Russie - Charles RIDOUX
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Russie - Charles RIDOUX
Russie – I – La Fédération de Russie (1990-2015) L’ERE DE VLADIMIR POUTINE L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine s’inscrit dans deux marqueurs temporels forts : d’une part, l’éclipse nostradamique du 11 août 1999, avec laquelle l’éclipse du 21 août 2017 sera en résonance (c’est la suivante dans le cycle de Saros 145). Sa nomination au poste de Premier ministre deux jours avant l’éclipse reçoit de ce fait un caractère de « fatalité » et les conséquences de ce choix, du fait de l’éclipse, prennent un cours inattendu – la surprise venant de la démission de Boris Eltsine le 31 décembre. Devenir Président par intérim le 1er janvier 2000 est en soi porteur d’un message symbolique fort de renouveau, d’un nouveau départ, d’un recommencement du temps (même si l’on sait que le XXIe siècle a commencé non pas le 1er janvier 2000 mais le 1er janvier 2001). Par ailleurs, Vladimir Poutine arrive au pouvoir peu avant la culmination du cycle Saturne-Pluton (en 2001-2002), commencé en 1982 au moment de la mort de Brejnev et qui connaîtra son renouvellement lors de la conjonction de 2020. La période 2017-2020 devrait marquer ainsi une sorte de retour aux sources, une relance, voire une rectification, de ce qui s’est mis en place au tournant du siècle. LE GRAND CHOIX Si le temps de Boris Eltsine a été essentiellement celui d’une destruction radicale de l’ordre soviétique abhorré - accompagné d’une amputation territoriale qui ramène la Russie trois siècles en arrière, à l’époque de Pierre le Grand – et aussi l’époque d’un pillage sans précédent des richesses nationales accompagné d’une sorte de colonisation par le vainqueur de la Guerre froide, l’ère de Vladimir Poutine est avant tout celle d’une rénovation, de la création d’une Russie nouvelle, distincte aussi bien de l’ancien empire tsarien mis à bas par la révolution de Février 1917 que de l’empire soviétique qui disparaît après le coup d’État manqué du 19 août 1991 et après la victoire de Boris Eltsine sur Mikhaïl Gorbatchev. Au moment de l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, plusieurs orientations sont encore ouvertes et font l’objet de débat en Russie. On peut mettre de côté les nostalgiques de l’empire soviétique, que le bilan de soixante-dix ans de régime communiste suffit à discréditer à jamais. Il en va de même des nostalgies relatives à l’empire des Tsars, dont une restauration paraît alors impensable. Pour autant, la notion d’empire demeure bien au cœur des débats et l’on peut caractériser diverses positions autour de la question de l’identité russe. Une question qui se pose dans des conditions tout à fait inédites, du fait des pertes territoriales traumatisantes. Quinze nouveaux Etats remplacent la défunte URSS. La société russe doit intégrer dans ses représentations ce qui est perçu comme une régression territoriale par rapport à l’imaginaire national antérieur. Les frontières de la Russie nouvelle ne correspondent en rien à un précédent historique renvoyant à un moment donné de l’époque antérieure à la révolution bolchevique, pas plus qu’à la répartition des populations russes. Des régions en majorité ethniquement russes appartiennent à d’autres républiques, comme c’est le cas pour le nord du Kazakhstan ou de la Crimée et, en 1991, vingt-cinq millions de Russes se trouvent en dehors des frontières de la Fédération de Russie, tandis qu’un cinquième de la population de celle-ci est composé de diverses minorités non-russes. Or, la première composante de la représentation de l’identité russe, c’est l’immensité, l’étendue du territoire. Deux images en témoignent : dans Boris Godounov de Moussorgky qui s’inspire de Pouchkine, il est une scène où le tsar Boris explique à son fils Feodor la géographie en commentant une carte ; et l’on trouve, dans le roman d’Henri Troyat Tant que la terre durera, un passage émouvant où l’héroïne, Tania, se laisse aller à une rêverie inspirée par la carte de la Russie : 2 Comme elle était vaste, la Russie, avec son corps maladroit, étiré d’un bout à l’autre du monde, ses frontières indolentes, ses rivages abandonnés aux glaces polaires, les chenilles brunes de ses montagnes, le pointillé bleuâtre de ses marécages, le persillement vert sombre de ses forêts ! Les fleuves pendaient sur son visage et se divisaient en mèches minuscules. Les ronds noirs des villes le marquaient à larges intervalles. Des lacs d’azur ouvraient, çà et là, leurs paupières tranquilles. Et il y avait des noms sur toute cette étendue. Des noms familiers, de beaux vieux noms aux consonances amicales : Moscou, Saint-Pétersbourg, Kiev, Ekaterinodar, Armavir, Samara, Tobolsk, Irkoutsk, Vladivostok… La langue russe constitue, en second lieu, le ciment qui a permis de rassembler au sein de l’empire des tsars, puis de l’espace soviétique, des peuples d’origines diverses. Cette langue a été fixée au XVIIIe siècle par une réforme de l’orthographe introduite sous Pierre le Grand et par l’élaboration d’une grammaire rigoureuse qu’établit le grand savant Mikhaïl Lomonossov. La langue russe sera reconnue, dans la nouvelle Russie, comme langue d’État et la graphie cyrillique déclarée obligatoire en 2002 pour l’ensemble des langues de la fédération. Enfin, selon une formule devenue célèbre, émise dans les années 1820 par le ministre de l’éducation Ouvarov, la Russie se résume à l’attachement à l’orthodoxie et au tsar ainsi qu’au sentiment national (narodnost) que vient conforter la langue commune. C’est dans cet esprit qu’une solution reposant sur un abandon radical de l’empire et sur un repli identitaire est préconisée par Alexandre Soljénitsyne. Quittant après vingt ans son exil forcé dans l’État du Vermont, aux ÉtatsUnis, Soljénitsyne pose à nouveau le pied sur sa terre natale le 27 mai 1994, non pas à Moscou, mais à Magadan, capitale de la région de la Kolyma, le grand centre de tri du Goulag soviétique. De là, il va regagner en train la capitale où il sera accueilli, le 21 juin, par des milliers de personnes à la gare de Iaroslavl, ayant passé un mois à écouter, à travers les provinces parcourues, les attentes réelles du peuple et à s’en imprégner. Son retour au pays se situait à un moment où l’on ressentait le besoin de parler d’identité nationale, de mémoire historique, de responsabilité morale. Le retour de Soljénitsyne était une catastrophe pour les communistes : l’auteur de L’Archipel ne leur laissait aucune chance de gagner le respect de l’histoire, car il avait montré que le Goulag n’était pas un aspect extrême du système, mais qu’il était le système lui-même. Comme le déclarait l’écrivain sibérien Valentin Raspoutine : « Il ne revient ni vers la gauche, ni vers la droite. Il revient en Russie. Et je pense qu’il emploiera son immense autorité à soutenir une Russie nationale et indépendante. » Et de fait, patriote et anti-communiste, Soljénitsyne disait toute la vérité sur la Russie, sans se soucier de ce que pouvaient en penser le pouvoir et son opposition : il qualifiait le régime de Boris Eltsine de « démocratie imaginaire » et posait sur lui un diagnostic d’une extrême sévérité. Soljénitsyne est alors convaincu que le peuple russe a trop souffert de la mission impériale que lui ont confiée, depuis Pierre le Grand les tsars puis l’idéologie communiste qui visait à se répandre à travers le monde entier. Il réclame, pour les Russes, le droit d’habiter paisiblement chez eux, sans avoir à se charger de régler les affaires du monde. A l’inverse, une vision impériale était promue par le courant eurasien, qui s’exprime alors dans la revue Elementy et dans les ouvrages d’Alexandre Douguine. Ce courant eurasien n’est pas nouveau ; il est apparu en 1921 au sein de l’émigration, avec la publication d’Exode vers l’Est du linguiste Nicolas Troubetskoï. Il s’agit de rejeter l’Europe et l’Occident et d’affirmer le caractère « eurasien » de la Russie, née de l’union des peuples forestiers du Nord européen et des peuples cavaliers et nomades de la steppe eurasiatique. L’un des tenants de l’eurasisme, le géographe Pierre Savitski, présente en 1925 l’Eurasie comme un continent indépendant. La conception eurasienne signifie un refus résolu de l’eurocentrisme, le refus de l’approche universaliste de la culture. Contre l’Europe du catholicisme et des Lumières, l’espace russe eurasien à venir sera en mesure d’exploiter les ressources de l’Asie pour établir une hégémonie continentale, du Pacifique à l’Europe occidentale, la civilisation européenne se confondant désormais avec l’Occident nord-américain. Les tenants modernes de l’eurasisme souhaitent la constitution d’un nouveau bloc stratégique eurasien englobant l’ensemble francoallemand, la Chine, l’Inde et l’espace musulman, mais ils entendent que la Russie prenne l’initiative pour jouer le rôle de noyau central dynamique. Les priorités sont la mise en place d’une entente germano-russe et la solidarité avec un bloc musulman représenté par l’Iran, contre la Turquie et l’Arabie saoudite, perçue comme un simple pion pétrolier des Américains. 