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Communiqué de presse, le 20 octobre 2015 Le Centre des monuments nationaux présente « Oiron au temps de madame de Montespan et du duc d’Antin » du 25 octobre 2015 au 24 janvier 2016 au château d’Oiron Contacts presse : Camille Boneu, pôle presse CMN : 01 44 61 21 86 - [email protected] Samuel Quenault, chargé des collections & de la communication, château d’Oiron 05 49 96 57 42 - [email protected] « Oiron au temps de madame de Montespan et du duc d’Antin » L’apparition dans la vitrine d’une respectable librairie parisienne en fin d’année 2013 de l’album dit du duc d’Antin fut une belle surprise. Cet ouvrage, dont on connaissait l’existence sans pouvoir le localiser, est en effet un recueil essentiel dans l’histoire du château d’Oiron. Réalisé à la demande du duc, alors directeur des Bâtiments du roi Louis XIV, l’album dresse un portrait à la fois réaliste et idéalisé du domaine que sa mère, la marquise de Montespan, lui avait fait acquérir en 1700 pour s’y retirer. Lui-même ne vint semble-t-il jamais à Oiron après la mort de la marquise : il y dépêcha Matis, arpenteur et géographe du Roi, qui en fit le relevé précis, Le Pautre s’attachant à restituer les vues en perspective. Cet ouvrage est le document iconographique le plus intéressant que l’on connaisse sur l’état du monument et de son environnement paysager au début du XVIIIe siècle. Quinze cartes détaillées des terres, lieux-dits et fermes, précédées de cinq vues en perspective et quatre plans du château fournissent une somme d’informations passionnantes à la fois sur la composition du domaine à cette époque – ce qui permit par exemple dans les années 1990 de reprendre le dessin de la demi-lune à l’entrée du château – et sur la vision que voulait en donner le duc à la cour. Car de carrosses et de jeux de nobles dans le parc il n’y eut sans doute guère. Mais le recueil offre une vision qui, même embellie, permet de percevoir ce que ce domaine pouvait signifier aux yeux d’un courtisan proche du roi. En outre, son apport documentaire, tant sur le plan architectural que contextuel, est indéniable. Acquis lors d’une vente publique en mars 2014 grâce à un financement conjoint voulu par les présidents du Centre des monuments nationaux et de la Bibliothèque nationale de France, Philippe Bélaval et Bruno Racine, il appartient aujourd’hui aux collections nationales. Sa présentation exceptionnelle au château d’Oiron permettra aux visiteurs d’en apprécier la richesse et la qualité. Paul-Hervé Parsy, Administrateur du château d’Oiron 2 « Oiron au temps de madame de Montespan et du duc d’Antin » Le recueil des vues, plans et cartes du château et de la seigneurie d’Oiron, des baronnies de Moncontour et de Curçay, levé en 1713 Après trois siècles passés dans le secret de bibliothèques privées, le Recueil des vues et plans d’Oiron s’offre à la délectation de tous grâce à son acquisition par le Centre des monuments nationaux. Son histoire nous conduit sur les pas de madame de Montespan. En échange d’un collier de perles qu’elle lui a renvoyé, Louis XIV donne 100 000 francs à la marquise pour l’acquisition de terres aux confins de son Poitou natal et de l’Anjou – non loin de sa sœur Gabrielle de Rochechouart de Mortemart, abbesse de Fontevraud. Retirée de la cour, madame de Montespan habitera et embellira le château d’Oiron, que le maréchal de La Feuillade avait profondément modernisé quelques années plus tôt sur le modèle versaillais. Tout en se réservant la jouissance des terres et du château, l’ancienne favorite de Louis XIV les fait acquérir par son fils aîné, le marquis d’Antin. Seul fils légitime né du mariage avec le marquis de Montespan, d’Antin est un parfait