Samson et Dalila - Passerelle Centre d`art contemporain
Transcription
Samson et Dalila - Passerelle Centre d`art contemporain
CORENTIN CANESSON Samson et Dalila blabla Fichier d’accompagnement 06.02.2015 – 22.05.2015 Le fichier d’accompagnement de l’exposition Samson et Dalila apporte un éclairage sur les œuvres et fournit des outils de compréhension et d'expérimentation de celles-ci, en relation avec les enjeux de l’art actuel et de l’histoire de l’art occidental. 1/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Sommaire Présentation de l’exposition 03 Biographie 04 Les Chantiers 05 Oeuvre(s) présentée(s) 06 Pour aller plus loin 10 Pistes pédagogiques 14 Bibliographie 14 Passerelle Centre d’art contemporain, Brest 15 Service des publics 16 Informations 17 2/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Présentation de l’exposition Au commencement, il y a un titre : Samson et Dalila. Référence biblique par excellence, il évoque autant une histoire de la peinture classique que le thème éculée de l’aventure amoureuse qui finit mal, en général. Contrairement à l’usage qui consiste à nommer la pratique une fois celle-ci réalisée, ce titre, Corentin Canesson l’avait choisi avant de débuter sa résidence à Brest. Il devient alors le point de départ à partir du quel l’exposition s’est construite, hypothèse qui irrigue le travail. Conscient que proposer un titre de prime abord, c’est mettre la charrue avant les bœufs, l’artiste poursuit la même idée en choisissant de réaliser une série de peintures au format 120 x 176 cm déployées dans les cadres urbains que sont les panneaux publicitaires. Affiches de promotion autant qu’œuvres uniques, elles revendiquent les éléments de communication de l’exposition comme prétexte à la peinture. Comme Monet en son temps maltraitait volontiers ses bottes de foin par tous les temps, Canesson arrange son « Samson et Dalida à Passerelle » à toutes les sauces, picturales cette fois. Chaque affiche devient l’excuse pour explorer les canons de l’abstraction. On reconnaît ici un peu de Morris Louis, là un zeste de De Kooning, plus loin un soupçon de Rebeyrolle, etc. Et c’est, en somme, de cette série que toute l’exposition émane. Son exploration érudite génère les autres œuvres en alimentant un plaisir de peindre entre les traits de ses héros. Artiste trentenaire aujourd’hui, Corentin Canesson a grandit dans des années 2000 cherchant à se bâtir sur l’après-abstraction, reléguant cette dernière au siècle révolu. Force est de constater qu’il prend cette doxa à rebours en revendiquant au contraire la poursuite de l’aventure, sans passéisme aucun mais avec le recul critique nécessaire. Et la peinture de Corentin Canesson de se construire de situations données, en atelier, avec un modèle vivant, dans l’appropriation comme dans le geste résolument painterly pour investir d’autres formats comme la vidéo ou la performance. 3/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Biographie Corentin Canesson est né à Brest, en 1988. Il vit et travaille à Brest, Rennes et Paris. Il a suivi l’enseignement de Jean-François Maurige et a obtenu son DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique) aux Beaux-arts de Rennes en 2011. Il a également étudié à l’école d’art la HGB (académie des arts visuels) à Leipzig (Allemagne). Son travail part d’une réflexion sur la peinture et son actualité, l’amenant à décontextualiser sa pratique vers l’écriture, la performence ou la vidéo. Il présentera une exposition personnelle à Paris en septembre prochain à la galerie Palette Terre. Parallèlement à sa pratique plastique, il a codirigé de 2008 à 2014 l’espace d’exposition STANDARS à Rennes et poursuit des recherches liées aux formats d’expositions, à l’autorité de l’artiste et/ou du commissaire dans les jeux de stratégies que permettent les expositions. Il assiste actuellement Vincent Honoré, directeur de la DRAF (David Roberts Art Foundation), pour l’exposition Le musée d’une nuit (script for leaving traces) qui ouvrira en octobre prochain à la fondation Hippocrène à Paris. 