L`agroécologie est une voie incontournable
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L`agroécologie est une voie incontournable
N°104 Juin 2012 Habbanae L e j o u r nal d es d o na t eu r s d’AVS F Madagascar © Jean Mas L’agroécologie est une voie incontournable Vie des projets Brésil : des pratiques agricoles durables aux marchés locaux Madagascar : les paysans se taillent une agriculture sur mesure Pour que les Hommes vivent de la Terre durablement - www.avsf.org Edito L’agroécologie, plus qu’une technique, une philosophie C Thierry Lemaire Directeur de publication omme son nom l’indique, l’agroécologie est un mode d’agr iculture qui se préoccupe autant de produire des biens alimentaires que de préserver les milieux et les ressources naturelles. Tout l’art des paysans est ici de produire en symbiose avec le sol, l’eau et la biodiversité ambiante en évitant de les épuiser ou de les polluer puisque cela reviendrait à détruire leurs moyens de production. Mieux, les relations de cette agriculture avec les territoires ne sont pas que physiques et biologiques. Elles sont aussi économiques et sociales puisqu’agroécologie signifie également valorisation des territoires et des paysages, emplois locaux, marchés de proximité, tissu rural... Dans un contexte de crise économique, climatique et d’extinction de la biodiversité, l’agroécologie est bien une voie incontournable si nous voulons à terme nourrir la planète. Au Brésil, à Madagascar et ailleurs, AVSF participe depuis plusieurs années au développement de ce mode de production en s’appuyant sur les savoir-faire et la technicité des paysans et des ONG locales. Actualités Avec la société Régalb, envoi de vœux solidaires 2013 Fabricant de cartes de vœux, faire-part de mariage et de naissance, la société Régalb soutient pour la 3ème année consécutive les actions d’AVSF, en proposant aux entreprises et collectivités, une collection de cartes de vœux solidaires aux couleurs d’AVSF : pour 100 euros de cartes achetées, 25 euros seront reversés à l’Association pour soutenir les familles paysannes vulnérables d’Afrique, d’Amérique Centrale et du Sud et d’Asie. Grâce à votre soutien, les fonds reversés ont permis de mener plusieurs actions d’AVSF. Réservez votre brochure 2013 en vous connectant sur le site www.regalb.com/voeuxAVSF n Les nouveaux arrivants Evénement à Lyon Nous tenons à vous informer de la prise de fonction de Paulin Hyac Rakotoarisoa, comme nouveau Coordinateur National à Madagascar & Comores depuis le 1 er mai 2012, en remplacement de Gauthier Ricordeau. Paulin était précédemment responsable de projet sur le Lac Alaotra (promotion de pratiques agroécologiques et aménagement de terroir). Paulin participera à la prochaine Assemblée Générale d’AVSF les 22 et 23 juin prochain. Le 17 avril dernier, à l’occasion de la journée mondiale des luttes paysannes, AVSF a organisé un événement à Lyon, place des terreaux, pour alerter sur les méfaits du réchauffement climatique sur les petits éleveurs. Des animations variées (performance d’artiste, grande fresque en temps réel, théâtre de rue) ont permis de sensibiliser les nombreux passants. Cette action fait partie d’une grande campagne que mène AVSF pendant 3 ans au sein du collectif VSF Europa. n Au Pérou, Roberto Aparicio ancien AVSF en Amérique Centrale et en Bolivie, est devenu le nouveau coordinateur national, en remplacement de César Paz, nommé directeur de cabinet du Ministère de l’Agriculture. n Lyon : 18 rue de Gerland 69007 Lyon Nogent : 45 bis avenue de la Belle Gabrielle 94736 Nogent sur Marne Cedex Tél. : 04 78 69 79 59 E-mail : [email protected] Internet : www.avsf.org Directeur de publication : Thierry Lemaire Rédacteur en chef : Gaëtan Delmar Ont participé à ce numéro : Emmanuel Bayle, Jacques Caplat, Paulin Hyac Rakotoarisoa, Valentin Beauval Rédactrice freelance : Anaïs Frapsauce Maquette et Réalisation : Bruno Forand Impression : Uniservices Développement Z.I de la Prairie - 91140 Villebon sur Yvette Commission paritaire : 0913 H 86626 ISSN 1148 - 4357. CCP 6200 M - Lyon Imprimé sur papier recyclé Au nord Niger, lorsqu’un éleveur Peul perd son troupeau, les autres éleveurs lui offrent chacun une génisse pleine, en échange de sa parole de restituer à chacun, trois ans plus tard, une génisse pleine issue de la même lignée : c’est l’Habbanae ou le prêt de l’amitié. L’agriculture paysanne a pour objectif de rendre autonomes les