Lettre de Penthes 026 / automne 2015

Transcription

Lettre de Penthes 026 / automne 2015
La Lettre
de Penthes
Le magazine du Domaine de Penthes – Numéro 26, automne 2015
ARTICLES
Entreprises suisses
dans le monde
Les Suisses
de Franche-Comté
d’hier à aujourd’hui
DOSSIER
Les Besenval
Artikel auf Deutsch:
Seiten 46 und 74
Articles in English:
Pages 22 and 72
Deux expos pour les familles
HISTOIRE EN BRIQUES
YAKARI, LES SUISSES À LA RENCONTRE DES AMÉRINDIENS
SOMMAIRE
| ÉDITORIAL
Penthes est à vous
| DOSSIER
2
| ARTICLES
1815-2015: le Valais, canton suisse
4
Entreprises suisses dans le monde
7
Beat Knoblauch, un Suisse
au Pays des Kangourous
11
Un nouveau commandant
pour la Garde suisse pontificale
14
Raymond Charles Pyramus de Candolle
17
Alexius Baebler, famous internationally
but not as a Swiss
22
Peter Rindisbacher, peintre du Wild West
24
Les Suisses de Franche-Comté
d’hier à aujourd’hui
30
34
| LES AMIS DE PENTHES
Société des Amis de Penthes: 500+
Les Besenval
49
Martin de Besenval, seigneur des villages
de Brunstatt, Riedisheim et Didenheim
en Haute-Alsace
50
Le Fonds de Besenval: de la conservation
à la diffusion du savoir
53
| MOT DU DIRECTEUR
L’Esprit de Penthes
Le rêve est permis!
56
| LA VIE DU MUSÉE
| REVUE LITTÉRAIRE
Livres à lire
|
48
Les Suisses des cinq continents
discutent du patrimoine helvétique
à l’étranger à Penthes
58
Yakari, un petit Sioux à Penthes
66
Histoire en Briques
68
| À TRAVERS LE MONDE
Swiss High-tech on the Oceans
72
Touristische Leistungen in aller
Welt - man spricht Deutsch
74
La Lettre de Penthes - No 26
|1
| ÉDITORIAL
Rodolphe S. Imhoof
Président
de la Fondation
pour l’Histoire
des Suisses
dans le Monde
Penthes est à vous
Chères amies, chers amis, chers visiteurs,
P
our épauler et compléter l’action citoyenne et
participative intitulée « Penthes est à vous », de
nombreux événements ont eu lieu dans cet écrin
à nul autre pareil où nature, culture et gastronomie
s’allient harmonieusement.
Tout d’abord, grâce à l’action conjuguée du Conseil
d’Etat et du nouvel exécutif de la commune de PregnyChambésy, Penthes vient d’accueillir, en bordure de la
place des Waldstätten, le Sablier du Millénaire. Certes,
ceux qui se sont promenés dans le parc au cours des
belles et lumineuses journées de l’été ont été intrigués,
voire déçus, par la toile de plastique verte qui recouvre
encore provisoirement ce monument. Très provisoirement j’espère, car le Conseil municipal de notre
commune vient de voter le crédit indispensable pour
construire, dans les mois qui viennent, en guise d’enveloppe transparente, un toit qui protège ce mécanisme
sensible aux intempéries.
Afin de souligner que « Penthes est à vous », à vous
tous, les festivités organisées par les autorités communales
pour le 1er Août de cette année, anniversaire du bicentenaire de l’entrée de Genève dans la Confédération, se sont
tenues sur la place devant le Château. Le Musée était
ouvert évidemment pour l’occasion le soir également, et
je suis particulièrement heureux d’avoir pu ainsi faire
connaître à certains résidents de notre commune les
joyaux qu’il abrite. Eh oui ! « Penthes est à vous ».
Deux semaines plus tard se sont tenues les premières
assises des présidents des clubs suisses dans le monde. A
l’issue de ces journées tenues en marge du Congrès de
2 | La Lettre de Penthes - No 26
l’Association des Suisses de l’étranger qui se tenait à
Genève et au cours duquel le président du Conseil d’Etat
a pu souligner la place et l’importance de la Genève
internationale, les 70 représentants de 22 pays et des
cinq continents en redemandent, pour parler familièrement. Lentement, nos compatriotes à travers le monde
prennent ainsi conscience que Penthes héberge une
Fondation qui est la leur. Et que la maison de tous les
Suisses dans le monde se trouve dans le cœur international de Genève. Une demeure qui a pour but de présenter, de manière vivante et ludique, l’apport à notre
propre histoire, développement et vision, de l’ouverture
de la Suisse et des Suisses au monde. « Penthes est à
vous », à vous particulièrement Suisses dans le monde !
Pendant ce temps-là, l’exposition temporaire « Arménie », où étaient présentés des œuvres et des documents
qui rappellent l’odyssée de ce peuple meurtri, attirait de
nombreux visiteurs. Ne faisait-elle pas écho, certes à la
dimension de Penthes, au pavillon arménien de la Biennale de Venise, qui s’est vu décerner cette année le Lion
d’Or et au fait que les Arméniens présents aujourd’hui
dans notre pays le doivent au réseau des missionnaires
protestants suisses de l’époque ?
L’automne et l’hiver s’annoncent sous les mêmes
auspices favorables. Les deux expositions parallèles
spécialement destinées au jeune public, « Yakari : les
Suisses à la rencontre des Amérindiens » et « Histoires
en Briques » promettent d’attirer de nombreux visiteurs.
Elles s’inscrivent dans la ligne des expositions sur Hugo
Pratt ou les pastiches de Tintin qui ont rencontré tant de
succès. « Penthes est à vous », jeunes Genevois et étrangers. Et l’histoire qui y est contée, en miroir avec Lego
et au fil de la collection permanente, suit un parcours
ÉDITORIAL
|
qui met en exergue nos spécificités, nos différences,
mais aussi nos liens ancestraux avec le monde qui nous
entoure. Le global, le « sans frontières » d’aujourd’hui
nous fait reprendre conscience de nos limites indispensables, de nos racines propres. Car l’articulation de
notre pays est faite d’assimilation culturelle – ou d’ouverture – et de développement d’un patrimoine propre
– ou de frontières. Ces deux particularités d’un balancier bientôt millénaire sont partie intégrante du concept
muséal de Penthes qui, grâce aux interactions de la
collection permanente avec les expositions temporaires
à géométrie variable, illustre l’équilibre indispensable
entre ces deux caractéristiques tellement helvétiques.
Un dernier mot pour dire merci à toutes celles et tous
ceux qui nous permettent de poursuivre notre action
culturelle en faveur d’une Suisse ouverte et fière de ses
spécificités, et cela au centre de la Genève internationale.
« Penthes est à vous », à vous de nous soutenir par votre
présence, intérêt, encouragements. Par votre soutien
financier aussi.
Sablier du Millénium
La Lettre de Penthes - No 26
|3
| ARTICLES
1815-2015 :
le Valais, canton suisse
Guy Ducrey
Ancien ambassadeur
de Suisse, Martigny
Célébrer cette année le 200e anniversaire de l’entrée du Valais dans la
Confédération suisse nous invite à décrire la géographie et l’histoire qui
ont conduit à cet événement.
Réalisée en 1944 pour la salle du
Grand Conseil à Sion, la peinture
murale d’Ernest Biéler (1863-1948)
représente l’entrée du Valais dans
la Confédération–; Léopold de
Sépibus, président du gouvernement, reçoit l’acte officiel
d’adhésion du 12 septembre 1815
des mains des délégués valaisans
rentrés de la Diète de Zurich.
E
n plein cœur des Alpes, entourée de la plupart des
plus hauts sommets européens, la communauté
qui habite une nature aussi rude et imposante a
dû longtemps se contenter des maigres ressources dont
elle disposait et se prémunir contre les catastrophes
naturelles qu’elle subissait souvent. De prime abord, il
n’y avait pas là de quoi susciter la convoitise des voisins.
Pourtant, dès l’Antiquité, deux facteurs ont joué un
rôle important dans le destin de cette région : d’abord
le passage des Alpes, avec sa dimension stratégique
reconnue dès l’époque romaine, puis l’autorité sur la
4 | La Lettre de Penthes - No 26
vallée, religieuse, politique et souvent militaire exercée
par les évêques. Ceux-ci, issus de familles importantes,
pouvaient se prévaloir du titre de prince. Le premier,
Théodore, fut nommé en l’an 381. Appelés à gérer la
vallée et à en arbitrer les fréquents conflits, ces évêques
ont souvent été victimes de la noirceur de leurs adversaires et de la forfaiture de leurs obligés ; les « armes
spirituelles » qu’ils fulminaient contre eux ne l’emportaient pas toujours.
ARTICLES
Excepté à l’époque où elle était comté du royaume de
Bourgogne, la vallée est restée divisée entre sa partie
occidentale, revendiquée par la Maison de Savoie, d’un
côté, et les Alémanes venus du nord, de l’autre. Cette
population germanophone gardait des liens étroits avec
Lucerne, Unterwald et Uri et s’installa graduellement
dans les vallées latérales du Haut-Valais, jusqu’à Sion.
Par exemple Praborgne, autrefois village de langue
française, devint Zermatt.
Les dizains du Haut-Valais ont par la suite persévéré
avec une vigilance inaltérable dans la défense de leurs
gains géographiques face à la présence savoyarde. Un
affrontement décisif opposa les deux camps à Sion, en
1473 ; cette bataille s’acheva par une défaite du camp
savoyard, notamment en raison de l’aide militaire de
Berne et de Soleure, dépêchée en soutien aux HautsValaisans via le col du Sanetsch. Le Bas-Valais fut alors
assujetti par les dizains du Haut et connut l’affliction
d’une perte qui paraissait sans recours. Un règlement
scolaire, rédigé en latin et affiché dans les écoles sédunoises, indiquait l’obligation de parler l’allemand littéraire, mais en aucun cas le français sous peine du fouet !
Il fallut attendre l’influence grandissante du Directoire
en France pour que soit prononcé, le 1er février 1798,
l’acte d’indépendance du Bas-Valais. L’ensemble du
canton fut ensuite rattaché à la République helvétique
le 6 mai 1798.
Après avoir franchi le col du Grand-Saint-Bernard
(en mai 1800), Bonaparte était déterminé à ne plus se
dessaisir des passages alpins, considérés après la victoire
convaincante de Marengo comme indispensables à la
réalisation de ses ambitions en Italie. Le 16 mai 1802, il
proclama l’indépendance de la République du Valais qu’il
avait décidé de détacher de la République helvétique
afin de pouvoir contrôler plus librement le chantier de
la route du Simplon.
Le 27 août, Karl Müller von Friedberg, représentant de
la République helvétique, se rendit à Sion ; pour sauver
la face devant le fait accompli, il déclara devant la Diète
|
valaisanne, en niaisant son auditoire : « Je viens vous
offrir l’indépendance de votre patrie. C’est au nom du
gouvernement helvétique que je délie de ses serments ce
peuple chéri ! »
Le 12 novembre 1810, Napoléon, irrité par la lenteur du chantier de la route du Simplon, fit du Valais
un département français. Dans le décret d’exécution,
il s’en expliqua sans équivoque « considérant que la
route du Simplon, qui réunit l’Empire à notre
Royaume d’Italie, est utile à plus de soixante millions
d’habitants, que le Valais n’a tenu aucun des engagements qu’il avait contractés ; article premier : le Valais
est réuni à l’Empire ».
A la chute de l’Empire, parallèlement au Congrès de
Vienne, se prenaient à Paris des décisions importantes
relatives à nos frontières. Dans cette ville, une députation
haut-valaisanne alla demander pour le Valais l’autorisation de ne pas se joindre à la Suisse et de rester indépendant ; cette demande resta sans suite.
Sur recommandation de la Diète, le Valais fut officiellement admis, le 12 septembre 1815, en tant que
Canton, au sein de la Confédération.
Inspirée par le Congrès de Vienne, cette décision
avait alors pour but de contrarier à l’avenir les ambitions
que la France pouvait encore nourrir sur l’Italie du
Nord. Elle était aussi guidée par le souci de Londres
face à la déclaration du colonel autrichien Josef Karl
von Simbschen, arrivé à Sion avec son régiment et proclamant qu’il venait occuper le Valais.
L’adhésion du Valais à la Confédération fut diversement accueillie par les Valaisans qui avaient apprécié
huit ans d’indépendance. Aujourd’hui pourtant, après
deux cents ans, même si la patrie reste d’abord la haute
vallée du Rhône pour la plupart des Valaisans, le Valais
se félicite d’être membre d’un pays à la fois solidaire et
surtout respectueux de son identité.
La Lettre de Penthes - No 26
|5
ARTICLES
|
Entreprises
suisses dans
le monde
Fondée à Lausanne en 1927 sous le nom
d’Office suisse d’expansion commerciale
(OSEC), Switzerland Global Enterprise
(S-GE) regroupe, sur mandat de la Confédération et des Cantons, la promotion des
exportations, des importations et de la place
économique suisse. Son siège principal se
trouve à Zurich**.
Entretien avec
Madame Ruth Metzler-Arnold*
présidente de Switzerland Global Enterprise
MADAME LA PRÉSIDENTE,
UNE PREMIÈRE QUESTION S’IMPOSE–: UNE ÉCONOMIE COMME CELLE DE LA SUISSE A-T-ELLE ENCORE
BESOIN D’UN SOUTIEN ÉTATIQUE POUR RÉUSSIR
SUR LES MARCHÉS MONDIAUX–? LES RÈGLES DE
CONCURRENCE INTERNATIONALES N’INTERDISENT-
disposent souvent pas des ressources suffisantes pour
s’engager sur les marchés mondiaux. Dans un premier
temps, nous mettons à leur disposition des informations
et des conseils en tout genre ; ce sont des prestations
de service public. Puis, quand leur projet prend des
contours plus concrets, S-GE peut se charger, contre
rémunération, d’une étude de marché, par exemple.
ELLES PAS TOUTE AIDE À L’EXPORTATION (OMC,
ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE AVEC L’UNION EUROPÉENNE, AELE)––?
Switzerland Global Enterprise (S-GE) œuvre au développement des entreprises à l’international et au rayonnement de la place économique suisse. C’est en tant que
centre d’excellence en internationalisation que notre
organisation, sur mandat du Secrétariat d’Etat pour
l’économie (SECO) à Berne, aide les entreprises,
notamment les PME, à prospecter de nouveaux débouchés à l’international. En effet, ces entreprises ne
En ce qui concerne la promotion de la place économique, qui vise à attirer de nouveaux investissements
en Suisse, la concurrence internationale est intense
* Conseillère d’Etat du canton d’Appenzell R.I. (1996-1999), anc. conseillère
fédérale (1999-2003), présidente et membre de plusieurs conseils d’administration et partenaire d’un cabinet de conseil.
** Stampfenbachstrasse 85, 8006 Zurich, tél. 044 365 51 51,
[email protected] ; 47, quai d’Ouchy, 1006 Lausanne, tél. 545 94 94,
[email protected] ; Corso Elvezia 16, c.p.5399, 6001 Lugano,
tél. 091 601 86 86, [email protected].
La Lettre de Penthes - No 26
|7
| ARTICLES
depuis des années ; une attitude proactive est indispensable. Pour ce qui est de la promotion des importations, il s’agit d’un instrument de la coopération au
développement ; le but est de mettre les PME de certains
pays émergents en position de développer leurs ventes en
Suisse et en Europe. Il faut savoir que des organismes
comme le nôtre existent dans presque tous les pays,
sauf que S-GE, qui est une association privée de plus
de 2000 membres, fonctionne conformément au principe typiquement suisse de subsidiarité, selon lequel
l’Etat n’agit qu’en complément de l’économie privée.
bénéfice. A l’étranger surtout, le mandat de la Confédération nous confère une certaine officialité, puisque
les Swiss Business Hubs, nos relais à l’étranger, sont implantés dans des ambassades ou des consulats de Suisse
dans 21 pays. Ce dispositif est unique et il a fait ses
preuves au fil des ans.
POUVE Z-VOUS NOUS FOURNIR QUE LQUES
EXEMPLES PRATIQUES DE CETTE PROMOTION À
L’EXPORTATION QU’OFFRE S-GE, PLUS PARTICULIÈREMENT CELLE QUI VISE LES PETITES ET
MOYENNES ENTREPRISES–? COUVRE-T-ELLE AUSSI
QUEL EST LE BUDGET ANNUEL DE S-GE– ? CES
L’EXPORTATION DE SERVICES–?
MOYENS PROVIENNENT-ILS EXCLUSIVEMENT DE
LA CONFÉDÉRATION––?
Notre cadre financier pour la promotion des exportations était de 86 millions de francs pour la période
2012-2015. De cette somme, deux tiers environ venaient
du SECO, le reste étant constitué de cotisations de
nos membres, de recettes tirées de la vente de nos services et de fonds de soutien apportés par nos partenaires,
des entreprises privées pour la plupart. Pendant la même
période, la promotion de la place économique a été subventionnée par la Confédération à hauteur de 20,4 millions
de francs ; à cela s’ajoutent des contributions des cantons d’un montant de 5,2 millions. La promotion des
importations est soutenue par la Confédération à hauteur
de 32,5 millions pour la période de 2012 à 2016.
LES ACTIVITÉS DE S-GE NE FONT-ELLES PAS
Tout d’abord, les entreprises ont accès à notre vaste
offre – gratuite – d’informations sur les marchés extérieurs et d’opportunités d’affaires dans le monde entier.
Nous offrons aussi le premier conseil, par exemple quand
une PME cherche à savoir si son produit a des chances de
s’imposer, disons sur le marché chinois. Nous disposons
aussi d’une hot line permettant d’obtenir des réponses
rapides à des questions plus techniques, comme le fonctionnement d’un accord de libre-échange ou d’un régime fiscal. En avançant dans son projet, la PME pourra
ensuite donner mandat à S-GE pour trouver un agentdistributeur dans un pays ou une région donnés ou
évaluer la situation concurrentielle de façon approfondie.
S-GE peut également l’accueillir sur un de ses stands
collectifs à une foire internationale. Dans toutes ces activités, S-GE et les Swiss Business Hubs ont souvent recours
à des experts extérieurs spécialisés dans les marchés visés.
CONCURRENCE AUX ENTREPRISES PRIVÉES SPÉCIALISÉES DANS LES CONSEILS AUX EXPORTA-
À QUELS BESOINS RÉPOND LA PROMOTION DES
TEURS OU DANS LE MARKETING––?
IMPORTATIONS–? COMMENT FONCTIONNE-T-ELLE––?
Comme je l’ai déjà indiqué, S-GE est une association
de droit privé comptant plus de 2000 membres actifs à
l’export ; nous sommes donc très proches du terrain.
S-GE travaille en réseau et fait le lien avec des spécialistes privés de l’internationalisation des affaires. Elle
confie à des prestataires privés environ deux tiers des
mandats payants. La vente de nos services nous permet
de couvrir nos coûts, mais nous ne réalisons pas de
Ce mandat nous a été confié par le Secrétariat d’Etat
à l’économie (SECO) ; il s’agit de faciliter l’accès au
marché suisse et européen à certaines PME de pays partenaires : leur fournir des contacts, les aider à exposer sur
des salons internationaux, etc. S-GE les aide à renforcer
leur compétitivité tout en développant la coopération et les
relations entre la Suisse, l’Union européenne et les pays
partenaires. Les importateurs en Suisse et en Europe
8 | La Lettre de Penthes - No 26
ARTICLES
peuvent ainsi être mis en contact avec des fournisseurs
de confiance dans les pays partenaires. Prenons le cas du
Pérou. S-GE apporte un appui à des producteurs de
fruits et de légumes – mangues, raisin de table, avocats,
bananes. Nos services de promotion des importations
aident ces producteurs à participer à Fruit Logistica à
Berlin, un des salons les plus importants de la branche et
qui permettent le contact direct avec des acheteurs suisses
et européens. Ces derniers cherchent, eux, des fournisseurs de confiance qui puissent enrichir leur assortiment. La démarche conduit à des échanges lucratifs
pour les entreprises européennes comme pour les entreprises péruviennes tout en favorisant un développement
économique durable dans le pays de production.
|
Suisse. Dans la démarche des entreprises, ils prennent
le relais généralement après un premier entretien avec
nos spécialistes en Suisse. Grâce à leur statut officiel, les
Hubs disposent d’un excellent réseau de contacts dans
les pays cibles de nos exportateurs ; ils sont également
chargés de la promotion de la place suisse à l’étranger.
Car il devient crucial de défendre nos intérêts économiques dans le cadre de l’action diplomatique helvétique (« commercial diplomacy »), afin d’affirmer la
compétitivité des entreprises suisses à l’échelle de la
planète. S-GE met tout en œuvre pour favoriser les
échanges et la coopération entre les représentations
diplomatiques et l’économie.
UNE DERNIÈRE QUESTION– : QUELS CONSEILS
À PROPOS DE LA PROMOTION DE LA PLACE ÉCO-
DONNEZ-VOUS AUX ENTREPRISES QUI ESTIMENT
NOMIQUE SUISSE, LE RÉSULTAT DU VOTE DU 9
QUE LE FRANC SUISSE EST DEVENU DÉCIDÉMENT
FÉVRIER 2014 SUR L’«–I MMIGRATION DE MASSE–»
TROP FORT POUR PRODUIRE EN SUISSE–? A VOTRE
N’A-T-IL PAS AUSSI ÉTÉ UN SIGNAL INVITANT NOS
AVIS, QUE DEVRAIT FAIRE LA BANQUE NATIONALE
AUTORITÉS À METTRE UN FREIN À LEURS EFFORTS
POUR REVENIR À UN TAUX DE CHANGE DU FRANC
EN VUE D’ATTIRER DE NOUVELLES ENTREPRISES
SUISSE PLUS CONFORME À L’AUTHENTIQUE CAPA-
ÉTRANGÈRES EN SUISSE–?
CITÉ CONCURRENTIELLE DE NOTRE PAYS–?
Il est vrai qu’un certain nombre d’initiatives ont pu
créer de l’insécurité chez les investisseurs étrangers ces
dernières années. L’une des missions clés de S-GE est
justement de mener un travail d’information et de sensibilisation aux atouts de la Suisse, dans le but d’attirer sur
notre territoire des entreprises à forte création de valeurs,
et donc de créer des places de travail et de générer des
recettes fiscales. Une récente étude du SECO montre
que la promotion de la place économique n’a quasiment
pas d’impact sur l’immigration : entre 2 et 4 %, regroupement familial compris.
La Suisse reste une place forte, avec de gros avantages
face à d’autres pays. Ce n’est pas pour rien qu’elle est
considérée comme l’un des pays les plus compétitifs et
les plus innovants au monde. Nous avons d’excellentes
universités, une recherche de pointe, un droit du travail
libéral, un système de formation duale qui a fait ses
preuves, etc. Les PME sont les premières à en bénéficier.
Et, faute de ressources, elles ne songent généralement
pas à délocaliser leur production.
COMMENT EST CONSTITUÉ LE RÉSEAU DE S-GE À
L’ÉTRANGER–? QUEL EST AUJOURD’HUI LE RÔLE
DES AMBASSADES DE SUISSE EN MATIÈRE DE
PROMOTION ÉCONOMIQUE––?
Les relais de S-GE à l’étranger sont appelés Swiss
Business Hub. Ils emploient des collaborateurs locaux
et sont implantés dans une ambassade ou un consulat de
Cela dit, S-GE encourage les PME à diversifier leurs
engagements sur plusieurs marchés d’exportation afin de
rééquilibrer les conditions monétaires et conjoncturelles.
Ce n’est certes pas facile pour elles, mais les entreprises
ne veulent pas baisser les bras face au franc fort. Elles
sont toujours plus nombreuses à faire appel à nos services depuis janvier. Nos mandats de conseil ont bondi
de 15 % par rapport à la même époque l’an dernier.
