L`asperge profite d`une sélection de pointe
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L`asperge profite d`une sélection de pointe
L'asperge profite d'une sélection de pointe Gry co-bteni L'asperge est une espèce dioïque : les fleurs mâles et les fleurs femelles sont portées par des pieds distincts. Les croisements sont faciles mais la séparation des sexes interdit ". Il est par conséquent l'"auto- Taïwn Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 Une espèce difficile à sélectionner fécondati l'INRA l'INRA -, aspergi Autre mérite à signaler, parmi les en France, produits légumes Andréas Les surfaces sont estimées à 17.000 hectares, ce qui place l'asperge au quatrième rang des légumes les plus cultivés en France (si l' on mesure la production en superficies), après le chou-fleur, le haricot L'intérêt économique de ce secteur justifie le vaste programme de recherches entrepris par NRA , au début des années 60. La sélection de l'asperge a fait d'énormes progrès depuis 1974. Des établissements privés, comme Jacques et en France, mènent aussi leurs propres travaux d'amélioration. Hybrides doubles (1974), hybrides de clones (1977), hybrides entièrement mâles, ...hybride F1 (1991). Mais ne brûlons pas les étapes. La mise au point du premier hybride F1 INRA-Dar , - a demandé près de trente ans de recherches, avec le passage obligé par la culture in vitro... Car la sélection de l'asperge se heurte à plusieurs particularités biologiques, qu'il est utile de rappeler. bone-Vilmr l'INRA XVle Un coup d'oeil sur le marché de l'asperge vert et le petit pois. Bien sûr, cette méthode de comparaison n'est pas très juste car les occupent naturellement beaucoup de place. Si l'on considère la production en tonnage, l'asperge recule dans le classement : ce n'est pas un des légumes les plus consommés. Néanmoins, la France a produit 57.000 tonnes d'asperges en 1989. Au niveau européen, nous sommes devancés par l'Espagne (79.000 tonnes) mais nous nous distinguons sur le marché par nos exportations. La France est en effet le premier exportateur d'asperges fraîches d'Europe. Mieux encore, la France détient le premier rang mondial, les autres grands pays producteurs (USA, , Espagne...) produisant essentiellement des asperges pour la conserve. Que de succès à rapporter ! Darbone Sans remonter trop loin dans l'histoire - ce sont paraît-il les Romains qui ont introduit l'asperge en Europe en France, la culture de l'asperge s'est développée dès la fin siècle. Le berceau de cette du production se trouve à Argenteuil (Val d'Oise) mais très vite, l'asperge fut introduite dans le Val-de-Loire en Sologne, puis dans le Sud-Est et le Sud-Ouest. Ces trois régions constituent aujourd'hui les trois grandes zones de cultures (voir encadré). l'asperge constitue la deuxième valeur d'exportation, après le choufleur. Et cela, malgré le caractère très saisonnier de cette production (récolte groupée sur à peine deux mois, de mi-avril à mi-juin). l'I La France figure parmi les premiers producteurs mondiaux d'asperges. Bien que production saisonnière, ce légume est d'une importance primordiale pour notre économie et notre balance commerciale. Cela justifie le vaste programme de sélection entrepris par voilà plus de quinze ans et les autres travaux de recherche menés par les établissements privés. Les progrès de la sélection sont spectaculaires. Des anciennes "populations", type Argenteuil, on est passé progressivement aux hybrides doubles, hybrides de clone, hybrides entièrement mâles... pour arriver aujourd'hui au premier véritable hybride F1. Les améliorations portent avant tout sur l'homogénéité, mais aussi sur la productivité, la précocité et la qualité. Parallèlement, a mis en place un système de contrôle technique et sanitaire pour la production des semences et griffes de ses variétés. Fait nouveau en 1991, le contrôle devient officiel : tous les hybrides de seront commercialisés sous la forme certifiée. Marionet par Laure 3 i mpossible d'obtenir des variétés dites "fixées", qui présentent des caractères homogènes d'une plante à l'autre. Au contraire, lorsque des individus dioïques sont plantés dans le champ, les croisements libres entraînent un grand nombre de combinaisons génétiques. Résultat, on obtient une population très hétérogène de plantes plus ou moins intéressantes en rendement et qualité. troieus En outre, la multiplication végétative de l'asperge est difficile et peu rentable : la méthode traditionnelle par éclatement des griffes (1) donne un taux de multiplication de les deux ans I On ne peut donc utiliser le bouturage pour mettre en place une culture, ni même pour obtenir un nombre suffisant de géniteurs "portegraines". L'asperge se distingue aussi par la durée de son cycle de reproduction : la floraison n'intervient que 14 à 16 mois après le semis. masle l'I Commençons par le programme à a court terme. Au départ, NRA choisi trois populations, repérées dans les champs d'essais pour leur valeur agronomique (3). Les descendances d'une centaine de couples ont été testées au champ pendant 7 ans : six croisements ont été repérés. Mais (suite page 6) l'I Lorela ni habituelle, du fait des sexes séparés, a utilisé la culture in vitro. 1)L'asperg ( est une plante vivace. On désigne sous le nom de "griffe" l'ensemble des racines et du rhizome en forme de plateau. C'est la griffe qui va former au printemps les pousses comestibles, appelées aussi "turions" ou plus simplement "asperges". Comme la multiplication végétative de l'asperge est quasiment impossible, les griffes d'asperge sont obtenues à partir de graines. En général, les producteurs laissent aux pépiniéristes spécialisés le soin de réaliser le semis et ils utilisent directement pour leurs plantations des griffes d'un an. (2) Chez l'asperge, plante diploïde, les cellules présentent un double stock chromosomique. L'homozygote possède, par définition, des paires de chromosomes identiques. C'est-àdire qu'à tous les loci - mot qui désigne l'emplacement du gène sur le chromosome les gènes des deux chromosomes sont identiques. Un hybride F1 est le produit du croisement entre deux lignées pures homozygotes. L'avantage de l'hybride F1 est sa très grande homogénéité qui s'ajoute à la vigueur hybride. (3) Les populations choisies étaient ", "La Monstrueuse" et "Mammouth Empero connues et cultivées " depuis de nombreuses années. Elles sont à l'origine de tous les hybrides INRA. Racult-Vières", Pour améliorer l'homogénéité, il faut obligatoirement passer par la sélection de variétés hybrides. Tel était Corils-Théve l' objectif de , Maître de recherches à l'I NRA , en 1963, quand elle a entrepris le programme d'amélioration de l'asperge (avec la collaboration de Claire Doré). Pour être précis, il faudrait parler de deux programmes car les travaux ont été orientés, dès le début, dans deux directions parallèles. L'une visait à obtenir rapidement des variétés plus performantes en rendement et en précocité. L'autre voie de recherches, exigeant des délais plus longs, était destinée à la mise au point de variétés non seulement plus productives et plus précoces, mais surtout génétiquement homogènes (hybrides F1). Comme on ne peut obtenir des lignées pures homozygotes (2) par la méthode Lucet 4 Racult-V Darbone Certaines variétés de ce type sont encore utilisées. Citons en premier la fameuse asperge Argenteuil qui a été progressivement améliorée (Hâtive d'Argentuil , Tardive ) et qui est à l'origine de d'Argentuil la plupart des variétés cultivées aujourd'hui. On peut signaler aussi 4, du nom de son sélectionneur. Cette variété date de 1962 et elle a occupé autrefois une place prépondérante dans les plantations du Midi. Les autres populations les Lancement en 1963 du programme I NRA - ne pointe le bout de ... sa tige, il aura fallu plus sont disponibles. Encore trois ans de NRA C'est ainsi que jusqu'en 1974, les producteurs ne disposaient que de variétés dites "populations". Le travail de sélection était assuré par le pépiniériste lui-même. Pour la production de semences, il sélectionnait dans son champ les plus beaux mâles et les plus belles femelles et laissait faire la pollinisation. On parle de . Ces croisements sélection ont permis d'augmenter la productivité des populations, mais sans en réduire l'hétérogénéité. plus répandues sont lières (du nom d'un pépiniériste pas. Toutes ces variésionné) et tés ont l'avantage de présenter un bon calibre (parfois supérieur aux hybrides) mais le gros problème, c'est l'irrégularité de la plantation. On estime que, dans un champ d'asperges Argenteuil, la moitié des pieds produisent 70 % de la récolte et l'autre moitié 30 % I Le producteur peut facilement en déduire la place perdue et la perte de rendement... d'Anréas Des "populations" d'origine ancienne Avant que le premier véritable hybride Fi d'asperge de quinze ans de recherches. En 1991, enfin, les griffes cultures à attendre pour commencer la cueillette. Andréas Enfin, n'oublions pas que l'asperge est une espèce pérenne. Les produits récoltés sont les jeunes tiges ou "turions". Et les premières coupes ne peuvent avoir lieu que quatre ans après le semis, sous peine de détériorer la plantation. Puis la récolte sera étalée sur une dizaine d'années. Avec, chaque année, la contrainte d'une cueillette quotidienne pendant un à deux mois. Il s'ensuit un travail long et fastidieux pour évaluer la qualité d'une plantation. Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 L'ASPERGE L'INRA UN BEL EXEMPLE DE RECHERCHE-DÉVELOPPEMENT MENÉ PAR DEPUIS PLUS DE 20 ANS Larc Cito , , , ® , bien connues des producteurs, couvrent actuellement 50 % des françaises et participent pour 75 à leur renouvellement. Desto Aneto, Stelin aspergi % Dès 1991 l'arrivée du nouvel hybride entièrement mâle F, marquera une nouvelle étape. z 0 ® Andreas Nos hybrides ont depuis longtemps fait la preuve de leur bonne adaptation aux conditions de culture française. Ceci n'est pas le fruit du hasard, mais bien celui de travaux de recherche bien orientés et d'une politique de développement bien organisée. L'approche scientifique de l'amélioration variétle de l'asperge a conduit successivement à la sortie d'hybrides doubles (dès 1974) puis d'hybrides de clones (dès 1977) et maintenant d'hybrides F, entièrement mâles. Issues de croisements contrôlés entre des géniteurs préalablement sélectionnés, nos hybrides ont subi des essais systématiques sur de nombreux lieux de production pendant plusieurs années pour vérifier et confirmer leur productivité, leur précocité et leur homogénéité. clônes La production de semences est entreprise de manière rigoureuse à partir de pieds-mères issus de semis (hybrides doubles) ) dans des parcelles contrôlées (isolement, état sanitaire, état cultural). ou de multiplication in vitro (hybrides de Obtentions sont produites dans des parcelles rigoureusement contrôle quantitatif, estimation de l'état sanitaire, normes NRA l'I Les griffes proposées à la vente par les pépiniéristes agréés par Agri contrôlées selon le protocole technique défini par (identité variétle de présentation des griffes commerciales). Les vignettes CTIFL-AO présentes sur chaque sac de griffes commercialisées attestent des différents contrôles qualitatifs qu'elles ont subi pour offrir au producteur le meilleur produit de la recherche. Seuls nos hybrides sont présentés avec cette vignette. ANETO 25 . : griffes Asperge Production agréée griffes entières, non éclatées, pesant au moins 25 9 issues de pépinières soumises -au contrôle quantitatif variétl par le -au contrôle sanitaire sur échantillons par . Ctifl LARC Calibre de précocité comparable à Bonne souplesse d'adaptation. hybride double de l'INRA AGRI-OBTENS valable pour LARC Les hybrides de clones CITO vignette de contrôle Nr 21100 AGRI-OBTENS Le plus précoce et le plus productif des hybrides INRA 1988 DESTO Très beau calibre des turions L'hybride double ® STELIN LARC Turions bien formés et de bon calibre. Très bonne précocité. 1 0 e ' . agri 1 LI TOUS CES HYBRIDES DE obtentions Guyancort SONT GÉRÉS PAR SA FILIALE AGRI OBTENTIONS Tél. (1) 30.43.33.49 Télex 696 190 F Télécopieur 30.43.41.47 - VERS LA CULTURE DE DEMAIN Domaine de la Minière 78280 L'INRA Il Variété de référence par sa souplesse d'utilisation (50 % de la plantation des hybrides INRA). (suite de la page 4) comment assurer la diffusion de ces hybrides en ne disposant, pour chaque couple, que d'une paire de plantes porte-graines ? Ce croisement ne donnera jamais assez de semences pour les besoins commerciaux I Dans l'impossibilité de reproduire ces parents par multiplication végétative - en 1968, la culture in vitro était loin d'être au point - il ne restait qu'une solution : la création d'hybrides doubles. Première étape, les hybrides doubles Où cultive-t-on l'asperge dans le monde? Les surfaces totales cultivées en asperge dans le monde entier sont estimées à 140.000 hectares. Ce chiffre, ainsi que les suivants, ont été révélés lors du 7e symposium international sur l'asperge en juin 1989 à Ferrara (Italie). On recense 52.000 ha en Europe, dont 21.000 ha en Espagne, 17.000 ha en France et 7.000 ha en Italie. Sur le total de la CEE, 38.000 ha sont consacrés à l'asperge blanche et 14.000 ha à l'asperge verte. En Amérique du Nord, les surfaces atteignent environ 45.500 ha, dont 40.500 ha aux USA. Dans ce pays, on ne cultive pratiquement que de l'asperge verte. En Asie, les surfaces dépassent 17.000 ha, dont 10.000 ha pour le seul pays de Taïwan. Par rapport à l'Europe, la répartition verte-blanche se trouve ici inversée : 12.000 ha d'asperges vertes et 5.000 ha d'asperges blanches. En Amérique du Sud, on avance le chiffre de 11.700 ha, dont 5.000 ha au Pérou et 5.000 ha au Chili. Enfin, l'Australie cultive environ 3.500 ha, la Nouvelle-Zélande 3.000 ha et l'Afrique du Sud sans doute plus de 3.000 ha (estimation difficile pour ce pays). 6 g Point de départ des hybrides de clone, le prélèvement de méristèmes. Ces tissus sont situés sous les écailles de la pointe de l'asperge. La multiplication in vitro, en conditions stériles, permet d'obtenir un clone, constitué d'individus tous identiques. toutes les plantes de sexe "indésirable" sont éliminées. Réunis dans un champ de production de semences, la pollinisation des femelles BC par les mâles AD donne un hybride ABCD. Ces hybrides doubles, qui ont les 4 mêmes grands-parents, sont cousins entre eux : cette descendance est hétérogène, certes, mais moins qu'une population. Ce procédé de sélection de l'INRA a abouti à quatre variétés : Diane (1974), Junon et Minerve (1975) et Larac (1976). Seules Junon et Larac sont encore commercialisées aujourd'hui (voir tableau descriptif). A noter que les hybrides doubles ont toujours été considérés comme une solution transitoire, avant l'objectif recherché. On peut leur reprocher des performances souvent inférieures à celles des géniteurs de départ, le manque d'homogénéité et les difficultés de production ("sexage" obligatoire au champ...). A l'échelon supérieur, les hybrides de clone L'étape suivante mène aux hybrides de clones. Les travaux conduits à l'I NRA, depuis 1973, dans le domaine de la culture in vitro ont permis de mettre au point la multiplication végétative d'une plante d'asperge en cultivant au laboratoire, sur des milieux nutritifs, des "méristèmes" (tissu de cellules indifférenciées) prélevés sous les écailles de la pointe des turions. Par cette technique, il devient possible de reproduire un géniteur jugé intéressant en un grand nombre d'exemplaires parfaitement identiques entre eux. L'ensemble de ces copies conformes constitue un "clone". Le sélectionneur peut ainsi "cloner" les deux partenaires précédemment repérés pour la qualité de leur descendance directe. Les clones, mâle et femelle, sont ensuite implantés en situation isolée (à l'abri de toute pollinisation étrangère) dans un champ de production de semences. Les croisements vont alors répéter fidèlement la descendance des couples initiaux. Les "hybrides de clones" obtenus sont frères et soeurs et donc plus homogènes que les hybrides doubles qui ne sont que cousins. Par cette méthode, NRA a créé cinq hybrides de clone : Aneto et Desto (1977), Bruneto et Cito (1978) et Stéline (1980) (4). Bruneto n'est plus commercialisé. Pour les caractéristiques et la comparaison de ces variétés, on pourra se référer au tableau. l'I Ces hybrides sont obtenus à partir de deux couples de plantes (AB et CD), choisis chacun pour la valeur agronomique (rendement et précocité) de leurs descendants, observée dans les essais antérieurs. Le mâle A du couple AB est croisé avec la femelle D du couple CD : seuls les mâles AD issus de cette union seront utilisés. Parallèlement, le mâle C est croisé avec la femelle B : seules les femelles BC issues de cette union seront utilisées. Dans les deux cas, Il est utile de rappeler que, pour ces deux types d'hybrides, seule l'utilisation des résultats d'une très longue expérimentation a déterminé le choix des couples géniteurs (déjà en 1956, l'INRA testait et comparait les populations qui sont à l'origine de ces variétés). Résultats comparés des hybrides Par rapport aux populations, ces hybrides apportent des progrès considérables sur le .plan de la pro- Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 ductivité et de la précocité. Ces observations sont confirmées par les résultats des essais du réseau d'expérimentation de l'INRA (essais réalisés de 1969 à 1979 dans plusieurs régions de France). La variété population choisie comme témoin est Darbonne 4 (affectée du coefficient 100). Voici, pour chacun des hybrides, les valeurs de rendement et de précocité calculées en % du témoin. L'asperge dans la CEE La production totale d'asperges dans la CEE est de 191.000 tonnes. L'Espagne vient en tête avec 79.000 tonnes, soit 41 % de la production européenne. Depuis 1960 (moins de 15.000 tonnes), les récoltes espagnoles ne cessent d'augmenter et la progression devrait se poursuivre : de vastes plantations