courtisan. Louis XIV le fait duc et pair de France (1711), après l’avoir nommé directeur des Bâtiments du roi (1708). Partant, le duc d’Antin fera arpenter ses terres du Poitou par un arpenteur-géographe du roi. Ces relevés constituent pour le duc « un ouvrage beau et utile ». Plans et cartes sont ensuite réunis dans un luxueux recueil orné par l’un des meilleurs dessinateurs des Bâtiments du roi, qui avait été recruté par Jules Hardouin-Mansart. Grégory Vouhé, Commissaire de l’exposition Présentation de l’album au château d’Oiron. Les visiteurs pourront également consulter l’intégralité de l’ouvrage sur des bornes placées dans l’exposition grâce aux numérisations de la BnF 3 Catalogue de l’exposition L'exposition sera accompagnée d'un ouvrage reproduisant l'ensemble des dessins du recueil du duc d'Antin Titre : Oiron au temps de madame de Montespan et du duc d’Antin Auteur : Grégory Vouhé, commissaire de l’exposition et préface de Paul-Hervé Parsy, administrateur du château d’Oiron Catalogue couleur de 112 pages avec 95 illustrations Format : 21x28 cm Prix de vente : 18 € Numéro ISBN : 978-2-7577-0493-6 Editeur : Château d’Oiron, Centre des monuments nationaux Visuels à disposition de la presse 1/ « Frontispice aux armes de Louis Antoine de Pardaillan de Gondrin, duc d'Antin » 2/ "Plat supérieur du recueil des Vues et plans des seigneuries d'Oyron, Montcontour et Curçay" ©Philippe Berthé, Centre des monuments nationaux ©Philippe Berthé, Centre des monuments nationaux 4 3/ "Veue du chasteau d'Oyron du costé de l'entrée" Montcontour" © Philippe Berthé, Centre des monuments nationaux 5/ « 1e Carte du chasteau, jardins et bourg ©Philippe Berthé, Centre des monuments nationaux 6/ « Madame de Montespan en Madeleine » huile sur toile restaurée pour l’exposition École française de la fin du XVIIe siècle classée au titre des Monuments historiques le 20 avril 1905 d'Oyron", détail 4/ "Veue du chasteau d'Oyron du costé de ©Philippe Berthé, Centre des monuments nationaux ©Frédéric Pignoux, Château d’Oiron, Centre des monuments nationaux 7/ « Carte generalle de la seigneurie d'Oyron, des Baronnies de Moncontour et de Cursay avec ses environs" [sic] ©Philippe Berthé, Centre des monuments nationaux 5 Liste des œuvres/documents présentés Ordre du duc d’Antin de remettre à Honoré Ruffin tous les baux des terres passés par Paul Lemaire avec les fermiers et sous-fermiers et généralement tout ce qui regarde la régie que le receveur d’Oiron a faite de ses terres, maison et petit parc, daté du 21 octobre 1716 Le duc d’Antin avait honoré Paul Lemaire de sa recette d’Oiron et dépendances le lundi de la Pentecôte 1707 – 12 juin, suite au décès de la marquise de Montespan le 27 mai. Décédé le 20 janvier 1724 à l’âge de 61 ans, Honoré Ruffin était notamment inspecteur des Bâtiments du roi et intendant du duc d’Antin, comme le rappelle sa dalle funéraire à la collégiale d’Oiron. Archives de la Société des antiquaires de l’Ouest aux Archives départementales de la Vienne, 16 J 43, pièce 34 Hippolyte Matis, arpenteur du roi, envoyé à Oiron par le duc d’Antin Plusieurs mémoires des faux frais – c’est-à-dire des menues dépenses – du receveur d’Oiron révèlent la date de la mission confiée par le duc d’Antin à Hippolyte Matis : « par ordre de monseigneur en datte du 24 avril 1713, j’ay noury les gens qui ont montré les terres et les devises [= les limites] des lieux à monsieur Matis, arpenteur du roy » (pièce 40-41, article 36) ; « pour la nouriture des jeans qui ont montré les terres à monsieur Matis, arpenteur du roy, par ordre de monseigneur en datte du vingt quatre avril 1713, quinze livres » (pièce 26). Il s’agit des repas pris par les indicateurs qui devaient instruire l’arpenteur. Archives