact direct avec le public, ce qui permet de développer une clientèle fidèle, mais à aussi la conséquence probable de limiter géographiquement sa provenance. Le partenariat permet d’ouvrir les thèmes abordés Le travail en partenariat avec d’autres structures est conseillé par la Commission Interministérielle. Cela peut être source de compétences nouvelles qui s’ajouteront à celles de 6 charte en annexe la ferme. Ce partenariat peut s’exprimer sous forme d’un appui bénévole, d’échanges de services ou de prestations payantes, et avoir pour objet l’environnement, le patrimoine. Ainsi la valorisation du patrimoine rural, souvent en lien avec l’agriculture, est un support pédagogique qui tend de plus en plus à être utilisé. Il répond à un souci de sensibilisation à la protection de ce patrimoine mais aussi de reconnaissance, dans un contexte de mutation des populations rurales. La ferme accueille dans ses locaux une association à but environnemental et social, dont la création s’est faite sur l’initiative de Catherine. Son but était à l’origine de créer par ce biais un emploi sur la commune de Saint-Nicodème, en utilisant le dispositif des emploisjeunes. La création de cette association s’est vue financée à 100% par la Compagnie des Eaux, la Fondation de France, l’Europe… Le fonctionnement de l’association n’est pas encore une réussite, mais le projet suit son cours. Elle a pour but d’établir avec la ferme un partenariat sur le plan environnemental. La ferme a parfois recours aux services de l’association qui propose par exemple la découverte de l’histoire rurale grâce à des sentiers de lecture de paysage à travers la lande et les tourbières. Ce partenariat vise pour la ferme à établir un lien entre son existence et son territoire, par une approche de son environnement patrimonial et naturel. De même, elle diversifie de cette façon les activités proposées, en fonction notamment des caractéristiques et des attentes du public accueilli. Figure 5 : Landes de Locarn DES PUBLICS TRES DIVERS La ferme pédagogique de Convenant-Tannou est comme nous l’avons vu une exploitation agricole ouverte au public. Elle accueille donc des enfants dans le cadre scolaire ainsi qu’un public privé. De plus, nous allons voir à présent qu’elle a choisi de multiplier les types de publics accueillis, en développant un partenariat avec les maisons de l’enfance, et en ouvrant sa structure à des lycées pour faire profiter de son expérience. L’accueil des enfants L’école à la ferme : une activité à développer grâce à la serre pédagogique Il s’agit d’accueillir à la journée des classes ou des Centres de Loisirs Sans Hébergement (CLSH) qui viennent avec leurs propres accompagnateurs et leurs pique-niques. Le programme pédagogique est adapté aux différents cycles scolaires. Le but de cette démarche est de pouvoir travailler sur le long terme avec les instituteurs, mais le problème est notamment le climat peu favorable pour passer des régulièrement des journées dehors. Or une simple visite ne peut être qu’une visite de découverte, et ne permet qu’une approche pédagogique limitée. La ferme doit être un lieu d’apprentissage actif, aussi des séjours plus longs, en immersion, sont préférables. La solution qu’a trouvé Catherine est la construction d’une serre pédagogique qui va permettre d’accueillir des enfants régulièrement quel que soit le temps, puisqu’elle contiendra une salle de classe. Ce projet existait depuis 1997, mais n’avait pu voir le jour faute de financement. Or la ferme a réussi à trouver des sponsors, c’est à dire des personnes qui croient en son projet et acceptent de le financer. Catherine envisage donc à partir de l’année prochaine d’accueillir de façon plus systématique des classes, et espère ainsi pouvoir développer sur le long terme plus d’actions pédagogiques. Le but est de pouvoir accueillir non pas les classes entières, bien que les groupes puissent compter de 10 à 50 personnes, mais de pouvoir fractionner les classes en sous-groupes d’environ 8 