dossier - Chambre Syndicale Française de l`Etanchéité (CSFE)

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dossier - Chambre Syndicale Française de l`Etanchéité (CSFE)
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É TAN C HÉ I T É . I N FO #4 0 d é c emb re 2 013
T E CH NI Q U E
© Béatrice Koumanov
DO S S IER
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N or m e
Enfin un DTU pour la montagne
Le prochain NF DTU 43.11 rassemblera, pour la première fois dans
un même document, les techniques de mise en œuvre des travaux
d’étanchéité des toitures-terrasses sur élément porteur en béton
sous climat de montagne. Les référentiels existant jusqu’alors
ne seront plus d’actualité.
A de l ine D ionisi
U
n bâtiment est considéré
comme soumis à un climat
de montagne quand l’accès
au bâtiment est situé à une altitude
supérieure à 900 m. Écarts journaliers des températures de surface,
charges localisées ou réparties,
érosion et arrachements provoqués par la neige ou la glace,…
font partie des sollicitations auxquelles sont soumises ces toitures-terrasses. Des dispositions
constructives particulières doivent
impérativement être suivies pour
éviter tout désordre dû à un défaut
d’étanchéité. Jusqu’à présent, elles
étaient décrites dans deux textes
de référence : le chapitre IX du
DTU 43.1 de 1981 et le cahier
2267-2 du CSTB*. Au premier
semestre 2014, elles feront l’objet d’une norme dédiée attendue
depuis 10 ans : le NF DTU 43.11
(NF P 84-211). Il prendra le pas,
dès sa parution, sur les référentiels
actuels. « Leur contenu n’est pas
complètement remis en question,
précise Alain Blotière, directeur
technique de Siplast-Icopal et président de la commission de normalisation BNTEC P84T, en charge
de rédiger le nouveau NF DTU
(voir article p. 22). Nous les avons
utilisés comme base documentaire
sur le fond, tout comme le NF DTU
43.1 révisé en 2004. »
T raditionna l it é
Cette étape de mise à jour est
capitale. Par définition, un NF
DTU vise à consacrer le caractère
traditionnel de méthodes mises en
œuvre couramment sur les chantiers (voir article p. 22). Or, les
textes n’étaient plus en adéquation
avec les pratiques de terrain. « Par
exemple, le chapitre IX du DTU 43.1
de 1981 prend en compte des matériaux qui ne sont plus utilisés tels que
les revêtements d’étanchéité multicouches en bitume oxydé. D’autres
beaucoup plus usuels aujourd’hui,
comme les systèmes bitumineux
élastomères, n’y sont pas évoqués »,
explique Alain Blotière. De même,
« au-delà de 2 000 m d’altitude,
l’étanchéité des toitures-terrasses
est difficile à pérenniser en raison
du climat extrême, poursuit Gilles
Roux. Par conséquent, contrairement aux référentiels précédents,
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© SAR Etanchéité
Principale préoccupation : réaliser un document exhaustif. « Il
n’existait pas à ce jour de texte
exclusivement dédié au climat de
montagne, explique Gilles Roux,
cadre technique chez Smac et
membre de la commission de normalisation. Identifier les bonnes
pratiques relevait du jeu de piste.
Pour les grands principes, il fallait
se référer au NF DTU 43.1 de 2004
et pour les éléments spécifiques à la
montagne, chercher dans la version
de 1981. »
La sous-commission DTU de la
CSFE, qui a rédigé l’avant-projet,
a pris le parti de conserver un
déroulé similaire au NF DTU 43.1
révisé. Les caractéristiques communes avec une mise en œuvre
en climat de plaine y sont donc
reprises à l’identique. Quant aux
recommandations spécifiques au
climat de montagne, elles sont
inspirées du chapitre IX du DTU
43.1 de 1981 et du guide du CSTB
en y intégrant les modifications
et compléments d’informations
définis en fonction des usages les
plus courants sur le terrain.
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Si l’accès au bâtiment est situé
à une altitude supérieure à 900 m,
la mise en œuvre des complexes
d’étanchéité sur éléments porteurs
en béton doit respecter les
dispositions constructives spécifiques
au climat de montagne.
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Au-delà de 2 000 m, le NF DTU 43.11
considère que les pratiques de mise
en œuvre de l’étanchéité sont non
courantes et ne les prend pas en
compte.
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Les revêtements d’étanchéité en
bitume élastomère ont été intégrés
au NF DTU 43.11.
