Topics Geo - Séisme, inondations, accident nucléaire

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Topics Geo - Séisme, inondations, accident nucléaire
Topics Geo – 50 catastrophes naturelles graves survenues en 2011
Date
Événement
Région
1 10–14/1
Inondations
Australie
2 12–16/1
7 2–7/2
Glissements de terrain,
crues torrentielles
Inondations,
crues torrentielles
Tempêtes d’hiver,
blizzards
Dommages causés par
le froid, gel
Inondations, glissements
de terrain
Cyclone Yasi
Australie
1
2 500
8 3–14/2
Inondations
Sri Lanka
18
300
3 26–28/1
4 31/1–6/2
5 1–8/2
6 Fév.–avril
États-Unis
Mexique
Bolivie
Préjudice
total (en
millions
de $US)
22
2 800
900
460
11
300
39
1 900
3
500
Dommages Commentaires, description du sinistre
assurés en
millions de
$US
1 875 Débordement de la Brisbane River. Des dizaines de milliers de bâtiments inondés. Dommages dans le
secteur agricole et dans des mines.
50 Fortes chutes de pluie, débordement de fleuves. Des milliers de maisons endommagées. 185 ponts et
routes détruites.
80 Rupture d’une digue. Bâtiments historiques détruits, entrepôts inondés. 11 000 véhicules endommagés.
52
1 300
Cyclone Bingiza
Madagascar
34
Séisme
Nouvelle-Zélande
181
16 000
13 000
11 5–16/3
12 11/3
Inondations
Séisme, tsunami
Angola
Japon
113
15 840
210 000
35 000–
40 000
13 3–5/4
14 18/4–23/5
Intempéries, tornades
Inondations
États-Unis
États-Unis
9
9
3 500
4 600
2 000
500
15 22–28/4
Intempéries, tornades
États-Unis
350
15 000
16 Avril–mai
Inondations,
glissements de terrain
Colombie
90
17 11/5
18 14–16/5
Séisme
Feux de forêt
Espagne
Canada
10
1
200
1 500
19 20–27/5
Intempéries, tornades
États-Unis
176
14 000
20 1/6–17/7
Inondations, glissements de terrain
Chine
355
2 000
21 4/6–21/7
Éruption du volcan
Puyehue
Séisme
Chili, Argentine,
Uruguay
Nouvelle-Zélande
30
Tempête tropicale
Meari, inondations
Intempéries
Chine, Philippines,
Corée
Danemark
17
Inondations, glissements de terrain
Typhon Muifa
(Kabayan), inondations
Inondations
Inondations
Corée du Nord et
Corée du Sud
Corée, Chine,
Japon, Philippines
Pakistan
Cambodge, Viêt
Nam
Thaïlande
23 25–28/6
24 2–3/7
25 26/7–2/8
26 28/7–9/8
27 Août–oct.
28 Août–nov.
29 Août–nov.
Inondations, glissements de terrain
30 22/8–2/9
31 26–29/8
32 Sept.–oct.
Ouragan Irene, onde de
tempête, inondations
Crues torentielles
Inondations
Caraïbe, Amérique
du Nord
Nigeria
Inde
1
7 300 Plus de 160 tornades de catégorie EF5, violents orages, grêle. Des villes (notamment Tuscaloosa),
des milliers d’habitations et de voitures ainsi qu’un aérodrome endommagés. Dommages à l’industrie et à l’agriculture. 269 000 foyers privés d’électricité.
100 Mw 5,1 ; 20 000 bâtiments, routes et véhicules endommagés. Plus de 300 blessés.
720 Vents soufflant jusqu’à 100 km/h. Plusieurs centaines de bâtiments endommagés/détruits.
Coupures de courant. 10 000 personnes évacuées.
6 900 Plus de 100 tornades de catégorie EF5, fortes pluies, grêle. Hangar pour avions et plus de 10 000
bâtiments endommagés/détruits. Tornade de catégorie EF5 sur Joplin dans le Missouri (158 morts) :
75 % de la ville dévastée. Routes fermées.
Fortes pluies. 130 000 bâtiments endommagés ou détruits. Des centaines de ponts, de routes et
plusieurs centrales hydroélectriques endommagés. Dégâts agricoles importants. 2,3 millions de
personnes évacuées.
800
50
300
200
88
255
76
22
800
100
520
355
2 500
400
20
813
40 000
10 000
5 600
55
7 400
102
90
930
33 3–5/9
Typhon Talas
Japon
68
650
430
34 3–10/9
Tempête tropicale Lee
États-Unis
15
750
560
35 4–19/9
Feux de forêt
2
1 000
530
36 12/9
Intempéries
États-Unis : surtout
TX
Europe du Nord
1
300
150
Somalie, Djibouti,
Kenya, Éthiopie
Colombie
Plus de
50 000
187
39 18/9
Séisme
Sud-Est asiatique
134
1 500
40 20–22/9
Typhon Roke (Onyok)
Japon
13
1 700
41 26/9–4/10 Typhon Nesat, inondations
42 11–19/10
Inondations, glissements de terrain
Philippines, Chine,
Viêt Nam
Amérique centrale
89
1 500
124
1 500
43 23/10
Séisme
Turquie
604
550
40
44 28–31/10
45 4–9/11
Tempête d’hiver
Crues torentielles
États-Unis, Canada
France, Italie
29
14
900
2 100
665
1 100
46 23–24/11
Feux de forêt
Australie
50
30
47 15–17/12
48 16–18/12
Tempête d’hiver Joachim
Tempête tropicale
Washi
Tempête d’hiver Patrick
(Dagmar)
Ouest de l’Europe
Philippines
Sécheresse
États-Unis
50 Janv.–déc.
Nord de l’Europe,
pays Baltes
1 268
650
40
1
200
8 000
1 200
Rejet de gaz et de cendres volcaniques. Aéroports fermés, plusieurs centaines de vols annulés.
Agriculture, oviculture et pisciculture touchées.
Mw 5,9 ; liquéfaction des sols. Plus d’une centaine de bâtiments endommagés. Ponts effondrés,
installations portuaires et chantiers navals touchés.
Vents soufflant jusqu’à 135 km/h, crues torrentielles et coulées de boue. Des milliers de maisons endommagées/détruites. Ponts et routes endommagés. Trafic aérien interrompu. Dommages agricoles.
Violents orages, tempêtes de grêle, fortes pluies. Plus de 1 000 bâtiments endommagés. Réseau de
communication coupé.
Rupture de digues, débordement de fleuves. Villages coupés du reste du monde. Plus de 15 000
habitations et des milliers de véhicules endommagés. Dommages à l’infrastructure et à l’agriculture.
Typhon de catégorie 5. Des milliers de maisons et des installations portuaires détruites. Bateaux de
pêche coulés. Dommages à l’infrastructure et à l’agriculture. 1,35 millions de personnes évacuées.
Rupture de digues, 6 000 villages inondés, ponts emportés. Grosses pertes dans l’agriculture et l’élevage.
Crue du Mékong. Digues et ponts emportés, route bloquées. Plusieurs centaines de maisons endommagées/détruites. Dommages agricoles.
Pluies diluviennes. 1 million de bâtiments inondés/endommagés. 7 parcs industriels inondés. Dégâts
importants causés à l’infrastructure, à l’agriculture, aux élevages intensifs de poissons et à l’élevage
de bétail.
Ouragan de catégorie 3. Plusieurs centaines de milliers de maisons et de véhicules endommagés/
détruits. Secteur agricole et réseau de télécommunication touchés.
Fortes pluies, effondrement du barrage d’Eleyele. Maisons, véhicules et ponts endommagés/détruits.
Fortes pluies de mousson. Débordement de fleuves. Villages coupés du reste du monde. 130 000
maisons endommagées/détruites. Graves dommages à l’infrastructure, dans le secteur agricole et le
secteur de l’élevage.
Fortes chutes de pluie, avalanches de boue. Plusieurs milliers de maisons et de véhicules endommagés/détruits.
Villages coupés du reste du monde. Des milliers de maisons et de voitures endommagées/détruites.
Dommages à l’infrastructure.
11 000 km2 dévorés par les flammes. Le pire incendie de forêt au Texas depuis plus de 10 ans. 1 600
maisons détruites.
Queue de l’ouragan Katia. Rafales de vent jusqu’à 130 km/h, fortes pluies, crues torrentielles.
Maisons endommagées.
2 saisons successives de très faibles pluies, grave manque d’eau. Agriculture et élevage sinistrés.
Famine, sous-alimentation et maladies. Nombre de personnes affectées : 13,3 millions.
150 000 bâtiments endommagés ou détruits. 11 000 km2 de terres cultivées inondées et 160 000
têtes de bétail tuées.
Mw 6,9 ; épicentre dans la région du Sikkim. Des centaines de glissements de terrain. Plusieurs
dizaines de milliers de bâtiments endommagés ou détruits. Ponts et routes endommagés. Réseaux
d’électricité et de communication coupés. Plus de 100 000 sans-abri.
Typhon de catégorie 4, vitesses de vent atteignant jusqu’à 215 km/h, fortes pluies. Dommages à
l’infrastructure, transports publics affectés. Les constructeurs d’automobiles (Toyota, Mitsubishi,
Nissan) ont dû suspendre momentanément la production de leurs usines.
Vents soufflant jusqu’à 150 km/h, fortes pluies, glissements de terrain. Plusieurs milliers de maisons
inondées. Dommages dans le secteur agricole et le secteur de la pêche.
Débordement de fleuves, rupture de digues. Plusieurs dizaines de milliers de bâtiments endommagés/détruits. Plusieurs centaines de ponts emportés. Dommages dans le secteur agricole et le
secteur de l’élevage.
Mw 7,2 ; 65 000 maisons endommagées/détruites. Coupures de courant, réseaux de distribution
d’eau et de gaz touchés. Plus de 4 200 blessés.
Fortes chutes de neige. Réseau de communication coupé. Lignes électriques et arbres renversés.
Intempéries, coulées de boue. Des milliers de bâtiments et de voitures endommagées/détruites.
Graves dommages à l’infrastructure.
Feu de brousse, 155 km2 détruits par les flammes. Plus de 30 maisons détruites, 16 autres endommagées. Routes fermées. 200 personnes évacuées.
390 Fortes chutes de neige et de pluie, crues torrentielles. Trafic routier et ferroviaire interrompu.
Crues torrentielles, glissements de terrain. Débordement de fleuves. Plus de 6 800 maisons endommagées/détruites.
Vents soufflant jusqu’à 232 km/h, fortes pluies, ondes de tempête, glissements de terrain. Villes
inondées. Bâtiments, maisons et voitures endommagés. Trafic routier et ferroviaire arrêté. Réseau de
télécommunication coupé.
1 000 Déficit pluviométrique et manque d’eau dans les nappes phréatiques. Graves dommages dans le
secteur agricole et le secteur de l’élevage.
TOPICS
GEO
Édition 2012
Catastrophes naturelles 2011
Analyses – Évaluations –
Positions
Séisme,
inondations,
accident nucléaire
La triple catastrophe du
Tohoku a ébranlé la société,
la science et l’économie
PAGE 6
Inondations
L’Australie, les ÉtatsUnis et la Thaïlande
sous les eaux
Munich Re
37 Oct. 2010– Sécheresse
sept. 2011
38 Sept.–déc. Inondations
49 25–26/12
Débordements de fleuves. Éboulement. Plusieurs centaines de maisons détruites. Villes, ponts et
autoroutes endommagés. 10 000 sans-abri.
Cyclone de catégorie 4. Bâtiments et véhicules endommagés/détruits. Ports fermés, trafic ferroviaire
interrompu. Dégâts dans l’agriculture. 180 000 foyers privés d’électricité.
Fortes pluies de mousson. 45 000 maisons endommagées/détruites. Dommages dans l’agriculture,
l’élevage et dans le secteur de la pêche.
Plus de 6 000 maisons et beaucoup d’écoles endommagées. 80 % de l’infrastructure détruite.
Dommages agricoles. 77 000 sans-abri.
Mw 6,3 ; liquéfaction des sols dans de vastes zones. Des bâtiments de plusieurs étages et 10 000
maisons endommagés/détruits.
5 000 habitations détruites. Ponts et routes endommagés. Dégâts dans l’agriculture. 35 000 sans-abri.
Mw 9 ; tsunami ayant pénétré jusqu’à 5 km à l’intérieur des terres. Larges secteurs côtiers entièrement détruits. Graves dommages causés à l’industrie et à l’économie. Centrale de Fukushima Daiichi :
réacteurs endommagés, fuite radioactive. 6 000 blessés et 500 000 personnes évacuées.
Plus de 20 tornades, violentes averses de grêle. Bâtiments et véhicules endommagés/détruits.
Averses, intempéries, fortes pluies, fonte des neiges. Débordement de fleuves, notamment du
Mississippi et de l’Ohio. Villes inondées.
Plus de 7 400 maisons détruites. Gros dégâts à l’infrastructure.
2 000
Numéro de commande 302-07226
1 425 « Groundhog Day Blizzard ». Maisons et véhicules endommagés. Production arrêtée chez plus de 30
constructeurs automobiles.
200 Températures de –15°C. Tempêtes de neige. Lourds dégâts dans l’agriculture.
10 22/2
22 13/6
© 2012
Münchener Rückversicherungs-Gesellschaft
Königinstrasse 107, 80802 München, Allemagne
Triple catastrophe au Japon · Portraits : séismes, inondations, tempêtes · NatCatSERVICE et gestion des risques
9 14–19/2
Brésil
Arabie saoudite
Morts
TOPICS GEO 2011
N°
Sommet sur le climat
Les décisions reportées
sine die
Gestion des risques
Les modèles 3D créent
de la transparence
22
10
1
7
33
41
40
48
23
28
20
11
31
2
21
6
5 événements ayant répondu aux critères qui
caractérisent une « grande » catastrophe
naturelle
820 catastrophes naturelles, dont
50 événements importants (sélection)
42
5
50 34
15
38
16
44
14 13
19
4 35
Événements géophysiques : séisme, tsunami, éruption volcanique
Événements météorologiques : tempête tropicale, tempête d’hiver,
intempéries, grêle, tornade, tempête locale
Événements hydrologiques : débordement fluvial, crue éclair, onde
de tempête, mouvement de terrain (glissement)
Événements climatologiques : vague de chaleur, vague de froid,
incendie de forêt, sécheresse
3
37
9
32
27
8
39
29
46
12
25
26
43
45
17
47
Impression
Druckerei Fritz Kriechbaumer
Wettersteinstrasse 12
82024 Taufkirchen/München
Allemagne
30
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Les données, analyses, statistiques et graphiques
actuels sont téléchargeables gratuitement sur notre site :
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24
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Allemand 302-07224
Anglais 302-07225
Français 302-07226
Espagnol 302-07227
Italien 302-07228
49
Rédaction
Angelika Wirtz, Munich Re
Dr.-Ing. Wolfgang Kron, Munich Re
Florian Wöst, Munich Re
36
Contact
Angelika Wirtz
Téléphone : +49 89 38 91-34 53
Téléfax : +49 89 38 91-7 34 53
[email protected]
18
Responsable du contenu
Recherche en géorisques (GEO/CCC1)
Illustrations
Photo de la couverture, p. 2 (à gauche), p. 3 (les deux),
pp. 6, 10, 20, 26, 28, 29, 33, 36, 44, 46, 48 (en totalité), 49
(en totalité) : Reuters
P. 1, 4 (à droite), 12, 13, 14, 15, 16, 17, 53, 54, 55 (en haut) :
Munich Re
P. 2, à droite : Chris Spannagle
P. 4, à gauche : GettyImages
P. 5, 24 : NASA
P. 11, 25, 31, 39, 45, 51, 55 (en bas) : Fotostudio Meinen,
Munich
P. 22 (en haut), 30 : AP
P. 22 (en bas), 23, 38 : picture alliance/dpa
P. 35 : Munich Re America
P. 56 : Kevin Sprouls
Topics Geo – Carte mondiale des catastrophes naturelles 2011
© 2012
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Königinstrasse 107
80802 München
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Téléphone : +49 89 38 91-0
Téléfax : +49 89 39 90 56
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Avant-propos
Chères lectrices, chers lecteurs,
La catastrophe survenue au Japon le 11 mars 2011 a mis en évidence à quel
point la société et le secteur économique étaient également vulnérables aux
événements géophysiques, dont on a cependant peu parlé, les débats portant
ces dernières années principalement sur le changement climatique. En outre,
le séisme de Tohoku a été la première catastrophe naturelle à avoir entraîné
des changements durables en matière de politique énergétique dans de
nombreux pays situés bien loin de la région sinistrée (sortie du nucléaire en
Allemagne et en Suisse, refus du nucléaire pour l’Italie). Notre chronique,
page 56, précise le contexte de l’exposition aux risques géophysiques.
Le Professeur Norio Okada, sismologue japonais, a dit à propos de la catastrophe qui a frappé son pays que « cet événement différait complètement de
tout ce que nous connaissions jusqu’à maintenant ». Il comptait parmi les participants invités par Munich Re à une réunion d’experts internationaux pour
mieux comprendre et examiner de différents points de vue cet épisode exceptionnel de l’année 2011. Les conséquences de l’événement confrontent le
monde scientifique et assurantiel à de nouveaux défis, s’agissant par exemple
des interactions économiques complexes ou de la qualité des cartes de vulnérabilité, des modèles de risque sismique, des alertes précoces et de la prévention des catastrophes. Quelles leçons sont à retenir pour le monde politique,
scientifique et assurantiel – tant au Japon que dans le contexte international ?
Vous trouverez des réponses détaillées à ce sujet page 12 et suivantes.
Avec un préjudice économique de 380 milliards de $US, 2011 a été en matière
de catastrophes naturelles l’année la plus coûteuse jamais enregistrée
jusqu’ici, surpassant de loin l’année record 2005 (220 milliards de $US). Les
sinistres assurés ont eux aussi atteint un montant encore inégalé, soit 105
milliards de $US. Les séismes de 2011 – celui survenu au Japon, mais aussi la
catastrophe dévastatrice en Nouvelle-Zélande – ont fortement marqué le
bilan des sinistres. Sont venus s’y ajouter les inondations désastreuses survenues en Australie, en Thaïlande, en France et en Italie ainsi que les séries de
tornades qui ont sévi sur les États-Unis. En raison du réchauffement climatique d’origine anthropique et de cycles climatiques naturels comme celui de
La Niña, les risques météorologiques aux États-Unis et au Canada subissent
constamment des changements. Nous évoquons entre autres ces phénomènes dans le chapitre « Chiffres, faits et contexte » à partir de la page 40.
Nous prévoyons pour mai 2012 la publication d’une brochure spéciale sur les
risques météorologiques en Amérique du Nord, dans laquelle nous nous proposons d’examiner en détail les risques naturels concernant cette région.
Je vous souhaite à présent une intéressante lecture de ce nouveau numéro
des Topics Geo.
Munich, février 2012
Dr. Torsten Jeworrek
Membre du Directoire de Munich Re et Président du Comité de réassurance
NOT IF, BUT HOW
MUNICH RE Topics Geo 2011
1
Sommaire Gros plan : le séisme du 11 mars a provoqué
un tsunami qui a coûté la vie à des milliers de personnes et causé une fusion du cœur des
réacteurs dans la centrale de Fukushima.
6
Gros plan
6
Tremblement de terre, tsunami, accident
nucléaire – la triple catastrophe du Tohoku
12
2
6
« Cet événement diffère complètement de tout
ce que nous connaissions jusqu’à maintenant »
Munich Re a réuni des experts de renommée
internationale qui ont discuté de la mégacatastrophe de Tohoku d’un point de vue scientifique,
politique, socio-économique et technique.
MUNICH RE Topics Geo 2011
Portraits de catastrophes : la série
de violentes tornades aux États-Unis a, à elle
seule, représenté la moitié de tous les dommages assurés causés par les tempêtes en 2011.
20
20
Portraits de catastrophes
20
Tremblement de terre à Christchurch en
Nouvelle-Zélande
Au mois de février 2011, la région de
Christchurch, déjà ébranlée par toute une
série de tremblements de terre, a connu
le séisme le plus destructeur qu’elle ait
jamais enregistré jusqu’à présent.
26
Terres sous les eaux : inondations en
Australie, aux États-Unis et en Thaïlande
L’année 2011 a été marquée non seulement par des séismes, mais surtout par
des inondations catastrophiques.
32
Printemps 2011 : de fortes tempêtes se
sont abattues sur les États-Unis
Climat et changement climatique :
la planète tout entière ressent les effets du
changement climatique. Pourtant au Sommet
de Durban, les décisions relatives à la protection du climat ont de nouveau été reportées.
36
36
Conférence climatique de Durban
40
Chiffres, faits et contexte
46
NatCatSERVICE et gestion
des risques
48
Photos de l’année
50
L’année en chiffres
52
Les modèles 3D créent de la
­transparence
56
56
Climat et changement
­climatique
36
Natcatservice : dans la plus grande base
de données du monde, Munich Re répertorie
et analyse les phénomènes naturels globaux
et les données concernant les dommages.
46
Avant-propos
Nouvelles
1
4
Chronique
Regard sur la planète
Les risques liés aux événements géo­
physiques par le Professeur Peter Höppe
MUNICH RE Topics Geo 2011
3
NOUVELLES
ÉTUDE
40 ans de
« Halte à la croissance ? »
En 1972, à la demande du Club de
Rome, des chercheurs du MIT
publiaient leur rapport intitulé en français « Halte à la croissance ? ». Dans ce
livre, ils analysaient les répercussions
mondiales de l’industrialisation, de la
croissance démographique, de la sousalimentation, de l’exploitation des
réserves de matières premières et de la
destruction des espaces naturels. Il
était déjà aussi question de l’impact
des émissions de gaz à effet de serre
sur le climat. Aujourd’hui, 40 ans après,
l’étude qui, à l’époque, avait soulevé
beaucoup de vagues, n’a rien perdu de
son actualité. Le débat porte toujours
sur la manière de maîtriser l’augmentation de la population, la raréfaction des
ressources naturelles et les conséquences du changement climatique.
FONDATION MUNICH RE
Qui préside aux destinées
du monde ?
Bouleversements dans le monde
arabe, sortie du nucléaire en Allemagne, crise de la dette en Europe.
Quel est le moteur de ces événements politiques, économiques et
sociaux ? Quel rôle jouent les ressources, quel est le rôle des nouveaux
médias – qui décide des futures
structures du pouvoir ? Ces questions
et bien d’autres encore sont au cœur
des forums de discussion en 2012.
>> Pour plus d’informations,
­rendez-vous sur
www.munichre-foundation.org
>> Pour toute information sur le
Club de Rome, veuillez consulter
le site www.clubofrome.de
RECHERCHE SUR LES
­CATASTROPHES
IRDR crée un groupe
de travail
Le Conseil international pour la
science (ICSU) a mis en place, dans
le cadre de son programme international intitulé « Integrated Research
on Desaster Risk (IRDR) », un groupe
de travail DATA (Disaster Loss Data).
Celui-ci est chargé, entre autres,
d’identifier les données de sinistres
nécessaires pour une gestion efficace
des risques de catastrophe, d’élaborer des référentiels et des méthodes
pour recueillir et gérer les informations sur les sinistres et de favoriser
les synergies entre les organisations
pour un échange des données de
sinistres. Le département Recherche
en géorisques de Munich Re assure la
présidence de ce groupe de travail.
>> Pour plus d’informations,
veuillez consulter le site
www.irdrinternational.org
Brèves
Munich Re en tête du classement « Green Ranking » :
Munich Re se situe à la première place du classement
international « Green Ranking » du magazine américain
« Newsweek ». Avec 83,6 points sur 100, il a pris la place
de son prédécesseur IBM, devenu numéro 2 au classement avec 82,5 points, et s’est positionné loin devant
d’autres entreprises du secteur assurantiel.
Le nouveau « Munich Re Scholarship Programme »
Munich Re renouvelle son offre aux boursiers. À partir de
2013, le « Munich Re Scholarship Programme » remplacera
les 2 programmes boursiers qui étaient en place depuis
de nombreuses années. La bourse Horst-K.-Jannott est
proposée encore une dernière fois en 2012 ; la bourse
Alois Alzheimer, quant à elle, prend fin cette année.
4
MUNICH RE Topics Geo 2011
Le nouveau « Munich Re Scholarship Programme », d’une
durée de 3 mois, s’adresse aux employés à haut potentiel de
notre clientèle internationale ; il a pour objectif de contribuer à ce que ces « High Potentials » soient bien préparés
face aux défis qu’ils auront à relever dans le secteur assurantiel global.
Le projet Munich Re à Princeton prend de la vitesse :
Munich Reinsurance American, Inc. a signé un contrat
avec SunPower Corp., leader de la fabrication de modules
et de panneaux solaires, pour la conception et la construction d’une grande installation solaire sur un abri de voitures. Grâce à cette installation de 2,5 MW, Munich Re
à Princeton pourra économiser, par an, près de 500 000 $US de frais d’électricité.
NOUVELLES
NATHAN Risk Suite primée
La Commission Géoinformatique du Ministère allemand de
l’Économie et de la Technologie décerne chaque année un « GeoBusiness Award » aux idées innovantes en matière de
géoinformations. Parmi les 3 produits primés en 2011, on
compte le produit de Munich Re : NATHAN Risk Suite.
Celui qui aspire aujourd’hui à une gestion globale des risques
doit avoir une excellente connaissance de l’environnement
spatial. Grâce à NATHAN (Natural Hazards Assessment
Network) Risk Suite de Munich Re, vous optimisez vos estimations des risques naturels, qu’il s’agisse de risques individuels géocodés à l’adresse ou de portefeuilles de risques, et
cela dans le monde entier. Nos clients peuvent sélectionner
le produit ou le module qui leur convient en fonction du
nombre de lieux d’assurance qu’il leur faut examiner, du
degré de détail souhaité, de la profondeur d’intégration
requise et l’insérer dans leur propre organisation. Les situations complexes deviennent ainsi transparentes, les calculs
de prix deviennent plus précis, l’enchaînement des opérations s’accélère et la gestion des portefeuilles s’améliore.
NATHAN Risk Suite est basée sur des cartes et des images
satellites à très haute résolution de Microsoft Bing Maps. Il
est facile de localiser de manière précise les risques individuels et d’analyser leur environnement. Il est également possible d’examiner l’exposition aux périls naturels que présentent des portefeuilles entiers – et même, si on le souhaite, en
temps réel, via une solution Web directement intégrée dans
les processus de l’entreprise partenaire.
Outre les services en ligne disponibles, NATHAN Risk Suite
est proposée dans une version DVD dont les 50 000 exemplaires représentent le produit le plus répandu de Munich Re.
Et naturellement, sous sa forme imprimée, la carte mondiale
des risques naturels continue d’avoir aussi toute sa place
dans la Suite.
>> Pour plus d’informations, cliquez sur :
www.munichre.com/touch/naturalhazards/de
MUNICH RE Topics Geo 2011
5
Gros plan
Tremblement de terre, tsunami, accident
nucléaire – la triple
­catastrophe du Tohoku
Le 11 mars 2011, le nord-est du Japon a été secoué par le
plus puissant séisme jamais enregistré dans ce pays. Le
tsunami qu’il a déclenché n’a pas seulement ravagé le
littoral sur quelques centaines de kilomètres. Il est aussi
à l’origine de la catastrophe nucléaire de Fukushima.
Alexander Allmann
Le tremblement de terre de magnitude Mw 9,0 est
survenu à 14 h 26 (heure locale) et à 30 km de profondeur, le long de la zone de subduction située au large
de la côte orientale de Honshu. Le foyer sismique se
trouvait à 130 km à l’est de la ville côtière de Sendai et
à environ 370 km au nord de Tokyo. À l’échelle mondiale, il s’agit du quatrième séisme le plus puissant
des 100 dernières années. Il a engendré un tsunami
de plus de 10 mètres de haut, voire, dans certaines
baies, un déferlement d’une hauteur supérieure à 40 mètres. Deux jours auparavant avait eu lieu un
séisme précurseur de magnitude Mw 7,2, dont la plus
forte réplique (Mw 7,9) s’était produite 40 minutes
après la secousse principale.
