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WEF 2016 4
Service de transport aérien de la Confédération
 7
Des engagements flexibles pour le Conseil fédéral
Camp de survie en montage pour l’école de pilotes
8
Apprendre à survivre en haute montagne
Exercice sur le simulateur de conduite
Une première pour les Forces aériennes
22
Editorial
En avant !
Le souvenir de la votation de mai 2014 n’est pas des plus agréables.
Souvenez-vous : le peuple rejetait alors le projet d’acquisition de 22
avions de combat de type Gripen E pour remplacer les F-5 Tiger obsolètes. Pour la protection de l’espace aérien suisse dans les situations
particulières et extraordinaires, cette décision constituait un coup
dur. Depuis, notre mission n’a cependant pas changé : nous continuons d’assurer en permanence la souveraineté sur l’espace aérien
suisse et nous tenons prêts, le cas échéant, à le défendre. Chaque jour,
nous nous engageons à cette fin. Or, la trentaine d’avions F-5 Tiger
encore opérationnels et les 31 F/A-18 ne suffiront pas à relever les défis à venir, et ce même si la durée d’utilisation des F/A-18 est prolongée de cinq ans. On peut tourner et retourner le problème dans tous
les sens : si l’on veut garantir à long terme la sécurité de l’espace aérien
suisse, nous aurons besoin de nouveaux avions de combat.
Dans ce contexte et convaincu que l’on apprend de ses erreurs, le ministre de la Défense Guy Parmelin a récemment informé le Conseil fédéral de la façon dont il compte lancer le processus d’acquisition. En
2017, il entend en effet soumettre au Parlement un crédit alloué à la
planification, aux essais et aux préparatifs d’achat. D’ici au printemps
2017, un groupe d’experts composé de représentants des différents domaines concernés de l’armée, d’armasuisse et du Secrétariat général
du DDPS répondra, dans un rapport, aux questions de fond concernant les besoins, la procédure et les aspects industriels. Ils aborderont également la question de l’avenir des F/A-18 et des F-5 Tiger.
Ce groupe d’experts est dirigé par le chef de l’Etat-major de l’armée
et supervisé par le chef de l’Armée et le chef de l’armement. Il est encadré par un groupe d’accompagnement, composé quant à lui d’un
représentant de chaque parti gouvernemental. La participation de
représentants du DDPS, d’autres départements, de l’industrie et de
la Société suisse des officiers est également prévue. La mission de ce
groupe d’accompagnement consiste à suivre le travail du groupe d’experts, à discuter des aspects fondamentaux relatifs à l’acquisition et à
partager ses conclusions avec ce dernier.
J’attends beaucoup de cette procédure et me réjouis que les conditions favorables à une acquisition réussie de nouveaux avions soient
désormais réunies.
Le commandant de corps Aldo C. Schellenberg,
commandant des Forces aériennes
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Photo : CME
Chères lectrices,
Chers lecteurs,
Contenu
Image de titre
Un regard dans le cockpit d’un PC-7.
(Photo : DDPS)
Contenu
4 Ensemble pour la sécurité de Davos
Les Forces aériennes au World Economic Form
7 « A bord, les passagers se sentent comme chez eux »
Le service de transport aérien de la Confédération
8 Apprendre à survivre en haute montagne
L’école de pilote en formation
10 Des nichoirs dans les casernes
La Place d’arme de Payerne accueille des oiseaux
12 L’état-major, véritable épine dorsale
Engagement du groupe météo 7
14 Halte aux intrus !
Enagement en faveur du WEF
6 La réserve dans les airs
Les hélicoptères des Forces aériennes quo­
tidiennement pour des missions au WEF.
16 Tous les systèmes de radar ne se ressemblent pas
La surveillance de l’espace aérien
18 Coup de main aux militaires en service
Un partenariat important
19 Claude Nicollier promeut 14 nouveaux pilotes militaires
Cérémonie de promotion à Weggis
20 Enagement réel par -30° C
Chaque WEF est différent
24Agenda
11
Le piquet de sauvetage grossit
La Base aérienne de Payerne possède
un nouveau camion « Rosenbauer Panther »
pour le piquet de sauvetage.
Impressum
« armée.ch », le magazine des militaires des Forces aériennes, paraît deux fois par année en allemand,
français et italien
Prochaine édition :
2/2016 Délais rédactionnel : 12.09.2016
Parution :
hiver 2016
Editeur : Commandant des Forces aériennes
Rédaction : Communication des Forces aériennes ; Rédaction armee.ch ; Delphine Allemand,
Papiermühlestrasse 20, 3003 Berne
Traduction : Services de traduction du DDPS
Mise en page et production : Centre des médias électroniques (CME), BLA
Impression : Kromer Print AG, Lenzburg
Changements d’adresse : Mil incorporés, par écrit aux autorités militaires du canton de domicile.
Tous les autres auprès de la Communication Forces aériennes, Papiermühlestrasse 20, 3003 Berne
Copyright : DDPS, domaine Défense
Internet : www.armee.ch
www.forcesaeriennes.ch
22Suivi de la situation optimal et ­
volonté exemplaire
Un exercice sur le simulateur de conduite
de l’Ecole d’état-major général.
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Engagement
Photo : sdt Mark Wyss
WEF 2016
Ensemble pour la sécurité de Davos
Pilotes et mécanicien, une équipe complice et bien rodée.
En janvier 2016, dans un contexte de vigilance accrue, les militaires de milice et le personnel professionnel des Forces
aériennes ont à nouveau œuvré pour un déroulement sans encombre du Forum économique mondial (WEF) à Davos.
Des militaires de la compagnie de météorologie 73, un pilote militaire professionnel et un mécanicien sur avions racontent
leur mission.
La visite des postes météorologiques par
armee.ch n’aurait pas pu être plus représentative des conditions météorologiques
particulières qui prévalent parfois. Pris dans
une tempête de neige, un détachement de
presse arrive. Des précipitations ? Oui. De
la visibilité ? Non. Bien que mauvaises, ce
sont aussi des informations qui devront être
transmises. Les postes météorologiques, répartis sur un grand secteur d’engagement,
contribuent à la sécurité des hôtes du WEF.
En effet, pour se rendre dans le fief alpin
des congrès, une grande partie des chefs
d’Etat, des ministres et des chefs d’entreprise prennent un hélicoptère depuis l’un
des grands aéroports suisses. Le pilote d’hélicoptère a grand besoin des informations
communiquées par les postes météorologiques sur les précipitations, les nuages et
la visibilité. Sans elles, aucun hélicoptère ne
décolle de l’aéroport de Zurich.
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Données météorologiques collectées
en permanence
Pendant environ trois semaines, le sergent
Christian Ammann et l’appointé Mathias
Davatz sont stationnés sur un poste météorologique se trouvant près de la tour
d’observation. Là où des randonneurs
gravissent la montagne en journée, les
militaires recueillent en permanence des
données météorologiques. Auparavant inscrites à la main et saisies dans des systèmes
aujourd’hui obsolètes, celles-ci sont dorénavant transmises par iPad. La compagnie de
météorologie 73 exploite une centrale et une
série de stations externes. Outre les postes
météorologiques, des données sont récoltées
dans des postes d’exploration servant de
base pour envoyer des ballons-sondes dans
les airs. Ces données permettent de briefer
les pilotes sur les aéroports. Les données
météorologiques sont aussi transmises au
Centre des opérations des Forces aériennes
(AOC) et font partie intégrante de l’image
de la situation aérienne, sur laquelle se fonde
toute décision importante.
Les postes météorologiques ne sont pas
forcément installés aux endroits les plus fréquentés. Ils se trouvent parfois près d’une auberge de montagne, où la troupe peut alors se
Photo : Delphine Allemand
Of spéc Marc Forster, frac EM comm FA
Plt Sebastian Hueber, frac EM comm FA
Delphine Allemand, comm FA
Christian Savary est prêt pour le WEF.
Engagement
sustenter. En revanche, lorsqu’ils sont situés
dans des endroits reculés, la troupe prend
des vivres avec elle à partir de la centrale et,
parfois, un cuisinier de détachement prépare
les repas.
Ailleurs, les militaires doivent aussi affronter
des conditions météorologiques défavorables.
« Lundi, quand nous sommes arrivés ici à Samedan, il faisait -26 °C », raconte Gianmarco
Rutz. Ils ont dû porter des gants afin de ne
pas subir de gelure lors du travail à l’extérieur.
Les stylos n’ont pas écrit et les batteries ont
été affectées par le froid. Aujourd’hui, alors
que le thermomètre est encore en-dessous de
zéro, Gianmarco Rutz contrôle à mains nues
le PC-7 A-919 qui vient de se poser après un
engagement dans l’espace aérien au-dessus
de Davos. Dans le calme, les mécaniciens
prennent l’appareil en charge. Un collaborateur civil de l’aéroport remplit les réservoirs
d’aile de 150 litres de kérosène sous l’œil
attentif d’un collègue de Gianmarco Rutz.
Lampe de poche en main, ce dernier effectue
le contrôle final et se glisse sous la carlingue.
« Les mécaniciens font un travail super ici »,
déclare le pilote, le capitaine Marius Krüsi.
Selon lui, il n’y a qu’en Suisse que les pilotes
ne contrôlent pas leur avion avant de décoller,
car ils peuvent faire entièrement confiance
aux mécaniciens.
Photo : sdt Mark Wyss
Pleine confiance dans les mécaniciens
Les soldats météorologiques en engagement à la tombée de la nuit et dans la neige.
C’est le premier engagement de Gianmarco
Rutz au profit du WEF. A Samedan, le Tessinois ne se meut toutefois pas en terrain
inconnu. En effet, il était, jusqu’il y a quelques
années, conducteur de locomotive des chemins de fer rhétiques en Haute-Engadine. A
l’origine, il a suivi une formation de mécanicien sur camions, mais avait déjà bénéficié
d’un avant goût du travail de mécanicien
sur hélicoptère lors de son école de recrues
à Payerne. Depuis trois ans, il veille avec ses
collègues à l’entretien des PC-6, PC-7, PC-9
et des hélicoptères à Locarno. S’il peut effectuer de plus grosses réparations lorsque les
appareils sont à leur base d’attache, il se limite
ici aux changements de pneus et de phares
d’atterrissage, les machines de contrôle faisant défaut. En attendant le prochain avion,
il affirme, d’un sourire amusé, que le froid ne
lui fait pas grand-chose.
Payerne est prêt
Alors que nous rencontrons le pilote de F/A-18
Christian Savary, quelques jours avant son
engagement dans le cadre du WEF, il neige sur
la Base aérienne de Payerne. «C’est toujours
très spécial pour nous d’être engagé au profit
du WEF », confie le pilote, qui fait partie de
l’escadrille d’aviation 17 depuis trois ans. Tout
Photo : sdt Mark Wyss
Un mécanicien expérimenté
Dernier coup d’œil dans le cockpit.
au long de l’année, les trois escadrilles professionnelles sur F/A-18 s’exercent lors de diverses
missions d’entraînement de police aérienne.
Pendant le WEF, l’espace aérien au-dessus de Davos est interdit à tout avion non
autorisé. « Le reste de l’année, nous avons très
rarement des situations de restrictions de l’espace aérien », explique Christian Savary. La
responsabilité est lourde : le pilote est attentif
à chaque infraction, même mineure, portant
atteinte à la restriction de l’espace aérien. Et
si le danger devient trop important, il doit
intervenir selon les règles de comportement
prescrites. Pendant le WEF ainsi que pendant les engagements en faveur de la police
aérienne 24 (PA24), les pilotes volent avec
des avions de combat armés. « On ressent
un certain respect lorsque l’on pilote un tel
avion. On sait que si l’on presse le bouton, on
provoque l’anéantissement de l’avion récalcitrant », raconte Christian Savary.
Jamais vraiment seul
Pour les missions de ce type, les pilotes sont
toujours engagés en équipe de deux. Pendant les
conférences, deux avions survolent en permanence le périmètre de l’espace aérien restreint.
Les avions se relayent ainsi toute la journée,
parfois jusqu’à tard dans la nuit. Hors des
conférences en plénum, deux F/A-18 se tiennent
prêts à décoller en l’espace de 15 minutes, aussi
bien de jour que de nuit. Bien que ces missions
ne soient pas quotidiennes, personne ne doute
que la Base aérienne de Payerne et ses pilotes
sont prêts à remplir leur mission et à assurer la
sécurité de l’espace aérien.
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Engagement
Hélicoptères au WEF
La réserve dans les airs
Photo : DDPS
Jusqu’à 24 hélicoptères des Forces aériennes sont engagés quotidiennement dans plus de 35 missions extrêmement variées
en faveur du Forum économique mondial (WEF). Tous les mouvements d’hélicoptères sont planifiés, ordonnés et coordonnés
par la Centrale d’engagement du transport aérien et de la reconnaissance aérienne (cen eng TA/RA), qu’il s’agisse de trans­
porter des personnes VIP protégées par le droit international public ou d’accompagner des convois de grenadiers de police,
d’effectuer des vols de reconnaissance autour de mâts haute tension et d’infrastructures critiques dans le secteur d’engage­
ment, de transporter des vivres et du matériel, ou encore d’informer sur la situation en cas de manifestation dans le péri­
mètre de Davos. Les pilotes se tiennent prêts à intervenir en quelques minutes.
Dübendorf : un des cinq Black Hawks américains prêts pour la mission.
Lieutenant-colonel Christian Trottmann,
chef communication engagement
Depuis deux ans, le lieutenant-colonel EMG
Peter Holliger est à la tête de la cen eng TA/
RA, une composante essentielle des Forces
aériennes. Il collabore étroitement avec le Service fédéral de sécurité, la police cantonale des
Grisons, l’aéroport de Zurich et les troupes de
l’Armée suisse. En temps normal, la liste serait
ici complète. Mais l’annonce à la mi-décembre
de la venue du vice-président des Etats-Unis, Joe
Biden, par le Service fédéral de sécurité, a changé
la donne. L’équipe de reconnaissance de la Maison-Blanche a demandé aux Forces aériennes
suisses tous les détails concernant la gestion et la
protection de l’espace aérien. Début janvier, les
Américains ont alors fait savoir que leur numéro
2 viendrait à Davos pour le WEF. Contrairement
à la majorité des pays, les Etats-Unis assurent le
transport de leurs personnalités politiques vers
les Grisons avec leurs propres hélicoptères. Les
pilotes de l’escadre de transport aérien 3, sous
le commandement du lieutenant-colonel Lukas
Meier, étaient chargés d’entraîner et d’informer
l’Army Air Corps à l’égard du plan de vol, des
conditions météorologiques particulières et des
processus spécifiques.
Black Hawks et Super Pumas pour
Joe Biden
Puis le 18 janvier est arrivé. Trois Black Hawks
américains, dont un avec Joe Biden à bord,
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ont décollé de l’aéroport de Zurich en direction de l’héliport de Stilli (Davos), escortés
et doublement protégés par trois hélicoptères
Super Puma des Forces aériennes suisses.
Sur l’héliport mis en place temporairement,
le capitaine et pilote militaire expérimenté
Urs Bachmann coordonne la circulation.
Placé sous la direction générale de la police
cantonale des Grisons, le site dispose de sa
propre zone de contrôle. Lorsqu’un Super
Puma des Forces aériennes suisses atterrit à
Stilli avec à son bord une personne protégée
par le droit international public, l’ensemble
de l’héliport aux six places d’atterrissage est
fermé pour tous les hélicoptères civils.
