CÉLINE ET L`ALLEMAGNE, Dix-neuvième Colloque international
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CÉLINE ET L`ALLEMAGNE, Dix-neuvième Colloque international
CÉLINE ET L’ALLEMAGNE Rigodon Société d’études céliniennes J’ai vu bien des choses mais l’Allemagne en furie nihiliste vous oubliez pas… Société d’études céliniennes CÉLINE ET L’ALLEMAGNE Dix-neuvième Colloque international Louis-Ferdinand Céline BERLIN 6 – 8 juillet 2012 CÉLINE ET L’ALLEMAGNE PROGRAMME © Société d’études céliniennes, 2012 Chez Me François Gibault, 3, rue Monsieur, Paris 7e Société d’études céliniennes Céline et l’Allemagne Dix-neuvième Colloque international Louis-Ferdinand Céline BERLIN 6 – 8 juillet 2012 SOCIÉTÉ D’ÉTUDES CÉLINIENNES Association Loi 1901 Siège : 3, rue Monsieur, 75007 Paris La Société d’études céliniennes a pour objet de réunir, en dehors de toutes passions politiques ou partisanes, tous ceux qui, lecteurs, collectionneurs ou chercheurs s’intéressent à l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline et de favoriser par tous moyens la connaissance de l’œuvre de Céline, notamment par la stimulation des travaux de recherche et de critique, par la création d’échanges internationaux, par l’organisation de colloques et par la diffusion de bulletins et de publications. The main aims of the Society of Céline studies are : 1. to bring together all of those who share an interest in the work of Louis-Ferdinand Céline, wether they are readers, collectors or researchers, and to do so in a context devoid of all kinds of political or partisan approaches ; 2. to promote knowledge of Céline’s work by all available means, and in particular through the promotion of research and other critical works, by the creation of international exchanges, through the organisation of colloquia and by the distribution of bulletins and other publications. Conseil d’Administration : Président : François Gibault Secrétaire : Isabelle Blondiaux Trésorier : Éric Mazet André Derval, David Fontaine, Henri Godard, Marie Hartmann, Catherine Rouayrenc, Christine Sautermeister, Alice Stašková. Correspondants : Christine Sautermeister (Allemagne), Greg Hainge (Australie), Johanne Bénard (Canada), Mie-Kyong Shin (Corée du Sud), Dalia Alvarez-Molina (Espagne), Véronique FlambardWeisbart (États-Unis), Judit Karafiath (Hongrie), Elio Nasuelli (Italie), Michaël Ferrier (Japon), Jan Versteeg (Pays-Bas), Simona Bostina-Bratu (Roumanie), Michael Donley (Royaume-Uni), Tatiana Kondratovitch (Russie). http://www.celine-etudes.org PROGRAMME VENDREDI 6 JUILLET 2012 10 h – Ouverture du colloque par François Gibault, Président de la SEC 10 h 15 Présidence : François GIBAULT Ana Maria ALVES Céline et les rapports franco-allemands Christine SAUTERMEISTER D’un café l’autre : Céline et Marcel Déat à Sigmaringen 11 h 30 Pascal IFRI L’Allemagne et les Allemands dans la correspondance de Céline (1907-1939) Émile BRAMI L’Allemagne dans la correspondance de Céline (1940-1961) 13 h – Déjeuner 14 h Présidence : Christine SAUTERMEISTER Margarete ZIMMERMANN Les représentations de Berlin dans Nord David FONTAINE Le Berlin de Céline 15 h 30 André DERVAL Allemand et anglais, entre musique et charabia Ann SEBA-COLETT Céline en bataille avec la guerre : l’Allemagne, catalyseur d’un pacifisme 6 SAMEDI 7 JUILLET 2012 9 h 45 Présidence : Margarete ZIMMERMANN Bianca ROMANIUC-BOULARAND Un phénomène stylistique célinien : la récurrence formelle et sémantique Catherine ROUAYRENC Les avatars de la métaphore dans les derniers romans 11 h Alice STAŠKOVÁ Figure et espace dans la trilogie allemande et dans Féerie pour une autre fois I Suzanne LAFONT Des collabos aux Balubas : le miroir sonore de l’histoire dans la trilogie allemande Véronique FLAMBARD-WEISBART La traversée de l’Allemagne en train 13 h – Déjeuner 14 h Présidence : Alice STAŠKOVÁ François-Xavier LAVENNE Orphée en Allemagne Sven Thorsten K ILIAN L’Allemagne, ce monstre 15 h 30 Anne BAUDART Céline et l’art en Allemagne Johanne BÉNARD Le théâtre dans la trilogie allemande : l’envers du décor 7 DIMANCHE 8 JUILLET 2012 10 h Présidence : André DERVAL Pierre-Marie MIROUX Le Nord chez Céline ; des racines et des ailes Marie-Pierre LITAUDON Guignol’s Band… au passage 11 h 15 Louis BURKARD Les pamphlets de Céline et leur interdiction en droit Isabelle BLONDIAUX Pourquoi lire Céline ? 12 h 30 Assemblée générale de la Société d’études céliniennes 13 h Clôture du colloque 8 PRÉSENTATION DES COMMUNICATIONS Ana Maria ALVES Instituto Politécnico de Bragança, Portugal CÉLINE ET LES RAPPORTS FRANCO-ALLEMANDS Céline fut, durant les années noires, moins désengagé qu’il ne voulut le faire paraître par la suite. En effet, au cours de l’instruction de son procès et après la rédaction, le 20 décembre 1945, de son mémoire de défense, Réponse aux accusations formulées contre lui par la justice française, au titre de trahison et reproduites par la Police Judiciaire danoise au cours de ses interrogatoires, Céline affirmait, pour sa défense, n’avoir eu aucune relation avec l’occupant et n’avoir jamais fréquenté l’Ambassade : « […] Je n’ai jamais mis un pied à l’Ambassade d’Allemagne, ni avant, ni durant l’occupation, Je n’ai jamais appartenu à aucune des nombreuses sociétés franco-allemandes – culturelles, littéraires, médicales, etc. […] Je n’ai jamais rencontré Otto Abetz l’émissaire d’Hitler en France 1. » Dans cette réflexion, nous nous proposons de démontrer que contrairement à ce que Céline défend, l’auteur a eu plusieurs rapports avec l’occupant en l’occurrence avec Abetz, Schleier, Achenbach, Von Bohse, Klarsen, Bickler. Par ailleurs, nous nous attarderons sur les relations de Céline avec l’un des représentants les plus influents de la culture allemande – Karl Epting qui ne cessera de défendre l’auteur contre ses compatriotes, Abetz, Payr, entre autres. Au long de cet exposé, nous vous proposerons de découvrir d’autres références tout aussi importantes qui prouvent que l’auteur entretenait des relations plus ou moins étroites avec les représentants des forces de l’Occupation. À ce titre, nous présentons les témoignages de Jünger et de Heller qui permettent de comprendre, d’une part, le sentiment de dépréciation senti envers l’auteur par le premier qui critique le style hystérique, vulgaire, ordurier de Céline et, d’autre part, le sentiment partagé entre nausée et admiration ressentie par le deuxième « choqué par son délire antisémite, par les grossièretés hystériques 2 », mais éblouit par la verve de l’auteur et par « sa création hallucinante d’un monde dominé par les forces destructrices de la mort et de la folie 3 ». 1. Louis-Ferdinand Céline, « Réponse aux accusations », Copenhague, le 6 novembre 1946, Louis-Ferdinand Céline, Cahiers de l’Herne, Pierre Belfond, 1968, p. 412. 2. Gerhard Heller, Un allemand à Paris 1940-1944, Paris, Seuil, 1981, pp. 152-153. 3. Id., Ibid. 11 Anne BAUDART CÉLINE ET L’ALLEMAGNE Dans une lettre à Élie Faure, dont il admirait les ouvrages, Céline affirmait « Je suis loin, depuis toujours, de l’art et des artistes ». Il prétendait que l’art lui était tout à fait étranger. Pourtant dans une lettre à Léon Daudet, il se réfère à La Tête des fous de Breughel, montrant sa réceptivité évidente aux influences esthétiques. Il écrit encore à Evelyne Pollet qu’il va aller voir à Anvers, en 1933 : « Moi-même flamand par mon père et bien breughelien d’instinct, j’aurais du mal à ne pas délirer entièrement du côté du Nord » et en 37, dans une autre lettre : « Vous serez gentille de me donner quand je vous verrai quelques renseignements sur la vie de Jerôme Bosch. Juste quelques idées. » Céline, qu’il l’admette ou non, s’intéresse à la peinture, et est lui-même un grand peintre de l’apocalypse, dans la lignée de Bosch, de Breughel, de Goya. Il dit à Élie Faure, à propos de « la hideur du genre humain » : « Il faut se placer délibérément en état de cauchemar pour approcher du ton véritable. » En témoignent ses tableaux de la guerre dans le Voyage et dans la Trilogie Allemande, sa vision inouïe des bas-fonds, des prostituées dans Guignol’s Band, la fulgurance de couleurs de son tableau du bombardement de Paris dans Féerie pour une autre fois, au centre duquel trône en cul-de-jatte ivrogne, Jules, son peintre fétiche. Ne pourrait-on pas, en restant dans le nord et dans le XXe siècle, rapprocher l’œuvre picturale de Céline et son parcours personnel de ceux d’un autre rescapé de 1914, de l’autre côté du Rhin, l’expressionniste allemand Otto Dix ? Lui aussi a peint « la hideur du genre humain » et c’est avec le même pessimisme qu’il a abordé les mêmes thèmes : l’horreur de la guerre, l’univers glauque des prostituées pour les opposer à l’harmonie de la musique et de la danse. Au-delà des frontières provisoires de l’Histoire qui les plaça malgré eux dans deux camps ennemis, ils racontent, dans un style d’une égale violence (qui fut jugé irrecevable par les défenseurs de l’art officiel en France comme en Allemagne) la même catastrophe qui anéantit l’Europe et mit fin aux illusions humanistes du début du XXe siècle. 