Bien que le Japon soit dans l’ensemble extrêmement
vulnérable aux tremblements de terre, le lieu et la violence de l’événement n’en étaient pas moins surprenants. D’après le système japonais officiel de modélisation des risques sismiques établi par le HERP
(Headquarter for Earthquake Research Promotion),
qui sert de référence à tous les modèles commerciaux
d’évaluation des risques de tremblements de terre, la
magnitude maximum escomptée dans cette région
était de Mw 8,3. Alors que la partie septentrionale de
la zone affectée avait déjà été dévastée par de violents
tsunamis au cours de l’histoire (notamment en 1611,
1896 et 1933), la région méridionale (Sendai) n’a
­vraisemblablement connu qu’un seul événement
­similaire, en 869.
Le gigantesque tsunami provoqué par le séisme du 11 mars a dévasté plusieurs
­centaines de kilomètres de côtes.
MUNICH RE Topics Geo 2011
7
Gros plan
Diverses études scientifiques sur des vagues sismiques historiques du même ordre et des mesures
GPS ont montré que les périodes de récurrence d’un
séisme de magnitude Mw 9,0 se situent entre 440 et
1 500 ans, dans cette région du Japon.
À ce jour, on dénombre au moins 15 800 morts, plus
de 3 400 disparus et près de 6 000 blessés. Plus de
300 000 maisons ont été détruites ou gravement
détériorées et environ 600 000 bâtiments légèrement
endommagés.
Compte tenu de l’intensité du phénomène, la zone de
cassure de 450 kilomètres à l’origine du choc tellurique
est infime. Par contre, le déplacement maximum de
50 mètres enregistré le long de cette zone est considérable. Le fait que des zones de rupture relativement
restreintes comme celle-ci puissent déclencher un
séisme d’une telle ampleur incite à s’interroger sur les
magnitudes maximales susceptibles d’être atteintes
dans d’autres zones de subduction de la planète.
Globalement, le préjudice économique a excédé
200 milliards de $US.
Le phénomène a entraîné une modification des tensions sous une grande partie du territoire japonais
Les puissants mouvements telluriques ont duré plusieurs minutes et ont atteint une valeur maximale de
2,7 g (g = accélération du sol). L’intensité du séisme et
la présence de nombreuses stations sismiques ont
permis d’enregistrer l’événement avec une précision
inédite. Selon le premier relevé de mesures, les pics
d’accélération (PGA) de haute fréquence dépassaient
largement les prévisions dans un rayon d’environ 100 kilomètres autour de la zone de cassure et diminuaient considérablement à mesure qu’elles s’en éloignaient. Par contre, indépendamment de la distance à
l’hypocentre, la part des ondes longues libérées par
les mouvements du sol a été bien moindre que ce que
prévoyaient les modèles courants.
Le séisme a altéré le champ local des tensions dans
une bonne partie du sous-sol japonais. Parallèlement
aux répliques auxquelles on s’attendait dans la zone
de cassure, cela s’est traduit par une augmentation
appréciable de la sismicité, notamment dans des
régions plus reculées. Ainsi, plusieurs secousses
d’une magnitude de Mw > 6 ont eu lieu jusqu’à près
de 300 kilomètres du champ original des répliques.
Lorsqu’un tremblement de terre de cette ampleur
­survient, il faut s’attendre à un taux d’activité sismique
accru pendant plusieurs années.
Les dégâts causés à la mégapole de Tokyo ont heureusement été relativement restreints. Les dommages
étaient concentrés en majeure partie dans les préfectures de Iwate, Miyagi, Fukushima et Ibaraki. Si le préjudice économique dépasse 200 milliards de $US, les
dommages assurés, eux, se situent entre 35 et 40 milliards de $US (y compris ceux couverts par la Japan
Earthquake Reinsurance qui bénéficie du soutien de
l’État). Il s’agit là de la catastrophe naturelle la plus
coûteuse que le monde ait jamais connue et la plus
meurtrière du Japon depuis le grand tremblement de
terre de Tokyo qui a fait, en 1923, 143 000 victimes.
Tout le littoral nord-est de Honshu a subi les effets
dévastateurs du tsunami. Les petites et moyennes
agglomérations situées le long de baies étroites ont
été les plus touchées. Même les immeubles de 4 ou
5 étages ont été entièrement submergés et des agglomérations entières ont été rasées. Une partie des
infrastructures incluant routes, ponts et voies ferrées
ont été littéralement arrachées et bon nombre de
ports de pêche détruits, à l’instar de milliers d’embarcations. Le bon fonctionnement du système d’alerte
précoce, qui a prévenu la population 15 à 20 minutes
avant l’arrivée de la vague, et l’extrême solidité des
murs de protection uniques au monde n’ont pas pu
empêcher que les victimes du tsunami se chiffrent
par milliers ; mais, sans ces mesures, le nombre de
morts aurait été beaucoup plus élevé. Seul moyen
d’éviter à l’avenir de telles catastrophes : interdire
­systématiquement de construire dans les zones
côtières particulièrement vulnérables.
Les 10 séismes qui ont coûté le plus cher à l’industrie des assurances
Mois/
année
Événement
Magnitude
Mw
Pays
Préjudice total
en millions de $US
(valeurs originales)
Dommages assurés
en millions de $US
(valeurs originales)
Nombre
de morts
15 840
  3/2011 Séisme, tsunami
9,0
Japon
210 000
35 000–40 000
  1/1994 Séisme
6,8
États-Unis
44 000
15 300
61
  2/2011 Séisme
6,1
Nouvelle-Zélande 16 000
13 000
181
  2/2010 Séisme, tsunami
8,8
Chili
30 000
8 000
520
  9/2010 Séisme
7,0
Nouvelle-Zélande 6 500
5 000
  1/1995 Séisme
6,9
Japon
100 000
3 000
12/2004 Séisme, tsunami
9,0
Sud et Sud-Est asiatique
10 000
1 000
10/1989 Séisme
6,2
États-Unis
10 000
960
  6/2011 Séisme
5,9
Nouvelle-Zélande 2 000
800
1
10/2004 Séisme
6,6
Japon
28 000
760
46
8
MUNICH RE Topics Geo 2011
6 430
220 000
68
Gros plan
Comparés à la destruction quasi totale des régions
balayées par le tsunami, les dégâts causés par le
séisme lui-même en d’autres endroits sont modérés.
Même là où les mouvements du sol ont été très violents, très peu de bâtiments ont vu leur structure
endommagée et pratiquement aucun ne s’est effondré, mais l’étendue géographique des dégâts était
nettement plus importante que celle du tsunami. Les
strictes normes de construction appliquées aux bâtiments édifiés après 1981 ont largement contribué à
réduire l’ampleur des sinistres. Bien que les gratte-ciel
de Tokyo aient fortement oscillé pendant plusieurs
minutes, ils n’ont subi aucun dommage significatif.
Certains quartiers résidentiels de la grande métropole, qui avaient été construits sur un sous-sol remblayé, ont été affectés par de brusques affaissements
de terrain de grande envergure et bon nombre de
­maisons sont devenues inhabitables. En revanche, la
plupart des grands immeubles d’habitation et bâtiments industriels reposaient sur des fondations profondes qui les mettaient à l’abri des gros sinistres. Ce
sont surtout les conduites d’alimentation et les installations extérieures qui ont été endommagées. Les
quelque 300 incendies et autres feux spectaculaires,
comme celui de la raffinerie de Chiba, ne représentent pas une part importante du préjudice global.
Mais même si les dommages survenus aux bâtiments
en dehors du champ d’action du tsunami ont été
minimes, certaines entreprises industrielles ont dû cesser leur activité par suite de dégâts significatifs causés
aux marchandises et aux installations de production.
À la centrale nucléaire de Fukushima, également touchée par le tsunami, l’alimentation en électricité par le
réseau public et les groupes électrogènes locaux a été
complètement interrompue. La défaillance du système de refroidissement a entraîné la surchauffe des
réacteurs puis la fusion du cœur, vraisemblablement
dans 3 d’entre eux. Conséquences de la plus grande
catastrophe nucléaire après Tchernobyl : les vastes
régions contaminées dans un périmètre de 30 kilomètres autour de la centrale ont été évacuées ; l’électricité a été rationnée dans tout le pays pendant plusieurs
mois ; l’Allemagne et la Suisse, quant à elles, ont décidé
d’abandonner au plus vite l’énergie nucléaire.
Les grandes incertitudes relatives à l’évaluation des
dommages
Le marché japonais de l’assurance est réparti entre 3
types d’acteurs. La plupart des compagnies n’accordent de garanties Tremblement de terre que pour les
risques commerciaux et dans le cadre de polices
Risques industriels très restrictives. Les bâtiments
d’habitation, eux, sont assurés par des coopératives et
un pool réassuré par l’État japonais (JER – Japanese
Earthquake Reinsurance).
Les séismes les plus meurtriers depuis 1900
Mois/
année
Événement
Magnitude
M w
Pays
Préjudice total Dommages assurés
en millions de $US en millions de $US
(valeurs originales) (valeurs originales)
Nombre
de morts
12/1920 Séisme
8,5
Chine
25
273 400
  7/1976 Séisme
7,8
Chine
5 600
242 800
  1/2010 Séisme
7,0
Haïti
8 000
200
222 570
12/2004 Séisme, tsunami
9,0
Sud et Sud-Est asiatique
10 000
1 000
220 000
  9/1923 Séisme
7,9
Japon
2 800
590
142 800
10/2005 Séisme
7,6
Asie du Sud
5 200
5
88 000
12/1908 Séisme, tsunami
7,2
Italie
116
86 000
  5/2008 Séisme
8,0
Chine
85 000
300
84 000
12/1932 Séisme
7,6
Chine
77 000
  5/1970 Séisme
7,9
Pérou
550
14
67 000
Préjudice total Dommages assurés
en millions de $US en millions de $US
(valeurs originales) (valeurs originales)
Nombre
de morts
Séismes de magnitude égale ou supérieure à Mw 9,0 survenus depuis 1900
Mois/
année
Événement
Magnitude
M w
Pays
  5/1960 Séisme, tsunami
9,5
Chili
550
  3/1964 Séisme, tsunami
9,2
États-Unis
540
45
131
11/1952 Séisme, tsunami
9,0
Fédération de Russie (Asie)
1 300
12/2004 Séisme, tsunami
9,0
Sud et Sud-Est asiatique
10 000
1 000
220 000
  3/2011 Séisme, tsunami
9,0
Japon
210 000
35 000–40 000
15 840
1 500
MUNICH RE Topics Geo 2011
9
Gros plan
La magnitude décrit l’énergie libérée par
un séisme, tandis que l’intensité en
mesure les effets (autrement dit l’ampleur
des dégâts). La carte montre que les préfectures japonaises n’ont pas toutes été
touchées dans la même mesure.
Intensité du séisme
Épicentre
Sendai
Extrêmement forte
Très forte
Forte
Modérée ou faible
Régions où le tsunami a généré des dégâts
Surface approximative de la zone de cassure
Fukushima
Daiichi
Tokyo
Le tsunami a fait chavirer de nombreux bateaux et de grandes quantités de carburant
se sont déversées dans la mer.
10
MUNICH RE Topics Geo 2011
Source : Munich Re, d’après les données de
l’USAID, http://japan-guide.com
Gros plan
Pour le JER, qui couvre environ 25 % de tous les bâtiments résidentiels du Japon, le préjudice s’élève à
quelque 1 200 milliards de yens (soit près de 15 milliards de $US) et plus de 800 000 polices sont appelées à jouer. Bien que le centre de Tokyo n’ait pratiquement pas été endommagé, il n’existe pas moins de
200 000 polices affectées dans la métropole. Le coût
moyen d’un sinistre par police n’y est inférieur que
d’environ 50 % à celui enregistré dans les préfectures
du nord-est, très sévèrement touchées et ravagées
par le tsunami.
En ce qui concerne les polices couvrant de grands
risques industriels, les montants dus se réduisent à un
pourcentage minime de la somme assurée. Les limites
de garantie étant parfois largement dépassées en cas
de sinistre majeur imputable à un tsunami, certains
clients du secteur industriel se voient contraints à
payer eux-mêmes une bonne partie des dommages.
Comme les assureurs couvrent surtout les risques
industriels de grande taille, il arrive que le préjudice
global subi par certaines compagnies d’assurance ne
fasse jouer qu’un petit nombre de polices.
Cette particularité, alliée au manque d’informations
détaillées en matière d’engagement, crée une foule
d’incertitudes à l’heure d’évaluer les dommages. Or,
en cas de tsunami, la localisation précise des risques
assurés est d’autant plus indispensable à l’évaluation
des dégâts qu’une marge d’erreur d’un kilomètre peut
signifier l’absence de dommages ou, inversement, un
sinistre total. Il est absolument primordial, au Japon,
de disposer d’informations très précises sur les engagements pour pouvoir réaliser une estimation et une
modélisation plus fiables.
Sur le marché japonais, les couvertures Pertes d’exploitation sont très restrictives, voire impossibles à
obtenir. Mais bien que la région affectée ne regroupe
qu’environ 8 % du potentiel économique japonais, les
dégâts subis par d’importants sous-traitants des
industries automobile et high-tech ont occasionné
des arrêts de production dans le monde entier. C’est
ce qui explique l’intérêt suscité en outre par les couvertures internationales contre la carence des fournisseurs. Les spéculations sur les milliards de pertes de
certaines entreprises et leur impact sur l’industrie des
assurances ont mis en évidence la complexité des
imbrications internationales au sein des processus de
production et les énormes difficultés qu’elle pose pour
l’évaluation des dommages. La transparence relative
aux grandes entreprises de sous-traitance et l’application de limites de garantie strictes sont donc essentielles si l’on veut se prémunir contre les grands
sinistres imprévisibles.
Les dommages précités, alliés à ceux qui relèvent des
assurances Transport (notamment dans les ports),
Vie et Accidents corporels, font finalement du séisme
du Tohoku un événement multibranches. Si, au Japon,
le tremblement de terre n’était pas habituellement
exclu des garanties Automobile, les sommes à verser
au titre de cette branche auraient aussi été considérables. Pour ce qui est de l’assurance Vie aussi, le Japon
est un cas à part : il se caractérise par un nombre de
victimes potentiellement élevé doublé d’une densité
d’assurance non négligeable.
Le tremblement de terre du Tohoku est arrivé au beau
milieu du processus de reconduction du traité de
réassurance, qui a pu être conclu en dépit des profondes incertitudes générées par les fortes répliques
et les éventuels sinistres à venir. La probabilité de
­survenance d’événements de moyenne ampleur ayant
sensiblement augmenté, il faut s’attendre à un
accroissement des sinistres qui affectera plus particulièrement les traités en proportionnelle. Étant
donné la taille des régions touchées par ce type de
gros tremblements de terre et l’étendue des dommages qui en résultent, il est difficile de distinguer les
dégâts causés par le séisme principal de ceux imputables aux fortes répliques qui lui succèdent.
Conclusion
Le tremblement de terre du Tohoku n’est pas seulement
le cataclysme naturel le plus coûteux de l’histoire à
l’échelle planétaire. Il a aussi montré que même des
pays comme le Japon, qui déploient des efforts exceptionnels en matière de recherche sur les séismes, de
construction parasismique et de systèmes d’alerte
précoce, ne peuvent éviter ce type de grandes catastrophes. En dépit du fait que l’on ne s’attendait pas à
une secousse d’une telle magnitude dans la région,
les modèles de séismes disponibles livrent une appréciation correcte du risque global au Japon. L’ampleur
des mouvements telluriques et des dégâts consécutifs n’a d’ailleurs pas dépassé le maximum prévu,
même si les résultats issus des modélisations recèlent toujours une part d’incertitudes non négligeable.
Cependant, le séisme du Japon a montré, une fois de
plus, qu’il est impossible d’effectuer une évaluation
exacte du risque et du préjudice si les informations en
matière d’engagement sont trop imprécises.
Notre expert :
Alexander Allmann, consultant
senior pour les tremblements de terre et autres catastrophes naturelles
au sein du département Souscription
Entreprise/Gestion Risques de
cumuls/Géorisques.
[email protected]
MUNICH RE Topics Geo 2011
11
Gros plan
« Cet événement diffère complètement de tout ce que nous ­connaissions
jusqu’à maintenant »
Suite au terrible séisme du 11 mars 2011, l’économie, la science et la politique
­doivent revoir leur façon de penser – à la fois aux niveaux national et international.
En octobre 2011, Munich Re a convié des experts de renommée internationale,
afin de discuter de cette catastrophe d’un point de vue scientifique, politique, socioéconomique et actuariel.
Prof. Dr. Norio Okada,
Disaster Prevention Research Institute
(DPRI), Université de Kyoto, Japon
Prof. Dr. Jochen Zschau,
Centre Helmholtz Potsdam
Centre allemand de recherche
en ­géosciences (GFZ)
Sur notre site www.munichre.com, vous trouverez une
vidéo présentant une synthèse et des avis d’experts sur le
séisme japonais, qui aura marqué comme nul autre événement l’année 2011 riche en catastrophes naturelles.
12
MUNICH RE Topics Geo 2011
Dr. Charles Scawthorn,
Associé, SPA Risk LLC, cabinet de
­conseil spécialisé dans la réduction des
risques de catastrophes naturelles
Gros plan
Anselm Smolka : Chers collègues,
je souhaite tout d’abord vous remercier pour votre participation à notre
table ronde sur le séisme du Tohoku.
Je me réjouis tout particulièrement
de pouvoir saluer aussi Ludger
­Arnoldussen, membre du Directoire
de Munich Re.
Le séisme du Tohoku a été un événement d’ampleur exceptionnelle. Au vu
de l’étendue des dégâts, il s’est agi du
plus fort tremblement de terre et de
la plus grande catastrophe naturelle
survenue au cours des dernières
décennies. Quelles ont été vos premières réactions lorsque vous avez
été informé de ce séisme ?
Norio Okada : Lorsque la catastrophe
est arrivée, j’étais en train de présider
une réunion de faculté à l’Université
de Kyoto, mais il nous a fallu une
dizaine de minutes pour réaliser que
quelque chose n’allait pas. Ensuite,
ma première réaction a été de
demander à quelques personnes
­d’aller voir ce qui était réellement en
train de se passer.
Dr. Anselm Smolka,
Responsable Géorisques au sein
du département Souscription Entreprise/Gestion des risques de cumuls,
Munich Re
Dr. Ludger Arnoldussen,
Membre du Directoire de Munich Re
A. Smolka : Avez-vous ressenti les
secousses ?
ravages provoqués par le tsunami et
avons su pour Fukushima.
N. Okada : Oh oui, mais nous n’avons
pas tout de suite envisagé un séisme.
Nous – c’est-à-dire les autres professeurs et moi-même – avons pensé
que nous étions en train de fabuler.
Mais au bout d’un quart d’heure, j’ai
mis fin à la réunion, et nous avons
très vite appris qu’à Fukushima, il
était arrivé une catastrophe d’une
ampleur encore jamais vue. J’ai tout
de suite compris que cet événement
différait complètement de tout ce que
nous avions connu jusqu’à présent. Et
je pressentais que celui-ci allait avoir
des répercussions mondiales.
A. Smolka : Monsieur Arnoldussen,
vous êtes responsable des régions
Japon et Australasie, déjà frappées
auparavant par une série de catastrophes. Qu’avez-vous fait ?
A. Smolka : Monsieur Zschau, vous
avez suivi le tremblement de terre dans
l’océan Indien qui a précédé le terrible
tsunami de 2004. Quelle a été votre
première impression lorsque vous avez
été informé du séisme du Tohoku ?
A. Smolka : Monsieur Scawthorn,
vous vivez au Japon depuis longtemps et avez vu de nombreux
sinistres causés par des tremblements de terre dans le monde entier.
Qu’avez-vous pensé lorsque vous
avez été mis au courant du séisme ?
Charles Scawthorn : Au moment du
séisme, je me trouvais au Maroc, mais
nous vivons à Kyoto et ma femme
était au Japon. Je l’ai appelée et elle
m’a dit que même à Kyoto, elle avait
ressenti les secousses. Et à peine 1 ou
2 heures plus tard, nous avons vu à la
télévision les premières images des
Ludger Arnoldussen : J’ai appris la
nouvelle du séisme lors de mes
vacances au ski en Suisse. Le chef de
département m’a alors appelé et
notre première question pleine d’inquiétudes a été de savoir si nos collaborateurs à Tokyo étaient en sécurité.
D’abord, nous avons pris contact avec
tout le monde. Puis, nous avons dû
décider ce qu’il fallait faire concernant la catastrophe nucléaire à
Fukushima, car le renouvellement
des traités de réassurance a toujours
lieu dans les semaines précédant le
1er avril. Ensuite, nous avons décidé
en fin de semaine de transférer la
majeure partie de notre personnel de
notre agence de Tokyo dans un premier temps dans un hôtel à Osaka,
puis dans notre filiale à Singapour, où
nous disposons d’un environnement
de travail opérationnel à 100 %. Cela a
été très difficile pour nos collaborateurs japonais, car ils ne voulaient pas
quitter leur pays dans une situation
comme celle-là.
Jochen Zschau : J’ai été mis au courant tôt le matin par un appel de la
presse. J’ai convenu avec les journalistes qu’ils ne m’appellent à la maison
que si c’est vraiment important. Chose
qu’ils n’ont faite par le passé que pour
le séisme de Sumatra. Je ne m’attendais pas à ce qu’une situation semblable se reproduise. Le cas du Japon
n’a rien à voir. Ce pays hyperindustrialisé dispose du meilleur système
d’alerte précoce aux séismes et également d’un très bon système d’alerte
précoce aux tsunamis. C’est pour cela
que dans un premier temps, je ne pensais pas que cette catastrophe allait
prendre l’ampleur qui s’est révélée par
la suite. Mais lorsque nous avons appris
la magnitude réelle et découvert au fur
et à mesure les autres conséquences,
il est devenu évident que le risque de
séisme est aujourd’hui un risque mondial. Cet événement montre la nécessité pour nous d’être plus attentifs aux
interactions existant non seulement
dans le système de la nature, mais
aussi dans celui créé par l’homme.
MUNICH RE Topics Geo 2011
13
Gros plan
A. Smolka : Permettez-moi d’évoquer
le manque de compréhension scientifique. Après la catastrophe, un grand
débat s’est ouvert entre les experts à
propos de la carte japonaise officielle
des risques. Elle contient un facteur
temporel, ce qui a peut-être un peu
induit en erreur, car trop d’importance a été accordée à la lacune sismique de la région Tokai-Nankai et à
l’éventualité d’un nouveau puissant
séisme à Tokyo.
N. Okada : Tout du moins, certains
sont d’avis que nos spécialistes et
autorités de surveillance doivent
mieux agir, lorsqu’il s’agit de communiquer sur des sujets de ce type. Car
aucune carte des risques ne peut vous
dire comment un séisme se déroule
réellement. Voici donc, de mon point
de vue, l’un des domaines dans lequel
nous devrons affiner nos outils et
devenir plus compétents. Nous
devrons également nous atteler à la
question primordiale de l’évacuation.
A. Smolka : La cartographie des
risques est généralement une affaire
nationale, et il existe donc toujours le
danger que l’opinion peu orthodoxe
de certains soit réprimée. Je dirais
que ce problème concerne la science
en général.
J. Zschau : Ce fait existe partout, pas
seulement au Japon, mais dans tous
les pays du monde. Prenons par
exemple le séisme en Haïti de 2010.
Deux années auparavant, une publication avait indiqué qu’à tout moment,
un séisme d’une magnitude de 7,2
pouvait survenir. Et c’est exactement
ce qu’il s’est passé. Je pense que,
d’une façon générale, nous avons du
mal à mettre en relation savoir théorique et application pratique. Les
grands projets européens financés
actuellement par la Commission européenne ont comme axe principal,
outre la gestion des catastrophes et la
protection civile, l’influence mutuelle
entre théorie et pratique, car une faille
générale a été reconnue à ce niveau-là.
« Le risque de séisme
est aujourd’hui
un risque mondial. »
Jochen Zschau
14
MUNICH RE Topics Geo 2011
C. Scawthorn : Vous abordez à mon
sens un point important. L’une de
mes premières observations après
cette catastrophe a été que l’estimation de probabilité a ses limites. Premièrement, il existe des limitations
techniques, du fait des données dont
nous disposons, ainsi que de notre
capacité à les exploiter correctement.
Deuxièmement : certes, dans certains
cas, nous pouvons prévoir des événements rares, susceptibles de se produire une fois tous les 5 000 ans.
Mais, bien trop souvent, leur éventualité est écartée, car estimée beaucoup trop improbable. Certaines fois,
elle est tout simplement jugée impossible, et d’autres, on considère que
cela reviendrait trop cher de réagir en
conséquence. Mais il s’agit là d’événements menaçant l’existence d’une
société ou d’une entreprise. De par sa
dimension nucléaire, la catastrophe
du 11 mars a constitué une menace
existentielle pour le Japon. Si le
rayonnement nucléaire avait été un
tant soit peu plus élevé et s’était propagé dans la mauvaise direction,
nous aurions pu perdre Tokyo. Et
pour le Japon, cela constitue une
menace existentielle à bien des
égards. Nous aurions également dû
tenir compte de cela.
A. Smolka : Qu’est-ce que cela
implique pour la communication sur
les risques ?
C. Scawthorn : La communication
sur les risques est une question
­fondamentale. Certes, nous avons
besoin d’une discussion entre scienti-
fiques et experts – nous pouvons
aussi considérer les avis divergents
et, le cas échéant, les rejeter. Mais
l’opinion publique ne souhaite pas
participer à ce débat. Elle n’en a pas
le temps, cela ne l’intéresse pas ou
bien le jargon technique lui fait
défaut. Elle ne veut que le résultat.
Les experts doivent donc se réunir et
se prononcer ensuite d’une seule voix.
Et après avoir fait cela, ils ne
devraient pas être accusés d’homicide s’ils s’étaient trompés, comme
cela est actuellement le cas en Italie,
où des chercheurs en sismologie sont
poursuivis, car ils n’ont pas donné
d’alerte avant le séisme catastrophique de L’Aquila en avril 2009.
J. Zschau : Nos cartes des risques
nous renseignent sur l’activité sismique, rien d’autre. En d’autres
termes, une grande activité sismique
indique un risque majeur et une faible
activité, un risque mineur. Le stade
auquel nous nous trouvons dans le
cycle sismique n’est pas pris en
compte. Actuellement, le risque sismique est peut-être plus élevé à
Cologne qu’en Italie centrale, car
nous ignorons quand le dernier
séisme dans la région de Cologne a
eu lieu et à quel stade du cycle nous
nous trouvons en ce moment. Il est
très important d’estimer les risques
en tenant compte de l’échelle temporelle.
Gros plan
A. Smolka : Je pense que nous
sommes tous d’accord pour dire que
l’estimation de probabilité doit être
complétée par une projection déterministe des scénarios les plus défavorables. Et les modèles nous permettant cette projection vont désormais
être disponibles, quand bien même
elle nécessite toujours une bonne
dose d’imagination de notre part.
Monsieur Arnoldussen, cet aspect
est-il intéressant pour vous aussi ?
L. Arnoldussen : Absolument, et je
me demande de plus en plus si la
façon dont nous avons exploité
jusqu’à présent les modèles est vraiment adaptée pour calculer une
prime de risque adéquate. Pour nous,
il est très important de savoir si c’est
en l’espace de 2 ou 3 mois, ou bien de
quelques secondes, que 3 tremblements de terre de magnitude 6 se
sont succédé. Les très longues
périodes de temps dont nous parlons
ici – 500 ans, 1 000 ans – et l’absence
de données sur des événements antérieurs compliquent extrêmement les
choses. Les modèles nous renseignent sur un sinistre maximum probable, mais pour les assureurs, les
circonstances d’un cas particulier
peuvent engendrer d’énormes
charges de sinistres.
A. Smolka : Après le séisme du
Tohoku, nous considérons qu’il existe
une probabilité élevée de survenance
d’un séisme de magnitude moyenne
dans la baie de Tokyo.