Un espace aérien parfaitement sécurisé
Lors de la visite du vice-président américain
Joe Biden au WEF, deux représentants des
Etats-Unis sont stationnés à l’Air Operation
Center (AOC) de Dübendorf en qualité de
personnes de liaison. Tous les pays hôtes,
à quelques rares exceptions près comme la
Chine ou l’Inde, tolèrent cette procédure
imposée par les Américains. Les deux spécialistes experts du Detection System, venant de Washington DC, encadrent chaque
année une vingtaine de visites à l’étranger
de Barack Obama et de Joe Biden. Ils ont
pour mission de collaborer étroitement avec
les forces aériennes du pays concerné afin
d’identifier à temps les dangers éventuels et
d’en informer les responsables directs de la
sécurité du président des Etats-Unis ainsi
que de son vice-président. En cas de danger,
ceux-ci prennent les mesures de sécurité
adéquates. Un tel scénario se répercuterait
naturellement sur le travail du cen eng­
TA/RA.
Bonne réputation des Forces aériennes
Depuis des années, les collaborateurs du domaine du transport aérien se tiennent prêts
à accomplir les missions les plus diverses
en Suisse et à l’étranger, 365 jours par an et
24 heure sur 24. Les trois dernières années,
le trafic aérien et le besoin de transport en
hélicoptère pour les personnes protégées par
le droit international public pour assister au
WEF ont considérablement augmenté. Selon
le lieutenant-colonel EMG Peter Holliger,
cette augmentation est imputable à la menace
actuelle planant sur les hauts fonctionnaires,
à leurs exigences en matière de protection et,
enfin, au service renommé et rigoureux des
Forces aériennes. Afin de pouvoir fournir
constamment ces prestations de qualité, une
équipe bien rodée est nécessaire à terre et
dans les airs. Il s’agit de pouvoir réagir en
tout temps à des imprévus. En règle générale,
la cen eng TA/RA ne peut pas prévoir d’hélicoptères de réserve, car ils sont déjà tous en
engagement. En revanche, en cas de besoin,
elle est en mesure d’intervenir directement
depuis les airs avec une très grande flexibilité,
en l’espace de quelques minutes.
Engagement
Flexibilité et discrétion
« A bord, les passagers se sentent
comme chez eux »
Sans halte de ravitaillement, il vole jusqu’à New York ou Delhi, transporte des conseillers fédéraux, effectue des transports de matériel et peut même desservir des régions en crise. Qui donc ? Le service de transport aérien de la Confédération
(STAC). Ce dernier est composé de nombreux pilotes et des mécaniciens sur aéronefs du détachement de Belp.
Nerina Eugster, communication Forces aériennes
Sur l’aéroport de Berne-Belp, la base d’affectation du STAC, la disponibilité est permanente. L’équipe encadrée par Andreas Seitz,
le chef du détachement de Belp, tourne à
plein régime. Elle assure la disponibilité des
hélicoptères et des jets, veille à leur exploitation et à leur entretien. Les horaires officiels du service de vol des Forces aériennes,
allant de 8h à 17h, n’ont pas cours ici. « Les
avions long-courriers arrivent souvent de
nuit, explique le chef du détachement. Nous
nous adaptons aux besoins des passagers.
Une machine arrive tard dans la soirée,
nous sommes prêts. Un conseiller fédéral
doit précipitamment effectuer un voyage de
service, le STAC est là. » A Berne, il n’y a
pas de fermeture des pistes et de partenaires
classiques disponibles seulement pendant
les heures de bureau. En sus du maintien
des divers avions et hélicoptères, l’équipe
d’Andreas Seitz s’occupe donc également
de l’infrastructure et de l’exploitation de la
base. En qualité de loadmaster, elle veille de
plus au transport adéquat de personnes et de
matériel. « Cette diversité rend mon travail
très intéressant », explique Andreas Seitz en
souriant.
Les débuts du STAC
Depuis plus de vingt ans, Andreas Seitz travaille pour le STAC, qui n’existe sous sa forme
actuelle que depuis 2005. Selon le divisionnaire Bernhard Müller, chef de l’Engagement
des Forces aériennes, il existait deux services
de transport aérien jusqu’en 2004 : le service
de transport aérien de la Confédération, qui
était rattaché à l’Office fédéral de l’aviation
civile (OFAC) et qui couvrait les besoins des
six départements civils, et le service de transport aérien des Forces aériennes, compétent
pour le DDPS. Sur la base de l’examen des
tâches, l’OFAC a dû renoncer à ses activités
opérationnelles afin de pouvoir se concentrer
sur ses fonctions d’autorité de régulation et de
surveillance. C’est pourquoi le STAC actuel
a été créé, couvrant les besoins de l’ensemble
des départements. Et selon Hansueli Bänziger, chef Pilot Crew Training, ce principe
fondateur a fait ses preuves : « Aujourd’hui,
c’est la Centrale d’engagement des transports
aériens (Cen ta) à Dübendorf qui gère l’ensemble des ressources. La Cen ta peut décider
spontanément d’engager des avions et des
hélicoptères ou d’effectuer des changements,
raison pour laquelle le STAC a une disponibilité extrêmement élevée ».
Des vieilles connaissances
Prestation unique
Flexibilité, disponibilité constante, sécurité
et confidentialité : voilà ce qui définit le STAC.
Ce n’est cependant pas tout : « Les pilotes du
STAC accomplissent aussi des engagements
dans des zones en crise ou des zones de vol
militairement restreintes, sans qu’il ne soit
nécessaire de régler des questions d’assurance avant le départ. Les jets du Conseil
fédéral, notamment, servent de plus à des fins
de représentation, déclare le divisionnaire
Müller. Un service civil ne pourrait pas offrir
une telle palette de prestations. Je suis fier de
notre service, des prestations que nous avons
l’honneur de fournir au quotidien pour le
gouvernement, et donc pour notre pays ».
Photo : DDPS
Selon Hansueli Bänziger, les pilotes du STAC
connaissent bien leurs clients réguliers. Souvent, les conseillers fédéraux jettent un œil
dans le cockpit pour voir avec qui ils volent
et dire brièvement bonjour. Il nous confie
que la façon dont les passagers passent le
temps de vol diffère grandement. Si certains
profitent de l’occasion pour se détendre,
d’autres travaillent ou mènent des entretiens.
« A bord, les passagers se sentent comme chez
eux. La confiance qu’ils nous témoignent est
un vrai atout pour le STAC. Les passagers
nous connaissent et savent qu’ils peuvent
mener des entretiens confidentiels à bord,
car la discrétion est garantie », précise-t-il.
Pour les pilotes, un engagement auprès du
STAC comporte une grande responsabilité.
En particulier pour les destinations à l’étranger, ils doivent constamment garder une vue
d’ensemble. Il s’agit d’anticiper les imprévus,
de faire preuve d’initiative, de s’adapter aux
changements d’heures, de veiller aux réserves
de kérosène. Bref : d’offrir au passager des
conditions de voyage optimales.
Au STAC, la disponibilité est
permanente afin de répondre aux
besoins de la Confédération.
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7
Formation
Camp de survie en montagne
Apprendre à survivre en haute montagne
Chaque pilote des Forces aériennes doit être capable de survivre quelques jours dans des conditions difficiles : que ce soit
en montagne, en forêt ou en milieu aquatique. C’est ainsi que chaque classe de l’école de pilote séjourne sept jours durant
sur les hauteurs de Loèche-les-Bains, afin d’apprendre les bases de la survie en haute montagne. Reportage au cœur de cet
apprentissage indispensable à chaque pilote.
Delphine Allemand, communication Forces aériennes
En ce dimanche, la Gemmi, au-dessus de Loèche-les-Bains, revêt des
airs de Sibérie : vents violents, chutes de neige abondantes et brouillard très dense. C’est dans ces conditions hivernales que les quinze
élèves pilotes de la volée 2011 (PK11 et PK14) ont vécu leur première
journée et leur première nuit de survie. « L’objectif est que chaque
équipage d’aéronef soit capable de survivre dans des conditions
difficiles jusqu’à l’arrivée des secours », précise le lieutenant-colonel Markus Zürcher, chef du service spécialisé survie des Forces aériennes. « Nous leur enseignons les bases de la survie », ajoute-t-il.
Pour cela, le chef est entouré d’une équipe bien rodée, renforcée par
des guides de montagne chevronnés.
Les bases de la survie
Le stage de survie de sept jours se déroule en deux temps. Le début de
la semaine est dédié aux théories de survie en haute montagne, notamment à la construction d’un bivouac (un abri dans la neige), aux
secours après une avalanche, et au contenu du paquet de survie de
chaque type d’aéronef. Après trois jours, le moment clé de la formation arrive. Cette journée du dimanche est consacrée à la construction des bivouacs. Après une séance de théorie, les élèves pilotes se
mettent à l’œuvre. L’objectif étant de terminer le bivouac avant la
nuit. Quelques heures plus tard, la construction est déjà bien avancée et certains peuvent se consacrer aux fourneaux. Dans chaque paquet de survie d’aéronef se trouve un petit réchaud pour faire fondre
la neige et utiliser l’eau avec les rations de survie.
Faire ses expériences
Les différents stages de survie s’inscrivent dans le cursus de l’école de
pilote des Forces aériennes. En une année, les élèves pilotes sont formés
et découvrent la survie en haute montagne, en forêt et en milieu aquatique. La durée totale de ces formations est de cinq semaines, avec toujours le même objectif : être capable de survivre dans différentes conditions. Tous les participants sont ainsi aptes à être engagé dans des
missions internationales. Ils sont certifiés selon la norme internationale
SERE B (Survive, Evade, Resist, Extract). Les pilotes professionnels ont
par la suite chaque année une journée de survie comme répétition.
même s’il ne fait que 1,5 m de long, ce lit protège très bien du froid et
permet de dormir dans n’importe quelles conditions. Au lende-main
de cette première nuit à l’extérieur, les futurs pilotes sont plutôt positifs et tirent leurs premiers enseignements. « Le toit de notre abri de
neige commence déjà à s’affaisser, il va falloir creuser cet après-midi »,
confie l’un d’eux. « Notre bivouac est trop grand pour deux personnes,
on perd beaucoup de chaleur au fil des heures », répond un autre. « Le
bivouac n’est pas très confortable, mais c’est toujours mieux que de
dormir dehors », ajoute un troisième. Pour Markus Zürcher, l’essentiel est là. « Il est primordial qu’ils fassent leurs expériences et puissent
s’améliorer tout au long de la semaine ». Ils ont en effet jusqu’à jeudi
matin pour devenir de parfaits survivants.
Les secours après une avalanche
Lorsque l’on se trouve dans un environnement de haute montagne,
certains risques sont à prendre en considération, notamment les avalanches. Après cette première nuit en extérieur, la formation se poursuit. Le programme de la matinée est consacré aux bases du secourisme après une avalanche. Les apprentissages clés se font sur quatre
postes. Durant la matinée, les élèves pilotes se rendent de poste en
poste : l’utilisation du barryvox pour localiser les éventuelles per-
Photos : Delphine Allemand
« La première nuit dehors est toujours un moment particulier », confie
M. Zürcher. Certains dorment dans les bivouac construits pendant la
journée tandis que quatre futurs pilotes de jet s’installent dans les dinghys. Il s’agit d’une sorte de radeau gonflable qui se trouve dans le paquet de survie du siège éjectable de chaque avion à réaction. « Il ne faut
pas être trop grand pour le dinghy », plaisante un élève pilote. Mais
Le saviez-vous ?
L’élève pilote fait fondre la neige avec le réchaud à disposition.
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Une fois gonflé, les dinghys sont prêts à être utilisés.
Formation
La recherche de disparus avec la sonde à avalanche se fait de manière minutieuse.
sonnes prises au piège dans l’avalanche, les recherches avec les sondes
d’avalanche, les techniques appropriées pour creuser avec la pelle afin
de récupérer les blessés et enfin les premiers secours à prodiguer aux
victimes en attendant les secours sous les conseils d’un médecin de
milice. Tout est passé en revue.
La mise en pratique des théories du matin ne tarde pas. A peine
la pause de midi est-elle terminée que l’on annonce une avalanche aux
alentours de la Gemmi. Branle-bas de combat dans le réfectoire. C’est
maintenant aux élèves pilotes de s’organiser et de prendre leurs responsabilités pour relever le défi mis en place par les guides de montagne. A la fin de l’exercice, le bilan est positif. « Les futurs pilotes
d’hélicoptère devront peut-être une fois dans leur carrière apporter
de l’aide lors d’un accident d’avalanche. Cet exercice leur donne une
idée de ce qui se passe au sol et comment leur engagement peut aider », conclut Markus Zürcher.
Les théories et les mises en pratique vont se poursuivre encore
quelques jours. Pour les futurs pilotes, cela ne fait que commencer.
En effet le prochain rendez-vous est déjà fixé au mois d’août sur les
bords du lac de Neuchâtel. Il va falloir se mouiller !
Une tempête de neige s’abat sur la Gemmi, au-dessus de Loèche-les-Bains.
Savoir se servir du barryvox est indispensable après une avalanche.
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Environnement
Une action pour l’environnement à Payerne
Des nichoirs dans les casernes
Photos : Delphine Allemand
Dans le courant du mois de mars, des nichoirs ont été installés dans l’enceinte des casernes d’aviation et de défense contre
avions de la Place d’armes de Payerne. Leur particularité ? ils ont été construits par les élèves des écoles de Payerne. Une
jolie collaboration pour l’environnement.
Les élèves de l’école primaire étaient pressés de voir leur propre nichoir sur un arbre.
Delphine Allemand, communication Forces
aériennes
Placé sous la responsabilité de Madame
Audrey Megali, biologiste, le projet des nichoirs a trouvé son aboutissement en cette
belle journée du mois de mars. En effet, ce
matin-là, les écoles primaires ainsi que la
10ème année de Payerne avaient rendez-vous
sur la Place d’armes afin d’y installer leur
nichoir, qu’ils ont fabriqué eux-mêmes lors de
leur cours de travaux manuels. « Nous avons
mis environ huit leçons pour les préparer »,
précise fièrement un élève de l’école primaire.
En tout ce sont quelques 20 nichoirs qui ont
été accrochés sur les arbres des casernes
d’aviation et de défense contre avions de la
Place d’arme de Payerne.
Des lieux propices
Dans le cadre du programme NPA (nature,
paysage et armée), plusieurs mesures sont
prises sur les Bases aériennes ou les place
d’armes pour veiller à l’environnement. L’une
d’entre elles est l’installation de nichoirs pour
les oiseaux. L’objectif étant de leur donner
un abri pour qu’il puisse faire leur nid dans
un lieu où le bruit est limité, l’orientation
est ensoleillé et les passages humains sont
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moindres. Les étendues de gazon des casernes ainsi que les arbres qui y sont plantés
répondent très bien à ces critères. « Nous
souhaitons aussi attirer les oiseaux en ville
et non aux abords des pistes de décollage pour
éviter les incidents », précise la biologiste. En
effet, chaque année plusieurs collisions se
produisent entre les oiseaux et les aéronefs.