D OSSIER
technique
© Siplast-Icopal
ÉTANC HÉITÉ. INF O # 40 d écem bre 2 01 3
le nouveau NF DTU considère qu’à
cette altitude, il s’agit de pratiques
non-courantes qu’il ne prend pas
en compte. »
P rati q ues sp é c i f i q ues
À l’image des NF DTU de la série
43, le nouveau référentiel décrit
ces règles de l’art (composition des
revêtements des parties courantes,
relevés d’étanchéité, protection ,…)
par destination de toiture. De nombreuses préconisations sont toutefois communes à l’ensemble de
ces ouvrages. C’est le cas de ceux
en béton dont l’emploi est limité
en raison de leur sensibilité au
gel et donc à la fissuration. Le cas
particulier du porte-neige, voué à
protéger le revêtement d’étanchéité
des contraintes mécaniques, a également été intégré bien qu’il ne
fasse pas partie du lot étanchéité.
« Les règles de rédaction des NF DTU
nous empêchent de décrire des prestations hors lot. Or, les porte-neige
sont généralement mis en œuvre
par les charpentiers, les couvreurs
ou les serruriers. Comme ils sont
obligatoires dans tous les cas pour les
revêtements autoprotégés dès que la
pente de la terrasse excède 3 %, nous
avons décidé de les intégrer dans la
troisième partie du DTU, informative
et non normative », explique Lise
Boussert, déléguée technique de
la CSFE et secrétaire de la commission de normalisation. Enfin, le
NF DTU 43.11 est le premier des
DTU de la série 43 à intégrer les
Eurocodes, « notamment concernant
la définition des charges de neige ».
« Les techniques et détails de mise
en œuvre sont désormais accessibles
à tous dans un document facile à
manier, souligne Gilles Roux. La
publication de cette nouvelle norme
constitue une avancée majeure pour
les acteurs de l’étanchéité, au même
titre que la parution en 2004 du
DTU 43.1 révisé. » l
* « Guide des toitures-terrasses et
toitures avec revêtements d’étanchéité
en climat de montagne », publié en
septembre 1988
Adapter les calendriers
d’intervention
Ce que le NF DTU 43.11 ne peut prendre en compte, ce sont les dates de
réalisation des chantiers d’étanchéité. « Les calendriers d’intervention
représentent l’une de nos principales problématiques, explique Patrick Burillon,
directeur de l’agence Soprema Entreprises de Grenoble. Les constructions sont
généralement lancées au printemps, ce qui signifie que les travaux d’étanchéité
ne peuvent se dérouler avant le mois de novembre. Les chutes de neige sont
courantes à cette époque de l’année et les conditions de mise en œuvre de
l’étanchéité sont très difficiles et non favorables aux interventions de qualité. »
Les maîtres d’ouvrage, alertés, ne modifient pourtant pas ces pratiques.
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P ro c é dure
DTU 43.11 : pourquoi et comment ?
Les réflexions sur l’élaboration d’un NF DTU dédié au climat de
montagne ont été lancées dans les années 1990. Le texte paraîtra
courant 2014. Retour sur un processus de réalisation mis en sommeil
quelques années pour cause de révision du NF DTU 43.1.
A de l ine D ionisi
© Clément Façy
É
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Depuis 2004, les NF DTU relatifs aux travaux d’étanchéité sur élément porteur en béton sont fonction du climat et non
plus de la pente.
Les acteurs de la réalisation du DTU 43.11
- La sous-commission DTU de la CSFE : elle ne compte que des membres de l’organisation syndicale et élabore « le premier
jet » du texte.
- La commission de normalisation P84T : animée par le BNTEC, elle réunit entrepreneurs, industriels, bureaux d’études,
contrôleurs techniques, experts du CSTB, maîtres d’ouvrage… Elle est actuellement présidée par Alain Blotière, directeur
technique de Siplast-Icopal.
- Le BNTEC : le bureau de normalisation des techniques et équipements de la construction des bâtiments est un organisme
sectoriel qui fonctionne par délégation d’Afnor. Il est, entre autres, chargé d’animer les commissions de normalisation
dans son champ d’intervention.