enfants. Ils viendront à tour de rôle, afin d’assurer une qualité d’animation et d’apprentissage supérieure à ce qu’elle est. Le gîte d’enfants : les vacances à la ferme Il s’agit de l’accueil d’individu ou de groupes avec ou sans encadrement (CLSH, Instituts médicaux-éducatif…), pour des durées variables : un week-end, une semaine pendant les vacances. La ferme a une capacité d’accueil de 11 places. L’aspect ludique est ici privilégié ; les enfants sont avant tout en vacances, et c’est dans cette ambiance que les activités sont proposées. A titre d’exemple, lors d’une visite sur place pendant les vacances de Pâques, la ferme accueillait plusieurs enfants, certains bretons, d’autres suisses. Ils participaient ce jour là à la replante de primevères, jonquilles, plants d’ajoncs, que l’exploitation avait ramené d’un salon auquel elle avait participé. Il s’agissait donc de conserver des plantes, et cela a permis aux enfants de découvrir comment il fallait faire, par l’intermédiaire de l’association à laquelle elle avait acheté des heures d’animation. De tels séjours sont aussi l’occasion pour les enfants de découvrir les animaux de la ferme, pour lesquels ils ont souvent un attrait naturel. Les activités auxquelles les enfants peuvent prendre part sont multiples 7: 7 plaquette commerciale de la ferme • • • Liées au monde agricole : les enfants abordent l’alimentation, la reproduction, les soins aux animaux ; le mode d’élevage extensif ; les travaux des champs, semis, récoltes ; le jardinage sous la serre pédagogique Liées au milieu naturel : découverte du bocage, balade sur les sentiers de randonnées, observation des oiseaux et animaux peuplant les landes et les tourbières… Encourageant la créativité : travail de l’osier, tableaux de fleurs, calligraphie celtique à la plume d’oie, peinture avec des matériaux naturels L’ accueil social, une activité très importante D’après la Bergerie Nationale de Rambouillet, certaines fermes ont joué un rôle d’accueil pour des enfants en difficulté sociale bien avant le mouvement des fermes pédagogiques. Depuis plusieurs années, se développent des expériences où plusieurs approches se mélangent, avec pour point commun d’utiliser la ferme comme support structurant ( repère temporel, responsabilité par rapport aux soins, reconnaissance…), avec l’animal comme « médiateur » de la relation avec les autres. On note d’ailleurs actuellement une augmentation du nombre de projet à vocation sociale. Il existe de nombreuses fermes pédagogiques qui n’ont pas de spécificité sociale, mais accueille des publics en difficultés, la plupart entretenant des relations particulières avec une structure voisine. C’est le cas de la ferme de Convenant-Tannou qui a établit un partenariat avec le Centre Départemental des Maisons de l’Enfance. Elle accueille très régulièrement des jeunes de 7 à 13 ans ou des adolescents en foyer, pour des séjours de rupture. Catherine explique qu’il s’agit en général de jeunes qui ne supportent plus la vie en foyer, qui ont besoin de faire une pause. On leur propose alors un séjour à la ferme, et s’ils acceptent, ils viennent « poser leurs bagages » pendant un week-end ou deux semaines. Elle remarque que le développement de ce type d’accueil s’est amplifié depuis quelque temps. La réduction du temps de travail, auquel n’échappent pas les structures sociales, met parfois les foyers en situation d’encadrement limite. Lorsque les parents ne peuvent ou ne veulent reprendre leurs enfants pour le week-end, il arrive que le séjour à la ferme soit la seule solution. Catherine nous parle d’un projet pour cet été ; il s’agit d’un accueil de chantiers de jeunes ayant des problèmes avec la justice. Ceci s’inscrit probablement dans le cadre d’un projet d’expérimentation, mentionné par la Bergerie Nationale, d’accueil de mineurs par des fermes pédagogiques, envisagé en partenariat avec la PJJ (justice) et la DGER ( ministère de l’agriculture). Le partenariat avec des lycées La ferme accueille régulièrement des