caf` conf aragon - Véronique Pestel
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caf` conf aragon - Véronique Pestel
… et à écouter ! CAF’ CONF ARAGON Cet enregistrement s’adresse à tous ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas (pour diverses raisons) lire les multiples hommages, essais, biographies consacrés à Aragon sortis pour le trentième anniversaire de sa disparition. Bernard Vasseur (qui dirige la Maison Elsa Triolet/Aragon au Moulin de Villeneuve à SaintArnoult en Yvelines) a eu l’excellente idée, il y aura bientôt trois ans, de créer un spectacle (textes dits et chansons) “Caf’ Conf Aragon” qui a donné naissance à un CD alors que le spectacle continue de tourner… Cette naissance est due au Festi’Val-de-Marne et aux productions Jean-Claude Barens. Ce CD est une occasion unique de pénétrer agréablement dans l’univers poétique du poète. Comme le titre l’indique, le spectacle entend se placer dans la lignée du café concert, forme populaire d’accès à la musique dès le XIXe siècle. En effet, l’expression café concert (ou caf’conc) désignait un établissement relevant à la fois de la salle de concert et du débit de boissons où l’on consommait en même temps que l’on écoutait des airs de musique, chansons ou morceaux d’opéra… Avec le temps, la consommation a eu tendance à disparaître. Et aujourd’hui le café concert a laissé la place au music-hall (avec ses grandes enseignes), au cabaret et à la salle de concert : division des genres et opposition entre les vedettes arrivées et les débutants… Le Caf’ Conf Aragon mélange tout ou, mieux, réunit le tour de chant, le récital poétique et la conférence : les plages alternent sur le disque comme les moments dans le spectacle. Bernard Vasseur (qui anime depuis longtemps déjà des conférences thématiques sur Aragon) a choisi ici d’écrire (en incorporant des textes d’Aragon) une courte biographie du poète, courte mais qui va à l’essentiel. Cette conférence suit la chronologie puisqu’elle s’ouvre sur “Au commencement” pour se terminer par “Renouveau poétique et romanesque”. En une ou deux dizaines de minutes, Bernard Vasseur résume la vie et l’œuvre d’Aragon depuis une naissance qui, relevant du mensonge, sinon de la mystification, laissera des traces dans l’œuvre. Mais une œuvre aux multiples facettes qui ne se laisse pas réduire au surréalisme ni à la poésie de contrebande, ni aux chants d’amour pour Elsa, une œuvre qui sut dépasser très tôt l’interdit lancé par André Breton sur le roman sans que, pour autant, Aragon se laissât enfermer dans une définition du roman : qu’on lise le cycle romanesque “Le monde réel” et les derniers romans qui échappent à toute classification. La comédienne Magali Herbinger dit Aragon avec beaucoup de retenue (elle évite le piège de l’emphase), que ce soit des textes de prose comme “écrits sur la poésie” ou des poèmes dont quelques-uns célèbres comme “La Rose et le Réséda”, d’autres moins connus comme “Celui qui s’y colle”. Elle donne ainsi un La Tribune de la Région Minière 3418 p.5 aperçu rapide de la diversité de la poésie d’Aragon. Un (trop) bref voyage à travers l’œuvre poétique depuis le surréalisme (“Faiblement dit” in La grande gaîté) au renouvellement des années 60 (deux textes des Poètes) : de 1926 à 1960, la poésie aragonienne a évolué… Petite pépite pour le lecteur non familiarisé avec les livres, “Celui qui s’y colle”, un texte des années 20 qui n’a jamais été repris dans un recueil… Enfin, la chanson avec Véronique Pestel qui, non contente de reprendre des poèmes déjà mis en musique par d’autres interprètes (comme Léo Ferré ou Colette Magny), donne ici plusieurs compositions originales sur des poèmes qui n’avaient jamais été à l’origine de chansons. On sait qu’Aragon fut sans doute le poète le plus mis en musique et chanté du XX e siècle. Il prenait beaucoup de plaisir et d’intérêt à voir des compositeurs et des interprètes se saisir de ses poèmes. Il alla même jusqu’à affirmer lors de la sortie du disque “Léo Ferré chante Aragon” que la mise en chanson d’un poème était “une forme supérieure de la critique poétique”… On peut ici retrouver “Est-ce ainsi que les hommes vivent” qu’ont interprété, en plus de Ferré qui créa la chanson, une petite dizaine de chanteurs ou “Il n’aurait fallu…” que Monique Morelli, Isabelle Aubret ou Lucienne Deschamps interprétèrent après Léo Ferré ou encore “Richard II Quarante” que mit en musique et chanta Colette Magny. Mais la découverte ici, ce sont les poèmes que Véronique Pestel met en chanson pour la première fois. Découverte qui est source d’émotion et preuve de la plasticité et de la musicalité des vers d’Aragon. Si le Caf’ Conf Aragon tourne encore, il est heureux que ce CD soit à la disposition tant de ceux qui veulent conserver un souvenir de ce spectacle que de ceux qui n’auront pu le voir. Et s’il ne remplace pas les livres, il est une bonne introduction à la lecture d’Aragon. Dans le texte pourrait-on ajouter, tant ce qui est dit et ce qui est chanté donnent envie d’y aller voir… Lucien Wasselin Caf’ Conf Aragon CD FVM 001 Productions JCl Barens (Sur commande à l’adresse suivante : Productions Jean-Claude Barens LD Chassagne. 16410 FOUQUEBRUNE 21,50 a port compris ; chèque à l’ordre de Productions J-Cl Barens). (Renseignements : 05 45 21 57 63). Une représentation du Caf’ Conf Aragon sera donnée le 15 mai 2013 (à 20h30) à Sin-le-Noble (salle Maria Casarès, tarif unique : 5 a). (Renseignements : 03 27 95 70 86). 50e anniversaire des grèves de 1963
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