7327 French sung text FINAL 1 Hymne : Veni creator spiritus Cet
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7327 French sung text FINAL 1 Hymne : Veni creator spiritus Cet
7327 French sung text FINAL 1 Hymne : Veni creator spiritus Cet hymne de la Pentecôte, toujours chanté aujourd’hui, comporte sept strophes symbolisant les sept dons traditionnels de l’Esprit saint (sagesse, discernement, conseil, savoir, force d’âme, piété, peur du Seigneur). Peut-être sa mélodie du septième mode (tonique de sol avec fa naturel) représente-t-elle aussi la mystique « septualité » de l’Esprit. 1 Viens, Esprit créateur, visite le cœur des tiens, emplis de la grâce céleste les âmes que tu créas. Tu es appelé Consolateur, don du Dieu très haut, source vive, feu, amour et onction vivifiante : toi qui verses les sept dons, tu es le doigt de la main de Dieu, celui que le Père a promis, qui met sa parole sur nos lèvres. Éclaire nos âmes, répands l’amour dans nos cœurs, fortifie nos corps afin qu’ils endurent avec courage. Éloigne de nous l’ennemi, accorde-nous la paix perpétuelle, marche devant nous afin que nous évitions tout mal. Par toi, puissions-nous connaître le Père ainsi que le Fils et toi, Esprit qui procèdes des deux, en qui nous croyons à tout jamais. Montre-nous, ô Père très aimant, le seul qui soit égal au Père régnant avec l’Esprit consolateur dans les siècles des siècles. Séquence : Veni spiritus eternorum alme Cette séquence du septième mode cite une fameuse séquence de la Pentecôte que composa le moine Notker (couvent de Saint-Gall, IXe siècle). Son texte et sa structure en sept strophes sont en relation étroite avec l’hymne précédent. Nous avons ajouté un bourdon vocal à cette composition monodique. 2 Viens, Esprit toujours bienfaisant, 7327 French sung text FINAL 2 visite le cœur des tiens, abattus par leurs mœurs mauvaises, emplis de la grâce céleste les âmes nées de la terre. Tu es appelé don du dieu très haut, source perpétuelle, onction vivifiante, tu es le don que le Tout-Puissant a promis. Tu descendis en langues de feu sur les saints apôtres. Répands la lumière dans les cœurs, affermis le courage des faibles. Apporte le véritable amour et les très grands bienfaits de la charité. Repousse l’envieux ennemi, donne-nous de jouir de la paix céleste. Fais-nous marcher à ta suite afin que nous nous élevions jusqu’à la voûte du ciel. Antienne : O quam mirabilis est Cette antienne très élaborée figure parmi d’autres chants de Hildegarde en l’honneur de Dieu le Père et ne se rattache à aucune fête. Sa joyeuse mélodie du septième mode tournoie à plusieurs reprises vers le haut, comme si l’humanité — somme de toute la création — s’élevait vers son créateur. 3 Ô qu’elle est merveilleuse la prescience du cœur divin qui ordonna toute la création. Car, lorsque Dieu examina la face de l’homme qu’il avait formé, il vit l’ensemble de ses œuvres dans cette même forme. Ô qu’il est merveilleux le souffle qui a ainsi créé l’homme. Vision 1 : Le feu de la création Les tons de l’invitatoire sur lesquels nous chantons les textes extraits des visions 7327 French sung text FINAL 3 appartiennent aux plus anciens tons de récitation grégoriens, généralement plus élaborés et plus variés que les tons psalmodiques. Certains de ces tons médiévaux demeurent en usage dans les livres de plain-chant de Solesmes. Nous employons ici le mode dit « 4 D », qui s’apparente au quatrième mode plagal, mais avec une finale sur ré (au lieu de mi). 