de la Société des antiquaires de l’Ouest aux Archives départementales de la Vienne, 16 J 43, pièce 26 : « Par ordre de Monseignieur… », extrait d’un mémoire des faux frais du receveur d’Oiron Pièce 35 : Memoire des faux frais que moy Lemaire et fait pendant dix année estant au service de monseignieur le duc d’Antin à Oyron, depuis et compris mil sept cent sept, jusque et compris mil sept cent seize, dont j’ay la justification Pièce 37 : Memoire des faux frais depuis 1707 jusque et compris 1716 par moy Lemaire à Oyron au service de monseignieur le duc d’Antin Pièce 38 : Memoire des faux frais que moy Lemaire ay faits pendant neuf année et six mois estant au service de monseignieur le duc d’Antin à Oyron depuis la Saint Jean mil sept cent sept, jusque et compris Noel mil sept cent seize Pièce 40-41 : Adition à faire au chapitre de depence, le compte rendu à monseig[neu]r le duc d’Antin par Paul Lemaire cy devant son receveur de Oiron, Montcontour, Cursais et autres lieux, ledit compte en datte du 7 decembre 1716 Memoire des fraits et desbourcés que j’ay moy Lemaire faits par l’ordre de monseigneur le duc d’Antin pendant neuf années ay demie que j’ay esté à son service en qualité de receveur depuis la Pentecoste 1707 jusque Noel 1716 Pièce 42 : Debest contre le compte présenté par Paul Lemaire [débet : ce qu’un comptable doit, dont il ne rapporte point de quittance ou emploi] Louis-Antoine de Pardaillan de Gondrin (1665-1736), marquis puis duc d’Antin, portrait gravé au burin par Nicolas Tardieu (1674-1749) pour sa réception à l’Académie en 1720 d’après Hyacinthe Rigaud (1659-1743) 6 Selon la lettre de l’estampe, le modèle était en 1720 Pair de France, Lieutenant Général des armées du Roy et de la haute et basse Alsace, Gouverneur et Lieutenant Général pour sa Majesté des villes et Duché d’Orleans et Pays Orleanois, et de la ville et château d’Amboise, surintendant et ordonnateur général des Bâtimens et Jardins du Roy, Arts, Manufactures, Academies Royales et Conseiller du Conseil de Régence. Peinte pour être placée dans la salle d’assemblée de l’Académie royale, la toile de Rigaud qui a servi de modèle à Tardieu appartient aujourd’hui aux collections du château de Versailles (MV 5555). Médiathèque Michel-Crépeau, La Rochelle, réserve A, 2 Fi 296 Armoiries et biographie du duc d’Antin Père Anselme, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, des pairs, grands officiers de la couronne…, 3e éd., t. V, Paris, 1730, p. 182-183. Médiathèque François-Mitterrand, Poitiers, 929.7 ANS 5 Etats et arpentages des terres, prez, bois, pâturages, vignes & autres héritages appartenans à monseigneur le duc d’Antin, pair de France, & la seigneurie d’Oyron, et des baronnies de Cursé et de Moncontour, divisées par domaines, fermes et métairies. Par Matis, arpenteur ordinaire du roy en 1714. Les cartes du recueil renvoient à cet « Etat particulier », certifié véritable par Hippolyte Matis le 26 octobre 1714 à la 203e et dernière page ; ce volume complémentaire du recueil des cartes d’arpentage est conservé depuis 1976 à la Bibliothèque nationale de France grâce à un don d’Alfred Richard. Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits, NAF 17384 Receuil des veuës et plans, Carte généralle Et particuliere du Château et Seigneurie d’Oyron, des baronnies de Montcontour et de Cursé, Avec les Cartes et arpentages de chaque Metairie / Levé par Matis Arpenteur du Roy en l’année 1713 Et orné par le S[ieu]r le Pautre, Architecte et Graveur Ord[inai]re du Roy Luxueusement relié en maroquin rouge, l’album est composé d’un frontispice, de cinq vues, cinq plans et quinze cartes ; il se termine par un cul-de-lampe au chiffre du duc d’Antin. Non signée, cette VEUE DU