La raison entre-t-elle nécessairement en conflit avec
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La raison entre-t-elle nécessairement en conflit avec
La raison entre-t-elle nécessairement en conflit avec la religion ? I. La religion, une création de l'esprit humain ? L'illusion religieuse : toutes religions s'établissent sur une autorité institutionnelle et sur le droit exclusif de cette autorité à la révélation de la vérité. Le problème est que cette exclusivité écarte la raison spéculative comme la science ou la philosophie. La religion se fonde sur la croyance, et sa prétention à dire le vrai semble entrer en conflit direct avec la raison, avec un rapport rationnel à la réalité (et la science est souvent venue contrarier les idées religieuses). Texte de Lucrèce: l'idée de la divinité a pour origine l'ignorance des causes: « Maintenant, quelle cause a répandu parmi les grandes nations l'idée de la divinité, a rempli d'autels les villes, et fait instituer ces cérémonies solennelles dont l'éclat se déploie de nos jours pour de grandes occasions et dans des lieux illustres ? D'où vient encore aujourd'hui chez les mortels cette terreur qui, sur toute la terre, leur fait élever de nouveaux sanctuaires aux dieux, et les pousse à les remplir en foule aux jours de fête ? Il n'est pas si difficile d'en donner la raison. En effet, à cette époque lointaine, les mortels, même pendant la veille, voyaient dans leur imagination des figures de dieux d'une beauté sans pareille, et qui, pendant les rêves, leur apparaissaient d'une grandeur plus étonnante encore. A ces figures ils attribuaient le sentiment et la vie, car elles leur semblaient mouvoir leurs membres, et émettre des paroles hautaines, en rapport avec leur beauté éclatante et leur force gigantesque. Ils leur accordaient l'éternité, car leur visage se renouvelait sans cesse et leur forme demeurait intacte ; et surtout parce qu'avec une vigueur aussi grande ils n'imaginaient pas qu'aucune puissance pût facilement en venir à bout. Leur bonheur, croyait-on, dépassait de loin celui des autres êtres, car jamais la crainte de la mort n'inquiétait aucun d'eux, et de plus on les voyait en songe accomplir mille actions merveilleuses sans en ressentir eux-mêmes aucune fatigue. D'un autre côté, les hommes observaient le système céleste et son ordre immuable, et le retour périodique des saisons de l'année, sans pouvoir en reconnaître les causes. Il n'avaient donc d'autre recours que de tout remettre aux dieux, et de faire tout tourner sur un signe de leur tête. C'est dans le ciel qu'ils placèrent les demeures et le séjour des dieux, parce que c'est dans le ciel que l'on voit tourner la nuit et la lune, la lune, le jour et la nuit, et les astres nocturnes au sombre éclat, et les feux errants de la nuit, et les flammes au vol rapide, les nuages, le soleil, les pluies, la neige, les vents, les éclairs, la grêle, et les grondements soudains, et les roulements menaçants du tonnerre. O race infortunée des hommes, d'avoir attribué aux dieux de tels effets, et de leur avoir prêté en outre des colères cruelles ! Que de gémissements vous êtes-vous alors préparés à vousmêmes, que de plaies pour nous, que de larmes pour nos descendants ! La piété, ce n'est point se montrer à tout instant, couvert d'un voile et tourné vers une pierre, et s'approcher de tous les autels ; ce n'est point se pencher jusqu'à terre en se prosternant, et tenir la paume de ses mains ouvertes en face des sanctuaires divins ; ce n'est point inonder les autels du sang des animaux, ou lier sans cesse des voeux à d'autres voeux ; mais c'est plutôt pouvoir tout regarder d'un esprit que rien ne trouble. Car lorsque, levant la tête, nous contemplons les espaces célestes de ce vaste monde, et les étoiles scintillantes fixées dans les hauteurs de l'éther, et que notre pensée se porte sur les cours du soleil et de la lune, alors une angoisse, jusque-là étouffée en notre coeur sous d'autres maux, s'éveille et commence à relever la tête : n'y aurait-il pas en face de nous des dieux dont la puissance infinie entraîne d'un mouvement varié les astres à la blanche lumière ? Livré au doute par l'ignorance des causes, l'esprit se demande s'il y a eu vraiment un commencement, une naissance du monde, s'il doit y avoir une fin, et jusques à quand les remparts du monde pourront supporter la fatigue de ce mouvement inquiet; ou bien si, doués par les dieux d'une existence éternelle, ils pourront prolonger leur course dans l'infini du temps, et braver l'effort de l'immensité de la durée ? En outre, quel est le coeur qui ne se sente point serré par la crainte des dieux : quel est l'homme dont les membres ne se contractent de terreur, quand sous les coups effrayants de la foudre la terre embrasée tremble de toutes parts, et que de sourds grondements parcourent le vaste ciel ? Ne voit-on pas frémir peuples et nations, et les rois orgueilleux se blottir, frappés de la crainte des dieux, à la pensée que pour quelque crime honteux, pour quelque parole insolente, l'heure lourde du châtiment est peut-être venue ? Et quand, au comble de leur fureur, les vents se déchaînent sur la mer et balayent sur les flots le chef de la flotte avec la masse de ses légions et de ses éléphants, ce chef n'essaye-t-il pas d'obtenir par des voeux la bienveillance des dieux, n'en implore-t-il pas, dans son effroi, l'apaisement de la tempête et des souffles favorables ? Vaines prières du reste, car souvent, emporté par un violent tourbillon, il n'en trouve pas moins la mort au milieu des écueils. Tant il est vrai qu'une certaine force secrète broie les destinées humaines, et piétinant les faisceaux glorieux, les haches redoutables, semble prendre plaisir à s'en faire un jouet. Enfin quand sous nos pieds la terre vacille tout entière, quand les villes ébranlées s'écroulent, ou chancellent et menacent ruine, est-il surprenant que les mortels s'humilient, et laissent subsister dans l'univers des puissances supérieures, des forces surnaturelles et divines, capables de gouverner toutes choses ? » De la Nature, livre V, vers 1161-1240, les Belles-lettres, tome II, pp. 92-95. Cela signifie-t-il que le fait religieux n'a aucune valeur ? a. l'illusion religieuse: Texte de Freud : L'avenir d'une illusion. " Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que L'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l'illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas le poids de la vie, la réalité cruelle. Oui, cela est vrai de l'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux - ou doux et amer - poison. Mais de l'autre, qui a été élevé dans la sobriété ? Peut-être celui qui ne souffre d'aucune névrose n'a-t-il pas besoin d'ivresse pour étourdir celle-ci. Sans aucun doute l'homme alors se trouvera dans une situation difficile , il sera contraint de s'avouer toute si détresse, sa petitesse dans l'ensemble de l'univers , il ne sera plus le centre de la création, l'objet des tendres soins d'une providence bénévole. Il se trouvera dans la même situation qu'un enfant qui a quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud. Mais le stade de l'infantilisme n'est-il pas destiné à être dépassé ? L'homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut enfin s'aventurer dans l'univers hostile. On peut