Guide des solutions d`emballage biodégradables et compostables
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Guide des solutions d`emballage biodégradables et compostables
Guide des solutions d’emballage biodégradables et compostables pour le snacking en boulangerie-pâtisserie VENDRE DE MANIÈRE DURABLE MINISTÈRE DU REDRESSEMENT PRODUCTIF MINISTÈRE DE L’ARTISANAT DU COMMERCE ET DU TOURISME COLLECTION SUR LE TERRAIN “Être boulanger aujourd’hui” EDITO Le développement durable est une notion souvent galvaudée, aussi il n’est pas inutile d’en rappeler la définition : « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Cette définition a été proposée dès 1987 par la Norvégienne Gro Harlem Bruntland dans un rapport commandé par l’ONU et intitulé « Notre avenir à tous ». Comment ne pas souscrire à une telle déclaration ! Dans le même temps, la difficulté est dans la mise en œuvre. On oublie trop souvent que le développement durable s’appuie sur 3 volets : l’environnement, l’équité sociale, mais aussi l’économie. Sans entreprises viables, il ne peut y avoir production des biens nécessaires à la collectivité humaine. Aussi, j’ai demandé au Pôle d’innovation de l’INBP de rédiger 4 mémentos qui vous permettront d’agir en ce domaine. Ils s’inscriront dans une collection intitulée « Sur le terrain, être boulanger aujourd’hui ». Le premier vous apportera des conseils sur la procédure à suivre pour répondre à des appels d’offres publics. La boulangerie de proximité a une vraie légitimité à fournir des collectivités et il serait dommage de se priver de ce marché par une méconnaissance des règles de soumission. Le second portera sur le don à des organismes caritatifs. Le gaspillage alimentaire est un vrai problème au niveau européen. Les entreprises alimentaires de proximité ont de bonnes performances dans ce domaine par rapport à des productions de masse. Toutefois, dans cette période de difficultés économiques, les boulangers peuvent mettre en place des pratiques qui répondent à un besoin et contribuent à la responsabilité sociale de l’entreprise tout en justifiant fiscalement les pertes. Les deux derniers seront consacrés au volet environnemental et notamment aux emballages bio dégradables pour la restauration rapide. À partir de conseils simples et concrets, vous pourrez agir, mais aussi communiquer auprès de votre clientèle. Une grande enquête réalisée en novembre 2012 par les fabricants d’emballage et France Nature Environnement a montré combien les consommateurs sont en attente d’informations sur ce sujet. Il ne faut donc pas manquer cette occasion de valoriser l’entreprise. Les boulangers, par leur production locale, leur sens de l’économie et leur proximité avec la clientèle pratiquent déjà le développement durable sans en être toujours conscients. Compte tenu de ces atouts, il serait dommage de ne pas aller plus loin et de ne pas communiquer sur ce sujet. Georges Bernard Shaw disait que « Dans la vie, il y a deux catégories d’individus : ceux qui regardent le monde tel qu’il est et se demandent pourquoi. Ceux qui imaginent le monde tel qu’il devrait être et se disent : pourquoi pas ? » Les boulangers ont toujours été des entrepreneurs qui se sont dit « pourquoi pas ? ». Pour prolonger cette dynamique, ces 4 mémentos concrets et pratiques vous apporteront des outils. N’hésitez-pas à vous en inspirer, il en va non seulement de votre responsabilité sociale et environnementale, mais aussi de la réussite économique de l’entreprise. Jean-Pierre Crouzet Président 2 © Firplast SOMMAIRE Introduction 4 I. LES ENJEUX 5 1. UN ENJEU ÉCOLOGIQUE ET FINANCIER 2. UN ENJEU COMMERCIAL ET MARKETING 5 5 II. DE L’ORIGINE AU DEVENIR DES EMBALLAGES DITS “ÉCOLOGIQUES” 6 1. L’ORIGINE DES EMBALLAGES DITS “ÉCOLOGIQUES” 2. LE DEVENIR DES EMBALLAGES : DES SOLUTIONS DITES “ÉCOLOGIQUES” 6 8 III. LES EMBALLAGES BIODÉGRADABLES ET COMPOSTABLES 11 1. LES DÉFINITIONS 2. LA NORME SUR LES EMBALLAGES BIODÉGRADABLES ET COMPOSTABLES 3. LES LOGOS 11 11 12 IV. LES EMBALLAGES BIODÉGRADABLES ET COMPOSTABLES : UNE SOLUTION D’AVENIR ? 13 V. LES EMBALLAGES BIODÉGRADABLES ET COMPOSTABLES SUR LE MARCHÉ 14 1. TYPES DE MATÉRIAUX ET EMBALLAGES 2. LES CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES 3. UTILISER DU BIODÉGRADABLE : À QUEL PRIX ? 