Dix ans après : l`échec du rapport Pébereau - Le Point
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Dix ans après : l'échec du rapport Pébereau - Le Point 15/01/2016 10:44 Dix ans après : l'échec du rapport Pébereau Le rapport devait créer un "électrochoc" pour mettre fin à la spirale de l'endettement. Mais la dette publique française a continué à s'envoler. SOURCE AFP Publié le 15/01/2016 à 09:48 | Le Point.fr i ABONNEZ-VOUS À PARTIR DE Le ministère de l'Économie et 1€ des Finances, à Paris. © GUY Christian Il souhaitait créer un "électrochoc" pour mettre fin à la spirale de l'endettement. Le rapport Pébereau, publié voilà dix ans, n'a pas empêché la dette publique française de continuer à s'envoler, malgré l'objectif affiché de réduction des déficits. Un panel de 21 personnalités pour un ouvrage en forme de manifeste ("Rompre avec la facilité de la dette publique") : le rapport, remis au gouvernement fin 2005 par l'ex-patron de BNP Paribas Michel Pébereau, avait marqué les esprits, en appelant à éviter l'"asphyxie financière". "Il y avait un message d'alarme" portant à la fois sur "le niveau d'endettement" et sur "la nature de la dette", essentiellement utilisée "pour financer des dépenses courantes et non pour investir", se souvient l'un des membres de la commission, Patrick Artus, chef économiste chez Natixis. À l'époque, la dette cumulée de l'État, des collectivités locales et des administrations de sécurité sociale s'élevait à 1 100 milliards d'euros, après avoir été multipliée par cinq en vingt-cinq ans. Soit près de 66 % du Produit intérieur brut (PIB). Une décennie plus tard, l'électrochoc tant espéré n'a pas eu lieu. Au contraire : la dette publique française a continué de monter en flèche, pour atteindre à l'automne 2015 le chiffre astronomique de 2 103 milliards d'euros, équivalent à 96,9 % de la richesse nationale. Effet de la crise En cause, la crise économique de 2008, qui a poussé l'État à multiplier les dépenses pour maintenir l'économie à flot. "La crise a été violente dans de nombreux secteurs d'activité et donc pour de nombreux salariés. Il y avait besoin d'amortisseurs sociaux", souligne à l'AFP Ludovic Subran, chef économiste chez Euler-Hermes. Recettes en baisse, dépenses en hausse... Les déficits publics se sont ainsi accumulés, avec un pic record de 7,5 % du PIB en 2009. Et l'endettement par http://www.lepoint.fr/economie/dix-ans-apres-l-echec-du-rapport-pebereau-15-01-2016-2010194_28.php Page 1 sur 3 Dix ans après : l'échec du rapport Pébereau - Le Point 15/01/2016 10:44 accumulés, avec un pic record de 7,5 % du PIB en 2009. Et l'endettement par habitant a explosé, passant de 18 000 euros lors de la remise du rapport à 32 000 euros aujourd'hui. "Cette hausse n'est pas une spécificité française", nuance Xavier Timbeau, directeur de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). "Face à la crise, la plupart des pays ont choisi d'intervenir. Du coup, la dette a augmenté un peu partout." Aurait-il fallu agir différemment, à l'instar de l'Allemagne, qui s'est refusée à laisser filer son déficit ? "Ex-post, on peut penser que oui, car on s'aperçoit que la crise de 2008 était une crise structurelle, et non cyclique. Mais à l'époque, ça n'était pas évident", juge Patrick Artus. Selon l'économiste, le retour à la rigueur budgétaire dans l'Hexagone a cependant été trop lent, une fois passé le plus dur de la crise. "Les responsables politiques français n'ont pas compris que l'argent public était rare. C'est un problème plus profond", regrette-t-il. Un message relayé par le premier président de la Cour des comptes Didier Migaud, qui estime que la réduction de la dette publique en France "se poursuit à un rythme très lent, trop lent même, par rapport aux efforts consentis par nos partenaires de l'Union européenne et de la zone euro". Promis à l'origine pour 2012, le retour du déficit français sous la barre des 3 % exigée par Bruxelles n'est désormais prévu que pour 2017, après avoir été repoussé à 2013 puis 2015. Et aucune date n'est donnée pour un retour à l'équilibre budgétaire, que Paris n'a plus atteint depuis.. 1974 ! "Des avancées" Le rapport Pébereau a-t-il pour autant échoué ? "Pas forcément", estime Ludovic Subran, qui rappelle que plusieurs préconisations - parmi les vingt formulées par la Commission - sont à présent entrées dans les moeurs en matière de politique budgétaire. Le rapport souhaitait ainsi que les dépenses nouvelles soient compensées par des économies équivalentes. Il réclamait également que les recettes exceptionnelles, tirées par exemple des ventes d'actifs, soient affectées à la réduction du déficit. Deux principes globalement respectés, aujourd'hui, par les pouvoirs publics. "Le rapport a permis des avancées", concède Patrick Artus, qui regrette néanmoins le manque de rigueur de certains acteurs publics. "L'État a fait des efforts. Mais ça n'est pas le cas des collectivités locales, dont les dépenses de fonctionnement ont explosé." À ce stade, les conséquences de cette dérive sont restées limitées, en raison des faibles taux d'intérêt, tombés en 2015 à un niveau historiquement bas. La charge de la dette est ainsi restée stable, passant de 40 milliards d'euros en 2005 à 44,3 milliards d'euros en 2015, malgré l'explosion de l'endettement public. "À court terme, c'est une bonne nouvelle. Mais ça n'incite pas à la discipline budgétaire", explique Ludovic Subran. Un avis partagé par Xavier Timbeau, qui estime que le regard sur la dette "a changé" avec cette nouvelle donne. "Emprunter coûte moins cher. Du coup, le problème de la dette semble devenu secondaire", juge l'économiste, tenant d'une approche "mesurée" sur cette question. "La dette, c'est un des éléments de l'équation macroéconomique : il ne faut pas se focaliser uniquement sur elle, et en même temps il ne faut pas considérer que c'est un non-problème", résume-t-il. Une prudence d'autant plus nécessaire que les taux vont finir par remonter. "Le réveil sera alors douloureux", prévient Didier Migaud. Accédez à l’intégralité des contenus du Point à partir de 1€ seulement >> INSCRIVEZ-VOUS À LA NEWSLETTER ! 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