3 Signalons au passage une vision impériale grandiose et fascinante qui s’exprime à travers l’œuvre picturale d’Alexeï Guintovt présentée à Moscou en 2012 sous le titre « Le Moscou du futur ». Cet artiste est né en 1965 à Moscou et a reçu en 2008 le Prix Kandinsky. Il déclare que son art futuriste illustre des idées « impériales avant-gardistes » et la vision d’un « eurasisme de gauche ». La ville de Moscou est représentée comme un gigantesque centre métapolitique survolé par des vaisseaux spatiaux en forme d'étoiles rouges ; il y a partout d’immenses tours en forme de yourtes, mais aussi des aigles et des chameaux représentants de la grande steppe. Présentant cette exposition sur son site Dissonance, Alexandre Latsa concluait : Comme l'auteur l'a expliqué, ce Moscou est une utopie, un appel mais aussi un rêve. Il s'agit pour lui de créer des formes idéales, les formes radieuses du futur. C’est la représentation idéalisée d’un empire eurasiatique de la fin des temps, dont le Kremlin serait le cœur sacré, et qui combinerait les traditions religieuses du monde, l'orthodoxie, l'islam et le Bouddhisme. En écoutant ces explications, en regardant ces images du futur, j’ai pensé à l’œuvre du regretté Jean Parvulesco sur « l’empire eurasiatique de la fin »1. Les thèses de l’eurasisme font l’objet de critiques virulentes de la part des milieux nationalistes russes qui dénoncent dans l’eurasisme une utopie analogue au défunt bolchevisme. Les nationalistes russes prennent en compte la catastrophique régression démographique à laquelle se trouve confrontée la Russie du fait de l’effondrement de la natalité, alors que les éventuels partenaires musulmans connaissent à l’inverse une situation démographique autrement favorable. Il existe aussi, parmi les nationalistes russes, un courant néo-païen qui remet en cause, au nom d’une religion originelle slave, l’universalité des grandes religions monothéistes et qui cultive la nostalgie d’un Âge d’or perdu remontant aux siècles antérieurs à la christianisation. Les orientations radicales du repli ethnique, du nationalisme ou de l’eurasisme paraissent avoir été écartées par les actuels dirigeants de la fédération de Russie qui conservent un cadre impérial comme étant la formule qui correspond le mieux aux réalités historiques, géographiques et ethniques de la nouvelle Russie, mais tiennent à garder un équilibre entre Europe et Asie, comme l’écrit Arnaud Leclercq dans son ouvrage remarquable intitulé La Russie puissance d’Eurasie : 1 Site Dissonance, 2 mai 2012. 4 Chaque fois que la Russie a cherché à n’être qu’une puissance européenne, elle a été déçue et y a perdu son rang de puissance capable de présider aux destinées du monde. Chaque fois, au contraire, qu’elle a su trouver un équilibre entre Europe et Asie, la Russie s’est trouvée au faîte de sa puissance. La nouvelle Russie voulue par Vladimir Poutine s’inscrit dans cette logique d’une grande Russie eurasiatique, capable alors de jouer un rôle mondial.2 Le grand choix qui est celui de l’ère Poutine n’est ainsi en aucun cas le retour nostalgique aux formes impériales du passé – qu’elles soient tsariennes ou soviétiques – mais celui de l’édification d’une nouvelle grande Russie, impériale dans le sens où elle n’est pas un État-nation mais un espace pluri-ethnique et pluri-confessionnel, soucieux de garder un équilibre entre Europe et Asie, où elle peut jouer un rôle pivot fécond et pacificateur. TABLEAU CYCLIQUE DE LA PERIODE 2000-2020 Ayant à traiter d’une tranche historique conséquente, une période de vingt ans entre 2000 et 2020, il n’est pas inutile de faire d’abord le détour par un bref tableau cyclique prenant en compte les Transneptuniens ainsi que les Transsaturniennes (Uranus, Neptune, Pluton). Les figures présentes dans le tableau se retrouveront dans tous les thèmes particuliers que l’on traitera, et une vue générale de l’ensemble des cycles actifs durant une période donnée permet de mieux sentir ce qui, dans un thème donné, est du ressort indivuel et ce qui relève de courants générationnels plus larges. Nous allons donc examiner d’abord le tableau cyclique des Transneptuniens, qui constitue une toile de fond invisible, puis le tableau cyclique des Transsaturniennes, qui s’intègrent dans la toile de fond et forment une sorte de relais entre la sphère invisible et la matérialité de notre monde représentée par le Septénaire traditionnel. 2 LECLERCQ Arnaud, La Russie puissance d’Eurasie, Ellipses, 2012. 5 Deux figures dominent durant la première moitié du XXIe siècle : le carré Apollon-Vulcanus qui est exact de 1984 à 2010, mais est en orbe de 0° à 3° durant tout un siècle, de 1947 à 2047, et en orbe de 3° à 6° de 1910 à 1946, puis de 2048 à 2085. C’est donc une phase cyclique qui s’étend sur presque la totalité des XXe et XXIe siècles, de 1910 à 2085. L’autre figure dominante actuellement est celle de la conjonction Hadès-Kronos, qui sera exacte en 2030-2031, en orbe de 3° de 2020 à 2041, et de 6° de 2010 à 2020, puis de 2042 à 2050. C’est donc une phase de conjonction qui s’étend globalement de 2010 à 2050. La notion fondamentale portée par Apollon/Vulcanus est prometteuse, puisqu’elle correspond à la plus grande réussite, à une grande prospérité, renferme les notions d’élargissement, d’expansion importante. Cela s’est entendu, durant le XXe siècle, de façon prédominante sur le plan matériel, du fait des performances techniques permises par d’innombrables découvertes scientifiques. Il n’est pas impossible que, au cours du XXIe siècle, l’accent ne porte davantage sur une réussite et une expansion sur le plan spirituel - démarche sans doute indispensable à l’humanité si elle veut échapper aux redoutables périls engendrés par les effets secondaires d’un progrès scientifique et technique développé jusqu’ici dans le cadre d’un matérialisme étroit et d’un rationalisme obtus. L’axe Hadès-Kronos est en revanche une sorte de catalyseur de tous les aspects maléfiques que l’on peut associer, à la lumière de la cyclologie traditionnelle, à une fin de cycle de l’Âge sombre (ou Kali Yuga) : grande pauvreté, extrême pénurie, méchanceté et bassesse, prolifération mafieuse. Associé à l’axe Hadès/Poséidon, il peut symboliser une lumière venant d’en-bas et marquer une attitude de défi prométéen-luciférien pouvant conduire à un désastre tel celui – emblématique - du Titanic, préfigure du quasi suicide de l’Europe en août 1914, avec l’entrée dans la Grande Guerre. L’axe Apollon/Vulcanus, au contraire, est relié à Kronos en Harmonique 16 : cela renforce le pronostic de réussite s’appuyant sur des capacités, un savoir-faire, qui permettent une prospérité extraordinaire et des réussites spéciales, particulières – on pense, par exemple, aux premiers pas de l’homme sur la Lune, le 21 juillet 1969, qui présente le thème le plus spectaculaire que nous ayons jamais rencontré : une quadruple conjonction Lune-Jupiter-Uranus-Apollon à 0° Balance, signature de la mission Apollo 11 ! En troisième lieu, il convient de prendre en compte l’axe Zeus/Admète, dont le concept de base est celui d’une genèse, d’un commencement difficile, avec l’idée de modelage, de façonnage. Cet axe correspond aussi à la lave, à tout ce qui est en feu, aux entrailles de la terre. C’est également l’axe significateur de l’Alchimie. Enfin, il est relié à la notion du tragique. Relié au Point Vernal, il exprime la nécessité, pour une collectivité, de se préparer à de nouvelles conditions d’existence. Ce fut le cas en 1961 avec le passage à 0° Cancer, puis en 1993 avec le transit à 22°30 Cancer (au moment où la conjonction Uranus-Neptune était exacte à 19° Cancer) ; ce sera encore le cas en 2026 à 15° Lion : le 20 février aura lieu la conjonction Saturne-Neptune à 0° Bélier, au double sextile d’un trigone Uranus-Pluton. Un moment propice à un remodelage global, à une opération alchimique de grande ampleur : mais selon quel esprit cela se fera-t-il ? Il peut être intéressant de relever que les deux cycles Saturne-Neptune et Hadès-Kronos sont en relation avec l’histoire de la Russie : Saturne-Neptune pour l’histoire contemporaine, de l’avènement du communisme à sa fin ; Hadès-Kronos, pour sa part, préside aux tous débuts de la Rus de Kiev, au moment de l’arrivée de Rurik à Novgorod, en 862, sous une conjonction Hadès-Kronos (à 8° Bélier). On peut se demander quel sera le rôle de la Russie en 2030, lors de la prochaine conjonction HadèsKronos (à 19° Cancer, sur le lieu de la conjonction Uranus-Neptune de 1993). Nous n’entrerons pas ici dans le détail des interférences de Cupidon avec les trois foyers énergétiques majeurs que constituent les axes Apollon/Vulcanus, Hadès/Kronos et Zeus/Admète. Durant la période 2000-2020, Cupidon, le plus rapide des Transneptuniens, est en relation avec les trois zones concernées, en H8 ou en H16. 6 Nous observons que Pluton est en relation avec Hadès/Kronos et avec Zeus, de même qu’Uranus, durant la phase majeure de cette période qui est le carré évolutif Uranus-Pluton. Neptune est reliée à l’ensemble Zeus-Admète-Poséidon. Comme Uranus, durant la période considérée, forme un aspect de carré avec Pluton et de semi-carré avec Neptune, il est en relation à la fois avec Hadès/Kronos=Zeus et avec Zeus-Admète-Poséidon. Il apparaît donc qu’aucune des planètes Transsaturniennes n’est reliée, durant notre période, au carré Apollon-Vulcanus. Au moment de la conjonction Jupiter-Uranus du 4 janvier 2011, à 27° Poissons – conjonction qui préside au déclenchement d’un « printemps arabe » qui va s’achever en « hiver islamiste » avec le surgissement de Daech, Pluton transite sur l’axe Hadès/Kronos, dont la formule correspond à de grandes vilenies en voie de développement et augmentation de grands maux. C’est un moment fort au cœur de notre période de vingt ans. Les développements au temps du carré Uranus-Pluton, de 2012 à 2015, verront la Russie engagée avec beaucoup de retenue dans les conflits en Ukraine et en Syrie. De 2015 à 2019, Pluton se trouvera au carré de Zeus. L’axe Pluton/Zeus indique le commencement de quelque chose de nouveau. Il se pourrait bien que ce soit le développement du grand bloc eurasiatique qui s’est constitué en juillet 2015 lors de la conférence d’Oufa réunissant à la fois les membres de l’OCS et les BRICS. Si l’on envisage maintenant le pôle neptunien, le carré involutif Saturne-Neptune entre novembre 2015 et septembre 2016 constitue une phase importante pour la nouvelle Russie, née dans l’orbe de la conjonction de 1989. Il faut s’attendre à ce que, après la phase favorable du trigone involutif, ce carré ouvre une période de défis qui mettront le doigt sur les faiblesses de la Fédération de Russie dans tous les domaines. Les réponses données à ces défis, prépareront, selon qu’elles seront plus ou moins adéquates, un renouvellement positif ou difficultueux lors de la conjonction de 2026. 