stagiaires. Lors du premier entretien avec Catherine, je rencontre effectivement un stagiaire en cuisine. Cet accueil se fait pour l’instant bénévolement, mais Catherine a pour projet de passer un BTS et un BEATEP « ferme pédagogique » pour que la ferme puisse être reconnue comme centre de formation et pour pouvoir être rémunérée en tant que maître de stage. Partie II CARTOGRAPHIE • Carte 1: Aire d' influence de la ferme de St Nicodème dans la région Bretagne • Carte 2: Aire d' influence de la ferme de St Nicodème dans le département des Côtes d' Armor •Carte 3: Nombre de placements d' urgence, CLSH, et écoles, à la ferme COMMENTAIRE DES CARTES Ces 3 cartes nous renseignent sur l' aire d' influence de la ferme de St. Nicodème . On peut donc observer sur la première carte que les enfants accueillis sont surtout d' origine costarmoricaine (ce que l' on verra plus loin), mais quelques uns n' hésitent pas à parcourir plus d' une centaine de kilomètres pour s' y rendre . Ils viennent de Mordelles, près de Rennes, St. Marcan au nord de l' Ille et Vilaine, La Montagne près de Nantes, ou tout simplement du Finistère qui n' est pas si loin (Landivisiau, Carhaix-Plouguer), ou de Guidel (Morbihan) . Ainsi cette ferme pédagogique semble être reconnue, car il faut remarquer que de nombreuses autres fermes de même nature sont présentes en Bretagne . La carte ne nous l' indique pas, mais des enfants du monde entier s' y sont rendus, certains venant de la Mayenne ou de la région parisienne, de Suisse, d' Angleterre, de Berlin, et même de Corée et d' Arabie Saoudite . La deuxième carte concernant la région costarmoricaine nous indique que beaucoup d' enfants arrivent de Perros-Guirec et de St. Brieuc, et d' autres proviennent des communes des alentours (Bulat-Pestivien, Plounevez Quintin, Merléac, Mur de Bretagne, Plouguernevel), sans oublier quelques autres communes disséminées dans le département . C' est donc la dernière carte qui permet d' expliquer la provenance de ces jeunes costarmoricains . En effet, elle nous renseigne sur les jeunes placés en urgence à St. Nicodème (de 13 à 18 ans), ainsi que les CLSH (Centres de Loisirs Sans Hébergement), et les écoles la fréquentant . On remarque ainsi qu' à St. Brieuc, la plus grosse ville du département, une quinzaine de jeunes en difficultés descendent régulièrement ainsi que d' autres de Lamballe, Dinan et Plouvara . On observe également que les quelques 80 jeunes arrivant régulièrement de Perros-Guirec (une plus petite commune) sont en fait encadrés par un CLSH, idem pour Bulat-Pestivien et Mur de Bretagne. Les petites communes de Plouguernevel, Merléac, et Plounevez Quintin, qui envoient une cinquantaine d' enfants chacune, le font par le biais de leurs écoles respectives . Ainsi, les plus grosses villes des Côtes d' Armor (St. Brieuc, Lamballe, Dinan …) envoient beaucoup d' enfants dont plusieurs en difficulté qui sont placés d' urgence, à la différence des autres petites communes (mis à part le cas des CLSH et des écoles). BIBLIOGRAPHIE • • • C. de Singly, l’agriculture biologique, Que sais-je ? C. Aubert, l’agriculture biologique, le courrier du livre, paris, 1970 Site Internet : Ferme pédagogique Bergerie nationale Bienvenue à la ferme Gîte de France ANNEXE CHARTE FERME PÉDAGOGIQUE "Bienvenue à la Ferme" I- DÉFINITION La ferme pédagogique "Bienvenue à la ferme" est une exploitation agricole qui a pour objectif d' accueillir des groupes d' élèves dans le cadre de leur activité scolaire ou extra-scolaire (centres de loisirs). Elle est gérée par un agriculteur ou une agricultrice répondant aux conditions d' immatriculation à la Mutualité Sociale A agricole fixées à l' article 1003.7.1 du code rural. L' agriculteur propose des activités pédagogiques qui mettent en valeur le fonctionnement de son exploitation dans le cadre d' un projet discuté avec les enseignants ou les animateurs encadrant le groupe. Si la forme juridique qui exploite la ferme pédagogique est distincte de celle de l' exploitation agricole, il est exigé que le gérant de la ferme pédagogique puisse remplir les conditions d' affiliation au régime social agricole dans les conditions définies précédemment. La ferme pédagogique ne peut pas fonctionner sans la présence active de l' agriculteur. Une personne physique ou morale ne peut gérer qu' une seule ferme pédagogique. II- CRITÈRES D'ADHÉSION A LA CHARTE Ils sont de 3 ordres : • l' activité agricole ; • l' accueil et la pédagogie ; • l' aménagement, la réglementation et la sécurité. 