La Lettre de Penthes - No 26
|9
MARCELLO
Adèle d’Affry (1836-1879),
duchesse de Castiglione Colonna
Une femme artiste entre cour et bohème
DOMAINE DE DÉCOUVERTES
CULTURE | GASTRONOMIE | NATURE
W W W. P E N T H E S .C H
du 9 mars au 4 juin 2016
ARTICLES
Entretien par
Camille Verdier
|
Beat Knoblauch,
un Suisse au Pays
des Kangourous
MONSIEUR KNOBLAUCH, NOUS VOUS VOYONS
CHAQUE ANNÉE AU CONGRÈS DE L’OSE (ORGANISATION DES SUISSES DE L’ÉTRANGER), TRÈS FIDÈLE, ET POURTANT SYDNEY EST SANS DOUTE
L’UNE DES VILLES LES PLUS ÉLOIGNÉES DE SUISSE.
VOUS Y AVEZ VOTRE SOCIÉTÉ, VOUS ÉTIEZ PRÉSIDENT DE LA SWISS AUTRALIAN CHAMBER OF COM-
MERCE AND INDUSTRY (DÉSORMAIS SWISSCHAM)
ET VOUS ÊTES UN COLLECTIONNEUR AVISÉ D’ART
CONTEMPORAIN ABORIGÈNE. COMMENT EXPLIQUER UN TEL PARCOURS––? POUR QUELLE RAISON
VOUS ÊTES-VOUS INSTALLÉ AUX ANTIPODES––?
Si je devais donner une seule raison, je dirais mon
épouse. Mais mon parcours est plus compliqué sans
doute. Je dois avouer que j’ai passé ma jeunesse comme
un Suisse de l’étranger. Je suis né en 1939 à Zurich,
mais mes parents étaient déjà établis à Alexandrie, en
Egypte. Je n’ai retrouvé la Suisse qu’en 1953 pour y faire
mon lycée à Interlaken, puis mon université à Berne.
Travaillant à Hong Kong pour une compagnie suisse,
j’ai alors croisé la route de la femme devenue mon
épouse. Elle est Australienne et travaillait pour une
compagnie aérienne. La société suisse pour laquelle je
travaillais ensuite à Téhéran m’envoya après ce mandat
en Australie, mon mariage facilitant l’obtention d’un
visa. Finalement, je me suis installé à Sydney pas seulement pour mon épouse, mais aussi grâce à elle ! C’était
en 1976. Quarante ans déjà !
ET PEU APRÈS VOUS AVEZ CRÉÉ VOTRE ENTREPRISE
LÀ-BAS. COMMENT ET POURQUOI––?
Oui, dès 1976 j’ai ouvert mon bureau de consultants
financiers sous le nom de Beat Knoblauch & Associates
(http://www.knoblauch.com.au). Je me suis rendu
compte très vite des opportunités d’être à Sydney et de
faire le lien entre les entreprises de la région Pacifique et les
sociétés européennes. Ces dernières me font confiance
pour les aider à investir en Australie, en NouvelleZélande et en Nouvelle-Calédonie, puis quand le marché s’est ouvert, en Asie, notamment en Chine et en
Asie du Sud-Est. Je dois avouer que la maîtrise de l’allemand, du français, de l’italien et de l’anglais m’ont
beaucoup aidé, autant que l’idée qu’un Suisse maîtrise
son affaire. Par ailleurs, je rentre souvent en Suisse pour
La Lettre de Penthes - No 26
| 11
| ARTICLES
voir personnellement mes clients, discuter avec eux
face à face, souvent en suisse-allemand. Cela permet
de garder avec eux un lien proche et de confiance. Et
comme mon entreprise est petite, malgré la zone
géographique qu’elle couvre, je peux m’ajuster aux
demandes particulières des clients.
LA QUALITÉ SUISSE EN MOUVEMENT EN SOMME––?
On pourrait se permettre de le dire. Et mes clients
me recommandent à d’autres et reconnaissent mon côté
suisse. « Il est Suisse, ça va aller », disent-ils.
NOUS AVONS EU NOTRE RENCONTRE DES CLUBS
AUSTRALIENNE, ET PLUS EXACTEMENT ABORIGÈNE, AUX SUISSES. POURRIEZ-VOUS NOUS PARLER DE VOTRE INTÉRÊT ET DE VOTRE COLLECTION––?
Ma première vraie collection a sans doute été celle
des vues topographiques et historiques de la ville de
Sydney que j’ai recherchées pendant vingt ans. Elle a
été publiée et exposée à plusieurs occasions. On me
demandait alors pourquoi je m’intéressais à ça alors
que j’étais Suisse. J’avais beau leur donner comme
raison que j’habitais ici, ils ne saisissaient pas. J’ai
enfin expliqué qu’en Suisse, chacun a des estampes,
des vues de la Suisse chez lui. Alors ça devient culturel
et ils ont compris.
SUISSES RÉCEMMENT ET NOUS SAVONS QUE
VOUS ÊTES INVESTI DANS LA CULTURE. VOUS
NOUS AVIEZ MIS AU COURANT DE L’EXISTENCE DE
VIGNOBLES SUISSES EN NOUVELLE-GALLES-DUSUD, À VICTORIA, EN TASMANIE ET AILLEURS. MAIS
PLUS QUE PROMOUVOIR LA CULTURE SUISSE EN
AUSTRALIE, VOUS FAITES CONNAÎTRE LA CULTURE
12 | La Lettre de Penthes - No 26
Et j’ai également fait partie de l’Association des
monuments historiques d’Australie. En plus je me suis
passionné pour un art qui, il y a trente ans, n’était pas
autant répandu : l’art contemporain aborigène. Je
m’intéresse en particulier aux artistes contemporains
des dernières trente années. J’admire l’utilisation des
ARTICLES
couleurs naturelles comme l’ocre, le jaune, le brun et le
blanc que l’on retrouve sur ces œuvres. Les toiles souvent dépeignent la terre ancestrale, vue d’une perspective « d’en haut ». Les toiles représentent fréquemment
les sentiments et l’attachement de l’artiste avec la terre.
L’être humain apparaît alors essentiellement dans les
sculptures, et souvent dans une démarche commémorative. C’est un art qui remonte probablement à
40 000 ans, plus ancien que les peintures de Lascaux.
VOUS AVEZ PU MONTRER QUELQUES PIÈCES DE
VOTRE COLLECTION EN SUISSE, N’EST-CE PAS––?
Tout à fait. En 2014 au Museo delle Culture de Lugano.
Une centaine d’œuvres, de cet art qui reste peu connu
en Suisse et en Europe, ont été exposées durant six
mois. Mon frère Andreas, qui vit en Suisse, a également
exposé quelques toiles de sa propre collection. Et je dois
remercier mes clients établis à Lugano, qui m’ont aidé à
rendre possible cette exposition grâce à leurs propres
contacts. C’est finalement encore une histoire de rencontre, de réseau et d’opportunités.
|
ET FINALEMENT, LÀ, À GENÈVE ET DURANT LE
CONGRÈS DE L’OSE, VOUS SENTEZ-VOUS TOUJOURS AUSSI SUISSE––?
Bonne question que l’on se pose au congrès de l’OSE.
Vous savez, j’ai les deux passeports, australien et suisse.
Mais au final, et je ne l’ai pas inventé, je suis 100 %
Suisse… et 100 % Australien. Mes parents étaient
Suisses de l’étranger, mais on passait les vacances en
Suisse, j’y ai fait mes études, mon service militaire. Et
si j’aime beaucoup revenir en Suisse, je crois bien que
ma place est maintenant faite à l’autre bout du monde.
Et mes clients demandent à ce que je sois là-bas ! Alors
je reste fidèle au poste, comme lorsque je viens au
Congrès de l’OSE. Et ainsi, je peux vous assurer de vous
voir l’an prochain.
La Lettre de Penthes - No 26
| 13
| ARTICLES
Un nouveau commandant
pour la Garde suisse
pontificale
Entretien par
Stéphane Sapin
En février 2015, le Lucernois Christoph Graf devenait le 35e commandant de la Garde
suisse pontificale. Avec près de trente ans de service sous trois souverains pontifes, il
répond à quelques-unes de nos questions.
COMMENT ÉVOLUE ACTUELLEMENT LE RÔLE DE
LA GARDE––?
La Garde suisse pontificale protège le successeur de
Pierre depuis plus de 500 ans. C’est donc un corps de
longue tradition, et le défi consiste à maintenir ce qu’il
y a de bon dans cette tradition sans rester cependant
figé, mais au contraire en ayant suffisamment de flexibilité pour répondre aux nécessités actuelles, notamment en matière sécuritaire. Nous devons aussi transmettre quelque chose du message de François. Cela se
traduit par une attitude accueillante et l’attention
portée aux plus faibles.
RÉUSSISSEZ-VOUS TOUJOURS À RECRUTER DE
JEUNES SUISSES POUR LA GARDE––?
Malgré le contexte actuel fortement sécularisé, je
constate avec bonheur que de jeunes Suisses sont encore
prêts à donner au moins deux ans de leur vie pour
servir le Pape. Bien sûr il n’est pas facile de trouver des
candidats qui répondent à tous les critères et l’individualisme ambiant n’aide pas, mais je crois que le message porté par l’Eglise et le pape constitue justement
une réponse pertinente pour beaucoup de jeunes.
L’ATMOSPHÈRE AU VATICAN A-T-ELLE ÉVOLUÉ
DEPUIS L’ARRIVÉE DU PAPE FRANÇOIS––?
Issu d’un contexte socioculturel assez différent de
celui de ses prédécesseurs, François force l’Eglise et
donc le Vatican à repenser certaines manières de faire
14 | La Lettre de Penthes - No 26
ARTICLES
héritées d’une époque aujourd’hui révolue et qui, dans
certains cas, vont à l’encontre du message évangélique.
Il invite chacun à plus de simplicité et de cohérence, et
cela se ressent aussi et avant tout dans son propre Etat.
|
ET DEUX AUTRES PETITES QUESTIONS D’UN ANCIEN
GARDE.
QUELLES DIFFICULTÉS IMPLIQUENT LA SURVEILLANCE DU SAINT-PÈRE À L’EXTÉRIEUR DE L’EN-
QUELLE EST L’IMAGE DE LA SUISSE DANS VOTRE
CEINTE DU VATICAN––?
PAYS DE RÉSIDENCE––?
Nous gardons un lien très fort et concret avec la
Suisse au travers des nombreux compatriotes qui
viennent nous rendre visite à Rome ainsi qu’aux
vacances que les gardes passent auprès de leur famille.
D’autre part, l’éloignement nous fait prendre
conscience du privilège que constitue le fait d’être
Suisse et de l’image de sérieux, de précision, mais aussi
d’ouverture dont jouit notre pays d’origine.
Pour nous cela a impliqué quelques ajustements de
notre dispositif, mais nous pouvons nous prévaloir
d’une bonne collaboration avec les forces de sécurité
italiennes et dans l’ensemble tout se passe sans trop de
difficultés. Il est évident que les risques augmentent
en dehors du périmètre familier du Vatican, mais
le Saint-Père en est conscient et cela fait partie de sa
volonté de contact avec le monde.
EST-CE QUE LES RISQUES D’ATTENTATS TERRO-
COMMENT VOYEZ-VOUS VOTRE RÔLE PERSONNEL
RISTES NE PÈSENT PAS COMME UNE ÉPÉE DE
EN TANT QUE «–SUISSE DE L’ÉTRANGER–»–?
DAMOCLÈS SUR L’AVENIR DE LA GARDE––?
Il me semble important de transmettre les valeurs que
j’ai citées plus haut, de représenter la Suisse telle qu’elle
est : un pays certes petit, mais aux qualités éprouvées
et appréciées bien au-delà des frontières nationales.
La situation internationale particulièrement tendue
nous force à nous repenser sans cesse afin de nous
montrer dignes de la confiance dont nous jouissons.
Notre force repose sur notre formation et notre motivation. Chaque garde jure de sacrifier sa vie, si nécessaire, pour la défense du Saint-Père.
La Lettre de Penthes - No 26
| 15
Equipements et mobiliers scolaires
Galmar, leader dans l’équipement des classes
interactives, continue à faire évoluer son offre
en intégrant des écrans tactiles dans ses solutions pédagogiques pour l’éducation et les
salles de conférences.
L’écran S-Touch, dernière génération d’écran
LED tactile multi-Touch de 84 pouces dispose
d’une résolution 4K et d’un stylet électronique
de précision.
Il s’adapte parfaitement aux standards scolaires mais également aux besoins croissants
des entreprises et institutions en matière de
communication et de formation interne.
L’écran S-Touch augmente l’attention des participants en présentant une image lumineuse et
d’une très haute résolution. Les annotations et
remarques sont faites sur l’écran à l’aide d’un
stylet actif ou directement avec vos doigts.
Testez-le sans plus attendre !
Partenaire
tions
a
s
i
n
a
g
r
O
s
e
d
es
International
GALMAR SA
Chemin de la Chatanerie 5 - 1023 Crissier - www.galmar.ch
Tél. 021 635 39 09 - Fax 021 635 39 08 - [email protected]
ARTICLES
|
Raymond
Charles Pyramus
de Candolle
(1864-1935)
Par
Christophe Vuilleumier
Raymond Charles Pyramus de Candolle, l’arrière-petit-fils
du célèbre savant Augustin Pyrame de Candolle, est né le
24 août 1864 à Walton-on-Thames, dans le Surrey, sur la
rive droite de la Tamise. Cet enfant de Genève possédait le
passeport britannique, car son père, Casimir Anne Pyramus
de Candolle, avait élu domicile en Angleterre. Une partie
de la famille de sa mère, Anna Marcet, propriétaire du
domaine de Malagny, était d’ailleurs établie à Londres1.
R
aymond de Candolle et ses trois frères allaient
donc tous naître à l’ombre de l’Union Jack. De
la fratrie, Augustin Richard Emile de Candolle
fut sans doute le représentant le plus connu puisqu’il
fut consul de Grande-Bretagne à Genève de 1912 à
1920, et un éminent scientifique2.
Devenu ingénieur, spécialisé dans la construction
ferroviaire, Raymond de Candolle occupera, à l’aube
du nouveau siècle, le poste de directeur général des
chemins de fer argentins dont une partie du réseau
avait été construit par des capitaux anglais3.
En 1914, la guerre éclate. Raymond de Candolle est
âgé de cinquante ans. Décoré de l’Imperial Service
Medal en 1902 pour son travail en Amérique du Sud4,
il incorpore l’armée britannique avec le grade de brigadier général. Ses compétences d’ingénieur autant que sa
connaissance du français l’amènent rapidement à être
nommé officier de liaison auprès du général français
Berthelot dirigeant alors le corps d’armée français en
Roumanie5. La mission prioritaire de l’officier genevois
était de conserver le réseau ferroviaire roumain opérationnel afin de garantir le transport de troupes alliées6.
Il restera un temps dans les Balkans avant d’être
muté plus loin dans l’est, auprès de l’Ataman Aleksei
Kaledine, général des armées blanches. Raymond de
Candolle, qui devait brièvement faire office de consul,
représentera ainsi la couronne britannique à Rostov,
situé à 170 kilomètres de Novocherkassk, centre politique où Kaledine avait son quartier général7 et son
Armée des volontaires.
Son affectation auprès des forces luttant contre les
révolutionnaires bolcheviques était d’autant plus importante qu’après la révolution russe d’octobre 1917, les
Cosaques avaient proclamé leur indépendance le 18
janvier 1918, en créant la République populaire du
Kouban, entraînant une profonde instabilité dans l’ensemble de la région8. Cette affirmation nationaliste
intervenait dans le cadre de la convention francoanglaise du 23 décembre 1917 qui avait divisé le sud de
la Russie en sphères d’influences anglaises et françaises,
le territoire cosaque relevant de la zone britannique. Le
but recherché par les alliés était non seulement de barrer
l’avancée allemande dont les troupes n’étaient plus très
éloignées de Rostov, mais également d’occuper les ports
russes afin d’assurer les approvisionnements militaires
La Lettre de Penthes - No 26
| 17
| ARTICLES
18 | La Lettre de Penthes - No 26
Fuite des habitants de Smyrne, 1922
ARTICLES
destinés originellement aux armées du tsar, et convoités
par de nombreuses factions. Raymond de Candolle
recevra d’ailleurs, le 31 décembre 1917, le diplomate
américain DeWitt en visite à Novocherkassk, venu
s’assurer de la situation militaire et politique à la veille
de la naissance du nouvel Etat9.
Les services de renseignement britannique allaient
en outre mettre en œuvre les plans du War Cabinet en
se servant du banquier russe Jaroszynski à Petrograd
pour noyauter des banques russes instrumentalisées
par l’Allemagne, ainsi que pour financer les forces antibolcheviques. Une banque cosaque sera notamment
créée à Rostov, dans le but d’écouler de nouvelles coupures de dix roubles fabriquées par le gouvernement
autonome cosaque10.
La situation politique et militaire dans l’ensemble de
la région à ce moment-là était ainsi spécialement explosive donnant à la mission de Raymond de Candolle
une dimension particulièrement stratégique. Rostovsur-le-Don, au centre des grands axes du sud de la
Russie, changera de mains à six reprises entre 1917 et
192011. Au bord de la mer d’Azov, perdu aux confins de
mondes aussi exotiques qu’hostiles, l’arrière-petit-fils
d’Augustin Pyrame de Candolle dans son luxueux
wagon personnel d’un train de guerre britannique et
témoin des événements dramatiques alors en cours,
Port de Smyrne, 1919
|
câblera les informations provenant de Petrograd aux
officiers de renseignement britanniques, tout en tenant
informé William Robert Robertson (1860-1933), le chef
d’état-major général de l’Empire britannique12 de l’évolution de la situation militaire dans la région du Don.
Considérés comme combattants par les bolcheviques, les membres de la mission britannique dirigée
par de Candolle devront toutefois abandonner rapidement Rostov et se replier, en pleine débâcle de l’Armée
des volontaires, sur la mer Noire dont les eaux restaient
sous le contrôle des flottes de guerre occidentales,
lorsque les forces de l’armée rouge occupent la ville à
partir du 23 février 191813. L’aide tactique anglaise et la
création de la Slavo-British Aviation Corps (S.B.A.C.)
ne permettront pas de rétablir la situation. De nombreux soldats anglais perdront d’ailleurs la vie dans
cette retraite. Plusieurs pilotes britanniques seront
crucifiés par l’armée rouge au cours de ces opérations,
une mesure plus destinée à intimider les volontaires de
Kaledine que les militaires anglais14.
Comment Raymond de Candolle terminera-t-il les
derniers mois de guerre ? Les sources restent silencieuses.
Il est probable qu’il regagna l’Europe, car son père meurt
en 1918 et sa mère ne lui survivra que d’une année. On
retrouve sa trace à Smyrne, le « Petit Paris » turc, occupé par
l’armée grecque depuis le 15 mai 1919, peu après la guerre.
La Lettre de Penthes - No 26
| 19
DOMAINE DE DÉCOUVERTES
PUB
CULTURE | GASTRONOMIE | NATURE
www.theoreme.ch
W W W. PEN T HE S .CH
“ La cuisine est un art, la restauration celui de le partager ”
Ouvert tous les jours de 9h à 17h ainsi que le mercredi,
jeudi et vendredi soir.
Domaine de Penthes - Chemin de l’Impératrice 18 - 1292 Pregny-Chambésy
Sandro Haroutunian
ARTICLES
|
Marié depuis 1920 à une Américaine, Beatrix Chapman
(1870-1942)15, il se remit à travailler comme ingénieur
ferroviaire pour le compte d’investisseurs anglais, accompagnant son épouse dans sa chasse aux antiquités.
Il n’allait pas tarder à diriger le Smyrna-Aydin
Railway, mais la guerre devait à nouveau le rattraper. En
septembre 1922, Smyrne s’écroulait sous les coups des
forces d’Atatürk. Depuis l’un des navires occidentaux
mouillant dans la rade, Raymond de Candolle assistera
le 9 septembre à l’invasion brutale de la cité, aux exactions des soudards sur les habitants dont certains chercheront refuge sans succès auprès des bateaux européens,
et à l’incendie qui éclate dans le quartier arménien le
13 septembre et qui ravage rapidement l’entier de la
ville durant près d’une semaine16. Son épouse Béatrix
quittera la Turquie pour Malte le 19 septembre à bord
du King George V, Raymond demeurant, quant à lui,
encore quelque temps à Smyrne en cherchant à négocier un accord sur sa ligne de chemin de fer avec le
général Nureddin Ìbrahim Pas‚a16.
Arrivée des Grecs à Smyrne, 1919
Rostov, 1917
Revenu en Europe, le couple de Candolle alternera ses
séjours entre l’Angleterre et Genève. En 1923, Béatrix
De Candolle donna au Musée d’art et d’histoire de
Genève (MAH) sa collection d’antiquités17.
Raymond de Candolle, après avoir été le témoin de
l’effondrement de deux villes et vécu une vie d’aventures, décédera le 25 janvier 1935, à l’âge de 71 ans, à
l’Almonds Hotel, dans le comté de Londres18.
Mes remerciements vont à Guillaume de Candolle qui a bien voulu
entamer des recherches dans ses archives familiales pour cet article.
2 « Candolle, Augustin de », Obituary, Actes de la Société Helvétique
des Sciences Naturelles 101 (1920).
3 « Major-General R. de Candolle », The Times (29 janvier 1935).
Le chemin de fer de Buenos Aires atteint Tucuman avant 1880,
Mendoza, San Juan, Salta, Catamarca avant 1890, la Rioja avant 1900.
4 British Army WWI Medal Rolls Index Cards, 1914-1920 [database on-line].
5 Christophe Vuilleumier, « Il n’y a rien à dire sur l’histoire de la Suisse
pendant la Première Guerre mondiale », Revue administrative, 396,
Paris (2013), pp. 566-574.
6 Churchill Archive, London, CHAR 16-CHAR 16/33, « Official : War
and Air: memoranda, notes, and other correspondence on Romania ».
7 « Major-Général R. de Candolle », The Times (29 janvier 1935).
8 Cet Etat éphémère devait disparaître sous le raz-de-marée de l’armée
rouge en 1920.
9 An American Diplomat in Bolshevik Russia, DeWitt Clinton Poole, (éd.)
Lorraine M. Lees et William S. Rodner, University of Wisconsin,
2015, p. 71.
10 Mikhail Istomin, Catalog of Banknotes of the Civil War in Russia,
Volume III, Southeastern region, Crimea, North Caucasus (1917-1920),
Kharkov, 2009.
1
11 Brian Murphy, Rostov in the Russian Civil War, 1917-1920: The Key
to Victory (Cass Military Studies), Routledge, 2004.
12 The National Archives London, Cabinet Office - CAB 24/3184 GT,
Cabinet Minutes and Memoranda, « Colonel Jack (Moscow) to D.M.I.,
30 Dec 1917. De Candolle to C.I.G.S., 6 Jan 1918 », [WO 32/5668, NA].
13 Les Bolcheviques devaient se maintenir dans la ville jusqu’à l’arrivée
des armées allemandes, le 8 mai 1918.
14 Lauri Kopisto, The British Intervention in South Russia,1918-1920,
Academic Dissertation, Université d’Helsinki, avril 2011, p. 118.
15 Il avait épousé l’Argentine Consuelo Porto Rey, lors de son séjour
sud-américain, mais son mariage n’avait guère duré puisque son épouse
mourut en 1904 à l’âge de 24 ans.
16 A la suite de ces victoires, l’Angleterre allait signer un armistice et
s’engager à quitter le pays. Le Traité de Lausanne, signé au Château
d’Ouchy le 24 juillet 1923, allait faire perdre à la Grèce l'ensemble de
ses gains territoriaux de 1920 au profit de la Turquie.
17 Une collection qui compte près de mille d’objets, dont près de 900
figurines en terre cuite. Chantal Courtois, Les figurines de la collection
de Candolle, Musée d'art et d'histoire de Genève, salle grecque, 2012.
