La France au cœur de la FINUL

Transcription

La France au cœur de la FINUL
Dossier Liban
Janvier – Février – Mars 2011 – 90e année – n° 1/4
La France
au cœur de la FINUL
ENTRETIEN
Antoine Sfeir, Directeur du Centre d’études
et de réflexions sur le Proche-Orient
20e ANNIVERSAIRE DE LA GUERRE DU GOLFE
Témoignage d’un réserviste
LES VŒUX DE L’UNOR
Quels enjeux pour l’avenir ?
LA BOUTIQUE DE L’UNOR
Bottes de feu PRO
Bunker
Détecteur de métaux
rechargeable
Radio ALAN
2 génération
Chronographe
Série limitée Curtiss
ème
Découvrez les nouveautés
de la boutique!
Système de
géolocalisation
Chronographe
Déclic rouge
Bracelet
UTC
Mini alarme GSM
Rendez-vous sur
http://unor.boutikasso.fr
Chacun de vos achats contribue à soutenir notre action
Contactez la boutique en écrivant à [email protected]
C’est aux civils [ Georges Clemenceau ]
de défendre la guerre
COMITÉ DE PARRAINAGE
M. Gérard LONGUET,
Ministre de la Défense
et des anciens Combattants
M. Francis DELON,
Secrétaire général
de la Défense nationale
M. Laurent COLLET-BILLON,
Délégué général pour l’Armement
M. l’amiral Edouard GUILLAUD,
Chef d’état-major des Armées
M. le général d’Armée Elrick IRASTORZA,
Chef d’état-major de l’armée de Terre
M. l’amiral Pierre-François FORISSIER,
Chef d’état-major de la Marine
M. le général d’Armée Aérienne
Jean-Paul PALOMÉROS,
Chef d’état-major de l’armée de l’Air
M. le général d’Armée Jacques MIGNAUX,
Directeur général de la Gendarmerie nationale
M. le médecin général des armées Gérard NÉDELLEC,
Directeur central du Service de santé des armées
M. l’ingénieur général Vincent GAUTHIER,
Directeur central du Service des essences des armées
M. le commissaire général
de corps d’armée Pierre PORCIN
Directeur central du Service
du commissariat des armées
M. le général de corps d’Armée Bruno DARY,
Gouverneur militaire de Paris,
commandant la région Terre Ile-de-France
M. le général de brigade Jean-Sébastien TAVERNIER,
Secrétaire général du Conseil supérieur
de la réserve militaire
M. le général de brigade Robert THOMAS
Délégué aux réserves de l’armée de Terre
M. le général de brigade aérienne Pascal HAMET,
Délégué aux réserves de l’armée de l’Air
M. le médecin chef des services Luc GUILLOU
Délégué aux réserves du Service de santé des armées
M. le contre-amiral Jean-Louis VICHOT,
Commandant du Centre d’enseignement
supérieur de la Marine
et délégué aux réserves de la marine
M. le général de division Jean DANÈDE,
Délégué aux réserves de la gendarmerie nationale
M. le colonel Michel RENAUT,
Délégué aux réserves de la DGA
M. l’Ingénieur général de 2nde classe
Jean-Nicolas NOVIANT
Délégué aux réserves du Service
des essences des Armées
C’est aux militaires [ Maréchal Alphonse Juin ]
de défendre la paix
EN COUVERTURE
Place de France au QG de la FINUL à Naqoura, Liban (© Alain Bourderau ), Antoine Sfeir (© Lionel Pétillon)
5
Editorial
Par le colonel (R)
Jacques Vitrolles,
président de l’UNOR
22 L’entretien
❚ Antoine Sfeir
Président du Centre d'études et
de réflexions sur le Proche-Orient
6
Actualité
❚ Féminisation des troupes
❚ JNR le 4 mai
❚ Une réserve de sécurité nationale
❚ Coëtquidan : la gendarmerie
en tête
❚ Le CID redevient
l’Ecole de guerre
❚ Gérard Longuet aux commandes
❚ In memoriam
26
10 Actualités internationales
❚ CIOR : Partenariat
pour la Paix en Bulgarie
❚ Allemagne : suspension
de la conscription
❚ Afghanistan : les campagnes
comptent double
La vie de l’UNOR
Les vœux de l’UNOR aux réservistes
et au commandement
31 Associations territoriales
❚ Editorial du médecin en chef (R)
Jean-Yves Gourvil, premier viceprésident
❚ AOR Lens : retour sur les dessins
de Noël
❚ UORRM : vœux des Mulhousiens
❚ AOR 21 : 22e Raid Côte d’Or
❚ AOR Essonne : les archives
au SHD
❚ ACR 74 : biathlon national annulé
38 Commémoration
❚ Guerre du Golfe - Daguet :
20 ans déjà !
❚ Témoignage d’un réserviste
12 Dernière Minute
❚ Lybie : opération Harmattan
42 Lu pour vous
14 Sous la loupe
❚ Le partenariat Entreprises-Défense
16
❚ Entretien avec Philibert de Loisy
❚ Notre sélection
Dossier Liban
47 Publications officielles
FINUL : la France au cœur du dispositif
Un réserviste 4 mois à Beyrouth
50 Courrier des lecteurs
REVUE D’INFORMATION ET DE LIAISON DE L’UNION NATIONALE DES OFFICIERS DE RÉSERVE ET DES ORGANISATIONS DE RÉSERVISTES
(4 numéros/an)
|
|
|
|
Administration-rédaction : 12, rue Marie-Laurencin, 75012 Paris - Tél. : 01 43 47 40 16 – Télécopie : 01 49 28 02 87 - Courriel : [email protected] | Site internet : www.unor.org |
Directeur de la publication : colonel (R) Jacques Vitrolles, président de l’Union Nationale des Officiers de Réser ve et des Organisations de Réser vistes |
Rédacteur en chef : capitaine (R) Lionel Pétillon | Photographe : Denys Chappey | Dépôt légal : 1 er trimestre 2011 | N° Commission paritaire : 0514 G 84894 |
Conception, réalisation et impression : Imprimerie Decombat, 63360 Gerzat | Publicité : siège de la rédaction | I.S.S.N. n° 004.2242.
(1) Ancien titre : L’Officier de Réserve
La rédaction n’est pas responsable des documents qui lui sont adressés et n’est en aucun cas tenue de les retourner. Si l’auteur souhaite être publié (texte et photos), il est impératif qu’il inscrive à la main la mention « bon
pour publication ». Les textes sélectionnés ne donnent pas lieu à rétribution, et peuvent subir des modifications en vue d’une parution. Les textes publiés n’engagent que leurs auteurs.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘3
(1)
Activités
[ 1er trimestre 2011 ]
L’agenda du Président de l’UNOR
Janvier
12 janvier
13 janvier
14 janvier
18 janvier
19 janvier
24 janvier
Vœux de l’UNOR à l’Ecole militaire - Paris
Entretien avec le général Thomas, DRAT - Paris
Entretien avec le général Jarry, coordinateur des réserves (EMA)
Vœux du ministre de la Défense - Paris
Rencontre avec Jacques Gérault, directeur de cabinet du ministre de la Défense
Journée préparatoire CIOR à l’EMA
Réunion avec le général Jarry, coordinateur des réserves (EMA)
Février
9-12 février
18 février
25 février
Session d’hiver de la CIOR - Bruxelles
Entretien avec le LCL (H) Brard de l’ANOH
Réunion des présidents d’associations nationales d’armées
Réunion de bureau de l’UNOR
Entretien avec le contrôleur général des armées
Mars
16 mars
19 mars
25 mars
26 mars
Conseil d’administration de l’ANOH (représenté par le COL (R) Mourot)
Rencontre franco-allemande - Mulhouse
Nuit des officiers de l’UORRM - Mulhouse
Conseil d’administration de l’UNOR - Paris
Assemblée générale de l’UNOR - Paris
Ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe - Paris
Avril
2 avril
7-10 avril
Assemblée générale AOR Dijon
Session intermédiaire CIOR à Bergen - Norvège
4 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
Editorial [ Colonel (R) Jacques Vitrolles]
Président de l’UNOR
oici une année 2011 qui a commencé
sur les « chapeaux de roues ». Tout
va vite, très vite, et peut être un peu
trop vite. Votre bureau doit cependant
faire face à ce mouvement perpétuel qui
ne favorise pas la sérénité de la réflexion.
V
© Lionel Pétillon
Chers camarades, chers amis,
La nomination du nouveau ministre de la
Défense a été l’occasion de prendre contact
directement avec son chef de cabinet,
opportunité exploitée grâce à l’un de mes
prédécesseurs, notre ami Etienne Tissot.
Qu’il en soit remercié.
Cet entretien a permis de faire connaître
notre Union et surtout reconnaître qu’elle
doit être considérée comme un outil de
réflexion au profit de l’institution
militaire. Quelques sujets importants ont
été abordés lors de cet entretien. Ils font
d’ailleurs l’objet, actuellement, d’une
enquête du contrôle général des armées.
La réflexion s’articule autour de trois
thèmes principaux :
- La gouvernance de la réserve,
- La réserve opérationnelle,
- La réserve citoyenne.
Ce fut l’occasion pour nous de travailler
en parfaite collaboration avec tous les
membres du bureau. Ce travail a permis
la rédaction de quatre fiches de synhèse ;
la dernière étant consacrée à l’UNOR et
à son rôle potentiel notamment avec nos
officiers honoraires qui représentent une
force qui doit être utilisée et mise en valeur.
Tous les présidents nationaux ont participé
à cette réflexion de fond. Ces projets seront
bientôt diffusés à tous les participants
pour validation définitive. Dès lors, nous
pourrons envisager une communication
de ces travaux au plus haut niveau. Cette
communication se fera naturellement en
interne dans toutes nos structures.
Au-delà de ce travail de réflexion, la
gestion de notre belle Union est une
préoccupation naturelle et l’élargissement de sa représentativité un souci
permanent. De nouvelles associations
nationales ont souhaité nous rejoindre
pour travailler ensemble. J’espère
que dans les prochains mois nous
pourrons formaliser ces demandes et
nous retrouver encore plus nombreux
dans la défense de notre idéal.
Au plan international, les choses avancent
aussi. Les quelques semaines qui
viennent de s’écouler m’ont aussi
conduites à Bruxelles dans le cadre de mes
fonctions à la CIOR.
Notre délégation a dû, une fois de plus,
faire face à des tentatives hégémoniques
en vue de faire disparaître notre belle
langue de cette institution. Heureusement,
nous sommes parvenus à maintenir la
tradition grâce à la coopération de nombreux amis, y compris anglo-saxons. Ceci
étant, nous devrons rester toujours vigilants.
La présidence française de cette institution arrive vers nous à grand pas et la
montée en puissance est entamée. Nos
correspondants dans cette affaire sont
désormais parfaitement identifiés et le
travail de fond a commencé.
Naturellement, les aspects budgétaires ne
sont pas absents de cette préparation, mais
c’est un préalable nécessaire. L’équipe se
met progressivement en place et je lui
souhaite une pleine et entière réussite.
Enfin, le développement des jumelages
que j’appelais de mes vœux prend forme.
Si les allemands restent des partenaires
privilégiés, j’ai souhaité nouer des
relations bilatérales plus importantes avec
nos voisins immédiats.
Nous avons à l’évidence des expériences
à partager avec eux. Nos camarades
espagnols étaient venus au congrès de
Toulouse. Prochainement, nous nous
rendrons en Italie et les associations suisse
et belge font aussi partie de nos objectifs
de partenariat.
Les mois qui viennent seront très
importants pour la réserve. Les réformes
et enquêtes en cours déboucheront à
l’évidence sur des évolutions supplémentaires par rapport à ce que nous
connaissons aujourd’hui.
La contrainte budgétaire, même si elle
est bien réelle, ne doit pas être l’unique
critère de décision. Il nous reviendra de
faire valoir nos opinions, nos avis et nos
idées pour que, demain, le ou les systèmes
de réserve mis en œuvre soient cohérents,
coordonnés et préservent le caractère
militaire de cette réserve à laquelle nous
participons avec conviction.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘5
Actualités
[ Féminisation des troupes ]
Des effectifs en hausse
Selon l’enquête « Les militaires et leur famille » publié en juin dernier, le taux de féminisation
de nos armées continue de progresser, atteignant 15% en 2009 contre 9% en 2001.
effectif des femmes militaires
est donc de 50 000 sur
un effectif total de 339 400
militaires. La représentation des
femmes par armée, direction et
service présente de fortes disparités.
Si l’armée de terre concentre à elle
seule le tiers des effectifs (13 500
femmes), elle est, en proportion,
la moins féminisée (10%).
A l’opposé, un militaire du SSA sur
deux est une femme mais compte
tenu de son poids dans les effectifs globaux, celui-ci représente à peine 10%
de la population féminine.
Entre ces deux extrêmes, la Marine,
le SEA, la gendarmerie et la DGA
ont un taux de féminisation assez
comparable, variant entre 12% et
14%. L’armée de l’air se distingue
de ce dernier groupe par une
représentation plus forte des
femmes, qui reste toutefois largement
inférieure à celle du SSA (21%).
L’
UNE ANCIENNETÉ MOINDRE
Les femmes militaires sont plus
nombreuses, en proportion, au sein
des catégories hiérarchiques les moins
élevées. Elles représentent ainsi
17% des militaires du rang et 16%
des sous-officiers subalternes. Leur
ancienneté moindre explique en
partie ce résultat : plus récemment
entrées dans les armées, elles n’ont pas
encore atteint les grades les plus
élevés de leur catégorie.
Ainsi, les officiers supérieurs
féminins sont presque trois fois moins
nombreux en proportion que les
officiers subalternes, respectivement
5% et 14%. La même différence
s’observe, à un degré moindre, entre
les sous-officiers supérieurs et sousofficiers subalternes, respectivement
11% et 16%.
MÊME CONSTAT POUR LA RÉSERVE
La réserve s’inscrit elle aussi dans ce
même constat de progression comme
le soulignait de son côté le Bilan social
2009 produit par le Secrétariat
général pour l’administration. Le taux
de féminisation des reser vistes
opérationnels s'établit à 18% en 2009,
soit 1% de plus qu’en 2008. Quant à
Taux de féminisation en %
Effectifs
Armée de terre
10
13 500
Marine
12
5 200
Armée de l’air
21
11 700
Gendarmerie
14
13 800
SSA
50
4 700
SEA
14
200
DGA
12
200
Total
49 300
Taux de féminisation et effectifs féminins selon l’armée ou la formation de rattachement.
6 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
celui des réservistes citoyens (sur un
total de 2 536 en 2009), il est de 13,8%
contre 8% en 2007.
■
Sources : DRH-MD/SDEP/Enquête
«Les militaires et leur famille», 2009
En bref…
LES PRÉPARATIONS MILITAIRES AIR,
destinées aux français âgés de 16 à 30
ans, sont composées d’un « stage
d’initiation » de 7 jours, suivi d’un
« stage de perfectionnement » de
5 jours, sanctionnés par la délivrance
d’une attestation et d’un brevet.
Prochaine édition du 4 au 15 juillet
sur la base 702 d’Avord (18). Les
titulaires du brevet auront la possibilité de souscrire un contrat de réserviste
opérationnel. Rens. : 02 48 68 40 98
LE COLONEL (R) JEAN-NOËL RACHET,
chargé de mission Communication
et NTIC au Secrétariat général
du CSRM, a quitté la réserve
opérationnelle après une longue
carrière dans l'arme du Train.
UNE AFFICHE DE L’APPEL DU 18 JUIN
originale a été adjugée 6 600 €
lors d’une vente aux enchères en
Indre-et-Loire, en novembre dernier.
LE RECENSEMENT CITOYEN obligatoire
dès l’âge de 16 ans est désormais
réalisable en ligne. Il suffit de créer un
compte sur mon.service-public.fr pour
accéder à la démarche « Recensement
citoyen obligatoire », puis de numériser les documents demandés. Le jeune
reçoit ensuite l’attestation directement
dans son espace confidentiel sur
mon.service-public.fr. Chaque année,
quelque 800 000 jeunes de nationalité
française doivent se faire recenser.
Actualités
[ 11e édition de la JNR ]
Cette année… le 4 mai
près nous avoir expliqué l’an
passé que le 7 mai, veille du 8
(journée consacrée à la commémoration de la fin de la 2nde Guerre
mondiale), était la meilleure des dates
A
LA 13E DBLE quitte
Djibouti où elle stationnait depuis 1962. Elle
rejoindra les Emirats
Arabes Unis à l’été 2011 pour
une nouvelle mission.
GENEVIÈVE DE GALARD, ancienne
infirmière, convoyeuse de l'air qui
s’était illustrée à Dien Bien Phu, a été
élevée à la dignité de grand officier
de la Légion d’honneur (promotion
déc. 2010). JOSEPH MULLER,
colonel de réserve et patron des
éditions Muller a, quant à lui, était
promu au grade d’officier.
« MALGRÉ LES RESTRUCTURATIONS
en cours, et la fermeture programmée de
nombreuses bases aériennes, la montée en
puissance doit être poursuivie et la cible
fixée pour la fin de l’année 2011 sera de
5 850 ESR avec, à terme, un objectif
de 6 400 ESR d’ici à 2015 », a écrit le
général Pascal Hamet, Délégué aux
réserves de l’armée de l’air, dans ses
vœux aux réservistes.
MISE EN LIGNE DU CATALOGUE des
collections de la bibliothèque du
Service historique de la Défense
(SHD). Avec près de 200 000
références, il regroupe les documents
des bibliothèques de l'armée de terre,
de la marine, de l'armée de l'air et de
la gendarmerie.
www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr
possibles, la JNR 2011 aura donc lieu
cette année le 4 mai !
Le thème retenu cette fois est celui des
"jeunes et l'esprit de défense". Selon
le ministère de la Défense, cette
nouvelle JNR est « destinée à mettre en
avant ceux de nos concitoyens qui ont
choisi d'entrer dans la réserve militaire, afin
de faire connaitre aux jeunes Français les
perspectives qu'elle offre ; cette journée
s'inscrit également en cohérence avec
l'année internationale de la jeunesse,
organisée par l'UNESCO. »
PAR UN BEAU MERCREDI
Pour sensibiliser les jeunes à cet engagement citoyen, seront donc organisés
des cérémonies officielles, des rencontres, des débats, des expositions,
des rallyes, des commémorations et
autres manifestations sur l’ensemble
du territoire national, dont le ravi-
© Ministère de la Défense
La 11e Journée nationale du réserviste aura cette fois pour thème "les jeunes et l'esprit
de défense". Au programme : cérémonies, débats, expositions, rencontres...
vage de la Flamme, sous l’arc de
Triomphe, à 18h30. La liste des
manifestations sera en permanence
mise à jour sur le site du ministère de
la Défense, à partir du mois d'avril.
Les réservistes, comme chaque année,
répondent d’ores et déjà présents
pour soutenir l’action et relayer
l’information.
■
Sources : ministère de la Défense
[ Projet de loi ]
Une réserve de sécurité nationale
La commission des Affaires étrangères, de la Défense et des
forces armées du Sénat a adopté, le 10 mars, une proposition
de loi sur les réserves.
e texte vise à faciliter l'utilisation
des réserves militaires et civiles,
notamment au travers d’une
« procédure exceptionnelle de mobilisation des
réservistes militaires et civils en cas de crise
majeure ».
Construit à partir du rapport “Pour la
réserve de sécurité nationale” présenté
en décembre 2010 par les sénateurs
Michel Boutant (PS) et Joëlle GarriaudMaylam (UMP), la commission a
adopté un article additionnel visant à
C
« moderniser le dispositif dit « de service de
défense » qui permet, en cas de crise majeure,
aux administrations et entreprises d'importance vitale pour le bon fonctionnement du
pays, de maintenir leurs salariés en poste ».
Adoptée par la commission à l'unanimité, avec l'approbation du gouvernement, la proposition de loi est soumise
au vote des sénateurs le 30 mars.
Notre revue Armée & Défense étant
sous presse à ce moment là… suite au
prochain numéro.
■
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘7
Actualités
[ Coëtquidan ]
La gendarmerie en tête de peloton
La gendarmerie a toujours la cote auprès des élèves de l'ESM
qui la placent en tête de leur choix à l’issue de leur scolarité.
epuis 2006, la gendarmerie est en
tête du choix des Cyrards selon
un tableau publié par le
Casoar, la revue trimestrielle de la
Saint-Cyrienne. Seule entorse à ce
classement, l’année 2009 où elle arrive
en deuxième position !
Derrière la gendarmerie (26 sur 144),
les élèves de l’Ecole Spéciale Militaire
(ESM) choisissent en deuxième
place l'arme blindée cavalerie, puis
l'infanterie et l'Alat. Viennent ensuite
le génie, l'artillerie, le train, les
transmissions et le matériel.
D
VISITE VIRTUELLE
Dans un tout autre domaine, sachez
que depuis fin novembre 2010, le site
Internet des écoles de Saint-Cyr
Coëtquidan permet d’accéder à une
visite en trois dimensions. Plus de 30
scènes immergent les internautes dans
une visite virtuelle de l’école et de
ses activités.
On peut notamment découvrir la
formation des élèves, les locaux de
l’école, ainsi que les activités
militaires, académiques et
traditionnelles. Outre ces visites en
[ Ecole militaire ]
Le CID est redevenu
l’Ecole de guerre
Le 20 janvier, le ministre de la Défense, a officialisé
le changement de nom du Collège interarmées de défense
(CID) qui (re)prend, celui d'École de guerre.
e CID avait été fondé le 1er septembre 1993 de la fusion des écoles
supérieures de guerre (terre, air,
marine et gendarmerie) ainsi que du
Cours supérieur interarmées, dans un
contexte d'apaisement des relations
© EMA/Enseignement militaire supérieur
L
Le CEMA et le ministre de la Défense lors du
baptême de la 18e promotion de l'École de guerre.
8 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
internationales post-guerre froide.
Dans son ordre du jour, Alain Juppé
a réaffirmé « l’identité de cette école
du savoir et de la décision », rappelant
que « c’est ici que l’on doit penser,
comprendre et apprendre la guerre ».
Pour le ministre, ce changement
d’appellation traduit donc la volonté
de mieux identifier les objectifs de
l’enseignement militaire.
Tournée vers l'extérieur, l'École de
guerre reçoit à chaque promotion plus
de 200 intervenants qui permettent
aux stagiaires d'appréhender les
problématiques civiles et militaires du
monde moderne. La 18e promotion de
l'École de guerre, baptisée « Général
De Gaulle », rassemble 336 officiers
stagiaires, dont 101 étrangers.
■
trois dimensions, des diaporamas,
des vidéos et des documents à
t é l é c h a r g e r, s o n t é v o l u t i f s e t
facilement accessibles.
■
www.st-cyr.terre.defense.gouv.fr
En bref…
JEAN LARTÉGUY, journaliste et
romancier, est décédé le 23 février à
l'âge de 90 ans. L’auteur des Centurions
s’était engagé en 1939 et avait rejoint
les FFL en 1942. Chef de section
déminage, il participa au sein du
Commando d'Afrique au débarquement de Provence. Volontaire, il
servit comme lieutenant au sein du
bataillon français de Corée. Il avait été
correspondant de guerre en Corée
puis en Indochine et avait obtenu en
1955 le prix Albert Londres.
LA CAPORAL-CHEF CHRISTELLE SalabertCatala, est la première et unique femme
à avoir terminé et réussi le stage
commando spécialisé de Mont-Louis
(nov.-déc. 2010). Cette Toulousaine
de 28 ans, entrée dans l’armée de l’air
en 2003, fusilier commando au sein
de l’escadron de protection de
la base aérienne de Villacoublay,
était devenue en 2007, le premier
moniteur féminin d’autodéfense.
50 ANS DE L’EMIA : à l’occasion du
cinquantenaire de l'Ecole Militaire
InterArmes qui assure la formation
initiale des officiers recrutés par
la voie interne dans le corps des
sous-officiers et des militaires du rang,
le CEMAT a signé début février
une lettre demandant au ministre de
la Défense que soit attribuée la croix
de la Légion d’honneur au drapeau
de l’Ecole.
Actualités
[ Nouveau Mindef ]
Gérard Longuet aux commandes
a passation de pouvoir a eu lieu
mardi 1er mars sur le perron de
l’hôtel de Brienne (bureaux du
Mindef). Jusqu’à cette date, Gérard
Longuet présidait le groupe UMP au
L
LA FAN, LA FORCE D’ACTION
NAVALE a changé de logo. Ce
nouveau motif symbolique
homologué, reprend la forme générale
de l’insigne de poitrine des surfaciers.
LE GÉNÉRAL CHRISTIAN BAPTISTE
a été nommé directeur du musée de
l'Armée en janvier. Cet ancien chef
de corps 33e BIMa, était jusque là
n° 2 de la DICoD.
