instructions de pilotage

Transcription

instructions de pilotage
Almanach 1906 : P. 69
INSTRUCTIONS DE PILOTAGE
Du Pilier au Pertuis Breton
ATTERRISSAGE
Les bateaux à destination des Sables-d’Olonne, ou ceux qui veulent aller à Fromentine, à Saint-Gilles ou au Port-Breton de l’île d’Yeu, doivent prendre l’île d’Yeu
pour point d’atterrissage, quelle que soit la direction du vent.
Il en est de même des bateaux qui se rendent dans les Pertuis avec des vents de
N.O. bien établis, ainsi que de ceux qui partent du Raz de Sein, de Penmarc’h ou de
Groix faisant route pour les Sables-d’Olonne.
Pour les uns et les autres, il est avantageux d’avoir connaissance de l’île d’Yeu, afin
de faire route ensuite en toute sécurité.
Pendant le jour, si le temps est clair, on reconnaîtra l’île d’Yeu, en venant de l’O.
ou du N.O., à ce que son phare paraît émerger de l’eau et qu’il reste toujours placé
sur des terres peu élevées (elles ont moins de 20 m de haut).
On voit d’ailleurs près du phare, un mamelon de terrain sur lequel est construit
le fort central et, plus à droite, l’église de Saint-Sauveur à grosse flèche située sur un
plan de terre un peu plus haut que celui qui porte le phare.
En approchant, on distingue, à droite de Saint-Sauveur, le sémaphore de SaintSauveur dont la tour est élevée de 51 m au-dessus des hautes mers, et de 19 m au-dessus du sol (cette tour est ronde et blanche, et paraît au-dessus d’une maison blanche
à toit rouge ; puis on voit une côte basse au bout de laquelle est le petit phare de la
pointe du Corbeau.
L’île d’Yeu, indépendamment des facilités d’atterrissage qu’elle présente, offre
aussi, dans ses mouillages, des abris contre les coups de vent compris entre le S.E. et
le N.O. par l’O. Les petits bateaux viennent également dans le port d’échouage de
Port-Breton, situé dans la partie nord de l’île.
Nous donnerons les renseignements nécessaires pour venir prendre ces abris à
mesure que nous les retrouverons en faisant le tour de l’île.
DANGERS AUTOUR DE L’ILE D’YEU
Les Chiens Perrins
Ces roches étaient autrefois très redoutées des navigateurs parce que les courants
de flot portent dessus avec une grande violence. Le principal de ces rochers porte
une tour-balise sur laquelle est établi un feu fixe permanent.
Ce plateau de roche qui brise presque continuellement laisse à terre de lui un chenal pris quelquefois par les pêcheurs si les vents soufflent de l’E. ou du S.E. ; pour
le parcourir en venant du S. on court d’abord au N.E. sur le sémaphore, on rallie
ensuite, du travers de la tourelle, la direction donnée par la pointe du sémaphore,
tenue par l’extrémité ouest du gros rocher qui est au S.S.O. de lui. On passe ainsi à
bonne distance du rocher Le Grand-Champ (5m50).
Si l’on venait du N. on commencerait par mettre l’une par l’autre ces deux mêmes
pointes jusqu’au moment où le grand fort atteindrait l’extrémité sud de la plage de
sable qui est au N.E. des Pierres blanches, et on gouvernerait alors sur les Chiens
Perrins, au S.O., pour contourner à 400 m la pointe du sémaphore ; on porterait
ensuite au S.
Le Grand-Champ se trouve sur la direction du clocher de Saint Sauveur par le
grand fort ; on a dépassé la roche dans le N.E. lorsque le clocher arrive à gauche du
fort.
Basse-Cantin (0m30)
Cette roche est redoutée des pêcheurs parce qu’elle s’avance à prés d’un demi-mille
de terre. On la pare, dans l’O., en tenant le sémaphore à droite de la pointe nord
de l’île d’Yeu, et, dans le N., quand le feu inférieur de Port-Breton se démasque du
fort de la Croix.
La Sablaire
La tête de ce banc ne conserve que 3m30 d’eau à mer basse, et n’est dangereux
pour les pêcheurs que lorsqu’il y a de la houle ou du mauvais temps, car alors il brise.