18 The London Gazette (19 mars 1935).
La Lettre de Penthes - No 26
| 21
| ARTICLES
Alexius Baebler,
famous
internationally
but not as a Swiss
By
Dr Anton Bebler
University
of Ljubljana
Alexius Franziskus Baebler (1907-1981)
was born in Idria, now in Slovenia, as the
son of a chemistry professor and businessman. His grandfather Baltasar Baebler
(1855-1930), born in Matt, Glarus, joined
the wave of Swiss emigration at the age of 19,
found his first job in Laibach/Ljubljana,
settled and married in what was then
Austro-Hungary.
A
lexius completed his studies at the Sorbonne in
Paris with a doctorate in international law. When
in 1936 civil war broke out in Spain, he volunteered to defend the Spanish Republic, fought in several
battles and was commissioned as a Spanish captain.
In 1941 Alexius was among those courageous Slovenians who decided to resist the fascist aggressors
who had until then been victorious and became the
first chief of staff of the Slovenian resistance organization. At the end of the war he was promoted to the
rank of Yugoslav Major General and on May 5, 1945
became a member of the first Slovenian government.
From 1945 till 1957 he served several times as Assistant, Deputy or Acting Foreign Minister of Yugoslavia.
During the Cold War, he was well-known internationally under a somewhat different name, Aleš Bebler,
a brilliant diplomat. In 1949 he was appointed to serve
as the first Yugoslav Permanent Representative at the
Organisation of the United Nations in New York and
became the first Slovenian to sit on the Security
Council. To this day, Alexius Baebler remains the only
Swiss citizen to have served on and chaired the UN
Security Council.
Alexius' grandparents (sitting) and father
(on the left) in Idria
22 | La Lettre de Penthes - No 26
In 1956-1957 he was the Yugoslav Ambassador to
France. In 1958 he was elected to the Yugoslav Federal
Assembly and until 1961 chaired its Foreign Affairs
Committee. In 1962-1963 he went on to serve as Yugoslav Ambassador to Indonesia and in 1963 was elected
a Justice of the newly established Federal Constitutional Court of Yugoslavia. In 1965 the government of
ARTICLES
|
India appointed him to the three-member UN Arbitration Tribunal which settled a contentious part of
the Indian-Pakistani border. His last official position
was as a member for life of the consultative Council of
Federation. In the last years of his life Alexius devoted
most of his energy to the cause of fighting pollution
and protecting pristine nature.
During all this time, neither the public in Yugoslavia
nor the foreign officials he dealt with were aware that he
also held Swiss citizenship. Although a Slovene patriot
and a Yugoslav National Hero, Alexius never forgot
his Swiss roots.
Alexius received the highest decorations of Yugoslavia,
was honoured by France with a Grande Croix of the
Legion d’Honneur and was given awards, decorations
and medals by India, Ethiopia, the Holy See, Poland and
Bulgaria. Alexius died in Ljubljana of a heart attack at
the age of 74. There are today three statues erected in
his honour in public places of three Slovenian municipalities, while several squares, streets and one public
school were named after him.
At the United Nations office in New York
With US President Lyndon Johnson in
the White House
La Lettre de Penthes - No 26
| 23
| ARTICLES
Peter Rindisbacher,
peintre du Wild West
Par
Bénédict de Tscharner
24 | La Lettre de Penthes - No 26
On cite le nom du Bernois Peter Rindisbacher souvent à
côté de celui de ces autres peintres de la vie des Indiens
américains que sont le Suisse Karl Bodmer (1809-1893) ou
l’Américain George Catlin (1796-1872).
ARTICLES
|
L’
Ouest américain, pays encore sauvage, avec ses
prairies, ses forêts et ses déserts, sa population
indigène aussi et ses bisons, est le théâtre emblématique de l’aventure – récits authentiques, récits semiauthentiques, récits fictifs, mais avec un parfum
d’authenticité, récits entièrement fantaisistes… (Les
romans de l’écrivain allemand Karl May, père des héros
que sont Winnetou et d’Old Shatterhand, sont à ranger
plutôt dans ces dernières catégories.) Longtemps,
l’écrit domine le genre, mais avant que le film ne
prenne résolument le relais, le crayon et le pinceau ont
grandement contribué à donner une image fascinante
de cette aventure humaine.
Peter Rindisdbacher, né à Eggiwil le 12 avril 1806,
est le fils d’un paysan et vétérinaire du Haut-Emmental.
Fait plutôt rare, c’est un garçon qui, dès son plus jeune
âge, ne cesse de dessiner, spontanément. A l’âge de
douze ans, il accompagne le peintre paysagiste Jakob
Samuel Weibel (1771-1846) qui fait un ou deux voyages
dans les Alpes et au Tessin – les dictionnaires classent ce
dernier parmi les « petits-maîtres » bernois, avec Sigmund
Freudenberger, Gabriel Lory, Ludwig Aberli –, mais
cette rencontre ne saurait être considérée comme une
formation artistique ; le jeune Rindisbacher est essentiellement autodidacte et ses œuvres, quoique d’une
qualité indéniable et d’un style original, garderont un
petit air d’art naïf.
Il est rare que l’on trouve des indications météorologiques dans les manuels d’histoire suisse, mais l’époque
immédiatement après la fin des guerres napoléoniennes
fait exception : le climat en Europe se détériore dramatiquement, les récoltes sont mauvaises, les marchés ne
se sont pas encore remis de la guerre et du blocus continental ; la pauvreté se répand en Suisse et pousse bon
nombre d’ouvriers, d’artisans et de paysans à l’émigration. Les deux Amériques sont en tête des destinations ;
plus tard, il y aura d’autres vagues d’émigration.
En 1818, la famille Rindisbacher vend la petite ferme
familiale à Luchsmatt, près d’Eggiwil ; mais la nouvelle
ferme que le père acquiert, le Brunnmattgut à Niederwichtrach, dans la vallée de l’Aar entre Berne et Thoune
– une ferme plus grande, une maison plus confortable –
s’avère une charge trop importante au vu de la situation
économique et, deux ans plus tard, la vente devient
incontournable. L’émigration offre une issue aux difficultés que connaît la famille. Le voyage en Amérique
coûtera 157 livres ; la commune ne veut pas payer la
modeste aide à l’émigration qui est pourtant devenue
habituelle ici et là ; quelques dettes resteront impayées.
Les Rindisbacher répondent à l’incitation du capitaine Rodolphe de May de Berne, un ancien officier du
régiment de Meuron. Après la dissolution de cette unité,
suite à la guerre de 1812 contre les Etats-Unis, bon
nombre de ses anciens soldats ont fait souche au Canada,
y compris comme agriculteurs. A présent, de May agit
au nom de la Hudson Bay Company (HBC), une société
privée fondée en 1670 et spécialisée dans le commerce
de fourrures – ce sont surtout les peaux de castor qui
sont prisées –, mais aussi dans l’établissement de colons
sur des terres cultivables.
La destination des émigrés sera la colonie de Red
River, située dans une région contrôlée par la HBC au
sud du lac Winnipeg, région où bon nombre d’Ecossais,
mais aussi des « Meurons », autrement dit des anciens
La Lettre de Penthes - No 26
| 25
| ARTICLES
soldats du régiment de Meuron, se sont déjà établis ;
aujourd’hui, elle fait partie de l’Etat canadien du Manitoba. Les Suisses et les Allemands du Sud que de
May réussit à enrôler se rassemblent à Kaiseraugst près
de Bâle au printemps 1821. Après la descente du Rhin,
c’est au port de Dordrecht, dans les Pays-Bas, qu’ils
montent à bord du Lord Wellington, un voilier sous
pavillon britannique qui appartient à la HBC. Quant
au capitaine de May, qui a organisé le tout jusqu’ici, il
prend congé et restera en Europe.
Le voyage – dur pour ces passagers qui n’en ont pas
l’habitude – conduit les émigrants vers les eaux situées
entre le Groenland et le Labrador où les trois bateaux
qui sont en route vers la Hudson Bay sont rejoints par
ceux de l’amiral William Edward Perry, à la recherche
du passage du Nord-Ouest par les mers glacées de l’Arctique. C’est là que Peter peut dessiner ses premiers indigènes américains, des Inuit qui abordent les navires
venant d’Europe pour faire un peu de troc ; les vestes de
fourrure bien chaudes sont particulièrement prisées par
les passagers. Finalement, après 79 jours de traversée,
les immigrants mettent pied à terre au petit port de
26 | La Lettre de Penthes - No 26
York Factory, sur la côte ouest de la Hudson Bay, un
centre de traite de fourrures, autrement dit, la porte vers
l’intérieur du pays. Ici, Peter peut dessiner ses premiers
Indiens, une famille de Cree.
Après quelques jours de repos, les immigrants sont
placés par des guides, appelés « voyageurs », dans de
petites embarcations pour remonter les voies d’eau, le
Hayes River, puis le Hill River, qui les mèneront
jusqu’au lac Winnipeg, au sud-ouest. Ils ont dû laisser
une part importante de leurs bagages à York Factory
dans l’espoir de les récupérer ultérieurement. En route,
une modeste voile les aide à avancer parfois, surtout
pour traverser les nombreux lacs ; mais, essentiellement,
les passagers sont tenus de ramer eux-mêmes, à
contre-courant, parfois même de tirer les bateaux le
long des berges, voire de les porter pour contourner des
rapides – les fameux « portages ». Peter fait de nombreux
croquis de ce pénible trajet ; il dessine également les
animaux sauvages qu’il peut observer en route. Il faut
absolument arriver à un village avant le début de l’hiver.
Déjà, certains passagers, notamment de petits enfants,
ne survivent pas à cette épreuve.
ARTICLES
Les bateaux atteignent le grand lac vers la mioctobre ; la première station de la HBC, Norway House,
ne peut pas les accueillir ; le voyage se prolonge de
deux semaines : le froid, les tempêtes, la faim… Du
nord au sud, ce lac est long de 400 kilomètres, les rives
sont de vastes marécages. Début novembre, les bateaux
et leurs passagers – ils sont environ 160 – arrivent enfin
à l’embouchure du Red River, à la pointe sud du lac. Les
Indiens de la tribu des Ojibwa sont prêts à leur vendre
un peu de nourriture : du poisson séché, du riz sauvage ;
la viande de bison se fait rare depuis que la région est
devenue terre agricole. En remontant la rivière, le
centre de la colonie, Fort Douglas, est vite atteint.
L’accueil n’y est pas vraiment chaleureux, car là encore,
les provisions ne sont pas abondantes. La région a
souffert d’invasions de sauterelles. Néanmoins, la famille Rindisbacher trouve un toit provisoire chez d’anciens « Meurons », des Alsaciens, et Peter aura rapidement
décroché un petit boulot comme assistant au magasin
du Fort ; il peut y apprendre l’anglais, reprendre ses
dessins – et observer les tricheries du tenancier.
|
Qu’en est-il au juste de cette colonie du Red River ?
En 1811, lord Thomas Douglas, comte (5e Earl) de
Selkirk (1771-1820), un noble philanthrope écossais,
obtient de la Hudson Bay Company, dont il est d’ailleurs un important actionnaire, une vaste concession de
300 000 kilomètres carrés faisant partie du bassin versant de la grande baie. A cette époque, l’introduction
de l’élevage d’ovins en Ecosse laisse beaucoup de petits
paysans des Highlands sans revenus ; l’émigration reste
la seule issue pour beaucoup d’entre eux et la promesse
de terres gratuites faite par Selkirk s’avère irrésistible.
Les premiers Ecossais vivent à Red River à partir de
1812, les premiers Meurons à partir de 1817. Et voici
donc que des Suisses s’y ajoutent. Il faut préciser que le
père Rindisbacher, en tant qu’agriculteur, est relativement bien préparé pour affronter cette vie nouvelle ;
d’autres Suisses, artisans de tous genres, ne trouvent pas
facilement de quoi vivre ou faire vivre leur famille.
La Lettre de Penthes - No 26
| 27
| ARTICLES
La HBC se trouve en vive concurrence avec la NorthWest Company, la NWC. Ces deux puissances privées
se livrent de véritables batailles, chacune étant alliée à
diverses tribus indigènes qui leur fournissent les fourrures ! Comme l’indique son nom, la NWC travaille
plutôt dans l’arrière-pays de l’Ouest ; la concession de
lord Selkirk coupe ce territoire de Montréal sur le
Saint-Laurent, ville où la NWC a pourtant sa base. En
1818, un traité, négocié par Albert Gallatin, originaire de
Genève, ancien secrétaire au Trésor, et à ce moment-là
ambassadeur américain à Londres, attribue la partie
méridionale de la région du Red River, au sud du 49e
parallèle, aux Etats-Unis. En 1821, les deux compagnies rivales fusionnent sur ordre du gouvernement
britannique ; leurs territoires feront officiellement
partie du Canada à partir de 1870.
Le Red River se trouve dans la partie du Manitoba qui
est couverte de prairies ; aujourd’hui, de vastes champs
de blé caractérisent la région. C’est dire que, même si la
saison estivale de croissance est brève, il s’agit d’une
bonne terre agricole. En 1822 pourtant, il ne paraît
guère facile de développer ce potentiel. En tous cas, la
28 | La Lettre de Penthes - No 26
colonie connaît de fréquentes périodes de famine. Et puis,
des Indiens Sioux et Dakota, et parfois même les Ojibwa,
pourtant alliés des colons, menacent les Européens.
Certains des nouveaux arrivants repartent rapidement en
direction des Etats-Unis, et ce malgré les dangers d’un tel
déplacement ; les Rindisbacher, satisfaits de leurs premières récoltes, restent pour l’instant : en bons Bernois,
ils ne prennent pas de décision dans la précipitation.
Et puis, le nouveau gouverneur offre à Peter le poste
– non rémunéré, mais fort honorable – de peintre officiel
de la colonie ! Le garçon, qui a seize ans, travaille comme
un obsédé, en partie en copiant et en améliorant les
esquisses qu’il a faites en route. Des colons passent des
ordres ; des dessins et aquarelles partent pour l’Europe
comme illustrations de leurs lettres. Certains seront
copiés en gravures et vendus en Europe. L’artiste en
herbe gagne même quelques sous. Le sujet qui le passionne le plus, ce sont les Indiens. Avec deux métis, il
vit avec les Ojibwa pendant plusieurs semaines et participe à de dramatiques chasses aux bisons. C’est ainsi
que naissent des témoignages ethnographiques de
grande valeur.
ARTICLES
L’hiver 1825/26 apporte des précipitations en surabondance ; au printemps, quand la neige fond à partir
du sud, une crue exceptionnelle du Red River emporte
à la fois les fermettes sur les rives de la rivière et la terre
que les colons ont cultivée depuis leur arrivée. (Les
Etats de Winnipeg, du Minnesota et du Dakota du
Nord connaîtront bien d’autres inondations dans le
plat bassin du Red River ; ainsi celle de 1997 a été
appelée « la crue du siècle » !) C’en est trop ; fin juin,
plus de 200 Suisses, Ecossais, Meurons et quelques
métis quittent les lieux, en direction du sud, formant
un long cortège avec leurs chariots primitifs, lourdement chargés. Malgré des rencontres critiques avec les
Dakota, la caravane traverse l’immense prairie, sans
chemins ni pistes, qui s’étend de part et d’autre du
haut Red River avec ses innombrables boucles pour
arriver finalement, au bout d’un voyage de quelque
700 kilomètres, dans le bassin versant du Mississippi,
qui fait à présent partie des Etats-Unis. Ils s’arrêtent à
Fort Saint-Anthony (plus tard appelé Fort Snelling,
aujourd’hui dans la métropole de MinneapolisSaint-Paul). A partir de ce point, la famille bernoise
finit son périple en empruntant un bateau à vapeur
sur le Mississippi jusqu’au Fever River (près de la ville
actuelle de Dubuque) où les trois hommes de la famille
travailleront quelque temps dans une fonderie de
plomb avant de gagner un endroit du nom de Gratiot’s
Grove, un peu plus à l’est, proche de la frontière du
Wisconsin avec l’Illinois, où une nouvelle ferme
Rindisbacher verra le jour.
Deux ans plus tard, Peter, âgé de vingt-trois ans, quitte
ses parents pour se rendre à Saint-Louis. Cette ville sur le
Ol’Man River est alors le principal lieu de passage et de
contact entre le monde dit civilisé de l’Est et l’Ouest sauvage. Une admiratrice, Mrs Sarah Beebe, aide le jeune
artiste suisse à s’y installer ; mais rapidement, celui-ci est
attiré par la nouvelle d’une négociation qui doit avoir lieu
entre les autorités américaines et des tribus d’Indiens à
Prairie-du-Chien, en amont sur le Mississippi – encore une
occasion pour dessiner des Indiens ! Puis, le Suisse ouvre
un petit atelier à Saint-Louis. Les clients sont assez nombreux, sans que l’on puisse affirmer que Peter Rindisbacher
|
soit devenu un artiste célèbre. Parmi les visiteurs, en
1833, on note le peintre suisse Karl Bodmer, en voyage
à travers les Etats-Unis en compagnie du prince Maximilian Alexander Philipp zu Wied-Neuwied, un ethnologue, naturaliste et collectionneur allemand.
On en sait beaucoup sur la vie du jeune Bernois,
mais pas tout. Son décès, le 12 ou le 13 août 1834, ne
trouve pas d’explication ; certains évoquent le choléra qui
aurait sévi à l’époque. La plus importante collection de
ses œuvres est celle qu’un officier américain du nom de
Major Hughes a constituée et qui se trouve à l’Académie
militaire de West Point (New York) ; d’autres sont
conservées dans les Archives du Canada à Ottawa et
au remarquable Musée Gilcrease à Tulsa (Oklahoma).
BIBLIOGRAPHIE–:
E.H. BOVAY
Le Canada et les Suisses, 1604-1974
Editions universitaires, Fribourg, 1976
GUY DE MEURON
Le Régiment de Meuron, 1781-1816
Editions d’En Bas, 1982
FRED LINDEGGER
Bruder des roten Mannes
Das abenteuerliche Leben und einmalige Werk des
Indianermalers Peter Rindisbacher (1806-1834)
Aare Verlag, Solothurn, 1983
OTTO LÜTHI, JOSEF BUNTSCHU
Peter Rindisbacher. 1806-1834. Indianermaler
Museum Schloss Münsingen, 2007
ANTOINE DE COURTEN
The Swiss Emigration to the Red River Settlement in 1821 and its Subsequent Exodus to the
United States
Illustrations : reproductions de dessins de Peter Rindisbacher
Commandes : [email protected], Rolle VD,
2014
La Lettre de Penthes - No 26
| 29
| ARTICLES
Les Suisses de
Franche-Comté d’hier
à aujourd’hui
Stéphane Kronenberger
Spécialiste de l’immigration
suisse en France,
Post-doctorant à Aix
Marseille Université
En 2015, un cinquième des Suisses immatriculés au sein de l’arrondissement consulaire de Lyon1 résident dans l’un des quatre départements
comtois (Territoire de Belfort, Haute-Saône, Doubs ou Jura), soit 21 500
personnes sur un total de 104 000. Parmi ces ressortissants helvètes se
trouvent de nombreux binationaux, dont la famille est établie outre Jura
depuis parfois plus d’un siècle. L’histoire des migrations entre la Confédération et sa voisine comtoise s’inscrit, en effet, dans la longue durée, tout
en étant marquée du sceau de la diversité.
O
n remonte généralement au repeuplement de
la Franche-Comté par les paysans fribourgeois à la suite de la funeste guerre de Dix
Ans (1634-1644), épisode local de la guerre de Trente
Ans (1618-1648). Mais il ne faut pas oublier les
anabaptistes bernois invités à s’installer dans le Pays
de Montbéliard par le prince Léopold-Eberhardt de
Wurtemberg dès le début du XVIIIe siècle. Une autre
migration agricole a également eu une vitalité et une
longévité exceptionnelle, celle des fromagers helvètes,
natifs principalement de la Gruyère et de l’Emmental,
venus apporter leurs compétences et leur force de travail
aux coopératives laitières (appelées fruitières) ou aux
autres établissements des départements du Jura, du
Doubs, et de la Haute-Saône.
Un fromager suisse émigré
en Franche-Comté dans son
costume d’armailli.
30 | La Lettre de Penthes - No 26
L’apport de main-d’œuvre industrielle suisse à la
Franche-Comté est indissociable de l’activité horlogère, anciennement implantée de part et d’autre de la
montagne jurassienne, avec d’ailleurs une forte complémentarité entre les bassins industriels situés à l’extrême
frontière. En pleine tourmente révolutionnaire, Besançon a aussi bénéficié de l’exil forcé du Genevois Laurent
Mégevand et de ses compagnons, qui y ont implanté
l’horlogerie, permettant, par la suite, à la ville de devenir
la capitale française de la montre durant de nombreuses décennies.
ARTICLES
|
Chocolaterie Klaus possédant des usines au Locle
(canton de Neuchâtel) et à Morteau (Doubs).
A la fin du XIXe siècle, des entreprises helvètes, appartenant à des secteurs d’activité aussi divers que le textile
(bonneterie), la métallurgie, l’industrie agroalimentaire (chocolat et alcool) ou la fabrication d’objets en
bois courbé, choisissent la Franche-Comté pour y créer
des succursales, et ainsi sécuriser leur accès au marché
français. Ce débouché, vital pour leurs exportations,
est, en effet, de plus en plus protégé par des barrières
douanières. Parallèlement, des usines comtoises, comme
Peugeot, Japy ou la Société alsacienne de constructions
mécaniques (ancêtre d’Alsthom), recrutent de la maind’œuvre suisse. Du simple ouvrier-paysan venu de l’Ajoie
toute proche, à l’ingénieur biennois ou zurichois, ils
concourent tous au développement industriel d’une
région, qui, malgré les crises, est encore aujourd’hui
fortement marquée par le secteur secondaire.
Par ailleurs sont implantés au cœur des villes et villages de Franche-Comté des artisans et commerçants
helvètes, dont la présence est trop souvent passée sous
silence. Pourtant de nombreux cafés et hôtels sont par
exemple tenus, dès le dernier tiers du XIXe siècle, par
des natifs de la Confédération, sans oublier l’arrivée
significative, dans le même temps, des maçons ou
peintres tessinois.
La part féminine de cette migration est enfin représentée par des actives, telles les bonnes ou préceptrices, au
service de riches familles comtoises, ainsi que les ouvrières
travaillant pour un faible gain dans les usines. En outre, les
épouses, indiquées comme inactives sur les recensements
de population successifs, aident en fait souvent au quotidien leurs maris, par exemple en tenant boutique.
1 Il regroupe les régions Rhône-Alpes, Auvergne, Limousin, Bourgogne
et Franche-Comté.
Un Tessinois à la tête d’une petite affaire
artisanale en Haute-Saône.
La Lettre de Penthes - No 26
| 31
HÔTEL DRAKE LONGCHAMP
& Résidence Genève
Confort, Calme, Rive Droite,
Situation exceptionnelle près du lac
Partenaire des Organisations Internationales à Genève
Hôtel DRAKE LONGCHAMP
Rue Butini 7 - 1202 Genève - Rive droite
Tél. 022 716 48 48 - Fax 022 738 00 07
Site: www.hdlge.ch - E-mail: [email protected]
Petit déjeuner - Parking - Lounge – Bar à vin
Toutes les chambres sont équipées d’une petite cuisine.
RENTIMO SA
IMMOBILIER - HÔTELS MANAGEMENT
Genève
Location d’appartements, studios et villas meublés
Rue Butini 7 - 1202 Genève - Tél. 022 731 53 40 - Fax 022 731 21 36 - E-mail: [email protected]
HÔTEL SAGITTA
& Résidence Genève
Confort, Calme, Rive Gauche,
Situation exceptionnelle près du lac
Partenaire des Organisations Internationales à Genève
Hôtel SAGITTA
Rue de la flèche 6 - 1207 Genève -Rive gauche
Tél. 022 786 33 61 - Fax 022 849 81 10
Site: www.hotelsagitta.ch - E-mail: [email protected]
Hôtel entièrement climatisé - 42 studios - Chambres junior
Suites et appartements - Petit déjeuner - Parking - Coiffeur
Wifi gratuit & toutes les chambres sont équipées d’une petite cuisine
RENTIMO SA
IMMOBILIER - HÔTELS MANAGEMENT
Genève
Location d’appartements, studios et villas meublés
Rue Butini 7 - 1202 Genève - Tél. 022 731 53 40 - Fax 022 731 21 36 - E-mail: [email protected]
| REVUE LITTÉRAIRE
Livres à lire
La Suisse romande
La Suisse ailleurs
GEORGES ANDREY – FRANÇOIS CHERIX –
ALEXANDRE PAPAUX – JEAN-PIERRE VILLARD
La Suisse romande, quatre regards
Préface de Joëlle KUNTZ
Editions Slatkine, Genève, 2015
Inauguration de la Maison suisse à Baradero,
Argentine, le 12 novembre 1899
Combien d’habitants compte la Suisse romande en
1900 et en 2000 ?
