Les praticiens contractuels et leurs droits
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Les praticiens contractuels et leurs droits
STATUTS Les praticiens contractuels et leurs droits urcroît d'activité, postes d'internes non pourvus, remplacements… Les praticiens contractuels sont de plus en plus nombreux dans les services d'anesthésie-réanimation. Quelques points de repères dans la réglementation établie pour leur recrutement et les termes du contrat qui les lie aux établissements. S Les praticiens contractuels (PHC) ne peuvent être recrutés que dans des circonstances strictement prévues par le code de santé publique (tableau ci-dessous). En établissement public de santé (EPS), les PHC sont recrutés par le directeur de l'établissement après avis du chef de service ou de département intéressé, de la commission médicale d'établissement et, dans un délai de 30 jours et si la durée du recrutement est supérieure à 3 mois, du directeur régional des affaires sanitaires et sociales. Ce dernier doit vérifier que le recrutement est compatible avec le projet médical de l'établissement et qu'il respecte les dispositions prévues par décret. CIRCONSTANCES CONDITIONS À REMPLIR PAR LE POSTULANT Pour pouvoir être recruté en qualité de praticien contractuel, le postulant doit : - remplir les conditions légales d'exercice de la profession en France ; - être inscrit au tableau de l'ordre dans la spécialité dans laquelle il postule ; - justifier qu'il remplit les conditions d'aptitudes physique et mentale nécessaires, par la production d'un certificat AUTORISANT LE RECRUTEMENT D'UN PHC (d'après l'article R6152-402 du code de la santé publique) Les PHC ne peuvent être recrutés que dans les cas suivants : Pour exercer des fonctions temporaires en vue de faire face à un Durée d'engagement z 1 surcroît occasionnel d'activité de l'EPS. z 6 mois par période de 12 mois z Pour assurer, en cas de nécessité de service, le remplacement de PH à temps plein ou à temps partiel, lors de leurs absences 2 ou congés statutaires et dont le remplacement ne peut être assuré par les praticiens du service. 6 mois, renouvelable dans la limite z d'une durée totale de 1 an z 3 à l'issue de chaque procédure d'affectation*. z 4 partiel resté vacant à l'issue de chaque procédure statutaire de Pour occuper un poste d'interne ou de résident non pourvu Pour occuper un poste de PH à temps plein ou à temps recrutement*. Pour exercer des fonctions temporaires liées à des activités z 5 nouvelles ou en voie d'évolution, nécessitant des connaissances hautement spécialisées. 24 z Pour assurer certaines missions spécifiques, temporaires ou 6 non, nécessitant une technicité et une responsabilité particulières, listées par arrêté. * en cas de nécessité de service et lorsqu'il s'avère impossible d'opérer un tel recrutement. 6 mois, renouvelable dans la limite z d'une durée totale de 1 an 6 mois, renouvelable dans la limite z d'une durée totale de 2 ans 6 mois, renouvelable dans la limite z d'une durée totale de 2 ans, selon budget 3 ans ou moins renouvelable z par reconduction expresse, selon budget STATUTS délivré par un médecin agréé ; - n'avoir fait l'objet ni d'une privation des droits civiques, ni d'une interdiction d'exercice de la profession ; - être en position régulière au regard de la réglementation du service national ; - pour les étrangers non ressortissants communautaires, être en situation régulière au regard de la réglementation relative aux conditions de séjour et de travail ; - être âgé de moins de 62 ans. UN CONTRAT DE RECRUTEMENT ADMINISTRATIF, ÉCRIT ET PRÉCIS Le contrat de recrutement est un contrat administratif passé par écrit. Un double est adressé sans délai au directeur régional des affaires sanitaires et sociales et à l'intéressé. Ce dernier doit transmettre un exemplaire au conseil de l'ordre. Le contrat doit mentionner : - les titres, diplômes ou qualifications du praticien concerné ; - les circonstances autorisant le recrutement (tableau ci-contre) ; - la nature des fonctions occupées, ainsi que les obligations de service incombant au praticien, notamment en ce qui concerne sa participation à la continuité des soins ou à la permanence pharmaceutique sur place ou en astreinte ; - la date de prise de fonction, la durée du contrat et la date à laquelle celui-ci prend fin, ainsi que, le cas échéant, la période d'essai (1 mois si durée de contrat < 6 mois, 2 mois si durée contrat ≥ 6 mois) ; - la durée du préavis en cas de résiliation anticipée du contrat ou de démission (1 mois si durée de contrat < 6 mois, 2 mois si durée de contrat ≥ 6 mois) ; - le régime de protection sociale (régime général de la Sécurité sociale et régime complémentaire de retraite de l'Ircantec) ; - la rémunération, fixée en fonction des conditions de recrutement prévues à l'article R6152-402 et des prescriptions de l'article R6152-417 du code de la santé publique. Le renouvellement de l'engagement peut être prononcé sous forme d'avenant au contrat initial, lorsque le motif du recrutement est inchangé. TEMPS DE TRAVAIL ET PERMANENCE DES SOINS Les PHC peuvent être recrutés à temps plein ou à temps partiel, leur temps de travail est équivalent à celui d'un praticien non contractuel. Dans les CHU, les PHC en anesthésie-réanimation ne peuvent pas être recrutés à temps partiel, sauf s'ils exercent au SMUR ou dans un service d'urgences. Pour les services organisés en demi-périodes, ils doivent réaliser pour un temps plein 10 demi-périodes, sans excéder 48 heures hebdomadaires sur une période de référence de 4 mois. Pour les services organisés en service continu, leur