14 16 16 VI. LES EMBALLAGES COMESTIBLES ET RÉUTILISABLES : DES SOLUTIONS ALTERNATIVES 17 1. LES EMBALLAGES COMESTIBLES 2. LES EMBALLAGES RÉUTILISABLES 17 17 VII. CARNET D’ADRESSES 18 1. QUELQUES FOURNISSEURS D’EMBALLAGES BIODÉGRADABLES ET/OU COMPOSTABLES 2. POUR EN SAVOIR PLUS 18 18 3 © INBP / Glawdys Vincelot © INBP / Glawdys Vincelot Introduction Les activités de snacking et restauration rapide recourent à une multitude de conditionnements à usage unique : sacs, boîtes, barquettes, serviettes, couverts… S’ils sont indispensables pour des raisons d’hygiène et de praticité, ces emballages ont également un impact néfaste sur l’environnement. Dans une société de plus en plus soucieuse d’écologie, l’emballage jetable ne devient acceptable dans l’esprit du consommateur que s’il a un impact limité sur l’environnement. A côté des emballages recyclables, les fournisseurs proposent aujourd’hui des emballages biodégradables et compostables adaptés à la vente à emporter en boulangerie-pâtisserie et snacking. Ce guide vous apportera les informations nécessaires pour mieux vous repérer dans cette offre : les enjeux, la réglementation et les logos, les gammes de produits proposées par les fournisseurs et des conseils pratiques. 4 I. LES ENJEUX 1. UN ENJEU ÉCOLOGIQUE ET FINANCIER Les emballages ménagers sont aujourd’hui de plus en plus présents dans les poubelles des Français. Environ 5 millions de tonnes d’emballages ménagers sont mis sur le marché chaque année, ce qui représente 50% des ordures des particuliers en volume1. On estime qu’un ménage jette en moyenne 10 emballages par jour2. Ces chiffres tendent à augmenter avec l’évolution des modes de vie et de consommation. Les Français mangent de plus en plus souvent hors de leur domicile et recourent à la vente à emporter, ce qui implique l’utilisation fréquente d’emballages jetables. Cette prolifération des emballages dans notre société n’est pas sans conséquences écologiques et financières. En effet, les emballages ont un impact sur l’environnement tout au long de leur vie, de leur fabrication au devenir de leurs déchets. La plupart des emballages ménagers sont composés de plastique. Leur fabrication s’avère polluante et génératrice de gaz à effet de serre. Surtout, elle contribue à l’épuisement des stocks de pétrole, matière première non renouvelable, dont est tiré le plastique. Cet épuisement a par ailleurs une conséquence financière puisqu’elle entraîne une augmentation du coût des matériaux qui se répercute sur le prix des emballages. Une fois l’emballage jeté à la poubelle, se pose la question de son devenir. Une taxe sur les sacs plastiques ? La Loi de Finances 2010 prévoit l’application d’une taxe sur les sacs plastiques de caisse à usage unique à partir du 1er janvier 2014. Les sacs plastiques biodégradables contenant au minimum 40% de matières végétales pourraient être exonérés. Toutefois, les modalités d’application ne sont pas encore définies à ce jour. Le traitement des déchets s’avère coûteux et consommateur d’énergie. De plus, en France, plus de 60% des déchets font encore l’objet d’une incinération ou d’un stockage en décharge, deux modes de traitement particulièrement polluants pour l’air, les sols et les nappes phréatiques et qui ne permettent pas de valoriser les déchets pour en faire de nouvelles sources d’énergie. Aussi, il est préférable de privilégier les emballages qui sont à la fois issus de ressources renouvelables et qui, après utilisation, pourront être traités de manière écologique. Les emballages biodégradables répondent pour la plupart à ces deux critères. 2. UN ENJEU COMMERCIAL ET MARKETING Dans ce contexte, l’utilisation d’emballages écologiques, en particulier biodégradables, répond aux attentes des clients. En effet, selon un sondage, l’impact environnemental de l’emballage est le 3e critère de choix dans un achat, après le prix et la praticité du conditionnement3. 