LE VICE-AMIRAL BRUNO NIELLY est
depuis le 18 février le nouveau
Préfet maritime et commandant
d’arrondissement maritime de la
Manche et mer du Nord.
LE GCA (2S) JEAN-LOUIS FOURNAISE
a prise la présidence de l’assurance
AGPM en novembre dernier.
LE SNLE LE TERRIBLE , sous-marin
nucléaire lanceur d’engin, a été livré
à la marine nationale en septembre. Il
a entamé une phase d’entraînement
de plusieurs mois. Il est le 4e et dernier
de la série type Triomphant.
LA MUSIQUE DE L’AIR fête cette
année ses 75 ans, sa création
officielle datant exactement de la fin
de l’année 1935.
Si le capitaine Claude Laty, musicien
issu de l'armée de terre, en fut le
premier chef , elle est dirigée par le
LCL Claude Kesmaecker.
Sénat où il avait été élu en 2001.
Admis à l’ENA (1971), il fut directeur
de cabinet des préfets de l’Eure et de
la Somme puis entra en politique. Il
devient député (1978-81, 1986-93) et
vice-président du Conseil général de la
Meuse en 1979-82 et 1998-2001).
Il est nommé secrétaire d’Etat en
charge des Télécommunications, puis
ministre délégué à la Poste et aux
Télécommunication de 1986 à 1988. Il
retrouvera ce ministère en 1993-94
auquel est adjoint le Commerce.
Président du Parti républicain de 1990
à 1995, Gérard Longuet fut aussi président du Conseil général de Lorraine
(1992-2004).
Contrairement à Alain Juppé,
Gérard Longuet ne sera pas ministre
d'Etat et, selon certaines sources, ne
devrait pas se voir adjoindre dans
l’immédiat un secrétaire d’Etat aux
anciens Combattants.
UN GRAND HONNEUR
« Des circonstances internationales fortes et
imprévues ont conduit le président de la
République à remanier son Gouvernement,
a dit Gérard Longuet dans son message
officiel. Cette nomination est pour moi un
très grand honneur que je dédie à mes
compatriotes Lorrains et Meusiens. Toute
l’histoire de notre région porte les marques
des épreuves militaires de notre pays. Présents
à mon esprit ces témoignages ont toujours
© Lionel Pétillon
Début mars, Gérard Longuet, 65 ans, est devenu ministre de la Défense et des anciens
Combattants, succèdant à Alain Juppé parti aux Affaires étrangères.
Cordiale poignée de mains lors de la passation
entre les deux ministres à l’hôtel de Brienne
(ministère de la Défense).
été vivants dans mon analyse de la vie
politique. Ils inspirent le sérieux et la
gravité devant la chose publique.
A titre personnel, il est impressionnant de
penser que tant de personnages illustres ont
exercé cette mission. Permettez-moi de citer un
seul nom parce qu’il est des nôtres et que je
l’ai connu et parfois secondé, Pierre Messmer,
un exemple et une référence.
J’éprouve une immense reconnaissance pour
ce que nos armées, dans notre histoire, ont
apporté de sécurité, de solidité, de protection,
de courage, de bravoure, d’exemple à notre
pays tout entier. Je m’efforcerai d’être à la
hauteur de ce que vous êtes : une colonne
vertébrale pour notre pays », a également
déclaré le ministre à l’adresse du
personnel de la Défense.
Gérard Longuet a effectué son service
militaire comme sous-lieutenant dans
l'artillerie en 1970-71 à l’issue duquel
il est devenu lieutenant de réserve.■
IN MEMORIAM
❚ Le caporal-chef de 1re classe Hervé Guinaud, 42 ans, appartenait au RICM.
Il est mort le 8 janvier alors qu’il participait à une opération dans la région
de Tagab (Afghanistan). Il a été touché par une explosion à proximité de
son VAB.
❚ Clément Chamarier, du 7e BCA, 18 ans, est décédé le 19 février en Kapisa
(Afghanistan) des suites de blessures provoquées par le tir d'une arme
antichar sur VAB dans lequel il se trouvait. Il était en mission au sein de la
Force Internationale d’Assistance à la Sécurité (FIAS).
L’UNOR exprime aux familles et aux proches ses plus sincères condoléances.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘9
Actualités internationales
[ Partenariat pour la Paix ]
Par le lieutenant-colonel (R) Loïc Conquer - Président du Comité PpP
Après la Bulgarie
L’atelier 2010 du Comité du Partenariat pour la Paix (PpP) s’est tenu en novembre dernier
à Sofia, en Bulgarie. Retour sur un atelier partagé par plusieurs nations.
le développement d’un effectif
participant plus conséquent et
sur l’implication de la puissance
invitante dans le choix des thèmes
d’étude.
■
événement annuel majeur du
comité du Partenariat pour la
Paix, et des activités d’ouverture
de la CIOR, se concentre sur son
atelier qui se tient habituellement à
l’automne dans l’un des pays est-européens ou balkaniques.
Ainsi, après la Slovénie en 2009, ce fut
au tour de la Bulgarie du 17 au 21
novembre 2010.
L’enjeu donné à cet atelier est de
créer l’occasion d’une réflexion
tripartite entre les officiers de réserve
du pays hôte, les officiers de réserve
étrangers participants et les étudiants
du pays hôte en matière de Défense.
Les membres de l’atelier 2010
du PpP de la CIOR en Bulgarie.
MOLDAVIE, MACÉDOINE,
GRÈCE, ITALIE
L’association bulgare UROS a donc
été l’hôte de cet atelier qui s’est tenu
dans le centre de formation de la
Croix rouge déjà maintes fois utilisé
par les comités de la CIOR.
Sur le total d’une vingtaine de participants, la moitié était des camarades
provenant de pays aussi variés que la
Moldavie, la Macédoine, la Grèce
et l’Italie.
Les intervenants quant à eux étaient
venus d’Allemagne, de Suisse et de
Norvège. Des présentations ont ainsi
pu être dispensées sur les systèmes
des réserves de ces derniers pays,
ce qui représentait une information
de qualité pour les pays où la culture
des réserves militaires est encore
émergente.
taire du comité, le commandant
Dimitar Popov.
Leur intervention vis-à-vis de leurs
autorités a notamment permis
une réception de l’atelier au sein
de la Brigade des forces spéciales
implantée à Plovdiv, ville où la
mémoire du poète français Lamartine
est entretenue (il séjourna dans cette
ville en 1833).
Sur le fond, les échanges des groupes
de travail ont porté sur les sujets
suivants :
❚ évolution du contexte légal de
l’emploi des réservistes ;
❚ légitimité des associations de
réservistes ;
❚ relations entre les associations et
les autorités militaires et politiques ;
❚ contribution des associations à la
réinsertion des militaires.
ECHANGER
NOS EXPÉRIENCES
Nos correspondants bulgares n’ont
pas ménagé leur peine pour assurer
le succès de cette rencontre avec
une forte implication du viceprésident bulgare de la CIOR, le
colonel Konstantin Popov et du secré-
DÉPLACEMENT
EN ALBANIE
Pour 2011, l’atelier du comité du
Partenariat pour la Paix se tiendra à
Tirana en Albanie où dès janvier une
reconnaissance de mise au point sera
réalisée par son président.
Un effort sera notamment fait sur
L’
10 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
© Archives CIOR
En bref…
TRIPLE CHAMPION DU MONDE, de
pentathlon militaire, le capitaine
(R) Eric Chabin a décidé de
prendre sa retraite sportive.
Coup de chapeau à ce grand
sportif qui a si souvent mis à
l’honneur la réserve, l’UNOR, la
CIOR et nos trois couleurs.
LE PORTE-AVIONS Charles-De-Gaulle a
enregistré son 25 000e appontage le
24 janvier dernier, en mer d’Oman.
C’est un Hawkeye de la flottille 4Fqui
a franchi ce cap symbolique.
LA FRANÇAISE CLAUDE-FRANCE
ARNOULD a été nommée en janvier,
à l’unanimité, directrice exécutive de
l'Agence européenne de défense.
Créée en 2004, l'AED assiste le
Conseil de l'Union européenne (UE)
et les États membres de l'UE dans
leurs efforts pour améliorer les
capacités de défense de l'UE.
ESPADON, UN CATAMARAN sans pilote
de 17 m de long et 25 t, a été mis
à l'eau dans le Morbihan en
décembre dernier. Il s’agit d’un
démonstrateur de drone de surface.
Equipé d'un sonar remorqué
et de drones sous-marins, réalisé
par Thales et ECA, ce drone portedrones aura pour mission des
opérations de déminage sur des
zones maritimes et littorales sans
exposer la vie des opérateurs.
Actualités internationales
[ Service militaire allemand]
Suspension de la conscription
Les derniers appelés allemands ont rejoint leurs casernes au mois de janvier.
En juillet prochain, la conscriptions aura en effet cessé d’être outre-Rhin.
ans six mois, ces 12 150
derniers conscrits allemands
seront
libérés
de
leurs
obligations militaires, sonnant du
même coup la fin service militaire
D
C I O R : L E N O U V E A U P O R TA I L
internet de la CIOR est accessible
sur : http://cior.net
« LE PROGRAMME PRÉPARATION et
emploi des forces est le plus important
des quatre programmes de la mission
Défense, puisqu’il recouvre tous ses aspects
humains : le recrutement, les rémunérations et les charges sociales, mais aussi
l’entraînement, la projection, la disponibilité des forces, ainsi que les opérations
extérieures, écrit le député Louis Giscard
d’Estaing, rapporteur spécial, auteur
du Rapport fait au nom de la commission
des finances, de l’économie générale et du
contrôle budgétaire sur le projet de loi de
finances pour 2011 (n° 2824).
Après la hausse substantielle enregistrée
en 2009, les crédits de ce programme
connaîtront, en 2011 comme en 2010, une
phase de stabilisation : les autorisations
d’engagement, d’un montant de 22,6 milliards d’euros, enregistreront une baisse de
1,1%. Les crédits de paiement,
d’un montant de 21,5 milliards d’euros,
sont en hausse de 1,8%. », ajoute encore
le parlementaire.
LE SITE INTERNET MÉMOIRE
des hommes rend disponible une
nouvelle base, celle 267 militaires
décédés au cours de la Guerre de
Corée (1950-1953) qui appartenaient
au bataillon français de l'ONU
(BF/ONU).
www.memoiredeshomme sga.defense.gouv.fr.
obligatoire. En décembre 2010, le
parlement allemand avait en effet
voté la suspension de la conscription
qui prendra effet définitivement le 1er
juillet prochain.
A terme, l’armée allemande devrait
compter 185 000 hommes, dont
15 000 volontaires, recrutés annuellement pour effectuer des périodes
courtes. Quelles seront les répercussions sur la réserve militaire ?
Depuis la chute du mur de Berlin,
le service obligatoire, militaire ou
civil, n’avait cessé d’être réduit par
étape, passant de 18 mois avant la
réunification du pays, à seulement six
mois de nos jours.
La Bundeswehr va donc devenir une
armée de métier. Cette professionnalisation devrait lui permettre
d'augmenter ses effectifs projetés en
OPEX (Afghanistan et Kosovo). Jusqu’à
aujourd’hui, les conscrits ne pouvaient
y être projetées.
LE SERVICE CIVIL DISPARAÎT AUSSI
Défenseurs du concept du “soldatcitoyen”, les Allemands avaient mis en
place dès la fin de la Guerre froide des
mesures de réduction d’effectifs ayant
pour effet des exemptions accordées
à plus de 50% et, pour ceux qui refusaient de prendre les armes, un service
civil.Surnommés les "Zivis", ces
conscrits executaient alors leur service
national au profit de la population
dans les hôpitaux, les associations,
les maisons de retraite, etc. Ce service
là disparaît lui aussi.
■
[ Retraite ]
L'Afghanistan compte double
Désormais, les militaires français servant en Afghanistan
vont bénéficier de la campagne double.
n visite sur le porte-avions
Charles-De-Gaulle, François Fillon
a déclaré : « Aux combattants français en Afghanistan, j’ai décidé d’accorder le bénéfice de la campagne double sur
proposition d’Alain Juppé, cette juste
reconnaissance du prix payé par nos soldats répond à une demande légitime de
leur part ».
Il existe trois régimes : les demicampagnes, les campagnes simples
et les campagnes doubles (accordées jusqu’à présent seulement
lorsque la France est en guerre
avec un autre pays).
E
Jusqu'à maintenant, l'Afghanistan,
comme les autres OPEX, était
considéré comme une campagne
simple, autrement dit, une année
passée sur le terrain équivaut à une
année de bonification, et correspond
donc à deux ans de service.
Concrètement, cette nouvelle décision
implique qu’en termes de retraite et
des bonifications pour les pensions
militaires (et non pas la solde perçue
en OPEX), un séjour de six mois en
Afghanistan correspondra désormais à
18 mois de service.
■
Source : http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 11
Actualités internationales [ Dernière minute ■ Dernière minute ■ Dern
Par le capitaine (R) Lionel Pétillon
Libye : opération
Harmattan
A l’heure où nous nous apprêtons à mettre ce numéro d’Armée
& Défense sous presse, les opérations militaires viennent d’être
déclenchées en Libye. Voici la chronologie d’une intervention
dans laquelle la France tient un rôle majeur.
MARS - Le groupe aéronaval
(GAN), constitué du porteavions Charles-De-Gaulle, du
pétrolier ravitailleur Meuse et des
frégates Aconit et Dupleix, quitte l’arsenal de Toulon pour la Libye. Le GAN
engage plus de 2 600 marins et 26
aéronefs : 10 hélicoptères embarqués
sur les frégates et le porte-avions dont
deux Caracal et un Puma de l’armée de
l’Air ; le groupe aérien embarqué (GAé)
sur le porte-avions qui compte huit
Rafale Marine de la 12F, 6 Super-Etendard
modernisés de la 17F et 2 E-2C Hawkeye
de la flottille 4F de Lann Bihoué.
20
19 MARS - 13h00, le Sommet pour le
soutien au peuple libyen se tient au
Palais de l'Elysée.
A l’issue et en application de la
résolution 1973 votée à l'ONU, sur
ordre du président de la République,
❚ le chef d’état-major des armées lance
l’opération Harmattan, nom de la participation française à l’engagement
militaire international d’opérations
aériennes pour protéger la population
libyenne contre les attaques des
forces du colonel Kadhafi.
❚ 13h30, les avions de l’armée de l’air
sont engagés dans le ciel libyen. Ils
assurent des missions de défense
aérienne pour faire respecter la zone
d’exclusion aérienne dans la région
de Benghazi et empêcher des frappes
sur des cibles militaires identifiées au
sol qui menacent la population civile.
12 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
❚ 17h45, les chasseurs français déclenchent leur premiers tirs en direction
des troupes et installations militaires
du colonel Kadhafi. Les avions britanniques les rejoignent et opèrent des
bombardements dans la nuit.
Au total, une vingtaine d’aéronefs
français sont engagés : 8 Rafale,
2 Mirage 2000-5, 2 Mirage 2000D,
6 avions ravitailleurs C135, un E3F
Awacs, ainsi que les frégates antiaériennes et de défense aérienne
Jean Bart et Forbin, positionnées au
large de la Libye.
17 MARS -Le Conseil de sécurité de
l'ONU adopte par 10 voix pour et 5
abstentions (Allemagne, Brésil, Chine,
Fédération de Russie et Inde) la
résolution n°1973 qui avait été
élaborée et présentée à l’initiative de
la France avec le Royaume-Uni, le Liban
et les Etats-Unis. Elle donne tous les
moyens, y compris militaires, sans délai,
à la communauté internationale
pour protéger les populations civiles
libyennes. Cette résolution :
❚ exige un cessez-le-feu immédiat et la
cessation totale des violences et de
“ Ensemble sauvons le peuple libyen martyrisé !
Le temps se compte maintenant en jours,
voire en heures. ”
Nicolas Sarkozy. Extrait de la lettre
aux chefs d'Etat et de gouvernement, 16 mars.
18 MARS - Nicolas Sarkozy s'entretient avec Barack Obama ainsi que le
Cheikh Hamad Bin Khalifa al Thani,
Émir du Qatar, le Premier ministre
britannique David Cameron et le
président du Conseil européen
Herman Van Rompuy, de la mise
en œuvre de la résolution n°1973
adoptée par le Conseil de sécurité de
l'ONU. La France, le Royaume-Uni
et les Etats-Unis, avec le soutien de
pays arabes, adressent un message
au colonel Kadhafi. Ils estiment qu'un
cessez le feu doit être mis en œuvre
immédiatement.
toutes les attaques et exactions contre
la population civile ;
❚ autorise les États membres à prendre
toutes mesures nécessaires pour
protéger les populations et les zones
civiles menacées d'attaque en
Jamahiriya arabe libyenne, y compris
Benghazi, tout en excluant le déploiement d'une force d'occupation
étrangère sous quelque forme que ce
soit et sur n'importe quelle partie du
territoire libyen ;
❚ décide d'interdire tous vols dans
l'espace aérien de la Jamahiriya arabe
libyenne afin d'aider à protéger les civils;
ière minute ■ Dernière minute ■ Dernière minute ■ Dernière minute ■ Dernière mi
travailler ensemble pour faciliter
l'acheminement de l'aide humanitaire en Libye.
© Présidence de la République / L.Blevennec
24 F É V R I E R - Le président de la
République s'entretient avec Barack
Obama pour évoquer la situation en
Libye. Ils réitèrent leur exigence d'un
arrêt immédiat de l'usage de la force
contre la population civile.
21 FÉVRIER - Le Président “ condamne
l'usage inacceptable de la force contre les
Libyens qui n'exercent que leur droit fondamental à manifester et à s'exprimer
l i b re m e n t . ” L e p r é s i d e n t d e l a
République appelle à l'arrêt immédiat
des violences et à une solution
politique afin de répondre à l'aspiration du peuple libyen à la démocratie
■
et à la liberté.
Autour du président de la République française, le Secrétaire général de la Ligue arabe,
le président du Conseil européen, la Haute-Représentante pour la Politique étrangère et de sécurité
et les Hauts-Représentants de tous les Etats (notamment des Etats-Unis et de Grande-Bretagne).
Le chef libyen laisse entendre
qu’il demande un cessez-le feu mais
poursuit son offensive vers Benghazi.
16 MARS - Le président de la République adresse une lettre aux chefs d'Etat
et de gouvernement des Etats
membres du Conseil de sécurité
de l'ONU. Il souligne que depuis
l'adoption de la résolution n°1970, le
régime libyen a poursuivi ses actions
meurtrières contre son peuple et n'a
tenu aucun compte des demandes
unanimes du Conseil de sécurité.
14 MARS - Le président de la République réunit au Palais de l'Elysée les
ministres des affaires étrangères des
pays du G8. Ils évoquent notamment
la question de la situation en Libye.
« Kadhafi doit quitter immédiatement
le pouvoir. Son régime n'est plus un
interlocuteur pour l'UE. »
11 MARS - Réunis à l'initiative de la
France pour un Conseil européen
extraordinaire consacré à la situation
en Libye, les 27 membres de l'Union
européenne condamnent unanimement les violences faites aux citoyens
libyens. Ils considèrent le Conseil
national de transition comme un
interlocuteur politique.
10 MARS - Le Président reçoit, au Palais
de l'Elysée, M. Mahmoud Jibril et M.
Ali Essaoui, chargés des affaires internationales par le Conseil national
libyen de transition (CNT). La
France reconnaît le CNT comme le
représentant légitime du peuple
libyen.
Nicolas Sarkozy et David Cameron
adressent une lettre au président du
Conseil européen Herman Van
Rompuy. Ils demandent le départ de
Mouammar Kadhafi, la reconnaissance du CNT comme interlocuteur
politique valable. Ils condamnent
l'usage de la force contre les civils
et suggèrent la création d'une zone
d'exclusion aérienne.
26 FÉVRIER - Le Conseil de sécurité de
l'ONU adopte à l'unanimité la
résolution n°1970, laquelle :
❚ prévoit la saisine immédiate du
procureur de la Cour pénale internationale de la situation qui prévaut en
Libye depuis le 15 février 2011 ;
❚ impose un embargo sur les armes en
direction de la Libye ;
❚ gèle les avoirs et impose une interdiction de voyager à Mouammar Kadhafi,
certains membres de sa famille et de
hauts responsables du régime ;
❚ appelle les Etats-membres à
Sources : Présidence de la République, ministère de
la Défense, ministère des Affaires étrangères.
Déclaration officielle*
« En Libye, une population civile
pacifique qui ne réclame rien d'autre
que le droit de choisir elle-même son
destin, se trouve en danger de mort.
Nous avons le devoir de répondre à son
appel angoissé. L'avenir de la Libye
appartient aux Libyens. Nous ne
voulons pas décider à leur place. Le
combat qu'ils mènent pour leur liberté
est le leur. Si nous intervenons aux
côtés des pays arabes ce n'est pas au
nom d'une finalité que nous chercherions à imposer au peuple libyen mais
au nom de la conscience universelle qui
ne peut tolérer de tels crimes.
Je le dis avec solennité. Chacun se
trouve désormais placé devant ses
responsabilités. C'est une décision
grave que nous avons été amenés à
prendre. Au côté de ses partenaires
arabes, européens, nord américains, la
France est décidée à assumer son rôle,
son rôle devant l'Histoire. »
Nicolas Sarkozy
* Extrait - déclaration du 19 mars 2011
au Sommet pour le soutien au peuple libyen.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 13
Sous la loupe [ Partenariat Entreprises-Défense ]
Susciter l’adhésion
des employeurs
a réserve opérationnelle a pour
mission de renforcer les
capacités des forces armées
dont elle constitue une des
composantes. Elle est formée
de volontaires issus pour partie du
secteur civil quel que soit leur statut
(salarié, fonctionnaire, artisan,
profession libérale…).
Cette réserve opérationnelle est qualifiée de « réserve d'emploi » puisqu'elle
fait partie intégrante des forces
armées dont elle est une des deux
composantes aux côtés de l'active :
désormais, les tableaux d'armement
des unités prévoient, aux côtés
du personnel d'active, un certain
nombre de réservistes
L
CLARIFIER LES RAPPORTS
RÉSERVISTES/EMPLOYEURS
L'activité militaire des réservistes
opérationnels, qui est nécessairement
prise pour partie sur leur temps de
travail, ne doit pas mettre en péril
leur activité civile et en particulier
leurs rapports avec leurs employeurs.
Parallèlement, une adhésion des
employeurs à la politique de la réserve
militaire doit être suscitée.
Le Code de la défense organise
cette réserve et clarifie les rapports
entre les réservistes opérationnels et
leurs employeurs.
La loi permet d'assurer à la fois une
protection des réservistes et une protection de leurs employeurs. Ici
14 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
© Ministère de la Défense
Le partenariat Entreprises-Défense est un engagement
gagnant-gagnant signé entre les entreprises publiques
ou privées et le ministère de la Défense soutenant l’emploi
des réservistes opérationnels.
Le label Partenaire de la Défense nationale
est matérialisé par ce logo.
intervient le partenariat EntreprisesDéfense, expression dans laquelle le
terme "entreprises" recouvre tous les
organismes publics et privés
employant du personnel, quel que
soit leur statut juridique.
LES CORRESPONDANTS
RÉGIONAUX
Le Conseil supérieur de la réserve
militaire (CSRM) est chargé de
la mise en place et du suivi de
ce partenariat Entreprises-Défense
au travers du Comité de liaison
réserve-entreprises (CLRE) dont
l'échelon régional est constitué d'un
réseau de Correspondants régionaux
entreprises-défense(CRED).
Ces correspondants sont chargés
d'obtenir, par la signature de conventions de partenariat, le soutien des
acteurs socio-économiques en faveur
de la réserve militaire, et d'assurer la
médiation de premier niveau entre
les employeurs, les réservistes et les
forces armées.
Début février 2011, 36 CRED étaient
déjà opérationnels dans les régions suivantes : Alsace, Aquitaine, Auvergne,
Bourgogne, Centre, ChampagneArdenne, Corse, Franche-Comté,
Le prix de la Réserve militaire
Ce prix, remis chaque année, distingue les meilleures actions et pratiques des
entreprises « Partenaires de la Défense » en faveur de la réserve militaire.
Il est piloté par le Conseil supérieur de la réserve militaire.
Il comporte deux catégories, définies par la taille des entreprises, administrations, associations et collectivités qui concourent, à savoir celles qui comptent
moins de 1 000 salariés, d'une part, et celles qui possèdent plus de 1 000
salariés d'autre part. Un trophée est remis au gagnant dans chacune de ces
catégories. La première édition du prix de la Réserve militaire aura lieu au
cours du premier semestre 2011. Seuls les « Partenaires de la Défense »
bénéficiant d'une convention en cours de validité à la date de dépôt du
dossier de candidature peuvent concourir.