- L’Afnor : animateur central de la normalisation en France, l’Association française de normalisation (AFNOR) recense
les besoins, mobilise les parties intéressées et assure la promotion des normes.
tablir des NF DTU sur l’étanchéité des toitures-terrasses
avec éléments porteurs en
béton en fonction du climat et
non plus selon la pente : l’idée
remonte aux années 1990. Deux
normes cohabitent alors : le 43.1,
dédié aux pentes inférieures ou
égales à 5 % et le 43.2 pour celles
supérieures à 5 %. Les conditions
particulières applicables aux
systèmes d’étanchéité sous climat de montagne étaient alors
traitées au chapitre IX du DTU
43.1. « Nous avons constaté que
les compositions des revêtements
d’étanchéité étaient pratiquement
similaires pour tous les types de
pente. Nous avons donc décidé de
fusionner les deux textes dans un
même document numéroté 43.1,
spécifique au climat de plaine »,
explique Alain Blotière, directeur
technique de Siplast-Icopal et
président de la commission de
normalisation, en charge de rédiger les nouveaux DTU de la série
43. Les dispositions spécifiques
aux techniques d’étanchéité
mises en œuvre à des altitudes
supérieures à 900 m différant
sensiblement des prescriptions
décrites pour le climat de plaine,
la commission a préféré opter
pour l’élaboration d’un nouveau
DTU « montagne », le 43.11.
Mise en so m m ei l
Les deux normes devaient à
l’origine être rédigées simultanément. Ce fut le cas pendant
deux ans, entre 1995 et 1997.
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D OSSIER
technique
Cependant, cette réalisation
conjointe entraînait un allongement des délais qui n’était pas
compatible avec la nécessité de
proposer une révision du NF DTU
43.1 le plus rapidement possible.
« Le NF DTU 43.11 a été mis en
suspens jusqu’en 2002 », poursuit
Alain Blotière. Par conséquent,
jusqu’à la parution officielle du
document, prévue pour début
2014, le chapitre IX du précédent
DTU 43.1 (1981 modifié) reste
d’actualité.
La première phase a consisté en
l’audit des pratiques sur le terrain. La sous-commission DTU
de la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE) a
ensuite rédigé un avant-projet,
soumis pour avis au Bureau de
normalisation des techniques et
équipements de la construction
des bâtiments (BNTEC). Les
remarques listées par l’organisme
y ont été intégrées. En juin 2011,
le texte a été pris en charge par
la commission de normalisation
BNTEC P84T qui a travaillé à
l’élaboration du projet final,
selon le principe du consensus.
« Des réunions régulières se sont
tenues pendant un an et demi
© SAR Etanchéité
Le projet de NF DTU 43.11 a été mis en ligne sur le site de l’Afnor
pour être soumis à l’enquête publique : toutes les personnes
intéressées avaient ainsi la possibilité de soumettre leurs remarques.
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pour le finaliser », complète Lise
Boussert, déléguée technique de
la CSFE et secrétaire générale de
la commission de normalisation.
Ainsi finalisé, il a été transmis
pour validation au groupe de
coordination des normes du
bâtiment – DTU (GCNorbatDTU) puis à l’Afnor qui a alors
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Lancés en 1995, les travaux de
réalisation du NF DTU 43.11 ont dû
être interrompus avant de reprendre
en 2002.
Qu’est-ce qu’un NF DTU ?
Les Documents techniques unifiés (DTU) sont des normes françaises d’application volontaire qui consacrent
les pratiques de terrain en les reconnaissant comme des techniques traditionnelles. En harmonisant les règles de
construction, « la norme simplifie la commande et définit un langage commun entre les différents acteurs », précise
le BNTEC. Elle est également considérée par les tribunaux comme l’expression écrite des règles de l’art. Tout acteur
économique peut proposer un projet de norme qui sera soumis à une commission de normalisation.
Un NF DTU comprend généralement trois parties. La première, le cahier des clauses techniques types (CCT) décrit
les principes de mise en œuvre types et les critères généraux de choix des matériaux (CGM). La seconde, le cahier des
clauses administratives spéciales types (CCS), définit les limites des obligations de l’entreprise envers les autres corps
d’état ou le maître d‘ouvrage. « La troisième peut comprendre un mémento, des règles de calcul, un guide à l’attention
du maître d’ouvrage, non normatifs sous forme de fascicule de documentation », précise Lise Boussert, déléguée
technique de la CSFE et secrétaire de la commission de normalisation BNTEC P84T.
procédé à l’enquête publique
entre juillet et août 2013.
1 2 0 re m ar q ues
Le document a ainsi été mis en
ligne sur le site dédié de l’Afnor.
Toutes les personnes intéressées
avaient la possibilité d’effectuer
des remarques sur le projet. « Sur
les 120 que nous avons recensées,
les deux tiers concernaient le cahier
des clauses techniques », souligne
Lise Boussert. Tous les commentaires reçus ont fait l’objet de
décisions motivées de la part de
la commission de normalisation.
Cette phase de dépouillement
s’est achevée en novembre 2013.
Le NF DTU finalisé sera ensuite
soumis à l’accord du GCNorBâtDTU, puis transmis à l’Afnor
qui en assurera la diffusion au
premier semestre 2014. l