CHASTEAU D’OYRON DU COSTE DE MONCONTOUR doit être l’œuvre de Pierre Le Pautre (vers 1652-1716) ; les traits de construction de ce dessin rehaussé d’aquarelle s’observent notamment dans les jardins. Des avenues d’ormes qui conduisent le regard jusqu’à l’horizon aux façades couronnées de trophées, le modèle versaillais y est particulièrement sensible. Bibliothèque nationale de France, département des Cartes et plans, GE CC-5432 (RES), dépôt du Centre des monuments nationaux suite à son acquisition en vente publique le 6 mars 2014 Les plans du château Ces feuilles, non signées, sont attribuables à Hippolyte Matis. Les plans de plusieurs niveaux coexistent sur le brouillon à main levée ; on remarque notamment dans le bas de la feuille les combles du pavillon des Trophées, avec les annotations « tuille » et « ardoise » destinées à la mise en couleurs du plan mis au net. L’orientation du château sera inversée sur le rendu final dans le recueil. brouillon d’Oyron, levé en 1713 Encre, graphite et sanguine Archives départementales des Yvelines, A 315/1 (restauré pour l’exposition) 7 Plan du retz de chaussée du Chasteau d’Oyron en Poitou Encre de Chine, graphite et annotations à l’encre Archives départementales des Yvelines, A 312/1 Plan du Comble du Chasteau d’Oyron Encre de Chine et lavis de couleurs diluées Archives départementales des Yvelines, A 312/2 Le plan du château et du petit parc Ces feuilles, non signées, sont attribuables à Hippolyte Matis. Le brouillon à main levée est mis au net par l’arpenteur de retour à son bureau, avec des annotations destinées à la mise en couleurs : terre, pré, labour… Suivant les conventions habituelles du bureau des plans et dessins des Bâtiments du roi, le plan-masse du château est en rouge ; comme celui de l’église, il voisine avec les maisons du bourg représentées en vue cavalière. Le rendu final dans le recueil fait pivoter d’un quart de tour le plan initialement dessiné en hauteur. brouillon d’Oyron, levé en 1713 Encre Archives départementales des Yvelines, A 315/3 (restauré pour l’exposition) PLAN du Chasteau et petit parc d’Oyron préparatoire à la 1e CARTE DU CHASTEAU, JARDINS ET BOURG D’OYRON Graphite, encre de Chine et lavis de couleurs diluées Archives départementales des Yvelines, A 312/3 L’arpentage Des indicateurs montrent les terres à l’arpenteur, qui les mesure avec sa chaîne, portée par un compagnon ; les anneaux servent à ficher ses flèches. Sur les brouillons ou « minutes » levées sur le terrain par Matis, chaque pièce de terre porte le nom du fermier qui la cultive. On retrouve ces noms dans le recueil, sur les cartes d’arpentage des terres qui font partie des fermes d’Oiron, Brechaud, Navau, Ragot, Etiou, tenant chacun une métairie. De retour à son bureau, l’arpenteur dresse le procès-verbal, ou « mesurage », de chaque domaine, tel celui de Curçay qui s’est conservé jusqu’à nous. Trois feuilles intitulées brouillon d’Oyron Encre Archives départementales des Yvelines, A 315/2, 315/4 et 315/5 (documents restaurés pour l’exposition) Fragment du Procès-verbal d’arpentage du domaine de Curçay, certifié véritable par Hippolyte Matis le 27 août 1714 Archives départementales des Yvelines, A 481/7 La mise au net des dessins Les brouillons sont mis au net par l’arpenteur de retour à son bureau. Pour autant qu’on sache, le travail est réalisé par Matis : à l’inverse d’autres missions, aucun nom de collaborateur n’est ici attesté. Les ombres figurent le relief, des arbres les bois et forêts, un sarment stylisé la vigne. Les labours désignent les pièces de terre. Le grand parc est cerné d’un trait rouge : le mur de clôture, long d’une dizaine de kilomètres. Dessin préparatoire à la CARTE GENERALLE DE LA SEYGNEURIE