L`asperge profite d`une sélection de pointe

Transcription

L`asperge profite d`une sélection de pointe
L'asperge profite
d'une sélection de pointe
Gry
co-bteni
L'asperge est une espèce dioïque :
les fleurs mâles et les fleurs femelles
sont portées par des pieds distincts.
Les croisements sont faciles mais la
séparation des sexes interdit
". Il est par conséquent
l'"auto-
Taïwn
Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
Une espèce difficile
à sélectionner
fécondati
l'INRA
l'INRA
-,
aspergi
Autre mérite à signaler, parmi les
en
France,
produits
légumes
Andréas
Les surfaces sont estimées à
17.000 hectares, ce qui place
l'asperge au quatrième rang des
légumes les plus cultivés en France (si
l' on mesure la production en superficies), après le chou-fleur, le haricot
L'intérêt économique de ce secteur
justifie le vaste programme de
recherches entrepris par NRA
, au
début des années 60. La sélection de
l'asperge a fait d'énormes progrès
depuis 1974. Des établissements privés, comme Jacques
et
en France, mènent aussi
leurs propres travaux d'amélioration.
Hybrides doubles (1974), hybrides
de clones (1977), hybrides entièrement mâles, ...hybride F1 (1991).
Mais ne brûlons pas les étapes. La
mise au point du premier hybride F1
INRA-Dar
,
- a demandé près de
trente ans de recherches, avec le passage obligé par la culture in vitro...
Car la sélection de l'asperge se heurte
à plusieurs particularités biologiques,
qu'il est utile de rappeler.
bone-Vilmr
l'INRA
XVle
Un coup d'oeil
sur le marché de l'asperge
vert et le petit pois. Bien sûr, cette
méthode de comparaison n'est pas
très juste car les
occupent naturellement beaucoup de
place. Si l'on considère la production
en tonnage, l'asperge recule dans le
classement : ce n'est pas un des
légumes les plus consommés. Néanmoins, la France a produit
57.000 tonnes d'asperges en 1989.
Au niveau européen, nous sommes
devancés par l'Espagne
(79.000 tonnes) mais nous nous distinguons sur le marché par nos exportations. La France est en effet le premier exportateur d'asperges
fraîches d'Europe. Mieux encore, la
France détient le premier rang mondial, les autres grands pays producteurs (USA,
, Espagne...) produisant essentiellement des asperges
pour la conserve.
Que de succès
à rapporter !
Darbone
Sans remonter trop loin dans l'histoire - ce sont paraît-il les Romains
qui ont introduit l'asperge en
Europe en France, la culture de
l'asperge s'est développée dès la fin
siècle. Le berceau de cette
du
production se trouve à Argenteuil
(Val d'Oise) mais très vite, l'asperge
fut introduite dans le Val-de-Loire en
Sologne, puis dans le Sud-Est et le
Sud-Ouest. Ces trois régions constituent aujourd'hui les trois grandes
zones de cultures (voir encadré).
l'asperge constitue la deuxième
valeur d'exportation, après le choufleur. Et cela, malgré le caractère très
saisonnier de cette production
(récolte groupée sur à peine deux
mois, de mi-avril à mi-juin).
l'I
La France figure parmi les premiers producteurs mondiaux
d'asperges. Bien que production saisonnière, ce légume est d'une
importance primordiale pour notre économie et notre balance
commerciale.
Cela justifie le vaste programme de sélection entrepris par
voilà plus de quinze ans et les autres travaux de recherche menés par
les établissements privés. Les progrès de la sélection sont spectaculaires. Des anciennes "populations", type Argenteuil, on est passé
progressivement aux hybrides doubles, hybrides de clone, hybrides
entièrement mâles... pour arriver aujourd'hui au premier véritable
hybride F1. Les améliorations portent avant tout sur l'homogénéité,
mais aussi sur la productivité, la précocité et la qualité.
Parallèlement,
a mis en place un système de contrôle technique et sanitaire pour la production des semences et griffes de ses
variétés. Fait nouveau en 1991, le contrôle devient officiel : tous les
hybrides de
seront commercialisés sous la forme certifiée.
Marionet
par Laure
3
i mpossible d'obtenir des variétés
dites "fixées", qui présentent des
caractères homogènes d'une plante à
l'autre. Au contraire, lorsque des individus dioïques sont plantés dans le
champ, les croisements libres
entraînent un grand nombre de
combinaisons génétiques. Résultat,
on obtient une population très hétérogène de plantes plus ou moins intéressantes en rendement et qualité.
troieus
En outre, la multiplication végétative de l'asperge est difficile et peu
rentable : la méthode traditionnelle
par éclatement des griffes (1) donne
un taux de multiplication de
les deux ans I On ne peut donc utiliser
le bouturage pour mettre en place une
culture, ni même pour obtenir un
nombre suffisant de géniteurs "portegraines".
L'asperge se distingue aussi par la
durée de son cycle de reproduction : la floraison n'intervient que 14 à
16 mois après le semis.
masle
l'I
Commençons par le programme à
a
court terme. Au départ, NRA
choisi trois populations, repérées
dans les champs d'essais pour leur
valeur agronomique (3). Les descendances d'une centaine de couples ont
été testées au champ pendant 7 ans :
six croisements ont été repérés. Mais
(suite page 6)
l'I
Lorela
ni
habituelle, du fait des sexes séparés,
a utilisé la culture in vitro.
1)L'asperg
(
est une plante vivace. On
désigne sous le nom de "griffe" l'ensemble
des racines et du rhizome en forme de
plateau. C'est la griffe qui va former au
printemps les pousses comestibles, appelées
aussi "turions" ou plus simplement
"asperges".
Comme la multiplication végétative de
l'asperge est quasiment impossible, les griffes
d'asperge sont obtenues à partir de graines.
En général, les producteurs laissent aux
pépiniéristes spécialisés le soin de réaliser le
semis et ils utilisent directement pour leurs
plantations des griffes d'un an.
(2) Chez l'asperge, plante diploïde, les cellules
présentent un double stock chromosomique.
L'homozygote possède, par définition, des
paires de chromosomes identiques. C'est-àdire qu'à tous les loci - mot qui désigne
l'emplacement du gène sur le chromosome les gènes des deux chromosomes sont
identiques. Un hybride F1 est le produit du
croisement entre deux lignées pures
homozygotes. L'avantage de l'hybride F1 est
sa très grande homogénéité qui s'ajoute à la
vigueur hybride.
(3) Les populations choisies étaient
", "La Monstrueuse" et
"Mammouth Empero
connues et cultivées
"
depuis de nombreuses années. Elles sont à
l'origine de tous les hybrides INRA.
Racult-Vières",
Pour améliorer l'homogénéité, il faut
obligatoirement passer par la sélection de variétés hybrides. Tel était
Corils-Théve
l' objectif de
, Maître de recherches à l'I NRA
, en
1963, quand elle a entrepris le programme d'amélioration
de
l'asperge (avec la collaboration de
Claire Doré). Pour être précis, il faudrait parler de deux programmes car
les travaux ont été orientés, dès le
début, dans deux directions parallèles. L'une visait à obtenir rapidement des variétés plus performantes
en rendement et en précocité. L'autre
voie de recherches, exigeant des
délais plus longs, était destinée à la
mise au point de variétés non seulement plus productives et plus précoces, mais surtout génétiquement
homogènes (hybrides F1). Comme on
ne peut obtenir des lignées pures
homozygotes (2) par la méthode
Lucet
4
Racult-V
Darbone
Certaines variétés de ce type sont
encore utilisées. Citons en premier la
fameuse asperge Argenteuil qui a
été progressivement améliorée
(Hâtive
d'Argentuil
, Tardive
) et qui est à l'origine de
d'Argentuil
la plupart des variétés cultivées
aujourd'hui. On peut signaler aussi
4, du nom de son sélectionneur. Cette variété date de 1962
et elle a occupé autrefois une place
prépondérante dans les plantations
du Midi. Les autres populations les
Lancement en 1963
du programme I NRA
- ne pointe le bout de ... sa tige, il aura fallu plus
sont disponibles. Encore trois ans de
NRA
C'est ainsi que jusqu'en 1974, les
producteurs ne disposaient que de
variétés dites "populations". Le travail de sélection était assuré par le
pépiniériste lui-même. Pour la production de semences, il sélectionnait
dans son champ les plus beaux mâles
et les plus belles femelles et laissait
faire la pollinisation. On parle de
. Ces croisements
sélection
ont permis d'augmenter la productivité des populations, mais sans en
réduire l'hétérogénéité.
plus répandues sont
lières
(du nom d'un pépiniériste pas. Toutes ces variésionné) et
tés ont l'avantage de présenter un
bon calibre (parfois supérieur aux
hybrides) mais le gros problème,
c'est l'irrégularité de la plantation. On
estime que, dans un champ
d'asperges Argenteuil, la moitié des
pieds produisent 70 % de la récolte
et l'autre moitié 30 % I Le producteur
peut facilement en déduire la place
perdue et la perte de rendement...
d'Anréas
Des "populations"
d'origine ancienne
Avant que le premier véritable hybride Fi d'asperge de quinze ans de recherches. En 1991, enfin, les griffes
cultures à attendre pour commencer la cueillette.
Andréas
Enfin, n'oublions pas que l'asperge
est une espèce pérenne. Les produits récoltés sont les jeunes tiges ou
"turions". Et les premières coupes ne
peuvent avoir lieu que quatre ans
après le semis, sous peine de détériorer la plantation. Puis la récolte sera
étalée sur une dizaine d'années.