activité est organisée en heures sans excéder plus de 48 heures hebdomadaires sur une période de référence de 4 mois. Les PHC participent à la permanence des soins. Le temps de soins accompli dans le cadre du déplacement en astreinte est aussi considéré comme du temps de travail. Ils peuvent eux aussi accomplir, sur la base du volontariat contractualisé, un temps de travail additionnel donnant lieu soit à indemnisation, soit à récupération. Leur repos quotidien est d'une durée minimale de 11 heures consécutives par période de 24 heures. Ils peuvent accomplir une durée de travail continue de 24 heures : dans ce cas, ils bénéficient d'un repos immédiat d'une durée équivalente. RÉMUNÉRATION Les praticiens contractuels, recrutés selon les points 1, 2, 4 et 5 des conditions de recrutement (cf. tableau), sont rémunérés sur la base des émoluments applicables aux praticiens temps plein ou partiel recrutés en début de carrière, proportionnellement à la quotité de travail définie dans le contrat en cas de temps partiel. Ces émoluments peuvent être majorés dans la limite des émoluments applicables aux praticiens 4 e échelon majorés de 10 %. Ceux recrutés en remplacement d'un interne ou résident sont rémunérés sur la base des émoluments applicables aux assistants spécialistes de 1re et 2e années ; ces émoluments ne peuvent être supérieurs à ceux applicables aux assistants spécialistes de 3e et 4e années. Les praticiens recrutés pour une mission spécifique, définie par l'arrêté du 17 janvier 1995 et décret n° 93-701 du 27 mars 1993 (IVG, milieu pénitentiaire, hémovigilance, etc.), perçoivent des émoluments spécifiques à chacune des missions citées dans l'article. Le cas échéant, ils peuvent recevoir des indemnités d'enseignement et de formation des personnels des EPS, voire une allocation pour contrat sur poste prioritaire (cas particulier). Les PHC ne perçoivent pas l'indemnité d'engagement de service public exclusif. CONGÉS Les dispositions du code du travail et celles du code de la sécurité sociale sont applicables aux praticiens contrac- 25 STATUTS tuels (congés annuels, maladie, maternité, adoption, paternité). Pour un temps plein, ils bénéficient de 25 jours ouvrés de congés annuels et de 20 jours ouvrés de RTT ; pour un temps partiel, ces durées sont calculées au prorata de la quotité de travail. Les PHC recrutés pour occuper un poste de PH resté vacant ou pour exercer des fonctions temporaires liées à des activités nouvelles (points 4 et 5 des conditions de recrutement) ont droit à 5 jours ouvrables de congés formation, ceux recrutés pour une mission spécifique (point 6 des conditions de recrutement) à 8 jours (5 si temps partiel). Ces congés peuvent être cumulés sur 2 ans. En cas d'arrêt maladie ou de maternité d'un PHC, l'employeur n'est pas tenu à réaliser la subrogation de salaire ; le praticien percevra les indemnités journalières de la Sécurité sociale. PAS D'ACTIVITÉ LIBÉRALE AU SEIN DE L'EPS Les PHC n'ont pas le droit d'exercer une activité libérale dans les établissements publics de santé (EPS). En revanche, dans la mesure où ils sont recrutés à temps partiel, et à condition d'en informer le directeur de l'EPS, ils peuvent exercer une activité rémunérée libérale ou salariée en dehors de leurs obligations de service. SUSPENSION, FIN DE CONTRAT Un PHC peut être suspendu par le directeur de l'établissement, après avis du chef de service ou de département et du président de la CME, pour une durée maximum de 2 mois. Pendant la période de suspension, il perçoit sa rémunération. Au terme de leur contrat, les PHC ont droit à l'indemnité de précarité d'emploi prévue à l'article L 122-3-4 du code du travail (représentant 10 % de la rémunération totale brute due et aux indemnités de chômage). Nathalie CROS-TERRAUX Administrateur du SNPHAR RÉFÉRENCES • Articles R 6152-401 à R 6152-420 du code de la santé publique. • Décret n° 93-701 du 27 mars 1993, modifié par les décrets 95-651,97-629,2002-1357,2002-1424. • Conseil national de l'ordre des médecins : statut des praticiens contractuels. SÉMINAIRE DU CA DU 26 AU 30 NOVEMBRE 2007 THÈMES : SERVICES PUBLICS / EUROPE / PERFORMANCE / MOTIVATION Du 26 au 30 novembre 2007 se tiendra, comme tous les deux ans, le séminaire de réflexion du conseil d'administration du SNPHAR. Ce séminaire se déroule en alternance avec le séminaire des délégués qui a lieu l'autre année. Nous avons décidé de consacrer notre réflexion aux services publics et à leur évolution dans le contexte européen. 26 La première journée aura pour thèmes : l'histoire des services publics, à travers des notions de droit spécifiques au secteur public en France, les concepts d'innovation et de modernisation de l'État et des services publics. La deuxième journée sera ciblée sur l'Europe : comment, en Europe, concilier les avantages respectifs du marché et de l'action publique ? Faut-il une doctrine européenne des services publics ? La troisième journée nous permettra d'envisager les différentes possibilités de privatisation de la santé, avec réflexion sur les conséquences du paiement à l'acte chez les médecins, sur les critères de rentabilité des cliniques privées, et l'exemple hollandais de privatisation de la santé. Enfin, la dernière journée nous fera débattre des notions de performance, de mérite et de motivation et de leur application dans le domaine de la santé et les hôpitaux. Les intervenants seront tous de très haut niveau, universitaires, référents ou experts sur chaque thème. Nous ne doutons pas que les débats seront riches et animés, et que la réflexion du conseil d’administration en sortira approfondie.