La pédopsychiatrie à Cuba - bei mediCuba
Transcription
La pédopsychiatrie à Cuba - bei mediCuba
Bulletin No 34 mars 2013 La pédopsychiatrie à Cuba Des enfants lors d’une fête à Bayamo mediCuba-Suisse Case postale 1774, 8031 Zurich Téléphone +41 (0)44 271 08 15, PC 80-51397-3 Antenne romande : mediCuba-Suisse 5, chemin du Ruttet, 1196 Gland Téléphone 022 362 69 88 ou 079 509 31 10, Fax 022 362 69 89 [email protected], www.medicuba.ch certifié ZEWO depuis 1999 La pédopsychiatrie à Cuba Dr. méd. Gianni Zarotti Cuba détient un réseau étendu de soins pédopsychiatriques qui sont du ressort des municipalités. Dès les années 1990 ils ont été élargis et il n’y a plus de cliniques pédopsychiatriques exclusives, les soins ont été intégrés dans les hôpitaux pédiatriques. Les hôpitaux n’accueillent les patient-e-s qu’en cas d’urgence et en cas de situation de danger de suicide, troubles psychotiques et dépressions. Il y a dans tout le pays 23 stations intégrées dans les établissements pédiatriques. 140 médecins spécialisés garantissent les soins en pédopsychiatrie pour la population cubaine comptant 11 millions d’habitants. Leur spécialisation consiste en trois années d’études de base en médecine générale, une année en pédiatrie, une année en psychiatrie pour adulte et deux ans en pédopsychiatrie. Mais la formation continue en psychothérapie démontre des lacunes. Dans quelques centres, un enseignement pour des thérapies de famille ou de groupes sont dispensés, ceci grâce à la présence de spécialistes compétents. La théorie et la pratique y sont développées et supervisées. Dans d’autres policliniques, les médecins sont obligés d’acquérir les techniques thérapeutiques nécessaires par moyens autodidactes. Dans la cour intérieure d’un centre communal pour la santé psychique à La Havane. Premier niveau : Centres communautaires de santé mentale Les centres communautaires de santé mantale sont des policliniques socio-psychiatriques réparties dans tout le pays, elles traitent les adultes et les enfants. La vieille ville de La Havane en compte cinq pour une population de 100‘000 habitants. Les centres collaborent étroitement avec les médecins de famille, écoles et enseignants. Les spécialistes pédopsychiatres forment les enseignants et les sensibilisent à la détection des enfants à risques. Les enseignants se concertent avec les parents et les médecins de famille quant à un diagnostique. Le contact avec la psychiatrie semble être moins stigmatisant à Cuba qu’en Suisse et l’accès aux soins psychiatriques est ainsi plus accessible. Les formes d’intervention sont comparables à un système multi thérapeutique. Cela veut dire que plusieurs instances publiques – services sociaux, psychiatrie pour adultes et enfants, travail communautaire, police etc. – collaborent étroitement, tout spécialement dans l’accompagnement des « familles à problèmes multiples », touchées par l’alcoolisme, toxicodépendance, maladies psychiques des parents, négligence, violence etc. Il s’agit donc d’une thérapie qui implique tout l’entourage social : enfant, parents, voisins, lieu de travail etc. et les pédopsychiatres visitent les familles à leur domicile. Une pédagogie spécialisée à l’image de la Suisse (accompagnement socio-pédagogique des familles ou spécialistes socio-pédagogiques en milieu hospitalier) n’existe par contre pas à Cuba. L’aide matérielle et le soutien social sont prodigués par les travailleurs-euses sociaux dans les centres communautaires. Tous les centres communautaires de santé mentale déplorent le manque de matériel didactique pédagogique et ludique. Second niveau : Hôpital pédiatrique Pedro Borras de La Havane Une admission stationnaire en pédopsychiatrie n’intervient que pour des cas graves (danger de suicide, psychose etc.) et au maximum pour quelques semaines. Il n’y a pas de structures de jour spécifiques pour les enfants ni d’accompagnement socio-pédagogique. L’hôpital pédiatrique Pedro Borras est également centre de référence pour la formation thérapeutique continue des médecins et psychologues. Le directeur, le Prof. Cristóbal Martinez, détient une formation en