7 Neptune est associée au système transneptunien reliant Zeus, Admète et Poséidon, ce qui donne un tableau à la tonalité quelque peu dissolvante. Le temps du carré Neptune-Zeus se situe dans les années 2014-2016. Cet axe indique une absence de but, de direction, évoque une énergie qui se perd. Relié à Poséidon, il suggère le développement d’idées dangereuses ou infructueuses. En 2018-2019, l’axe Neptune/Admète transite en opposition à Zeus, relié à Poséidon en H16 – et en proximité d’Eris, symbole de discorde et d’anarchie. Neptune/Admète signe un déclin, une décadence, tout au moins un amoindrissement, une diminution. Avec Zeus, il signale une lutte acharnée pour la vie, un combat quasi désespéré pour l’existence dans des conditions difficiles. Le lien à Poséidon laisse prévoir un changement dans la conception que l’on se fait relativement aux conditions d’existence. Enfin, Uranus est relié aux deux zones Zeus/Admète et Hadès/Kronos=Zeus, ainsi qu’à une troisième zone qui est celle du carré avec Pluton, avec des liens en H16 à Cupidon et à Poséidon. Nous n’entrerons pas ici dans le détail de ces axes, relativement mineurs par rapport à ceux que nous avons examiné précédemment. Rappelons simplement l’importance, durant les trois années 2014-2016, de l’axe Uranus/Zeus=Hadès/Vulcanus dont nous avons développé à plusieurs reprises les néfastes effets dans nos articles du Bulletin d’astrologie mondiale (BAM). LES THEMES DE VLADIMIR POUTINE ET DE DMITRI MEDVEDEV 8 Le thème de Vladimir Poutine se rattache à deux cycles majeurs : Jupiter-Pluton, relié au Milieu du Ciel, et Saturne-Neptune, en M. XII, qui le rattache étroitement au thème de la Russie communiste. Le Milieu du Ciel est lié à l’axe Saturne/Vulcanus, ce qui permet d’être vigilant, de profiter de son avantage. Le lien de Jupiter au Milieu du Ciel apporte un sentiment de bonheur et permet, avec Pluton, de se réjouir de l’évolution des choses. Sentiment de bonheur, de joie et de plénitude qui se retrouve avec la formule Uranus/Vulcanus=Jupiter. L’axe Jupiter/Pluton évoque des évolutions et des transformations favorables, avec des changements heureux dans les relations (Nœud Nord) ; mais la présence d’Hadès laisse planer le risque de développements favorables mis en échec par des manques ou des défaillances. L’axe Uranus/Vulcanus témoigne de la capacité à concentrer toute sa force sur un point, mais il indique le risque d’une apparition soudaine de violences et de grands dangers – qui peuvent prendre un caractère de fatalité étant donné la conjonction de la Lune noire moyenne au Milieu du Ciel. En H16, cette zone est affectée en décembre 2020, lors de la conjonction Jupiter-Saturne : ce pourrait être un moment critique pour la manifestation d’un danger soudain. A titre indicatif, la date du 6 décembre voit le transit du Soleil sur la zone sensible de 14° Mutables et le mi-point Mars/Uranus transiter à 28° Bélier comme déclencheur potentiel. Mais tout cela gît dans les profondeurs de la 16e Harmonique, et bien d’autres moments sont susceptibles d’actualiser le tableau présenté ci-dessus. L’axe Saturne/Neptune (à 19° Balance) se situe au carré de la grande conjonction UranusNeptune de 1993 en Capricorne. Cet axe Saturne/Neptune renvoie aussi à la conjonction de 1917, année de la révolution russe et de l’instauration du régime communiste, mais également à la conjonction de 1989, qui accompagne la chute du Mur de Berlin. Ainsi, la personne de Vladimir Poutine s’ancre fortement dans les destinées de la Russie au cours du XXe siècle. 9 Le tableau qui ressort de l’examen de l’axe Saturne/Neptune n’est pas des plus réjouissants et peut même faire craindre des événements dramatiques. Nous voyons d’abord le signe de la dissolution d’une structure établie (Saturne/Neptune) et de projets avortés (Mars), dans un climat de manœuvres et d’intrigues (Admète) ; une impasse (Saturne/Admète) avec une interruption soudaine et un changement de cap (Uranus) ; une rupture soudaine (Uranus/Admète) aboutissant à une séparation. Il est question dans ce tableau d’événements bouleversants en public, de répression, d’interruption impromptue de l’activité, d’une brouille prolongée commençant soudainement, d’une insurrection et d’une révolte inutile. Ce tableau pourrait renvoyer peut-être à une période révolue depuis longtemps, celle de l’ultime affrontement avec les forces nostalgiques du passé soviétique qui se manifestèrent à Moscou au moment de la crise constitutionnelle de 1993, dont Boris Eltsine sortit vainqueur et conforté dans son pouvoir présidentiel. A ce moment, la conjonction Uranus/Neptune se situait précisément à 19° Capricorne. Mais à cette période Vladimir Poutine n’occupait pas encore de fonctions dans l’entourage proche de Boris Eltsine, il se trouvait encore à Saint-Pétersbourg, étant l’éminence grise du président du Conseil de la ville, Anatoli Sobtchak, qui avait été son professeur à la faculté de Droit de Léningrad. Cela nous conduit à regarder plutôt vers l’avenir, vers le moment où le carré Uranus-Pluton transitera la zone de 19° des signes Cardinaux. Uranus passe sur le point critique (à 19°19 Bélier) du 31 mai 2015 au 20 mars 2016 ; puis vient le transit de Pluton, du 1er avril 2017 au 17 novembre 2018 ; enfin celui de Saturne, du 22 mars au 13 décembre 2019. C’est donc durant toute cette période que pourraient survenir des événements correspondant, d’une façon ou d’une autre, au tableau dressé pour l’axe Saturne/Neptune. Si Vladimir Poutine est de la génération de la conjonction Saturne-Neptune de 1953 (de même que son homologue chinois le président Xi Jinping), Dmitri Medvedev est un natif de la conjonction Uranus-Pluton de 1965, et donc particulièrement sensible au transit en cours du carré évolutif UranusPluton. C’est d’ailleurs au moment de l’opposition d’Uranus à sa position natale, à l’âge de 42 ans, que Dmitri Medvedev est devenu, le 7 mai 2008, le troisième président de la Fédération de Russie. 10 Un premier point d’ancrage s’impose, ainsi qu’à tous les natifs de l’automne 1965 – et Dmitri Medvedev est né trois jours après Bachar el-Assad – c’est l’axe Uranus/Pluton relié à Saturne et à Admète, ce qui promet une mutation explosive, une expérience brutale, choquante, une interruption saccadée d’un développement en cours. Ce qui est d’autant plus marquant que ce Saturne occupe la position critique de 14° Mutables. Mais en face à 13° Vierge, on trouve l’axe Mercure/Uranus, donnant une pensée pratique, logique, de bons calculateurs. Toutefois, avec Saturne, il apparaît un risque d’être confronté à l’impérieuse nécessité de s’enfuir suite à une soudaine nouvelle désagréable. Cupidon est impliqué dans deux axes (avec Mars et avec Neptune), ce qui donne de l’importance à l’engagement dans une forme de communauté. L’axe Mars/Cupidon avec Pluton évoque la planification d’un groupe de travail. Mais avec Admète, il semble que le natif suive dans une communauté un parcours personnel, qu’il n’en fasse partie qu’extérieurement. Et l’axe Neptune/Cupidon met l’accent sur le désaccord au sein d’une communauté, sur toutes sortes de contrariétés, de tracas, d’ennuis, de malentendus. Avec Uranus, on peut s’attendre à la dissolution soudaine d’une communauté et avec Admète, on peut songer à la désunion d’avec un ami ou un allié qui vous laisse tomber. La conjonction Mars-Neptune à 17° Scorpion fournit un second point d’ancrage, au relais de deux axes : Point Vernal/Vulcanus et Kronos/Admète. Le tableau d’ensemble présente des points positifs : un sentiment de pouvoir et d’autorité, un grand pouvoir financier et de la prospérité, se singulariser de manière imposante. Toutefois, la haute position pourrait être précaire, le bonheur et la prospérité suivis de grandes déceptions. La puissance pourrait résider soit dans la fraude, la tromperie, ou dans l’illusion. On peut se tromper sur sa véritable situation et faire l’objet de manœuvres et d’intrigues graves qui finissent par être dévoilées, d’avoir à souffrir de personnes viles et malveillantes au point de se trouver sous la contrainte d’une violence considérable, entraînant un rejet, voire une destruction violente. L’axe Kronos/Admète, enfin, signale la possibilité de chute d’un gouvernement. D’ici 2020, le seul transit marquant des lentes (à part Jupiter) sur l’axe Mars/Neptune est celui du semi-carré de Saturne, transitant à 2° Capricorne au début janvier 2018. 