sont en cours dans plusieurs régions d'Espagne. Suivent la France avec 57.000 tonnes (30 % de la production européenne) et l'Italie avec 23.000 tonnes (12 %). L'Espagne et ces deux pays assurent à eux seuls plus de 80 % de la production totale de la CEE. A noter que 60 à 70 % de la récolte espagnole est dirigée vers les usines de transformation, alors que la quasi-totalité des productions française et italienne est destinée à la commercialisation en frais. Les autres pays producteurs sont la RFA (14.000 tonnes), les Pays-Bas (11.000 tonnes) et, plus récemment, la Grèce (7 à 10.000 tonnes). Il est difficile de chiffrer avec exactitude les plantations d'asperges en Grèce. Mais il est certain que la culture se développe rapidement. Ce pays qui ne consomme que très peu d'asperges, met en place des cultures essentiellement orientées vers l' expédition en frais sur la RFA. La production grecque pourrait donc devenir une concurrente sérieuse pour les asperges françaises. Performances moyennes des hybrides I NRA (en % de Darbonne 4) Variétés hybrides Productivité Précocité 1 30 170 191 369 176 185 175 215 361 333 281 572 Hybrides doubles Junon Larac Hybrides de clone Ce tableau n'a, bien entendu, qu'une valeur indicative. En valeur absolue, le chiffre de rendement varie énormément d'une région à l'autre (de 1,5 à 8 tonnes par hectare). On remarque néanmoins la nette supériorité par rapport au témoin de l'hybride double Larac et des quatre hybrides de clone. Soulignons aussi la grande précocité de Stéline : cultivée dans le Sud, dans des régions à printemps doux, elle pourra être récoltée très tôt... et exportée à des cours très élevés. Lors de la première diffusion des hybrides de clone, en 1977, la technique de multiplication in vitro était encore à ses débuts. L'élaboration de ces clones, élevés dans des conditions artificielles, était délicate et coûteuse. Cela a retardé leur lancement. Aujourd'hui, ces hybrides sont plus faciles à produire : le supplément de prix par rapport aux variétés poula- (5) Certains producteurs prétendent que dans une population (50 % de mâles et 50 % de femelles), les mâles assureraient plus des 2/3 de la récolte. Cette supériorité serait liée au fait que les graines affaiblissent les plantes femelles qui ne peuvent ainsi emmagasiner suffisamment de réserves pour l'année suivante. Des progrès également pour la sélection privée L'INRA n'est plus seul à conduire de tels travaux en France. La Maison Jacques Marionnet, qui travaille depuis le début du siècle sur l'asperge (et le fraisier, le framboisier, l'actinidia...), s'est également lancée en 1976 dans la culture in vitro. En 1 986, les deux hybrides de clone Jacq Ma 2001 et Jacq Ma 2002 étaient mis sur le marché (voir tableau). Leur caractéristique principale, outre le rendement et la précocité, est le fort calibre des turions. Parallèlement à l'activité de sélection, Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 35.000 tonnes (asperges en frais). 80 % font l'objet de transactions intracommunautaires et 20 % se font hors de l'Europe. Les principaux pays exportateurs de la CEE sont la France (44 %), l'Espagne (30 %), les Pays-Bas (14 %) et la Grèce (11 %). Les quantités importées atteignent 32.000 tonnes. Là encore, il ne s'agit que de la commercialisation en frais. Précision importante, car les importations d'asperges de conserve sont beaucoup plus élevées. Les principaux pays importateurs de la CEE sont la RFA (78 %), l'Italie (9 %) et le Royaume-Uni (3 %). On peut se demander, enfin, dans quel pays d'Europe l'on consomme le plus d'asperges. Ce n'est ni en Espagne, ni en France qui sont pourtant les premiers producteurs. Les grands amateurs se trouvent en RFA. Dans ce pays, malgré les prix élevés, la consommation d'asperges est nettement plus banalisée qu'en France. Au printemps, chez les cuisiniers allemands, l'asperge est utilisée couramment dans de nombreux plats... Pas seulement à la vinaigrette, façon française I De plus, ce légume fait l' objet en Allemagne d'une réelle campagne de promotion. Il est souvent considéré dans le commerce comme un produit d'appel. dans le laboratoire de cultures in vitro de Jacques Marionnet, une idée a fait son chemin : étant donné que la technique de clonage est bien maîtrisée, pourquoi la réserver uniquement à l'i mplantation des champs de production de semences d'hybrides de clones ? Pourquoi ne pas utiliser cette méthode pour produire directement de jeunes vitro-plants, tous identiques entre eux et prêts à planter ? Non seulement la plantation sera parfaitement homogène mais en plus elle sera plus productive. Il suffit de repérer le meilleur pied mâle de son champ d'essai et de le reproduire par clonage in vitro en plusieurs milliers d'exemplaires. Le choix du sexe mâle est déterminant il est reconnu de longue date que les plants mâles sont plus précoces et plus productifs que les plants femelles (5). : (4) Les quatre premiers hybrides de clones sont tous issus du même clone mâle et de quatre clones femelles distincts. Seul Stéline est issu d'un clone mâle différent. ne peut plus constituer un frein à leur utilisation (une griffe d'hybride coûte 1,50 à 2,00 F au lieu de 0,90 à 1,30 F pour une griffe de population). D'ailleurs, chaque année, ils gagnent des hectares et représentent désormais plus de 60 % des surfaces cultivées en asperges en France. Variété leader, Larac occupe à elle seule 30 % des surfaces. Lions Aneto Cito Desto Stéline Les exportations de la CEE s'élèvent à Sortis directement du labo, les vitro-clones Nul doute qu'au moment du lancement des hybrides de clones, en (suite page 9) 7 Caractéristiques des variétés d'asperge Obtenur (ou représentant) Variétés Précocité Rendement Calibre Aspect des turions Remarques Variétés population bon — moyen Alexandre Marionnet Marionnet J. et F. précoce Angela Angier précoce Argenteuil hâtive ou tardive nombreux mainteneurs précoce ou tardive Clara Brisset très précoce Darbonne n° 3 Darbonne précoce Darbonne n° 4 Darbonne moyenne — Fleury n° 2 Girardin-Fleury demi-précoce — Fleury n° 6 Girardin-Fleury précoce bon gros beau Fleury verte Girardin-Fleury — bon gros très beau très homogène Jacq-Ma pourpre J. Marionnet moyenne moyen moyen très beau asperges violettes - type original Jacq-Ma verte J. Marionnet moyenne bon moyen très beau Julia Brisset très précoce Lorella Marionnet J. et F. très précoce — moyen — — gros — bon beau type Argenteuil beau amélioration de Darbonne n° 4 — beau variété autrefois très utilisée beau adaptée en toutes régions gros — type Argenteuil moyen à gros — type Argenteuil - bonne rusticité variété autrefois très utilisée — — — précoce — très gros beau Prebelle Chartin précoce gros beau _Novalis-Vère Dejeant très précoce Chartin demi-précoce Solona Angier demi-précoce Angier demi-précoce bon — type Argenteuil, peut être utilisée en vert dans le Sud gros beau gros très beau type Argenteuil, peut être utilisée en vert dans le Sud _ Angier Valières-Rcut bon Prima Sibelle pour asperges vertes gros Angier Mary Washington variété autrefois très répandue — gros bon — beau — gros — variété autrefois très utilisée beau verte (Clause) =Jacq-M Verdi — Hybrides doubles Junon INRA moyen moyen gros Larac INRA très précoce bon moyen Norte 85 Planasa (Espagne)Darbonne précoce moyen Sur 869 Planasa (Espagne)Darbonne très précoce — _ — — variété souple très utilisée beau pour asperges vertes ou blanches gros beau pour asperges vertes ou blanches — Hybrides de clone Aneto INRA très précoce moyen moyen beau variété souple Backlim Pays-Bas (Royal Sluis) peu précoce très bon très gros beau variété à tendance mâle Bonlim Pays-Bas (Royal Sluis) demi-précoce gros beau variété à tendance mâle, pour asperges vertes ou blanches Cipres Planasa (Espagne)Darbonne précoce bon gros très beau Cito INRA très précoce bon moyen Darbonne 231 Darbonne peu précoce très bon — Darbonne 63 Darbonne moyenne bon — Desto INRA très précoce moyen Elia = Jacq-Ma 2002 (Clause) gros — en cours d'expérimentation — — — — précoce — — Pays-Bas (Royal Sluis) très précoce bon moyen à gros J. Marionnet précoce bon très gros 2002 J. Marionnet très précoce bon gros Jacq-Ma 2010 Jacq-M 2011 Jacq-M 2012 2014 Jacq-M J. Marionnet — variété à tendance mâle beau variété à tendance mâle, pour asperges vertes ou blanches beau variété à tendance mâle, pour asperges vertes ou blanches — hybrides trois voies" en cours d'expérimentation, variétés entièrement mâles "à — — Jacq-M Jacq-Ma 2001 8 asperges légèrement violettes beau — Franculs Franklim beau Pays-Bas (Royal Sluis) RFA Geynlim — _ — — Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 Caractéristiques des variétés d'asperge (suite) Variétés Obtenteur (ou représentant) Précocité Rendement Calibre Aspect des turions Remarques RFA Lucullus RFA — bon bon — variété à tendance mâle Record RFA — — — — variété à tendance mâle Steline INRA très précoce bon moyen très beau UC 157 Univ. de Californie (USA) bon faible à moyen très beau — — — — UC 