L’idée d’intégrer les écoles aux projets
des nichoirs est venu du commandant a i de
la place d’armes et de l’instruction en formation / l’école d’officiers aviation 82 (IFO/EO
av 82). « La collaboration avec la commune
de Payerne est importante pour moi ; c’est
une belle opportunité de se rencontrer et
de leur présenter nos activités », explique le
lieutenant colonel EMG Rolf Imoberdorf,
commandant IFO/EO av 82. C’est donc
avec beaucoup de plaisir qu’il a accueilli les
quelques trente élèves d’écoles primaires
ainsi que les dix élèves de 10ème année pour
l’installation de leur nichoir.
au printemps », se réjouit Madame Megali.
En effet, dans certain cas, la nidification se
passe rapidement et parfois, elle peut prendre
plusieurs années, voire même 10 ans. La biologiste n’oubliera pas de tenir informé les
élèves de Payerne sur leur projet et en passant
devant les casernes, certains jetteront certainement un œil sur les arbres et reconnaitront
leur construction. Reste plus qu’à espérer que
les oiseaux y trouvent aussi leur bonheur.
Un peu de patience
Petite à petit avec l’aide des biologistes et
des collaborateurs de la Base logistique de
l’Armée, les nichoirs ont été posés sur les
arbres sélectionnés. « Avec un peu de chance,
certains nichoirs pourraient déjà être utilisés
La pose de nichoirs sur les Places d’armes
fait partie des mesures prises dans le cadre
du programme nature, paysage et armée.
Engagement
Nouveau camion pour le piquet de sauvetage
Le piquet de sauvetage grossit
Photos : Delphine Allemand
La Base aérienne de Payerne compte un nouveau venu dans ses troupes. Il est grand, très lourd et est prêt à intervenir sur
chaque aéronef en cas de besoin. Il s’agit du nouveau camion « Rosenbauer Panther » du piquet de sauvetage.
Le nouveau véhicule du piquet de sauvetage impressionne notamment par sa taille.
Delphine Allemand, communication Forces
aériennes
Lorsque l’on entre dans ce hangar, on ne
voit que lui. Les dimensions du nouveau
véhicule « Rosenbauer Panther » du piquet
de sauvetage sont impressionnantes : 12 m
de long pour 3 m de large et 3m 85 de haut.
Il peut contenir environ 14’000 litres d’eau,
plus du double de la capacité actuelle des
autres véhicules d’extinction lourds utilisés
(6600 litres). « Le gain en autonomie et en
personnel peut être conséquent avec le Panther », se réjouit Pierre Dubi, chef safety sur
l’aérodrome de Payerne. Avec l’introduction
du camion et son grand réservoir d’eau,
le véhicule peut intervenir plus longtemps
et sur des plus grands aéronefs sans pour
autant augmenter le personnel sur place ou
chercher des véhicules en renfort sur les
autres bases aériennes, ce qui était le cas
jusqu’ici. De plus, les véhicules d’extinction
lourds actuels IVECO 03 arriveront en fin de
vie ces prochaines années. « Les travaux de
planification de leur remplacement ont déjà
débuté », explique Dubi. Le futur véhicule
sera donc aussi introduit petit à petit sur les
autres bases aériennes suisses dans quelques
années.
Toujours prêt
Le piquet de sauvetage est la force d’intervention principale sur tous types d’aéronefs. Lors
de chaque incident mineur ou majeur, de la
collision d’un aéronef avec un oiseau à une
panne de moteur jusqu’au crash, le piquet de
sauvetage garantit la sécurité des équipages.
« Chaque année, nous avons une quarantaine
d’alarmes », confie le chef safety. En effet,
lorsqu’il y a des vols sur la Base aérienne,
le piquet de sauvetage se tient prêt. « Nous
sommes aussi prêt lorsque Payerne est la base
de dégagement pour le service de transport
aérien de la Confédération (STAC) au cas où
les avions ne pourraient pas atterrir à Berne »,
précise-t-il. Un défi de planification important pour le piquet de sauvetage de Payerne
qui compte quelques 60 collaborateurs. Pour
assurer le service de piquet ce sont minimum trois personnes, voire huit selon le type
d’aéronef, qui sont mobilisées sans compter
les collaborateurs de Skyguide, de l’atelier
radar et des chauffeurs pour éventuellement
ramener les équipages et passagers sur le lieu
d’atterrissage initialement prévu.
Formation spécifique
Afin de pouvoir utiliser ce nouveau véhicule,
professionnels et miliciens doivent suivre
une formation spécifique qui comprend
la connaissance de l’engin, la conduite et
l’utilisation des installations d’extinction.
Les exercices pratiques peuvent se faire sur
la maquette F/A-18 ou sur de véritables aéronefs. L’extraction d’un pilote ou un feu déclenché sous l’avion font partie des scénarios
d’instruction. Les professionnels sont formés
petit à petit et utilisent le Panther depuis cet
automne. Quant à la milice son tour viendra. En effet, les premiers seront formés cet
automne. Il faudra encore patienter jusqu’à
ce que chacun puisse l’utiliser.
Pierre Dubi, chef safety de la Base aérienne,
se réjouit des nombreux avantages de ce
nouveau camion.
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11
FOAP aide cdmt 30
Engagement du groupe météo 7
L’état-major, véritable épine dorsale
Le groupe météo 7 fait partie depuis plusieurs années du dispositif mis en place lors du Forum économique mondial (WEF) à
Davos. Il récolte, traite et transmet des données météorologiques, en premier lieu pour garantir la sécurité du trafic aérien.
Son action se déploie sur une grande partie du territoire helvétique. L’engagement des compagnies est orchestré par l’étatmajor depuis les rives du lac de Zurich. Celui-ci est à la fois fournisseur de prestations et organe de conduite, contribuant
ainsi de manière essentielle au succès de l’engagement dans le cadre du WEF.
Of spéc (cap) Stephan Schmucki, communication FOAP aide cdmt 30
Travail d’état-major pour les troupes sur le terrain
Les militaires du groupe météo 7, placés sous la responsabilité du premier-lieutenant Tim Waldburger qui dirige une station météo durant
le WEF 2016, lancent un ballon de sondage en Thurgovie. L’objectif
est de récolter différentes données telles que la pression, la température, le taux d’humidité ou la vitesse du vent et de les livrer au centre
des opérations, le Air Operation Center (AOC) à Dübendorf.
Au même moment, quelque part dans l’Oberland zurichois,
un soldat météo gravit les pentes gelées d’une colline. Il observe les
nuages, enregistre les maxima et les minima ainsi que d’autres paramètres météorologiques sur sa tablette électronique. Ni les bourrasques de neige qui entravent sa vue, ni ses doigts engourdis ne l’empêchent de saisir vivement les données. Le soldat répète la procédure
toutes les heures et annonce toute variation météorologique soudaine.
Cette fréquence est nécessaire pour que les prévisionnistes puissent
établir un modèle exact à l’intention des pilotes.
Les membres du groupe météo 7 de la formation d’application d’aide
au commandement 30 (FOAP aide cdmt 30) apportent une contribution importante à l’engagement des Forces aériennes durant le WEF.
Un service de coordination, de conduite et de planification est toutefois nécessaire pour que les différentes compagnies puissent remplir leur mission. Le lieutenant-colonel Urs Fetz en assure le commandement avec son état-major. Son rôle est de garantir l’exécution
du mandat global avec les compagnies.
« Le travail d’état-major a pour but d’appuyer les troupes sur
le terrain », affirme le major EMG Steven Jauquier, remplaçant du
commandant. Les responsables des différents domaines de base
de conduite et leurs équipes sont stationnés près du lac de Zurich.
Au poste de commandement, tout est propre en ordre. Les gens se
connaissent bien et maîtrisent l’infrastructure. C’est de là que sont
gérées toutes les fonctions spécialisées nécessaires à l’engagement.
Etant donné cette grande hétérogénéité, la conduite est loin d’être ai-
L’état-major soutient la troupe depuis son bureau.
12 armée.ch Forces aériennes 1 / 16
FOAP aide cdmt 30
sée. L’organisation décentralisée des compagnies, avec des emplacements répartis de la
Suisse romande aux Grisons, constitue une
difficulté supplémentaire. Pour faire face à
ce défi exigeant, le commandant Fetz et ses
collaborateurs d’état-major travaillent main
dans la main.
Activité des domaines de base de
conduite sur mandat du commandant
Photos : of spéc Sandro Büchler
Le capitaine Oliver Spenger, chef du domaine
de base de conduite 1 (DBC 1) est le bras droit
du commandant. Il est responsable du triage
et s’assure que les rapports de situation des
compagnies sont bien livrés mais traite aussi
des questions en rapport avec la gestion du
personnel. Si, par exemple, le cuisinier de
troupe venait à manquer, c’est le DBC 1 qui
coordonnerait son remplacement.
En tant que chef du DBC 2, le capitaine
Dario Cervini est responsable du bulletin
quotidien de la situation de menace générale
pour les compagnies dans la zone d’engagement. Il dessine la tendance globale dans le
domaine d’engagement et identifie les sources
de danger potentielles. Dès qu’une information se révèle importante du point de vue de
la sécurité, il la transmet aux compagnies et
veille à la mise en place des mesures nécessaires, par exemple, selon les circonstances,
au renforcement de la garde afin de prévenir
L’état-major planifie et suit les performances de la troupe.
des actes de sabotage.
Le DBC 3, sous les ordres du capitaine
Damian Zurmühle, dirige l’ensemble de
auprès du public ? Et qui appuie le commandant dans les tâches de
l’opération et travaille étroitement avec MétéoSuisse et d’autres inscommunication interne ? Le responsable presse et information (PIO
tances. Cette coordination doit permettre de comparer les données
disponibles et d’adapter le mandat aux besoins particuliers, par
pour public information officer) du groupe météo 7 est Sebastian
exemple à ceux des prévisionnistes. Lorsque le poste d’engagement des
Schmidt. Sa fonction constitue un pivot central de la communication
interne et externe du groupe avec, lorsque cela s’avère nécessaire, des
Forces aériennes confie un mandat spécial, le DBC 3 est chargé de la
contacts avec le service de communication des Forces aériennes à
répartition des tâches et du contrôle aux moyens de divers instruments,
Berne. « J’apprécie l’autonomie qu’offre cette fonction. Elle me laisse
tels que les dossiers de poste.
En contact avec les régions territoriales et la Base logistique de
beaucoup de liberté pour planifier les activités. J’ai par exemple pu faire
l’armée, le major Marco Michel, chef du DBC 4, doit connaître les
venir cinq médias pour couvrir la cérémonie de prise de l’étendard
besoins logistiques des compagnies. Avant le début de l’engagement
sur l’Albisgüetli zurichois », explique Sebastian Schmidt. Le PIO est
déjà, il fait la liste des moyens nécessaires et s’assure qu’ils soient
aussi responsable du journal interne de la troupe qui, outre sa fonction
disponibles dans les délais. En cas de commande supplémentaire
informative, est un moyen de promouvoir le sentiment d’appartenance
pour une compagnie, c’est également le major Michel qui assure la
au sein du groupe.
coordination. La restitution du matériel et le rétablissement de sa
disponibilité sont aussi de son ressort. A la fin de l’engagement en
Amélioration perpétuelle de la qualité
faveur du WEF, tous les responsables logistiques des compagnies
En tant que chef du domaine spécialisé Information et communication, le major Christoph Guntermann apprécie l’influence technique
doivent être coachés dans ce sens.
qu’il exerce sur le déroulement de l’engagement. Il considère comme
La liaison entre les différentes compagnies, le groupe et le centre
des opérations est chiffrée. C’est le DBC 6, conduit par le major
un enrichissement personnel l’expérience acquise qu’il peut aussi
Christoph Guntermann, qui est responsable des moyens télématiques.
utiliser dans ses activités au civil : « Savoir comment répartir des
Il commande les téléphones, fax et ordinateurs portables et vérifie que
tâches et structurer un projet sont des connaissances que je peux
ces instruments sont utilisés correctement durant l’engagement dans
parfaitement utiliser dans mon environnement professionnel. » Mais
le cadre du WEF. Les contrôles de qualité permettent de garantir la
pour l’état-major, le savoir-faire de cet ingénieur électricien à l’EPF
disponibilité des annonces, contribuant ainsi à ce que l’engagement
est aussi un avantage. « L’idéal, c’est que les deux parties en profitent
du groupe météo 7 pendant le WEF soit réussi.
afin de réaliser le meilleur produit ». Fort de cette devise, il applique
cette exigence également à l’engagement en cours : « Je souhaite que
Communication sous contrôle
notre prestation soit toujours de la plus haute qualité ». Et de conclure :
Comment un groupe réagit-il en cas de questions des médias ? Est-il
« Finalement, ce qui compte, c’est que tous les participants rentrent
habilité à promouvoir l’image des compagnies de manière proactive
chez eux en bonne santé une fois le devoir accompli ».
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FOAP aide cdmt 30
Le gr rens 6 en mission
Halte aux intrus !
Pendant le Forum économique mondial (WEF) à Davos, l’espace aérien au-dessus du site est fermé. Le respect de cette zone
d’exclusion aérienne est garanti par radars. Les aéronefs évoluant à basse altitude et qui n’apparaissent pas sur les écrans
radar sont immédiatement repérés par le groupe de renseignement 6 des Forces aériennes (gr rens 6). Ce dernier signale en
quelques secondes toute présence non autorisée à la centrale d’engagement.
Of spéc Sandro Büchler (cap),
comm FOAP aide cdmt 30
Répartis sur l’ensemble du territoire grison,
les postes d’observation du gr rens 6 sont
parfois difficiles d’accès. Les récentes chutes
de neige ne sont pas pour améliorer la situation. Cela n’empêche toutefois pas l’adjudant
d’état-major Bernhard Aggeler de se rendre
sur certains de ces sites décentralisés peu
avant le début du WEF. Responsable de
l’instruction du groupe, il vient donner un
coup de main aux troupes lors des derniers
préparatifs et contrôler que tout fonctionne
bien.
Chaque seconde compte
Lorsque la sonnerie de l’école retentit
Les contrôles effectués par Bernhard Aggeler sont primordiaux, car les postes d’observation doivent fonctionner de manière
autonome pendant l’engagement. Chaque
détachement doit en effet assurer seul l’exploitation de sa position. Cela comprend
la préparation des repas, la répartition
du travail par roulement des équipes et
l’observation continue des mouvements
aériens. « Nous ne demandons le soutien
de l’état-major que si tout va de travers »,
explique le sergent Patrick Neuenschwander
dans le poste d’observation.
A ce moment précis, la sonnerie de l’école
qui héberge le sergent Neuenschwander et
ses camarades retentit. Cela signifie qu’il a
terminé son service. L’équipe du matin arrive
dans le poste. Le thermomètre est toujours
en-dessous de zéro. Les deux soldats se secouent d’abord pour faire tomber la neige de
leurs vêtements, puis se mettent directement
en position pour scruter le ciel. «Tout est en
ordre ! », constate Bernhard Aggeler avant de
prendre congé des soldats.
Photo : of spéc Sandro Büchler
Les soldats du gr rens 6 observent attentivement tous les mouvements aériens. La
plupart du temps, il leur suffit d’entendre
le bruit émis par l’aéronef qui s’approche
pour savoir de quel type d’appareil il s’agit.