12 Johanne BÉNARD Queen’s University (Canada) LE THÉÂTRE DANS LA TRILOGIE ALLEMANDE : L’ENVERS DU DÉCOR La question de la théâtralité dans les derniers romans a déjà fait l’objet d’un article bien connu de Robert Llambias, « Guerre, histoire et langage dans le récit célinien », paru en 1986 dans la Revue des sciences humaines (n° 204, pp. 89-105). Pour Llambias, dans la trilogie allemande, la théâtralisation va de pair avec un refus du réalisme historique et un « travail d’allégement du référentiel » (p. 96). Relevant surtout l’abondance des termes se rapportant au spectacle, Llambias propose que ce traitement théâtral est une stratégie d’écriture née de la culpabilité de l’écrivain qui aurait pensé « que son acte d’écriture retentirait sur l’Histoire, voire en infléchirait le cours » (p. 104). Cette thèse, qui a servi de repoussoir à certains critiques, et en particulier à Philip Watts, qui y a vu une façon pour la critique célinienne d’évacuer un référent encombrant et qui suggère lui plutôt dans son « Postmodern Céline » (Céline and the Politics of Difference, University Press of New England, 1995) de lire la trilogie par rapport au courant négationniste, sera pour moi l’occasion de revisiter des « scènes » emblématiques des derniers romans (description de Sigmaringen et Berlin comme décors ou parade de Pétain), mais également les passages qui mettent en scène le personnage d’acteur halluciné de Le Vigan. Ces scènes, me demanderai-je, ne pourraientelles pas constituer une passerelle étonnante pour les scènes shakespeariennes de Guignol’s Band, où le théâtre, qui se confondait avec le rêve, nous avait justement ramené au réel et à l’Histoire ? 13 Isabelle BLONDIAUX POURQUOI LIRE CÉLINE ? La lecture de l’œuvre de Céline invite de façon évidente à questionner la manière dont lecture naïve et lecture critique peuvent co-exister et s’articuler. Ainsi, à la question « pourquoi lire Céline ? », on pourrait répondre, tout d’abord, pour le plaisir qui est une clé fréquente d’entrée dans l’œuvre, souvent inséparable d’une lecture naïve. Toutefois, le lecteur un tant soit peu assidu, s’il sait résister à la fascination, perd très vite son innocence. Dès lors, il se trouve confronté à la nécessité d’une lecture critique. Ainsi, lire Céline permet d’introduire à la question de la lecture critique, dont je propose de distinguer deux fonctions : pour apprendre à lire, et donc à ne pas se laisser piéger par ce qui peut sembler trop séduisant ; pour apprendre à écrire et là on rejoint la question « qu’est-ce qu’un artiste ? », à laquelle j’ai tenté de répondre dans Portrait de l’artiste en psychiatre, et qui est l’autre volet de la question « pourquoi écrivez-vous ? » 14 Émile BRAMI L’ALLEMAGNE DANS LA CORRESPONDANCE DE L.-F. CÉLINE (1940-1961) On sait que l’Allemagne tient une grande place dans la dernière partie de l’œuvre de LouisFerdinand Céline, plus particulièrement dans ce qu’il est convenu d’appeler la Trilogie Allemande. Avant de se faire pamphlétaire, puis, pour reprendre ses propres termes, « chroniqueur des catastrophes », Louis-Ferdinand Céline puisait dans sa propre existence, ses souvenirs d’enfance et de jeunesse plus précisément, la matière de ses romans. Mais, si l’Angleterre est évoquée dans un passage fameux de Mort à crédit, puis sert de décor à Guignol’s Band, les séjours linguistiques qu’il fit à Diephholz pour l’essentiel, puis à Karlsruhe, n’apparaissent pas dans la partie fictionnelle de l’œuvre peut-être parce que les lettres de Diephholz sont déjà rédigées comme de petits reportages, que, dans une certaine mesure, le travail littéraire a déjà été accompli. C’est donc vers la correspondance qu’il faut se tourner pour voir comment se forme et se transforme la vision qu’a de l’Allemagne l’auteur de Voyage au bout de la nuit. De la lettre du 30 août 1907 que le jeune Louis Destouches fait parvenir à ses parents pour leur décrire son arrivée à Diepholz, à celle adressée le 30 décembre 1960 destinée à Hermann Bickler où Louis-Ferdinand Céline s’interroge sur les « Gas Kammer » quelques mois avant sa disparition, les évocations sont nombreuses. Nous verrons comment l’image de ce pays passe de la vision banale, quoique déjà teintée d’ironie, de « l’ennemi héréditaire » décrit par un jeune garçon élevé dans un milieu conformiste à celle de l’écrivain engagé dans la Collaboration, avec toutes les ambiguïtés liées à cet engagement, pour finir avec le processus de d’auto-réhabilitation « Je n’ai jamais collaboré » qu’entreprendra Céline de son arrivée au Danemark jusqu’à sa mort. 15 Louis BURKARD LES PAMPHLETS DE CÉLINE ET LEUR INTERDICTION EN DROIT Des trois pamphlets antisémites que Céline publia entre 1937 et 1941, aucun n’a été réédité depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. On sait que la raison de cette disparition éditoriale tient d’abord à la volonté de l’auteur qui fut ensuite fidèlement et opiniâtrement respectée par sa veuve, Mme Lucie Destouches. Encore aujourd’hui, les pamphlets sont soumis à une interdiction ferme qui s’arc-boute sur le droit d’auteur. Néanmoins, nombreux restent les débats et les désaccords autour de leur sort juridique : le droit d’auteur est-il la seule cause de l’interdiction ? La loi pénale n’empêche-t-elle pas elle aussi toute tentative de réédition eu égard au contenu raciste et antisémite des pamphlets ? Nous chercherons à répondre à ces différentes questions au cours de notre communication qui aura pour objet de mieux définir le régime juridique auquel sont soumis les pamphlets de Céline. Aussi bien, aborderons-nous trois temps distincts pour comprendre les problématiques en jeu. Le premier – celui de l’interdiction des pamphlets du vivant de l’auteur – permettra de rappeler les mesures prises par les autorités à la Libération puis la décision de Céline de ne pas republier ses pamphlets après son retour en France. Le deuxième temps, qui court de la mort de Céline à nos jours, sera l’occasion de voir comment l’interdiction fut appliquée en droit d’auteur sur la base des droits patrimoniaux et l’impossibilité d’interdire définitivement toute réédition sur la base du droit moral. Enfin, avec le troisième temps, qui interviendra dans les prochaines années et plus précisément à la date de l’entrée des droits d’auteur dans le domaine public, nous analyserons les risques de censure d’une éventuelle réédition au regard de la loi pénale. 16 André DERVAL IMEC ALLEMAND ET ANGLAIS ENTRE MUSIQUE ET CHARABIA Le jeune Destouches, entre treize et quinze ans, fait plusieurs séjours linguistiques, en Allemagne tout d’abord : 1907-1908 (Diepholz, Karlsruhe), puis en Angleterre en 1909 (Rochester, Broadstairs). Si l’on peut certes considérer que le Journal de Diepholz, journal allemand écrit en français, constitue la première trace d’écriture littéraire chez Céline, celle-ci est cependant sans commune mesure avec la place de l’Angleterre, ou du monde anglophone, dans l’œuvre, dès Voyage au bout de la nuit, et notamment dans Mort à crédit et bien sûr Guignol’s Band. Après avoir fait un point sur l’état probable de la pratique de ces deux langues par Céline, à partir de l’étude de Peter Dunwoodie (Actes 1986), de la Notice en « Pléiade » de Guignol’s Band par Henri Godard, mais aussi des notations de témoins, au premier rang desquels Milton Hindus – données beaucoup plus rares pour ce qui concerne l’allemand –, nous recenserons les diverses appréciations sur celles-ci dans l’œuvre. Plutôt négatives lorsqu’il s’agit de qualifier l’allemand, à l’exception notable des deux mentions de Lied du Roi des Aulnes, Ô Vater, dans Nord, elles sont beaucoup plus nuancées pour l’anglais, tant dans la valorisation du « snappy » du théâtre anglais que dans celle du jazz, du ragtime dans la musicalité stylistique recherchée. Cette opposition, qui se retrouve jusque dans le bruit des avions de guerre, sera évoquée en plusieurs occasions hors cadre fictionnel, par exemple dans ses entretiens avec un possible adaptateur tchèque de Voyage (Études céliniennes, n° 3). Réunissant fréquemment les « types » anglais et allemand dans une même détestation, quoique sous des jours différents, Céline puisera cependant dans leurs littératures des modèles ou des exemples : Shakespeare, Defoe, Chamisso, Fontane, entre autres. Car, au moment d’aborder la question littéraire, Céline se montre sensible à cette tension créée par l’influence des deux langues voisines, à l’ouest et à l’est – on notera au passage le complet dédain affiché à l’égard de l’italien – qui lui permet même de jauger ses contemporains à cette aune : Giono, « lyrique à l’anglaise » ; « Claudel plus germanique que celte dans sa construction… charabiatant, ceci lui a été bien des fois reproché à d’autres temps… » 17 Véronique FLAMBARD-WEISBART Loyola Marymount (États-Unis) LA TRAVERSÉE DE L'ALLEMAGNE EN TRAIN Dans Entretiens avec le professeur Y, Céline définit sa poétique du « transport magique », son « métro magique », avec ses « rails tout à fait spéciaux, des rails qu’ont l’air droit tout à fait droit et qui le sont pas !… », son « style émotif » menant au féerique. Et nous dit Céline, « il faut des conditions spéciales, bien extraordinaires, pour faire rouler un train pareil… ». Dans cette communication, j’examinerai des manifestations littérales et figurées de cette poétique du transport magique, me concentrant sur des conditions requises pour mener au féerique, telles qu’elles sont plus spécifiquement exposées dans Rigodon, durant le voyage en train à travers l’Allemagne, vers le nord. Je me pencherai plus en détails sur l’épisode de la locomotive dans les nuages dont la vision dépasse l’entendement : « une locomotive à l’envers… perchée… et pas une petite je vous dis, une à douze roues !… en l’air et à l’envers […] perchée, telle quelle, sur le dos ! soufflée ! au sommet !… » J’en profiterai pour explorer la métaphore du train et de sa locomotive dans Rigodon. Surtout je tenterai de montrer comment cette locomotive embarque en réalité le lecteur sur la fréquence des « rails biseautés “spécial” ! profilés “spécial” » du style émotif célinien, l’entraîne vers le transport des sens selon les règles de sa « petite musique » polyphonique, car « Pas d’air grandiose sans contrepoint !… » nous dit Céline. Je montrerai enfin l’actualité du style célinien et de sa petite musique, cinquante ans après la mort de l’auteur. 