ovide - Notes du mont Royal

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ovide - Notes du mont Royal
Notes du mont Royal
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AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS
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DE M. NISARD
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ŒUVRES COMPLÈTES
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VIDE
ŒUVRES COMPLÈTES
AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS
PUBLIEES SOUS LA DIRECTION
DE M. NISARD
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isspnmsun antan a: L’ENSEIGNBIENY SUPÉRIEUR
PARIS
CHEZ FIBMlN-DIDOT ET C", LIBRAIRES
IMPRIMEURS DE L’INSTITUT DE FRANCE
au: naos, 56
M DCCC LXXVI
Wàomcmcœaoœ accccmœsctœcancsœ
1
TABLE DES MATIÈRES.
une.
[du de! Mucha .......... -. . . z ............. [Il LE REMÈDE D’AMOUR , Induction nouvelle
Notice sur la vie et les ouvrages d’Ovide. ......... VII par le même .............................
"en.
22!
210
LES HEROIDES p Traduction "Nulle P" m. Nolee du Remède dlAmour ..................
i Théophile hurlement ..................... I LES COSMÉTIQUES , fragment ; traduction
Fpître I. - Pénéloch UIyue ............... . mit]. nouvelle parle même ......................
2 35
Épine Il. - Phyllie ’a Démophoon ............. l Notes des Connétiquea .......................
246
Erin: III. -- Briaéie ’a Achille ......... -. ..... 7 I A
tanna - Phèdre a Hippolyte ............. no "mu" "°"’
[pi re V. - (2.00"! h Pâris ................. I4 ................
t’a!" n. - lupin-k à 1mn. l . . il lllllllll js LES MÉTAMORPHOSEÊ , traduction nouvelle
Épine vu. -. Bidon a Énée ................. 22 P" Il! - 1m" l’un", ’1 il. mimi» Cimier! et
hi"! "il - Hamme i Oran. ........... 26 Fouquler ........ . .......................
254
[un 1x - Déjanire i Hercule . ............. 29 UV" L - A"er -L 5° chu" du"? en
in". x. .- Amar... a Thésée ................ sa tint" fun?" thym-".1; là Summum" du
................ :2 a. w.
È . I -- "à à Maures .............. que re au o mon e. -- . rime et punition
æmxl". - Lambmiei maths." .......... jj déluge. - V. Deucalion et Pyrrha repeuplent la
Épine XIV. - Ilyprnnnenrc à Lyncéc ........ 47 œrn’ - YI’ Apollon tu le «Hum Python’
[in xv. - sarho a "mon ........... . u n . 50 - HI. Mctamorphoae de Daphno en hurler.
Ennemi.- l’irilâ une.» ............ . sa - ""- "él’ml’l’lmu du m seime» et 6°
Épine xvu. - Hélène à par. ............. .. M sirli" °" ""4" 5 m" ainsi": "hum d’ilibid.
ËpichVllI. -Léandrc’allèro. ........... 69 upplmh"; ””””
. - . . ...... vu mon un. - IGUIBIT- - . téton
g.- Aïeïelilaâï;; ...... . demande pour unjonr la conduite du char du So-
Eflm HI. p (haine à Mona ............. u leu; Il en frappe de la foudre et preclplle du
Remrkdléroîdee .................. . ....... 94 (ÉM- - 11- Un"! chance en cygne. - m. c.-
. lino changée en Ourse. - 1V. Le corbeau. de
[IFS AlOURS mdnfllon "Nivelle P" le même- dm blanc qulil cuit, devient noir. V. Ocyroé tranc---------------------- ° ’ ’ ’ ’ formée en cavale.-VI. Battue meumorplioeé en
un!
Mo pierre.-VII.AgIanrechangéeonmellah-VIH.
M.damnai;.I..IËIIÉ.ÎÏÏÏ.... .... un :::;i°”’°"”’[°’"’""" """’"’°’"è"° a"
269
L’ART D’AIHEB , traduction nouvelle par M. [un moulina-Aucune". -I. Agénor ordonne
Chariot Huard. . . .......... -. ............. 463 à (1:de de chercher on fille qu’il a perdue. Du
Chant 1.. . . . . . . . . ........................ ibid. Ioldau naiuentdee denta du dragon tué par CaliŒaox Il. . . . . . ............................ 480 mon. -- Il. Acléon métamorphosé en cerf.-- HI.
ml! Il! ................................. I97 Naissance du Bacchue. - 1V. Tirésial aveugle
Nota de l’Art d’Ainer .................... 2l 6 et devin - V. Écho changée en son; flamine en
a
TABLE
il
IL ur.- VI. Parthée, après la métamorphe. des"FV. Alcmène raconte à lole son enfantant labonnatelota en dauphins, charge Acétta de chailles : ’ rien: et la métamorphose deGalanthis belette.
’a anse de ce crime, il est mis en lambels: par l --VI. Dryope est changée en lotos. - VIL lolos,
les bacchantes ........... . . .............. 389 en jeune homme: -- VIII. ijlis, en fontaine.
l
Lina QUATllixl.-Âlcl7ln1’. - I. Alcithoé et ’ses - 1X. lphis devient homme ............ . . . sœurs s’obstinent à mépriser le culte de Bacchus:
l’ Livre malt-z. -Aanvlrrr.--I. Dante d’Orb
P yrame et ’l’hishé. - Amours de Mars et de
phée aux enfers. -- Il. Métamorphose d’Alain en
Vénus , d’ApolIon et de Lencothoé , de Salauds i
pin ; de Cyparisse en cyprès. - m. Ganymède
et d’Hermaphrodite. Les filles de Minée changées
enlevé dans l’olympe. - IV. Métamorphose
en chauves-souris, et leurs toiles en vignes et en
Hyacinthe en fleur. -- V. Da Cémtes en tau-
pampres. - Il. Ino et Mélioerte métamorphosés
raux; des Propètidu en pierres. - Yl. De la
en dieux marins. et leurs compagnons rochers
statue de Pygmalion en femme. -- VIl.de "pre-ha
et en oiuaux. - III. Métamorphoses de Cadmus
en arbre. - VIII. D’Adonis en anémone: d’Au-
et d’Hrrmione en serpents. - 1V. d’Atlaa en tante en lionne . et d’IIippomeoe en lion ....... HI
montagne. - V. Persée délivre Andromède. - À Line oniina.- Aaccncar. - l. Mort d’Orphée.
V1. Il l’épouse ............ . ............ 506 g - n, neume..pr de. muge. en "5m. ..
lava: encourt". - Amusant-I. Persée change l m. D" une du punk en on- Il ne. "fines
Phinée et la œmP’Em’" °° MIN"- - "v Il l de Midas en oreilles d’âne. -- V. Fondation de
"têt-mormon nui la"! et Polydefla- Chn- 1 Troie. - v1 Naissance d’Achille. - vu. Crime
fientent d’un enfant en lézard , de Lyncus en 1 et culimem de Pelée. -. Yl". Nnhse a mon
lynx; d’Athhe en hum" i lu Cime a ŒÂ’ à de (Jéya; description du palais du Sommeil;
retinsse en fontaines , et des Piérides pics. - ’ métamorphose de Céyx et d’Alcyone en alcyons.
lhl" de Pro"l’l’im- - W338" de Cela et -IX.D Ésaqne en plongeon ................ 435
deTriptoՏme ....... . .................... 525 la": muni-l. -. Anna". - l. sϟfio.
Livre matisse. - Amusant. - I. Métamorphose L dvlphifiénie. - Il. Pdaî. de la Ben m E ; m6d’Anc’m” en "flafla - n’ REM le me: W" i tamorphose de Cycoas en cygne. - Ill. Récit
hm" de hmm a en du?” en ml)". - l de Nestor: métamorphose de la vierge Cénis en
I". Hétum’"l”’°’° d" "Pu" [lehm c" 8"- l homme. puis en oiseau. Combat des Centaures
nouilles. -IV. Marsyas converti en fleuve. - l a du hphhu’ ,- Iv. Méhmorphoœ de périv- lzébi" PIN" mimé; la me"! lui amine!" clymène en sigle. - V. Mort d’Aclnille ....... 152
une épaule d’ivoire. - VI. Métamorphose de : Lu" "pub". m Alan-"T. g L Le, m
Téréc en huppe, de Pliilomèle en rossignol, de aman", rechmlu pu. Ai" a m’a; men-
amené en hirondelles - vu. 30”56 enlève Ori r morphose d’Ajax en hyacinthe. - Il. Mort de
aile; il en du" la” CIlIÎ! et lités . qui furent I Polysènc; métamorphose d’Hécnhe en chienne.
au nombre des Argonautes .................. 5H l - III. Dc Memnon en llcmnonides. - 1V. Fuite
Livre sanièlr.-Aacunar.- I..lason s’empare d’Ënée ç métamorphose des filles d’Anins en
de la toison d’or. par le secours de Médée. - colombes. - V. Mort de Galatée et d’Acis; Ilé-
II. Rajeunissement d’Éson. - Il]. La jeunesse tamorphoœ de Glaucus en dieu marin ....... 466
«(rendue aux nourrices deBacchus. -IV. Médée len QÙA’I’OIZIÈIE. - Amusant. - I. Métamor-
l’aittnerPéliasparIa main desesfilles.-V.Médée phose de Scylla en monstre. - Il. Voyage
massacre ses enfanta. - Yl. Médée s’enfuit ’a initiée; mëllmorphoae des Cercopes en singes.
Athènes. où elle est accueillie par Égée. - - Il. Des WmPISMM d’Uli’ue tu pourtant:
VII. Métamorphose d’Arnê en chouette ; peste du I’OÎ mais en Pl"?!- -- 1V. De! compagnons
d’Égine; métamorphose des fourmis en Myrml- de Diomède en oiseau. -- V. D’Appulo’s en ’
dans: que les envoie au secours d’Égée. -- alisier sauvage. - V1. Des vaisseaux dînée
vm. Céphlle etProcris ................... une en Naîadu-- VIL D’Ardée. ville des natales .
Live: nominal. - Aaconarr. -- I. Métamor- l en bêron--- VIH- d’Ënéecn dieu-- lx- D’AM-
phose de Niasse en aigle de mer . et de Scylla , a l xarrte en statue; amours de Pomone et de Verlille, enalonetle.- Il. La couronne d’Ariane placée tumne. -- X. Romulus devient le dieu Quirions,
parmi les astres. - llI. Dédale s’envole sur des et Hersilic la déesse IIora .................. 487
ailes; Icare, volant auprès de son père , est sub- Livre gouailla. -- Ascenseur. - l. Fondation
mené; métamorphose de Perdix. - IV. Mélu- de Crotone. - ll. Système des transformations:
5re tue le sanglier de Calydon: Alibi-c . mi-re du Pythagore l’enseigne ’a Numa. -- lll. Hippolyte
héros. accélère sa mon. - V. Naiadns changées devient le dieu Virbius; la nymphe Égérie chant-n êtres appelés Échinades. - VI. Philémon et. fiée en fontaine. --- IV. Tagès né d’une motte
Baueis. - Vll. Protée et Métra : impiété et clil- de terre. -- V. La lance de Romulus changée
liment d’Érisîchlllon. ...................... 378 en arbre. - VI. Cipus se voit des cornes. -Liv" nantira. - Ascenseur. - I. Ache’lolls Vll. Peste du Latium: Esculape accompagne le
vaincu parHercule;cerned’abondance.---ll.Mort Romains nous la forme d’un serpent. - VIH.
de Nessus. - III. Tourments d’llcrcule sur le Jules-César changé en étoile; éloge d’homme. 506
m0"! Œla. T 1V. Apotlwosc tl’ Hercule. - Notes des Métamorphoses. . . . . . . . ............ 535
k.
à.
DES MATIÈRES.
LB 1m13. manitou manne par H. J.
un
54!