157 (F2) Venlim — Limbras — pour asperges vertes dénommée aussi UC 800 aux USA — précoce moyen gros beau variété à tendance mâle INRA-DarbonneVilmorin moyenne très bon gros très beau hybride I entièrement mâle, très homogène Sluis) Pays-Bas (Royal Fi Hybride - F Andréas Vitro-clones JAG V1 J. Marionnet — bon gros JAG V2 J. Marionnet — très bon moyen à gros JAG V10 J. Marionnet très bon moyen à gros très précoce — — variétés vendues en "vitro-plans (griffes issues de la multiplication végétative in vitro) très beau N.B. : II n'existe pas encore de Catalogue officiel en asperge. Nous présentons dans ce tableau les principales variétés cultivées en France mais cette liste n'est pas exhaustive. Et les appréciations concernant la valeur agronomique de ces variétés ne sont données qu'à titre indicatif. Jusqu'ici, ces "vitro-clones" étaient commercialisés en mottes de deux ou trois tiges (10 à 12 semaines) à un prix assez élevé mais abordable : quatre à cinq fois plus cher que la griffe traditionnelle (6,50 à 7,50 F le vitro-plant au lieu de 0,90 à 2,00 F pour une griffe traditionnelle). Encore faut-il maîtriser la culture à partir de plants en motte : l'implantation est plus délicate car ces vitro-plants sont beaucoup plus fragiles que les griffes âgées de un à deux ans. Certains producteurs ont rencontré, paraît-il, quelques difficultés. C'est pourquoi, dès 1991, Jacques Marionnet a décidé de commercialiser ses vitro-plants sous forme de griffes, après un an de culture. Confiant, il augmente aussi sa production. Son objectif est réseau d'expérimentation et sont maintenant au stade en cultures" (essais chez plusieurs producteurs dans diverses régions). d'"échantilo- d'atteindre au moins un million de plants pour le printemps 1992. nage Mais revenons aux méthodes de sélection traditionnelles et aux hybrides de clone. Les Etablissements Darbonne sont forts d'une longue expérience dans la création et la production de plants d'asperge (depuis 1887, cette entreprise familiale consacre la plupart de ses activités à l'asperge et au fraisier). En 1973, Darbonne s'intéresse aux nouveaux hybrides de l'INRA et met en place les premiers champs de portegraines de Diane, Junon... puis plus tard Desto, Cito, Aneto et Larac. De nouveaux hybrides en préparation Les Etablissements Darbonne sont également associés à l'INRA, avec Vilmorin, pour l'expérimentation des hybrides de l'INRA. Chaque année, ils mettent en essai, contrôlent et jugent les performances des nouvelles variétés ou des nouveaux croisements que leur confie l'INRA. Ils mènent parallèlement leurs propres travaux de recherches. Qui ne connaît pas les célèbres populations Darbonne n. 2, 3 et 4 ? Actuellement, Darbonne travaille sur les hybrides de clone et se prépare à sortir deux nouvelles variétés : Darbonne 231 et Darbonne 63. Celles-ci se sont déjà distinguées dans le Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 A l'étranger aussi Par l'intermédiaire de sa filiale nas en Espagne, Darbonne teste un autre hybride de clone Cipres et deux hybrides doubles Norte 85 et Sur 869. Toutes ces variétés seront bientôt disponibles en France. Pla- (suite de la page 7) 1977, les techniques de clonage in vitro étaient beaucoup trop coûteuses et aléatoires, pour qu'une telle opération soit envisageable. Selon Marc Javouhey, le responsable du laboratoire in vitro de Jacques Marionnet, c'est l'enracinement des jeunes vitro-plants qui posait le plus de problèmes, interdisant le développement du procédé au niveau industriel. Après plusieurs années de recherches, la multiplication est maintenant au point et en 1989, pour la première fois au monde, 50.000 plants d'asperges clonés in vitro étaient mis sur le marché (150.000 plants en 1990). Trois variétés sont disponibles : Jag V1, Jag V2 et Jag V10 (voir tableau). Bien sûr, la France n'est pas le seul pays à sélectionner l'asperge. On ne peut parler des hybrides de clone sans évoquer la variété UC 157, créée par l'Université de Californie aux USA. Cette asperge réussit très bien sous les climats chauds, là où elle a été sélectionnée. Elle se distingue par la qualité de ses turions (de forme régulière et à tête bien fermée) et convient parfaitement à la culture d'asperges vertes. Surtout ne pas confondre UC 157 et UC 157-F2. Comme son nom l'indique, UC 157-F2 est un hybride de seconde génération. Il ne provient pas directement du croisement entre les deux vrais parents de l'hybride de clone. Les résultats en cultures seront forcément moins bons. L'Italie s'intéresse aussi à la sélection de l'asperge. Menés de longue date par l'Université de Milan, les travaux (suite page 11) 9 L'asperge française en chiffres (Seco- redonner le goût pour l'asperge à de nombreuses ménagères trop pressées. Si l'on considère les quantités achetées en France, l'asperge représente 1 % seulement du total des légumes consommés en frais (enquête Secodip-1987 sur la consommation des ménages à domicile). Pour comparaison, on notera que la tomate représente 17 %, la carotte 12,3 %, la salade 11,3 %, l'endive 1 0,6 %... Autres exemples, même le navet (1,2 %) et le céleri-rave (1,1 %) dépassent l'asperge I Si l'on examine à présent les dépenses consacrées à l'achat de légumes frais, la part de l'asperge s'élève à 2,3 % dip). Sud-Ouest, les surfaces sont également en progression. Le Sud-Est fournit les asperges forcées sous serre et les primeurs dès le mois de février. La campagne se poursuit jusqu'en juin. Blanches, violettes ou vertes, les asperges du Midi sont destinées à la fois au marché intérieur et à l'exportation. Dans le Val-de-Loire, la campagne s'étale du début avril à la mijuillet. C'est dans le Sud-Ouest que la période de production est la plus courte : presque toute la récolte est commercialisée au cours du mois de mai. L'asperge, en France, est principalement consommée en frais. On estime aujourd'hui la consommation moyenne à 700 grammes par habitant et par an, alors qu'elle dépassait le kilo il y a vingt ans. Il semble que l'asperge fraîche ait subi le contrecoup de la percée des importations de conserves au début des années 80. Des asperges qui nous arrivent de Taïwn ou du Mexique, à des prix défiant toute concurrence. En 1985, la consommation d'asperges fraîches n'était plus que de 500 grammes par habitant et par an. Depuis, ce légume fin et délicat a gagné de nouveaux amateurs et la consommation en frais progresse sensiblement. La région parisienne et le Sud-Est sont les plus gros acheteurs. Par contre, les ventes restent très faibles dans le nord et dans l'est de la France. Un produit nouveau a fait son apparition sur le marché français la barquette d'asperges quatrième gamme (asperges lavées, pelées et prêtes à cuire). Une première enquête auprès des consommateurs montre que cet article a été bien accueilli. Cela va certainement : La production française d'asperges est assez irrégulière selon les années. Si l' on remonte jusqu'en 1960, on remarque que les récoltes oscillent entre 70.000 tonnes (au début des années 60) et 40.000 tonnes seulement en 1980. Depuis 1983, la tendance est à la hausse : 44.000 tonnes en 1983... 51.000 tonnes en 1985... 57.000 tonnes en 1989... L'année 1990, en raison des problèmes de fusariose dans le Languedoc-Roussillon, devrait être moins bonne. Les surfaces cultivées en France sont en moyenne de 17.000 hectares. Le Sud-Est et le Val-de-Loire sont les deux grandes zones de cultures. Le département du Gard domine largement : avec une récolte de 21.000 tonnes (chiffre moyen 1986-8788), il réalise à lui seul 36 % de la production nationale. Le Loir-et-Cher, en deuxième position, produit environ 6.500 tonnes, soit 11,5 % de la récolte totale. Puis vient le Vaucluse avec 4.800 tonnes (8,5 %). Ces trois départements donnent ainsi 56 % de la récolte. Sept autres - le Maine-et-Loire, le Loiret, les Bouchesdu-Rhône, les Pyrénées-Orientales, la Drôme, la Gironde et les Landes - avec des productions de 1.400 à 2.000 tonnes, représentent environ 20 % de la récolte nationale. Les autres départements ont une production faible ou nulle. On a observé, au cours des dernières années, une baisse de la production dans le Val-de-Loire et en Provence (vieillissement des aspergeraies, taux de renouvellement trop faible). Par contre, la récolte du Languedoc-Roussillon a doublé de 1982 à 1987, et dans le Pour expliquer l'étroitesse de ce marché, les professionnels français accusent les exportateurs : " Toute la qualité s'en va à l'export, il ne reste en France que les balais". De plus, on se retrouve parfois en manque de marchandises, d'où la grimpée des prix. Les i mportations d'asperges fraîches, pratiquement nulles avant 1980 (100 à 200 tonnes), ont tendance à progresser. Elles proviennent essentiellement d'Espag•e. Les derniers chiffres donnent 1.000 tonnes en 1987, 800 tonnes en 1988 et 1.600 tonnes en 1989. L'augmentation reste modérée. En revanche, les i mportations d'asperges en conserve grimpent d'année en année et occupent désormais une place importante dans la consommation de ce légume. Inférieures à 2.000 tonnes en 1970, elles dépassent maintenant 12.000 tonnes de produit demi-brut par an, soit l'équivalent de 17.000 tonnes d'asperges fraîches. L'Espagne est toujours notre premier fournisseur, mais il est concurrencé par Taïwn ou les pays d'Amérique (compétition au niveau des prix). La France est, de longue date, un gros exportateur d'asperges fraîches. Les quantités exportées tournent autour de 16.000 tonnes, ce qui représente plus du quart de notre production (28 %). Elles sont destinées principalement à la RFA et à la Suisse. Sur ces marchés, en effet, l'asperge "blanche" française est très appréciée. La répartition moyenne des exportations, sur les trois dernières années, donne 10.000 tonnes pour l'Espagne, 4.000 tonnes pour la Suisse, 1.000 tonnes pour l'Italie et 500 tonnes pour la Belgique et le Luxembourg. Grâce à ces bons résultats et malgré le caractère très saisonnier de cette production, Cet 1 Le paillage plastique est couramment utilisé pour les cultures de plein chanip. protection permet à la fois de hâter et d'augmenter la récolte. Le plastique est troué au moment de la cueillette. 