Règlement et dossier de candidature : http://www.defense.gouv.fr/reserves
Ile-de-France, Languedoc-Roussillon,
Limousin, Lorraine, Midi-Pyrénées,
Nord-Pas-de-Calais, HauteNormandie, Pays-de-la-Loire,
Poitou-Charentes, Provence-AlpesCôte d'Azur, Réunion et Rhône-Alpes.
Pour obtenir leurs coordonnées :
http://www.defense.gouv.fr/reserves
DES CONVENTIONS
DE SOUTIEN
Le Code de la défense (partie 4,
livre 2) définit les conditions
d'emploi des réservistes, et fixe
en particulier leurs modalités
d'absence. Les entreprises mettant
en œuvre des dispositions plus
favorables que celles prévues par
cette loi, en signant avec le ministère
de la Défense une convention de
soutien à la politique de la réserve
militaire, peuvent bénéficier
de certains avantages et se voir
attribuer, par arrêté ministériel, la
qualité de « Partenaire de la Défense
nationale ».
L'objectif de ces conventions
consiste à :
❚ matérialiser l'adhésion de
l'entreprise à la politique des réserves
et à l'esprit de défense ;
❚ la disponibilité et la réactivité des
membres de l'entreprise titulaires
d'un engagement à servir dans la
réserve (ESR) ;
❚ améliorer les conditions de rémunération des réservistes pendant leurs
activités militaires par le maintien de
tout ou partie de leur salaire ;
❚ resserrer les liens entre l'entreprise et
les forces armées par l'intermédiaire de
ses réservistes et du référent-Défense
désigné dans l'entreprise, interlocuteur direct du CSRM ;
❚ mettre en place le socle d'un
partenariat durable entre la Défense
et l'entreprise permettant le
développement d'autres domaines
ou formes de coopération.
REMBOURSEMENT
DES FORMATIONS
Parmi les avantages dont peuvent
bénéficier les entreprises signataires
de conventions de partenariat,
figurent :
❚ l'attribution du label « Partenaire de
la Défense nationale » et du logo qui
lui est associé. Ce dernier peut être
utilisé par l'entreprise sur ses documents et supports pendant la durée
de la convention, sous réserve du
respect du code des marchés publics ;
❚ la disposition de la loi relative à la
formation professionnelle continue :
elle permet le remboursement aux
entreprises de certains coûts de
salaires et de charges sociales, en
prenant en compte au titre de la
formation professionnelle continue de
l'entreprise certaines formations
militaires reçues par les salariés
réservistes au cours de périodes de
réserve opérationnelle ;
❚ l'initiation à l'intelligence économique au travers d'un stage de haut
niveau basé sur l'appropriation des
méthodes et des outils militaires au
profit des entreprises.
LE PLAN PRÉVISIONNEL
ANNUEL D’ACTIVITÉS
L'établissement de ces conventions
implique un dialogue préalable permanent, étroit et constructif, entre
le chef d'entreprise concerné et
l'autorité militaire responsable de
l'emploi des réservistes.
Ce dialogue doit permettre à
chacun des partenaires de prendre
pleinement conscience des
contraintes et des possibilités de l'autre, et d'établir avec le réserviste le
plan prévisionnel annuel d'activités,
assurant ainsi, au bénéfice de
chacune des parties, une triple
planification : celle de l'emploi du
réserviste par l'autorité militaire,
celle de l'absence de l'employé de
son poste de travail habituel, et
celle du réserviste dans son propre
planning.
Par ailleurs, signer une convention de
partenariat, c’est pour l'entreprise :
❚ lui donner les moyens de mieux
connaître ses salariés réservistes ;
❚ reconnaître leur civisme et stimuler leur polyvalence ;
❚ favoriser leur épanouissement et
leur équilibre ;
❚ avoir compris l'intérêt qu'elle
pouvait tirer des qualités que ses
salariés réservistes développent au
niveau militaire (esprit d’équipe,
sens des responsabilités, goût de
l’initiative, réflexe du rendu-compte,
discipline, loyauté, sang-froid et réactivité positive en gestion de crise…
❚ ouvrir des horizons en matière
d'ACM (actions civilo-militaires).
Début février 2011, 313 conventions
étaient actives. Elles ont été signées
avec des PME, de grandes entreprises,
■
des collectivités publiques, etc.
Sources : SecGén CSRM
1er séminaire Réserve
dans le groupe Safran
Le groupe Safran, leader mondial
de haute technologie pour l’aéronautique, la défense et la sécurité,
e t entreprise “ Partenaire de la
Défense ”, organisait le 3 décembre
dernier son premier séminaire
Réserve.
L’événement a réuni 120 participants sur le thème de la réserve
militaire parmi lesquels des
représentants de la direction générale de Safran, des directeurs des
ressources humaines des sociétés du
Groupe, des salariés réservistes ainsi
que des personnalités de la Défense.
Ce séminaire avait pour objectif :
- d’encourager les activités Réserve
auprès des salariés du Groupe afin
de dynamiser cette fonction ;
- de sensibiliser les DRH et managers
de Safran ;
- de présenter aux militaires
toute l’importance que le groupe
Safran accorde à l’activité Réserve.
Un constat : la principale difficulté
est d'identifier les salariés volontaires pour rejoindre la réserve
militaire, « les faire sortir du maquis »,
a confié avec humour le général
Tavernier, Secrétaire général du
CSRM.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 15
Dossier Liban [ FINUL 1978-2011 ]
Synthèse par le capitaine (R) Lionel Pétillon
La France
au cœur du dispositif
Depuis mars 1978, la FINUL a pour mission de maintenir
la paix au Liban. Les soldats français furent les premiers
à former son ossature. La France est aujourd’hui le deuxième
contributeur en troupes.
a FINUL (Force intérimaire
des Nations Unies au Liban) a
été créée le 19 mars 1978 par
le Conseil de sécurité des
Nations Unies lors du vote de
la résolution 425 (adopté par 12 voix
contre zéro, avec 2 abstentions :
Tchécoslovaquie et URSS). Selon ses
propres termes, cette résolution :
❚ demande que soient strictement
respectées l'intégrité territoriale, la
souveraineté et l'indépendance politique du
Liban à l'intérieur de ses frontières ;
❚ demande à Israël de cesser immédiatement
son action militaire contre l'intégrité
territoriale du Liban et de retirer sans délai
ses forces de tout le territoire libanais ;
❚ décide (…) d'établir immédiatement sous
son autorité une force intérimaire des
L‘ONUST, le médiateur
L’ONUST (Organisme des Nations unies
chargé de la surveillance de la trêve) a été
créée pour assister le Médiateur et la
Commission de la Trêve à superviser la
trêve en Palestine.
Depuis sa création, l'ONUST a accompli
d’autres missions comme l'observation du
cessez-le-feu dans le Canal de Suez et les
hauteurs du Golan qui a suivi la guerre
israélo-arabe (juin 1967).
Aujourd'hui, l'ONUST coopère avec la
FNUOD sur les hauteurs du Golan dans le
secteur israélo-syrien, et avec la FINUL,
dans le secteur israélo-libanais.
16 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
© Archives UNOR
L
Le QG de la FINUL à Naqoura
Nations Unies pour le Sud du Liban aux
fins de confirmer le retrait des forces israéliennes, de rétablir la paix et la sécurité
internationales et d'aider le Gouvernement
libanais à assurer la restauration de son
autorité effective dans la région.
MENACE
POUR LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
Presque 30 ans plus tard, la résolution
1701 du 11 août 2006 marque la
seconde grande étape dans l’histoire
de la FINUL.
Elle est votée suite aux graves
événements du mois de juillet qui
vont engendrer le rapatriement de
milliers de ressortissants européens et
français.
Considérant que la situation au Liban
constitue une menace à la paix et à la
sécurité internationales, le Conseil
de sécurité des Nations Unies :
❚ lance un appel en faveur d’une cessation
totale des hostilités fondée, en particulier,
sur la cessation immédiate par le Hezbollah
de toutes les attaques et la cessation
immédiate par Israël de toutes les
offensives militaires ;
❚ demande au Gouvernement libanais et
à la FINUL (…) de déployer leurs forces
ensemble dans tout le Sud, et demande au
Gouvernement israélien (…) de retirer en
parallèle toutes ses forces du Sud-Liban ;
❚ réaffirme son ferme appui en faveur du
strict respect de la Blue Line ;
❚ demande l’application intégrale des
© Alain Bourderau
Sur une route du Liban, derrière un VAB français de la FINUL.
dispositions pertinentes des Accords de
Taëf et des résolutions 1559 (2004) et
1680 (2006) qui exigent le désarmement
de tous les groupes armés au Liban.
Enfin, désormais, pour mener a
bien ses missions, la FINUL voit son
effectif autorisé augmenter à hauteur
de 15 000 militaires.
30 PAYS CONTRIBUTEURS
Aujourd’hui, la FINUL dispose de
11 961 hommes (au 31 décembre
2010), appuyés par du personnel civil
recruté sur le plan international et
local. La mission est aussi appuyée par
environ 50 observateurs militaires de
l'ONUST (lire encadré ci-contre).
Une trentaine de pays fournissent des
effectifs à la FINUL qui, depuis le 28
janvier 2010, est placée sous le commandement du général de division espagnol
Alberto Asarta Cuevas. Un seul
Français à ce jour l’a précédé dans ces
fonctions ; il s’agissait du général Alain
Pellegrini (2004-2007).
Malgré la violence de certaines périodes
et la durée du conflit, les pertes en vie
humaines sont fort heureusement proportionnellement peu élevées : 274
soldats, 2 observateurs militaires,
14 membres du personnel civil, soit
290 victimes. Le camp français est le plus
touché avec 134 tués (le premier en
1948, mandat ONUST), notamment
lors d’attentats suicide.
LA CONTRIBUTION FRANÇAISE
À LA FINUL
La France est le deuxième contributeur en troupes de la FINUL avec
environ 1 500 soldats.
Plus d'une centaine sont affectés
dans les états-majors de la FINUL
à Naqoura et du secteur ouest
italien à At Tiri. Environ 1 300
arment le GTIA avec une double
mission de QRF et de contrôle
de zone.
Les militaires français au Liban
sont déployés dans le cadre de
l'opération Daman.
Le RepFrance, représentant des
éléments français, est le général de
brigade François-Xavier Le Pelletier
de Woillemont qui est aussi le chef
d'état-major de la FINUL.
Chronologie des événements
1978
❚ 11 mars : attentat contre Israël revendiqué par l'Organisation de libération de
la Palestine (OLP) basée au Liban.
❚ 15 mars : Israël riposte et envahit le Sud Liban.
❚ 19 mars : le Conseil de Sécurité des Nations Unies vote les résolutions 425
et 426 ( déploiement de la FINUL).
❚ 22 mars : les premiers Casques bleus déployés sont français (750) sur
4 500 hommes.
1982
❚ Juin : échanges de tirs à la frontière ; les troupes israéliennes entrent de
nouveau au Liban et encerclent Beyrouth. La FINUL reste positionnée derrière
les lignes israéliennes et limite son action à la protection et l'assistance
humanitaire de la population.
❚ 16-17 septembre : massacre de plusieurs centaines de réfugiés palestiniens
rassemblés dans les camps de Sabra et Chatila (Beyrouth-Ouest)
1983
❚ 23 octobre : attentat commis par le Hezbollah contre le QG français (le Drakkar),
tuant 58 soldats français (1er et 9e RCP).
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 17
Dossier Liban [ FINUL 1978-2011 ]
Le 420e DetSout
Après près de 29 ans de présence au Liban,
le 420e détachement de soutien logistique,
stationné à Naqoura au Sud-Liban, a été
dissout le 10 novembre 2007. La veille, une
cérémonie avait marqué le transfert de la
garde du QG de la FINUL à un contingent
italien ainsi que la dissolution du 420e DSL
qui avait assuré cette tâche depuis 1978.
❚ Le Groupement tactique interarmes
(GTIA) aux ordres depuis janvier
2011 du colonel Gilles Haberey, chef
de corps du 92e RI, était jusqu’à ce
début d’année armé des canons de
155 AUF1 et de véhicules blindés
chenillés AMX10P. Leur remplacement est en cours par les 155 mm
Caesar et les VBCI. Le GTIA dispose
aussi de radars Cobra et de postes de
tirs de missiles Mistral.
Conformément à l'esprit de la
résolution 1701, les contacts avec
l'armée libanaise sont quotidiens,
notamment avec la 11 e brigade
mécanisée libanaise qui partage une
partie de sa zone avec le GTIA.
Le 1er novembre 2010, le GTIA a relevé
l'ancienne force de réaction rapide
de la FINUL et depuis, il assume en
parallèle deux missions :
❚ La mission de sur veillance de
l'application de la résolution 1701
dans une zone qui s'étend des rives
du Litani jusqu'à la Blue Line et qui
comprend notamment les localités
de Dayr-Kifa, Khirbat Selim, Tibnin,
At Tiri et Bint-Jubayl.
❚ Des actions au profit de la
population libanaise sont également menées par le GTIA : aide
médicale, projets de reconstruction,
enseignement.
Un certain nombre de ces actions
sont d’ailleurs confiés à des réservistes
contribuant aux CIMIC (actions
civilo-militaires).
Dans le cadre de la réorganisation
générale de la FINUL, le mandat
français qui commence verra
prochainement fusionner les unités
de la QRF et du GTIA pour former
une force de réserve du commandant
© Archives UNOR
❚ La mission de QRF : cette force de
réaction rapide (env. 300 hommes)
est placée depuis janvier 2011 sous
le commandement du lieutenantcolonel Dartencet du 68e Régiment
d’artillerie d’Afrique.
Elle est articulée autour de l'escadron
d'éclairage, d'intervention et
d'appui direct (ERIAD) et des
moyens d'appui artillerie. Elle peut
intervenir dans l'ensemble de la zone
d'opérations de la FINUL.
Une vue sur la Blue Line délimitée par ces bornes peintes.
18 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
de la FINUL (FCR, force commander
reser ve) qui sera placée sous le
commandement du colonel
Haberey. Cette nouvelle unité se
verra attribuer des responsabilités
opérationnelles qui couvriront
l’intégralité de la zone d’opérations
de la FINUL.
LA COMPOSANTE MARITIME
Fondée en 2006 (résolution 1701),
la force navale vient renforcer la
FINUL. Le 1er mars 2009, le contreamiral français Jean-Louis Kérignard
a remis le commandement de la
composante maritime de la FINUL
(TF 448) à l'amiral belge JeanThierry Pynoo. Les unités de notre
Lexique
FINUL : Force intérimaire des Nations
unies au Liban.
FNUOD : Force des Nations Unies
chargée d´observer le dégagement,
établie en 1974 à la suite de la
conclusion de l´Accord sur le dégagement des forces israélienne et syrienne
des hauteurs du Golan.
ONUST : Organisme des Nations unies
chargé de la surveillance de la trêve.
FAL : Forces armées libanaises.
QRF : Quick Reaction Force (Force
de réaction rapide).
VBCI : Véhicule Blindé de Combat
d'Infanterie.
GTIA : Groupement tactique
interarmées.
EUROMARFOR : créée le 15 mai 1995
par la volonté de quatre pays du sud de
l'Europe (France, Italie, Portugal,
Espagne), cette force navale non
permanente et pré-structurée, avec des
capacités aéronavales et amphibies,
fait partie du dispositif de défense
européen.
Blue Line (Ligne bleue) : zone sensible,
la frontière entre Israël et le Liban
reste extrêmement contrôlée,
d’un côté par l'armée israélienne et
de l'autre par les casques bleus de
l’ONU et les forces armées libanaises.
Sans être la frontière, la Blue Line est une
délimitation qu'aucune partie n'est
autorisée à franchir.
Chronologie des événements (suite)
1985
❚ Retrait partiel israélien qui laisse des troupes au Sud Liban. La FINUL met tout
en œuvre pour limiter le conflit et protéger la population locale.
© EMA/Armée de terre
1996
A droite, le général Xavier de Woillemont,
chef d’état-major de la FINUL et représentant
militaire de la France au Liban.
marine nationale de la TF 448
sont désormais dirigées vers
d'autres missions.
La TF 448 agit au large des côtes
libanaises conformément aux
résolutions 1701, 1773 et 1832 du
Conseil de sécurité. Son mandat
consiste à aider les autorités
libanaises à contrôler les flux
maritimes, à veiller à ce qu'aucune
livraison illégale d'armes ne
parvienne par mer sur le sol
libanais, à fournir une capacité
d'évacuation de ressortissants et à
former la marine libanaise pour
qu'elle puisse, à terme, assurer
toutes ses missions de souveraineté.
LE DÉTACHEMENT DE GÉNIE
Directement subordonné au général
commandant la FINUL, le
détachement du génie (DETGEN)
est régulièrement sollicité dans le
cadre d’actions de déminage
et dépollution (enlèvement de
munitions et sous-munitions nonexplosées). Il a récemment été
engagé pour appuyer les opérations
de marquage de la Blue Line.
Le 11 février, les sapeurs français
arrivés fin janvier au Liban ont été
accrédités par l’UNMAC (United
Nations mine action center) et le RMAC
(Regional Mine Action Center). Ils
peuvent désormais conduire des
actions de déminage au sud Liban et
poursuivre la réalisation de couloirs
dépollués autour la Blue Line.
■
Sources : EMA/ministère de la Défense ;
ministère des Affaires étrangères, Nations unies.
❚ 18 avril : une patrouille israélienne prise à partie entraîne les tirs de l'artillerie
israélienne sur un camp de l'ONU à Qana, où sont réfugiés 800 libanais. 120
civils libanais sont tués, plus de 500 personnes sont blessées dont 4 Casques bleus.
2000
❚ 17 avril : Israël informe l'ONU de son intention de retirer ses troupes du
Sud Liban.
❚ 25 mai : redéploiement des troupes israéliennes, conformément aux résolutions
de 1978.
❚ Juin : l'ONU notifie aux gouvernements israélien et libanais le tracé de la ligne
de retrait, la Blue Line.
❚ Juillet : résolution 1310 renforçant les effectifs de la FINUL à 5 700 hommes.
Le gouvernement libanais déploie ses forces de sécurité et son administration
au Nord de la zone de la FINUL mais pas le long de la Blue Line.
2001
❚ 30 janvier : résolution 1337 ramenant les effectifs de la FINUL à
4 500 personnes.
❚ Automne : départ des contingents irlandais et finlandais ; les effectifs de la FINUL
passent à 3 600. Poursuite des violations mineures de la Blue Line (autour des
fermes de Chebaa).
2005
❚ 14 février : assassinat de Rafik Hariri, ancien Premier ministre libanais.
❚ 29 juillet : résolution 1614 demandant au gouvernement libanais « d'exercer
pleinement et effectivement son autorité exclusive » dans tout le sud, et de contrôler
et de monopoliser l'emploi de la force « sur l'ensemble de son territoire ».
2006
❚ 12 juillet : tirs de roquettes, franchissement de la Blue Line enlèvement de
2 soldats israéliens et assassinat de 3 autres par le Hezbollah. Israël riposte par
des attaques terrestres, maritimes et aériennes dont certaines à l'intérieur de
la zone de la FINUL et au-delà.
Opérations d'évacuations de ressortissants, dont Baliste pour la France :
14 000 personnes dont 10 000 Français sont évacuées ; 8 000 le sont par des
moyens militaires.
❚ 11 août : résolution 1701 demandant la cessation immédiate de toutes les attaques
du Hezbollah et des offensives militaires israéliennes au Liban. Les effectifs
autorisés passent à 15 000 hommes et la FINUL compte désormais une force navale.
❚ 25 août : arrivée de 200 soldats français du génie, premiers renforts de FINUL,
qui doublent ainsi le contingent français.
❚ 15 septembre : déploiement des contingents italien, français et espagnol pour
faciliter le retrait des troupes israéliennes et le déploiement de l'armée libanaise.
La FINUL poursuit sa montée en puissance jusqu'à stabiliser ses effectifs autour
de 13 000 Casques Bleus
2010
❚ 30 août : le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de la Finul, jusqu'au
31 août 2011, sans modification du mandat actuel.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 19
Dossier Liban [ Sur le terrain ]
Par le commandant (R) Alain Bourderau
Quatre mois à Beyrouth
Eté 2010 : une opportunité s'offre à moi de partir en OPEX ;
la deuxième dans ma carrière de réserviste après le Kosovo.
Je suis heureux de me sentir à nouveau utile et actif.
olontaire depuis de
nombreuses années auprès
du GIACM (Groupement
interarmées des actions
civilo-militaires ; CIMIC en
anglais)1, j'accepte avec joie et fierté
cette nouvelle mission.
La coopération civilo-militaire
désigne l’ensemble des actions non
strictement militaires réalisées au
profit de l’environnement civil afin de
favoriser le retour à la normale dans
un pays aux infrastructures et à
l’économie endommagées.
Je suis désigné pour être le conseiller
CIMIC2 (CONSCIMIC) du général
français commandant les forces
françaises stationnées au sud Liban
© Archives Alain Bourderau
V
Coopération civilo-militaire
En complément des missions de
surveillance de l’application de la résolution
1701, adoptée le 14 août 2006 par l’ONU,
et de force de réaction rapide, sous
les ordres du général commandant la
FINUL, la France assure dans sa zone de
responsabilité des missions de coopération
civilo-militaire (CIMIC).
La CIMIC au Liban cherche à s’orienter vers
une relance de l’activité économique en
réhabilitant de petites infrastructures (route,
générateur, forage…) ou en développant
des projets essentiellement agricoles
(olives, apiculture, élevage, plantations…).
Elle mène également des actions
humanitaires : 200 consultations médicales
hebdomadaires, équipements de centres
médico-sociaux, cours de français pour
160 élèves par semaine, accompagnement
scolaire, soutien de petits métiers, etc.
Alain Bourderau, alors capitaine, en compagnie de Son Excellence M. Denis Pietton,
ambassadeur de France au Liban.
et COS3 à l'Etat-Major de la Force
Intérimaire des Nations Unies au
Liban (FINUL). Je vais partir pour
quatre mois.
Bien que basé à Beyrouth au sein de
l'Ambassade de France, j’effectuerai
malgré tout de nombreux
déplacements, notamment dans le
sud du pays, zone de présence et
de responsabilité des célèbres
casques bleus.
1
Source : ambassade de France au Liban
20 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
GIACM : Groupement interarmées des actions
civilo-militaires. Basée à Lyon, cette structure
interarmées unique et atypique est vouée à la
projection et à l'action. Le GIACM est constitué de
100 permanents et de 350 réservistes.
POINT DE SITUATION
Tous les samedis, j'assiste à la réunion
de commandement. Nous sommes une
quinzaine rassemblés autour du
général. Dans la salle, le drapeau tricolore côtoie celui de l'ONU. Tour à tour,
chaque conseiller dresse un point de
situation dans son domaine d'expertise
sur les actions menées lors de la semaine
écoulée et informe le RepFrance4 des
évènements majeurs à venir.
CIMIC : CIvil Military Cooperation.
COS : Chief Of Staff (Chef des Opérations).
RepFrance : la plus haute autorité militaire française
sur le théâtre.
5
DTO : Disponibilité Technique Opérationnelle.
2
3
4
DÉFENDRE LA FRANCOPHONIE
C'est à mon tour de prendre la parole.
La défense de la francophonie est un
axe prioritaire dans la région. Des
cours de français sont organisés par
le Service de coopération et d'action
culturelle de l'ambassade de France.
Les militaires animent ces séances.
Le contact avec les jeunes des écoles
est excellent permettant ainsi une
bonne intégration de la Force dans de
nombreux villages sensibles.
Une date est convenue pour réunir
autour du général les représentants
influents de la région : maires,
directeurs d'écoles, professeurs et
instituteurs. Une bonne occasion pour
faire plus ample connaissance
et inscrire la présence française
comme une volonté de participer au
développement culturel du pays.
ENTRETENIR, COORDONNER,
FACILITER, DÉVOLOPPER…
J'entretiens un réseau de relations
avec les acteurs civils, notamment les
opérateurs français (économiques,
institutionnels...) mais aussi
étrangers (ambassades, Fonds de
développement). Les contacts et
© Archives Alain Bourderau
Tout est passé en revue :
- des incidents se sont produits à
proximité de la frontière syrienne
faisant trois morts au sein de l'armée
libanaise ;
- la faction chiite Hezbollah met la
pression sur le gouvernement à
propos du Tribunal spécial pour le
Liban (TSL) chargé de juger les
assassins présumés de l'ancien Premier
ministre Rafic Hariri ;
- la tension monte avec la visite du
président iranien dans la région ;
- la compagnie du génie vient de finir
de déminer une parcelle longeant la
Blue Line ;
- la campagne de vaccination contre
la grippe continue parmi les
militaires français ;
- la DTO5 reste excellente alors que le
VBCI (Véhicule Blindé de Combat
d'Infanterie) remplace peu à peu le
VAB vieillissant.