appeler cela " l'éducation en vue de la réalité " , ai-je besoin de vous dire que mon unique dessein, en écrivant cette étude, est d'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de réaliser ce progrès ? " Freud, L'avenir d'une illusion. Explication: Thèse du texte: l'homme se réfugie dans la religion par peur d'affronter la réalité. Il est comme un enfant qui redoute l'absence de toute protection parentale. Devenir adulte consisterait à se passer du support que procure cette illusion pour affronter le monde dans une perspective uniquement rationnelle. Plan du texte: dans une première partie il répond à un adversaire fictif qui prétend que l'homme ne serait pas se passer de religion, que la religion est une illusion indispensable à l'homme. Freud lui objecte alors (deuxième moment) que cela ne vaut que pour l'homme qui a été élevé dans ce contexte, qui a besoin de la religion comme l'insomniaque a besoin de ses cachets pour dormir. Puis (troisième moment), il montre la nécessité de renoncer à l'illusion et d'affronter le monde sans se mentir. Texte proprement dit: la religion est une illusion. Mais quel est le sens du terme illusion? Tout d'abord, il faut différencier l'illusion de l'erreur. L'illusion peut-être une erreur mais pas nécessairement. Voilà ce qu'écrit Freud dans un autre extrait: « Ces idées (les idées religieuses) qui professent d'être des dogmes, ne sont pas le résidu de l'expérience ou le résultat final de la réflexion : elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l'humanité ; le secret de leur force est la force de ces désirs. Nous le savons déjà, l'impression d'effroi liée au sentiment d'abandon de l'enfant a éveillé le besoin de protection, protection par l'amour auquel le père a répondu par son aide; la reconnaissance du fait que ce sentiment d'abandon persiste tout au long de la vie a été la cause du ferme attachement à l'existence d'un père,désormais plus puissant, il est vrai. Du fait que la Providence divine gouverne avec bienveillance, l'angoisse devant les dangers de la vie est apaisée. L'instauration d'un ordre moral du monde assurant l'accomplissement de l'exigence de justice si souvent demeurée inaccomplie au sein de la culture humaine, le prolongement de l'existence terrestre par une vie future, des réponses aux questions énigmes posées par le désir du savoir humain _ celles de la genèse du monde et de la relation entre le corps et l'esprit _ , tout cela constitue un formidable soulagement pour la psyché individuelle Quand je dis : tout cela, ce sont des illusions, il me faut délimiter le sens de ce terme. Une illusion n'est pas la même chose qu'une erreur, une illusion n'est pas non plus nécessairement une erreur. L'opinion d'Aristote, d'après laquelle la vermine serait engendrée par l'ordure - opinion qui est encore celle du peuple ignorant - , était une erreur ; de même l'opinion qu'avait une génération antérieure de médecins, et d'après laquelle le tabès aurait été la conséquence d'excès sexuels. Il serait impropre d'appeler ces erreurs des illusions, alors que c'était une illusion de la part de Christophe Colomb, quand il croyait avoir trouvé une nouvelle route maritime des Indes. La part de désir que comportait cette erreur. La conviction d'une jeune fille qui sait qu'un prince charmant viendra la chercher, l'idée qu'un jour le Messie viendra et établira un âge d'or, ou bien la croyance selon laquelle l'enfant serait un être sans sexualité ( croyance finalement détruite par la psychanalyse ) sont des illusions ». (Tabès : nom ancien de la syphillis). L'illusion dérive des souhaits humains et c'est pourquoi elle est difficilement extirpable ( on tient à y demeurer ). On peut corriger une erreur mais une illusion persiste car elle tient à la force des désirs. Il serait fort beau qu'il y eut un Dieu, créateur de mondes et Providence bienveillante, qu'il y eut un ordre moral du monde et une vie dans l'au-delà, mais il est néanmoins très frappant que tout cela soit exactement ce que nous ne pouvons manquer de nous souhaiter. L'expression et l'opinion selon lesquelles la vermine naît de l'ordure est une erreur et non une illusion. L'erreur et quelque chose d'intellectuel, la faute de l'ordre, de la morale. L'illusion est d'ordre psychologique, au contraire de l'erreur, d'où le mal qu'on a pour s'en défaire. « On peut qualifier d'illusion l'idée de certains nationalistes selon laquelle les races indogermaniques seraient les seuls nations susceptibles de culture ». Toute illusion n'est pas nécessairement une erreur (ex: le prince charmant). Par contre qu'un messie vienne fonder un âge d'or est beaucoup moins probable. Conclusion : les croyances religieuses sont toutes des illusions et on ne peut nous forcer à y croire. Mais pourquoi l'homme a-t-il forgé cette illusion apparemment en totale contradiction avec la raison ? Quel est le désir qui la motive? Cf la première phrase du texte: la religion sert à supporter « le poids de la vie, la réalité cruelle ». En quoi la réalité est-elle cruelle? a. Tout d'abord, Freud part du principe que la culture humaine, la civilisation, a élevé l'homme au-dessus des conditions animales: d'abord par son apport en savoir (qu'ont acquis les hommes pour maîtriser les forces de la nature), et par les dispositions prises pour régler les rapports des hommes entre eux. En effet la civilisation demande des sacrifices aux hommes, afin de rendre possible la vie en commun. Elle leur demande de renoncer aux instincts. La civilisation s'établit donc sur la contrainte, elle réprime par la coercition ce qui la menace, c'est-à-dire les tendances destructrices, donc antisociales et anticulturelles. La civilisation demande donc à l'homme le sacrifice de ses instincts (les trois instincts primitifs : le cannibalisme, le meurtre et l'inceste). Or, dit Freud, les hommes n'aiment pas ce renoncement aux instincts, c'est pourquoi « l'édifice de la civilisation ne peut se soutenir sans une certaine dose de contrainte ». C'est pourquoi certains hommes restent asociaux, et refusent la contrainte et le renoncement aux instincts. La civilisation est sans cesse menacée par l'esprit de révolte et la soif de destruction. Face à cela, il y a des moyens devant servir à défendre la civilisation: ceux de coercition, mais aussi d'autres moyens ayant pour but de réconcilier les hommes avec la civilisation et de les dédommager de leurs sacrifices. (Retenir qu'un instinct insatisfait engendre la frustration, le moyen par lequel cette frustration est imposée, c'est l'interdiction, et l'état que produit l'interdiction, c'est la privation). Les névropathes sont ceux qui réagissent à ses frustrations. Pour la majorité, la contrainte est peu à peu intériorisée. Plus les interdictions sont intériorisées, plus le niveau culturel augmente. On juge de la valeur d'une civilisation en fonction du degré d'intériorisation des règles culturelles, mais aussi de ses idéaux et de ses créations artistiques. Quels sont donc les dédommagements à ses sacrifices? Par exemple, pour un romain, « on est certes un misérable plébéien, la proie de toutes sortes d'obligations et du service militaire, mais on est en échange un citoyen romain, on a sa part à la tâche de dominer les autres nations et de leur dicter des lois ». On appartient à un empire