1. L'activité agricole La ferme pédagogique a pour objet de mettre les élèves ou étudiants en contact avec la réalité du monde agricole. L' exploitation agricole qui constitue le support de la ferme pédagogique doit avoir une activité effective de productions animales ou végétales. Les activités éducatives s' appuient sur les activités agricoles qui illustrent l' organisation du travail des agriculteurs et permettent une sensibilisation à l' environnement. L' accueil, la visite de l' exploitation, la présentation et le suivi des activités éducatives sont assurés personnellement par l' agriculteur ou par son conjoint agriculteur ou par l' un de leurs enfants travaillant sur l' exploitation. 2. L'accueil et la pédagogie L' agriculteur devra répondre favorablement aux demandes de visites. L' agriculteur, l' enseignant ou l' animateur déterminent, lors d' un entretien préalable, l' organisation de la visite ou du séjour et les activités pratiquées. Cet entretien doit permettre à l' enseignant ou à l' animateur de préparer la visite ou le séjour afin d' en valoriser au mieux l' intérêt pédagogique. Il peut notamment être complété par des échanges téléphoniques, une intervention préalable dans la classe, une rencontre de l' enseignant sur l' exploitation, des correspondances suivies avec la classe... Les activités visent avant tout à mettre les enfants en situation d' observation et de découverte. L' essentiel de ces activités doit avoir un lien avec les activités de production agricole. L' exploitant a une bonne aptitude à communiquer et sait s' adapter au public qu' il accueille. Il doit proposer une pédagogie active et présenter son exp loitation à l' aide de supp orts pédagog iques. Il doit notamment bâtir avec l' enseignant un programme adapté au cycle scolaire des élèves. L' agriculteur permet aux visiteurs d' approcher les animaux en respectant la sécurité et les conditions sanitaires. Il accepte de faire fonctionner des machines pour démonstration en respectant les règles de sécurité. L' agriculteur prend l' engagement de ne piloter personnellement qu' un groupe de 30 élèves à la fois. Il exige que les groupes aient le nombre d' accompagnateurs requis par les textes. L' agriculteur est invité à donner aux visiteurs un ou plusieurs "témoins" de la visite (épis, graines, plumes, produits agricoles...). Un goûter, ou une dégustation, peut être servi aux enfants. Dans ce cas, les produits servis devront avoir été élaborés sur l' exploitation dans le respect des normes sanitaires existantes. 3. L'aménagement, la réglementation et la sécurité L' accès à la ferme pédagogique doit être facilité par la signalisation préconisée par le réseau "Bienvenue à la ferme". Le stationnement d' un car à proximité de l' exploitation doit être possible. La ferme et ses abords sont propres et accueillants, et, dans la mesure du possible, doivent respecter le caractère architectural du p ays pour s' insérer au mieux dans leur environnement. La ferme pédagogique doit pouvoir offrir un local pour accueillir les groupes, ainsi qu' un point d' eau potable et un "coin toilette" (W.C. et lavabo). L' agriculteur doit disposer d' une trousse à pharmacie pour les soins d' urgence. L' agriculteur se conforme aux textes législatifs et réglementaires en vigueur, notamment en matière sociale, sanitaire, vétérinaire, de sécurité, en fonction du type d' accueil pratiqué. Il affiche et explique les règles de sécurité aux groupes qu' il reçoit. L' agriculteur est assuré