De 2005 à 2009 la Mission Archéologique Franco
Transcription
De 2005 à 2009 la Mission Archéologique Franco
De 2005 à 2009 la Mission Archéologique Franco-Thaïe en péninsule Thaï-Malaise septentrionale a mis au jour à Khao Sam Kaeo (Chumphon, Thaïlande péninsulaire) la plus ancienne proto-cité-état de caractère cosmopolite en Mer de Chine dont l’émergence est clairement liée au développement des échanges des routes de la Soie. Elle a révélé le caractère industriel de ce type d’entité politique en mettant en évidence des zones de production de biens de prestige qui mettaient en œuvre des technologies complexes exogènes, certaines sous l’égide d’artisans étrangers. Ces productions étaient distribuées sur différents niveaux de réseaux asiatiques. Ce programme a démontré le rôle des artisans dans les constructions culturelles et identitaires dans l’Océan indien. Il a également révélé sur ce site au carrefour d'influences, l'émergence d'un urbanisme et d'une centralisation politique insoupçonnés dès la fin de la préhistoire. Khao Sam Kaeo apparaît d'ors-et- déjà comme un site de référence pour l'histoire de l'Asie du Sud et du Sud-Est. Le programme du quadriennal qui s'achève (2011 – 2014) a pour objet d’étudier l' « Evolution des populations et de leurs écosystèmes en relation avec les échanges hauturiers de la péninsule ThaïMalaise septentrionale (1er millénaire A.C. – 1er millénaire. E.C.). C'est un programme d’étude transdisciplinaire sur la longue durée de la connexité des bassins maritimes asiatiques et de leurs productions culturelles. Il porte une attention particulière aux interactions entre les populations et leur environnement et l’engagement de celles-ci dans les réseaux locaux, régionaux et interrégionaux. Ce programme transdisciplinaire allie anthropologie, anthropologie des techniques (technologie et sciences des matériaux), sciences de l'ingénieur (S.I.G.) et comporte d'avantage d'études paléoenvironnementales (paléo-écologie, géo-archéologie, archéo-botanie, palynologie, géochimie) et géoenvironnementales (géographie, ethno-botanie) ; il intègre à présent aussi les études bio-archéologiques (isotopes, paléo-génétique). Prenant pour référence les travaux de F. Braudel et son modèle géographique selon lequel l’espace se définit davantage par des échanges, ce programme de recherches porte sur la connexité des différents groupes sociaux et écosystèmes dans les bassins maritimes de l’est de l'Océan Indien et de la Mer de Chine dans la longue durée à partir du premier millénaire précédent notre ère. C’est avec une approche systémique où s’articulent les différents niveaux de réseaux, décentrée et sur la très longue durée que nous envisageons ces bassins d’interactions multiples et que nous examinons la possibilité qu'aient été acteurs tous les groupes sociaux, qu’il s’agisse des populations côtières urbaines ou des populations longtemps considérées marginales de l’intérieur et comme celles des mers ("nomades des mers"). C'est pourquoi la mission étudie tout aussi bien les populations cosmopolites côtières réunies au sein des ports-entrepôts, que celles de l'intérieur forestier pourvoyeurs des biens recherchés par ces derniers ou celles des mers, gardiens des routes maritimes. Ce nouveau programme a pour objectifs de définir : - l’intégration et l’interdépendance sur la longue-durée entre les différents groupes sociaux (hautes terres-basses terres, étrangers) en péninsule en relation avec des développements historiques de large échelle : complexification sociale et politique, échanges, etc. -la coévolution de ces groupes et de leur environnement en relation avec les échanges et les migrations ; -le rôle des populations « marginales » dans des processus culturels majeurs ; -la construction Identitaire : différenciation ou amalgamation ethnique et culturelle entre les groupes en contact. Cette approche systémique des échanges qui examine les évolutions combinées des différents types de populations et d’environnements connectés se situe dans le sillage des recherches menées en Histoire Globale, un mouvement historique plutôt anglo-saxon mais représenté en France par les études sur l’Afrique et l’Océan Indien (P. Beaujard). La mission archéologique franco-Thaïe en péninsule Thaï-Malaise septentrionale est la seule mission scientifique étrangère dans le sud de la Thaïlande et la seule actuellement à y mener des recherches archéologiques. Elle est donc un partenaire naturel pour les populations locales en demande de recherches sur leur patrimoine et les institutions nationales prêtes à soutenir leur diffusion et valorisation. A la demande de la communauté locale et des institutions muséales à Bangkok, la mission participe à l'élaboration d'un centre du patrimoine. Ce projet de centre de recherche, de formation et du patrimoine régional constitue une plateforme pour les recherches de chercheurs et d'étudiants d'horizons différents. Leurs travaux doivent trouver un aboutissement dans le futur centre. Il pourrait constituer une base pour l'étude et la formation sur la biodiversité du National Science Museum. Ce centre ambitionne aussi d'être un lieu de formation pour les populations locales à travers des stages et des expositions temporaires et permanentes, une des spécialités du National Science Museum. Ce projet d'écomusée du patrimoine naturel et culturel devrait continuer de donner lieu à des collaborations entre diverses institutions européennes et Thaïlandaises. Les études que mènent les anthropologues Annabel Vallard, Olivier Evrad et Jean-Marc Dubost sont étroitement liées aux recherches historiques que mène la mission archéologiques et les prolonge puisqu'elles s'attachent à caractériser d'éventuelles permanences régionales et aux problématiques des processus de patrimonialisation. Carte archéologique de la mission franco-thaïe