qui domine le monde= compensation. Donc: il existe une hostilité contre la civilisation, engendrée par la renonciation aux instincts qu'elle exige. Mais on ne peut pas non plus aspirer à l'abolition de la culture: on retournerait alors à un état de nature, où toutes les interdictions seraient levées: on pourrait alors tuer, voler, violer... Bref, on ne peut absolument pas vouloir d'un état où il n'y aurait plus d'interdictions. Et s'il est vrai que la nature ne nous demande pas, contrairement à la civilisation, de restreindre nos instincts, « elle a sa manière à elle de nous restreindre: elle nous détruit froidement, cruellement, brutalement ». Donc, « la tâche principale de la civilisation, sa raison d'être essentielle, est de nous protéger contre la nature ». Donc la vie est difficile à supporter, dans un premier temps, car la civilisation nous impose un certain degré de privation. b. Mais il y a aussi un autre problème: l'homme est ainsi confronté aux forces supérieures de la nature (par exemple, les catastrophes liées aux éléments). Cette nature indomptée est ce que l'homme va nommer le « destin ». Ainsi pour s'en défendre l'homme a essayé de libérer l'univers de la terreur qu'il lui inspire. Pour ce faire, il va humaniser la nature, c'est-à-dire que la nature va se peupler d'êtres semblables aux humains. Il y aurait les mêmes passions au coeur des éléments que dans notre âme. On humanise la nature et l'homme se sent alors chez lui dans l'univers. L'homme est toujours désarmé, mais n'est plus sans espoir. Il peut essayer d'apaiser le ou les dieu(x) ou de les influencer, de les corrompre (prières, sacrifices). À ce stade l'homme est un enfant (cf texte: « le stade de l'infantilisme »), il est désarmé face à l'univers comme un enfant. « Les parents sont pour les enfants comme un dieu pour l'homme »Quand nous sommes petits, nous avons des raisons de craindre notre père, en même temps, il nous protège du danger et l'homme une fois adulte reste dans ce prototype infantile ou les dieux ont le caractère du père. Mais on peut se demander pourquoi malgré l'avancée de la science, la religion demeure ? L'homme a finit par remarquer que l'univers avait des lois, et les dieux s'en sont retiré. Cependant, la détresse humaine demeure, et avec elle la nostalgie du père et des dieux. La nostalgie du père est toujours restée. Dieu resté pour nous dédommager des souffrances et privations. Petit à petit c'est la moralité qui est devenue domaine de la religion. Les dieux ont pour tâche de palier les défauts de la civilisation, de s'occuper des souffrances que les hommes s'infligent les uns aux autres de par leur vie en commun, et ils ont pour rôle de veiller au maintien des prescriptions de la civilisation (= la peur de la justice divine). Bref, la religion, on le voit, est née de l'esprit humain, elle est née d'un besoin de rendre supportable la détresse humaine. Ces idées, selon Freud, sont construites avec le matériel fourni par les souvenirs de la détresse où se trouvait l'homme lors de sa propre enfance. Une fois que la science a expliqué la nature et ses débordements, l'homme n'a plus besoin de se sentir protégé contre les dangers du destin, mais il se sent là protégé contre les dommages causés par la société humaine. Cela revient à dire qu'en ce monde, tout sert un dessein supérieur, dessein dont la nature est certes difficile à deviner, mais qui implique à coup sûr un perfectionnement de l'être et probablement de son âme. c. Grâce à cela l'homme résout un troisième problème, celui de la mort qui n'est plus un anéantissement, mais un nouveau départ, une étape sur la route d'une plus haute évolution de l'âme. En plus la religion offre une consolation suprême et elle répond à la question du but de la vie. Aussi tout ce qui n'a pas été réalisé ici-bas, trouvera et sera réalisée après la mort. La religion aide donc les hommes à supporterl a vie. Les idées religieuses sont donc une création de l'homme issu du besoin. 1. Premièrement, elles corrigent les imperfections de la nature qui sont douloureusement ressenties. 2. Deuxièmement, elles permettent de se défendre contre la suprématie de la nature. 3.Troisièmement, elles répondent aux questions existentielles les plus douloureuses. Ce faisant, actuellement nous recevons ses idées religieuses comme un patrimoine culturel (Freud dit que l'homme en hérite comme des tables de multiplications). Mais face à ses peurs, Dieu apparaît pour l'homme comme un père exalté. L'homme éprouve la nostalgie du père, nostalgie qui est donc la racine du besoin religieux. L'homme est dans la détresse, il a besoin de secours, et cette détresse adulte prolonge la détresse infantile. Freud prend l'exemple de la vie psychique du petit enfant : la mère est le premier objet d'amour parce qu'elle le nourrit, le protège. Mais elle est remplacée très vite par le père, plus fort et qui inspire crainte et admiration. La même ambivalence (crainte et admiration) se retrouve dans la religion: l'homme a peur des dieux, et en même temps, il leur attribue la tâche de le protéger. C'est donc le sentiment de détresse qui engendre la religion. On voit bien ici que la raison entre en conflit avec la croyance religieuse car cette dernière est issue du désir. Aussi les dogmes religieux exigent de notre part un acte de foi et contrairement à d'autres enseignements, on ne peut pas les vérifier. Ainsi, si on me dit que l'acropole est à Athènes, on peut toujours prendre l'avion et vérifier. Alors que pour les dogmes c'est impossible. De plus leurs fondements sont incertains. Face à ces arguments, le croyant dit qu'il faut croire parce que nos ancêtres croyaient. Or on sait aujourd'hui qu'ils croyaient parfois à des choses absurdes. Freud remarque aussi qu'il est défendu de poser des questions sur l'authenticité d'un dogme. Cette demande de la religion de ne pas exercer sa raison devrait éveiller les soupçons. En fait les bases de la religion sont très incertaines et s'il en était autrement elle mettrait à disposition de quiconque le matériel nécessaire pour prouver de son authenticité. Le manque de preuves devrait donc provoquer le doute. Le présupposé freudien étant qu'il n'y a aucune instance au-dessus de la raison. L'efficacité des religions est indépendante du contrôle de la raison, et Freud va même jusqu'à dire que les rites religieux ressemblent aux TOC. Il compare cela à la névrose. Pour lui l'enfant a nécessairement des névroses mais elles disparaissent avec l'âge. Or la religion est la névrose de l'humanité et son abandon ne pourrait advenir qu'avec un processus de croissance. Celui qui n'a pas de névrose peut affronter l'univers tel qu'il est. Il arrivera à se passer de la figure du père. Freud propose comme solution le travail scientifique, un monde de preuves qui reposent sur la rationalité. Freud ne dit pas que la religion n'a rendu aucun service à la civilisation (dompter les instincts asociaux). Mais il ajoute : « car enfin cela est si infantile, si éloigné de la réalité que pour tout ami sincère de l'humanité il devient douloureux de penser que l'homme ne sait encore élever au-dessus de cette conception de l'existence. » Voilà pourquoi son but est que l'esprit scientifique remplace les idées religieuses. Il faudrait que l'individu prenne conscience des bases