L. Arnoldussen : Cela a évidemment
des conséquences directes sur nos
négociations avec les clients relatives
au montant des primes de risque. La
question se pose ici de savoir ce qu’il
convient de faire d’un point de vue
commercial. Il est important d’obtenir
des taux et des conditions contractuelles adéquats, Munich Re mettant
ensuite la capacité à disposition.
« Face aux consé­
quences drastiques,
nous devons faire
preuve de plus de
créativité et d’imagi­
nation. »
Norio Okada
C. Scawthorn : Cela soulève 2 questions fondamentales. Premièrement :
mon entreprise ou moi-même pouvons-nous au juste survivre à un
sinistre ? Et deuxièmement : puis-je
réaliser un bénéfice dans le cadre
d’une telle opération ? La première
question se rapporte à un événement
menaçant l’existence et en tant qu’assureur, il convient de constituer des
réserves. Concernant la seconde
question, les modèles de probabilité
entrent en jeu, car dans le cadre de
l’analyse financière dynamique ou de
l’analyse coût/bénéfice, ceux-ci peuvent servir à établir une tarification
adéquate. Mais revenons plutôt à la
question de savoir si l’on peut survivre
à un événement. Solvabilité II exige
des réserves de capital qui, d’un point
de vue statistique, ne peuvent être
épuisées qu’au maximum une fois en
l’espace de 200 ans. Ce qui équivaut
à dire que sur 100 grandes compagnies d’assurances, une société doit
faire faillite tous les 2 ans. Certes, ce
calcul est très simpliste, mais il n’est
pas si absurde que ça.
A. Smolka : … c’est vrai, bien que,
appliqué à un certain scénario d’événement, un événement se produisant
une fois tous les 500 ou tous les 1 000
ans serait aussi surmontable. Et
qu’en est-il des centrales nucléaires ?
C. Scawthorn : Le monde compte
environ 500 centrales nucléaires.
Chacune d’entre elles est exposée à
un risque de 1 pour 1 000 000, c’est-àdire qu’il peut se produire une fusion
du cœur une fois en un million d’années. La probabilité d’une fusion du
cœur est donc, quant à elle, de 10–6
par an. Ce risque faible semble
somme toute acceptable. Mais en
fait, cela correspond à une probabilité
de 1 pour 2 000 qu’une fusion du
cœur advienne une fois dans l’année,
quelque part dans le monde. Ces centrales nucléaires ont une durée de vie
de 20 ans environ, généralement prolongée de 20 années supplémentaires. En considérant une durée de
vie de 40 ans, cela revient à une probabilité de fusion du cœur de 1/50,
sur 500 centrales. Je sais que ces
calculs sont trop simplistes, la réalité
est bien plus complexe. Mais que
s’est-il passé au cours des 32 dernières années ? Trois événements de
ce genre ont déjà eu lieu : Three Mile
Island en 1979, Tchernobyl en 1986 et
dernièrement Fukushima Daiichi en
2011. Donc, ce taux de probabilité de
10–6 paraît fantastique, mais …
MUNICH RE Topics Geo 2011
15
Gros plan
A. Smolka : … donne une image tout
à fait différente, pris dans un contexte
global.
C. Scawthorn : Après cette catastrophe, j’ai tout de suite réalisé que
les jours de l’énergie nucléaire étaient
comptés au Japon, pour la simple et
bonne raison que ce pays ne peut pas
se permettre un tel risque. À mon
avis, la société japonaise tout entière
– jusqu’aux individus qui la composent – l’a déjà compris. Et entre-temps,
le message a également fait son chemin dans plusieurs pays européens.
N. Okada : Face aux conséquences
drastiques, nous devons tout simplement faire preuve de plus de créativité et d’imagination. Dans une situation où l’État et la société sont sur le
point de s’effondrer, nous avons
besoin de la contribution de chacun.
C’est pourquoi il est extrêmement
important d’impliquer les scientifiques de différentes disciplines, les
hommes politiques, les autorités
de surveillance et les compagnies
d’assurances.
« Le secteur de l’as­
surance pourrait
jouer un rôle plus
important. »
Ludger Arnoldussen
Je souhaiterais également parler du
rôle des entreprises. Chacune d’entre
elles a impérativement besoin d’un
plan d’urgence. Même les entreprises
basées à Kyoto ont beaucoup souffert
de ce qui s’est passé dans l’est du
Japon. Elles pourraient peut-être
changer leur stratégie d’approvisionnement, en s’intégrant à des chaînes
logistiques supplémentaires. Pour ce
faire, il faudrait par exemple qu’elles
règlent la question de leur mode de
communication avec d’autres entreprises situées en dehors du Japon.
C’est pourquoi nous avons besoin
d’une gestion des risques de catastrophe plus intégrée – de cela, je suis
convaincu.
L. Arnoldussen : Je suis tout à fait
d’accord. Nous avons constaté que
depuis le séisme du Tohoku, l’industrie au Japon, ainsi que dans d’autres
parties du monde, voit ce point sous
16
MUNICH RE Topics Geo 2011
un nouveau jour. Je crois que de nombreuses entreprises s’efforcent de
diversifier leur chaîne d’approvisionnement. Permettez-moi encore d’approfondir un autre sujet que vous
avez abordé, à savoir la possibilité
qu’un État puisse s’effondrer après
une catastrophe extrême. Je pense
que cette possibilité est encore plus
forte aujourd’hui, compte tenu de la
dette publique, car l’État supporte un
risque important, à savoir le risque
résiduel. Pour le Japon, nous estimons par exemple que les assurances
couvrent 15 % à peine des pertes
­économiques et l’État japonais, la
majeure partie du reste. Et nous ne
sommes peut-être plus très loin d’un
effondrement économique, avec les
taux d’endettement que nous avons
atteints entre-temps dans de nombreux pays. Nous sommes donc d’avis
que le secteur de l’assurance et de la
réassurance pourrait jouer un rôle
plus important.
C. Scawthorn : Vous dites que le secteur de l’assurance pourrait en faire
plus. Une question : comment le
pourrait-il ? En ce moment, nous
constatons en effet que dans de nombreux pays, les compagnies d’assurance privées n’arrivent justement
pas à combler les pertes et que l’État
doit intervenir, par exemple avec des
instruments comme la California
Earthquake Authority (CEA), la Earthquake Commission (EQC) en Nouvelle-Zélande ou le Turkish Catastrophe Insurance Pool (TCIP) en
Turquie. Alors comment le secteur de
l’assurance pourrait-il en faire plus,
dans le cadre d’une approche aussi
intégrée ?
L. Arnoldussen : Eh bien, selon moi,
le cœur du problème réside dans la
prise de conscience des risques par
l’opinion publique, ainsi que par les
gouvernements. Pourquoi existe-t-il
au juste des institutions d’État en
Californie et en Nouvelle-Zélande ?
Parce qu’on ne peut effectuer efficacement ces opérations d’assurance
que si l’on élargit le plus possible la
base de la couverture des risques, et
une assurance obligatoire ou une institution d’État peut parfois s’avérer
utile en ce sens. Souvent, les réassureurs acceptent ensuite de couvrir les
risques encourus par ces autorités.
De mon point de vue, nous devons
trouver des moyens d’augmenter
l’étendue de la couverture, que cela
soit en offrant au public un attrait
accru ou en lui faisant davantage
prendre conscience des risques. Si je
prends Munich Re comme exemple,
nous n’avons pas exploité notre capacité maximale pour le Japon – et cela
vaut également pour quelques autres
grands réassureurs. Nous aurions été
en mesure d’assurer une part plus
importante du risque, mais il n’en
a pas été ainsi, car pour le niveau
de primes que nous exigions, la
demande n’était pas assez forte.
N. Okada : Je souhaite revenir sur
un autre point. Pour une gestion
­intégrée des risques liés aux catastrophes, toutes les parties concernées doivent se réunir afin de prendre
une orientation cohérente. Pour par-
Gros plan
venir à cette fin, nous avons besoin de
ce que j’appelle une « gestion adaptative », c’est-à-dire une gestion
capable de réagir rapidement à une
nouvelle donne. Un exemple : d’abord,
vous déclarez cette pièce non fumeur.
Si cela fonctionne, vous interdisez de
fumer sur tout l’étage, ensuite dans
l’ensemble du bâtiment et enfin dans
la ville de Munich tout entière. Dans
la perspective d’une réduction des
sinistres occasionnés par des catastrophes futures, je propose d’adopter
cette démarche adaptative, afin de
constater si une méthode fonctionne
ou pas. Si elle ne fonctionne pas, il
convient de savoir pourquoi et de
réfléchir à des moyens de mettre au
point des solutions réalisables. Ma
question serait la suivante : le secteur
de l’assurance et de la réassurance
est-il lui aussi intéressé par la promotion de ce type d’expérience sociale ?
Car si cette approche est d’intérêt
pour des réassureurs comme Munich
Re, il doit y avoir, en ce moment précisément, un grand nombre de scientifiques intéressés par une gestion
intégrée des risques, qui coopéreraient très volontiers avec le secteur
de la réassurance.
L. Arnoldussen : Il me semble que
cette démarche serait intéressante
pour solutionner le problème.
A. Smolka : L’une des questions que
je me suis posée après la catastrophe
était la suivante : quels enseignements puis-je tirer de cet événement
pour un scénario similaire à Tokyo ?
C. Scawthorn : À l’instar de la ligne
de faille d’Anatolie du Nord où la
croûte terrestre s’est déchirée à plusieurs endroits jusqu’à Istanbul,
menaçant désormais la ville d’un
méga-séisme, lors du séisme du
Tohoku, 3 grandes déchirures se sont
formées jusqu’au portes de Tokyo.
Ainsi, en ce moment, le risque d’un
tremblement de terre à Tokyo est
considérablement accru. Il importe
peu de savoir s’il sera de magnitude 8
comme le séisme de 1923, ou de 7
seulement, directement centré sous
la baie de Tokyo. Dans tous les cas, il
sera catastrophique. Tout le monde
en est convaincu.
A. Smolka : Où en est-on de la qualité
des constructions dans le secteur du
bâtiment ?
C. Scawthorn : Au Japon plus que
dans la plupart des autres pays, les
bâtiments sont rasés et remplacés
par de nouveaux. Depuis le séisme
de Kobe, cette tendance s’est encore
renforcée, car les Japonais ont
reconnu que leurs vieilles maisons
traditionnelles étaient très susceptibles de s’écrouler. Nombreux sont
ceux qui ont entre-temps construit
des maisons neuves. Mais il y a
encore de vieilles bâtisses à Tokyo et
des dégâts surviendront sans aucun
doute sur les bâtiments …
A. Smolka : … par liquéfaction des
sols …
C. Scawthorn : … notamment dans
l’est de Tokyo, dans la zone entourant
le fleuve Sumida. Les principales
conduites de gaz et d’eau vont se
rompre à cet endroit. Je suppose que
de nombreux incendies se déclareront dans les raffineries implantées
dans toute la baie de Tokyo, ainsi que
de grands incendies au sein de la
capitale, même si cette dernière présente la plus grande concentration de
pompiers au monde et que ceux-ci
sont extraordinairement compétents.
Mais je présume qu’ils seront tout
simplement débordés. Le vent et les
conditions météorologiques vont bien
sûr influencer pour beaucoup la
situation. Dans la nuit du 1er septembre 1923, il faisait chaud et sec et
il y avait beaucoup de vent. Mais dans
des conditions autres, par exemple en
cas de journée froide et pluvieuse, la
situation peut s’avérer complètement
différente.
J. Zschau : Je souhaite revenir une fois
de plus sur ce que Monsieur Okada a
affirmé à propos d’une approche intégrée : en quoi les choses auraient-elles
été différentes si nous avions disposé
de connaissances optimales ? À mon
avis, cela est difficile à dire.
« 380 000 personnes
ont été sauvées. C’est
remarquable ! »
Charles Scawthorn
C. Scawthorn : Si quelqu’un avait
garanti que demain à 14 h, un tel événement avec des vagues de cette
hauteur allait se produire, qu’est-ce
que cela aurait changé ? Dans quelle
mesure cela aurait-il influé sur l’étendue des dommages ? On aurait certainement été en mesure d’évacuer
une partie des 20 000 personnes qui
ont perdu la vie. Mais dans les faits,
l’alerte et l’évacuation ont très bien
fonctionné. Sur 400 000 personnes
menacées, 380 000 ont été sauvées.
Je trouve que c’est remarquable. Mais
on n’aurait pas pu déplacer les habitations, ni ériger des digues de protection en une nuit. Cela n’aurait
donc quasiment rien changé au
niveau des dommages matériels.
L’approche intégrée est une approche
à long terme qui doit également tenir
compte du plan d’aménagement des
sols. Elle doit faire converger les processus liés à la construction, aux
sites, aux entreprises et au transfert
des risques vers un tout cohérent.
MUNICH RE Topics Geo 2011
17
Gros plan
J. Zschau : J’ai entendu dire que le
système d’alerte précoce avait fourni
les premières données 8 secondes
après l’impact de la vague primaire,
soit 31 secondes après le séisme. La
magnitude annoncée était certes largement sous-estimée, mais il s’agissait là de la première information
donnée au public. Et l’on estime que
cette alerte a permis de sauver de
nombreuses vies. Néanmoins, certaines personnes ayant entendu
l’alerte ne se sont pas suffisamment
mises en sécurité en hauteur, parce
qu’elles ne s’attendaient pas à un tsunami de cette ampleur. Cette information a donc induit en erreur et tout
cela se serait certainement mieux terminé si des informations exactes sur
la magnitude avaient été disponibles
quelques minutes plus tôt.
« Nous devons
­poursuivre avec plus
d’énergie le déve­
loppement des
­scénarios les plus
défavorables ».
Norio Okada
C. Scawthorn : Les systèmes d’alerte
précoce sont fantastiques et dans la
mesure où nous pouvons les mettre
en place, ils représentent l’une des
plus grandes contributions de la
science pour combattre ce risque.
N. Okada : Dans un certain sens,
nous n’avons pas mal réussi. Dans
certaines régions, le système d’alerte
précoce et la préparation aux catastrophes ont bien fonctionné. Nous
disons souvent que nous disposons
désormais du cas critique et que nous
devrions en tirer des leçons. Ce que
nous devrions poursuivre avec plus
d’énergie, c’est le développement des
scénarios les plus défavorables.
C. Scawthorn : Le gouvernement
japonais se consacre avec grande
application à cette question. Seuls
quelques pays dans le monde l’étudient sérieusement et, dans ce
domaine, le Japon fait figure de leader. Il y a de nombreuses leçons à
tirer et je pense que les Japonais
essayent d’abord de les assimiler
­eux-mêmes.
18
MUNICH RE Topics Geo 2011
N. Okada : C’est vrai. On peut peutêtre exprimer cela de 2 façons différentes : d’une part, la façon dont le
gouvernement s’est comporté est évaluée et d’autre part, la question est
posée de savoir ce que nous aurions
pu mieux faire. Un exemple de ce qui
a très bien fonctionné est la mobilisation immédiate de la protection civile.
Cette dernière a également très
bien travaillé à Fukushima. C’est le
meilleur des enseignements que nous
avons tiré du séisme de Kobe. Même
les organisations non gouvernementales ont fourni un excellent travail.
Cette fois-ci, une sorte de cellule centralisée a été mise en place. C’est elle
qui a mis en œuvre les premières
étapes pour une gestion intégrée des
situations d’urgence et a organisé
l’échange d’informations. Des processus de ce genre illustrent clairement
ce nous avons retiré de Kobe.
t­ sunamis dans cette région et à
chaque fois, quelqu’un a dit : « Nous
devons pousser les gens à aller plus
loin. » Un début a été amorcé et cela
a même fonctionné dans quelques
régions, mais dans de nombreuses
autres non. Nous avons besoin ici
d’une gestion adaptative pour inciter
les gens à poursuivre sur la bonne
voie. Cela devrait s’effectuer pas à
pas et les personnes devraient être
impliquées à tout moment. J’ignore
si nous allons y arriver, mais si nous
réussissons, ce serait un succès
énorme pour la reconstruction.
A. Smolka : … et pour ce qui est de
Fukushima ?
C. Scawthorn : D’un autre côté, on
dispose des expériences du séisme
de Kobe. En 1995, une division des
forces d’autodéfense était stationnée
à Nishinomiya, autrement dit à 2 pas
de Kobe. Mais les soldats n’ont pas
bougé, car le gouvernement central
n’en avait pas donné l’ordre. Les Japonais en ont tiré une leçon. J’ai rencontré le général de division Watanabe,
commandant de l’armée du NordOuest, et également le directeur
régional du ministère des Transports
responsable de la région de Tohoku.
Comme le général Watanabe et ses
officiers l’ont expliqué, la situation
juridique et la politique des forces
d’autodéfense ont été adaptées entretemps, si bien que cette fois-ci, les
forces armées sont intervenues
d’elles-mêmes aussitôt après la survenance de cet événement.
N. Okada : Eh bien, la catastrophe
nucléaire a clairement montré qu’une
prise de décision rapide et centralisée
n’est pas la qualité première de notre
pays. À côté de ceux qui assument la
responsabilité politique de ce pays, il
devrait exister une autre autorité. À
mon avis, il manque encore au Japon
l’expérience correspondante ou une
culture politique, sans oublier surtout
une culture de la gestion de l’urgence.
Cela a peut-être pris trop de temps
pour impliquer les différentes parties
dans la discussion et l’organisation,
chose qui peut parfois être vraiment
déconcertante. Nous avons dû cette
fois-ci coopérer avec d’autres pays et
sommes très reconnaissants de l’aide
internationale reçue pour l’organisation. Mais le Japon lui-même rencontre encore de grandes difficultés
avec la gestion adaptative dont j’ai
parlé précédemment. L’amendement
des lois prend un temps considérable.
Lorsqu’une loi est adoptée, nous ne
voulons pas la changer. Par ailleurs, la
reconstruction est une tâche herculéenne …
A. Smolka : … et demande une
approche participative …
N. Okada : … qui nous fait encore
défaut actuellement. C’est une des
raisons pour laquelle cela n’a pas
fonctionné. Nous avons souvent vécu
des tremblements de terre et des
A. Smolka : Je pense que ce problème existe partout, pas seulement
au Japon. De nombreuses décisions
sont prises après une catastrophe,
mais les individus, et surtout les principaux concernés, sont tout simplement laissés pour compte.
A. Smolka : Le défi posé par un événement imprévu est difficile à planifier,
quand bien même la planification
est parfaite. Ce que je veux dire, c’est
que si nous en avions su davantage,
nous aurions pu prévoir un séisme de
magnitude 9 suivi d’un tsunami, voire
même Fukushima. Mais si l’on pense à
un scénario pour Tokyo, la situation
pourrait être complètement différente.
C. Scawthorn : Un événement peut
être imprévu, prévisible, prévu, prédit
par écrit ou pré-annoncé. Il s’agit
peut-être de nuances sémantiques
insignifiantes, mais ces qualificatifs
indiquent une délimitation tempo-
Gros plan
relle et spatiale croissante. En fait, le
séisme du Tohoku était prédit dans
la littérature spécialisée. Un autre
exemple de prédiction a été Katrina –
qui a fait l’objet de la une du « National Geographic » 6 mois avant la
catastrophe. La une ! Et San Francisco ? Cinq mois avant le séisme de
1906, le National Board of Fire Underwriters de San Francisco prédisait
qu’un tel séisme allait se produire et
que l’incendie dévastateur qui s’ensuivrait ne pourrait pas être évité. Le
problème est le suivant : comment
reconnaît-on les « inconnues inconnues » ? Comment pouvons-nous
prévoir l’imprévisible ? Comment
transformons-nous l’imprévisible en
quelque chose de prévu ? Nous
devons faire appel à notre imagination. La littérature fourmille de
romans et d’histoires qui se sont avérés véridiques par la suite. Citons par
exemple le roman « La Vengeance du
Lion » de Nelson DeMille qui prédisait les attentats du 11 septembre.
Dans le roman, il s’agit d’une attaque
d’un Boeing 747 sur le Capitole, mais
pour le reste, tout est prédit.
J. Zschau : En ce qui concerne l’imagination, je suis d’accord avec vous.
L’imagination est habituellement le
point de départ de tout travail scientifique. Mais elle ne suffit pas à elle
seule à convaincre qui que ce soit, il
faut des preuves pour cela …
C. Scawthorn : … et il en existe …
J. Zschau : Exact, la paléosismologie
gagne en importance. Elle nous
­fournit les preuves dont nous avons
besoin, en plus de l’imagination, pour
disposer de plus d’informations sur
ces grands événements très rares.
A. Smolka : Récapitulons tous les
aspects abordés ici : quels sont les
principaux enseignements de cette
catastrophe ?
L. Arnoldussen : Pour moi, un aspect
important et qui a déjà été traité est
la question de savoir à quel point les
modèles sont crédibles et comment
ils doivent être utilisés à des fins
commerciales. Les modèles offrent
peut-être la meilleure estimation possible, mais la réalité est toujours différente, et je pense que cet événement a permis de présenter les
choses sous leur véritable jour. Un
autre point est l’interdépendance de
l’économie mondiale et les relations
entre les chaînes d’approvisionnement et les marchés financiers. Le
troisième point est que nous nous
approchons des limites de ce que
l’État peut offrir en tant que dernière
instance d’indemnisation. Je pense
qu’il existe des limites économiques
et nous essayons de découvrir comment les réassurances et les assurances peuvent repousser ces limites,
que cela soit en soutenant les gouvernements, ou en réglant les sinistres.
« Les modèles sontils crédibles et com­
ment doivent-ils être
utilisés à des fins
commerciales ? »
Ludger Arnoldussen
N. Okada : Le premier enseignement
pour moi est le suivant : certaines
leçons sont « désapprises ». Cela est
vrai tout le temps et partout. Les
leçons sont désapprises ou font partie
des choses qui sont inévitablement
désapprises et donc, des erreurs se
produisent à nouveau. Mais de nouvelles connaissances sont également
nécessaires. J’ai par exemple mentionné qu’on a déjà souffert plusieurs
fois de tels événements sur les côtes
orientales du Japon. Et aujourd’hui à
nouveau. Vu sous cet angle, les leçons
ne sont pas bien apprises et la question se pose de savoir pourquoi. Il
existe ici de nombreuses lacunes à
combler – les questions de responsabilité, par exemple, doivent être tirées
au clair –, sinon on ne fait que ce qui
est prescrit sur le papier. Si la ville de
Tokyo est frappée par un tremblement
de terre dont la magnitude n’est évaluée qu’à 7, les répercussions vont être
énormes. Tokyo pourrait être ainsi
paralysée d’une façon qui n’a pas du
tout été prévue, mais qui est peut-être
prévisible.
C. Scawthorn : Le premier enseignement est que l’estimation de probabilité a ses limites. Et ces limites se
situent dans le fait que les menaces
existentielles doivent être gérées différemment. Pour plus de clarté, si
nous considérons le risque comme
une « conséquence » se produisant
avec une probabilité définie, peu
importe que la probabilité soit faible ;
si la « conséquence » est illimitée, le
risque est lui aussi illimité. Et de ce
point de vue, l’énergie nucléaire est
pour de nombreux sites un risque
« semi-illimité ». Au Japon, à mon
avis, l’idée va s’imposer que le pays
ne peut tout simplement pas se permettre l’énergie nucléaire. Je crois
que d’autres pays en viendront également à cette conclusion. Un second
enseignement est que la réduction du
risque de catastrophe est une affaire
à long terme qui demande une
approche intégrée combinant des
mesures de restriction sur les plans
de la construction, de l’occupation des
sols, de l’économie et des finances.
J. Zschau : Pour moi, le premier enseignement est que la chaîne des risques
d’une catastrophe est un phénomène
très complexe dans lequel de nombreuses interactions entrent en jeu,
non seulement dans le système de la
nature, mais aussi dans celui créé par
l’homme. Cela nécessite d’une part
une concentration accrue sur la
recherche interdisciplinaire et d’autre
part, le développement de nouveaux
partenariats plus efficaces en matière
de gestion des risques entre l’État et
le secteur de l’économie privée. Deuxième enseignement : comme nous
en avons déjà parlé, même si les géoscientifiques ont accompli des progrès
considérables depuis le tremblement
de terre dans l’océan Indien, ce
séisme du Tohoku nous a montré les
limites de notre savoir. À ce sujet, je
suis d’accord avec Monsieur Scawthorn sur le fait que nous devons
réfléchir à de meilleures méthodes
d’évaluation des risques et que l’estimation des risques reposant sur les
probabilités ne suffit vraisemblablement pas. Et le troisième enseignement est que très clairement, ce
séisme doit être considéré d’un point
de vue mondial. Il a montré que le
risque sismique devient de plus en
plus un risque mondial. Selon moi,
cela va nécessiter à long terme une
amélioration et une intensification de
la coopération internationale.
A. Smolka : Comme vous l’avez
résumé, le séisme du Tohoku a révélé
notre manque de connaissances,
notre imperfection, mais nous a aussi
montré les voies à suivre pour maîtriser une telle situation et que nous
suivrons, espérons-le, lorsque semblables cas se produiront. Merci
beaucoup !
MUNICH RE Topics Geo 2011
19
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Tremblement de terre à Christchurch en Nouvelle-Zélande
Quelques mois à peine après le tremblement de terre
de Darfield en 2010, la plaine de Canterbury a été frappée en 2011 par une autre catastrophe. Le 22 février, un
séisme de magnitude 6,2 a secoué la région de Christchurch. Bilan : 181 morts et de lourds dégâts au centreville et dans sa banlieue. Et, une fois de plus, se posent
les questions suivantes : quelle est la qualité des règlements applicables à la construction ? Quel est le niveau
de préparation des hommes à ce type d’événements ?
Marco Stupazzini
La série de tremblements de terre qui a commencé en
septembre 2010 est appelée séquence sismique de
Canterbury. Elle a débuté le 4 septembre 2010 par un
fort séisme de magnitude Mw 7,0 (dit tremblement de
terre de Darfield) qui a été suivi par plusieurs milliers
de répliques. Le 22 février 2011 à 12 h 51 heure locale,
soit plus de 5 mois après le séisme principal de Darfield, un séisme de magnitude Mw 6,1 (dit tremblement
de terre de Lyttelton) a secoué Christchurch et sa banlieue ; avec ses quelque 400 000 habitants, Christchurch est la plus grande ville de l’île sud de la Nouvelle-Zélande. Le 13 juin 2011, un séisme de magnitude
Mw 5,9 s’est produit dans les environs de la banlieue
Sumner, faisant une victime tandis que de nouveaux
dégâts matériels étaient enregistrés à Christchurch et
Lyttelton. Le 23 décembre, la terre s‘est remise à trembler. Quatre séismes d’une magnitude comprise entre
Mw 5,0 et 6,0 ont secoué la côte est, près de New
Brighton. Comme lors des autres tremblements de
terre, une liquéfaction du sol s’est produite localement
et des éboulements de rochers étaient enregistrés sur
la côte.
Le tremblement de terre du 22 février est l’une des
plus grandes catastrophes naturelles de l’histoire de la
Nouvelle-Zélande avec 181 victimes et environ 2 000
blessés ; de plus, des dizaines de milliers de bâtiments, déjà en partie ébranlés par le séisme de Darfield et ses répliques, ont été fortement endommagés.
Le centre-ville de Christchurch était un
­ éritable champ de ruines.
v
MUNICH RE Topics Geo 2011
21
PORTRAITS DE CATASTROPHES
La cause du tremblement de terre était un chevauchement oblique de la plaque australienne et de la plaque
pacifique, dans leur zone frontière, à environ 6 kilomètres à peine du centre-ville. La série de séismes
s’est produite le long d’un système de failles
jusqu’alors inconnu, situé sous les sédiments de la
plaine de Canterbury et non identifiable à la surface.
Au cours des 10 dernières années, de nombreuses
études sismiques ont été réalisées à cet endroit. Elles
n’ont pourtant pas révélé le moindre signe laissant
supposer qu’un fort tremblement de terre était imminent dans cette région précise. Deux aspects frappants concernant les effets et les conséquences du
séisme ont joué un rôle essentiel lors de l’interprétation du type de sinistre : d’une part, de très fortes
secousses du sol, aussi bien horizontales que verticales, ont été observées ; d’autre part, une liquéfaction
du sol s’est produite sur un vaste périmètre de l’agglomération urbaine.