Avec, chaque année, la contrainte
d'une cueillette quotidienne pendant
un à deux mois. Il s'ensuit un travail
long et fastidieux pour évaluer la qualité d'une plantation.
Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
L'ASPERGE
L'INRA
UN BEL EXEMPLE DE RECHERCHE-DÉVELOPPEMENT
MENÉ PAR
DEPUIS PLUS DE 20 ANS
Larc
Cito
,
,
,
® , bien connues des
producteurs, couvrent
actuellement 50 % des
françaises et participent pour 75
à leur renouvellement.
Desto
Aneto,
Stelin
aspergi
%
Dès 1991 l'arrivée du nouvel
hybride entièrement mâle
F, marquera une
nouvelle étape.
z
0
®
Andreas
Nos hybrides ont depuis longtemps fait la preuve de leur bonne adaptation aux conditions de culture française.
Ceci n'est pas le fruit du hasard, mais bien celui de travaux de recherche bien orientés et d'une politique de développement
bien organisée.
L'approche scientifique de l'amélioration variétle
de l'asperge a conduit successivement à la sortie d'hybrides doubles (dès 1974)
puis d'hybrides de clones (dès 1977) et maintenant d'hybrides F, entièrement mâles.
Issues de croisements contrôlés entre des géniteurs préalablement sélectionnés, nos hybrides ont subi des essais systématiques
sur de nombreux lieux de production pendant plusieurs années pour vérifier et confirmer leur productivité, leur précocité et leur
homogénéité.
clônes
La production de semences est entreprise de manière rigoureuse à partir de pieds-mères issus de semis (hybrides doubles)
) dans des parcelles contrôlées (isolement, état sanitaire, état cultural).
ou de multiplication in vitro (hybrides de
Obtentions sont produites dans des parcelles rigoureusement
contrôle quantitatif, estimation de l'état sanitaire, normes
NRA
l'I
Les griffes proposées à la vente par les pépiniéristes agréés par Agri
contrôlées selon le protocole technique défini par
(identité variétle
de présentation des griffes commerciales).
Les vignettes CTIFL-AO
présentes sur chaque sac de griffes commercialisées attestent des différents contrôles qualitatifs qu'elles
ont subi pour offrir au producteur le meilleur produit de la recherche. Seuls nos hybrides sont présentés avec cette vignette.
ANETO
25
.
:
griffes Asperge
Production agréée
griffes entières, non éclatées, pesant au moins 25 9
issues de pépinières soumises
-au contrôle quantitatif variétl
par le
-au contrôle sanitaire sur échantillons par
.
Ctifl
LARC
Calibre de précocité comparable à
Bonne souplesse d'adaptation.
hybride double de l'INRA
AGRI-OBTENS
valable pour
LARC
Les hybrides de clones
CITO
vignette de contrôle
Nr
21100
AGRI-OBTENS
Le plus précoce et le plus productif des hybrides INRA
1988
DESTO
Très beau calibre des turions
L'hybride double
®
STELIN
LARC
Turions bien formés et de bon calibre.
Très bonne précocité.
1
0
e
'
.
agri
1
LI
TOUS CES HYBRIDES DE
obtentions
Guyancort
SONT GÉRÉS PAR SA FILIALE AGRI
OBTENTIONS
Tél. (1) 30.43.33.49 Télex 696 190 F Télécopieur 30.43.41.47
-
VERS LA CULTURE DE DEMAIN
Domaine de la Minière 78280
L'INRA
Il
Variété de référence par sa souplesse d'utilisation
(50 % de la plantation des hybrides INRA).
(suite de la page 4)
comment assurer la diffusion de ces
hybrides en ne disposant, pour
chaque couple, que d'une paire de
plantes porte-graines ? Ce croisement ne donnera jamais assez de
semences pour les besoins commerciaux I Dans l'impossibilité de reproduire ces parents par multiplication
végétative - en 1968, la culture in
vitro était loin d'être au point - il ne
restait qu'une solution : la création
d'hybrides doubles.
Première étape,
les hybrides doubles
Où cultive-t-on l'asperge
dans le monde?
Les surfaces totales cultivées en
asperge dans le monde entier sont estimées à 140.000 hectares. Ce chiffre,
ainsi que les suivants, ont été révélés
lors du 7e symposium international sur
l'asperge en juin 1989 à Ferrara (Italie).
On recense 52.000 ha en Europe, dont
21.000 ha en Espagne, 17.000 ha en
France et 7.000 ha en Italie. Sur le total
de la CEE, 38.000 ha sont consacrés à
l'asperge blanche et 14.000 ha à
l'asperge verte.
En Amérique du Nord, les surfaces
atteignent environ 45.500 ha, dont
40.500 ha aux USA. Dans ce pays, on
ne cultive pratiquement que de
l'asperge verte.
En Asie, les surfaces dépassent
17.000 ha, dont 10.000 ha pour le seul
pays de Taïwan. Par rapport à l'Europe,
la répartition verte-blanche se trouve ici
inversée : 12.000 ha d'asperges vertes
et 5.000 ha d'asperges blanches.
En Amérique du Sud, on avance le
chiffre de 11.700 ha, dont 5.000 ha au
Pérou et 5.000 ha au Chili.
Enfin, l'Australie cultive environ
3.500 ha, la Nouvelle-Zélande 3.000 ha
et l'Afrique du Sud sans doute plus de
3.000 ha (estimation difficile pour ce
pays).
6
g
Point de départ des hybrides de clone, le prélèvement de méristèmes. Ces tissus sont situés sous les écailles de
la pointe de l'asperge. La multiplication in vitro, en conditions stériles, permet d'obtenir un clone, constitué
d'individus tous identiques.
toutes les plantes de sexe "indésirable" sont éliminées. Réunis dans un
champ de production de semences,
la pollinisation des femelles BC par
les mâles AD donne un hybride
ABCD. Ces hybrides doubles, qui ont
les 4 mêmes grands-parents, sont
cousins entre eux : cette descendance est hétérogène, certes, mais
moins qu'une population.
Ce procédé de sélection de l'INRA a
abouti à quatre variétés : Diane
(1974), Junon et Minerve (1975) et
Larac (1976). Seules Junon et Larac
sont encore commercialisées
aujourd'hui (voir tableau descriptif).
A noter que les hybrides doubles ont
toujours été considérés comme une
solution transitoire, avant l'objectif
recherché. On peut leur reprocher des
performances souvent inférieures à
celles des géniteurs de départ, le
manque d'homogénéité et les difficultés de production ("sexage" obligatoire au champ...).
A l'échelon supérieur,
les hybrides de clone
L'étape suivante mène aux hybrides
de clones. Les travaux conduits à
l'I NRA, depuis 1973, dans le domaine
de la culture in vitro ont permis de
mettre au point la multiplication végétative d'une plante d'asperge en cultivant au laboratoire, sur des milieux
nutritifs, des "méristèmes" (tissu de
cellules indifférenciées) prélevés sous
les écailles de la pointe des turions.
Par cette technique, il devient possible de reproduire un géniteur jugé
intéressant en un grand nombre
d'exemplaires parfaitement identiques entre eux. L'ensemble de ces
copies conformes constitue un
"clone".
Le sélectionneur peut ainsi "cloner"
les deux partenaires précédemment
repérés pour la qualité de leur descendance directe. Les clones, mâle et
femelle, sont ensuite implantés en
situation isolée (à l'abri de toute pollinisation étrangère) dans un champ de
production de semences. Les croisements vont alors répéter fidèlement
la descendance des couples initiaux.
Les "hybrides de clones" obtenus
sont frères et soeurs et donc plus
homogènes que les hybrides doubles
qui ne sont que cousins.
Par cette méthode, NRA
a créé cinq
hybrides de clone : Aneto et Desto
(1977), Bruneto et Cito (1978) et
Stéline (1980) (4). Bruneto n'est plus
commercialisé. Pour les caractéristiques et la comparaison de ces variétés, on pourra se référer au tableau.
l'I
Ces hybrides sont obtenus à partir de
deux couples de plantes (AB et CD),
choisis chacun pour la valeur agronomique (rendement et précocité) de
leurs descendants, observée dans les
essais antérieurs. Le mâle A du
couple AB est croisé avec la
femelle D du couple CD : seuls les
mâles AD issus de cette union seront
utilisés. Parallèlement, le mâle C est
croisé avec la femelle B : seules les
femelles BC issues de cette union
seront utilisées. Dans les deux cas,
Il est utile de rappeler que, pour ces
deux types d'hybrides, seule l'utilisation des résultats d'une très longue
expérimentation a déterminé le choix
des couples géniteurs (déjà en 1956,
l'INRA testait et comparait les populations qui sont à l'origine de ces
variétés).
Résultats comparés
des hybrides
Par rapport aux populations, ces
hybrides apportent des progrès
considérables sur le .plan de la pro-
Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
ductivité et de la précocité. Ces
observations sont confirmées par les
résultats des essais du réseau
d'expérimentation de l'INRA (essais
réalisés de 1969 à 1979 dans plusieurs régions de France). La variété
population choisie comme témoin est
Darbonne 4 (affectée du coefficient
100). Voici, pour chacun des
hybrides, les valeurs de rendement et
de précocité calculées en % du
témoin.
L'asperge dans la CEE
La production totale d'asperges dans la
CEE est de 191.000 tonnes. L'Espagne
vient en tête avec 79.000 tonnes, soit
41 % de la production européenne.