Le mausolée Rafic Hariri à Beyrouth
missions sont variés. Je coordonne
par exemple l'action d'ONG (organisations non gouvernementales) pour
des projets de développement de
coopératives oléicoles et apicoles,
ou des projets de remplacement de
la culture du tabac par des plantes
aromatiques.
Je facilite une opération de reforestation avec plus de 10 000 arbres plantés
conjointement par des militaires et les
enfants des villages avoisinants. Je
contacte des journalistes, des députés
et des ministres pour des conférences
à l'état-major de la FINUL. J'envoie
vers Paris des informations sur des
projets de barrages hydrauliques et
d'installations photovoltaïques en
prévision d’une réunion importante
dans le cadre de l'Union pour la
Méditerranée (UPM) qui va bientôt
avoir lieu. Le président de la République
qui a lancé l'idée, souhaite proposer des
exemples concrets.
Les actions au quotidien de liaison vers
l'Agence française de développement
(AFD), le Fonds social de développement (FSD), la Banque mondiale,
l’Union européenne, les ambassades et
les entreprises privées sont aussi
essentielles afin de dégager des moyens
financiers. Ils permettent de réaliser
des projets de plus ou moins grande
importance mais toujours en soutien
de la Force ou dans le cadre d'une
stratégie plus globale.
RÉSERVISTES ET EXPERTS
Ma mission fut l’une parmi tant
d’autres menées par des réservistes au
Liban. J’eus d’ailleurs l’occasion d’y
croiser un camarade de longue date qui
avait suivi son unité spécialisée dans le
soutien et la logistique.
Mais beaucoup d'actions CIMIC sont
menées par des réservistes ou grâce
à leur contribution. Ce sont des
spécialistes de tous horizons qui
viennent renforcer les éléments
d'active et apporter leur expertise. ■
Si Dieu le veut
Le Liban est une mosaïque de dix-huit confessions religieuses différentes. Il est
en quelque sorte un laboratoire géant de l'Humanité. Le peuple libanais,
malgré ses souffrances, a su pourtant garder sa force et sa Foi. « Si Dieu le veut,
tout ira mieux demain » comme se plaisent à le répéter si souvent les Libanais.
Beaucoup d'hommes et de femmes que j'ai rencontrés m'ont ainsi montré leur
courage teinté, il est vrai, d'une bonne dose de fatalisme de ceux qui ont déjà
vécu les mêmes évènements plusieurs fois. Ils ont fini par développer leur
propre philosophie de la vie : « Vivons pleinement ce jour, car Dieu sait ce qu'il
adviendra demain ». L'Histoire leur a toujours donné raison.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 21
L’Entretien [ Antoine Sfeir ]
Propos recueillis par le capitaine (R) Lionel Pétillon
Le Proche-Orient
en questions : révolutions,
communautés, conflits...
Président du Centre d'études et de réflexions sur le Proche-Orient,
directeur de la revue les Cahiers de l'Orient, Antoine Sfeir est
expert d’Afrique du Nord et du Proche-Orient. Il parle du Liban
et commente la carte géopolitique actuelle des pays arabes.
Biographie express
Antoine Sfeir a effectué une préparation militaire
au Liban. Contacté il y a environ deux ans par les
trois armées pour intégrer la réserve citoyenne, il
a choisi, de rejoindre la marine nationale avec le
grade de capitaine de vaisseau.
❚ 1948 : naissance à Beyrouth.
❚ 1968-1976 : coresponsable du service étranger
du quotidien francophone libanais L'OrientLe Jour.
❚ 1976 : victime d’un enlèvement pendant la guerre
du Liban.
❚ 1977 : participe à la fondation du journal J'informe.
❚ 1985 : fonde le trimestriel Les cahiers de l'Orient.
❚ Jusqu'en 1989 : est journaliste à La Croix et au
Pèlerin.
Antoine Sfeir est également professeur en relations
internationales au CELSA (l'École des hautes
études en sciences de l'information et de la
communication) et consultant de diverses
émissions radio et télé. Enfin, il préside le Centre
d'études et de réflexions sur le Proche-Orient.
Armée & Défense • Vous rentrez juste
d’une tournée au Proche-Orient. Quelle est
la « température » là-bas ?
Antoine Sfeir • Elle est différente
selon les pays. Au Caire, on sent une
fébrilité parce que l’on prépare le
référendum, les élections législatives
et présidentielles.
Une fébrilité aussi d’une parole
libérée ; tous le monde émet ses
critiques positives ou négatives.
On s’inquiète aussi beaucoup de la
montée de la confrontation entre
chrétiens et musulmans, beaucoup !
Comme ce n’est pas dans les mœurs
et dans la mentalité égyptienne,
ils sont très vigilants par rapport à
l’avenir. Les gens sont toujours aussi
chaleureux. Les officiels, y compris
l’état-major, parlent très clairement de
l’armée qui est garante de l’ordre
publique, de la constitution et de la
signature internationale de l’Egypte.
A. & D. • Et en Jordanie ?
A. S. • Les choses sont différentes. La
monarchie n’est pas critiquée ; le roi
l’est indirectement par sa femme que
l’on surnomme parfois Leïla Trabelsi
[ndlr : du nom de la femme du
1
22 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
l’ex-Président tunisien] parce qu’on
la voit dans les magasins faire du
shopping. On entend aussi dire qu’il
est le fils de la Britannique, ce qui
n’est pas un compliment pour un
hachémite1. On parle aussi beaucoup
de l’ancien prince héritier qui ne vit
pas dans le pays.
A. & D. • Quelle est la place des Frères
musulmans (mouvance islamiste) dans
ces révolutions ?
A. S. • En Egypte, les Frères musulmans ont vu le mouvement démarrer
sans eux et ont essayé de le rattraper.
Ils ont fait des prières sur la place
Al-Tahrir au Caire, auxquelles ont
répondu les jeunes par une messe le
dimanche ! On est dans la bataille
des symboles.
En Jordanie, les Frères musulmans
qui ont été au gouvernement et au
parlement eux, essayent de contrôler
le mouvement. Ils y arrivent mais sont
loyalistes et légalistes et ne se dressent
pas contre le Hachémite.
Plus inquiétant, c’est la lettre signée
fin février par les 36 dirigeants de
tribus dont la presse occidentale n’a
pas parlé. Le système hachémite tient
Hachémite : dynastie des descendants de Mahomet ; le roi Abdallah II de Jordanie est le 43e.
© Lionel Pétillon
par le système tribal et lorsque les
dignitaires de ces tribus dénoncent la
corruption [ndlr : notamment celle
de la reine Rania], on se dit que cela
vient de dépasser un certain stade
car lorsqu’ils s’adressent au roi, ils
s’adressent en fait à « toi fils des
Hachémites »… autrement dit,
n’oublie pas d’où tu viens !
vous êtes contre la démocratie. Donc
ils assurent le service minimum.
Mais ils sont surtout inquiets à long
terme et craignent les mauvaises
surprises s’il advient un quadrillage de
la société par les Frères musulmans au
travers d’élections transparentes et
libres. Cependant, leur inquiétude
prioritaire est le Liban puis le Yémen.
“ En Egypte, les Frères musulmans ont fait des prières
sur la place Al-Tahrir auxquelles ont répondu
les jeunes par une messe le dimanche ” !
A. & D. • Comme les Israéliens viventils cela ?
A. S. • Ils sont très inquiets. S’ils
parlent en bien des insurgés, on pense
alors qu’Israël les soutient. Et ce qui
est étonnant, c’est que ni en Tunisie
ni en Egypte, le mot Israël n’a été
prononcé ; comme si cette génération
qui n’a connu que cela depuis 30 ans
ne se sentait pas obligé de trouver un
alibi en Israël comme l’ont fait les
dictatures auparavant.
Et si les Israéliens ne parlent pas des
insurgés, ils ont peur qu’on leur dise :
A. & D. • On parle beaucoup moins du
Yémen, et pourtant…
A. S. • Celui qui contrôle le détroit de
Bab El Mandeb [ndlr : entre Djibouti
et le Yémen] contrôle du coup le
canal de Suez, contrôle à droite
l’Arabie, à gauche l’Egypte ; contrôle
en même temps la corne de l’Afrique
et le Golfe d’Aden et donc aussi le
début du Golfe Persique et le détroit
d’Ormuz.
C’est une situation éminemment
stratégique ; le Yémen est une des
bases arrières d’Al-Qaida.
A. & D. • Pourquoi le Proche-Orient estil au cœur des conflits contemporains ?
A. S. • En 1974, le secrétaire d’Etat
américain Henry Kissinger a déclaré
que désormais les Etats-Unis seraient
les interlocuteurs incontournables,
sinon les seuls, de tous les conflits
dans cette région du monde. Or, en
1974, il n’y en avait aucun à part le gros
et unique conflit israélo-arabe.
A partir de 1975, on a assisté à une
série extraordinaire, un véritable
chapelet de conflits à commencer par
la guerre du Liban. On l’a voulu civile
dès le début alors qu’il y avait comme
éléments extérieurs les Palestiniens,
les Syriens, les Arabes avec la Force
arabe de dissuasion, les Israéliens
en 1978 puis en 1982.
La première manifestation civile de la
guerre est arrivée 8 ans après avec la
« guerre de la montagne », en septembre 1983, et les affrontements entre
miliciens druze et chrétiens.
Et tout cela est caché par l’année 1979,
l’annus horribilis pour l’Occident :
la révolution iranienne, l’invasion de
l’Afghanistan par l’armée soviétique
et surtout la guerre Irak-Iran qui est
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 23
L’Entretien [ Antoine Sfeir ]
coup tenté par une ghettoïsation
volontariste. Cette ghettoïsation est
maintenant dans les mentalités ;
le mur est dans les esprits.
C’est une négation totale de la vocation du peuple juif qui est d’être
partout dans le monde. Tout cela est
beaucoup plus effrayant que les conséquences stratégiques.
A. & D. • Ce communautarisme existait
pourtant bien avant, non ?
A. S. • Oui et non. Les Français et
un peu les Anglais avaient réussi à
installer des Etats-nation avec une
citoyenneté. A partir du moment où
on a attaqué le régime, tel celui de
Saddam Hussein, on a donné tout
d’un coup un espoir aux chiites
opprimés de retrouver une certaine
autonomie. Ils ont récupéré tout
le pouvoir sauf Bagdad ; les sunnites
ont perdu tous les pouvoirs sauf
Bagdad.
Au Liban, on a passé 15 ans à dresser
les communautés les unes contre les
autres. En Algérie, on voit les Kabyles
prendre de l’essor avec la reconnaissance de leurs droits, de leur
autonomie, de leur langue ; cela
atteint les berbères du Maroc.
Partout, il y a cette communautarisation au moment où, en Israël même,
on entend dire : « puisqu’ils ne veulent
pas vivre avec nous, vivons seuls ». Pour
la première fois, on observe ce
peuple juif venu de l’errance et ayant
subi des ghettoïsations être tout à
24 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
premier client et le premier fournisseur du Liban ; aujourd’hui, elle
est le troisième après les Italiens et
les Espagnols. Il faut donc être
vigilant sur ce point.
A. & D. • La participation française à la
FINUL ne permet-elle pas à notre armée
d’acquérir une expérience opérationnelle ?
A. S. • Pas seulement, ça c’est le
premier degré ; il faut aller voir plus
loin, vers la FINUL. Les seuls qui
rentrent dans les familles et sont reçus
par elles, ce sont les Français ; les
seuls qui sont des empêcheurs de
tourner en rond pour les forces ou les
diplomaties contestataires, ce sont les
Français.
A. & D. • Cela veut dire que la France ne
peut plus partir du Liban ?
A. S. • En tant que Libanais d’origine, je dirais que la France ne doit
plus partir du Liban. Si vous faites
aujourd’hui un référendum au Liban,
il y a unanimité sur ce point.
© Lionel Pétillon
en fait bel est bien la première guerre
du Golfe. Ce chapelet de guerres a
abouti à l’éclatement du monde arabe
et l’émergence de petits conflits.
Le Liban lui, est devenu le champs de
bataille des conflits des autres, entre
le chiisme et le sunnisme, entre
l’Arabie et l’Iran. Ensuite, il y a eu le
Yémen, l’Irak, et toujours entre
sunnites et chiites. Nous assistons à
une troisième guerre mondiale entre
sunnites et chiites qui a commencé en
Afghanistan puis au Pakistan, en Irak,
en Inde, au Liban, etc.
Le Proche-Orient comme on dirait en
termes militaires, est une pétaudière…
en tous les cas une véritable poudrière.
Tous les ingrédients sont là pour avoir
des conflits religieux, ethniques, territoriaux et stratégiques.
Une chose a cependant changé
aujourd’hui : on peut régler le
problème israélo-palestinien mais ça
ne règlera pas tous les autres conflits.
On a ouvert la boîte de Pandore ;
on a atomisé, on a communautarisé
la région.
A. & D. • Qu’est-ce que la France a à
gagner, ou à perdre, pour s’impliquer
autant au Liban et depuis si longtemps ?
A. S. • C’est une question qu’il
faut poser aux autorités françaises.
Veulent-elles oui ou non sauvegarder
le seul bastion francophone au
Proche-Orient ?
A. & D. • Les Casques bleus sont-ils vraiment perçus comme les soldats de la paix
par cette population qui vit finalement en
guerre depuis plus de 30 ans ?
A. S. • C’est plus que cela ; c’est un
rempart contre la guerre. Autrement
dit, si les Casques bleus n’étaient pas
“ La France ne doit plus partir du Liban.
Si vous faites aujourd’hui un référendum au Liban,
il y a unanimité sur ce point ”
A. & D. • Serait-ce uniquement une
histoire de francophonie ?
A. S. • La francophonie ne se résume
pas seulement à la langue. Lorsque
vous avez au bout d’une génération
des ingénieurs, des médecins,
des avocats, des techniciens, des
informaticiens qui sont francophones
; ils vont naturellement acheter français, ils vont naturellement être, en
quelque sorte, des agents de la France.
Ce n’est pas une question de francophonie, c’est une question
de présence culturelle englobant le
politique et l’économique.
Avant la guerre, la France était le
là, il y aurait eu beaucoup plus de
conflits militaires. Ça ne veut pas dire
qu’il n’y en aura pas ; cela veut dire
qu’il y en aura beaucoup moins.
A. & D. • Ils n’ont pourtant pas empêché les incursions. Et l’on voit maintenant
des pays comme la Tunisie et l’Egypte
qui gèrent eux-mêmes leurs problèmes.
N’est-ce pas finalement un désaveux du
soutien de l’Occident et parfois de ses
Casques bleus ?
A. S. • Pas au Liban. La FINUL
empêche des forces contestataires
comme le Hezbollah d’agir plus
encore en dictateur de la région du
se sont faites confisquées : 1789, 1848,
1917… Comment faire pour que ces
révolutions demeurent la « révolution du jasmin » en Tunisie, la
révolution de la place Al-Tahrir
en Egypte, sans tentatives de récupération ? Je n’ai pas de réponse…
A. & D. • Les révolutions arabes actuelles
sont-elles des situations politiques qui permettront de mettre un terme aux tensions
qui font s’affronter les communautés ?
A. S. • Faire tomber des dictateurs ou
des régimes n’est pas nouveau au
Moyen-Orient. Ce qui l’est, c’est que
cela s’est fait sans violence, sans armes ;
cela a été fait par des jeunes, qui plus
est des jeunes qui n’avaient pas faim,
donc issus de la classe moyenne.
Ce sont des jeunes qui ont fait découvrir au monde l’efficacité d’Internet.
Ce qui est encore nouveau, c’est que
le mot « Israël » n’a pas été prononcé
une seule fois, ni le mot « islam » au
départ… ça n’est venu qu’après.
La peur du gendarme ayant disparu,
la parole s’étant libérée, les sentiments
agressifs à l’égard de l’autre, quels
qu’ils soient se libèrent aussi. C’est
pour cela que l’on assiste à des tensions
intra-communautaires et intercommunautaires en Egypte. Accompagné par
l’atomisation qu’il y a eu, nous assistons
à un renfermement communautaire
aujourd’hui, avec le risque énorme
d’y perdre sa citoyenneté pour retrouver la citoyenneté communautaire
qu’on avait pendant les 400 ans
d’occupation ottomane.
A. & D. • Vous avez dit que l’on a jamais
prononcé le mot « islam » au début. Ces
révolutions peuvent-elles s’exporter pour
autant vers les autres pays à forte
population musulmane comme l’Inde,
Indonésie… ou bien faut-il vraiment faire
la différence entre monde arabe d’un côté
et islam de l’autre ?
A. S. • Oui je crois car chez les Arabes,
il y a eu des années de frustration,
d’humiliation, de résignation
apparente.
Est-ce que l’effet dominos va être
total, je n’en sais rien. Ce qu’ont
prouvé ces révolutions, c’est que personne ne les a vu venir. Ce qui est
important c’est que tout à coup l’imprévisible a été possible.
A. & D. • Ces révolutions vont-elles
mettre un terme au raisonnement anticolonialiste ?
A. S. • On a vu des pancartes sur
lesquelles était marqué « dégage » en
français. C’est en ce sens que le français est devenu universel. La rébellion
s’est faite en français, même en Egypte
où l’on a aussi dit « dégage ».
Le colonialisme avait bon dos. Là, on
a rien mis sur le dos du colonialisme ;
c’est une jeunesse libérée de tout cela
qui a agit et c’est en ce sens que c’est
intéressant. Il faut néanmoins
demeurer vigilant car l’histoire nous
a enseigné que toutes les révolutions
© Lionel Pétillon
sud. Et en même temps, il ne faut pas
oublier que 40% de la population du
sud n’est pas chiite et que la FINUL
les défend par sa présence uniquement. La FINUL est donc aussi le
défenseur des minorités dans cette
région du chiistan libanais.
A. & D. • Les dirigeants qui ont été
« remerciés » par leurs peuples ont
pourtant incarné à une époque l’espérance
et la liberté, notamment en luttant pour
l’indépendance.
A. S. • J’irais même plus loin… quand
Ben Ali est arrivé, il a continué le
programme de Bourguiba ; et s’il avait
annoncé hier qu’il renvoyait sa femme
à son salon de coiffure et qu’il
mettait les Trabelsi en prison, il serait
toujours au pouvoir. Mais il n’en a
pas eu le courage ; le pouvoir
corrompt et déconnecte du peuple.
A. & D. • On commémore actuellement le
20e anniversaire de la guerre du Golfe de 1991.
Qu’est-ce que cela évoque pour vous ?
A. S. • Des conséquences déplorables
pour le monde arabe. En premier
lieu, l’éclatement du monde arabe,
ensuite la parité stratégique en faveur
d’Israël, ensuite l’émergence de trois
puissances régionales (Iran, Turquie,
Israël) dont plus aucune n’est arabe
et, en quatrième lieu, l’installation
de relais de puissances régionales :
l’Arabie Saoudite pour la péninsule
arabique, l’Algérie pour l’Afrique du
nord, Israël pour le Proche-Orient et
l’Egypte pour la vallée du Nil. Enfin,
à la sortie de cette guerre du Golfe,
l’installation des dictatures dans tout
le monde arabe, confortée par la suite
par la lutte anti-terroriste.
A. & D. • Vous êtes vous-même chrétien.
Y a-t-il encore une place dans les pays
du Maghreb et du Proche-Orient pour
les chrétiens ?
A. S. • Depuis que je suis né,
j’entends dire que les chrétiens
allaient disparaître de cette région.
Tous les pays du Proche-Orient et
du Machrek [ndlr : l’Orient arabe],
sans les chrétiens, ne seraient que des
pays arabes comme les autres.
Les chrétiens sont une communauté
tampon pour les autres communautés, musulmans, sunnites, chiites et
druzes. Notre destin a toujours été
de vivre au bord du précipice et
essayant de ne jamais y sombrer, et
cela continuera !
A. & D. • Il semble qu’en Egypte le « tampon chrétien » se réduise…
A. S. • Il nous semble se réduire
de plus en plus mais il faut savoir
que l’on parle ici de la plus grosse
communauté chrétienne. Ils sont
autour de douze millions, cela reste
encore important. Tout ce dont
j’ai peur c’est qu’un jour on dise
« puisqu’il faut les protéger, alors on va
leur donner une partie de l’Egypte ».
On sera également dans l’atomisation et la communautarisation. Ca
serait mon rêve d’un nationalisme
arabe laïque qui s’effondre… et
■
qui est déjà effondré !
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 25
La vie de l’UNOR [ Les vœux du 12 janvier 2011 ]
Par le colonel (er) Olivier de France - Délégué général de l’UNOR
Le rendez-vous de la réserve
et du commandement
Cette année encore un grand nombre de réservistes des armées,
de la gendarmerie et des services étaient rassemblés à la rotonde
Gabriel à l’Ecole militaire, pour la séance des vœux.
ne
nouvelle
fois
le
commandement a montré
sa solidarité et son
attachement à l'Union
nationale des officiers de
réserve, et monde de la réserve en
général, en venant en nombre assister à cette cérémonie traditionnelle.
On remarquait ainsi la présence du
GBR Heck (GAT) représentant le
Gouverneur militaire de Paris, du
GBR Tavernier (secrétaire général
du CSRM), du contrôleur général
des armées de Maleissye (secrétaire
général du CSFM), du GDA Jarry
(coordinateur réserve à l’EMA),
représentant le CEMA et le GCA
de Saint-Salvy (sous-chef RH à
l’EMA), le GBR Thomas (DRAT
et directeur de l’ESORSEM)
représentant le CEMAT, du GBA
(DRAA) représentant le CEMAA, du
GBR Danède (DRGN) représentant
le DGGN, du MCS Guilou
(DRSSA) représentant le DCSSA,
du commissaire général Ferrand
représentant le DCSCA, de
l’ingénieur de 2e classe Noviant
(DRSEA) représentant le DCSEA,
de l’ingénieur général des armées
Lemoine représentant le DGA.
Les représentants des associations
amies de notre Union honoraient
également de leur présence
cette soirée, ainsi que deux anciens
présidents de l’UNOR, le
médecin général (H) Étienne Tissot
et le capitaine de vaisseau (H)
Damien Milliasseau.
26 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
© Franck Bertin
U
L’adjudant-chef (H) Jean Bisch (à gauche) s’apprête à recevoir des mains du Président Vitrolles
un sabre d’honneur de sous-officier. Au centre, le PM (R) Cogan, président de la FNASOR.
LE SABRE
DE L’ADJUDANT-CHEF BISCH
Prévue en trois parties, la soirée
débuta par la remise des prix
littéraires, présentée par le colonel
(R) Mourot, secrétaire général de
l’UNOR. Après avoir prononcé
quelques mots, les lauréats cédèrent
ensuite la place à un grand
moment d’émotion.
Le président de l’UNOR remit en
effet un sabre d’honneur de sousofficier à l’adjudant-chef (H) Jean
Bisch qui fut président de la FNASOR
pendant neuf ans, récemment remplacé à cette fonction par son premier vice-président, le PM (R) Cogan.
Ce fut pour le colonel (R) Vitrolles
l’occasion
de
souligner
les
excellents rapports qui existent
© Denys Chappey/UNOR
Les hautes autorités du commandement et de la réserve étaient présentes.
entre la FNASOR et l’UNOR et de
dire que les deux associations
travaillent en étroite collaboration
pour Servir la réserve de notre pays.
C’est très ému que l’ADC (H) Bisch
reçut son cadeau en soulignant que
« durant ces neuf années passées à la tête
de la FNASOR [il n’a] eu que des rencontres amicales et cordiales avec les officiers
qui répondaient présents en province aux
présidents des associations de [la]
Fédération lors de manifestations ».
■
Prix littéraires
© Denys Chappey/UNOR
❚ Le prix Raymond Poincaré a été attribué à Gilles Ragache pour son ouvrage
consacré à la fin de la campagne de France qui retrace les combats oubliés du
15 au 25 juin 1940.
De nos jours, quand on aborde cette période, il est difficile de tenter
d’expliquer que la défaite de l’armée française ne fut pas aussi complète qu’on
l’a trop souvent dit et écrit.
En bien des endroits, les unités dans lesquelles on trouvait d’ailleurs des
réservistes ou des élèves officiers de réserve, livrèrent des combats acharnés et
résistèrent pied à pied.