Le milieu du grand fort par le clocher de Port-Breton conduit sur le sommet, ainsi
que le phare du Corbeau à gauche de la pointe de la Conche. Il est signalé par deux
bouées, une rouge au S. et une noire au N.
Le Front (1m70)
Se trouve un peu au N.O. de la pointe Gautier sur le clocher de Saint-Sauveur,
vu par le milieu du bois Gautier et le grand phare à droite du moulin Meunier (le
deuxième à l’E. de Port-Breton). On pare le Front, dans le N. en tenant la pointe de
la Brame (pointe nord de I’île) à droite de la jetée du Port-Breton.
Pointe du Corbeau
Les roches qui débordent la pointe du Corbeau à l’E. sont signalées par une tourelle noire qui est saine à 200 m ; il y a entre elle et le rocher, qui ne couvre jamais
un passage où les pêcheurs passent avec des vents d’O. et de N.O. Pour passer au S.
de la pointe du Corbeau, il faut en passer à un demi-mille.
MOUILLAGES AUTOUR DE L’ILE D’YEU
Anse de Keruichalon
Entre le Port-Breton et la pointe Gautier à l’abri des vents d’O. au S.E. par le S.
Pour l’atteindre, on met le cap sur le clocher de Saint-Sauveur par la grande coupure
de la dune qui est au milieu de l’anse de Keruichalon et on mouille, lorsque la jetée
du N.O. de Port-Breton est vue par l’extrémité de la jetée de l’E.
Anse des Vieilles
A l’abri des vents de N. et de N.E. l’alignement pour atteindre le mouillage est
donné par le clocher de Saint-Sauveur, tenu par le côté gauche de la grève de sable
que l’on voit au fond de l’anse des Vieilles ; on mouille à petite distance de la plage.
L’Ours des Vieilles
Ce rocher dangereux est de (3m50) et se trouve sur la direction du clocher de SaintSauveur, à gauche de la batterie qui est sur la pointe des Vieilles.
PORTS DE L’ILE D’YEU
Port de la Mule
Les bateaux surpris au large de l’île d’Yeu se réfugient, quand ils ne peuvent atteindre le N. ou le N.E. de l’île, dans le port de la Mule situé dans l’O. de la pointe
sud de l’île d’Yeu (Pointe de la Tranche). Pour y pénétrer on court sur le clocher de
Saint-Sauveur par la pointe de droite de l’entrée du port, puis on passe à mi-distance
entre cette pointe et le grand rocher qui est à bâbord en entrant et on s’amarre solidement à l’échouage auprès du quai.
Il existe dans le port un quai de 130 m de longueur où sont établies plusieurs cales
qui permettent aux pêcheurs de mettre à sec leurs embarcations quand l’état de la
mer l’exige.
On trouve, au port de la Mule, du pain, des pommes de terre, de l’eau et du vin.
Port-Breton
Ce port d’échouage abrite souvent un grand nombre de pêcheurs, parce qu’il est
près des fonds de pêche : on peut commencer à draguer une ou deux heures après
en être sorti.
Le fond du port est coté (0m80) au S. de la jetée du feu inférieur où se met le bateau
qui fait la poste entre l’île d’Yeu et Fromentine ; il est coté (1m60) à la cale, et (2m30)
dans l’E. du port.
Les marques pour entrer dans le port sont : tenir exactement l’un par l’autre les
deux feux et le clocher de Port-Breton. On suit la direction jusqu’au fer à cheval de
gauche.
On trouve à Port-Breton toutes les ressources nécessaires à un pêcheur. Les
pommes de terres y sont très bon marché.
COURANTS AUTOUR DE L’ILE D’YEU
Les courants de flot, autour de l’île d’Yeu, viennent du S.O. et paraissent porter
d’abord sur l’anse du Vieux-Château où il se divise en deux branches en contournant
les Chiens-Perrins d’un côté, et la pointe du Corbeau de l’autre, pour se rejoindre
aux environs de la pointe Gautier et continuer ensemble leur course vers Fromentine. Près des Chiens-Perrins, la vitesse du flot atteint 3 nœuds, et le courant porte à
l’E.N.E. En jusant, le courant porte d’abord au S. pour finir au N.O.