Différents facteurs ont contribué à ces violentes
secousses du sol :
−−la distance par rapport à l’épicentre : le bord supérieur de la faille du séisme de Lyttelton se trouvait à
une faible profondeur, à 6 kilomètres du centre-ville ;
lors du séisme de Darfield, la fracture s’était arrêtée
à environ 20 kilomètres du centre-ville.
−−l’effet directionnel : la superposition des ondes sismiques dans le sens de la rupture de la faille peut
conduire à un net renforcement du séisme.
−−sous-sol meuble/effet de cuvette : le sous-sol de la
ville de Christchurch est constitué de couches sédimentaires profondes (de 600 à 1 200 mètres d’épaisseur jusqu’au soubassement).
Lors de l’évaluation de la sécurité parasismique des
bâtiments et des infrastructures, il faut considérer la
séquence sismique de 2010/2011 en relation avec les principes qui régissent la réglementation parasismique actuelle.
L’effondrement des bâtiments a enveloppé
Christchurch d’un épais nuage de poussière.
À gauche : les ondes sismiques peuvent provoquer des vibrations du sous-sol telles que celuici devient instable et prend les caractéristiques
d’un liquide. Conséquence : les véhicules et les
bâtiments s’enfoncent.
À droite : des sables mouvants, phénomène
caractéristique de la liquéfaction du sol qui a
endommagé de nombreuses habitations.
22
MUNICH RE Topics Geo 2011
PORTRAITS DE CATASTROPHES
En principe, 2 facteurs peuvent être distingués : le
caractère fonctionnel et la limite de portance. Le premier est pertinent pour des événements relativement
fréquents et établit que le bâtiment doit être entièrement fonctionnel et habitable. Le deuxième concerne
des événements de fréquence moindre (c’est-à-dire
survenant en moyenne une fois en 475 ans, valeur
standard usuelle dans les codes de construction),
occasionnant certes des dégâts mais pas d’une
ampleur provoquant l’effondrement des bâtiments. Le
code sismique prévoit que des mouvements du sol,
tels qu’ils ont été constatés lors du tremblement de
terre de février, ne se produisent qu’une fois en 2 500 ans environ ; ils ont été par conséquent nettement plus forts que ceux qui avaient été envisagés lors
de la construction des bâtiments à Christchurch. En
outre, le parc immobilier de Christchurch est relativement ancien. Les bâtiments historiques et les
immeubles construits au centre-ville avant l’entrée en vigueur de la législation sur la construction étaient
particulièrement sensibles aux séismes.
Des destructions d’une ampleur inhabituelle
Le tremblement de terre de Lyttelton a frappé par
l’ampleur inhabituelle des destructions qu’il a provoquées : de nombreux bâtiments dont les murs
n’étaient pas renforcés ont été lourdement endommagés ou se sont écroulés. Même 2 tours en béton armé,
l’une abritant le siège de la chaîne de télévision régionale Canterbury Television (CTV) et l’autre les locaux
de la société financière Pyne Gould Corporation, se
sont effondrées ; les escaliers, les piliers et les murs
dans d’autres bâtiments en béton armé ont également
cédé. Ceci a été le cas notamment de l’immeuble
­Forsyth-Barr et de l’hôtel Grand Chancellor.
La liquéfaction du sol, qui s’est étendue à la fois au
centre-ville et à sa banlieue, a entraîné des mouvements latéraux des fondations et une rupture du sol ou
l’effondrement des bâtiments.
La série de séismes a soulevé de nombreuses questions concernant l’évaluation des dangers et des
risques et, d’une manière générale, la perception du
risque. En voici quelques points essentiels :
−−Essaim sismique (clustering) et répliques : la
séquence sismique de Canterbury est un des rares
cas au monde dans lesquels une réplique ou un événement déclenché (le séisme de Lyttelton en 2011) a
occasionné de plus gros dégâts que le séisme principal qui l’a précédé (le séisme de Darfield en septembre 2010). Il faudra analyser comment la propagation des tensions et les répliques peuvent être
intégrées dans la modélisation probabilistique des
risques mais aussi quelle est la probabilité de tels
événements dans le contexte mondial. Si, par
exemple, la séquence sismique de New Madrid de
1811/1812, dont c’était le 200e anniversaire en
décembre 2011/janvier 2012, se répétait aujourd’hui,
les dommages assurés se chiffreraient en dizaines
ou centaines de milliards.
−−Les séries de séismes ne compliquent pas seulement la modélisation mais aussi la reconstruction
dans un environnement très incertain. −−Toute la séquence sismique et en particulier le
séisme de Lyttelton sont des événements extrêmement rares. Les études géologiques ont révélé que
les derniers mouvements du système de failles réactivé lors de cette séquence s’étaient produits il y a
plus de 10 000 ans. Si la probabilité de tels tremblements de terre est certes enregistrée correctement
dans le modèle sismique de la Nouvelle-Zélande, il
n’en est pas de même pour les graves effets dommageables. Ce type d’événements extrêmement rares
constitue un défi particulier pour les planificateurs
et les gestionnaires de risques.
−−Déformation et liquéfaction du sol : le risque de
liquéfaction dans la plaine de Canterbury était parfaitement connu. L’ampleur du phénomène – surtout
lors du séisme de Lyttelton au cours duquel plusieurs kilomètres carrés ont été touchés – a néanmoins surpris, posant aussi la question de savoir où
un tel phénomène serait encore possible.
−−Vulnérabilité : si l’on veut tirer des conclusions pour
d’autres scénarios sismiques en Nouvelle-Zélande et
surtout pour la région de Wellington, il faut tenir
compte du fait que la région de la capitale est nettement mieux préparée aux tremblements de terre que
Christchurch. Ceci est dû à un programme d’assainissement rigoureux qui, depuis la fin des années
80, a remplacé par du neuf ou renforcé les bâtiments
vulnérables. D’autre part, la magnitude maximale
possible est supérieure à Wellington et la faille longe
directement la périphérie du centre-ville.
MUNICH RE Topics Geo 2011
23
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Pyne Gould
QuartiersdeChristchurch(vueagrandiedu
centred’affaires)danslesquelsdesliquéfactionsdusolontétéobservéeslorsdesséismes
du4septembre2010,du22février2011etdu
13juin2011.
Cathédrale
Hôtel Grand Chancellor
CTV
Liquéfactiondusolobservéele4septembre2010
Liquéfactiondusolobservéele22février2011
Liquéfactiondusolobservéele13juin2011
Faille(cachée)
Mw 7,0 04/09/2010
Leséismeprincipaldu4septembre2010
etles2répliqueslesplusfortessurvenues
jusqu’enjuin2011.
Mw 5,9 13/06/2011
Mw 6,1 22/02/2011
Épicentres
Faille(cachée)
FailledeGreendale
N
0 5 10
24
MUNICHRE TopicsGeo2011
20
Kilomètres
Source : Munich Re sur la base des données
de GNS Science et de Misko Cubrinovski de
l’Université de Canterbury à Christchurch
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Versement d’indemnisations forfaitaires pour les
dommages de moindre importance
LaséquencesismiquedeChristchurchaconduità
denouvellesconclusionsnonseulementdansles
domainesdessciences,dugénieciviletdel’évaluation
desrisques,maisaussientermesd’assuranceoùelle
asoulevédenombreuxproblèmes:
−Nombredesinistresetclassementdesévénements:
lesdéclarationsdesinistresdépassantlargementles
600 000,desretardsdanslerèglementdesdommagessesontévidemmentproduits,endépitdes
effortsénormesdéployésparlaCommissiondes
séismes(EarthquakeCommission,EQC)etlesecteur
privédel’assurance,etbienqu’unpland’urgenceait
étéétabliavantleséisme.L’imputationdesdifférents
sinistresàdesévénementsprécisdelaséries’estavéréedifficiledansdenombreuxcaslorsquedesbâtimentsavaientététouchésàplusieursreprises.
−Lenombreélevédesinistresarenduinéluctablele
versementd’indemnisationsforfaitairespourles
dommagesdemoindreimportance.
−Unautreobstacleaurèglementdesdommagesaété
l’inaccessibilitéducentre-villependantplusieursmois.
−L’ampleurconséquentedeladéformation/liquéfactiondusolaconduitàunnombreinhabituellement
élevédepertestotalesquidépassaientlalimited’assuranceaupremierrisqueparmilespolicesd’assurancedel’EQCetquiontparconséquenttouchéles
couverturesd’assuranceenvaleurtotaleproposées
parlemarchéprivé.
−Deplus,lasituations’estaggravéelorsquelaCanterburyEarthquakeRecoveryAuthority(CERA)aclassé
enzonesinhabitablescertainsarrondissements,cette
décisionconcernantaussilesbâtimentsquin’étaient
pasentièrementdétruits.Danscescas-là,laCERAa
rachetélesmaisonsconcernéesets’estvuetransférer
lesdroitsauxprestationsd’assurance;laCERAs’efforcerad’obtenirdesprestationsd’assuranceaussi
élevéesquepossiblepourdédommagerlespropriétairesdesbâtimentsexpropriés.
−Undesprincipesdel’assurance,àsavoirlecaractère
imprévisibledudommage,n’existeplusdanslasituationactuelle,personnenepouvantdirequandlasérie
deséismess’arrêtera.D’autresséismesdemagnitude
Mw6,0etplussontpossiblesdanslarégionetpourraientavoirdesrépercussionsaussisurdeszones
moinstouchéesjusqu’àprésent.Cefacteurdoitêtre
prisencomptedanslatarification.
Bilan des dommages du séisme du 22 février 2011
Morts
Blessés
LeséismedemagnitudeMw6,1,quiafrappélavillede
Christchurchle22février2011,adéveloppélaconsciencedurisqueetconduitàexigeravecplusde
véhémencequelesingénieursconçoiventdesbâtimentséconomiquementrentables,n’assurantpasseulementlasurviedesvictimeslorsdegravestremblementsdeterremaisminimisantaussilesdommages
matériels.Ilfautcréerunconceptdéfinissantcomment
lesrégionsconcernéespourrontmieuxfairefaceàde
telsévénementsetl’intégrerdanslaprochainegénérationdecodesrelatifsauxconstructionsparasismiques.
Au-delàdel’aspectrelatifauxconstructions,lasériede
séismesdeChristchurch,etenparticulierceluide
février,asoulevédenombreusesquestionsconcernant
l’évaluationdesdangersetdesrisquesetsonapplicationdanslagestiondesrisquesetlatechniquedes
assurances.Laduréedela«crisesismique»quise
poursuitreprésenteunproblèmeparticulierpourla
reconstructiond’unepartetlasouscriptiond’autrepart.
Desplansd’urgenceefficacespourdesévénements
occasionnantplusieurscentainesdemilliersde
sinistresainsiquedesconditionsdecouvertureetdes
processusderèglementdedommagestransparents
sontnécessairespourdessituationsdanslesquellesle
secteurprivédel’assurance,unpland’assurancepublic
etl’Étatproprementditsontétroitementliés.Enfinde
compte,desévénementstelsqueceluidu22février,au
coursduquell’interactiondeplusieursélémentsdommageablesaentraînéd’énormespertes,sonttrèsrares.
Tirerdesconclusionsàvaleuruniverselled’unévénementuniquedecetypeestunvéritabledéfipourl’évaluationdesrisques,pourleurgestionetpourl’assurance.
NOTRE EXPERT :
Dr.MarcoStupazzini,consultant
dansledomainedestremblementsde
terreetautrescatastrophesnaturelles
auseindudépartementSouscription
Entreprise/GestionRisquesde
cumuls/Géorisques.
[email protected]
2 000
Montanttotaldesdommages
16milliardsde$US
Dommagesassurés
13milliardsde$US
Maisonsdétruitesouendommagées
181
Conclusion
10 000
MUNICHRE TopicsGeo2011
25
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Terres sous les eaux :
inondations en Australie, aux États-Unis
et en Thaïlande
La survenance de grosses catastrophes sismiques a fait un peu oublier que 2011 a
aussi été une année de grandes inondations catastrophiques. Des chutes de pluie
­inhabituellement abondantes sur une durée dépassant parfois plusieurs mois ont causé
les pires inondations depuis des décennies.
Wolfgang Kron
Queensland, Australie : de fortes quantités de pluie
avaient déjà touché le pays en décembre 2010 ; peu
avant le Nouvel An, un nouvel épisode de fortes pluies
a sévi jusqu’à la mi-janvier. Il a généré plusieurs crues
éclair dont la plus importante, survenue le 10 janvier
dans la petite ville de Toowoomba, a coûté la vie à
22 personnes ; très rapidement, les réservoirs d’eau
se sont remplis et les cours d’eau ont grossi. Comme
lors des inondations de 1974, Brisbane, métropole de
2 millions d’habitants, a été envahie par une vague
géante provenant du fleuve Brisbane. L’ensemble du
quartier commercial du centre-ville a été inondé et le
niveau de l’eau a atteint plusieurs mètres. Les secouristes, les habitants et les propriétaires de magasins
ont lutté durant presque 2 semaines contre les flots.
Au final, les événements survenus entre décembre et
janvier ont occasionné des dégâts s’élevant au total à
quelque 7,3 milliards de $US, dont un tiers (2,4 milliards de $US) était assuré. À peine venait-on de sortir
du pire que, dans l’océan Pacifique, Yasi, un cyclone
de catégorie 4, mettait le cap sur le Queensland. Mais
cette fois-ci, les habitants ont eu la vie sauve : la
­tempête a touché terre à quelques centaines de kilomètres au nord de la ville et déversé de fortes pluies
sur des zones en grande partie inhabitées. Elle n’en a
pas moins causé des dégâts d’un montant de 2,5 milliards de $US, dont 1,3 milliard était assuré.
Même si, contrairement à ce qui a souvent été annoncé
dans la presse, il n’est pas vrai que les eaux aient
recouvert un territoire de la taille de la France et de
l’Allemagne réunies (en réalité, les inondations sont
survenues isolément sur une superficie comparable),
l’ampleur des inondations a tout de même été exceptionnelle. Par contre, les pluies extrêmement abondantes qui sont tombées durant plusieurs semaines
n’étaient pas surprenantes. On pouvait en effet escompter en Australie une saison des pluies particulièrement intense en raison du phénomène climatique La
Niña. À cela est venu s’ajouter le fait que les eaux du
Pacifique occidental, au large de l’Australie, ont connu
de fin 2010 à début 2011 un réchauffement encore
26
MUNICH RE Topics Geo 2011
inégalé, ce qui a favorisé une forte évaporation et, par
suite, une teneur en eau élevée dans les masses d’air
progressant en direction des terres.
États-Unis : en mai et juin 2011, la crue du Mississippi
et de plusieurs de ses principaux affluents a provoqué
les pires inondations que le pays ait connues depuis
des décennies. Les dégâts causés ont été assez
graves, mais, compte tenu de l’ampleur de l’événement, ils sont tout de même restés limités, représentant un montant inférieur à 10 milliards de $US. Cette
limitation des dégâts s’explique entre autres par la
précoce mise en place, aux États-Unis, d’un programme de gestion des crues nettement plus performant que la plupart de ceux qui sont appliqués dans
les autres pays. Ainsi, au début de l’été 2011, grâce à
l’application ciblée des dispositifs d’urgence, ce ne
sont pas, comme dans d’autres pays, de vastes
La crue de la rivière Brisbane a submergé des
quartiers entiers de la ville.
PORTRAITS DE CATASTROPHES
régions qui ont été inondées de façon incontrôlée,
mais des zones à faible concentration de valeurs. Vous
trouverez une description détaillée de la crue du Mississippi dans notre brochure Schadenspiegel 2/2011
(www.munichre.com/publications/302-07077_fr.pdf).
Thaïlande
La large vallée du fleuve Chao Phraya qui traverse la
Thaïlande du nord au sud forme la plaine centrale,
cœur du pays, et est considérée comme la zone agricole la plus productive du royaume. Peu avant de se
jeter dans le golfe de Thaïlande, le fleuve traverse
Bangkok, une métropole de 7 millions d’habitants,
auxquels s’ajoutent 5 millions de personnes vivant
dans la périphérie. C’est essentiellement dans cette
plaine, où est généré 40 % du produit national brut,
que sont survenues les inondations catastrophiques
de 2011, bien que d’autres parties du pays ainsi que le
Cambodge, le Laos et le Viêt Nam aient aussi été
sévèrement touchés.
Plusieurs mois de pluie
Dans le centre de la Thaïlande, la saison des pluies
s’étend de mai à octobre. La mousson du sud-ouest
apporte de l’air humide et chaud qui donne naissance à
des pluies, au plus tard lorsqu’il atteint la pente des
montagnes. Ainsi, lors d’une année moyenne, les précipitations peuvent atteindre de 1 000 à 1 300 mm (soit
au moins 80 % de la quantité annuelle). En 2011, le
phénomène climatique La Niña a exercé une influence
importante, la mousson étant particulièrement intense
durant cette phase. L’Asie du Sud et du Sud-Est a été
frappée par des chutes de pluie réitérées.
Le nord de la Thaïlande avait déjà reçu en mars
3,5 fois plus de précipitations que la normale, ce qui
en montagne a provoqué de nombreuses crues éclair
et a fait largement monter le niveau d’eau dans les
barrages de Bhumipol et Sirikit. En mai a commencé
la mousson d’été avec des chutes de pluie supérieures
à la moyenne durant plusieurs mois.
Des inondations plus importantes sont survenues
lorsque, fin juillet, le typhon Nock-Ten a touché terre
au nord du Viêt Nam, déversant d’énormes quantité
de pluie sur l’ensemble de la région, jusqu’au nord de
la Thaïlande. De nouveau, des crues éclair se sont produites un peu partout. Au cours des 2 mois suivants,
les inondations ont progressé du nord au sud, de plus,
les vannes des 2 grands barrages ont dû être ouvertes
toujours plus grand pour qu’il n’y ait pas de débordement. Mais du même coup, ces derniers perdaient largement leur fonction de barrières anti-inondations.
De grandes quantités d’eau en provenance du nord de
la Thaïlande sont descendues vers le Chao Phraya. À
la mi-septembre, du centre de la Thaïlande jusqu’à la
limite Nord de Bangkok, pratiquement toutes les zones
situées en plaine étaient touchées par les inondations.
Plusieurs barrages anti-crues aux embranchements
des canaux de dérivation ont cédé ou ont été ouverts ;
les masses d’eau ont inondé rizières, villages et villes.
La ville de Nakhon Sawan, située au confluent des
rivières Yom et Ping, affluents du Chao Phraya a rapidement été submergée par les flots. Ayutthaya, ville
historique avec ses merveilleux temples a, elle aussi,
été victime des inondations, tout comme un grand
nombre de parcs industriels. Cependant ces débordements ont été bénéfiques pour Bangkok, car ils ont
permis d’atténuer l’onde de crue.
Excédent de précipitations
en mm
+200
0
–200
Mars-avril
Mai-juin
Durant chacune des périodes de 2 mois, de
mars à octobre, il est tombé au nord de la
Thaïlande nettement plus de pluie que dans la
moyenne bimensuelle. L’excédent a parfois
atteint jusqu’à 1 000 mm.
Juillet–août
Septembre-octobre
Source : Munich Re d’après les données du
Thai Meteorological Departement, analysées
par M. Saman Prakarnrat.
MUNICH RE Topics Geo 2011
27
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Début octobre, tous les barrages étaient tellement
pleins que les exploitants ont dû, par mesure de protection, ouvrir les vannes pour l’évacuation d’énormes
quantités d’eau, ce qui a provoqué une aggravation des
inondations en aval du fleuve. Cela a aussi augmenté le
risque pour Bangkok et les parcs industriels dans la
plaine du Chao Phraya. Des barrières de sacs de sable
ont été mises en place, réparées et surélevées. Cependant, 32 des 50 districts de la ville ont été inondés et
2 millions de personnes ont été obligées de quitter
leurs habitations. Toutefois, le centre-ville avec son
quartier commerçant a été épargné par les eaux.
Début novembre, l’eau s’est retirée peu à peu à partir du
nord du pays. La vallée du Chao Phraya n’a pas beaucoup de pentes et dans plusieurs zones, l’eau a même
dû être évacuée à l’aide de pompes. Ce n’est qu’en fin
d’année que les eaux ont partout fini de se retirer.
Les inondations n’ont pas touché que la région du Chao
Phraya. Les hommes ont lutté contre les flots, souvent
en vain, dans 64 des 76 provinces de la Thaïlande. Cela
a été également le cas à l’est du pays, sur le plateau de
Korat, qui ne présente heureusement pas de grosses
concentrations de valeurs et où, de ce fait, les pertes
financières sont restées moindres. Les conséquences
humaines ont toutefois été au moins aussi graves que
dans le centre de la Thaïlande.
Le préjudice total s’est élevé à environ 40 milliards
de $US.
Les inondations ont été les pires que la Thaïlande ait
connues depuis un demi-siècle. Cependant, ce n’est pas
l’ampleur des zones inondées qui a été le plus impres-
28
MUNICH RE Topics Geo 2011
sionnant, mais l’importance des dommages (préjudice
total : quelque 40 milliards de $US) causés par les
inondations. La Thaïlande s’est développée extrêmement rapidement au cours de ces 30 dernières années.
Avec l’accroissement de la population (1980 : 46,5 millions d’habitants ; 2010 : 68 millions d’habitants) et
­l’essor économique, la Thaïlande a vu surgir de son sol
d’immenses surfaces urbanisées, et surtout des zones
commerciales et industrielles représentant des con­
centrations de valeurs se chiffrant en milliards. L’infra­
structure en matière de transport et d’approvisionnement a été énormément améliorée, surtout dans
l’agglomération de Bangkok. Le pays était en plein
boom ; le risque d’inondation est passé au second plan
et a été généralement sous-estimé, alors que parallèlement, il s’aggravait, car de vastes superficies servant
autrefois de tampons contre les vagues de crues disparaissaient.
C’est ainsi que les grandes zones d’activité industrielle
sont devenues des générateurs de sinistres. Sept de ces
parcs industriels comprenant un millier de halles de
production et où travaillaient près de 500 000 personnes ont subi des inondations atteignant plusieurs
mètres de hauteur. Les dommages matériels ont été
énormes, la production a été stoppée, les chaînes de
livraison et d’approvisionnement ont été interrompues
en partie durant plusieurs semaines, ce qui a finalement eu des conséquences à l’échelle mondiale. Les
branches industrielles les plus touchées ont été celles
du secteur électronique, informatique et automobile
ainsi que les fabricants d’appareils médicaux et de produits alimentaires. Neuf constructeurs automobiles
japonais ont suspendu leur production : ainsi, par jour,
6 000 véhicules de moins sont sortis des usines.
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Diverses entreprises opérant ­globalement ont particulièrement souffert de la pénurie de livraisons
thaïlandaises. Ainsi, la fermeture d’usines de production de disques durs a eu un impact sur le marché mondial. Un quart de la production totale de disques durs
(HDD) vient de Thaïlande. Il y a donc eu des goulots
d’étranglement et des augmentations de prix.
En dehors des parcs industriels, un très grand nombre
d’usines ont aussi subi des dégâts : d’après les estimations, 10 000 à 15 000 exploitations ont été touchées
dans 20 provinces thaïlandaises ; ne serait-ce que dans
la zone de Ayutthaya, au moins 900 des 2 150 usines
ont été sinistrées. Il est probable que 300 000 personnes seront au chômage de façon permanente et
700 000 autres de façon provisoire.
les inondations et 2 millions ont dû abandonner leur
logement.
Le secteur agricole et le secteur de l’élevage ont
été très sévèrement touchés. 1,6 million d’hectares
de terres agricoles, dont 1,35 million d’hectares de
rizières, plus de 10 % de la surface exploitable, ont
été inondés et détruits ou endommagés. Un quart
de la récolte à été détruit. Près de 10 millions de têtes
de bétail étaient menacées ou ont dû être évacuées, un
grand nombre d’entre elles ont été tuées.
Selon les évaluations de l’Autorité du tourisme, le
­secteur touristique a enregistré des pertes représentant au moins 2 milliards de $US, en raison d’un désistement estimé à 300 000 touristes.
Les inondations ont ravagé plusieurs centaines de milliers d’habitations ainsi que d’innombrables installations et conduites d’approvisionnement, écoles et universités, dont le réputé Asian Institute of Technology
(AIT) et la Thammasat University. Cette dernière, qui
servait de principal centre d’accueil pour les sinistrés
a elle-même dû être évacuée. Plusieurs hôpitaux ont
été évacués. Rues et voies ferroviaires sont devenues
impraticables parce qu’elles ont été submergées ou
parfois aussi du fait que de nombreux automobilistes
conduisaient leur véhicule sur des voies surélevées et
les bloquaient. Les dégâts subis par les routes et les
autoroutes totalisent environ un demi-milliard de dollars. Bangkok avait de la chance dans la malchance, car
2 systèmes de transport très utilisés, le métro souterrain et le métro aérien, n’ont pas subi de gros dégâts.
L’aéroport international n’a pratiquement pas été touché ; l’aéroport national, par contre, a été totalement
envahi par les eaux et a dû être fermé. La circulation à
Bangkok a tout de même été sérieusement perturbée.
Le niveau de l’eau a atteint au moins 80 cm dans plus
de 30 districts de la ville. 800 000 personnes vivent ici.
Densité d’assurance faible – haut potentiel de
­croissance
Durant toute la période des crues, de juillet à novembre,
plus de 13 millions de personnes ont été affectées par
Après le séisme de Tohoku au Japon, les inondations
en Thaïlande ont fait apparaître une fois de plus la
Jamais jusqu’ici une inondation fluviale n’a généré
des dommages assurés aussi élevés (dernier record :
Grande-Bretagne, 2007, avec 6 milliards de $US), et ce,
dans un pays où la densité d’assurance n’est pas élevée.
Les estimations (situation en février 2012) prévoient un
montant supérieur à 10 milliards de $US.
Près de 90 % de tous les dommages assurés ont frappé
les affaires industrielles, la majeure partie étant constituée par 7 parcs industriels totalement recouverts par les
eaux. Les valeurs y représentaient près de 20 milliards
de $US. Les taux de sinistres se situaient autour de 50 %,
ce qui est très élevé pour une inondation fluviale. À cela
sont venues s’ajouter des pertes d’exploitation (arrêts
de production dus à l’inondation des sites de production) et des carences de fournisseurs (suite à l’interruption des chaînes de livraison et des voies de communication), qu’il est toutefois très difficile de quantifier, car
elles se sont produites dans le monde entier.
À gauche : de nombreux sites historiques,
comme ce temple au nord de Bangkok, ont
été cernés par les eaux.
À droite : pour beaucoup d’automobilistes,
la dernière ressource était d’utiliser les
voies express surélevées. Cela a toutefois
provoqué des embouteillages sur les axes
de communication.
MUNICH RE Topics Geo 2011
29
PORTRAITS DE CATASTROPHES
­ roblématique des grosses polices Pertes d’exploitation.
p
Les quatre cinquième des dommages industriels ont
frappé des firmes japonaises qui avaient déjà été touchées lors du séisme de Tohoku et avaient, de ce fait,
transféré leur production en Thaïlande.
Malgré de grosses pertes, les réassureurs vont continuer
à garantir les risques industriels en Thaïlande, à condition que le gouvernement et les exploitants de parcs
industriels prennent des mesures intensives et durables
pour qu’à l’avenir les sites soient mieux protégés.
D’après les informations de l’Agence générale d’assurance, la densité d’assurance en Thaïlande dans le secteur privé ne dépasse pas 1 %. Les propriétaires fonciers
qui souscrivent un prêt doivent s’engager auprès de leur
banque à s’assurer contre le risque d’incendie, mais pas
contre le risque d’inondation. En conséquence, seulement 10 % de ces personnes ont une protection contre
le risque d’inondation moyennant une majoration de
prime de 25 % sur leur couverture Incendie. Selon les
estimations de l’Office thaïlandais de la Commission de
l’assurance, les dommages assurés sur un million de
maisons abîmées ou détruites (150 000 dans l’agglomération de Bangkok) ont atteint « seulement » un
demi-milliard de $US.