familles brésiliennes. Brésil : Des pratiques agricoles durables aux marchés locaux A u Brésil, grande puissance agricole d’exportation, les deux tiers des paysans (près de 3 millions de personnes) n’arrivent pas à sortir de la pauvreté, ni de l’engrenage qui les exclut de plus en plus. Le travail d’AVSF est ainsi indispensable pour que ces paysans retrouvent leur place au sein de la société brésilienne. ■ L ors des réunions d’information et d’échanges paysans organisées par le réseau PARDAL 2, il a été décidé collectivement de stopper les brûlis et de gérer la biodiversité de la caatinga en favorisant les espèces les plus utiles (pour la production de piquets, de miel, de fruits ou de fourrages). Cette gestion améliorée de l’environnement a favorisé l’enrichissement des sols ainsi que l’apiculture, qui est devenue dans certains assentamentos la production agricole la plus lucrative. Les agriculteurs ont ainsi été encouragés à réduire drastiquement l’usage de pesticides. L’équipe d’AVSF est présente dans la région depuis 1999. En partenariat avec des ONG locales, l’Embrapa1, des groupes d’ag r iculteurs et des “assenta mentos” (paysans récemment installés par la réforme agraire), elle tente de diffuser des pratiques définies avec les groupes d’agriculteurs les plus dynamiques et novateurs. Plusieurs préfectures de la région se sont associées à cette dynamique en mettant à disposition des espaces pour des marchés paysans agroécologiques. La vente sur les marchés locaux est une pratique intégrante de la démarche promue par AVSF. Cela permet aux familles paysannes de sortir de la pauvreté, grâce à ce revenu supplémentaire. AVSF encadre un projet qui vise à intégrer la culture du coton Bio et l’apiculture 3 © AVSF La région d’Apodi est située dans le Nord Est brésilien, son climat est semi-aride et marqué par une pluviométrie anarchique. La végétation arbustive dense, typique de cette région, est appelée “caatinga” (forêt blanche en langue tupi). ■ L es parcelles de coton bio se font maintenant en cultures associées : cultures de rentes et vivrières (maïs, sésame, haricot, courge, arachide, pastèque, fève). Ce coton a l’avantage d’être moins attaqué par les insectes, il permet donc des économies en intrants. L’association de cultures, quant à elle, ne nécessite pas de recours à l’irrigation, grâce aux plantes basses, qui retiennent l’humidité du sol. Enfin, cette production renforce le lien agriculture / élevage, car le coton est fertilisé grâce au fumier et les résidus de cultures servent de fourrage. La gestion améliorée de l’environnement a favorisé l’enrichissement des sols. H a b b a n a e n ° 1 0 4 - J u i n 2 0 1 2 - A g r o n o m e s e t V é t é r i n a i r e s S a n s F r o n t i è r e s - w w w. a v s f. o r g © Rodriguo Sena Vie des projets Une loi fédérale oblige maintenant les cantines scolaires à s’approvisionner à hauteur de 30% auprès des paysans locaux. Les familles qu’AVSF a pu accompagner dans cette démarche apprécient le fait que leur savoir ancestral soit mis en avant. Elles ont aussi constaté qu’une production agricole diversifiée constituait la meilleure stratégie anti-risque dans une région ayant une pluviométrie si aléatoire. Et surtout, elles ont maintenant les moyens de vivre de la vente de leur production. n 1 - Organisme de recherche agronomique qui s’est notamment beaucoup impliqué sur le thème du coton organique en cultures associées. 2 - Le réseau PARDAL a été créé en 1999 et regroupe 9 organisations de l’Etat du RN. Avec le concours d’AACC et d’AVSF, ce réseau a bénéficié d’appuis et de financements pour la mise en œuvre de projets agroécologiques. © Rodriguo Sena Emmanuel Bayle Coordinateur national d’AVSF au Brésil Le métier d’agronome chez AVSF Le travail des agronomes qui accompagnent les paysans du Sud dans la démarche d’autonomie propre à AVSF nécessite non seulement des compétences techniques,mais aussi d’écoute, de compréhension et d’analyse de leurs choix. Des compétences diversifiées Ils doivent être en mesure de mesurer la fertilité des sols et d’évaluer leur potentiel agricole, ainsi que de faire un état des lieux du contexte environnemental. Sur la base du diagnostic qu’ils font des systèmes d’exploitation agricole, ils aident les paysans à mieux comprendre les contraintes auxquelles ceux-ci doivent faire face. Une démarche participative Un travail d’animateur est également nécessaire, pour organiser