Depuis 1960 (moins de 15.000 tonnes),
les récoltes espagnoles ne cessent
d'augmenter et la progression devrait
se poursuivre : de vastes plantations
sont en cours dans plusieurs régions
d'Espagne.
Suivent la France avec 57.000 tonnes
(30 % de la production européenne) et
l'Italie avec 23.000 tonnes (12 %).
L'Espagne et ces deux pays assurent à
eux seuls plus de 80 % de la production
totale de la CEE. A noter que 60 à 70 %
de la récolte espagnole est dirigée vers
les usines de transformation, alors que
la quasi-totalité des productions française et italienne est destinée à la
commercialisation en frais.
Les autres pays producteurs sont la
RFA (14.000 tonnes), les Pays-Bas
(11.000 tonnes) et, plus récemment, la
Grèce (7 à 10.000 tonnes). Il est difficile
de chiffrer avec exactitude les plantations d'asperges en Grèce. Mais il est
certain que la culture se développe rapidement. Ce pays qui ne consomme que
très peu d'asperges, met en place des
cultures essentiellement orientées vers
l' expédition en frais sur la RFA. La production grecque pourrait donc devenir
une concurrente sérieuse pour les
asperges françaises.
Performances moyennes
des hybrides I NRA
(en % de Darbonne 4)
Variétés
hybrides
Productivité
Précocité
1 30
170
191
369
176
185
175
215
361
333
281
572
Hybrides
doubles
Junon
Larac
Hybrides
de clone
Ce tableau n'a, bien entendu, qu'une
valeur indicative. En valeur absolue, le
chiffre de rendement varie énormément d'une région à l'autre (de 1,5 à
8 tonnes par hectare). On remarque
néanmoins la nette supériorité par
rapport au témoin de l'hybride double
Larac et des quatre hybrides de
clone. Soulignons aussi la grande précocité de Stéline : cultivée dans le
Sud, dans des régions à printemps
doux, elle pourra être récoltée très
tôt... et exportée à des cours très élevés.
Lors de la première diffusion des
hybrides de clone, en 1977, la technique de multiplication in vitro était
encore à ses débuts. L'élaboration de
ces clones, élevés dans des conditions artificielles, était délicate et coûteuse. Cela a retardé leur lancement.
Aujourd'hui, ces hybrides sont plus
faciles à produire : le supplément de
prix par rapport aux variétés poula-
(5) Certains producteurs prétendent que dans
une population (50 % de mâles et 50 % de
femelles), les mâles assureraient plus des 2/3
de la récolte. Cette supériorité serait liée au
fait que les graines affaiblissent les plantes
femelles qui ne peuvent ainsi emmagasiner
suffisamment de réserves pour l'année
suivante.
Des progrès également
pour la sélection privée
L'INRA n'est plus seul à conduire de
tels travaux en France. La Maison
Jacques Marionnet, qui travaille
depuis le début du siècle sur
l'asperge (et le fraisier, le framboisier,
l'actinidia...), s'est également lancée
en 1976 dans la culture in vitro. En
1 986, les deux hybrides de clone
Jacq Ma 2001 et Jacq Ma 2002
étaient mis sur le marché (voir
tableau). Leur caractéristique principale, outre le rendement et la précocité, est le fort calibre des turions.
Parallèlement à l'activité de sélection,
Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
35.000 tonnes (asperges en frais).
80 % font l'objet de transactions intracommunautaires et 20 % se font hors
de l'Europe. Les principaux pays exportateurs de la CEE sont la France (44 %),
l'Espagne (30 %), les Pays-Bas (14 %)
et la Grèce (11 %).
Les quantités importées atteignent
32.000 tonnes. Là encore, il ne s'agit
que de la commercialisation en frais.
Précision importante, car les importations d'asperges de conserve sont
beaucoup plus élevées. Les principaux
pays importateurs de la CEE sont la RFA
(78 %), l'Italie (9 %) et le Royaume-Uni
(3 %).
On peut se demander, enfin, dans quel
pays d'Europe l'on consomme le plus
d'asperges. Ce n'est ni en Espagne, ni
en France qui sont pourtant les premiers
producteurs. Les grands amateurs se
trouvent en RFA. Dans ce pays, malgré
les prix élevés, la consommation
d'asperges est nettement plus banalisée qu'en France. Au printemps, chez
les cuisiniers allemands, l'asperge est
utilisée couramment dans de nombreux
plats... Pas seulement à la vinaigrette,
façon française I De plus, ce légume fait
l' objet en Allemagne d'une réelle campagne de promotion. Il est souvent
considéré dans le commerce comme un
produit d'appel.
dans le laboratoire de cultures in vitro
de Jacques Marionnet, une idée a fait
son chemin : étant donné que la technique de clonage est bien maîtrisée,
pourquoi la réserver uniquement à
l'i mplantation des champs de production de semences d'hybrides de
clones ? Pourquoi ne pas utiliser cette
méthode pour produire directement
de jeunes vitro-plants, tous identiques entre eux et prêts à planter ?
Non seulement la plantation sera parfaitement homogène mais en plus elle
sera plus productive. Il suffit de repérer le meilleur pied mâle de son
champ d'essai et de le reproduire par
clonage in vitro en plusieurs milliers
d'exemplaires. Le choix du sexe mâle
est déterminant il est reconnu de
longue date que les plants mâles sont
plus précoces et plus productifs que
les plants femelles (5).
:
(4) Les quatre premiers hybrides de clones
sont tous issus du même clone mâle et de
quatre clones femelles distincts. Seul Stéline
est issu d'un clone mâle différent.
ne peut plus constituer un frein
à leur utilisation (une griffe d'hybride
coûte 1,50 à 2,00 F au lieu de 0,90 à
1,30 F pour une griffe de population).
D'ailleurs, chaque année, ils gagnent
des hectares et représentent désormais plus de 60 % des surfaces cultivées en asperges en France. Variété
leader, Larac occupe à elle seule
30 % des surfaces.
Lions
Aneto
Cito
Desto
Stéline
Les exportations de la CEE s'élèvent à
Sortis directement du labo,
les vitro-clones
Nul doute qu'au moment du lancement des hybrides de clones, en
(suite page 9)
7
Caractéristiques des variétés d'asperge
Obtenur
(ou représentant)
Variétés
Précocité
Rendement
Calibre
Aspect des
turions
Remarques
Variétés population
bon
—
moyen
Alexandre Marionnet
Marionnet J. et F.
précoce
Angela
Angier
précoce
Argenteuil
hâtive ou tardive
nombreux
mainteneurs
précoce
ou tardive
Clara
Brisset
très précoce
Darbonne n° 3
Darbonne
précoce
Darbonne n° 4
Darbonne
moyenne
—
Fleury n° 2
Girardin-Fleury
demi-précoce
—
Fleury n° 6
Girardin-Fleury
précoce
bon
gros
beau
Fleury verte
Girardin-Fleury
—
bon
gros
très beau
très homogène
Jacq-Ma pourpre
J. Marionnet
moyenne
moyen
moyen
très beau
asperges violettes - type original
Jacq-Ma verte
J. Marionnet
moyenne
bon
moyen
très beau
Julia
Brisset
très précoce
Lorella
Marionnet J. et F.
très précoce
—
moyen
—
—
gros
—
bon
beau
type Argenteuil
beau
amélioration de Darbonne n° 4
—
beau
variété autrefois très utilisée
beau
adaptée en toutes régions
gros
—
type Argenteuil
moyen à gros
—
type Argenteuil - bonne rusticité variété autrefois très utilisée
—
—
—
précoce
—
très gros
beau
Prebelle
Chartin
précoce
gros
beau
_Novalis-Vère
Dejeant
très précoce
Chartin
demi-précoce
Solona
Angier
demi-précoce
Angier
demi-précoce
bon
—
type Argenteuil, peut être utilisée en
vert dans le Sud
gros
beau
gros
très beau
type Argenteuil, peut être utilisée en
vert dans le Sud
_
Angier
Valières-Rcut
bon
Prima
Sibelle
pour asperges vertes
gros
Angier
Mary Washington
variété autrefois très répandue
—
gros
bon
—
beau
—
gros
—
variété autrefois très utilisée
beau
verte (Clause)
=Jacq-M
Verdi
—
Hybrides doubles
Junon
INRA
moyen
moyen
gros
Larac
INRA
très précoce
bon
moyen
Norte 85
Planasa (Espagne)Darbonne
précoce
moyen
Sur 869
Planasa (Espagne)Darbonne
très précoce
—
_
—
—
variété souple très utilisée
beau
pour asperges vertes ou blanches
gros
beau
pour asperges vertes ou blanches
—
Hybrides de clone
Aneto
INRA
très précoce
moyen
moyen
beau
variété souple
Backlim
Pays-Bas
(Royal Sluis)
peu précoce
très bon
très gros
beau
variété à tendance mâle
Bonlim
Pays-Bas
(Royal Sluis)
demi-précoce
gros
beau
variété à tendance mâle,
pour asperges vertes ou blanches
Cipres
Planasa (Espagne)Darbonne
précoce
bon
gros
très beau
Cito
INRA
très précoce
bon
moyen
Darbonne 231
Darbonne
peu précoce
très bon
—
Darbonne 63
Darbonne
moyenne
bon
—
Desto
INRA
très précoce
moyen
Elia = Jacq-Ma 2002
(Clause)
gros
—
en cours d'expérimentation
—
—
—
—
précoce
—
—
Pays-Bas
(Royal Sluis)
très précoce
bon
moyen à gros
J. Marionnet
précoce
bon
très gros
2002
J. Marionnet
très précoce
bon
gros
Jacq-Ma 2010
Jacq-M
2011
Jacq-M
2012
2014
Jacq-M
J. Marionnet
—
variété à tendance mâle
beau
variété à tendance mâle,
pour asperges vertes ou blanches
beau
variété à tendance mâle,
pour asperges vertes ou blanches
—
hybrides
trois voies"
en cours d'expérimentation,
variétés entièrement mâles
"à
—
—
Jacq-M
Jacq-Ma 2001
8
asperges légèrement violettes
beau
—
Franculs
Franklim
beau
Pays-Bas
(Royal Sluis)
RFA
Geynlim
—
_
—
—
Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
Caractéristiques des variétés d'asperge (suite)
Variétés
Obtenteur
(ou représentant)
Précocité
Rendement
Calibre
Aspect des
turions
Remarques
RFA
Lucullus
RFA
—
bon
bon
—
variété à tendance mâle
Record
RFA
—
—
—
—
variété à tendance mâle
Steline
INRA
très précoce
bon
moyen
très beau
UC 157
Univ. de Californie
(USA)
bon
faible à moyen
très beau
—
—
—
—
UC 157 (F2)
Venlim
—
Limbras
—
pour asperges vertes
dénommée aussi UC 800 aux USA
—
précoce
moyen
gros
beau
variété à tendance mâle
INRA-DarbonneVilmorin
moyenne
très bon
gros
très beau
hybride I entièrement mâle,
très homogène
Sluis)
Pays-Bas
(Royal
Fi
Hybride
-
F
Andréas
Vitro-clones
JAG V1
J. Marionnet
—
bon
gros
JAG V2
J. Marionnet
—
très bon
moyen à gros
JAG V10
J. Marionnet
très bon
moyen à gros
très précoce
—
—
variétés vendues en "vitro-plans
(griffes issues de la multiplication
végétative in vitro)
très beau
N.B. : II n'existe pas encore de Catalogue officiel en asperge. Nous présentons dans ce tableau les principales variétés cultivées en France mais cette liste n'est pas exhaustive. Et les appréciations
concernant la valeur agronomique de ces variétés ne sont données qu'à titre indicatif.