A l’aide de jumelles, ils vérifient ensuite si
l’hélicoptère ou l’avion en question est un
engin civil ou militaire. Puis, ils annoncent
l’objet détecté à l’Air Operation Center
(AOC) à Dübendorf au moyen du périphérique d’entrée. Outre la surveillance du
ciel, ils recherchent également les menaces
potentielles au sol et suivent l’évolution de
la météo et du trafic routier.
Les annonces relatives à une présence
non autorisée doivent être communiquées
sans délai, car chaque violation de la zone
d’exclusion aérienne donne lieu à une intervention des Forces aériennes. Tout dépend
donc de la capacité de réaction et de l’œil aiguisé des observateurs, mais également de la
technique utilisée. Chaque seconde compte !
Cette année, les soldats ont été confrontés à une menace inhabituelle. « Au début de
l’engagement, le risque d’incendie de forêt
était élevé. Heureusement, des chutes de
neige sont tombées lorsque nous mettions
en place le dispositif, ce qui a sensiblement diminué ce risque. Toutefois, cette neige fraîche
n’a pas eu qu’un impact positif : elle a aussi
augmenté le danger d’avalanche », raconte
Bernhard Aggeler. Analyser en permanence
tous les dangers qui pourraient entraver
l’accomplissement de la mission fait partie
des tâches de l’état-major.
Peu importe la météo, les tâches d’observation exigent une concentration maximale.
14 armée.ch Forces aériennes 1 / 16
FOAP aide cdmt 30
Photo : sgt Mathias Berli
Qu’il fasse nuit ou qu’il neige, les soldats météo recueillent et communiquent des données.
(Photo : Mark Wyss)
Depuis leur poste d’observation bien camouflé, les soldats observent le trafic aérien et routier.
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FOAP aide cdmt 30
Deux groupes pour une vue complète de la situation aérienne
Tous les systèmes de radar ne
se ressemblent pas
La surveillance de l’espace aérien à toutes les altitudes de vol dans le but d’établir une image complète de la situation est
une mission de la formation d’application d’aide au commandement 30 (FOAP aide cdmt 30). Cette tâche à responsabilité
demande une bonne organisation, des ressources à la pointe de la technologie et des collaborateurs disposant de connais­
sances techniques spécialisées. Car il est bien clair que tous les systèmes de radar ne se ressemblent pas, chacun étant
adapté à ses fonctions particulières.
Maj Kathrin Loppacher, cheffe comm FOAP
aide cdmt 30
La formation d’application comprend six
formations de milice œuvrant en faveur des
Forces aériennes. Parmi ces groupes, quatre
proposent des prestations respectivement
dans les domaines de la conduite de la guerre
électronique (CGE), du renseignement, de la
météo et de la transmission. Deux fournissent
des données radar, mais l’analogie s’arrête là.
Le groupe radar 1 des Forces aériennes
(gr rad 1), en collaboration avec le personnel
civil de la Base d’aide au commandement
(BAC), assure la logistique, la sécurité et
l’exploitation des installations radar aménagées au sommet de montagnes en Suisse. Ces
installations font partie du système militaire
de surveillance de l’espace aérien FLORAKO.
L’engagement du gr rad 1 permet de garantir
la capacité à durer des installations radar.
Tandis que le système FLORAKO, d’une por-
16 armée.ch Forces aériennes 1 / 16
tée de 300 km, surveille les mouvements dans
l’espace aérien supérieur, le radar tactique
d’aviation mobile TAFLIR enregistre les données de l’espace aérien inférieur, en-dessous
d’une altitude de 3000 m. L’exploitation du
radar TAFLIR, dont la portée est de 100 km,
est assurée par le groupe radar mobile 2 des
Forces aériennes (gr rad mob 2). Ce système
permet de surveiller des zones non couvertes
par les installations fixes.
Positions mobiles ou travail en haute
montagne
Les soldats radar du groupe 2 travaillent par
roulement, garantissant ainsi un engagement
24 h sur 24, également en conditions difficiles. Sur la position du TAFLIR, l’ordre est de
mise, les sentiers sont recouverts de copeaux
de bois et les véhicules parqués au millimètre
près. Les conteneurs servant d’abris durant
la nuit sont aménagés de manière fonctionnelle et des panneaux indicateurs sont même
mis en place pour faciliter l’orientation sur
l’emplacement. Ce lieu de séjour temporaire,
conçu de manière autonome par les militaires
qui doivent aussi en assurer le chauffage, doit
pouvoir offrir une protection par tous les
temps. Pour le groupe 1, l’emplacement particulier de FLORAKO demande une aptitude
au travail en haute montagne ainsi qu’une
bonne condition physique. La section de protection des ouvrages est en première ligne en
cas d’incendie : c’est à elle qu’incombent la
lutte contre le feu et le sauvetage des blessés.
Transport de matériel et télécabines
FLORAKO est donc définitivement installé
sur les cimes. En revanche, le déplacement
d’une position TAFLIR peut rapidement
s’avérer une tâche herculéenne car, pour
des raisons tactiques, il ne peut pas être planifié à l’avance. En cas de danger, le poste
d’engagement peut ordonner de quitter les
lieux. Le transfert de plusieurs tonnes de
Photos : sdt Milan Rohrer et sdt Tim Schoch
FOAP aide cdmt 30
Le groupe radar 1 assure la capacité à durer et transmet toutes les informations radar aux Forces aériennes.
Contacts et autonomie
Le radar exploité par le groupe 1 est très
éloigné de toutes structures médicales.
En outre, si le chemin pour y accéder peut
sembler idyllique, il est assurément peu
praticable. Par conséquent, au minimum un
médecin est affecté à chaque compagnie afin
de garantir une prise en charge médicale de
base. Il ne s’agit pas d’un luxe mais d’une
nécessité pour dispenser les premiers soins
sur place. Le transport rapide d’un patient
n’est en effet possible que par hélicoptère et,
à cette altitude, dépend toujours fortement
des conditions météo.
Collaboration pour une vue complète
de la situation
Le groupe radar mobile 2 acquiert et livre des informations concernant l’espace aérien inférieur.
matériel, y compris la cuisine et le camp,
doit être minutieusement planifié en donnant toujours la priorité à la sécurité. Que
ce soit dans la protection des ouvrages ou
dans les tâches sanitaires, l’élément sécurité
prévaut également pour le gr rad 1 lors des
permanences effectuées en collaboration
avec les collaborateurs civiles de la BAC. La
spécialisation, des connaissances techniques
pointues et le sens des responsabilités sont
gages de succès. Cependant, si le gr rad mob 2
déplace son matériel dans des camions, c’est
en télécabines que s’effectue une partie du
transport du matériel du gr rad 1.
Les deux groupes récoltent, au moyen de leur
système de radar respectif, les informations
destinées à établir une image de la situation
aérienne (recognized air picture) aussi complète que possible. La capacité des Forces aériennes à répondre à tous types de situations
en dépend. Les deux groupes sont appuyés
dans leur tâche par les autres groupes de la
FOAP aide cdmt 30 (CGE, renseignement,
transmission et météo). Nous aurons l’occasion de revenir plus précisément sur leur rôle
dans une prochaine édition d’armee.ch.
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FOAP aide cdmt 30
Des volontaires pour effectuer des transports
Coup de main aux militaires en service
Lorsque les écoles de la Formation d’application d’aide au commandement 30 (FOAP aide cdmt 30) atteignent les limites de leurs
capacités en matière de transport, l’association zurichoise des troupes motorisées, la GMMZ (pour Gesellschaft der Militär-Motor­
fahrer des Kantons Zürich) vient en renfort. Elle effectue des transports lors d’exercices et de marches dans le cadre d’activités
hors du service. En 2014 et 2015, elle a ainsi apporté son appui à 18 reprises pour un total de 64 jours-hommes.
Maj Kathrin Loppacher, cheffe comm FOAP aide cdmt 30
« Ces dernières années, la GMMZ nous a donné un précieux coup de
main, notamment en déplaçant de nombreux véhicules pour les écoles
et en effectuant des engagements de manière ponctuelle auprès de
groupes d’aide au commandement », explique le lieutenant-colonel Max
Dahinden, remplaçant du chef d’état-major de la FOAP aide cdmt 30.
Les demandes de transport sont déposées par la GMMZ et autorisées
par l’unité Tir et activités hors du service. Ainsi, les conducteurs formés
à l’armée sont non seulement assurés auprès de l’assurance militaire,
mais également autorisés à conduire des véhicules militaires en uniforme et soumis au droit pénal militaire. En revanche, ils ne reçoivent
ni ordre de marche ni compensation sous forme de solde, d’APG ou de
jours de service imputés. Ils accomplissent ces engagements à titre volontaire dans leur temps libre ou pendant leurs vacances.
Une situation gagnant-gagnant
Feed-back immédiats
« Au temps d’Armée 95, nous étions chargés de déplacer, pour la
formation d’application, des véhicules entre le Centre logistique
d’Hinwil et les sites de Kloten/Bülach. Avec l’introduction du modèle à trois débuts d’ER, tout a changé. Depuis, nous effectuons principalement des engagements pour les écoles lorsque, dans le cadre
d’exercices, les capacités de transport de la troupe sont insuffisantes
ou que les moyens requis ne sont pas disponibles, notamment lors
des marches de 40 km », précise l’adjudant Klaus. Il avoue cependant
que ce type de mission n’est en général par très passionnant : « L’armée fait appel à nous essentiellement en cas de problèmes de capacité. Les engagements lors de manifestations d’envergure telles que
AIR14 sont bien sûr plus intéressants que le transport de sacs à dos
et de vélos jusqu’à une station de subsistance intermédiaire ». Il souligne toutefois le fait que la reconnaissance témoignée sur place par les
participants est très gratifiante et que les feed-back sont immédiats.
Photo : FOAP aide cdmt 30
« Grâce à ces engagements, les conducteurs peuvent également renforcer de manière ciblée leurs compétences de conduite de véhicules
militaires en dehors des cours de répétition ; ils font ainsi pleinement honneur à l’esprit de milice », explique l’adjudant Bruno Klaus,
vice-président de la GMMZ. Et d’ajouter : « C’est donnant-donnant :
nous proposons des prestations de transport lors de manifestations
et d’exercices et pouvons en échange utiliser sans grande bureaucratie des véhicules et certaines infrastructures pour nos activités hors
du service ». Parmi les 28 sections que compte la Fédération suisse
des sociétés de troupes motorisées, la GMMZ est l’une des deux plus
grandes. Ses quelque 500 membres peuvent accomplir des engagements lors de plus de 25 activités hors du service par an, et cela, pas
uniquement pour la FOAP aide cdmt 30. « Nous mettons également
des conducteurs à disposition dans le cadre de grandes manifestations
telles que des fêtes fédérales, nous assurons le service de navette lors
de licenciements de militaires et appuyons d’autres associations actives hors du service pour le transport de personnes et de matériel »,
explique l’adjudant Klaus.
En mettant à disposition des conducteurs, la GMMZ rend un précieux service à la Formation d’application d’aide au commandement 30 et
fait honneur à l’esprit de milice.
18 armée.ch Forces aériennes 1 / 16
FOAP av 31
Classe de pilotes 09 : obtention du brevet
Claude Nicollier promeut 14 nouveaux pilotes militaires
Le 10 décembre 2015, 14 jeunes hommes ont atteint leur but : ils ont obtenu leur brevet de pilote militaire à Weggis.
Outre une allocution de l’invité Claude Nicollier, astronaute suisse et ancien pilote militaire, un show aérien du PC-7 TEAM
et du Super Puma Display Team ont honoré les jeunes brevetés.
Of spéc (maj) Sandro Genna, chef comm
FOAP av 31
Comme conférencier, rien de moins que l’astronaute Claude Nicollier. Ce dernier, qui
a commencé sa carrière impressionnante
au milieu des années 60 en tant que pilote
de milice auprès des Forces aériennes, a fait
honneur aux 14 nouveaux pilotes militaires
des Forces aériennes lors de la cérémonie de
promotion, le 10 décembre 2015 à Weggis. Il
est encore aujourd’hui le seul Suisse à avoir
exploré le cosmos. Plus de quinze ans après
son dernier voyage dans l’espace, le vaudois
reste un vrai modèle pour nombre de pilotes militaires, et ce tant pour ses qualités
humaines que ses compétences professionnelles. Comme presque personne d’autre,
Claude Nicollier incarne les qualités requises
pour exercer le métier de pilote militaire,
à savoir une extrême précision même en
situation de stress, une grande endurance
et une saine ambition. A l’issue de la cérémonie, les sept pilotes d’avion et sept pilotes
d’hélicoptères fraîchement brevetés n’ont
pas manqué d’admirer, sur les rives du lac
des Quatre-Cantons, le show aérien du PC-7
TEAM et du Super Puma Display Team en
compagnie de l’ancien collaborateur de la
NASA âgé de 71 ans.
Photos : FOAP av 31
Les 14 pilotes militaires fraîchement brevetés et leur modèle, Claude Nicollier.
Discours de l’astronaute et ancien pilote militaire Claude Nicollier
lors de la cérémonie de promotion des pilotes militaires.
Le colonel EMG Markus Thöni, commandant de l’école de pilotes a
conduit la cérémonie de promotion.
En l’honneur des nouveaux pilotes militaires, show aérien spectaculaire du PC-7 TEAM au-dessus du lac des Quatre-Cantons.
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19
FOAP DCA 33
Mission de défense sol-air dans des conditions difficiles
Engagement réel par -30 °C
Alors que les puissants de ce monde se rencontraient à Davos lors du Forum économique mondial (WEF), la Formation d’ap­
plication de la défense contre avions 33 (FOAP DCA 33) a contribué à la sécurité de la manifestation en assurant la défense
sol-air dans des conditions difficiles. Quelque 700 militaires du groupe de combat DCA 33, du groupe de DCA moyenne 34 et
d’une partie du groupe d’engins guidés de DCA mobile 4 ont ainsi été engagés dans le secteur de Davos et en Engadine.
Sdt Noël Graber, gr Comm FOAP DCA 33
Le blanc immaculé des montagnes grisonnes
tranche avec le bleu éclatant du ciel. Tout
autour de Davos, les pistes de ski sont damées
et tracées. Mais dans les rangs de l’armée,
personne ne pense aux plaisirs de la glisse. Il
en va ainsi des soldats de la batterie de DCA
moyenne 34/2. Leur unité de feu participe
à un engagement réel au sein du groupe de
combat DCA 33 avec deux canons de DCA
de calibre moyen. Dès le contrôle d’accès à
la position de la batterie, le ton est donné :
20 armée.ch Forces aériennes 1 / 16
il ne s’agit pas d’un exercice mais bel et bien
d’un engagement réel. Une clôture de sécurité
entoure les installations et les protège des
regards indiscrets. Là, fusil d’assaut approvisionné, gilet pare-éclat et casque radio
de rigueur, le soldat de sûreté Jesse Weder
arrête tout visiteur qui voudrait pénétrer
dans l’enceinte. Les ordres de marche et les
pièces d’identité sont contrôlés avec soin.
Responsable de la sécurité de la position, le
soldat Weder ne néglige aucun point. Il faut
dire que ces tâches ne sont pas nouvelles pour
le soldat de DCA : « Rester attentif, contrôler
les personnes, faire une patrouille de temps
en temps… Nous avons appris tout cela lors
des derniers CR ».