D’OYRON DES Baronnies de Moncontour et de Cursay du recueil du duc d’Antin Encre de Chine et lavis de couleurs sur une feuille mise au carreau Archives départementales des Yvelines, A 324 8 Dessin préparatoire à la CARTE DU GRAND PARC D’OYRON du recueil du duc d’Antin Encre de Chine et lavis de couleurs Archives départementales des Yvelines, A 313 Les bâtisseurs du château Claude Gouffier représenté en transi nu sur le coffre de son tombeau dessin du XVIIIe siècle Encre et lavis sur papier vergé avec filigrane Pro Patria [au-dessus : dessin du tombeau de sa grand-mère Philippe de Montmorency] Médiathèque François-Mitterrand, Poitiers, Ms 547, t. I, fol. 92 François d’Aubusson, duc de La Feuillade portrait gravé par Nicolas de Larmessin Archives départementales de la Loire, CHPOR 11 Extraits de l’inventaire des meubles de madame de Montespan publiés par Pierre Clément dans Madame de Montespan et Louis XIV. Étude historique, 2e éd., Paris, 1868, p. 424425 Médiathèque François-Mitterrand, Poitiers, DL 107 Portrait présumé de Louis Gouffier huile sur toile Attribué à Antoine Ricard (vers 1600-avant 1652), années 1630 Château d’Oiron On remarque tout particulièrement la virtuose plasticité du traitement de l’armure de ce beau portrait, dont le visage et le paysage ne manquent pas non de plus de qualités. La toile est ici attribuée à Antoine Ricard, mais le nom de Charles Beaubrun, son neveu par alliance, ne peut être totalement écarté : tous deux réalisent, dans un style très proche, des portraits pour Oiron entre 1629 et le milieu des années 1630 selon les documents conservés. Le modèle représenté est identifié à Louis Gouffier par comparaison avec le portrait de MR.LE DVC.DE ROVANES.PAIR.DE.FRANSE. du musée de Poitiers. Madame de Montespan en Madeleine huile sur toile restaurée pour l’exposition École française de la fin du XVIIe siècle classée au titre des Monuments historiques le 20 avril 1905 Oiron, ancien hospice de la Sainte-Famille, aujourd’hui L’Orée des Bois Il s’agit de l’un des « deux grands tableaux sans cadres représentans ma dite dame en Magdeleine » inventoriés au garde-meuble en juillet 1707. 9 Le château d’Oiron Un monument national consacré au dialogue entre art contemporain et patrimoine © Patricia Beaumont, château d’Oiron- Centre des monuments nationaux Elevé aux XVIe et XVIIe siècles, pour les parties encore visibles, le château d’Oiron fut dès son origine voué à l’art et à la culture. Attaché pendant près de deux siècles à la famille Gouffier, c’est l’un de ses plus fameux représentants, Claude, Grand Ecuyer de François Ier et d’Henri II, qui y fit réaliser, peu avant 1550, la galerie peinte, exemple exceptionnel du style de l’Ecole de Fontainebleau. Longue de 55 mètres, cette galerie, parmi les plus grandes de France, illustre à merveille le texte antique de l’histoire de Troie. Composée de 14 scènes, vraisemblablement exécutées par un atelier italien d’Emilie - ainsi que l’attesterait un dessin préparatoire acquis par le musée du Louvre en avril 2008 - elle témoigne de l’esprit de création qui régnait à Oiron durant la Renaissance. Humaniste, grand connaisseur de l’art de son temps, Claude Gouffier abritait également dans sa collection des tableaux aussi importants que le Saint Jean-Baptiste de Raphaël ou le portrait du roi Jean le Bon, tous deux aujourd’hui conservés au Louvre. Son petit-fils Louis, entre 1625 et 1642, fait élever le pavillon du Roi, reconstruire le corps de logis et réaliser différents plafonds et décors peints. Le duc de La Feuillade, époux de Charlotte Gouffier, ordonne entre 1669 et 1683, les travaux du pavillon des Trophées et intègre la chapelle et l’escalier Renaissance dans le corps de logis. En 1700, Madame de Montespan fait acquérir la terre et le château par son fils le marquis d'Antin. Elle partage sa vie entre sa propriété d’Oiron et ses cures à Bourbon-l’Archambault où elle meurt en 1707. 