18 David FONTAINE LE BERLIN DE CÉLINE Quel cauchemar ! Berlin ensorcelé au suicide. Le lieu est irrésistible. Lettre du 5 septembre 1944 à Paul Bonny (sans doute écrite de Berlin) Céline n’a séjourné que huit jours à Berlin à la fin de l’été 1944, après un premier voyage-éclair en juillet, pour y rencontrer son puissant protecteur, le médecin-officier SS Hellmut Haubold(t). Mais l’écrivain en a donné une transposition saisissante dans son roman Nord, qui occupe près d’un cinquième du volume. À partir de ces pages déterminantes, il s’agira d’abord de suivre littéralement Céline en « touriste » du désastre, à travers la géographie, réelle ou réinventée, de Berlin : de la gare d’Anhalt à l’abri souterrain de la villa de Grünwald, où Harras (nom de Haubold dans le roman) règne sur ses services de santé, en passant par quelques hauts lieux dûment cités : Porte de Brandebourg, Unter den Linden, la Chancellerie, ou la station de métro Tiergarten. Et par des hôtels aux noms et adresses savamment modifiés. Dans cet « effroyable tableau » inaugural de Berlin, Céline concentre l’effet des bombardements décrits ensuite dans Nord et surtout Rigodon : une ville qui n’est plus qu’un « décor », l’intérieur des maisons éventrées étant réduit à de petits tas dans les rues. L’hôtel Zénith, réduit à deux étages suspendus entre deux trous de bombe, devient l’emblème de la ville, résume à lui seul son état. Jouant plaisamment sur les préjugés français, Céline fait aussi de Berlin la capitale de la tristesse : « Berlin a jamais fait rire, personne ! » Et il finit par dépeindre la ville comme la porte des Enfers : la Spree, fleuve noir, devient le Styx. Le faustien et super-nazi Harras y règne sur des souterrains toujours plus profonds. Berlin devient ce lieu d’outre-tombe, révélant l’envers du décor et des êtres, telles ces photos d’identité prises sur place où les trois héros ne se reconnaissent plus, se révélant en « monstres », en « noyés », et notamment Lili en « sorcière sur le retour ». Au passage, il est frappant de découvrir que certains de ces traits du Berlin célinien préexistent à l’écriture du roman, – notamment dans ses lettres écrites sur le moment ou dans le premier résumé sténographique de ses tribulations rédigé en 1946 dans sa prison danoise. Noircissant Berlin, l’écrivain en fait, sur l’autre rive de la vie, une capitale-fantôme, qui n’est plus que façades, où Hitler n’est plus qu’un spectre, hantée par des vieillards disciplinés et des habitants qui déjà ne sont plus allemands, mais russes, polonais, voire pire à ses yeux… Or Céline date précisément de son arrivée en gare de Berlin-Anhalt, la perte de son équilibre, découverte qu’il ne peut plus marcher droit, qui nécessite aussitôt l’achat de cannes. Déplorant sa « titubation » narrative, sa manière de raconter « de bric et de broc », par sauts et digressions, il fait le parallèle avec cette marche en « zigzag » qui devient ainsi une image de sa technique romanesque. Une image à rapprocher de la métaphore du style comme métro émotif dans Entretiens avec le professeur Y, dont la « révélation » lui survient à la station Pigalle, à l’instar de Blaise Pascal ayant la révélation de son « gouffre » lors d’une chute sur le Pont de Neuilly. Ce lieu à l’envers qu’est Berlin ouvre donc sur un envers de l’écriture. Que Berlin devienne le centre absent, le soleil noir autour duquel gravitent les pérégrinations de la trilogie allemande, l’aura de cette ville dans l’œuvre de Céline doit aussi sûrement aux précédents séjours qu’il y avait faits. Notamment à l’occasion de brefs voyages d’étude, comme médecin financé par la Société des Nations, en 1929 et 1932, puis en 1942 sur invitation des autorités allemandes à sa demande. 19 Pascal IFRI Washington University (États-Unis) L’ALLEMAGNE ET LES ALLEMANDS DANS LA CORRESPONDANCE DE CÉLINE (1907-1939) Céline aimait-il l’Allemagne ? Était-il pro-allemand ou anti-allemand ? Ses sentiments sur le sujet ont-il évolué avec le temps et avec les événements ? Ses rapports avec l’Allemagne et les Allemands sont en tout cas particulièrement complexes. D’un côté, il a passé plus d’une année à Diepholz et à Karlsruhe dans son adolescence, il semble avoir soutenu le régime nazi ou au moins a ouvertement défendu certaines de ses thèses pendant la Seconde Guerre mondiale et il s’est réfugié à Sigmaringen à l’issue de celle-ci. De l’autre, il a été un héros de la Première Guerre mondiale sous l’uniforme français, il n’a jamais rejoint la collaboration sous l’Occupation et il a en fait plusieurs fois affiché son mépris pour les collaborateurs aussi bien que pour les Nazis et leur régime. Il est donc difficile de trancher sur la question des véritables sentiments de Céline envers l’Allemagne et les Allemands. Cependant, ses positions publiques ne reflétant pas nécessairement ses convictions intimes, une lecture attentive de sa correspondance peut conduire à une idée plus claire et plus juste de la question. À partir de l’édition « Pléiade » de cette correspondance, nous nous proposons d’essayer de l’examiner en passant en revue et en analysant les commentaires les plus révélateurs de Céline sur le sujet, de sa jeunesse à ses derniers jours, mais en privilégiant les lettres écrites entre 1939 et 1945. 20 Sven Thorsten KILIAN Université de Potsdam (Allemagne) L’ALLEMAGNE, CE MONSTRE Dans L’École des cadavres (1938) Céline attribue à l’Allemagne, avec une citation fausse typiquement célinienne, l’épithète latine de « monstrum ». Vingt ans plus tard, il décrit son voyage forcé au Nord en termes mythologiques qui suggèrent une descente en enfer. Les préjugés culturels et le contexte historique qui étayent cette vision cauchemardesque de l’Europe centrale ne sont, bien évidemment, pas difficiles à discerner. Mais cela n’est pas tout. La communication se propose d’analyser le mode fantastique et la fonction pragmatique de cette stratégie textuelle. Car Céline ne se met-il pas lui-même en scène comme monstre, dans ces romans, mais aussi avec ses apparitions publiques des années 50 ? Et dans la prison danoise il parle allemand aux autres délinquants de la dérive fasciste pour leur remonter cyniquement le moral. Dans les textes aussi bien que dans la réalité télévisuelle par exemple, nous avons affaire à un jeu de doubles et de masques qui opère par sous-entendus et par l’échange des instances communicatives privé de toute éthique de communication. L’« Allemagne » de Céline est donc beaucoup plus qu’un référent historique et culturel. Le topique du pays monstrueux sert ici à travestir les modes d’énonciation, à simuler et à dissimuler l’affect, et à provoquer de manière « psychapersuasive » une réaction publique convulsive. 21 Suzanne LAFONT Université de Montpellier DES COLLABOS AUX BALUBAS : LE MIROIR SONORE DE L’HISTOIRE DANS LA TRILOGIE ALLEMANDE (l’exemple de D’un château l’autre) L’écriture de D’un château l’autre est marquée par l’abondance d’exclamations et d’onomatopées de toutes sortes (type crrac crrac), en langue française ou étrangère, au sein d’une narration par ailleurs plus classique que dans les récits précédents (par exemple Féerie) : elles n’en prennent que plus de relief. Plus étonnante est la fréquence des mots à redoublements (comme fifis, froufrou), avec une prédilection pour ceux qui ont une tonalité enfantine (glouglou, cache-cache…). Plus généralement, un grand nombre de vocables contiennent un effet d’écho, que ce soit dans les noms communs (un méli-mélo, la queue leu leu) ou les noms propres (à commencer par les diminutifs Lili et Bébert). Il ne s’agit pas là de simples accidents ou procédés de style pour dynamiter les normes de l’écrit, mais de la matrice même de l’écriture célinienne. Céline compose une langue dans la langue où s’entend un babil d’avant l’emprise du sens, d’avant la fixation sur la langue maternelle, une langue « babélisée » faisant sourdre les idiomes étrangers qui la peuplent, une langue « barbarisée », ensauvagée et oralisée, qui garde trace de tout ce que l’académisme exclut (et qu’il qualifie parfois de « petit nègre »). Céline met ainsi au point un dispositif, fait d’échos et de rumeurs, propre à rendre sensible aux phénomènes de revenance dans l’histoire, que celle-ci soit personnelle ou collective, les diverses époques se réverbérant les unes dans les autres sur la pellicule sonore qu’est devenue la page. Reviennent notamment, en un apparent « bric à brac » les souvenirs de la petite enfance, des premiers apprentissages linguistiques – dont celui de l’allemand –, des deux séjours africains, des événements encore antérieurs, oubliés ou déniés, d’autres au contraire qui sont pressentis, annoncés, en gestation au moment où la narration s’écrit. La focalisation sur les exclamatifs et mots à redoublement permet, pensons-nous, d’éclairer des faits narratifs récurrents comme l’obsession des tirailleurs sénégalais « coupe-coupe » ou mieux « coupe-langue », la hantise des « tam-tam » du Cameroun (qui fut une colonie allemande), l’insistance mise sur un axe Londres-Brazzaville et ses variantes. En bref, Céline ne se contente pas de « blabater » sur un passé déjà en passe de devenir ancien, il fait « miraginer » comme il le dit, grâce au miroir sonore disposé par son écriture, les potentialités de l’histoire présente et à venir. L’actualité des années 50 entre en résonance avec le passé et fait pression sur cette chronique de la Seconde Guerre, elle-même hantée par celle de 1914 et par les guerres coloniales. Il n’y a pas si loin des collabos qui vivent la fin du Reich en Allemagne aux Balubas du Congo auxquels l’avenir appartient, selon la prophétie du narrateur de Rigodon. La postérité de l’écrivain en Afrique semble lui donner raison. D’ailleurs, n’avait-il pas, dès L’Église, confié sa succession au petit enfant noir nommé Gologolo ? 