Entre les deux canons de DCA et l’appareil de conduite de tir, l’appointé-chef
Gabriel Larumbe s’affaire avec une pelle à
neige. « C’est ma façon de faire la pause »,
s’exclame-t-il. Puisqu’il n’est pas de garde,
le soldat radar se rend utile d’une autre manière. « Une position de DCA n’est jamais
complètement terminée », explique-t-il en
vidant sa pelle dans la forêt. Et d’ajouter :
« Il y a toujours quelque chose à bricoler ou à
FOAP DCA 33
améliorer ». Quand il n’est pas occupé à peller
la neige, l’appointé-chef Larambe assure la
surveillance de l’espace aérien, à partir du
radar ou par observation visuelle. L’ambiance
de la troupe est au sérieux : pas de discussions
inutiles, pas de plaisanteries à la cantonade.
Un engagement de longue date
pour la DCA
Pendant ce temps, le brigadier Marcel Amstutz, commandant de la FOAP DCA 33, accueille à Küblis une visite de travail de hauts
gradés des Forces aériennes. « La DCA fait
partie intégrante de l’engagement de l’armée
dans le cadre du WEF », explique-t-il. Et de
préciser : « D’une manière générale, notre
mission est la même d’année en année. Mais il
serait dangereux de parler de routine. Chaque
WEF est différent ». Durant l’édition 2016
du Forum, le groupe de combat DCA 33 est
engagé en Engadine, où il surveille l’espace
aérien, et dans le secteur de Davos, où il exploite des canons de DCA moyenne prêts au
tir en cas d’urgence. « Quelque 700 militaires
et plus de 60 véhicules sont mobilisés pour cet
engagement », détaille le colonel René Meier
qui commande le groupe de combat. « Ces
chiffres ne comprennent bien entendu pas
uniquement les équipes de pièce et des radars.
Nos mesures d’autoprotection nécessitent
également beaucoup de personnel. A cela
s’ajoutent encore la maintenance et l’échelon
arrière ».
Les canons de DCA moyenne engagés pour la
protection du WEF font partie du réseau de
capteurs DSA 10. Ils sont directement reliés
à la centrale d’engagement de la défense aérienne. C’est de là que le feu serait déclenché
en cas de nécessité. « La décision de tir relève
du pouvoir politique ; sur le plan technique,
nous sommes en tout cas prêts », explique le
brigadier Marcel Amstutz.
Retour sur la position. En cas d’ouverture
réelle du feu, le soldat Dominic Hürlimann
aurait fort à faire. Le canonnier DCA fait
partie d’une équipe de pièce. « Nous espérons
évidemment qu’il ne se passe rien », confie-til, tout en sachant qu’il est formé et prêt à agir
en cas d’incident. « Chaque canonnier DCA a
déjà participé à des tirs de DCA moyenne durant son instruction », explique-t-il. Selon lui,
manipuler des munitions réelles ne change
rien à la donne : « Les directives de sécurité
sont strictes et nous les appliquons quoi qu’il
arrive, que ce soit avec des munitions réelles
ou avec des munitions d’exercice ». Pourtant,
le soldat Hürlimann constate lui aussi que
l’ambiance est particulière durant un engagement réel : « C’est vrai que nous avons un
autre comportement. Lorsque nous sommes
en exercice, tout le monde trouve le temps long
et espère qu’un avion finisse par arriver. Mais
ici à Davos, tout est différent. Nous sommes
un peu tendus et espérons qu’aucun avion ne
passe au-dessus de nous ».
Moral au beau fixe grâce à une
subsistance de qualité
Le commandant du groupe de combat, le
colonel René Meier, est satisfait de ses soldats.
L’attitude et l’engagement de la troupe sont
exemplaires : « Les militaires font exactement
ce pour quoi ils se sont entraînés lors des
derniers CR ». L’engagement est exigeant : les
équipes des unités de feu assurent des gardes
de 12 heures, suivies de 12 heures dans le secteur arrière, partagées entre déplacements,
briefings, débriefings et repos en quantité.
« La résistance est mise à rude épreuve durant
la nuit, où les températures peuvent descendre
jusqu’à moins 30 degrés », explique le colonel
Meier. Dans ces conditions, il est selon lui
essentiel d’entretenir le moral de la troupe,
notamment en veillant à une subsistance de
qualité. Et ce d’autant plus que les sorties sont
interdites durant l’engagement dans le cadre
du WEF, comme le souligne le colonel Meier :
« L’accomplissement de la mission est notre
priorité absolue ».
Photos : FOAP DCA 33
Bonne visibilité lors de la surveillance de l’espace aérien.
Canons de DCA moyenne dans le secteur
d’engagement de Davos.
Contrôle d’accès à la position de DCA.
Larumbe : L’appointé-chef Larumbe dans
le terrain : « Une position de DCA n’est jamais complètement terminée ».
armée.ch Forces aériennes 1 / 16
21
FOAP DCA 33
Exercice sur le simulateur de conduite : une première pour les FA
Suivi de la situation optimal et volonté exemplaire
Photos : of spéc Christophe Ruchonnet
Pendant l’exercice CHATRANG, des membres des Forces aériennes (FA) et de la Formation d’application de la défense contre
avions 33 (FOAP DCA 33) se sont entraînés pour la première fois sur le simulateur de conduite de l’Ecole d’état-major géné­
ral. Un engagement avec TRIO – les trois systèmes de défense contre avions Stinger, Rapier et DCA moyenne – a été simulé.
Il s’agissait de proposer aux officiers d’état-major un exercice réaliste en matière de planification de l’action et de suivi de la
situation.
La carte de localisation est encore indispensable pour le suivi de la situation.
Of spéc Andy Abächerli, sdt Noel Graber, gr comm FOAP DCA 33
Le chatrang est l’ancêtre du shatranj arabe, la forme sous laquelle le
jeu d’échecs est arrivé en Europe au Moyen Age. Alors que le chatrang consiste à mettre son adversaire échec et mat sur le plateau de
jeu, l’exercice d’état-major CHATRANG visait à entraîner les commandants et les officiers d’état-major de la FOAP DCA 33 à la planification de l’action et, surtout, au suivi de la situation au moyen du
simulateur de conduite.
Il s’agissait d’une nouveauté à plus d’un titre. D’une part, c’était
le baptême du feu des FA – ou, plus exactement, de la FOAP DCA
33 – sur le simulateur de conduite de Kriens. D’autre part, c’était
la première fois que des commandants et des états-majors participaient à un exercice à trois échelons sur le simulateur. Dans le cadre
de l’exercice CHATRANG, une centaine de membres de la FOAP
DCA 33 étaient engagés à l’échelon du groupe de combat, du groupe
et de la batterie. Tous ont été mis à contribution au cours de l’exercice de deux jours. Placé sous la responsabilité de l’Etat-major de
milice de la FOAP DCA 33, l’exercice était dirigé par le brigadier
Marcel Amstutz.
La mission : la défense (aérienne)
Lors de l’exercice, les officiers d’état-major du groupe de combat
DCA 1, du groupe DCA moyenne 45, du groupe d’engins guidés de
DCA mobile 11 et du groupe d’engins guidés de DCA légère 1 étaient
confrontés au scénario suivant : dans une Europe divisée, deux factions s’affrontent par des moyens militaires pour obtenir la suprématie. La Suisse, quant à elle, est prise entre deux feux. L’un des belligérants est prêt à tout pour s’assurer la victoire militaire, même s’il faut
pour cela envahir le territoire neutre de la Suisse.
Simulateur de conduite
La tâche centrale du commandement du simulateur de conduite de
Kriens consiste à entraîner les états-majors dans le domaine du processus de suivi de la situation d’une manière efficace et économe en
ressources, notamment en temps. Grâce au simulateur de conduite, il
est possible de vérifier et d’améliorer la qualité, l’ampleur et l’intensité de l’instruction des commandants et des aides de commandement
sur le plan des processus de conduite et d’état-major aux échelons de la
Grande Unité et du corps de troupe. Le système permet de simuler des
engagements de l’échelon inférieur ; la partie adverse / l’adversaire ; le
terrain et l’environnement ; des facteurs limitants humains et techniques.
Les éléments entraînés à l’échelle 1:1, c’est-à-dire qui sont vraiment présents ou qui doivent être réalisés activement, incluent les processus
d’état-major et de conduite ; la doctrine aux échelons tactique et opératif ;
le facteur temps ; les liaisons.
22 armée.ch Forces aériennes 1 / 16
Le commandant des Forces aériennes, cdt C Aldo C. Schellenberg, a
visité l’exercice d’états-majors
FOAP DCA 33
Pour la formation d’engagement sol, la mission consistait donc à protéger l’agglomération zurichoise et à empêcher l’adversaire de prendre
possession de l’autoroute A2 entre Härkingen et Lucerne. De son côté, la formation d’engagement air devait en premier lieu assurer la
défense aérienne, l’appui aux opérations militaires (restrictions dans
l’espace aérien, transport aérien, reconnaissance aérienne et défense
sol-air) ainsi que l’acquisition et la diffusion de renseignements pour
la conduite politique et le commandement militaire. Dans ce cadre,
le groupe de combat DCA 1 devait notamment contribuer au suivi de
la situation aérienne dans le secteur de l’aéroport de Zurich-Kloten,
protéger ce dernier et assurer la protection antiaérienne pour deux
formations d’engagement mécanisées.
Assurer la planification et la conduite
En matière de planification, l’exercice CHATRANG visait à appliquer
de manière systématique le processus de planification de l’action et
à élaborer un concept d’engagement complet pour servir de base à la
rédaction des ordres. Dans le domaine du suivi de la situation, véritable point fort de l’exercice de simulation, l’objectif était de tenir
à jour en permanence l’image de la situation à tous les échelons, de
maintenir le rythme de conduite et de mettre en œuvre les décisions
de manière adaptée à la situation et dans les délais impartis.
Sur le plan tactique, la disponibilité opérationnelle permanente,
la capacité à durer, l’aptitude à tenir l’emplacement en cas de menace
ainsi que la capacité à assurer une liaison constante avec le commandement supérieur et les troupes voisines ont été testées.
S’exercer, s’exercer, et s’exercer encore
L’exercice s’est déroulé en trois phases afin de pouvoir reproduire une
action d’une plus longue durée au moyen d’étapes délimitées dans
le temps. Lors de la première phase, les états-majors devaient essentiellement, après la planification de l’action, amener leurs unités à la
bonne position dans le cadre du déploiement. Bien que la direction de
l’exercice ait parsemé cette première étape d’échauffement de manifestations, d’attaques et d’accidents fictifs, les états-majors l’ont surmontée sans problème.
La deuxième phase était plus compliquée et se déroulait alors
qu’une formation d’engagement mécanisée retardait au sol l’offensive
de l’adversaire. Le groupe de combat DCA 1 devait protéger contre les
attaques aériennes la formation amie, l’aéroport de Zurich-Kloten et
les passages sur la Limmat. Les états-majors devaient non seulement
remplir leur mission principale, mais aussi réagir de manière adéquate
à une attaque chimique, à des pannes de radar et à la perte de propres
systèmes. Bien que le groupe de combat DCA 1 ait bien anticipé les attaques aériennes de l’adversaire, l’accomplissement de la mission en
faveur de la formation d’engagement chargée du combat retardateur
s’est avéré difficile. L’adversaire a tiré profit de lacunes apparues dans le
dispositif DCA afin d’infliger des pertes tant aux troupes au sol qu’aux
unités de feu au moyen de ses frappes aériennes.
La troisième phase concernait principalement la planification
prévisionnelle. La formation d’engagement chargée du combat retardateur s’est repliée progressivement par-dessus la Limmat, tandis que
la deuxième formation d’engagement mécanisée attaquait l’adversaire
par le flanc et le repoussait. Pendant ce temps, le groupe de combat
DCA 1 devait continuer de protéger le secteur d’attente de la formation
d’engagement qui passait à l’offensive. Le redéploiement des moyens
DCA a alors permis de combler les lacunes apparues dans le dispositif
DCA lors de la phase précédente, empêchant l’adversaire d’infliger de
grandes pertes à nos troupes.
Pour la sécurité de la Suisse
L’exercice CHATRANG a permis d’accroître la sécurité dans la planification de l’action et d’identifier des points faibles dans l’instruction
des commandants et des états-majors au niveau du suivi de la situation. Grâce à cette méthode économe en ressources, il a été possible de
tirer des enseignements clairs pour de futurs exercices sur le simulateur de conduite, pour de prochains exercices d’ensemble des troupes
et pour des engagements à venir. Le brigadier Marcel Amstutz, commandant de la FOAP DCA 33, s’est déclaré très satisfait de cette expérience : « Le suivi de la situation était bon, la volonté de vaincre était
exemplaire et – et c’est le point le plus important – la mission de la
DCA a été remplie. L’exercice a été un succès total. » Pour le brigadier
Amstutz, l’enseignement principal qu’il convient de tirer est l’importance de la coordination entre les Forces aériennes et les Forces terrestres : « En Suisse, différentes formations ont les mêmes besoins en
matière d’espace pour des missions et des objectifs différents. Pour
nous, cela signifie que la coordination est primordiale tant pour nos
réflexions que pour nos planifications ou nos exercices. »
Même si l’exercice CHATRANG n’était qu’une simulation, son
utilité était réelle : il a permis d’identifier un potentiel d’amélioration dans la protection de l’espace aérien et a ainsi contribué à la sécurité de la Suisse.
Témoignages des participants à l’exercice d’état-major
Brigadier Marcel Amstutz,
Commandant de la Formation
­d’application DCA 33 :
Colonel Roger Frei,
Commandant du groupe de
combat DCA 1:
« La défense contre avions sol-air déploie
certes ses effets dans les airs, mais elle se
passe à terre. La collaboration avec les
Forces terrestres est donc essentielle. Nos
missions seront les mêmes demain : protéger
des ouvrages, des secteurs et des formations,
que ce soit au moyen de TRIO ou de DSA
2020 (BODLUV). Le mot d’ordre ne change
donc pas : penser ensemble, planifier ensemble et s’exercer ensemble. Le simulateur
de conduite est l’appareil idéal à cet effet. »
« L’exercice d’état-major sur le simulateur
de conduite représente un point fort de ma
carrière militaire. C’est un grand atout pour
nous. Malgré quelques moments de stress,
nous avons fait du bon boulot. J’espère que
d’autres groupes DCA pourront bientôt faire
cet exercice. »
Lieutenant-colonel EMG Philippe Cart,
régisseur en chef :
« J’avais probablement le rôle le plus passionnant à jouer dans l’exercice. Sur le simulateur, la régie est comme un orchestre
qui doit être bien accordé. C’est ici que tout
converge. Pour moi, il n’y a pas de place plus
intéressante pendant l’exercice. »
armée.ch Forces aériennes 1 / 16
23
Manifestations
Agenda
16.07.2016
Montreux Jazz FestivalMontreux
Avec la Patrouille Suisse
www.montreuxjazz.com
23.07. – 24.07.2016 Swiss Open GstaadGstaad
Avec le Super Puma Display Team
www.swissopengstaad.ch
01.08.2016
Rock oz’ArènesAvenches
Avec le PC-7 TEAM
www.rockozarenes.com
12.08. – 14.08.2016 Convoy to rememberBirmenstorf
Avec les éclaireurs- parachutistes
www.convoytoremember.com
26.08. – 27.08.2016 Fête fédérale de lutte et jeux alpestresPayerne
Avec la Patrouille Suisse et le Super Puma Display Team
www.estavayer2016.ch
03.09.2016
Flüüger – Fäscht SchmerlatSchaffhausen
Avec le Super Puma Display Team
www.schmerlat.ch
10.09.2016
Gwärb ÄmmeEmmen
Avec la Patrouille Suisse
www.gwaerbaemme16.ch
12.10. – 13.10.2016 Tirs d’aviation AxalpAxalp
Divers démonstrations
www.armee.ch/axalp
21.10. – 22.10.2016 Thun meets ArmyThoune
Avec la Patrouille Suisse
www.he.admin.ch
24 armée.ch Forces aériennes 1 / 16
4Performances de haut niveau lors
de la Patrouille des Glaciers
1 / 16
2 Le chef de l’Armée à propos de son départ
6 Une carrière variée au service de la promotion de la paix
10 Thoune : des recrues norvégiennes à l’école de chars
Lettre du chef de l’Armée à propos de son départ
« J’ai eu le privilège de rencontrer des
militaires de tous les échelons »
Le Conseil fédéral a approuvé, lors de sa séance du 23 mars 2016, que
je me retire de mes fonctions de chef de l’Armée en date du 1er janvier 2017. Je serai ensuite à la disposition du chef du DDPS jusqu’au
31 mars 2017 pour accomplir des tâches particulières avant de prendre
ma retraite anticipée. Je remercie mes chefs pour la confiance qu’ils
m’ont accordée tout au long de ces années.