657
lbid.
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laml.................................. lbid.
hml.................................. 558
un]! ..... ................ ...... out-00. 578
Mu"............"un".............. 599
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LettreVllJmunin ......... ...............
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802
805
Ibld.
Mu".................... ..... ..... ... 679
.......
brun! ..... . ............ ...... . 692 LettrePJScntu-Pompée
Lettrell.356vèn..........................
LIVIIY .......... ..................... .. 727 Lettrclll,lunnmiincomtant .....
807
803
809
mm, traduction manuel»: M. Char-
leIlIi-fll.......... ..... 664
806
lennlv... ............ ma.
laudanum ..... 744
[surclVJScxlus-anpe’e .....
Lettrevmuméme
hlanl,iBrulns ........... . ........
...... ........
uval ........... ........ ........ .. ...... lbld.
hiver,iBrutal...................... .. Ibid.
WEilaxille........... ........... .... 755
MiamiRIGn..................... ..... 756
[multilalemme"...................... 758
LettreVlll,i Buillhu.................. .....
LettrcÏX,i Gracimu.................. .....
84 4
LcllreXllJTullcanul ..... .................
822
825
l..eltreXlV,àTulicanun ............ . .........
824
826
827
829
DE! PONTIQUES, traduction nouvelle par le
ranch..." ............... ............ 754 LeureVll, àVuhlil.... ..... ... ............
hvaluim
....... .. ...... .......... 760
hum Ü. à Græcînlu ..... . ........ . ........ 762
LettreX,ùAIbinovanm....L.................
Lettre XI. i Gallion ............ . ............
Lettre Xlll. iCarus ......... . ........ .......
lmreYllJHaallimu.... ..... . ..... . ...... 763 LettreXV, àSexlus-Pompée ................. .
WeVIIIJSévère ...... .. ........... . ..... 765
Lettre XVl. à un envieux ............ . ........
hure 1X, i Haine ........... . ............ 766 Notes des l’antique: ................... . ..... .
lamLSFlaeclu ............... . ......... 768
La]!!! ................ .......... ........ 710
CONSOLATION A LlVlE-AUGUSTA . sur Il mon
de Brutus-Néron , son fils; traduction nouvelle
Un: Il. i flanchions ............. . ........ 77!
un: Il. lluime ...... . . ........ . ....... . 774
Nom de ln Consolation à Livie ................
hum!"JÇamnicuCènra. .............. . [bit].
par le même ............................ .
Mn".iAttlcns........ .............. .... 777 L’lBlS . traduction nouvrlle par le même .........
UreV. ESahnul ....... . .......... un... nid. Note; de l’lbis ............. . ...............
lamVlJGr-æcinlu..." ...... . ........ 779 LE NOYER . traduction nouvelle par le même" . .
unevlljhticu ................ . ........ 780 NotuduNoyer ...... . ............
1mn Will. Sil-lime Coin ................... 73!
hmm,auroiCotyl ......... ...... ........ 784
8l 0
812
8l 5
8l 6
819
824
853
854
845
860
865
870
ËPIGBAMMES sur les Amours et les Mât-mor-
phom. ........... . ............... . . . . . .
7 - wælw-
B14
AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.
La publication de ce volume peut être aussi justement qualifiée de nouveauté
raphique que notre Sénèque en un volume. Les OEuvres complètes d’Ovide,
nl le texte seul remtplit quatre volumes au moins dans les éditions ordinaires,
a qui, accompagnées ’une traduction, dépassent neuf volumes, sont contenues
tout entières , texte , traduction , notice très-développée , notes à tous les endroits
qui en exigent, dans un volume de cinquante-cinq feuilles.
Venus les derniers, nous avons, entre autres avantages attachés à cette position ,
celui d’avoir pu profiter d’un excellent travail philologique récemment publié
en Allemagne sur une partie des ouvrages d’Ovide. ll s’agit du texte des Héroîdes,
des Amours, de l’Arl d’aimer et du Remède d’amour, que les lettres latines doivent
à la sagacité de M. lahn, l’un des plus habiles philologues de l’Allemagne. Les
différences assez nombreuses que présente ce texte, comparé avec celui des éditions
ordinaires, sont toutes autorisées par les manuscrits, et. ce qui ne vaut pas moins,
profondément marquées du génie particulier d’Ovide.
Un de nos autres avantages de derniers venus est d’avoir pu donner une traduction non-seulement plus exacte , perfectionnement où nos devanciers nous ont
- été d’un secours que nous aimons à reconnaître , mais plus strictement fidèle au
tour d’esprit du oëte. Ce tour d’esprit, qu’on n’a (peut-être pas assez remarqué,
est un mélange e familiarité presque vulgaire et ’élégance presque précieuse,
qui distingue Ovide, non-seulement d’Horace et de Virgile, ce qui est dire une
chose banale, mais des poëles érotiques ses contemporains, de Tibulle son ami ,
de Properce, de Gallus, si ce qui nous est donné comme œuvre de ce dernier
poète est bien réellement de lui. [tien n’a été négligé pour que la traduction que
nous publions reproduisît ce mélange caractéristique, en demeurant toutefois
dans les conditions de toute traduction française , c’est-àodire en ne poussant pas
la familiarité jusqu’à la bassesse ni le précieux jusqu’à la pointe. L’identité de
l’original et de la traduction est une chimère; sacrifier le génie de la langue
qui traduit à celui de la langue traduite, c’est prouver qu’on ne sait ni l’une m
autre.
Enfin, il est encore un dernier pointde détail où nous croyons avoir perfectionné
cette édition. ll s’agit de la suppression des notes qui font double emploi z l’inconvénient en est sensible , surtout dansles OEuvres d’Ovide, ou reviennent souvent
les mêmes noms et les mêmes allusions. Avoir évité cet inconvénient n’est, nousle
sentons bien , qu’un mérite négatif z mais ce sont le plus souvent des mérites de ce
genre qui font la perfection relative des travaux où les qualités éclatantes ne sont
pas nécessaires ni peut-être possibles.
NOTICE SUR OVIDE.
Ovide tPublius Ovidius Naso l, naquit à SulIloue, dans l’Abruzze citérieure, le 45des calendes
d’avril,ou lem mars de l’an 744 de Rome, 45 ans
avant l’ère chrétienne. Le surnom de Nuso qu’il
hérita de sa famille avait, dit-on, été donné à un
l’époque, au jugement de Quintilien , Arellius Eus
eus, rhéteur à la diction élégante et fleurie , et
Portius Latro , dont notre poète mit plus tard en vers
la plupart des sentences. Sénèque le rhéteur nous
apprend qu’il composa, dans sa jeunesse, des dé-
le ouateux, à causede la proéminence de son
Il, canuse celui de Giono, illustré par le grand
mateur de ce nom, lui était venu de l’un de
tu pères, remarquable aussi par une petite ex-
clamations qui eurent un grand succès; il se rappelle surtout lui avoir entendu déclamer a la controverse sur le serment du mari et de la femme, n
croissance placée a l’extrémité du nez , et resImblant a un pois chiche. Ovide fut élevé à Rome
Il y biquenta les écoles des maltres les plus célèbres,
pouvait traiter avec une sorte d’autorité , ayant
me son frère Lucius , plus âgé que lui d’une année,
datai mourut a vingt ans. Un penchant irrésistible
cuisinait Ovide vers la poésie; il consentit toutefois à étudier pour le barreau , pour obéir à l’ex-
pert: volonté de son père, qui appelait les vers
ne usurpation stérile et Homère un indigent. Il
ruait de renoncera la poésie, qui étaitdéjàcomme
sujet souvent proposé dans les écoles , et qu’Ovitlo
déjà épousé ou plutôt répudié deux femmes. Il alla
ensuite se perfectionner à Athènes dans l’étude
des belles-lettres et de la philosophie, et visita.
avec le poêle Macer, son parent, les principales
villes de la Sicile, de la Grèce et de l’Asie-Mineure.
Une biographie, qui se voit en tète d’un ancien
manuscrit de ses œuvres , le fait servir en Asie sous
Varan; mais cette assertion est contredite par plu-
lGIËIl d’eux-mémés se plier a la mesure et
lisaient des vers de tout ce que j’écrivais. n Une
li aspérieuse vocation, au lieu de désarmer son
sieurs passages de ses poésies, où il parle et se vante
presque de [son inexpérience militaire. C’est du
moinscotnme poète qu’il signala son entrée dans le
monde. il nous dit lui-meme que lorsqu’on coupa
sa première barbe, cérémonie importante chez les
Romains, il lut des vers au peuple assemblé , pent-
pète, ne fit que l’irriter davantage; et l’on prétend qu’il ne s’en tint pas toujours aux remontran-
géants, une (la productions, aujourd’hui perdue; ,
ce; mais, poète en dépit de lui-même, Ovide,
desa jeunesse.
n langue naturelle, et de n’écrire désormais qu’en
Vous; il l’essaya: a Mais les mots, nous dit.il,
tandisqu’on lechâtiait, demandait grâce dans la
ètre un épisode de son poème sur la guerre des
Un passage de Sénèque le rhéteur ferait croire
languettes muses, et c’était en vers qu’il s’engagait
qu’ayant surmonté son dégoût pour l’étude aride des
in’cn plus faire.
lois romaines , Ovide était entré dans la carrière du
barreau et qu’il plaida plusieurs causes avec succès.
Presque tous les biographes d’Ovide s’accordent
lluidomer pourmattres, dans l’art de l’éloquence,
Ce qui est certain c’est que les premières charges
Plotin: Grippus, le plus habile grammairien de dont il fut révéla appartenaientà la magistrature, ou
un NOTICE
il exerça massivement les fonctions d’arbitre , de
mais non pu a inconnu avant lui, e mnrme il l’a
juge et de triumvir. En mite mon du tribunal . prétendu , car Propane aurait donné les premiers
suprême des centumvirs, il ledevint bientôt du
modèles dans deux de sa plus belles élégies. Il est
decauvirat, dignité qui fut la dernière qu’on lui
vrai que Properce, ainsi attaqué dans sa gloirepar
codera. L’auteur de l’Art d’aimer, s’il faut s’en
Ovide , avait lni-rnéme. en se disant a l’inventeur
de l éléaie romaine. n attaque celle de Catulle , qui
rapporter a son propre témoignage, déploya dans
l’exercice de ces charges des vertus et des talents
l’avait me dans cette carrière. Plus tard , Ovide
quilelirent distinguer des Romains. Il se montra voudra s’illustrer dans la poésie dramatique, et
meute si pénétré (le l’importance de ses devoirs
s’érriea (bus une’hn de vanité poétique : c Que la
publics , qu’il refusa , dans la seule crainte de ne la
pouvoir soutenir avecassezd’éclat, la dignité de
tragédie romaineme doivetout son éclat! s Au reste
sénateur , déjà bien déchue cependant, et à laquelle
mieres irrésolutîons; une élégie de ses Amours le
l’appelaieuta la fois sa naissance et ses satines.
montre hâtant enue les muses de la Tragédiect
de l’El gie, qui se le disputent avec une chaleur
a J’étais d’ailleurs sans ambition , nous dit-il, et je
n’écoutai que la voix des Muses, qui me conseillaicnt les doux loisirs. r il l’écouta si bien que le
charme des doux loisirs faillit l’enlever métueau
culte des Muses; mais l’amour l’y rendit. a Mes
jours,dit-il, s’écouhientdans la parme; le lit et
l’oisiveté avaient déjà énervé mon aine, lorsquele
désir de plaire à une jeune beauté vint mettre un
terme a ma honteuse apathie. a
tluousamis lui-mame dans le secretde sapre-
proportionnée au prix de la victoire. Cette dernière
l’emportemfin;maislatragediele "clamera un
jour. Pour le moment, Ovide se livre donc à la
po’œic elégiaqne, et, quoiqu’il ait pris soin de dé-
clarer lui-menue qu’elle ne lui doit pas moins que la
poésie épique àVirgile, sa place est après Properce
et’l’ibulle. Ce rang lui st assigné par Quintilien,
par tousles critiques , par la voix de ton les siècles;
d’entre eus, il la brigua comme la plushaute faveur,
ce quivaut bien l’opinion du seul Vossius , à qui il
plalt d’appeler Ovide le prince de l’elegie, elegiæ
princeps. Ovide a commencé la déœdenre chez les
slesvénérant, selonses expressions, à l’égal des dieux,
Latins, et si, dam ses Amours par exemple , on
Des qu’Ovide eut pris rang parmi les poètes, et
qu’il se crut des titres à l’amitié des plus célébra
lesaimantal’égal délai-même. n Mais il était destiné
admire une rare facilité, une foule d’idées ingénieu-
a leur survivre et à les pleurer. il ne fit, pour ainsi
ses et une inépuisable variété d’expressions, le
dire, qu’entrevoir Virgile ( Virgilium sidi tamtam l;
Horace [reput applaudir qu’aux débuts de sa muse;
goûty relève suai des tours forcés, la profusion
da ornements , de froids jeux de mots et l’abus de
il ne fut pas donné à Properce et à Gallus, les
pruniers membres, avec Tibulle, d’une petite so-
l’esprit, si opposé au simple langage .tu cœur.
