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jdeHS N°7-05.qxd:Mise en page 1 16/11/09 16:03 Page 20 Enseigner le design en écoles de commerce : Par Nicolas Minvielle, professeur assistant Audencia Nantes, responsable du Master Marketing Design et Création De la question des pratiques design… Comme toujours lorsque l’on parle de design, une première difficulté apparaît rapidement au vu de l’extrême hétérogénéité des pratiques. Du design produit au design graphique en passant par le design d’expérience ou encore le design d’interaction, les approches sont nombreuses et il est parfois malaisé de s’y retrouver. Par ailleurs, la langue française rend les choses un peu plus difficiles dans la mesure par exemple, où le « fashion designer » et l’ « interior designer » deviennent respectivement stylistes et décorateurs. Ce qui va parfois avec quelques sous entendus négatifs liés à des perceptions de ces approches comme étant par trop esthétiques et donc trop éloignées des problématiques de rentabilité de l’entreprise. Si encore les choses s’arrêtaient à la simple compréhension de l’univers du design, nous pourrions certainement trouver des réponses, mais encore fautil pouvoir être en mesure de clairement définir le partenaire idéal pour ce type d’enseignements. Là encore, les choses sont malaisées : il n’existe aucune réelle certification des écoles de design, leurs niveaux d’enseignement sont très variés, au même titre que leur approche pédagogique. Inutile donc ici d’espérer développer une collaboration avec une école accréditée Equis ou Aacsb… Idem pour les intervenants externes ou vacataires. Tenter de mettre en place un cours de design ex nihilo n’a que peu de valeur s’il n’est pas intégré dans la stratégie de l’école de commerce et, encore une fois, trouver un enseignant à même d’offrir une prestation design intégrée dans le cadre des problématiques de l’entreprise peu parfois relever de la gageure. Une raison toute simple à cela : les écoles de design sont encore loin d’avoir intégré correctement toutes ces questions et seul un praticien réellement senior pourra avoir une approche aussi pointue. … à celle de leur intérêt dans le cadre d’une école de commerce… Une fois ces deux points précisés, il convient donc pour une école de commerce de tenter de trouver un 20 partenaire – individu ou institution – à même de fournir une prestation pédagogique répondant à ses attentes. En l’occurrence, enseigner le design ou la créativité n’a de réelle valeur que s’il existe un lien fort avec le reste des cours de l’école d’accueil. Dans le cas de nos institutions, la situation est complexe dans la mesure où il n’est pas envisageable de faire de nos étudiants de futurs designers. Autant il peut être envisageable de donner à un designer un « vernis » marketing suffisant pour une pratique correcte, autant on voit difficilement comment transformer un pur manager ou marketer en réel praticien du design. Pour autant, et la littérature sur le design management le souligne depuis des années, le bon déroulement d’un processus de design dans l’entreprise passe par la bonne compréhension par chacune des parties prenantes du travail de l’autre. Il existe donc manifestement une zone de rencontre autour de laquelle il est envisageable de réellement générer de la valeur. De ce point de vue, certaines écoles de design vont avoir une sensibilité beaucoup plus importante aux processus de gestion de projet et aux questionnements marketing propres à l’entreprise et semblent être des partenaires plus adéquats. De cette proximité peut alors découler la mise en place d’enseignements au sein desquels des designers et des étudiants d’école de commerce peuvent échanger et collaborer. … et de leur apprentissage Afin de capitaliser sur ces échanges, la dernière question à poser est de savoir à quelle typologie d’étudiants ces cours s’adressent. La première réponse serait de dire que tous devraient être sensibilisés et qu’il est nécessaire de mettre en place une sensibilisation au niveau des étudiants undergraduate. C’est évidemment le cas, mais ces cours se limitent souvent à une simple piqûre de « méthodes de créativité », et pour intéressantes qu’elles soient, elles sont encore extrêmement limitatives. Une deuxième approche, plus complète, consiste à insérer dans le cadre de majeures ou de mastères des formations mixtes. A titre d’exemple, une majeure chef de produit pourrait tirer parti d’un cours de design packaging ou de design graphique permettant d’apprendre les fondamentaux du design : création jdeHS N°7-05.qxd:Mise en page 1 16/11/09 16:04 Page 21 d’un brief design, rôle des couleurs, sémiotique du logo etc. Dans un cours d’innovation, ce serait plutôt la relation entre les designers, les managers et les ingénieurs qui serait développée autour d’un cours de gestion de projet innovant. Une approche plutôt CRM pourrait finalement profiter d’un cours sur les approches centrées utilisateurs et la gestion des attributs de la marque. Une troisième et dernière approche vise à développer des formations de niveau mastère entièrement dédiées aux problématiques design. Elles sont encore quasi inexistantes en France, mais on notera que les anglo-saxons sont ici largement en avance avec divers MBA en design management ou strategic design. La grande majorité de ces formations ont la particularité d’offrir une véritable double compétence, les étudiants passant autant de temps en école de design, qu’en école de management. Les plus avancés triplent la mise au travers de liens avec les formations d’ingénieurs afin de renforcer les approches liées à la conception et au développement du produit. Audencia fait partie de ces écoles, et a ainsi mis en place un Mastere co accrédité par l’Ecole centrale de Nantes et en parte- nariat avec l’Ecole de design de Nantes atlantique. Les diplômés bénéficient alors d’une réelle compréhension des pratiques des autres parties prenantes au travers des divers aspects de l’entreprise qui leur tiennent à cœur : attributs de la marque, développement de produit, conception responsable etc. En conclusion donc, le design recouvre des pratiques extrêmement nombreuses, qui ont en commun le recours à des outils techniques et un usage poussé de la créativité. Etant donné qu’il est difficilement envisageable de fournir à des étudiants d’école de commerce la totalité des outils du designer, la valeur est à trouver dans la compréhension des processus design. La réelle question est alors de définir quels sont les profils qui peuvent bénéficier d’une appréhension plus approfondie de telle ou telle pratique design. Nicolas Minvielle [email protected] © Ecole de design de nantes atlantique. Partenaire du mastère marketing design et création d’Audencia Quelles pratiques pour quelles attentes ? 21