4/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Les Chantiers, résidence d’artiste Les CHANTIERS sont un dispositif de soutien aux artistes émergents en Bretagne. Au sortir des études, il est souvent difficile pour un jeune artiste de poursuivre sa pratique, sans moyens, sans atelier et sans accompagnement artistique et critique. Passerelle Centre d’art contemporain, Brest et Documents d’Artistes Bretagne mettent leurs compétences et expériences en synergie au service de la résidence Les CHANTIERS. A l’issue d’un appel à projet lancé par Passerelle et DDAB, un jury composé de professionnels de l’art sélectionne deux artistes accueillis pour une durée de trois mois au centre d’art et bénéficient d’un accompagnement technique et curatorial. À la suite de 3 mois de résidence, le projet fait l’objet d’une exposition personnelle à Passerelle Centre d’art contemporain, Brest. Un site internet dédié au programme, mis en œuvre par Documents d’Artistes Bretagne, rend compte de la résidence et des étapes de conception et de réalisation du projet. www.leschantiers-residence.com Le projet titre a été développé dans le cadre des ChantiersRésidence, programme de soutien aux artistes émergents en Bretagne mené par Passerelle Centre d’art contemporain, Brest et Documents D’Artistes Bretagne. 5/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Oeuvre présentée Exposition Samson et Dalila 12 acryliques sur toile 3 vidéos. Installation dans du Quai, au sein de Passerelle, centre d’art contemporain, Brest. Corentin Canesson 2015 L'exposition Samson et Dalila prend place dans l'espace à l'arrière du quai. Corentin Canesson y présente 12 peintures et 3 vidéos. Contrairement à la plupart des artistes qui choisissent le titre de leur exposition après avoir produit des oeuvres, Corentin Canesson a pris le parti de choisir le titre avant même de commencer une toile. Samson et Dalila1 est un thème biblique, qui a été étudié de nombreuses fois par les peintres classiques. Par le choix de ce titre, nous pouvons déjà ressortir deux constantes du travail du jeune artiste : son intérêt pour l'histoire de l'art en général, ainsi qu'une réflexion autour du travail du peintre. Il y a dans la peinture et dans les vidéos de Corentin Canesson un questionnement heureux sur comment faire de la peinture aujourd'hui, alors que de nombreuses choses ont été déjà peintes. L'artiste s'intéresse donc aux références majeures de l'histoire de l'art, et la manière dont elles influent sur la peinture aujourd'hui. Il s'interroge également sur le regard entre le peintre et son modèle, ainsi qu'à la notion de reprise. La plupart des toiles présentées au sein de l'exposition ne sont ni 6/17 1. Voir «Pour aller plus loin» : Samson et Dalila Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement totalement figuratives, ni totalement abstraites. En effet, les gestes fluides et amples (abstraction) côtoient des fragments de corps (figuration). S'inspirant notamment de peintres comme Picasso ou encore Bram Van Velde2, Corentin Canesson met en avant le corps sous différents angles. A la fois dans la représentation d'un corps fragmenté : des yeux, des bouches ou encore des seins viennent rythmer les toiles. Mais le corps est également présent à travers la peinture abstraite. Les aplats de couleurs, les lignes amples et les coulures trahissent l'effort physique que le peintre a du effectuer pour qu'elles apparaissent. Ne désirant pas revendiquer une appartenance à une lignée picturale précise, Corentin Canesson vient glaner ce qui l'intéresse dans l'abstraction et ce qui lui plaît dans la figuration, et s'interroge ainsi sur ce qu'est le travail du peintre. 2. Voir « Pour aller plus loin » : Bram Van Velde Les trois vidéos présentées au sein de l'exposition peuvent être vues comme une mise en lumière du processus de création propre à l'artiste. To be in your eyes, reflète le travail entre le peintre et son modèle. Sur cette vidéo, on peut voir une jeune femme que l'artiste a invité au Centre d'art, se peindre le corps puis laisser l'empreinte de ce dernier sur une affiche. You saved my life est une vidéo réalisée suite à un rêve fait par l'artiste. Dans ce rêve, un ami de l'artiste se promène dans les rues de Paris en portant une veste sur laquelle sont peints les mots "seul et grégaire". En réalisant ce film, Corentin Canesson montre que les idées liées à la peinture peuvent surgir à tout moment, y compris dans