Dans les Héroldes, mêmes qualités, mêmes de?
ciété littéraire formée par Ovide, et les premiers
fauts: Ovide ne pouvait d’ai;leurs échapper a la
confidents de sesvers, de voir sa gloire et ses mal-
mo:totonie résultant d’un fond toujours le même,
beurs. Liés par la conformité de leurs goûts et de
les regrets d’un amour malheureux , les repro-
leurs talents, aussi bien que par le singulier rap- ches d’amautes abandonnées. (En: ne ne pouvait
prochement de leur age (ils étalait nés tous deus
laméme année elle mémejour),0vide et Tibulle
devinrent inséparables ; et quand la mort du dernier
vint briser une union si tendre, Ovide composa
devant le bûcher de son ami une de ses plus tou-
chantes élégies. l ’
Ses parents et ses amis, presque tous courtisans
d’Auguste, le désignèrent bientôt a sa faveur, et
se plaindre à Paris autrement que Déjanire a lièrcule, qu’AÀrane a Thésée, eux, quoique le poète
ait déployé. dans l’expression de cet amour, un art
infini, et l’ait quelquefois variée avec bonheur par
l’emploi des plus riches fictions de la fable. Mais de
la même,il nalt souvent un autre dolant, l’abus
d’une érudition intempestive qui refroidit le senti-
le p-emier témoignage de distinction publique que
ment. Les "mon: n’offrent pasd aussi nombreuses
traces d’affectation que les Amour, mais le style
le poète reçut du prince futle don d’un beau cheval,
en est moins pur et moins élégant , et le lan-
lejour d’une des revues quinquennales des cheva-
gage parfois trop familier qu’il prête à ses persannages sied malà leur dignité. il semble qu’Ovide,
liers romains. Issu d’aleux qui l’avaient tous été, il
s’était lui-même trouvé dans les rangs des chevaliers,
avec une intention dironie qui rappelle "celle du
dans deus circonstances solennelles , c’est-à-dire
quand cet ordre salua Octave du nom d’Auguste ,
et, plus tard, de celui de Père de la patrie.
Ovide s’essaya d’abord dans plusieurs genres.
Il avait commencé une épopée sur la guerre des
chantre de la Pucelle, ait voulu réduire à la mesure commune des petites passions l’amour des
géants; mais Virgile venait de s’emparer du sceptt e
de l’épopée, etOvide abandonna la sienne. Il com-
préludait , comtre on l’a remarqué, à l’histoire des
"gses Hercules, genre, ilest irai, tout nouveau,
des Métamorphoses.
hémines de l’antiquité, dont les malheurs nous
apparaissent si grands à travrrs le voile des temps
fabuleux. Par la peinture des autours des héros, il
faiblesses des dieux , et les "druides sont un entai
SUR OVIDE.
S Ovide ne créa pas ce genre, il le mît du moins
a h mode; et Aulus Sabinus, un de ses amis , répnzîit, au nom des héros infidèles , aux épîtres des
hémines délaissées; mais il laissa à ces dernières,
sa: doute par un raffinement de galanterie, tous
les avantages de l’esprit qu’Ovide leur avait donné.
A38 avoir chanté les amours des héros, Ovide
Il
de cette maltresse mystérieuse, et se donna publiquement pour l’héroïne des chants du poète? Du
soin même qu’il a mis à taire lenom de la véritable,
on a induit qu’elle appartenait a la famille des
Césars. On a nommé Livie, femme de l’empereur;
mais la maltresse eût été bien vieille et l’amant bien
jeune: on a nommé Julie , fille de Tibère; mais
chanta la siennes, qui lui avaient acquis une
alors , au contraire , la mattresse eût été bien jeune
rigidifie crie’brilé. Il n’était bruit dans Rome
et l’amant bien vieux; ce que ne permettent de
supposer ni la dateni aucun passage des Amours.
que de ses exploits amoureux; ils faisaient l’entret’rn des riche dans leurs festins, du peuple, dans
la capteurs , et partout on se le montrait quand il
venait à passer. Attirées plutôt qu’éloignées par
On a nommé Julie, fille d’Auguste, et cette opinion.
consacrée par l’autorité d’une tradition dont Sidoine
Apollinaire s’est fait l’écho , n’est pas aussi dépour-
vue de toute vraisemblance , quoiqu’on ne l’ait ap-
(ethniputation, toutes les belles sollicitaient son
lamanage, se disputaient le renom que donnaient puyée que sur de bien futiles raisons. J ulie , veuve
murmure! ses vers; et il se vante d’avoir , en les
bisant connaître, doté d’une foule d’adorateurs
leurs charmes jusqu’alors ignorés. "avoue d’ailleurs
ingénument qu’il n’rst point en lui de ne pas aimer
de Marcellus, avait épousé Marcus Agrippa; or,
dit-on, les élégies parlent du mari de Corinne, de
ses suivantes, d’un eunuque. Ailleurs, il la compare
à Sémiramis; ailleurs encore, il lui cite, pour l’en-
tontes les femmes, même à la fois, et les raisons
courager à aimer en lui un simple chevalier romain,
quîl en donne , quoique peu édifiantes, font de cette
l’exemple de Calypso qui brûla d’amour pour un
mortel, et celui de la nymphe. Égérie, rendue sensi-
unitarien une de ses plus charmantes élégies. Le
un] était surtout que ses maîtresses avaient quel-
ble parle juste Numa. Corinne ayant, pour conser-
caletois des rivales jusque parmi leurs suivantes.
ver sa beauté, détruit dans son sein le fruit de leur
Gouine raccusa un jour d’une intrigue avec Cypsis sa coiffaise; Ovide, indigné d’un tel soup-
amour , Ovide indigné lui adresse ces mots , le
triomphe et la joie du commentateur: a Si Vénus,
çrm , se répandent plaintes pathétiques , prend tous
avant de donner le jour à Entie, eût attenté a sa vie,
le; dieux à témoin de son innocence. renouvelle
la terre n’eût point vu les Césars l n Enfin , s’écrie-
les protestations d’un amour sans partage et d’une
t-on victorieusement, le tableau qu’Ovide a tracé,
dans une des dernières élégies de ses Amours, des
tu; lité sanshornes. Corinne dut être entièrement
rassurée. Mais l’épltre suivante ( et ce rapprochenmtat déjà très-piquant ) est adressée à cette Cy-
mœurs dissolues de sa maîtresse n’est que celui des
pssis; il la gronde doucement d’avoir , par quelque
public des troupes d’amants éhontés, qui affichait
prostitutions de cette Julie, qu’accompagnaient en
jusque dans le Forum, dit Sénèque, le scandaleux
spectacle de ses orgies nocturnes , et que ses déborregards jaloux de sa maltresse, d’avoir peut-être
rougi devant elle comme un enfant; il lui enseigne dements firent exiler par Auguste lui-nième dans
l’île déserte on elle mourut de faim. Mais toutes ces
a mentir désormais avec le même sang-froid que lui,
indiscrétion, livré le secret de leur amour aux
a finit par lui demander un rendez-vous.
Le remeil de ses élégies fut d’abord publié en cinq
phrases d’Ovide à sa Corinne peuvent n’être que des
hyperboles poétiques , assez ordinaires aux amants,
livres , qu’il réduisit ensuite atruis , a ayant corrigé,
etapplicables à d’autres femmes que Julie , et n’avoir
it-il, en les brûlant,n celles qu’il jugea indignes des
point le sens caché qu’on n cru y découvrir. Il en
regads de la postérité. ’A l’exemple (le Gallus, de
est qui ont pensé mettre fin à tontes les conjectures
Propane et de Tibulle qui avaient chanté leurs
en disant qu’Ovide n’avait , en réalité, chanté aucune
belles nous les noms empruntés de Lycoris, de Cynthie et de Némésis, Ovide célébra sous celui de
Corinne lamaîtresse qu’il aima le plus.Tel est du
femme . et que ses amours, comme celles de Tibulle
et de Properce, n’existèrent jamais que dans son
lutins le nom que plusieurs manuscrits ont donné
pour titre aux livres des Amours. Mais quelle était
(file Corlnne? Cette question, qii n’est un peu
qui n’est qu’une manière expéditive de trancher une
importante que si on la rattache à la cause de l’exil
d’Oiide, alongtemps exercé, sans la satisfaire , la
parant: curiosité des siècles; et comment eût-ou
pénétré un secret si bien caché même au siècle
d’0 vide,queses amis lui en demandaient la révélation
imagination et dans celle des commentateurs; ce
difiiculté insoluble.
Les plaisirs ne détournaient pas Ovide de sa
passion pour la gloire: a Je cours, disait-il , après
une renommée éternelle, et je veux que mon nom
soit connu de l’univers. n L’œuvre qui nourrissait en
lui cette immense espérance était une tragédie ; et le
témoignage qu’il se rend à lui-même , en termes , il
anime une faveur . etqne plus d’une femme, profitant. pour se faire valoir, de la discrétion de l’a-
est vrai, peu modestes, d’avoir me la tragédie
yant deCorinne, usurpa le nom, devenu célébré,
juger par les efforts plus louables qu’lieureux des
romaine, peut avoir un grand fond de vérité , à en
x N01 lClü
écrivains qui s’étaient déjà essayes dans ce genre,
à l’exemple du prince. lequel, au rapport de Suétone,
l’art de tromper sans cesse. Il fut au reste, et c é-
avait composé une tragédie d’Ajax. connue seule
nicieuse; car sa meilleure élève fut sa maîtresse
elle-même , laquelle, un jour, le trahit urf-me en sa
ment par le trait (l’esprit dont elle fut pour lui
tait justice, la première victime de sa science. per-
l’occasion quand il la détruisit.
présence, et tandis qu’il feignait de dormir après un
La postérité ne peut prononcer sur le talent dont
Ovide [il preuve dans Cette nouvelle carrière, puisque
joyeux souper.
sa Médée est aujourd’hui perdue. On a nié qu’il eût pu
on ne se contenta pas de le lire, on le mit en ballet , et
il fut pendant longtemps le sujet de représentations
être un bon auteur dramatique , en ce qu’il est tr0p
L’AI-t d’aimer obtint un grand succès à Rome;
souvent, dans ses autres ouvrages, hors du sentiment
mimiques, ou l’on en déclamait des passages toujours
et de la vérité. Un fait qu’on n’a pas remarqué donne
applaudis. Ovide continua dejouir dela faveur d’A uguste, bien qu’il se bornât a le flatter dans ses vers
et fréquentât peu le palais des Césars; car, malgré
à cette assertion quelque vraisemblance;c’est que Lucain, peu de temps après, composa une tragédie surie
mème sujet; il ne l’aurait point osé , si celle d’Ovide
eût été réputée un chef-d’œuvre. Toutefois elle
jouit longtemps d’une grande renommée: a Médée ,
la licence de ses écrits, ses goûts étaient restés sim-
dit Quintilien, me parait montrer de quoi Ovide
à greffer ses arbres, à arroser ses fleurs. ll n’aimait
entêté capable, s’il eût maîtrisé son génie au lieu
point le jeu. A table, il mangeait peu et ne buvait
de s’y abandonner; n et l’auteur, inconnu mais
guère que de l’eau, et il est presque le seul des an-
fameux , du Dialogue sur les orateurs, met cette
cieus qui, à l’occasion de l’amour, n’en ait pas,
comme on l’a dit, chanté le plus déplorable égare-
pièce ail-dessus de celles de Messala et de l’ollîon,
ql.’ m a surnommé le Sophocle romain, et à côte du
ples et ses mœurs devenues presque austères. ll se
plaisait à cultiver lui-môme la terre de ses jardins ,
ment. ll ne connut point l’envie; aussi (et il se plalt
latine.