10 l'asperge constitue la deuxième valeur de nos exportations en légumes frais (après le chou-fleur). Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 Etape suivante avec les super-mâles Après les hybrides de clone... et avant les hybrides F1 (objectif final du programme dit "à long terme" de l'INRA), les super-mâles et les hybrides uniquement mâles constituent une étape intéressante dans la recherche de la productivité et de constitution génétique XY et ils les ont autofécondées. On peut ainsi "fabriquer" un parent mâle YY mais celui-ci est hétérozygote pour tous les autres gènes. Le parent femelle, lui, est hétérozygote à tous les loci. Avant le croisement au champ, les deux parents sont clonés in vitro : l'hybride de clone résultant comportera une majorité de plantes mâles, avec présence de plantes hermaphrodites. Si l'on veut être précis, on parlera d'un hybride de clone "à tendance mâle". Font partie de cette catégorie, les variétés Lucullus, Francullus, Record... originaires de RFA, et l' homogénéité. gamètes sont porteurs du chromosome Y (il est YY alors que le mâle ; normal est XY) (7). Comment obtenir le super-mâle ? Deux méthodes sont possibles : soit on travaille à partir de plantes hermaphrodites, plantes très rares que certains chercheurs ont découvert dans la nature soit on pratique la culture d'anthères (organes sexuels de la fleur mâle) en laboratoire. L'aventure des plantes hermaphrodites La première méthode est utilisée en Allemagne et aux Pays-Bas. Pour arriver au super-mâle, les sélectionneurs ont retenu des plantes hermaphrodites à peine fertiles qui ont une (6) Evidemment, il est possible de ne planter que des pieds mâles sans faire appel à la sélection. Il suffit de prolonger la culture en pépinière, d'attendre la floraison et d'éliminer tous les individus femelles. Mais ce procédé n'est pas réalisable économiquement en où la première France. Par contre, au Taïvn, floraison apparaît 7 à 8 mois seulement après le semis (au lieu de 14 à 16 mois en France), cette solution est couramment utilisée pour augmenter la productivité des aspergeraies. (7) Rappelons que le caractère du sexe est déterminé par les chromosomes X et Y. Les plantes femelles sont porteuses du couple de chromosomes XX alors que les plantes mâles possèdent le couple XY. A la meïose, lors de la formation des gamètes, il y a division du stock chromosomique. La plante mâle XY, diploïde, va donner deux types de gamètes (haploïdes): 50 % portent le chromosome X et 50 % portent le chromosome Y. Venlim. dans l'aspergeraie - plus précoces et plus productifs que les pieds femelles - il est apparu utile de créer des variétés entièrement mâles (6). Et l'obtention de ces plants ne peut se faire qu'à partir de la fécondation d'une femelle par un mâle particulier, baptisé super-mâle car tous les Boonlim, Franklim, Geynlim, originaires des Pays-Bas (voir tableau). kIim, Vu la supériorité des pieds mâles Bac- (suite de la page 9) sont déjà à un stade bien avancé. On annonce non seulement de nouveaux hybrides de clone, mais aussi des hybrides F1. De la culture d'anthères aux hybrides trois voies La deuxième méthode est appliquée en France et en Italie et devrait aboutir très prochainement à de nouvelles variétés entièrement mâles. Dans ce cas, le parent super-mâle est obtenu par culture d'anthères. Les sélectionneurs commencent par cultiver in vitro des grains de pollen dans un milieu approprié. Le premier stade, c'est le "cal" de cellules haploïdes, cellules comportant la moitié du nombre de chromosomes normal. Pour régénérer une plante normale, il faut donc doubler son stock de chromosomes par voie chimique (traitement in vitro à la colchicine). Après doublement, on obtient des plantes diploïdes XX ou YY qui ont la particularité d'être homozygote à tous les loci. pour réussir le doublement des haploïdes à la colchicine... et continuer la suite du programme. Suite du programme, enfin l'hybride F1 On en arrive à révéler - enfin - comment a été créé l' hybride F1 Andréas (connu auparavant sous le code 61 A), disponible pour les plantations de 1991. Actuellement, c'est le seul vrai hybride F1 d'asperges. Il résulte, par définition, du croisement entre deux lignées pures homozygotes. Quels sont ses parents ? Le père est un super-mâle obtenu par culture d'anthères (comme le super- mâle des hybrides de clone à trois voies). La mère est une lignée homozygote issue de graines polyembryoniques. Il peut apparaître, en effet, après une fécondation, des graines possédant deux embryons. Et certains de ces polyembryons sont haploïdes. Par diploïdisation à la colchicine, on arrive à reformer une plante femelle homozygote : voilà la li gnée femelle qui est à l'origine de l'hybride F1. A noter que la méthode de polyembryonie n'est plus appliquée dans les travaux de recherches. Les sélectionneurs préfèrent utiliser désormais la technique de culture d'anthères. Les prochains hybrides seront donc issus du croisement entre un super-mâle et une femelle homozygote obtenue par doublement d'haploïdes. Cultures doubles, in vitro et au champ Si l'on croise le super-mâle YY avec une femelle normale (hétérozygote), la descendance est entièrement mâle mais les individus ne sont pas tous homogènes entre eux. L'hybride obtenu est dit "à trois voies". Ayant la lignée super-mâle et la lignée femelle, on peut fabriquer l'hybride F1, dont les individus sont tous mâles et tous identiques entre eux : l'homogénéité est parfaite. Reste à apprécier la valeur agronomique de l'hybride. C'est cette méthode qu'a choisi Jacques Marionnet pour créer les variétés Jacq Ma 2010, 2011, 2012 et 2014, bientôt disponibles. L'absence de toute sélection jusqu'au stade F1 (il n'y a aucune sélection sur les parents) explique la lourdeur et la durée du programme de recherches. Première contrainte, il faut tester simultanément plusieurs lignées et opérer plusieurs croisements pour créer le bon hybride. Deuxième contrainte, entre la création d'un hybride et l'appréciation de sa valeur, il s'écoule au minimum 4 ou 5 ans (2 ans pour obtenir une griffe + 2 ou 3 ans avant la première cueillette). Ajoutons également que l'expérimentation doit être faite dans des zones géographiques diverses car il existe une forte interaction pour l'asperge, entre le génotype et le milieu. La culture d'anthères est aussi à la base du programme "à long terme" de l'INRA. Rappelons que ces travaux ont débuté en 1963, en même temps que les recherches à court terme (sur les hybrides doubles et les hybrides de clone). Le "long terme" de ce programme est lié aux nombreux obstacles rencontrés par les sélectionneurs, en particulier au stade de la culture d'haploïdes. Dans les années 60-70, les traitements in vitro ne facilitaient pas la diploïdisation : il faudra attendre que les techniques de culture in vitro soient bien maîtrisées Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 En ce qui concerne Andréas, les tra11 vaux d'expérimentation de l'INRA ont duré plus de 10 ans. Ils ont été menés en association avec les établissements Darbonne et Vilmorin. Andréas est ainsi une co-obtention INRA-Darbonne-Vilmorin. Pour conclure sur les travaux de sélection, on peut remarquer que l' asperge est une des espèces potagères qui a le plus bénéficié de la culture in vitro. Cette espèce "difficile" a au moins l'avantage de se montrer très " malléable" lorsqu'elle est placée dans les conditions de la culture in vitro. Priorité à l'homogénéité Heureusement pour les sélectionneurs, les objectifs d'amélioration en asperge sont clairement définis. Faut-il encore le rappeler, le critère principal - celui qui est à l'origine des travaux de recherches - est l' homogénéité. Ajoutons que l'homogénéité permet une meilleure organisation de la récolte : les cueillettes sont plus groupées. Et on gagne