Jusqu'ici, ces "vitro-clones" étaient
commercialisés en mottes de deux
ou trois tiges (10 à 12 semaines) à un
prix assez élevé mais abordable :
quatre à cinq fois plus cher que la
griffe traditionnelle (6,50 à 7,50 F le
vitro-plant au lieu de 0,90 à 2,00 F
pour une griffe traditionnelle). Encore
faut-il maîtriser la culture à partir de
plants en motte : l'implantation est
plus délicate car ces vitro-plants sont
beaucoup plus fragiles que les griffes
âgées de un à deux ans. Certains producteurs ont rencontré, paraît-il, quelques difficultés. C'est pourquoi, dès
1991, Jacques Marionnet a décidé de
commercialiser ses vitro-plants sous
forme de griffes, après un an de
culture. Confiant, il augmente aussi sa
production. Son objectif est
réseau d'expérimentation et sont
maintenant au stade
en cultures" (essais chez plusieurs producteurs dans diverses
régions).
d'"échantilo-
d'atteindre au moins un million de
plants pour le printemps 1992.
nage
Mais revenons aux méthodes de
sélection traditionnelles et aux
hybrides de clone. Les Etablissements Darbonne sont forts d'une
longue expérience dans la création et
la production de plants d'asperge
(depuis 1887, cette entreprise familiale consacre la plupart de ses activités à l'asperge et au fraisier). En
1973, Darbonne s'intéresse aux nouveaux hybrides de l'INRA et met en
place les premiers champs de portegraines de Diane, Junon... puis plus
tard Desto, Cito, Aneto et Larac.
De nouveaux hybrides
en préparation
Les Etablissements Darbonne sont
également associés à l'INRA, avec
Vilmorin, pour l'expérimentation des
hybrides de l'INRA. Chaque année, ils
mettent en essai, contrôlent et jugent
les performances des nouvelles variétés ou des nouveaux croisements que
leur confie l'INRA. Ils mènent parallèlement leurs propres travaux de
recherches. Qui ne connaît pas les
célèbres populations Darbonne n. 2,
3 et 4 ?
Actuellement, Darbonne travaille sur
les hybrides de clone et se prépare à
sortir deux nouvelles variétés : Darbonne 231 et Darbonne 63. Celles-ci
se sont déjà distinguées dans le
Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
A l'étranger aussi
Par l'intermédiaire de sa filiale
nas
en Espagne, Darbonne teste un
autre hybride de clone Cipres et deux
hybrides doubles Norte 85 et
Sur 869. Toutes ces variétés seront
bientôt disponibles en France.
Pla-
(suite de la page 7)
1977, les techniques de clonage in
vitro étaient beaucoup trop coûteuses et aléatoires, pour qu'une telle
opération soit envisageable. Selon
Marc Javouhey, le responsable du
laboratoire in vitro de Jacques
Marionnet, c'est l'enracinement des
jeunes vitro-plants qui posait le plus
de problèmes, interdisant le développement du procédé au niveau industriel. Après plusieurs années de
recherches, la multiplication est maintenant au point et en 1989, pour la
première fois au monde,
50.000 plants d'asperges clonés in
vitro étaient mis sur le marché
(150.000 plants en 1990). Trois
variétés sont disponibles : Jag V1,
Jag V2 et Jag V10 (voir tableau).
Bien sûr, la France n'est pas le seul
pays à sélectionner l'asperge. On ne
peut parler des hybrides de clone
sans évoquer la variété UC 157,
créée par l'Université de Californie
aux USA. Cette asperge réussit très
bien sous les climats chauds, là où
elle a été sélectionnée. Elle se distingue par la qualité de ses turions (de
forme régulière et à tête bien fermée)
et convient parfaitement à la culture
d'asperges vertes.
Surtout ne pas confondre UC 157 et
UC 157-F2. Comme son nom
l'indique, UC 157-F2 est un hybride
de seconde génération. Il ne provient
pas directement du croisement entre
les deux vrais parents de l'hybride de
clone. Les résultats en cultures
seront forcément moins bons.
L'Italie s'intéresse aussi à la sélection
de l'asperge. Menés de longue date
par l'Université de Milan, les travaux
(suite page 11)
9
L'asperge française en chiffres
(Seco-
redonner le goût pour l'asperge à de
nombreuses ménagères trop pressées.
Si l'on considère les quantités achetées
en France, l'asperge représente 1 %
seulement du total des légumes
consommés en frais (enquête Secodip-1987 sur la consommation des
ménages à domicile).
Pour comparaison, on notera que la
tomate représente 17 %, la carotte
12,3 %, la salade 11,3 %, l'endive
1 0,6 %... Autres exemples, même le
navet (1,2 %) et le céleri-rave (1,1 %)
dépassent l'asperge I
Si l'on examine à présent les dépenses
consacrées à l'achat de légumes frais, la
part de l'asperge s'élève à 2,3 %
dip).
Sud-Ouest, les surfaces sont également
en progression.
Le Sud-Est fournit les asperges forcées
sous serre et les primeurs dès le mois
de février. La campagne se poursuit
jusqu'en juin. Blanches, violettes ou
vertes, les asperges du Midi sont destinées à la fois au marché intérieur et à
l'exportation. Dans le Val-de-Loire, la
campagne s'étale du début avril à la mijuillet. C'est dans le Sud-Ouest que la
période de production est la plus
courte : presque toute la récolte est
commercialisée au cours du mois de
mai.
L'asperge, en France, est principalement consommée en frais. On estime
aujourd'hui
la consommation
moyenne à 700 grammes par habitant
et par an, alors qu'elle dépassait le kilo il
y a vingt ans. Il semble que l'asperge
fraîche ait subi le contrecoup de la percée des importations de conserves au
début des années 80. Des asperges qui
nous arrivent de Taïwn
ou du Mexique,
à des prix défiant toute concurrence. En
1985, la consommation d'asperges
fraîches n'était plus que de
500 grammes par habitant et par an.
Depuis, ce légume fin et délicat a gagné
de nouveaux amateurs et la consommation en frais progresse sensiblement. La
région parisienne et le Sud-Est sont les
plus gros acheteurs. Par contre, les
ventes restent très faibles dans le nord
et dans l'est de la France.
Un produit nouveau a fait son apparition
sur le marché français la barquette
d'asperges
quatrième gamme
(asperges lavées, pelées et prêtes à
cuire). Une première enquête auprès des
consommateurs montre que cet article
a été bien accueilli. Cela va certainement
:
La production française d'asperges
est assez irrégulière selon les années. Si
l' on remonte jusqu'en 1960, on
remarque que les récoltes oscillent
entre 70.000 tonnes (au début des
années 60) et 40.000 tonnes seulement
en 1980. Depuis 1983, la tendance est
à la hausse : 44.000 tonnes en 1983...
51.000 tonnes en 1985...
57.000 tonnes en 1989... L'année
1990, en raison des problèmes de fusariose dans le Languedoc-Roussillon,
devrait être moins bonne.
Les surfaces cultivées en France sont
en moyenne de 17.000 hectares. Le
Sud-Est et le Val-de-Loire sont les deux
grandes zones de cultures.
Le département du Gard domine largement : avec une récolte de
21.000 tonnes (chiffre moyen 1986-8788), il réalise à lui seul 36 % de la production nationale. Le Loir-et-Cher, en
deuxième position, produit environ
6.500 tonnes, soit 11,5 % de la récolte
totale. Puis vient le Vaucluse avec
4.800 tonnes (8,5 %).