Entre l’île et la côte, les courants font régulièrement le tour du compas à chaque
marée dans le sens des aiguilles d’une montre. A mi-marée de flot, la direction est le
N.E. pour passer ensuite, à la pleine mer, au S.E. A mi-marée de jusant, le courant
porte à l’O. A basse mer, il porte au N.O.
Entre la pointe de la Tranche et celle du Corbeau, le flot porte à l’E. et le jusant
à l’O.
Entre la pointe de la Panrée et les Chiens-Perrins, le flot porte au N.N.O. et le
jusant au S.
Entre la pointe de la Brame et la pointe Gautier, le flot porte à l’E. et le jusant à
l’O.
Entre la pointe du Corbeau et la pointe Gautier, le flot porte au N O. et le jusant
au S.E. Les vitesses sont de 2 nœuds.
COTE ENTRE L’HERBAUDIÈRE ET LES SABLESD’OLONNE
Fromentine - Saint-Gilles-sur-Vie
Cette partie de côte est assez basse. A la pointe de la Loire commence une ligne
continue de dunes, interrompue un instant par le goulet de Fromentine ; en certains
endroits, ces dunes ne sont pas plantées et au coucher du soleil elles dessinent une
série de mamelons jaunes par-dessus lesquels on voit quelques clochers et beaucoup
de moulins. Près de Saint-Gilles, la dune sablonneuse qui bordait jusque-là la côte est
remplacée par une falaise rocheuse d’environ 15 m de hauteur, laissant au large d’elle
quelques rochers isolés ; puis, ensuite, à partir de Saint-Gilles, la dune recommence
jusqu’aux Sables-d’Olonne.
Les points remarquables de cette partie du littoral sont : Les deux tours du Pilier,
avec, un peu à droite, un sémaphore, la pointe et le village de l’Herbaudière dominés
par l’église à clocher carré de l’Herbaudière, la pointe du Devin, basse et formée de
dunes au-dessus desquelles on ne voit aucune végétation ; la pointe de la Loire, un
peu plus élevée que la précédente et bien reconnaissable aux deux moulins blancs
qui sont dessus ; plus à l’E., les quatre moulins Nicous, blancs et très rapprochés
les uns des autres sur une ligne Est et Ouest et un peu plus à gauche, le moulin
blanchi de la Guérinière, le gros clocher de Barbâtre, qui domine les dunes de toute
la hauteur de sa flèche ; près de lui, dans le N.O. sont trois moulins, le village et les
moulins de la Jonchère, enfin, les moulins de la Frandière, le moulin et les deux
balises en charpente de la pointe de la Fosse, dans Fromentine. Le petit clocher
pointu de la Barre de Mont qui ne se voit bien que de l’O. de Fromentine, le clocher
pointu de Notre-Dame de Mont près duquel on voit plusieurs moulins et un arbre
remarquable, la flèche élancée du clocher de Saint-Hilaire qui se voit dans un petit
bois rond, la pointe de roche de Grosse Terre qui se détache nettement sur le sable
des environs, l’entrée de Saint-Gilles, le clocher pointu de Croix de vie et la flèche
du clocher de Saint-Gilles ainsi que la grande cheminée d’usine qui est à droite des
clochers, servent tous à reconnaître l’entrée du port.
Entre Saint-Gilles et les Sables, le premier point que l’on aperçoit, en venant du
large, est la grande flèche du clocher de Vairé entourée de maisons, et, dominant
toutes les dunes qui bordent la côte, le clocher pointu d’Olonne et la grande flèche
blanche de la commune de Château d’Olonne sont plus rapprochés des Sables. Le
long de terre, on aperçoit à peine au-dessus des dunes, la tour carrée de Sainte-Hélène, la flèche de clocher de la Chaize-Giraut, l’église de Brétignolles qui est surmontée d’une tour carrée et paraît sur le bord de la côte, la flèche de Saint-Martin de
Brem et un peu à sa gauche la chapelle Saint-Nicolas, qui a l’apparence d’une maison
ordinaire ; très peu à droite de Saint-Martin de Brem se trouve l’entrée du port de
la Gachère qu’on reconnaît à une petite jetée qui paraît noire sur les sables de la
plage. A partir de la Gachère la côte est formée d’une série de dunes boisées jusqu’à
la pointe de l’Aiguille au-dessous desquelles on voit le corps de garde blanchi de
Chaillé et une balise ; ces deux amers l’un par l’autre conduisent sur la petite Barge.
