Le mythe en mouvement - Bourgogne Aujourd`hui

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Dégustation
Domaine de la Romanée-Conti
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L'ancien vendangeoir des moines de l'abbaye de Saint-Vivant. Les caves sont aujourd'hui utilisées par le domaine de la Romanée-Conti.
Retour sur près de vingt ans d’évolution (1990 à 2007)
au domaine de la Romanée-Conti. Avec deux témoins
de choix : la romanée-saint-vivant et la tâche.
Une dégustation d’anthologie…
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Dégustation
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LES VINS DE BOURGOGNE - THE WINES OF BURGUNDY - Sylvain Pitiot & Jean-Charles Servant - Collection Pierre Poupon - F 21200 Beaune-Vignoles
Grands crus
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En rose, l'emplacement des parcelles
du domaine dans les différents
grands crus.
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E
tre à la hauteur de sa réputation. Le challenge relève de la
gageure lorsque l’on affiche
“Domaine de la RomanéeConti” sur ses étiquettes. Nom
mythique, s’il en est, dans le monde du vin.
Vingt-sept hectares presque uniquement
situés en grand cru avec deux monopoles
fameux, perles parmi les perles : la romanée-conti et la tâche. Franchir la porte du
“Domaine”, soulève immanquablement
l’espoir de goûter ce que la Bourgogne sait
faire de mieux. Et de l’autre coté du seuil,
il induit de relever le défi de cette folle
attente. Pourtant, ce jour de juin 2006,
c’est un Aubert de Villaine, co-gérant
du domaine de la romanée-conti, nullement
fébrile ou écrasé sous la charge de ce lourd
héritage qui annonce le programme :
une double dégustation verticale, romanéesaint-vivant et la tâche, de 1990 à 2007.
Le tout pour un cercle restreint d’une douzaine de journalistes, critiques ou responsables vins de prestigieuses maisons de
ventes aux enchères. Accompagnés
d’Henry-Frédéric Roch, co-gérant du
domaine, de Bernard Noblet, le vinificateur
et de Bertrand de Villaine, neveu et possible
successeur de son oncle Aubert, ils prendront place dans la sobre salle des vendangeurs, à la décoration toute rurale. Rien de
clinquant, de “bling-bling”, dirait-on
aujourd’hui. L’unique luxe sera ces vins que
tout amateur rêve de goûter au moins une
fois dans sa vie. Se dépouiller pour mieux
aller à l’essentiel, une devise toute monastique qui va comme un gant au domaine.
ÊTRE
À LA HAUTEUR
DES TERROIRS
Rien de mieux qu’une verticale pour
appréhender les approches, jauger les évolutions. Une expérience à laquelle se livre
parcimonieusement le Domaine de la
Romanée-Conti. “Nous n’avons pas fait ce
type de dégustation depuis une quinzaine
d’années”, souligne Aubert de Villaine.
Cet homme longiligne, à la diction posée,
au regard perçant et doux à la fois, semble
se confondre parfaitement avec le cadre et
la stature du lieu. Mais peut-on vraiment
être à la hauteur d’un mythe ? Question
qui ne semble finalement pas être la préoccupation d’Aubert de Villaine. Non, s’il fallait résumer sa quête la question serait :
comment être à la hauteur des terroirs qui
lui ont été confiés ? Des évolutions,
le domaine en connait, comme toute entreprise. Des choix, des décisions, des orientations, Aubert de Villaine en a pris depuis sa
prise de fonction en 1974. Mise en place
d’une viticulture bio, programme de
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remplacement du matériel végétal, perpétuation d’une vinification d’un grand classicisme avec recours important à la
vendange entière (50 à 100% selon les millésimes), sélection des raisins, plus grande
précision des élevages. Des options qui
l’ont le plus souvent ramené à la vigne et à
une expression la plus transparente possible du terroir.
BIO
DEPUIS
1986
C’est la confirmation de ces orientations,
sur la durée, qu’Aubert de Villaine attendait
avant tout de cette dégustation. Le choix
de la romanée-saint-vivant, le confirme.
“Au début des années 90, nous sommes
rendus compte que ce vin avait un côté un
peu sévère”, se remémore Aubert de Villaine. Essentiellement du fait d’un matériel
végétal inapproprié. “Nous sommes les
héritiers d’une histoire et cette histoire n’est
pas parfaite”, poursuit-il. Le programme de
replantation et de sélection, entamé au
milieu des années 1990, fait aujourd’hui
apparaitre, comme jamais, l’élégance, la
grâce, la droiture de la romanée-saintvivant. Le millésime 2006 en a apporté une
brillante démonstration. Evoquons également la viticulture bio. Un des sujets les
plus chauds du moment en Bourgogne.
Le domaine de la Romanée-Conti a initié
ses premiers essais bio en 1986 (avant de se
tourner vers la biodynamie). À l’époque la
démarche suscitait encore peu d’intérêt,
même chez les “grands” domaines. “Il y a 10
ou 15 ans j’aurais affirmé que la bio ne change
pas le goût du vin. Aujourd’hui, je pense le
contraire. Les raisins ne sont pas les mêmes.
On gagne en finesse, les maturités sont plus
accomplies”, affirme Aubert de Villaine.
Oui, le domaine de la Romanée-Conti n’a
jamais été autant à la hauteur des fabuleux
terroirs dont il dispose. Mythe ou pas
mythe, chacun des heureux dégustateurs
présents cette journée de juin 2009, avait la
sensation d’avoir participé à la dégustation
de sa vie.
Aubert de Villaine,
le co-gérant emblématique
du domaine de la
Romanée-Conti.
Laurent Gotti
Photographies : Lionel Georgeot
Un maître mot
Sélection. C’est l’un des maîtres mots du domaine de la Romanée-Conti. Les raisins qui
viennent constituer la “grande cuvée”, celle qui portera le nom du grand cru et l’étiquette
du domaine de la Romanée-Conti, sont issus de vignes ayant un minimum de 40 ans.
L’équipe procède à des vendanges successives, presque à des tries (de raisins) dignes d’un
grand sauternes. Mais le seul âge des vignes n’est pas l’unique critère de sélection. C’est la
qualité du matériel végétal (le type de plant de vigne) et son adaptation au terroir qui influent
également beaucoup sur la qualité du vin. Ainsi en romanée-saint-vivant, une parcelle pourtant plantée en vieilles vignes ne rentre pas dans la grande cuvée. Sur les 5 hectares dont
dispose le domaine sur ce grand cru, seulement 3,5 y sont intégrés.
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