les réunions de formation et les échanges entre paysans. Les techniciens d’AVSF aident les organisations paysannes à mieux se structurer, afin qu’elles se dotent des compétences et services qui leur permettront d’améliorer leur capacité d’approvisionnement en outils et de commercialisation des produits agricoles sur les marchés locaux et internationaux. Enfin l’organisation paysanne a aussi pour objectif de défendre collectivement leurs droits auprès Les parcelles de coton bio se font en cultures associées. Le but étant que les paysans puissent se les approprier et, à moyen terme, prendre en charge leur diffusion. © Rodriguo Sena Les paysans choisiront eux-mêmes le système d’exploitation et les techniques les plus adaptées tant à leur milieu agroécologique qu’à leurs conditions socioéconomiques. La vente sur les marchés locaux est une pratique intégrante de l’agroécologie. M É T I E R de collectivités locales, d’entreprises, de services d’Etat ou d’autres acteurs du monde rural. Grâce au travail des équipes d’AVSF, les villageois renforcent leurs compétences et connaissances pour gérer durablement les ressources naturelles de leur territoire, parfois très dégradées. Sur la base d’un diagnostic participatif des systèmes d’exploitation, ils doivent aussi comprendre et partager avec les paysans les contraintes auxquelles ils doivent faire face et les objectifs qu’ils poursuivent.n Les techniques d’intégration d’agriculture et d’élevage ont rencontré un grand succès auprès des agriculteurs. Madagascar : Les paysans se taillent une agriculture sur mesure A Madagascar, une grande majorité de la population est rurale. 70% des paysans vivent sous le seuil de pauvreté et pratiquent une agriculture rudimentaire d’autosubsistance : cultures à répétition de cycles courts, recours au brulis ou au labour accompagné d’une faible fertilisation, etc. Ces techniques traditionnelles ont énormément fragilisé les sols, alors que la population à nourrir n’a cessé d’augmenter. Intensifier la production et restaurer les sols Proposer des techniques variées et adaptées Aujourd’hui, l’agroécologie permet aux paysans malgaches de retrouver leur autonomie alimentaire et d’améliorer leurs conditions de vie, tout en assurant la restauration de leur environnement déjà fortement dégradé. Traditionnellement, les paysans malgaches utilisaient déjà des techniques proches de celles de l’agroécologie telles que les associations de cultures, l’agroforesterie, le fumier, les jachères, etc. La majorité de la production de vanille, par exemple, est pratiquée de longue date sans travail du sol et sous couver ture végétale, en utilisant un arbuste comme tuteur et fournisseur d’azote : le gliricidia ou le grévilléa. Toutefois, les innovations (systèmes de riziculture intensive, semis direct sous couverture végétale, etc.), promues ces dernières décennies par diverses équipes de recherche-action avec l’aide d’AVSF, permettent d’intensifier la production tout en contribuant à la restauration du sol et de l’environnement. AVSF intervient depuis 2002 auprès des communautés et organisations paysannes dans différentes régions de l’île, à travers quatre programmes pour la promotion d’innovations agroécologiques. 5 L’amélioration et la diffusion des méthodes agroécologiques promues par l’association passent par des échanges et des formations de “paysan à paysan”. Même si la majorité des paysans malgaches, trop vulnérables pour investir dans ces nouvelles techniques, préfèrent valoriser les pratiques plus traditionnelles, les techniques d’intégration d’agriculture et d’élevage (IAE) ont rencontré un grand succès auprès des agriculteurs. En 2010, AVSF a aidé 357 paysans à mettre en place des cultures fourragères, ainsi que des fosses fumières et compostières. Les zébus sont les principaux compagnons des agri- culteurs malgaches. Toutefois AVSF a développé également des activités d’intégration d’agriculture et d’élevage (IAE), avec les élevages de poules, de porcins, d’abeilles et de poissons. A l’échelle des communautés, grâce au soutien de l’association, des règles de gestion à l’échelle du terroir appelées “Dina” ont été mises en place collectivement afin de restaurer également l’environnement. De nombreuses techniques ont ainsi pu être testées puis évaluées par nos techniciens, ainsi que par les communautés paysannes impliquées. Ceci a permis à AVSF de constituer une banque de données d’une