62% des sondés souhaitent notamment savoir si l’emballage est biodégradable. Mettre en avant le caractère écologique de vos emballages peut vous permettre de capter une clientèle de plus en plus sensible à la protection de l’environnement et ainsi de vous démarquer de vos concurrents. Cette initiative sera d’autant plus appréciée si elle s’inscrit dans une démarche globale de développement durable de votre entreprise (choix des matières premières, des emballages, des sources d’énergie…). Source : CNE / Eco-emballages 2009 Source : CNIID (Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets) 3 IFOP / Alliance carton nature, février 2010 1 2 ≥ SOMMAIRE 5 II. DE L’ORIGINE AU DEVENIR DES EMBALLAGES DITS “ÉCOLOGIQUES” 1. L’ORIGINE DES EMBALLAGES DITS “ÉCOLOGIQUES” La plupart des emballages utilisés dans l’alimentaire sont en plastique. Celui-ci est issu du pétrole qui est une matière première non renouvelable (voir encadré). Aussi, les industriels de l’emballage proposent-ils de plus en plus aujourd’hui des emballages dont l’origine ou la fabrication sont plus écologiques. LES EMBALLAGES EN MATÉRIAUX BIOSOURCÉS Les matériaux biosourcés sont fabriqués à partir de végétaux (céréales ou autres plantes…), qui sont des ressources renouvelables. Exemples : les bioplastiques comme le PLA (Acide polylactique) qui résulte de la fermentation du sucre ou de l’amidon de maïs. Ils offrent une alternative aux plastiques issus du pétrole. la pulpe de canne (ou bagasse), résidu de la canne à sucre après extraction du sucre. Ce résidu qui était autrefois incinéré, est aujourd’hui utilisé pour fabriquer de la vaisselle jetable. Une seule tige de canne à sucre permet ainsi de fabriquer une cinquantaine d’assiettes à usage unique. LES EMBALLAGES EN MATIÈRES RECYCLÉES Un emballage recyclé est fabriqué en partie ou en totalité à partir d’un autre emballage déjà utilisé. Privilégier les matériaux recyclés permet ainsi de limiter l’utilisation de matières premières et de préserver les ressources naturelles. Exemples : Le papier recyclé. Le verre recyclé. Des logos indiquent que l’emballage a été fabriqué à partir de matériau recyclé. L’ANNEAU DE MŒBIUS ASSOCIÉ À UN POURCENTAGE Le chiffre à l’intérieur de l’anneau indique le pourcentage de matières recyclées utilisées pour fabriquer le produit. Si l’anneau n’est pas associé à un pourcentage, il indique seulement que l’emballage est recyclable. LOGO POUR LE PAPIER RECYCLÉ Le pourcentage mentionné dans ce logo correspond au taux de fibres de récupération utilisées pour fabriquer le papier. Cependant, ces logos sont peu utilisés en pratique. La plupart des logos présents sur les emballages font plutôt référence au devenir de ces emballages qu’à leur origine. Ceci est source de confusion et rend difficile l’identification des emballages qui ont été réellement recyclés. 6 LES EMBALLAGES OXO-DÉGRADABLES ET BIO-FRAGMENTABLES Il s’agit d’emballages fabriqués à partir de plastiques issus du pétrole (matière non renouvelable) auxquels sont ajoutés des additifs qui favorisent leur dégradation en très petits morceaux. Ces plastiques peuvent donc se fragmenter dans certaines conditions (lumière, chaleur…) mais pas se décomposer totalement, ce qui a des effets néfastes sur l’environnement. En dépit des arguments des fournisseurs, ils ne sont pas écologiques. Les ressources renouvelables Une ressource est dite renouvelable si elle se renouvelle assez rapidement pour être considérée comme inépuisable à échelle humaine de temps. Exemples : le bois (entre 15 et 200 ans pour reconstituer une forêt) les plantes (renouvelables à chaque récolte) POUR EN SAVOIR PLUS : LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE BIOPLASTIQUES Souvent employé aujourd’hui, ce terme porte à confusion car il désigne deux réalités différentes : l’origine du matériau (ressource renouvelable) et son devenir (biodégradable). Il regroupe ainsi : les plastiques issus de ressources renouvelables et biodégradables les plastiques issus de ressources renouvelables mais non biodégradables les plastiques biodégradables issus de ressources non renouvelables (origine fossile). Réalisés à partir de matières premières renouvelables Matières premières renouvelables Sont biodégradables et réalisés à partir de matières premières renouvelables Biopolymères Biopolymères Ex. BioPE (PP/PET), PA biosourcé, PTT Ex. PLA, PHA amidons Non Biodégradable Biodégradable Biopolymères conventionnels Biopolymères Ex. PBAT, PBS, PCL presque tous les plastiques conventionnels Ex. PE, PP, ET Matières premières pétrochimiques Sont biodégradables Matrice des bioplastiques (tiré de Preventpack 2012) ≥ SOMMAIRE 7 2. LE DEVENIR DES EMBALLAGES : DES SOLUTIONS DITES “ÉCOLOGIQUES” S’il est