Les investisseurs étrangers comptent sur une assurance adéquate et abordable des risques industriels en
Thaï­lande. En même temps, la Thaïlande a besoin que
les groupes internationaux maintiennent leurs sites de
production dans le pays. Le gouvernement doit donc
veiller à ce que de plus amples mesures de prévention
et de protection contre les crues soient appliquées
pour que ce genre de sinistres ne se reproduise pas. Il
serait par exemple question de protéger les centres de
concentration de valeurs en déviant les eaux du Chao
Phraya à l’ouest et à l’est, au niveau du cours inférieur
du fleuve grâce à l’aménagement de cours d’eau et de
canaux existants. La protection des parcs industriels
s’avère onéreuse ; ne serait-ce que les mesures de protection du parc Rojana à Ayutthaya sont estimées à
400 millions de $US.
Devant l’ampleur des dommages assurés en Thaïlande,
il est indispensable que le secteur assurantiel réagisse.
Il y aurait lieu d’examiner le contrôle des cumuls et les
conditions d’assurabilité, et de vérifier si les taux sont
adéquats. Particularité de cet événement : bien que le
pays soit dans l’ensemble peu développé, un grand
nombre de valeurs assurées élevées ont été endommagées. Ici, l’interconnexion globale et, en conséquence,
les carences de fournisseurs aux 4 coins du monde ont
joué un rôle particulièrement important.
Le parc industriel Rojana près d’Ayutthaya
a été complètement noyé par les eaux et
­l’ensemble de la production a été interrompu
durant plusieurs semaines.
30
MUNICH RE Topics Geo 2011
Bilan des dommages
Morts
Personnes évacuées
813
2 000 000
Montant total des dommages 40 milliards de $US
Dommages assurés 10 milliards de $US
Maisons détruites ou endommagées Terres cultivées inondées 1 million
1,6 million d’hectares
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Conclusion
Nan
Ping
Parmi les 27 000 personnes qui ont trouvé la mort dans
les catastrophes naturelles survenues en 2011, 95 % ont
été tuées par l’action de l’eau, que ce soit à la suite de
tsunamis, d’inondations ou de crues éclair. Aux Philippines, peu avant la fin de l’année, plus d’un millier de
personnes, surprises dans leur sommeil, ont péri dans
des flots de boue qui ont englouti leurs habitations.
Nakhon Sawan
La plus grande inondation catastrophique de ces dernières décennies en Thaïlande a touché le pays de plein
fouet et a probablement freiné son développement économique fulgurant. Malgré les prestations d’assurance,
un grand nombre d’entreprises ont perdu beaucoup
d’argent dans ce pays de production considéré comme
« sûr ». Un retrait de ces firmes porterait énormément
préjudice à la Thaïlande. Le pays a beaucoup investi
dans la protection contre les inondations, surtout à
Bangkok. Eu égard aux investissements futurs indispensables pour la protection contre les crues, Il y a lieu
de reconsidérer cette focalisation sur la capitale.
Chao Phraya
Tha Chin
Bangkok
7
R
égions
­inondées
6
Ayutthaya
5
3
2
4
Parcs industriels
touchés
1 Bang Kadi
2Nava Nakorn
3Bang Pa-In
4Wang Noi
5Hi Tech
6Rojana
7Saha Rattana
Nakorn
1
D’immenses étendues le long du Chao Phraya
ont été submergées par les flots. Les inondations ont aussi frappé 7 parcs industriels. C’est
là que la catastrophe a généré la plupart des
dommages assurés.
Source : Munich Re selon les données de NASA
NRT Experimental Flood Maps.
Il est nécessaire de prévoir des normes plus rigides en
matière d’occupation des sols et de les faire respecter.
Leur application ne freinerait pas l’évolution du pays,
bien au contraire. En effet, pour les investisseurs, la
sécurité de planification est un critère primordiale. Cet
événement catastrophique a privé plusieurs entreprises
d’une partie de leur rendement. S’il souhaite continuer
à offrir aux entreprises internationales des sites attractifs, le pays doit prévoir un niveau de protection plus
élevé contre ce genre de pertes, que ce soit grâce à un
renforcement des mesures de protection contre les
crues ou, ce qui serait préférable et plus efficace, par un
plan d’aménagement des sols bien structuré.
Il est en outre important d’augmenter la densité d’assurance dans les secteurs privé et commercial. C’est dans
cette perspective qu’il a été proposé entre-temps de
fonder un pool d’assurance avec un volume de 500 milliards de bahts (environ 17 milliards de $US). Population, branche économique et secteur assurantiel en
profiteront à part égale. Une densité d’assurance plus
élevée permet en effet de déterminer les risques de
façon plus fiable et de les répartir sur plusieurs épaules.
NOTRE EXPERT :
Dr.-Ing. Wolfgang Kron, chef de
recherche Risques hydrologiques
dans le secteur Recherche en géorisques/Centre Entreprise Sciences
du Climat. Il est responsable de tout
ce qui a trait au domaine des « catastrophes naturelles liées à l’eau ».
[email protected]
MUNICH RE Topics Geo 2011
31
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Printemps 2011 :
de fortes tempêtes se sont abattues sur
les États-Unis
Sur la côte est des États-Unis, une saison de tempêtes extrêmement active a causé des
sinistres d’une ampleur sans précédent. De nombreuses éruptions de tornades ont
dévasté des villes entières ; le montant des dommages assurés de l’année causés par les
intempéries se chiffre à plus de 25 milliards $US et le nombre de morts (600) n’avait pas
été aussi élevé depuis 1925.
Mark Bove
Bien que de nombreux facteurs climatologiques et
météorologiques aient contribué à la survenance de
fortes tempêtes et de violentes éruptions de tornades
en 2011, les conditions climatiques marquées causées
par le phénomène La Niña comptent parmi les facteurs
les plus importants (voir également sur ce point l’article
d’Eberhard Faust, à partir de la page 40). Le phénomène La Niña est un refroidissement anormal de la
température des eaux superficielles du Pacifique estéquatorial, causé par les conditions atmosphériques
dans la moitié est des États-Unis, qui favorisent la formation de violentes tempêtes orageuses et de tornades.
En effet, La Niña renforce le courant-jet polaire audessus de l’Amérique du Nord, ce qui alimente ensuite
les tempêtes extra-tropicales se déplaçant du Pacifique
et du Canada jusqu’aux États-Unis. Un tel phénomène,
combiné aux forts gradients de température et courants aériens accompagnant de tels systèmes frontaux, peut augmenter le risque de survenance de tempêtes orageuses et des dangers qui y sont liés.
La saison des tempêtes de 2011 a battu plusieurs
records. Bien que le nombre total de tornades en 2011
n’ait pas dépassé le record atteint en 2004 avec 1 817
tornades, ce printemps a vraisemblablement connu la
saison des tornades la plus active de l’histoire. En
effet, au cours de l’été 2004, les ouragans ayant touché terre avaient déclenché plusieurs centaines de
tornades. En avril 2011, on a pu en dénombrer 748, un
nombre record ; avec 226 tornades répertoriées le
27 avril, cette journée est devenue la journée où s’est
produit le plus grand nombre de tornades de l’histoire
des États-Unis. En 2011, avec 6 tornades de niveau
EF5, le record de 1974 a été atteint. Cette saison des
tornades a été également la plus meurtrière depuis
plus de 85 ans aux États-Unis : en tout, 551 personnes
sont décédées, parmi lesquelles 318 au cours de la
seule journée du 27 avril.
La saison des tornades printanière la plus active
de l’histoire
Deux violentes éruptions orageuses sont à l’origine de
plus de la moitié des dommages assurés survenus en
2011. Le premier phénomène climatique, appelé
« Super Outbreak 2011 », a été causé par une forte
tempête extra-tropicale qui s’était formée au sud des
Grandes Plaines avant de se déplacer vers l’est, du 25
au 27 avril, au-dessus de la vallée du fleuve Ohio. Au
cours de ces 3 jours, le système a engendré des centaines de tornades qui se sont déplacées de la partie
sud-est des États du sud jusqu’à la côte est des ÉtatsUnis. En tout, le phénomène a déclenché 353 tornades et des milliers de tempêtes orageuses et de
tempêtes de grêle dans 22 États américains.
L’effet amplificateur de La Niña concernant les orages
violents peut être avant tout observé au cours des derniers mois d’hiver ainsi qu’au printemps et il est particulièrement prononcé dans la partie sud-est des États
du sud et dans le Midwest des États-Unis, de la Louisiane et du Mississipi jusque dans l’Ohio et le Michigan
au nord. À l’intérieur de cette vaste région, le risque de
survenance de violentes éruptions de tornades est plus
élevé ; les tornades y sont par ailleurs plus fréquemment dévastatrices et ont de longues trajectoires.
Cette région a également été touchée par le « Super
Outbreak », la violente éruption de tornades de 1974
au cours d’une année La Niña, ainsi que par plusieurs
éruptions importantes en 2011. En revanche, dans
d’autres régions des États-Unis, et notamment dans
la région des Grandes Plaines, également appelée
l’« allée des tornades », on observe normalement
aucune multiplication particulière des tornades au
cours d’une année La Niña.
32
MUNICH RE Topics Geo 2011
Des milliers de tempêtes de grêle et de tempêtes
orageuses
Cette éruption a particulièrement touché le nord de
l’Alabama, où 3 tornades de catégorie EF5 ont quasiment rayé de la carte les petites villes d’Hackleburg,
de Shottsville et de Rainsville et coûté la vie à 120
­personnes. La ville de Tuscaloosa ainsi que plusieurs
banlieues de Birmingham, la plus grande ville de l’Alabama, ont été elles aussi dévastées par une tornade
qui a été en contact avec la terre sur plus de 110 kilo-
PORTRAITS DE CATASTROPHES
Le 27 avril, certaines zones de
Prattville, en Alabama, ont été
réduites à néant par le « Super
Outbreak ».
mètres (70 miles) et atteint une largeur maximale de
2,4 km (1,5 mile). Plus de 60 personnes sont décédées
au cours de cette tornade de catégorie EF4, laquelle,
parmi tous les phénomènes provoqués par l’éruption,
a causé les dommages assurés les plus élevés. En fin
de compte, le « Super Outbreak » de 2011 a engendré
les plus importants dommages assurés (en valeurs
originales) ayant jamais été causés par un système
orageux ; leur montant est estimé à 7,3 milliards
de $US.
Au cours des 3 premières semaines qui ont suivi le
« Super Outbreak », la situation a été tout d’abord
relativement calme jusqu’à la survenance, à la fin du
mois de mai, du deuxième plus important sinistre
causé par un orage de 2011. Une série de dépressions
avaient produit plusieurs vagues de fortes tempêtes
orageuses qui se sont propagées du Texas jusqu’aux
États du centre atlantique. Cette éruption a déclenché
au moins 180 tornades, dont 2 de catégorie EF5. Les
tempêtes ont causé des dommages assurés à hauteur
de 6,9 milliards de $US et ont coûté la vie à au moins
178 personnes.
Dommages matériels assurés causés par de violents orages aux États-Unis
en milliards de $US entre 1980 et 2011
Dommages causés par de violents orages (à la valeur de 2011)
Moyenne mobile sur 5 ans
25
La charge financière engendrée par
les violents orages aux États-Unis
pour les assureurs a continuellement
augmenté depuis 1980 pour atteindre
un nouveau niveau record en 2011.
20
15
10
5
0
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
MUNICH RE Topics Geo 2011
33
PORTRAITS DE CATASTROPHES
La tornade qui a ravagé Joplin, dans l’État du Missouri,
a été, à elle seule, à l’origine d’une grande partie des
dommages assurés et causé un grand nombre de
décès. La tempête, qui s’est formée près de la frontière avec le Texas, s’est rapidement intensifiée tandis
qu’elle se déplaçait vers l’est, au-dessus de la moitié
sud densément peuplée de Joplin, et a atteint jusqu’à
1,6 km (1 mile) de largeur ainsi qu’une intensité EF5.
Bien que le centre-ville de Joplin ait été épargné, on
estime que 2 000 bâtiments ont été détruits par la
tornade, soit environ 15 % des bâtiments de la ville.
Les maisons et les commerces étaient en ruines. Le
St. John’s Regional Medical Center, un important
centre de soins médicaux pour la ville et le sud-ouest
du Missouri, a également été fortement endommagé.
Il a finalement été déclaré hors service, son fonctionnement n’étant plus sûr, et sa démolition est désormais prévue. La violente tempête Joplin, sur la
­trajectoire de laquelle se trouvait une grande ville, a
provoqué des dommages dont le montant total est
estimé à plus de 3 milliards de US$ et causé la mort
de 158 personnes ; elle compte ainsi parmi les tornades les plus meurtrières et les plus coûteuses de
l’histoire des États-Unis.
Tendance à une augmentation des dommages
Actuellement, le montant des dommages assurés
causés par les phénomènes orageux ayant touché les
États-Unis en 2011 est estimé à 25,9 milliards de $US.
Cette somme représente plus du double du montant
record atteint en 2010. Bien que les dommages survenus en 2011 aient un caractère exceptionnel, en raison
de la violence des systèmes orageux et des dégâts
matériels considérables subies par 2 grandes villes,
ces éruptions soulignent de manière dramatique la
poursuite de la tendance à l’augmentation des dommages assurés causés par des orages, que l’on observe
depuis ces 30 dernières années. À l’heure actuelle
(2007–2011), la moyenne annuelle sur 5 ans du montant des dommages causés par des orages est de 12
milliards de $US, un montant record qui correspond à
une augmentation de 3 milliards de $US par rapport à
la précédente période de 5 ans. Le montant des pertes
annuelles moyennes actuelles dépasse ainsi de près
de 6 milliards de US$ le montant qu’elles atteignaient
il y a encore 10 ans et est environ 10 fois plus élevé
que le montant moyen des pertes subies au cours des
années 1980–1984. Les 9 dernières années ont connu
les 6 années au cours desquelles les coûts ont été les
plus élevés, avec des dommages assurés causés par
des orages se montant, pour chacune d’entre elles, à
plus de 8 milliards de $US. De la même manière, la
fréquence des dommages causés par des orages et se
chiffrant en milliards de dollars a augmenté : l’année
2011, tout comme l’année 2010, a connu de tels dommages par 3 fois. Depuis 1994, on dénombre en tout
24 phénomènes orageux ayant causé des dommages se
chiffrant en milliards ; auparavant, seul un phénomène
avait provoqué des dommages d’une telle ampleur.
L’augmentation des dommages causés par des orages
aux États-Unis est principalement due à des facteurs
socio-économiques. Au cours des 50 dernières
années, la population américaine s’est déplacée vers
le sud des États-Unis, dans des régions où les violentes tempêtes orageuses sont plus fréquentes. Les
villes se sont donc agrandies et les banlieues se sont
étendues à la périphérie ; de plus en plus de régions
concentrant de nombreuses valeurs patrimoniales
sont ainsi exposées aux tempêtes. En outre, cette
période est marquée par une augmentation considérable des valeurs ainsi que par un fort accroissement
des valeurs mobilières locales et des biens mobiles,
tels que, par exemple, les appareils électroniques qui
sont extrêmement sensibles à la foudre, ce qui augmente le potentiel de dommages dus aux orages.
Un dernier facteur non moins important est que les
règles de construction dans de nombreux États exposés aux orages ne suffisent pas à garantir la résistance des bâtiments contre des vents forts (tornades
ou autres phénomènes liés au vent) et contre la grêle.
Certains signes tendent à prouver que les changements climatiques au cours des prochaines décennies
joueront un rôle toujours plus important dans la survenance de dommages assurés causés par des orages.
En effet, une atmosphère plus chaude, contenant plus
d’humidité, est également plus susceptible de connaître
des mouvements convectifs et donc des orages.
Comme le montrent les études scientifiques, les
changements climatiques pourraient accroître le
Les 10 catastrophes naturelles les plus coûteuses pour le secteur de l’assurance aux États-Unis
Rang
Année
Date Événement
1
2005
25–30 août Ouragan Katrina
Dommages assurés en millions de $US (valeurs originales)
62 200
2
2008
12–14 sept. Ouragan Ike
18 500
3
1992
23–27 août Ouragan Andrew
17 000
4
1994
17 janv.
Séisme de Northridge
15 300
5
2005
20–24 sept.
Ouragan Rita
12 100
6
2004
12–21 sept.
Ouragan Ivan
12 000
10 700
7
2005
24 oct.
Ouragan Wilma
8
2004
13–14 août
Ouragan Charley
7 600
9
2011
22–28 avril
« Super Outbreak de 2011 » (violents orages, tornades)
7 300
10
2011
20–27 mai
Intempéries, tornades
6 900
34
MUNICH RE Topics Geo 2011
PORTRAITS DE CATASTROPHES
nombre de jours par an pendant lesquels les conditions
atmosphériques favorisent la survenance de fortes
tempêtes, dans tout l’est des États-Unis. De tels effets
se produisent déjà en partie, comme le montre un certain nombre de signes, tels que l’augmentation de la
fréquence des fortes chutes de grêle au cours des 35
dernières années ou bien également les conditions
météorologiques favorisant fortement la survenance
de violents orages que l’on observe de plus en plus
souvent depuis les années 1970 à l’est des Rocheuses.
Quelques mesures simples pour de grands effets
Si l’on considère les risques du point de vue individuel,
des techniques de construction adaptées constituent
un facteur décisif pour la réduction des dommages
causés par les orages. Les bâtiments devraient être
construits de telle sorte que les murs aient une ligne
de charge continue et des liaisons mur-toiture et toiture-fondations adéquates. Les portes extérieures
devraient s’ouvrir vers l’extérieur, les fenêtres devraient
être anti-chocs et les portes de garages renforcées.
Toutes ces mesures peuvent permettre de réduire fortement le potentiel des dommages causés par le vent,
en particulier en cas de fronts de rafales et de faibles
tornades. Des mesures additionnelles, telles que les
consolidations de toitures, peuvent également protéger
un bâtiment contre les dégâts causés par le vent. Les
dommages causés par la grêle, une forme beaucoup
plus fréquente de dommages causés par les orages,
peuvent être réduits relativement facilement par le
recours à du matériel de construction adapté, tel que
des toitures et des revêtements extérieurs anti-grêle.
Une implémentation générale de ces mesures permettrait à l’avenir de réduire considérablement les risques
de dégâts majeurs causés par des événements climatiques.
Au niveau des portefeuilles, on peut limiter les dommages potentiels causés par de violents systèmes
orageux en fixant un plafond pour les cumuls d’engagements à l’intérieur de petites zones et en assurant
des types de bâtiments différents. La surface touchée
par une tornade unique ou une chute de grêle est très
petite en soi, de sorte que la limitation des engagements souscrits à l’intérieur d’une certaine zone résidentielle, commerciale ou industrielle permet d’éviter
l’accumulation de dommages assez importants causés par un seul et même événement grave. Ce genre
de stratégie géographique peut, si elle est implémentée de manière uniforme et appliquée à tous les portefeuilles, contribuer à réduire le cumul des dommages
dus à des phénomènes climatiques de grande ampleur
touchant des centaines de zones dispersées. De la
même manière, la diversification des types de bâtiments ou le recours limité à certains types de bâtiments au sein d’une même zone géographique peut
réduire les dommages, puisque certaines catégories
de construction sont moins sensibles que d’autres aux
dommages causés par le vent ou par la grêle.
Conclusion
Les montants des dommages causés par des orages
n’ont jamais été aussi élevés qu’en 2011 ; au vu des
précédents records atteints en 2008 et 2010, rien ne
laissait prévoir de tels chiffres. Même en ne tenant
pas compte de l’année 2011 en raison du caractère
exceptionnel des dommages survenus, il ne semble
pas que la tendance à l’augmentation des dommages
causés par des orages faiblisse. Le facteur de loin le
plus important est l’exposition de plus en plus forte
aux phénomènes climatiques, mais les changements
climatiques peuvent également jouer un rôle.
Les dommages considérables survenus en 2011 soulignent l’importance de la gestion du risque aussi bien
au niveau des phénomènes isolés qu’au niveau global.
Les phénomènes orageux isolés présentent, en comparaison avec des ouragans ou des séismes isolés, un
risque plus faible, la hauteur du montant des dommages
assurés qu’ils provoquent n’étant pas comparable. En
raison de la fréquence de leur survenance, le montant
annuel total des dommages causés par les orages est
toutefois souvent plus élevé que le montant annuel
total des dommages causés par les ouragans ; ils jouent
un rôle important dans l’évolution des dommages causés par les catastrophes naturelles aux États-Unis. En
2008 comme en 2009, le montant des dommages
assurés causés par les orages a atteint 20 milliards de
$US ; il excède ainsi celui des dommages causés par les
ouragans (y compris Ike) au cours de la même période.
Depuis 1980, 6 ouragans et un séisme ont provoqué à
eux seuls des dommages assurés (en valeurs originales)
plus importants que ceux causés par le « Super Outbreak » de 2011 et la tempête ayant touché Joplin. Au
cours de la même période, le montant annuel des
dommages causés par les ouragans a dépassé dans
seulement 5 cas celui des dommages causés par les
orages. Le coût des dommages causés par les orages
est désormais comparable à celui des dommages causés au cours d’une saison des ouragans modérée ou violente. Ces constatations doivent être prises en compte
par les assureurs dans le cadre de la gestion du risque.
Notre expert :
Mark Bove, météorologue et expert en
modélisation des risques de catastrophes naturelles, essentiellement
pour l’Amérique du Nord. Il exerce ses
activités aux États-Unis pour Munich Re
dans le domaine des risques de cumul.
[email protected]
MUNICH RE Topics Geo 2011
35
CLIMAT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
Protection du climat :
décisions de nouveau
reportées
Cette année encore, le sommet international de Durban sur le climat a été marqué par des déclarations
d’intention globales, les engagements fermes ayant
été à nouveau reportés à plus tard. La clé d’une lutte
efficiente contre le réchauffement climatique : un
accord en petit comité des plus gros émetteurs.
Peter Höppe
Jamais les attentes d’un sommet sur le climat n’ont été
aussi faibles que celles exprimées avant la « 17e Conférence des Parties » (COP17) à Durban. Les grandes
déceptions du sommet du climat de Copenhague en
2009 et l’avancée relativement faible obtenue l’an
dernier à Cancún se sont encore fait ressentir ici. De
plus, d’autres problèmes tels que la crise de la dette
souveraine en Europe et aux États-Unis et la menace
d’une récession mondiale ont catalysé toute l’attention et ont ainsi relativisé la nécessité de trouver des
solutions rapides face au changement climatique.
Le point de départ des négociations était l’objectif,
déjà adopté à Copenhague et réaffirmé à Cancún, d’une
limitation du réchauffement de la planète à 2 °C. Les
négociations portant sur l’adaptation aux impacts
­inévitables du changement climatique avaient pour
objectif la mise en place d’un « Fonds vert pour le climat » afin de soutenir les pays en développement.
D’ici à 2020, ce dernier doit être alimenté en grande
partie par les pays industrialisés avec un apport
annuel planifié de 100 milliards de $US.
Mesures convenues pour les pays en développement
Dès la fin de la première semaine des négociations,
des décisions concrètes, passées inaperçues auprès
du grand public, ont été prises au sujet du programme
Le changement climatique n’entraîne pas seulement un surcroît d’inondations. Les périodes
de sécheresse vont également s’allonger et
causeront des problèmes aux usagers des voies
navigables et aux producteurs d’énergie.
MUNICH RE Topics Geo 2011
37
CLIMAT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
conclu à Cancún, « Pertes et dommages ». Ainsi, un
projet concret devra être élaboré jusqu’au sommet du
climat qui se tiendra en décembre 2012 au Qatar
(COP18) sur la stratégie à suivre face aux dommages
engendrés par le changement climatique dans les
pays en développement. L’indice de risque climatique,
présenté par Germanwatch à Durban et dont le calcul
se base sur des données du NatCatSERVICE de
Munich Re montre que les 10 pays les plus exposés au
changement climatique sont les pays en développement, avec à leur tête le Pakistan en 2010. À Durban, un
programme de travail a défini les nouvelles procédures
à suivre, en 2012, concernant le programme « Pertes
et dommages ». La réflexion sur la mise en place d’un
mécanisme international, comme la proposition par la
Munich Climate Insurance Initiative (MCII) d’un pool
global destiné aux dommages causés par des phénomènes météorologiques extrêmes, n’a pas fait l’unanimité. Les États-Unis s’opposent particulièrement à ce
genre d’initiatives qu’ils ne peuvent pas directement
influencer eux-mêmes. Trois domaines thématiques
doivent être traités en 2012 :
Une « feuille de route technique » est censée être
rédigée afin d’évaluer le degré de risque des pays en
développement face aux impacts attendus du changement climatique. Les principales parties prenantes
devraient toutes y être impliquées. La feuille de route
doit être présentée aux experts et déboucher sur un
projet de décision pour la COP18.
Quatre rencontres d’experts (trois régionales et une
pour les « petits États insulaires en développement »)
portant sur les outils possibles de gestion du risque,
dont aussi des concepts d’assurance, sont prévues.
Lors de ces réunions, la discussion ne devra pas seulement porter sur des solutions possibles de prévention et de garantie du risque, mais aussi sur la quantification des ressources nécessaires correspondantes.
Les délégations de la négociation et les organisations
compétentes ont jusqu’au 17 septembre 2012 pour
soumettre des propositions sur le rôle que doit jouer la
Convention-cadre des Nations unies sur les Changements climatiques (CCNUCC) afin d’aborder la gestion
du risque de dommages liés au changement climatique.
Ces propositions doivent elles-aussi être prises en
compte dans le projet de décision destiné à la COP18.
À Durban, une question est restée en suspens : celle
de l’apport et du contrôle d’ici à 2020 des fonds
nécessaires au « Fonds vert pour le climat » (FVC), à
partir duquel les dites mesures d’adaptation doivent
être financées. Certains pays, dont les États-Unis,
sont opposés à une administration centrale du fonds.
La majorité des délégations y est cependant favorable.
Le ministre de l’environnement allemand Norbert
­Rött­gen a proposé que l’Allemagne soit le site de cette
administration centrale. La Suisse et la Corée du Sud
ont également fait des offres similaires. Une décision
est attendue d’ici à la fin de l’année prochaine. D’ici là,
un secrétariat provisoire du FVC doit être aménagé à Bonn.
38
MUNICH RE Topics Geo 2011
Ce baobab a été le symbole de la 17e Conférence internationale sur le climat à Durban.
Dans l’esprit de la politique de protection du
climat, l’électricité des illuminations a été produite par des personnes invitées à pédaler.
On ignore encore de quelle manière la structure du
fonds doit être financée à partir de 2013. Pour la
période 2010–2012, les pays industrialisés avaient
mobilisé de façon décentralisée environ 10 milliards
de $US par an. À ce jour, il n’existe toujours pas
­d’engagements concrets pour la période post 2013.
À Durban, la question d’une taxation éventuelle du
trafic maritime en vue d’alimenter le FVC a également
été débattue, sachant qu’il contribue aujourd’hui à
environ 3 % des émissions mondiales de CO2. Un prix
de 25 $US par tonne de CO2 pourrait rapporter une
recette de 25 milliards de $US et alimenter ainsi en
partie le FVC. Toutefois, étant donné que certaines
délégations restent fondamentalement opposées aux
taxes sur les émissions du trafic maritime, aucun accord
n’a pu être conclu à cet effet.
Peu d’engagement en faveur de réductions d’émissions rapides, contraignantes
Les négociations visant à la réduction des émissions de
gaz à effet de serre n’ont finalement pas été moins
informelles que les mesures d’adaptation au changement climatique. Ici, le paradoxe perdure encore, entre
d’une part, un réel consensus sur la volonté de limiter le
réchauffement de la planète à 2 °C (certaines délégations ont même exigé de réduire cet objectif à 1,5 °C), et
CLIMAT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
d’autre part, le manque constant de volonté du plus
grand nombre pour prendre rapidement des engagements de réduction juridiquement contraignants, en
vue d’atteindre cet objectif. Comme lors des sommets
climatiques précédents, on s’est encore tenu à des
déclarations d’intention et les mesures concrètes ont
été reportées à un avenir plus lointain.