pour les activités pratiquées. Il doit notamment souscrire une assurance responsabilité civile. Une assurance intoxication alimentaire est indispensable dès l' instant où il organise des goûters, des repas à la ferme, ou des dégustations. III- AGRÉMENT ET CONTRÔLE 1. Agrément L' agriculteur qui souhaite utiliser la marque "Ferme pédagogique - Bienvenue à la ferme" doit au préalable obtenir un agrément. Toute demande d' agrément doit être formulée auprès du Relais Agriculture et Tourisme Départemental qui remet alors à l' agriculteur un exemplaire de la charte nationale "Ferme pédagogique - Bienvenue à la ferme" et un dossier de demande d' agrément. Ce dossier comprend notamment : • une lettre motivée présentant les projets de l' agriculteur, • le détail des activités proposées aux enfants et les moyens de les présenter, • une présentation de l' activité d' accueil (période de fonctionnement, durée et coûts des activités, moyens humains, publics visés, équipements), • une présentation de l' exploitation agricole, • une attestation d' inscription au régime social agricole (AMEXA), • une attestation d' assurance indiquant le détail des activités couvertes. La demande d' agrément est examinée par la commission départementale d' agrément et de contrôle. Cette commission est de préférence composée des membres suivants : • à titre délibératif : le Président de la Chambre d' Agriculture, le Président de la F.D.S.E.A. ou de l' U.D.S.E.A., représentants } ou leurs le Président du Relais Agriculture et Tourisme, le Président de la Commission Départementale des fermes de découverte et des fermes pédagogiques "Bienvenue à la ferme", le technicien du relais Agriculture et Tourisme, le technicien de la F.D.S.E.A. ou de l' U.D.S.E.A. • et à titre consultatif, en fonction des projets, des représentants : de l' Inspection Académique, de la Direction de la Jeunesse et des Sports, de la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales, de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, du Comité Départemental du Tourisme et de l' Office du Tourisme - Syndicat d' Initiative, de la Direction des Services Vétérinaires, de la Direction Départementale de l' Agriculture et de la Forêt. L' agrément est délivré à l' agriculteur candidat par le Président du Relais Agriculture et Tourisme après avis favorable de la commission d' agrément et signature de la charte par les deux parties : le Président du Relais Départemental Agriculture et Tourisme, Président de la Commission d' Agriculture et Tourisme, l' agriculteur. L' agrément est concrétisé, d' une part, par le panonceau d' agrément, propriété de l' APCA, mis à la disposition de l' agriculteur par le Relais Agriculture et Tourisme et d' autre part, par l' attestation d' agrément sur laquelle sera apposée la vignette annuelle de membre du réseau "Bienvenue à la ferme". En cas de litige pour l' agrément, le Comité de Direction d' Agriculture et Tourisme statuera, après consultation du Président de la Commission Nationale "Fermes de découverte - Fermes pédagogiques" et des intéressés, qui seront appelés à faire part de leurs observations. 2. Contrôle Le Relais Agriculture et Tourisme veille au respect de la charte par un contrôle annuel réalisé par la Commission départementale de contrôle. Celui-ci sera réalisé à l' occasion d' un accueil de groupe. Le Relais maintient, ou retire, l' agrément à chaque ferme pédagogique contrôlée. La Commission de contrôle est composée des membres suivants à titre délibératif : le Président de la Chambre d' Agriculture, le Président de la F.D.S.E.A. ou de l' U.D .S.E.A., } ou leurs représentants le Président du Relais Agriculture et Tourisme, le Président de la Commission Départementale des Fermes de découverte et des fermes pédagogiques, le technicien du Relais Agriculture et Tourisme, le technicien de la F.D.S.E.A. ou de l' U.D.S.E.A. Le Relais pourra associer les partenaires qui le souhaitent à titre consultatif. L' agriculteur s' engage à accepter tout contrôle