Est-il vrai qu’en 1900 La Chaux-de-Fonds était presque
aussi peuplée que Lausanne ?
Le nombre de cantons romands varie-t-il entre les deux
dates ?
Savez-vous qu’une association propose la création d’un
grand canton de l’Arc jurassien ?
Connaissez-vous l’histoire du premier projet de fusion
de deux cantons de l’Arc lémanique ?
Quels sont les scénarios régionaux pour demain ?
Selon vous, les cantons romands ont-ils une politique
linguistique ?
Si oui, quelle est-elle ?
Savez-vous combien de concordats romands sont en
vigueur aujourd’hui, et dans quels domaines ?
L
e livre grand public que voici est inédit, car il répond à toutes ces questions et à bien d’autres. Les
éclairages fournis par quatre auteurs spécialistes vous
permettront d’apprécier le dynamisme qui anime la
Suisse romande, ainsi que son extraordinaire évolution, gage d’un avenir prometteur. Bonne lecture !
34 | La Lettre de Penthes - No 26
BRIGITTE STUDER, CAROLINE ARNI, WALTER
LEIMGRUBER, JON MATHIEU,
Laurent TISSOT (éditeurs)
Die Schweiz anderswo. AuslandschweizerInnen
– SchweizerInnen im Ausland
La Suisse ailleurs. Les Suisses de l’étranger –
Les Suisses à l‘étranger
Schweizerisches Jahrbuch für Wirtschafts- und
Sozialgeschichte, Bd. 29, 29. Jahrg. /
Annuaire suisse d’histoire économique et sociale,
vol 29, 29e année (actes de la Journée annuelle 2013)
Chronos Verlag, Zürich, 2015
Parmi les auteurs–:
Brigitte Studer (introduction), Leo Schelbert,
Marco Schnyder, Mathieu Humbert, Georg Kreis
P
lus 732 000 citoyennes et citoyens suisses vivent
actuellement à l’étranger, soit plus d’une personne
sur dix titulaires du passeport helvétique. Les contributions rassemblées interrogent dans quelle mesure les
« Suisses de l’étranger » – désignés ainsi à partir du
XXe siècle seulement – ont servi de relais pour le commerce extérieur, ainsi que dans quelle mesure leurs
réseaux de communication ont contribué aux transferts culturels et favorisé des formes d’échange du savoir ou, à l’inverse, quels sont les apports des (anciens)
Suisses de l’étranger dans les domaines de l’économie,
de la science, de la politique sociale et de la culture lors
de leur retour en Suisse.
REVUE LITTÉRAIRE
Les contributions portent également sur la construction
historique de la population en tant que nouvelle catégorie
politique. La question de savoir à travers quelles politiques
et mesures l’autorité, les pouvoirs publics, l’Etat et l’administration ont constitué et consolidé leur propre population et, suivant les cas, l’ont étendu au-delà des
frontières (nationales) existantes concerne autant
l’époque contemporaine que les périodes antérieures.
Demain la Suisse
Dans ce livre-entretien, Tim Guldimann aborde les
thèmes les plus controversés de la politique intérieure et
extérieure suisse : le refus d’admettre que nous sommes
un pays d’immigration, le dilemme européen entre un
bilatéralisme discriminant et une adhésion pour l’instant irréaliste, une politique étrangère entravée par le
dogme de la neutralité, la démocratie directe et l’idéologie de la souveraineté illimitée du peuple, le déclin du
plurilinguisme par le mépris alémanique des langues
nationales, etc. Citoyen engagé et homme de gauche, il
revendique une totale liberté d’opinion et son appartenance à la mouvance sociale-libérale.
TIM GULDIMANN, CHRISTOPH REICHMUTH,
JOSÉ RIBEAUD
Dialogue avec Tim Guldimann diplomate et citoyen
Editions Alphil, Neuchâtel, 2015
L’Ours bleu
P
ETIENNE DELESSERT
L’Ours bleu.
Mémoires d’un créateur d’images
Editions Slatkine, Genève, 2015
endant un quart de siècle, Tim Guldimann est
intervenu dans des conflits à l’étranger en qualité
de médiateur et d’ambassadeur. Au moment de quitter la carrière diplomatique, il dresse un bilan sans
complaisance de ses expériences et il analyse sans fard
les défis auxquels notre pays est confronté.
Diplomate atypique, Tim Guldimann joua un rôle de
négociateur pendant la guerre de Tchétchénie entre indépendantistes et prorusses. En Croatie, puis au Kosovo,
il assuma des mandats délicats pour le compte de l’OSCE
et de l’ONU. En 2014, au plus fort de la crise ukrainienne, il assista le conseiller fédéral Didier Burkhalter,
président en exercice de l’OSCE, pour nouer le dialogue entre le Kremlin et les autorités de Kiev. En poste
pendant cinq ans à Téhéran, il fut chargé de la défense
des intérêts américains en Iran. Il est un observateur
privilégié de la scène proche-orientale. Finalement, de
2010 à 2015, il a représenté la Suisse en Allemagne.
|
E
tienne Delessert est de ceux qui ont porté l’image
au cœur des plus grands journaux et magazines
mêlant l’intelligence et l’émotion, qui interroge notre
époque avec ses ombres et sa lumière.
Peintre, maître de la couleur, il sait changer d’humeur, créer le portrait délicat des paysages qu’il aime,
mais aussi percer la surface des visages. Avec un sens
aigu de la métaphore visuelle, celle qui traverse le temps
tout en parlant d’aujourd’hui.
Auteur et illustrateur de plus de quatre-vingts livres lus
par des millions d’enfants, il a su capter leurs perceptions
instinctives, parfois sauvages. Raconter des histoires de
rire, de larmes et de survie. Dessiner leurs rêves.
La Lettre de Penthes - No 26
| 35
| REVUE LITTÉRAIRE
En ces pages, Etienne Delessert déroule les fils d’une
vie aussi colorée et prenante que ses œuvres. Voici un
demi-siècle de somptueux art graphique, de rencontres
amicales et de collaborations avec Jean Piaget, Eugène
Ionesco, les Gallimard, les grands Américains comme
Herb Lubalin, les grands Français comme André François
ou Alain Le Foll – et l’analyse sans concession des changements profonds qui ont marqué l’édition et les médias.
Voici enfin un homme, ses amours, ses colères, ses
drames et ses bonheurs de vivre, une présence européenne dans les rues de New York, trente ans de vie
dans les collines de la Nouvelle-Angleterre, dans le
grand atelier entouré d’arbres centenaires, au cœur
d’une campagne visitée parfois par des ours que l’on
aimerait toucher de la main.
La Suisse
et la grande guerre
SOUS LA DIRECTION
DE CHRISTOPHE VUILLEUMIER
La Suisse et la guerre de 1914-1918
Société d'Histoire de la Suisse romande
Editions de Penthes, Genève 2015
L
e centenaire du déclenchement de la Première
Guerre mondiale a été l’occasion pour la Suisse de
revenir sur cette période qui, durant des décennies, n’a
guère suscité l’intérêt des chercheurs, jusqu’à ces
dernières années. Peut-être fallait-il digérer l’épisode
douloureux pour la fierté nationale de la publication, à
la fin des années 90, des conclusions du « rapport Bergier »
sur l’attitude de la Suisse pendant la Deuxième Guerre
mondiale, avant d’aborder l’autre guerre, celle des poilus
36 | La Lettre de Penthes - No 26
français et des Landsers prussiens, des trains de réfugiés
sillonnant le pays en tous sens et des dragons montant
la garde aux frontières.
Le colloque international, tenu du 10 au 12 septembre 2014 au sein du château de Penthes à Genève,
en présence de nombreuses personnalités officielles, a
vu se succéder plusieurs dizaines de conférences sur des
sujets parfois inédits et réunis dans cet ouvrage. Sont
abordés ainsi la scission linguistique de la Suisse, la propagande des pays en guerre, le rôle de l’armée suisse, la
présence des révolutionnaires sur le territoire, l’action
du CICR bien évidemment et les blessés accueillis dans
les cantons, mais également les Suisses engagés dans les
armées étrangères, le rapatriement de 500 000 réfugiés
français de Bâle à Genève, ignorés des historiens jusqu’il
y a peu de temps, les évolutions des partis politiques ou
les plans suisses d’invasion de l’Italie du Nord. La Première Guerre mondiale influencera le destin de la
Suisse de manière durable et entraînera l’établissement
sur son territoire de la Société des Nations, dont l’Organisation des Nations Unies prendra le relais en 1945.
Histoire suisse –
Mythes et réalités
THOMAS MAISSEN
Schweizer Heldengeschichten – und was
dahinter steckt
Hier und Jetzt Verlag, Baden, 2e édition, 2015
L
’auteur de ce remarquable essai historique a été
professeur d’histoire à l’Université de Heidelberg
de 2004 à 2013 et occupe actuellement le poste de
directeur de l’Institut historique allemand à Paris. Il est
REVUE LITTÉRAIRE
l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire suisse, dont
une Histoire de la NZZ (2005), une Histoire de la
Suisse (2010) et une Histoire suisse en images (2012).
Guillaume Tell, le Grütli, les batailles de Morgarten
et de Marignan, les « juges étrangers », la « neutralité
perpétuelle », le « Sonderfall »… les mythes nous ouvrent
l’accès à l’histoire et expriment nos certitudes ou, du
moins, notre soif de certitudes. En même temps, ils forment un vaste champ pour des simplifications et des
semi-vérités qui se prêtent (trop) facilement comme des
armes dans les combats politiques de nos jours ; ou disons-le plus directement : ils sont de plus en plus utilisés
par l’ambitieuse frange nationale-conservatrice suisse
dans sa lutte pour des voix et des suffrages, donc dans
sa quête du pouvoir ; il s’agit le plus souvent aussi d’un
moyen pour combattre ou ridiculiser des tendances internationalistes ou pro-européennes qu’ils soupçonnent
d’être à l’œuvre un peu partout dans notre pays…
Or, le livre de Thomas Maissen ne constitue en rien
une contre-attaque dans un duel polémique ; l’auteur
essaie tout simplement d’expliquer, soigneusement et
sérieusement, ce qu’il en a été au juste, les circonstances
et les détails historiques que nous avons tendance à
ignorer ou à oublier. Il fait là œuvre salutaire, car il est
à craindre que, laissé à ces seuls thuriféraires d’une
Suisse héroïque qui n’a jamais existé, le peuple se
contente finalement d’une histoire rassurante, certes,
mais aussi dangereuse dans son approche des réalités
d’aujourd’hui.
|
Trente-trois généraux
suisses…
ALAIN PIGEARD
Les Généraux suisses, de Napoléon Ier
et de la Révolution française
Préface d’Alain-Jacques TORNARE
Editions Cabédita, Bière, 2015
L
a Suisse, à l’image de l’Allemagne, fut le pays qui
donna le plus de généraux à la Révolution française
et à l’Empire de Napoléon Ier. S’ils furent trente-trois
à entrer au service de la grande nation voisine, jamais
une recension complète ne leur fut cependant pleinement consacrée. C’est à cela que l’auteur s’est attelé à
partir de sources historiques de première main puisées
entre autres aux Archives nationales de Vincennes ou
encore à celles de la Légion d’honneur.
Chaque général est présenté au sein d’une fiche particulièrement complète comportant souvent des anecdotes, des informations inédites et leur autographe.
Cet ouvrage est préfacé par Alain-Jacques Tornare,
historien et écrivain, spécialiste de la Révolution et des
Suisses au service de l’étranger.
P.S. Cette étude en forme d’un petit lexique biographique reprend les trois interventions d’Alain Pigeard,
président du Souvenir napoléonien, en 2014, lors du colloque organisé annuellement à Morges par cette association
en collaboration avec les Editions Cabédita.
La Lettre de Penthes - No 26
| 37
Aquarelles de Daniel LANOUX - Textes de Anselm ZURFLUH
Préface de Daniel BERNARD
U
A
E
V
NOU
Suite au succès
des coffrets luxe de bibliophilie :
« J’aime la Suisse » !
Nous vous proposons la version livre,
un ouvrage d’art et d’histoire :
Histoire de la Suisse, Serment du Grütli en 4 langues,
une carte de la Suisse, 26 cantons, 26 aquarelles,
26 histoires, 26 vignettes explicatives en 4 langues,
+ Bonus : Les Suisses dans le monde, 2 aquarelles, 2 pages d’histoire.
Editeurs
CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES :
• Format 297 x 240 mm à l’italienne
• Impression 4 couleurs
• Nombres de pages : 128
• Papier couché 170 g/m2
• Prix de vente : CHF 34,90.-
Un ouvrage de plus sur la Suisse, allez-vous me dire ?
Non !
Dans ce livre nous découvrons ou redécouvrons les 26 cantons et leurs
capitales, leurs histoires, les femmes et les hommes qui ont façonné ce pays
aux multiples facettes, les chiffres clés et tout cela agrémenté d’aquarelles
représentant la diversité des paysages de cette Suisse que nous aimons tant !
Ce livre s’adresse à toutes et à tous.
Nous vous souhaitons une bonne lecture et un bon voyage !
Vaud :
Les écrivains, Voltaire, Nabokov, Bergson,
Byron, Hemingway comme les compositeurs,
Stravinsky, Tchaïkovski, l’anarchiste français
Elisée Reclus mais aussi les acteurs, Chaplin,
Hepburn, Ustinov, le chorégraphe Maurice
Béjart ont vécu dans le canton de Vaud et,
pour un certain nombre d’entre eux, y sont
même enterrés.
Extraits : Anecdote du canton d’Uri
L’export de fromage - seul produit laitier qui
se conserve longuement et qui peut se vendre,
comme chaque produit de qualité - au prix
fort dans les capitales de l’Europe. Ainsi, à
Versailles, Louis XIV (Le Roi Soleil) attendait
son fromage spécialement fabriqué pour lui à
Urseren.
L
NZEL
APPEODESRES
RH RIEU
L
NZEL
INTÉ
APPEODESRES
RH RIEU
EXTÉ
LL
GA
TSAIN
VIE
ZOUG
GO
THUR
USE
FFHO
SCHA
VIE
ILLE
LE-V
BÂ
Lac
de
tance
Cons
ld
uenfe
ouse
Fra
ffh
Scha
ont
re
lém
De
Soleu
h
Züric
rau
Aa
l
sta
Lie
Lac
de ach
Semp
ug
Zo
Lac
de
Zoug
rne
Luce
Aar
Lac
des re
Quatons
Cant
E
e
enèv
1 G ra
el
2 Ju euchât
3 N aud
4 V ibourg
5 Fr erne
e
6 B âle-Vill pagne
7 B âle-Cam
8 B alais
9 V cerne
Lu
in
10
ss
Te
11
ich
Zur e
ur
12
Sole
13
Lac
de
hâtel
Neuc
Lac
de z
Brien
Lac
de t
Mora
bourg
S
Rhô
ne
e
zon
llin
Lac ur
Maje
Be
GR
à l’équip
ipé :
Ont partic
nne
Lausa
Lac
de
Joux
Lac
de no
Luga
Lac n
Léma
RG
OU
FRIB
I
UR
n
Sio
IN
ne
Uri ytz
14
Schw ald
15
Obw ald
16
w
Nid s
s
17
eure
Glari
téri
s
18
Zoug ffhouse hodes-Ex térieure
19
Scha zell R hodes-In
en
20
App zell R
en
21
App Gall
t22
Sain ns
23
Griso vie
24
o
Arg ovie
rg
25
Thu
26
ents
ciem
Remeer
éditoriale
ISON
Lac
de ne
Thou
Fri
Lac
de
la ère
Gruy
E
Rhô
Car
Be
tel
uchâ
Ne
TEL
BERN
Sarine
26
Les te de la S
Co
Gla
dorf
Alt
Sarne
rne
E
: www.lycee-p
areto.
nche
en roma
scha),
Traduction
he : Lia Rumant
he (en Romanc
lle suisse.
ique et culture
La Ligue romanc
ation linguist
est une organis
ntscha
Lia Ruma
translaziuns
servetsch da
OB
RN
LUCE
Z
italien
enYT
Traduction
HWNIHIL
SCppe
Giuse
15
Lycée Pareto
e (Suisse)
Mies – Aubonn
ch
Lausanne –
Site web
TESS
D
WAL
nève
Ge
ALD
NIDW
sillonne,
aquarelliste, années.
sculpteur
euses
UX, peintre
de nombr
talise
Daniel LANO , les Alpes depuis gnes, il les immor et de
Suisse
monta
néité
survole la amoureux de nos
que de sponta
uites,
et
lle, techni
été reprod sont
Imprégné
e de l ’ aquare
œuvres ont
aphies
par la maîtris s ’ il en est. Ses
. Des lithogr Etats-Unis.
les
en France
raison, difficile
Suisse et
depuis
pays dont
éditées en
nombreux sionnel, il réalise
dans de
et illustre
es
profes
alpins
teur
diffusé
et illustra domaine des sports e de plasticien
le
Plasticien
carrièr
on
surtout dans son « truc » ! Sa
de Créati
eur
’ affiches
est
d
’
Direct
c
e
de
nombr
création
patibles.
son métier
longtemps
tures. La
ent incom
ation avec
et couver
-Arts, son
rs en corrél
des guides
les mais nullem e aux Beaux
tion
toujou
parallè
passag
depuis
et illustra
deux routes indéniable, son
chemine
te,
n graphique
publicité),
er, c ’ est
en créatio
pour l ’ anecdo s
(agence de
sait dessin années d ’ études
murale
. Il faut dire
ries
solides
L ’ artiste
tapisse
quatre
bases
ce sont les exprimer son art
sont des
reçu après
diplôme
école US, était tout petit et
t pour
n ’ es
dans une
il
r suppor
t quand tu
quand
s
premie
artistique
surtou
de
(et
tombé dedan qui lui servirent
nous tiens
qu ’ il est
n quand tu
familiale
de la maison l ’ âge de 6 ans... vocatio aux...).
parent
naissant dès par des préjugés
riée
pas contra
:
Annecy-
ire
ris
ytz
Schw
canton
ce petit
n d ’ Uri,
est citoye Guillaume Tell, étroite
QuatreZURFLUH
patrie de
Anselm
au lac des
alémanique,
t au nord,
.
de la Suisse gnarde qui abouti
Saint-Gothard en histoire et
vallée montaau sud, au col du
de Nice
dans la
et
l ’ Université
tion alpine
Cantons,
études à
raphie
Une popula
Il a fait ses
sujets : «
e siècles, démogisolat »
ogie sur les XVIIe et XVIII
d ’ un «
en ethnol
historique : cohérence
n, Uri aux
ethnodératio
e
Confé
- Suisse
« Analys
ique, Uri
avec une
lités » et
et menta monde alpin aléman
e ses études Histoire
ale,
». Il termin
ulturel du
l traditionnel ale, Histoire région , recherche
ue et socioc
société
démographiq d ’ un modèle cultureHistoire nation
tion entre
ique
selle,
et dynam
re univer
sur l ’ interac
sité
ues
Histoi
«
Univer
nt à l ’
habilitation propos épistémologiq
990), assista eur spécialisé
eln (1981-1
personnelle, individu ».
r
, cherch
d ’ Einsied
et
à Zurich
du recteu
historique professeur au lycée du Thesis Verlag
personnel
s et
r
conseiller
de Penthe
Il a été
eur et éditeuau XVIIe siècle et pour les Editions
n, fondat
tions
éditeur
d ’ Avigno
.
e des civilisa
depuis 2002 s dans le Monde
sur l ’ histoir de Nice. Il est
des Suisse
mie
de l ’ Acadé l ’ Institut et du Musée
ogie.
ethnol
de
ur en
directeur
e - Docte
en histoir
Docteur
ns
Sta
HÂ
e
uiss
Wale
n
Lac
de ne
Bien
NEUC
IS
GLAR
Lac
t
de
nstad
Lac
de h
Zuric
Lac
de il
Hallw
LEUR
ses
penze
Ap
Aar
le
Bâ
SO
suis
CH
ZÜRI
ll
risau
He
JURA
ons
cant
ll
Ga
St-
Rhin
GO
AR
LEBÂ AGNE
MP
CA
47
Via da la Plessur
Chascha postala
CH-7001 Cuira
IS
VALA
VAUD
telefon +41
NÈVE
75
(0)81 920 80
258 32 23
(0)81
telefax +41
antsch.ch
aziuns@rum
antscha.ch
E-mail: transl
www.liarum
Site web:
GE
Rédaction
Société
en franç
ais et allem
d ’ Editio
Générale
and
n et de Diffus
1023 CRISSIER
publication
Directeur de
ARD
ion
ROCH
Philippe
ulture.ch
: www.art-et-c
ulture.ch
Site web
info@art-et-c
E-mail :
: Daniel LANOUX
mise en page
maquette et
e, Illustrations,
n
liste et écrivaienfance en Inde où
il
ARD journa
de son
pour 5 ans,
Daniel BERN passé une partie
en poste
ayant
sionnelle
fut muté
Né à Paris,
à l ’ OMS,
Sa vie profes et qu ’ il
médecin
demi-siècle.
à Paris,
son père,
e depuis un
’ il étudie
dans un
cinéma qu cien des couleurs
réside à Genèv
des
avec le
commence Suisse, comme technià lui la responsabilité
en
70 : Michel
drainant
pratique
des années
renommé,
laboratoire des cinéastes suissesJean-Luc Godard.
et
gagne-pain
Yersin
un
productions
était
r, Yves
cadre
Francis Reusse de long-métrage œuvrant dans le , le
en
Koralnik,
couleurs
entre autres
y retoucher
Soutter, Pierre
nage des
brossant,
tion. Il va
filmé sera
Mais l ’ étalon
n ? La réalisa publique genevoise,
portrait
nne. Ce
: sa passio
à son propre
l ’ instruction
providentiel
André Chava
t
se lancer
fameux :
tement de
décide à
s, qui suiven
ce qui le
du Dépar
ller d ’ Etat
et ses parentâge de 13 ans,
d ’ un consei nationale en 1986,
ingénieur,
à l’
portrait
de la
avec un ami premier film 8 mm
la télévision
race SA,
diffusé sur
avant le séjour
son
créant Videot qui avait tourné 1958 par son père, réalisateur, il rédige
compte,
fils
e
en
iques
ité de leur -Bolex achetée
ges, comm
és numér
-métra
la créativ
procéd
les
courts
Paillard
a
avec
200
Léman bleu
avec la camér Il filme plus de assure le montage, à la création de
’ en
Inde.
ans, jusqu
est associé
caméra et
famille en
t quatre
il tient la
écoulé. Il
pendan
est
ios,
a
’
s
iècle
des scénar
qu ’ il diriger
son
’ hui. Un demi-s
genevoise,
e.
univers de
d’aujourd
ion locale
ons à l ’ antenn le monde du livre, lisme littéraire
la télévis
t des émissi
e et
en 1996,
journa
et
en animan ’ attirent : l ’ écritur pratique alors le
management
2003, tout
(Ecole de
univers l
d Colin. Il
chez Arman depuis 1987 à l ’ ESM
Puis d ’ autres
t
,
maternel,
un concep
son métier
grand-père
il propose
aire
nement de
e en 2007,
Son parten
et l ’ enseig on).
une
livre de Genèv un site internet.
est
’
du
C
communicati le comité du Salon qui animeraient
son stand.
déjà
s
invitant sur
Intégrant
lequel il avait
ews filmée
défi en l ’
renom avec
relève le
: des intervi
de
au
qui
suisses
nouve
Ciel
de livres
Loisirs Suisse
r roman
est France avec le distributeur !
qu’il
son premie
’ an 2000
publié pour pièces, dont deux pe
l
retrouvaille
est
dès
il
télévision, écrit : en 1991,
ale avec cinq comédies. Il partici s
fait de la
Bernard
période théâtr
s illustré
andes de
Enfin Daniel il passe par une que et deux comm rédige deux roman
e,
, puis
e. Il
histori
dixième ouvrag à
bleu-rose
de Genèv
pour son
: une trilogie
en 1894
les HUG
En 2015,
met en scène scientifique sur
de la peste Paris, lui
s Limonade.
e
le bacille
Ginkgo, à
à un ouvrag se avec les Edition e ayant découvert
Editions
phe. Les
pour la jeunes dre Yersin, l ’ homm
, et mène
journal apocry
c ’ est à Alexanqu ’ il consacre un
Loisirs Suisse de radio,
de France
émission
Hong- Kong,
eur en chef
ce.
assure une
font confian 2009, il est le rédactet éclectisme. Il
s
Depui
siasme
.