rationnelles des interdits religieux (exemple: ne pas tuer son prochain) et comprenne que ces interdictions ont leur source dans un intérêt bien pensé Or faire croire que Dieu le décrète ce n'est pas faire comprendre à l'homme que la loi est dans son intérêt. Freud dit que l'effet apporté par la religion peut être mis en parallèle avec les narcotiques. Il peut y avoir une accoutumance à la croyance. De ce fait, celui qui a été élevé dans la croyance aura du mal à s'en passer. Freud est assez optimiste pour croire que l'humanité surmontera cette phase névrotique. Le temps où sera établie la primauté de l'intelligence est encore sans doute très éloigné de nous mais la distance qui nous en sépare n'est sans doute pas infinie. Il est vrai que la science aujourd'hui ne peut répondre à tout mais ce n'est pas pour ça qu'elle pourra n'y répondre dans le futur. La religion et donc issue du fruit de l'esprit humain, elle n'est qu'une illusion. Il faudrait grâce à la science nous réconcilier avec la cruauté du destin. Mais en réalité on ne peut que constater la permanence du fait religieux. Alors en attendant la primauté de l'intelligence, pouvons-nous vraiment vivre sans Dieu ? b. L'athéisme. Peut-on vraiment prétendre à un rationalisme rigoureux ? L'athée c'est celui qui dit ne pas croire en Dieu. L'athéisme est la négation de l'existence de Dieu. L'agnostique c'est celui qui dit qu'il ne sait pas. Le sceptique, lui, suspend son jugement. Problème : a-t-on des preuves de l'inexistence de Dieu ? Pour prouver une inexistence, il faut mettre à jour une contradiction dans la définition de la chose. Peut-on prouver que Dieu n'est pas? Dans l'absolu on ne peut le prouver. Ainsi on peut en déduire que l'athée est dogmatique aussi. Si on arrive à montrer l'origine de la religion et ses sources psychologiques, on peut en déduire que Dieu est un mot. Il y a un paradoxe néanmoins dans l'athéisme, car dire que Dieu n'existe pas c'est une parole de foi. La croyance religieuse s'oppose certes à la raison mais il apparaît que l'athéisme relève d'une croyance. Donc on ne peut pas congédier l'objet religieux si rapidement. Du coup faudrait-il envisager un autre rapport entre la raison et la foi en mettant la première au service de l'autre ? II. La raison au service de la foi: les preuves de l'existence de Dieu. S'il apparaît que la raison parvient à prouver l'existence de Dieu, il faudra alors renoncer à l'idée de conflits entre la croyance religieuse et la raison. Quelles sont les preuves dont nous disposons? a. les preuves de l'existence de Dieu: Il s'agit bien entendu ici de théologie (théologie : étude de Dieu). La théologie attribue à la foi une supériorité sur la raison, ce qui signifie d'abord que la foi trouve dans la révélation une voie d'accès à la vérité entièrement indépendante de la raison naturelle. Mais la foi doit également affirmer que Dieu étant l'auteur de notre nature, il n'a pas pu vouloir nous tromper. Donc la connaissance naturelle que nous devons à notre raison et la connaissance surnaturelle que nous devons à la foi ne peuvent pas entrer en contradiction. C'est ainsi que l'on peut considérer que l'un des usages de la raison est de faciliter l'accès aux vérités de la foi. Si ces preuves fonctionnent, croire en Dieu ne serait pas nécessairement irrationnel. Ces preuves, encore une fois, reposent sur le présupposé qu'une divinité qui se serait arrangée pour que son existence ne puisse être connue que par un acte de foi, envers et contre toute plausibilité rationnelle, condamnerait ses adeptes au fanatisme. Il existe plusieurs preuves, mais les preuves qui vont nous intéresser plus particulièrement se déploient sur le terrain même de la science, à savoir l'expérience. Il existe en effet deux sortes de preuves: celle qui reposent sur l'expérience (preuves a posteriori), et celles que l'on appelle a priori, c'est-à-dire indépendante de l'expérience. C'est le cas de la preuve ontologique (Descartes, 5ème Méditation). La preuve ontologique, c'est une preuve a priori qui prétend prouver Dieu à partir de son concept ou de sa définition. On ne part pas de ce qui est donné, mais de Dieu. C'est la preuve selon laquelle le concept de Dieu implique nécessairement l'être, l'existence. En effet, c'est une plus grande perfection d'être que de ne pas être. Donc Dieu, qui est l'être parfait ,doit exister nécessairement. Chez Dieu l'essence comprend l'existence (car ne pas être est une imperfection, or Dieu est l'être parfait), donc Dieu existe nécessairement. On ne peut pas plus concevoir Dieu sans existence qu'une montagne sans vallée. Cette preuve est tirée de la seule analyse d'une essence, par le raisonnement seul, exactement comme on démontre les propriétés d'un triangle. La démonstration de Descartes est ici rigoureusement identique aux démonstrations de la géométrie: elle déduit, d'une essence définie, ses propriétés nécessaires. Si donc elle ne porte pas sur les mêmes objets, elle est cependant « aussi certaines que toutes les vérités des mathématiques ». Mais cela n'est vrai que pour Dieu: pour l'homme, l'existence est contingente, l'essence n'implique pas nécessairement l'existence. Ne nous attardons pas davantage sur cette preuve, dont nous verrons une possible critique plus tard. Intéressons-nous aux preuves a posteriori, c'est-à-dire fondées sur l'expérience. Précisons tout d'abord que le mot expérience a plusieurs sens: – l'expérience peut être externe (expérience des objets, des êtres humains...) – l'expérience peut être interne (expérience de nos sentiments ou émotions). L'expérience externe, tout d'abord, incite la raison à remonter de l'ordre du monde à l'existence d'un ordonnateur suprême. a. Première preuve : la preuve physico-théologique : c'est une preuve à posteriori. C'est l'idée que l'existence des choses de ce monde, que l'ordre du monde, conduirait à conclure à l'existence d'une cause suprême ordonnatrice. Ainsi l'univers semble être agencé avec une grande sagesse et pourrait en être la preuve de l'existence d'un créateur. La contemplation de l'univers en général (si merveilleux: voir par exemple la contemplation du ciel, du mouvement régulier des planètes...) amène à poser l'existence de Dieu. « Qui appellerait du nom d'hommes celui qui voyant des mouvements si bien réglés dans le ciel, un ordre si fixe entre les astres de pareils liens et correspondances entre toutes choses, dirait qu'il n'y a là nulle raison et que le hasard produit des effets tels que nulle réflexion humaine ne peut atteindre la réflexion qui les a produits? Quand nous voyons des objets mis en mouvement par quelque mécanisme, comme une sphère ou une horloge, nous n'hésitons pas croire qu'ils sont les ouvrages d'une raison. En voyant les mouvements de la rotation du ciel, hésiterions-nous alors à croire qu'il est non seulement l'œuvre d'une raison et même d'une raison supérieure et divine? » (Cicéron, De la nature des dieux, II, 38). Ce texte décrit bien le mouvement spontané de la conscience remontant de l'ordre du monde à Dieu. Le nerf de cet argument est l'analogie (=identité de rapport). De même que l'existence de l'horloge nous incite à poser l'existence de l'ouvrier qui l'a conçu, de même les mouvements du ciel amènent à penser une existence organisatrice. Cette preuve ne doit rien à