évidemment en productivité. Un champ d'hybrides ne comportera que des plantes vigoureuses dont on est sûr de la valeur : le rendement est assuré, à moins d'un accident climatique ou d'une mauvaise conduite culturale. F1 Selon la variété, le type de sol et la technique de culture, les rendements en asperge fluctuent entre 2 et 1 0 tonnes par hectare. Le rendement moyen en France est estimé à 3,5 tonnes/ha. Du rendement mais aussi du calibre Mais la productivité seule ne suffit pas pour juger une variété. Le calibre des turions est également un critère 12 Fl. Voici une botte d'asperges de la variété Andréas, premier hybride Les turions sont homogènes, droits et entièrement blancs. Les pointes sont bien formées. Le calibre est gros. En plus de la qualité, Andréas se distingue par son rendement élevé. de premier ordre qui détermine la rentabilité économique d'une aspergeraie. D'une part, les forts calibres permettent de réduire considérablement les coûts de main d'oeuvre de récolte : un atout très important étant donné que les charges de main d'oeuvre interviennent pour 50 à 60 % dans le prix global de l'asperge. La cueillette est toujours réalisée à la main, avec l'aide éventuellement d'un " matériel d'assistance à la récolte". Dans ce cas, la machine porte le cueilleur et les caisses, ce qui évite la pénibilité du transport de la production. Signalons, d'autre part, que les prix de vente au kilo varient en fonction du calibre et que les différences sont en général très importantes. On distingue, au stade de la vente, quatre catégories définies d'après le diamètre du turion : plus de 22 mm, 16 à 22 mm, 12 à 16 mm et moins de 12 mm. Citons, pour comparaison, les cours relevés dans une coopérative de Sologne. Le même jour, les asperges de plus de 22 mm étaient à 21,00 F/kg, celles de 16 à 22 mm à 16,50 F/kg, les 12 à 16 mm à 11,00 F/kg et les moins de 12 mm (nommées aussi "balais") n'étaient qu'à 3,50 F/kg. On constate ainsi qu'entre une asperge de 15 mm de diamètre et une asperge de 23 mm, les prix varient carrément du simple au double ! En cultivant une variété population, le producteur ne peut avoir une plantation homogène. Certaines plantes vont être plus précoces et plus productives que d'autres, et le rendement final en sera affecté. En compensation, les anciennes variétés auraient l'avantage d'être souples et de s'adapter facilement au milieu où elles sont plantées. C'est vrai que les hybrides de clone ou les hybrides F1, par nature plus homogènes, sont aussi plus spécifiques et dans certaines conditions de sol ou de climat, il s peuvent se révéler inadaptés. D'où l'i mportance du choix de la variété avant de mettre en place les griffes au champ. Enfin, il faut tenir compte du fait que le diamètre des turions a tendance à diminuer au fur et à mesure que les aspergeraies vieillissent. Seuls les gros calibres laissent espérer une valorisation acceptable de la production après la 5e ou 6e année. Pour une récolte le plus tôt possible Parmi les critères de choix des variétés, la précocité est aussi retenue avec attention. Ce caractère i mporte beaucoup dans les régions sans gelées printanières où les premiers turions sont le plus souvent exportés tôt à des cours très, très élevés. De même, dans les zones à printemps froids, on préfère utiliser des variétés précoces car les sélections trop tardives n'auraient pas le temps de faire assez de rendement avant l'été. Et l' on sait que la récolte ne doit en aucun cas être prolongée pour compenser la tardivité, car cette pra- Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 tique nuirait à la production des variétal mais le résultat d'un mode années suivantes. Il faut au contraire d'exploitation. Il n'empêche que certaines variétés se prêtent mieux à l'une ou l'autre technique culturale. laisser les plantes se rétablir et leur permettre de reconstituer des réserves. Blanches, violettes On remarque avec étonnement comme les habitudes et les goûts changent d'un pays à l'autre. En ou vertes France, les asperges blanches En plus des qualités agronomiques - rendement, calibre, précocité - le de 90 %). Les "vertes" commencent néanmoins à se développer, surtout dominent largement le marché (plus da L ia mc Les asperges vertes proviennent de cultures semi-buttées : les turions sont récoltés lorsque la pointe est sortie de terre et se colore en vert (la norme exige une coloration verte sur au moins le tiers de la longueur). La couleur n'est donc pas un caractère dans le Midi. L'Allemagne et la Suisse - les deux clients principaux de la France - consomment eux aussi presque exclusivement de l'asperge blanche. Par contre, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, on ne connaît que l'asperge verte. Et du côté de l' Espagne et de l'Italie, il semble que le marché se partage entre les deux types. Pas de "tête fleurie" La qualité du turion se traduit à la fois par une forme bien cylindrique, une texture ferme mais non fibreuse, et une pointe bien fermée. Le sélec- producteur s'intéresse à la qualité du turion. Précisons à ce propos, que deux types d'asperges sont commercialisés en France : les blanches ou violettes et les vertes. Les premières sont produites en culture buttée et récoltées avant qu'elles n'affleurent le sol (asperges blanches) ou lorsqu'elles affleurent le sol (asperges violettes). cherche avant tout a éliminer tioneur le défaut de la "tête fleurie", c'est-à- dire lorsque les écailles de la pointe s'écartent et deviennent proéminentes. Cette malformation apparaît en particulier au cours des premières années de récolte et en début de sai- son, quand les conditions climatiques sont défavorables (froid ou sécheresse). L'aspect de la pointe est évidemment un caractère primordial en asperges vertes (à l'inverse, le calibre importe peu en vertes). Pour ce type de cultures, on choisira parmi les variétés qui forment les plus belles pointes. Certains hybrides, malgré leurs excellents résultats en asperges blanches, ne conviennent pas à la production de vertes, car ils "fleurissent" trop vite (par exemple, l' hybride de clone Desto). La meilleure variété, pour l'asperge verte, est sans doute la sélection américaine UC 157. Elle produit des turions assez fins mais leur pointe reste bien fermée. Précisons toutefois que cette variété, mise au point en Californie, est adaptée aux climats chauds. On moine rb LE SPECIALISTE Griffes d'Asperges produites sur terres vierges DARBONNE S.A. MILY-AFORET 6, boulevard Joffre 91490 - B.P. 8 Tél. : (1) 64.98.95.95 - Télex : 604 373 F Télécopie : (1) 64.98.74.57 DEMANDEZ NOTRE CATALOGUE GRATUIT Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 13 peut aussi utiliser Jacq Ma verte (Marionnet) ou un hybride classique de l'INRA comme Stéline ou Larac. Dernier objectif de sélection, la résistance aux maladies. Peut-on écrire "résistance" ? C'est un grand mot pour l'asperge, il est plus juste de parler de tolérance. A l'heure actuelle, en effet, on ne connaît aucune résistance variétale, ni aux parasites du système racinaire (champignons du type fusarium ou rhizoctone), ni aux maladies du feuillage (causées par les champignons du type rouille ou stemphylium (8). Depuis une quinzaine d'années, c'est le fusarium qui pose le plus de problèmes. Contrairement aux maladies du feuillage qui peuvent être traitées en cours de culture, ce champignon du sol est très difficile à combattre. D'abord, il est mal connu. Trois espèces au moins ont été isolées (oxysporum, moniliforme et roseum). C'est un parasite "vasculaire" qui se propage dans la sève et qu'il est i mpossible de localiser. De plus, il est transmis par le sol et il est très répandu : pratiquement tous les sols contiennent du fusarium en plus ou moins grande quantité mais il peut ne pas s'exprimer si la compétition avec les autres parasites racinaires est forte (on dit que les sols sont "résistants"). Pour prévenir la contamination par les plants, toutes les griffes commercialisées sont traitées. On recommande aussi de ne pas planter de nouvelles griffes dans un terrain exploité en aspergeraie dans les dix dernières années. Enfin, il est conseillé de limiter les doses de désherbants qui fragilisent la plante et d'éviter les ASPERGE Malgré ces précautions, les cultures d'asperges ne sont jamais à l'abri des attaques et les symptômes sont parfois très graves : flétrissement des pousses, brunissement de la base des tiges, avortement des bourgeons... Les producteurs du Sud-Est en savent quelque chose ! Cette année, la fusariose a vraiment fait des ravages. Dans le Languedoc-Roussillon, la situation est tellement dramatique que la récolte d'asperges a été déclarée sinistrée. D'autant que le point central de l'attaque se situe dans le Gard, premier département producteur d'asperges (36 % de la production nationale). L'arrêté précise que 1.000 agriculteurs du Gard vont devoir arracher environ 700 hectares de culture. Pour l'ensemble de la région Languedoc-Roussillon, les pertes sont estimées à plus de 