Entre lacs
e avec enthou
aute-Savoie,
sa carrièr
sur RCF-H
mensuelle,
, Uri en
des Alpes
e au cœur
ns :
.
t, une cultur
Publicatio
275 pages
le changemen
, Paris 1993,
he
e contre
-geschichtlic
•« Un mond
», Economica
.
e-XXe siècles
? » Eine ethno
388 pages
Suisse, XVII
ionellen Welt
, Zurich 1994,
ll einer tradit
»,
Thesis Verlag
•« Uri, Mode
européen
Mentalität,
’ un espace
die Urner
olitique d
Studie über
re et Géop
pages.
Histoi
156
r von
Alpin,
, 1998,
rin Zwye
•« L ’ Arc
Paris/Zurich
tian Pereg
.
»/Thesis,
enz von Sebas
6210 pages
Economica
spond
006,
e der Korre
, Zurich 1991-2
•« Werkausgab
.
Editions Thesis
un »,
250 pages
(1597-1661),
comm
»
1992,
d
ch
Eveba
», Madri
pour un avenir
ion RIALP
s communes
•« Superpoblac
, des valeur
té européenne
125 pages.
• L ’ identi
valis 2001,
Penthes/No
Editions de
lieux
y,
s, quelques
Troyes, Annec
,
s et salon
Bordeaux,
années, Bozel
Exposition
Paris, Lyon,
plusieurs
y-Voltaire,
hevel 1850
Curial, AixGenève, Ferne
béry Carré
1650, Courc
s, à
Courchevel
Vincent, Cham
rement, Thône
le-Vieux,
Puy Saint
très réguliè
en Vanoise,
Meythet,
Bornand
Champagny
z, Novel,
Le Grand
,
s, La Clusa
Prestige Day,
artiste
ins
chaque année
les-Ba
avec 3 amis
1996 à 2010
Picturales
tions de
Bonlieu de
des collec
l ’ origine des
, Annecy
dans
s
rnard
int-Be
Lithos... Œuvre
Dubaï...
Menthon-Sa
uth, Miami
Etats- Unis,
lles, Bayre
Canada, les
le
,
Lyon, Bruxe
le Japon
pays, dont
plus de 15
Suisse.
la
du
urs
es par plusie
Et bien enten
et diffusé
: Annecy,
reproduites
s ont été
en France
ses œuvre
Lausanne,
: Genève,
Depuis 1986
en Suisse
’ éditions
maisons d
Agay...
Lyon, Paris,
Grenoble,
7
Direction Artistiqu
6
14
Zoug
ton de
Can
de
Les Suisses dans le mon
1352
tagnes.
mon
g et ses
lac de Zou
érale, le
: Zou g
CANTON Zou g, vue gén
e.
E:
CAPITAL
e montagn
di Zugo
e, lago
o
general
E: Zug
o, vista
CANTON
ge.
OGO: Zug
seine Ber
CAPOLU
ersee und
k, der Zug
ner Blic
: Zug
, allgemei
KANTON
Zug
T:
TAD
tognas.
HAUPTS
e las mun
da Zug
d, il Lai
N: Zug
sin la cita
CHANTU
Zug, vista
LA:
CHAPITA
ts
habitan
113 1052
239 km
Canton des Grisons
86
1803
le Saint-Gothard,
l’axe nord-sud le plus utilisé,
que le pays se trouve sur de difficultés. Ensuite, pour faire fructifier
Necker,
entre Jean-Jacques Rousseau, Sophie
tout cela circule sans trop donc des banques. Cela tombe bien, les
uel est le point commun
César Ritz, Eugène Grasset, Arthur
de même pour
l’ensemble, il faut de l’argent,
de Staël, Louis Pernod,
Simon,
protestantisme les fournissent,
Alberto Giacometti, Michel
main-d’œuvre utile
grandes villes passées au
pas de banques mais la
Taeuber-Arp, Ursula Kübler, Cendrars, Guy de Pourtalès, Mireille Darc,
les catholiques, qui n’ont banque, les marchandises circulent bien,
Blaise
Henri Verneuil,
à la
Honegger, Le Corbusier,
satisfaction de tous.
Patrick Juvet, José Giovanni,
au mercenariat. Grâce
système fonctionne à la
Vincent Perez, Anne
Peter Knapp, Roger Pfund,
aussi des gens qui
on peut investir. Bref, le
Delon, Jean-Luc Godard, sont tous, chacun à
trouve
Alain
on
cela,
Aznavour,
tout
dans
Charles
Frei, Manuel Valls ? Ils
moralement cassés
Bien sûr, petits nuages
des soldats qui reviennent
Richard, Derib, Zep, Eduardovariable, des Suisses dans le monde.
se ruinent à l’étranger,
qui meurent de faim au
paysans
des
fragilisés,
leur manière ou à géométrie
statistiquement
ou des travailleurs
et psychologiquement
Cela existe aussi, mais
ne sont pas des « expats »
Les Suisses dans le monde
fin fond du Brésil et ailleurs. qui est à retenir.
des émigrés... Ce sont
diaspora, encore moins
hors du canton et
étrangers organisés en
parlant, c’est plutôt le succès
Pour
de vivre et de travailler
sont préférés à d’autres. qui
des personnes ayant choisi
Suisses qui se trouvent
les époques, certains endroits
la France
Selon87
ce sont plus de 10 % des
c’est incontestablement
hors de leur pays natal ;
Cent-Suisses et les
le Service militaire à l’étranger,
passé comme de nos jours.
les Gardes suisses, les
ainsi « hors sol », dans le
n’est autre que
compte, c’est elle qui paye ligne. Les protestants ont un petit faible
des Suisses dans le monde
de
à l’étranger
comme Berne,
D’ailleurs, le plus célèbre
innombrables régiments
que primo, Tell n’était pas
prisée dans les villes
légende.
Guillaume Tell. On va objecter
pour la Hollande, destination
Après la guerre de Trente
et secondo, que c’est une
Saint-Gall.
encore
et
pas
est
n’existait
Alsace ou au
Guillaume Tell
vu que la Suisse
Bâle, Zurich, Schaffhouse
les Suisses partent en
la clef pour comprendre.
libertés suisses
Or, c’est exactement là
Ans et la paix de Westphalie, essaie de prendre pied en Espagne,
d’une certaine idée des
interne
mondiale
Suisse
on
La
monde...
militaire
le
dans
le Service
la personnificati
Brandebourg.
Suisse le plus emblématique
c’est un désastre. Quand alors qu’en même
par nécessité,
et à ce titre, il est le
dans la Sierra Morena,
XIX siècle,
partis, ce n’est pas seulement pour leur vie.
au milieu du XIXe
rêve
Si tant de Suisses sont
à l’étranger est prohibé,
se fait en famille et en
parce qu’ils avaient un
fortement, l’émigration
du Nord,
bon ménage. En fait,
mais surtout et souvent,
temps la population croît
l’Amérique du Sud, l’Amérique
opportunité font souvent
dès le départ, donc
Cependant, nécessité et
communauté vers la Russie, Ces émigrants connaissent différentes
s’intègre à leur système
l’émigration des Suisses
arrêtent de chercher
le Maghreb et l’Australie... de Russie ont pratiquement disparu. Les
effet, quand les Suisses
attaques éclairs avec
depuis Guillaume Tell. En
destinées. Ainsi, Les Suisses revenus en Suisse lors de la Révolution
puissances en menant des
sont
chevaleresque
des noises aux grandes
nt Lénine dans son
uns ont été liquidés ou
pas aux règles de la guerre
ceux qui accompagnaie
pratiquement tous
des gens qui ne se tiennent en 1515 qu’on ne peut pas s’attaquer au
bolchévique, tandis que
ont
demain
de
idyllique
du Sud, comme
– parce qu’ils ont compris – ils renversent la vapeur et changent de
projet de bâtir la société
Les Suisses d ’Amérique
ans
7 génération,
à la 7e
roi de France tous les
fini dans les camps staliniens.
impérialistes, mais tous
aujourd’hui
actions
des
sont
en
pour
Temuco,
comme Suisses
paradigme. Plus aucun soldatpour vos rêves militaires ! Ainsi, les Suisses
ceux du Chili autour de
mais se considèrent toujours
les soldats que vous voulez
de milliers alors que
ils ne parlent qu’ espagnol,
XV et XVIe siècles :
mondialisé aux XVe
se comptent par centaines
au départ.
activité hautement
inventent le premier business
– passeport ou pas – et
de familles s ’ étaient installées
à l’étranger. Grâce à cette
de ses moyens,
celui du Service militaire
seulement quelques milliers a commencé avec les Suisses débarqués
non seulement vivre au-dessus
placé chez soi. Les
lucrative, la Suisse peut
La colonisation de l’Argentine
canton et commune ;
gagné peut être utilement
groupés autour de leur
à la maison,
milliers de
mais surtout l’argent ainsi
en famille, et qui restaient
plusieurs centaines de
permettent de vivre mieux
sommes récoltées à l’étranger la production, ce qui permet au pays de
aujourd’hui ce sont également
la vague fut une des
dans
En Amérique du Nord,
aux Etats-Unis se
et de plus, on peut investir
sillage de ce business
personnes concernées.
Autre avantage, dans le
et leurs descendants directs
Suisses
Suisses
les
les
:
grandes,
vivre mieux à son tour...
collatéral
plus
de commerce
éternel, il y a plein de possibilités du vin et du sel, produisent des
importent
et, vu
premières
exportent du fromage,
matières
importent les
textiles très tôt pour l’export,
Lara Gut
Jacqueline Veuve
Jacqueline Veuve
Carla Del Ponte
Ursula Andress
Ella Maillart
Martina Hingis
118
CANTON : gRISoNS
Mont-Calanda (2805 m).
la ville, en arrière-plan le sommet du
CAPITALE : CoIRE, l’église Saint-Martin,
CANTONE: gRIgIoNI
m).
e città, sullo sfondo vetta Calanda (2805
CAPOLUOGO: CoIRA, chiesa San Martino
KANTON: gRAuBÜNDEN
(2805 m).
die Stadt und im Hintergrund der Calanda
HAUPTSTADT: CHuR, die Martinskirche,
CHANTUN: gRISCHuN
(2805 m).
Martin e la citad, davosvart il Calanda
CHAPITALA: CuIRA, la baselgia da son
190 459 habitants
7 105 km2
106
Denise Biellman
107
119
| REVUE LITTÉRAIRE
Construire
le « pont de l’homme »
au Yunnan
Par Bénédict de Tscharner
OTTO MEISTER
«–In den wilden Bergschluchten widerhallt ihr
Pfeifen–». Als Zürcher Ingenieur beim Bau der
Yunnan-Bahn in Südchina 1903-1909.
Préface de Thomas WAGNER ; notice biographique
d’Ursula MEISTER-CARDI
Limmat-Verlag, Zürich, 2014
L
a construction, entre 1903 et 1910, de la ligne de
chemin de fer qui relie le port vietnamien de Haiphong, dans le Golfe du Tonkin, à Kunming, la capitale de la province chinoise du Yunnan, constitue une
des réalisations les plus remarquables – ou folles – du
colonialisme français en Extrême-Orient. Il s’agit
d’une ligne à gabarit étroit (100 cm) avec non moins
de 173 ponts et 158 tunnels, un chemin de fer grimpant de la mer jusqu’à 1890 mètres d’altitude, sur un
trajet long de 855 kilomètres. Outre l’exploit technique, ce chantier extravagant est surtout resté dans
les mémoires pour le grand nombre de victimes, plus
de 12 000 parmi les 60 000 travailleurs indigènes et
80 Européens : accidents et pannes techniques, terrain
montagneux extrêmement difficile, climat tropical,
malaria, bandits, bêtes sauvages (!), mais aussi rébellions – la ligne traverse la région tribale des Miao. La
France s’était assuré le droit de construire cette liaison
vers l’intérieur de la Chine auprès des autorités impériales en vue de l’exploitation du minerai de fer – les
gisements du Yunnan s’avéreront finalement comme
peu rentables ! L’histoire retiendra surtout qu’en 1949,
40 | La Lettre de Penthes - No 26
les communistes chinois qui viennent de prendre le
pouvoir se serviront de cette ligne pour ravitailler les
combattants du Viet Minh.
Pourquoi en parler aujourd’hui ?
Thomas Wagner, ancien maire de la ville de Zurich et
président de de la Société Suisse-Chine, cheville ouvrière
aussi du jumelage entre les villes de Zurich et de Kunming
(3 millions d’habitants en 2000), a voulu mettre en
évidence le rôle joué par un ingénieur suisse, Otto Meister,
actif sur le tronçon chinois entre 1903 et 1909. Grâce à la
collaboration de la famille, il a été possible de sauver de
l’oubli, puis de publier une riche documentation faite de
lettres et cartes postales, de rapports, notes de journal,
esquisses et surtout de centaines d’excellentes photographies, un véritable trésor. Ce travail permet aujourd’hui de
se faire une idée précise de ce que fut la vie d’un pionnier
technique et industriel suisse du début du XXe siècle.
Issu d’une vieille famille d’horlogers et de joailliers zurichois, Otto Meister naît à Horgen le 16 août 1873. Le jeune
Suisse termine ses études d’ingénieur à l’Ecole polytechnique de Zurich en 1896 et accepte très tôt du travail à
l’étranger, au Danemark d’abord, puis en Espagne ; en tant
qu’ingénieur du génie civil, il réalise rapidement que c’est
dans les colonies que les projets les plus intéressants vont
se réaliser. Il s’engage auprès de la Compagnie française des
chemins de fer de l’Indochine et du Yunnan et, en juin
1903, s’embarque à Marseille pour un voyage vers l’Orient
qui durera deux mois. De Hanoï, il remontera le fleuve
Rouge jusqu’à la ville frontière de Lao Cai, terminus
provisoire de la nouvelle ligne de chemin de fer. Son lieu de
travail se situera à l’intérieur de la Chine, dans une région
de montagnes – le fameux « printemps éternel » ne règne
qu’une fois que le voyageur a atteint le plateau du Yunnan.
REVUE LITTÉRAIRE
Initialement ingénieur subalterne, mais bientôt chef
de chantier, Otto Meister est notamment responsable
du dessin et de la construction du pont le plus connu de
cette ligne, le pont de Wujiazhai, appelé aussi « pont de
l’homme » ; en effet, avec ses deux piliers de soutien
obliques qui se rejoignent au centre, ce pont audacieux
ressemble au signe chinois désignant l’homme. Cette
construction en acier est située au kilomètre 112 ; elle
est longue de 67 mètres et traverse une gorge étroite
entre deux portes de tunnels, à 90 mètres au-dessus de
la rivière. Dans le contexte de la révolution chinoise, la
première, celle de Sun Yat-sen et du Guomindang, qui
mit fin à la dynastie des Qing, la question du contrôle
national des lignes de chemin de fer prendra un poids
politique considérable.
Mais Otto Meister ne fait pas de politique et sa carrière ne se limitera pas à ce seul chantier. De 1911 à
1922, il travaillera pour le compte de la Maison Sulzer
Frères, de Winterthour, au Japon. Il fait donc partie de
cette génération de pionniers suisses qui ont permis à
nos entreprises de devenir d’authentiques multinationales. Sulzer, grand spécialiste des moteurs diesel
industriels et marins lui confie la responsabilité des
marchés chinois, japonais et indochinois ; la succursale
a son siège à Tokyo, puis à Kobe dès 1913. C’est là qu’il
épouse la Japonaise Chiyo Ichizuka. Le couple aura un
fils, Freddy Ioutaro, qui fera ses études en Suisse.
Après un voyage qui comporte notamment une traversée du Mexique, Meister revient en Extrême-Orient et
s’établit à Shanghai, où Sulzer ouvre une nouvelle succursale dont la responsabilité couvre l’ensemble du Sud-Est
asiatique ; les bureaux sont installés à proximité de la
célèbre promenade du « Bund ». La famille habite une villa
européenne dans la concession française, une maison qui
|
existe toujours aujourd’hui. Ce n’est pas une période
calme. Les nationalistes dirigés par Tchang Kai-chek et les
communistes sous Mao Zedong se livrent des batailles
sans fin. Otto Meister décédera à Shanghai le 28 mars
1937, peu avant l’attaque japonaise contre la Chine.
4e édition corrigée et complétée en 2015. En vente à la
librairie du Château de Penthes.
La guerre à deux voix
LAURENCE DEONNA
Editions de l’Aire, 2015
L
a guerre au féminin. La guerre subie par des femmes
juives d’Israël et des femmes arabes d’Egypte qui
livrent ici leur vie, chacune de son côté, chacune dans
son camp. Un reportage reliant des femmes qui furent
ennemies et qui ne se sont jamais rencontrées, qui ne
se rencontreront sans doute jamais. Laurence Deonna
donne leurs vrais noms, leurs véritables adresses, elle
les a même photographiées. Toutes, de la plus humble
Oum Hashem, la mère
du sergent tombé pour la
Palestine qui ne sait pas où
est la Palestine, 1985.
La Lettre de Penthes - No 26
| 41
| REVUE LITTÉRAIRE
victime à la star de la politique ou du spectacle, sont
mères, épouses, sœurs, parentes ou amies de soldats.
Et toutes se rejoignent : leurs hommes, de la simple
recrue au général, ont été tués, mutilés, ou faits prisonniers. Certains ont disparu dans le désert sans laisser la
moindre trace... Et quel fossé entre le show des politiques et la réalité que ces femmes nous dévoilent ! Ce
n’est pas du roman. C’est du vécu. Ce sont plus de 25
ans d’histoire récente éclairée autrement. Comme le
dit l’auteure, ce n’est pas là le livre des drapeaux bien
repassés, c’est le livre des drapeaux linceuls. Et de la
révolte.
Un livre que l’on ne peut pas lire sans déchirement
(Jules Dassin, cinéaste, Athènes).
Un magazine suisse
d’histoire
L
es étalages de nos kiosques nous offrent de plus en plus
de revues thématiques : sciences, santé, religion, psychologie, mode, éducation, voyages, cuisine… et histoire. En
règle générale, ce sont des publications fort bien réalisées,
comportant des articles d’auteurs qualifiés, richement
illustrées, imprimées sur du papier glacé et surtout, grâce
à un tirage important, à un prix abordable. Ajoutons
tout de suite qu’internet comporte une offre tout aussi
riche ; mais, visiblement, le papier n’a pas dit son dernier
mot face à cette concurrence des temps modernes.
J’ai particulièrement apprécié votre courage d’ouvrir
vos pages à ces victimes oubliées des guerres que sont les
femmes, qui, elles, doivent survivre à l’absence et la souffrance (Prince Sadruddin Aga Khan, Bellerive, Genève).
Dans le domaine de l’histoire, l’article de magazine
ne remplace pas le livre, bien entendu. Souvent d’ailleurs, les auteurs de ces articles peuvent ainsi promouvoir plus ou moins discrètement leurs propres écrits plus
volumineux. Pour le lecteur, la concision est cependant
agréable, non seulement pour agrémenter un trajet en
train ou une heure d’attente ; elle lui permet aussi de
butiner dans des domaines où il n’investira pas le temps
et l’argent nécessaires pour des lectures plus exigeantes.
Laurence Deonna couvre depuis près d’un demisiècle les guerres du Proche et Moyen-Orient. Grand
reporter, écrivaine et photographe suisse, elle a collaboré
à d’innombrables médias, parmi lesquels la chaîne
britannique Frontline News Television. Son ouvrage
La guerre à deux voix a été abondamment traduit et
adapté au théâtre et au cinéma. Il a valu à son auteure
de nombreux prix, dont le Prix UNESCO de l’éducation à la paix.
C’est donc un plaisir particulier de découvrir un
nouveau venu, nouveau venu suisse, précisons-le d’emblée, car la taille restreinte du marché de notre pays
n’invite pas les grands éditeurs allemands ou français
– sans parler des anglophones – à soigner l’histoire
suisse en particulier. Précisons tout de suite que NZZ
Geschichte ne se limitera pas à des thèmes helvétiques.
Le premier numéro est sorti en avril, le second en juillet
2015 ; on nous annonce quatre numéros par année.
C’est avec une intense émotion que j’ai lu ces récits (…)
qui témoignent du courage des femmes pour dépasser leur
douleur et œuvrer pour la paix (Simone Veil, ancienne
ministre, Paris).
42 | La Lettre de Penthes - No 26
REVUE LITTÉRAIRE
Le Groupe de médias de la NZZ a confié la direction de ce dernier à Peer Teuwsen dont la carrière dans
la publication est passée par les journaux Die Zeit
et Tagesanzeiger Magazin ; il est assisté par Martin
Beglinger, rédacteur à la NZZ et auteur d’une biographie du conseiller fédéral Otto Stich. Notons aussi
que le magazine s’entoure des conseils d’une équipe
d’historiens renommés, parmi lesquels on trouve les
noms de Thomas Maissen (Paris), Irène Herrmann
(Genève) ou encore André Holenstein (Berne).
La couverture du premier numéro porte la figure de
Napoléon en « inventeur de la Suisse moderne » (article de
Thomas Maissen). Christophe Büchi dresse quant à lui le
portrait de Germaine de Staël : « la femme qui détestait
Napoléon ». La série d’articles est interrompue par un débat
entre les historiens André Holenstein et Markus Somm, ce
dernier rédacteur en chef de la Basler Zeitung, sur la bataille
de Marignan baptisée ici « le massacre salutaire ». Des
notices sur de nouvelles publications et un copieux
mots croisés historique complètent ce numéro.
La couverture du second numéro est ornée d’un portrait du réformateur zurichois Ulrich Zwingli ; dans un
article fort documenté, Martin Beglinger nous explique
comment la Réforme a rendu la Suisse riche… C’est le
très célèbre historien germano-américain Fritz Stern
qui se prête à l’entretien cette fois-ci.
Bonne chance et longue vie au nouveau-né !
|
Carnets des Andes
Frédéric et Dorly Marmillod 1938-1958
MARC TURREL
Editions Slatkine, Genève, 2015
R
écit d’aventures, histoire d’amour, histoire de
l’andinisme, ces Carnets des Andes révèlent la vie
palpitante d’un couple d’alpinistes en Amérique latine
durant la Seconde Guerre mondiale et l’après-guerre.
Le 26 juin 1938, alors que l’Allemagne nazie étend sa
domination en Europe, Frédéric et Dorly Marmillod,
citoyens suisses et alpinistes passionnés, s’embarquent
pour le compte des Laboratoires Sandoz vers l’Argentine, puis le Chili. Dès leur arrivée sur le continent
américain, ils partent à la découverte et à la conquête
des plus beaux sommets des Andes, prenant des notes
de chacune de leurs expéditions.
Au fil de leurs chroniques, les Andes se dévoilent,
textes et photographies mettant en lumière des lieux
exceptionnels à plus d’un titre, de la mer des Caraïbes à
la Patagonie, du Venezuela au Chili en passant par la
Colombie, le Pérou, et l’Argentine. En une vingtaine
d’années, ils ont parcouru quantité d’itinéraires, ouvert
des voies nouvelles d’une extrémité à l’autre de la
Cordillère, dans la Cordillère Blanche et l’Aconcagua.