10 Après un lent abandon - les propriétaires se succédant du XVIIIe au XXe siècle n’ayant pas le même intérêt pour le domaine ou tout simplement ne pouvant l’entretenir – le château est classé Monument Historique en 1923. En effet, dès 1840, Prosper Mérimée, Inspecteur général des monuments historiques, avait attiré l’attention sur le mauvais entretien des fresques de la galerie Renaissance, et sur la nécessité de sauvegarder cet ensemble exceptionnel. Les premières opérations de sauvegarde (mise hors d’eau) sont initiées dans les années 50, une consolidation des décors peints est opérée dans les années 70. Le château devient propriété de l’Etat en 1941. Puis parallèlement à la réflexion sur le devenir du château et à la conception d’une collection d’art contemporain inspirée par la personnalité de Claude Gouffier, un véritable programme de restauration est mis en œuvre à la fin des années 80. Ce programme se poursuit encore aujourd’hui avec l’aboutissement d’un chantier exemplaire mené durant 7 ans sur le cycle de la Guerre de Troie et de l’Enéide de la galerie de peinture. La collection Curios & Mirabilia © Wall Drawing #752, Sol LeWitt (commande publique pour le château d’Oiron. inv FNAC, coll. CNAP) et Tapis (Sans titre), John Armleder (coll. Mobilier national) photo : Samuel Quenault, CMN © Decentre-Acentre, Tom Shanon (commande publique pour le château d’Oiron, inv. FNAC, coll. CNAP) photo : Samuel Quenault, CMN Le ministère de la Culture et de la Communication décide, en 1989, d’enrichir le patrimoine historique par la mise en place d’une collection d’art contemporain conçue spécifiquement pour le château en invitant des artistes internationaux. En 1993, est inauguré le premier volet de la collection Curios & Mirabilia. Elle concrétise la plus importante expérience menée en France d’inscription d’une création contemporaine dans un patrimoine ancien. En 1996, la collection Curios & Mirabilia s’est enrichie de nouvelles œuvres et peut, pour la première fois, être présentée dans sa totalité ; elle cherche à renouer avec l’esprit de curiosité de la Renaissance en s’appuyant sur l’idée des anciennes collections qu’étaient les 11 Cabinets de curiosité. Cette référence historique, traitée librement par les artistes, permet le lien avec le monument et redonne ainsi le sentiment d’un lieu habité aujourd’hui, tout en réactivant le souvenir des prestigieuses collections de Claude Gouffier (XVIe siècle). Curios & Mirabilia prend appui sur l’idée d’un autre rapport au monde, celui qui, à la Renaissance privilégiait une approche sensible de la connaissance. Aussi, l’ouïe, l’odorat, le toucher, la vue et bientôt le goût, sont sollicités pour transformer la visite d’un monument historique en expérience sensorielle. Les senteurs du mur de cire de Wolfgang Laib, les sonorités de la musique de Gavin Bryars, les fauteuils de John Armleder pour le délassement du visiteur, les jeux visuels comme celui du couloir des illusions (Félice Varini) et toutes les créations réalisées pour ce château concourent à créer un parcours plein de surprises et d’émerveillements. Une des originalités de Curios & Mirabilia réside dans la volonté d’envisager le château avec un rôle social en l’inscrivant dans son environnement humain. Ainsi, grâce à une galerie de portraits des enfants de l’école d’Oiron (Christian Boltanski) ou au dîner annuel imaginé par Raoul Marek pour 150 Oironnais, représentés sur un service de table, la population de la commune est conviée comme sujet et témoin de la création. Le dialogue