nécessaire de privilégier les emballages conçus à partir de matières premières renouvelables ou recyclées, gérer le devenir de ces emballages après usage est tout aussi important pour limiter les déchets et leur impact sur l’environnement. Aujourd’hui, plus de 60% des déchets sont incinérés ou enfouis mais d’autres solutions existent pour traiter les déchets d’emballage de manière plus écologique. LE RECYCLAGE : Le recyclage consiste à réutiliser un produit déjà utilisé pour fabriquer un autre produit, ce qui permet de préserver les ressources naturelles. Les matières recyclables sont le verre, le papier, l’aluminium, l’acier, certains plastiques. Exemples : Certains plastiques peuvent être recyclés en fibres polaires pour les vêtements. L’aluminium des cannettes ou des barquettes alimentaires permet de fabriquer d’autres objets dans la même matière comme des fers à repasser, des cadres de vélos, des chaises… Les emballages recyclables sont identifiés par des pictogrammes (représentant des consignes de tri par exemple) ou par le logo officiel suivant : L’ANNEAU DE MŒBIUS (SANS POURCENTAGE) Signifie que le produit est apte à être recyclé. ATTENTION ! L’anneau de Mœbius ne doit pas être confondu avec le logo POINT VERT : Il ne signifie pas que l’emballage est recyclable ou recyclé. Il indique seulement que le fabricant de l’emballage paie une contribution auprès d’Éco-emballages pour participer financièrement à la gestion des déchets. A noter qu’un emballage recyclable est susceptible d’être recyclé mais ne le sera réellement que si le consommateur prend soin de trier correctement ses déchets et que la collectivité a mis en place une filière de collecte sélective. © INBP / Jerôme Lanier 8 LA VALORISATION ÉNERGÉTIQUE : La valorisation énergétique consiste à incinérer les déchets tout en récupérant l’énergie produite pour la transformer en chaleur ou en électricité. Si cette solution permet de tirer indirectement profit des déchets, elle demeure cependant une activité polluante comme toute forme d’incinération. LA MÉTHANISATION : La méthanisation est un moyen de valoriser les déchets organiques (déchets agricoles, déchets de jardin et de cuisine, boues d’épuration…) et les déchets des emballages dits “biodégradables”. Réalisée sur des plateformes industrielles, elle consiste à mettre les déchets à fermenter dans certaines conditions (absence d’oxygène) afin d’obtenir du biogaz (mélange de méthane et dioxyde de carbone). Celui-ci sera ensuite utilisé pour produire de la chaleur, de l’électricité ou servir de biocarburant. Exemple : à Lille, les bus roulent grâce au biogaz issu de la méthanisation des déchets. LE COMPOSTAGE : Dans la nature et sous certaines conditions, les restes des végétaux et des animaux sont décomposés par des micro-organismes. Le compostage consiste à placer les déchets dans des conditions spécifiques (température, eau, oxygène), propres à reproduire cette décomposition naturelle. On obtient ainsi du compost, une sorte de terreau utilisé comme fertilisant pour l’agriculture et le jardinage. Cette méthode permet donc à la fois de valoriser les déchets et de diminuer le recours aux engrais chimiques. Le compostage peut s’effectuer à domicile dans un bac à compost individuel, collectivement dans un composteur de quartier ou à grande échelle, sur une plateforme de compostage industriel. Le compostage industriel Il s’agit d’un compostage à grande échelle réalisé sur des plateformes gérées par des collectivités ou des associations. Les conditions de compostage y sont optimisées pour obtenir rapidement un compost de qualité : les déchets sont notamment broyés, mis en tas et fréquemment arrosés ; la température doit s’élever au minimum à 60°C à l’intérieur des tas grâce à la fermentation. Les emballages fabriqués de manière à préserver les ressources naturelles (emballages, recyclés, emballages biosourcés à partir de ressources renouvelables) ainsi que les solutions pour traiter les déchets de façon plus écologique (recyclage, compostage, méthanisation) sont donc multiples. Cependant, peu de solutions d’emballages cumulent à la fois une origine et une fin de vie “écologiques”. Les emballages biodégradables et compostables, issus pour la plupart de matières renouvelables et valorisables par compostage ou méthanisation