22 François-Xavier LAVENNE ORPHÉE EN ALLEMAGNE : LA TRILOGIE, PARCOURS À TRAVERS LES ENFERS ET QUÊTE DE L’ÉCRITURE La fuite à travers l’Allemagne en feu durant la Seconde Guerre mondiale, l’exil et l’incarcération au Danemark constituent des événements qui bouleversent la posture auctoriale célinienne et appellent une réélaboration autofictionnelle. La gestion de l’identité de l’écrivain passe alors par la narration et, en particulier, par la reprise de canevas mythiques. Utilisés en contrepoint sous la trame du texte, ils permettent au banni de donner une portée métaphysique au traumatisme de l’expérience vécue. Dans Féerie pour une autre fois, l’espace romanesque est polarisé verticalement entre le lieu de la vie, l’appartement qui domine Paris, et le lieu de la mort, la prison enfouie profondément sous terre. Le passage de l’un à l’autre est une chute brutale. L’écrivain se présente alors comme un damné et s’identifie à Sisyphe précipité aux Enfers ou à Adam chassé du paradis. Toutefois, cette vision de sa déchéance est nuancée par le recours à d’autres figures qui permettent de mettre en évidence la valeur de l’épreuve subie. Ainsi Céline adopte-t-il la posture du « Pline de l’ère atomique », c’est-à-dire de l’explorateur curieux et imprudent. En particulier, dans Féerie et surtout dans la trilogie, le mythe d’Orphée offre à l’écrivain une matrice signifiante de nature à exprimer la logique de son parcours et de sa quête scripturaire. Dans la trilogie, Céline substitue au schéma binaire de la chute (appartement-prison), un schéma ternaire dans lequel se reconnaissent les deux temps de la nekuia orphique : la catabase (descente) et l’anabase (remontée) puisque l’écrivain, revenu de l’outre-tombe qu’est la venstre, s’installe dans la villa « à mi-côte » de Meudon. Le caractère initiatique du mythe d’Orphée semble particulièrement attirer l’imaginaire célinien. La descente aux enfers que constitue le parcours de l’écrivain n’a, certes, pas pour but de retrouver Eurydice, mais d’éviter la mort promise à Paris. Cependant, ce parcours s’avère être une lente initiation aux mystères de Chronos et de Thanatos. Cette catabase connaît trois étapes qui sont autant d’épiphanies du Temps dans les châteaux de Siegmaringen, le Brenner et Zornhof. Elle s’accompagne de la transformation physique de l’auteur qui devient un être mi-mort, mi-vivant. Le terme de cette plongée est le royaume des spectres qu’est la prison. Elle apparaît dans Féerie et dans la trilogie comme le lieu d’une transformation ontologique qui est à la fois une destruction et une révélation. Cette initiation se poursuit au début de D’un Château l’autre dans une nouvelle scène de nekuia. Lors de la rencontre avec Caron. Céline descend en effet vers la Seine, transformée en Styx, avant de remonter vers sa villa. Il y ramène le passé, arraché à la mort, que doit ressusciter l’écriture. Chez Céline, la descente aux enfers débouche sur une révélation artistique et sur la découverte de la vocation du chroniqueur. Le mythe d’Orphée permet dans ce contexte d’exprimer à la fois l’écriture d’une aventure, mais aussi l’aventure d’une écriture. La reprise célinienne des deux derniers mythèmes orphiques concerne, en effet, l’activité de l’écrivain, ses difficultés et l’espoir qu’elle porte. L’écriture est conçue par le chroniqueur comme un sparagmos (écorchement), mais elle est aussi la dernière chance de vaincre la mort. Le motif du tombeau d’Orphée introduit en effet la conception du texte comme le lieu de survie spectrale de l’auteur dont chaque lecture réanime la voix. 23 Marie-Pierre LITAUDON GUIGNOL’S BAND… AU PASSAGE La critique universitaire s’accorde à circonscrire l’histoire rapportée dans Guignol’s Band à celle du séjour londonien du narrateur héros, Ferdinand. Les quatre premiers chapitres, qui s’ouvrent sur le bombardement du pont d’Orléans en juin 1940 et se prolongent par une série de « pronostications » à l’adresse des lecteurs, sont regardés comme un « prologue » narratif, en marge de l’histoire mais œuvrant à l’introduire par un effet de sas mémoriel. Un procédé que Céline affectionne puisque, mis en place dans Mort à crédit, il sera repris dans de nombreux romans. Si l’on peut effectivement regarder les premiers chapitres de Guignol’s Band comme un prologue, il paraît tout aussi recevable de les inclure au déroulement de l’histoire. Dès lors que le bombardement d’Orléans opère en prolepse narrative, l’histoire rapportée s’inscrit dans une durée nouvelle, celle d’un entre-deux guerres, au creux de laquelle vingt-deux années de paix sont réduites au silence. Cette contraction temporelle confère une force programmatique au premier chapitre, véritable Apocalypse signant la fin des temps. L’anticipation devient prémisse du récit à venir, piégeant la vie de Ferdinand dans un cycle de malédictions voué à la géhenne. Le récit est pour beaucoup la description d’une suite d’errances, ponctuée de scènes de lutte de plus en plus brutales, reprenant en échos le bombardement initial. Toutes contribuent à enchaîner plus étroitement le narrateur au crime. Cette fatalité n’est cependant pas linéaire mais axiale. L’épisode Van Claben se termine au Consulat de France avec la rencontre de Sosthène de Rodiencourt, qui amène Ferdinand à justifier son parcours. Ainsi s’enclenche une longue analepse où celui-ci lui révèle les événements qui ont précédé ses aventures londoniennes : le souvenir de Raoul Farcy, alors que tous deux sont soignés pour blessures de guerre ; leur complicité affective, les lettres qu’il écrit à l’oncle de Raoul, proxénète émigré à Londres, au nom de son ami ; la condamnation et l’exécution de Raoul pour mutilation volontaire ; et ses dernières exhortations : « Retourne pas chez toi !… […] Ils te piqueront !… […] Vaz’à Londres !… Oublie pas Cascade ! » Ces révélations donnent brusquement cohérence à l’identité fragmentaire du narrateur, tout comme elles expliquent sa présence et son parcours à Londres. Ferdinand est un soldat déserteur ayant trouvé refuge dans l’exil et l’illégalité. D’un point de vue dramatique, cette confession finale aurait dû tenir lieu de prologue. L’auteur lui a substitué le bombardement d’Orléans, survenu vingt-deux ans plus tard. Dès lors, ce dernier apparaît rétrospectivement comme le retour conclusif d’un cycle de malédictions. La circularité de ce parcours « entre-deux guerres », véritable roue de Fortune, est encore appuyée par un effet d’envol et de chute. Au bout de la première partie du roman, Ferdinand rencontre Sosthène à la suite d’un vol plané, hors du Consulat, qui le jette parmi la foule. Cette projection dans les airs semble reprendre celle sur laquelle s’était suspendu le chapitre d’ouverture… en lui offrant cette fois une retombée. La boucle est bouclée. Mais si l’entre-deux guerres circonscrit un temps de malédictions, voué à la géhenne, il s’appréhende aussi comme un lieu de passage entre deux « mondes », espace volitif d’un franchissement problématique. 24 Pierre-Marie MIROUX LE NORD CHEZ CÉLINE : DES RACINES ET DES AILES « Mon père est Flamand ma mère est Bretonne… » : il arrive ainsi parfois à Céline de se revendiquer de ses origines « flamandes » qui sont d’ailleurs plutôt des origines nordistes d’une famille de langue française : les Delhaye. Mis à part quelques notes éparses et succinctes (François Gibault, tome I, Gaël Richard, Année Céline 2007 et une note dans l’édition des Lettres) cette branche Delhaye qui mène à la grand-mère paternelle de Céline n’a jamais été étudiée en détail, à notre connaissance. C’est ce que nous nous proposons de faire, dans un premier temps, en parcourant la généalogie de cette famille de la fin du XVIIe siècle au milieu du XIXe siècle, date à laquelle elle s’expatrie pour Le Havre. Nous nous appuierons ensuite sur les recherches d’un archiviste du Havre pour évoquer la vie de l’arrière grand-père paternel de Céline, François Joseph Delhaye et de sa grand-mère : Hermense Destouches, née Delhaye. Dans un deuxième temps, nous reviendrons sur ce thème du Nord dans l’œuvre de Céline, thème plus souvent effleuré que vraiment traité dans les ouvrages critiques sur Céline, du moins d’après ce que nous avons pu en relever. Nous essaierons de montrer comment il y a chez lui, notamment dans la trilogie allemande, une aimantation vers le nord comme lieu de la féerie (celleci dût-elle remise « à une autre fois » comme dans le cas du Danemark qui se révèlera si décevant), comme un lieu que l’on pourrait atteindre par une sorte de « retraite de Russie à l’envers » afin d’y renaître en fantômes dans un monde qui serait aussi celui des origines d’avant la naissance et la venue en ce monde de misères et de catastrophes, car, rappelons-le, « c’est naître qu’il aurait pas fallu » ! 