PORT DE L’HERBAUDIÈRE
Le port de pêche de l’Herbaudière est abrité, sur son côté ouest, par une jetée, et
les posées y sont élevées de 1m50 et de 2m80 au milieu du port. Ce port est intenable
avec des vents de N. à l’E. par le N.E.
Pour rentrer à L’Herbaudière, les pêcheurs viennent prendre connaissance de la
tourelle du Bavard qui se trouve au large de Noirmoutier sur la chaussée des Bœufs ;
ils passent à 1 mille dans l’O. de cette tourelle en faisant route sur les deux tours du
Pilier et quand ils voient le clocher de Noirmoutier passer par la pointe du Devin,
ils peuvent porter sur la pointe de L’Herbaudière qu’ils laissent par tribord à un demi-mille pour parer la roche Patou (4m) qui est quelquefois signalée par une perche.
Pour entrer dans le port, il faut passer entre la balise rouge et la balise noire d’où l’on
gouverne sur le bout de la jetée pour la laisser à tribord. Les bateaux qui viennent du
N. gouvernent sur l’église de l’Herbaudière tenue par le bout de la jetée, jusqu’aux
deux balises.
MOUILLAGE AU SUD DE L’HERBAUDIERE
Quelques bateaux viennent avec des vents d’amont chercher un abri provisoire au
S. de la pointe de l’Herbaudière. Pour cela, ils portent sur le clocher de Noirmoutier
vu à droite de la pointe de roche qui est au S. de toutes les maisons de l’Herbaudière
et mouillent sur cet alignement avant que la tourelle du Sécé se cache dans la pointe
de l’Herbaudière. Il reste à cet endroit 1m d’eau à basse mer.
Chaussée des Bœufs
Les bateaux de pêche peuvent passer à marée haute au milieu des roches des Bœufs
; cela leur évite de passer au large de la tourelle du Bavard située à plusieurs milles
dans l’O. de Noirmoutier. Mais comme les routes à travers cet immense plateau rocheux ne sont pas balisées, la seule route à indiquer est celle qui fait passer près de la
pointe du Devin. En venant du S., on tiendra pour la suivre le phare du Pilier ouvert
de deux ou trois fois sa hauteur à gauche de la pointe du Devin, ce qui fera passer
par un chenal à fond de sable entre la Nérie et les Roches de Ia Loire, et conduira
jusque près de la pointe du Devin, que l’on contournera à 100 m environ ; c’est là
le plus haut seuil de la route. On gouvernera ensuite sur l’île du Pilier en tenant la
tête des Chevaux légèrement ouverte dans le S. de l’île, alignement qui fait passer
entre deux roches élevées. Quand le clocher de Noirmoutier arrive par le côté droit
de la grève de sable qui est au S. de la pointe de l’Herbaudière, on peut gouverner
sur le mouillage ou faire route directement pour le port de l’Herbaudière. Ce chenal
est praticable 2 heures avant la pleine mer pour des bateaux qui tirent moins de 2 m
d’eau et l’on ne doit pas le faire à partir de 2 h ½ de baissée.
Courants sur la Chaussée des Bœufs
Le courant de flot porte sur les roches des Bœufs pendant toute sa durée. A la
pointe ouest de la chaussée, c’est-à-dire près de la bouée qui la signale, le courant
tourne dans le sens des aiguilles d’une montre. A basse mer, le courant porte faiblement au N.O. mais il augmente vite de vitesse en même temps qu’il tourne au N. et
au N.E. ; la fin du flot se passe au S.E. ; le jusant porte au S.O.