Voilà plus de 40 ans que je sers dans notre armée. Fin 2016, j’y
aurai déjà travaillé 33 ans comme officier de carrière, dont huit à la
tête de l’Armée suisse. J’ai pu voir à l’œuvre nombre d’entre vous durant ces décennies et apprécier votre travail. Ensemble, nous avons
accompli beaucoup de choses. Je vous adresse, ainsi qu’à vos proches,
mes sincères remerciements pour votre fervent engagement, votre
soutien et votre bienveillance durant toutes ces années.
En 1984, j’ai payé mes galons de capitaine. Depuis lors, j’ai pu
occuper différentes fonctions dirigeantes comme officier de milice et
comme officier de carrière, et j’ai pu instruire, accompagner, appuyer
et conduire beaucoup de commandants de différents échelons. Les
rencontres que j’ai faites ont été pour la plupart très enrichissantes.
J’ai eu le grand privilège – et je l’ai encore – de pouvoir travailler avec
des commandants, des chefs, des cadres, des soldats et des collaborateurs compétents et dignes de confiance, qui s’engagent avec beaucoup de conviction pour notre pays et sa population.
J’aimerais également vous remercier chaleureusement pour tout
ce que vous avez accompli en tant que militaires de notre armée de
milice, pour votre engagement, votre loyauté et votre prise de responsabilité dans le succès et l’accomplissement de notre mission, mais
également pour nos échanges ouverts et cordiaux.
Le moment de mon départ est opportun. Après la conclusion positive des débats aux Chambres fédérales au sujet du développement
de l’armée (DEVA), place désormais aux nombreuses années de mise
en œuvre. La personne qui assumera cette responsabilité doit pouvoir prendre elle-même les décisions, par exemple dans le domaine du
personnel, et être en charge de la conduite durant plusieurs années.
Comme les premières écoles de cadres passeront au nouveau modèle
à la mi-2017 déjà, il est parfaitement judicieux d’opérer le changement
à la tête de l’armée le 1er janvier 2017.
A propos du DEVA :
La solution actuelle (Armée XXI et étape de développement 08/11)
est moins bonne que la solution décidée par le Parlement dans tous
les domaines, en particulier ceux de la disponibilité, de l’instruction (des cadres) et de l’équipement (complet). Les effectifs réels ne
permettent pas d’avoir une armée plus grande sans surcharger encore ceux qui servent, et seul le nouveau cadre financier autorise
une plus grande souplesse en matière de politique des dépenses.
Toute personne qui veut le bien de l’armée et de la sécurité de notre
pays ne devrait pas remettre en question les progrès indiscutables
qu’amène le DEVA.
2 armée.ch 1 / 16
Photo : CME
Chers militaires, soldats, sous-officiers et officiers,
Le moment est selon moi également bien choisi pour changer de CdA,
car le chef du département a ainsi le temps de désigner un successeur. Cela me permet également de mettre cette année encore toute
mon expérience au profit de trois dossiers importants, afin de créer
les conditions favorables pour le futur de l’Armée suisse :
– le rapport en vue de l’acquisition d’un nouvel avion de combat ;
– la planification de l’armement et des acquisitions dans le nouveau cadre financier ;
– la préparation et la conduite de possibles engagements subsidiaires (de sûreté) au profit des autorités, en relation avec la migration.
Cette liste n’est pas exhaustive. Vous reconnaissez cependant
dans le troisième point toute l’importance de votre rôle dans ce
contexte. Sans peindre le diable sur la muraille, la situation actuelle
en matière de sécurité augmente la probabilité d’un engagement de
l’armée. Sur la base de renseignements actuels et de développements
concrets, de possibles adaptations du plan des services pourraient être
décidées à l’échelon politique, pour garantir la disponibilité de l’armée. Espérons qu’il ne sera pas nécessaire de recourir à nos services.
Mais, le cas échéant, nous remplirons notre mission. Autrement dit :
l’armée a besoin de votre appui et de celui de votre formation, et je
vous en remercie. Je me réjouis de vous rencontrer prochainement en
service ou lors d’une autre occasion.
Veuillez recevoir, chers militaires, soldats, sous-officiers et officiers,
mes salutations les meilleures.
Votre CHEF DE L’ARMÉE
Commandant de corps André Blattmann
Nouveau système de représentation cartographique de l’armée
« Albireo », le portail vers la géoinformation
Le célèbre système de représentation cartographique de l’armée « PCMap swissline » a fait son temps. Dans le cadre du projet Géoinfo Défense, cette application de représentation cartographique a été modernisée sur les plans de la technique et du
design. « Albireo » sera disponible dès l’été 2016.
Michael Lanini, officier géo mil Défense
Ce nouveau produit s’appelle « Système de
représentation cartographique » (KADAS)
Albireo. A l’origine, Albireo est une étoile
double de la constellation du Cygne qui joue
un rôle important dans la navigation céleste.
Parmi les nouveautés du système, l’on trouve
une interface utilisateur intuitive, l’intégration simple de services géographiques issus de
la plateforme d’utilisation de l’infrastructure
des données géographiques militaires ainsi
qu’une interopérabilité illimitée avec d’autres
systèmes d’information et de conduite de
l’armée. L’interface utilisateur reprend un
concept de ruban qui rappelle les outils courants d’Office et qui permet donc un classement usuel des fonctionnalités. Dans le cadre
de la mise en œuvre du concept, une grande
importance a été accordée à l’ergonomie, à la
simplicité et à la convivialité de l’outil.
Le module de représentation tridimensionnelle (3D) …
Interopérabilité avec d’autres systèmes
Le KADAS Albireo permet l’accès à un très
large éventail de services et données géographiques standardisés. En outre, il se calque
sur map.geo.admin.ch, le géoportail fédéral.
Bien entendu, Albireo fonctionne aussi hors
ligne, ce qui lui confère une grande flexibilité lors de son utilisation sans connexion
au réseau, et ce en Suisse comme à l’étranger. Grâce à l’intégration de symboles et de
signes tactiques tirés du règlement 52.002.03,
le KADAS Albireo permet l’échange d’informations sur la situation avec d’autres
systèmes d’information et de conduite de
l’armée tels que FABIS et FIS FT. Ainsi, même
des militaires qui n’ont pas un accès régulier à ces systèmes peuvent être équipés d’un
outil puissant destiné à les appuyer dans la
préparation d’engagements et de services de
perfectionnement.
Un code ouvert pour faciliter le
développement
Les travaux de développement ont été accomplis en collaboration avec l’Office fédéral
de la topographie et l’entreprise Sourcepole
SA. Le KADAS Albireo est développé sur la
base du projet Open Source Quantum GIS
(www.qgis.org). Grâce à son code de programmation ouvert, Albireo peut accueillir
de façon modulaire d’autres applications et
… et le module de représentation de la situation du nouveau logiciel.
fonctionnalités. Ce principe offre un large
éventail de possibilités de développement.
Il est ainsi possible d’y intégrer sans grand
investissement des fonctionnalités spéciales
sous la forme des modules enfichables (plugins) et de réduire par conséquent progressivement la quantité de solutions spéciales
dans le domaine de la Défense. Cette solution
apporte ainsi de nombreux avantages dans la
gestion des géodonnées et, en garantissant le
principe « Operating off the same map », dans
l’utilisation de données cartographiques homogènes.
Le système KADAS sera disponible sur la
majorité des plateformes TIC de l’armée et de
l’administration militaire dès l’été 2016. Une
version « légère » destinée en particulier à être
utilisée dans le cadre des fonctions de milice
est prévue à partir de l’automne 2016. Des
formations dites multiplicatrices devraient
être organisées au cours de son introduction,
même si l’utilisation du système KADAS est
tellement intuitive que la familiarisation avec
l’outil ne devrait poser aucune difficulté, en
particulier auprès de la jeune génération,
habituée à « Google (maps) ».
armée.ch 1 / 16
3
Patrouille des Glaciers
En camp d’entraînement avec les
patrouilles militaires étrangères
La Patrouille des Glaciers comptait cette année plus de 4700 participants dont presque 1800 militaires. C’est la cellule des
relations internationales des Forces terrestres qui se charge des patrouilleurs étrangers. Elle gère les formalités d’entrée en
Suisse, l’organisation du séjour et l’inscription. Nous avons rencontré quelques-uns de ces militaires étrangers à Fiesch (VS),
entre le contrôle du matériel et la soirée d’information.
Letizia Paladino, Communication Forces terrestres
Ce n’est pas encore l’heure mais une longue file
s’est déjà formée devant la porte du contrôle
du matériel. « Nous offrons la possibilité aux
patrouilleurs étrangers de passer le contrôle
du matériel directement à Fiesch au lieu de
Zermatt ou d’Evolène. Ils gagnent ainsi un
temps précieux en évitant des déplacements
inutiles », explique Jean-Louis Hug, chef de la
cellule des relations internationales et chef du
camp de Fiesch. Ces athlètes militaires, venus
principalement d’Europe, ont tous été invités
par les Forces terrestres à concourir sur le
tracé mythique de la Patrouille des Glaciers.
« Les invitations sont réglées par les relations internationales. Nous convions tout
d’abord les forces armées des pays voisins,
puis celles d’autres pays. Nous acceptons
aussi la gendarmerie, la police alpine ou les
pompiers », indique Jean-Louis Hug. « Des
militaires américains ont aussi été invités.
Malheureusement, ils n’ont pas réussi à réunir une équipe de trois et un seul a fait le
déplacement. Pour qu’il puisse quand même
4 armée.ch 1 / 16
participer, le commandement a mis sur pied
la première équipe militaire internationale
de l’histoire de la Patrouille des Glaciers. »
Hébergement dans un ancien hôpital
militaire
Depuis l’an 2000, un camp d’entraînement
est proposé aux patrouilleurs militaires
étrangers pour qu’ils puissent s’acclimater.
« Nous avions des athlètes très bien entraînés,
mais qui ne supportaient pas l’altitude et devaient arrêter la course à la première bosse »,
se souviennent les lieutenants-colonels Pierre
Vallat et Olivier Cingria, militaires des premières heures du camp, toujours présents aujourd’hui. « Les conditions étaient beaucoup
plus modestes à l’époque. Il n’y avait qu’une
douzaine d’équipes et cinq à six nations. »
Cette année, une quarantaine de patrouilles
militaires étrangères ont répondu présentes
à l’invitation de la cellule des relations internationales. Autant dire que c’est une affaire
qui marche !
Logés dans l’ancien hôpital militaire
de Fiesch, transformé en centre sportif et
village de vacances, les militaires étrangers
sont tous très contents d’être là. « Nous ne
pourrions pas offrir ce genre de prestations
sans bénéficier des tarifs avantageux datant
de l’époque de l’hôpital militaire », glisse
Jean-Louis Hug. « Une équipe s’occupe de
l’administration et de la logistique. Nous
sommes également à disposition pour tous
les problèmes quotidiens. »
La première patrouille militaire
internationale de l’histoire
Un peu esseulé au milieu de tous les athlètes
qui se présentent au contrôle du matériel, le
capitaine Matthew Hickey, responsable du
programme World Class Athlete, qui apporte
un soutien aux athlètes de niveau international au sein de l’US Army, attend d’être
informé sur la suite du programme. Comme
l’armée américaine n’a pas pu constituer une
équipe de trois patrouilleurs, il a décidé de
venir seul en Suisse. « Le ski alpinisme n’est
pas un sport très répandu chez nous. Nous
avons bien des spécialistes de la montagne
mais ils ne font pas de compétition », explique
Des militaires français, allemands et
autrichiens en renfort de l’Armée suisse
Sur les sommets, les spécialistes de montagne de l’Armée suisse peuvent compter
cette année sur une trentaine de membres
de la 27e brigade d’infanterie de montagne de
l’armée de terre française, sur une vingtaine
de militaires allemands et une dizaine de militaires autrichiens. Cette collaboration a été
initiée en 2013 par le colonel Max Contesse,
commandant de la Patrouille des Glaciers.
« La Patrouille des Glaciers est certes une des
plus grandes courses de ski alpinisme des
Alpes, mais c’est surtout, sur le plan militaire,
un engagement opérationnel majeur, avec
5400 concurrents, quatre jours d’épreuves en
terrain glaciaire à plus de 3500 mètres d’altitude », explique le major Jean-Cyrille Audouit,
adjoint à l’officier de communication de la 27e
brigade d’infanterie de montagne. Des spécialistes de montagne étrangers assurent, en
collaboration avec l’Armée suisse, le traçage
de l’itinéraire aux postes de Tête Blanche, de
Riedmatten et de Tsena Réfien, ainsi que le
soutien et la sécurité des concurrents et le
soutien sanitaire.
Contactés au milieu de la semaine de course,
tous les militaires étrangers venus en soutien
sont satisfaits de l’expérience. « Notre collaboration avec les militaires suisses se passe
très bien. Nos soldats sont très satisfaits de
ce partenariat et cette expérience est vraiment enrichissante pour les uns et les autres.
Elle nous permet d’échanger nos savoir-faire
pour assurer le bon déroulement de la manifestation », conclut un des membres de la 27e
brigade d’infanterie de montagne de l’armée
de terre française.
Matthew Hickey. « Le but est d’implanter
cette discipline au sein de l’armée américaine
pour que nous puissions venir affronter les
grandes nations européennes ces prochaines
saisons. »
Pour permettre au capitaine Matthew
Hickey de s’élancer sur le tracé, l’organisation
a réuni une patrouille militaire internationale, une première dans l’histoire de la Patrouille des Glaciers. « Je suis très heureux de
pouvoir participer avec le capitaine Melanie
Birtwistle. A cette heure, nous ne connaissons pas encore notre futur équipier, mais
cette patrouille est une occasion de souligner
l’importance du sport au sein de l’armée », se
réjouit Matthew Hickey. Et Melanie Birtwistle d’ajouter : « C’est un honneur de faire partie
de la première patrouille internationale. Je
suis un peu effrayée car cela fait deux mois
seulement que je me suis mise au ski alpinisme. Normalement, je fais du triathlon et
du ski de descente. »
En raison de conditions météorologiques
trop mauvaises, les courses A2 et Z2 ont dû
être annulées. Les patrouilles étrangères n’ont
pas pu prendre le départ de la course.