gamme diversifiée de pratiques et techniques ayant fait leurs preuves depuis de nombreuses années, afin de favoriser des options réellement pérennes de pratiques agroécologiques. Chaque famille paysanne peut ainsi faire son choix en fonction de son environnement, de ses ressources et de son niveau de technicité. n Paulin Hyac Rakotoarisoa Coordinateur national d’AVSF à Madagascar RURALTER : Pour plus d’informations sur nos projets à Madagascar : www.ruralter.org H a b b a n a e n ° 1 0 4 - J u i n 2 0 1 2 - A g r o n o m e s e t V é t é r i n a i r e s S a n s F r o n t i è r e s - w w w. a v s f. o r g © Jean Mas Vie des projets Rencontre Interview de Jacques Caplat Pourquoi refuse-t-on l’idée que l’on pourrait nourrir la planète avec l’agriculture Bio ? Si nous considérons le sens que M. Altieri ou Pierre Rabhi donnent à l’agroécologie, il est alors pratiquement synonyme d’agriculture biologique. En effet, la bio n’est pas simplement une agriculture “sans produits chimiques de synthèse”. Elle a clairement été définie dès les années 1930-1940 comme une agriculture qui considère les humains, l’écosystème naturel, et l’agrosystème cultivé et élevé, comme formant un organisme complexe. Elle vise à inscrire l’agriculture dans les cycles naturels et donner aux sociétés agricoles les moyens de leur autonomie technique et économique. À cause des malentendus qui persistent sur ce mode de production. De nombreux agronomes confondent “agriculture biologique” et “agriculture conventionnelle sans produits chimiques de synthèse”. Ils constatent que lorsque l’on supprime la chimie dans des systèmes conventionnels, les rendements baissent. Mais cela n’est pas l’agriculture biologique ! Un agriculteur qui emploie des variétés sélectionnées pour être soutenues par la chimie, qui n’a plus de haies, qui cultive ses végétaux en monoculture de clones... ne peut évidemment pas obtenir de bons rendements sans des béquilles chimiques. Développer l’agriculture biologique impose de reconstituer des écosystèmes agricoles et de valoriser les savoirs paysans. L’agroécologie est donc une reformulation des fondements de l’agriculture biologique, elle peut être considérée comme un renforcement de l’agriculture bio originelle (par opposition à une agriculture bio industrielle, encouragée parfois par les multinationales ou des règlementations trop légères), en particulier dans le cadre des paysanneries tropicales. Editions Actes Sud © P.A. Garcia Quelles sont les complémentarités entre l’agroécologie et l’agriculture Bio ? Jacques Caplat Dans le contexte actuel, pourquoi selon vous l’agriculture Bio est une nécessité ? Les dégâts environnementaux et sanitaires de l’agriculture conventionnelle ne sont plus à présenter. Ses dégâts sociaux sont également dramatiques : les monocultures surmécanisées conduisent à l’accaparement des terres par de grands domaines et à un chômage de masse. Les 12 millions de Brésiliens qui souffrent de la faim sont presque tous d’anciens salariés agricoles poussés au chômage par la surmécanisation des domaines exportateurs de soja et d’agrocarburants. Mais les prétendus bénéfices de l’agriculture conventionnelle sont une imposture. La chimie ne permet pas les meilleurs rendements à l’hectare et ne pourra pas nourrir le monde ! En effet, les monocultures chimiques obtiennent de moins bons rendements que les cultures associées. Surtout, les monocultures conventionnelles ne fonctionnent que dans des milieux tempérés - or les trois-quarts de l’agriculture mondiale se situent dans des régions non-tempérées. Dans ces conditions, l’agriculture conventionnelle est irrégulière, inefficace et conduit à l’endettement. Biographie Agronome, Jacques Caplat a été successivement conseiller technique au sein d’une chambre d’agriculture, chargé de l’accompagnement d’agriculteurs en conversion vers l’agriculture biologique, puis des politiques agricoles et environnementales au sein de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB). Il a participé à la fondation du Réseau Semences Paysannes. C’est bien l’intensification des cultures associées qui permet d’atteindre les meilleurs rendements par hectare. Cette intensification ne peut pas utiliser la chimie, car les engrais détruisent la vie du sol et les pesticides déstabilisent l’agroécosystème ; mais les plantes diverses se protègent mutuellement, et l’association cultures-élevage ou l’imbrication d’arbres au