11 Avouons que la mise à jour de ce tableau désolant, mais conforme à notre méthode impartiale d’analyse des axes planétaires en prenant appui sur le Regelwerk d’Alfred Witte, nous plonge dans l’embarras, car rien jusqu’ici, dans la personnalité et l’activité politique de Dmitri Medvedev, ne nous a conduit à imaginer peinture aussi sombre et inquiétante. Signalons que l’analyse de ce thème est rendue délicate du fait de l’absence d’une heure de naissance, qui nous eût permis de prendre en considération les indications fournies par l’Ascendant et le Milieu du Ciel, ou encore par la Lune. Cela pourrait conduire l’astrologue à choisir éventuellement un point d’ancrage plus adapté. Il resterait encore, d’ailleurs, la possibilité de prendre comme thème, faute d’heure de naissance, celui d’une éclipse pré-natale ou post-natale. Nous ne manquerions pas de procéder à cet examen s’il devait surgir, autour de Dmitri Medvedev des événements graves. En l’état actuel, cette analyse peut s’appliquer à maints natifs de septembre 1965, parmi lesquels, comme nous l’avons signalé, se trouve le président de la Syrie, Bachar el-Assad. UNE STABILITE POLITIQUE REELLE, MAIS FRAGILE Lorsque Vladimir Poutine accède au pouvoir, il hérite d’une Russie qui a traversé une décennie de chaos. L’ancienne nomenklatura soviétique a été remplacée par les oligarques. De l’univers ultraencadré et hyper-régulé de l’ère brejniévienne, on passe rapidement à un système totalement dérégulé fondé sur la seule puissance de l’argent. Une nouvelle élite, construite sur l’accaparement des ressources et la monopolisation des circuits financiers prend la place de celle qui occupait précédemment le pouvoir. De véritables mafias se mettent en place. Au cours des années 1990, une quinzaine d’hommes s’emparent pour l’essentiel des grands secteurs d’une économie russe largement fondée sur les immenses ressources naturelles du pays. La fuite des capitaux est évaluée à 250 milliards de dollars, soit plus de la moitié du PIB russe. Contrôlant plus de 550 banques, dont les dix plus importantes, le système oligarchique a mis la main sur la majeure partie de l’activité économique du pays. L’État abdique de tout pouvoir de régulation : Boris Berezovski affirme que les oligarques doivent diriger le pays comme un conseil d’administration dirige une entreprise. Sept ans après l’élection de Boris Eltsine, le PIB russe a chuté de 50%, les investissements de 90%, l’espérance de vie masculine a été ramenée de 69 à 58 ans, le taux de natalité s’est effondré de 14,7 pour mille à 9,5 pour mille, et le taux de scolarisation a baissé de 8%. Le pays souffre d’une augmentation exponentielle de la criminalité, d’un effondrement du système de protection sociale. L’ampleur du désastre scelle l’échec des réformes libérales d’Igor Gaïdar durant les années 1992-1993, puis celui du tandem Tchoubaïs-Nemtsov à partir de 1997. Elu le 26 mars 2000, Vladimir Poutine associe reprise en main autoritaire, redressement économique et rétablissement de la situation sociale. Recentralisant le pouvoir, il va s’attacher à la restauration systématique de l’autorité de l’État. Il lui faut d’abord neutraliser les contre-pouvoirs illégitimes, reprendre en mains les grands groupes industriels, mettre en place à tous les niveaux de la hiérarchie économique et étatique des acteurs acquis au nouveau pouvoir. Le contrôle de l’entreprise Gazprom représente un enjeu décisif, de même que celui de la chaîne de télévision NTV. Dimitri Medvedev est nommé à la tête du conseil d’administration de Gazprom dont l’État est le principal actionnaire. A l’automne 2003, Mikhaïl Khodorkovski, qui dirige l’entreprise pétrolière Ioukos, est arrêté. Il a négocié la vente d’une partie de son capital avec Chevron-Texaco et Exxon-Mobil, les deux géants pétroliers américains, et ce, sans en informer le Kremlin. Les oligarques se voient réserver des sorts différents : Mikhaïl Khodorkovski est en prison, Boris Berezovski et Vladimir Gusinski ont fui à l’étranger, Roman Abramovitch, Anatoli Tchoubaïs ou Vladimir Potanine sont amnistiés en contrepartie de leur ralliement au régime. Cette restauration d’un État fort, indispensable à la cohésion d’un ensemble aussi hétérogène que la Fédération de Russie, qui s’étend de Smolensk à Vladivostok, est certainement la caractéristique principale de l’ère de Vladimir Poutine. La réussite du programme de rénovation mené depuis l’an 2000 est indéniable et a bénéficié jusqu’à présent d’une stabilité politique reposant sur le duo PoutineMedvedev. Toutefois, cette stabilité demeure fragile. D’abord, elle repose pour beaucoup, aujourd’hui, sur la personnalité de Vladimir Poutine, sur le contrat qui lie le président à son peuple, à la façon dont l’entendait, en son temps, le général de Gaulle. S’il est envisageable de voir Vladimir Poutine emporter encore l’élection présidentielle de 2018 pour un ultime mandat de six ans qui le conduirait jusqu’en 2024, il n’est pas assuré que Dieu lui prête vie jusque-là. Et si le tandem Poutine-Medvedev a bien fonctionné jusqu’à l’heure actuelle (mi-mars 2016), il n’est pas sûr que ce soit toujours le cas. A cet égard, il importe d’avoir à l’esprit que l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine a été rendue possible par un accord conclu entre deux factions désireuses d’arracher la Russie au gouffre dans 12 lequel elle était en train de plonger à la fin de l’ère de Boris Eltsine. Cette opération réussit grâce à l’alliance entre certains services de sécurité et certaines grosses fortunes désireuses de secouer le joug des intérêts américains en Russie, qui régentaient de fait le gouvernement de Boris Eltsine. Ce furent à cette époque des conseillers américains qui inventèrent le nouvel État russe, sa constitution et son mode de gouvernement. Les résultats furent catastrophiques : la Russie a été pillée de ses richesses naturelles, des milliards de dollars ont été volés et dissimulés sur des comptes occidentaux, l’industrie russe a été détruite, une vague de violence, de corruption et de pauvreté sans précédent a plongé tout le pays dans la misère et la Fédération de Russie a failli se disloquer, comme la Yougoslavie, en de multiples petits États. Ce compromis entre anciens membres du KGB et une partie des oligarques a permis l’éviction du groupe des oligarques qui assujettissaient la nouvelle Russie aux intérêts occidentaux, et cela favorisa le redressement effectué durant l’ère Poutine. Toutefois, s’il a pu assainir le terrain par l’éviction des oligarques les plus coriaces, Vladimir Poutine n’a pas eu les moyens de changer le système mis en place par ces oligarques et leurs commanditaires américains. En outre, les objectifs des deux groupes qui se sont alliés en 1999 demeurent divergents : les uns sont des intégrationnistes atlantistes voulant approfondir l’intégration de la Russie dans l’Occident et son système international sous contrôle américain ; les autres sont des souverainistes eurasiatiques, partisans d’un monde multipolaire dans lequel aucun pays, aucune alliance ne détiendrait un pouvoir suprême. On peut dire que ces deux courants ont comme figures de proue Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev. Si un savant équilibre entre les deux groupes associés a permis une collaboration pacifique grâce à une sorte de dyarchie au sommet de l’État, avec l’un Président et l’autre Premier ministre, des craquements dans le système sont perceptibles, notamment du fait que le groupe atlantiste préconise la mise en place d’un nouveau plan de privatisations qui permettraient aux néolibéraux de briser le contrôle de la Russie sur sa propre économie. Le conflit croissant tourne notamment autour de la politique de la Banque centrale de Russie qui se refuse à pratiquer, comme l’ont fait les banques centrales occidentales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, une monétisation des déficits budgétaires par la création d’argent. En privatisant la création du crédit, comme cela a été fait en Europe, on fait passer la planification économique des mains de gouvernements démocratiquement élus au secteur bancaire. Or, depuis deux ans, le clan atlantiste néolibéral avance des plans en vue de la privatisation d’entreprises nationales de première importance, telle que le producteur de pétrole Rosneft, la banque VTB, Aeroflot et la compagnie des chemins de fer russes. Au début février 2016, Vladimir Poutine a réussi à empêcher la vente de la plus grande banque russe, Sperbank, qui détient une bonne partie des comptes d’épargne des habitants du pays. Par ailleurs, une proposition de retour aux affaires de l’ancien ministre des Finances Alexeï Koudrine, chef de file des « libéraux pétersbourgeois », a fait long feu. Il est à prévoir qu’entre 2017 et 2019 se produise à l’intérieur du Kremlin une lutte pour le pouvoir, l’équilibre entre les deux groupes associés jusqu’ici se fracturant de plus en plus. Dans ce contexte, et au regard des tensions internationales aboutissant à entretenir aux États-Unis et en Europe une idéologie fabriquée de « Seconde Guerre froide », on peut s’attendre à ce que les services occidentaux tels que la CIA et le MI6 tentent de financer et de soutenir en sous-mains un groupe dissident au sein même du pouvoir en Russie. Et, si tout le reste échoue, demeure la solution d’un « tireur isolé » pour se débarrasser de Poutine en personne. Des perspectives susceptibles de prendre corps si l’issue de l’élection présidentielle aux États-Unis amène au pouvoir Hillary Clinton, qui a déclaré ouvertement que les États-Unis feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour bloquer le projet de création d’une Union eurasiatique. Et dès l’année 2016, avec le carré Saturne-Neptune au relais dissonant de Jupiter, de lourds défis se poseront certainement à la Russie. La période de mai-juin 2016 est particulièrement critique, avec les deux carrés Jupiter-Saturne et Saturne-Neptune, ainsi que septembre avec le renouvellement du carré Saturne-Neptune. A cet égard, on peut faire état d’une annonce sensationnelle faite par Vladimir Poutine à savoir que le FSB était en possession d’informations précises selon lesquelles on élaborerait en Occident des plans pour provoquer de l’agitation politique en Russie, pendant la période qui précède les importantes élections législatives d’octobre. Le président de la Fédération de Russie a prévenu que Moscou écrasera dans l’œuf toute tentative américaine de susciter de l’agitation politique en Russie, sur le mode des « révolutions de couleur » fomentées dans maints pays. Il est prévisible que, si les États-Unis essayaient vraiment de créer des troubles autour des élections à Moscou, il y aurait une intensification des conflits dans les deux théâtres d’opérations d’Ukraine et de Syrie, au cours de l’été, ne serait-ce que pour intensifier le message médiatique occidental selon lequel Poutine incarne le Mal en personne. 