25 Bianca ROMANIUC-BOULARAND UN PHÉNOMÈNE STYLISTIQUE CÉLINIEN : LA RÉCURRENCE FORMELLE ET SÉMANTIQUE La métaphore barthienne du « texte » comme « réseau » s’applique pleinement au Voyage au bout de la nuit de Céline. La partie la plus visible de ce « réseau » est représentée par des chaînes répétitives serrées, ponctuelles. Le texte est traversé d’un bout à l’autre par un bruissement sonore incessant, par des « échos » phoniques denses. Il importe de démontrer que ces « petits tours de force harmonique » sont loin de déboucher sur du vide. À travers la répétition, c’est la mise en rapport potentielle des contenus sémantiques qui est avant tout visée. Céline a compris que cette musique sous-jacente va vers le sens, l’accentue, et crée même du sens, selon le principe poétique de Roman Jakobson. L’équivoque, le calembour, la paronomase, la figure dérivative, l’étymologie populaire vont tous dans le même sens. Il arrive souvent que la répétition, surtout lorsqu’elle concerne les mots pleins sémantiquement, dépasse largement les frontières de la phrase, ou du paragraphe, et s’installe au niveau du texte dans sa globalité. L’effet poétique de récurrence s’installe également par la mise à contribution d’une multiplicité de signifiés qui s’organisent autour d’un signifiant unique. Parfois, la variation sémantique, très légère, s’effectue par de petites touches et se reflète dans des emplois stylistiques, constructions personnelles que Céline met en place en utilisant, par exemple, un même signifiant dans un sens concret et dans un sens plus abstrait, figuré. Toute l’étendue sémantique du lexique français est par ailleurs exploitée. L’usage du registre familier, voire populaire ou argotique, loin d’être un but en soi, constitue une modalité qui permet à Céline d’élargir la gamme sémantique d’un même mot et de réunir, autour d’un même signifiant, des sens différents. Le travail constant consiste à mettre à profit l’antanaclase, afin de faire résonner dans le texte, soit la multiplicité des acceptions polysémiques d’un mot, soit les sens complètement différents qu’un même signifiant peut condenser par le pur hasard de l’homonymie. Le texte se construit ainsi par la mise en place de ce qu’on peut appeler un « essaim » de signifiés qui, reliés à un signifiant unique, reflètent une caractéristique essentielle de l’esthétique célinienne : le besoin de variation. Un phénomène particulièrement intéressant du point de vue stylistique, qui en fin de compte combine les jeux sur la forme et les jeux sur le sens, est représenté par la polyphonie (dans son acception stylistique, et non pas énonciative). Les mêmes effets, utilisés à profusion par Céline dans l’enchaînement syntagmatique de la phrase, se manifestent dans ce cas sur la verticale, de façon paradigmatique, grâce à l’activation « polyphonique » d’un sens latent qui ressurgit à la faveur de la similitude phonique partielle ou totale, ou de l’activation polysémique ou homonymique. 26 Catherine ROUAYRENC Université de Toulouse LES AVATARS DE LA MÉTAPHORE DANS LES DERNIERS ROMANS Alors que dans Voyage au bout de la nuit abondent les comparaisons, dans lesquelles la relation analogique sur laquelle repose la métaphore est développée, celles-ci sont beaucoup plus rares dans les trois derniers romans de Céline : D’un château l’autre, Nord et Rigodon. Les métaphores ne disparaissent pas pour autant, mais prennent des formes différentes. Il convient alors non seulement d’examiner le contenu de ces métaphores, les domaines entre lesquels elles établissent une relation, mais aussi de s’interroger sur ce qui différencie les diverses modalités de réalisation de la métaphore, d’expliquer cette évolution et d’en voir la relation avec l’évolution que l’on peut observer dans l’ensemble de l’écriture de Céline du premier au dernier roman. 27 Christine SAUTERMEISTER Université de Hambourg (Allemagne) D’UN CAFÉ L’AUTRE : CÉLINE ET MARCEL DÉAT À SIGMARINGEN Dans D’un château l’autre, Céline déclare Marcel Déat tout simplement absent. À Sigmaringen, le ministre du Travail et de la Solidarité de la Commission gouvernementale serait un solitaire qui ne participe pas au protocole de la promenade du Maréchal. Son cas se trouve réglé par l’écrivain en quelques lignes : Géant de la pensée politique, il préférait partir tout seul au fond des bois… il frayait peu… il préférait… il mettait au point un certain programme de l’« Europe Burgonde et française » avec élections primo-majoro-pluri-différées… il méditait. Certes on est en droit de se demander si la place d’un ministre du Travail est bien dans les bois pour y méditer sur un sujet aussi riche d’avenir que l’Europe burgonde ; et puis que signifient ces élections amphigouriques ? Cependant le lecteur du roman doit reconnaître que malgré cette flèche empoisonnée, Déat se tire assez bien d’affaire surtout quand on compare avec le traitement que Céline inflige aux autres membres de la Commission. Une tactique qui répond à la stratégie adoptée consciemment par le chroniqueur de D’un château l’autre vis-à-vis de ceux qu’il appelle les « fantoches » du Château. Or Marcel Déat a laissé un Journal de guerre, écrit, en ce qui concerne Sigmaringen, presque au jour le jour, qui se termine à la fin de son séjour en Allemagne au moment de sa fuite vers l’Italie. Au cours de cette fuite à travers les Alpes tyroliennes, il abandonna ce journal qui fut remis à la gendarmerie française et est aujourd’hui conservé sous forme manuscrite aux Archives nationales. Contrairement aux Mémoires politiques rédigés dans la clandestinité de Turin, il constitue un document de première main. Quelques notes de ce journal ont paru dans les Cahiers de l’Herne Céline, mais sous forme tronquée, défectueuse avec des fautes de frappe et des personnages non éclaircis par manque de contexte. Ces notes permettent tout au plus d’appréhender la recherche obsessionnelle chez l’écrivain du passage vers la Suisse ou vers l’Italie. L’apport informatif de l’ensemble de ce Journal de guerre est considérable non seulement pour corriger la présentation très célinienne du ministre, par ailleurs attaché à faire fonctionner son ministère et à étendre le pouvoir de la Commission sur tous les Français stationnés en Allemagne. Je montrerai principalement comment ce document éclaire certains passages laissés obscurs de D’un château l’autre et même de la trilogie. On y retrouve également certains noms connus des céliniens comme le Dr Knapp, le Dr Haubold, Hermann Bickler ou un certain Professeur Göring de Berlin qui annonce l’arrivée à Sigmaringen d’une Fräulein Göring (laquelle fait comme on sait une brève apparition dans Féerie). Enfin les rapports de Céline avec Déat se révèlent dans ce Journal cordiaux au-delà des rapports de travail. Si le Dr Destouches dîne un soir au château avec ses collègues médecins et pharmaciens pour une réunion de spécialistes, il vient par ailleurs plusieurs fois avec Lucette prendre le café chez les Déat… 28 Anne SEBA COLETT CÉLINE EN BATAILLE AVEC… LA GUERRE : L’ALLEMAGNE : CATALYSEUR D’UN PACIFISME L’Allemagne, un pays avec lequel l’esprit de Céline a toujours été lié dans un rapport métonymique à la Guerre. La guerre, donc, source d’un éclatement de l’être, d’un Apocalypse toute personnelle dont le référent et le catalyseur croissant d’un pacifisme en herbe ont toujours été l’Allemagne. La lutte dédoublée de Céline vers la réconciliation dans le cadre d’un pacifisme tout personnel s’est déroulée sur deux fronts : la première, externe et étatique dans une tentative de sceller une alliance franco-allemande pour conjurer une seconde guerre mondiale ; la deuxième, sa lutte intime pour réconcilier les deux parties et rivales de son « Moi » clivées suite aux traumatismes subies au Front à Poelkapelle en 1914. Significativement, ces deux batailles se produisaient sur la toile de fond d’une Allemagne en guerre ; soit les anciens conflits remontant au Traité de Verdun de 1843 ou le Sedan de 1870, soit celui de Verdun de 1916. Quant aux influences littéraires, il y avait ce lien présumé avec l’œuvre De l’Allemagne de Germaine de Staël qui prônait l’idée d’aider les Français à mieux comprendre les Allemands. Pour reprendre le mot de René Girard, dans son œuvre Achever Clausewitz, toutes les deux batailles de Céline se sont déroulées dans le cadre d’un duel mimétique. Du fait de l’avènement de la Seconde Guerre mondiale, on sait que Céline avait perdu sa bataille externe, mais combien n’avait-il réussi à triompher dans la seconde ! Ceci par la création d’une prose poétique, voire féerique, grâce au truchement des figures du Double dans son œuvre. C’est nous, les lecteurs qui sont les heureux bénéficiaires de cette réussite en accédant à une prose célinienne qui nous ouvre la porte de cet autre-là qui est la pierre de touche de l’œuvre célinienne. 29 Alice STAŠKOVÁ Freie Universität de Berlin (Allemagne) FIGURE ET ESPACE ENTRE LA « TRILOGIE ALLEMANDE » ET FÉERIE POUR UNE AUTRE FOIS I La figure est – entre autre – un terme spatial. La communication proposée s’interroge, à partir de plusieurs romans céliniens, sur la relation entre la figure (au sens rhétorique du terme), l’espace représenté et la narration. Il s’agit d’analyser comment les figures participent à la constitution de l’espace représenté et dans quelle manière elles font progresser le récit. Il se montre que les figures (ou tropes) diffèrent en fonction du caractère de l’espace représenté dans tel roman. Dans D’un château l’autre, Nord et Rigodon, le mouvement des personnages à travers le vaste espace de l’Allemagne privilègie davantage les figures et les tropes au sens horizontal et qu’on pourrait appeler les figures de transfert. Par contre l’espace clos d’une prison dans Féerie pour une autre fois I donne lieu à celles qui jouent sur la verticale, des figures de transcendance peut-on dire, en particulier la métalepse (au sens large du terme). Ainsi, une analyse des relations entre figure et espace met en relief des aspects essentiels de la poétique de Céline. En même temps, elle indique certaines tendances dans le développement de son style. 30 Margarete ZIMMERMANN Freie Universität de Berlin (Allemagne) « PLUIE, SOLEIL, OU NEIGE BERLIN A JAMAIS FAIT RIRE, PERSONNE ! » : REPRÉSENTATIONS DE BERLIN DANS NORD Dans certains livres d’auteurs français sur le Berlin d’après la chute du Mur – notamment dans Berlin deux temps trois mouvements de Christian Prigent, Honecker 21 de Jean-Yves Cendrey et Berlin trafic de Julien Santoni – cette ville devient un point de chute pour les nomades modernes en proie à une crise identitaire. Les textes de ces auteurs se caractérisent par de multiples renvois à Céline et à son œuvre qui constituent une référence quasi incontournable. Il paraît donc tentant d’examiner la façon dont Céline crée un imaginaire du Berlin de l’été 1944 qui diffère radicalement de celui d’écrivains-voyageurs comme André Gide, Roger Martin du Gard, René Crevel et Pierre Mac Orlan qui ont séjourné à Berlin avant 1933. Céline peuple Berlin de personnages fragilisés, voire déboussolés, habitant des espaces singuliers. Ces derniers reflètent la topographie « trouée » d’une ville mourante où survivent quelques vestiges du Berlin d’avant-guerre, comme le célèbre Anhalter Bahnhof. Les errances de ses personnages à travers cet univers urbain en dissolution renvoient en outre à une poétique du mouvement tout à fait particulière. 