Certes, il a été convenu qu’un accord international
englobant tous les grands pays émetteurs serait négocié d’ici à 2015, mais son entrée en vigueur ne se fera
qu’en 2020. Les engagements de plein gré et sans
obligation de réduction des émissions de gaz à effet
de serre, pris à Copenhague, sont bien insuffisants
pour atteindre le seuil des 2 degrés. Le pacte sur l’élaboration d’un accord juridiquement contraignant dès
2020 n’aurait pas été possible sans la conduite ambitieuse des négociations menée par la coalition de la
délégation de l’UE avec les petits États insulaires et
les pays en développement, et sans également l’ouverture de la Chine en faveur d’une solution contraignante. C’est au moment où les négociations se sont
enlisées que la Chine a donné, pour la première fois,
un accord de principe sur les objectifs de réduction
dès 2020, tout en ajoutant certaines conditions, par
exemple une prolongation du protocole de Kyoto et la
prise en compte des émissions historiques de gaz à
effet de serre. L’attitude rigide des États-Unis face à
des engagements de réduction contraignants et le
refus corrélatif de l’Inde de faire des concessions ont
extrêmement compliqué les négociations.
La volonté de négocier un pacte international juridiquement contraignant de réduction des émissions de
gaz à effet de serre d’ici à 2015 est un résultat qui va
bien au delà de ce qui était escompté de la conférence
de Durban au préalable ; toutefois, il ne s’agit pour
l’heure que d’une déclaration d’intention.
Accord en petit comité – la condition préalable à une
protection efficace du climat
À vrai dire, il est fort peu probable que les grands pays
émetteurs soient réellement prêts à des réductions
effectives. Il a certes été convenu de prolonger le protocole de Kyoto après 2012, mais les émissions de
CO 2 ainsi couvertes ne représentent que 15 % des
émissions mondiales. De plus, le Canada a annoncé
son retrait du protocole de Kyoto en vigueur quelques
jours seulement après le sommet du climat à Durban.
Le Canada est loin d’avoir atteint ses objectifs et se
soustrait ainsi au versement de lourdes indemnités
compensatoires. De même, le Japon et la Russie – ils
sont au 4e et 5e rang des pays les plus fortement
émetteurs de CO2 – avaient déclaré déjà avant Durban,
au cours d’une deuxième phase du protocole de Kyoto,
ne plus vouloir en faire partie.
international et la prise en compte des besoins des pays
principalement affectés par les impacts du changement climatique. Toutefois, pour parvenir à cet objectif, il serait plus approprié d’organiser tout d’abord des
rencontres en plus petit comité des principaux pays
émetteurs de gaz à effet de serre.
La clé d’une protection du climat efficace réside dans
une entente des 6 plus grands émetteurs : la Chine,
les États-Unis, l’UE, l’Inde, la Russie et le Japon, qui
produisent 75 % des émissions mondiales de CO2.
Des propositions concrètes pourraient être élaborées
entre eux et soumises ensuite à discussion lors des
sommets climatiques.
Les résultats actuels des négociations ne répondent
pas au risque humain d’un changement climatique,
puisque la protection du climat n’autorise aucun report
de décisions. Les défenseurs d’un objectif de 2 degrés
doivent en conséquence être prêts à adopter des
objectifs concrets de réduction d’émissions de gaz à
effet de serre. Mais cette suite logique se fait malheureusement toujours attendre.
Une petite lueur d’espoir en marge du sommet
Déjà avant Durban, Munich Re a demandé de poursuivre, parallèlement aux négociations internationales,
un plan B de protection du climat. Ce dernier prévoit
de développer les énergies renouvelables respectueuses des enjeux climatiques avec pour objectif de
les rendre également compétitives sur le plan économique à moyen terme vis-à-vis des combustibles fossiles. En l’occurrence, certaines régions pourraient
jouer un rôle pionnier. Une avancée très positive a été
réalisée à cet effet en marge du sommet. Les gouvernements d’Afrique du Sud, d’Allemagne, du Royaume-Uni,
de Norvège, de Suisse, ainsi que la Banque d’investissement européenne ont signé un accord de coopération dans le cadre de l’« Initiative de l’énergie renouvelable sud-africaine » (SARi). L’expansion massive des
énergies renouvelables doit débuter en l’espace de
quelques années en Afrique du Sud.
NOTRE EXPERT :
Prof. Dr. Dr. Peter Höppe, chef du département Recherche en
­géorisques/Centre Entreprise
Sciences du Climat.
[email protected]
Les sommets climatiques internationaux organisés
sous la coupe de la CCNUCC sont devenus de plus en
plus complexes au fil du temps, ce qui rend les négociations difficiles. Il faut reconnaître que les sommets
sur le climat constituent un forum de premier choix
pour la conclusion d’accords contraignants de droit
MUNICH RE Topics Geo 2011
39
CLIMAT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
Chiffres, faits et contexte
Les effets de La Niña sur les conditions climatiques, de janvier à mai puis d’août
à décembre, ont été la cause essentielle des nombreux dommages engendrés
par des phénomènes météorologiques extrêmes au cours de l’année 2011.
Eberhard Faust
Selon les indications provisoires de l’Organisation
météorologique mondiale (OMM), l’année 2011 devrait
être la dixième année la plus chaude depuis 1850,
date des premiers relevés. L’écart de température est
de +0,41 °C (±0,11 °C) par rapport à la moyenne de 14 °C
de la période de référence allant de 1961 à 1990. L’année écoulée a avant tout été marquée par un épisode
La Niña très intense, qui s’était développé à partir du
milieu de l’année 2010, pour atteindre un maximum
lors du passage à 2011, avant de se dissiper au cours
d’une brève phase neutre. Puis, en août 2011 et jusqu’à
la fin de l’année, La Niña a de nouveau affecté, faiblement, les conditions climatiques. Les effets de La
Niña peuvent être observés sur la carte des écarts de
température du « National Climatic Data Center » des
États-Unis, qui montre un refroidissement typique
dans une vaste région dans la moitié est du bassin
Pacifique. C’est ce refroidissement qui est principalement à l’origine de la baisse de la température annuelle
moyenne par rapport à 2010. Toutefois, le relevé chronologique à l’échelle mondiale des températures
moyennes annuelles sur une longue durée révèle
certes que les années La Niña ont été d’environ 0,1 à
0,2 °C plus froides que les années qui les ont immédiatement suivies ou précédées, mais qu’en dehors de
ces années La Niña, on peut observer une tendance
générale à la hausse des températures. Comme l’a
également constaté l’OMM, l’année 2011 a jusqu’à
présent été l’année La Niña la plus chaude.
Le bilan de l’année 2011 révèle des écarts thermiques
prononcés avant tout en Sibérie et dans les hautes
latitudes de l’Arctique, mais également au sud et à l’est
de l’Amérique du Nord, en Europe du Nord ainsi qu’à
l’ouest et à l’est de l’Afrique et du sud-ouest asiatique.
Des changements importants dans l’Arctique
Du fait du réchauffement de l’Arctique, la banquise,
dont l’étendue est toujours minimale en septembre,
avait déjà en septembre 2010 une étendue correspondant à la troisième valeur la plus faible enregistrée
depuis le début des mesures par satellites en 1979. Le
9 septembre 2011, la surface de la banquise de l’Arctique avait diminué et atteint sa deuxième valeur la
plus faible jamais mesurée (4,33 millions de km2). Ce
rétrécissement est de –12 % par décennie par rapport
à la valeur moyenne pour la période 1970–2000.
Au cours des 5 dernières années, l’étendue de la banquise a atteint ses 5 plus faibles valeurs parmi l’ensemble des données relevées au mois de septembre
de chaque année. Un calcul basé sur un modèle du
« Polar Science Center » de l’Université de Washington
a même montré que le volume de la banquise arctique,
dont non seulement l’étendue mais également l’épaisseur diminue, avait atteint, au mois de septembre
2011, un minimum absolu depuis le début des calculs
en 1979.
Temperature Anomalies Jan-Dec 2011
Temperature
Anomalies
Jan-Dec
2011
(with respect
to a 1971-2000 base
period)
National
Climatic
Center/NESDIS/NOAA
(with
respect
tomoyenne
a Data
1971-2000
period)
Écart régional entre
la température
annuellebase
de 2011
et la moyenne pour
la période 1971–2000National Climatic Data Center/NESDIS/NOAA
Dans la plupart des régions, les températures en 2011 étaient plus élevées
que les températures moyennes relevées entre 1971 et 2000. C’est avant
tout dans l’est du Pacifique que les
températures étaient les plus faibles.
Réchauffement
Refroidissement
par rapport à la moyenne sur une
longue durée (1971–2000). Plus les points sont gros, plus les écarts de température par rapport à la moyenne étaient élevés.
Source : National Climatic Data
­Center/NESDIS/NOAA
–5 °C
-5C
40 -5C
–4 °C
-4C
–3 °C
-3C
–2 °C
-2C
–1 °C
-1C
0 °C
0C
1 °C
1C
Degrees Celsiu
s
MUNICH
RE Topics
Geo 2011-1C
-4C
-3C
-2C
0C
1C
Degrees Celsiu
s
2 °C
2C
2C
3 °C
3C
4 °C
4C
3C
4C
5 °C
5C
C
5C
C
CLIMAT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
Série chronologique de 1950 à 2011 des écarts entre les températures annuelles
moyennes globales et la moyenne pour la période 1961–1990
°C
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
-0,1
-0,2
-0,3
-0,4
Les années La Niña dans la série chronologique du Met Office/University of East
Anglia montrent, comme la série complète, une élévation avec le temps des
températures annuelles moy­ennes globales. D’après les estimations provisoires,
de toutes les années La Niña , l’année
2011 a été, jusqu’à présent, la plus chaude.
Une année est qualifiée d’année La Niña
dès lors que l’indice ONI, Oceanic Niño
Index, (NOAA/CPC) calculé pour l’année
n’est pas supérieur à –0,5.
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
–0,1
–0,2
–0,3
–0,4
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
Années neutres et années El Niño
Années La Niña
Estimations provisoire se basant sur la période janvier–octobre 2011
Source : Met Office/Climate Research
Unit University of East Anglia ; NOAA/
Climate Prediction Center
Écarts de volume de la banquise arctique pour la période 1979–2011 par rapport
à la moyenne de la période 1979–2010
km3
En septembre 2011, le volume de la
banquise arctique, modelé sur la base
de données d’observation du Polar
Science Center de l’Université de
Washington, avait diminué de 380 km3,
battant ainsi le précédent record de
2010 ; cet écart reste toutefois encore
dans le domaine de l’incertitude du
modèle.
+5 000
0
Source : Munich Re d’après les données du Polar Science Center, Applied
Physics Laboratory, Université de
Washington
–5 000
380 km3
–10 000
–15 000
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
MUNICH RE Topics Geo 2011
41
CLIMAT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
Conséquence des profonds bouleversements affectant
l’Arctique, les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest
ont été ouverts pendant plusieurs semaines à la circulation maritime pendant l’été 2011, comme cela avait déjà
été le cas lors des années précédentes. Actuellement, les
services et l’infrastructure sont en train d’être développés au niveau du passage situé au nord des côtes canadiennes, en particulier pour la circulation des navires-
ci­ternes ; au niveau de la baie Resolute, le Canada
envisage la construction d’un port en eaux profondes.
En passant par le passage du Nord-Ouest, la route entre Rotterdam et Tokyo serait plus courte de plus
5 000 km qu’en empruntant le canal de Suez, et les
zones dangereuses où sévit la piraterie au niveau de la Corne de l’Afrique et en Indonésie pourraient être
évitées.
La Niña a sévi pendant des mois
Les effets de La Niña sur les conditions climatiques,
de janvier à mai puis d’août à décembre, ont été la
cause principale des nombreux dommages engendrés
par des phénomènes météorologiques extrêmes au
cours de l’année 2011. Le phénomène La Niña entraîne
un refroidissement considérable du Pacifique estéquatorial et centre-équatorial ainsi que de grandes
parties de l’est du bassin Pacifique, tandis que les
­alizés venant de l’est se renforcent et entraînent les
eaux chaudes superficielles des tropiques vers le bord
ouest du bassin principalement, en face des côtes du
sud-ouest asiatique et de l’Australie. Ces mouvements océaniques et atmosphériques modifient la
répartition de la pression et des précipitations non
seulement dans le bassin Pacifique et aux bords de ce
bassin, mais également dans de nombreuses autres
régions du globe, en raison des effets à distance sur le
système climatique. Le premier épisode La Niña de
l’année 2011, qui s’est produit à partir du milieu de
­l’année 2010 jusqu’en mai 2011, a été, selon l’indice
d’oscillation australe (SOI) qui mesure la différence de
pression atmosphérique entre Darwin et Tahiti, l’un des
épisodes les plus intenses jamais enregistrés.
La Niña I : sécheresse et chaleur
Une conséquence dramatique de La Niña a été la forte
sécheresse qui s’est installée dès le mois d’octobre 2010
au niveau de la Corne de l’Afrique, affectant de vastes
régions du Kenya, de la Somalie et de l’Éthiopie, et qui
a duré jusqu’en septembre 2011. Une grave famine s’est
alors développée en Somalie et au Kenya ainsi que
d’importants flux migratoires. En Somalie, 80 % du
cheptel des nomades a succombé et, en tout, 13 millions de personnes ont nécessité une aide humanitaire.
Le développement de sécheresses extrêmes et également, en été, de sécheresses persistantes dans le sud
des États-Unis et au nord du Mexique est, lui aussi,
étroitement lié à l’intense épisode La Niña de 2010–
2011 : au Texas, la quantité des précipitations entre
janvier et octobre, a été, avec 273 l/m2, bien en-dessous de la moitié de la moyenne des années précédentes, et la température moyenne relevée entre juin
et août était de 3 degrés supérieure à la moyenne sur
une longue durée. De vastes incendies de forêts, des
feux de brousse et des tempêtes de poussière comptent également parmi les conséquences du phénomène La Niña. Au mois de septembre, l’incendie qui a
ravagé le Bastrop County au Texas a détruit près de
1 600 maisons. Les pertes agricoles directement causées par la sécheresse aux cultures végétales, au bétail
et à l’exploitation forestière se sont élevées, pour le
sud des États-Unis, à près de 8 milliards de $US, dont
1 milliard de $US était assuré.
En juillet, une vague de chaleur s’est propagée du
Texas et de l’Oklahoma vers le nord des États-Unis en
passant par les États du centre du pays et a également
Régions touchées par la sécheresse
aux États-Unis
Les États américains du NouveauMexique, du Texas, de l’Oklahoma, de
la Louisiane et de la Géorgie ainsi que
le nord du Mexique ont particulièrement été touchés par l’absence de
précipitations. La carte montre la
­situation en juillet 2011.
Aridité exceptionnelle
Sécheresse modérée
Forte sécheresse
Sécheresse extrême
Sécheresse exceptionnelle
Source : NOAA
42
MUNICH RE Topics Geo 2011
CLIMAT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
atteint de vastes régions de la moitié est. Les stations
météorologiques ont enregistré, à 78 reprises, de nouveaux records en matière de maximums journaliers.
La Niña II : fortes précipitations et inondations
Entre décembre 2010 et janvier 2011, les manifestations typiques de La Niña ont été à l’origine de graves
inondations ayant causé des dommages élevés au nord
et à l’est de l’Australie. Dans le Sud-Est asiatique également, une mousson active, probablement influencée
par La Niña, a entraîné des précipitations extrêmes à
grande échelle, notamment dans les bassins versants
du Mékong et du Chao Phraya, ce qui a conduit à des
inondations importantes ayant causé des dommages
d’un montant très élevé (voir à ce sujet l’article de
Wolfgang Kron, à partir de la page 26).
Les fortes précipitations ayant eu lieu entre janvier et
mars au sud de l’Afrique, les diverses inondations survenues au nord de l’Afrique du Sud ainsi qu’en Namibie, au Botswana, au Zimbabwe et en Angola ont également été des effets à distance de l’épisode La Niña.
On peut également mentionner les fortes précipitations accompagnées de coulées de boue, de glissements de terrains et d’inondations qui ont ravagé la
Colombie et la Bolivie au cours des 3 premiers mois
de l’année. De tels événements sont de nouveau survenus en Colombie à partir du mois de novembre,
pendant le second épisode La Niña de l’année. Au
total, des centaines de personnes ont perdu la vie
dans cette région et les maisons, les ponts et les
routes ont été détruits.
La Niña III : violentes tempêtes et cyclones tropicaux
Les orages extrêmes, accompagnés de nombreuses
tornades, de fortes pluies, de grêle et de rafales de vent,
survenus aux États-Unis en avril et en mai, comptent
parmi les orages ayant fait le plus de morts et ayant
causé les plus importants dommages annuels depuis
le début de l’observation de tels phénomènes. Ils s’expliquent avant tout par un front polaire rendu plus
actif pendant les années La Niña : des perturbations
peuvent se déplacer du nord-ouest vers l’Amérique du Nord et de violents orages peuvent se déclencher
dans les régions plus au sud (voir l’article de Mark
Bove, à partir de la page 32). On observe également
que, sur le long terme, ce ne sont pas seulement les
dommages normalisés causés par des orages, pour
lesquels l’influence de l’exposition grandissante au fil
du temps a déjà été mesurée, qui augmentent ; les
mesures météorologiques en matière de potentiels
orageux révèlent également une tendance similaire à
la hausse. Bien que ces événements aient été déclenchés par des changements climatiques à long terme,
les phénomènes extrêmes observés au cours de l’année 2011 ont avant tout été causés par les variations
climatiques saisonnières naturelles liées à La Niña.
Les météorologues s’attendaient à une saison des
ouragans active dans l’Atlantique en raison du passage à un épisode La Niña moins intense depuis le
mois d’août et de la chaleur des eaux de l’Atlantique
tropical. Conformément à ces prévisions, cette saison
cyclonique avec 19 tempêtes nommées dans le bassin
Atlantique a été la troisième la plus forte jamais enregistrée depuis le début des observations climatiques ;
au cours de la phase chaude de 1995 à 2010, une
moyenne de 15 tempêtes avait été relevée. Il convient
de remarquer que relativement peu d’entre elles ont
atteint la force d’un ouragan (7 sur 19 comparé à une
moyenne de 8 sur 15 au cours d’une phase chaude) et
se sont transformées en violents ouragans de catégorie
3 et plus (3 sur 19 comparé à une moyenne de 4 sur 15
au cours d’une phase chaude).
Precipitation Anomalies Jan-Dec 2010
Écart régional entre les précipitations annuelles de 2011 et la moyenne pour la
(with respect to a 1961-1990 base period)
période 1961–1990 en pourcentage
National Climatic Data Center/NESDIS/NOAA
La moyenne annuelle révèle une sécheresse exceptionnelle non seulement au
sud des États-Unis mais également
dans de grandes parties de l’Europe et
de l’Asie. Dans plusieurs régions, des
phases très sèches ont été compensées
par des phases très humides, par
exemple dans la région de la Corne de l’Afrique.
Plus sec
Plus humide
que la moyenne pour la période 1961–1990
Source : National Climatic Data
­Center/NESDIS/NOAA
–100 % –80 % –60 % –40 %
–20 %
-250mm -200mm -150mm -100mm -50mm
0 %
0mm
20 %
50mm
40 %
100mm
60 %
150mm
80 %
200mm
100 %
250mm
Millimeters
MUNICH RE Topics Geo 2011
43
CLIMAT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
En 2011, comme au cours des 5 dernières années,
aucun ouragan qualifié d’ouragan « majeur » (caté­
gorie 3 et plus) n’a atteint le territoire des États-Unis,
alors qu’on en dénombre 7 en tout entre 2004 et 2005.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’intensité relativement faible des tempêtes qui se sont développées
dans ce bassin :
−−en dépit des températures anormalement élevées
des eaux de surface de la mer, en particulier dans la
mer des Caraïbes, les parties orientale et centrale
du corridor tropical étaient relativement froides par
rapport à 2010. Les alizés, particulièrement prononcés, ont conduit à un mélange avec des couches
d’eau plus profondes et, de cette manière, à un
refroidissement dans la principale zone tropicale de
formation des tempêtes jusqu’au moment le plus
fort de la saison ;
−−en dépit de la faiblesse des manifestations de La
Niña, la différence entre le vent près du sol et le vent
à 6 km de hauteur dans un corridor situé entre 20°
et 30° de latitude nord au-dessus de l’Atlantique et
du Golfe du Mexique n’a, en moyenne, pas diminué
entre août et octobre, ce qui signifie que le cisaillement du vent est resté élevé. La plupart des tempêtes se sont déplacées dans ce corridor, où le
cisaillement élevé les a empêchées de se renforcer.
Dans la mer des Caraïbes, le cisaillement vertical du
vent était certes plus faible, mais seules quelques
tempêtes se sont formées dans cette zone ;
Aux États-Unis, les pompiers ont lutté pendant
des semaines contre les flammes.
44
MUNICH RE Topics Geo 2011
−−pendant longtemps, un creux en altitude était situé
au-dessus de la côte est des États-Unis, ce qui signifie que le courant atmosphérique allait du territoire
américain en direction du nord-est et redirigeait la
plupart des cyclones, au-dessus de l’Atlantique, vers
le nord puis le nord-est, avant qu’ils ne touchent la
terre ferme. Le creux en altitude a également empêché
les tempêtes de se déplacer vers l’ouest en direction
de la mer des Caraïbes, où elles auraient pu se renforcer à la faveur des conditions climatiques de cette
zone. Ce creux avait déjà protégé les côtes américaines
au cours des 6 dernières années contre de violents
ouragans en les empêchant d’atteindre la terre
ferme. Il en avait été autrement en 2004 et en 2005.
En 2011, les tempêtes ont frappé 3 régions des ÉtatsUnis: l’ouragan Irene a sévi en Caroline du Nord et dans
le New Jersey le 27 août après avoir balayé les
Caraïbes, et la tempête tropicale Lee a touché la Louisiane le 4 septembre. L’ouragan Irene, qui s’est déplacé
le long de la côte est des États-Unis et au-dessus de la
région de New-York, a avant tout été un signal d’alarme
en mettant en évidence l’énorme potentiel de dommages de cette région si elle venait à être dévastée par
un ouragan. Il s’était heureusement affaibli en touchant
les côtes du New Jersey, se transformant en une tempête tropicale de catégorie 1. Les dommages subis
dans cette région ont été essentiellement causés par
de fortes précipitations et les crues-éclair qu’elles ont
entraînées. Globalement, Irene a provoqué des dommages assurés d’un montant de 5,6 milliards de $US ;
le préjudice total s’est élevé à 7,4 milliards de $US.
CLIMAT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
La saison des typhons dans le Pacifique nord-ouest,
avec 20 tempêtes nommées, parmi lesquelles 10 se
sont transformées en typhons et 7 en typhons intenses
(catégorie 3 et plus), a été relativement modérée ; on dénombre en moyenne 16 typhons et 9 typhons
intenses entre 1965 et 2010. La faible intensité de
cette saison ainsi que le fait que la plupart des tempêtes se sont déclenchées relativement loin à l’ouest
du bassin sont des effets typiques d’un épisode La
Niña. Bien que cette saison des typhons ait été relativement calme, il ne faut pas oublier que Washi/Sendong, la dernière tempête tropicale de 2011, a fait près
de 1 300 morts aux Philippines.
Crues éclair, inondations, glissements de terrain
En janvier, environ 900 personnes ont disparu, dans le
sud-est du Brésil, lors de crues éclair et de glissements
de terrains déclenchés par de très fortes précipitations.
Il s’agit de la catastrophe naturelle ayant fait le plus de
morts dans l’histoire du Brésil. En avril, d’autres crues
éclair et glissements de terrain se sont produits au
sud du Brésil. En juin, de fortes précipitations ainsi
que des inondations dans le sud et dans le centre de
la Chine ont provoqué de graves inondations et glissements de terrain. 1,6 million de personnes ont dû être
évacuées. Quant au Pakistan, après des crues dévastatrices en 2010, il a de nouveau été touché par de
graves inondations qui sont survenues dans le sud du
pays en août et en septembre 2011.
La région de la Corne de l’Afrique, frappée par la
sécheresse jusqu’en septembre, a subi, à partir d’octobre, de fortes pluies qui ont continué à ravager les
cultures végétales ; le Kenya a été particulièrement
touché.
Notre expert :
Dr. Eberhard Faust, expert leader
Risques naturels au sein du département Recherche en géorisques/
Centre Entreprise Sciences du climat. Il travaille notamment sur les
risques découlant des variations climatiques naturelles et du changement de climat.
[email protected]
Conclusion
Le phénomène La Niña qui a marqué l’année 2011 a
été à l’origine de nombreuses catastrophes météorologiques. Les répercussions sur les circulations atmosphériques et sur la répartition des précipitations, qui
débutent dans la zone pacifique équatoriale, modifient
les probabilités concernant la survenance de phénomènes météorologiques extrêmes dans de nombreuses
régions du monde. On peut citer, à titre d’exemple, les
inondations qui se sont produites au nord et à l’est de
l’Australie, en particulier dans la région de Brisbane, la
forte saison orageuse aux États-Unis ou encore l’intensification de la mousson dans le Sud-Est asiatique ;
ces 3 phénomènes ont causé d’énormes dommages.
Un tel bilan annuel ne peut qu’inciter à continuer de
réaliser, sur les variations climatiques naturelles, tels
que les phénomènes El Niño ou La Niña, et sur les
modifications des risques qu’elles entraînent, des prévisions et des analyses basées sur des données scientifiques, et encourager les assureurs à intégrer des
mesures adéquates dans leur gestion des risques.
Il apparaît, dans certains cas, que les répercussions de
La Niña se sont modifiées en raison des effets à long
terme des changements climatiques, lesquels se traduisent déjà, au cours des dernières décennies, par un
réchauffement de la surface de la mer. Par exemple, la
température exceptionnellement élevée de la mer au
niveau de la côte est australienne, qui a entraîné une
augmentation des taux d’évaporation, a joué un rôle
important dans les inondations survenues dans le
­nord-est de l’Australie. Une atmosphère ayant subi un
réchauffement peut absorber plus d’humidité et générer des phénomènes de précipitations plus violents.
Alors qu’une seule année où l’épisode La Niña est particulièrement marqué entraîne toujours une baisse
relative dans la série chronologique des températures
moyennes globales, on remarque tout de même clairement que les années La Niña deviennent elles-mêmes
de plus en plus chaudes. La poursuite du réchauffement planétaire ne fait aucun doute.
L’ouragan Irene, sur la trajectoire duquel se trouvaient
la région densément peuplée située entre Boston et
Washington ainsi que New-York, a de nouveau permis
une prise de conscience de l’énorme potentiel de dégâts
dans cette zone si elle venait à être touchée par un
violent ouragan. Les compagnies d’assurances et les
autorités locales seraient bien avisées de tenir compte
de ce potentiel dans leur gestion des risques et de retenir, parmi les scénarios possibles, l’hypothèse – en aucun
cas invraisemblable – d’une énorme catastrophe liée à
un ouragan dans le nord-est des États-Unis.
MUNICH RE Topics Geo 2011
45
NatCatSERVICE et gestion des risques
NatCatSERVICE :
la base de données la
plus complète sur les
­catastrophes naturelles
La hausse des concentrations de valeurs, la naissance
de nouvelles régions à forte croissance, la complexité
toujours grandissante des risques et bien sûr aussi les
effets du changement climatique font de l’analyse des
périls naturels une composante essentielle de la gestion
des risques. Fort d’une grande expérience accumulée
au fil de nombreuses décennies dans l’analyse et l’évaluation des phénomènes naturels, le NatCatSERVICE
de Munich Re est l’une des sources d’informations sur
les catastrophes naturelles les plus reconnues au
monde. Depuis 1974 le département Recherche en
géorisques de Munich Re documente et analyse les
données relatives aux événements et aux sinistres
survenus partout dans le monde. À partir de ces
archives uniques sur les risques naturels a été créée la
base de données la plus vaste du monde sur les sinistres
liés aux catastrophes naturelles. Elle remonte jusqu’à
l’éruption du Vésuve en l’an 79 apr. J.-C. et s’enrichit
chaque année d’environ 1 000 événements naturels.