Frédéric Marmillod fait partie des précurseurs de
l’andinisme moderne avec d’autres explorateurs et aventuriers qui se sont risqués à l’assaut de leurs sommets. Sa
femme Dorly demeure le symbole de l’alpinisme féminin en Amérique du Sud. Unis dans la même passion,
ils ont collectionné les exploits et les records. Ils formaient une cordée parfaite et incarnaient un alpinisme
La Lettre de Penthes - No 26
| 43
| REVUE LITTÉRAIRE
audacieux, novateur et d’une grande modernité. En
émanent la beauté naturelle et l’élégance des deux
héros tout autant que leur ardeur et leur détermination. De page en page et pas à pas, leurs Carnets des
Andes esquissent le portrait de deux individus hors
du commun.
d’explorateurs, d’anthropologues, de naturalistes,
etc., aux quatre coins du monde. Certains grands
musées d’ethnographie ou d’histoire naturelle – à
Bâle, à Genève, à Berne, à Neuchâtel, à Zurich –
comptent dans leurs collections de très nombreux
objets rapportés par ces Suisses.
Colonialisme suisse
Deux Bâlois, cousins issus de germains, Paul (18561919) et Fritz Sarasin (1859-1942), ont récemment fait
l’objet de publications intéressantes :
Par Bénédict de Tscharner
L
a contribution suisse à la conquête et à la domination
du monde extra-européen par les puissances occidentales a été un peu cachée par le fait que la Suisse en
tant qu’Etat n’a pas participé directement à des guerres
coloniales et n’a jamais contrôlé de territoires d’outremer ; le terme même de colonialisme semblait donc
longtemps inapproprié pour le comportement de ce
pays. C’est oublier toutes les autres formes d’emprise
de la Suisse et de la société suisse sur le monde extraeuropéen que sont, entre autres, le service étranger de
citoyens helvétiques, notamment au sein de la Légion
étrangère française et d’autres armées impliquées dans
des guerres coloniales, mais aussi l’établissement d’un
vaste réseau de missions chrétiennes, tant protestantes
que catholiques, basé et financé à partir de la Suisse ;
c’est aussi oublier toutes les activités économiques, le
commerce en premier lieu, mais aussi les plantations,
la construction, les investissements industriels ou encore
l’exploitation minière dans les colonies. Tout cela a été
mis à jour et analysé par des études récentes. Ces derniers temps, l’implication de Suisses dans la traite des
esclaves entre l’Afrique et les Amériques a fait l’objet
d’importants travaux historiques. Enfin, l’histoire des
sciences en Suisse est fortement marquée par l’activité
44 | La Lettre de Penthes - No 26
CHRISTIAN SIMON
Reisen, Sammeln und Forschen. Die Basler
Naturhistoriker Paul und Fritz Sarasin
Schwabe Verlag, Basel, 2015
BERNHARD C. SCHÄR
Tropenliebe. Schweizer Naturforscher und
niederländischer Imperialismus in Südostasien
um 1900
Campus Verlag, Frankfurt, 2015
SERGE REUBI
Für Basel und die Wissenschaft. Fritz und Paul
Sarasin in Ceylon
in : Die Naturforschenden. Auf der Suche nach
Wissen über die Schweiz und die Welt
Herausgeber : Patrick KUPFER, Bernhard C. SCHÄR
Hier und Jetzt Verlag, Baden, 2015
Dans ce cas, comme dans d’autres, l’intérêt que l’on
peut porter à ces deux célèbres chercheurs suisses
concerne à la fois leur contribution à la science et leur
destin personnel.
REVUE LITTÉRAIRE
Du côté biographique ou personnel, on retient
aujourd’hui leur appartenance au milieu des riches
familles commerçantes de Bâle, familles qui fournissaient à la ville également des générations entières de
magistrats, de banquiers, de pasteurs et de professeurs.
Au centre de cette société : la religion protestante, le
sens des affaires, mais aussi les alliances matrimoniales, indispensables pour protéger les fortunes familiales. C’est sur ce dernier point que les deux cousins
déçoivent profondément leurs parents : ils font
connaissance au cours de leurs études à l’Université
de Bâle et tombent profondément amoureux l’un de
l’autre. A cette époque, il n’y avait pour eux qu’une
solution : poursuivre leurs études ailleurs – en Allemagne, en l’occurrence – puis partir pour des expéditions scientifiques dans des pays lointains, tropicaux,
exotiques, à la recherche de découvertes géographiques
ethnologiques, archéologiques, botaniques, zoologiques et géologiques, mais aussi d’un contact avec des
populations indigènes dites « primitives » et leurs
mœurs. Le coût de ces expéditions ne posait pas de
problème particulier aux familles. Il faut sans doute
ajouter que l’attrait des tropiques se trouvait déjà, à
Bâle, chez nombre de missionnaires et commerçants
issus des mêmes familles. Sur le plan personnel, ces
expéditions pouvaient être interprétées comme une
fuite, voire l’expression de fantasmes plutôt étonnants
pour des représentants de ce milieu assez austère ; sous
l’angle scientifique, leurs recherches se sont avérées
fort respectables.
|
moderne. Deux autres voyages, de 1893 à 1896 et
en 1902/03, les conduisent sur l’île indonésienne de
Célèbes (Sulawesi) dont l’intérieur est alors encore
peu ou pas connu. Leurs expéditions, souvent dans un
terrain et des conditions climatiques difficiles, avec
de nombreux porteurs (coolies), serviteurs et guides
locaux, coïncident avec la pénétration de l’île par
les troupes coloniales néerlandaises, chercheurs et
soldats avançant dans le no man’s land des tropiques :
même phénomène ?
Leurs publications et leurs grandes collections de
spécimens, y compris, par exemple, de nombreux
crânes et photographies, font des cousins Sarasin, à
leur retour en Suisse, des scientifiques célèbres, même
s’ils ont tendance à arranger – à « exotiser » – certaines
images d’indigènes, par exemple, ou certains récits
et même si leurs théories, sur un plan strictement
scientifique, feront rapidement l’objet de précisions
et de rectifications. Ils sont les fondateurs du Musée
ethnographique de Bâle (aujourd’hui : Museum der
Kulturen) ; Fritz Sarasin sera président du Jardin
zoologique de Bâle et de la Société suisse des sciences
naturelles ; Paul Sarasin sera parmi les fondateurs
du Parc national suisse dans les Grisons et un des
pionniers du mouvement de la protection de la nature.
La réputation des cousins Sarasin sera autant basée sur
leur travail scientifique que sur leur générosité en tant
que mécènes.
Le premier voyage conduit ce couple de Bâlois en
Ceylan (Sri Lanka), à l’époque colonie britannique ; ils
y séjournent de 1883 à 1886 ; une de leurs « découvertes » concerne le peuple indigène des « Weddas » dans
lesquels ils voient des ancêtres primitifs de l’homme
La Lettre de Penthes - No 26
| 45
| REVUE LITTÉRAIRE
Leinengewerbe zur lenkbaren Wagenachse, vom frühen Tourismus zu
einem Auswanderer-Schicksal, von den Spielkarten zur Fasnacht.
Von der materiellen Kultur her, nicht von Theorien ausgehend,
versucht der Autor sich ein Bild des Lebens in der Vergangenheit zu
erarbeiten. Er zeigt sich als ein unkonventioneller Kopf und überrascht
durch ungewohnte Ansätze.
Inhalt
War der Ofen schuld?
Thurgauer Leinen für den Konstanzer Fernhandel
Versuch über die lenkbare Wagenachse
Der Mord an den unschuldigen Kindlein zu Solothurn
Herrenloses Solothurn
Xaver Zeltner. Ein viel besungener Landvogt und revolutionärer Dramenheld
Ein Auswandererschicksal
Eine tapfere Witwe gründet eine Weltfirma
Vom Kaisern zum Jassen. Spielkartenland Schweiz
Die enthüllte Wahrheit des Tarock/Tarot
«… denn es ist kein Land wie dieses». Die Schweiz als voreisenbahnliches Reiseziel
Die Basler Fasnacht, ein verfremdetes Sechseläuten
Peter F. Kopp
Peter F. Kopp
War der Ofen
schuld?
War der Ofen schuld?
Die ausserordentliche Bandbreite der in diesem Buch versammelten
Beiträge zeigt das weite Interesse des Autors: von der Benachteiligung
der Frau zur Entwicklung der städtischen Autonomie, vom
Peter F. Kopp
(*1938) studierte Kulturgeschichte, Kunstgeschichte und Archäologie in
Zürich und Neuenburg. 1969 Dissertation über schweizerische Ratsaltertümer.
Museumskonservator in Basel und Solothurn, Autor zahlreicher Publikationen
hauptsächlich zur Schweizer Kulturgeschichte.
Kabinettstücke
aus der Schweizer
Kulturgeschichte
ISBN 978-3-0340-1215-7
9 783034 012157
Kopp UG 2.indd 1
28.04.14 17:26
War der Ofen
daran schuld?
PETER F. KOPP
War der Ofen daran schuld?
Chronos-Verlag, Zürich, 2014
N
ein, der Ofen war nicht schuld. Soviel zum
Anfang! Die in diesem Buch geschilderten Porträts ergeben eine bunte Palette der Kulturgeschichte.
Jedes Thema, von Peter Kopp nacherzählt, ist vielschichtig. Der Text des Buches ist fundiert recherchiert und treffend formuliert.
Die Zeitspanne reicht von den ersten Menschen bis ins
20. Jahrhundert. Der Autor befasst sich am liebsten mit
dem Mittelalter. Einige für dieses Buch geschriebene
Texte sind neu, andere stammen aus 40 Jahren des
Sammelns und Forschens. Ab und zu kann der interessierte Leser auch auf einen lang vermissten „alten
Bekannten“ stossen. Der Autor stellt sich Fragen, ist
gründlich im Forschen und ist trotzdem intuitiv. Eines
seiner wichtigsten Anliegen ist es, komplexe Sachverhalte verständlich darzustellen. Eine Prise Humor
und ein Schuss Ironie dürfen nicht fehlen! Für ihn
steht immer das Bild eines lebendigen Menschen
im Mittelpunkt.
Da ist ein Sachkundiger am Werk: Von der Materie,
nicht von Theorien ausgehend, versucht er sich ein
Bild des Lebens in der Vergangenheit zu machen.
Zuviel des Guten wäre es, hier alle bearbeiteten Themen
aufzuzählen: Kartenspiel, Frauengeschichte, Technik,
Auswanderung, Tourismus, Fasnacht… um nur eine
kleine Auswahl zu nennen. Auf jeden Fall scheut sich
46 | La Lettre de Penthes - No 26
der Autor nicht, seine persönlichen Überlegungen
einzuflechten, die als neue Denkanstösse wertvoll
sind. Er ist ein unkonventioneller Denker, überrascht
durch ungewohnte Ansätze, hinterfragt vieles, was
man sonst als gegeben annimmt. In zwei Kulturen
aufgewachsen, bekennt sich der Autor als Verehrer
Voltaires, der die Geschichtsschreibung zu einer
Literaturgattung erhob. Das Resultat: Geschichte
zum geniessen!
REMBRANDT
À GENÈVE
Quand les Pays-Bas rencontrent la Suisse
DOMAINE DE DÉCOUVERTES
CULTURE | GASTRONOMIE | NATURE
W W W. P E N T H E S .C H
du 23 juin au 2 octobre 2016
| LES AMIS DE PENTHES
Novembre 2015
Société des Amis
de Penthes : 500+
Daniel Bernard
Président des Amis
de Penthes
Cette fois, nous y sommes : notre association vient de passer la barre
mythique des 500 membres !
A
lors c’est par un vif bravo qu’il se doit que nous
commencions cet article, un vif bravo et un
grand merci. Nous avions entamé notre exercice 2015 avec le nouveau logo, adopté par l’assemblée
générale, et depuis, il se trouve visible sur la plupart
des actions du musée, manifestations et publications,
sans compter l’action « Penthes est à vous ! », à laquelle
vous avez répondu très nombreux. Ainsi ce sont plus
de 70 nouveaux membres qui ont rejoint la SAP !
Le virage que nous avons pris tend à faire coller l’association à la réalité culturelle suisse romande, sans toutefois
aller sur les terres de la Fondation. Expliquons. Nous
tentons de faire connaître des artistes contemporains en
les invitant à venir évoquer leur trajet, leur création, leur
vision du monde. En 2015 la famille de Besenval avec
Gabrielle Claerr Stamm, le sociologue Uli Windisch en
personne, concerts à la mémoire de Pierre Wissmer, en
présence de son neveu journaliste, et dès 2016, Raymond
Vouillamoz, réalisateur genevois, Marcello, femme
sculpteur fribourgeoise du XIXe siècle, Célina Ramsauer,
musicienne valaisanne contemporaine, Ines Ader, journaliste et écrivain, Parisienne de Genève et Magali Jenny,
auteur à succès fribourgeoise, ont fait l’année culturelle
de notre association.
Mais j’ai un regret : celui de ne pas vous voir plus
nombreux lors de ces événements qui ont tous lieu au
Château de Penthes. Alors, on le sait, on gronde souvent
48 | La Lettre de Penthes - No 26
les présents, car ce sont des absents dont on parle, et
on fait erreur ! Ici, avec la Lettre de Penthes, chacun se
trouvera face à ses interrogations, comme à l’isoloir.
Pourquoi ne pas participer plus souvent à la vie de
l’association ? Pourquoi ne pas choisir de rencontrer
des Suisses qui font des choses pour la culture de leur
pays ? La SAP offre ces plages, une fois par mois. Donc
une fois par mois, décidons de venir témoigner notre
soutien au Domaine de Penthes, à la Fondation et au
Musée des Suisses dans le Monde. Nous nous battons
pour que vive ce musée unique au monde, alors, en
ayant rejoint la SAP, sachez vous montrer solidaire ! La
situation n’est pas aussi simple qu’elle apparaît au
grand jour. Depuis plus de 30 ans, la fondation et son
musée ont vécu sans subvention ! Cela veut dire que
c’est le bon vouloir de chacun qui fait que l’institution
existe, et existera encore demain.
Penthes est à vous ! Ce n’est pas qu’un slogan. C’est
une réalité, du parc en passant par le restaurant, en assistant aux expositions, en achetant les publications, en
participant aux événements...
Nous, Amis de Penthes, nous y croyons !
Alors, si ce n’est pas encore le cas au moment où vous
lisez ces quelques lignes, devenez Amis de Penthes.
Bonne fin d’année, et rendez-vous en 2016.
DOSSIER
|
Dossier
Les Besenval
GABRIELLE CLAERR STAMM
La saga de la famille de Besenval,
seigneurs de Brunnstatt, Riedisheim
et Didenheim
Société d’Histoire du Sundgau, 2015
D
D’un modeste hameau du Val d’Aoste à la
cour de Versailles. La saga des Besenval
raconte l’ascension remarquable d’une famille patricienne de Soleure, devenue par
un hasard de l’histoire propriétaire de la
baronnie de Brunnstatt.
u début du XVIIe siècle au milieu du XIX e
siècle, Gabrielle Claerr Stamm, historienne et
présidente de la Société d’histoire du Sundgau,
nous emmène à la découverte de sept générations aux
destins variés. Elle nous raconte leur enrichissement
dans le commerce du sel, leurs brillantes carrières
militaires et diplomatiques, mais aussi leurs difficultés à
s’insérer dans la société postrévolutionnaire. Grâce à une
importante correspondance conservée dans les archives,
les Besenval nous livrent également leurs secrets les
plus intimes, récits de mariages d’amour ou arrangés,
querelles familiales, gestion de leur patrimoine.
Fruit de quatre années de recherches, cet ouvrage,
abondamment illustré, est aussi une invitation au
voyage, à la découverte des lieux où ont vécu les
Besenval : le Val d’Aoste, Soleure et leur château de
Waldegg, Paris et leurs hôtels particuliers et, bien
sûr, Brunnstatt, Riedisheim et Didenheim, leur fief
de Haute-Alsace.
La Lettre de Penthes - No 26
| 49
| DOSSIER
UN AUTRE ASPECT DES RELATIONS FRANCO-SUISSES––:
Par
Gabrielle Claerr Stamm
Présidente
de la Fédération
des Sociétés d’Histoire
et d’Archéologie
d’Alsace
Martin de Besenval, seigneur
des villages de Brunstatt,
Riedisheim et Didenheim
en Haute-Alsace
T
andis que la ville de Mulhouse fêtait en 2015
les 500 ans de son alliance d’amitié avec la
Suisse, nous voudrions présenter ici un aspect
plus méconnu des relations franco-suisses, mais tout
aussi important pour les liens que celles-ci tissèrent.
Martin Besenval, originaire du Val d’Aoste, qu’il
quitta dès l’âge de 16 ans, dans des conditions rocambolesques, s’installe vers 1625 à Soleure, la ville de
l’ambassade de France. Il s’y enrichit dans divers commerces dont le blé, le sel et les armes, est reçu bourgeois de la ville et épouse Catherine Schwaller, fille
d’un meunier aisé.
Fortune faite, il va en investir une partie lors de deux
achats en Haute-Alsace. Dès le 16 mai 1644, il acquiert
de Jean Adam de Ferrette et de Truberte de Wessenberg,
le château de Byss à Zillisheim et le village de Didenheim. Ni les archives de la famille de Besenval conservées
au château de Penthes, ni les Staatsarchiv à Soleure, ne
révèlent la raison de ce choix. La Haute-Alsace, alors
terre des Habsbourg, subit encore les affres de la guerre
de Trente Ans – les Traités de Westphalie ne seront
signés qu’en 1648 – le village de Didenheim a perdu la
moitié de ses habitants, le château de Byss semble intact.
Son choix a peut-être été dicté par la proximité de la ville
de Mulhouse, une alliée des cantons suisses ? C’est peutêtre également une rencontre fortuite avec Marie
Madeleine de Sickingen épouse Rust qui l’a déterminé.
50 | La Lettre de Penthes - No 26
Riche veuve sans enfant depuis 1617 – on lui doit
notamment une très belle chapelle gothique en l’église
Saint-Thiébaut de Thann – Marie Madeleine de
Sickingen-Rust est venue se réfugier à Soleure. Ces
biens à Zillisheim et Didenheim appartenaient initialement à son neveu Jean Frédéric de Rust. Mais
celui-ci les lui avait hypothéqués contre un emprunt
de 5000 florins. Dans l’incapacité de rembourser la
somme au décès de sa tante, les biens passèrent aux
oncles par alliance de Marie Madeleine qui les revendirent à Martin Besenval.
Dix ans plus tard, la guerre de Trente Ans achevée
et la Haute-Alsace aux mains du roi de France, mais
dans un pays encore passablement en ruine, Martin
achète, le 3 novembre 1655, deux autres villages dans
la périphérie de Mulhouse : Brunstatt et Riedisheim.
Biens des Ortenbourg-Salamanque, totalement ruinés,
c’est finalement à leurs créanciers Seneka Schreiber
d’Augsbourg et aux héritiers des Fugger, que Martin
verse la somme de 18 000 guldens.
Martin Besenval prend ainsi pied sur la terre du roi
de France et s’installe dans le château de Brunstatt
avec sa seconde épouse Marie Glutz et ses plus jeunes
enfants. Il n’y vit pas en permanence, préférant tout
de même le confort de sa demeure hors les murs à
Soleure, route de Bâle, à cette forteresse médiévale
entourée de marécages et située loin du village.
DOSSIER
Martin est fait chevalier par Louis XIV en février
1655, en raison de ses mérites et des services rendus à
la couronne de France. En effet, il a racheté en 1653,
la demi-compagnie de Gardes suisses de son beaupère Schwaller et l’a confiée à son second fils
Jean-Martin. Alors que Louis XIV soutient son
premier siège à Arras, le capitaine Jean Martin se bat
vaillamment et est tué le 25 août 1654 aux côtés de son
compatriote Henry de Sury. Martin enverra immédiatement son fils Jean Victor Pierre Joseph pour
servir le roi de France. Cette fidélité à la royauté
française lui vaut son anoblissement et fait de lui
définitivement un membre du patriciat soleurois.
Désormais la famille s’appelle « de Besenval de Brunstatt » et arbore les armes « écartelé au un, d’azur à une
bande d’argent chargée d’un quatre cramponné, la
|
hampe prolongée et à deux traverses de sable (armoiries de la famille Besenval), au deux, d’or à un fer à
cheval de sable (armoiries de Brunstatt), au trois, d’or
à une biche de gueules (armoiries de Riedisheim), au
quatre, coupé d’azur et de mer sur laquelle nage une
sirène d’argent tenant dans la dextre une fleur de
lys d’or dans la senestre un crampon d’argent (armoirie
de Didenheim) ».
Ses descendants, déjà faits barons du Saint Empire
romain germanique, en 1695, verront leur terre de
Brunstatt élevée au rang de baronnie par Louis XV et
porteront désormais aussi le titre de baron en France.
Jusqu’au bout, des Besenval se battront pour défendre
le roi de France et lui resteront fidèles lorsqu’éclatera la
Révolution en 1789.
Document avec sceau signé
par Louis XIV en février 1655 par
lequel Martin Besenval est anobli.
Armoiries de Besenval.
La Lettre de Penthes - No 26
| 51
DOMAINE DE DÉCOUVERTES
CULTURE | GASTRONOMIE | NATURE
www.theoreme.ch
W W W. PEN T HE S .CH
Aux portes de Genève, le Domaine de Penthes propose,
dans un cadre exceptionnel face au Lac Léman et au Mont-Blanc, un monde
de découvertes où gastronomie et culture se côtoient.
Domaine de Penthes - Chemin de l’Impératrice 18 - 1292 Pregny-Chambésy
DOSSIER
|
Le Fonds de Besenval :
de la conservation
à la diffusion du savoir
Laure Eynard
Dr ès lettres
Responsable des partenariats
scientifiques et du
projet Besenval
L’Institut et le Musée des Suisses dans le Monde conservent
depuis les années 1980 le fonds de Besenval, un legs de la
princesse Amédée de Broglie, née Béatrix de FaucignyLucinge.
U
n classement minutieux de ce fonds avait été
réalisé en 1899, du vivant de la princesse de
Broglie, par la chancellerie du tribunal supérieur du canton de Soleure. Les documents et les
lettres avaient été rangés par ordre chronologique ou
alphabétique selon un classement général s’inspirant
de l’arbre généalogique sur sept générations successives, comme il était d’usage à la fin du XIXe siècle. Ce
classement est toujours en vigueur.
Conservé dans 27 boîtes d’archives avec un volume
total d’environ 25 000 pages et de quelques sceaux, le
fonds de Besenval compte différents documents, tels que
lettres de noblesse, lettres et correspondance, papiers
personnels, papiers militaires et d’affaires, brevets et
comptes, récits manuscrits, arbres généalogiques avec
armoiries, dessins des armoiries. Les archives des
familles alliées, les von Roll et les Sury, ainsi que des
titres des domaines des Besenval du XVIIe au XIXe
siècle, sont également conservés. La plupart de ces
documents sont en allemand.
QUE CONNAISSONS-NOUS DE CETTE FAMILLE
DE BESENVAL–?
A l’époque de l’Ancien Régime, elle est non seulement
la plus influente dynastie de Soleure, mais aussi l’une des
principales familles patriciennes de la Confédération.
Du XVIIe au XVIIIe siècle, les Besenval réussissent à se
hisser à des fonctions politiques, militaires et diplomatiques privilégiées et stratégiques grâce à la richesse
acquise par le commerce du sel, à leurs relations politiques, au service étranger et à leur stratégie matrimoniale.
Les papiers les plus anciens de cette famille, conservés
à Penthes, remontent au XVIIe siècle et à Martin Besenval
(vers 1599-1660), avoyer de Soleure, dont de nombreux
descendants, titrés barons de Brunstatt en 1695, occupèrent des fonctions municipales, servirent dans les
armées suisse et française ou encore dans la diplomatie.