le rêve. Y a papa qui dessine est réalisée avec la complicité d'un ami artiste. Ce dernier porte un masque et une pierre en polystyrène sur la tête. 7/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Cet être étrange qu'il incarne dessine sans s'arrêter. Les étudiants présents lors de cette performance3, tentent d'interagir avec lui, mais rien ne semble le déconcentrer dans sa création. Corentin Canesson est un peintre très productif, pour faire connaître son exposition au sein du Centre d'art Passerelle, il a décidé de peindre quarante affiche. Sur ces peintures-affiches disséminées comme des panneaux publicitaires dans Brest, l'artiste reprend la façon de peindre d'artiste qui ont marqué l'histoire de l'art et de la peinture. Ainsi, on peut retrouver certaines affiches marquées par l'influence de Picasso ou de De Kooning, d'autres influencées par les anthropométries d'Yves Klein. La citation 4 chez Corentin Canesson est plus un hommage rendu qu'une volonté de copier. Dans ses peintures, il ne cherche pas à cacher les références auxquelles il fait appel. Au contraire, il les montre. C'est une façon joyeuse d'appréhender la peinture aujourd'hui. Conscient de la difficulté de créer quelque chose d'inédit, l'artiste s'intéresse davantage à ce qui l'a poussé à peindre et à ce qu'il aime dans la peinture. Les références auxquelles il fait appel révèlent sa propre sensibilité vis à vis de l'art. La peinture abstraite et colorée de Bram van Velde l'a beaucoup influencé, la fragmentation du corps que l'on trouve dans les toiles de Picasso est une source d'inspiration pour sa peinture, et l'utilisation de la couleur rose est une manière de rendre hommage à Jean-François Maurige. Par ailleurs, certains tableaux laissent apparaître de l'écriture. Ces phrases sont des citations issues de chansons ou encore de livres qui ont marqué l'artiste et nourri son travail 5. Les références qu'il convoque, ainsi que les thèmes utilisés ( le corps, le travail du peintre, le rapport avec le modèle) sont pour le peintre des outils, des matériaux pour construire son langage plastique. 8/17 3. La performance artistique est un médium ou une tradition artistique interdisciplinaire qui met en avant l'action. La performance est un art éphémère qui subsiste le plus souvent au travers de photographies et de vidéos. 4. Voir "Pour aller plus loin" : La pratique de la citation en art contemporain. 5. Voir "Pour aller plus loin" : L'art de l'appropriation : Richard Prince. Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement L'histoire de l'art devient pour l'artiste un médium comme la peinture. Le thème du peintre et de son modèle présent au sein de l'exposition en est l'exemple. Comme nous avons déjà pu l'évoquer, To be in your eyes montre le travail qu'il a effectué dans son atelier avec un modèle. Le résultat de cette séance de travail se retrouve au sein de Ta rose distraite et trahie. Cette peinture est quelque peu différente des autres toiles que l'artiste a produit pour l'exposition. Il s'agit au départ d'un bout de tissu dont se servait la modèle pour s'essuyer après avoir effectué l'empreinte de son corps sur les supports. Corentin Canesson a décidé de garder ce tissu avec ces traces de peintures et de le tendre sur un châssis. Il s'agit d'une démarche et d'un geste simple, mais qui indique le travail sous-jacent du peintre. Cela nous montre également sous un angle différent (par la trace) la relation entre l'artiste et son modèle. Partant au départ d'un thème évoquant les cheveux, l'exposition Samson et Dalila se transforme en un jeu de regards. Tout d'abord entre les différents yeux qui se répondent au sein des différentes toiles de l'artiste créant un lien visuel entre chacune d'elles. Puis un jeu qui se poursuit à travers le regard que pose l'artiste sur l'histoire de la peinture, celui qui le lie à son modèle, ou encore le regard du spectateur qui découvre cette peinture. Photographies de © Aurélien Mole, 9/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Pour aller plus loin Samson et Dalila Samson et Dalila sont des personnages bibliques, dont le récit est écrit dans le livre des Juges (Jg 13.1. à Jg 16.31), extrait de l'Ancien Testament. Au moment du récit, les Israéliens sont livrés