Les convoyeurs attendent Etalage de la baston
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Les convoyeurs attendent Etalage de la baston
84 Les convoyeurs attendent Gyali, le 26 juin. Hier je suis allé rendre visite à bord d'un joli yacht que j'avais déjà croisé à Porto Longos (Paxos) il y a deux ans. Si j'ai bonne souvenance, les invités à bord m'avaient expliqué qu'il appartenait à une baronne belge âgée de plus de 90 ans, toujours alerte et souvent à bord. Si je l'ai bien comprise quand elle apparut brièvement sur le pont pour déterminer avec eux à quelle heure le déjeuner devait être servi, elle les recevait les petits plats mis dans les grands, arrosés de champagne frappé. Je n'ai ni la mémoire des noms (pas même des baronnes belges) ni celle des noms des yachts (pas même de Midnight Sun). Cette qualité humaine ne fait malheureusement pas partie de mon savoir vivre. Ma mémoire RAM génétiquement non modifiée n'a ni dossier « c :\people » ni dossier « c :\rencontres ». Elle n'est pas multimédia. C'est toujours l'image, souvent le son, jamais le nom, qu'il soit propre ou non. Souvent je cherche mes mots comme au temps de la ruée vers l'or introuvable. Quand j'ai vu distraitement ce bateau à l'ancre à quelques centaines de mètres de Thoè, je me suis immédiatement dit que c'était peut-être celui que j'avais vu il y a deux ans. Il bât pavillon britannique et envoie un petit pavillon belge à bâbord, seulement visible de loin avec de bonnes jumelles. Ce contrôle visuel a transformé mon impression encore vague en certitude. L'allure générale captée de façon fugitive avait suffit à l'identifier. Celui qui pense être capable de créer une machine qui singe le fonctionnement du cerveau humain avant la fin du monde se trompe lourdement, en tout cas s'il s'agit du mien, que je ne comprends qu'exceptionnellement moi-même. J'hésite à donner ma matière grise à la science après ma mort, car je ne voudrais pas créer de désillusions ou de suicides parmi les chercheurs qui se lancent tête baissée dans ce défi impossible à réaliser. A part cette visite de courtoisie belgo-belge, Le Cap', aidé de Tournesol et de Madame Zigzag, a révisé le taud qui le garantit contre tout danger d'insolation et de surchauffe de son CPU en matière grise (parfois volcanique), lorsqu'il est assis confortablement en pleine action, à la barre, sur son siège ergonomique. Il est recouvert de teck et concave. En cas de glissade, on revient toujours au milieu ! Le taud optimisé est plat et horizontal. Il prend désormais moins le vent que l'ancien, en forme d'accent circonflexe d'un mètre septante de long (un mètre soixante dix, NdT). Etalage de la baston Gyali, le 27 juin. Des avis de grand frais et de tempête (force 7 et 8) sont régulièrement émis et mis à jour sur le Navtex. Les fichiers GRIB téléchargés d'Internet annoncent 30/35 kts. Voici le résultat pratique, au second jour du coup de vent, des investigations du Cap', faites il y a trois jours. A-t-il bien choisi l'abri de Thoè ? Au cours d'une journée, la direction du Meltem, qui se lève après le soleil, évolue en général dans le sens antihoraire, du NNW ou NNE (selon la géographie des îles) vers le NW en forcissant progressivement, surtout l'après-midi. Il mollit très nettement la nuit. Dans notre mouillage, le vent qui contourne l'île nous vient dévié au SSE, en fin de nuit et début de matinée. Il revient carrément vers la falaise ! Il est faible avec de courtes rafales modérées venant du SW ou du NE. Thoè a tourné plusieurs fois autour de lui-même, prenant un safran dans la ligne frappée sur l'étrave. Elle a donc été temporairement frappée sur la poupe jusqu'à ce que la direction du vent se stabilise au SW. Une seconde ligne sur l'arrière aurait été utile. En deuxième partie de © Pierre Lang ♠ www.thoe.be 85 l'après-midi, le Meltem vient du NW en forcissant. Dans le mouillage, le vent est alors plus soutenu, jusqu'à 15 kts établis (du SW), avec de courtes rafales à 20 kts. On ne peut pas espérer mieux et plus confortable dans un coup de vent ! Panorama de 180° (donc déformé) pris depuis le sommet de l'îlot situé en face du sommet de Gyali De gauche à droite : plage (au SSW), carrière, plage du centre, Thoè, sommet 182 m (au NW), petite plage, carrière (au NNE) L'état de la mer vu de Gyali avec Kos à l'arrière plan Il est difficile de photographier l'état du plan d'eau. Les moutons et les rafales ne sont pas bien visibles sur une photo d'ensemble et un détail isolé ne prouve rien. Sur site, notamment du sommet de l'îlot, on distingue clairement la zone plus calme qui s'étant au pied de la falaise et devant la petite plage. On peut tirer une ligne entre l'angle NE de la grande plage et la carrière du NNE. Côté falaise, c'est nettement plus calme que côté îlot, alors que la zone entre la falaise et l'îlot est déjà ellemême plus calme que devant la grande plage. Cette dernière est balayée toute la journée par du vent fort et des rafales. Celles-ci sont plus présentes au SW de la plage le matin puis au NW (fortes rafales au contour du rocher à ce moment). Voici deux photographies prises du pont de Thoè. Les deux carrés rouges sont le même agrandissement d'une partie de la photo de gauche, montrant le plan d'eau à proximité de la plage ou se trouvaient deux voiliers. On voit bien les moutons levés par le vent. A droite, le mouillage plus calme où Thoè attend paisiblement. Comme on le dit vulgairement : ces deux photos montrent clairement que… il n'y a pas photo ! www.thoe.be ♠ © Pierre Lang 86 L'utilisation combinée du tape-cul et d'une longue aussière, une extrémité frappée à terre et l'autre à l'étrave (une forme d'affourchage sans seconde ancre) fait merveille. Les faibles embardées se passent dans un angle de 10° à maximum 15° (disons 5° à 8° de chaque côté du lit du vent). Autant dire qu'il n'y a quasi pas de variations dans la force exercée sur l'ancre et que le fardage du bateau est limité à son minimum : disons 10% de plus que la résistance au vent quand il lui fait strictement face. Le mouillage est constitué de 42 mètres de chaîne de 10 mm plus 8 mètres de câblot muni d'un amortisseur élastique en caoutchouc, frappé sur la chaîne avec une main de fer et sur le second taquet de la plage avant. Il part à environ 15° vers bâbord (côté large). La ligne d'affourchage, d'une longueur d'environ 60 m, part à environ 100° vers tribord (côté terre) Il y a environ 120° entre les deux lignes. Avec toutes ces dispositions, Thoè aurait certainement pu tenir 60 kts ! Elles ne se justifiaient certainement pas pour étaler un avis de grand frais ou de tempête. Pour le coup, c'était une sécurité excédentaire inutile, mais on n'a jamais de certitude absolue quant à la justesse de son analyse dans un pays que l'on ne connaît pas et dont on sait qu'il réserve parfois des surprises. Finalement, c'était surtout un bon exercice pratique, pour le Cap', que de mettre à l'épreuve son analyse et ses manœuvres, en prévision du jour où la force d'Eole dépassera le coup de vent et que les erreurs d'estimation se traduiront rapidement en dérapages et en manœuvres musclées dans la baston. Naviguer, c'est prévoir et anticiper. En mer ? Naviguer, c'est moyen... © Pierre Lang … car il y a du vent à déplumer les cormorans ♠ … et une tempête de p(ouss)ierre ponce www.thoe.be
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