Cette base de données constitue le fondement d’un
vaste éventail d’informations, d’outils et de services
dans le domaine de la gestion et de la recherche en
matière de risques. Créé à l’origine pour le secteur de
l’assurance, le NatCatSERVICE est aujourd’hui utilisé
par des organismes scientifiques, des O.N.G. et les
médias ; il est également consulté dans le cadre de
certains processus de décision politiques.
Les données, analyses, statistiques et graphiques
actuels sont téléchargeables gratuitement à partir de
la rubrique « Touch Natural Hazards » sur notre site
www.munichre.com/touch
Le 23 octobre 2011, un séisme de magnitude
Mw7,2 a frappé l’est de la Turquie. Plus de
600 personnes ont trouvé la mort dans la
province de Van.
MUNICH RE Topics Geo 2011
47
NatCatSERVICE et gestion des risques
Photos de l’année
10–14 janvier
Inondations : Australie
Préjudice total : 2 800 millions de $US
Dommages assurés : 1 875 millions de $US
22 morts
12–16 janvier
Crues torrentielles, glissements de terrain :
Brésil
Préjudice total : 460 millions de $US
Dommages assurés : 50 millions de $US
900 morts
31 janvier–6 février
Tempêtes d’hiver : États-Unis
Préjudice total : 1 900 millions de $US
Dommages assurés : 1 425 millions de $US
39 morts
2–7 février
Cyclone Yasi : Australie
Préjudice total : 2 500 millions de $US
Dommages assurés : 1 300 millions de $US
1 mort
22 février
Tremblement de terre : Nouvelle-Zélande
Préjudice total : 16 000 millions de $US
Dommages assurés : 13 000 millions
de $US
181 morts
11 mars
Tremblement de terre, tsunami : Japon
Préjudice total : 210 000 millions de $US
Dommages assurés : 35 000–40 000 millions de $US
15 840 morts
Avril–mai
Intempéries, tornades : États-Unis
Préjudice total : 39 000 millions de $US
Dommages assurés : 20 500 millions
de $US
585 morts
18 avril–23 mai
Inondation : États-Unis
Préjudice total : 4 600 millions de $US
Dommages assurés : 500 millions de $US
9 morts
Avril–mai
Inondations : Colombie
90 morts
48
MUNICH RE Topics Geo 2011
NatCatSERVICE et gestion des risques
11 mai
Tremblement de terre : Espagne
Préjudice total : 200 millions de $US
Dommages assurés : 100 millions de $US
10 morts
Mai–juillet
Feux de forêt : Canada
Préjudice total : 1 500 millions de $US
Dommages assurés : 720 millions de $US
1 mort
Juin–juillet
Inondations : Chine
Préjudice total : 2 000 millions de $US
355 morts
Octobre 2010–septembre 2011
Sécheresse : Afrique orientale
Plus de 50 000 morts
22 août–2 septembre
Ouragan Irene : Caraïbes, États-Unis
Préjudice total : 7 400 millions de $US
Dommages assurés : 5 600 millions
de $US
55 morts
Août–novembre
Inondations : Thaïlande
Préjudice total : 40 000 millions de $US
Dommages assurés : 10 000 millions
de $US
813 morts
23 octobre
Tremblement de terre : Turquie
Préjudice total : 550 millions de $US
Dommages assurés : 40 millions de $US
604 morts
4–9 novembre
Crues éclair : Italie, France, Espagne
Préjudice total : 2 100 millions de $US
Dommages assurés : 1 100 millions de $US
14 morts
16–18 décembre
Tempête tropicale Washi : Philippines
Préjudice total : 40 millions de $US
1 268 morts
MUNICH RE Topics Geo 2011
49
NatCatSERVICE et gestion des risques
L’année en chiffres
Petra Löw, Angelika Wirtz
L’année 2011 a été, jusqu’à présent,
l’année des catastrophes naturelles la
plus coûteuse pour les économies
nationales. Avec un préjudice se chiffrant à 380 milliards de $US, elle a surpassé de loin l’année record de 2005.
Les dommages assurés ont atteint un
montant total de 105 milliards de $US,
également un record. Le département
de recherche en géorisques de Munich
Re a dénombré près de 820 événements ayant entraîné des dommages,
un nombre qui correspond à la
moyenne des 10 dernières années. En
2005, ce sont essentiellement les ouragans dans l’Atlantique Nord qui avaient
contribué à l’énorme charge des
sinistres, alors qu’au cours de l’année
précédente, les graves séismes survenus au Japon et en Nouvelle-Zélande
ont causé, à eux seuls, des dommages
d’un montant total de 228 milliards de
$US et des dommages assurés se chiffrant à près de 50 milliards de $US.
Presque 90 % des événements survenus en 2011 étaient de nature météorologique. Les préjudices économiques,
de même que les dommages assurés
causés par les catastrophes météorologiques, ont atteint le deuxième montant le plus élevé depuis 1980 (après
correction des variations due à l’inflation). L’année 2011 a donc également
été une année extrême en termes de
catastrophes météorologiques.
Nombre d’événements
La banque de données NatCatSERVICE de Munich Re recense toutes
les catastrophes naturelles ayant
causé des dommages aux biens ou
aux personnes. Selon leur impact sur
le plan monétaire ou humain, les événements sont rangés en 6 classes –
de l’événement dommageable
mineur à la grande catastrophe naturelle. L’année dernière, les 5 événements suivants se sont classés dans
la catégorie 6 (grande catastrophe
naturelle ayant fait des milliers de
morts et/ou des centaines de milliers
de sans-abri et/ou ayant occasionné
un préjudice économique/des dommages assurés substantiels) :
−−22 février : séisme en NouvelleZélande
−−11 mars : séisme et tsunami au Japon
−−d’avril à mai : série de tornades aux
États-Unis
−−d’août à novembre : inondations en
Thaïlande
−−d’octobre 2010 à septembre 2011 :
sécheresse en Afrique de l’Est
La répartition des événements entre
les principaux risques naturels – événements géophysiques, météorologiques, hydrologiques et climatologiques – correspond à peu près à la
moyenne des 30 dernières années. En
2011, 91 % de toutes les catastrophes
naturelles du monde entier ont été des
événements liés à des phénomènes
atmosphériques : 300 tempêtes, 310
inondations, des ondes de tempête et
des mouvements de masse causés par
de fortes pluies. La catégorie des événements climatologiques, à savoir les
incendies de forêts, les sécheresses et
les vagues de chaleur ou de froid,
comptait 140 événements, parmi lesquels 117 incendies de forêts. Celle des
risques naturels géophysiques regroupait 9 % des événements : 54 séismes
et 16 éruptions volcaniques ayant
820 événements
Répartition mondiale en pourcentage
9 %
37 %
37 %
17 %
Victimes : 27 000
Répartition mondiale en pourcentage
62 %
11 %
25 %
2 %
Préjudice total :
380 milliards de $US
Répartition mondiale en pourcentage
61 %
19 %
17 %
3 %
Dommages assurés :
105 milliards de $US
Répartition mondiale en pourcentage
47 %
37 %
13 %
3 %
Nombre de catastrophes naturelles de 1980 à 2011
Événements géophysiques :
tremblement de terre, éruption
­volcanique
1 000
800
Événements météorologiques :
tempête tropicale, tempête ­d’hiver,
intempéries, grêle, tornade, tempête locale
600
Événements hydrologiques :
crue éclair, débordement fluvial,
onde de tempête, mouvement de
terrain (glissement)
400
200
0
1980
50
1985
1990
MUNICH RE Topics Geo 2011
1995
2000
2005
2010
Événements climatologiques :
vague de chaleur, vague de froid,
incendie de forêt, sécheresse
NatCatSERVICE et gestion des risques
­ ausés des dommages aux biens et/
c
ou aux personnes.
La répartition en pourcentage entre les
différents continents correspond également à la moyenne à long terme. Ainsi,
la majeure partie des catastrophes se
sont produites en Asie (240) et en Amé­ri­
que (290) ; on en dénombre 150 en
Europe, 80 en Afrique et 60 en Australie.
Nombre de morts
En 2011, 27 000 personnes ont perdu
la vie lors de catastrophes naturelles,
soit un nombre très inférieur à la
moyenne sur une longue durée puis­
que, depuis 1980, on compte en
moyenne 73 000 morts par an. Le
grave séisme et le tsunami ayant touché le Japon ont coûté la vie à 15 840
personnes. Au Brésil, des glissements
de terrain ont fait 900 morts. Des milliers de personnes ont trouvé la mort
au cours des inondations ayant dévasté
le Pakistan (520 morts), la Thaïlande
(813 morts) et les Philippi­nes (1 268
morts). Les intempéries qui ont touché
les États-Unis en avril et en mai ont fait
585 morts. La sécheresse catastrophique dans la Corne de l’Afri­que et la
famine qu’elle a entraînée n’ont pas
encore été prises en compte dans le
calcul du nombre de morts pour l’année 2011. Cette sécheresse a été l’une
des catastrophes humaines les plus
importantes de cette année.
observe des écarts significatifs entre
l’ensemble des sinistres qui se sont
produits depuis 1980 et ceux survenus
en 2011 :
−−61 % du préjudice global et 47 % des
dommages assurés ont été causés par
des séismes ; la moyenne à long terme
s’établit à 22 % pour les préjudices et
à 10 % pour les dommages assurés.
−−Le montant du préjudice causé par
les séismes a totalisé 230 milliards
de $US, dont 22 % – c’est-à-dire 50
milliards de $US – étaient assurés ;
la moyenne de la part assurée est de
10 %.
−−Seulement 37 % de l’ensemble des
dommages assurés ont été causés
par les tempêtes dans le monde, tandis que la moyenne était de 76 %. Ces
écarts s’expliquent par la clémence
de la saison des ouragans. Bien
qu’elle ait été très active, seuls 3
ouragans ont touché la terre ferme
aux États-Unis, n’occasionnant
qu’environ 5 milliards de $US de
dommages assurés, alors que la
moyenne des années précédentes
pour ces dommages aux États-Unis
était de près de 17 milliards de $US.
Les tornades qui ont dévasté les
États-Unis en 2011 ont provoqué des
dommages d’un montant record pour
le secteur de l’assurance : en tout
près de 25 milliards de $US, ce qui
correspond à plus de 50 % de l’ensemble des dommages assurés
­causés par les tempêtes au cours de
l’année 2011 ;
−−Avec 15 milliards de $US de dommages assurés, la part des inondations a représenté 13 %. Les événements les plus coûteux ont été les
inondations survenues en Australie
(en janvier) et en Thaïlande (du mois
d’août au mois de novembre).
NOS EXPERTES :
Angelika Wirtz, responsable du NatCatSERVICE au sein du département
de recherche en géorisques/Centre
Entreprise Sciences du Climat.
[email protected]
Petra Löw, spécialiste des catastrophes naturelles et de l’analyse de
tendances. Elle travaille au sein du
département de recherche en géorisques/Centre Entreprise Sciences
du climat en tant que consultante
NatCatSERVICE.
[email protected]
Dommages
Le préjudice total, qui s’est élevé à 380
milliards de $US, est le plus haut montant jamais enregistré dans la base de
données de Munich Re. Les dommages
assurés ont également atteint un
record de 105 milliards de $US. On
Préjudice économique et dommages assurés en milliards de $US pour la période 1980–2011
Préjudice total
(valeurs de 2011)
350
Dont dommages assurés
(valeurs de 2011)
300
250
Évolution du préjudice
économique total
200
Évolution des dommages assurés
150
100
50
0
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
MUNICH RE Topics Geo 2011
51
NATCATSERVICE ET gestion des RISques
Les modèles 3D créent de la transparence
Les modèles de bâtiments en 3D sont à ce jour peu répandus. Mais cela va changer. En
effet, ils pourront par exemple s’avérer très utiles pour les assureurs, dans le cadre de
l’identification et de l’évaluation des risques, ainsi que de la modélisation des sinistres,
car ils recèlent de nombreuses informations.
Andreas Siebert, Martin Simon
Dans le cadre d’un projet de coopération entre l’Université
Louis-et-Maximilien de Munich, l’Office bavarois du
cadastre et de l’information géographique (Bayerisches
Landesamt für Vermessung und Geoinformation) et
Munich Re, des études sont actuellement menées pour
savoir si les modèles de bâtiments en 3D, dits « modèles
en blocs », conviennent pour la modélisation des risques
naturels.
L’hypothèse : une analyse détaillée avec des données de
bâtiments 3D permettrait d’améliorer qualitativement les
modèles utilisés pour l’assurance Dommages, notamment
dans le cas d’événements naturels survenant à l’échelle
régionale, comme les inondations.
À cet effet, les études ont consisté à déterminer si ces
données sont bien appropriées pour délimiter les zones
inondables et si elles permettent d’améliorer les prédictions
concernant les dommages aux bâtiments. Dans ce cadre,
la précision du modèle numérique de terrain (MNT) utilisé
comme modèle de base joue un rôle décisif.
Le choix de modèles de terrain adéquats est déterminant
Dans la modélisation des inondations, il est important de
choisir des modèles de terrain adéquats pour déduire les
surfaces et profondeurs d’inondation. L’Office bavarois du
cadastre a fourni à cet effet plusieurs modèles présentant
différentes résolutions. Afin d’atteindre un équilibre parfait
entre niveau de détail, volume de données et temps de
calcul, il a été étudié quelles dimensions de maille sont le
plus adaptées aux modèles d’inondation. Certes, contrairement aux modèles ayant une dimension de maille de 10
mètres (MNT 10), les modèles de terrain haute résolution
(< 2 mètres) fournissent des informations très précises sur
la hauteur. Mais à cause du volume de données plus important, le temps de calcul est considérablement plus long et
souvent, des modèles de terrain plus détaillés n’apportent
pas d’améliorations notoires des résultats. Lors d’une étude
sur la qualité de la modélisation des inondations prenant
pour exemple Regensburg, 6 modèles numériques de terrain dans différentes résolutions (1 m, 2 m, 5 m, 10 m, 50 m,
90 m) ont été utilisés et des résultats très différents ont
52
MUNICH RE Topics Geo 2011
été obtenus. Comme attendu, les résultats fournis par les
modèles de résolution 90 et 50 mètres étaient très imprécis. Ceux fournis par les modèles de résolution compris
entre 10 mètres et 1 mètre différaient très peu, en termes
de nombre de bâtiments inondés. Même lors de la détermination des profondeurs d’inondation, également très
importantes pour le calcul du montant des dommages, les
différences, pour ces 2 plages de résolutions, étaient de
l’ordre de 5 à 10 centimètres et donc largement négligeables.
Nous estimons donc qu’en raison de son volume de données moins important, le MNT 10 est le modèle de base le
plus adapté pour la modélisation des inondations.
La 3D indique la profondeur d’inondation des bâtiments
Afin de modéliser les inondations le long du Danube, entre
Regensburg et Passau, des niveaux d’eau historiques datant
de l’inondation d’août 2002, ainsi que différents scénarios
d’inondation ont été utilisés. L’un des scénarios était la crue
centennale, c’est-à-dire une inondation survenant une fois
tous les 100 ans selon les statistiques. De plus, un processus a été mis au point pour déduire des scénarios d’inondation à partir des zones inondables officielles déterminées
par le système ZÜRS de la Fédération allemande des assurances. Avec tous ces scénarios, la région inondable a pu
être déterminée avec précision. Outre les vastes portions
inondables, l’utilisation du modèle de bâtiments en 3D a
permis d’identifier chacun des bâtiments frappés par l’inondation. En plus de l’identification des bâtiments inondés, il
est désormais possible de déterminer la profondeur d’inondation au niveau des bâtiments. Ces informations sont
importantes pour l’application de mesures de protection
contre les inondations, l’installation de digues mobiles par
exemple, et pour une gestion efficace des risques commerciaux et industriels.
Les dommages peuvent être différenciés
Les montants relatifs des dommages peuvent être simulés, à l’aide de la modélisation des inondations et des différentes fonctions de dommage en rapport avec le niveau
d’eau. La profondeur et la durée d’inondation sont des
­facteurs influant sur les dommages. De plus, le type de
NATCATSERVICE Et gestion des risques
bâtiment (maison individuelle, immeuble, bâtiment avec
ou sans cave), les matériaux de construction (briques, bois)
et l’année de construction influent sur la vulnérabilité et
donc le montant des dommages associé aux bâtiments.
L’analyse des dommages permet une subdivision entre
dommages causés aux bâtiments et dommages causés
aux meubles. De plus, il est désormais possible d’établir
une distinction entre différentes fonctions de bâtiment, en
combinaison avec les données d’utilisation des bâtiments,
également mises à disposition par l’Office bavarois du
cadastre. Outre les dommages aux bâtiments à usage
d’habitation, cette subdivision et les différentes fonctions
de sinistre permettent de calculer les dommages industriels ou ceux occasionnés sur les édifices publics.
Une évaluation claire des risques, basée sur des données
de position aux détails précis, présente un grand avantage,
surtout pour les sites industriels avec des montants de
garantie élevés – comme pour les inondations en Thaïlande.
Contexte : sur les sites industriels ou logistiques, un arrêt
d’exploitation et les interdépendances complexes entre
les chaînes d’approvisionnement peuvent causer de
lourds dommages résultant des carences de fournisseurs.
En Thaïlande, plusieurs parcs industriels à très forte
concentration de valeur ont été touchés par les inondations, ce qui a occasionné des pertes de production et des
problèmes de transport ainsi que, par la suite, des carences
de fournisseurs pour de nombreuses entreprises clés du
secteur de l’électronique. Cela a à son tour provoqué des
pénuries d’approvisionnement dans les secteurs informatique et automobile. Une modélisation précise permet de
mieux déterminer ces risques liés à des sites et d’offrir
plus de transparence sur leurs interrelations dans l’espace.
Les informations complémentaires améliorent la
­transparence des risques
Ligne de digue, représentée au moyen de
modèles numériques de terrain (MNT) ayant
différentes résolutions. Dimensions de maille
de haut en bas : 90 m, 50 m, 10 m, 1 m.
En plus de la modélisation des inondations et des sinistres
au niveau des bâtiments, les informations complémentaires
fournies par exemple par le système de zonage ZÜRS ou
par les utilisations des bâtiments peuvent être transposées
à chaque bâtiment individuel. Le modèle de bâtiments
« LoD1 », utilisé pour cette modélisation d’une section du
Danube, renseigne non seulement sur les adresses, mais
fournit aussi des informations sur la hauteur et la surface,
ainsi que des descriptions des types de bâtiments (et de
toits), pouvant livrer de précieux aspects complémentaires
dans le cadre de l’interprétation des dommages.
Afin d’améliorer la transparence et la communication au
niveau des risques, les données de bâtiments en 3D peuvent aussi être enregistrées avec d’autres informations ou
valeurs (par exemple hauteur des bâtiments, dans le but
de représenter les responsabilités ou les montants des
dommages). Les cartes 3D offrent en outre d’excellentes
possibilités de visualisation des concentrations de responsabilité et des principales zones sinistrées.
D’un autre côté, n’oublions pas que l’écoulement et le
niveau d’eau sont des grandeurs naturelles comportant
une part d’incertitude élevée. Aucun modèle ne peut
réduire ces incertitudes.
MUNICH RE Topics Geo 2011
53
NATCATSERVICE Et gestion des risques
Conclusion
Les modèles de bâtiments en 3D sont utilisés depuis
peu de temps seulement et principalement pour des
études scientifiques. De plus, ces ensembles de données ne sont malheureusement pas encore disponibles
dans toute l’Allemagne, et des questions restent également en suspens concernant le système de licences
et les coûts. Cependant, au cours des prochaines
années, ces modèles vont être fortement demandés,
du fait de leur grande richesse en informations sur les
bâtiments. Par la suite, ils pourront apporter une aide
précieuse au secteur de l’assurance, dans le cadre de
l’identification et de l’évaluation des risques, ainsi que
de la modélisation des sinistres.
Modèle de bâtiments 3D (LoD1) de la ville de
Regensburg sur le Danube.
« LoD2 », prochaine étape de développement des
modèles de bâtiments, prévue par l’Office bavarois du
cadastre et de l’information géographique pour 2015,
devrait offrir encore plus de possibilités d’utilisation
pour le secteur de l’assurance. Comme ce modèle
amélioré offre, en plus, des informations exactes sur
les toits des bâtiments, il pourra également s’avérer
utile pour la modélisation des orages et tempêtes. Il
permettra par exemple de mieux analyser les dommages causés par les tempêtes ou la grêle sur les
bâtiments ou les constructions (installations photovoltaïques entre autres).
Les résultats de modélisation permettent, outre une
gestion complète des risques, d’identifier les bâtiments
devant être mieux protégés contre les inondations par
des installations techniques – facteur important dans
la prévention des risques.
Représentation de la profondeur d’inondation au
niveau des différents bâtiments à Regensburg, dans
le cas d’une crue centennale modélisée.
Représentation de la profondeur d’inondation
au niveau des différents bâtiments d’un site
industriel, dans le cas d’une crue bicentennale
modélisée.
Profondeur d’inondation des bâtiments
Pas d’inondation
Jusqu’à 20 cm
Jusqu’à 50 cm
Jusqu’à 100 cm
Plus de 100 cm
54
MUNICH RE Topics Geo 2011
NATCATSERVICE Et gestion des risiques
Exemple de dommages dans le cas d’une crue
centennale à Regensburg.
Dommages
Pas de dommages
Jusqu’à 10 % de dommages
Jusqu’à 25 % de dommages
Jusqu’à 50 % de dommages
Plus de 50 % de dommages
Source : Bayerisches Landesamt für
­Vermessung und Geoinformation
NOS EXPERTS :
Andreas Siebert, chef de la section
Solutions géospatiales dans le département Souscription Entreprise/Gestion
des risques de cumuls. Il s’occupe des
technologies de l’information géographique pour l’amélioration de la transparence des risques, dans le cadre de
la gestion des risques naturels.
[email protected]
Martin Simon, chargé de la mise au
point des solutions 3D innovantes
dans la section Solutions géo­
spatiales au sein du département
­Souscription Entreprise/Gestion
des risques de cumuls.
[email protected]
MUNICH RE Topics Geo 2011
55
CHRONIQUE
Les risques liés aux événements géophysiques
Regard sur la planète
Prof. Dr. Dr. Peter Höppe, directeur du département Recherche en géorisques/
Centre Entreprise Sciences du Climat de Munich Re
[email protected]
L’année 2011, particulièrement marquée par des cataclysmes naturels, a
été l’année la plus coûteuse de tous
les temps. Alors qu’en 2005, ce sont
avant tout les ouragans Rita, Wilma et
Katrina qui avaient été à l’origine de
dommages record, en 2011, ce sont
des séismes, et plus particulièrement
ceux qui ont touché le Japon et la Nouvelle-Zélande, qui ont eu des conséquences dévastatrices. C’est d’ailleurs
uniquement parce que l’assurance
contre les tremblements de terre est
beaucoup moins répandue que l’assurance contre les risques de tempête
que le montant des dommages assurés en 2011 – 105 milliards de $US – a
été seulement légèrement plus élevé
que celui de 2005, l’année la plus coûteuse jusque-là pour le secteur de l’assurance.
Après 15 années où les catastrophes
météorologiques ont été la cause
essentielle des dommages, l’année
2011 nous a rappelé à quel point la
Terre sur laquelle nous vivons est instable. En 2010 déjà, les séismes ayant
touché Haïti et le Chili ainsi que l’éruption de l’Eyjafjallajökull en Islande
avaient attiré l’attention sur les risques
géophysiques. Cependant, le montant
des dommages matériels avait seulement été d’environ la moitié de celui
des dommages liés à des phénomènes
naturels extrêmes. Au cours des 31
dernières années, les dommages causés par des événements géophysiques
ont constitué, en moyenne, 22 % des
pertes économiques, mais seulement
10 % des dommages assurés causés
par les catastrophes naturelles.
Les changements climatiques ne
doivent pas faire oublier les risques
sismiques
L’augmentation du nombre d’événements météorologiques extrêmes, très
56
MUNICH RE Topics Geo 2011
vraisemblablement due aux changements climatiques, avait fait la une
des journaux au cours des dernières
années. Le fait que les activités
humaines (émissions de gaz à effet de
serre) puissent conduire à une augmentation du risque de catastrophes
naturelles est une première dans l’histoire de l’humanité. Cependant, on
oublie vite que d’autres risques importants liés à des éléments purement
naturels, tels que les séismes, les tsunamis ou les éruptions volcaniques,
existent toujours. À l’exception de
faibles séismes, déclenchés par
exemple par l’exploitation minière et
des lacs de retenue, ces risques naturels, au regard de l’état des connaissances actuelles, ne sont pas influencés par les hommes mais obéissent
aux lois naturelles, ne révélant aucune
tendance particulière, également sur
le long terme (sur plusieurs siècles).
Le développement de la globalisation
entraîne, lui aussi, une augmentation
des dommages
D’un point de vue statistique, le fait
que des années de plus forte activité
puissent se succéder est plausible.
Les géophysiciens se posent certes la
question de savoir si des processus
physiques pourraient se cacher derrière un tel cluster d’événements. Or,
même dans l’affirmative, il s’agirait
tout de même de processus naturels,
ce qui ne change rien, sur le long
terme, concernant les risques qu’ils
représentent. Le fait que les dommages causés par des événements
géophysiques soient de plus en plus
importants tient, d’une part, au fait
que les hommes et les valeurs sont de
plus en plus fortement exposés aux
risques. D’autre part, le développement de la mondialisation entraîne
une augmentation des dommages dus
à des ruptures d’approvisionnement,
tel que cela a été le cas après le
séisme au Japon et les inondations
en Thaïlande.
Si les assureurs ne peuvent empêcher la survenance de catastrophes,
ils peuvent cependant atténuer les
conséquences
Il y a 3 ans, Munich Re a décidé de
soutenir, sur les plans financier et
technique, le plus gros projet de
modélisation des catastrophes naturelles du monde, le « Global Earthquake Model » (GEM), en tant que
principal sponsor. Les événements
survenus en 2011 et en 2010 ont montré, on ne peut plus clairement, que
cette décision avait été la bonne.
Même dans les pays qui n’intéresseraient pas les développeurs de
modèles commerciaux en raison d’une
faible densité d’assurance, la transparence créée par ce modèle en matière
de risques sismiques peut permettre
la mise en place d’une base pour l’assurabilité de ces risques et pour la
prise de mesures préventives adéquates. En effet, seule une prise de
conscience des risques existants peut
permettre la mise en place de mesures
de prévention et de conditions économiques nécessaires à la reconstruction et à l’assistance aux victimes en
cas de survenance d’une catastrophe.
L’année 2011 a clairement montré que
si les discussions relatives à l’augmentation des risques météorologiques
sont très importantes, les autres
risques de catastrophes naturelles ne
doivent pas être oubliés. Bien qu’ils ne
révèlent aucune tendance à long terme,
ils n’en recèlent pas moins un énorme
potentiel de dommages. Les assureurs
ne peuvent pas empêcher de telles
catastrophes de se produire. Mais ils
peuvent contribuer à en réduire les
conséquences.
22
10
1
7
33
41
40
48
23
28
20
11
31
2
21
6
5 événements ayant répondu aux critères qui
caractérisent une « grande » catastrophe
naturelle
820 catastrophes naturelles, dont
50 événements importants (sélection)
42
5
50 34
15
38
16
44
14 13
19
4 35
Événements géophysiques : séisme, tsunami, éruption volcanique
Événements météorologiques : tempête tropicale, tempête d’hiver,
intempéries, grêle, tornade, tempête locale
Événements hydrologiques : débordement fluvial, crue éclair, onde
de tempête, mouvement de terrain (glissement)
Événements climatologiques : vague de chaleur, vague de froid,
incendie de forêt, sécheresse
3
37
9
32
27
8
39
29
46
12
25
26
43
45
17
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pp. 6, 10, 20, 26, 28, 29, 33, 36, 44, 46, 48 (en totalité), 49
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P. 2, à droite : Chris Spannagle
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P. 11, 25, 31, 39, 45, 51, 55 (en bas) : Fotostudio Meinen,
Munich
P. 22 (en haut), 30 : AP
P. 22 (en bas), 23, 38 : picture alliance/dpa
P. 35 : Munich Re America
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Topics Geo – Carte mondiale des catastrophes naturelles 2011
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Topics Geo – 50 catastrophes naturelles graves survenues en 2011
Date
Événement
Région
1 10–14/1
Inondations
Australie
2 12–16/1
7 2–7/2
Glissements de terrain,
crues torrentielles
Inondations,
crues torrentielles
Tempêtes d’hiver,
blizzards
Dommages causés par
le froid, gel
Inondations, glissements
de terrain
Cyclone Yasi
Australie
1
2 500
8 3–14/2
Inondations
Sri Lanka
18
300
3 26–28/1
4 31/1–6/2
5 1–8/2
6 Fév.–avril
États-Unis
Mexique
Bolivie
Préjudice
total (en
millions
de $US)
22
2 800
900
460
11
300
39
1 900
3
500
Dommages Commentaires, description du sinistre
assurés en
millions de
$US
1 875 Débordement de la Brisbane River. Des dizaines de milliers de bâtiments inondés. Dommages dans le
secteur agricole et dans des mines.