Du 15 au 25 juin 1940, des milliers d’hommes tombèrent, tant dans les rangs
français qu’allemands, au cours d’une multitude de combats égrenés sur tout
le territoire. C’est ce que Gilles Ragache retrace avec précision et détails dans
cet ouvrage remarquable.
Entourant le président de l’UNOR, les lauréats
des prix littéraires : François de Linares
(à gauche sur la photo) et Gilles Ragache.
❚ Le prix Armée et Défense a été attribué à François de Linares pour son livre
consacré à la campagne d’Italie, période 1943-1944. Les armées de cinq nations
étaient en présence en Italie en 1943 : américaine, britannique, française,
polonaise, et allemande.
Une page glorieuse de notre histoire militaire a été écrite là par les soldats de
l’armée d’Afrique car sans eux, jamais les alliés, bloqués devant Cassino, ne seraient
parvenus à percer le front.
Ce livre, incroyablement précis, raconte la vérité sur ces combats, les
manœuvres magnifiques, les erreurs criminelles, les hauts faits d’armes et, à
chaque page, le courage et la fraternité des combattants.
L’auteur, fils ainé du général de Linares, dont une promotion de Saint-Cyr porte
le nom, retrace la formidable épopée de ces héros dans les rangs desquels ont
servi de nombreux réservistes.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 27
La vie de l’UNOR [ Les vœux du 12 janvier 2011 ]
Par le colonel (R) René Mourot - Secrétaire général de l’UNOR
Un dialogue constructif
A l’issue de la remise du sabre d’honneur à l'adjudant-chef (H)
Jean Bisch, le secrétaire général de notre Union , le colonel (R)
René Mourot, présentait les vœux de l’UNOR à notre Président,
le colonel (R) Jacques Vitrolles.
l me revient maintenant le
redoutable honneur au nom de
l’UNOR de te présenter nos
vœux à l’aube de cette nouvelle
année, ce dont je m’acquitte avec
une grande joie car tu le mérites
bien, tant ton engagement est
fort à la tête de notre belle
maison qui, cette année fête, son
90e anniversaire.
Que de chemin parcouru depuis que
notre fondateur, le président de la
République Raymond Poincaré,
réserviste très actif, avait décidé que
les « officiers de complément »
devaient se fédérer pour continuer à
entretenir ce désir de Servir la patrie.
Depuis, tu es le 15e président à
servir l’UNOR afin de perpétuer ce
souhait, que des Françaises et des
Français ayant effectué leur service
militaire, avaient de continuer
à servir par le biais de la réserve
associative.
Ta mission aujourd’hui, comme
celle de nos présidents nationaux et
territoriaux, est beaucoup plus
compliquée du fait de la suspension
du service militaire, mais nous
devons continuer à permettre que
celles et ceux qui ont envie, en plus
de leur situation professionnel, de
se rendre utile au sein des forces
armées et de la gendarmerie de
pouvoir Servir de le faire.
Nous savons tous que tu ne ménages
pas ton temps pour être à l’écoute
de toutes et de tous afin que
l’UNOR aille de l’avant, que ce soit
28 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
© Franck Bertin
I
Le colonel (R) Mourot, secrétaire général de l’UNOR présente les vœux de l’UNOR
au président de notre Union, le colonel (R) Vitrolles. A droite, le médecin en chef (R)
Jean-Yves Gourvil, Premier vice-président de l’UNOR.
sur le plan national ou international
avec la CIOR. Le dialogue est
constructif avec le ministère et
toutes les instances du commandement, et cela nous te le devons.
Reste toujours aussi attentif afin de
faire vivre et défendre la réserve,
toute la réserve, afin qu’elle reste un
appui sérieux et efficace pour les
ministres de la Défense et de
l’Intérieur, dont dépendent en plus
nos camarades de la gendarmerie,
ainsi que le commandement.
Tu as des ambitions pour 2011 dont
tu vas peut-être nous parler, donc
que celles-ci puissent être réalité au
cours de cette année.
Enfin, je ne voudrais pas terminer
sans saluer et remercier ton épouse
qui à tes côtés, te soutient dans ton
action. Je veux saluer à travers elle
toutes celles qui supportent notre
double vie, au bon sens du terme,
car il n’est pas évident pour elles de
nous voir partir en fin de semaine
ou pendant les vacances parce que
nous avons le désir, en plus de nos
activités professionnelles, de Servir
notre pays. Elles méritent toute
notre reconnaissance.
Je te souhaite au nom de l’UNOR,
unie derrière toi, une bonne
et heureuse année Que celle-ci
t’apporte
joie,
bonheur
et
satisfaction sans oublier une bonne
santé, un bien qui nous est cher à
tous ainsi qu’à tes proches.
Bonne année mon cher Jacques. ■
[ Les vœux du 12 janvier 2011 ] La vie de l’UNOR
Par le colonel (R) Jacques Vitrolles - Président de l’UNOR
Quels enjeux pour l’avenir ?
Dans l’allocution qu’il a prononcé à l’occasion de la soirée des vœux
de l’UNOR, le Président a dressé le bilan de l’année écoulée et les
chantiers en cours sur lesquels notre Union va tout particulièrement
consacrée ses efforts en 2011.
est un grand plaisir pour moi
de vous accueillir ce soir au
nom de l’UNOR, qui fête
cette année ses 90 ans d’existence,
et de toutes ses associations affiliées, nationales et territoriales, à
l’occasion des vœux du nouvel An.
Ce cadre prestigieux de l’Ecole
militaire nous permet de maintenir
une tradition à laquelle nous
sommes tous très attachés. Elle est le
symbole de notre double implication
dans nos métiers civils et dans nos
fonctions militaires.
« Doublement citoyen » disait Winston
Churchill ; ce constat vieux de 60 ans
reste particulièrement d’actualité.
Si vous me le permettez, je ferai un
bref panorama de l’année écoulée
avant de me projeter dans un futur
dont nous devons mesurer avec
discernement les contraintes, sans
pour autant réduire nos ambitions.
Au cours de l’année 2010, l’UNOR
s’est résolument engagée dans
une politique de rénovation,
d’élargissement de son champ
d’action et de rassemblement.
Les nouvelles demandes d’adhésion
d’associations nationales interarmées
en sont le témoin. Elles démontrent
notre vitalité et notre ambition.
C’est le fruit de la politique d’interarmisation que j’appelais de mes
vœux l’an dernier. Gageons que les
efforts entrepris trouveront le succès
en 2011. Le caractère fédérateur de
l’UNOR sera ainsi réaffirmé et sa
représentativité confortée.
© Denys Chappey/UNOR
C’
Le président de l’UNOR, le colonel (R) Jacques Vitrolles,
présente ses vœux aux réservistes et au commandement
2010 a aussi été l’année des chantiers
engagés. Certains ont trouvé leur
aboutissement tel celui de notre revue
dont le contenu et la forme ont été
singulièrement améliorés. Je veux saluer
ici l’engagement très professionnel
dont fait preuve son rédacteur en chef.
D’autres sont en cours de finalisation
comme les outils modernes de
communication dont nous avons
besoin. Je suis certain que 2011 verra
la mise en ligne d’un nouveau site internet entièrement revu et modernisé.
rons ainsi à apporter notre pierre à
l’édifice si difficile à construire.
❚ notre investissement dans la
commission Armée-jeunesse est aussi
à mettre en exergue. Je voudrais tout
particulièrement remercier nos
jeunes camarades qui y travaillent. La
qualité de leurs travaux doit être
soulignée. Réfléchir à ce que propose
nos armées pour l’accueil des plus
jeunes et imaginer des solutions
novatrices pour assurer leur lisibilité est
fondateur de l’avenir de nos réserves.
Au delà de ces procédés techniques
nécessaires à notre évolution, nos
actions se sont également développées
au sein de différentes instances de
concertation dont l’importance n’est
plus à démontrer :
❚ notre participation au sein des
diverses commissions du CSRM marque
notre implication dans toutes les
réflexions engagées. Nous continue-
D’autres institutions ne nous ont pas
encore ouvert leurs portes. J’ai émis
récemment l’idée que notre Union
soit représentée au sein du CSFM. En
effet, il me semble normal que les
officiers de réserve prennent toute leur
part dans cette instance de concertation
aux cotés de leurs camarades professionnels. Il en va de la considération et de
la fidélisation de nos camarades sous
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 29
La vie de l’UNOR [ Les vœux du 12 janvier 2011 ]
ESR. Ne formons nous pas, avec les
forces de gendarmerie, une seule et
même armée au service de la France ?
Enfin, cette année 2010 a été marquée
par notre 74e Congres national de
Toulouse, en octobre dernier. A cette
occasion, des propositions ont été
faites pour faire de notre Union un
outil de recrutement, de formation
initiale et de fidélisation des jeunes
générations au profit des armées et de
la gendarmerie.
Permettez-moi de former le vœux que
ces propositions soient étudiées, analysées, et mises en œuvre. La question
subsidiaire des moyens nécessaires ne
pourra trouver une solution que dans
une politique affirmée de cohésion de
la nation avec son armée.
Au seuil de cette nouvelle année,
je voudrai formuler quelques vœux
simples :
❚ pour vous et vos familles, espérons
que cette année 2011 vous apportera
toutes les satisfactions familiales et
professionnelles espérées ;
❚ pour nos armées, souhaitons le
succès partout où elles sont et seront
engagées.
Je pense ce soir à tous nos camarades,
professionnels comme réservistes qui,
au delà de nos frontières, défendent les
intérêts de la France, parfois au prix du
sang versé.
❚ pour l’UNOR :
- espérons que l’implication
quotidienne de tous ceux qui
travaillent pour elle se pérennise et
permettez-moi de les en remercier.
- formons le vœux d’un complet
investissement dans les reformes en
cours avec pour corollaire une
intensification des regards mutuels de
l’active et de la réserve.
Je ne voudrais pas terminer ces
vœux sans remercier nos proches de
l’adhésion consentie à notre idéal
qui nous permet de servir notre pays
parfois au détriment de nos vies
familiales et professionnelles.
Je vous remercie de votre
■
attention.
© Franck Bertin
Je terminerai cet état des lieux en
rappelant simplement que notre
Union, et tous ses membres, demeurent
des vecteurs privilégiés pour assurer la
transmission de nos valeurs morales si
décriées et la nécessaire information
de nos jeunes générations qui ne
connaissent plus leur armée.
Les enjeux des années qui se profilent
devant nous sont élevés et se situent sur
deux plans différents :
❚ au plan national, nous devrons
peser encore plus sur les décisions
majeures qui interviendront
inévitablement. Nous ne pouvons pas
rester étrangers à l’évolution de nos
armées. Notre rôle de citoyen est
d’aller au-delà de la seule réflexion et
de fournir des éléments de réponse
sur ce que doit être la France de
demain. Nous, réservistes, avons
l’énorme avantage de notre maillage
territorial et nous devons servir de
relais pour le commandement. Il peut
compter sur nous.
❚ au plan international, la présidence
française de la CIOR constituera
l’objectif majeur des deux années
à venir. Pour autant, l’action de la
délégation française devra être
appuyée et soutenue au risque de voir
décroître son influence internationale. Nous aurons un dur combat a
mener pour faire perdurer l’utilisation
de la langue française. Il en va
de la crédibilité internationale de
notre confédération. Je connais
l’engagement de l’état-major des
armées dans ce domaine.
Les représentants du commandement, des associations amies nationales et régionales, ainsi que les réservistes
étaient venus en nombre pour écouter les vœux de l’UNOR.
30 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
Associations territoriales
[ Editorial]
Par le médecin en chef (R) Jean-Yves Gourvil - Premier vice-président, président national des organisations territoriales interarmées
Mes chers camarades,
u contact des régions, j’entends
parfois, en particulier lors de mes
déplacements, des questions
concernant la réserve en général. C’est
pour cela que j’évoque dans ce billet
ce sujet en abordant par ordre d’importance de vos préoccupations : la réserve
citoyenne, la réserve honoraire et enfin
la réserve opérationnelle pour laquelle
tout est relativement clair.
© Lionel Pétillon
A
Initialement prévue pour servir de
vivier à la réserve opérationnelle, la
réserve citoyenne a logiquement évolué et y sont maintenant nommés des
décideurs qui rendent service à la cause
de la Défense. C’est très bien ainsi.
Mais à côté des décideurs sans passé
militaire, se trouvent également dans
la réserve citoyenne des officiers
ex-honoraires qui ont voulu prolonger leur engagement de cette façon. Ils
ont parfois, à cette occasion, bénéficié
d’un avancement pour leur donner
un grade plus conforme à leurs
compétences et responsabilités civiles.
Il y a là une ambiguïté qui devra être
levée, sachant qu’il n’y a pas d’honorariat du grade en réserve citoyenne,
que ces réservistes citoyens ne le savent
pas forcément et qu’on imagine mal
qu’ils se satisfassent d’un retour à un
grade inférieur dans l’honorariat.
Quoi qu’il en soit, la réserve citoyenne
est une réserve militaire et a donc toute
sa place dans nos associations. Mais il
n’y a rien que puisse faire un
réserviste citoyen qui ne puisse,
également, être fait par un réserviste
honoraire qui peut par exemple aussi
exercer comme collaborateur
bénévole du service public.
Nombre de nos officiers de réserve
honoraires sont en pointe dans
l’entretien du lien Armée-Nation, en
particulier dans l’éveil à la citoyenneté
des collégiens et leur découverte de la
nécessité d’une Défense.
Ce sont, parfois aussi, ces officiers de
réserve honoraires qui ont le temps et
les relations leur permettant de
sensibiliser les chefs d’entreprise aux
problèmes de défense. Ce sont
souvent enfin une poignée de ces réservistes honoraires qui animent dans nos
régions la JNR ou l’opération des
dessins de Solidarité-Défense.
Nos plus jeunes camarades, sous ESR,
ont eux plus souvent le nez dans le
guidon, jonglant avec une carrière à
développer, une famille à satisfaire et
leur emploi militaire. Ils sont souvent
moins actifs dans nos associations :
ils y adhèrent, mais y sont moins disponibles et cela est bien compréhensible.
Le temps passant, cette disponibilité
leur viendra à leur tour…
Telle est notre réserve et le monde de
nos associations. C’est la diversité de
toutes ces réserves qui fait notre richesse
et c’est notre union qui en fait ce que
nous représentons, 15 000 hommes et
femmes au service de la Défense. ■
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 31
es Officiers d
nd
éserve
eR
Associati
o
Associations territoriales
AOR
[ Dessins de Noël ]
Par le colonel (H) Claude Froideval - Président de l’AOR de Lens
LENS
Après les dessins… les félicitations
Initiée par l’association Solidarité/Défense, l’AOR de Lens a relayé l’opération
« Dessins de Noël » dans deux circonscriptions scolaires de l’arrondissement
de Lens. Le succès fut au rendez-vous.
AOR de Lens qui se mobilise
tous les ans pour cette opération en faveur de nos soldats,
leur a fait parvenir cette année 488 dessins réalisés dans 22 classes des sept
écoles participantes. En février dernier, les réservistes ont remis aux
classes les lettres de félicitations.
Le vendredi 18 février, treize classes
de la première circonscription à BillyMontigny étaient ainsi réunies en
présence de M. Hazard, inspecteur
général honoraire de l’Education
nationale et président du comité d’arrondissement de la SEMLH (Société
d'entraide des membres de la Légion
d'honneur), de Mme Mégueulle,
maire adjointe, de M. Peliks, correspondant Défense de la commune, du
personnel enseignants et d’officiers de
réserve accompagnés du drapeau de
l’association lensoise.
200 ENFANTS HEUREUX
Le COL (H) Claude Froideval,
président de l’AOR de Lens, a pu
remercier tous les acteurs de cette
opération et en particulier les
200 enfants heureux venus recevoir
leurs lettres de félicitations.
Le Président était secondé dans cette
agréable manifestation par le COL
(H) J. Ronfort et le CBA (H) D.
Thibaut, chacun responsable d’une
circonscription scolaire.
La seconde phase de cette opération
s’adressera aux élèves de la 2 e
circonscription. L’événement,
en cours de planification, sera jumelé
avec la remise de Prix du civisme
initié par l’ONM (ordre national
du Mérite).
32 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
© AOR de Lens
L’
Les enfants brandissent fièrement, et à juste titre, leurs lettres de félicitations.
DES COURRIERS
ET TOUTES SORTES DE CADEAUX
« Cette année, dix classes de l’école Doisneau
ont réalisé des productions à destination
des soldats français basés dans des pays lointains, afin de réaf firmer notre
soutien aux hommes et femmes qui œuvrent
pour la paix dans le monde, explique
le directeur de l’école Doisneau, de
Billy-Montigny.
Nous avons reçu à ce jour une
cinquantaine de réponses très variées,
de quelques lignes de remerciements
à des courriers plus longs, dans lesquels
les soldats expliquent qui ils sont,
qu’ils ont leur famille en France, des
enfants de l’âge des élèves, accompagnés
de photos, de cadeaux également (coiffes
afghanes, jouets en bois fabriqués
en Afrique, porte-clés du porte avions
Charles-De-Gaulle…), ajoute monsieur
le directeur.
La remise des courriers aux enfants est
toujours pour les enseignants et surtout
pour les enfants un moment un peu
particulier : pour les petits, l’enseignant
lit la lettre ; elle passe de main en main,
ainsi que les photos ou objets envoyés.
Pour les plus grands, c’est une occasion
d’être en situation multidisciplinaire :
outre la lecture de la lettre à la classe par
l’élève, c’est également l’occasion parfois de
découvrir le mode de vie de nos soldats basés
au loin, et même, dans le cas du courrier
reçu par une élève de CE2, de faire une leçon
de géographie un peu particulière, en
suivant le parcours du porte-avions CharlesDe-Gaulle sur le planisphère. »
Enthousiasmé par la participation
de ses élèves et les courriers reçus,
le directeur de l’école (qui participe
depuis plusieurs années à l’opération), compte bien renouveler
l’opération dans les années à venir.■
es Officiers d
nd
éserve
eR
Associati
o
Associations territoriales
UORRM
[ Réception du nouvel An ]
Par le lieutenant-colonel (H) Serge Bader - Président de l’UORR Mulhouse
Mulhouse
Les vœux des Mulhousiens
Le 3 janvier, l’Union des officiers de réserve de la région de Mulhouse (UORRM)
a donné une réception au Parc Expo de Mulhouse à l’occasion de la nouvelle année
et en l’honneur des promus et décorés de l’association.
AU REVOIR AU 3E RH
Le président précisa que si le
programme de l’UORRM avait été
dense en 2010, l’Union fera en sorte
qu’il soit à nouveau en 2011 à la
hauteur des espérances.
Ainsi, la nuit des officiers qui s’est
déroulée au palais Beau Bourg de
Blotzheim, le 19 mars, fut dédiée au
thème du 3e régiment de Hussards. Ce
fut pour les partenaires civils et
militaires du 3e RH une éclatante
occasion de remercier et prendre
congé de cette prestigieuse unité qui
de par son transfert à Metz se doit
© UORR Mulhouse
L
Les récipiendaires et promus
rassemblés devant le drapeau de l’UORRM.
d’arrêter son fructueux partenariat
avec Mulhouse.
Serge Bader rappela aussi que
la 10e édition du Rallye des lycéens
se déroulera le 14 mai prochain.
DES PARCOURS RÉCOMPENSÉS
Le président de l’UORRM appela
ensuite auprès de lui les membres
promus et décorés en 2010 pour, tout
à tour, évoquer leurs riches parcours
militaires et civils. Les membres à
l’honneur ont été :
❚ les promus au grade supérieur :
LTN Christian Coulon, CNE Christine
Frank et LCL Eric Durr.
❚ les décorés : commissaire commandant Eugène Riedweg (chevalier de
la Légion d’honneur), CBA Didier
Anselm (officier de l’ordre national
du Mérite), ADJ Roland Wellisch
(chevalier de l’ordre national du
Mérite), médecin en chef Georges
Fabrice Blum (officier des Palmes
académiques), CEN Gilbert Golly
(chevalier des Palmes académiques),
médecin principal Pierre Schwarb
(médaille de bronze des services
militaires volontaires), LCL Dominique Chevrot et sergent-chef
Christian Munch (médaille de bronze
de la Jeunesse et des sports), LCL
Burkhart Ehrlich (Ehrennadel de
la Ville de Müllheim), LCL Serge
Bader (Ehrenkreuz der deutschen
Bundeswehr).
LE DEVOIR DE MÉMOIRE
Comme le veut la tradition, il appartînt au commissaire commandant
Eugène Riedweg de prononcer le
discours de clôture au nom de tous les
promus et décorés.
Avant de trinquer aux succès de tous
les présents, Jean Rottner, maire de
Mulhouse, adressa ses compliments
aux promus et décorés ainsi que ses
remerciements à l’action de l’UORR
Mulhouse au sein de la cité, plus
particulièrement par son implication
dans le devoir de mémoire et
ses actions vis-à-vis des jeunes pour
le renforcement du lien arméeNation.
■
© UORR Mulhouse
lieutenant-colonel (H) Serge
Bader, président de l’UORRM,
a eu tout d’abord le plaisir
d’accueillir et de saluer les invités
parmi lesquels de nombreuses
personnalités civiles, militaires, du
monde associatif de la réserve et des
anciens combattants, ainsi que
quelques délégations étrangères
venues de Suisse et d’Allemagne.
Dans son allocution, il rendit
hommage à l’action de nos forces
armées et aux sacrifices importants
consentis par elles au cours de
l’année. Il mit en avant la perception
du fossé qui, si nous n’y prenons
garde, risque de se creuser entre
l’institution militaire et l’opinion
publique, les valeurs traditionnelles
de l’une étant de moins en moins
représentées chez l’autre. D’où
l’importance de l’action que toutes les
structures du monde des réserves
et des anciens peuvent apporter,
notamment aux jeunes, le témoignage
de ces valeurs et de la mémoire.
Les généaux Chalmel (Cdt la BFA)
et Klotz (Cdt la 2e Brigade Blindée) étaient
présents à la soirée des vœux de l'UORRM.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 33
es Officiers d
nd
éserve
eR
Associati
o
Associations territoriales
AOR
21
[ 22e Raid CO Côte d’Or ]
Par le colonel (H) Christian Domenichini – Coordinateur du Raid Côte d’Or
De jour comme de nuit
Les 23 et 24 octobre derniers, Châtillon-sur-Seine a accueilli la 22e édition du Raid
CO Côte d’or. 200 réservistes et militaires d’active ont participé à l’épreuve.
ès le vendredi 22 octobre, la
base vie s’organise autour du
gymnase pour l’hébergement
des équipes et du centre social et
culturel voisin pour le PC ; des
structures d’accueil idéales offertes par
la municipalité et la communauté de
communes, chaleureuses et sensibles
aux valeurs militaires.
Ils étaient exactement 201 militaires
(réser vistes et d’active) a avoir
répondu présents à ce raid organisé
par quatre associations de réservistes
du département (AOR 21, ASOR 21,
ACR du Châtillonnais et FNAME
Bourgogne). Les concurrents étaient
répartis dans les 40 équipes qui
concourraient et dans lesquelles
étaient intégrés neuf jeunes venant
d’effectuer leur JAPD. A noter une
forte présence d’équipes étrangères :
10 allemandes, 4 norvégiennes dont
1 équipe féminine, et 2 suisses.
UN ÉVÉNEMENT DÉFENSE
Plus de 100 contrôleurs issus des associations de réservistes du département
ont encadré ce Raid 21, renforcés par
quelques jeunes JAPdistes ainsi que de
nombreux sympathisants et membres
d’associations locales.
Par ailleurs, deux antennes du CIRFA
étaient présentes sur le parcours de
jour, à proximité d’ateliers dynamiques ; l’une place de la mairie,
l’autre sur le terrain de l’aéroclub où
étaient regroupées des épreuves en
lien avec l’aviation. Là encore, c’est
un des objectifs des organisateurs de
faire de ce Raid un événement
Défense.
Le succès du Raid CO Côte d’Or tient
en grande partie à la conception du
parcours, scindé en un circuit jour et
34 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
© Raid CO Côte d’Or
D
Les Norvégiens se sont emparés des deux premières places du classement général.
un circuit nuit qui offrent aux
équipes quasiment 24 heures
d’épreuves non-stop, en deux phases
consécutives différentes. Ce schéma
a donc été reconduit.
LE PARCOURS DE JOUR
Le parcours de jour est lancé sur six
points de départ concomitants
permettant de relier treize ateliers
d’épreuves, six points de passage
obligés (PPO) et de récupérer les
équipes dans les délais envisagés, afin
d’assurer un temps de repos avant
le départ nuit. Le parcours était
articulé en trois sites d’épreuves.