31 SOCIÉTÉ D’ÉTUDES CÉLINIENNES Catalogue Diffusion Les Autodidactes 53, rue du Cardinal-Lemoine 75005 Paris 01 43 26 95 18 Images de la France dans l’œuvre de Céline Actes du XVIIIe Colloque international Louis-Ferdinand Céline Dinard, 2-4 juillet 2010 ISBN : 2-913193-21-8 2011, 226 pages Prix public : 61 € Ana Maria Alves : D’un pays en exil ou la déchirure du retour. Sonia Anton : La mal du pays dans Féerie pour une autre fois I. Anne Baudart : Céline : la baguette et le béret. Johanne Bénard : Guignol’s Band : un roman rempli de bruit et de fureur. David Fontaine : Le Père-Lachaise pour dernière patrie : stade ultime du patriotisme célinien. Pascal Ifri : La France occupée vue par Céline et Rebatet : un parallèle entre Les Beaux draps et Les Décombres. Pierre-Marie Miroux : Chateaubriand et Céline : la France vue de l’exil. Jacqueline Morand-Devillers : La France politique de Louis-Ferdinand Céline. Suzanne Munsch : De la négation référentielle de l’image de la France à sa sensitivité [Lecture transversale de l’œuvre romanesque célinienne]. Véronique Robert-Chovin : Au fil du temps l’évolution du patriotisme dans la correspondance célinienne. Bianca Romaniuc-Boularand : Vérité référentielle et vérité textuelle dans Voyage au bout de la nuit. Anne Seba-Collet : Louis-Ferdinand Céline : une certaine France (une certaine déchéance) : L’entredeux-guerres. Yoriko Sigiura : L’humour célinien : une esthétique du noircissement. 35 Traduction et transposition Actes du XVIIe Colloque international Louis-Ferdinand Céline Milan, 4-6 juillet 2008 2 volumes ISBN : 2-913193-17-X et 978-2-913193-6 2009, 388 et 76 pages Prix public : 63 € Denise Aebersold : Des « petits trucs (…) géniaux » au « (grand) truc » magique de l’inversion. Anne Baudart : Trois transpositions d’œuvres de Céline. Johanne Bénard : Échos de théâtre. Isabelle Blondiaux : Du corps verbal au corps verbal. Olga Chtcherbakova : « Rien à chiquer pour les coupures. Monstrueux outrage ! » ou le Voyage en russe dans les années 30. Corinne Chuat : L.-F. Céline en écrivain-mage : transe, transposition, transfiguration. David Fontaine : Le français, « langue de traduction » : un spectre célinien. Marie Hartmann : Transposition et traduction : la transposition de Chateaubriand dans les trois derniers romans de Louis-Ferdinand Céline. Tomohiro Hikoé : Céline à travers Ôé, roman autobiographique et enfants. Pascal Ifri : Voyage au bout de la nuit en anglais : d’une traduction l’autre. Cécile Inglessis Margellos : « Voyage au bout de Céline ». Suzanne Lafont : Les tribulations du guéridon Louis XV de Mort à crédit à Rigodon. Éric Mazet : John Marks, John Hugo Edgar Puempin Marques (1908-1967), traducteur anglais de Céline. Olivier Moncharmont : Transposition du mythe du « Péril jaune » dans Bagatelles pour un massacre. Christine Sautermeister : Entre histoire et politique : Céline en allemand. Anne Seba-Collet : Mon bard(e)-à-moi : Shakespeare et Céline. 36 Questions sur la responsabilité de l’écrivain au sortir de la Seconde Guerre mondiale Actes de la journée d’études Céline – Paulhan Paris, 20 novembre 2007 ISBN : 2-913193-15-3 2008, 112 pages Prix public : 29 € Bernard Baillaud et André Derval : D’une improbable journée. François Gibault : Céline, Paulhan et Dubuffet. Bernard Baillaud : Louis-Ferdinand Céline au miroir du fonds Paulhan. Martyn Cornick : Défendre la France : la correspondance Jean Paulhan – Armand Petitjean. Philippe Roussin : Céline et Paulhan : terreur ou rhétorique. Marie Hartmann : La responsabilité des écrivains – Céline : le réquisitoire contre les contemporains. Gisèle Sapiro : L’intellectuel a-t-il le droit à l’erreur ? Le débat sur la responsabilité de l’écrivain au prisme des procès de l’épuration. 37 Études céliniennes N° 7 – Printemps 2012 ISSN : 1779-3432 ISBN : 2-913193-20-X 2012, 154 pages Prix public : 25 € Études : Greg Hainge : Céline chez les fils de la perfide Albion Yoriko Sigiura : Céline au Japon depuis 50 ans Marie Hartmann : Défendre les Français ? MariaCristina Pedrazzini : La Comparaison dans Voyage au bout de la nuit Isabelle Blondiaux : Docteur Destouches et Mister Céline Lectures : D’un Céline l’autre – Dictionnaire des personnages – Lettres – Un antisémite exceptionnel – Céline’s band Chroniques : Le Voyage au bout de la nuit, Lecture par Jean-François Balmer Céline sur le ton de la confidence, Mort à crédit Documents : Lettres à Alphonse de Châteaubriant Bibliographie : Traduction des œuvres de L.-F. Céline : 2007-2008 Résumés / Abstracts 38 Études céliniennes N° 6 – Hiver 2010-2011 ISSN : 1779-3432 ISBN : 2-913193-20-X 2011, 136 pages Prix public : 25 € Études : Véronique Flambard-Weisbart : Autour de Céline. Lettres à Robert Allerton Parker, Gen Paul et Marie Canavaggia Pierre-Marie Miroux : Esquisse d’Alice Éric Mazet : Naissance de Céline Colin Nettelbeck : Avant et après le déluge : Aragon devant Céline Émile Brami : Céline et le cinéma, Deuxième partie Olivier Rucheton : Approche cinématographique de Casse-pipe Lectures : Les Idées politiques de L.-F. Céline – Lettres à Albert Paraz 1947-1957 Bibliographie : Traduction des œuvres de L.-F. Céline : Addenda 1988-2003 Traduction des œuvres de L.-F. Céline : 2005-2007 Résumés / Abstracts 39 Études céliniennes N° 5 – Hiver 2009-2010 ISSN : 1779-3432 ISBN : 2-913193-18-5 2010, 190 pages Prix public : 25 € Études : Véronique Flambard-Weisbart : Céline et Robert Allerton Parker Éric Mazet : Céline à Sartrouville Pierre-Marie Miroux : Hazebrouck : sur les traces d’Alice et de Céline Greg Hainge et Kane X Faucher : Une voix déplacée : la ventriloquie chez Céline ou Pour en finir avec le jugement historique Lectures : Nächte der Aufklärung – Lettres à Marie Canavaggia, 1936-1960 – Ungeheure Größen : Malaparte Céline - Benn – Poétique du Messie. L’origine juive en souffrance Documents : Une photo de jeunesse de Céline avec ses parents Complément au Dossier Isak Grünberg L.-F. Céline, Lettre à sa fille Anne Baudart, Incipit de Voyage et portrait de Céline Éric Mazet, Tovaritch, un fim, deux amis, quelques noms, quelques dates, un figurant et quelques photos Chroniques : Céline au théâtre en 2009 – Céline trimballé sur les rails de l’histoire Résumés / Abstracts 40 Études céliniennes N° 4 – Hiver 2008 ISSN : 1779-3432 ISBN : 2-913193-16-1 2008, 172 pages Prix public : 25 € Études : Johanne Bénard : Céline transposé : l’adaptation des romans de Céline au théâtre Yoriko Sugiura : Stratégie de l’humour chez Céline : une lecture deleuzienne Émile Brami : Céline et le cinéma : les tentatives d’adaptation Joël Boilard et David Décarie : Figures et roman dans Voyage au bout de la nuit Éric Mazet : Le voyage de février 1937 à New York Lectures : Louis-Ferdinand Céline – Céline à Bezons, 1940-1944 – « Ein Wildes Produkt » – Mort à crédit LouisFerdinand Céline – Céline e altri francesi – Céline medico e malato – As-tu lu Céline ? – L.-F. Céline et Karl Epting – Céline, les derniers secrets Documents : Gabriel Bonvalot, L’Asie inconnue Maurice-Ivan Sicard, « Force littéraire 1933 » Chroniques : Le Colloque de Milan, juillet 2008 – La Nord-Sud : entretien avec Igor Futterer – Professor Y à la Berliner Volksbühne – Une sourée Céline à l’Institut français de Prague Bibliographie : Traductions des œuvres de L.-F. Céline : 1996-1999, Addenda. Traductions des œuvres de L.-F. Céline : 2000-2004. Résumés / Abstracts 41 Études céliniennes N° 3 – Automne 2007 ISSN : 1779-3432 ISBN : 2-913193-14-7 2007, 184 pages Prix public : 25 € Études : Anna Kareninová : La publication de l’œuvre de Céline en tchèque depuis les années trente Alice Stašková : La réception critique de Céline en Tchécoslovaquie Véronique Flambard-Weisbart : L’innocence perdue : de Céline à Leiris Tonia Tinsley : Le chant des sirènes : la subversion des personnages de la mythologie classique dans Scandale aux abysses Otto H. Becker : Nouvelles perspectives sur le gouvernement de Vichy et L.-F. Céline à Sigmaringen, à partir de sources locales Éric Mazet : Margaret Severn, Drena Beach et autres étoiles dans la nuit de Céline Lectures : Céline épistolier – Je pense souvent à Louis-Ferdinand Céline – Leben und Werl Louis-Ferdinand Célines 1894-1961 – Louis-Ferdinand Céline und Deutschland – Céline, Portrait de l’artiste en psychiatre – Céline et ses compagnonnages littéraires, Rimbaud, Molière Documents : Jean Secret, Les Classiques embarbelés Chronique : Norden de Frank Castorf Bibliographie : Traductions des œuvres de L.-F. Céline : 1996-2000. Résumés / Abstracts 42 Études céliniennes N° 2 – Automne 2006 ISSN : 1779-3432 ISBN : 2-913193-11-0 2006, 138 pages Prix public : 25 € Études : Nathalie Baginski : Un cinéma dans le citron Denise Aebersold : « Désacadémiser la langue… qu’elle palpite plus qu’elle ne raisonne… » Échos et incidences Pascal Fouché : « Tous les éditeurs sont des charognes » Lectures : Metaphorai, Poétique des genres et des figures chez Céline – Images d’exil, Louis-Ferdinand Céline 1945-1953 – Matière et lumière, La mort dans l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline – Misère de la littérature, terreur de l’histoire, Céline et la littérature contemporaine – Céline vociférant ou l’art de l’injure – Les amis d’Augustin Tuset Documents : Louis-Ferdinand Céline : Trois cartes postales de Leningrad Éric Mazet : Entre Mort à crédit et Bagatelles pour un massacre, Mea Culpa et autres petits écrits, chronologie Dossier de presse : propos rapportés dans Le Voltaire, Gaston Derycke, Lucien Descaves Bibliographie : Traductions des œuvres de L.-F. Céline : 1985-1989, Addenda. Traductions des œuvres de L.