Si l’on est entre la pointe de la Loire et le Bavard, le courant porte au N. 1 h ½
avant la basse mer activé qu’il est par le courant qui sort de Fromentine. Le jusant
porte au sud 1 heure avant la pleine mer.
FROMENTINE
Le point d’atterrissage le meilleur, pour la passe de Fromentine, lorsqu’on vient
du S., est le clocher de Barbâtre, qui domine les dunes.
Pour s’approcher de la Barre de Fromentine, on tient le phare des Dames dont on
voit la lanterne au-dessus du bois de la Chaise, et à droite du gros clocher de Noirmoutier, par l’un ou l’autre des quatre moulins Nicou. Si on vient de l’île d’Yeu, il
faudra tenir le grand fort à droite du feu qui est sur la jetée du N.O. de Port-Breton et
continuer cette route jusqu’auprès de la bouée rouge d’atterrissage (bouée à cloche).
Si l’on vient de I’O., on suivra le clocher pointu de la Barre de Mont par la coupée
d’un bois et par la tourelle Boisvinet.
Ces différentes routes conduisent toutes à l’entrée de Fromentine jusqu’à moins
de 2 milles des balises en charpente de la pointe de la Fosse. On devra tenir ces
balises l’un par l’autre, mais en ayant soin de se guider sur les bouées rouges qui
signalent le Banc du Braillard ; on ouvrira les balises au N. s’il le faut pour laisser
par tribord ces deux bouées, puis on suit les deux feux de Fromentine en ligne pour
passer à petite distance de la tourelle rouge de Boisvinet et de la bouée rouge de
la roche La Noure (1m). Quand cette bouée est dépassée, on gouverne à gauche de
l’appontement et on mouille dans son prolongement près de la bouée du corps-mort
du bateau-poste.
On trouve à Fromentine des vivres et de l’eau.
Courants
Le jusant dure 8 heures dans la passe et au mouillage Fromentine ; le flot, 4
heures. Il y a flot depuis l’heure de basse mer jusqu’à 2 heures avant la pleine mer;
il y a jusant le reste du temps. Le flot file de 3 à 4 nœuds et le jusant acquiert une
vitesse de 6 à 7 nœuds, comme dans le Raz de Sein.
DE FROMENTINE A SAINT-GILLES-SUR-VIE
Les Marguerites
Ces roches forment la partie N.E. du Pont d’Yeu ; celles qui assèchent s’avancent
au large jusqu’à 3 milles et demi au S. O. de la pointe Notre-Dame de-Monts. Dans
les coups de vents de S., les brisants s’étendent à un mille plus au large. Si la mer
est grosse, les patrons devront se tenir du côté de l’île d’Yeu, soit qu’ils fassent route
directe, soit qu’ils louvoient ; du reste, après un coup de vent de S., surtout s’il y a
saute au N.O., la mer est très brisante sur toute la partie nord du Pont d’Yeu.
Quand la mer est belle, on peut, en quittant Fromentine, tenir l’alignement suivant : le phare des Dames par les moulins Nicou ; cette route fait passer par 2m à l’O.
des Marguerites (0m30) et doit être suivie, à B. M., jusqu’à la bouée du Pont d’Yeu.
De cette bouée, on peut courir à terre sur le clocher pointu de Saint-Jean-de-Mont;
dans toute cette partie de côte, on peut venir en louvoyant jusque près de terre, sauf
en un point où se trouve la basse de la Vigie (1m30).
On passe au large de cette basse en tenant le clocher de Brétignolles à droite du
rocher Pilours. On passe à terre de la même roche en tenant le rocher Pilours à toucher la pointe de Grosse-Terre ; cette direction est souvent suivie en bordée par les
pêcheurs lorsque les vents sont d’amont et frais.
Pointe de Grosse-Terre
Ce cap, dont les falaises ont une quinzaine de mètres de hauteur et qui a quelques
gros rochers détachés dans le N.O., se voit d’assez loin ; des roches plates débordent
aussi la falaise à 5 ou 600 m au large et constituent les Mattes-de-Siom. Les bateaux
pareront toutes ces roches, en se tenant à plus de 600 m de terre.