la révélation où la tradition, elle se présente comme un argument purement rationnel et universel ( indépendant de la contingence des diverses cultures humains). Cet argument physico-théologique, comme le nomme Kant, peut prendre des formes différentes, selon qu'il insiste sur l'ordre géométrique du monde (la régularité des planètes, la précision mathématique des lois de la physique...), ou qu'il porte sur l'ordre esthétique du monde perçu (la beauté de la nature, l'harmonie des fonctions du corps vivant...). L'argument est plus populaire et intuitif dans sa version esthétique (cet ordre « se sent »), et il est plus savant et discursif dans sa version géométrique (le Dieu horloger). Mais la preuve physico-théologique peut aussi porter sur les deux ordres à la fois (cf la citation de Cicéron). Il s'agit donc d'une preuve empirique déduite de l'expérience. [Par contre l'observation des hommes ou de la lutte pour la vie poserait des doutes sur son existence par la présence du mal et de la souffrance voir livre pages 308-309)]. b.Deuxième preuve de l'existence de Dieu qui s'appuie sur l'expérience externe « A contengentia mundi » (ou preuve cosmologique). S’il y a du contingent c'est qu'il y a du nécessaire. Le monde est contingent, or il n'existe que sous la condition de quelque chose d'autre qui est sa cause, cause à laquelle s'applique à son tour la même conclusion, jusqu'à ce qu'on parvienne à une cause qui n'ai plus rien de contingent (donc nécessaire). Cette cause dernière et suprême, c'est Dieu. Il s'agit de passer de la contingence à la nécessité. Ou encore, dit autrement: le contingent est par définition ce qui pourrait ne pas être; il faut donc chercher une raison de l'existence de ce contingent, afin d'expliquer pourquoi il existe. Si cette raison est à son tour de nature contingente, il faut remonter plus haut dans la recherche d'une raison dernière. Pour s'arrêter dans cette remontée de cause en cause, de raison en raison, il faut arriver à un être dont l'existence soit nécessaire, et qui soit la raison dernière de toute la série, c'est-à-dire Dieu. On notera que cette preuve part du monde quel qu'il soit: le monde serait-il laid ou chaotique que cela ne changerait rien au fonctionnement de la preuve. Les seuls éléments présupposés sont que le monde existe et que son existence est contingente. De ce point de vue, cette preuve est économique, elle ne nécessite pas la beauté du monde, elle suppose beaucoup moins que les preuves physico-théologiques . - En ce qui concerne les arguments qui reposent sur l'expérience externe, on peut aussi mentionner la preuve par le « Consensus omnium » (par l'accord de tous). Tous les hommes ou presque, en tous cas toutes les cultures, ont produit ou rencontré l'idée de Dieu. Cette preuve se base sur le fait qu'il n'y a pas de sociétés athées. Si la référence à la divinité est ainsi inscrite au plus profond de la nature humaine, c'est que Dieu existe. Aussi, Dieu est la cause de son idée dans mon esprit selon Descartes : je n'ai pas pu, moi être fini, avoir créé moi-même un être infini qu'il faut donc qu'il existe réellement puisqu'il a déposé en moi l'idée qu'il représente. Il apparaît que les certitudes de la raison sont mises au service des vérités religieuses. Portant, si la foi est autre chose qu'un mouvement irrationnel, elle ne peut prétendre se soustraire à l'examen de la pensée. Car elle prend le risque d'être contredite rationnellement. Ces preuves sont-elles infaillibles ? b. La critique des preuves de l'existence de Dieu. Il apparaît en fait que chacune de ces preuves comporte des failles. -Premièrement : critique de la preuve ontologique. Cette preuve est critiquée par Kant dans la Critique de la raison pure. Kant s'élève contre la théologie rationnelle. Texte de Kant: « Être n’est évidemment pas un prédicat réel, c’est-à-dire un concept de quelque chose qui puisse s’ajouter au concept d’une chose. C’est simplement la position d’une chose ou de certaines déterminations en soi. Dans l’usage logique, ce n’est que la copule d’un jugement. Cette proposition : Dieu est tout-puissant, renferme deux concepts qui ont leurs objets : Dieu et toute-puissance ; le petit mot est n’est pas du tout encore par lui-même un prédicat, c’est seulement ce qui met le prédicat en relation avec le sujet. Or, si je prends le sujet (Dieu) avec tous ses prédicats (dont la toute-puissance fait aussi partie) et que je dise : Dieu est, ou il est un Dieu, je n’ajoute aucun nouveau prédicat au concept de Dieu, mais je ne fais que poser le sujet en lui-même avec tous ses prédicats, et en même temps, il est vrai, l’objet qui correspond à mon concept. Tous deux doivent exactement renfermer la même chose et, par conséquent, rien de plus ne peut s’ajouter au concept qui exprime simplement la possibilité, par le simple fait que je conçois (par l’expression : il est) l’objet de ce concept comme donné absolument. Et ainsi, le réel ne contient rien de plus que le simple possible. Cent thalers réels ne contiennent rien de plus que cent thalers possibles. Car, comme les thalers possibles expriment le concept et les thalers réels, l’objet et sa position en lui-même, au cas où celui-ci contiendrait plus que celui-là, mon concept n’exprimerait pas l’objet tout entier et, par conséquent, il n’en serait pas, non plus, le concept adéquat. Mais je suis plus riche avec cent thalers réels qu’avec leur simple concept (c’est-à-dire qu’avec leur possibilité). Dans la réalité, en effet, l’objet n’est pas simplement contenu analytiquement dans mon concept, mais il s’ajoute synthétiquement à mon concept (qui est une détermination de mon état), sans que, par cette existence en dehors de mon concept, ces cent thalers conçus soient le moins du monde augmentés. Quand donc je conçois une chose, quels que soient et si nombreux que soient les prédicats par lesquels je la pense (même dans la détermination complète), en ajoutant, de plus, que cette chose existe, je n’ajoute absolument rien à cette chose. Car autrement, ce qui existerait ne serait pas exactement ce que j’avais conçu dans mon concept, mais bien quelque chose de plus, et je ne pourrais pas dire que c’est précisément l’objet de mon concept qui existe. Si je conçois aussi dans une chose toute réalité sauf une, du fait que je dis qu’une telle chose défectueuse existe, la réalité qui lui manque ne s’y ajoute pas, mais au contraire cette chose existe avec exactement le même défaut qui l’affectait lorsque je l’ai conçue, car autrement il existerait quelque chose d’autre que ce que j’ai conçu. Or, si je conçois un être à titre de réalité suprême (sans défaut), il reste toujours à savoir, pourtant, si cet être existe ou non. En effet, bien qu’à mon concept il ne manque rien du contenu réel possible d’une chose en général, il manque cependant encore quelque chose au rapport à tout mon état de pensée, à savoir que la connaissance de cet objet soit aussi possible a posteriori. Et ici se montre la cause de la difficulté qui règne sur ce point. S’il était question d’un objet des sens, je ne pourrais pas confondre l’existence de la chose avec le simple concept de la chose. Car le concept ne me fait concevoir l’objet que conformément aux conditions universelles d’une connaissance empirique possible en général, tandis que l’existence