à le rappeler souvent) la satire respecta-belle et ses
ouvrages et ses mœurs.
Deux vers, voilà ce qui reste de la mon» d’Ovide,
parce qu’on les trouve cités , l’un, dans Quintilien :
Ovide, connue pour en expier le tort, et se faire
’l’byeste de Varius , le chef-d’œuvre de la scène
Après avoir donné des leçons de l’art d’aimer,
pardonner un ouvrage u écrit dans la fougue des
Servare pelai. perdcre au possim reçus .’
l’autre, dans Sénèque le rhéteur:
passzous,» voulut enseigner l’art contraire, celui
de ne plus aimer, et il composa le Remède (l’amour,
«ouvrage de sa raison, n dit-il; mais il oublia parFeror hue illuc, u! plana deo.
fois son nouveau rôle, et le lecteur étonné retrouve
dans ce poème les inspirations de la muse l cencieuse
Ovide, après avoir chanté l’amour, voulut en
donner des leçons , fruit d’une heureuse expérience,
et composer, pour ainsi dire, le code de la tendresse
qui avait souillé l’autre; d’où l’on n’a pas manqué
de dire que le remède était pire que le mal.
Plaire était toute une science aux yeux d’0vide ;
ou plutôt de la galanterie : il écrivit l’Art d’aimer.
il a voulu l’épuiser et en donner comme un traité
On l’a souvent accusé d’avoir, par cet ouvrage,
ajouté à la dépravation des mœurs romaines ; mais
rien n’y approche de la licence obscène de plusieurs
pièces de Catulle et de quelques odes d’llorace. Eut-
complet. Une des parties (le ce traité est un petit
il osé, s’il se fût cru Iui-méme aussi coupable, s’é-
crier devant ses contemporains : u Jeunes beautés,
prêtez l’oreille à mes leçons; les lois de la pudeur
vous le permettent :je chanterai les ruses d’un amour
poème, en vers élégiaques, sur l’art (le soigner
son visage (de Medicamiue ravier), ou il donne
la formule des diverses pommades qui enlèveront
les taches du visage et les bourgeons dela peau, etc.,
ou, après les secrets de la composition, il révèle
ceux de la manipulation, et indique, avec une exactitude rigoureuse, la dose de chaque ingrédient.
une secrète ironie on un piége adroit tendu a l’in-
Ovide, après ces ouvrages frivoles. en composa de
plus graves, et commença les Métamorphoses et les
Postes, ses véritables titres. ll avait perdu son père
nocence curieuse des jeunes tilles, ils montrent en
et sa mère , morts tous deux dans un age avancé.
lui, ainsi qu’on l’a remarqué, une singulière illusion.
Sa famille, aprés eux, se composait d’une femme ado-
Martial lui-mémo, il est vrai, dit aussi de ses vers
que les jeunes filles pourront les lire sans danger;
mais ces exemples semblent au moins prouver que
qu’ilépousa;d’une fille nommée Pérille, dont il vante
beaucoup d’expressions dont l’impurelé nous blesse
a Comélius Fidus, dont Sénèque raconte qu’il eut
exempt de crime, et mes vers n’offriront rien que
l’on puisse condamner! n Si ces mots ne sont pas
rée, issue du sang illustre des Fabius, et la troisième
les succès dans la poésie lyrique, et qu’il avait mariée
n’avaient pas chez les anciens ce caractère et cette
un jour la faiblesse de pleurer en plein sénat, parce
portée. Le véritable tort (l’Ovide est d’avoir enseigné non pas l’amour, mais à s’en faire nu jeu , à en
qu’un certain Corbulou l’y avait appelé autruche
pelée. Seul héritier du bien (le ses pères, Ovide
placer le plaisir dans l’inconstance et la gloire dans
possédait à Sulmone d’assez beaux «lointaines; a
SUR ONDE.
be, mmfiflIIthnùpitoie; dans les fauhugs, de vastes jardins situés sur une colline,
mhvoieClaudienneetla voie Flaminienne.La
barrissonœmmerceu l’agrémentdeson esIi’asiavaientfaitnngrand nombre d’amis); liste
d longue des personnages distingués qui faiùtaa satiété habituelle; il suffira de nommes-
mais relégué a l’extrémité de l’empire, et cette der-
nière peine laissait à ceux qui la subissaient leur
titre de citoyen et la jouissance de leurs biens. Toutefois un de ses amis, dans la crainte que l’empereur,
achevant de violer les lois, nedépouillat le condamné,
lui fit l’offre généreuse de la moitié de sa fortune.
Le proscription dont le poète fut l’objet s’étendit
Ym, le plus savant des Romains; Hygin, le jusque sur ses ouvrages, qu’on enleva des trois hibliothèques publiques de Rome. Maxime . absent
Malebibliothéœiredupalaisde l’emm; Celse, qu’on a nommé l’Hippocrate des
à l’époque de son départ, le rejoignit a Brindes et
latin; Carus, précepteur des jeunes Césars;
lui lit ses derniers adieux.
I. (2m, consul à l’époqueoù parut l’Art d’aimer.-
Blûl,quiavaitétéqumteurenAsie; Suillius,ami
à Gcmaniens; Sextus Pompée; Brutus, le fils,
Canin meurtrier deCésar,etc. Mais detous
mais, leplusancienet le plus cherétait Maxime,
Çi ducendait (la Fabins. Maxime avait épousé
larda, parente à la fois de la femme d’Ovide et de
Tanneur, dont il fut longtemps l’ami et le confishnt. Ovide, ainsi entouré des amis d’Auguste,
m a jmais assuré de la faveur du prince. il
Ovide nous a laissé l’itinéraire de son voyage, qui
ne fut pas sans périls. Le vaisseau qui le portait flotta
longtemps sur l’Adriatique, battu par d’horribles
tempêtes. Le poète mit pied à terre dans la Grèce.
traversa l’isthme de Corinthe , et monta sur un se-
cond vaisseau au port de Cenchrée , dans le golfe
Saronique. il fit voile sur l’Hellespont et passa à
pied par le pays des Bistoniens, peuple féroce de la
Thrace, dont iléprouva la cruauté. Sur. un troisième
sait riche; il n’avait point d’ennemis; ses vers fai-
vaisseau , il traversa la Propontide et le Bosphore de
Thrace ; et, après une longue navigation , il parvint,
saient la délices de Rome ; il vivait enfin dans la
sur la rive gauche du Pout-Euxin, au lieu de son
passion de tous les biens dont il pouvait être.
exil , à la ville de Tomes, située vers les bouches du
aile, lorsqu’un coup terrible, imprévu, vint le
Danube, et sans cesse attaquée par les Daces, les
Gètes , les Jazyges et les autres peuples armés
frippe. Un ordre d’Auguste relégua sur les bords
du Pont-Enfin, aux dernières frontières de l’em-
pire, chu les Barbares, sur uneterre inculte et
fluidement glacée , ce poète, naguère son ami,
a: déjà âgé de cinquante-deux ans.
Ovide a tracé, dam la plus touchante de ses élégies, letableaudes moments qui précédèrentson dé-
part : c’était la nuit du t9 novembre 763 de Rome;
nmaisonretmtissaitdœgémissements deoeux de
uniateste’sfideiesàsafortunenafllleétait alors
contre la domination romaine , qui s’arrêtait la.
Il nous faut maintenant dire quelques mots du
problème proposé depuis des siècles a la sagacité des
savants de tous les pays, c’est-à-dire de la véritable
cause de l’exil d’Ovide. On ferait de gros volumes
de toutes les conjectures hasardées sur cette quesp
lion, qui, seule, a été le sujet de livres entiers ; et l’on
peut aujourd’hui élever jusqu’à douze le nombre des
systèmes qu’a fait imaginer l’examen de ce point curieux d’histoire littéraire.
nAniqueavecsonnnri, quiyexerçaitonnesait
Ovide attribue son exil à deux causes, a la publiallah dingo. Satanmeinvoquaitle ciel en sancation de Un d’aimer, qui n’en fut certainement
m; agenoux,les ehevenxépars, ellesetralnait .1 piedsde ses dia: domestiques et baisait quele prétexte, et a une erreur, à une faute qu’il a
commise, mais sur laquelle il a partout gardé le sibbpséteints.01idevonlaitsedonna lamart;
lence :
nhe,sesamisl’en détournèrentafomede
pitaudelarmea, et (En, lepressantsurson
ont, hitltapùrdestanpspiusheureux.l.e
Psi-dilata! gamma du mm, car-men et errer;
’ 11W [un est" attende mut est.
peu, maudissataon génie, brûla avec plusieurs
des. ouvrages celui des Métamorphoses, qui n’é-
Et cette fauta dut être surtout celle de ses yeux :
aitpsencore termine, mais dont heureusement
Cerf alignai sidi f au noria lamina [cet P
il s’était déjà répandu plusieurs copies dans Rome.
Enfinlejonrcommmçaitaparaltre; un des gardes
lm chargé del’accompagner, hâte le départ:
sa mentit le suivre dans son exil; mais il la
mederesteraltomepour tacherdefiéchir An-
Enfinsesamis et sa maiso’ n lapartagèrent avec
lui:
Quid refera!!! eomüumque «fa: [amulosque noctules P
gnste :dleoède,œjetteépioréedanssesbras,l’é-
Telles sont les discrètes révélations qui ont en partie
tien made-mère fois et tombe bientôt évanouie ,
servi de texte à toutes les conjectures des érudits.
Le champ était vaste, et ils ont largement usé du
droit que semblait leur donner le vague même de la
a aléa on avait me Ovide.