PORT DE SAINT-GILLES
Le port de Saint-Gilles, situé sur la côte de Vendée, à peu près à mi-distance entre
le Goulet de Fromentine et les Sables-d’Olonne, se reconnaît de loin grâce aux deux
clochers de Croix de Vie et de Saint-Gilles, voisins l’un de l’autre, et dont la forme
est caractéristique. Etant au large à 5 ou 6 milles, on voit aussi, près de l’entrée du
port, le rocher Pilours qui se détache de la pointe de Grosse-Terre.
C’est à l’abri du rocher Pilours, et à un quart de mille dans le S.E., que se trouve
le mouillage extérieur de Saint-Gilles. Lorsque les vents sont de N.O., on mouille
plus près de l’entrée du port, au N.E. du rocher Pilours, en prenant l’alignement des
feux ouvert à gauche, et les arbres inclinés de la Corbelière par le milieu de la plage
de Porto.
Les bateaux qui voudront remonter jusqu’à Saint-Gilles ou à Croix de Vie devront,
avant de suivre les alignements du chenal, faire attention aux cotes de ce chenal
(1m40) et (1m80). Le chenal le plus profond pour entrer dans la rivière est de suivre
l’un par l’autre les deux phares de Saint-Gilles (le phare supérieur est peint en blanc
et l’inférieur en rouge) ; cet alignement conduit près du grand môle ; on peut passer
très près de son extrémité, puis, on vient sur bâbord pour laisser par tribord la bouée
rouge qui signale le banc de la Garenne ; on gouverne ensuite sur le môle de Croixde-Vie pour s’accoster à quai.
La mer est très grosse en rade et sur la barre, à l’entrée du port de Saint Gilles qui
ressemble assez à l’entrée d’Audierne ; aussi, il est bon, par gros temps, de ne tenter
l’entrée qu’aux environs de la P.M. En jusant, avec gros temps du S. à l’O., la barre
brise depuis le rocher Pilours jusqu’à la roche Bonneau qui est à l’E. de l’entrée du
port. La vitesse du jusant dans le chenal peut atteindre 6 nœuds.
DE SAINT-GILLES AUX SABLES-D’OLONNE
Entre Saint-Gilles et Les Sables, la côte, sur une longueur de 14 milles, laisse voir
une suite de dunes, limitées par des roches débordant peu au large.
Avec des vents d’aval, on ne doit pas s’approcher de terre, car la mer y est très
grosse.
Lorsque les vents soufflent d’amont, les bateaux s’approchent de terre; ils se servent alors des amers suivants pour éviter quelques roches qui débordent les plages.
En sortant de Saint-Gilles, on doit craindre, en flot, d’être entraîné sur la roche
Bonneau. On se tient dans l’O., en tenant le clocher de Saint-Hilaire par la naissance
de la jetée de la Garenne, et dans le S., avec le clocher de Saint-Gilles à droite du
sommet le plus élevé des dunes. A 1 mille dans le S. de la roche Bonneau, on évite un
haut-fond sur lequel la mer brise, en tenant le clocher de Saint-Hilaire à gauche de celui de Croix-de-Vie. Cet alignement sert aussi pour passer au large des roches Biron.
On parera toutes les roches qui bordent la côte jusque par le travers de Brétignolles en laissant toujours le rocher Pilours engagé dans la pointe de Grosse-Terre,
et on peut le tenir ainsi jusqu’à l’entrée du port de la Gachère. Entre la Gachère et
la pointe de l’Aiguille, on pare les roches qui débordent la plage en se tenant à un
demi-mille de terre.
RIVIÈRE DE LA GACHÈRE
Ce port est à peine fréquenté parce que la barre extérieure est infranchissable pour
peu qu’il y ait de la houle.
Lorsqu’il fait calme, on entre en se dirigeant au moyen des balises placées par les
pêcheurs de la localité. Du reste, en raison des variations de la position du chenal,
on ne doit pas essayer l’entrée sans l’assistance d’un pratique.
Une fois dans l’intérieur, et quand le grand coude de tribord est dépassé, on
mouillera en s’amarrant à quatre et en disposant, à cause des courants, une ancre
devant et derrière.