me le fait concevoir comme enfermé dans le contexte de toute l’expérience ; si donc, par sa liaison avec le contenu de toute l’expérience, le concept de l’objet n’est pas le moins du monde augmenté, notre pensée du moins en reçoit en plus une perception possible. Si, au contraire, nous voulons penser l’existence seulement par la pure catégorie, il n’est pas étonnant que nous ne puissions indiquer aucun critérium pour la distinguer de la simple possibilité. Quelles que soient donc la nature et l’étendue de notre concept d’un objet, il nous faut cependant sortir de ce concept pour attribuer à l’objet son existence. Pour les objets des sens, cela a lieu au moyen de leur enchaînement avec quelqu’une de mes perceptions suivant des lois empiriques ; mais pour des objets de la pensée pure, il n’y a absolument aucun moyen de connaître leur existence, parce qu’elle devrait être connue entièrement a priori, alors que notre conscience de toute existence (qu’elle vienne soit immédiatement de la perception, soit de raisonnements qui lient quelque chose à la perception) appartient entièrement et absolument à l’unité de l’expérience, et que si une existence hors de ce champ ne peut pas, à la vérité, être absolument déclarée impossible, elle est pourtant une supposition que nous ne pouvons justifier par rien. [...] Par conséquent, la preuve ontologique (CARTÉSIENNE) si célèbre qui veut démontrer par concepts l'existence d'un être suprême, fait dépenser en vain toute la peine qu'on se donne et tout le travail que l'on y consacre; nul homme ne saurait, par de simples idées, devenir plus riche de connaissances, pas plus qu'un marchand ne le deviendrait en argent, si, pour augmenter sa fortune, il ajoutait quelques zéros à l'état de sa caisse ». Kant, Critique de la Raison pure, Dialectique transcendentale, PUF, pp. 429-430. Argument de Kant dans ce texte: la conscience de l'existence appartient à l'expérience. L'existence n'est pas un concept, on ne peut pas conclure à l'existence d'une chose par simple concept. Car rien, dans le concept, ne permet de distinguer le réel du possible. Ce n'est pas parce que j'ai dit qu'une chose est, qu'elle est forcément. En logique ce que permet le verbe « être », c'est de mettre en relation un sujet et un adjectif (prédicat). La relation n'implique pas l'existence. Je peux très bien supprimer le sujet et le prédicat, l'existence est supprimée avec. Cet objet qui correspond à son concept, c'est l'existence attribuée à Dieu. Or ce concept exprime seulement la possibilité. Kant par du principe que prouver une existence, c'est soit la montrer immédiatement par la perception, soit la démontrer par une conclusion qui lie quelque chose à une perception. La preuve d'une existence ne peut être tirée que de l'expérience. Dire que quelque chose est, c'est dire que c'est possible et non effectif. Et si l'on considère qu'affirmer que Dieu est ; alors affirmer la réalité d'un concept c'est admettre que dire que si l'on a 100 écus dans la poche il suffit pour qu'ils y soient. Le concept ne donnera jamais l'objet et il en va de même pour Dieu. L'être suprême est une idée de la raison. L'existence ne se prouve pas, elle s'éprouve. Voilà les raisons de l'échec de la métaphysique dogmatique comme savoir rationnel universalisable. Ces raisons se réduisent à deux: - Elle est un discours sans objets réels, car ce dont elle parle échappe à toute expérience possible. De ce fait, tout et son contraire peut rationnellement être dit à propos d'une prétendue réalité sans contenu, sinon sans forme. Ainsi aucun objet transcendant ne peut être connu, notre pouvoir de connaître est limité aux phénomènes de l'expérience (et aux conditions de possibilité transcendantales de la connaissance: les concepts et les jugements synthétiques à priori, et leurs modalités d'application au champs de la perception afin de produire des jugements déterminant les objets de l'expérience sensible). - Elle prétend, à tord, être capable de démontrer, par le seul pouvoir de la raison, l'existence réelle, hors de la pensée, de ce dont elle parle, faisant alors d' un objet de pensée, un objet réellement existant; or l'existence n'est pas un prédicat de la chose: il n'y a rien de plus dans 100 euros possibles que dans 100 euros réels, mais je peux utiliser ou observer les 100 euros réels alors que les 100 euros possibles ne me confèrent aucune richesse "expérimentable". Avec la simple idée des 100 euros, je peux mourir de faim, avec les 100 euros réels je peux m'acheter à manger. L'existence réelle des choses ne se démontre pas par la pensée, elle s'éprouve dans l'expérience. La métaphysique de l'absolu n'est qu'une croyance "rationalisée" qui donne et se donne l'illusion d'être un savoir afin de répondre à un besoin de la raison qui ne peut être satisfait dans le champs de la connaissance. Voilà pour la preuve ontologique, qui est une preuve a priori. Mais que peut-on reprocher aux preuves qui reposent sur l'expérience? -Deuxièmement : critique des preuves empiriques. On peut retenir la critique de Hume concernant les preuves physico-théologiques. Cette preuve reposait sur une analogie. Tout le problème est de savoir s'il est possible de penser le monde sur le modèle d'une horloge qui aurait été fabriquée par un grand horloger.Le rapport doit en être exactement mesuré car la cause et les faits doivent être exactement ajustés l'un à l'autre. Autrement dit, on ne doit pas attribué à Dieu plus de sagesse ou de bonté que n'en manifeste le monde censé être sa création. La conclusion de cette remarque sur le bon usage de l'analogie est ravageuse: le Dieu auquel cette preuve aboutit est forcément un Dieu limité, parce que le monde ne présente qu'un ordre -géométrique et esthétique- limité (car l'ordre du monde n'est pas parfait). L'idée d'un Dieu parfait ne peut donc pas provenir de l'expérience, car le monde n'est pas parfait. L'analogie est alors inéquitable. -Troisièmement : critique de la preuve cosmologique. Pourquoi interrompre la recherche des causes? Cela peut paraître tout à fait arbitraire: qu'est-ce qui prouve que l'on doive s'arrêter? D'une manière générale comme le montre Pascal, ces preuves de l'existence de Dieu ne sont pas efficaces, elles sont artificielles et inefficaces sur l'esprit. Pascal critique l'impuissance persuasive de ces preuves, « elles frappent peu ». Conclusion : les preuves de l'existence de Dieu ne prouvent rien, la raison en se mettant au service de la croyance n'a fourni aucune certitude supplémentaire. La théologie rationnelle reste donc étrangère à la conviction. Loin d'être réglé, le conflit de la raison et de la croyance religieuse semble plutôt se maintenir. La raison échoue à apprter des preuves pour faire de la croyance quelque chose de rationnel. D'où vient donc cet échec de la raison ? III. La croyance religieuse comme foi étrangère au raisonnement. Peut-être faut-il alors envisager l'hypothèse selon laquelle la raison s'est aventurée dans un domaine qui lui est étranger. Le conflit entre la raison et la croyance apparaîtrait alors comme stérile, causé par la prétention de la raison à légiférer sur tous les domaines. a.L'échec de la connaissance par la raison. La raison s'est aventurée dans le domaine de la métaphysique. S’il est naturel d'avoir une disposition