par Dieu aux mains des Philistins pour quarante ans, en punition de leurs fautes. La femme de Manoach de la famille des Danites (Israël) , jusqu'alors stérile, apprend de l'ange de Dieu qu'elle enfantera un fils qui délivrera Israël des Philistins. Cet enfant, baptisé Samson, sera consacré à Dieu, dès sa naissance, en tant que nazir. Le rasoir ne devra jamais passer sur sa tête afin qu'il reste consacré par Dieu. Au cours des différents passages de l'histoire, le nazir sera à plusieurs reprises possédé par l'Éternel. Samson démontrera ainsi une force herculéenne. Parmi ces épisodes on retrouve de nombreuses confrontations avec les Philistins. Durant l'un de ses voyages, Samson rencontre une femme : Dalila (ou Delilah) dont il tombe amoureux. Celle-ci s'allia avec les princes Philistins afin de dompter la force de Samson. Elle supplia plusieurs fois à Samson de lui révéler le secret de sa force sans que celui-ci ne lui dise la vérité. Pourtant, comme preuve de son amour, le nazir finira par lui révéler : "Le rasoir n'a point passé sur ma tête, parce que je suis consacré à Dieu dès le ventre de ma mère. Si j'étais rasé, ma force m'abandonnerait, je deviendrais faible, et je serais comme tout autre homme." La nuit tombée, Samson s'endormit sur les genoux de Dalila. Elle en profita pour rasé la chevelure du nazir qui tomba dans les mains des princes Philistins que Dalila avait prévenu. Prisonnier des Philistins, Samson fut rendu aveugle et condamné à travailler pour ses ennemis. Quand les princes voulurent le sacrifier à leur dieu (Dagon) les cheveux de Samson avaient commencé à repousser. Il en tira la force pour faire écrouler le bâtiment du sacrifice tuant ainsi tous les princes Philistins. Il mourut lors de sa vengeance. Samson et Delilah Peter Paul Rubens 1609 huile - 185x205 National Galery Londres Samson et Dalila Le Caravage 1615 80x53 Le récit de Samson et Dalila est un thème biblique qui se retrouve régulièrement dans la peinture classique. Un opéra français de Camille Saint-Saëns sur ce thème a été composé en 1877. Cette histoire a également été produite en film par Cécil B. De Mille, en 1949. Samson and Delilah (Samson et Dalila) Cecil B.De Mille 1949 Film technicolor américain 131 min 10/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement La pratique de la Citation en art contemporain En art contemporain, la citation est un élément d'une œuvre qui reprend un thème ou un procédé technique appartenant au passé. Il s'agit d'un clin d'œil. C'est un processus artistique au cours duquel l'artiste se saisit d'une oeuvre où d'un héritage culturel et le transpose, le présente, dans un autre contexte. La pratique de la citation s'inscrit dans une logique postmoderne c'est-à-dire en réaction contre pratique linéaire/classique de l'art. Les oeuvres postmodernes vont puiser librement dans les différents styles historiques préexistants, faisant de la subjectivité, un critère essentiel du jugement. Le passé devient ainsi un simple répertoire de formes. La citation en art contemporain est un matériau comme un autre. Tout comme la peinture, le son ou d'autres matières, elle permet de révéler le point de vue et le message de l'artiste. Elle donne également la possibilité de poser un regard critique sur l'histoire de l'art. Bertrand Lavier est un artiste français qui se sert de la citation comme un peintre se sert de la peinture. Chacune de ses oeuvres fait appel à des styles et des périodes différentes de l'histoire de l'art. Il reprend les grands poncifs de l'histoire de l'art afin de les réactualiser et d'en faire sa signature. À partir de 1978, Bertrand Lavier met en place son vocabulaire plastique, avec des photographies et des objets repeints, dont les motifs et détails sont exactement recopiés. Au début des années 1980, il s’impose rapidement comme l’une des figures majeure de la scène artistique européenne, à travers des séries comme ses «objets peints», «objets superposés» ou encore «Walt Disney Productions». Ces séries, que l’artiste qualifie lui-même de chantiers, jouent avec les codes, les catégories, les genres et les matériaux. Son œuvre exprime une inclinaison pour l’addition, le croisement, l’hybridation et la transposition. Ainsi, Bertrand Lavier cite et