-F. Céline : 1990-1995. Résumés / Abstracts 43 Études céliniennes N° 1 – Automne 2005 Conçue dans le prolongement des activités de la Société des études céliniennes (SEC) et en complément des Actes de colloques internationaux, la revue Études céliniennes a pour programme de donner une nouvelle tribune aux travaux en cours sur l’œuvre et la vie de L.-F. Céline. ISBN : 2-913193-08-0 2005, 146 pages Prix public : 25 € Études : Olga Chtcherbakova : La Réception en Russie soviétique de Voyage au bout de la nuit de 1933 à 1991. David Décarie : Le Masque dans Guignol’s Band Marie Hartmann : La Vision célinienne de l’Histoire dans Semmelweis Éric Mazet : Céline et Rimbaud Lectures : Lettres à Antonio Zuloaga – Les Livres de la mère – Dictionnaire Céline – Céline : « Je ne suis pas assez méchant pour me donner en exemple » – Une grande génération – Céline et le grand mensonge Chronique : Colloque international de Budapest, juillet 2004 : Céline et la médecine Documents : La Revue anarchiste, n°XVIII, octobre 1933 : Nobody : Voyage au bout de la nuit Bardamu : Infortunée Violette Nozières ! (Points de vue d’un solitaire) Bibliographie : Traductions des œuvres de L.-F. Céline : 1985-1989 Résumés / Abstracts 44 Goétie de Céline par Denise Aebersold ISBN : 2-913193-13-0 2008, 416 pages Prix public : 65 € L’approche mythocritique entend donner aux grandes créations artistiques modernes une profondeur insoupçonnée en exhumant leur contenu sacré latent, déguisé ou dégradé. S’il est une œuvre littéraire qui s’inscrit bien dans cette perspective, c’est celle de Céline, « absolument antireligieux » – contradiction flagrante dans les termes – où les extrémismes antinomiques, la violence, l’abjection trouvent des résonances particulièrement fortes pour rejoindre un sacré goétique qui, pourrait-on dire, resurgit en « lapsus Dei ». La goétie est une magie noire. C’est encore, selon les propres termes de l’écrivain, une « foi dans l’ombre » dont le texte littéraire pourrait bien figurer le rituel privilégié. Procédant à une lecture qui se réclame de Carl Gustav Jung, Gaston Bachelard, Mircéa Eliade, Gilbert Durand, cette étude interroge l’imaginaire célinien : elle décrypte ses métaphores de la nuit, dont elle rappelle qu’elles sont un destin, et montre comment, à partir de ces images, se compose un monde goétique de « l’outre-là » qui a mené l’auteur, par la force de ses tropismes, au bout de la nuit, dans le Nord. L’analyse synoptique d’un Voyage. 45 L’Envers de l’histoire contemporaine Étude de la « trilogie allemande » de Louis-Ferdinand Céline par Marie Hartmann ISBN : 2-913193-10-2 2006, 270 pages Prix public : 60 € À partir de 1955 et jusqu’à sa mort en 1961, Céline élabore ce qu’on a appelé « la trilogie allemande » : D’un château l’autre, Nord et Rigodon. Prenant comme point de départ le séjour forcé de Pétain et du reste de la Collaboration à Sigmaringen en Bavière (au moment du débarquement des Alliés), cette trilogie raconte la traversée de l’Allemagne défaite, par Céline, Lili, sa femme et Bébert le chat, associés à des compagnons d’infortune. Avec un parti pris d’une mauvaise foi jamais démentie et parfois insoutenable pour le lecteur, Céline détaille l’histoire contemporaine dans tous ses aspects : politiques, polémiques, poétiques. Ce cycle allemand se présente comme une réécriture et une négation de l’histoire, comme dévoilement des soubassements meurtriers de l’Histoire, comme invention d’une autre Histoire dont Céline met en valeur la composante musicale. Reprenant le titre d’un roman de Balzac, cette étude s’intitule en conséquence : l’Envers de l’histoire contemporaine. Le choix d’un tel titre est l’indice de la distance critique du commentaire. À la société secrète de saints bienfaiteurs qu’évoque Balzac, s’oppose la description des « réprouvés » de Sigmaringen que Céline présente faussement comme des martyrs. En effet, outre la connaissance précise de l’histoire contemporaine, la lecture de ces romans nécessite pour tout lecteur d’accepter un pacte inconfortable entre stupeur incrédule, rejet total et ironie, c’est-à-dire compréhension du double ou du triple sens. À ces conditions il peut rentrer dans un texte qui suscite volontairement les passions en brouillant les règles de connivence qui régissent habituellement le lien entre auteur et lecteur. 46 Matière et lumière La mort dans l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline par Pierre-Marie Miroux ISBN : 2-913193-09-9 2006, 438 pages Prix public : 65 € À qui l’aborde pour la première fois, l’œuvre de Céline paraîtra foisonnante, décousue, voire « débraillée », à la ressemblance de l’auteur lui-même, dans ses dernières années, à Meudon : le clochard prophète de l’Apocalypse ! Mais à la lire et relire, on découvre qu’il en est peu qui soient aussi construites et finement élaborées que celle-là. Au fil de ses livres, pamphlets compris, Céline tisse sans fin un réseau de thèmes obsédants qui se croisent de mille façons pour former une œuvre complexe, à la manière de ces dentelles dont il rappelle toujours le souvenir, tant elles ont marqué son imaginaire, depuis son enfance, passage Choiseul, où sa mère en faisait commerce : « Dentelle et guipure à la main. » Le cœur de ce réseau, noyau central d’où tout rayonne, c’est la Mort, rencontrée dans sa pire violence sur les champs de bataille de Flandre en 1914. Depuis, disait-il, « je l’ai constamment à mes côtés », et il en décline toutes les facettes imaginables, des plus sinistres aux plus éclatantes, des plus charnelles aux plus féeriquement désincarnées. C’est cette dentelle de la Mort que ce livre s’emploie patiemment à démonter, tentant de suivre chaque fil pour voir comment il se noue aux autres et comprendre comment est faite cette toile à la fois si crue et si aérée où l’homme, d’un même mouvement et à l’instar de Ferdinand dans Mort à crédit s’« écrabouille dans la lumière et la bidoche ». 47 Céline – Portrait de l’artiste en psychiatre par Isabelle Blondiaux Tirage limité à 200 exemplaires ISBN 2-913193-06-6 2005, 358 pages Prix public : 55 € « Fascisme » et « folie » font certainement partie des mots prononcés le plus souvent lorsqu’il est question de Louis-Ferdinand Céline. Significativement, la folie se présente en thème structurant de l’œuvre, qui elle-même ne laisse subsister aucun doute sur l’engagement politique de l’homme. Appliquée à l’écrivain, la notion de folie ne désigne pas nécessairement une maladie ou une structure pathologique, elle renvoie aussi à un rapport, celui du lecteur à ce qu’il reçoit comme inassimilable ou insupportable dans l’œuvre. Cette folie des écrits de Céline ne saurait de toute façon être réduite à une thématique, même privilégiée, ou à l’expression de fantasmes de l’artiste ou de ses commentateurs. Le délire, avatar majeur de cette folie, est d’abord une stratégie de création, une poétique. Chez Céline, écrivain mais aussi médecin, la folie et son écriture se produisent sur le mode de la simulation et du jeu. En ce sens, la reconstitution de sa culture médicale et psychanalytique, la détermination de la manière dont cette culture, notamment à travers les figures de l’hystérie, structure son imaginaire, permettent de préciser un portrait de l’artiste en psychiatre où le discours de la folie ne définit pas une pathologie mais, littéralement, la mise en œuvre du processus créateur. 48 Céline vociférant ou l’art de l’injure par Christine Sautermeister ISBN : 2-913193-03-X 2003, 352 pages (réimpression à 100 exemplaires) Prix public : 51 € Attaque verbale, l’injure a de multiples significations : elle peut être réaction de défense, libération de l’affect, dénonciation et vengeance, haine et rejet de l’autre, provocation, pur plaisir de la joute verbale ou simple jeu de mots d’esprit tendancieux. Toutes ces facettes, plus ou moins accentuées selon l’ouvrage considéré, se retrouvent chez Céline dont on a souligné de tout temps le goût pour la controverse et la polémique. Le but de l’auteur n’est-t-il pas, dès Voyage au bout de la nuit, de « tout dire » de la méchanceté des hommes et de communiquer au lecteur l’émotivité du narrateur ? Ce programme d’écriture suppose la complicité de ce lecteur appelé à adhérer à la violence et à la virtuosité de l’insulteur vis-à-vis de l’injurié, car la complicité est la condition sine qua non de l’acceptation de l’injure. Le scandale de la dérive antisémite célinienne entraîne des modifications dans la stratégie injurieuse de l’auteur d’après-guerre qui, tout en continuant son travail de dénonciation, renchérit sur la provocation, l’accusation et l’auto-injure, inverse les rôles de persécuteurpersécuté, jouant ainsi avec son lecteur et avec sa propre culpabilité jamais avouée comme telle. Au delà du code lexical et métaphorique propre au genre, Céline a fait de l’injure une part intégrante de son art du langage, la renouvelant non seulement par ses néologismes mais en l’insérant dans un réseau sémantique, syntaxique et rythmique qui en intensifie l’effet. 49 Le dialogue dans l’œuvre romanesque de Céline Tirage limité à 180 exemplaires ISBN 2-913193-05-6 2004, 314 pages Prix public : 45 € Dans sa structure même, discontinue, erratique, le dialogue reprend certains des grands thèmes de la poétique célinienne : la mort, la violence et la finitude de l’être. L’interruption, le caractère haché des échanges, correspondent aux visions d’un monde miné, particulièrement dans les romans d’après-guerre, Féerie I et II, D’un château l’autre, Nord et Rigodon. À l’explosion des bombes, à l’éparpillement des objets, correspond l’atomisation des individus et de leur parole. Le chaos sonore empêche qu’on s’écoute, qu’on s’entende. Il reflète le chaos relationnel et social préexistant, dont il n’est qu’un des effets et qu’il accentue. Le dialogue remplit un objectif rhétorique, celui de souligner la précarité des échanges humains. L’identité des locuteurs n’est pas toujours précisée, et leur multiplicité renforce le brouillage de la communication. Le cri, le hurlement constituent la modalité récurrente des propos. Pour le reste, la répétition des mêmes répliques témoigne de l’égocentrisme et de l’indifférence mutuelle générale. Via l’indétermination et le brouillage de la communication, Céline montre la réduction à l’anonymat collectif. L’omniprésence du narrateur, reprenant en charge les paroles brouillées et indistinctes, est alors lisible comme une lutte contre l’effacement de toute voix singulière dans ce monde de bruits et de cris. Le Groupe de recherches céliniennes est constitué d’une équipe internationale de chercheurs présentant régulièrement leurs travaux dans le cadre de colloques organisés par la Société d’études céliniennes. 