4 Et moi, être humain qui ne brûle pas de l’ardeur du lion intrépide et qui ignore la science de leur haleine, moi faible créature issue de la fragile côte, un souffle mystique cependant m’emplit et je vis un feu très brillant, immense, inextinguible, tout vivant, tout palpitant de vie, où brûlait une flamme couleur de ciel. Ce texte traite d’un thème cher à Hildegarde – son statut de frêle et humble femme qui a été inexplicablement choisie pour voir les mystères du ciel. Ici, une voix issue du « feu vivant » l’enjoint à parler de ses visions, tout ignorante et inculte qu’elle soit. Nous avons emprunté ce ton de récitation à deux voix à une version du Consurge, leçon des matines de Noël. 5 Et une voix sortit de ce feu vivant et me dit : « Ô faible créature terrestre, être féminin qui ne possèdes pas la science des maîtres de chair et d’os sachant lire les écrits avec l’intelligence du philosophe, ma lumière pourtant te touche, elle atteint ton être intérieur tel le feu de l’ardent soleil. Crie, raconte et écris les mystères que tu vois et entends dans ta vision mystique. » Scivias, Livre II, Vision 1 Séquence : O ignis spiritus paracliti C’est l’une des deux œuvres majeures de Hildegarde en honneur de l’Esprit saint. Si elle en a la structure, elle semble ne se rattacher que nominalement à la séquence typique de son temps tant elle a d’ampleur. Dans ce grand récit musical, l’Esprit saint représente la force vitale qui anime toute la création, spirituelle et physique, même l’être de Dieu. 6 Ô feu de l’Esprit consolateur, vie de la vie de toute créature, tu es saint, toi qui vivifies les formes. Tu es saint, toi qui oins 7327 French sung text FINAL 4 les hommes dangereusement abattus, tu es saint, toi qui nettoies les plaies fétides. Ô souffle de sainteté, ô feu d’amour, ô douce saveur dans la poitrine et infusion des cœurs dans le parfum des vertus. Ô source très pure où nous voyons Dieu rassembler les infidèles et chercher les égarés. Ô cuirasse de vie et espoir de toute la congrégation, ô ceinture d’honnêteté, sauve les bienheureux. Garde ceux que l’ennemi a mis en geôle et libère de leurs liens ceux que le pouvoir divin veut sauver. Ô puissante force qui pénétras toute chose dans les cieux et sur terre et dans tous les abysses, tu unis et rassembles tous les hommes. Par toi les nuages volent, le vent court, l’humidité sourd des pierres, l’eau forme des ruisseaux, et la terre se couvre de verdure. Tu instruis sans cesse les savants que féconde l’inspiration de la sagesse. Louange à toi, toi qui es la voix de la louange, la joie de la vie, l’espoir et le plus grand honneur, toi qui récompenses par le don de la lumière. Vision 2 : La Sagesse et ses sœurs La personnification des vertus et qualités morales sous les traits de magnifiques jeunes femmes relève d’une pratique antique qu’adopta l’abbesse Hildegarde dans son drame musical Ordo virtutum (« L’Ordre des vertus »). Nous chantons ce prologue emprunté à une vision du De operatione dei dans un mode proche du « 4 E » moderne. 7327 French sung text FINAL 5 7 Et je vis au cœur de ces espaces du midi trois formes dont deux debout dans une fontaine très pure enclose et ornée d’une haute pierre arrondie et ajourée. L’une rayonnait d’une lumière pourpre, l’autre de blanc étincelant. La troisième se tenait hors de la fontaine et était debout sur la pierre, vêtue du blanc le plus pur. La Sagesse (Sapientia), le premier des sept dons de l’Esprit saint, apparaît fréquemment dans les visions et les œuvres musicales de Hildegarde, et ce toujours sous les traits d’une femme. Elle a ici le rang de démiurge, de cocréateur avec Dieu et l’Esprit saint. Nous chantons ce texte sur le ton de récitation à deux voix d’une version du Primo tempore alleviata, autre leçon des matines de Noël. 8 Et la première forme dit : « Je suis l’Amour, la clarté du Dieu vivant, et la Sagesse a accompli son œuvre avec moi. Dans l’ombre, la Sagesse a réparti toute chose en parts égales afin qu’aucune ne pèse plus que l’autre et qu’aucune ne puisse changer l’autre en son contraire. Car la Sagesse domine et arrête toutes les ruses maléfiques du diable. Elle, et elle seule, a disposé toute chose avec amour et bonté, et aucun ennemi ne pourra les détruire car elle vit à la perfection le début et la fin de ses œuvres, elle qui a pleinement assemblé les choses afin de présider elle-même à tout. » De operatione dei, Livre III, Vision 3 Répons : O felix anima Ce répons orné est propre aux matines de la fête de saint Disibod, saint patron du premier couvent où résida Hildegarde. Dans le répons grégorien, le chant du verset et du gloria revient d’ordinaire au(x) soliste(s), la tessiture est plus aiguë, et l’écriture plus virtuose. Ici, c’est tout le contraire, et nous nous demandons (plus encore que nous ne le faisions déjà) comment et par qui ces chants furent exécutés. 