s'approprie, sans s'en cacher, les marques de fabrique des artistes comme Dali en reprenant le canapé bouche que l'artiste espagnol a conçu en 1936 (inspiré de celui de Gufram un designer italien) et en le posant sur un congélateur, ou encore en repeignant à la manière de Van Gogh sur une oeuvre de François Morellet. Par ailleurs, Andy Warhol figure exemplaire du Pop Art (ce mouvement conteste les traditions en affirmant que l'art se trouve également dans l'utilisation d'éléments visuels de la culture populaire. Le concept du pop art se présente plus dans l'attitude donnée à l'œuvre que par l'œuvre elle-même.) a réutilisé des oeuvres majeures de l'histoire de l'art afin d'y apporter un regard critique, et nous les montrer d'une nouvelle manière. Il reprend par exemple la Joconde ou encore la Cène de Léonard de Vinci. Ces oeuvres sont devenues des icônes avec le temps et tout le monde semble les connaître par coeur. En utilisant un procédé mécanique de sérigraphie pour les reproduire et en jouant avec des couleurs vives, l'artiste nous montre à la fois que le message de ces images a disparu avec le temps car elles ont été reproduites maintes fois, mais il signale d'autre part la possibilité de les réinventer, et de les voir sous un autre angle. Avec Warhol, l'oeuvre initiale devient une forme au service d'un des questionnements du pop art : quelle est l'influence des images (publicitaires, artistiques...) sur les consommateurs. 11/17 Bertrand Lavier, La Bocca/Bosch, 2005 Canapé sur congélateur 85 x 212 x 87 cm (canapé) 86 x 157 x 70 cm (congélateur) Bertrand Lavier , Lavier / Morellet (1975 - 1995),Peinture acrylique sur toile, 200 x 200 cm Andy Warhol, Joconde, Sérigraphie et acrylique sur toile, 111,8 x 73,7cm, 1963 Andy Warhol, The Last Supper, Sérigraphie et acrylique sur toile, 1987. Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Bram Van Velde Bram Van Velde (1895-1981) est un peintre et lithographe néerlandais. Il a vécu une aventure picturale totalement solitaire, sans partage, et d’une absolue sincérité. Ce peintre doit sa reconnaissance à quelques amateurs éclairés, poètes et écrivains (comme Samuel Beckett). Son œuvre est restée longtemps confidentielle et proprement « invisible » à ses contemporains, à l’écart de l’abstraction lyrique, autant que de l’art informel. Il commence sa carrière comme apprenti en 1907 dans une entreprise de peinture et de décoration intérieure à La Haye. Encouragés par ses patrons, l'artiste se lance dans une carrière artistique. Ses premières toiles sont figuratives (elles font références à la réalité) et influencées par les expressionnistes allemands (stylisation de la réalité pour atteindre une expressivité instense). Il y reprend des thèmes rustiques et villageois. Sa palette s'éclaircit par la suite lorsqu'il arrive à Paris, où il délaisse les thèmes précédents au profit de thèmes floraux et de la nature morte. Bram Van Velde, Masques, 1922. Après avoir habité à Paris, l'artiste s'installe à Majorque en Espagne. Ce changement de situation marque également un changement au niveau de sa peinture qui devient plus abstraite même si les thèmes sont toujours identifiables. C'est le cas notamment de la série des Masques où l'on voit des masques peint sur un fond abstrait où la peinture rend compte du geste de l'artiste. Abstraction et figuration se mêlent. Au fur et à mesure les références au réel vont disparaître et en 1939, il trouve son propre langage plastique qui laisse place à la pure abstraction et l'exaltation de la peinture. La surface picturale est d'un côté construite de manière rigoureuse, délimitée par des cernes noirs, et de l'autre, beaucoup plus expressive, où l'on voit apparaître des coulures propres au lyrisme gestuel. Produisant peu, dix à douze toiles par an, Bram Van Velde, pendant près de trente ans, se soumet à un geste quasi automatique, de plus en plus ample, qui s’abandonne à un pinceau qui dessine, sans profondeur ni relief, des formes en décomposition jusqu’à leur effondrement et leur effacement. La structure du tableau préalablement établie se dissout peu à peu dans la matière et les aplats de couleurs donnent un ton particulier à la lumière du tableau. Bram van Velde traite de la limite entre peinture abstraite et peinture figurative, renouvelant la problématique de la figure. L’image paraît ainsi abolie, le pinceau traduisant sur la toile ni un fragment de réalité ni une vision intérieure. Bram Van Velde, Sans titre 1978, Lithographie, 49,8 x 43,5 cm Composition LV (55), 1978 Lithographie originale en 9 couleurs, monogrammée au pinceau par l'artiste. 