milieu des cultures permettent d’assurer la fertilité à long terme. Quelques études de grande ampleur ont étudié les conséquences d’une généralisation de l’agriculture bio à toute la planète : elles concluent toutes que les rendements baisseraient légèrement en Europe et en Amérique du Nord mais augmenteraient très fortement dans le reste du monde... et que le bilan global serait très largement positif. L’agriculture bio est la meilleure technique pour nourrir une humanité à 9 ou 12 milliards. n Propos recueillis par Gaëtan Delmar Rédacteur en chef Il faut sortir de la monoculture, afin d’obtenir une forte biodiversité et de réduire, voire d’éliminer l’utilisation des pesticides. Quelles approches de l’agroécologie souhaite-t-on promouvoir ? Depuis les années 80, j’ai eu l’occasion de mettre en œuvre avec mon associé sur notre ferme (66 ha de grandes cultures-semences) plusieurs techniques pouvant être qualifiées d’agroécologiques. Pour illustrer la diversité des situations, je décris brièvement ci-dessous deux approches agricoles différentes. L a 1ère approche est “l’agriculture conventionnelle” avec des techniques de semi direct (sans labour du sol). Elles couvrent aujourd’hui des dizaines de millions d’hectares et se sont développées dans les grandes exploitations motorisées d’Amérique du Nord, du Sud, et en Europe. Outre la faible biodiversité des systèmes de culture concernés, leur point faible est à mon sens l’utilisation plus fréquente de pesticides que dans les itinéraires avec labour. On note ainsi l’utilisation quasi systématique d’herbicides totaux (cf. glyphosate qui deviennent de moins en moins efficace vu sa trop fréquente utilisation). Les eaux superficielles et profondes des terroirs concernés par ces formes de cultures intensives sont très fréquemment polluées par les pesticides. Parmi eux, l’AMPA, un dérivé persistant du glyphosate et qui serait cancérigène selon plusieurs études internationales. Les insecticides systémiques très utilisés pour la protection des semences dans ces itinéraires sont également au centre de multiples polémiques scientifiques et, outre leur toxicité pour les abeilles et autres insectes polinisateurs, leur toxicité pour l’homme est élevée. 7 La 2ème approche, celle de l’agroécologie : Pour nous et de nombreuses organisations paysannes, avec lesquelles nous travaillons ces dernières années, l’agro- écologie se décline sans ou avec très peu de pesticides et les techniques les plus prônées sont les suivantes : ■u tilisation de variétés rustiques et donc moins exigeantes en intrants chimiques ; ■ rotations diversifiées et, chaque fois que cela est possible, associations de cultures annuelles dans les parcelles afin d’obtenir une forte biodiversité et de réduire, voire d’éliminer, l’utilisation des pesticides ou de les remplacer par des “auxiliaires naturels” des cultures (comme les coccinelles…) ; ■a ssociation agriculture-élevage (que ce soit élevages de bovins ou de petits ruminants, porcs et volailles…) car cela permet souvent une meilleure efficience des systèmes de production et une réduction des risques économiques ou liés au climat ; ■a ssociation d’arbres utiles et de cultures annuelles (agroforesterie et de haies) lorsque les conditions le permettent ; H a b b a n a e n ° 1 0 4 - J u i n 2 0 1 2 - A g r o n o m e s e t V é t é r i n a i r e s S a n s F r o n t i è r e s - w w w. a v s f. o r g ■ t echniques améliorant l’autonomie des exploitations que ce soit au niveau des semences (peu d’hybrides, pas d’OGM) ou de la réduction des achats d’engrais, lesquels sont rendus moins indispensables du fait de l’intégration agriculture-élevage et de la présence de légumineuses fixant l’azote dans les rotations et intercultures. Dans les deux cas, je relève que l’accompagnement sur le terrain des “agriculteurs-expérimentateurs” (les novateurs qui testent des techniques agroécologiques basées sur des principes agronomiques anciens ou nouveaux) est très insuffisant. Cet accompagnement me paraît pourtant vital pour permettre aux agricultures du Monde, toujours majoritairement familiales, de nourrir une population qui ne cesse de croître sans porter préjudice aux ressources en sol, en eau, etc. sans oublier, Copenhague oblige, les incidences de nos pratiques agricoles sur le climat. n Valentin Beauval Valentin Beauval est adhérent chez AVSF. Il est agronome et a été coopérant 10 ans à l’étranger (Nicaragua, Algérie, Cameroun et Sénégal). Il a été paysan pendant 30 ans et a réalisé une centaine de missions de consultant en développement rural dans une trentaine de pays. © Rodriguo Sena Plaidoyer Parole aux donateurs Habbanae évolue ! Notre journal vous fait réagir, nous avons donc décidé de laisser une place à vos témoignages, car sans vous, notre association ne serait pas ce qu’elle est. “A lire Habbanae mars, ce samedi gris, j’ai le cœur plein de joie. Je vais peut-être consulter votre site, ce qui veut dire surmonter mon appréhension à l’égard de l’informatique. Ainsi, en vous soutenant, je progresse un peu et me sens plus impliquée dans le monde. Merci.” Mme Dupuy Monique, 09/03/12 “Je suis militant contre l’agriculture productiviste et polluante au Nord, et j’apprécie beaucoup vos efforts visant à aider conjointement les agriculteurs et les éleveurs. Cette façon d’aider les gens du Sud vers l’autonomie est la seule bonne et nous devrions la méditer aussi pour notre agriculture !” M. Le Meur Hervé, 22/05/12 “Bonjour et merci de ce que vous faites, je ne peux pas le faire, seulement aider modestement financièrement. Salutations.” M. Jean-Paul, 08/03/12 Notre réponse : Merci à vous qui nous encouragez toujours un peu plus dans nos actions. Nous espérons que ce nouveau numéro vous plaira autant ! n Notre réponse : En effet, nous insistons sur l’importance de prendre le problème à la base pour trouver des solutions durables plutôt qu’apporter une aide dans l’urgence. Et nous cherchons aussi à sensibiliser les pays du Nord, car notre modèle agricole doit aussi être repensé… Merci de votre engagement et de vos remarques positives ! n Notre réponse : Vous nous aidez régulièrement et c’est déjà très généreux de votre part ! Toute l’équipe d’AVSF vous remercie pour votre soutien et est heureuse que vous partagiez ses valeurs. n Si vous aussi, vous souhaitez réagir ou partager vos questions, n’hésitez pas à contacter Nina Cloiseau du Service Donateur, par e-mail à l’adresse [email protected] ou par courrier au 45bis av. de la Belle Gabrielle, 94736 Nogent sur Marne RURALTER : Site internet éditorial d’AVSF, Ruralter se présente comme une bibliothèque des publications d’AVSF. Celles-ci sont le fruit des nombreuses études et capitalisations menées par l’association à partir de ses actions de terrain, pour identifier et diffuser les expériences les plus réussies de son action. En 2012, AVSF a créé un comité “Ruralter et métiers” qui regroupe des professionnels bénévoles aux compétences et origines diverses mais toutes en lien avec les métiers d’AVSF. Ce comité définit les priorités des sujets de capitalisation et apporte un appui éditorial à l’ensemble des publications Ruralter. En 2011, Ruralter s’est enrichi de plusieurs publications notamment sur l’aviculture villageoise, les dispositifs de santé animale de proximité et l’agro écologie à Madagascar. Le site est disponible en français, en espagnol et en anglais. Pour en savoir plus : www.ruralter.org B ull e tin d’abo nnem ent et d e s ou t i en Oui, je soutiens les actions d’AVSF et je fais un don : □ M □ Mme □ Mlle □ M et Mme □ Autre : Un don de 50 € ne vous revient en réalité qu’à 17 €. Prénom : Nom : Adresse : Vos dons vous donnent droit à une réduction fiscale : AVSF vous adressera un reçu fiscal vous permettant de déduire de vos impôts CP : jusqu’à 66 % de votre don dans la limite de 20 % de votre revenu imposable. AVSF utilisera les fonds collectés pour ses missions prioritaires. Tél : S i vous n’êtes pas donateur, vous pouvez vous abonner pour 12 € les 4 numéros. Je souhaite vous aider régulièrement. Merci de m’envoyer votre documentation sur le prélèvement automatique. Je souhaite recevoir sans engagement de ma part la brochure sur les legs et donations. Ville : Mail : Je règle la somme totale € Merci de nous adresser votre chèque accompagné de ce bulletin à : AVSF, 45 bis avenue de la Belle Gabrielle, 94736 Nogent sur Marne Cedex Conformément à l’article 39 de la loi informatique et liberté du 6 janvier 1978, les informations demandées sont nécessaires au traitement de votre don par nos services. En vous adressant au siège d’Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières, vous pouvez demander leur rectification ou leur suppression ou vous opposer à ce qu’elles soient échangées. H104 □20 €, □50 €, □80 €, □100 €, □….….….….…. €.
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