pour la métaphysique, cela signifie-t-il pour autant que cela soit une science ? On ne peut acquérir du savoir sur ce qui dépasse notre existence. Kant, dans Critique de la raison pure montre que la raison et productrice d'Idées, comme Dieu, l'âme, le monde. Or ces Idées ne nous procurent aucune connaissance, le danger consiste à affirmer l'existence réelle des ces Idées. Pourquoi ? Car notre pouvoir de connaissance est borné à l'expérience, tout ce qui en va au-delà est illégitime. Or la métaphysique veut transformer ces idées en objets réels. L'idée d'un objet absolu n'appartient jamais à une expérience. C'est une illusion si on prétend la faire correspondre à un objet. Il faut donc savoir si la métaphysique est possible comme science et pour cela il montre comment nous pouvons connaître et démontrer les limites de la connaissance humaine. La métaphysique contrairement à la science ne porte pas sur le monde de l'expérience possible, mais sur des objets supra sensibles, des concepts vides d'objets : les Idées transcendantales. Affirmer l'existence de Dieu c’est tomber dans le dogmatisme. Mais ces idées n'ont-elles alors aucun sens, aucune valeur, aucun rôle à jouer? En fait, ce sont des représentations inévitables, un besoin de la raison: l'idée de Dieu correspond à l'idée de l'inconditionné absolu. Kant critique bien les prétentions de la métaphysique, mais en même temps légitime son existence. La raison humaine se caractérise par une tendance constante à outrepasser les bornes du domaine qui lui est propre. Kant est le premier à reconnaître que si la raison s'étend au-delà de la limite de l'expérience, il n'y a plus connaissance (mais néanmoins un besoin de la raison). Le besoin de la raison a un droit, qui est de supposer et d'admettre quelque chose qu'elle ne peut prétendre savoir par des principes objectifs. (Besoin d'aller vers un être premier, originel, au fondement de toute chose). Descartes témoigne de ce besoin, mais tout le problème de Dieu est que les raisons subjectives sont tenues pour des connaissances objectives. Kant dit que les preuves ne servent à rien. Cependant l'idée de Dieu a un rôle « d'idéal régulateur de la connaissance », elle est comme un point de fuite à jamais inatteignable qui peut nous inciter à aller plus loin dans la connaissance scientifique. Il ne s'agit pas d'une connaissance de la raison mais d'un besoin ressenti par elle. Cet assentiment est subjectivement suffisant mais objectivement insuffisant. La métaphysique a donc pour tâche de penser ce que notre entendement ne peut connaître. La foi est bien un non savoir, mais elle n'a rien d'irrationnel. Il faudrait donc renoncer à toute forme de connaissance de Dieu car la raison qui prétend connaître hors du champ de l'expérience outrepasse ses droits. Pourtant, ne serait-il pas possible d'envisager un autre accès à la vérité, c'est-à-dire une connaissance qui ne passerait pas par la raison ? b. Le cœur et la raison. Il serait possible d'accentuer le fait que la raison et la croyance ne peuvent entrer en conflit, car elles n'ont strictement rien en commun. Texte de Pascal: " Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le cœur ; c'est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes, et c'est en vain que le raisonnement, qui n'y a point de part, essaye des les combattre. Les pyrrhoniens, qui n'ont que cela pour objet, y travaillent inutilement. Nous savons que nous ne rêvons point ; quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, mais non pas l'incertitude de toutes nos connaissances, comme ils le prétendent. Car la connaissance des premiers principes, comme qu'il y a espace, temps, mouvements, nombres, est aussi ferme qu'aucune de celles que nos raisonnements nous donnent. Et c'est sur ces connaissances du cœur et de l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie, et qu'elle y fonde tout son discours. (Le cœur sent qu'il y a trois dimensions dans l'espace, et que les nombres sont infinis ; et la raison démontre ensuite qu'il n'y a point deux nombres carrés dont l'un soit double de l'autre. Les principes se sentent, les propositions se concluent ; et le tout avec certitude, quoique par différentes voies.) Et il est aussi inutile et aussi ridicule que la raison demande au cœur des preuves de ses premiers principes, pour vouloir y consentir, qu'il serait ridicule que le cœur demandât à la raison un sentiment de toutes les propositions qu'elle démontre, pour vouloir les recevoir. " Pascal, Pensées Thèse de Pascal : la raison n'est pas suffisante, ce n'est pas la seule faculté pour connaître la vérité, le cœur est tout aussi important. (Intuition, sentiment). Première phase, lignes une à trois : il y a des moyens d'accéder à la vérité -- la raison, une connaissance discursive par raisonnement ou preuves. -- le cœur, les sentiments immédiats, l'intuition. C'est tout ce qui ne se ramène pas à la démonstration par la raison. Le raisonnement est parfois inefficace et inutile pour les premiers principes (vérité fondamentale, immédiatement accessibles par l'intuition). Commentaire : Le coeur et la raison, deux instances distinctes, disjointes, concurrentes, parfois complémentaires, parfois antagonistes. Ergoteuse, quémandeuse, procédurière, ]a raison éprouve son impuissance aux choses de la vie; entre la veille et le songe, elle ne saurait trancher; elle ne décide davantage des choses de l'amour: « On ne prouve pas qu'on doit être aimé en exposant d'ordre les causes de l'amour; cela serait ridicule». Du beau non plus, elle ne saurait discourir. De cette impuissance à prouver en tant de domaines vitaux, on ne saurait induire une incertitude générale de nos connaissances, comme le font les pyrrhoniens, mais plutôt l'urgence de déplacer la certitude d'une raison faible, par elle-même incertaine, à un sentiment vigoureux, que Pascal, s'inspirant d'une tradition biblique, patristique et spirituelle, impute au «coeur ». Expression de notre être au monde, le coeur est la faculté des principes: c'est par lui que nous sommes à l'espace et au temps, au nombre et au mouvement, par lui aussi que nous sommes à Dieu, ressentant immédiatement, outre les quatre dimensions de l'existence, cette dépendance qui nous assure et qui nous fonde. Dès lors, le concours entre les deux facultés ne manque pas d'apparaître: toujours le coeur subvient au défaut du discours, pour combler ses lacunes, lorsque l'induction hésite, et surtout pour fournir ses prémisses à la déduction. Faible en dehors de son ordre, la raison devient forte, quand elle peut suspendre ses chaînes d'arguments aux données immédiates du sentiment. « Humilier la raison» n'est donc ni pyrrhonisme, ni surtout misologie (voir cours Devoir et Bonheur); cette attitude procède de la volonté d'en bien user, sachant qu'elle se perd à ne pas savoir se soumettre quand il le faut et qu'elle tient sa force de sa dévotion aux principes: « il faut savoir douter où il faut, écrit Pascal, assurer où il faut, en se soumettant où il faut. Qui ne fait ainsi n'entend pas la force de la raison». La certitude n'en est alors que plus solide, quand elle est le fait de celui qui, à la fois pyrrhonien, géomètre et chrétien, compose opportunément doute, assurance et soumission. Cette soumission à ce que le sentiment révèle n'est au demeurant