Ces trois départements donnent ainsi
56 % de la récolte. Sept autres - le
Maine-et-Loire, le Loiret, les Bouchesdu-Rhône, les Pyrénées-Orientales, la
Drôme, la Gironde et les Landes - avec
des productions de 1.400 à
2.000 tonnes, représentent environ
20 % de la récolte nationale. Les autres
départements ont une production faible
ou nulle.
On a observé, au cours des dernières
années, une baisse de la production
dans le Val-de-Loire et en Provence
(vieillissement des aspergeraies, taux
de renouvellement trop faible). Par
contre, la récolte du Languedoc-Roussillon a doublé de 1982 à 1987, et dans le
Pour expliquer l'étroitesse de ce marché, les professionnels français
accusent les exportateurs : " Toute la
qualité s'en va à l'export, il ne reste en
France que les balais". De plus, on se retrouve parfois en manque de marchandises, d'où la grimpée des prix.
Les i mportations d'asperges fraîches,
pratiquement nulles avant 1980 (100 à
200 tonnes), ont tendance à progresser. Elles proviennent essentiellement
d'Espag•e. Les derniers chiffres
donnent 1.000 tonnes en 1987,
800 tonnes en 1988 et 1.600 tonnes en
1989. L'augmentation reste modérée.
En revanche, les i mportations
d'asperges en conserve grimpent
d'année en année et occupent désormais une place importante dans la
consommation de ce légume. Inférieures à 2.000 tonnes en 1970, elles
dépassent maintenant 12.000 tonnes
de produit demi-brut par an, soit l'équivalent de 17.000 tonnes d'asperges
fraîches. L'Espagne est toujours notre
premier fournisseur, mais il est concurrencé par Taïwn
ou les pays d'Amérique (compétition au niveau des prix).
La France est, de longue date, un gros
exportateur d'asperges fraîches. Les
quantités exportées tournent autour de
16.000 tonnes, ce qui représente plus
du quart de notre production (28 %).
Elles sont destinées principalement à la
RFA et à la Suisse. Sur ces marchés, en
effet, l'asperge "blanche" française est
très appréciée. La répartition moyenne
des exportations, sur les trois dernières
années, donne 10.000 tonnes pour
l'Espagne, 4.000 tonnes pour la Suisse,
1.000 tonnes pour l'Italie et 500 tonnes
pour la Belgique et le Luxembourg.
Grâce à ces bons résultats et malgré le
caractère très saisonnier de cette production,
Cet
1
Le paillage plastique est couramment utilisé pour les cultures de plein chanip.
protection
permet à la fois de hâter et d'augmenter la récolte. Le plastique est troué au moment de la cueillette.
10
l'asperge constitue
la
deuxième valeur de nos exportations
en légumes frais (après le chou-fleur).
Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
Etape suivante
avec les super-mâles
Après les hybrides de clone... et
avant les hybrides F1 (objectif final du
programme dit "à long terme" de
l'INRA), les super-mâles et les
hybrides uniquement mâles constituent une étape intéressante dans la
recherche de la productivité et de
constitution génétique XY et ils les
ont autofécondées. On peut ainsi
"fabriquer" un parent mâle YY mais
celui-ci est hétérozygote pour tous
les autres gènes. Le parent femelle,
lui, est hétérozygote à tous les loci.
Avant le croisement au champ, les
deux parents sont clonés in vitro :
l'hybride de clone résultant comportera une majorité de plantes mâles,
avec présence de plantes hermaphrodites. Si l'on veut être précis, on parlera d'un hybride de clone "à tendance mâle".
Font partie de cette catégorie, les
variétés Lucullus, Francullus,
Record... originaires de RFA, et
l' homogénéité.
gamètes sont porteurs du chromosome Y (il est YY alors que le mâle
;
normal est XY) (7). Comment obtenir
le super-mâle ? Deux méthodes sont
possibles : soit on travaille à partir de
plantes hermaphrodites, plantes très
rares que certains chercheurs ont
découvert dans la nature soit on pratique la culture d'anthères (organes
sexuels de la fleur mâle) en laboratoire.
L'aventure des plantes
hermaphrodites
La première méthode est utilisée en
Allemagne et aux Pays-Bas. Pour arriver au super-mâle, les sélectionneurs
ont retenu des plantes hermaphrodites à peine fertiles qui ont une
(6) Evidemment, il est possible de ne planter
que des pieds mâles sans faire appel à la
sélection. Il suffit de prolonger la culture en
pépinière, d'attendre la floraison et d'éliminer
tous les individus femelles. Mais ce procédé
n'est pas réalisable économiquement en
où la première
France. Par contre, au Taïvn,
floraison apparaît 7 à 8 mois seulement après
le semis (au lieu de 14 à 16 mois en France),
cette solution est couramment utilisée pour
augmenter la productivité des aspergeraies.
(7) Rappelons que le caractère du sexe est
déterminé par les chromosomes X et Y. Les
plantes femelles sont porteuses du couple de
chromosomes XX alors que les plantes mâles
possèdent le couple XY. A la meïose, lors de
la formation des gamètes, il y a division du
stock chromosomique. La plante mâle XY,
diploïde, va donner deux types de gamètes
(haploïdes): 50 % portent le chromosome X
et 50 % portent le chromosome Y.
Venlim.
dans l'aspergeraie - plus précoces et
plus productifs que les pieds
femelles - il est apparu utile de créer
des variétés entièrement mâles (6).
Et l'obtention de ces plants ne peut
se faire qu'à partir de la fécondation
d'une femelle par un mâle particulier,
baptisé super-mâle car tous les
Boonlim, Franklim, Geynlim,
originaires des Pays-Bas
(voir tableau).
kIim,
Vu la supériorité des pieds mâles
Bac-
(suite de la page 9)
sont déjà à un stade bien avancé. On
annonce non seulement de nouveaux
hybrides de clone, mais aussi des
hybrides F1.
De la culture d'anthères
aux hybrides trois voies
La deuxième méthode est appliquée
en France et en Italie et devrait aboutir très prochainement à de nouvelles
variétés entièrement mâles. Dans
ce cas, le parent super-mâle est
obtenu par culture d'anthères. Les
sélectionneurs commencent par cultiver in vitro des grains de pollen dans
un milieu approprié. Le premier stade,
c'est le "cal" de cellules haploïdes,
cellules comportant la moitié du
nombre de chromosomes normal.
Pour régénérer une plante normale, il
faut donc doubler son stock de chromosomes par voie chimique (traitement in vitro à la colchicine). Après
doublement, on obtient des plantes
diploïdes XX ou YY qui ont la particularité d'être homozygote à tous les
loci.
pour réussir le doublement des
haploïdes à la colchicine... et continuer la suite du programme.
Suite du programme,
enfin l'hybride F1
On en arrive à révéler - enfin - comment a été créé l' hybride F1
Andréas (connu auparavant sous le
code 61 A), disponible pour les plantations de 1991. Actuellement, c'est
le seul vrai hybride F1 d'asperges. Il
résulte, par définition, du croisement
entre deux lignées pures homozygotes. Quels sont ses parents ? Le
père est un super-mâle obtenu par
culture d'anthères (comme le super-
mâle des hybrides de clone à trois
voies). La mère est une lignée homozygote issue de graines polyembryoniques. Il peut apparaître, en
effet, après une fécondation, des
graines possédant deux embryons. Et
certains de ces polyembryons sont
haploïdes. Par diploïdisation à la colchicine, on arrive à reformer une
plante femelle homozygote : voilà la
li gnée femelle qui est à l'origine de
l'hybride F1.
A noter que la méthode de polyembryonie n'est plus appliquée dans les
travaux de recherches. Les sélectionneurs préfèrent utiliser désormais la
technique de culture d'anthères. Les
prochains hybrides seront donc issus
du croisement entre un super-mâle et
une femelle homozygote obtenue par
doublement d'haploïdes.
Cultures doubles,
in vitro et au champ
Si l'on croise le super-mâle YY avec
une femelle normale (hétérozygote),
la descendance est entièrement
mâle mais les individus ne sont pas
tous homogènes entre eux. L'hybride
obtenu est dit "à trois voies".
Ayant la lignée super-mâle et la lignée
femelle, on peut fabriquer l'hybride
F1, dont les individus sont tous mâles
et tous identiques entre eux : l'homogénéité est parfaite. Reste à apprécier
la valeur agronomique de l'hybride.
C'est cette méthode qu'a choisi
Jacques Marionnet pour créer les
variétés Jacq Ma 2010, 2011, 2012
et 2014, bientôt disponibles.
L'absence de toute sélection jusqu'au
stade F1 (il n'y a aucune sélection sur
les parents) explique la lourdeur et la
durée du programme de recherches.
Première contrainte, il faut tester
simultanément plusieurs lignées et
opérer plusieurs croisements pour
créer le bon hybride. Deuxième
contrainte, entre la création d'un
hybride et l'appréciation de sa valeur,
il s'écoule au minimum 4 ou 5 ans
(2 ans pour obtenir une griffe + 2 ou
3 ans avant la première cueillette).
Ajoutons également que l'expérimentation doit être faite dans des zones
géographiques diverses car il existe
une forte interaction pour l'asperge,
entre le génotype et le milieu.