50 Céline épistolier Actes du XIe Colloque international Louis-Ferdinand Céline Amsterdam, 5-7 juillet 1996 ISBN : 2-913193-00-5 1998, 216 pages Prix public : 54 € Dalia Alvarez Molina : Viance, le Bardamu espagnol. Sonia Anton : La Facture stylistique des lettres à Joseph Garcin. Johanne Bénard : « Surtout quand on est femme ». Isabelle Blondiaux : Hystérie et représentations du féminin dans la correspondance de Céline. Jean-Louis Cornille : La Leçon du manuscrit. Nicole Debrie : L’Enjeu esthétique de Bagatelles pour un massacre. Philippe Destruel : L’Inventeur pourrissant. Michael Donley : Céline et Couperin. Véronique Flambard-Weisbart : D’une parole sans nom. Pascal A. Ifri : La Correspondance de Céline comme art poétique. Vera Maurice : Les Timbres du Danemark. Isabelle Milkoff : Céline, « l’Abominable Homme des lettres ». Élise Noetinger : La Canne de Mr Sleen. Patricia Roth : Les Fictions de la prison danoise dans Féerie I et dans la correspondance. James Steel : Le Grand ordonnateur. Régis Tettamanzi : Le Style de l’antisémitisme. Tonia Tinsley : Un Regret de Céline. 51 Classicisme de Céline Actes du XIIe Colloque international Louis-Ferdinand Céline Abbaye d’Ardenne, 3-5 juillet 1998 ISBN : 2-913193-01-3 1999, 362 pages Prix public : 57 € Sonia Anton : La Place de la rhétorique amoureuse dans les lettres de L.-F. Céline. Isabelle Blondiaux : Céline, lecteur de Montaigne. Jean-Louis Cornille : Céline clââsssique (sic). Alain Cresciucci : Céline classique. Philippe Destruel : Extases céliniennes. Lectures de Guignol’s Band. Michael Donley : « D'un quolibet l’autre ! » ou la « grande altercaterie » célinienne. Michaël Ferrier : La Chanson dans l’œuvre de Céline. Véronique Flambard-Weisbart : D’une émotion néo-classique. Céline et les nouveaux intellectuels français. Greg Hainge : Céline classique anti-classique. Pascal A. Ifri : Le Classicisme dans l’œuvre et l’esthétique de L.-F. Céline. Vera Maurice : Mémoires d’un mémoire. Isabelle Milkoff : L’Illusion comique célinienne. Pierre-Marie Miroux : Le « Petit crétin » ou l’enfant handicapé mental dans l’œuvre de Céline. Pierre-Edmond Robert : Temps perdu, Temps retrouvé – Mea culpa– nouveaux voyages. Patricia Roth : Le Sublime célinien. Catherine Rouayrenc : Céline entre juron et injure. Christine Sautermeister : Céline vociférateur. L’injure dans Voyage au bout de la nuit. Philippe Scheidecker : La Place de Skoda dans Semmelweis. Mie-Kyong Shin : La Bohême littéraire montmartroise. Alice Stašková : Transfigurations d’un procès. Les narrataires céliniens dans Féerie pour une autre fois I. 52 Pesanteur et féerie Actes du XIIIe Colloque international Louis-Ferdinand Céline Prague, 11-13 juillet 2000 ISBN : 2-913193-02-1 2001, 332 pages Prix public : 58 € Denise Aebersold : La Catastrophe : pesanteur et disgrâce dans Mort à crédit. Astrid Arndt : « Das war wie’n Hammer ! » Le retentissement célinien chez Peter Weiss et Rodolf Dieter Brinkmann. Johanne Bénard : Pesanteur et féerie. L’impondérable lettre de prison. Isabelle Blondiaux : Hallucination et Poétique chez Céline. Corinne Chuat : Le Terrible poids des grimoires de Féerie. Jean-Louis Cornille : Série noire. Hervé Couchot : Céline et le biopouvoir. Quelques perspectives de lecture. David Décarie : L’Appel de la féerie. Du ballon de Mort à crédit au Fulmicoach de Bagatelles. Philippe Destruel : Le Corps s’écrie. Les enjeux du corps souffrant dans Féerie pour une autre fois. Michaël Ferrier : Céline-Perec, le match du siècle. Poids lourd contre poids léger. Véronique Flambard-Weisbart : Céline entre ciel et terre, ou l’écriture du transport. David Fontaine : La « Gaîté » du français. Céline à la recherche d’une légèreté perdue du français ? Greg Hainge : L’Insoutenable pesanteur de l’être et l’esthétique imperceptible. L’épisode de la brique dans Rigodon. Marie Hartmann : L’Allusion dans Nord. Pascal A. Ifri : La Fonction et le rôle du lecteur-narrataire de Voyage au bout de la nuit. Maroussia Klimova : Céline en Russie. Michela Lorenzi : Dans une jambe de danseuse. Patricia Roth : Céline entre la pesanteur et la grâce. Christine Sautermeister : « Parlez-moi d'amour… » ou les mots tendres du narrateur célinien. Mie-Kyong Shin : Quelques aspects de la réception de Céline de 1945 à 1956. Alice Stašková : Prose de la vie, légèreté de la poésie. Voyage au bout de la nuit : un jeu d’opposition ? James Steel : Le Retour de Wotan. Régis Tettamanzi : Trois représentations de la transfusion sanguine dans l’entre-deux-guerres (Zweig, Giraudoux, Céline). 53 La Démesure Actes du XIVe Colloque international Louis-Ferdinand Céline Paris, 5-7 juillet 2002 Tirage limité à 130 exemplaires ISBN 2-913193-04-8 2003, 338 pages Prix public : 60 € Denise Aebersold : Entre Satanisme et « Catharisme ». Les voies réversibles de l’extrême chez Céline. Johanne Bénard : Titre et démesure : Bagatelles pour un massacre. Corinne Chuat : L.-F. Céline et le rêve du Livre total : une Féerie multimédiatique. Jean-Louis Cornille : Le Procédé du Bleu du ciel. David Décarie : Avaler le cosmos : allégorie et figure du Juif dans Bagatelles pour un massacre. Philippe Destruel : Céline chronographe (la trilogie allemande). Michaël Ferrier : Céline chez les Grecs. Véronique Flambard-Weisbart : Voyage au bout de la nuit : une poétique de l’extravagance. David Fontaine : La sexualité comme véhicule de l’antisémitisme dans les pamphlets. Marie Hartmann : L’imitation de Jésus-Christ. Pascal A. Ifri : La séduction par l’agression et la démesure : les rapports narrateur/narrataire dans Mort à crédit. Suzanne Lafont : Les métamorphoses de Dandin. Isabelle Milkoff : Démesure pour démesure : Céline et la question des camps. Pierre-Marie Miroux : Danser et boiter dans l’œuvre de Céline. Tom Quinn : « Une immense, universelle moquerie » : mémoire démesurée de guerre démesurée – Céline, Voyage au bout de la nuit et la Grande Guerre. Catherine Rouayrenc : Démesure et… mesures. Christine Sautermeister : Bande de guignols : les joutes de Sosthène et de Ferdinand. Alain Schaffner : Une enfance à crédit. Mort à crédit : récit d’enfance et démesure. Alice Stašková : De Baryton à Réséda – un dialogue socratique démesuré. Régis Tettamanzi : Démesures médicales : le cancer chez L.-F. Céline. Alain Vergneault : « Mesures de la démesure ». 54 Médecine Actes du XVe Colloque international Louis-Ferdinand Céline Budapest, 9-11 juillet 2004 Tirage limité à 150 exemplaires ISBN 2-913193-07-2 2005, 270 pages Prix public : 65 € Judith Karafiáth : Introduction. Denise Aebersold : Semmelweis selon Céline ou la fascination de la chute. Anne Baudart : Céline et la médecine. Johanne Bénard : Portrait de l’écrivain en accoucheur. Isabelle Blondiaux : Céline et le désir de devenir psychiatre. Émile Brami : Céline, Hergé et les insultes de Haddock. Philippe Destruel : Céline entre Ariel et Caliban. Véronique Flambard-Weisbart : Céline, guerrier guérisseur. David Fontaine : « Ooah ! » : le personnage de Harras dans Nord, du médecin nazi au rire médecin. Tomohiro Hikoé : La stratégie de l’enfance dans Mort à crédit et Semmelweis. Didier Houssin : La main qui sauve et la main qui tue. Pascal A. Ifri : Semmelweis : deux préfaces, deux lectures. Pierre-Marie Miroux : Semmelweis : une ouverture d’opéra. Tom Quinn : Le Vaisseau qui guérit. Philippe Roussin : L’écorché et le mythe personnel de l’artiste. Christine Sautermeister : Dr. Destouches, Céline… Steven Urquhart : La représentation du silence dans Mort à crédit. 55 Céline et la guerre Actes du XVIe Colloque international Louis-Ferdinand Céline Caen, 30 juin-2 juillet 2006 ISBN : 2-913193-12-9 2007, 288 pages Prix public : 65 € Denise Aebersold : « La guerre en douce… ». Anne Baudart : De l’Épopée au Délire. Johanne Bénard : Échos de guerre. Isabelle Blondiaux : Freud et Céline écrivains de l’entre-deux-guerres : du malaise dans la civilisation à la crise de la culture. Olga Chtcherbakova : La traduction en russe de Voyage au bout de la nuit par Elsa Triolet et sa réception en Russie soviétique dans les années trente. Corinne Chuat : La Féerie de Céline : une bombe contre la bombe atomique ? Jean-Louis Cornille : Les Soirées de Meudon. Véronique Flambard-Weisbart : « La guerre, sans conteste, porte aux ovaires ». David Fontaine : D’une guerre l’autre : l’horizon de la Troisième Guerre mondiale dans le texte célinien. Marie Hartmann : Céline et la Seconde Guerre mondiale : la présentation des « collaborateurs » en victimes de guerre. Pascal A. Ifri : La Première Guerre mondiale dans Voyage au bout de la nuit et Les Épis mûrs : un parallèle entre Céline et Rebatet. Sylvain Martin : La Guerre en un mot. Pierre-Marie Miroux : Du Pont de Londres à Guignol’s Band III : hantise de la guerre et de la mort dans l’écriture de Céline. Tom Quinn : La Mémoire de la Grande Guerre dans Guignol’s Band et Féerie pour une autre fois. Christine Sautermeister : L’Apocalypse ou la fin de l’Europe nouvelle. Laurie Viala : Le Regard sidéré du soldat face à la guerre. 56 NOTES Dépôt légal : mai 2012 – Imprimé en France