Cen’était ni un arrêt du sénatni laseutence d’un
ramai qui avait condamné Ovide, mais un simple
question d’en faire sortir les explications les plus hi-
évade l’anpereur; il n’était ni exilé ni exporté,
zarres. Quelques-uns, au contraire, ont voulu, mal-
NOTICE
Il!
gré Ovide lui-même, qui assigne deux causes à son
ingénieuse, plus neuve, sinon plus solide. que toutes
exil, n’en admettre qu’une, l’Art d’aimer; et ils ont
ces conjectures, et consacrée depuis par l’assentiment
représenté ce poète comme une des victimes de la
réaction morale qui eut lieu sous Auguste, quand ce
prince, qu’on a comparé à Louis XlV , entreprit,
après avoir scandalisé le monde, de lui donner, dans
des critiques. Cette disgrâce eut, suivant lui, une
sa vieillesse, l’exemple d’une grande sévérité pour
dominé par Livie, était dans son palais faible et
malheureux. L’empire, après lui, appartenait à
Agrippa son petit-fils; mais Livie voulait le donner
ce qui touchait les mœurs; sévérité tardive, qu’at-
testent l’exil de Julie et plusieurs passages des écri-
cause toute politique: maître d’un secret d’état,
Ovide paya de l’exil la dangereuse initiation aux affaires de l’empire. Puissant dans l’univers, Auguste,
vains de ce siècle. L’A rt d’aimer. ouvrage innocent
à’I’ibère, qu’elle avait eu de son premier époux;
pendant dix ans, devint donc tout à coup une œuvre
elle rendit Agrippa suspect à l’empereur, et le fit
criminelle aux yeux du prince qui avait naguère
bannir. C’est vers la même époque que fut exilée
protégé les poètes les plus licencieux, et composé luiméme des vers que l’auteur de l’Art d’aimer eût,
Julie, sœur d’Agrippa, et qu’Ovide fut relégué s
comme on l’a dit, rougi d’insérer dans ses chants.
née peut être attribuée à la même cause; ou bien le
D’autres veulent qu’il ait été exilé pour avoir lu a
poète avait cherché à réveiller en faveur d’Agrippa
la tendresse d’Auguste, que Tibère effrayait déjà; ou
Julie les derniers vers dece poème; mais Ovide parle
d’une erreur, d’un crime de ses yeux. Il fut donc ,
a-t-on affirmé, le témoin des débauches impériales,
et ilaurait surpris le secret des adultères ou des incestes d’Auguste; mais Ovide, qui rappelle si sou-
Tomes, et cette proscription commune et simulta-
bien le hasard l’avait rendu témoin de quelque
scène honteuse entre Auguste,Tibère et Livie, et il
dut expier par l’exil ses vœux pour Agrippa ou le
crime de ses yeux. On sait en effet, Tacite et Plu-
vent sa faute, n’eût-il pas craint, si elle avait en quel-
tarque l’attestent, qu’Auguste songea un moment
que chOse d’offensant pour l’honneur d’Auguste ,
a rappeler son petit-fils. Accompagné du seul
d’irriter , par ce souvenir, plutôt que de désarmer
sa colère? Ovide, suivant d’autres, fut non seulement le témoin, mais le complice des débauches de la
famille impériale, soit avec Livie, que son âge eût
du mettre à l’abri de ce soupçon, et pour laquelle on
Maxime, son confident et l’ami le plus cher d’Ovide,
il visita dans l’lle de Planasie l’infortuné Agrippa.
a aussi prétendu qu’il avait composé l’Art d’aimer ;
soit avec Julie, tille d’Augnste, qui était cependant
reléguée depuis dix années dans l’lle Pandataire
quand Ovide le fut a Tomes; soit enfin avec la Julie
La il pleura, dit-on, avec lui et lui fit peut-être espérer l’pire. Maxime eut l’imprudence de confier
ce secret important à Marcia, sa femme, et celle-ci de
le révéler a Livie. Maxime se tua pour échapperai
Tibère, et Ovide s’accusa toujours de la mort de son
amr.
Cependant Auguste allait pardonner a Ovide,
petite-fille de l’empereur, laquelle n’était pas née
lorsque le poète écrivait les Amours. A ces opinions
Copeau [mais me igname alpe.
l’on peut objecter encore qu’Ovide n’eût pas ajouté
à sa faute celle de rappeler sans cesse a Auguste son
déshonneur dans celui de sa femme, de sa fille on
de sapetitefille. D’ailleurs, être le complice de l’une
ou de l’autre, ce n’était pas voir, mais commettre une
quand il mourut subitementa Nue. Tibère lui suc- a
cédé; Agrippa tombe sous le glaive d’un centurion;
sa mère et sa sœur périssait dans l’exil : celui d’0-
vide ne pouvait plus avoir d’autre terme que la mort.
Ses plus implacables ennemis n’étaient-ils pas Tiv
faute; ce n’était pas simplement une erreur, mais
un crime. Le poéte, en comparant quelque part son
hère et Livie, qui, après l’avoir fait reléguer à Touts
erreur a celle d’Actéon, a semblé, aux yeux de quel-
par Auguste, devaient vouloir qu’il y mourût?
ques-uns, vouloir en indiquer la nature; il ne s’agissait plus que de nommer la pudique divinité qu’avait
pu blesser l’indiscrétion d’Ovide, et l’on n’a rien
On peut se figurer le désespoir d’Ovide lorsqu’il
se vit enfin dans cette ville. Il n’entendait pas la lait
gué de ce peuple sauvage, et, pour ne pas désappren-
imaginé de mieux que de le montrer contemplant au
bain, d’un œil furtif, les charmes sexagénaires de
dre la sienne, il en répétait tout basles mots qu’ilcral-
Livie. Enfin, il aurait surpris la seconde Julie avec
au regard féroce, aux habitudes sanguinaires, tels
gnait le plus d’oublier. Des hommes à la voix rude,
un de ses amants, et aurait livré à ses serviteurs et
à ses amis cesccret, qui, grâce à eux, serait bientô
étaient désomiais les concitoyens du poète galant de
la Rome impériale. Sans cesse menacés, attaqués
devenu celui d e Rome z I
sans cesse par les hordes voisines, les Tomitains Vivaient armés, ne quittaient jamais leurs traits empoisonnés du fiel des vipères. Les toits des maint!
Quid referons comitumque urfar famulorqus amines .’
étaient hérissés de flèches lancées par les Barbares:
Chacun a cherché le mot de cette énigme; qui l’a
trouvé? De nos jours, cependant, un traducteur d’0-
souvent les sentinelles jetaient le cri d’alarme, car
vidca donné, de ’a disgrâce du poctc, une explication
cherchant a surprendre et à piller la ville; les Itabr
zen
des escadrons d’ennemis avaient paru dans la Will?»
SUR OVIDE.
Il"
un courraient tous aux remparts, et il fallut plus l cet ami perfide , et ne le voue à l’exécration de la
(me fois qu’Ovidecouvrtt d’un casque sa téte blan- l postérité que sous le nom d’lbis. Callimaque, ou-
rlienne, et armât d’un glaive pesant son ,bras af- I
khi!
tragé par Apollonius de Rhodes, l’avait, dans une
satire violente, immolé a sa vengeance sous le nom
du même oiseau, dont l’on ne saurait préciser l’aLe climat était digne des habitants; le poêle latin j
1!an des descriptions si affreuses que les Tomitains, î nalogie avec les ennemis de ces deux poètes, à moins
me de ces invectiva, l’en reprirent durement 1 ; de penser que, comme cet oiseau, selon la croyance
a «me ru; obljgé de leur faire des excuses et ’ des anciens, faisait sa nourriture habituelle des ser-
d’ attester qu’il n’avait peint voulu médire d’eux. Il pents et de tous les reptiles, il devait renfermer en
g vanna. dm que des campagnes sans verdure, g lui tout leur venin. Dans ce poème de plus de six
h "blaps sans fleurs, des neiges et des glaces E cents vers , Ovide énumère tous les 0éeteurlhs Les Sarmates conduisaient sur le Danube
dmlePont-Euxindes chariots attelés debœufs. Les
lèbres dans l’histoire et dans la fable , pour les souhaiter à son ennemi. On les a comptés; il en cite 259,
longs W et la barbe qui cachaient leur visage qu’un professeur de belles-lettres de l’université de
Paris, dans le seizième siècle , imagina de distribuer
minimt du cliquetis des glaçons. Le vin, euduru’parlefroid, nese versait pas, maisse coupait
avec le fer.
lee était la tare d’exil du poète qui venait de
(piaule palaisdes Césarsetlesdélices deRome.
les muses furent sa seille consolation. Déjà il avait
en quarante-deux espèces, dans un ouvrage divise
en autant de chapitres.
avoyé allume le premier livre des Tristes. composé
jamais écrit les six derniers, ou bien sont-ils perdus?
Ces deux opinions ontété soutenues, et, ce qui peut
paillant son voyage,et, a peine arrivé dans le P0ut,
décrivitpour Auguste le second livre, où il demande
n lieu d’exil plus rapproché et dans un climat plus
bu. Sa muse attristée scapin encore quelques
destinéesàceux de ses amis qui
étirait ratés fidèles a sa fortune, qui avaient chez
un son portrait qu’une main pieuse avait couronilé
ùliaredes poètes, et qui, a leur doigt, portaient
gravée sur des pierres précieuses la tète du proscrit.
Ovide, dans son exil, travailla au poêmedes Fortes.
commencé avant sadisgrace. Cet ouvrage, qui devait
avoir douze livres, n’en a que six : l’auteur n’a-t-il
étonner, chacune a invoqué pour elle l’autorité du
même vers des Tristes, le seul qui fasse mention des
Fortes. Heinsius conjecture que les derniers livres ,
s’ils furent composés, étaient déjà perdus au com-
mencement du quatrième siècle, parce qpe Lactance, dans ses Institutions divines , n’a tiré que des
six premiers livres les citations qu’il emprunte a ce
poème. Les Fautes, malgré cette lacune. sont les au.
Toutefo’ui, de peur de les compromettre, il s’abstint,
nales les plus pleines de l’antiquité, dont l’auteur nous
hpremieru année, de lesnommerdans sesvers:
fait connaître , dans sa poésie riche et brillante, les
cérémonies religieuses, les institutions, les fêtes, les
traditions sacrées, les croyances populaires. a Ovide,
a-t-on dit, possède la science de l’aruspice et du
in: l’os: queplns tard, dans les longues épltres dont
se compose le recueil intitulé les Pontiques.
lais le poète a perdu l’inspiration de ses jeunes
nées, et sa malheurs, il nous le dit luiomeme, ont
grand-prêtre , et c’est avec raison qu’un écrivain du
éteint songénie. Lapureté de sa langue s’est même
quelque peu altérée sur cette terre lointaine, et il
moyen age appelle les Fortes un martyrologe (martyrologium Ovidii de Pastis); c’est en effet comme le
un presquelui donner raison quand il seplaiut, en
Livre des Saints de l’antiquité . et pour ainsi dire sa
phisantant, d’être devenu Samate jusque dans son
styb. Malheureux, il a, comme aux jours des plaisirs,
couru après l’esprit pour nous exprimer les senti-
le plus parfait des ouvrages d’Ovide.
ments de son âme, et il n’a souvent rencontré que le
le poème des Métamorphoses . auquel l’auteur lui-
mm goût. Rarement il a su varier, au moins par
même, dans les vers plus vrais que modestes qui le
l’expression, le sujet, toujours le même, deses plaintes
terminent. a promis une glorieuse immortalité. Sa disgrâce subite ne lui avait pas permis d’y mettre la der-
fastidieuses, et ses vers ne sont plus, si l’on peut parlerainsi, que la monotone et pale modulation d’une
douleur qu’on dirait factice.
De Rome, il lui venait encore des chagrins, au
lieu de consolations; il apprenait qu’on s’y répandait en déclamations contre lui, qu’on y appelait sa
hume du nom injurieux de a femme d’exilé,.o , et
qu’un de ses plus anciens amis (on croit que c’est
légende.» Quelques modernes ont pensé que c’est
Mais l’opinion proclame comme son chef-d’œuvre
nière main , et il le retoucha . ainsi que les Postes,
dans les longs loisirs de son exil. Où ne se trouve pas
l’éloge, maintenant épuisé, de ce poème , la Bible
des poètes , comme on l’appelait dans le quinzième
siècle? Les uns en ont admiré leplan, aussi vaste que
bien rempli, dans lequel se déroule à nos yeux l’his-
toire la plus complète et la plus attachante des
ursin) osait demander a Auguste laconfiscation de croyances et des divinisations philosophiques de
ses biens. Ce dernier coup lui fut le plus sensible; il l l’antiquité païenne; les autres, l’unité, si dimeile
s’arrne alors du fouet de la satire; mais, généreux
à maintenir au milieu de l’inconcevable variété d’é-
jusque dans sa colère . il frappe, sans le nommer
vénements, de personnages et d’idées qui s’y pres-
[W
Nonce
sent, l’ordre et l’harmonie qui y règnent, dans ce
désordre apparent, et avec cette liberté d’une imagi-
nation inquiete et mobile; la solidite de cette trame
si longue. ou se tiennent, sans se confondre, les fils
délies qui la composent; ceux-ci, l’érudition prodi-
gieuse qu’atteste un tel ouvrage, et ils ont cité, faisant grâce du nom des autres, jusqu’à quarante-
huit auteurs comme étant les sources pIiIlClpUiCs
auxquelles a puisé Ovide; ceux-la euliu, les grâces
infinies de la diction, la richesse du style et l’iuépuisable variété d’expressions, si nécessaire dans un
poème de douze mille vers. Tous ces mérites ont
fait justement l’admiration des critiques, et feront
à jamais celle des siècles futurs.