La culture d'anthères est aussi à la
base du programme "à long terme"
de l'INRA. Rappelons que ces travaux ont débuté en 1963, en même
temps que les recherches à court
terme (sur les hybrides doubles et les
hybrides de clone). Le "long terme"
de ce programme est lié aux nombreux obstacles rencontrés par les
sélectionneurs, en particulier au stade
de la culture d'haploïdes. Dans les
années 60-70, les traitements in vitro
ne facilitaient pas la diploïdisation : il
faudra attendre que les techniques de
culture in vitro soient bien maîtrisées
Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
En ce qui concerne Andréas, les tra11
vaux d'expérimentation de l'INRA ont
duré plus de 10 ans. Ils ont été menés
en association avec les établissements Darbonne et Vilmorin.
Andréas est ainsi une co-obtention
INRA-Darbonne-Vilmorin.
Pour conclure sur les travaux de
sélection, on peut remarquer que
l' asperge est une des espèces potagères qui a le plus bénéficié de la
culture in vitro. Cette espèce "difficile" a au moins l'avantage de se
montrer très " malléable" lorsqu'elle
est placée dans les conditions de la
culture in vitro.
Priorité
à l'homogénéité
Heureusement pour les sélectionneurs, les objectifs d'amélioration en
asperge sont clairement définis.
Faut-il encore le rappeler, le critère
principal - celui qui est à l'origine des
travaux de recherches - est l' homogénéité.
Ajoutons que l'homogénéité permet
une meilleure organisation de la
récolte : les cueillettes sont plus
groupées. Et on gagne évidemment
en
productivité. Un champ
d'hybrides
ne comportera que des
plantes vigoureuses dont on est sûr
de la valeur : le rendement est
assuré, à moins d'un accident climatique ou d'une mauvaise conduite
culturale.
F1
Selon la variété, le type de sol et la
technique de culture, les rendements
en asperge fluctuent entre 2 et
1 0 tonnes par hectare. Le rendement
moyen en France est estimé à
3,5 tonnes/ha.
Du rendement
mais aussi du calibre
Mais la productivité seule ne suffit
pas pour juger une variété. Le calibre
des turions est également un critère
12
Fl.
Voici une botte
d'asperges de la
variété Andréas,
premier hybride
Les turions sont
homogènes, droits et
entièrement blancs.
Les pointes sont bien
formées. Le calibre est
gros. En plus de la
qualité, Andréas se
distingue par son
rendement élevé.
de premier ordre qui détermine la rentabilité économique d'une aspergeraie.
D'une part, les forts calibres permettent de réduire considérablement
les coûts de main d'oeuvre de
récolte : un atout très important étant
donné que les charges de main
d'oeuvre interviennent pour 50 à
60 % dans le prix global de l'asperge.
La cueillette est toujours réalisée à la
main, avec l'aide éventuellement d'un
" matériel d'assistance à la récolte".
Dans ce cas, la machine porte le cueilleur et les caisses, ce qui évite la pénibilité du transport de la production.
Signalons, d'autre part, que les prix
de vente au kilo varient en fonction du
calibre et que les différences sont en
général très importantes. On distingue, au stade de la vente, quatre
catégories définies d'après le diamètre du turion : plus de 22 mm, 16 à
22 mm, 12 à 16 mm et moins de
12 mm. Citons, pour comparaison,
les cours relevés dans une coopérative de Sologne. Le même jour, les
asperges de plus de 22 mm étaient à
21,00 F/kg, celles de 16 à 22 mm à
16,50 F/kg, les 12 à 16 mm à
11,00 F/kg et les moins de 12 mm
(nommées aussi "balais") n'étaient
qu'à 3,50 F/kg. On constate ainsi
qu'entre une asperge de 15 mm de
diamètre et une asperge de 23 mm,
les prix varient carrément du simple
au double
!
En cultivant une variété population, le
producteur ne peut avoir une plantation homogène. Certaines plantes
vont être plus précoces et plus productives que d'autres, et le rendement final en sera affecté. En
compensation, les anciennes variétés
auraient l'avantage d'être souples et
de s'adapter facilement au milieu où
elles sont plantées. C'est vrai que les
hybrides de clone ou les hybrides F1,
par nature plus homogènes, sont
aussi plus spécifiques et dans certaines conditions de sol ou de climat,
il s peuvent se révéler inadaptés. D'où
l'i mportance du choix de la variété
avant de mettre en place les griffes au
champ.
Enfin, il faut tenir compte du fait que
le diamètre des turions a tendance à
diminuer au fur et à mesure que les
aspergeraies vieillissent. Seuls les
gros calibres laissent espérer une
valorisation acceptable de la production après la 5e ou 6e année.
Pour une récolte
le plus tôt possible
Parmi les critères de choix des variétés, la précocité est aussi retenue
avec attention. Ce caractère i mporte
beaucoup dans les régions sans
gelées printanières où les premiers
turions sont le plus souvent exportés
tôt à des cours très, très élevés. De
même, dans les zones à printemps
froids, on préfère utiliser des variétés
précoces car les sélections trop tardives n'auraient pas le temps de faire
assez de rendement avant l'été. Et
l' on sait que la récolte ne doit en
aucun cas être prolongée pour
compenser la tardivité, car cette pra-
Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
tique nuirait à la production des
variétal mais le résultat d'un mode
années suivantes. Il faut au contraire
d'exploitation. Il n'empêche que certaines variétés se prêtent mieux à
l'une ou l'autre technique culturale.
laisser les plantes se rétablir et leur
permettre de reconstituer des
réserves.
Blanches, violettes
On remarque avec étonnement
comme les habitudes et les goûts
changent d'un pays à l'autre. En
ou vertes
France, les asperges blanches
En plus des qualités agronomiques
- rendement, calibre, précocité - le
de 90 %). Les "vertes" commencent
néanmoins à se développer, surtout
dominent largement le marché (plus
da
L
ia
mc
Les asperges vertes proviennent de
cultures semi-buttées : les turions
sont récoltés lorsque la pointe est
sortie de terre et se colore en vert (la
norme exige une coloration verte sur
au moins le tiers de la longueur). La
couleur n'est donc pas un caractère
dans le Midi. L'Allemagne et la Suisse
- les deux clients principaux de la
France - consomment eux aussi
presque exclusivement de l'asperge
blanche. Par contre, aux Etats-Unis et
en Grande-Bretagne, on ne connaît
que l'asperge verte. Et du côté de
l' Espagne et de l'Italie, il semble que
le marché se partage entre les deux
types.
Pas de "tête fleurie"
La qualité du turion se traduit à la fois
par une forme bien cylindrique, une
texture ferme mais non fibreuse, et
une pointe bien fermée. Le
sélec-
producteur s'intéresse à la qualité du
turion. Précisons à ce propos, que
deux types d'asperges sont commercialisés en France : les blanches ou
violettes et les vertes. Les premières
sont produites en culture buttée et
récoltées avant qu'elles n'affleurent
le sol (asperges blanches) ou
lorsqu'elles affleurent le sol
(asperges violettes).
cherche avant tout a éliminer
tioneur
le défaut de la "tête fleurie", c'est-à-
dire lorsque les écailles de la pointe
s'écartent et deviennent proéminentes. Cette malformation apparaît
en particulier au cours des premières
années de récolte et en début de sai-
son,
quand les conditions climatiques
sont défavorables (froid ou sécheresse).
L'aspect de la pointe est évidemment
un caractère primordial en asperges
vertes (à l'inverse, le calibre importe
peu en vertes). Pour ce type de
cultures, on choisira parmi les variétés qui forment les plus belles
pointes. Certains hybrides, malgré
leurs excellents résultats en asperges
blanches, ne conviennent pas à la
production de vertes, car ils "fleurissent" trop vite (par exemple,
l' hybride de clone Desto). La meilleure variété, pour l'asperge verte,
est sans doute la sélection américaine
UC 157. Elle produit des turions
assez fins mais leur pointe reste bien
fermée. Précisons toutefois que cette
variété, mise au point en Californie,
est adaptée aux climats chauds. On
moine rb
LE SPECIALISTE
Griffes d'Asperges produites
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Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
13
peut aussi utiliser Jacq Ma verte
(Marionnet) ou un hybride classique
de l'INRA comme Stéline ou Larac.
Dernier objectif de sélection, la résistance aux maladies. Peut-on écrire
"résistance" ? C'est un grand mot
pour l'asperge, il est plus juste de
parler de tolérance. A l'heure
actuelle, en effet, on ne connaît
aucune résistance variétale, ni aux
parasites du système racinaire (champignons du type fusarium ou rhizoctone), ni aux maladies du feuillage
(causées par les champignons du
type rouille ou stemphylium (8).
Depuis une quinzaine d'années, c'est
le fusarium qui pose le plus de problèmes. Contrairement aux maladies
du feuillage qui peuvent être traitées
en cours de culture, ce champignon
du sol est très difficile à combattre.
D'abord, il est mal connu. Trois
espèces au moins ont été isolées
(oxysporum, moniliforme et roseum).
C'est un parasite "vasculaire" qui se
propage dans la sève et qu'il est
i mpossible de localiser. De plus, il est
transmis par le sol et il est très
répandu : pratiquement tous les sols
contiennent du fusarium en plus ou
moins grande quantité mais il peut ne
pas s'exprimer si la compétition avec
les autres parasites racinaires est
forte (on dit que les sols sont "résistants").