D’abord en ville, dans un objectif évènementiel : un mur d’escalade dans
le parc public de l’hôtel de ville où
était installé un bus d’information du
CIRFA ; une épreuve de secourisme
au pied de la source de la Douix ;
une épreuve de génie-explosifs au
lavoir des Cordeliers (ancien GQG
de Joffre lors de la bataille de
la Marne).
Ensuite, en rase campagne, déplacement topo et épreuves militaires : lancer
de grenades, épreuve air- soft sur prise
d’otage, épreuve d’observation-renseignements gendarmerie, atelier Nedex,
épreuve de tir carabine à 25 m.
RECONNAISSANCE AÉRIENNE
Enfin, un pôle d’épreuves regroupées au terrain d’aviation : pendant
qu’un membre de chaque équipe
effectuait une reconnaissance
aérienne du parcours nuit à bord
de deux avions de tourisme de
l’aéro-club, les autres équipiers
s’adonnaient à une identification de
matériels, un suivi de cible avec un
canon anti-aérien équipé d’un laser
(matériel allemand de 39/45
parfaitement restauré), une QCM de
reconnaissance d’instruments de bord
d’un cockpit de mirage (matériel de
démonstration installé par le CIRFA),
un tir à l’arc sur cibles animalières et,
pour finir, un tir ball-trap.
La logistique et les véhicules mis à
notre disposition par la BA 102, la
RTNE via le 511e RT d’Auxonne et la
gendarmerie ont permis, une fois de
plus, le bon déroulement de cette
phase jour.
© Raid CO Côte d’Or
LE PARCOURS DE NUIT
A partir de 20h00, les départs sont
échelonnés de 5 mn, à partir de la
maison forestière de la Grande
Réserve, pour un parcours de 20 km.
Cette année, les équipes ont au menu
une mission de reconnaissance suivie
d’un raid sur objectif dans une
ambiance de forte menace terroriste.
De ce fait, en première partie de mission, le parcours est ponctué de PPO
avec indices de préparation d’actions
hostiles et comportements d’individus
à observer (des emballages de matériels
explosifs, un bivouac dissimulé, un
rassemblement d’individus suspects) en
vue de réaliser un CR de fin de mission.
Un atelier gendarmerie et un atelier
génie sont doublés d’une fonction
« renseignements complémentaires »
pour le suivi de la mission.
L’épreuve du suivi de cible avec un canon anti-aérien équipé d’un laser,
un matériel allemand de 39/45 parfaitement restauré.
et de se replier sur une zone de recueil.
Ce repli s’effectue par une CO jusqu’à
une zone sécurisée (salle communale
de village) puis retour à Chatillonsur-Seine en véhicules.
Si la météo était clémente le samedi
(vent frais et soleil), pluies en
bourrasques ont pris le relais le samedi
soir pour la première partie de la
nuit, obligeant d’ailleurs à modifier
quelque peu le parcours initial déjà
sélectif et à se priver d’un plastron et
de ses effets attendus. Ces mauvaises
conditions ne furent pas sans effet
sur le moral et peut être la pugnacité
des équipes si l’on s’en rapporte
au classement « nordique » de ce
22e Raid (voir encadré).
© Raid CO Côte d’Or
SOLEIL ET BOURRASQUES
En deuxième partie de mission, des
cibles d’attentats à l’explosif sont identifiées ; l’objectif est de les neutraliser
Le mur d’escalade était installé dans le parc
public de l’hôtel de ville de Châtillon-sur-Seine.
CÉRÉMONIE DE CLÔTURE
Le calme météorologique revenu, la
troisième partie du raid a pu se
réaliser comme d’habitude, le
dimanche matin, par un défilé impeccable en ville, derrière les musiques
de la Lyre et de l’Etendard châtillonnais et les drapeaux des associations,
en présence des autorités et d’un
public nombreux et fervent.
La cérémonie de clôture traditionnelle et de proclamation des résultats
était aux ordres du colonel Vigilant,
DMD 21 et commandant la BA 102
de Dijon-Longvic, en présence de
nombreuses personnalités dont la
sous-préfète de Montbard, le maire de
Châtillon-sur-Seine et bien entendu
les quatre présidents des associations
organisatrices du raid : le LCL Caseau
pour l’AOR 21, l’ADC Escallier pour
l’ASOR 21, le SCH Fillod pour l’ACR
du Châtillonnais et le SCH Surirey
pour la FNAME-Bourgogne.
Le vin d’honneur offert par la
municipalité rassembla plus de 400
personnes et le repas de cohésion
retenait 220 convives, manifestement
ravies des agapes bourguignonnes.
L’édition 2011 du Rais CO Côte d’Or
devrait se tenir à Talant/Dijon, les 22
et 23 octobre.
■
Classement général
1er/ Norway Team Rype
2e/ Norway Team Papa
3e/ Les explos suisses
4e/ MCRT suisses
5e/ BA 123 - 2
1re équipe féminine : Norway Team Ladies
Neuf JAPDistes faisant partie des équipes
ou contrôleurs ont reçu la médaille de
l’UNC Dijon.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 35
es Officiers d
nd
éserve
eR
Associati
o
Associations territoriales
AOR
[ Service historique de la Défense ]
ESSONNE
L’AOR 91 dépose ses archives
En 2007, l’UNOR s’était fixé un objectif ambitieux : construire l'histoire
des réserves. Ce projet s’appuyait sur la constitution d'un réseau
"Archives et recherches".
modalités régissant le dépôt
d'archives privées au Service historique de la Défense.
INDISPENSABLE INDEXATION
Les six présidents qu'a connu l'AORE
au cours de cette période étaient traditionnellement les dépositaires de nos
archives, classées de fait par ordre chronologique et sans aucune indexation.
Notre première entreprise fut donc
un gros travail de compilation et d'inventaire de nos richesses. Non versé
dans les techniques « archivistiques »,
il nous est cependant vite apparu que,
sans indexation, ni table des matières,
la consultation de notre histoire serait
vite rebutante et monotone.
Petit à petit s'est dessinée l’incontournable nécessité d'un classement par
domaines (administratif, militaire,
36 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
© AICRE
L
Le CBA (H) Truchi, décédé en 2010,
était un fidèle de l'AICRE et son porte-drapeau.
familial) et par rubriques (réunions
statutaires, activités réserves,
activités associatives). Au final, nous
aboutissons à un ensemble de
sept classeurs et trois boîtes-archives
(finances de l'association) représentant quasiment un mètre linéaire
de rayonnages.
VISITE SUR LE TERRAIN
Fin 2008, début 2009, le directeur du
Bureau protection et enrichissement
du patrimoine du SHD (département
de l'innovation technologique et des
entrées par voie extraordinaire) nous
contacte afin de savoir où en est notre
démarche.
A notre invitation, il se déplacera en
Essonne et, en présence du colonel
(R) André Trousselié, président
de l'AICRE, il évaluera le travail
réalisé et la pertinence du mode de
classement choisi. L'entretien
portera également sur les diverses
DERNIER ACTE
Le 21 janvier 2010, le Bureau de
l’AICRE prend acte du fait que le
travail de classement est terminé. Il se
prononce pour un don des archives
de l'AORE au SHD, sous conditions
restrictives (autorisation préalable de
l'AICRE pour toute demande de
communication et/ou de reproduction de documents de notre histoire).
Cette résolution est ensuite adoptée
à l'unanimité en réunion du CA le 18
février et entérinée par l'AG du 25
mars qui habilite trois membres du
Conseil d'Administration comme
correspondants du SHD.
Le dernier acte de cette démarche
patrimoniale se déroule le 22 avril
avec l'enlèvement, par les soins du
SHD, du patrimoine d'une période
fort riche de l'histoire des Réserves
en Essonne. Le 7 mai, accusé de
réception de notre versement nous
a été notifié par le général Robert,
chef du SHD. Nos archives sont
enregistrées et "constituent un fonds
privé au nom de l'Association" sous la
■
cote 2010 PA 26.
Retrouvez l’actualité de l’AICRE sur
http://aicre.canalblog.com
© AICRE
es associations nationales et
territoriales de réservistes étaient
invitées, dans un premier temps,
à dresser un état des lieux de leurs
archives pour constituer une base de
travail solide.
Il leur était également proposé, dans
un deuxième temps, d'envisager le
dépôt de ces archives au Service
historique de la Défense (SHD) à
Vincennes, sous statut privé garantissant
aux associations la pleine propriété de
leurs archives mises en lieu sûr.
Fin juin 2007, l'AOR de l’Essonne
décidait donc de se lancer dans cette
démarche. Dans la foulée, l'AORE,
fondée en 1969, se transformait
en 2007 en AICRE, Association interarmées des cadres de réserve de
l'Essonne. Il était donc nécessaire de
clôturer un parcours associatif
de presque 38 ans pour ouvrir une
nouvelle histoire nécessairement
différente.
es Officiers d
nd
éserve
eR
Associati
o
Associations territoriales
AOR
74
[ Biathlon national ]
Par l’ingénieur en chef (H) Alain Courtois - Président de l'AOR 74
Epreuve annulée
Faute de neige suffisante, la 38e édition du Biathlon national de l’UNOR
qui devait se dérouler en janvier a dû être supprimée. L’épreuve est reportée
à l’année prochaine.
N
possible… Nous avons dû nous résoudre à prévenir toutes les équipes dès le
jeudi soir par téléphone et par courriel.
JUSQU'À LA DERNIÈRE
MINUTE
En effet, la neige tombée au début de
la semaine n’avait pas suffit ; le redoux
survenu dès le mercredi avait en effet
commencé à laminer la piste.
Dommage car le plateau des
concurrents était très relevé du côté
des champions, et les amateurs se
seraient amusés aussi.
RENDEZ-VOUS
EN JANVIER 2012
Impossible de reporter cette épreuve
à une date prochaine car il fallait
attendre un peu pour espérer la
neige ! Par ailleurs, il fallait aussi tenir
compte des calendriers de la station,
du 27e BCA, des vacances scolaires,
et même de la visite des sites olympiques pour la candidature de 2018.
La mort dans l’âme, il a donc fallut
renoncer… mais nous espérons
vivement tous vous retrouver
l’année prochaine, certainement le
week-end des 21-22 janvier (date
à confirmer).
■
Les années se suivent mais ne se ressemblent
pas : la neige était bien au rendez-vous
de l’épreuve en 2010 comme le rappelle
cette photo d’archive.
Nous avons travaillé le plus tard
possible avant la course ; nous avions
réglé les carabines. Tout était prêt
mais ce ne fut malheureusement pas
40
es Officiers d
nd
éserve
eR
Associati
o
serve
Ré
Associati
o
Le colonel (R) Jean-Pierre
Brèthes, président
ACR
de l’Amicale du 34 e RI,
président-fondateur de
l'ACR40, nous signale qu’il
n’était pas l’auteur du compte-rendu
de la Rando des Lannes 2010 publié
dans notre précédent numéro.
Ce texte est en fait à mettre au crédit
de l’un des participants, le lieutenant
(R) Grandclément, membre de
l’ANORAA.
■
es Cadres de
nd
AOR
82
L ’ A G d e s o ff i c i e r s d e
r é s e r v e e t h o n o r a i re s
de Tarn-et-Garonne s’est
tenue début février. Les
rapports moraux et financiers ont été
approuvés à l'unanimité et les membres
sortant du CA renouvelés.
Sont ensuite intervenus deux chefs
de corps, nous écrit Michel Gabach,
secrétaire de l'AOR 82.
Le colonel Rossi, commandant le 9e
bataillon de soutien aéromobile qui a
remplacé la 11e BSMAT, a présenté son
unité dont la mission principale est de
soutenir l'engagement opérationnel
de tous les aéronefs de l'ALAT.
Le colonel Temporel, commandant la
Base de Défense (BdD) MontaubanAgen-Castelsarrasin, est ensuite
intervenu pour expliquer quelle est la
raison d'être de ce nouvel organisme
qui s'inscrit dans le cadre de la réorganisation de nos forces armées.
■
Avec mon ancien régiment,
le 152e RI, qui sera projeté
152
en Afghanistan début juin,
je prépare une opération
d'aide humanitaire à
destination des enfants afghans. Nous
souhaitons leur apporter du matériel
scolaire tels que des cahiers, des feuilles,
des stylos et des crayons de couleurs,
etc. Ce matériel sera distribué par les
hommes du 152 en appui avec les ACM
(affaires civilo-militaires) sur place. Nous
faisons appel à vos connaissances pour
nous aider à récupérer le maximum de
matériel afin de les charger dans les
■
containers au plus tard fin avril.
’aide human
nd
ire
ita
Et aussi…
Acti
o
© Archives AOR 74
ous avions préparé activement
jusqu’au jeudi 13 janvier le
Biathlon national de l’UNOR
(38e Challenge) qui devait avoir lieu
les 15 et 16 janvier au Semnoz (74).
Malheureusement le manque de
neige n’a pas permis de tracer la piste
et nous avons dû renoncer à la
dernière minute.
e
RI
Contact : Cne (H) Jean-Marie Etienne - 45 rue de la
Fontaine, 88420 Moyenmoutier. Tél. 03 29 60 40 29
ou 06 77 55 44 23 - [email protected]
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 37
20e anniversaire guerre du Golfe
[ La Division Daguet ]
Résumé par le capitaine (R) Lionel Pétillon
A l'assaut d'As-Salman
Il y a 20 ans, la division Daguet prenait part à la guerre du Golfe. Près de 16 000
militaires français ont été déployés, de septembre 1990 à février 1991.
Suite à l’invasion du Koweït
par l’Irak, le 2 août 1990, le
président de la République
française annonce le 9 août
l’envoi des forces de l’armée
française, notamment du porteavions Clemenceau, afin d’assurer la
protection du golfe persique. Il
s’agit de l’opération Salamandre.
Mais lorsque le 14 septembre
1990, l’armée irakienne viole les
lois internationales et investit
l’ambassade de France à Koweït City,
une nouvelle opération est alors
mise en place : l’opération Daguet.
Celle-ci consiste en la participation
d’une division française, la division
Daguet, à la coalition internationale
investie contre l’Irak.
S
L'OPÉRATION
BOUCLIER DU DÉSERT
Dès le mois de septembre 1990, la
division Daguet doit déployer des
moyens techniques colossaux afin
d’assoir les positions françaises
au cœur du désert saoudien,
dans les camps de Miramar ou du
roi Khaled, et de préparer ses
contingents à l’offensive directe.
L’opération Desert Shield (Bouclier
du désert) marque la période de
préparation avant l’offensive alliée.
Le général Michel Roquejeoffre
coordonne l’opération dans le camp
Insigne de la Division Daguet.
français. La division Daguet elle, est
sous les ordres du général Jean-Charles
Mouscardès depuis le 22 septembre
1990 qui doit être rapatrié sanitaire
le 8 février 1991. Il est remplacé par
le général Bernard Janvier.
L’ARMADA DAGUET
La division Daguet est composée
principalement par la 6e DLB dont
plusieurs régiments vont être
Les 17 emblèmes
A ce jour 17 drapeaux et étendards portent l’inscription « Koweit 1990-1991 »
dans leurs plis : 2e REI, 1er REC, 6e REG, 3e RIMa, 1er RPIMa, 11e RAMa, 4e Dragons,
1er Spahis, 6e RCS, 1er RHC, 3e RHC ; 5e, 7e et 11e escadre de chasse, 33e escadre
de reconnaissance, 61e et 64e escadre de transport.
38 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
mobilisés : les 1er et 3e RHC, le 1er RI,
le 1er RHP, le 1er REC, le 1er RS, le
4e RD, le 11e RAMa. La division Daguet
peut compter sur le Groupement de
soutien logistique de la Force d’action
rapide. En plus du 1er REC, la Légion
est également présente avec son
6e REG et le 2e REI.
La force navale, elle, est menée par
le porte-avions Clemenceau et son
escorte Le Var (pétrolier-ravitailleur)
et Le Colbert (croiseur lance-missiles).
Dans le port de Yanbu (Arabie
Saoudite), les transports de chalands
de débarquement Foudre et Rance,
renforcent la chaîne de soutien santé.
Le porte-avions Foch quant à lui, est
maintenu en alerte à Toulon avec son
groupe aérien. La France a également déployé 24 avions de combat,
132 hélicoptères de l’ALAT dont
60 Gazelles HOT, 500 véhicules blindés dont 214 VAB, 96 AMX-10 RC, 44
chars AMX30, 13 ERC-90 Sagaie et 18
canons tractés TRF1.
TEMPÊTE DU DÉSERT
L'OFFENSIVE ÉCLAIR
L’opération Desert Shield cède la place
à Tempête du désert (Desert Storm)
lorsque l’offensive alliée est
déclenchée dans la nuit du 16-17
janvier 1991.
Elle consiste avant tout en une frappe
aérienne de 43 jours contre l’armée
irakienne, suivie d’une offensive
terrestre (24-26 février). La puissante
action aérienne vise à amoindrir les
capacités de réaction ennemies et à
garantir la maîtrise de l’espace aérien.
L’offensive aéroterrestre permettra
ensuite, en une centaine d’heures,
de mener les forces alliées au succès
20e anniversaire guerre du Golfe
[ Sur le terrain ]
Par le lieutenant-colonel (H) Pierre Denain – Administrateur de l’ANOLIR [1]
Interprète des chefs de Daguet
UNE GUERRE
RICHE EN ENSEIGNEMENTS
De l’intervention française dans le
Golfe ont été tirés de nombreux
enseignements. « Daguet marque
le changement dans la nature de nos
interventions et constitue la genèse de
profondes mutations », a écrit le
général Janvier.
Au moment le plus fort du conflit,
la force Daguet était constituée
de 12 000 hommes auxquels
s’ajoutaient 1 160 aviateurs et
les 2 400 marins, ainsi que les
3 400 hommes en réserve à
Djibouti. Le bilan humain fut de
■
neuf soldats tués.
D'après ministère de la Défense et ECPAD.
a première guerre du Golfe
fut l’occasion pour l’un d’entre nous de participer,
presque
clandestinement
d’ailleurs, à des échanges au
plus haut niveau. Clandestinement
en effet, puisqu’en 1991, il était
impossible de faire participer un
réserviste à des opérations militaires
autres qu’en temps de paix.
Ce n’est qu’avec la loi 93/4 qu’il est
devenu possible de convoquer des
personnels autres que d’active en
opération.
Le récit ci-dessous constitue donc
une expérience unique.
A l'époque des faits, Pierre Denain
était commandant, et il n'a rédigé ce
texte qu'en 2003, pour ce que j'avais
intitulé le Bulletin du souvenir (75 ans
de l'ANOLIR, l’Association nationale des officiers de liaison et des
interprètes de réserve).
L
Lieutenant-colonel (R) Charles Bertin
vice-président de l’ANOLIR
« Par ordre du ministre de la Défense, il
est prescrit au destinataire du présent
ordre de se présenter le 05 octobre 1991
à 08 heures à Paris pour y accomplir
une période obligatoire d'exercice
de 6 jours », précise mon ordre de
convocation n° 106/97.
Une note de l'EMAT donne un
détail différent : « début d'exercice :
05/10/91 Arabie Saoudite » et « fin
d'exercice 10/10/91 Arabie Saoudite. »
© ANOLIR
et à la reddition irakienne. Dans
le cadre de cette attaque, les
Français ont reçu pour mission de
progresser vers la ville d’As-Salman.
Le 24 février, la division Daguet
attaque à l’ouest. Elle est en tête du
dispositif allié et doit conquérir
le nœud routier et l’aérodrome
d’As-Salman.
Les Français font 3 500 prisonniers
et détruisent une cinquantaine de
blindés. L’objectif est atteint en
48h, en moins de temps que prévu
par l’état-major.
Le cessez-le-feu prend effet le
28 février.
L’ambassade de France est reprise
par un détachement aérotransporté
de la force Daguet d'une centaine
d'hommes. Pendant les mois
de mars et avril 1991, le détachement français poursuit ses
opérations de déminage des plages
de Koweït City.
En 1991, les réservistes ne pouvaient être projetés en OPEX.
L’un d’eux le fut pourtant au lendemain de la guerre du Golfe.
Il accompagna les généraux Roquejeoffre et Janvier
notamment, en Arabie Saoudite, pour une conference alliée.
Le lieutenant-colonel (H) Pierre Denain
lors d'une commémoration à Biesles
(Haute-Marne), le 11 novembre 2007.
Il s'agit en fait d'une mission inhabituelle - le bilan militaire de la guerre
du Golfe (suite à l'opération Desert
Storm début 1991) - objet d'un séminaire organisé par les autorités
saoudiennes à Riyadh. Outre la puissance invitante, trois délégations y
participeront : la française, l'américaine et la britannique.
Côté français, le général Roquejeoffre
est l'invité personnel du roi, mais le
chef de délégation est le général
Janvier, commandant de la Division
Daguet. Il est entouré de trois officiers
généraux et huit officiers supérieurs
- les principaux commandants des
éléments interarmées français engagés dans la guerre du Golfe - avec un
IRAT, votre serviteur.
Ancien sous-lieutenant au 4e Régiment de Chasseurs, ex-instructeur à l'Ecole des officiers de la gendarmerie nationale, professeur (H) à l'Université de Lille III, expert traducteur juré près la Cour d'appel de Douai,
le lieutenant-colonel (H) Pierre Denain a également été Secrétaire général puis vice-président de l'ANOLIR,
dont il demeure administrateur.
[1]
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 39
20e anniversaire guerre du Golfe [ Sur le terrain ]
© Charles Bertin
DE VILLACOUBLAY
À RIYADH
Un Mystère 20 décolle donc de
Villacoublay au matin du 5 octobre
1991 pour un vol fractionné par deux
étapes techniques à Athènes et à
Louxor, dont nous atteignons en fin
d'après-midi l'aéroport bordé de
missiles Tomahawk.
Le survol de l'embouchure et des
rives du Nil ourlées de verdure a été
d'une grande beauté. Celui de
l'impressionnant désert minéral
d'Arabie ne permet que de brèves
vues avant la tombée de la nuit.
Nous débarquons à Riyadh dans la
fournaise. La bienvenue nous est
souhaitée courtoisement quelques
instants à l'aide d'un thé à la
cardamome, puis nous sommes
conduits peu après jusqu'à notre hôtel.
La nuit sera courte, comme celles qui
vont suivre.
L'insigne des IRAT,
Interprètes de réserve de l'armée de terre.
25 SÉANCES DE TRAVAIL
La journée du 6 octobre commence
par un briefing sous la tente de
Bedouin d'apparat dans le hall du
Hyatt Regency. Le chef de délégation
évoque le déroulement des interventions et le rôle de chacun, suivant le
planning établi par le ministère de la
Défense et de l'Aviation du Royaume
d'Arabie Saoudite.
Pendant quatre jours consécutifs, des
séances de travail vont se dérouler
dans le grand auditorium du
mess des officiers de Riyadh, au
rythme soutenu de 45 minutes par
sujet abordé, entrecoupées d'une
rapide pause.
40 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
Insigne des Officiers de réserve
qualifiés langues étrangères (ORQLE).
Ainsi - énoncées dans le désordre deux séances seront consacrées
à la planification interarmées,
deux autres à la mobilisation, deux à
l'entraînement, six aux opérations
interarmes/interarmées, quatre au
renseignement, deux à la logistique,
deux à l'interopérabilité, deux à
la déception (mieux appelée tromperie) et trois à la communication, aux
opérations psychologiques et au rôle
des médias.
LE JEU
DES QUESTIONS/RÉPONSES
Chacun des sujets était traité par
chaque délégation, à tour de rôle.
Les représentants prenaient place sur
l'estrade de l'auditorium, à une faible
distance en dessous d'un appareil de
climatisation assez efficace, mais
peu silencieux.
Le jeu des questions émanant
de l'amphithéâtre et des réponses
apportées par les orateurs, ou
des interventions s'y greffant, a été
inégalement satisfaisant. Certains de
nos hôtes saoudiens qui espéraient des
détails précis sur telle manœuvre
américaine, par exemple, sont restés
sur leur faim devant des pseudoréponses d'une absolue vacuité ; une
attitude délibérée selon une confidence d'un général américain.
On ne peut pas dire cependant que
le dialogue n'ait pas fonctionné, même
si l'intérêt essentiel des messages a
été livré sous forme de monologues,
ce qui est normal pour des briefings.
LE DISCOURS
DU GÉNÉRAL JANVIER
Les orateurs de la délégation française avaient, naturellement, préparé
leurs interventions avec finesse. La
plupart étaient rédigées en français,
peu d'entre elles en langue anglaise,
rarement de bonne qualité.
Hors du grand auditorium, le travail
de L'IRAT (lire encadré ci-contre)
consistait à s'adapter constamment
aux textes qui lui étaient soumis le soir
ou la nuit en les traduisant en anglais,
souvent jusqu'au petit matin, au son
de l'inévitable psalmodie télévisuelle
du muezzin.