C’est revenir de loin que de parler ,après les Me-
parle dans les Poutiques; d’un autre sur labataillc
d’Actium. enfin d’un ouvrage sur la science de:
augures, hommages de sa muse à T ibère. qu’ils ne
devaient pas plus lléchir que ses basses adulations
n’avaient fléchi Auguste. Car on doit dire qu’il ne
montra dans l"exil aucune dignité : il n’envoyait rien
à Rome ou la louange la plus outrée ne fût prodiguée a Auguste, ou ne fussent épuisés toutes les
formes et tous les termes de la plus lâche flatterie;
il composa en langue gétique un long pot-me consacré à l’éloge de ce prince et aujourd’hui perdu; il
poussa euliu la démence , quand il apprit sa mort.
jusqu’à lui consacrer une petite chapelle, où il allait
tous les matins l’adorer sous le nom de dieu et de Ju-
piter,et , seul ministre de ce culte nouveau, offrirlui-
tamnrphoses, d’un poème généralement attribue à
même l’encens à a sa divinité. n [’n des biographes
Ovide, sur la pèche ou les ruses des poissons, (Malienu’con) ouvrage loué par Pline , et dont il ne reste que
d’Ovidea essayé de lui faire pardonner cette honteuse
idolâtrie, en montrant que tous les poètes ses contem-
des fragments que les copistes etles commentateurs
porains s’y associaient, et qu’elle était consacrée par
ont cependant trouvé le moyen de défigurer. 1l faut
encore lui restituer, outre une élégie sur le noyer
les statues, les autels, les temples , que Rome et les
(de Nuce) , la Consolation à Lime sur la mort de
vivant. En vain voudrait-on excuser Ovide; il œt
Drusus Néron, son fils, pièce de vers écrite dix.huit
et restera inexcusable. a Ces éloges, a dit Voltaire,
ans avant son exil, et qu’on lui a contestee pour en
faire honneur à Pedo Albiuovanus , son contemporain et son ami. Mais c’est à tort que plusieurs sa-
sont si outres quiils exciteraient encore aujour-
vants ont attribué à la plume élégante d’Ovide des
(ouvres tout-à-fait indignes d’elle c le l’anégyrique en
provinces avaient érigés à Auguste , déifie de son
d’hui l’indignation, s’il les eût donnes à des princes
légitimes ses bienfaiteurs; mais il les donnait à
des tyrans, et à ses tyrans. On pardonne de louer
un peu trop un prince qui vous caresse , mais non
vers adressé à Calpurnius Pisou. et (mon a diun
pas de traiter eu dieu un prince qui vous perse-
autre côté réclamé , soit pour Lucain, soit pour
Bassins; des vers sur un songe, sur l’aurore, sur la
voix (lésoiseaux , sur les quatre humeurs. sur le jeu
cute. n
d’échecs, sur la puce, sur le limaçon , sur le coucou;
apprendre la langue de ces peuplades barbares,
enfin les arguments des livres de l’heure , comme
on a longtemps mis sous le nom de Florins les sornmaires de la grande histoire de Tite-Live. On a sur-
langue approchante de l’ancien slavon; et ce poële,
tout insiste pour un même en trois chants sur une
façon aux ’l’omitains assemblés, et correspondit dans
petite vieille (de Vet alu"). et ion a tenté de le faire pas-
cet idiome avec un petit roi d’une partie de la
ser pour l’œuvre d’Ovide, à laide d’un agréable petit
Thrace, aussi bon poêle, au jugement d’Ovide,
qu’habile capitaine. Transportes diadmiration, les
Sarmates voulurent celébrer une fête publique en
conté de commentateur, artistement imagine. Ovide,
selon l’auteur de cette ingénieuse histoire , désespé-
Ovide, afin de retrouver , même à Tomes, un
auditoire et des applaudissements , s’était mis à
a qui, selon la remarque de Voltaire, ne semblait
pas destiné à faire des vers tartares, n en lut desa
rant de voir tinir son exil, composa ce poème et ordonna qu’on renfermât avec lui dans sa tombe.
Longtemps après, on le trouva dans un cimetière
public qui faisait partie des faubourgs de la ville de
Dioscuras. Porté solennellemnet à Constantinople
par un ordre expresdu roi de Colchide, il fut publié
son honneur, et lui décernèrent la couronne de lierre
depuis par Léon. protonotaire du sacré palais, lequel
en lit la préface et petit-être aussi les trois chants.
Le temps a considérablement réduit les œuvres
son apothéose d’Auguste, un Barbare, se levant, s’é-
d’Ovide, que les savants ont à l’euvi voulu grossir;
il nous a ravi une traduction des Phénomènes d’A-
consacrée aux poètes élégiaques. a Des décrets solen-
nels, écrivaitsil à Rome, me comblent d’éloges; et
desactes publics m’exemptent de tout impôt, privilége que m’ont accordé toutes les villes. n Un jour
qu’il venait de lire, au milieu des applaudissements,
cria: c Ce que tu as écrit de César aurait du te
rétablir dans l’empire de César. n Et cependant
Ovide, en rapportant cette anecdote, la dernière que
l’on connaisse de sa vie , écrivait: «Voilà le sixième
ratus , dont lactame a cité les trois derniers vers ;
hiver qui me voit relégué au milieu des glaces du
un assez grand uotubre d’épigrmnmes , et un livre
pôle. n
contre les mauvais poètes. mentionné par Quinti-
L’air de ces climats, l’eau salée des marais, qui
était son unique boisson, le chagrin , l’ennui, avaient
détruit sa santé, et il était devenu d’une maigreur
lien. Mais nous devons surtout regretter la perte
d’un poème sur les triomphes de Tibère, dont Ovide
SUR OVlDE.’
alfreuse. Il mourut enfin à Tomes. à l’âge d’environ
KV
soixante ans, vers l’an 7’71 de Rome, dans la hui-
d’argent d’0vide, stylet trouvé dans les ruines de
.Taurunum , aujourd’hui Belgrade, à l’embouchure
tième année de son exil et la quatrième du règne
de Tibère. Il avait, dans une lettre ’a sa femme, demandé que son corps fût transporté a Rome; ce der-
de la Save, et que la reine de Hongrie, Isabelle,
qui le conservait comme une chose sacrée . lit
nier vœu ne fut pas exaucé, et il fut, selon toute
vraisemblance, enseveli à Tomes. Un commentateur
moignage d’llercule Ciofano. auteur d’une longue
dit qu’à cause de ses talents. et bien qu’il fut étran-
geret proscrit, on lui éleva, aux frais du public, un
magnifique tombeau devant la porte de la ville.Le lieu
ou fut ce tombeau, qui n’a peut-élre jamais existé, a
été pour les érudits l’occasion de recherches et de
conjectures aussi incertaines que les causes de son
voir, en 1540, à Pierre-Ange Bargée, selon le té.
description de Sulmone, patrie du poète. On ne
pouvait en rester la dans la voie de ces inventions.
De nos jours, en 1802, le Moniteur et d’autres
journaux de Paris annoncèrent qu’en creusant les
fondations d’une forteresse à l’embouchure du Da-
nuhe, des paysans russes avaient découvert un
exil et que la situation même de Tomes, ville
tombeau qu’on croyait être celui d’Ovide, parce
que c’était la qu’était la ville de Tomes, et que
qu’on a voulu retrouver, soit dans celle de Tomi,
ces lieux étaient depuis longtemps connus sous le
Tomiswaria ou Tomiswar, dans la Bulgarie; soit
dans celle de Kiew, sur le Borysthène; soit dans Sa.
latrie ou Stainen, sur la Save en Autriche; soit enfin,
une n’est pas l’opinion la moins étrange. sur le rivage de la mer Noire du côté de l’Europe, dans deux
vieilles tours en ruine , appelées les tours de Léandre, et dont l’on fait même la prison d’0vide, qui
n’eut pas de prison. Quant à son tombeau, on l’a re-
trouvé partout. Bruschius écrivit, en 1508, qu’on
l’avait, cette année-là, découvert à Sabarie, avec
cette inscription gravée sur la partie extérieure de
la voûte:
nom de Laculi Ovidolt’. ou lacs d’Ovide. On ajoutait qu’il avait été trouvé dans ce tombeau un buste
parfaitementressemblant à ceux que nous avons de
Julie, fille d’Augnste, et que les Russes, pour consacrer la mémoire de cette découverte, avaient
donné à cette forteresse le nom d’Om’dnpol. Mais,
malheureusement pour le. succès de ce petit roman,
un Allemand , ancien colonel au service de Russie,
fit insérer dans la Décade, en 1803, une réfutation
complète de cet article, où il comptait autant d’er-
reurs ou d’impostures que de lignes. Les Russes
n’avaient jamais élevé de forteresse à l’embouchure
Un?" RIME"! Lu.
me me: au Mm qui. dini (curie fra
Auguste pali-in codera jouit hune.
Sapa amer caleil pali-ü: oecumbers terri: ,-
Sed frustra: banc fui [au datera loeum.
Un commentateur, qui ne confond pas Tomes
du Danube.De plus le lieu que les Moldaves nomment Lagoul Ovidolouni, et non Laculi Ovidoli, est
a plus de quarante lieues de la bouche méridionale
de ce fleuve, non loin de laquelle était Tomes; et,
pour dernier démenti, le nom que donnent les Mol-
avec Saharic, s’est chargé d’expliquer comment
daves a cc lac, situé sur la rive du Dniester. vis-a-vii
Ovide. exilé dans la première de ces villes , fut enseveli dans la seconde. Le poète, si on l’en croit,
qui y ressemble peu, le lac du brebis.
était allé dans les Pannonies, où était située Sabarie,
pour se distraire des ennuis de l’exil par le commerce des savants qui y venaient de l’ltalie en
grand nombre, et la monte surprit la. Un autre a
imaginé qu’Ovide, ayant obtenu sa grâce, revenait
du Pont, lorsqu’il mourut a Sabarie; et il lui fut raconté parue vieillard digne de foi que. du temps de
d’Akirman, ne signifie pas le lac d’Ovide, mais, ce
Le défaut le plus saillant d’Ovide est de trop
aimer son tour d’esprit, ct c’est ce que lui reproche
Quintilien. Notre poète en fait l’aveu quand il dit
qu’un signe sur un joli visage le fait paraître encore
plus joli; et Sénèque le rhéteur nous a transmis
une anecdote qui montre qu’Ovide connaissait mais
aimait ses défauts. Quelques-uns de ses amis lui
l’empereur Frédéric lll, on y déterra les ossements
conseillèrent un jour de retrancher d’un de ses ou-
et le tombeau de l’exilé; mais, par malheur, le
vieillard. qui sans doute n’avait pas lu Bruschius,
vrages trois vers qui le défiguraient; Ovide y consentit, mais a la condition qu’il aurait, de son côté,
citait une autre épitaphe que lui : P. Ovidit’Natom’a.
le choix de trois vers qu’il y faudrait laisser. La
Voilà donc deux tombeaux d’Ovide découverts à
Saharie. La même année , l508, qu’on y retrouvait
condition acceptée, ses amis et lui écrivirent sépa-
celui dont parle Bruschius, on en découvrait un
"in ’a Samar, ville de la Basse-llangrie , sur le
Rial). et, ce qui est plus merveilleux encore, sur
que celui-la voulait conserver. Ovide commence
rément les vers que ceux-ci désiraient supprimer,
par lire ceux qu’il a écrits :
Semiboncmqua cirant, "affinant boum.