Pour prévenir la contamination par les
plants, toutes les griffes commercialisées sont traitées. On recommande
aussi de ne pas planter de nouvelles
griffes dans un terrain exploité en
aspergeraie dans les dix dernières
années. Enfin, il est conseillé de limiter les doses de désherbants qui fragilisent la plante et d'éviter les
ASPERGE
Malgré ces précautions, les cultures
d'asperges ne sont jamais à l'abri des
attaques et les symptômes sont parfois très graves : flétrissement des
pousses, brunissement de la base
des tiges, avortement des bourgeons... Les producteurs du Sud-Est
en savent quelque chose ! Cette
année, la fusariose a vraiment fait des
ravages. Dans le Languedoc-Roussillon, la situation est tellement dramatique que la récolte d'asperges a été
déclarée sinistrée. D'autant que le
point central de l'attaque se situe
dans le Gard, premier département
producteur d'asperges (36 % de la
production nationale). L'arrêté précise que 1.000 agriculteurs du Gard
vont devoir arracher environ 700 hectares de culture. Pour l'ensemble de
la région Languedoc-Roussillon, les
pertes sont estimées à plus de
120 millions de francs.
Les ravages
du fusarium
Déjà en 1980, on avait enregistré des
dégâts très importants, également
dans le Gard, où 500 hectares avaient
été détruits. A cette époque, les nouveaux hybrides doubles et de clone
de l'INRA ont été accusés de porter la
responsabilité de ce fléau. Raison
invoquée : ce matériel serait trop
"sophistiqué" pour résister et il servirait de véhicule au parasite. Ces
accusations rapides ne sont pas fondées. Au contraire, les hybrides
bénéficient d'une vigueur végétative
qui leur confère une moindre sensibilité aux maladies. Il faut préciser que
les premiers dépérissements d'aspergeraies ont été déplorés bien avant la
création des hybrides. De plus, en
1980 comme en 1990, les symptômes ont été observés sur des
JOUEZ L'ATOUT
CALIBRE
ET GAGNEZ
(Asperge Blanche) - Très gros calibre Productive - Précoce
Jacq Ma 2001
-
(Asperge Blanche ou Asperge Verte) Gros calibre - Très productive - Précoce
cultures de tous âges, de toutes origines, quelle que soit la variété, population ou hybride. En outre, la France
n'est pas la seule victime de l'"expodu fusarium. A travers le
monde, tous les pays où l'asperge
est cultivée sont touchés par ce parasite, de la Californie à Taïwan, en passant par l'Europe (les attaques varient
selon les pays et selon les années).
sion"
Sous la menace
des maladies
récoltes trop précoces ou trop prolongées.
Comment expliquer
les dégâts ?
Aujourd'hui en 1990, devant
l'ampleur des dégâts, on s'interroge
sur les causes de ce sinistre. Et voilà
qu'on minimise l'action du fusarium.
Ce parasite, pris pour "bouc émissaire", ne serait pas le seul responsable.
En fait, le fusarium est un parasite de
faiblesse. S'il s'est montré très
virulent cette année, c'est parce que
les aspergeraies étaient elles-mêmes
en mauvais état, après avoir subi plusieurs stress climatiques. Rappelons-nous, l'été 1989 a été très sec et
l'hiver 1989-90 doux et humide : les
plantes, déjà épuisées par la sécheresse, n'ont pas eu de repos végétatif. Elles n'ont pas pu constituer des
réserves suffisantes pour garantir la
récolte suivante. Circonstance aggravante, le printemps 1990 a été très
précoce. Les cultures ont donc
démarré tôt en saison et de façon
irrégulière. Affaiblies, elles n'ont pu
résisté au fusarium qui, lui, semble
avoir bien profité du temps doux et
humide de cet hiver.
La qualité des sols peut également
être mise en cause. Dans le Gard, des
observations faites sur plusieurs
années ont montré que la fréquence
des accidents était liée, soit à des terrains de structure fragile (risque de
compactage) ou à la présence d'un
INNOVEZ, PLANTEZ
des GRIFFES de VITROCLONES
issues du bouturage par micropropagation de nos pieds
les plus performants agronomiquement
Renseignements et catalogue sur demande
Jacq Ma 2002
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Résultats d'essais et Notice technique sur demande
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Essayez : Jacq-Ma 2011 (Asperge Blanche)
2014 (Asperge Verte)
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Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
Plusieurs voies
de recherches
spreng)
A l'INRA, un programme de
recherches est en cours, avec deux
types d'objectifs. A court terme, les
travaux portent sur le test de molécules ou produits nouveaux pour
protéger les plants ainsi que les
cultures en place. A long terme, les
recherches s'orientent vers la voie
génétique. Peut-on espérer créer des
variétés résistantes ? On a bien
repéré un gène de résistance dans
une espèce voisine ( Asparagus
mais cette asperge ornementale a l'inconvénient d'être hexaploïde et donc difficile à croiser (9).
Faute de mieux, les sélectionneurs
souhaitent augmenter la tolérance
observée chez certaines variétés.
Pour la réalisation de ce programme,
De la sélection
à la production
Mais cette recherche ne peut aboutir
i mmédiatement. Aussi, en attendant
de diffuser des hybrides "résistants"
ou "tolérants" (10), l'I NRA
s'efforce
de mettre au point un contrôle de
production de griffes, susceptible
d'assurer à ses obtentions actuelles
une meilleure protection contre les
attaques parasitaires.
Un chapitre essentiel, en effet, n'a
pas encore été abordé. Comment
sont produits les
de l'INRA
et comment se les procurer (11) ?
,hybrides
Même si le climat a une large part de
responsabilité dans cette affaire, il
n'en reste pas moins que le fusarium
est un dangereux parasite sur
asperges et qu'il est urgent de trouver des solutions.
divers organismes de recherches et
du développement se sont regroupés : l'INRA, le CTIFL, la Protection
des végétaux, la société Biotransfert,
Vilmorin, Darbonne...
En ce qui concerne les graines, Agri- la filiale commerciale de
l'I NRA - a confié la production à deux
délégataires exclusifs : Darbonne et
Vilmorin. Pour chacun des hybrides
doubles et des hybrides de clone
(12), ces deux sociétés assurent la
multiplication des semences à partir
des géniteurs mâles et femelles
confiés par l'INRA. Les champs
semenciers sont implantés selon des
règles bien précises d'isolement géographique, afin d'éviter toute pollinisation étrangère. Les semences sont
triées, traitées et analysées (germination, qualité sanitaire...) avant leur
mise en vente. Les lots sont d'au
minimum 25.000 graines viables.
Agrément INRA
et contrôle des griffes
Il s'ensuit que seuls les partenaires
Darbonne et Vilmorin sont autorisés à
vendre des graines des hybrides
INRA. Mais pas à n'importe qui I
Seuls les pépiniéristes "agréés" par
Agri-Obtentions peuvent acheter des
semences d'hybrides INRA pour produire des griffes. Par cet agrément,
il s s'engagent à respecter un règlement technique de production
rigoureux et ils acceptent les
contrôles en culture. Ce dispositif a
été mis en place dès la sortie des premiers hybrides en 1973.
Obtenios
obstacle limitant le drainage, soit à
une mauvaise préparation du sol
( manque de travail en profondeur) ou
à des négligences après plantation.
Plus tard, en 1987, compte tenu de
l'aggravation des problèmes causés
par les maladies, l'INRA a décidé de
compléter le règlement technique par
un règlement sanitaire. A noter que
l' ensemble de ces textes sont disponibles à Agri-Obtentions, de même
que la liste complète des pépiniéristes agréés (actualisée chaque
année).
Les griffes sont vendues par sacs de
25, 100 ou 250 unités. Elles sont
issues d'un an de culture en pépinière
et pèsent au minimum 25 g. Chaque
sac est accompagné d'une vignette
attestant que les griffes ont été soumises aux contrôles technique et
sanitaire. Sont aussi clairement indiqués le nom de la variété et la nature
de l'hybride (double, de clone ou F1).
Ainsi, le producteur d'asperges béné-
(8) Outre ces quatre champignons, l'asperge
attire malheureusement d'autres ravageurs
comme la chenille à fourreau, la mouche des
semis, la mouche de l'asperge, le criocère...
(9) Chez une plante hexaploïde, les noyaux
des cellules contiennent un triple stock
chromosomique. Ce caractère interdit les
croisements avec des plantes diploïdes
normales.
Les vitro-plants,
commercialisés par
Jacques Marionnet,
sont issus non pas de
semis, mais de la
multiplication
végétative au
laboratoire. La phase
in vitro comprend trois
stades successifs:
culture de méristèmes,
micro-bouturage puis
enracinement, toujours
en conditions stériles
et contrôlées.
Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
(10) Le nouvel hybride F1 Andréas a déjà
prouvé, dans les essais, une moindre
sensibilité au fusarium.
(11)Chacun sait que l'INRA ne commercialise
pas ses variétés directement. Généralement,
l'INRA vend des "semences de base" à ses
partenaires liés par contrat. Ceux-ci assurent
les dernières multiplications pour arriver aux
semences commerciales, qu'ils diffusent sous
leur propre marque, avec indication "obtention
INRA".
(12) Une seule exception, l'hybride Stéline.
Pour des raisons techniques, Agri-Obtentions
est producteur des semences de cette variété.
15
griffes qu'il va mettre en terre.
Vers la certification
Obtenios.
-
Jusqu'à maintenant, le contrôle de
filiation (respect de l'isolement des
parcelles) et le contrôle "quantitatif"
étaient assurés par le Centre technique interprofessionnel des fruits et
légumes (CTIFL), tandis que les
agents du GNIS étaient chargés du
contrôle sanitaire. Toujours sous la
La
responsabilité
production faisait donc l'objet d'un
contrôle dit
d'Agri
"d'obtenur.