D’une manière générale, la concentration est maximale en fonction du
texte de départ et de l'immédiateté de
l'échange verbal improvisé, public et
privé. C'est ainsi que j'ai pieusement
conservé la traduction du discours
inaugural du général Janvier et celle
de son propos de clôture, l'oralité
restant par ailleurs dans ma mémoire.
PEU DE DÉTENTE
De temps libre personnel, il ne
pouvait être question. Impossible de
faire un saut à Dirani, l'archaïque
ville originale dont les maisons de
pisé avaient des murs comportant
des ouvertures haut placées pour
empêcher un homme à dos de
chameau d'entrevoir une présence
féminine à l'intérieur.
Nous avons eu deux moments de
détente collective, quand même.
D’abord un déjeuner partagé avec la
délégation britannique (menée par le
général Sir Peter de La Billière) qui
avait invité par mon intermédiaire
la délégation française à cette
rencontre ; puis une réception à la
résidence de l'ambassadeur de France,
M. Jacques Bernière, à l'occasion
de son proche départ : cocktail en
bordure de la piscine ; toujours revêtu
de mon uniforme “pré-terre de
France”, j'ai regretté que personne
n'ait songé à m'y pousser !
DES ENSEIGNEMENTS
POUR LA 2E GUERRE DU GOLFE
Cet article est destiné, non pas à être
un rapport sur le bilan militaire de la
FIER D’AVOIR SERVI
LA FRANCE
La prise de congé d'avec nos alliés fut
empreinte d'une courtoisie militaire
dénuée de sécheresse. Arrivés le
samedi dans la nuit, nous repartirions
le jeudi 10 octobre au petit matin. Il
ne fallait rien oublier. Symbole d'un
regret inexprimé, la clé de ma
chambre resta dans mes bagages,
inutile objet encombrant.
Le contact avec l'Europe fut retrouvé
à Bari. Le Mystère 20 décolla en
direction de Nice où un véhicule
attendait sur le tarmac de l'aéroport
© ECPAD
guerre du Golfe, mais à évoquer,
au travers de mon expérience,
quelques idées-force et quelques
images s'y rapportant.
Tous mes camarades interprètes
savent qu'une fois terminé le travail
simultané, on ne peut pas restituer la
teneur des propos ainsi traduits, bien
qu'on soit imprégné de leur sens profond et de leur pouvoir de conviction.
Pour la délégation française, ce
séminaire, remarquablement organisé par les autorités saoudiennes, a
été le prolongement d'une fraternité
d'armes réalisée sur le terrain.
Il a montré l'importance de la
planification et de la coordination
interarmées et interarmes, du prépositionnement des forces et des
équipements, le rôle essentiel de la
préparation psychologique au niveau
national et de l'arme psychologique
dans le théâtre d'opération, de la
liaison avec les médias.
Grâce à la coordination des feux
air-sol et au contexte physique de la
guerre du désert, l'effort de la
coalition a été source d'enseignements pour la seconde guerre du
Golfe de 2003. Il est ressorti également
que, quelle que soit la perfection
technologique des équipements
et des armements utilisés et leur
efficacité, la victoire repose en dernier
ressort sur la qualité des hommes,
comme le rappelait le chef de la
délégation française.
C'est ce qui devait être mis en évidence par l'abandon de la « doctrine
du zéro mort » en 2003 en Irak.
Les troupes françaises lors de l’avancée sur le sol irakien.
le général Janvier pour le conduire à
Nimes à son P.C. de la 6e D.L.B.
Peu après, nous atterrissions à
Villacoublay dans la fraîcheur
tempérée de l'automne francilien.
Au volant de ma voiture sur l'A 86,
je songeai au déroulement kaléidoscopique de ces cinq jours de mission.
J'étais fier de m'être défoncé à
la drogue de la traduction-interprétation à laquelle, dans les grandes
occasions, les OLRAT se shootent
avec délectation. Fier, surtout, d'avoir
donné le meilleur de moi-même pour
la France en compagnie de l'élite des
acteurs français de la guerre du Golfe.
UNE NOTATION
ÉLOGIEUSE
L'histoire ne s'arrête pas là. Le
vendredi 11 octobre au matin, je
retrouvai mon bureau de directeur de
l'UFR Angellier (Langues, littératures
et civilisations des pays anglophones)
à l'Université Charles De GaulleLille III.
Quelques semaines plus tard, j'avais
connaissance de ma feuille de notes
signée du général Janvier. Des
appréciations élogieuses sur mon
comportement militaire et sur les
services rendus comme interprète de
langue anglaise se terminaient par
l'affirmation que j'avais été « un
participant essentiel de la délégation
française en Arabie Saoudite » au
séminaire sur les enseignements de la
guerre du Golfe.
RIYADH... EN FRANCE
Expérience exaltante, mais n'avais-je
pas rêvé ? Si, tout à fait : je n'avais pas
été à Riyadh, mais à Paris. Riyadh
n'était qu'un rêve.
A preuve la solde qui m'a été versée,
sans décompte, pour six jours
de mission effectués, conformément
à ma convocation, à Paris : 2 460
francs !
Qui dira que les officiers de réserve
effectuent des missions par esprit
de lucre ?
■
Interprète ou linguiste
Notre spécialité a porté plusieurs
appellations. Je préfère personnellement
l’appellation IRAT (Interprètes de réserve
de l’armée de terre) qui fut remplacée
par OLRAT (Officiers linguistes de
réser ve de l’Armée de terre) pour
devenir aujourd’hui ORQLE (Officiers
de réserve qualifiés langues étrangères).
Pourquoi ? Parce qu'un interprète sait
être un bon traducteur mais un traducteur ne sait pas nécessairement être un
bon interprète, foi de professionnel…
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 41
Lu pour vous [ Rencontre avec un auteur ]
Propos recueillis par le colonel (H) Alain J. Roux
Entretien
La première Résistance
© Droits réservés
Philibert de Loisy, nous dévoile les premiers actes de résistance,
dont son père alors jeune capitaine, fut l’un des artisans.
Armée & Défense • Pourquoi vous êtes
vous aventuré dans l’étude d’un sujet
inconnu des Français ?
Philibert de Loisy • A la mort du comte
de Neufbourg qui avait caché 60
tonnes de munitions, 15 fusilsmitrailleurs et du matériel roulant sous
les ordres de mon père (chef départemental du CDM1), la Diana, société d’Histoire de la Loire,
m’a demandé d’écrire une note. A la suite, l’université de
Saint-Etienne et le général de Boissieu, chancelier de
l’ordre de la Libération, m’ont incité à écrire ce livre.
A. & D. • Existe-t-il des archives de cette histoire ?
P. de L. • Lors de l’entrée des troupes allemandes en zone
libre, le général Verneau, chef d’état-major de l’armée
d’armistice, avait demandé de brûler toutes les archives.
Mais le capitaine Gatti, chef régional CDM Châteauroux,
les a enterrées. Les Allemands les ont découvertes. Il y
avait bien deux livres que je cite mais ils étaient
incomplets et leur diffusion a été confidentielle.
A. & D.•Cette opération a pourtant concerné des milliers de Français.
Pourquoi ce silence officiel ?
1
P. de L. • Le camouflage des armes est la première
résistance. Elle ne doit rien à une action extérieure, mais
tout à l’armée d’armistice. C’est la partie la plus neuve de
ce livre ; alors que le secrétaire d’Etat à la guerre se laisse
aller, le chef d’état-major, le général Verneau ne veut pas
entendre parler de collaboration. Il fondera l’ORA2 avec
le général Frère et mourra en déportation à Buchenwald.
Le CDM avec son corolaire la mobilisation clandestine
fait partie de ce que les collaborationnistes ont appelé
« le complot de l’état major».
A. & D. • L’ORA issue des restes de l’armée d’armistice s’est
d’ailleurs intégrée dans la 1re Armée du général de Lattre, issue
de l’armée d’Afrique reforgée par le général Weygand. Alors ?
P. de L. • On parle du camouflage de l’armée d’Afrique,
mais il faut savoir que l’armée de métropole disposait d’un
tiers d’armement clandestin et de deux tiers de
véhicules en plus. Le général Mollard s’est battu toute
sa vie pour que le CDM soit reconnu pour son action.
On lui répondait invariablement : « Tout cela est très
intéressant, mais vous n’en apportez pas la preuve ». Voilà qui
est fait ! En tous les cas, les Allemands sont très clairs sur
le sujet : « Les Français nous ont trompés… nous avons bien
fait de dissoudre l’armée d’armistice ! »
CDM : Camouflage du matériel homologué réseau action de la France Combattante depuis 1947.
LA PREMIÈRE RÉSISTANCE :
LE CAMOUFLAGE DES ARMES
Les secrets du réseau CDM, 1940-1944
Auteur : Philibert de Loisy
L'esprit du livre - 22 €
Lesnombreux
secrets du
réseau
1940-1944
De
acteurs
de CDM,
tout grade
ont participé,
volontairement, au camouflage des armes et des
matériels sauvés du désastre en juin 1940 et mis à l’abri
des yeux ennemis. A partir de 1945, cette histoire a
été occultée.
Le père de l’auteur, jeune capitaine, a été un acteur
du camouflage du matériel, c’est pourquoi Philibert
de Loisy, à partir de connaissances directes, a
commencé à reconstituer les actions qui ont couvert toute
la France, et principalement la zone Sud où subsistait
l’armée de l’armistice jusqu’en novembre 1942.
Puis il a dépouillé toutes les archives accessibles. Il détaille
42 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
2
ORA : Organisation de résistance de l’armée
les créations, par Vichy, d’organismes d’apparence civile
pour récupérer et utiliser les matériels roulants, les
cachettes sous responsabilité civile et militaire pour les armes
et les fabrications discrètes. Il cite de nombreux épisodes
où s’illustrèrent la gendarmerie et de nombreux cadres
de réserve. Après l’invasion de la zone sud, l’ORA prit la
suite de l’armée de l’armistice, et au prix de nombreux
sacrifices, put forger des unités sérieuses qui rallièrent
les armées de la libération, et les équipa en matériel en
attendant des parachutages insuffisants. Des unités de
FTP furent même équipées.
L’auteur étudie la reconnaissance accordées à ces
premiers résistants. Il rappelle les fluctuations de
certains dirigeants à Vichy. Enfin, il insiste sur le
camouflage en Afrique du Nord, encore française, et son
impact sur les débuts de l’armée d’Afrique en Tunisie,
face à la Wehrmacht.
Les 400 pages de ce livre sont incontournables pour avoir
enfin une idée juste de la période 1940-1944 en France.
[ Notre sélection ]Lu pour vous
Par le colonel (H) Alain J. Roux
LA
RÉSISTANCE
:
DESPREMIÈRE
PRISONNIERS
DE GUERRE
LE
CAMOUFLAGE
ARMES
AUX
PERSONNES DES
CAPTURÉES
Les
secrets
du réseau
CDM,
1940-1944
Journée
d’études
au SHD
mai
2007
LE MEILLEUR DES AMBASSADEURS
Théorie et pratique
de la stratégie navale
Auteur : Sous la direction de Nathalie Genet-Rouffignac
SGA-SHD - 18 €
Auteur : Hervé Couteau-Bégarie
Economica - 37 €
Les actes de cette « Journée d’études »
sont, comme souvent, très instructifs. Les
dix interventions traitent pour moitié de
sujets relatifs à la condition des prisonniers
de guerre durant la Grande Guerre et la
Seconde Guerre mondiale, mais le
problème actuel est celui des conflits dits
« asymétriques ».
Aussi, les auteurs remontent à la guerre
d’Espagne en 1808, à la Commune en 1871, et
aux guerres civiles américaine, irlandaise et
espagnole. On s’aperçoit que les problèmes sont
voisins : comment traiter des adversaires civils
capturés armés dans des conflits alors que rien n’est
prévu au départ à ce sujet ?
Le lecteur trouvera deux catégories d’informations.
La première, générale, est le problème des prisonniers
de guerre et des personnes capturées qui emploient
des armes ; l’éthique, sujet à la mode, est une belle
source de discours. La deuxième catégorie fournit
un éclairage instructif sur des conflits oubliés ou
méconnus ; les historiens spécialisés y trouveront
des informations très intéressantes.
Au sous-titre qui résume cette étude remarquable, il aurait fallu ajouter « en temps de paix ».
L’auteur, spécialiste connu mondialement,
montre comment une marine militaire est
indispensable en temps de paix ou de crise pour
garantir la sécurité d’un État et de ses ressortissants.
Si la politique de la canonnière est dépassée, la
présence et l’activité de navires de guerre gardent une
valeur autrement supérieure que des paroles
prononcées dans un micro. Avec la résurgence de la
piraterie et la protection humanitaire, les navires de
guerre forment encore le meilleur des instruments.
Hervé Couteau-Bégarie rappelle d’abord des généralités, vérités et constats séculaires totalement ignorés de
la presque totalité des Français. Il illustre ensuite son
propos par la longue liste des actions françaises depuis
1960, actions qui diminuent, hélas, simultanément avec
le nombre des bâtiments français, alors que les
Etats-Unis gardent encore une position de force, et
que les États asiatiques se développent rapidement.
On ignore trop souvent que le rang économique et
culturel d’un pays se mesure par le niveau de sa marine
de guerre, véritable locomotive d’un long train.
Il est excellent de rappeler ainsi que l’histoire militaire ne
se limite pas aux seuls combats.
Cet ouvrage fera découvrir à beaucoup
un domaine ignoré, pourtant crucial.
FERDINAND FOCH
Les responsables de ce colloque tenu fin
2008, voulaient éclairer les zones d’ombre
(1851-1929) Apprenez à penser
de la vie du maréchal Foch. Ils y ont réussi
Auteurs : Rémy Porte, François Cochet en grande partie.
Editions SOTECA - 25 € Le lecteur découvrira la complexité du
premier tiers du XXe siècle. L’avant-guerre
fait connaître le professeur, inaudible pour certains, génial pour d’autres ; son rôle ultérieur
mettra en valeur ses écrits.
Victime comme beaucoup d’autres du sectarisme anticlérical, il a la chance de bénéficier du
soutien de Clemenceau. La Grande Guerre le transforme en héros national.
Les exposés sur sa nomination de commandant des armées alliés sont passionnants, mais l’affaire de Morhange
n’est pas élucidée. La partie la plus intéressante est le retournement de Foch, de novembre 1918
à 1919 : d’abord hostile aux demandes du général Pétain, il va défendre les thèses de ce dernier lors des
discussions pour la paix. Elles seront rejetées par nos alliés de la guerre.
La dernière partie est consacrée à l’image du maréchal, vue à l’étranger, et à ses tentatives d’interventions
diplomatiques. Le maréchal mourra en sachant déjà que l’avenir est aussi sombre qu’il l’a prévu. Ce colloque
évoque, en 450 pages, une époque mal connue dans ses détails.
Cet ouvrage apporte davantage encore sur les évènements que Foch a vécus ou a subis
que sur la biographie de cet artilleur aux vues synthétiques. Sa lecture en vaut la peine.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 43
Lu pour vous [ Notre sélection ]
HISTOIRE IGNORÉE
DE LA MARINE FRANÇAISE
LE SIÈGE DE L’ALCAZAR DE TOLÈDE
Juillet-septembre 1936
Auteur : Etienne Taillemite
Perrin Tempus - 11 €
Auteur : Alain Huetz de Lemps
Economica - 23 €
Nécessaire, instructive… des épithètes
laudatives justifient cette réédition d’un
livre mis à jour, qui en 600 pages, retrace
l’histoire, le plus souvent méconnue
malgré quelques clichés, de la marine
française.
L’auteur traite de manière concise un
sujet immense, mais ne s’embarrasse
pas d’idées ressassées et conformistes. Il
évoque les précurseurs, puis Louis XIV
et Colbert qui créèrent la Royale, en insistant sur le côté administratif nécessaire à l’époque.
Louis XVI, chacun le sait, porta la marine française à
son plus haut niveau, mais ceci se terminera par un
« désastre exceptionnel », la Révolution, sur laquelle
l’auteur donne, dans son domaine, de nombreuses
informations.
Le début du XIXe siècle verra une remontée qui atteindra son apogée sous Napoléon III. La guerre de 1870
vient à point pour tout réduire. Il faut attendre 1920
pour voir renaître cette marine qui disparaîtra à son
tour malgré les efforts des nombreux marins qui, contre
vents et marées, s’obstinent à en faire survivre les débris,
puis à la reconstruire quand ils sont soutenus.
Etienne Taillemite insiste sur les gestionnaires qui
prétendent que la marine est un luxe, alors que sans
elle il n’y a ni développement économique ni puissance
diplomatique. L’importance des marins français dans
les développements scientifiques et industriels depuis
trois siècles est confirmée.
La résistance de l’Alcazar de Tolède, durant
l’été de 1936, fut un acte mythique dont le
souvenir est maintenant estompé. A la suite
d’évènements sanglants, d’incendies,
d’assassinats, un certain nombre
d’Espagnols, soutenus par de nombreux
militaires, se révoltent en juillet 1936
en différents points d’Espagne.
Un nombre important d’entre eux, mal organisés,
est massacré. Les survivants s’organisent et, il faut le
dire, se vengent à leur tour. A Tolède, 700 membres
de la Garde civile, et leurs familles, plus de 500
femmes et enfants, se regroupent dans l’Alcazar,
monument ancien mais solide, avec des officiers
d’artillerie, quelques élèves officiers (les fameux
cadets), et leurs chefs, dont le colonel Moscardo.
Ils décident de résister aux assauts de ceux qui s’intitulent Républicains, pour échapper à un massacre
certain dont ils ont des exemples sous les yeux. Ayant
récupéré quelques munitions et des vivres, ils résistent
70 jours à des assauts et à des bombardements violents.
Ils sont libérés au moment où ils allaient succomber.
L’auteur raconte ce siège, vu des deux côtés, en
cherchant à décrire la réalité, et en détaillant les
actions des adversaires. A l’époque, la libération de
l’Alcazar eut une grande importance psychologique,
en plus des vies sauvées.
Ce livre ressuscite un épisode en cours d’oubli ; il montre
comment des hommes, luttant pour leur survie, peuvent
accomplir des prodiges pour sauver leurs familles.
Cette étude de grande qualité
est de plus en plus d’actualité pour tous.
Le siège de l’Alcazar de Tolède mérite d’être connu.
Son histoire se lit avec passion.
GUERRE RÉVOLUTIONNAIRE,
GUERRES IRRÉGULIÈRES
Ce recueil de 20 textes offerts au lieutenant-colonel Michel
David, spécialiste en la matière, par les spécialistes
français de la même matière traitent d’un sujet, ô combien
contemporain, les guerres qualifiées aujourd’hui
Les maquis de l’Histoire
d’asymétriques et parfaitement méconnues du public et
Auteurs : sous la direction d’Antoine Champeaux même de nombreux militaires.
Lavauzelle - 27 € Comment lutter contre des organisations qui cherchent,
par tous les moyens, à exercer une emprise totalitaire sur
des populations qui initialement préféreraient vivre en paix ?
Des généralités indispensables, quelques exemples historiques, la participation de certaines populations, et
évidemment la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie forment le squelette de ce livre qui apprend beaucoup
au lecteur, même averti. On y voit aussi, par des exemples concrets, comment malgré des succès militaires la guerre
peut être perdue.
Cet ouvrage, au sujet d’actualité, est particulièrement enrichissant pour tous.
44 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
[ Notre sélection ]Lu pour vous
LA POLITIQUE INDUSTRIELLE
D’ARMEMENT ET DE DÉFENSE
DE LA VE RÉPUBLIQUE
Evolution, bilan et perspectives
Auteurs : sous la direction de Pierre Pascallon
et Jean-Paul Hebert
L’Harmattan - 30 €
LES RÉSERVES MILITAIRES
d’hier, d’ailleurs et d’aujourd’hui
Auteur : Michel Roucaud et ANORGEND
ANORGEND caserne Tournon
10 rue de Tournon - 75006 Paris
Tél. 01 43 25 14 83 ou [email protected]
Les colloques organisés par
Pierre Pascallon sont toujours
aussi instructifs dans leur
actualité. Celui-ci apporte un
complément très important aux
précédents traitant de sujets
voisins.
En 339 pages très claires, des
acteurs et des responsables s’expriment devant leurs pairs, tous
connaissent les sujets évoqués.
L’ouvrage comprend deux grandes
parties : la politique industrielle d’armement
de la France de la fin de la IVe République aux
années 1970 ; la situation actuelle qui commence vers
1985 et se dégrade en permanence, derrière de
magnifiques discours invoquant souvent l’Europe.
Ces synthèses permettent de retrouver facilement des
actions oubliées. Les préfaces et la conclusion sont
prononcées par d’anciens responsables. Huit interventions sur la naissance, l’évolution et les inflexions de
cette politique montrent une fois de plus qu’une véritable volonté gouvernementale liée à des entreprises
sûres des lendemains, permet d’évoluer, et de travailler en coopération avec succès.
On y fait aussi des découverts : « Le cas de l’espace
» du général Molard, nous apprend ainsi que
l’Europe des 27 dépense chaque année, pour la
totalité de l’industrie et de la recherche sur l’espace
une somme de 1 G d’euros€, égale aux dépenses de
traduction de l’administration européenne de
Bruxelles !
Dans la deuxième partie, douze exposés décrivent
l’actualité et les espérances de l’Europe. Malgré les
bonnes paroles, il y a de quoi être inquiet. La faiblesse
et le désintérêt des Etats de l’Europe, sans oublier
l’ignorance orientée des populations et des médias,
face aux Etats-Unis et aux pays émergents asiatiques
nous font craindre une décadence accélérée.
Pourtant la politique industrielle d’armement, liée
à la recherche et au développement, sans oublier les
PME spécialisées, est un facteur majeur du progrès.
Le sujet de ce colloque, tenu en 2006, reste d’actualité.
Avec des Forces armées, et même sans, les réserves
militaires sont nécessaires, à condition qu’elles soient
déjà instruites : c’est ce que démontrent tous les
intervenants.
Dans les études historiques, quatre sont consacrées à la
France et deux à la Suisse et aux Etats-Unis. Les
réserves d’aujourd’hui sont traitées en sept textes.
Faisons d’abord deux remarques : les auteurs, officiers
de réserve, font largement honneur à leurs connaissances
et à leurs capacités de réflexions. Ils se taillent la part
du lion ; les autres auteurs sont connus des
historiens ; ce sont quelquefois les mêmes. Un lecteur
averti relèvera deux petites erreurs de détail dans
l’intervention de Marc Ortolani sans que l’intérêt de la
communication n’en soit diminué.
Sur le fond, la question des réserves militaires est un
problème difficile à résoudre à toutes les époques et dans
tous les pays. La Suisse et les Etats-Unis donnés en
exemple, et même en modèle, n’échappent pas aux
difficultés qui s’aggravent aujourd’hui.
On pourra regretter que le cas de la France en 1867,
symbolique, et qui est à la base des réformes des
décennies suivantes, ne soit pas développé, mais une
intervention supplémentaire d’un spécialiste aurait
été nécessaire.
La situation actuelle est délicate à exposer dans une
enceinte officielle, d’autant plus que les doctrines sur
ce sujet sont soumises à controverses, mais les interventions publiées montrent bien les difficultés rencontrées.
Sur le fond toujours, les nombreuses citations de
sources montrent que ce sont de véritables historiens
qui ont traité le sujet. Les conclusions, connues par tous
nos camarades, mais bien illustrées ici, sont que d’abord
les réserves sont indispensables aux Forces armées, particulièrement en temps de crise, non seulement militaire,
mais aussi purement politique, de Napoléon III au XXIe
siècle, sans oublier Louis XIV, rien ne change.
Mais ces réserves pour être utiles doivent être suffisamment nombreuses, et surtout bien équipées, entraînées
et encadrées. Tout cela a un prix certain, mais
l’efficacité dépend d’un investissement sérieux, et
surtout pas d’une prétendue stricte suffisance.
Aujourd’hui les cadres de réserve existent encore,
l’espoir reste permis. Qu’en sera-t-il dans 15 ans ?
Cet ouvrage, facile à lire, est à conseiller à tous ceux
qui veulent survivre dans un pays libre.
Cet ouvrage est à recommander à tous les cadres,
particulièrement à ceux de la réserve militaire.
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 45
Lu pour vous [ Notre sélection ]
Par le colonel (H) Alain J. Roux
UNE VIE DE GUERRES 1940-1961
Auteur : Bernard Cabiro
Indo Editions - 29 €
LES HOMMES ET LES FEMMES DE
L’ANCIEN RÉGIME, de la Révolution,
de l’Empire et de la Restauration vus
par leurs contemporains
Ce livre de 647 pages retrace le parcours du
chef de bataillon Cabiro, figure légendaire
des paras de la Légion, de l’évasion par
l’Espagne en mai 1943 jusqu’à l’Italie
en 1943-44, d’abord comme caporal dans
un régiment de tirailleurs marocains - les
meilleurs après la Légion - puis dans l’Armée
d’Afrique où il est blessé en Alsace.