120 millions de francs. Les ravages du fusarium Déjà en 1980, on avait enregistré des dégâts très importants, également dans le Gard, où 500 hectares avaient été détruits. A cette époque, les nouveaux hybrides doubles et de clone de l'INRA ont été accusés de porter la responsabilité de ce fléau. Raison invoquée : ce matériel serait trop "sophistiqué" pour résister et il servirait de véhicule au parasite. Ces accusations rapides ne sont pas fondées. Au contraire, les hybrides bénéficient d'une vigueur végétative qui leur confère une moindre sensibilité aux maladies. Il faut préciser que les premiers dépérissements d'aspergeraies ont été déplorés bien avant la création des hybrides. De plus, en 1980 comme en 1990, les symptômes ont été observés sur des JOUEZ L'ATOUT CALIBRE ET GAGNEZ (Asperge Blanche) - Très gros calibre Productive - Précoce Jacq Ma 2001 - (Asperge Blanche ou Asperge Verte) Gros calibre - Très productive - Précoce cultures de tous âges, de toutes origines, quelle que soit la variété, population ou hybride. En outre, la France n'est pas la seule victime de l'"expodu fusarium. A travers le monde, tous les pays où l'asperge est cultivée sont touchés par ce parasite, de la Californie à Taïwan, en passant par l'Europe (les attaques varient selon les pays et selon les années). sion" Sous la menace des maladies récoltes trop précoces ou trop prolongées. Comment expliquer les dégâts ? Aujourd'hui en 1990, devant l'ampleur des dégâts, on s'interroge sur les causes de ce sinistre. Et voilà qu'on minimise l'action du fusarium. Ce parasite, pris pour "bouc émissaire", ne serait pas le seul responsable. En fait, le fusarium est un parasite de faiblesse. S'il s'est montré très virulent cette année, c'est parce que les aspergeraies étaient elles-mêmes en mauvais état, après avoir subi plusieurs stress climatiques. Rappelons-nous, l'été 1989 a été très sec et l'hiver 1989-90 doux et humide : les plantes, déjà épuisées par la sécheresse, n'ont pas eu de repos végétatif. Elles n'ont pas pu constituer des réserves suffisantes pour garantir la récolte suivante. Circonstance aggravante, le printemps 1990 a été très précoce. Les cultures ont donc démarré tôt en saison et de façon irrégulière. Affaiblies, elles n'ont pu résisté au fusarium qui, lui, semble avoir bien profité du temps doux et humide de cet hiver. La qualité des sols peut également être mise en cause. Dans le Gard, des observations faites sur plusieurs années ont montré que la fréquence des accidents était liée, soit à des terrains de structure fragile (risque de compactage) ou à la présence d'un INNOVEZ, PLANTEZ des GRIFFES de VITROCLONES issues du bouturage par micropropagation de nos pieds les plus performants agronomiquement Renseignements et catalogue sur demande Jacq Ma 2002 - Résultats d'essais et Notice technique sur demande 14 Soings-el Essayez : Jacq-Ma 2011 (Asperge Blanche) 2014 (Asperge Verte) Jacq-M JACQUES MARIONNET GFA 41230 Tél. : 54.98.71.03 Fax : 54.98.75.23 Télex : 750 857 - France Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 Plusieurs voies de recherches spreng) A l'INRA, un programme de recherches est en cours, avec deux types d'objectifs. A court terme, les travaux portent sur le test de molécules ou produits nouveaux pour protéger les plants ainsi que les cultures en place. A long terme, les recherches s'orientent vers la voie génétique. Peut-on espérer créer des variétés résistantes ? On a bien repéré un gène de résistance dans une espèce voisine ( Asparagus mais cette asperge ornementale a l'inconvénient d'être hexaploïde et donc difficile à croiser (9). Faute de mieux, les sélectionneurs souhaitent augmenter la tolérance observée chez certaines variétés. Pour la réalisation de ce programme, De la sélection à la production Mais cette recherche ne peut aboutir i mmédiatement. Aussi, en attendant de diffuser des hybrides "résistants" ou "tolérants" (10), l'I NRA s'efforce de mettre au point un contrôle de production de griffes, susceptible d'assurer à ses obtentions actuelles une meilleure protection contre les attaques parasitaires. Un chapitre essentiel, en effet, n'a pas encore été abordé. Comment sont produits les de l'INRA et comment se les procurer (11) ? ,hybrides Même si le climat a une large part de responsabilité dans cette affaire, il n'en reste pas moins que le fusarium est un dangereux parasite sur asperges et qu'il est urgent de trouver des solutions. divers organismes de recherches et du développement se sont regroupés : l'INRA, le CTIFL, la Protection des végétaux, la société Biotransfert, Vilmorin, Darbonne... En ce qui concerne les graines, Agri- la filiale commerciale de l'I NRA - a confié la production à deux délégataires exclusifs : Darbonne et Vilmorin. Pour chacun des hybrides doubles et des hybrides de clone (12), ces deux sociétés assurent la multiplication des semences à partir des géniteurs mâles et femelles confiés par l'INRA. Les champs semenciers sont implantés selon des règles bien précises d'isolement géographique, afin d'éviter toute pollinisation étrangère. Les semences sont triées, traitées et analysées (germination, qualité sanitaire...) avant leur mise en vente. Les lots sont d'au minimum 25.000 graines viables. Agrément INRA et contrôle des griffes Il s'ensuit que seuls les partenaires Darbonne et Vilmorin sont autorisés à vendre des graines des hybrides INRA. Mais pas à n'importe qui I Seuls les pépiniéristes "agréés" par Agri-Obtentions peuvent acheter des semences d'hybrides INRA pour produire des griffes. Par cet agrément, il s s'engagent à respecter un règlement technique de production rigoureux et ils acceptent les contrôles en culture. Ce dispositif a été mis en place dès la sortie des premiers hybrides en 1973. Obtenios obstacle limitant le drainage, soit à une mauvaise préparation du sol ( manque de travail en profondeur) ou à des négligences après plantation. Plus tard, en 1987, compte tenu de l'aggravation des problèmes causés par les maladies, l'INRA a décidé de compléter le règlement technique par un règlement sanitaire. A noter que l' ensemble de ces textes sont disponibles à Agri-Obtentions, de même que la liste complète des pépiniéristes agréés (actualisée chaque année). Les griffes sont vendues par sacs de 25, 100 ou 250 unités. Elles sont issues d'un an de culture en pépinière et pèsent au minimum 25 g. Chaque sac est accompagné d'une vignette attestant que les griffes ont été soumises aux contrôles technique et sanitaire. Sont aussi clairement indiqués le nom de la variété et la nature de l'hybride (double, de clone ou F1). Ainsi, le producteur d'asperges béné- (8) Outre ces quatre champignons, l'asperge attire malheureusement d'autres ravageurs comme la chenille à fourreau, la mouche des semis, la mouche de l'asperge, le criocère... (9) Chez une plante hexaploïde, les noyaux des cellules contiennent un triple stock chromosomique. Ce caractère interdit les croisements avec des plantes diploïdes normales. Les vitro-plants, commercialisés par Jacques Marionnet, sont issus non pas de semis, mais de la multiplication végétative au laboratoire. La phase in vitro comprend trois stades successifs: culture de méristèmes, micro-bouturage puis enracinement, toujours en conditions stériles et contrôlées. Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 (10) Le nouvel hybride F1 Andréas a déjà prouvé, dans les essais, une moindre sensibilité au fusarium. (11)Chacun sait que l'INRA ne commercialise pas ses variétés directement. Généralement, l'INRA vend des "semences de base" à ses partenaires liés par contrat. Ceux-ci assurent les dernières multiplications pour arriver aux semences commerciales, qu'ils diffusent sous leur propre marque, avec indication "obtention INRA". (12) Une seule exception, l'hybride Stéline. Pour des raisons techniques, Agri-Obtentions est producteur des semences de cette variété. 