inopiné de la Commission départementale de contrôle. Il accepte la visite de toute personne mandatée par la Commission départementale de contrôle. Si la commission départementale décide de retirer l' agrément, à l' issue d' un contrôle, l' agriculteur doit remettre au relais le panonceau, l' attestation d' agrément et la vignette de membre du réseau "Bienvenue à la ferme" de l' année en cours. Il ne peut plus alors utiliser la marque "Bienvenue à la ferme", et notamment les panneaux de signalisation routière portant mention de celle-ci. Le Relais Agriculture et Tourisme assure le suivi des prestations fournies par les membres du réseau "Fermes pédagogiques" au moyen de fiches d' évaluation. Ces fiches seront remises par chaque agriculteur membre du réseau à chacun des enseignants accueillis. Ces derniers les feront parvenir directement au Relais Agriculture et Tourisme. Le Relais Agriculture et Tourisme se réserve la possibilité d' exclure de son réseau tout membre qui ne respecterait plus les obligations imposées par la présente charte. IV- AUTRES OBLIGATIONS DE L'AGRICULTEUR Tout agriculteur adhérant du réseau "Bienvenue à la ferme" s' engage à : • informer le Relais Agriculture et Tourisme de tout changement important concernant son activité, • être à jour de sa cotisation annuelle, qui est versée au relais départemental et qui intègre la part obligatoire revenant à Agriculture et Tourisme, • apposer la vignette annuelle sur le certificat d' agrément comme adhérent au réseau "Bienvenue à la ferme" et le panonceau d' agrément "Ferme pédagogique" à l' extérieur du bâtiment de la ferme, • souscrire une assurance couvrant tous les risques, notamment responsabilité civile, accident du travail, intoxication alimentaire, vol, incendie, • suivre la formation spécifique "Fermes pédagogiques" proposée par le relais départemental. Le conjoint, le ou les enfants travaillant sur l' exploitation et assurant le suivi des groupes devront suivre cette même formation. Le Relais proposera une ou plusieurs sessions de formation par an mises en place sur le département ou la région, • participer à la réflexion et aux travaux concourant à la valorisation et à la promotion des fermes pédagogiques, • participer aux enquêtes (statistiques, satisfaction de la clientèle...) mises en place par le réseau "Bienvenue à la ferme" ou les Relais Agriculture et Tourisme, • être présent sur les documents de promotion que ceux-ci soient établis au plan départemental, régional, ou national, • faire figurer le logo "Bienvenue à la ferme" sur tous les documents et objets promotionnels avec lesquels il communique, • utiliser les objets portant la marque du réseau "Bienvenue à la ferme" afin de renforcer l' effet de ce réseau. V- ENGAGEMENT M., Mme, Mlle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . déclare avoir pris connaissance de la présente charte des Fermes Pédagogiques “Bienvenue à la Ferme”. L’acceptation de la charte vaut engagement d’adhésion au réseau “Bienvenue à la Ferme - Agriculture et Tourisme” et notamment l’obligation de respecter les règlements, d’être en conformité avec les textes législatifs et réglementaires en vigueur et de verser les cotisations annuelles définies dans le cadre des Relais et au niveau national. En cas de retrait d’agrément, le présent engagement sera considéré comme nul. Fait, en cinq exemplaires, à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Signature et cachet Signature de l’agriculteur du Président du Relais (précédée de la mention manuscrite Agriculture et Tourisme, “lu et approuvé”) Président de la Commission d’Agrément N. B. : Cinq exemplaires de la charte seront signés : - un exemplaire est conservé par le Relais départemental “Agriculture et Tourisme”, - un exemplaire est conservé par le Relais régional “Agriculture et Tourisme”, - un exemplaire est conservé par la FDSEA - UDSEA, - un exemplaire est conservé par l’APC A, au service Agriculture et Tourisme, - un exemplaire est conservé par l’agriculteur.