Courants
Le courant, en flot comme en jusant, dépasse 6 nœuds.
LES SABLES-D’OLONNE
Plateau des Barges
Dans les mauvais temps, et surtout s’il y a de la mer, on ne s’approchera pas à
moins de 1 mille ½ du phare des Barges, parce que la mer lève beaucoup sur les
fonds de 12 m et qu’elle brise en mauvais temps sur la basse Vermenou qui est recouverte pourtant de 7m80 à basse mer.
Dans le mauvais temps, le plateau de Vermenou est joint à celui des Barges par
une ligne de brisants ; on ne doit donc pas s’engager dans l’intervalle qui les sépare,
quoique la profondeur ne manque pas. Si le temps est beau, on peut au contraire
venir jusqu’à 1/3 de mille dans l’O. du phare des Barges, en prenant comme limite
la Petite Barge (qui brise presque continuellement) ouverte de 2 quarts au large de
la pointe du Perray.
Le plateau du phare est limité dans sa partie N., par la direction donnée par le
clocher des Sables vu par celui de la Chaume, mais la mer y brise en gros temps. Du
côté du S., si le temps est mauvais, on ne doit s’approcher ni de la Grande, ni de la
Petite-Barge, car la mer s’y lève en lames énormes. On restera donc dans le S., soit en
se guidant sur la bouée de la Petite Barge, mouillée au S.S.O. de la roche, soit en ne
dépassant pas dans le N. l’alignement donné par le feu de la Potence tenu au-dessus
de la jetée de la Chaume et à droite de la pointe Saint-Nicolas.
La Petite-Barge est de 3m ; on y construit une tourelle.
Passage entre la Grande et la Petite-Barge
Ce passage est profond, il y reste plus de 10 m d’eau à B.M. ; mais, comme nous
venons de le dire, on évitera de s’y engager s’il y a de la mer.
Par beau temps, on tiendra le milieu de ce passage en tenant le sommet du bois
qui est au S. des Sables, à droite de la cheminée d’usine du Château d’eau. Cette
direction sera conservée jusqu’après avoir dépassé le travers de la Petite-Barge, d’où
l’on viendra un peu sur tribord pour amener cette même cheminée d’usine par le
milieu du versant de la partie gauche du même bois. Cet alignement conduit à l’entrée des Sables.
Chenal de Baudras
Cette route ne peut se faire qu’au jugé ; on manque d’alignements de longueur.
Les bateaux, si le temps est beau et s’ils viennent du N., doivent gouverner sur le
phare des Barges jusqu’à en être à une distance de 2 encablures. S’ils viennent du
N.O., ils courront d’abord sur le clocher des Sables un peu ouvert au N. du clocher
de la Chaume, jusqu’au moment où ils relèveront le phare des Barges au S., et ils
courront alors sur lui, comme il est dit plus haut, jusqu’à en être à une distance de 2
encablures. Ils viendront alors sur bâbord en décrivant un quart de cercle autour du
phare, et en s’en tenant à près de 3 encablures, jusqu’au moment où ils relèveront le
phare à l’O. ; on pourra alors gouverner au S.½ E. du compas, pour venir chercher
l’alignement donné plus haut : la cheminée d’usine du Château d’eau par le milieu
du versant de gauche du bois ; cet alignement fera passer au S. des Ecarquillés (2m90),
de Bargeouri (2m), de Pirepoux (1m30) et des Pois-Marins (2m), et conduira dans le
passage à terre du Noura.
Passage à terre du Noura
Ce passage est très fréquenté par les pêcheurs des Sables. Le milieu du passage est
donné par le côté gauche du moulin blanc supérieur, qui est à droite du Château
d’eau vu par le milieu du moulin blanc inférieur ; cet alignement fait parer la Baleine
(0m60) ; on peut ensuite venir sur bâbord, pour entrer au port, dès que la tour de la
Chaume est vue par l’extrémité de la jetée de la Chaume. Ce chenal est utilisé avec
avantage par des vents d’O. au N.O. il permet d’atteindre en bordée le bout du môle
des Sables d’où l’on est obligé de se faire hâler dans le port quand les vents sont
debout.