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Rubriktitel
Le parcours peu ordinaire d’un militaire de milice
D’une ferme avicole nigérienne au
service de promotion de la paix
Le premier lieutenant Oliver Röthlisberger a entamé une carrière au service de la promotion de la paix de l’Armée suisse. Il
est actuellement commandant de maison en Bosnie-Herzégovine, puis s’en ira bientôt travailler dans le domaine du déminage au Soudan du Sud. Auparavant, à l’issue de ses études, il avait passé quelques mois dans une ferme avicole au Nigéria.
Cornelia Mathias, suppl cheffe Communication SWISSINT
« L’ouragan Lothar a non seulement dévasté les forêts indigènes, mais
aussi chamboulé l’ensemble de l’économie forestière », se rappelle
le trentenaire Oliver Röthlisberger à propos de la tempête de 1999.
Comme à la suite de l’événement, le marché est inondé de bois bon
marché, le secteur de la sylviculture réagit par un démantèlement des
places de travail. Le jeune garde-forestier de formation travaille alors
quelque temps comme jardinier-paysagiste avant de passer une maturité professionnelle. Du fait de son intérêt prononcé pour les denrées alimentaires, leur élaboration et leur commercialisation, il décide par la suite d’étudier la technologie alimentaire à la haute école
des sciences agronomiques, forestières et alimentaires, avec une spécialisation en économie d’entreprise. Après avoir obtenu son bachelor,
Oliver Röthlisberger travaille quelques années chez un grand distributeur suisse avant de suivre une formation continue en vue d’obtenir un master en économie d’entreprise à la haute école spécialisée
de Berne, puis d’opter pour un séjour à l’étranger.
La ferme avicole au Nigéria
Au cours de ses études, Oliver Röthlisberger contacte un ami de
longue date et ancien collègue de travail émigré au Nigéria. Il souhaite
aller lui rendre visite. Cet ami y exploite une ferme avicole. Malheureusement, une maladie aviaire et des collaborateurs peu fiables en-
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traînent une chute de la production au sein de la ferme. En sa qualité
de développeur d’entreprise qualifié et très expérimenté dans la réalisation de projets, le Bernois d’origine se sent pousser des ailes pour
remettre l’exploitation sur la bonne voie. C’est ainsi qu’après six mois
de préparation, Olivier Röthlisberger rejoint le Nigéria, où il mène à
bien son « projet de parrainage avicole » pendant cinq mois.
Une fois de retour en Suisse, Oliver Röthlisberger entre au Centre
de compétences SWISSINT pour y accomplir le cours d’introduction
de trois semaines sur les missions de promotion de la paix. Deux ans
auparavant, par son activité au sein de la société des officiers de la
haute école spécialisée bernoise, il est entré en contact avec les Relations internationales de la Défense (RID), ce qui le pousse par la suite
à se porter candidat pour un engagement dans le déminage humanitaire. Mais comme cet engagement ne doit avoir lieu que l’année suivante, SWISSINT propose à M. Röthlisberger de tenter sa chance en
qualité de commandant de maison en Bosnie-Herzégovine.
Premières expériences dans le domaine de la promotion
militaire de la paix
A la suite de son recrutement au Centre de compétences S­ WISS­INT,
Olivier Röthlisberger est formé pendant dix semaines en vue de son
premier engagement de promotion de la paix au sein de l’Armée
suisse. Depuis à peine six mois, il occupe la fonction de commandant de maison en Bosnie-Herzégovine. Le premier lieute-
Mesures de prévention contre les
morsures de tiques
Le bambou : une plante solide et pourtant flexible
« Mon grand-père m’a appris à remettre les choses en question et à
choisir parfois d’emprunter des chemins peu conventionnels. » Son
grand-père aura ainsi été son mentor dans son développement professionnel et personnel. Olivier Röthlisberger est convaincu qu’il pourra un jour réunir au sein d’une fonction toutes les compétences acquises au cours de ses activités précédentes. Il reste ouvert à tout, que
ce soit dans le domaine d’activité civil ou militaire. « L’ouragan Lothar de 1999 m’aura appris que ce qui est rigide se brise. Le bambou,
en revanche, plie sans se rompre et se redresse toujours. » Il est très
solide, supporte une lourde charge, mais pourrait aussi céder. Ce
qui est valable pour des organisations modernes joue
aussi un grand rôle pour les personnes
et est déterminant pour s’assurer le succès à long
terme.
Ardian Jakupi, Communication BLA
En Suisse, le nombre des cas d’encéphalite à tiques, une maladie aussi appelée méningo-encéphalite verno-estivale, a sensiblement augmenté au cours des huit à dix dernières années. Comme son nom
l’indique, c’est au début de l’été que le risque de contracter le virus
est le plus élevé, mais ce danger persiste jusqu’en septembre. Le virus
MEVE peut entraîner une méningite auprès de 5 à 15 % des personnes infectées. En cas de complications, la maladie peut laisser
des séquelles. Une manière efficace de se protéger contre les morsures de tiques est de porter des chaussures fermées et des vêtements
couvrants. C’est en particulier dans le nord-est de la Suisse qu’il importe de contrôler systématiquement l’ensemble du corps pour s’assurer de l’absence de tiques après une promenade en forêt. Il est aussi
judicieux d’envisager une vaccination contre la MEVE. Pour les militaires en service, ce vaccin est gratuit et administré en général pendant l’école de recrues. Par la suite, il y a lieu de se renseigner auprès
de l’infirmerie qui jugera de la nécessité de se faire vacciner. Les personnes civiles peuvent aussi demander des informations et se faire
vacciner chez leur médecin de famille. La vaccination comprend trois
injections qui garantissent une protection de 10 ans.
La notice concernant les tiques du Service médico-militaire peut être consultée sur le site Internet de la Base logistique de l’armée à l’adresse suivante :
→→ http://www.lba.admin.ch/internet/lba/de/home/themen/sanit/
Organisation/milit.html (document disponible uniquement en allemand).
Vous trouverez aussi des informations utiles au sujet des maladies
transmises par les tiques sur le site Internet du Laboratoire de Spiez, à
l’adresse suivante :
→→ http://www.labor-spiez.ch/fr/the/bs/frthebsnrzk.htm
Photo : Office fédéral de la santé publique (OFSP)
nant Röthlisberger dirige avec beaucoup de talent un LOT (Liaison
and Observation Team) fort de huit militaires. A l’issue de cet engagement, il sera envoyé pendant une année au Soudan du Sud où
il accomplira une mission dans le domaine du déminage pour le
compte du Centre de compétences SWISSINT. Le Bernois envisage
ensuite d’accomplir le cours d’observateurs de l’ONU à Stans en vue
d’un autre engagement de promotion de la paix en qualité d’observateur militaire.
Les tiques sont susceptibles de transmettre des bactéries et
des virus. L’une des maladies virales est la méningo-encéphalite verno-estivale (MEVE). Lorsque le virus se propage, il peut
entraîner une méningite. Le Service médico-militaire explique
les mesures visant à se protéger contre les morsures de
tiques et recommande de se faire vacciner contre la MEVE.
Situation en 2016 : régions dans lesquelles une vaccination MEVE
est recommandée.
Conseils supplémentaires sur la prévention contre les morsures
de tiques :
• Porter des chaussures fermées et des vêtements couvrants
• Eviter les sous-bois
• Utiliser du répulsif contre les tiques sur les vêtements et les parties du
corps pouvant entrer en contact avec la végétation
• Après une promenade en forêt, contrôler systématiquement
l’ensemble du corps et les vêtements pour s’assurer de l’absence de
tiques
• Contrôler aussi les animaux de compagnie (p. ex. les chiens, les chats
ou les chevaux)
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Un trio pour Rio
Les athlètes suisses seront présents aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro du 5 au 21 août pour tenter de décrocher un
maximum de médailles et de diplômes. La délégation helvétique comptera dans ses rangs des sportifs qui bénéficient de la
promotion du sport d’élite dans l’armée et qui profitent, lors de camps d’entraînement, des infrastructures du Centre national de sport de Macolin et du Centre sportif national de Tenero.
Letizia Paladino, Communication Forces terrestres
Dans une série de reportages, le Département fédéral de la défense,
de la protection de la population et des sports DDPS accompagne sur
le chemin des Jeux olympiques son « trio pour Rio », composé de la
vététiste Jolanda Neff, des cyclistes du quatuor sur piste et des rameurs
du quatre sans barreur poids léger.
Jolanda Neff : « Nous verrons ce qu’il advient à Rio »
Une fracture de la main gauche au mois de décembre est venue bouleverser le programme de Jolanda Neff, double vainqueur de la Coupe du monde de VTT. La militaire contractuelle et sportive d’élite de 23 ans reste toutefois confiante en vue
des Jeux olympiques qui se dérouleront cet été à Rio de Janeiro, où elle compte s’aligner tant sur route qu’en VTT.
Kurt Henauer, Communication OFSPO
Pour Jolanda Neff, accomplir l’ER pour sportifs d’élite 3/12 a été une vraie
chance. « Avec Linda Indergand et Katrin Stirnemann, nous étions trois
femmes issues du même sport, c’était génial », confie-t-elle en se remémorant le temps passé à Lyss et à Macolin. La jeune sportive originaire de la
vallée saint-galloise du Rhin apprécie désormais les six semaines annuelles
de CR pour sportifs d’élite : « Nous pouvons nous entraîner ensemble en
Suisse et à l’étranger et faisons de nombreux entraînements de qualité ».
La promotion du sport d’élite dans l’armée
Jolanda Neff, qui a enfourché un VTT pour la première fois à l’âge de six
ans, a particulièrement apprécié découvrir d’autres disciplines sportives au
cours de l’ER pour sportifs d’élite. Elle a elle-même pratiqué de nombreux
sports quand elle était plus jeune, notamment la gymnastique pendant six
ans, et a fait beaucoup de ski alpin, de snowboard, de randonnée et de ski
de fond avec sa famille.
Grâce à ses succès et son potentiel en VTT cross-country, Jolanda Neff a
été sélectionnée à l’issue de l’ER pour sportifs d’élite pour devenir militaire
contractuelle sportive d’élite. « Cela a également été une chance pour moi,
et je suis heureuse de pouvoir représenter ainsi la Suisse », déclare-t-elle en
évoquant le privilège de faire partie des 18 athlètes qui profitent de ce soutien de l’armée. En tant que jeune athlète, cette sélection a été le signe de la
confiance et des espoirs qui étaient placés en elle. « Outre le soutien financier, c’est la confirmation que l’on est sur la bonne voie, ça donne du courage », glisse-t-elle, se réjouissant que les femmes soient également soutenues aux côtés de leurs homologues masculins.
Chute à l’entraînement
Cet hiver, l’entraînement et les compétitions de Jolanda Neff ne se sont pas
exactement déroulés comme prévu. Une fracture de l’os métacarpien de
la main gauche l’a empêchée de participer aux compétitions de cyclocross
comme elle le voulait. Puis, lors du récent camp d’entraînement à Gran Canaria, il a fallu quelque peu improviser sur le vélo de course. « En descente,
je tenais simplement le guidon d’une seule main et freinais uniquement à l’arrière », explique-t-elle tout naturellement. Si le vélo sur route fait partie intégrante de son entraînement, Jolanda Neff apprécie également la piste. Elle
a par exemple remporté le championnat suisse inofficiel d’omnium au vélodrome de Granges, en triomphant dans quatre disciplines.
Gérer son rôle de favorite
Grand espoir de médaille suisse, Jolanda Neff fait figure de favorite pour
l’épreuve olympique de VTT, mais refuse de céder à la pression pour autant.
« Mon premier objectif est de me remettre de ma fracture. Je dois m’accorder suffisamment de temps pour cela, et surtout accepter d’être patiente »,
confie-t-elle, ayant bon espoir de retrouver les résultats d’avant. « Et nous
verrons ce qu’il advient à Rio. »
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« On compte bien prendre notre revanche ! »
Les rameurs du quatre sans barreur poids léger, qui ont remporté les championnats du monde en 2015, ont bien l’intention
de livrer une excellente performance aux Jeux olympiques 2016 qui se tiendront à Rio de Janeiro. Après leur cinquième
place à Londres lors des Jeux de 2012, ils préparent leur revanche. Mario Gyr et Simon Schürch se sont prêtés au jeu de
l’interview.
Marco Zwahlen, Communication DDPS
En début de saison, vous vous êtes entraînés en Nouvelle-Zélande et
maintenant vous êtes de retour en Suisse. A quel stade en êtes-vous
de votre préparation ?
Simon Schürch : On a profité à fond de notre séjour en Nouvelle-Zélande.
On s’est entraînés d’une part en salle avec l’ergomètre, et d’autre part en
plein air, que ce soit à vélo de course ou bien sûr sur l’eau, à deux ou à
quatre sans barreur. On essaie toutes les variantes. Entre nous, on ne se
fait pas de cadeau, on cultive un esprit d’émulation réciproque. Les journées étaient tellement longues qu’on n’en voyait pas le bout, nos organismes étaient sollicités jusqu’à crier grâce. Mais notre entraîneur nous répétait : « Je sais que vous n’en pouvez plus, que vous êtes complètement
H.S. mais je veux que vous le restiez jusqu’au jour J. » La saison dernière
nous a convaincus qu’un entraînement acharné porte ses fruits même si on
est totalement épuisés. Il faut un mental d’acier pour tenir le coup dans ces
conditions mais on est motivés par la passion de notre sport, par notre objectif commun à Rio, et donc on a encaissé le choc.
On peut dire que vous êtes tous dans le même bateau, au propre
comme au figuré.
Mario Gyr : L’aviron, c’est le sport d’équipe par excellence. On gagne ensemble, on perd ensemble aussi. Quand on fait partie d’une équipe de
quatre, on remet ses rêves et ses objectifs dans les mains d’autrui et on recueille aussi les rêves de nos co-équipiers. S’il y en a un qui se blesse ou
qui laisse tomber, les autres doivent renoncer aussi. Donc on n’est pas seulement responsable par rapport à soi-même mais aussi vis-à-vis des trois
autres et de l’entraîneur.
Mais vous vous entraînez aussi au deux sans barreur, donc pas
seulement avec les autres, mais aussi contre les autres. Comment
le vivez-vous ?
Mario Gyr : L’aviron est un sport tellement particulier, il oblige à trouver
le bon équilibre entre performance individuelle et travail d’équipe. Pendant
tout l’hiver, on ne se mesure qu’à ses collègues. Mais dès que le printemps
arrive, il faut être prêt à fonctionner en tant qu’équipe, à former une unité
pour se battre contre les autres nations et remporter une médaille. Donc,
ce n’est pas toujours simple, quand on a pour objectif ultime de se distinguer avec ses camarades aux championnats du monde ou aux Jeux olympiques, car auparavant il faut commencer par atteindre plein de petits objectifs intermédiaires, y compris contre ces mêmes camarades.
Donc vous n’êtes pas seulement amis, mais aussi adversaires.