avec l’histoire s’instaure de manière forte dans les salles qui ont le mieux conservé le souvenir de leur fonction historique. Daniel Spoerri, dans la salle du Roi, où s’affirment puissance et pouvoir, répond ironiquement aux princes du XVIIe siècle par ses Corps en morceaux qui réintroduisent quotidien et banalité comme nouvelle source du merveilleux. Dans la chambre du Roi (les appartements d’apparat de Louis Gouffier, XVIIe siècle), lieu de la présence symbolique du pouvoir royal, restituée au silence de l’histoire par la monochromie des peintures de Claude Rutault. Dans la galerie des chevaux, Georg Ettl réveille l’iconographie ancienne et l’Histoire. Aujourd’hui, cette collection permet au château d’Oiron de s’ouvrir au public dans une logique d’authenticité que d’autres lieux historiques ont abandonné. Au XVIe siècle, Claude Gouffier en avait fait le réceptacle de ses collections : sa personnalité et la nature privée du château donnaient le sens de leur présence. Depuis, ouvertes à la visite du public, les salles du château n’ont pas été seulement utilisées à des fins de présentation d’œuvres, mais s’offrent remeublées, réhabitées, réactualisées pour un regard qui ne peut être que d’aujourd’hui. De plus, la logique de collection qui unit ces œuvres augmente le sentiment de leur appartenance au lieu. Le sujet à Oiron est bien celui de la création dans sa relation au cadre que constituent l’histoire, l’architecture et le décor ancien. Le château d’Oiron est ouvert au public par le Centre des monuments nationaux. 12 Renseignements pratiques Centre des monuments nationaux Château d’Oiron 79100 Oiron tél. 05 49 96 51 25 fax 05 49 96 52 56 [email protected] www.oiron.fr www.oiron.monuments-nationaux.fr Retrouvez le château d’Oiron sur Facebook : http://www.facebook.com/chateau.oiron Twitter : http://twitter.com/ChateauOiron @chateauoiron YouTube : https://www.youtube.com/user/CuriosetMirabilia Instagram : https://instagram.com/chateauoiron @chateauoiron Horaires Le château d’Oiron est ouvert tous les jours (week-end compris) jusqu’au 31 mai 2016 de 10 h 30 à 17 h du 1er juin 2016 au 30 septembre 2016 de 10 h 30 à 18 h Fermeture : 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre et 25 décembre. Droits d’entrée Plein tarif : 7,50 € Tarif groupe (à partir de 20 adultes) : 6 € € Gratuit pour les moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les personnes handicapées et leur accompagnateur. Gratuit pour les moins de 26 ans ressortissants des 27 pays de l’Union européenne et résidents réguliers non européens sur le territoire français. Gratuit pour les titulaires du pass éducation du ministère de l’Éducation nationale. Gratuit pour les adhérents à l’Association des Amis d’Oiron Accès Poitou-Charentes, Deux-Sèvres, axe Angers / Poitiers : A 40 km au sud de Saumur et 43 km au Nord-Ouest de Poitiers Parking : 50 m Depuis Saumur : sortie 3 par RN.147, direction Montreuil-Bellay, puis D.938 direction Thouars, puis D.37 et D.64 Depuis Poitiers : sortie 3 par RN.147, direction Thouars, puis D.18, D.37 13 Le CMN en bref Sites archéologiques de Glanum et de Carnac, abbayes de Montmajour et du Mont-Saint-Michel, châteaux d’If et d’Azay-le-Rideau, domaine national de Saint-Cloud, Arc de triomphe ou encore villa Savoye, constituent quelques-uns des 98 monuments nationaux, propriétés de l’Etat confiés au Centre des monuments nationaux. Premier réseau public français culturel et touristique avec près de 9,5 millions de visiteurs par an, le Centre des monuments nationaux conserve et ouvre à la visite des monuments d’exception ainsi que leurs parcs et jardins. Ils illustrent, par leur diversité, la richesse du patrimoine français. S’appuyant sur une politique