13 ORTHODOXIE ET ISLAM EN RUSSIE Le choix effectué en faveur d’une nouvelle grande Russie dans un espace pluri-ethnique et multiconfessionnel implique la recherche constante d’équilibres, parfois difficiles à maintenir dans un monde en proie aux turbulences d’un islamisme radical qui s’étend du Maghreb à l’Indonsésie en passant par le Caucase et l’Asie centrale. Si les Russes ethniques sont en grande majorité liés, au moins culturellement, à l’orthodoxie, qui a constitué, jusqu’au XVIIe siècle, le cœur organique de la civilisation russe, le poids des musulmans au sein de la Fédération de Russie n’est pas négligeable. Les autorités russes veillent à bien distinguer le radicalisme wahhabite, inspiré par l’Arabie saoudite et instrumentalisé par la politique des États-Unis dans le Caucase ou ailleurs pour détruire les régimes qui ne leur conviennent pas, de l’islam sunnite parfaitement intégrable dans le pays, aussi bien que de la branche chiite qjui prédomine chez l’allié iranien. Il n’y a là aucun choix idéologique, mais une politique pragmatique. Toute discussion d’ordre théologique entre orthodoxes et musulmans est parfaitement vaine, étant donné l’incompatibilité totale entre les fondements dogmatiques de part et d’autre : en effet, l’islam voit le Christ comme un homme, l’orthodoxie comme un Fils de Dieu et Dieu lui-même ; et l’orthodoxie ne voit pas en Mahomet le Prophète vénéré par l’islam. Il n’empêche que les deux religions peuvent parfaitement cohabiter pacifiquement, car elles partagent, sur le plan éthique et sur les questions sociales quotidiennes, beaucoup de points de vue communs. En revanche, orthodoxes pratiquants et pieux musulmans sont l’objet d’attaques constantes et insidieuses de la part d’un Occident post-chrétien et laïc qui ne ménage aucun effort pour détruire et renverser les principes de ces religions. Il existe toutefois un préalable à une cohabitation paisible : le respect de la foi de l’autre et le renoncement à tout prosélytisme de masse : or le wahhabisme et l’islam radical des djihadistes se met de lui-même hors d’un tel cadre. C’est pourquoi la Russie s’est engagée, avec l’accord des républiques d’Asie centrale, dans une lutte impitoyable contre Daech en Syrie afin d’éviter la contagion du terrorisme islamiste dans le Caucase, au Tatarstan (région de Kazan) ou dans la fertile vallée du Ferghana où voisinent l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan. Un acte symbolique de la reconnaissance du fait musulman en Russie a été l’inauguration, en septembre 2015, d’une nouvelle mosquée-cathédrale à Moscou, en présence de Vladimir Poutine. Ce geste s’inscrivait dans le prolongement de ce qui a déjà été fait, en son temps, par le tsar Nicolas II, qui avait fait le choix de l’implanter la grande mosquée de Saint-Pétersbourg au centre de la capitale d’alors de la Russie. D’ailleurs, cette reconnaissance de l’islam comme partie intégrante de la Russie n’empêche aucunement la reconnaissance de l’orthodoxie comme étant le cœur organique de la civilisation russe. Dès la révolution d’Octobre, une persécution féroce s’était abattue, au nom de l’athéisme, sur les chrétiens de Russie, impliquant l’assassinat ou la déportation systématiques des religieux, comme la destruction des édifices de culte. Ainsi, de 1917 à 1940, 75 000 lieux de culte sont détruits, six cents évêques, quarante mille prêtres et cent vingt mille moines ou religieuses ont été assassinés. Cette persécution demeure une politique officielle jusqu’à la fin de l’URSS, comme en témoigne encore l’assassinat, en 1988, du P. Alexandre Men, qui avait gagné une grande audience dans les milieux intellectuels. Les années 1990 correspondent en revanche à une renaissance spectaculaire, marquée par la réouverture de très nombreux sanctuaires, par des millions de baptêmes et par une multiplication des vocations sacerdotales, alors que le nouveau pouvoir fait symboliquement reconstruire à Moscou la cathédrale du Christ-Sauveur, dynamitée sous Staline. En 1997, une nouvelle législation reconnaît la liberté de conscience et de religion pour tous les citoyens et résidents de la Fédération de Russie, elle réaffirme la séparation de l’Église et de l’État et précise qu’aucune religion ne peut se prévaloir d’un statut d’Église d’État mais souligne « le rôle particulier de l’orthodoxie dans le développement de la nation russe et dans sa culture » ; elle mentionne le christianisme comme « partie intégrante de l’héritage historique du peuple russe, au même titre que l’Islam, le judaïsme et le bouddhisme ». Dans la nouvelle grande Russie en train de s’édifier, les relations entre le Kremlin et le Patriarcat sont excellentes, fondées sur un respect mutuel entre pouvoir temporel et autorité spirituelle. Ce qui ne signifie pas une quelconque mainmise de l’Église orthodoxe sur l’État ou sur la société russe. Cela serait bien difficile quand on prend conscience que la pratique religieuse des Russes est extrêmement 14 faible (1% seulement des fidèles assistent, à Moscou, aux offices de Pâques) et il n’y a guère que 5% de la population russe qui puisse être considérée comme profondément et sciemment religieuse. Par ailleurs, à bien des égards, le Patriarcat de Moscou est encore imprégné d’un esprit soviétique et dirigé par des prélats qui, à l’époque du communisme, ne pouvaient qu’avoir des rapports douteux et ambigus avec les services de sécurité. Le très beau roman de Vladimir Volkoff, L’Hôte du Pape, qui relate la rencontre, au Vatican, du métropolite de Léningrad et du pape Jean-Paul Ier en 1978 - le métropolite meurt en présence du pape, et ce dernier sera trouvé mort dans sa chambre une semaine plus tard – ce roman témoigne du fait qu’un ancien colonel du KGB a très bien pu se muer en authentique fidèle orthodoxe. Aujourd’hui, le Patriarcat de Moscou remplit un rôle crucial dans la structure du pouvoir du Kremlin : non seulement il joue le rôle de substitut à l’idéologie marxiste aujourd’hui défunte, mais il sert aussi d’organisation pour une éducation patriotique, il offre toute une série de symboles familiers (églises magnifiques, chants religieux, icônes, croix, etc…) qui peuvent servir de symboles nationaux. Successeur d’Alexis II, le métropolite de Smolensk a été élu le 27 janvier 2009 et intronisé, sous le nom de Kirill, comme patriarche de Moscou et de toute la Russie le 1er février 2009. Il est né le 20 novembre 1946 à Léningrad, dans une famille de prêtres. En 1970-1971, il enseigne la théologie dogmatique et occupe la chaire d’inspecteur des écoles de théologie de Léningrad, tout en étant secrétaire personnel du métropolite de Léningrad. De 1971 à 1974, il est représentant du Patriarcat de Moscou au Conseil eocuménique des Eglises à Genève. Son thème présente dès l’abord deux figures qui l’ancrent profondément sur une des zones sensibles de la Russie, à 21° des signes Mutables : Uranus/Vulcanus en Gémeaux et Cupidon/Apollon en Vierge. On peut y déceler le lien profond avec la vie monastique, mais aussi le bannissement et la violence. Cela pourrait correspondre à la déportation de son grand-père, prêtre lui aussi, au Goulag dans les îles Solovki. 15 Le patriarche est un natif de la conjonction Saturne-Pluton de 1947 en Lion. Cet axe peut désigner la redistribution du pouvoir, ainsi que le contrôle des ressources, qu’elles soient matérielles, intellectuelles ou spirituelles. L’axe Point Vernal/Uranus annonce des événements soudains ; avec Jupiter, on peut s’attendre à une prospérité soudaine, à un accroissement du patrimoine. Quelques figures tournent autour du thème du secret : Soleil/Hadès, Nœud Nord/Neptune et en relation avec Pluton. L’essentiel du tableau porte cependantr sur les relations, les Nœuds lunaires étant reliés à Neptune et à Poséidon. Il n’est pas étonnant de constater que ces relations sont essentiellement d’ordre intellectuel et spirituel, avec des personnes cultivées. Les deux conjonctions Uranus-Vulcanus et Cupidon-Apollon connaîtront à Noël 2016 le transit de Saturne à 21° Sagittaire, puis seront affectées de juin 2019 à avril 2020 par le transit d’Uranus à 5° Taureau. Quant à l’axe Saturne/Pluton (à 11° Lion), il sera sensible au transit de Saturne à 26° Sagittaire durant l’année 2017. Avec le Patriarcat de Constantinople comme avec le Vatican, le Patriarcat de Moscou est engagé dans un jeu triangulaire complexe. Jean-Paul II, le pape polonais, avait l’intime conviction que la nouvelle résurrection de son pays – qu’il interprétait comme le résultat d’une volonté providentielle – le désignait tout naturellement pour convertir les Russes orthodoxes « schismatiques ». Devenu le second personnage de l’Église russe, le métropolite Kyrill de Smolensk et Kaliningrad multiplia les déclarations de presse pour dénoncer le prosélytisme mis en œuvre par le Vatican auprès de tous les peuples slaves, notamment en Russie et en Ukraine. Successeur de Jean-Paul II, Benoît XVI s’est opposé à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, entrant en conflit sur ce point avec le patriarche de Constantinople qui défend cette cause, dans la mesure où il attend de l’adhésion de la Turquie – dont on sait qu’elle est dirigée aujourd’hui par les islamistes de l’AKP – la possibilité de créer, sur le territoire canonique du patriarcat de Rome, une Église multinationale orthodoxe soumise à Constantinople. Tenant d’une centralisaiton de type pontifical, le patriarche Bartholomée de Constantinople a ainsi de quoi inquiéter Benoît XVI qui craint de voir le patriarcat oriental revendiquer le même territoire canonique que celui de Rome. Le patriarche est aussi perçu à Rome comme l’ambassadeur de la Turquie musulmane alors que l’Europe chrétienne est confrontée au formidable défi que représente pour elle la croissance très rapide des populations musulmanes issues de l’immigration massive qu’elle subit depuis une quarantaine d’années. On aboutit ainsi à deux visions antagonistes. La première, représentée aujourd’hui par François et Kyrill, revendique l’inscription dans la constitution européenne des « racines chrétiennes » de l’Europe. La seconde, portée par le patriarche Bartholomée, implique la mise sur un pied d’égalité de l’héritage chrétien européen et de la foi musulmane. Après