9 Ô âme heureuse, toi dont le corps était issu de la terre et qui le méprisas lors de ton séjour en ce monde, 7327 French sung text FINAL 6 tu es couronnée par la rationalité divine, qui fit de toi son miroir. V. Et l’Esprit saint voulut demeurer en toi. Tu es couronnée… Gloire au Père et au Fils et à l’Esprit saint. Tu es couronnée… Vision 3 : L’Esprit igné À nouveau une voix ordonne à Hildegarde d’écrire ce qu’elle voit, et elle décrit une autre magnifique jeune femme, splendidement et royalement parée, et si lumineuse qu’elle pouvait à peine la regarder. Inhabituellement simple, l’invitatoire que nous avons choisie pour ce prologue n’est plus en usage. 10 J’entendis à nouveau une voix céleste qui m’instruisit et me dit : écris donc ce que je dis ainsi. Et je vis alors dans le secret de Dieu, au cœur des espaces du midi, une belle et admirable forme dont le visage avait tant de beauté et d’éclat qu’il m’eût été plus facile de regarder le soleil. Et elle portait sur la tête une large couronne couleur d’or. La magnifique créature parle : elle se dit l’esprit et la source de la création. Ici, la Sagesse est devenue l’une des paires d’ailes qui portent l’Esprit igné tandis qu’elle décrit des cercles au-dessus du monde créé par elle. Nous chantons le texte de cette vision sur le savant ton de récitation à deux voix qu’emploie une version d’origine polonaise de la leçon des matines de Noël Una cunctis leticie. 11 Et la forme dit : « Je suis la force suprême, la force ignée, qui a embrasé toute étincelle de vie ; de moi n’émane rien de mortel, car je décide de la nature de toute chose. Volant tout autour de la sphère, je l’enveloppai de mes plus hautes ailes, c’est-à-dire de sagesse, et l’ordonnai heureusement. Je suis la vie ignée d’essence divine, je brûle au-dessus de la beauté des champs, je brille dans les eaux 7327 French sung text FINAL 7 et j’embrase le soleil, la lune et les étoiles. » De operatione dei, Livre I, Vision 1 Hymne : O ignee spiritus Cet immense et puissant hymne – qui n’a du genre que le nom – constitue le pendant du O ignis spiritus. Il traite non du pouvoir créateur et consolateur de l’Esprit saint, mais de son pouvoir de détruire ce qu’il a créé – il livre une guerre continuelle au Malin et à ses œuvres afin que les bonnes créations puissent prospérer. 12 Ô Esprit igné, louange à toi, toi qui fais sonner le tambourin et la lyre. Tu embrases l’esprit des hommes, et le tabernacle de leur âme retient leurs forces. De là, leur volonté grandit, en donne le goût à l’âme, et leur veille est désir. Du ton le plus doux, la pensée t’invoque et te prépare des édifices avec une rationalité qui est source d’œuvres magnifiques. Mais tu tiens aussi un glaive afin de trancher ce que crée le fruit funeste par les crimes les plus noirs. Quand la brume voile la volonté et les désirs, l’âme prend son envol et voltige de tous côtés. Mais l’esprit ligote la volonté et le désir. Et quand l’âme se dresse ainsi, exigeant de voir l’œil du mal et la mâchoire de la méchanceté, tu la consumes vite par le feu à ta guise. Mais quand la raison plie et décline par l’effet du mal, tu la soumets par la force, tu la fracasses et la fais revivre sous un flot d’expériences. 