50 Fortes chutes de pluie, débordement de fleuves. Des milliers de maisons endommagées. 185 ponts et
routes détruites.
80 Rupture d’une digue. Bâtiments historiques détruits, entrepôts inondés. 11 000 véhicules endommagés.
52
1 300
Cyclone Bingiza
Madagascar
34
Séisme
Nouvelle-Zélande
181
16 000
13 000
11 5–16/3
12 11/3
Inondations
Séisme, tsunami
Angola
Japon
113
15 840
210 000
35 000–
40 000
13 3–5/4
14 18/4–23/5
Intempéries, tornades
Inondations
États-Unis
États-Unis
9
9
3 500
4 600
2 000
500
15 22–28/4
Intempéries, tornades
États-Unis
350
15 000
16 Avril–mai
Inondations,
glissements de terrain
Colombie
90
17 11/5
18 14–16/5
Séisme
Feux de forêt
Espagne
Canada
10
1
200
1 500
19 20–27/5
Intempéries, tornades
États-Unis
176
14 000
20 1/6–17/7
Inondations, glissements de terrain
Chine
355
2 000
21 4/6–21/7
Éruption du volcan
Puyehue
Séisme
Chili, Argentine,
Uruguay
Nouvelle-Zélande
30
Tempête tropicale
Meari, inondations
Intempéries
Chine, Philippines,
Corée
Danemark
17
Inondations, glissements de terrain
Typhon Muifa
(Kabayan), inondations
Inondations
Inondations
Corée du Nord et
Corée du Sud
Corée, Chine,
Japon, Philippines
Pakistan
Cambodge, Viêt
Nam
Thaïlande
23 25–28/6
24 2–3/7
25 26/7–2/8
26 28/7–9/8
27 Août–oct.
28 Août–nov.
29 Août–nov.
Inondations, glissements de terrain
30 22/8–2/9
31 26–29/8
32 Sept.–oct.
Ouragan Irene, onde de
tempête, inondations
Crues torentielles
Inondations
Caraïbe, Amérique
du Nord
Nigeria
Inde
1
7 300 Plus de 160 tornades de catégorie EF5, violents orages, grêle. Des villes (notamment Tuscaloosa),
des milliers d’habitations et de voitures ainsi qu’un aérodrome endommagés. Dommages à l’industrie et à l’agriculture. 269 000 foyers privés d’électricité.
100 Mw 5,1 ; 20 000 bâtiments, routes et véhicules endommagés. Plus de 300 blessés.
720 Vents soufflant jusqu’à 100 km/h. Plusieurs centaines de bâtiments endommagés/détruits.
Coupures de courant. 10 000 personnes évacuées.
6 900 Plus de 100 tornades de catégorie EF5, fortes pluies, grêle. Hangar pour avions et plus de 10 000
bâtiments endommagés/détruits. Tornade de catégorie EF5 sur Joplin dans le Missouri (158 morts) :
75 % de la ville dévastée. Routes fermées.
Fortes pluies. 130 000 bâtiments endommagés ou détruits. Des centaines de ponts, de routes et
plusieurs centrales hydroélectriques endommagés. Dégâts agricoles importants. 2,3 millions de
personnes évacuées.
800
50
300
200
88
255
76
22
800
100
520
355
2 500
400
20
813
40 000
10 000
5 600
55
7 400
102
90
930
33 3–5/9
Typhon Talas
Japon
68
650
430
34 3–10/9
Tempête tropicale Lee
États-Unis
15
750
560
35 4–19/9
Feux de forêt
2
1 000
530
36 12/9
Intempéries
États-Unis : surtout
TX
Europe du Nord
1
300
150
Somalie, Djibouti,
Kenya, Éthiopie
Colombie
Plus de
50 000
187
39 18/9
Séisme
Sud-Est asiatique
134
1 500
40 20–22/9
Typhon Roke (Onyok)
Japon
13
1 700
41 26/9–4/10 Typhon Nesat, inondations
42 11–19/10
Inondations, glissements de terrain
Philippines, Chine,
Viêt Nam
Amérique centrale
89
1 500
124
1 500
43 23/10
Séisme
Turquie
604
550
40
44 28–31/10
45 4–9/11
Tempête d’hiver
Crues torentielles
États-Unis, Canada
France, Italie
29
14
900
2 100
665
1 100
46 23–24/11
Feux de forêt
Australie
50
30
47 15–17/12
48 16–18/12
Tempête d’hiver Joachim
Tempête tropicale
Washi
Tempête d’hiver Patrick
(Dagmar)
Ouest de l’Europe
Philippines
Sécheresse
États-Unis
50 Janv.–déc.
Nord de l’Europe,
pays Baltes
1 268
650
40
1
200
8 000
1 200
Rejet de gaz et de cendres volcaniques. Aéroports fermés, plusieurs centaines de vols annulés.
Agriculture, oviculture et pisciculture touchées.
Mw 5,9 ; liquéfaction des sols. Plus d’une centaine de bâtiments endommagés. Ponts effondrés,
installations portuaires et chantiers navals touchés.
Vents soufflant jusqu’à 135 km/h, crues torrentielles et coulées de boue. Des milliers de maisons endommagées/détruites. Ponts et routes endommagés. Trafic aérien interrompu. Dommages agricoles.
Violents orages, tempêtes de grêle, fortes pluies. Plus de 1 000 bâtiments endommagés. Réseau de
communication coupé.
Rupture de digues, débordement de fleuves. Villages coupés du reste du monde. Plus de 15 000
habitations et des milliers de véhicules endommagés. Dommages à l’infrastructure et à l’agriculture.
Typhon de catégorie 5. Des milliers de maisons et des installations portuaires détruites. Bateaux de
pêche coulés. Dommages à l’infrastructure et à l’agriculture. 1,35 millions de personnes évacuées.
Rupture de digues, 6 000 villages inondés, ponts emportés. Grosses pertes dans l’agriculture et l’élevage.
Crue du Mékong. Digues et ponts emportés, route bloquées. Plusieurs centaines de maisons endommagées/détruites. Dommages agricoles.
Pluies diluviennes. 1 million de bâtiments inondés/endommagés. 7 parcs industriels inondés. Dégâts
importants causés à l’infrastructure, à l’agriculture, aux élevages intensifs de poissons et à l’élevage
de bétail.
Ouragan de catégorie 3. Plusieurs centaines de milliers de maisons et de véhicules endommagés/
détruits. Secteur agricole et réseau de télécommunication touchés.
Fortes pluies, effondrement du barrage d’Eleyele. Maisons, véhicules et ponts endommagés/détruits.
Fortes pluies de mousson. Débordement de fleuves. Villages coupés du reste du monde. 130 000
maisons endommagées/détruites. Graves dommages à l’infrastructure, dans le secteur agricole et le
secteur de l’élevage.
Fortes chutes de pluie, avalanches de boue. Plusieurs milliers de maisons et de véhicules endommagés/détruits.
Villages coupés du reste du monde. Des milliers de maisons et de voitures endommagées/détruites.
Dommages à l’infrastructure.
11 000 km2 dévorés par les flammes. Le pire incendie de forêt au Texas depuis plus de 10 ans. 1 600
maisons détruites.
Queue de l’ouragan Katia. Rafales de vent jusqu’à 130 km/h, fortes pluies, crues torrentielles.
Maisons endommagées.
2 saisons successives de très faibles pluies, grave manque d’eau. Agriculture et élevage sinistrés.
Famine, sous-alimentation et maladies. Nombre de personnes affectées : 13,3 millions.
150 000 bâtiments endommagés ou détruits. 11 000 km2 de terres cultivées inondées et 160 000
têtes de bétail tuées.
Mw 6,9 ; épicentre dans la région du Sikkim. Des centaines de glissements de terrain. Plusieurs
dizaines de milliers de bâtiments endommagés ou détruits. Ponts et routes endommagés. Réseaux
d’électricité et de communication coupés. Plus de 100 000 sans-abri.
Typhon de catégorie 4, vitesses de vent atteignant jusqu’à 215 km/h, fortes pluies. Dommages à
l’infrastructure, transports publics affectés. Les constructeurs d’automobiles (Toyota, Mitsubishi,
Nissan) ont dû suspendre momentanément la production de leurs usines.
Vents soufflant jusqu’à 150 km/h, fortes pluies, glissements de terrain. Plusieurs milliers de maisons
inondées. Dommages dans le secteur agricole et le secteur de la pêche.
Débordement de fleuves, rupture de digues. Plusieurs dizaines de milliers de bâtiments endommagés/détruits. Plusieurs centaines de ponts emportés. Dommages dans le secteur agricole et le
secteur de l’élevage.
Mw 7,2 ; 65 000 maisons endommagées/détruites. Coupures de courant, réseaux de distribution
d’eau et de gaz touchés. Plus de 4 200 blessés.
Fortes chutes de neige. Réseau de communication coupé. Lignes électriques et arbres renversés.
Intempéries, coulées de boue. Des milliers de bâtiments et de voitures endommagées/détruites.
Graves dommages à l’infrastructure.
Feu de brousse, 155 km2 détruits par les flammes. Plus de 30 maisons détruites, 16 autres endommagées. Routes fermées. 200 personnes évacuées.
390 Fortes chutes de neige et de pluie, crues torrentielles. Trafic routier et ferroviaire interrompu.
Crues torrentielles, glissements de terrain. Débordement de fleuves. Plus de 6 800 maisons endommagées/détruites.
Vents soufflant jusqu’à 232 km/h, fortes pluies, ondes de tempête, glissements de terrain. Villes
inondées. Bâtiments, maisons et voitures endommagés. Trafic routier et ferroviaire arrêté. Réseau de
télécommunication coupé.
1 000 Déficit pluviométrique et manque d’eau dans les nappes phréatiques. Graves dommages dans le
secteur agricole et le secteur de l’élevage.
TOPICS
GEO
Édition 2012
Catastrophes naturelles 2011
Analyses – Évaluations –
Positions
Séisme,
inondations,
accident nucléaire
La triple catastrophe du
Tohoku a ébranlé la société,
la science et l’économie
PAGE 6
Inondations
L’Australie, les ÉtatsUnis et la Thaïlande
sous les eaux
Munich Re
37 Oct. 2010– Sécheresse
sept. 2011
38 Sept.–déc. Inondations
49 25–26/12
Débordements de fleuves. Éboulement. Plusieurs centaines de maisons détruites. Villes, ponts et
autoroutes endommagés. 10 000 sans-abri.
Cyclone de catégorie 4. Bâtiments et véhicules endommagés/détruits. Ports fermés, trafic ferroviaire
interrompu. Dégâts dans l’agriculture. 180 000 foyers privés d’électricité.
Fortes pluies de mousson. 45 000 maisons endommagées/détruites. Dommages dans l’agriculture,
l’élevage et dans le secteur de la pêche.
Plus de 6 000 maisons et beaucoup d’écoles endommagées. 80 % de l’infrastructure détruite.
Dommages agricoles. 77 000 sans-abri.
Mw 6,3 ; liquéfaction des sols dans de vastes zones. Des bâtiments de plusieurs étages et 10 000
maisons endommagés/détruits.
5 000 habitations détruites. Ponts et routes endommagés. Dégâts dans l’agriculture. 35 000 sans-abri.
Mw 9 ; tsunami ayant pénétré jusqu’à 5 km à l’intérieur des terres. Larges secteurs côtiers entièrement détruits. Graves dommages causés à l’industrie et à l’économie. Centrale de Fukushima Daiichi :
réacteurs endommagés, fuite radioactive. 6 000 blessés et 500 000 personnes évacuées.
Plus de 20 tornades, violentes averses de grêle. Bâtiments et véhicules endommagés/détruits.
Averses, intempéries, fortes pluies, fonte des neiges. Débordement de fleuves, notamment du
Mississippi et de l’Ohio. Villes inondées.
Plus de 7 400 maisons détruites. Gros dégâts à l’infrastructure.
2 000
Numéro de commande 302-07226
1 425 « Groundhog Day Blizzard ». Maisons et véhicules endommagés. Production arrêtée chez plus de 30
constructeurs automobiles.
200 Températures de –15°C. Tempêtes de neige. Lourds dégâts dans l’agriculture.
10 22/2
22 13/6
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Triple catastrophe au Japon · Portraits : séismes, inondations, tempêtes · NatCatSERVICE et gestion des risques
9 14–19/2
Brésil
Arabie saoudite
Morts
TOPICS GEO 2011
N°
Sommet sur le climat
Les décisions reportées
sine die
Gestion des risques
Les modèles 3D créent
de la transparence
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Angelika Wirtz, Munich Re
Dr.-Ing. Wolfgang Kron, Munich Re
Florian Wöst, Munich Re
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Photo de la couverture, p. 2 (à gauche), p. 3 (les deux),
pp. 6, 10, 20, 26, 28, 29, 33, 36, 44, 46, 48 (en totalité), 49
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P. 56 : Kevin Sprouls
5 événements ayant répondu aux critères qui
caractérisent une « grande » catastrophe
naturelle
1
2
10
21
7
9
11
6
41
48
28
8
37
31
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Allemand 302-07224
Anglais 302-07225
Français 302-07226
Espagnol 302-07227
Italien 302-07228
50 événements importants (sélection)
Événements géophysiques : séisme, tsunami, éruption volcanique
Événements météorologiques : tempête tropicale, tempête d’hiver,
intempéries, grêle, tornade, tempête locale
Événements hydrologiques : débordement fluvial, crue éclair, onde
de tempête, mouvement de terrain (glissement)
Événements climatologiques : vague de chaleur, vague de froid,
incendie de forêt, sécheresse
820 catastrophes naturelles, dont
50 34
29
32
38
42
23
27
3
40
33
20
15
39
5
12
25
26
43
45
17
44
14 13
19
4 35
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Topics Geo – Carte mondiale des catastrophes naturelles 2011
46
22
Topics Geo – 50 catastrophes naturelles graves survenues en 2011
Date
Événement
Région
1 10–14/1
Inondations
Australie
2 12–16/1
7 2–7/2
Glissements de terrain,
crues torrentielles
Inondations,
crues torrentielles
Tempêtes d’hiver,
blizzards
Dommages causés par
le froid, gel
Inondations, glissements
de terrain
Cyclone Yasi
Australie
1
2 500
8 3–14/2
Inondations
Sri Lanka
18
300
3 26–28/1
4 31/1–6/2
5 1–8/2
6 Fév.–avril
États-Unis
Mexique
Bolivie
Préjudice
total (en
millions
de $US)
22
2 800
900
460
11
300
39
1 900
3
500
Dommages Commentaires, description du sinistre
assurés en
millions de
$US
1 875 Débordement de la Brisbane River. Des dizaines de milliers de bâtiments inondés. Dommages dans le
secteur agricole et dans des mines.
50 Fortes chutes de pluie, débordement de fleuves. Des milliers de maisons endommagées. 185 ponts et
routes détruites.
80 Rupture d’une digue. Bâtiments historiques détruits, entrepôts inondés. 11 000 véhicules endommagés.
52
1 300
Cyclone Bingiza
Madagascar
34
Séisme
Nouvelle-Zélande
181
16 000
13 000
11 5–16/3
12 11/3
Inondations
Séisme, tsunami
Angola
Japon
113
15 840
210 000
35 000–
40 000
13 3–5/4
14 18/4–23/5
Intempéries, tornades
Inondations
États-Unis
États-Unis
9
9
3 500
4 600
2 000
500
15 22–28/4
Intempéries, tornades
États-Unis
350
15 000
16 Avril–mai
Inondations,
glissements de terrain
Colombie
90
17 11/5
18 14–16/5
Séisme
Feux de forêt
Espagne
Canada
10
1
200
1 500
19 20–27/5
Intempéries, tornades
États-Unis
176
14 000
20 1/6–17/7
Inondations, glissements de terrain
Chine
355
2 000
21 4/6–21/7
Éruption du volcan
Puyehue
Séisme
Chili, Argentine,
Uruguay
Nouvelle-Zélande
30
Tempête tropicale
Meari, inondations
Intempéries
Chine, Philippines,
Corée
Danemark
17
Inondations, glissements de terrain
Typhon Muifa
(Kabayan), inondations
Inondations
Inondations
Corée du Nord et
Corée du Sud
Corée, Chine,
Japon, Philippines
Pakistan
Cambodge, Viêt
Nam
Thaïlande
23 25–28/6
24 2–3/7
25 26/7–2/8
26 28/7–9/8
27 Août–oct.
28 Août–nov.
29 Août–nov.
Inondations, glissements de terrain
30 22/8–2/9
31 26–29/8
32 Sept.–oct.
Ouragan Irene, onde de
tempête, inondations
Crues torentielles
Inondations
Caraïbe, Amérique
du Nord
Nigeria
Inde
1
7 300 Plus de 160 tornades de catégorie EF5, violents orages, grêle. Des villes (notamment Tuscaloosa),
des milliers d’habitations et de voitures ainsi qu’un aérodrome endommagés. Dommages à l’industrie et à l’agriculture. 269 000 foyers privés d’électricité.
100 Mw 5,1 ; 20 000 bâtiments, routes et véhicules endommagés. Plus de 300 blessés.
720 Vents soufflant jusqu’à 100 km/h. Plusieurs centaines de bâtiments endommagés/détruits.
Coupures de courant. 10 000 personnes évacuées.
6 900 Plus de 100 tornades de catégorie EF5, fortes pluies, grêle. Hangar pour avions et plus de 10 000
bâtiments endommagés/détruits. Tornade de catégorie EF5 sur Joplin dans le Missouri (158 morts) :
75 % de la ville dévastée. Routes fermées.
Fortes pluies. 130 000 bâtiments endommagés ou détruits. Des centaines de ponts, de routes et
plusieurs centrales hydroélectriques endommagés. Dégâts agricoles importants. 2,3 millions de
personnes évacuées.
800
50
300
200
88
255
76
22
800
100
520
355
2 500
400
20
813
40 000
10 000
5 600
55
7 400
102
90
930
33 3–5/9
Typhon Talas
Japon
68
650
430
34 3–10/9
Tempête tropicale Lee
États-Unis
15
750
560
35 4–19/9
Feux de forêt
2
1 000
530
36 12/9
Intempéries
États-Unis : surtout
TX
Europe du Nord
1
300
150
Somalie, Djibouti,
Kenya, Éthiopie
Colombie
Plus de
50 000
187
39 18/9
Séisme
Sud-Est asiatique
134
1 500
40 20–22/9
Typhon Roke (Onyok)
Japon
13
1 700
41 26/9–4/10 Typhon Nesat, inondations
42 11–19/10
Inondations, glissements de terrain
Philippines, Chine,
Viêt Nam
Amérique centrale
89
1 500
124
1 500
43 23/10
Séisme
Turquie
604
550
40
44 28–31/10
45 4–9/11
Tempête d’hiver
Crues torentielles
États-Unis, Canada
France, Italie
29
14
900
2 100
665
1 100
46 23–24/11
Feux de forêt
Australie
50
30
47 15–17/12
48 16–18/12
Tempête d’hiver Joachim
Tempête tropicale
Washi
Tempête d’hiver Patrick
(Dagmar)
Ouest de l’Europe
Philippines
Sécheresse
États-Unis
50 Janv.–déc.
Nord de l’Europe,
pays Baltes
1 268
650
40
1
200
8 000
1 200
Rejet de gaz et de cendres volcaniques. Aéroports fermés, plusieurs centaines de vols annulés.
Agriculture, oviculture et pisciculture touchées.
Mw 5,9 ; liquéfaction des sols. Plus d’une centaine de bâtiments endommagés. Ponts effondrés,
installations portuaires et chantiers navals touchés.
Vents soufflant jusqu’à 135 km/h, crues torrentielles et coulées de boue. Des milliers de maisons endommagées/détruites. Ponts et routes endommagés. Trafic aérien interrompu. Dommages agricoles.
Violents orages, tempêtes de grêle, fortes pluies. Plus de 1 000 bâtiments endommagés. Réseau de
communication coupé.
Rupture de digues, débordement de fleuves. Villages coupés du reste du monde. Plus de 15 000
habitations et des milliers de véhicules endommagés. Dommages à l’infrastructure et à l’agriculture.
Typhon de catégorie 5. Des milliers de maisons et des installations portuaires détruites. Bateaux de
pêche coulés. Dommages à l’infrastructure et à l’agriculture. 1,35 millions de personnes évacuées.
Rupture de digues, 6 000 villages inondés, ponts emportés. Grosses pertes dans l’agriculture et l’élevage.
Crue du Mékong. Digues et ponts emportés, route bloquées. Plusieurs centaines de maisons endommagées/détruites. Dommages agricoles.
Pluies diluviennes. 1 million de bâtiments inondés/endommagés. 7 parcs industriels inondés. Dégâts
importants causés à l’infrastructure, à l’agriculture, aux élevages intensifs de poissons et à l’élevage
de bétail.
Ouragan de catégorie 3. Plusieurs centaines de milliers de maisons et de véhicules endommagés/
détruits. Secteur agricole et réseau de télécommunication touchés.
Fortes pluies, effondrement du barrage d’Eleyele. Maisons, véhicules et ponts endommagés/détruits.
Fortes pluies de mousson. Débordement de fleuves. Villages coupés du reste du monde. 130 000
maisons endommagées/détruites. Graves dommages à l’infrastructure, dans le secteur agricole et le
secteur de l’élevage.
Fortes chutes de pluie, avalanches de boue. Plusieurs milliers de maisons et de véhicules endommagés/détruits.
Villages coupés du reste du monde. Des milliers de maisons et de voitures endommagées/détruites.
Dommages à l’infrastructure.
11 000 km2 dévorés par les flammes. Le pire incendie de forêt au Texas depuis plus de 10 ans. 1 600
maisons détruites.
Queue de l’ouragan Katia. Rafales de vent jusqu’à 130 km/h, fortes pluies, crues torrentielles.
Maisons endommagées.
2 saisons successives de très faibles pluies, grave manque d’eau. Agriculture et élevage sinistrés.
Famine, sous-alimentation et maladies. Nombre de personnes affectées : 13,3 millions.
150 000 bâtiments endommagés ou détruits. 11 000 km2 de terres cultivées inondées et 160 000
têtes de bétail tuées.
Mw 6,9 ; épicentre dans la région du Sikkim. Des centaines de glissements de terrain. Plusieurs
dizaines de milliers de bâtiments endommagés ou détruits. Ponts et routes endommagés. Réseaux
d’électricité et de communication coupés. Plus de 100 000 sans-abri.
Typhon de catégorie 4, vitesses de vent atteignant jusqu’à 215 km/h, fortes pluies. Dommages à
l’infrastructure, transports publics affectés. Les constructeurs d’automobiles (Toyota, Mitsubishi,
Nissan) ont dû suspendre momentanément la production de leurs usines.
Vents soufflant jusqu’à 150 km/h, fortes pluies, glissements de terrain. Plusieurs milliers de maisons
inondées. Dommages dans le secteur agricole et le secteur de la pêche.
Débordement de fleuves, rupture de digues. Plusieurs dizaines de milliers de bâtiments endommagés/détruits. Plusieurs centaines de ponts emportés. Dommages dans le secteur agricole et le
secteur de l’élevage.
Mw 7,2 ; 65 000 maisons endommagées/détruites. Coupures de courant, réseaux de distribution
d’eau et de gaz touchés. Plus de 4 200 blessés.
Fortes chutes de neige. Réseau de communication coupé. Lignes électriques et arbres renversés.
Intempéries, coulées de boue. Des milliers de bâtiments et de voitures endommagées/détruites.
Graves dommages à l’infrastructure.
Feu de brousse, 155 km2 détruits par les flammes. Plus de 30 maisons détruites, 16 autres endommagées. Routes fermées. 200 personnes évacuées.
390 Fortes chutes de neige et de pluie, crues torrentielles. Trafic routier et ferroviaire interrompu.
Crues torrentielles, glissements de terrain. Débordement de fleuves. Plus de 6 800 maisons endommagées/détruites.
Vents soufflant jusqu’à 232 km/h, fortes pluies, ondes de tempête, glissements de terrain. Villes
inondées. Bâtiments, maisons et voitures endommagés. Trafic routier et ferroviaire arrêté. Réseau de
télécommunication coupé.
1 000 Déficit pluviométrique et manque d’eau dans les nappes phréatiques. Graves dommages dans le
secteur agricole et le secteur de l’élevage.
TOPICS
GEO
Édition 2012
Catastrophes naturelles 2011
Analyses – Évaluations –
Positions
Séisme,
inondations,
accident nucléaire
La triple catastrophe du
Tohoku a ébranlé la société,
la science et l’économie
PAGE 6
Inondations
L’Australie, les ÉtatsUnis et la Thaïlande
sous les eaux
Munich Re
37 Oct. 2010– Sécheresse
sept. 2011
38 Sept.–déc. Inondations
49 25–26/12
Débordements de fleuves. Éboulement. Plusieurs centaines de maisons détruites. Villes, ponts et
autoroutes endommagés. 10 000 sans-abri.
Cyclone de catégorie 4. Bâtiments et véhicules endommagés/détruits. Ports fermés, trafic ferroviaire
interrompu. Dégâts dans l’agriculture. 180 000 foyers privés d’électricité.
Fortes pluies de mousson. 45 000 maisons endommagées/détruites. Dommages dans l’agriculture,
l’élevage et dans le secteur de la pêche.
Plus de 6 000 maisons et beaucoup d’écoles endommagées. 80 % de l’infrastructure détruite.
Dommages agricoles. 77 000 sans-abri.
Mw 6,3 ; liquéfaction des sols dans de vastes zones. Des bâtiments de plusieurs étages et 10 000
maisons endommagés/détruits.
5 000 habitations détruites. Ponts et routes endommagés. Dégâts dans l’agriculture. 35 000 sans-abri.
Mw 9 ; tsunami ayant pénétré jusqu’à 5 km à l’intérieur des terres. Larges secteurs côtiers entièrement détruits. Graves dommages causés à l’industrie et à l’économie. Centrale de Fukushima Daiichi :
réacteurs endommagés, fuite radioactive. 6 000 blessés et 500 000 personnes évacuées.
Plus de 20 tornades, violentes averses de grêle. Bâtiments et véhicules endommagés/détruits.
Averses, intempéries, fortes pluies, fonte des neiges. Débordement de fleuves, notamment du
Mississippi et de l’Ohio. Villes inondées.
Plus de 7 400 maisons détruites. Gros dégâts à l’infrastructure.
2 000
Numéro de commande 302-07226
1 425 « Groundhog Day Blizzard ». Maisons et véhicules endommagés. Production arrêtée chez plus de 30
constructeurs automobiles.
200 Températures de –15°C. Tempêtes de neige. Lourds dégâts dans l’agriculture.
10 22/2
22 13/6
© 2012
Münchener Rückversicherungs-Gesellschaft
Königinstrasse 107, 80802 München, Allemagne
Triple catastrophe au Japon · Portraits : séismes, inondations, tempêtes · NatCatSERVICE et gestion des risques
9 14–19/2
Brésil
Arabie saoudite
Morts
TOPICS GEO 2011
N°
Sommet sur le climat
Les décisions reportées
sine die
Gestion des risques
Les modèles 3D créent
de la transparence