possèdent ce double avantage. © Firstpack ≥ SOMMAIRE 9 Matériaux recyclés Verre, papier… Fabrication Emballages en matière recyclée Matières premières renouvelables Matières premières non renouvelables Amidon, bois… Pétrole… Fabrication Fabrication Emballages biosourcés Emballages en plastiques issus du pétrole, emballages oxodégradables… Emballages en PLA, pulpe de canne… Utilisation de l’emballage Traitement des déchets d’emballage Recyclage Compostage Méthanisation Pour les emballages recyclables : verre, papier, aluminium… Uniquement pour les emballages compostables Uniquement pour les emballages biodégradables Compost Biogaz Incinération avec valorisation énergétique Incinération sans valorisation énergétique Chaleur ou électricité Schéma de synthèse : l’origine et le devenir des emballages 10 Enfouissement III. LES EMBALLAGES BIODÉGRADABLES ET COMPOSTABLES 1. LES DÉFINITIONS Un emballage est dit “biodégradable” s’il peut être dégradé par des micro-organismes naturellement présents dans le milieu tels que des bactéries. La biodégradation d’un matériau dépend de facteurs environnementaux spécifiques (température, humidité, oxygène, pH) et de sa composition. Sa dégradation peut être excessivement lente si les conditions du milieu ne sont pas optimales. Pour qu’un emballage soit considéré comme “biodégradable”, il doit répondre à la norme NF EN 13432 (2000) et être dégradé en moins de 6 mois. Temps estimé de dégradation de certains déchets Mouchoir en papier : 3 mois Mégot de cigarette : 1 à 2 ans Chewing-gum : 5 ans Huile de vidange : 5 à 10 ans Sac plastique : 100 à 400 ans Canette en aluminium : 200 à 500 ans Bouteille plastique : 10 à 1 000 ans (Source Arehn) Emballages biodégradables : moins de 6 mois Emballages compostables : moins de 12 semaines Un emballage dit “compostable” est un emballage susceptible d’être biodégradé en compost, dans certaines conditions (température, eau, oxygène...). Pour qu’un emballage soit compostable, il doit répondre à la même norme. Les termes “biodégradable” et “compostable” sont souvent confondus mais n’ont en réalité pas la même signification. Un produit biodégradable pourra être décomposé par des micro-organismes mais ne produira pas nécessairement un compost utilisable comme fertilisant agricole. Un produit biodégradable n’est donc pas forcément compostable. Par contre, un produit compostable est forcément biodégradable. 2. LA NORME SUR LES EMBALLAGES BIODÉGRADABLES ET COMPOSTABLES La norme NF EN 13432 (2000) définit les conditions des tests à réaliser et les critères d’évaluation (temps de dégradation, taux de matière dégradée, composition et toxicité des produits obtenus…) pour l’utilisation des termes “biodégradable” et “compostable”. Les conditions de tests pour évaluer la biodégradabilité ou la compostabilité d’un emballage sont différentes. Les exigences sont plus nombreuses dans le cas d’un emballage compostable. La norme concerne uniquement le compostage industriel et ne donne aucun élément concernant le compostage maison. A noter que les matériaux d’emballage d’origine naturelle qui n’ont pas été modifiés par des méthodes chimiques, tels que le bois, l’amidon ou la pâte à papier sont considérés comme biodégradables sans être soumis à essai. Cependant, pour être désignés comme compostables, ils doivent être soumis aux mêmes critères de tests que les autres matériaux. Attention : les emballages biodégradables et compostables ne doivent pas être abandonnés dans la nature puisque ces emballages sont conçus pour être biodégradés dans des conditions particulières, qui ne sont pas nécessairement réunies en milieu naturel. ≥ SOMMAIRE 11 3. LES LOGOS A ce jour, il n’existe pas de logos officiels pour informer le consommateur sur les emballages compostables. Les logos proposés émanent d’organismes certificateurs privés comme AIB-Vinçotte (Belgique). Pour pouvoir utiliser leurs logos, les fabricants d’emballages doivent être certifiés et répondre à un cahier des charges qui correspond à la norme NF EN 13432. LE LOGO OK COMPOST Il est délivré pour les emballages compostables dans une installation industrielle de compostage. Mais il n’offre pas de garantie que ces emballages soient compostables à domicile. LE LOGO OK COMPOST HOME Il certifie que le produit est compostable maison. Dans