12/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement L'ART DE L'APPROPRIATION : rICHARD PRINCE Richard Prince est est un artiste peintre et photographe américain né en 1949. Son travail est rattaché à l'appropriation art qui se caractérise par des références ouvertement citées et la réutilisation d'images prééxistantes. En 1975, il commence à créer des collages contenant des photographies. Il passe beaucoup de son temps libre à découper et collectionner des photographies tirées des divers magasines pour lesquels il travaille (dont le Time). Richard Prince recycle ces photographies afin de créer ses propres images et ses propres toiles. Il utilise ces images non comme objet mais comme un médium, à l'instar du peintre qui utilise la peinture. Il développe peu à peu une technique en reproduisant les images, les agrandissant et les modifiant. D'oeuvre en oeuvre, l'artiste met progressivement en place un panel d'instruments pour s'approprier les codes, les genres et l'iconographie véhiculés par la publicité, le graphisme et les arts plastiques. Ses collages se complexifient, l’image photographique tirée de la presse est re-photographiée, peinte, enfin ré-assemblée. L'artiste prend principalement pour sujets des thèmes vernaculaires et issus de la sous-culture américaine : les motards, les célébrités ou encore les romans à sensations. Dans les années 80, il créé la série des cowboy. A l'origine, ces photographies proviennent d'une campagne publicitaire de Marlboro. Richard Prince reprend ces images et les sort de leur contexte original en ôtant tous les détails qui trahissent le fait d'être des publicités ( plus de slogan ni de logo). Le symbole publicitaire se brouille, l'image est agrandie et le sujet de la photographie devient une icône. Ses cow-boys deviennent alors motifs, signes, symboles à la fois d’une histoire mythique et imaginaire, construite par vagues successives, au gré des westerns et des classiques. Richard Prince intervient à la jonction d’un processus qui transforme les figures de l’imaginaire en divertissement, en coupant tout lien avec l’Histoire. Par le déplacement, l'artiste américain retravaille la modernité des mythes, créé une nouvelle histoire où la source initiale est totalement oubliée et où le symbole demeure. En réutilisant des images existantes, l'artiste s'est vu poursuivi en justice pour plagiat en 2009. Prince a en effet réinterprété des photographies issues du livre Yes Rasta conçu par Patrick Cariou1. La Cour de justice a statué que le droit d'auteur n'avait pas été violé, et qu'un artiste avait le droit d'utiliser une autre oeuvre d'art. L'appropriation en art se différencie donc du plagiat. En effet, il y a appropriation lorsque l'artiste copie consciemment et avec une réflexion stratégique. L'appropriation peut donc avoir une intention critique ou prendre la forme d'un hommage. On peut parler d'appropriation dans le cas de Richard Prince car il effectue un détournement qui consiste à faire perdre le sens premier de l'image originale afin de la recontextualiser et lui donner un sens nouveau. En utilisant depuis les années 70 des images issues des médias, de la publicité et du divertissement, l'artiste a redéfini les concepts de paternité, de propriété et d'aura au sein de l'art. En appliquant à l'art sa compréhension du trafic complexe des images, il a développé une signature unique remplie des échos d'autres signatures. Richard Prince, Hotel Nurse, 2003. Richard Prince, Untitled (Cow Boy), 1989, photographie A gauche la photographie originale de Patrick Cariou issue de Yes Rasta, à droite la photographie reprise pour le série Canal Zone de Richard Prince. 