Parmi les personnalités les plus marquantes figurent
Jean Victor II de Besenval (1671-1736) et Pierre Victor
(1721-1791), petit-fils et arrière-petit-fils de Martin. Le
premier est nommé par Louis XIV, puis par Louis XV,
ambassadeur extraordinaire de France auprès du roi de
Pologne ; les archives le concernant, consultées récemment par l’historien Andreas Affolter (Lettre de Penthes,
numéro 25, printemps 2015, pp. 42-43), constituent un
ensemble d’ordre diplomatique de grande importance.
Le second, baron de Besenval, le plus connu de la
La Lettre de Penthes - No 26
| 53
| DOSSIER
dynastie, est aide de camp du maréchal de Broglie et
du duc d’Orléans, puis lieutenant-colonel des Gardes
suisses, tout en appartenant au cercle rapproché de
la reine Marie-Antoinette. Il commande les forces
rassemblées à Paris au début de la Révolution française
et, ordonnant la défense de la Bastille, contribue au
caractère retentissant de la journée fondatrice du
14 juillet 1789.
VALEUR HISTORIQUE DU FONDS
Si certaines correspondances échangées de France
et de Suisse entre les Besenval éclairent la vie politique, militaire et sociale de la fin du XVIIIe siècle et
du début du XIXe siècle à Paris, nombre de documents
de ces archives mettent en lumière l’histoire de la
Suisse, en particulier les aspects marquants des régiments suisses dans lesquels le général baron de Besenval
et plusieurs de ses parents furent titulaires d’importants
commandements. D’autres documents informent
également de l’administration des fiefs des Besenval
en Alsace. L’historienne Gabrielle Claerr Stamm, auteure
de La saga de la famille de Besenval, révèle les liens des
Besenval avec l’Alsace et, en retraçant leurs interventions dans la gestion de leur baronnie, donne vie à un
pan de cette histoire locale.
Cette grande initiative est également soutenue par des
institutions, telles que le Château de Waldegg, propriété des Besenval et siège autrefois des ambassadeurs
du roi de France ; des documents inédits prêtés par
l’Institut y seront exposés durant l’hiver 2015-2016
dans le cadre de l’exposition Besenvaliana - Auf den
Spuren der Familie von Besenval.
L’objectif de ce projet vise à préserver, dans un
premier temps, ce fonds contre les risques d’altération,
d’en faciliter l’accès et ainsi de le valoriser grâce à la
gestion des données dans un système d’archivage
d’information. A long terme, l’Institut souhaite
mettre en réseau ces documents et ces données par
l’intermédiaire du « web des données ouvertes » (open
linked data) et permettre, grâce à ces nouvelles technologies, d’approfondir la recherche et la connaissance
par le partage interactif et collaboratif entre chercheurs et institutions.
DE LA NUMÉRISATION AU PARTAGE DU SAVOIR
Suite à de nombreuses demandes de consultation et
à l’intérêt grandissant de chercheurs pour ce fonds
unique, l’Institut a décidé de piloter un programme
d’envergure de mise en valeur de ses archives. Grâce aux
subventions de la Confédération (Protection des biens
culturels PBC) et de la Fondation Sandoz, le projet de
reconditionnement et de numérisation vient d’être
lancé avec le laboratoire Fachlabor Gubler, entreprise
spécialisée dans le records management et l’archivage.
54 | La Lettre de Penthes - No 26
TOUTE PERSONNE INTÉRESSÉE À SOUTENIR SCIENTIFIQUEMENT OU FINANCIÈREMENT CE PROJET CONTACTERA
LAURE EYNARD
[email protected]
DOSSIER
La Lettre de Penthes - No 26
|
| 55
| MOT DU DIRECTEUR
Mot du Directeur
L’Esprit de Penthes
Le rêve est permis !
Anselm Zurfluh
Directeur
du Musée et de
l’Institut des Suisses
dans le Monde
Nous arrivons à la fin de l’année et nous pouvons déjà l’annoncer avec
fierté : 2015 fut une grande année pour Penthes ! Un véritable tour de force
pour l’équipe du musée et un tour du monde pour les visiteurs : nous avons
commencé par la Russie, mise à l’honneur avec l’exposition La Suisse par les
Russes, puis nous avons exploré avec émotion l’histoire et l’art de l’Arménie
durant l’exposition Suisse-Arménie, sur le chemin de la mémoire. Durant
l’été, le monde est venu à Penthes, avec la première édition de la Rencontre
internationale des clubs suisses. Et cet automne, les familles découvrent deux
expositions légères et pleines de charme : Yakari, les Suisses à la rencontre
des Amérindiens et Histoire en Briques – qui sont respectivement au programme jusqu’en janvier et février 2016 ! Une belle manière de passer les
Fêtes en famille, au musée et en découvrant l’histoire autrement !
E
xpliquer la qualité suisse dans le monde et illustrer
la richesse et la diversité de la présence suisse à
l’étranger sont au cœur de la mission du Musée
et de l’Institut des Suisses dans le Monde. Pour que
cette alchimie puisse s’opérer avec le public, Suisses ou
visiteurs de passage, Penthes se doit d’innover et de
renouveler son offre culturelle. Ainsi notre engagement
ne concerne pas uniquement les expositions, mais il
porte à vous offrir de multiples sensations.
Entre amis, en famille, âme solitaire ou amoureux
en balade, petits et grands, fans d’histoire ou de nature,
vous pourrez ici en faire tout un plat, dans notre restaurant, ou goûter aux œuvres musicales ou théâtrales que
nous vous proposons. Ressentez l’ambiance toute particulière de Penthes, étendu verte contrastant avec le
56 | La Lettre de Penthes - No 26
Léman bleu et le Mont-Blanc, et respirez à pleins poumons le vent de l’histoire qui en émane. Au-delà de la
poésie du lieu, vivez Penthes comme un rêve à ciel ouvert.
Pouvoir se cultiver, en prendre plein la vue et se sustenter
délicieusement, le tout dans le même espace, est un privilège, mais un privilège accessible à tous ! Un rêve dans
notre monde virevoltant, voire survolté. Oasis de paix
dans un monde en débats, Penthes est un bien unique
où l’on peut prendre le mal du monde en patience.
L’esprit de Penthes, en somme. En tout cas, de quoi en
faire toute une histoire, celle que nous poursuivons
grâce à tous ceux qui en ont perçu l’inestimable potentiel.
En août 2015, l’Institut a invité des Suisses du
monde entier à vivre Penthes comme leur maison, lors
la première Rencontre internationale des clubs suisses.
MOT DU DIRECTEUR
Expatriés suisses et Suisses de troisième ou quatrième
génération, en provenance de 22 pays et représentant
40 clubs, se sont réunis autour d’une thématique
forte : le patrimoine suisse de l’étranger, sa promotion
et sa conservation. Le succès fut tel, qu’une prochaine
édition est agendée, en 2016, et sera consacrée aux
traditions et folklores suisses à l’étranger.
Durant l’hiver qui s’annonce, c’est la sculptrice fribourgeoise Adèle d’Affry qui sera l’hôte du musée,
dans l’exposition Marcello, Adèle d’Affry (1836-1879),
duchesse de Castiglione Colonna. Femme artiste entre
cour et bohème. Marcello fut une proche de Napoléon
III et elle sculpta sous le pseudonyme masculin de
Marcello afin d’être reconnue pour ses talents par la
critique et échapper ainsi à son statut de femme artiste
et d’aristocrate.
Le grand projet que porte notre Fondation pour le
musée, c’est de réaliser une « nouvelle scénographie »
pour notre collection permanente, harmonieusement
accordée aux nouvelles technologies, axée sur un public
jeune et dynamique. On y expliquera d’une manière
ludique et moderne les mécanismes qui ont fait la
Suisse, de Guillaume Tell au Roger Federer de demain
et ce que le Swiss Made signifie. Dans cette époque de
« tempi brutti », pouvoir proposer un tel projet à long
terme, c’est un rêve. N’en faisons pas qu’une utopie et
agissons, avec votre soutien, à rapprocher cet horizon.
|
Personnellement, en tant que directeur, et pour
l’avenir, je n’ai pas UN rêve, mais TROIS. Mettre en
œuvre cette « nouvelle scénographie » bien entendu,
monter une exposition autour du mythe suisse des
Alpes et de l’impact que cet imaginaire collectif typiquement suisse produit dans le monde (pensons à
Heïdi et au Cervin) et faire participer le musée à l’exposition universelle de Dubaï en 2020. Pour ce faire et
accélérer la mise en place de ces projets, pour rendre le
rêve réalité, il faut rencontrer une personnalité exceptionnelle qui partagerait cette vision de la Suisse ouverte
sur le monde, et cette passion de la réaliser concrètement dans un grand projet pour Genève et pour la
Suisse. Là, il faut un peu de chance... mais cela fait
aussi partie intégrante du rêve que chacun porte en lui !
Enfin, pour ce qui concerne ce nouveau numéro de
la Lettre de Penthes, nous voulions rappeler que, si
Penthes est dans le canton de Genève, Penthes est aussi
la maison de tous les Suisses partis dans le monde –
francophones, alémaniques ou italophones ! Pour le
moment, la Lettre de Penthes est éditée majoritairement
en français, mais nous allons changer ce fait - la Lettre
de Penthes soll auch auf Deutsch erscheinen - english,
why not ? - e il desiderio sarà di poter pubblicare La
Lettre de Penthes anche in italiano !
La Lettre de Penthes - No 26
| 57
| LA VIE DU MUSÉE
Les Suisses des cinq
continents discutent
du patrimoine helvétique
à l’étranger à Penthes
En plein cœur de l’été genevois, plus de 80 Suisses et descendants de Suisses se sont réunis
à Penthes pour la première fois afin d’évoquer le patrimoine qu’ils ont à charge dans leur
pays d’adoption. L’échange et la découverte étaient les deux éléments partagés par ces
Suisses qui ont fait le chemin depuis l’Argentine, l’Uruguay, l’Australie, le Maroc, Israël
ou encore les Emirats arabes unis jusqu’à cette maison qui est la leur, au centre de la
Genève internationale : Penthes.
58 | La Lettre de Penthes - No 26
LA VIE DU MUSÉE
UNE CONVICTION, UN PROJET, UNE RÉUSSITE
D
epuis un an, la Fondation pour l’Histoire des
Suisses dans le Monde prépare la première
rencontre internationale des clubs suisses. En
effet, dispersés sur les cinq continents, les expatriés et les
descendants d’émigrés suisses se réunissent souvent en
club et en société afin de retrouver un morceau de leur
pays alpin, en une communauté d’intérêt, de culture et de
tradition. Mais si parfois ils se fédèrent au niveau régional
et national, les clubs suisses se retrouvent très rarement
au niveau d’un continent, et jamais à l’échelle de la planète.
C’est de ce constat qu’est né notre projet : renforcer le
réseau entre les Suisses de l’étranger, mais non pas tant
leurs liens avec la Suisse (l’Organisation des Suisses de
l’Etranger – OSE – remplit parfaitement cette mission),
mais entre eux, expatriés, descendants d’émigrés et
représentants de la Suisse dans le monde. Car ceux-là
partagent une culture et des ambitions communes et un
goût pour l’ailleurs. Car ceux-là construisent un avenir
pour eux-mêmes tout en modelant l’image de la Suisse
dans le monde, à travers des entreprises, des associations,
ou encore des projets humanitaires. Car ceux-là enfin
s’engagent dans la promotion de la culture des pays
qui les ont accueillis et des peuples qu’ils ont croisés.
|
d’un morceau de ce patrimoine, sous la forme de bâtiments, d’archives, d’objets artistiques, scientifiques ou
historiques, ou de traditions encore vivantes et vibrantes.
Quatre angles de cette thématique ont été abordés
durant ces deux jours, de manière informelle et parfois plus stricte durant des conférences. Il s’agit de la
conservation, de la restauration, de la promotion et du
financement du patrimoine suisse de l’étranger.
Le 12 août 2015, Penthes a eu l’honneur d’accueillir
plus de 80 Suisses, membres de 40 clubs et provenant de
22 pays à travers le monde, ayant répondu à son appel.
UNE PREMIÈRE JOURNÉE DE DÉCOUVERTE
Le premier jour de la rencontre, chacun a pu faire
connaissance dans une atmosphère détendue. Des
kakémonos explicatifs présentaient le travail que les
différents clubs suisses effectuaient sur le patrimoine
Fort de ce constat, la Fondation a réfléchi à une thématique centrale et qui rentre dans les missions qu’elle
s’est données, à la fois comme musée, comme institut
de recherche et comme vitrine culturelle de la Genève
internationale. Ainsi, le thème du patrimoine suisse de
l’étranger est apparu comme une évidence. Des siècles
durant, de nombreux Suisses ont quitté le pays pour
s’installer ailleurs, parfois à l’autre bout du monde
connu. Avec eux, ils ont emporté une partie de leur
culture et l’ont adaptée à la culture de leur pays d’accueil, produisant ainsi une histoire suisse de l’étranger.
Ce patrimoine est d’une richesse peu connue et chaque
club suisse à travers le monde se retrouve dépositaire
La Lettre de Penthes - No 26
| 59
| LA VIE DU MUSÉE
Restauration des tableaux par Alejandro Rogazy
culturel dont ils ont la charge. Le directeur du musée
et de l’institut, Anselm Zurfluh, a fait découvrir à ses
hôtes venus des cinq continents le domaine de Penthes,
son jardin alpin, sa vue sur le Mont-Blanc et sur le
lac Léman.
Genève sur le monde. Nos invités les plus étonnés ont
sûrement été les Uruguayens, ravis de voir leur ambassadeur à Berne, son Excellence Jorge Meyer Long, luimême d’ascendance suisse et appenzelloise, ouvrir la
rencontre aux côtés des autorités genevoises.
Une visite guidée du musée, expliquant l’histoire des
Suisses dans le monde, leur histoire et celle de leurs
aïeuls, a précédé une cérémonie d’ouverture officielle.
Les participants ont alors reçu un accueil chaleureux de
la part du vice-président du Grand Conseil genevois,
M. Jean-Marc Guinchard, qui a rappelé l’ouverture de
Le film du journaliste et cinéaste Diego Fischer,
Historias, relatos y sueños, qui présente l’histoire des
Suisses du Paraguay à travers des témoignages, a servi
à la fois de conclusion à la cérémonie d’ouverture et
d’introduction à la problématique de la conservation
et la promotion du patrimoine culturel suisse.
60 | La Lettre de Penthes - No 26
LA VIE DU MUSÉE
|
LES CONFÉRENCES
Le deuxième jour a été ponctué par deux cycles de
conférence, dirigés par le directeur, Anselm Zurfluh,
et modérés par le président de la Société des Amis de
Penthes, le journaliste et écrivain Daniel Bernard.
Les conférences du matin avaient pour thème la
conservation et la numérisation du patrimoine, autour
des spécialistes Christophe Mauron, conservateur au
Musée gruérien de Bulle et auteur de plusieurs ouvrages
sur l’émigration suisse en Argentine, Rudolf Gschwind
de la société Fachlabor, professionnel de l’archivage et
de la numérisation des archives, et Victor Weiss, versé
dans la problématique des volumes de stockages de
données numériques et de leur conservation. La conférence de l’après-midi avait pour thème la promotion et
le financement des projets culturels, avec l’intervention
de Thomas Schmutz, spécialiste de la question.
L’optimisation de la conservation
Christophe Mauron a utilisé son expérience de la
colonie suisse de Baradero en Argentine, dans laquelle
il s’est rendu plusieurs fois, pour poser les bases de la
problématique de la conservation et de l’atmosphère
contrôlé. Ainsi, la conservation optimale de la plupart
des matériaux demande une température entre 18°C
et 22°C, une humidité de 45 % à 55 %, et des écarts entre
ces valeurs les moins abrupts et récurrents possible. Ce
qu’il concède comme étant compliqué dans des régions
comme celle de Baradero, où l’humidité atteint des valeurs
trop hautes. Le siège de la Société suisse à Baradero,
fondé en 1890, est l’exemple d’un bâtiment infiltré par
l’eau et l’humidité. Si les fonds ne permettent pas la
mise aux normes de l’ensemble du bâtiment, la rénovation d’une salle pour le stockage des collections fragiles
peut être une solution moins onéreuse.
La Lettre de Penthes - No 26
| 61
| LA VIE DU MUSÉE
Que doit-on conserver–?
L’un des questionnements principaux de la rencontre a
été le choix dans la conservation. Quels sont les critères
pour décider de l’importance ou non d’un document ?
Une Uruguayenne témoigne : « On a tellement perdu dans
le passé qu’il faut absolument tout garder et conserver
même si on ne connaît pas la valeur ni l’intérêt du document. On doit prendre conscience de l’importance de
la conservation. En convaincre les gens. »
Christophe Mauron affirme « qu’il faut, d’une manière ou d’une autre, établir des critères de sélection, sur
des éléments intéressants et significatifs de l’époque.
Mais tout dépend de l’intérêt scientifique et de l’argent
que l’on a à disposition pour la conservation. Moins on
a d’argent, plus on doit sélectionner. Pour conserver et
investir, il faut savoir pourquoi. Il faut se mettre en
contact avec des experts. » Bien entendu, « des Etats
comme l’Argentine n’aident en rien à la conservation
d’un patrimoine qu’ils considèrent comme un patrimoine d’immigrants. En Suisse par contre, on peut
plus facilement créer une collaboration. Internet aide
beaucoup à l’évolution des associations. Ces archives de
l’histoire de l’immigration ont un intérêt véritable pour
l’Europe pour mieux comprendre la problématique
actuelle de l’immigration. Mais l’utilisation d’internet
nécessite une numérisation des documents. »
Numérisation et communication
Rudolf Gschwind, de Fachlabor Gubler SA, intervient pour expliquer l’importance de la numérisation et
la nécessité de l’organisation dans la digitalisation des
archives et l’utilisation des métadonnées. Numériser
comporte de nombreux avantages, comme conserver
un document malgré sa dégradation, permettre de
limiter sa manipulation et de communiquer dessus.
Mais afin de bien communiquer et aller au-delà de la
conservation de l’objet sous format numérique, les
métadonnées doivent être traitées de manière à pouvoir être diffusées pour les recherches et les connexions
entre les différentes bases de données. Ainsi, les musées
62 | La Lettre de Penthes - No 26
et les archives peuvent échanger des informations
sur leur collection respective et comprendre l’intérêt
des objets qui la composent. Mais il faut une organisation réfléchie et constante, pour éviter que chacun
utilise un protocole différent et mette à mal le travail
précédemment effectué. « Numériser ses archives permet de les montrer à des spécialistes qui eux, vont
pouvoir donner un avis sur la nécessité de conserver
tel ou tel document, affirme Christophe Mauron.
Le numérique aide à la collaboration, surtout sur les
longues distances. » Les musées et les archives helvétiques sont des services disposés à aider les Suisses de
l’étranger, et les aiguiller dans la gestion de leur patrimoine par leurs conseils.
Toutefois, la numérisation ne dispense pas d’être
attentif à la conservation des documents originaux.
« Surtout, précise Christophe Mauron, que les données
LA VIE DU MUSÉE
numériques sont particulièrement fragiles. Les formats
évoluent, les logiciels aussi. Une base de données créée
en 2010 peut devenir illisible ou corrompue en 2015.
Et les supports numériques ne sont pas plus éternels
que les documents originaux. »
Support de stockages
Victor Weiss, spécialiste dans le stockage et la
conservation des données numériques et lui-même
Suisse d’Israël, prend la parole pour exposer les différentes problématiques sur le sujet. La technologie offre
actuellement de vastes options, entre le stockage sur des
supports à distance (Cloud, VPN, Google, DropBox…)
qui, s’ils évitent les risques de perte physique, restent
sensibles au niveau de la sécurité des données, et le
stockage sur des supports locaux, comme les CD, les
disques durs SSD/HDD et d’autres.
|
L’évolution des supports locaux a fait réaliser leur
instabilité dans le temps. Ainsi, un CD/DVD a une durée
de vie de 20 ans et un disque dur entre 10 et 20 ans.
Les technologies de stockage optique 3-D et M-Disc
(Millenial Disc) ont permis d’augmenter la durée de vie
des supports numériques jusqu’à un siècle, voire 1000 ans
selon ce que prétend la compagnie détentrice du brevet
du M-Disc. Mais la longévité des supports ne pourra
être démontrée qu’avec le temps, et il reste nécessaire de
prêter attention aux sauvegardes des données sur plusieurs supports, autant locaux qu’à distance. Ainsi les
échanges et les collaborations permettent aux données
de circuler et d’être sauvegardées quelque part.
Les conférences se sont donc terminées sur les
conclusions suivantes : la nécessité d’offrir de bonnes
conditions de conservation (température et humidité),
l’importance de la conservation des documents pour la
La Lettre de Penthes - No 26
| 63
| LA VIE DU MUSÉE
postérité, l’utilité des échanges avec des spécialistes de
la Suisse, l’efficacité de la numérisation dans les
échanges et la préservation du patrimoine et l’effort qui
doit être fait pour prendre conscience des risques de
perte des données numériques.
Mais une des questions récurrentes reste celle concernant le financement des projets de conservation, de
restauration et de numérisation.
Savoir exposer un projet
Thomas Schmutz explique que financement et promotion sont imbriqués. La promotion permet de trouver
un financement qui permet une meilleure promotion
qui permet elle-même de trouver un plus gros financement… Mais il faut commencer par définir le projet
et la stratégie, et contrôler par la suite la réalisation et
le financement.
Une fois les raisons et les limites du projet définies, il
faut lui construire un plan de financement en demandant
l’avis des spécialistes du sujet. Il est plus sûr d’assurer le
financement par plusieurs sources de revenus : les dons
privés (mécènes et entreprises, financement participatif),
les subventions publiques (commune, canton, Loterie
romande), les sociétés d’amis et les revenus indirects
(prix des billets, ventes autour du projet).
Les dons privés auprès des mécènes ou des entreprises
demandent la constitution d’un dossier de sponsoring
structuré, qui met en avant les points forts du projet qui
pourraient intéresser le mécène. Le sponsor demande
souvent des exclusivités ou des retours pour ses clients, s’il
s’agit d’une entreprise par exemple. Le financement participatif devient un mode de financement de plus en plus
utilisé par la culture et le milieu du patrimoine. De
nombreux sites internet proposent des services de mise
en réseau, mais il faut correctement réfléchir aux
contreparties proposées à ceux qui investissent dans le
projet. Un suivi est nécessaire.
64 | La Lettre de Penthes - No 26
LA VIE DU MUSÉE
Les financements publics sont toujours possibles à
travers les communes ou les organes de redistribution
comme la Loterie romande. Pour ce qui est des Suisses
dans le monde, si on s’imagine que le pays ne s’intéresse
pas à son patrimoine d’immigration, ils peuvent difficilement se tourner ailleurs.
La fidélisation par la Société des Amis est une source
de revenu stable et l’assurance de capter un public. Il est
important de mettre en avant les membres et de les
fidéliser autour du projet. Il faut que le bénéfice d’être
membre soit évident.
L’ensemble de ces sources de revenus directs, basé sur
la communication du projet, se génère mutuellement
quand la machine est lancée. Le public aidera plus
volontiers au projet si une partie du financement est
assurée par des privés, qui seront plus incités à investir
s’ils sont sensibilisés par le projet et par leur statut de
membre de la Société des Amis.
Quand Anselm Zurfluh demande la base véritable de
financement, Thomas Schultz répond « qu’il faut avant
tout fonder une association ou une fondation. Le lien
www.swissfoundations.ch donne les standards pour ce qui
concerne les donations. Ensuite, des spécialistes peuvent
aider à développer une stratégie de financement autour
des forces du projet. Puis construire un réseau est essentiel,
de même que rendre compte de la réalisation du projet
pour garder les sponsors acquis. »
|
mauvais chemin. Parfois, il faut réfléchir à un projet en
fonction de son impact sur les médias et le grand public.