Egelt’dum Bonnet, cyclidumque Notant.
le tombeau de Sarwar on lisait l’épitaphe du tombeau de Sabarie. Ce n’est pas tout: Boxhom , qui la
rapporte aussi , la place sur un tombeau qui n’est n;
On ne connaît pas le troisième; or les trois vers
choisis par Ovide et soustraits par lui a la critique de
celui de Sabarie, ni celui de Sarwar. il en est de
ses juges étaient précisément ceux qu’ils avaient
œsépitaphea et de ces tombeaux comme du stylet n
écrits de leur côté, pour en exiger la suppression.
NOTICE 8L il OVlDl-l.
h’v’l
Malgré ses défauts, sur lesquels nousnous sommes
interdit de nous étendre, pour rester fidèles au
plan (le ces notices, qui est d’éviter les morceaux
de critique, ct les Contestations qui en résultent,
Ovide n’a pas été tnt’diocrement admiré, médio-
crament loué. Un critique môme a dit delui a qu’il
Renouard (nettfétlitinm l, par du liter (neuf), par
l’abbé hunier t sept j, par (Ilctncnt Marot et par
Thomas Corneille; celle des Amours, par l’abbé
tarin. etc.
Ovide a été,dans notre largue, traduit plus de fois
en vers qu’en prose, et, ce qui pourrait étonner, si on
n’était pas seulement ingénieux , mais le génie per-
oubliait que le clergé fut longtemps en France le
sonnifie; qu’il n’ctait pas seulement le ministre des
Muses , mais qu’il en était la divinité; u et l’on
rapporte d’un roi de Naples qu’étant avec son ar-
seul corps savant, c’est que nous devons à l’église
presque tous les traducteurs de ce poële érotique,
un cardinal, plusieurs évêques , beaucoup (labbes.
mée dans le voisinage de Sulmone , il salua solén-
Dans la liste de ces traducteurs, on ne peut plus
nellement cette ville, et dit, au front de la ba-
désormais omettre, à cause du mérite de leurs ver-
taille, ce qui était choisir étrangement son temps
et son auditoire u qu’il renoncerait volontiers à une
partie de ses états pour faire revivre ce poële , dont
la mémoire lui était plus chère que la possession
sions, les noms du P. Kervillurs, de Masson de
Saint-Amand, de lloisgclin, de Saint- Ange, de "de
VillL-navc, qui ont, en quelque sorte, attaché leur
modeste renommée à la grande renommée (l’Ovide.
de l’Abruzze. n
Pendant longtemps, en effet , les traductions de ce
Ovide, et presque tous les critiques l’ont remarqué, est surtout, parmi les anciens, le poële de la
France. Son esprit enjoué , sa riante imagination,
son bon sens ingénieux , son scepticisme railleur ,
poète ne furent remarquables que par la singularité
lire a: le grand Olympe (les histoires poétiques du
le tour lin et ingénieux qu’il sait. donner à ses pen-
prince dt la poésie Ovide M150, en sa Métamorphose.
sées, ont avec le génie français de merveilleuses
œuvre authentique et de haut artifice. pleine d’hon-
du titre ou des ornements dont on les chargeait, et
la France a commencé, pour connaître Ovide , par
ressemblances ç on le dirait ne au milieu de nous,
nete recréation n ; ou bien a (cslirrcs de la Méta-
et il a été appelé le l’affaire du, siècle (I’Auguste.
morphose (l’Oridc , mythologisés par allégories na-
Le nombre des éditions d’Ovide est immense , et
tureilcs et morales: illustres de figures et images
le détail qu’on en donnerait exigerait seul l’étendue
convenablrs.» Frédéric il , roi de Prusse, fit tirent
d’un volume. Ce nombre, dans lequel il faut, il est
vrai, comprendre les réimpressions et les commentaires, s’élève à sept cent soixante-dix-lutit jusqu’en 4820. Le commencement du dix-neuvième
douze exemplaires seulement une traduction d’0vide dont il était l’auteur ; ouvrage a orné de
siècle n’a ajouté que vingt-quatre éditions à celles
des quatre siècles antérieurs.
Ovide a aussi trouvé de nombreux traducteurs ;
mais il en est peu qui aient osé aborder toutes ses
uvres ; on ne peut citer qu’Algay de Martignac
et l’abbé de Marolles, le traducteur infatigable de
presque toute la latinité.
Un connaît des traductions d’Ovitlc en douze
langues , et le nmnbre en peut figurer dignement à
coté de celui des éditions du poète, puisqu’il est,
jusqu’en 4820, de six cent soixante-quatre , si l’on
fait entrer dans ce total énorme celui des réimpres-
sions , lesquelles skièrent, en français, à quatre-
vingt-lrois , en italien à soixante-onze, en anglais a trente-trois, etc. les traductions qu’on a
figures assorties au.r (lifterions sujets n et précédé
d’un médaillon du poële latin soutenu par trois
Amours et (Inn colombes. lînlin nos poëles burlesques se sont disputé la petite gloire de l’approprier
à leur genre d’esprit , et l’on vit se succéder l’Oride
bouffon. l’tlridc amoureux , l’Oridc en belle humeur de d’Assouci ,
El thSqn’àd’Assunci tout trouva des lecteurs.
f’cut-élre aussi faut-il ranger parmi les traductions
burlesques les .llétaittorfltosrs mises en rendront
par Renserade, et longtemps cclèbrcs par les tailles(llHICCS auxquelles furent collsncrcs les mille louis
qu’il reçut un jour de S. 3l. Louis 31V pour avoir,
pendant quelque temps , écrit les lettres (le M lt’ de
la l’allicrea son royal amant. Quanta Introduction
le plus souvent réimprimées sont particulièrement,
elle. est t’estécjugée par le rondeau attribué à Cita
en anglais, celle dcl’rlrt (Pointer. par Dritlcn et
pelle , et qui finit par ces vers:
Congreve; des .llr’tumorpltoscs, par Dur-don , Ad(lison, Gay , etc. ç en français , celle des "croûtes,
par Mélin de Sainthlais, appelé dans son temps
l’Oritlcde la France, lesquelles eurent jusqu’adonze
éditions ; celle des Nt’itlllltn’pliOtf’S, par Nicolas
"xis qmnl à moi . j’cn (nunc tout full beau ,
P qui: r dm ure . itn tgl’â . canotera .
Hormis les vers, qu’tl tillait l tisser faire
A La l’Ültt-liuc-
Notes du mont Royal
www.notesdumontroyal.com
쐰
Une ou plusieurs pages sont omises
ici volontairement.
c .s.s-.-eoeoe-eososoepo ofiuoooogoloooo-xovçmt- o censée.
LES PONTIQUES.
LIVRE PREMIER.
lieu où était l’Art d’ aimer, et qui est libre
aujourd’hui. Surpris de l’arrivée de ces nou-
LETTRE PREMIÈRE.
veaux hôtes, peut-être voudras-tu en savoir la
A BBUTU&
cause. Reçois-les tels qu’ils sont , pourvu qu’ils
Ovide, déjà vieil habitant de Tomes (t), t’en-
ne soientpas l’Amour. Si leur titre éveille moins
voie cet ouvrage des bords gétiques (2).Accorde,
de souvenirs lugubres, ils ne sont pas moins
tristes, tu le verras, que leurs devanciers. Le
fond en est le même, le titre seul diffère, et
ô Brutus(5), si tu en asle temps,l’hospitalité à ces p
livres étrangers; ouvre-leur un asile, n’importe t
lequel , pourvu qu’ils en aientun. Ils n’osent se r
présenter à la porte des monuments publics (4),
chaque lettre indique, sans nul déguisement, le
’ mOn de celui à qui elle s’adresse. Le procédé
de crainte que le nom de leur auteur ne leur en
vous déplait, à vous, sans doute;mais vous n’y
ferme l’entrée. Ah l combien de fois , pourtant,
me suis-je écrié: s Non, assurément. vous n’en-
pouvez que faire, et, maigre vous, ma muse
courtoise veut vous visiter. Quels que soient
seignez rien de honteux; allez, les chastes vers
ces vers, joinsles à mes œuvres; fils d’un
ont accès en ces lieux. D Cependant ils n’osent
exilé . rien ne les empêche, s’ils ne blessent
en approcher; et comme tu le vois toi-même, t pas les lois, de jouir du droit de cité. Tu n’as rien àcraindre: on Iitles écrits d’Antoine (à), et toutes
ils croient leur retraite plus sûre sous quelque
toit domestique. Mais où les placer , me diras- les bibliothèques renferment ceux du savant (6)
tu , sans que leur vue u’offusque personne? Au .
BrutusJe ne suis pas assez leu pour me coui-
EPlSTOLA PRIMA.
BRUTO.
Nana , Tomitsnæ jam non novus ineols terre ,
floc tibi de Getico litore mitlit opus:
Si vues! , bospitio peregrinos, Brute, libellas
Excipe, dumque cliqua, quolibet sbde loco.
’ublica non sudeut inter monuments venin,
Ne sans hoc illis rieuses-il euctnr iter.
,1. 1 quoties dixi : Cette nil turpe doeetisl
ne 5 peut cutis versibus ille locus.
[on tunes! eccednut: sed, ut sdspicis ipse, latere
3.1. La" [rivale tutius esse putsnt.
«’ Que-rie , tibi bos possis nullo componere leur?
l
Que stetersnt srtrs , purs sont illa tibi.
Q veninnt , novitste roges fartasse sub ipse :
lt nid
1 Aeripe, quodcumqne est, dummodo non sil un".
, lnvenies , quumvis non est miser-bills indes ,
Non minus hoc ille triste, quod ante dedi:
Reims idem , titnlo diffrrt ; et epistole oui sil
Non oceultsto nomine misse, ducat.
Net: vos hoc vultis, sed nec prohibere potestis;
Manque cd invilos officines venit.
Quicqnid id est, sdjunge meis: nihil impedit orles
Essuie, servatis legibus, urbe inti.
Quod melons non est: Anton! scripts lequutor;
Doetns et in premtu serinis Brutus babel.
24
755
ONDE.
parer à de si grands noms; et pourtant je n’ai
trop ressenti sa colère, ne croyez pas qu’il
point porté les armes contre les dieux. il
refuse aujourd’hui mes hommages. Aprèsavoir
n’est pas un de mes livres dans lequel j’aie
outragé la déesse lsis, j’ai vu plus d’un sacri-
manqué d’honorer César , bien que César ne le
lège repentant s’asseoir au pied de suantes,
demande pas. Si l’auteur te semble suspect,
recoisau moins les louanges des dieux: efface
et un autre, privé de la vue (8) pour la tous
faute, parcourir les rues et crier que conclu-
mon nom, et ne prends que mes vers. Une
liment était mérité. Les dieux entendeutavec
branche d’olivier, symbole de la paix, suffit
pour nous protéger au milieu du combat; ne
serait-ce donc rien pour mes livres d’invoquer
joie de pareils aveux; ils les regardent comme
des preuves manifestes de la puissancediviue.