la rencontre, en décembre 2007, du métropolite Kyrill de Smolensk – devenu le patriarche de Moscou – et de Benoît XVI, c’est maintenant la rencontre toute récente, au début 2016, à la Havane, de Kyrill et du pape François, qui relance ce jeu triangulaire, à la veille du Concile pan-orthodoxe qui doit se tenir en juin 2016. Dans une interview accordée, après la rencontre, à la chaîne de télévision Russia Today, le patriache de Moscou explique qu’il considère comme un véritable miracle la renaissance de la foi en Russie : Ce qui s’est passé en Russie dans les années 1990 et 2000, ce qui se produit aujourd’hui du point de vue de la renaissance de la foi, je l’explique par un seul mot : un miracle. Parce qu’après des décennies de domination du régime athée, on a vraiment assisté à une renaissance de la foi, de la foi religieuse. Et cette renaissance a concerné des couches différentes de la société : des gens simples, des gens instruits, l’intelligentsia, le milieu des affaires, le monde politique, tous ont aujourd’hui des liens avec l’Église. Le patriarche Kyrill précise que cette rencontre avec le pape François ne visait en aucune manière à revenir sur les différends théologiques et historiques qui forment un lourd contentieux entre catholiques et orthodoxes, mais de permettre de bâtir tous ensemble une civilisation globale sur la base d’un consens moral commun, qui puisse être partagé également par des non-chrétiens, afin de permettre à notre monde actuel d’échapper d’une part à un affrontement suicidaire entre les Etats-Unis et la Russie, d’autre part, de répondre par des valeurs communes ancrées sur la loi divine et morale à un sécularisme agressif qui règne maintenant dans de nombreux pays occidentaux et qui fait le terreau du terrorisme. 16 LA QUESTION DE L’ASIE CENTRALE C’est sur six mille kilomètres que s’étend, d’ouest en est, la Russie d’Asie. La Sibérie abrite la majorité des réserves russes en matière de potentiel énergétique et de minerais, c’est là que réside la source principale des capacités de puissance de la Russie d’aujourd’hui. Entamée en 1892, la construction du Transsibérien a permis de relier Tcheliabinsk à Vladivostok, avec une branche vers Kharbine et la Mandchourie terminée en priorité à la veille de la guerre russo-japonaise de 1904-1905. Au croisement de l’Ob et du Transsibérien se trouve la ville de Novossibirsk, où a été créée en 1958 Akademgorod, la « Cité des savants ». Après 1990, la longue cohabitation entre Russes et Centrasiatiques a contribué au maintien d’un espace commun, d’autant que le pragmatisme dont a fait preuve Vladimir Poutine dans le contexte des intrusions américaines dans la région a permis non seulement de contenir le refoulement de la puissance russe décidé à Washington mais aussi d’associer, à des degrés divers, sur les plans politique, économique et géostratégique, les anciennes républiques soviétiques à la nouvelle Russie. En 2000, à l’initiative du Kazakhstan, est créée la Communauté économique eurasienne et en 2002 est fondée l’OCTS (Organisation du traité de sécurité collective). 17 Les cinq républiques d’Asie centrale qui ont accédé à l’indépendance en 1990-1991 connaissent des évolutions particulières selon des conditions géopolitiques distinctes, mais les liens consevés avec la Russie leur fournissent un cadre global de négociation et de développement et la possibilité d’apporter des réponses communes aux menaces islamistes. L’Ouzbakistan, plus petit en étendue, représente tout de même le poids lourd démographique de l’ancienne Asie centrale soviétique. Islam Karimov demeure le leader incontesté, et la menace islamiste demeure la grande obsession sécuritaire de Tachkent. Des attentats-suicides sont commis en avril 2005 à Tachkent et à Boukhara, après quoi s’ensuivent les événements d’Andijan, dans la vallée de Ferghana, où les forces de l’ordre font plus d’un millier de victimes lors de la répression d’une manifestation islamiste. Suite aux réprimandes des États-Unis, et alors qu’il reçoit le soutien de la Russie et de la Chine, le leader ouzbek annonce le 30 juillet 2005 que les États-Unis ont six mois pour évacuer la base de Karshi Khanabad – K2 – qu’ils ont installée en 2002, à la suite des événements du 11 septembre 2001. Grâce aux champs de Tengiz et de Kashagan, le Kazakhstan se classe parmi les cinq premiers producteurs mondiaux de pétrole ; il possède également les deuxièmes réserves mondiales d’uranium. Un oléoduc relie Tengiz au port russe de Novorossisk sur la mer Noire et un projet de canal eurasiatique est en cours de développement entre la Russie et le Kazakhstan, qui relierait les mers Caspienne et d’Azov. Leader charismatique du pays, le président Nursultan Nazarbaïev est au pouvoir depuis 1991. Au Kirgisiztan, l’élément géopolitique principal est le contraste entre le nord du pays, plus évolué et plus imprégné de l’influence russe, et le sud, plus pauvre et plus islamisé. Le pays est surtout une zone de transit pour le trafic de la drogue en provenance d’Afghanistan et des affrontements interethniques opposent les Kirghizes aux Ouzbeks, notamment à Och, la principale ville du sud du pays. Porté au pouvoir en mars 2005 par une révolte populaire (la « révolution des tulipes »), le président Bakaïev a été renversé les 6 et 7 avril 2010. L’élection présidentielle d’octobre 2011 a été remportée par le social-démocrate Almazbek Atambaiev et la transition politique s’est faite pacifiquement. Le 20 décembre 2011, le nouveau président indiquait qu’il souhaitait fermer la base militaire américaine de Manas – importante pour la projection de troupes américaines en Afghanistan. Divers contentieux existent avec l’Ouzbékistan, relatifs aux eaux du Syr Daria que le Kirghizistan contrôle en amont ainsi qu’au tracé de la frontière autour de la vallée du Ferghana, un foyer islamiste qui inquiète le gouvernement de Tachkent. La Russie conserve des bases militairs (Kant), des centres d’essai (au lac Issyk Koul) ou des stations de télécommunications sur le territoire kirghize. Les ambitions américaines existent aussi dans la région, le Kirghizistan pouvant offrir à Washington une position à partir de laquelle il lui est possible de surveiller à la fois la Russie, la Chine et l’Iran. La base de Manas a pris d’autant plus d’importance que les États-Unis ont été évincés en 2005 d’Ouzbékistan où ils occupaient la base de Karchi-Khanabad. Le Tadjikistan est la plus pauvre des républiques issues de l’ancienne Asie centrale soviétique. Les premières années qui ont suivi l’indépendance ont été troublées par une guerre civile : un an après l’accession du pays à l’indépendance (9 septembre 1991), il sombre dans une sanglante guerre civile, qui fait suite au coup d’État perpétré par Emomali Rahmonov, et qui fera officiellement une soixantaine de milliers de morts dans les deux camps, celui du régime de Rahmonov, soutenu par la Russie, et celui des adversaires islamistes réunis autour du Parti de la renaissance islamique. En 1997, un accord de paix légitime le régime de Rahmonov mais associe également les islamistes au pouvoir. Une solution qui va les transformer en partenaires responsables et les éloigner de l’islamisme radical favorable aux talibans afghans. La situation n’est pas stabilisée pour autant, dans la mesure où le Mouvement islamique d’Ouzbékistan, lié à Oussama Ben Laden, et le Hizb ab-Tahrir entendent poursuivre la lutte dans l’ensemble de l’Asie centrale ex-soviétique. Tout cela sur fond de trafic de drogue et d’infiltrations de combattants islamistes en Ouzbékistan et au Kirghizistan. Enfin, le Turkménistan est un territoire en majorité désertique (le Kara Koum). Mais il possède d’immenses réserves de gaz. Le pays a été profondément marqué par la dictature de Sapurlurad Niazov, disparu en décembre 2006 ; son ministre de la santé, Gourbangouly Berdymoukhamdov lui a succédé au pouvoir. On peut naturellement dresser des thèmes nationaux pour chacun de ces États indépendants. Il nous semble toutefois plus judicieux de les traiter comme un bloc centrasiatique, en prenant pour base deux thèmes : les éclipses en rapport avec la série de déclarations de souveraineté en 1990 et d’indépendance en 1991. 18 La déclaration de souveraineté prise par la Fédération de Russie le 12 juin 1990 fait suite à trois déclarations précédentes prises par les républiques baltes (la Lituanie le 11 mars 1990 ; l’Estonie le 30 mars et la Lettonie le 4 mai). Dès la fin juin et au courant de l’été, ce mouvement s’étendit dans le Caucase (Géorgie et Arménie), en Asie centrale (Ouzbékistan, Turkménistan, Tadjikistan), ainsi qu’en Biélorussie, en Ukraine et en Moldavie ; fin octobre Kazakhstan et Kirghizistan rejoignirent le mouvement, qui impliquait de facto la désintégration de l’URSS. On peut considérer comme un thème commun à tout l’espace ex-soviétique le thème de l’éclipse solaire du 22 juillet 1990, qui se situe à 29° Cancer. Les transits et directions ultérieures sur ce thème peuvent renseigner sur des circonstances susceptibles d’affecter l’ensemble de cet espace géopolitique eurasiatique. Ce thème nous paraît d’autant plus important en ce qu’il touche la zone de 14° des signes Mutables, une zone particulièrement sensible dans l’histoire de la Russie. Sur cette zone se trouvent, en effet, les axes suivants (reliés à la conjonction Soleil-Lune à 29° Cancer, ainsi qu’à Poséidon, à 29° Balance) : Mars/Saturne, Neptune/Pluton, Pluton/Vulcanus, Admète/Vulcanus. Le tableau paraît plutôt sombre, avec l’indication de revers de fortune, de coups du sort, de développement malsain et excessif dû à des transformations considérables qui s’effectuent avec une trop grande rapidité, enfin de séparation violente (on pense ici à la détérioration des rapports entre l’Ukraine et la Russie). Toutefois, ce tableau évoque aussi une grande transformation dans l’attitude idéologique ou religieuse, une évolution imperceptible de l’esprit pouvant déboucher sur ou étant animée par une sagesse secrète. Il est clair que la rupture avec le communisme a été porteuse de changements considérables dans le mode de vie et de pensée des nombreux peuples renfermés dans les frontières de l’empire soviétique. 