Pour le bénéfice financier, c’est indispensable. »
Anselm Zurfluh conclut ainsi les conférences sur la
nécessité de construire un projet, de le communiquer et
de le partager afin de trouver les financements pour sa
réalisation. Il rappelle que la rencontre des Clubs suisses
à Penthes a été organisée dans ce sens. La prochaine
édition, en 2016 ou 2017, proposera de se pencher sur
l’évolution des traditions suisses à l’étranger. Le directeur
remercie l’assemblée et les intervenants, il invite chacun
à venir au repas de gala de la soirée.
UNE DERNIÈRE NOTE FESTIVE
La première Rencontre des Clubs suisses s’est conclue
par un repas festif durant lequel chaque participant a pu
échanger sur ces deux jours dédiés au patrimoine suisse de
l’étranger. Les réactions ont été très positives sur l’ensemble de l’événement et la Fondation pour l’Histoire
des Suisses dans le Monde est désormais convaincue du
rôle qu’elle doit tenir, au centre des relations entre les
clubs suisses à l’étranger. Elle est ainsi déjà occupée à
organiser la prochaine édition et invite les Suisses dans
le monde à venir se rassembler à Penthes.
« Mais comment passer à une gestion professionnelle
quand on est amateur ? » demande un Suisse du Chili.
« Toutes les grandes institutions étaient des amateurs
au début, répond Thomas Schmutz. Ce n’est qu’avec le
temps, une bonne organisation et un grand effort qu’on
y arrive. Cependant on peut se poser une question :
est-ce que tous les projets doivent se concrétiser ? Il faut
savoir réorienter son projet lorsque celui-ci prend un
La Lettre de Penthes - No 26
| 65
| LA VIE DU MUSÉE
Yakari, un
petit Sioux
à Penthes
Par
Camille Verdier,
directeur artistique,
Musée des Suisses
dans le Monde
Cet automne, le Musée des Suisses dans le
Monde plonge à nouveau le visiteur dans
l’univers coloré de la bande dessinée.
A
près les expositions Le Marin et le Photographe, Corto Maltese et Marco D’Anna en
2012, rendant hommage au dessinateur
Hugo Pratt, et Objectif Penthes. Tint’ interdits, pastiches et parodies en 2014 qui nous a régalés avec des
parodies « tintinolesques » les plus désopilantes de la
production bédéiste suisse, nous célébrons l’œuvre de
deux Suisses, Derib et Job, à travers l’un des personnages de BD les plus attachants : Yakari.
Ce petit Sioux qui parle aux animaux et qui, depuis
40 ans, a bercé et berce encore l’enfance de nombreuses
têtes blondes, est sans doute le représentant le plus
connu du Neuvième Art helvétique, en concurrence
avec Titeuf. Et quel meilleur endroit que le château de
Penthes, en République de Genève, pour exposer la
bande dessinée suisse ?
En effet, le créateur et théoricien de la BD, Rodolphe
Töpffer (1799-1846) est Suisse et Genevois et ses « histoires en estampes », comme Monsieur Jabot (1833),
lient de manière narrative et séquentielle l’image et le
texte, sur un ton humoristique et fantaisiste. Töpffer
théorisa même les principes de cet art qu’il pensait nouveau, où « les dessins sans le texte n’auraient qu’une signification obscure ; le texte sans les dessins ne signifierait rien ». Certes les lettres de noblesse de la bande
dessinée occidentale ont été acquises en Belgique, mais
la Suisse a produit des dessinateurs fameux comme
Derib qui, dans l’apprentissage de son art, à Bruxelles
auprès de Peyo, est un Suisse de l’étranger.
Mais revenu sur les rives du Léman, le Vaudois Derib
apparaît comme le premier auteur suisse à obtenir un
succès international. Et au bout du lac, la cité de Calvin
peut s’enorgueillir d’être le grand centre d’une production
dessinée nouvelle avec des auteurs comme Exem, Mix &
Remix ou encore Zep. Mais que serait Yakari sans son
deuxième « père », le Jurassien Job, qui goûte dorénavant
à la chaleur de la garrigue nîmoise, dans une maison
Bauhaus dont la porte nous a toujours été ouverte ?
Si Yakari est le personnage central de notre exposition,
nous n’aurions pas pu manquer l’occasion d’évoquer les
cultures des Indiens d’Amérique du Nord, d’ailleurs si
chères à Derib et à Job. Comme chacun, ils ont été
bercés par les westerns hollywoodiens et par l’idée que les
« Indiens » massacrent les valeureux pionniers américains,
66 | La Lettre de Penthes - No 26
LA VIE DU MUSÉE
|
Pehriska-Ruhpa. Guerrier Mannitarri
costumé pour la Danse du Chien.
Karl Bodmer – 1832-1834
ces cow-boys dont John Wayne est l’archétype. Par la suite,
des films comme Danse avec les Loups (1990) ou Le Dernier
des Mohicans (1992), adaptation de l’œuvre de Cooper et
Pocahontas (1995) ont donné cette image romantique des
cultures indiennes, nostalgique de leur quasi-disparition.
Dans l’esprit des Euro-Américains l’« Indien » a souvent
l’apparence d’un Sioux ou d’un natif de la région des
Plaines : chevauchant dans les plaines, chassant le bison,
arborant des coiffes à plumes et habitant les fameux tipis.
L’exposition démarre donc par la présentation de ces
objets iconiques des peuples natifs occupant les Plaines, et
de ce qui interpelle l’imaginaire et le merveilleux : l’aventure dans l’Ouest sauvage américain. Pourtant cela ne
concerne qu’une infime partie des centaines de tribus qui
peuplaient le nord de l’Amérique, du désert du NouveauMexique jusqu’aux toundras d’Alaska, des vallées boisées
des Montagnes Rocheuses aux vastes prairies du Kansas.
Ces « clichés archéologiques » sont mis en relation avec
les œuvres graphiques de Suisses qui sont partis au XIXe
siècle explorer l’Amérique du Nord. Karl Bodmer
(1809-1893), Peter Rindisbacher (1806-1834), Friedrich
Kurz (1818-1871) et Frank Feller (1848-1908) nous ont
laissé des témoignages exceptionnels des tribus qu’ils ont
rencontrées durant leur périple : Crows, Comanches,
Kiowas, Cheyennes, Mandans, Lakotas, Dakotas,
Blackfeet, Assiniboines nous apparaissent dans leur vêtement d’apparat, dans les scènes de la vie quotidienne
ou durant les cérémonies. Ces dessins précieux pour
l’ethnographie sont des instantanés de ces cultures bouleversées par le contact avec le colonisateur et poussées
à l’extinction par les déportations.
Ces Suisses du XIXe siècle sont à mettre ensuite en relation avec ce Suisse du XXe siècle qui dessine des Natifs :
Derib. Si Yakari est son œuvre la plus connue, nous avons
décidé d’exposer des planches de Celui-qui-est-né-deuxfois, plus proche de la réalité historique et ethnologique.
Loin de la tragédie amérindienne, Job a écrit des textes
inédits afin d’évoquer le monde de Yakari à travers le bestiaire que le petit Sioux rencontre au cours de ses aventures.
En effet, les tribus accordaient beaucoup d’importance à
leur rapport avec la nature et les mythes autour des animaux en sont un symbole fort. Nous ne pouvons songer
au mode de vie des Plaines sans réfléchir aux valeurs
d’écologie qui caractérisent les courants de pensée actuels
et qui transpirent dans les aventures de Yakari.
Enfin, cette exposition s’adresse aux plus jeunes et
tout un parcours pédagogique a été développé ainsi qu’un
carnet d’exploration. Une première à Penthes ! « Le dernier
des Mohicans » nous a quittés, mais nous reste Yakari, nous
invitant à cette grande traversée sur les pistes et les traces
ensoleillées par Derib et Job de la nostalgie amérindienne. Le film suisse de Patricia Moraz disait Les Indiens
sont encore loin (1977). Les voici revenus tout près de
nous, rien que pour vous, sur le domaine de Penthes.
La Lettre de Penthes - No 26
| 67
| LA VIE DU MUSÉE
Par
Anselm Zurfluh
Directeur
du Musée et de
l’Institut des Suisses
dans le Monde
Exposition du 1er novembre 2015
au 14 février 2016
68 | La Lettre de Penthes - No 26
LA VIE DU MUSÉE
|
D
ans les discussions philosophiques et politiques
de ces derniers temps, des personnalités, des
institutions, les politiques et les professionnels
de l’éducation ont mis le doigt sur la quasi-absence
d’un enseignement de l’histoire de la Suisse. Ce phénomène touche toute l’Europe et chaque nation.
La Société Helvétique a même lancé une pétition pour
exiger que l’histoire suisse retrouve sa place légitime
dans nos écoles. Chacun y va donc de sa solution. Or,
un des problèmes récurrents qui se posent à ce propos,
c’est de savoir comment motiver les uns et les autres
autour d’une thématique supposée aride et difficile.
Le Musée des Suisses dans le Monde a décidé de
s’emparer de cette problématique et de proposer une
solution ludique et pédagogique pour les jeunes et les
moins jeunes. Ainsi, associer la marque Lego® à l’Histoire suisse nous a semblé une bonne approche. Encore
fallait-il choisir les sujets... Et pouvoir les associer à
notre collection muséale. Ce qui fut fait, de Guillaume
Tell, mythe fondateur autour de nos libertés suisses à
Napoléon, garant de l’organisation nouvelle de la Suisse
après la Révolution, de la fameuse locomotive Crocodile utilisée au Gothard au couteau Suisse Victorinox,
icônes mondiales de l’industrie suisse, du Château de
Penthes au sommet du mont Everest. Ce sont quelques
moments forts de notre passé que nous pouvons illustrer d’autant mieux que les constructions Lego® sont en
miroir avec les pièces de notre propre collection. Pas
moins d’un million de briques Lego® ont été nécessaires
pour pouvoir construire les œuvres que vous admirez.
L’exposition et son catalogue retracent ces moments
forts de notre histoire, des ateliers permettent à tous de
s’immerger dans l’histoire, des visites guidées accompagnent les publics et des parcours spécifiques ont été mis
en place pour les personnes en situation de handicap.
Tout un programme au service d’un seul objectif :
faire partager et aimer l’histoire du pays dans lequel
nous vivons.
La Lettre de Penthes - No 26
| 69
| LA VIE DU MUSÉE
Tout commença quand je
découvris sous le sapin
de Noël ma première
®
boîte de LEGO
Eric Jousse
Directeur de l’agence
Epicure Studio
Commissaire adjoint
de l’exposition
Histoire en Briques
La culture est comme l’air que l’on respire. Elle nous est indispensable.
Elle fait partie de notre vie, contribue à notre éducation. Elle rassemble.
Elle surprend. Elle émerveille... et surtout, elle nous permet de vivre des
instants d’évasion... C’est une véritable ouverture aux autres permettant
d’enrichir notre quotidien et de découvrir le monde qui nous entoure
au regard de créations aussi déroutantes que fantastiques. C’est aussi
comprendre le passé et imaginer le futur à travers des témoignages divers
et variés de l’histoire – et c’est aussi une histoire personnelle.
C
’était un train avec des rails bleus que l’on assemblait avec des petites plaques blanches. Une
locomotive noire associée à un wagon « caisson »
rouge dans lequel on mettait des piles, le faisant avancer,
suivi de deux autres wagons. C’était fabuleux et nouveau pour moi... C’était hier... Ou plutôt non, il y a plus
de 35 ans. Je venais juste d’avoir mes 5 ans. Le souvenir
d’un petit garçon qui ne l’a jamais quitté. Ce fut
« LE JOUET » qui déclencha cette passion quelque
peu incontrôlable pour les briques LEGO®… Maintenant, j’ai 4 enfants. Je continue à assembler ces rails
devenus gris sur lesquels roulent des trains de plus en
plus perfectionnés... Et je vois leurs yeux s’émerveiller.
Je suis heureux et je n’ai pas besoin de plus…
Dirigeant d’une entreprise de communication, d’événementiel et d’architecture Retail depuis plus de 20 ans,
féru d’histoire ainsi que des briques LEGO®, je me suis
donc rapproché de l’association Bonap’Art (Association
valorisant le patrimoine culturel et historique français
70 | La Lettre de Penthes - No 26
et international), pour proposer au Député et Maire de
la ville de Rueil-Malmaison, Monsieur Patrick Ollier,
une exposition unique, à la fois ludique et audacieuse
dans le cadre du « 2e Jubilé de Napoléon & Joséphine ».
Evénement populaire qui draina plus de 60 000 visiteurs pendant les journées du patrimoine en 2014.
Financée en partie par COFELY INEO du groupe
ENGIE, l’exposition a eu pour objectif de reproduire
en briques LEGO®, les patrimoines architecturaux,
culturels et artistiques des villes de Rueil-Malmaison
et Paris liés à la période du début du XIXe siècle.
Distribué dans plus de 140 pays, vendant en moyenne
sept boîtes à la seconde dans le monde avec un milliard
et demi d’utilisateurs, LEGO® qui soutient cette exposition, est devenu récemment le premier groupe mondial
sur le marché du jouet ! D’où l’idée d’associer un produit de consommation moderne et intergénérationnel
en ayant pour but de faire découvrir et de raconter
l’histoire autrement aux enfants et à leurs aînés via un
LA VIE DU MUSÉE
produit reconnu, voire même adulé : la brique LEGO®.
Mais c’est aussi la mise à disposition d’ateliers pédagogiques pour les visiteurs pour construire « le monde »
tel qu’ils le perçoivent et afin de poursuivre l’expérience, une boutique éphémère est implantée où les
produits du catalogue LEGO® sont vendus.
modélisateurs-constructeurs maîtrisant les techniques
de construction LEGO® ne manquant pas d’ingéniosité et d’originalité ! Après Genève, une autre exposition s’installera à Saint-Quentin en Picardie pour
ensuite voyager dans maintes villes de France et d’Europe, pour une tournée de cinq années.
Une exposition muséographique, qui se veut itinérante, chaque fois adaptée aux lieux et qui s’enrichit
au fur et à mesure de son exploitation par les villes et
les musées. Après Rueil-Malmaison près de Paris,
Waterloo en Belgique et La Mure, ville d’origine minière jouxtant Grenoble, l’exposition se produit actuellement au Château de Penthes, Musée des Suisses
dans le Monde, avec des œuvres originales, conçues
pour illustrer quelques aspects choisis de l’histoire
suisse, de Guillaume Tell à Roger Federer, par Valentine
Meyer, Commissaire de l’exposition et Anselm Zurfluh,
Directeur du Musée. Des œuvres produites par des
Histoire en Briques est une exposition incontournable à vivre en famille pour le plaisir des plus jeunes
comme des plus grands. Plus de 75 000 visiteurs sont
déjà venus admirer ces œuvres uniques lors des précédentes expositions ! Je compte énormément sur le
public suisse, pour poursuivre cet élan tout en laissant
la magie LEGO® faire son œuvre.
|
Tous à vos briques et TAK ! (*)
(*) Merci en danois
www.epicure.fr
La Lettre de Penthes - No 26
| 71
| À TRAVERS LE MONDE
Swiss High-tech
on the Oceans
Philippe M. Guénat
chairman
of the technical
advisory board
72 | La Lettre de Penthes - No 26
Life was harsh in the inhospitable mountain valleys of the founding ‘forest
cantons’ of Uri, Schwyz and Unterwalden and ever since the beginnings
of the Swiss Confederation, some seven centuries ago, the Swiss have
faced a formidable challenge: how to generate wealth without easily available natural resources. However, the Swiss have always been characterized by their gift for finding creative solutions to seemingly intractable
problems. And to prosper from them. Indeed this genius for transcending
hardship and scarcity is so great that it borders on alchemy: the famous
Swiss ingenuity.
À TRAVERS LE MONDE
|
T
he Devil’s Bridge and the tolls collected there,
the flourishing trade with pilgrims on their
way to Rome, well-paid mercenaries all over
Europe, the relative oasis of peace during the 30-YearWar in Europe… All these were important factors
that contributed to the country’s prosperity. But most
importantly, Switzerland from the start was obliged to
invest in producing quality. Perhaps the best example
of this is the making of cheese, because only cheese of
the highest quality could be transported and sold
throughout Europe. Later on, the Swiss gained a reputation for engineering, arbitrage, and precision tools,
all following the same pattern: a focus on quality and
high prices for niche markets.
The ‘made in Switzerland’ label, which is today
synonymous with quality and reliability, is not merely
some quaint cultural stereotype but rather springs
from a proud and unique history of entrepreneurial
creativity. Swiss quality has become the hallmark of
excellence worldwide.
Despite its decidedly un-Swiss name, BakriCono Co.
Ltd is nevertheless a shining example of Swiss knowhow under Swiss and international ownership and
management. Established in 2004, it is a privately held
company strategically located on the eastern shore of the
Gulf of Thailand, where people need boats. This hightech shipyard is a specialist builder of monohull and
catamaran luxury yachts, both sailing and powered,
but with one tiny difference: they are powered by the
sun! BakriCono’s staff of highly specialized workers
and technicians is at the leading edge of this technology.
From design to finished product, the shipyard’s
expertise has earned it worldwide respect for its precision and excellence in boat-building. The company
has a strong Swiss and European presence in management and key technical positions. In Michael LópezAlegria it has a former NASA astronaut as a partner.
One of the key partners is Philippe M. Guénat, chairman of the technical advisory board as well as a member of the board of the SolarPlanet Foundation, which
embodies the best of Swiss entrepreneurial excellence.
He is a passionate yachtsman who spent his formative
years on Lake Geneva learning about navigation and
seamanship. His later vocation as an hotelier and his
passion for tourism took him to the Orient where he
managed various hotels, presided over the Hotelier’s
Commission of Thailand and lectured on business
management and re-engineering at the University of
Bangkok. Well-known for his entrepreneurial flair
and outstanding achievements, Philippe naturally decided to devote his energy and skills to the shipyard.
He has combined his knowledge of sailing and solar
energy and has pioneered the use of hybrid energy in
the field of marine transportation. He leads BakriCono’s
international business development and strategic
partnerships. His business acumen, exacting standards
and varied skill set are emblematic of the worldrenowned Swiss brand of entrepreneurial genius. In a
way, Philippe is the typical Swiss...working in Thailand
with an international crew, featuring a high-tech
product, producing first-class objects of the finest
kind, selling the end-product to dedicated customers
who more often than not become friends...it’s Swiss
know-how at its best!
www.bakricono.com
La Lettre de Penthes - No 26
| 73
| À TRAVERS LE MONDE
Touristische Leistungen
in aller Welt - man
spricht Deutsch
Ferien in den Philippinen bei einem Schweizer Ehepaar? Insidertipps
in Australien in deutscher Sprache? Viele Schweizer schätzen diese
Annehmlichkeiten in den Ferien. Auf dem neuen Vermittlungsportal
halloswiss.ch können Auslandschweizer ihre touristischen Angebote
vom Hotel bis zum Ausflugsprogram präsentieren.
A
uf halloswiss.ch finden Sie Schweizer im
Ausland, welche eine touristische Leistung
anbieten und sich mit Ihnen in Deutsch unterhalten wie zum Beispiel die Familie Blum – bekannt aus der Sendung „Auf und Davon“ auf SRF –
die seit 2013 unvergessliche Abenteuerferien in
Kanada anbieten oder Birgit und Rene in Südafrika,
welche mitten in der Natur zwischen Bergen und
Seen eine Lodge mit dem Namen „Kwela“ betreiben.
Das Projekt halloswiss.ch ist Ende Mai erfolgreich
gestartet. Bis heute sind es über 120 Angebote weltweit, die von Auslandschweizern platziert wurden.
Ob Unterkünfte, Restaurants, Tauchschulen, Fahrzeugvermietungen, Sprachschulen, Surf Camps oder
weitere tolle Angebote, alle haben eines gemeinsam:
Alle Anbieter sprechen Deutsch.
Ende 2014 wurden rund 747 000 Schweizer im Ausland gezählt und rund 10 000 Auslandschweizer mit
touristischen Angeboten. Wir sind stets auf der Suche
nach Schweizern im Ausland. Vielleicht kennen Sie
selbst jemanden, der von unserer Idee profitieren könnte?
Wir freuen uns über Schweizer Kontakte.
Die Idee wurde übrigens vor 20 Jahren zwischen
Bier und Bänken in einer Beiz in den USA ins Leben
gerufen. Wäre es nicht toll, wenn man Schweizer im
74 | La Lettre de Penthes - No 26
À TRAVERS LE MONDE
Ausland besuchen könnte. Damals hiess die Idee „Urner
besuchen Urner“. Das Projekt kam sehr gut an, versandete aber leider nach einigen Jahren wieder. Letztes Jahr kam die Idee wieder auf und Ende Mai 2015
wurde halloswiss.ch lanciert und ins Leben gerufen.
Halloswiss ist keine Buchungsplattform wie Airbnb
sondern ein Vermittlungsportal. Ein Angebot kostet
CHF 69.– pro Jahr und es kommen keine weiteren Kosten
dazu. Die Besucher nehmen direkt Kontakt über das Kontaktformular oder via Email-Adresse auf. Es ist auch schon
vorgekommen, dass Auslandschweizer andere Schweizer
Nachbarn entdeckt haben. Was uns natürlich sehr freut.
|
Hinter dem Projekt halloswiss stehen die Reisebüros
Hauger mit fünf Standorten in der Innenschweiz. Anbieter können auf die Unterstützung eines starken Partners in der Schweizer Reisebranche bauen.
Das allererste Angebot ist übrigens von halloswiss-Projektleiterin Bettina Berger, welche ihr Pensum mit ihrem
Bruder teilt. Oli Berger ist für alles Grafische verantwortlich. Bettina lebt seit acht Jahren in British Columbia,
Kanada, und ist momentan für 6 Monate in der Schweiz
und betreut das neue Projekt. Im November geht es dann
wieder zurück in die Cat Skiing Lodge namens Mustang
Powder, wo sie als Lodge Managerin für den Winter arbeitet.
www.halloswiss.ch
La Lettre de Penthes - No 26
| 75
| IMPRESSUM
LA LETTRE DE PENTHES
LE MAGAZINE DU DOMAINE DE PENTHES
NUMÉRO 26 – AUTOMNE 2015
ÉDITEUR
CONCEPTION ET RÉALISATION
Fondation pour l’Histoire des Suisses dans le Monde
Château de Penthes
18, ch. de l’Impératrice
CH-1292 Pregny-Chambésy
T +(0)22 734 90 21
www.penthes.ch
Théorème communication, Genève
CORRECTIONS
Béatrice Obergfell
PUBLICITÉ
Régie Kal
RÉDACTEUR EN CHEF
Anselm Zurfluh
IMPRESSION
Atar Roto Presse SA, Genève
ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO
Gabrielle Claerr Stamm
Guy Ducrey
Laure Eynard
Stéphane Kronenberger
Stéphane Sapin
Bénédict de Tscharner
Camille Verdier
Christophe Vuilleumier
TIRAGE
4000 exemplaires
PHOTOS
Epicure studio – couverture, pp. 68, 69, 70, 71
© Derib+Job - Le Lombard – pp. 1, 66
Christophe Veuilleumier – pp. 1, 17, 18, 19, 21
Musée des Suisses dans le Monde – pp. 3, 57, 60
Guy Ducrey – p. 4
Switzerland Global Entreprise – p. 7
Henry Bois de Chesne – pp. 11, 12, 13
© L’Osservatore Romano/AP Photo – p. 14
Camille Verdier – pp. 14, 15, 67
Anton Bebler – pp. 22, 23
Stéphane Kronenberger – pp. 30, 31
Laurence Deonna – p. 41
© Fachlabor Gubler AG – pp. 51, 55
Dominique Quennoz – pp. 58, 59, 61, 62, 64
Zurich, Nordamerika Native Museum – p. 67
BarkiCono Co. Ltd – pp. 72, 73
DR.
76 | La Lettre de Penthes - No 26
PERFOR MANCE
neutral
Imprimé
01-15-462623
myclimate.org
RANGERWOOD
MAKERS OF THE ORIGINAL SWISS ARMY KNIFE | VICTORINOX.COM