thérapie familiale et psyEntretien avec des spécialistes cubains chodrame et il développe son savoir-faire du centre communal pour la formation théorique et pratique (exercices, supervision, learning by doing, be-side-Teaching). De même manière des centres de thérapie familiales existent dans tout le pays. Nous avons l’impression que les enfants et leurs familles sont accueillis avec beaucoup d’intensité et compétence. Mais les spécialistes manquent de méthodes d’évaluation modernes (tests psychologiques) qui ne leur sont pas accessibles et doivent recourir partiellement à des procédés surannés. Les consultations spécifiques dans le domaine de l’autisme doivent également faire recours à de vieilles méthodes. Le nombre croissant de cas éveillant des soupçons oblige à rechercher des causes différenciées de l’autisme tout en nuançant entre les troubles profonds du développement et les troubles dus à de lourdes privations. Quelques projets envisageables Nous sommes en train d’évaluer les projets suivants pour soutenir la pédopsychiatrie cubaine : – Formation thérapeutique La formation continue des pédopsychiatres cubains pourrait être, par effet multiplicateur, élargie aux thérapies de famille et de groupe en incluant la supervision. – Médicaments Les neuroleptiques atypiques et les antidépresseurs du type ISRS font grandement défaut à Cuba. Les pédopsychiatres doivent souvent travailler avec des médicaments psychotropes qui causent des effets secondaires indésirables. Nous rencontrons donc une situation dans laquelle nous pouvons agir. Suite à une enquête des besoins annuels par la fédération cubaine des soins psychiatriques, des médicaments ou substances de base peuvent être fournis. Le but étant que ces médicaments puissent être produits à moyen terme à Cuba. – Tests psychologiques Ils doivent être achetés sur le marché espagnol ou latino-américain et ils sont coûteux. Tous les 15 centres de références démontrent un besoin pour des tests psychologiques. – Jouets didactiques et pédagogiques Ils se laissent facilement procurer et ne coûtent pas cher. – Échanges professionnels La pédopsychiatrie cubaine a de réels atouts en ce qui concerne les concepts socio-psychiatriques, les réseaux d’aides, le recensement et les soins aux familles et enfants à problèmes multiples etc. Nous pouvons appuyer nos collègues cubains entre autre avec les dernières directives de soins, de nouvelles études de la littérature. D’autres projets, tels que la participation de centres cubains aux centres pluridisciplinaires universitaires européens, l’invitation de collègues cubains à des congrès suisses ou européens, l’organisation de cours de formation continue sont également envisageables. Le Dr. méd. Gianni Zarotti est médecin spécialiste en psychiatrie et psychothérapie FMH. Il travaille depuis plusieurs années à la clinique pédopsychiatrique universitaire de Berne. Il est membre du comité de mediCuba-Suisse depuis 2012 et il a visité, ensemble avec le Dr. méd. Christian Jordi, plusieurs institutions cubaines de pédopsychiatrie. Mentions légales Rédaction : Peter Leuenberger; texte : Gianni Zarotti, photos : Michel Vincent, Gianni Zarotti, Manuela Cattaneo; traduction : Philippe Sauvin. Impression : Druckerei Peter & Co., Zurich Le bulletin «mediCuba» paraît cinq à six fois par année, au minimum une fois par trimestre. – Il va à tous les membres et donatrices et donateurs de l’association mediCuba-Suisse. L’abonnement est compris dans la cotisation de membre. Pour les donatrices et donateurs, cinq francs de leurs dons sont utilisés pour le paiement de l’abonnement.
Documents pareils
Notre voyage à Cuba du 7 au 20 octobre - bei mediCuba
Les visites des différents projets de mediCuba-Suisse nous ont permis de mesurer, d’une part, les difficultés que
rencontre un pays du « Tiers-Monde », étranglé par un blocus économique depuis plus...
lettre novembre 2005 - bei mediCuba
Plusieurs membres de mediCuba-Suisse nous avaient demandé d’organiser un voyage à Cuba afin de
mieux connaître l’Ile et pour se rendre compte sur place de la nécessité et de l’efficacité du soutien...