La partie la plus intéressante de ces
mémoires concerne l’Indochine, au 2e BEP : fin
1945 les Japonais y tiennent encore le haut du pavé,
puis le début de la libération. Un second séjour se
termine à Dien Bien Phu où il est le dernier évacué par
air. A noter le début de l’encerclement de Dien Bien
Phu dont on parle rarement.
En Algérie l’auteur s’attarde sur ce que l’on appelle
encore le putsch. Condamné il quitte l’armée.
Cet ouvrage se lit facilement ; on y apprend beaucoup.
Il aura la particularité d’être apprécié par les jeunes OR,
ce qui démontre sa valeur et son utilité.
Ce volume imposant de 994 pages tient le milieu entre
une encyclopédie et un dictionnaire spécialisé. Il
fournit une liste des acteurs civils et militaires, en
majorité français, de cette période trouble et d’une
grande complexité, de ce demi-siècle bouillonnant.
Chaque nom comporte une notice biographique courte,
suivie de jugements donnés sur le vif par des
contemporains, souvent bien connus. Cet ouvrage est
fait pour être consulté, mais le lecteur est conduit à lire
toutes les notices, ce qui montre son intérêt.
L’auteur veille à être neutre et à équilibrer les jugements.
L’idée est excellente : le lecteur est satisfait, mais
doit rester prudent.
Parmi les mémoires parues récemment, cet ouvrage
se distingue et doit être recommandé.
Ce gros ouvrage rendra de grands services aux historiens
amateurs et aux simples curieux.
Du début du règne de Louis XVI (1774)
à la fin de celui de Charles X (1830)
Auteur : Clément Billy
Muller Editions - 80 €
A lire aussi
SOUVENIRS 1939-1946
Auteur : Capitaine Jean Mauras
Lavauzelle - 23 €
Un livre de plus de mémoires d’un officier de la 2e DB, oui,
mais dans une fonction indispensable dont on parle peu :
logistique et dépannage du matériel. Ce sujet fait l’intérêt
d’un livre, où l’auteur, aspirant de 1940 à 1944, relate des
épisodes de sa vie militaire avec une naïveté certaine.
Ce livre intéressera les historiens de cette période qui
pourront y glaner des informations dans un domaine
souvent laissé dans l’ombre.
ITINÉRAIRE D’UN FRANÇAIS LIBRE
Jacques-Henri Schloesing
Auteur : Patrick Collet
L’esprit du Livre - 20 €
Pour qui n’a pas encore lu de biographie consacrée à un
aviateur des FFL, ce livre est un bon début. La trame est la
même, avec la mort au bout, mais les épisodes sont
différents et propres à chaque héros. Ici, l’évasion après
46 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
la chute, bien que brûlé, sur le territoire français est
particulièrement intéressante.
Les historiens spécialisés complèteront leur documentation.
AU CHAMP D’HONNEUR
La vie et la mort du chef de bataillon
Pierre Segrétain du 1er BEP
Auteurs : Etienne Segrétain, Franck Segrétain
Indo Editions - 25 €
La courte vie de cet officier, premier chef du légendaire
1er BEP, est retracée par son fils.
Légionnaire, combattant de l’armée invaincue des Alpes ;
dans l’armée d’armistice il doit se battre au Levant contre
des soldats courageux et aveuglés, avant de participer à
la libération de la France.
En 1948 il forme1er BEP, le conduit en Indochine jusqu’à
sa fin héroïque lors du désastre de Cao-bang. Des clichés
surprenants et des observations judicieuses parsèment
cet ouvrage qui complète les biographies des chefs
légendaires de la Légion.
Publications officielles
OPEX : cadre juridique et effectifs
Question écrite n° 86484
17 août 2010 - M. Francis SaintLéger attire l'attention de
M. le ministre de la Défense sur
les militaires français en opération.
Il désire connaître le nombre total
de ces militaires.
Réponse publiée le 23 novembre 2010
Le tableau ci-dessous détaille,
au 1 er août 2010, pour chaque
opération extérieure, le cadre
juridique, la dénomination, la
localisation ainsi que l'effectif
des militaires déployés :
Cadre juridique
Engagements
multinationaux
(hors mandat ONU 1 ou UE 2)
Accord
de coopération
et actions
bilatérales
Opérations
de l'OTAN4
Opérations
de l'ONU1
1
Organisation des Nations unies
2
Union européenne
3
République centrafricaine.
4
Organisation du traité de l'Atlantique Nord
5
République démocratique du Congo.
Opérations
de l'UE2
Nom opération
Héraclès
Localisation
Afghanistan
FMO
Sinaï
Épervier
Licorne
Corymbe
Baliste
Boali
Séisme
SHAPE/
JFC Naples
KFOR
Pamir
Épidote
ONUCI
MINUSTAH
MONUC
MINURSO
MINUL
FINUL
ONUST
Althea
EUSEC/EUPOL
EULEX
Atalanta
Tchad
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Liban
RCA3
Haïti
Total OPEX
Balkans
Kosovo
Afghanistan
Afghanistan
Côte-d'Ivoire
Haïti
RDC5
Sahara Occidental
Liberia
Liban
Liban
Bosnie
RDC
Kosovo
Océan Indien
Effectif
455
2
943
843
92
5
232
55
2
758
3 499
68
10
2
5
12
1
1 475
2
1
9
1
355
8 830
L’ interopérabilité du sysème FELIN
Question écrite n° 80051
8 juin 2010 - M. François CornutGentille attire l'attention de M.
le ministre de la Défense sur le système Felin. Destinés à équiper
l'infanterie d'éléments de protection et de communication de haute
technologie, les premiers exemplaires de FELIN ont été livrés à
l'armée de terre en mai 2010. Un
premier régiment en sera intégralement doté à l'automne.
Ce système français a de nombreux
équivalents à l'étranger, plus ou moins
sophistiqués et plus ou moins avancés dans leur développement. Cette
multiplication des programmes pose
la question de leur interopérabilité sur
les théâtres d'opération.
Aussi, il lui demande de préciser
les mesures prises par la Direction
générale pour l'armement et
l'industriel auprès des forces armées
étrangères pour garantir l'interopérabilité du système français FELIN.
Réponse publiée le 19 octobre 2010
Les besoins d'interopérabilité
intersystèmes français et alliés sont
définis dans les doctrines d'emploi des
forces. L'interopérabilité interalliée
fait l'objet de travaux de recherche,
auxquels participent la France,
l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie
et les États-Unis.
Cette interopérabilité est aujourd'hui
envisagée au niveau des brigades et
des régiments. Pour les systèmes des
niveaux inférieurs (compagnie,
section...), les éléments échangés
seront remontés systématiquement
au niveau de la brigade.
Le système FELIN (fantassin à
équipements et liaisons intégrés)
étant destiné à équiper les unités du
combat débarqué de niveaux section
et inférieur ; il n'est donc pas
envisagé de le rendre directement
interopérable avec des systèmes
homologues de forces armées
étrangères, notamment du fait de la
barrière linguistique. En revanche,
l'interopérabilité sera assurée par
l'intermédiaire des systèmes
d'informations terminaux, avec
lesquels le système FELIN est
déjà interopérable.
■
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 47
Publications officielles
Retraite des militaires ne totalisant pas 15 années de service
Question écrite n° 60880
13 octobre 2009 - M. François Calvet
interroge M. le ministre de la Défense
sur la situation particulière des militaires quittant le service avant quinze
ans perdant ainsi, d'une part, le
bénéfice des bonifications et tenus,
d'autre part, de racheter les
cotisations à l'IRCANTEC.
Il lui demande, par conséquent, si ces
remarques exprimées dans l’avis
n° 895 du 3 juin 2003 sont d'actualité.
Réponse publiée le 16 février 2010
Les militaires radiés des cadres ou des
contrôles sans justifier de quinze
années de services ne peuvent
bénéficier, sauf s’ils sont reconnus
invalides, d’une pension de leur
régime spécial de retraite. Ils sont
alors rétablis dans leurs droits auprès
de l’assurance vieillesse du régime
général de sécurité sociale et de
l’Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de
l’Etat et des collectivités publiques
(IRCANTEC) par affiliation
rétroactive, en application de l’article L.65 du code des pensions civiles
et militaires de retraite (CPCMR).
Toutefois, le régime général et
l’IRCANTEC ne reconnaissent pas les
bonifications acquises au titre des
activités militaires spécifiques visées
par le CPCMR (les bénéfices de
campagne, les bonifications pour
services à la mer, les services aériens
ou subaquatiques). C’est pourquoi
ces deux régimes ne les prennent
pas en compte dans les droits à
retraite des anciens militaires.
Soucieux de valoriser au mieux tous
les services militaires, le ministère
de la Défense a souhaité compenser
la non-validation de ces bonifications
en créant au profit des militaires
partis de l’institution sans droit à
pension une indemnité particulière,
proportionnelle aux bonifications
acquises au titre de ces activités
militaires spécifiques. Cette volonté
s’est concrétisée par la parution au
48 ❘ Armée & Défense
Journal officiel de la République
française du 31 octobre 2008
du décret n° 2008-1113 du 29
octobre 2008 relatif à l’indemnité
pour activités militaires spécifiques
(IAMS) allouée en cas de départ
sans droit à pension et de son arrêté
d’application.
Les militaires radiés des cadres
et des contrôles à compter du 1er
novembre 2008 peuvent prétendre
à cette indemnité dès lors qu’ils
justifient d’au moins un trimestre
entier de bonifications (soit 90 jours),
cette durée s’appréciant sur toute
la période des services militaires.
Sont exclues du dispositif les
bonifications obtenues à l’occasion
de services accomplis dans les
départements et collectivités d’outremer et en Nouvelle-Calédonie.
Ve r s é e e n u n e s e u l e f o i s à l a
délivrance de l’attestation d’affiliation
rétroactive à l’assurance vieillesse du
régime général et à l’IRCANTEC,
l’IAMS est calculée individuellement
pour chaque militaire, en fonction du
nombre de trimestres acquis au titre
de ces bonifications et du montant
de sa dernière solde. Selon les
bonifications acquises, le montant
de l’IAMS varie entre un cinquième
et la totalité de la dernière solde
indiciaire versée.
S’agissant par ailleurs du complément de cotisations que peuvent être
amenés à verser les militaires quittant
les armées sans droit à pension, dans
le cadre du dispositif actuel, les retenues pour pension opérées sur la
solde des militaires au titre du
CPCMR sont reversées au régime
général et à l’IRCANTEC après
la radiation des cadres ou des
contrôles. Ce reversement, effectué
par l’Etat, est destiné à couvrir les
cotisations salariales dont les
militaires sont redevables à l’égard de
ces deux régimes de retraite, en tant
qu’affiliés rétroactifs. Le taux de
prélèvement des retenues pour
pension opérées sur la solde des
janvier - février - mars 2011
militaires au titre du CPCMR est de
7,85%. Or, déduction faite de la part
de cotisations rétroactives revenant
au régime général, calculée au
taux de 6,65%, la somme restant
disponible ne permet de couvrir
qu’un taux de cotisation de 1,20%,
ce qui est insuffisant pour verser à
l’IRCANTEC la totalité de la part
agent dont le taux de prélèvement
s’élève à 2,25% ou à 5,95%, selon le
niveau de rémunération du militaire.
Ainsi, conformément à l’article 9 du
décret n° 70-1277 du 23 décembre
1970 portant création d’un régime
de retraites complémentaires des
assurances sociales en faveur des
agents non titulaires de l’Etat et des
collectivités publiques, les anciens
militaires doivent s’acquitter d’une
somme complémentaire au profit
de l’IRCANTEC, pour régulariser
intégralement leur situation au
regard de ce régime. L’article 12
de son arrêté d’application du 30
décembre 1970 précise, en outre,
que cette cotisation complémentaire
doit être réglée dans un délai
déterminé, calculé à raison d’un
trimestre par année de services
à valider, sous peine pour les intéressés de perdre tout droit à pension au
titre du régime de l’IRCANTEC.
Le versement complémentaire à
l’IRCANTEC ne saurait être assimilé
à un rachat d’annuité, opération qui
est destinée à valider des périodes
n’ayant donné lieu à aucune
cotisation, ce qui n’est pas le cas des
services militaires dans le cadre de
l’affiliation rétroactive. De même,
ne résulte-t-il pas d’une carence de
l’Etat, qui, outre le reversement au
régime général et à l’IRCANTEC
des retenues pour pension, assure
pour chaque militaire affilié
rétroactivement le règlement de la
cotisation employeur due à chacun
de ces deux régimes.
Toutefois, le ministère de la Défense
est disposé à étudier, en concertation avec les autres départements
Publications officielles
ministériels concernés, toute
proposition visant à apporter une
réponse adaptée et commune à
l’ensemble des agents de l’Etat. Le
ministère ne peut en effet intervenir
de manière unitalérale sur la question
du versement complémentaire à
l’IRCANTEC puisque celle-ci se pose
tant pour les militaires que pour les
fonctionnaires, lorsqu’ils quittent la
fonction publique sans droit à
pension. Dans ce cadre, le ministère
de la défense est prêt à soutenir toute
solution compensatoire, sans
complexité nouvelle et sans perte
de droits pour les intéressés, dans
le respect des principes statutaires
propres aux militaires.
■
Organisation des zones de défense et de sécurité nationale
Question écrite n° 92828
9 novembre 2010 - M. Kléber
Mesquida attire l'attention de M.
le ministre de l'Intérieur, de l'OutreMer et des collectivités territoriales sur
un projet de circulaire relatif à
l'organisation des zones de défense
et de sécurité nationale.
En effet, les sapeurs-pompiers
s'inquiètent de ce projet de
circulaire qui réduirait leur rôle de
sapeurs-pompiers. Or la loi de
modernisation de la sécurité civile
leur confère un rôle d'acteurs
principaux dans ce domaine. Aussi,
il lui demande de bien vouloir lui
indiquer où en est ce projet de
circulaire et quelles mesures il entend
prendre pour répondre aux
inquiétudes des sapeurs-pompiers.
Réponse publiée le 18 janvier 2011
Dans le cadre de la mise en œuvre des
orientations du Livre blanc sur la défense
et la sécurité nationale, le ministre
de l'Intérieur, de l'Outre-Mer, des
collectivités territoriales et de
l'immigration a souhaité renforcer
le positionnement et l'action des
sapeurs-pompiers au sein des
structures zonales, leur expérience en
matière de gestion de crise et de
protection des populations devant
être pleinement reconnue et valorisée.
Les crises majeures qui ont touché
notre territoire ces derniers mois et
notamment la tempête Klaus et la
tempête Xynthia ont d'ailleurs mis en
exergue le rôle majeur des sapeurspompiers au niveau zonal.
Les premières dispositions réglementaires découlant du Livre blanc sur la
défense et la sécurité nationale se sont
traduites par la publication de trois
décrets, le 4 mars 2010. Aux termes
de ces textes, le préfet de zone détient
des prérogatives importantes dans le
domaine de la sécurité civile, qui
impliquent les sapeurs-pompiers (définition des orientations et des priorités
d'action sur la base de l'analyse préalable des risques et des effets potentiels
des menaces, organisation de la veille
opérationnelle zonale, déclinaison
et harmonisation de la planification
zonale et départementale ORSEC).
Il est en outre chargé de veiller à la
complémentarité des moyens des
services départementaux d'incendie
et de secours (SDIS) pour faire face
à des évènements exceptionnels
susceptibles de dépasser le cadre d'un
département et de coordonner la
formation des sapeurs-pompiers :
mutualisation des moyens (école).
C'est pour cela que, nonobstant
l'étendue des compétences des étatsmajors interministériels de zones
(EMIZ), le ministre l'Intérieur,
de l'Outre-Mer, des collectivités
territoriales et de l'immigration a
indiqué, lors du congrès des sapeurspompiers, que la fonction de chef
d'état-major interministériel de zone
a naturellement vocation à être
dévolue à un officier supérieur de
sapeur-pompier. Les chefs EMIZ sont,
par ailleurs, membres de droit du
comité de défense de zone.
Les nouvelles dispositions réglementaires prévoient également que, pour
l'exercice de ses missions en matière
de sécurité civile et sans préjudice
des compétences dévolues aux
préfets de département et aux
présidents des conseils d'administration des SDIS, le préfet de zone de
défense et de sécurité s'appuie, outre
sur les SDIS de la zone, sur un officier supérieur de sapeur-pompier qui
est placé à ses côtés (nouvel article R.
1311 24-1 du Code de la défense). La
circulaire en préparation sur les
nouveaux pouvoirs des préfets de
zone de défense et de sécurité explicitera l'ensemble de ces dispositions.■
Le coût annuel de l’OPEX Afghanistan
Question écrite n° 93770
23 novembre 2010 - M. Jean-Paul
Lecoq interroge M. le ministre
d'État, ministre de la Défense
et des anciens combattants, sur
le coût annuel de la présence
française en Afghanistan et
combien elle représente en
pourcentage dans le budget
de la France.
Réponse publiée le 18 janvier 2011
Le surcoût annuel des opérations
françaises en Afghanistan est
évalué à 469 M€pour l'année 2010.
Ce montant représente 0,16%
des crédits ouverts pour le budget
de l'État en loi de finances initiale
pour 2010.
Soucieuse de faire face à ses responsabilités internationales et de
contribuer à la paix et à la stabilité
du monde, la France continuera
à assumer son intervention en
Afghanistan aussi longtemps que
nécessaire. Par son action, elle œuvre
non seulement pour assurer la paix
et la stabilité internationales, mais
aussi pour garantir la sécurité de
tous nos concitoyens sur le territoire national et dans le monde. ■
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 49
Courriers des lecteurs
Ils ont écrit
[ Servir est sa mission ! ]
erci pour le long et passionnant dossier que vous
M
avez consacré à l’Afghanistan [ndlr : notre
précédent numéro].
J’y ai personnellement appris pas mal d’informations
mais j’ai plus particulièrement apprécié les deux
témoignages de réservistes. Celui de notre capitaine
français est passionnant car ce type d’expérience est
suffisamment rare pour un réserviste.
Les propos du capitaine américain méritent qu’on
s’y attarde et devraient presque être affichés à
l’entrée des bureaux de recrutement, tant de
l’armée d’active que de la réserve (cherchons-les
d’ailleurs ces bureaux dédiés au recrutement des
réservistes !).
L’on sait bien que les Américains sont hyper
patriotes et cela transparait dans ce qu’il nous
dit, mais c’est surtout ce qui concerne son
engagement de réserviste qui doit être souligné.
Combien d’entre nous seraient capables de tenir les
mêmes propos ?
Avec lui, le mot « servir » prend tout son sens.
Servir est sa mission première, je dirais sa mission
sacrée ; servir est un engagement envers lui-même
et son pays. On pourra me dire « c’est un ancien
d’active » !
Je répondrais que je connais des anciens pro auxquels il tarde d’avoir dépassé les 5 ans de réserve
obligatoire à l’issue de leur temps d’active !
Notre capitaine américain lui, le fait car, pour reprendre ses propres mots », il est un « citoyen-soldat ».
Attention, je ne dis pas que nous autres, réservistes
français, ne sommes pas animés du même
patriotisme et soucieux de servir notre pays
comme le fait le capitaine américain; loin de
moi cette idée.
Je dis seulement que la lecture de cet article devrait
permettre à certains de se poser des questions sur
les fondements de leur vocation de réserviste.
CBA (R) Fabien D.
Nous n’avons pas tous l’envie ou la possibilité de partir
« sur le terrain » mais nous devons, comme vous le
soulignez, en revanche tous prendre pleinement conscience
de notre mission, de notre engagement à servir dans la
réserve. Nous pouvons ainsi nous engager pleinement
dans nos missions et pas seulement y faire de la figuration car le commandement nous observe et, parfois encore,
nous emploie « à reculons ».
Nous pouvons aussi nous engager activement « sur le
terrain » dans le cadre de nos associations. Nous pouvons
ainsi nous engager « sur le terrain » du recrutement de
réservistes au sein de nos proches et dans nos entreprises.
Notre opération « extérieure » pourrait alors consister, par
exemple, à faire connaître la réserve à « l’extérieur » du
microcosme de la réserve ! Et sans aller braver les Talibans,
revêtir l’uniforme du « citoyen-soldat », comme le dit le
capitaine américain.
CNE (R) Lionel Pétillon
Ils ont écrit
[ Et les missions intérieures ? ]
e trouve que vous avez beaucoup trop tendance
Jmissions
à mettre en avant les réservistes qui effectuent leurs
dans le cadre d’OPEX. Il est vrai que cela
fait, ou à fait rêver, plus d’un d’entre nous, et c’est
aussi parfois l’une des motivation, voire vocation,
à rejoindre la réserve.
Mais n’oubliez pas que ces réservistes en OPEX ne
représentent qu’une infime partie d’entre nous,
quelle que soit la catégorie à laquelle appartiennent
les réservistes.
La très grande majorité ne sont jamais partis et ne
partirons jamais sur un théâtre d’opérations. Ils
seront toujours, car c’est leur mission première, des
renforts en état-major notamment. Mais surtout, vous
oubliez qu’il y a aussi les MISSINT (missions
intérieures), autrefois appelées OPINT (opérations
intérieures).
50 ❘ Armée & Défense janvier - février - mars 2011
Elles, en revanche, mobilisent bien plus de réservistes que les OPEX (ou les MCD). Vous avez
d’ailleurs publié les chiffres dans la revue : OPEX
(135 réservistes en 2009), MCD (74), MISSINT
(1 655). Ils parlent par eux-mêmes ! Alors à quand
un dossier sur les MISSINT ?
Lieutenant-colonel (H) Mathieu
Votre remarque est tout à faite intéressante. Sachez que la
rédaction travaille actuellement sur ce dossier que vous
appelez de vos vœux.
Si vous ou des réservistes de votre connaissance ont
participé récemment à des MISSINT, sachez qu’ils peuvent
nous fart part de leur expérience. Cet appel s’adresse
d’ailleurs à tous les lecteurs de la revue. Faites-nous
partager vos missions (Harpie, Vigipirate, intempéries…).
Communiqué aux associations
Votre adhésion permet à l’UNOR
d’agir pour la cause des réserves
et de vous en informer.
Association loi 1901, fondée le 1er janvier 1991
Soutien individuel des officiers de réserve
en associations affiliées
« Vous êtes officier de réserve,
membre d’une association affiliée à l’UNOR,
actuellement en recherche d’emploi… »
2010 (3)
Activités : 8 €€
Communication : 16 €€
… contactez : Guy Béranger
vice-président - 06 63 84 25 55
[email protected]
Jeunes officiers de réserve en association
Ouverte aux responsables des ressources humaines, elle a pour but
de resserrer les liens, par tous les moyens, entre les entreprises,
les collectivités et les institutions afin de favoriser le recrutement, la
reconversion et le reclassement de personnes de tous niveaux.
Recevez Armée & Défense
pendant 3 ans pour le prix
d’un abonnement annuel (16 €).
Elle organise des manifestations avec l’appui de collectivités
territoriales et de l’Etat, favorisant la rencontre entre les demandeurs
d’emploi avec les responsables Carrefours pour l’emploi
des ressources humaines d’enEcole militaire - 1 place Joffre
treprises et d’institutions.
BP 56 - 75007 Paris
Consultez votre AOR
www.carrefoursemploi.org
✂
Bulletin d’abonnement (1)
Changement d’adresse (2)
Nom
(lettres CAPITALES, une lettre par case, une case entre deux mots)
Prénom
Adresse
complète
Numéro - Résidence (RES) - Bâtiment (BAT) - Escalier (ESC) - Appartement (APP),
Rue - Avenue (AV) - Boulevard (BD) - Chemin (CH) - Lieu-dit (LD) - Boîte postale (BP)
Code postal
Commune - Pays et/ou secteur postal
❚ Règlement par chèque bancaire
❚ Bulletin et chèque de règlement à libeller et à expédier à :
Armée & Défense - UNOR - 12 rue Marie-Laurencin - 75012 Paris (France)
Tarif
(3)
pour 1 an
France
Etranger
Prix au numéro
Abonnement individuel
18 €
20 €
7,52 €
(1) Cochez la case souhaitée
.
Signature
(2) Changement d’adresse : joindre votre dernière étiquette Armée & Défense ou
(3) Décision de l’assemblée générale de l’UNOR du 21 mars 2009.
numéro abonné
date effective du changement d’adresse
janvier - février - mars 2011 Armée & Défense
❘ 51