15 griffes qu'il va mettre en terre. Vers la certification Obtenios. - Jusqu'à maintenant, le contrôle de filiation (respect de l'isolement des parcelles) et le contrôle "quantitatif" étaient assurés par le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL), tandis que les agents du GNIS étaient chargés du contrôle sanitaire. Toujours sous la La responsabilité production faisait donc l'objet d'un contrôle dit d'Agri "d'obtenur. Changement de méthodes en 199091 : tous les champs de production de semences ou de griffes INRA seront contrôlés officiellement par le Service officiel de contrôle (SOC). Dorénavant, les pépiniéristes devront être doublement agréés, "techniquement" par le SOC et "commercialement" par Agri-Obtentions. Semences et griffes seront vendues sous la forme "certifiée". Avec une Bruxelles prépare l'ouverture d'un Catalogue communautaire, sur la base des Catalogues espagnol, italien et hollandais. Toutes les variétés européennes ont été recensées. Les échantillons de graines, fournis par les obtenteurs, ont été semés. Ces variétés vont être mises en place en 1991 dans un réseau d'essais répartis en France, Italie et Pays-Bas. L'ensemble formant un "champ communautaire". Les experts jugeront les essais de 1993 à 1995. Et précision, cette certification n'est pas basée sur l'identité variétale (non discernable de façon fiable pour les hybrides d'asperges) mais sur la filiation. Ajoutons que le futur règlement de contrôle sera calqué sur la réglementation technique et sanitaire actuellement en vigueur. Bientôt l'asperge au Catalogue officiel Enfin, une autre résolution a été prise. seules les variétés répondant aux critères de distinction - homogénéité - stabilité (épreuves DHS) pourront être inscrites au Catalogue européen. Décidément, l'asperge fait beaucoup parler d'elle en ce moment La section potagères du Centre technique permanent de la sélection (CTPS) a décidé d'ouvrir une liste de variétés d'asperge au Catalogue officiel français. Déjà l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas ont leur Catalogue officiel en asperges. Et en Allemagne, il existe une liste de variétés protégées. La France suit donc, avec retard, l'exemple de ses voisins européens. ! ficie de garanties à la fois sur l'origine variétale et sur l'état sanitaire des Parallèlement, l'administration Mais la France n'attendra pas 1995 pour ouvrir "son" catalogue. La première liste de variétés d'asperges, prévue pour début 1991, est établie à partir des descriptions données par les obtenteurs. Elle sera éventuellement modifiée après les résultats des épreuves DHS du champ communautaire. D'ici là, il est certain que de nouveaux hybrides - des hybrides F1 notamment - seront sortis des laboratoires des sélectionneurs. Sans doute prendront-ils la place d'anciennes variétés-populations qui, de moins en moins utilisées, sortiront du catalogue. de ■ La multiplication des semences des hybrides de l'INRA est assuré exclusivement par Darbonne et Vilmorin, suivant des règles bien précises. A partir de 1990, ce contrôle est complété par une certification. L'année 1990 marque un tournant pour la culture de l'asperge en France, grâce justement aux progrès de la sélection. Traditionnellement, cette production appartenait pour la majorité à de petites fermes famili ales. Mais progressivement, on assiste à un développement de grosses exploitations, comme en Espagne, de type industriel. Les aspergeraies s'agrandissent. Le producteur d'asperges, attaché autrefois à la polyculture, tend à se spécialiser. Il manifeste davantage d'intérêt pour "sa" culture. Maintenant qu'il maîtrise mieux la technique, il se montre très exigeant... en particulier sur le choix de ses variétés. BON POUR 2 NUMÉROS GRATUITS DE LA REVUE "FRUITS ET LÉGUMES" e e etv • • 6 , PRATIQUE e çe e , e \ N.‘" p. . Bon à retourner à Fruits et Légumes Maison de l' Agriculture 47000 AGEN / be e 4` 9:› e , e) Des informations sur les nouvelles variétés, Les conduites de cultures, les débouchés, Des résultats technico-économiques, Des conseils techniques, Des enquêtes, des témoignages. et /'S rt UNE REVUE ÉCRITE PAR DES TECHNICIENS DE TERRAIN AU SERVICE D'UNE INFORMATION Pour réussir l'asperge au jardin L'asperge est un légume au goût très fin qui fait l'unanimité des gastronomes. Dommage qu'il soit vendu dans le commerce à un prix élevé, ce prix étant justifié par les exigences en main d'oeuvre et le faible rendement de cette Quelle chance ont les amateurs cultre. ! de potager qui disposent de place suffisante pour la cultiver eux-mêmes l'asper- D'autant que, selon les connaisseurs, la saveur d'une asperge fraîchement cueilli e est incomparable. Rappelons que l'asperge est une plante vivace. Ses racines, longues et charnues rayonnent autour d'un plateau où naissent les bourgeons. Cet ensemble constitue la "griffe". Au printemps, les bourgeons se développent et forment des "turions", communément appelées asperges. En été, les turions non récoltés produisent de longs rameaux fins au feuillage semblable à la fine fougère. En même temps, dans le sol, la griffe accumule les substances de réserve utilisées au printemps suivant pour la formation des nouvelles asperges. Ainsi, une fois établie dans le potager, peut durer une dizaine d'années. gerai La plupart des terrains conviennent à l'asperge, à l'exception des sols compacts ou trop humides. Elle préfère les terres légères et sableuses, gardant néanmoins une certaine fraîcheur en profondeur. Une bonne fumure de fond est nécessaire, notamment en matières organiques. Plutôt que de semer, il est vivement recommandé à l'amateur d'acheter des griffes chez un producteur spécialisé. Ces griffes ont généralement été obtenues après un an de cultures en pépinière. Elles doivent être saines et vigoureuses, avec des racines fortes et des bourgeons bien apparents. Le nom de la variété doit être clairement indiqué, de même que son origine. Pour le choix des variétés, on ne peut que conseiller d'utiliser des hybrides. La sélection a fait d'énormes progrès au cours des dernières années et il serait regrettable que l'amateur n'en profite pas, au même titre que le professionnel. Hybrides doubles, hybrides de clone ou hybrides F1, ces nouvelles variétés sont à la fois plus homogènes, plus productives et plus précoces que les "populations", type Argenteuil, autrefois utilisées. Un avantage supplémentaire pour les hybrides de l'INRA : les griffes sont vendues sous la forme certifiée après avoir subi les contrôles technique et sanitaire. La préparation du sol en automne est primordiale. N'oublions pas que le L'asperge exige une préparation du sol soignée... et trois années de patience. Mais dès la première cueillette, le jardinier amateur oublie vite ses efforts. Et la culture peut durer huit à dix ans. réseau de racines est vaste et dense, et que celles-ci peuvent s'enfoncer en profondeur jusqu'à 1,20 m dans le sol. Le labour permet également l'enfouissement de fumier ou compost. C'est aussi l' occasion de se débarrasser des mauvaises herbes vivaces qui envahiraient vite la culture. Juste avant la plantation, en mars-avril, on ouvre de petites tranchées de 25 cm de profondeur et de 30 à 40 cm de largeur. Les tranchées doivent être écartées de 1 m à 1,20 m. A l'emplacement de chaque pied, tous les 70 cm environ, on forme un petit monticule de terre fine, sur lequel on posera la griffe en veillant au bon étalement des racines. Les griffes sont ensuite recouvertes de 6 à 8 cm de terre et arrosées pour assurer un bon contact des racines avec le sol. Au cours des deux étés suivants, les plantes se développent normalement mais il est trop tôt pour la récolte. Il faut laisser le temps à la culture de bien s'installer. Des binages réguliers maintiennent le sol propre et aéré. Ils sont éventuellement complétés par des arrosages, en cas de sécheresse prolongée. A partir de la troisième année, la turion et on le coupe en oblique à 7 ou 10 cm sous la surface du sol. On peut aussi utiliser une "gouge" dont la forme spéciale permet de suivre la tige sous terre. Si l'on préfère les asperges colorées, on les laisse pousser quelque temps à la lumière. La pointe se colore alors de violet puis de vert. Mais attention de ne pas dépasser un certain stade, car les turions deviennent vite li gneux et inconsommables en s'allongeant. Lors de la première année de récolte, on ne prélèvera que 4 ou 5 asperges par pied, de façon à ne pas épuiser prématurément les plantes. En cueillant trop et trop tôt, on risquerait de compromettre l'avenir de la plantation. Mais dès la quatrième année, l'aspergeraie entre en pleine production. Un même pied peut donner 500 à 800 g de turions en six semaines. La cueillette s'intensifie, avec la contrainte - est-ce une contrainte pour l'amateur ? - de passer tous les jours dans son potager. En fin de saison, la récolte ne doit pas être prolongée. Il est important de laisser les tiges restantes se développer li brement. Leur végétation, durant l'été, sert de "tire-sève" et contribue à nourrir récolte est possible. Début des opérations au cours du mois de mars : le but- la griffe pour la prochaine cueillette. A l'automne, lorsque le feuillage jaunit, il faut détruire toutes les tiges desséchées et, si possible, les brûler afin d'éviter la propagation des maladies. Puis, on procède au débuttage des plantes. Suite du programme l'année suivante, en mars, avec le buttage des pieds... Bien sûr, pour le bon rendement et la longévité de l'aspergeraie, on veillera entre deux récoltes à la fumure, à l'arrosage, au désherbage, ainsi qu'à la protection contre les parasites. tage. En ramenant de la terre meuble au-dessus de chaque pied, on favorise l' échauffement du sol qui va déclencher la croissance souterraine des turions. Trois à cinq semaines plus tard, les pousses commencent à montrer leur pointe. Si l'on souhaite des asperges bien blanches, c'est le bon moment pour cueillir. La récolte a lieu de préférence le matin. Pour ne pas blesser les pieds, on dégage la terre, on incline un peu le Semences et Progrès N. 65 - octobre-novembre-décembre 90 17