19 De même, on peut tenir compte de ce que nous appellerons l’éclipse des indépendances, c’est-àdire l’éclipse du 11 juillet 1991, consécutive d’un mois à l’élection au suffrage universel de Boris Eltsine à la présidence de la fédération de Russie (le 12 juin 1991), en résonance elle aussi avec des déclarations d’indépendance durant toute l’année 1991, à commencer par la Lituanie le 11 février et par la Russie le 8 décembre, avec la constitution de la CEI (Confédération d’États Indépendants). L’intérêt de ce deuxième thème potentiel pour le devenir de l’espace géopolitique ex-soviétique est qu’il est centré sur le lieu de la toute prochaine conjonction Uranus-Neptune (à 19° Capricorne), l’élipse du 11 juillet 1991 se situant dans l’axe des Noeuds et en conjonction de Vulcanus à 19° Cancer, sur le Nœud Nord de Pluton. La lunaison, conjointe à Vulcanus, est reliée, en H 16, à Zeus (à 27° Vierge) et à trois axes (Kronos/Admète, Pluton/Kronos et Mars/Hadès). Le tableau indique les débuts difficiles après la chute d’un gouvernement, le changement de la forme de gouvernement qui permet, mais sous la contrainte de l’intégration aux règles de l’économie de marché, des changements importants et une augmentation de rendement. Avec Mars/Hadès est signalé le risque de conflits débouchant sur des activités martiales (on peut songer aux guerres civiles qui ont accompagné la sortie de l’Union soviétique en Géorgie, au Tadjikistan, et finalement en Ukraine). Une des faiblesses majeures de la nouvelle Russie est sa situation démographique. La Sibérie et le Grand Nord se vident peu à peu : c’est là une situation qui pourrait, à un moment ou un autre, favoriser l’immigration chinoise et coréenne en Sibérie orientale, avec tous les problèmes que peut engendrer une telle évolution. Par ailleurs, des changements climatiques pourraient transformer la donne en atténuant les extrêmes rigueurs de chaud et de froid qui rendent la Sibérie si pénible à vivre : cela pourrait rendre cette terre au sous-sol si riche et au climat ingrat de plus en plus attractive. Il serait hautement souhaitable qu’une exploitation pacifique et intelligente de ces richesses puise profiter aussi bien à la Russie qu’à la Chine et à l’Europe, ainsi qu’aux républiques de l’Asie centrale. C’est là que va se jouer, pour le XXIe siècle, le sort du vaste continent eurasiatique. 20 LES PRINCIPES DE LA POLITIQUE ETRANGERE DE VLADIMIR POUTINE Dans le domaine de la politique étrangère, il apparaît que l’ère de Vladimir Poutine est, pour la Fédération de Russie, celle d’un retour sur la scène internationale après son éviction durant la période de Boris Eltsine. Non seulement la Russie avait été abaissée, par le biais des oligarques, à un statut de type colonial, avec le pillage éhonté de ses richesses et de ses ressources, mais encore elle avait été humiliée et rendue impuissante à intervenir dans les affaires du monde pour y défendre, comme toute puissance, ses intérêts, pour se rendre crédible aux yeux de ses alliés et respectée de ses éventuels ennemis. Le moment le plus significatif avait été l’intervention des forces de l’OTAN contre la Serbie en 1999 et la reconnaissance d’un Kossovo indépendant au mépris des lois internationales. Un précédent qui ouvrait la voie à d’autres aventures et qui, pour la Russie, était d’autant plus dangereux qu’il s’accompagnait d’une poussée de l’OTAN jusqu’aux frontières mêmes de la Fédération. La réponse de la nouvelle Russie viendra en août 2008, à l’occasion de la crise géorgienne. En octobre 1990, le Bloc nationaliste-Table ronde-Géorgie, dirigé par Zviad Gamsakhourdia, un écrivain dissident ultranationaliste, remporte les élections avec 57% des suffrages, contre 30% au parti communiste. Le vainqueur de cette consultation est ensuite élu président de la République en mai 1991, moins d’un mois après la proclamation de l’indépendance. La déception intervient cependant rapidement du fait des méthodes autoritaires du nouveau président et celui-ci doit prendre la fuite en janvier 1992, après un soulèvement armé impliquant certains de ses partisans de la veille. La Géorgie est alors plongée dans la guerre civile, notamment en Mingrélie, la région occidentale du pays. En mai 1992, Edouard Chevanardzé, ancien ministre des Affaires étrangères soviétique, perçu un moment comme l’homme providentiel, est installé au pouvoir, mais il déçoit à son tour rapidement du fait de la crise économique qui traverse le pays, au moment où les Abkhazes rebelles s’emparent de Soukoumi et expulsent les Géorgiens résidant sur leur territoire. L’appui de l’armée russe permet aux troupes géorgiennes d’en finir avec la rébellion de l’ex-président Gamsakhourdia, qui disparaît en janvier 1994. L’Ossétie du Sud suit l’exemple de l’Abkhazie et impose à la Géorgie une indépendance de fait dès 1992. Au sud du pays, l’Adjarie, région autonome de la Géorgie soviétique, située à la jonction des littoraux turc et géorgien de la mer Noire, avec le port de Batoum, prend aussi à ce moment son autonomie de fait vis-à-vis de Tbilissi. Le morcellement du pays et la crise économique qui fragilise les populations vont alors conduire, en novembre 2003, à la démission d’Edouard Chevarnadzé, balayé par les manifestations populaires dont les médias occidentaiux vont faire la « révolution des roses ». Le mouvement est encadré par les activistes pro-occidentaux de l’organisation Kmara (« Assez »). Mikhaïl Saakachvili, formé aux ÉtatsUnis, accède au pouvoir en janvier 2004. Il réintègre dès 2004 l’Adjarie dissidente dans le giron géorgien. Mais, critiqué pour ses tendances autoritaires, il devient à son tour impopulaire. 21 Le 7 août 2008, Saakachvili part à la reconquête de l’Ossétie du Sud ; il lance son armée sur Tskhinvali, la capitale de l’Ossétie du Sud, où s’engage un nettoyage ethnique des Ossètes, causant environ 2 000 victimes, alors qu’une cinquantaine de soldats de la force d’interposition russe sont tués. Moscou réagit militairement et refoule vers Tbilissi les forces géorgiennes mises en déroute. La proclamation de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud clôt la crise. La perspective d’une adhésion de la Géorgie à l’OTAN s’éloigne temporairement. Cette guerre a révélé aussi l’importance que revêt pour les Russes le port militaire de Sébastopol à partir duquel la flotte russe a pu établir un blocus naval de la Géorgie, où les installations du port de Poti ont été détruites. Dans un article du Bulletin d’astrologie mondiale (BAM) datant de juin 2015, nous avons analysé la doctrine de Vladimir Poutine en matière de politique étrangère, qui a été formulée en toute clarté le 10 février 2007 à Munich, lors d’une Conférence sur la sécurité européenne. Cette doctrine ne consiste nullement en une soi-disant prétention à réinstaller la nouvelle Russie dans les frontières de l’ex-Union soviétique, mais elle vise à l’instauration d’un système mondial multipolaire. Vladimir Poutine fit alors un réquisitoire contre les interventions américaines dans le monde entier et leur effet dévastateur sur la sécurité du monde, contestant à Washington le rôle de seule superpuissance mondiale. Sept ans plus tard, le 24 octobre 2014, Vladimir Poutine expliqua à nouveau, lors d’une rencontre avec les membres du Club international de Valdaï qui se tenait à Sotchi, ses objectifs très clairement et sans ambiguïté, livrant en quelque sorte sa doctrine politique, sa compréhension des relations internationales dans le cadre d’une vision du ponde qui évolue dans le sens du passage d’une époque à une autre, d’un monde bipolaire à un monde multipolaire. La « doctrine Poutine » prend pour point de départ la nécessité de comprendre les raisons de l’augmentation de l’insécurité et des tensions dans le monde actuel et la constatation d’un tournant historique : les mécanismes visant à assurer l’ordre mondial – mécanismes créés dans la période suivant immédiatement la Seconde Guerre mondiale – sont obsolescents et il convient de procéder à une reconstruction rationnelle et à une adaptation aux nouvelles réalités du système des relations internationales. Vladimir Poutine souligne la responsabilité des États-Unis, vainqueurs de la Guerre Froide, dans le déséquilibre profond du système actuel. La notion de souveraineté nationale est constamment relativisée et l’hyperpuissance tente de mettre au pas ceux qui sont réticents : Les mesures prises contre ceux qui refusent de se soumettre sont bien connues et ont été essayées et testées de nombreuses fois. Elles comprennent l’usage de la force, la pression économique et la propagande, l’ingérence dans les affaires intérieures, et les appels à une sorte de légitimité « supra-légale » lorsqu’ils ont besoin de justifier une intervention illégale dans tel ou tel conflit ou de renverser des régimes qui dérangent. Dernièrement, nous avons de plus en plus de preuves que le chantage pur et simple a également été utilisé en ce qui concerne un certain nombre de dirigeants. Ce n’est pas pour rien que « Big Brother » dépense des milliards de dollars pour tenir sous surveillance le monde entier, y compris ses propres alliés les plus proches. Le résultat de ces ingérences est une escalade des conflits et une propagation du chaos du fait du soutien à des forces non démocratiques (néo-fascistes en Ukraine, islamistes radicaux en Syrie). Quant aux sanctions économiques fulminées contre la Russie, elles sapent les fondements du commerce mondial, les règles de l’OMC et le principe de l’inviolabilité de la propriété privée. Le président russe attire l’attention sur le caractère contre-productif de cette attitude qui engendre dans de nombreux pays une désillusion quant aux fruits de la mondialisation. Le résultat en est la mise en place de systèmes financiers de paiement et de monnaies de réserve alternatifs. Pour autant, la Russie ne mène pas une politique isolationniste et ne cherche aucunement une rupture avec l’Europe. Mais si l’on ne respecte pas les règles, les symptômes de l’anarchie mondiale vont s’accroître et l’on court le risque de conflits violents avec la participation directe ou indirecte des plus grandes puissances mondiales : La question de la préservation de la souveraineté devient presque primordiale dans le maintien et le renforcement de la stabilité mondiale. Peut-être le plus important est-il le respect de ses partenaires et de leurs intérêts. C’est une formule évidente, mais le fait de la respecter, tout simplement, pourrait changer radicalement la situation mondiale. 