la mesure où il n’existe pas de norme encadrant la compostabilité maison, le logo OK Compost Home est obtenu sur des critères établis par AIB-Vinçotte. Matériaux au contact alimentaire Attention ! Pour des raisons de sécurité sanitaire, les matériaux des emballages et contenants utilisés pour les denrées alimentaires doivent être conformes à la réglementation sur « les matériaux au contact des aliments » (notamment le règlement cadre européen n°1935/2004/CE). Selon cette réglementation, les matériaux ne doivent pas céder aux aliments des constituants dans des quantités susceptibles de présenter un risque pour le consommateur et de modifier les qualités organoleptiques ou la composition des aliments. Avant d’utiliser un emballage pour vos produits, assurez-vous donc auprès de vos fournisseurs qu’il est apte au contact alimentaire ! A noter que certains emballages sont aptes au contact alimentaire lorsqu’ils contiennent des aliments froids mais pas lorsqu’on y stocke des produits chauds. Il ne faut donc pas modifier les conditions d’emploi d’un emballage. 12 IV. LES EMBALLAGES BIODÉGRADABLES ET COMPOSTABLES : UNE SOLUTION D’AVENIR ? A ce jour, il existe 800 installations de compostage en France qui traitent chaque année 6 Mt de déchets6. Ces chiffres restent insuffisants à l’échelle du pays. De surcroît, il n’existe quasiment pas de collecte des déchets biodégradables auprès des particuliers. En l’absence de tri et de collecte séparée, les emballages biodégradables sont jetés dans la poubelle de déchets ménagers puis incinérés ou enfouis, le plus souvent. Cependant, la situation devrait s’améliorer dans les années à venir. Outre la création croissante de plateformes de compostage, les initiatives pour la gestion séparée des déchets compostables se multiplient depuis quelques années, sous l’impulsion de l’Etat (plan national pour le compostage domestique lancé en 2006, soutenu par l’Ademe) et des associations écologiques. Deux types d’actions tendent aujourd’hui à se développer : la collecte séparée et en porte-à-porte par les collectivités. Par exemple : les villes de Lille, Clermont-Ferrand et la région Moselle ont mis en place une collecte en porte à porte des déchets compostables qui sont ensuite compostés ou méthanisés. le compostage collectif (ou compostage partagé) dans les quartiers : les déchets du quartier sont rassemblés dans de grands composteurs situés au pied des immeubles et gérés par les habitants eux-mêmes. (Le CNIID répertorie les initiatives de compostage collectif en France.) De même, dans les zones rurales, le compostage est souvent pratiqué sur les exploitations agricoles. Certains agriculteurs récupèrent les déchets biodégradables des habitations alentours afin d’en tirer un compost qui fertilisera leurs terres. Ces démarches sont appelées à se multiplier dans les années à venir, permettant ainsi un meilleur traitement des emballages compostables et incitant de ce fait, les fournisseurs à proposer davantage d’emballages de ce type. Guide réalisé par le SMEDAR disponible sur www.smedar.fr 6 Chiffres 2011. Source : Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie ≥ SOMMAIRE 13 V. LES EMBALLAGES BIODÉGRADABLES ET COMPOSTABLES SUR LE MARCHÉ 1. TYPES DE MATÉRIAUX ET EMBALLAGES Les principaux matériaux utilisés aujourd’hui dans les emballages biodégradables et/ou compostables sont : LE BOIS DE PEUPLIER Avantages : résistant et pratique, il passe au four. Exemples de contenants : moules (qui permettent de vendre des pains, cakes ou tartes dans le contenant qui a servi la cuisson), bagues à sandwich, coffrets à friandises. © Panibois © Panibois LE BOIS DE PIN Avantages : esthétique et naturel. Exemples de contenants : mises en bouches (barquettes, coupelles) © Firstpack © Comatec LE BAMBOU (fibres ou feuilles pressées et thermoformées) Avantages : lisse au toucher et design, il apporte une touche exotique aux contenants. Il est idéal pour les mises en bouche et gammes traiteur. © Solia Inconvénients : il ne va ni au four ni au congélateur. Exemples de contenants : bols, coupelles, pics à brochettes, cornets, couverts, paniers vapeur. © Solia © Firstpack LA GAINE FOLIAIRE DE PALMIER Avantages : elle passe au four et au congélateur. Inconvénients : son aspect brut et irrégulier est moins élégant que le