tarifaire adaptée, le CMN facilite la découverte du patrimoine monumental pour tous les publics. Son fonctionnement repose à 85 % sur ses ressources propres issues notamment de la fréquentation, des locations d’espaces ou encore du mécénat. Fondé sur un système de péréquation, le Centre des monuments nationaux est un acteur de solidarité patrimoniale. Les monuments bénéficiaires permettent la réalisation d’actions culturelles et scientifiques sur l’ensemble du réseau. Après l’ouverture au public du Fort de Brégançon en 2014, le CMN présente en 2015 la Villa Cavrois restaurée et prépare l’ouverture à la visite de l’Hôtel de la Marine à l’horizon 2018. Retrouvez le CMN sur Facebook : http://www.facebook.com/leCMN Twitter : http://twitter.com/leCMN YouTube : http://www.youtube.com/user/ducdesully Instagram : http://instagram.com/leCMN Monuments placés sous la responsabilité du CMN et ouverts à la visite Aquitaine Grotte des Combarelles Abri de Laugerie-Haute Abri de Cap-Blanc Grotte de Font-de-Gaume Site archéologique de Montcaret Gisement de La Ferrassie Gisement de La Micoque Abri du Poisson Grotte de Teyjat Gisement du Moustier Tour Pey-Berland à Bordeaux Abbaye de La Sauve-Majeure Grotte de Pair-non-Pair Château de Cadillac Château de Puyguilhem Auvergne Château de Chareil-Cintrat Cloître de la cathédrale du Puy-en-Velay Château d'Aulteribe Château de Villeneuve-Lembron Bourgogne Château de Bussy-Rabutin Abbaye de Cluny Bretagne Maison d'Ernest Renan à Tréguier Grand cairn de Barnenez Sites mégalithiques de Carnac Site des mégalithes de Locmariaquer Centre Crypte et tour de la cathédrale de Bourges Palais Jacques Cœur à Bourges Tour de la cathédrale de Chartres Château de Châteaudun Château de Bouges Maison de George Sand à Nohant Château d'Azay-le-Rideau Cloître de la Psalette à Tours Château de Fougères-sur-Bièvre Château de Talcy Champagne-Ardenne Château de La Motte Tilly Palais du Tau à Reims Tours de la cathédrale de Reims Franche-Comté Cathédrale de Besançon et son horloge astronomique Paris Arc de triomphe Chapelle expiatoire Conciergerie Domaine national du Palais-Royal Hôtel de Béthune-Sully Musée des Plans-Reliefs Panthéon Sainte-Chapelle Tours de la cathédrale Notre-Dame Ile-de-France Château de Champs-sur-Marne Château de Jossigny Château de Maisons Villa Savoye à Poissy Domaine national de Rambouillet Domaine national de Saint-Cloud Maison des Jardies à Sèvres Basilique cathédrale de Saint-Denis Château de Vincennes Languedoc-Roussillon Château et remparts de la cité de Carcassonne Tours et remparts d'Aigues-Mortes Fort Saint-André de Villeneuve-lez-Avignon Site archéologique et musée d'Ensérune Forteresse de Salses Hôtel de Sade Midi-Pyrénées Site archéologique de Montmaurin Château d'Assier Château de Castelnau-Bretenoux Château de Montal Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue Château de Gramont Nord-Pas-de-Calais Colonne de la Grande Armée à Wimille Villa Cavrois Basse-Normandie Château de Carrouges Abbaye du Mont-Saint-Michel Haute-Normandie Abbaye du Bec-Hellouin Pays-de-la-Loire Château d'Angers Maison de Georges Clemenceau à Saint-Vincent-sur-Jard Picardie Château de Coucy Château de Pierrefonds Tours de la cathédrale d'Amiens Poitou-Charentes Tours de la Lanterne, Saint-Nicolas et de la Chaîne à La Rochelle Château d'Oiron Abbaye de Charroux Site gallo-romain de Sanxay Provence-Alpes-Côte d'Azur Place forte de Mont-Dauphin Trophée d'Auguste à La Turbie Site archéologique de Glanum Hôtel de Sade Château d'If Abbaye de Montmajour Monastère de Saorge Cloître de la cathédrale de Fréjus Abbaye du Thoronet Fort de Brégançon Rhône-Alpes Château de Voltaire à Ferney Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse 14