que le bon usage de la raison, jamais plus raison que lorsqu'elle rend ses armes à l'inspiration: « La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent. Elle n'est que faible si elle ne va jusqu'à connaître cela». Pourquoi faut-il cependant que si rares soient les choses connues par le coeur? La raison est alors notre bâton d'aveugle. Qu'elle en prenne donc son parti. CONCLUSION: Il apparaît donc que la raison n'entre plus en conflit avec la croyance religieuse, car le conflit suppose une certaine communauté. Dire que la croyance est une illusion, parce qu'elle ne peut pas être prouvée, c'est ignorer l'hétérogénéité des deux domaines que sont la foi et la connaissance discursive. Cependant, c'est aussi faire preuve du même aveuglement que de tenter de prouver l'existence de Dieu, car c'est méconnaître les limites de la raison. Cette dernière est en effet incapable de légiférer au-delà de l'expérience, et elle est elle-même régie, dans ses raisonnements, par des principes intuitifs. COMPLÉMENT: définition de la secte: Extrait du rapport de la Commission d'enquête sur les sectes remis à l'Assemblée Nationale (France). Décembre 1995. Le mot secte a d'abord désigné soit un ensemble d'hommes et de femmes partageant une même doctrine philosophique, religieuse, etc. soit un groupe plus ou moins important de fidèles qui se sont détachés de l'enseignement officiel d'une Église et qui ont créé leur propre doctrine (secte : Ensemble de personnes qui adhèrent à une même doctrine philosophique ou religieuse. Tout mouvement hérétique qui se sépare de la religion instituée par un chiisme. Aujourd'hui elle désigne des nouveaux mouvements religieux avec une connotation péjorative). Le mot secte est également un terme polémique, qui désigne un groupe ou une organisation le plus souvent à connotation religieuse dont les croyances ou le comportement sont jugés obscurs ou dévoyés. Généralement les responsables de ces groupes sont accusés de brimer les libertés individuelles au sein du groupe et/ou de manipuler mentalement leurs disciples afin de s'approprier leurs biens, de les maintenir sous contrôle, etc. La Commission a en effet constaté que si la difficulté à définir la notion de secte a été soulignée par toutes les personnalités qu'elle a entendues, la réalité visée semble unanimement cernée, sauf naturellement par les adeptes et dirigeants des sectes qui nient ce caractère à leur groupement (tout en pouvant le reconnaître à d'autres) et préfèrent évoquer les termes d' " Églises " ou de " minorités religieuses " . Parmi les indices permettant de supposer l'éventuelle réalité de soupçons conduisant à qualifier de secte un mouvement se présentant comme religieux, elle a retenu, faisant siens les critères utilisés par les Renseignements généraux dans les analyses du phénomène sectaire auxquelles procède ce service et qui ont été portées à la connaissance de la Commission : • • • • • • • • • • la déstabilisation mentale ; le caractère exorbitant des exigences financières ; la rupture induite avec l'environnement d'origine ; les atteintes à l'intégrité physique ; l'embrigadement des enfants ; le discours plus ou moins anti-social; les troubles à l'ordre public ; l'importance des démêlés judiciaires ; l'éventuel détournement des circuits économiques traditionnels ; les tentatives d'infiltration des pouvoirs publics. POUR TOUT SUJET SUR LA RELIGION OU LA CROYANCE, PENSER BIEN SÛR À SPINOZA (T.T.P.), À NIETZSCHE, ETC. Retenir aussi les définitions des repères suivants: 1: croire et savoir: croire: au début, "croire" porte sur la nourriture posée sur la crédence (sorte de table): elle avait été goûtée par des esclaves: le mot correspond à fiable, qui n'est pas empoisonné. Puis, porte sur ce à quoi on adhère sans pouvoir le justifier pleinement: par exemple l'idée à quoi rien d'observable ne correspond. (voir l'illusion en prêtant attention aux tableaux!). L'existence est évidente ce qui ne signifie pas qu'elle ait une essence. Croire s'enracine dans un sentiment. Enfin, croire signifie donner sa confiance, faire exister ce qui ne se voit ni ne s'expérimente. (ex: croire à l'existence du bien, de la mort...) savoir: au début, désigne le goût pour, la pénétration de, autrement dit la compréhension. Puis, par extension, l'ensemble des connaissances que l'on considère comme justifiées, prétendant, à tort ou à raison, s'enraciner dans une expérience sensible ou une expérimentation. 2: objectif et subjectif: objectif: 1.dénué de préjugés et de partialité Synonyme: impartial (une information objective) 2.qui est fondé sur des faits (avoir des raisons objectives de mécontentement) 3.philosophie: qui est indépendant de l'esprit (avoir une existence objective) subjectif: subjectif, adjectif Féminin ive. Sens 1: qui varie selon la personnalité, les goûts de chacun. Synonyme: personnel. Sens 2: relatif au sujet pensant. 3. ressemblance et analogie: analogie: le terme désigne une identité de rapports, une ressemblance en profondeur unissant deux à deux les termes de deux couples au moins. Par exemple: • Parce que le chef est à sa troupe ce que la tête est au corps, il y a analogie (identité de rapport) entre la tête et le chef. • Parce que le baromètre mesure la pression atmosphérique et le thermomètre mesure la température, il y a analogie entre le baromètre et le thermomètre, bien que ce ne soit pas la même chose. • Le raisonnement par analogie: • Consiste à tirer une conséquence à partir de la définition de caractère commun: Par exemple, analogie entre la foudre et une étincelle électrique: identité entre les deux phénomènes, découverte de Franklin • Au sens strict, consiste à déterminer à partir de trois termes d'une proposition le quatrième terme. Par exemple, étant donné 3/4 et 6. Je conclus 8 comme quatrième terme parce que: 3/4 = 6/8 • - Analogie au sens très très large peut signifier encore ressemblance. Mais la langue philosophique évite l'emploi de ce sens qui prête à confusion. Ressemblance: Du latin similis = semblable, qui présente des éléments communs avec autre chose. Ressemblance désigne le caractère de choses qui manifestent certains éléments identiques et suffisamment nombreux. La ressemblance est donc de l'ordre de l'image comme forme sensible d'une chose. Par exemple, on parlera de la ressemblance visible de Mars et de la terre dont on tirera la conséquence (aléatoire) qu'elle doit être habitée. Le raisonnement par ressemblance est le plus mauvais des raisonnements. A tort on l'appelle aussi raisonnement par analogie car analogie dans son sens le plus large et le plus relâché signifie ressemblance. Le point de départ d'un tel raisonnement par ressemblance n'est que l'association d'images par ressemblance: comparaison et métaphore (= comparaison abrégée) sont des associations par ressemblance. Par exemple: "Il est effrayant comme un tigre" => C'est un tigre. Un tel raisonnement, n'a qu'un air "de raison": c'est le triomphe de l'opinion qui confond le visible et l'intelligible:" il ressemble à un de mes amis" => ce sera un de mes amis. Deux termes suffisent pour la ressemblance, il en faut quatre pour l'analogie. La ressemblance est en rapport avec des images, l'analogie porte sur des rapports et se rapporte à des idées.
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