Passe du S.O.
Ce passage, comme le précédent, convient aux navires venant de l’O. ; il n’est
pas praticable si la mer est très grosse. En temps maniable, la direction à suivre est
indiquée par le phare de la Potence vu par celui de l’estacade ; cet alignement fait
passer entre le Noura (2m30) et le Nouch (0m30). Dès que la tour de la Chaume passe
par le bout de la jetée de la Chaume, on peut gouverner sur le phare du môle pour
entrer dans le port.
Grand Chenal
C’est le chenal de mauvais temps. Les bateaux le pratiquent en tenant le phare
de la Chaume légèrement ouvert à gauche du feu du môle des Sables. On est ainsi
conduit tout le long de terre dans un chenal où on ne trouve pas moins de 10 m
d’eau jusqu’au moment où le sémaphore des Sables arrive par l’extrémité du môle
de la Chaume. Les fonds diminuent alors progressivement, et, près de la bouée «la
Mouette», on ne trouve plus que 6 m. Près de cette bouée, il faut venir sur bâbord
pour suivre les deux petites balises blanches que l’on voit en ligne près de la tour de
la Chaume et pénétrer dans le port.
Si les vents soufflent de l’O. ou de l’O.N.O., il n’est pas avantageux de faire une
longue route sur l’alignement de la grande passe. On viendra plutôt ranger le Nouc’h
en passant au vent de la Barre-Marine, chenal qui est praticable quel que soit le
temps ; on tiendra pour cela le premier moulin que l’on voit à gauche du phare supérieur, par le phare inférieur qui est peint en rouge. On viendra sur bâbord lorsque le
feu de la Chaume aura dépassé dans l’E. le bout de la jetée de la Chaume.
Entrée et intérieur du port des Sables
L’entrée du port des Sables est très dangereuse par les gros vents du S., du S.O. et
de l’O. : la mer brise de la pointe Saint-Nicolas jusqu’au Nouc’h qui est signalé par
une bouée rouge ; dans ces conditions, il est imprudent de s’engager dans la passe
du S.O. ou dans celle passant entre le Nouc’h et le Noura car, lorsque l’on vient sur
bâbord, on reçoit la lame en travers jusqu’à ce qu’on soit bien en dedans de la jetée
de la Chaume ; plusieurs bateaux ont sombré sur le banc le la Mort (0m30) qu’on
laisse par tribord en entrant à 200 m du phare du môle.
Pour entrer dans le port, on passe par des fonds de 0m50. Par les beaux temps, et à
basse mer, les pêcheurs débarquent leur poisson en accostant le remblai qui déborde
la jetée des Sables du côté intérieur.
Lorsqu’on sera certain d’avoir assez d’eau à l’intérieur, on se dirigera vers le feu du
môle jusqu’au moment où l’on verra l’alignement des deux balises blanches placées
sur le quai de l’O., à droite du phare de la Chaume. Cet alignement, qui fait passer à
petite distance du musoir, doit être abandonné quand on est vis-à-vis du phare de la
Chaume ; on continue ensuite en se tenant au milieu, entre les jetées.
Arrivé au coude de la Chaume, on vient en grand sur tribord pour ranger le petit
éperon des Sables et on va ensuite prendre son poste le long des quais.
Port des Sables
Le port des Sables est, après celui de La Rochelle, le plus important des ports de
pêche de la côte ouest de France. Les pêcheurs étrangers y trouveront tout ce dont
peut avoir besoin un pêcheur.
La pleine mer a lieu dans le port des Sables, en même temps qu’à la Rochelle, et
la basse mer a lieu 10 minutes avant Brest. La mer monte de 0m80 de moins qu’à la
Rochelle.
COURANTS
Les courants le long de la côte font le tour du compas dans le sens direct ; à basse
mer, leur vitesse est de ¾ de mille dans les grandes marées près du phare des Barges;
leur direction est N.O. Le prime-flot porte au N. ; à mi-flot, on a un courant qui
porte à l’E., puis au S.E. Au moment de la haute mer, le courant tourne au S. mais
sans mollir beaucoup. Le jusant est à l’O.
F. L. P.