22 L’orateur rappelle enfin l’urgent besoin de prudence et de capacité à éviter toutes mesures irréfléchies. Sinon, il existe un fort risque d’effondrement de l’ordre mondial. C’est en quelque sorte une vision gaullienne de l’Europe et du monde, ainsi que de la souveraineté de la Russie que défend Vladimir Poutine. La Fédération de Russie bénéficie, depuis 2004, d’une parfaite concordance dans la conduite de ses affaires étrangères grâce à la collaboration continue entre le président et le ministre des Affaires étrangères. Au début mars 2016, Serguéi Lavrov, en poste depuis douze ans, a brossé un tableau des fondements historiques de la diplomatie russe, n’hésitant pas à remonter jusqu’à la période de la domination mongole (du milieu du XIIIe siècle à la fin du XIVe siècle). Il rappelle que la Russie a célébré en 2015 le 70 anniversaire de la Victoire, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, a commémoré en 2014 le centenaire de la Première Guerre mondiale et en 2012 le bicentenaire de la bataille de Borodino et les 400 ans de la libération de Moscou des envahisseurs polonais. Il insiste surtout sur le fait que l’invasion mongole a été pour le peuple russe une période tragique et cruciale à bien des égards, mais qui a permis finalement d’accélérer l’émergence d’une nouvelle nation et donné un élan supplémentaire pour son développement. Il se réfère à la politique du Grand Prince Alexandre Nevski, qui choisit de se soumettre temporairement à la Horde d’Or, dont les chefs étaient tolérants envers le christianisme, pour affirmer le droit des Russes à avoir leur propre religion et à décider de leur destin, en dépit des tentatives de l’Occident de s’emparer des terres russes et de priver les Russes de leur identité. Serguéï Lavrov signale aussi que les principes du système westphalien, et en particulier le respect de la souveraineté des Etats, est considéré comme important par la Russie. Durant les deux derniers siècles, toutes les tentatives d’unifier l’Europe sans la Russie, et contre elle, ont à chaque fois conduit à de terribles tragédies, et la Russie a pris une part décisive pour en surmonter les conséquences, comme ce fut le cas après les guerres napoléoniennes qui conduisirent le tsar Alexandre Ier à mettre en avant l’idée selon laquelle les intérêts nationaux doivent être subordonnés aux objectifs communs, avant tout le maintien de la paix et de l’ordre en Europe. e Né le 21 mars 1950 à Moscou dans une famille arménienne originaire de Tbilissi, Serguéï Lavrov a été nommé ministre des Affaires étrangères le 9 mars 2004. Il est l'un des hommes clefs du gouvernement de Vladimir Poutine et son maintien en poste assure à la Russie une grande continuité dans sa politique étrangère. Ce thème, avec un Soleil ancré sur le Point Vernal, témoigne d’une grande puissance intellectuelle, d’une grande fermeté de caractère et d’un sens des relations et de la 23 communication qui font de Serguéï Lavrov un diplomate de haut vol. La signature de l’axe Nœud Nord/Mercure conjoint au Soleil témoigne de l’importance des échanges, de la communication, des documents ; avec Admète, s’y ajoute la marque d’une pensée profonde. A l’opposé (à 0° Balance), Saturne/Neptune conjoint à Mars indique en premier lieu le lien du personnage avec un pays régi par le cycle Saturne-Neptune ; on peut y voir aussi la dissolution d’une structure établie (sans doute, la disparition de l’URSS), éventuellement l’indice de déceptions (avec Pluton) et d’un épanouissement entravé (avec Admète). Au même endroit, l’axe Apollon/Poséidon correspond à la diffusion et à la propagation des idées et témoigne de fermeté et de stabilité, d’une personnalité qui s’en tient imperturbablement à ses principes. Vulcanus/Poséidon (à 15° Lion), relié à Pluton, correspond à la puissance d’un pouvoir idéologique, au développement du sens de l’honneur, de la fierté, de la conscience de sa valeur personnelle. L’activité de l’esprit est intense, la façon d’agir empreinte de générosité, d’honnêteté et de dignité. Avec Admète, le personnage jouit de beaucoup de considération dans des cercles restreints, avec Uranus, il peut lui arriver de jouir soudainement d’honneurs et de dignités. L’axe Nœud Nord/Vulcanus (à 15° Taureau) indique d’une part beaucoup de zèle et des relations puissantes et influentes, d’autre part, avec le Soleil, un grand charisme, que renforce l’axe Vulcanus/Poséidon=Soleil. Le thème de la nomination de Serguéï Lavrov au poste de ministre des Affaires étrangères, le 9 mars 2004, mérite d’être pris en considération. Il résonne sur les points sensibles du thème examinés plus haut et peut être lu selon le cycle Saturne-Pluton, avec l’axe Saturne/Pluton à 0° Balance, sur l’axe Cardinal. Mercure transite sur le Mercure natal, Jupiter, conjoint à l’axe Zeus/Poséidon, sur Saturne, l’opposition Pluton-Hadès sur Vulcanus et Mars sur Kronos. Ce dernier axe indique le pouvoir d’Etat et constitue la formule de base pour un grand gestionnaire et organisateur, tandis que Zeus/Poséidon se rapporte à un commandement, à une direction intellectuelle et, avec Jupiter, prouve la pertinence du choix. Toutefois, l’opposition Pluton/Hadès tombant sur Vulcanus correspond à un manque de sérieux, à de la malhonnêteté, à l’aggravation d’une situation : connaissant le thème natal de Serguéï Lavrov, on serait tenté de rapporter ces indications non pas à lui, mais au climat régnant dans les relations internationales, en constante dégradation depuis l’essor des ambitions stratégiques d’un monde unipolaire portées par les Etats-Unis. 24 Dans la pratique, les résultats combinés des deux guerres en Tchétchénie, de la guerre en Géorgie, de la guerre civile en Ukraine, de la menace terroriste au Daghestan, de l’insurrection wahhabite au Tadjikistan et du chaos provoqué par les États-Unis en Irak ont tous contribué à la définition et à la mise en œuvre d’une politique à long terme de la Russie pour cuirasser son maillon faible, son « ventre mou » dans le sud. Une division d’élite motorisée a été déployée au Tadjikistan. La 58 armée basée dans et autour de la Tchétchénie, l’une des mieux entraînées et équipées des forces russes, peut compter sur le soutien total des forces tchétchènes loyales à Ramzan Kadyrov, qui sont les forces armées les plus expérimentées du Caucase. La Flotte de la mer Noire a retrouvé une importance particulière avec la guerre civile en Ukraine et après la guerre en Géorgie. Au cours des dernières décennies, la Russie a investi des ressources considérables dans le développement d’une politique à multiples dimensions vers le Sud et l’Est. Au niveau politique, des organisations telles que l’OCS, l’OTSC et les BRICS forment un réseau d’alliances sur le soutien desquelles la Russie peut compter. Sur un plan militaire, la Russie a installé des verrous sur son flanc sud en mer Noire, au Caucase et en Asie centrale et a développé ses capacités d’envoyer des renforts puissants à ces verrous. En effet, la Russie a créé un cordon sanitaire pour se protéger elle-même de l’instabilité sur sa frontière méridionale. Cette combinaison de mesures politiques et militaires a donné à la Russie un haut niveau de souplesse pour répondre à n’importe quelle crise ou défi. Enfin, le résultat des pressions de l’OTAN aux frontières de la Russie a été le renforcement spectaculaire du partenariat stratégique entre la Russie et la Chine ; il ne s’agit pas d’une subordination de Moscou à Pékin, mais d’une relation symbiotique en hausse, minutieusement développée en plusieurs étapes. Avec l’extension probable de ce partenariat à l’Inde et à l’Iran, c’est une Grande Asie qui est en train de naître, potentiellement le noyau d’une Eurasie totale incluant l’Europe. e Nous ne traiterons pas ici, des relations de la Russie avec la Chine et les États-Unis : cela fera l’objet du numéro 11 de la Revue d’astrologie mondiale, dont la parution est prévue en principe pour décembre 2016. Nous ne traiterons pas non plus ici des positions de la Russie en relation avec la crise ukrainienne et avec la crise syrienne. Nous avons consacré à ces sujets plusieurs articles de notre Bulletin d’astrologie mondiale, dont nous donnons ci-dessous la liste : BAM 2014 – 1 – L’Ukraine à la croisée des chemins - http://ridoux.fr/spip/IMG/pdf/-64.pdf BAM 2014 – 7 – Ukraine, vers la partition - http://ridoux.fr/spip/IMG/pdf/-70.pdf BAM 2015 – 6 – Ukraine – Entre guerre et paix - http://ridoux.fr/spip/IMG/pdf/-18.pdf BAM 2015 – 13 – Vers une solution confédérale en Ukraine - http://ridoux.fr/spip/IMG/pdf/-25.pdf BAM 2013 – 5 – La crise syrienne - http://ridoux.fr/spip/IMG/pdf/-59.pdf BAM 2014 – 5 – L’offensive djihadiste en Irak - http://ridoux.fr/spip/IMG/pdf/-68.pdf BAM 2015 – 12 – Expansion de l’État islamique - http://ridoux.fr/spip/IMG/pdf/-24.pdf BAM 2015 – 17 – L’intervention russe en Syrie - http://ridoux.fr/spip/IMG/pdf/-29.pdf BAM 2016 – 2 – Intensification de la guerre en Syrie - http://ridoux.fr/spip/IMG/pdf/-102.pdf Charles Ridoux Amfroipret, le 12 mars 2016