7327 French sung text FINAL 8 Quand le mal lève son glaive sur toi, tu le lui plantes dans le cœur, comme tu le fis d’abord de l’ange perdu, quand tu précipitas l’orgueilleux de sa tour en enfer. Et tu élevas là une autre tour où les publicains et les pécheurs puissent te confier leurs péchés et leurs actes. Ainsi toutes les créatures à qui tu as donné vie te louent-elles, car tu es le plus précieux des onguents pour les plaies infectées et fétides, dont tu fais les joyaux les plus précieux. À présent, daigne nous réunir à toi et nous diriger sur le bon chemin. Amen. Vision 4 : Amour Hildegarde a relaté ses visions dans sa vaste correspondance et dans ses écrits théologiques. Comme nombre de ses visions, celle-ci emprunte son imagerie à l’Apocalypse de saint Jean. Nous la chantons sur une archaïque formule d’invitatoire du deuxième mode, au début particulièrement fleuri. 13 Alors que j’étais éveillée, j’eus une vraie vision et vis une très belle jeune fille dont le visage rayonnait avec tant d’éclat que je ne pus vraiment la regarder. Elle avait un manteau plus blanc que la neige et plus brillant que les étoiles. Dans sa main droite, elle tenait le soleil et la lune affectueusement enlacés. Dans cette vision apparaît à nouveau une magnifique jeune femme, l’Amour. Comme la Sagesse et l’Esprit igné, l’Amour a pris part à la création de toute vie, car il est le matériau de la vie elle-même. Ce très simple ton de récitation à deux voix d’origine anglaise provient d’une autre version de la leçon des matines de Noël Primo tempore alleviata. 14 Et j’entendis une voix me dire : « Cette jeune fille que tu vois est l’Amour, qui a sa demeure dans l’éternité. Car lorsque Dieu voulut créer le monde, il y mit l’amour le plus suave et prévit toute chose nécessaire, tel un père qui prépare l’héritage de son fils. Avec un zèle ardent, il ordonna ainsi toutes ses œuvres. 7327 French sung text FINAL 9 Chaque créature de chaque espèce et forme reconnut alors son créateur, car l’amour est la substance qui constitua d’abord cette même créature. Et Dieu dit “Ainsi soit-il”, et il en fut ainsi, car c’est l’Amour qui créa chaque créature en seulement un instant. » Lettre à l’abbé Adam d’Ebrach, v. 1166 Antienne : Caritas habundat in omnia Cette antienne est peut-être la plus célèbre de toutes les compositions musicales de Hildegarde, avec ses longs mélismes, ses grands intervalles et son traitement très sensible du texte. L’affirmation initiale résume parfaitement la certitude qu’avait Hildegarde de la bonté de toute la création divine, tant physique que spirituelle. 15 L’amour le plus haut abonde en tout, depuis les abysses jusqu’au-dessus des astres, et l’amour le plus intense, car il donna le baiser de paix au roi suprême. Antienne : O eterne deus Malgré sa brièveté, cette prière en forme d’antienne témoigne des hautes exigences souvent manifestées par Hildegarde en matière de registre et d’expression. Comme toujours, l’ambitus élargi vient servir le texte, ce qui corroborerait l’affirmation selon laquelle elle aurait « reçu » tout à la fois la musique et le texte de ces chants. 16 Ô Dieu éternel, puisse-t-il te plaire de nous embraser de ce même amour que tu manifestas quand tu engendras ton fils à l’aube première, avant toute autre créature. Vois le sort qui nous échut : délivre-nous-en pour l’amour de ton fils et conduis-nous vers la joie du salut. Hymne : Beata nobis gaudia Nous terminons par un hymne de Pentecôte que Hildegarde et ses moniales ont bien connu. Cette mélodie du septième mode, d’un arc exquis, semble consoler, comme l’esprit qu’elle invoque. 17 La ronde des jours nous ramène les saintes joies du temps où l’Esprit consolateur fulgura sur les disciples. Il répandit sur eux des langues de feu d’une étincelante lumière, 7327 French sung text FINAL afin qu’ils fussent prodigues en paroles et débordants d’amour. Tu emplis jadis les saintes âmes de ta grâce. Remets aujourd’hui nos péchés et donne-nous des temps paisibles. Louange au Père et au Fils ainsi qu’à l’Esprit consolateur, puisse le Fils nous envoyer la grâce de l’Esprit saint. Amen. Traduction : Elsa Beaulieu 10
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