Mario Gyr : Dans ce sens oui, et c’est un sacré défi, mentalement, pour
beaucoup d’entre nous. Car on s’entraîne jour après jour, semaine après semaine, avec les mêmes personnes, sur le même lac, on mange à la même
table, on dort un nombre incalculable de nuits dans la même chambre, on
lutte pendant six mois pour avoir sa place et dès qu’on est sélectionnés,
on se retrouve dans le même bateau où on n’est plus adversaires mais camarades, avec pour seul objectif d’avancer le plus vite possible, ensemble.
Car, pour y arriver il faut faire corps, former une seule et même entité.
Quels sont les objectifs de l’équipe aux Jeux olympiques ?
Mario Gyr : A Rio cette année, ce seront nos deuxièmes Jeux Olympiques.
On garde un souvenir amer de notre cinquième place à Londres en 2012.
Donc on rêve de prendre notre revanche ! On n’a pas d’excuse, on veut montrer ce qu’on est capables de faire et le jour J on veut faire notre meilleure
course. C’est pour ça qu’on s’entraîne aussi dur, sans répit.
Quatuor de cyclisme sur piste:
« Nous pouvons mieux faire que juste aller aux JO »
L’équipe de Suisse était prête pour les Championnats du monde de vélo sur piste qui se sont déroulés du 2 au 6 mars 2016
à Londres. Les membres de la poursuite avaient pu profiter des cours de répétition pour sportifs d’élite de l’armée pour
peaufiner les détails avant ce premier grand rendez-vous de la saison. Ce grand test avant les JO s’est toutefois soldé par un
échec, l’équipe n’ayant pas passé le cap des qualifications.
Letizia Paladino, Communication Forces terrestres
Quelques jours avant l’épreuve londonienne. Silvan Dillier, Frank Pasche,
Olivier Beer (tous soldats sport) et Théry Schir se montraient pourtant
confiants. « Les Championnats du monde sont le dernier grand test avant le
rendez-vous du mois d’août », expliquait Frank Pasche (ER 1/2014). « C’est
important de rester concentré et de ne pas tomber dans le piège de tout
changer pour les Jeux de Rio. » Stefan Küng, champion du monde en titre,
a fait l’impasse sur cette épreuve pour se remettre à 100 % de sa mononucléose.
Une situation optimale
Grâce aux cours de répétition pour sportifs d’élite, l’équipe suisse de
poursuite peut s’entraîner au vélodrome de Granges, tout en profitant
des infrastructures de l’armée à Macolin. « La situation est proche de la
perfection. On bénéficie des infrastructures, de la subsistance et de l’hébergement à Macolin et on peut s’entraîner sur la piste en à peine 30 minutes
de route », se réjouit Silvan Dillier (ER 1/2011). « Les journées de service que
nous pouvons accomplir à l’armée sont une opportunité en or pour se préparer pour les grands rendez-vous. »
Après les Championnats du monde au Royaume-Uni, les athlètes se retrouveront toutes les trois semaines pour quelques jours, afin de peaufiner la
technique et la complicité de l’équipe. « L’armée est la première à avoir cru
à notre projet. Grâce aux cours de répétition, les jeunes peuvent se retrouver plus souvent et ça nous évite de tout recommencer à zéro », se félicite
­Daniel Gisiger, entraîneur national sur piste.
Une saison tournée vers Rio
Une carrière professionnelle sur route et une carrière sur piste ne font pas
toujours bon ménage. Pour préparer ces Jeux olympiques, certains pistards doivent jongler entre leurs obligations. « Je viens de décrocher un
contrat de deux ans avec une équipe suisse continentale et j’ai pu m’arranger pour mettre la priorité sur la piste jusqu’aux JO. Je ne me concentrerai
sur la route qu’après cette échéance », précise Frank Pasche. Olivier Beer
(ER 1/2014), quant à lui en équipe élite suisse, se réjouit de son retour sur
piste. « J’ai fait une vilaine chute au mois d’octobre en Colombie et j’ai dû
laisser mon vélo de côté pendant un mois. C’est difficile de revenir, mais je
suis content de mon état de forme actuel, d’être là et de pouvoir donner le
meilleur de moi-même. »
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Des recrues norvégiennes en formation
chez les blindés
Lors de l’ER d’hiver, des recrues aux uniformes un peu particuliers suivent la formation de l’école de chars 22 à Thoune. Cinq
militaires norvégiens sont entrés dans les rangs de l’armée, avec les recrues suisses, afin d’être instruits sur le char Léopard. Une expérience uniquement possible grâce à un arrangement de longue date entre les deux nations.
Letizia Paladino, Communication Forces terrestres
Dans le brouillard de Bure, les uniformes
norvégiens sont difficilement reconnaissables. Pourtant, ils sont bel et bien présents
dans quatre des équipages de chars Léopard.
Aujourd’hui, les recrues sortiront pour la
première fois dans le terrain. « L’exercice
vise principalement à prendre le pouls de la
troupe. Nous allons nous déplacer et explorer
une première fois les lieux. Les exercices à
proprement parler débuteront plus tard »,
explique l’adjudant sous-officier André
Wullschleger qui s’occupe de l’instruction
de conducteur de char au sein de l’école de
chars 22. Avant de partir, tous les systèmes
de communication doivent fonctionner pour
permettre à la troupe de rester en contact et
pour que les formateurs puissent dispenser
leurs instructions.
Un petit problème de communication
bloque la section de chars ; il faudra patienter
avant qu’ils gagnent la zone d’exercice. Les
véhicules peuvent enfin se mettre en marche
en direction du terrain d’entraînement et
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nous voyons pour la première fois les cinq
Norvégiens sortir des chars. Répartis parmi
les recrues suisses, les Norvégiens se distinguent de leurs camarades uniquement par
leur uniforme. Ils sont parfaitement intégrés.
« La seule différence notable entre une recrue suisse et une recrue norvégienne c’est
le degré de motivation », plaisante gentiment
l’adjudant Wullschleger. « Ces jeunes ont été
choisis pour être ici. C’est en quelque sorte
une récompense ; alors ils se donnent de la
peine. »
Exercice de tir et inspection
Quelques semaines plus tard, nous retrouvons les recrues norvégiennes sur la place
d’armes d’Hinterrhein (GR). L’inspection du
brigadier Wellinger aura lieu le lendemain
et on sent que la tension monte. Après 20
semaines d’instruction, l’instruction des
recrues suisses et norvégiennes touche à
sa fin et tous veulent montrer ce qu’ils ont
appris. « Nous sommes là depuis presque
six mois et nous avons fait d’énormes apprentissages au niveau du char Léopard et au
niveau humain », explique Christian Holm,
chef de section et militaire professionnel en
Norvège. Et son collègue Håkon Andreas
Hyttedalen, conducteur de char, d’ajouter :
« C’est une expérience enrichissante tant
au niveau militaire que personnel. J’ai fait
connaissance avec des gens que je n’aurais
jamais rencontrés. Plusieurs sont d’ailleurs
attendus en Norvège cet été ».
Pour les instructeurs aussi l’expérience
est sans comparaison. « Nous étions un peu
sceptiques quand nous avons appris la nouvelle. Des militaires étrangers, une langue
étrangère. Nous n’aurions jamais pu imaginer que tout soit si facile », se réjouit l’adjudant sous-officier Wullschleger. « Ils ont eu
du mal au début avec la langue, les collègues
ont dû les aider. Nous avons dû expliquer les
choses plusieurs fois mais ce sont des jeunes
motivés. Ils ont une raison d’être là et ils se
sont très bien intégrés. C’est une très bonne
expérience et on peut recommencer quand
vous voulez. »
Les Norvégiens en Suisse
Christian Holm, chef de section et militaire professionnel en Norvège
« Participer à un tel projet est une expérience personnelle très enrichissante », explique Christian Holm,
chef de section en formation. « Il y a d’énormes différences entre le système de formation suisse et celui que nous avons en Norvège. Par exemple, les chefs de section sont des militaires professionnels chez
nous, alors qu’ils sont miliciens en Suisse. La formation de soldat est répartie sur une année alors qu’en
Suisse, l’instruction d’équipage de char est dispensée en 21 semaines. »
Håkon Andreas Hyttedalen, conducteur de char
« Nous avons appris qu’il y avait quatre places au concours pour venir faire son école de recrues en Suisse
et j’ai décidé de tenter ma chance. Nous avons suivi une formation de cinq semaines en Norvège avant
de venir. », se réjouit Håkon Andreas Hyttedalen. « Nous devions avoir des bases d’allemand pour pouvoir proposer notre candidature mais malgré ça, les premières semaines ont été vraiment difficiles. Je
n’ai pas compris la moitié de ce qu’on me disait. Heureusement nos camarades suisses nous ont aidés. »
André Knut Furusethagen, pointeur
« Contrairement à la Norvège où nous commençons la journée à 6 heures et finissons à 18 heures, la
Suisse a un rythme beaucoup plus soutenu. Il faut être prêt à travailler à 5h et nous finissons rarement
avant 23 heures. Heureusement, il fait moins froid ici qu’en Norvège où les températures peuvent atteindre les moins 30 à moins 40 degrés Celcius », confie le soldat André Knut Furusethagen. « Après
avoir connu le simulateur de la place d’armes de Thoune et la place d’armes de Bure, nous avons eu un
bel aperçu des places d’armes suisses. En Norvège nous ne pouvons pas nous entraîner au tir comme
à Hinterrhein. »
Kristian Kleppang, conducteur de char
« Je voulais faire l’armée et devenir conducteur de char. Alors quand j’ai entendu parler de cette première expérience entre la Suisse et la Norvège, j’ai sauté sur l’occasion », lance Kristian Kleppang. « Nous
avons un système de milice semblable à la Suisse. Chez nous, tout le monde doit faire l’armée mais seulement une personne sur six est choisie. Nos exercices durent toujours une semaine, c’est très physique
alors qu’ici, la plupart ne durent pas plus d’une journée. Par contre, on dort beaucoup moins et la fatigue se fait bien sentir. »
Even Helgeland, pointeur
« Je voulais être éclaireur parachutiste dans l’armée norvégienne mais je n’ai pas réussi les tests finaux.
J’ai recommencé pour devenir conducteur de char et c’est à ce moment-là que j’ai appris l’existence du
projet d’école de recrues en Suisse », explique Even Helgeland. « J’ai étudié l’allemand pendant cinq ans
mais les débuts ici étaient quand même difficiles. Nous avons bien réussi à nous intégrer parmi les recrues. Je suis déjà allé skier plusieurs fois avec mes camarades pendant le weekend. Mes parents sont
également venus en vacances en Suisse pour skier. »
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L’armée optimise l’autoprotection
Sécurité accrue de manière systématique
L’autoprotection revêt une grande importance pour l’Armée suisse : si ses militaires n’étaient pas protégés, elle serait limitée
dans l’accomplissement de ses missions, voire empêchée de mener à bien ces dernières. L’autoprotection fait donc partie
des tâches permanentes essentielles et constitue aussi un thème d’instruction fondamental dans les écoles et les cours.
domaine de la mobilité, les mouvements à l’extérieur du périmètre gardé ne peuvent s’opérer
qu’en équipe. Concrètement : dans le cadre
du degré de protection 3, les mouvements
doivent s’effectuer en groupe et dans celui du
degré de protection 4, il est exigé des annonces
régulières de la part du groupe.
Urs Müller, Communication EM cond A
Divers événements survenus ces derniers
temps ont incité l’armée à examiner en détail
les mesures prises en matière d’autoprotection.
Cette analyse a montré que dans l’armée, les
bases et les prescriptions de sécurité nécessaires
pour la protection de ses militaires, de leur
matériel et de leurs installations existent déjà.
Les règlements « Sécurité intégrale » (52 059)
et « Service de garde de toutes les troupes »­
(51 301) ainsi que les prescriptions de sécurité
et les règlements spécifiques aux armes et aux
appareils comptent parmi les normes les plus
importantes dans ce contexte. Le défi à relever
réside dans l’application et l’imposition systématiques de l’ensemble de ces dispositions. A
cet égard, la sensibilisation joue un rôle crucial :
la sécurité ne va pas de soi, elle requiert une
attention et une vigilance constantes.
Quatre niveaux de menace
Dans l’autoprotection de l’armée, il est possible d’améliorer les instruments et les capacités qui permettent de réagir rapidement et
simplement à des changements concernant
la situation militaire en matière de sécurité. Pour ce faire, des mesures de sécurité
identiques doivent être appliquées dans
l’ensemble de l’armée comme normes minimales. Quatre niveaux généraux de menace
ont donc été introduits en septembre 2015.
A partir de ces quatre niveaux de menace,
il a été défini des degrés de protection assortis
de mesures correspondantes. Ce mécanisme
permet désormais d’évaluer et de classer de façon cohérente la situation militaire en matière
de sécurité afin de pouvoir ensuite ordonner
Développement et instruction
la mise en place d’un dispositif uniforme à
l’échelle de l’armée entière.
Des mesures de protection générales
s’appliquent à tous les niveaux de menace
(protection de l’information, identification de
personnes, contrôles d’accès, etc.), auxquelles
s’ajoutent des mesures définies pour un degré
de protection et ordonnées en fonction du
niveau de menace. Ce procédé permet d’agir
rapidement, de façon flexible et prévoyante.
Le niveau de menace et le degré de protection
ne sont toutefois pas associés de façon fixe.
En effet, il est ainsi absolument possible d’associer le niveau de menace ALPHA au degré
de protection 2 si la situation dans un secteur
défini l’exige. Par exemple, dans le cadre d’un
engagement de protection d’une conférence,
le degré de protection 2 peut s’appliquer pour
le niveau de menace ALPHA. Ainsi, dans le
Niveau de menace
Définition
ALPHA
Menace de base générale contre l’Armée suisse (personnel, immobilier,
matériel, informations)
BRAVO
Menace contre l’Armée suisse plus élevée, plus prévisible et définie de
manière plus concrète qu’au niveau de menace ALPHA et/ou incidents plus
spécifiques
CHARLIE
Attaques violentes probables contre la Suisse ou l’Armée suisse et/ou survenance d’attaques plus graves qu’au niveau de menace BRAVO
DELTA
Survenance ou imminence d’une attaque directe massive contre la Suisse ou
l’Armée suisse
Niveau de menace
Degré de protection
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ALPHA
BRAVO
CHARLIE
DELTA
0 (mesures de protection générales)
1
2
3
4
Le développement et l’instruction à l’autoprotection de l’armée s’opèrent par phases.
L’instruction aux mesures de protection du
degré de protection 1 a débuté le 1er janvier
2016 et est donnée aux militaires ainsi qu’à
tous les collaborateurs du groupement Défense. Les mesures de protection liées au degré
de protection 2 seront quant à elles enseignées
à partir du 1er janvier 2017. L’instruction aux
mesures liées aux degrés de protection 3 et
4 ne sera dispensée de manière généralisée
qu’en cas de nécessité. En revanche, les cadres
seront instruits à tous les degrés de protection
à partir de 2017.
Le dispositif « Autoprotection de l’armée » poursuivra son développement. Des
enseignements seront tirés de nouvelles
expériences et donneront lieu à des améliorations. L’acceptation, la sensibilisation
à la menace, la vigilance et la volonté d’assurer l’autoprotection sont les principales
conditions personnelles et mentales requises
pour identifier à temps les risques éventuels,
supprimer l’effet de surprise et réduire, voire
éviter des dommages et des pertes.