1 Patrick Cariou est un photographe français né à Lorient en 1963 13/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Pistes pédagogiques Primaire > Atelier sur la représentation du corps : représentation de partie de corps humain ou d'animaux. > Atelier sur la gestuelle dans la peinture : le trait, les mélanges de peinture, l'expression. > Atelier sur le mélange d'images et de peinture Au collège > Mélange de peinture figurative (objets reconnaissables) et de peinture abstraite ( peinture gestuelle) > La mise en peinture de textes : citations, extraits de chansons ou de livres. > La notion de reprise : celle d'un thème récurrent en histoire de l'art, peindre à la manière de... Bibliographie Document sur l’artiste > Site internet de l’artiste : www.stephanecalais.net > Pour plus d’images de l’exposition et mieux comprendre les Chantiers : www.leschantiers-residence. com/corentin-canesson/ > Autres expositions de Stéphane Calais : creative.arte.tv/fr/community/la-collection-stephane-calais-ou-le-tatouage-mural www.franceculture.fr/personne-st%C3%A9phane-calais-artiste.html www.zerodeux.fr/specialweb/stephane-calais-une-grammaire Bibliographie « pour aller plus loin » > www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cR55rE4/rdLrEjk > www.mba-lyon.fr/mba/sections/fr/expositions-musee/bram-geer-van-velde/films-archives-de-l > www.richardprince.com/ > www.slate.fr/story/71741/art-richard-prince-patrick-cariou-justice-americaine-droit-auteur-copyright > www.lire.la-bible.net/index.php?reference=Juges+16%3A28-31&versions%5B%5D=TOB > www.mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-Lavier/ > www.oratoiredulouvre.fr/evangile-et-liberte/la-cene-art-contemporain.php 14/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Passerelle Centre d’art contemporain, Brest Passerelle Centre d’art contemporain est une plateforme de dialogue entre productions artistiques et publics installée depuis 1988 dans un exceptionnel bâtiment industriel de 4000 m² en plein cœur de Brest, caractérisé par son Patio monumental sous verrière. Ses missions de création, de médiation et de diffusion sont envisagées comme autant d’espaces collectifs de production de sens au sein duquel artistes et visiteurs participent activement à une discussion sur ce qui anime, construit et motive notre rapport à l’art contemporain. La programmation conjugue chaque année une dizaine d’expositions monographiques ou collectives, des cycles de projections, des rencontres, des débats et différents dispositifs d’accompagnement des publics dans leurs découvertes des pratiques exposées. Passerelle Centre d’art contemporain est aussi le lieu du décloisonnement disciplinaire qui explore les autres champs de la création contemporaine, du graphisme à la danse, de la musique au design. 15/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Service des publics En s’appuyant sur les expositions en cours de Passerelle Centre d’art contemporain, le service des publics programme des activités pédagogiques adaptées à chaque public visant une approche sensible des œuvres et des problématiques de l’art actuel. Des rendez-vous réguliers sont proposés aux publics adultes – visites guidées, rencontres « spéciales », parcours urbains – pour faciliter l’accès aux œuvres et mieux appréhender les démarches artistiques contemporaines. Différentes actions autour des expositions sont proposées aux jeunes publics, scolaires ou individuels, basées sur la découverte des techniques artistiques, sur l’apprentissage du regard et le développement du sens critique (analyse, interprétation, expression). Les zones d’augmentation Les Zones d’augmentation sont la première interface de médiation du Centre d’art, déployées à la fois dans l’espace et sur le site Internet. Pensées par le service des publics, elles sont dédiées à la présentation de matériel artistique et documentaire pour poursuivre et mettre en perspective les questionnements abordés par les propositions artistiques exposées. Leurs contenus sont déterminés en discussion avec les artistes invités. Dans le Patio, elles sont un espace convivial qui permet au public de boire un café en lisant la presse et la documentation sur les expositions. Sur ce site Internet, les Zones d’augmentation réunissent des contenus textes, vidéos et images pour préparer votre visite ou la poursuivre. Temps scolaires Les visites préparatoires s’adressent prioritairement aux enseignants, animateurs ou responsables de groupes constitués (écoles, associations, centres de loisirs...) qui souhaitent préparer une visite ou l’accompagner d’un projet pédagogique ou éducatif spécifique. Ces rendezvous sont proposés afin de préparer au préalable la venue d’un groupe et sa visite de l’exposition. Un fichier d’accompagnement est remis lors de ce rendez-vous. (Ces rendez-vous et documentations sont gratuits.) Les visites libres ((soit non accompagnées) sont également proposées aux établissements et structures adhérentes. Lors d’une visite libre, l’enseignant guide lui-même sa classe. Il choisit les oeuvres à découvrir et construit son parcours. Des moyens sont mis à sa disposition pour l’aider dans cette préparation telles que des pistes pédagogiques permettant d’orienter les enseignants dans leurs réflexions et dans la mise en lien avec leurs programmes scolaires. Ces documents se présentent tels des aides à la visite, comme des clés de lecture possibles et non comme des modes d’emplois. Les visites commentées des expositions sont réalisées tout au long de l’année par les médiateurs du centre d’art Passerelle sur le mode du dialogue. Ces rendez-vous permettent, au-delà du simple commentaire d’œuvres, de créer un dialogue avec les jeunes publics autour des questions soulevées par les pratiques artistiques contemporaines, les courants de l’art actuel et de pouvoir se positionner par rapport aux œuvres : les regarder, les décrire, les analyser… Ce format de visite est conseillé aux collèges et lycées. Sur rdv, durée 1h30. Les visites - ateliers pproposent de prolonger la visite des expositions en s’appropriant leurs modes et leurs processus artistiques et en créant des situations de réflexion et de production pour identifier les intentions et les temps de création d’une œuvre. Ces ateliers concrétisent, par des propositions de travail individuel et collectif, la mise en pratique des notions développées durant la visite des expositions. Elles s’adressent notamment aux cycles 1, 2 et 3. Sur rdv, durée 1h30. 16/17 Réserver un temps de visite ou d’atelier : Nous demandons aux enseignants de réserver, quel que soit le type de visite choisi, afin d’organiser au mieux l’accueil des plus jeunes dans le Centre d’art. Contact médiation : Claire Laporte-Bruto Chargée des jeunes publics [email protected] 02 98 43 34 95 Evénements et rendez-vous en détail sur le site www.cac-passerelle.com Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement Informations Passerelle Centre d’art contemporain 41, rue Charles Berthelot / F- 29200 Brest tél. +33 (0)2 98 43 34 95 fax. +33 (0)2 98 43 29 67 [email protected] www.cac-passerelle.com Heures d’ouvertures Ouvert le mardi de 14h à 20h du mercredi au samedi de 14h à 18h30 fermé dimanche, lundi et jours fériés Tarifs groupes (10 personnes minimun) Passerelle Centre d’art contemporain encourage les établissements scolaires à adhérer, afin de fidéliser les publics scolaires, de proposer les meilleurs tarifs aux classes, et d’engager les établissements dans une démarche de soutien au centre d’art. L’adhésion est de 40€ l’année. Valable pour toutes les classes d’un établissement, elle donne droit à des tarifs préférentiels sur les actions proposées. (Bulletin d’adhésion disponible à l’accueil du centre d’art passerelle ou sur son site Internet) Médiation Renseignements et réservations des ateliers et visites guidées tél. +33(0)2 98 43 34 95 Équipe de Passerelle Etienne Bernard Directeur & curator Laëtitia Bouteloup-Morvan Administration Séverine Giordani Expositions Emmanuelle Baleydier Communication & partenariats Claire Laporte-Bruto Jeunes publics Prune Bodenez Animation & publics adultes Clémence Talineau Jean-Christophe Deprez-DeperiersAccueil & multimédia Jean-Christophe Primel Production Tanguy Belbéoc’h Maintenance & régie Passerelle Centre d’art contemporain, Brest bénéficie du soutien de la ville de Brest, de Brest métropole océane, du Conseil Général du Finistère, du Conseil Régional de Bretagne et du Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Bretagne). Passerelle Centre d’art contemporain, Brest est membre des associations ACB - Art Contemporain en Bretagne d.c.a. - association française de développement des centres d'arts 17/17 Samson et Dalila / Corentin Canesson Fichier d’accompagnement