bambou. Exemples de contenants : assiettes, coupelles, barquettes © Comatec 14 LES PAPIERS ET CARTONS À BASE DE CELLULOSE PURE © Gault&Fremont / Biofoodpack Avantages : ils passent au four et supportent les liquides chauds. Exemples de contenants : gobelets pour boissons chaudes, moules de cuisson LE PLA (ACIDE POLYLACTIQUE) Avantages : son aspect transparent et sa résistance aux matières grasses. Il est idéal pour des salades et boissons froides. Inconvénients : il se déforme à température élevée (au-dessus de 40°C). Exemples de contenants : sac plastique, films plastiques, couverts, saladiers, bols, pots, gobelets pour boissons froides. © Firplast © Firplast © Comatec LA PULPE DE CANNE Avantages : imperméable et résistante aux écarts de température, cette matière permet de fabriquer divers types de contenants. Inconvénients : son aspect blanc opaque. Exemples de contenants : assiettes, bols, pots, saladiers, boîtes à sandwichs, gobelets pour boissons froides et chaudes. © Solia © Solia © Sabert Attention : Les composants d’un emballage sont multiples. Ceux-ci ne sont pas toujours compostables dans leur intégralité. Une boîte en PLA ou en pulpe de canne peut avoir un couvercle ou une fenêtre réalisés en plastique non biodégradable (PET, PP…). De même, l’ajout de colles, d’encres et les enduits (vernis, film plastique…) qui servent à renforcer l’imperméabilité des matériaux peuvent influencer la biodégradabilité de l’emballage, en fonction des substances employées (PE, PLA…). Assurez-vous de la biodégradabilité de l’emballage complet auprès du fournisseur ! (Pensez à demander une attestation si l’emballage n’est pas certifié). ≥ SOMMAIRE 15 2. LES CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES MATÉRIAU CONGÉLATION / SURGÉLATION MICRO-ONDES / FOUR CONDITIONNEMENTS POSSIBLES BOIS DE PEUPLIER Moules de cuisson, barquettes, assiettes, couverts, bagues à sandwichs BOIS DE PIN Barquettes, cornets BAMBOU Pics à cocktail, barquettes, cornets, bols, assiettes, plateaux, couverts PALMIER Mises en bouche, barquettes, assiettes, coupelles CARTON EN PÂTE DE CELLULOSE Gobelets boissons froides et chaudes, moules de cuisson PLA Gobelets boissons froides, barquettes, couverts, saladiers, coupes à dessert, sacs PULPE DE CANNE Plateaux, mises en bouche, saladiers, pots à desserts, assiettes, bols, ramequins, gobelets, boîtes… Congélation Surgélation Micro-ondes Four ventilé ou à convection Ces données sont indicatives. Les propriétés des matériaux peuvent varier en fonction de la durée du chauffage ou de la cuisson ainsi que de la densité des aliments. Par ailleurs, ces caractéristiques concernent les matériaux de base mais les aptitudes de chaque emballage sont aussi déterminées par sa forme, l’assemblage de ses différents constituants, l’enduction (les vernis par exemple)… 3. UTILISER DU BIODÉGRADABLE : À QUEL PRIX ? Le prix peut constituer un frein à l’achat d’emballages biodégradables pour votre boutique. Pourtant, contrairement aux idées reçues, les emballages biodégradables ne sont pas toujours plus chers que les emballages en plastiques traditionnels (issus du pétrole) et les prix sont très variables en fonction des matériaux. Si le prix des emballages en PLA est supérieur d’environ 20% à celui des emballages en plastique traditionnel, les emballages en pulpe de canne peuvent en revanche être 10 à 15% moins chers ! Communiquez sur votre démarche ! Une partie de la clientèle étant très sensible aux questions écologiques, n’hésitez pas à communiquer sur l’utilisation d’emballages biodégradables et compostables dans votre magasin (affichages, échanges avec les clients…). Sensibilisez et formez le personnel de vente pour qu’il puisse répondre aux questions des clients : Pourquoi avoir choisi des emballages biodégradables et compostables ? “Biodégradable” et “compostable” : qu’est-ce que cela signifie ? Quel est l’intérêt des emballages biodégradables et compostables pour l’environnement ? Dans quelle poubelle dois-je jeter l’emballage ? Puis-je le mettre dans mon bac à compost maison ? Mettre en avant votre démarche sera un atout commercial ! 16 VI. LES EMBALLAGES COMESTIBLES ET RÉUTILISABLES : DES SOLUTIONS ALTERNATIVES Et si l’on consommait ou réutilisait les emballages plutôt que de les jeter ? La meilleure façon de limiter les déchets est encore de ne pas en faire en recourant à des emballages comestibles ou réutilisables. 