Changement de méthodes en 199091 : tous les champs de production
de semences ou de griffes INRA
seront contrôlés officiellement par
le Service officiel de contrôle (SOC).
Dorénavant, les pépiniéristes devront
être doublement agréés, "techniquement" par le SOC et "commercialement" par Agri-Obtentions.
Semences et griffes seront vendues
sous la forme "certifiée". Avec une
Bruxelles prépare l'ouverture d'un
Catalogue communautaire, sur la
base des Catalogues espagnol, italien
et hollandais. Toutes les variétés
européennes ont été recensées. Les
échantillons de graines, fournis par
les obtenteurs, ont été semés. Ces
variétés vont être mises en place en
1991 dans un réseau d'essais répartis
en France, Italie et Pays-Bas.
L'ensemble formant un "champ
communautaire". Les experts jugeront les essais de 1993 à 1995. Et
précision, cette certification n'est pas
basée sur l'identité variétale (non discernable de façon fiable pour les
hybrides d'asperges) mais sur la filiation.
Ajoutons que le futur règlement de
contrôle sera calqué sur la réglementation technique et sanitaire actuellement en vigueur.
Bientôt l'asperge
au Catalogue officiel
Enfin, une autre résolution a été prise.
seules les variétés répondant aux critères de distinction - homogénéité - stabilité (épreuves DHS) pourront être
inscrites au Catalogue européen.
Décidément, l'asperge fait beaucoup
parler d'elle en ce moment La section potagères du Centre technique
permanent de la sélection (CTPS) a
décidé d'ouvrir une liste de variétés
d'asperge au Catalogue officiel
français. Déjà l'Espagne, l'Italie et les
Pays-Bas ont leur Catalogue officiel
en asperges. Et en Allemagne, il
existe une liste de variétés protégées.
La France suit donc, avec retard,
l'exemple de ses voisins européens.
!
ficie de garanties à la fois sur l'origine
variétale et sur l'état sanitaire des
Parallèlement,
l'administration
Mais la France n'attendra pas 1995
pour ouvrir "son" catalogue. La première liste de variétés d'asperges,
prévue pour début 1991, est établie à
partir des descriptions données par
les obtenteurs. Elle sera éventuellement modifiée après les résultats des
épreuves DHS du champ communautaire.
D'ici là, il est certain que de nouveaux
hybrides - des hybrides F1 notamment - seront sortis des laboratoires
des sélectionneurs. Sans doute prendront-ils la place d'anciennes variétés-populations qui, de moins en
moins utilisées, sortiront du catalogue.
de
■
La multiplication des semences des hybrides de l'INRA est assuré exclusivement par Darbonne et Vilmorin,
suivant des règles bien précises. A partir de 1990, ce contrôle est complété par une certification.
L'année 1990 marque un tournant
pour la culture de l'asperge en
France, grâce justement aux progrès
de la sélection. Traditionnellement,
cette production appartenait pour la
majorité à de petites fermes famili ales. Mais progressivement, on
assiste à un développement de
grosses exploitations, comme en
Espagne, de type industriel. Les
aspergeraies s'agrandissent. Le producteur d'asperges, attaché autrefois
à la polyculture, tend à se spécialiser.
Il manifeste davantage d'intérêt pour
"sa" culture. Maintenant qu'il maîtrise
mieux la technique, il se montre très
exigeant... en particulier sur le choix
de ses variétés.
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AU SERVICE D'UNE INFORMATION
Pour réussir l'asperge au jardin
L'asperge est un légume au goût très fin
qui fait l'unanimité des gastronomes.
Dommage qu'il soit vendu dans le
commerce à un prix élevé, ce prix étant
justifié par les exigences en main
d'oeuvre et le faible rendement de cette
Quelle chance ont les amateurs
cultre.
!
de potager qui disposent de place suffisante pour la cultiver eux-mêmes
l'asper-
D'autant que, selon les connaisseurs, la
saveur d'une asperge fraîchement cueilli e est incomparable.
Rappelons que l'asperge est une plante
vivace. Ses racines, longues et charnues rayonnent autour d'un plateau où
naissent les bourgeons. Cet ensemble
constitue la "griffe". Au printemps, les
bourgeons se développent et forment
des "turions", communément appelées
asperges. En été, les turions non récoltés produisent de longs rameaux fins au
feuillage semblable à la fine fougère. En
même temps, dans le sol, la griffe
accumule les substances de réserve utilisées au printemps suivant pour la formation des nouvelles asperges. Ainsi,
une fois établie dans le potager,
peut durer une dizaine d'années.
gerai
La plupart des terrains conviennent à
l'asperge, à l'exception des sols
compacts ou trop humides. Elle préfère
les terres légères et sableuses, gardant
néanmoins une certaine fraîcheur en
profondeur. Une bonne fumure de fond
est nécessaire, notamment en matières
organiques.
Plutôt que de semer, il est vivement
recommandé à l'amateur d'acheter des
griffes chez un producteur spécialisé.
Ces griffes ont généralement été obtenues après un an de cultures en pépinière. Elles doivent être saines et vigoureuses, avec des racines fortes et des
bourgeons bien apparents. Le nom de la
variété doit être clairement indiqué, de
même que son origine.
Pour le choix des variétés, on ne peut
que conseiller d'utiliser des hybrides.
La sélection a fait d'énormes progrès au
cours des dernières années et il serait
regrettable que l'amateur n'en profite
pas, au même titre que le professionnel.
Hybrides doubles, hybrides de clone ou
hybrides F1, ces nouvelles variétés sont
à la fois plus homogènes, plus productives et plus précoces que les "populations", type Argenteuil, autrefois utilisées. Un avantage supplémentaire pour
les hybrides de l'INRA : les griffes sont
vendues sous la forme certifiée après
avoir subi les contrôles technique et
sanitaire.
La préparation du sol en automne est
primordiale. N'oublions pas que le
L'asperge exige une préparation du sol soignée... et trois années de patience. Mais dès la première
cueillette, le jardinier amateur oublie vite ses efforts. Et la culture peut durer huit à dix ans.
réseau de racines est vaste et dense, et
que celles-ci peuvent s'enfoncer en profondeur jusqu'à 1,20 m dans le sol. Le
labour permet également l'enfouissement de fumier ou compost. C'est aussi
l' occasion de se débarrasser des mauvaises herbes vivaces qui envahiraient
vite la culture.
Juste avant la plantation, en mars-avril,
on ouvre de petites tranchées de 25 cm
de profondeur et de 30 à 40 cm de largeur. Les tranchées doivent être écartées de 1 m à 1,20 m. A l'emplacement
de chaque pied, tous les 70 cm environ,
on forme un petit monticule de terre
fine, sur lequel on posera la griffe en
veillant au bon étalement des racines.
Les griffes sont ensuite recouvertes de
6 à 8 cm de terre et arrosées pour assurer un bon contact des racines avec le
sol.
Au cours des deux étés suivants, les
plantes se développent normalement
mais il est trop tôt pour la récolte. Il faut
laisser le temps à la culture de bien
s'installer. Des binages réguliers maintiennent le sol propre et aéré. Ils sont
éventuellement complétés par des arrosages, en cas de sécheresse prolongée.
A partir de la troisième année, la
turion et on le coupe en oblique à 7 ou
10 cm sous la surface du sol. On peut
aussi utiliser une "gouge" dont la forme
spéciale permet de suivre la tige sous
terre. Si l'on préfère les asperges colorées, on les laisse pousser quelque
temps à la lumière. La pointe se colore
alors de violet puis de vert. Mais attention de ne pas dépasser un certain
stade, car les turions deviennent vite
li gneux et inconsommables en s'allongeant.
Lors de la première année de récolte, on
ne prélèvera que 4 ou 5 asperges par
pied, de façon à ne pas épuiser prématurément les plantes. En cueillant trop et
trop tôt, on risquerait de compromettre
l'avenir de la plantation.
Mais dès la quatrième année, l'aspergeraie entre en pleine production. Un
même pied peut donner 500 à 800 g de
turions en six semaines. La cueillette
s'intensifie, avec la contrainte - est-ce
une contrainte pour l'amateur ? - de passer tous les jours dans son potager.
En fin de saison, la récolte ne doit pas
être prolongée. Il est important de laisser les tiges restantes se développer
li brement. Leur végétation, durant l'été,
sert de "tire-sève" et contribue à nourrir
récolte est possible. Début des opérations au cours du mois de mars : le but-
la griffe pour la prochaine cueillette.
A l'automne, lorsque le feuillage jaunit, il
faut détruire toutes les tiges desséchées et, si possible, les brûler afin
d'éviter la propagation des maladies.
Puis, on procède au débuttage des
plantes.
Suite du programme l'année suivante,
en mars, avec le buttage des pieds...
Bien sûr, pour le bon rendement et la
longévité de l'aspergeraie, on veillera
entre deux récoltes à la fumure, à l'arrosage, au désherbage, ainsi qu'à la protection contre les parasites.
tage. En ramenant de la terre meuble
au-dessus de chaque pied, on favorise
l' échauffement du sol qui va déclencher
la croissance souterraine des turions.
Trois à cinq semaines plus tard, les
pousses commencent à montrer leur
pointe.
Si l'on souhaite des asperges bien
blanches, c'est le bon moment pour
cueillir. La récolte a lieu de préférence le
matin. Pour ne pas blesser les pieds, on
dégage la terre, on incline un peu le
Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90
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