1. LES EMBALLAGES COMESTIBLES Dans une boulangerie-pâtisserie, il est très simple de fabriquer (ou d’acheter) des contenants qui pourront être consommés en même temps que leur contenu. les bonbonnières en chocolat les tulipes en gaufre utilisées comme coupes à dessert © J. Lanier / INBP © Viviane Perényi, www.atdownunder.com QUELQUES IDÉES les cuillères en pâte sablée (comme celles créées par Poilâne) les couvercles de tasse en biscuit 2. LES EMBALLAGES RÉUTILISABLES LES EMBALLAGES CONSIGNÉS Le principe : proposer à son client ses produits dans des contenants réutilisables pour lesquels il paie une somme forfaitaire qui lui est restituée quand il rapporte l’emballage vide. Exemple : les bocaux en verre dans lesquels peuvent être conditionnés des salades. Mais ce système impose certaines contraintes : avoir de la place pour stocker les emballages et laver les contenants en respectant les bonnes pratiques d’hygiène. LES EMBALLAGES RÉUTILISABLES PAR LE CLIENT Sur le principe des sacs en tissu réutilisables, il est possible de proposer des boîtes que le client pourra rapporter pour qu’elles soient à nouveau remplies lors d’un prochain achat. Exemple : les bentos proposés aujourd’hui par les fournisseurs. Ces boîtes d’origine japonaise sont formées de compartiments dans lesquelles sont placées les différents éléments du repas (salade, petit pain, dessert…). Le client lave le bento après usage et l’emporte avec lui à chaque nouvel achat en boutique. Le commerçant lui vend alors de nouveaux produits emballés dans des petites caissettes en papier, carton ou autre matière recyclable et/ou biodégradable qu’il place dans les compartiments du bento. © Celadon ≥ SOMMAIRE 17 VII. CARNET D’ADRESSES 1. QUELQUES FOURNISSEURS D’EMBALLAGES BIODÉGRADABLES ET/OU COMPOSTABLES CELADON Couverts et boîtes bentos réutilisables et compostables Futuropôle - Rond-point de l’Atlantique 86960 Chasseneuil-Futuroscope Tél : 06 84 54 93 71 www.celadon-innovation.fr COMATEC ZI Lannolier - 1374, Bd. Xavier Fafeur 11000 Carcassonne Tél : 04 68 25 93 94 www.comatec.fr ECOLOMIQUE Site de vente en ligne d’emballages écologiques et biodégradables www.ecolomique.com GAULT & FRÉMONT / BIOFOODPACK Moules de cuisson en papier sulfurisé véritable (issu de la cellulose) et sacs en papier biodégradables 16, rue des Yvaudières - CS70021 37705 Saint-Pierre-des-Corps Cedex Tél : 02 47 32 37 37 www.gaultetfremont.com www.bio-food-pack.com PANIBOIS Moules de cuisson, cercles à tartes et bagues à sandwichs biodégradables en bois issu de forêts éco-gérées (FSC) 3, rue des vignes 45240 Marcilly en Villette Tél : 02 38 76 17 81 www.panibois.fr FIRPLAST 4, rue de Provence 69800 Saint Priest Tél : 04 72 23 66 66 www.firplast.com SABERT Gamme Be Pulp en pulpe de canne 4, rue de l’Industrie 1400 Nivelles - Belgique Tél : +32 (0)67 888 444 www.sabert.eu FIRSTPACK 4, rue Nicephore Niepce – Z.I. Sud 91420 Morangis Tél. : 01 69 10 24 94 www.firstpack.fr SOLIA 18, Av. du Romani 66600 Rivesaltes Tél : 04 68 64 22 22 www.solia.fr 2. POUR EN SAVOIR PLUS • SUR LES DÉCHETS BIODÉGRADABLES AGENCE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA MAÎTRISE DE L’ENERGIE www.ademe.fr CENTRE NATIONAL D’INFORMATION INDÉPENDANTE SUR LES DÉCHETS www.cniid.org CONSEIL NATIONAL DE L’EMBALLAGE http://www.conseil-emballage.org Plus particulièrement : www.conseil-emballage.org/Img/Publications/11.pdf • SUR LES NORMES ET LOGOS www.okcompost.be 18 • SUR LES COMPOSTEURS COLLECTIFS ET INSTALLATIONS INDUSTRIELLES Site de l’ADEME répertoriant les différents centres de traitement des déchets en France (par type de déchets) www.sinoe.org Site militant pour LE COMPOSTAGE PARTAGÉ et répertoriant les initiatives de compostage collectif en France : www.jeveuxmonbacbio.org GUIDE DU COMPOSTAGE MAISON Guide pratiqué rédigé par l’ADEME à destination des particuliers www.ademe.typepad.fr/files/guide_ademe_compostage_ domestique.pdf Réalisation : Pôle d’Innovation Technologique de l’INBP - décembre 2013 Photos : © Fotolia / © INBP / © Panibois / © J.Lanier / © Gault&Fremont/Biofoodpack / © Sabert / © G.Vincelot / © V.Perényi, www.atdownunder.com / © Solia / © Sabert / © Firplast / © Firstpack / © Comatec Design : www.thomasoak.fr