Souvent ils adoucissent les peines, souvent il:
le nom de l’auteur même de la paix? Énée,
rendent la lumière aux aveugles, lorsqu’ils ont
témoigné un sincère repentir. Hélasl moi
portant son vieux père, vit, dit-ou, s’ouvrir
les flammes devant lui ; mon livre porte le nom
aussi , je me repens; si l’ondoit ajouter toisas
du petit-lib d’Énée, et tous les chemins ne lui
paroles d’un malheureux, je me repais, et
seraient pas ouverts? Auguste est le père de la
patrie, Anchise n’était que le père d’ née. Qui
mon cœur se déchire au souvenir de ma faute.
J’en suis puni par l’exil, mais je souffre plus
oserait chasser du seuil de sa maison l’Égyp-
de cette faute que de mou exil. Il estmoint
tien armé du sistre bruyant? Qui pourrait
refuser quelques deniers à celui qui joue du
pénible de subir sa peine que de l’avoir
fifre ou du clairon devant la mère des dieux?
qui est visible aux yeux des morteB, vos-
Nous savons que Diane n’exige pas de pareils
égards pourses prêtres (7); cependant le devin
draient-ils m’absoudre, ils peuvent abréger
a toujours de quoi vivre. Ce sontles dieux eux-
méritée. En vain les dieux , et, parmi eux, celui
mon supplice , mais le souvenir de menuisa
sera éternel. Oui, la mort, en me frappant.
mémes qui touchent nos cœurs ; et il n’y a pas
de honte à céder à cette pieuse crédulité. Pour
mettra un terme à mon exil , mais la mort elle-
moi, au lieu du fifre et de la flûte de Phrygie,
je porte le grand nom du descendantd’lule.
pable. Il n’est donc pas étonnant que mon tue.
pareille à l’eau produite par lafontedes migra.
même ne pourra faire que je n’aie paséte’eol.
Je prédis l’avenir et j’instruis les mortels;
s’amollisse et se fonde elle-même de dorien.
place donc à celui qui porte les choses saintes l
Comme les flancs d’un vieux navire sont misé!
Je le demande, non pour moi, mais pour un
sourdement par les vers, comme lamellation!
dieu puissant; et parce que j’ai mérité ou
creusés par l’eau salée de l’Océan, commets
Nos me nominilrus furiosos conforta tantis:
Non mihi, sed magne post-Star ille Deo.
Nec , quia vel merui, vel sensl principis tram,
A uobis ipsum nulle putate coli.
Vidi ego linigern numcu violasse latents]!
lsidis , lsiscos ante sedere focus :
Alter, oh hulc eimileln privatus lumine mlpsl,
Clamabat media, se meruisse, via.
Talia embates fieri præconis gaudent,
Ut, sus quid valsant numina , teste probant.
Sæpe levant panas, ereptaque lamina «un,
Quum bene peccali pœnituisse vident.
Pianilet, o l si quid miserorurn creditur ulli,
Sun Deos contra non tamen arma tuli.
Denique Genres), quod non desiderat ipse ,
Non caret e nostris ullus honore liber.
St dubitas de me , laudes edmitte Deorum;
Et carmeu demto nomine aume meum.
Adjuvet in hello pante ramas olive :
Proderit auctorern peeis habere nihil?
Quum foret Æneœ eervix subjecta parenti ,
Dieitur ipsa vire flamme dedisse viam.
Fert liber Æneaden t et non iter omne "au?
At patriu pater bic; ipsius ille fuit.
Eequis il: est sudax, ut limine cogat sbire
Isolement Pharia linnula sislra manu?
Ante Detlrn lustrera cornu tibiren aduneo
Quum sanit , exigus quis stipis sera negct?
Scimus ab imperio lleri nil tale Dianm;
[Inde lamera vivat vaticinator habet.
lpsa movent animes Superorum numina nostros;
Turpe nec est tali tredulitate api.
En ego , pro sistre, Phrygiique fontaine huai,
Gentis lulem nomina ranch faro:
fluor moneoque; locnm date sacra krenti:
l’œnitet,et facto torqueor ipse meol
Quumque sit milium , mugis est mihi eulps dolai:
Estque poli punas , quam meruisse, minus.
Uttmhi Dt faveant , quibus est mauifestioripst,
Pœna potest demi, culpa pereunis erit.
Mors faciet cette , ne sim , qunm venerit , essai;
Ne non peccsrirn , mon quoque non facirt.
Nil igitur mirum , si mens mihi tabida fada
De nive manantis more liquescit aqu.
Estur ut occulta vitiata tendine nuis;
Æquorei scopulos ut cavet unda salis;
LES PONTlQUES.
rouille mordante ronge le fer abandonné,
7:15
je t’ai écrit, et que j’ai versé bien des larmæ
i sur mon infortune? Qu’on les voie donc! Oui.
mame un livre renfermé est mangé par la
ije l’oserai, j’avouerai que je t’ai écrit, pour
dans; ainsi, moncœur est dévoré par des
chagrins inflexibles et dont il ne verra jamais la Ët’apprendre de quelle manière j’expie mat
lin. Oui, je mourrai avant mes remords, et faute. Je méritais, sans doute , un grand chames maux ne cessant qu’après celui qui les
timent; je ne pouvais, toutefois, en souffrir
un plus rigoureux.
dure.
Si les divinités, arbitres de mon sort,daipeut croire a mes paroles, peut-être ne seraijepssjugé indigne de quelque soulagement ,
airai-je en d’autres lieux subir mon exil à
l’abri de l’arc des Scythes. Il y aurait de l’im-
patience son danauder davantage.
Je vis entouré d’ennemis et au sein des dan-
gers, commesi , en perdant ma patrie. j’avais
aussi perdu la tranquillité. Les peuples chez
lesquels j’habite, pour rendre leurs blessures
doublement mortelles, trempent leurs flèches
dans du fiel de vipère. Ainsi armés, les cavaliers
rôdent autour des remparts épouvantés, com-
me les loups autour des bergeries. Une fois
LETTRE Il.
a sans.
qu’ils ont bandé leurs arcs, dont les cordes sont
faites avec les nerfs du cheval , ces arcs demeu-
rent ainsi tendusssns sereiâcher jamais. Les
maisons sont hérisséescomme d’une palissadede
laitue (l), 6 toi qui es digne d’un si grand
son, et dont la grandeur d’âme ajoute encore a l’illustration de ta naissance; toi pour
flèches; les portes solidement verrouillées peu-
qui le sort voulut que, le jour ou tombèrent
ni verdure, où l’hiver succède a l’hiver sans
interruption. Voilà le quatrième que j’y passe.
troisœnts Fabius, un seul leur survécût et de-
vent a peine résister aux assauts. Ajoute à
cela le sombre aspect d’un pays sans arbres
vlnt la souche de la famille dont tu devais être
plustard un rejeton ; Maxime, peut-être demanderas-tu d’où vient cette lettre; tu voudras
luttant contre le froid, contre les flèches. et
lavoir qui s’adresse à toi. Que ferai-je , hélas!
pendre le cours, et que mon cœur est plongé
lecraius qu’ala vue de mon nom , tu uefronces
dans un état léthargique, semblable à la mort.
Heureuse N iobé , qui , témoin de tant de morts.
le lourd! et ne lises le reste avec répugnance;
et si l’on voyait ces vers, oserai-je avouer que
laditur utseabra positum rubigine lorrain,
Min ut tine- carpitur orsJiber;
BitIl!" papettsoseurarum pestera morses,
"ne quibus nulle eonleisntur, habent.
N08 Plus hi mentem stimuli, quam vita, ralinguent;
Quinte dolet , citius , quam dolor, ipse cadet.
"ce mihi si Super-i, quorum sumns omuia , «adent,
Forum: exigus disons babebor ope;
in" [ouin Scythes vacuum mutabor ab aren z
Plus isto, duri, si putter, oris en.
unissons Il.
IÀXIIO.
"filme, qui tanti mensurera nominls impies ,
El gaminas animi nobilitate gens;
qui Nid ut pusses, quamvis acides! m6,
"on omn- l’abios sbstulit uns dies;
Forum lice a que mittatur epistola quaraa,
*Qlllqtle loqusr tscum , esrtior esse relis.
"si mibil quid faciam î verser, ne nomine leclo
"un, et avens cetera mente legas.
Nuit bec si quia; au me seripsisse (steri
Î. W.
contre ma destinée. Meslarmes ne tarissentqus
lorsqu’une sorte d’insensibilité vient en sus.
perdit le sentiment de sa douleur, et fut char
Audebo, et propriis ingemnisas malin.
Yidsrit; audebo tibi me seripaisas fates-i ,
Atqus modum eupo notifies» men.
Qui , qunm me pana dignum graviers fuisse
Confits", possum vix graviora pati.
Hostibus in mediis, intrique perieula verser;
Tannam cum patria pu ait ademta mihi:
Qui, mortis se") gemiuent ut ralliera causas,
Omnia vipereo spisula fallu linunt:
Bis que! instruetus perterrita mania lustrst.
More lupi clausus eireueuntis oves.
At semai intentas nerve levis nous equino ,
Vineuls semper habens irrésoluta , manet.
Testa rigent llxis valuti vallats agitas ,
Portaque vis ilrma submovet arma sera.
Acide lori [adam , ses fronde, nec arbore IntiI
Et quad incas byemi continuatur hyems.
Bis mspugnantem sont (ligots , manque sagittis,
Cumquc mec isto, quarta latigat layeras.
Fine tarent laqua, nisi qunm stupor obstitit allia,
Et similis marli pecten lorpor babet.
Felicem Nioben, quamvis lot luttera vidit,
Que posttit scutum, saxes l’acte, mali!
48
ONDE.
754
couvons de frimas, mon âme, soumise à l’ingéeen rocher! Heureuses aussi , vous dont la
voix plaintive redemandait un frère, et qui
fluence délétère d’un chagrin incessant, se fond
fûtes métamorphosées en peupliers. Et moi .je
comme la cire nouvelle au contact du fea.Sou-
ne puis ainsi revêtir la forme d’un arbre; je
vent j’appelle la mort; puis, au même instant,
je la supplie de m’épargner, afin que le sol
voudrais en vain devenir un bloc de pierre;
Méduse viendrait s’offrir à mes regards, bien
duse elleméme serait sans pouvoir.
des Sarmates ne soit pas le dépositaiiedauu
es. Quand je songe a la clémence infinie du
Je ne vis que pour alimenter une douleur guste, je pense obtenir un jour, après mon
éternelle, etje sens qu’à la longue elle devient
naufrage, un port plus tranquille; mais quand
plus pénétrante : ainsi le foie vivace et toujours renaissant de Tityus ne périt jamais, afin
je considère l’acharnement de la fortune qui
qu’il puisse être toujours dévoré.
timides espérances , vaincues par une. forcen-
Mais lorsque l’heure du reposa senné, lorsqu’arrive le sommeil, ce remède ordinaire de
pe’rieure, s’évanouissatt. Cependant je n’espère
nes inquiétudes, la nuit, je pense, donnera
changer d’exil, quelque rigoureux qu’il dût
quelque relâche à mes maux habituels; vain
espoir! des songes épouvantables m’offrent l’i-
mage de mes infortunes réelles, et mes sens
Veillent pour me tourmenter. Tantôt je rêve
me persécute, tout mon être se brise,etmu
et je ne sollicite rien de plus que de pouvoir
être encore.
Telle est la faveur, ou bien il n’en est plus
pour moi, que j’attends de ton crédit, etque
tu peux essayer de m’obtenir sans compromettre ta discrétion: toi, la gloire de l’élu
que j’esquive les flèches des Sarmates, ou que
j’abandonne à leurs chaînes mes mains capti-
queues romaine (2), ô Maxime, prêtai me
ves; tantôt, lorsqu’un songe plus heureux
vient m’abuser,jecrois voir à Rome mes foyers
cause difficile tan bienveillant patronage. Oui.
je l’avoue, ma muse est mauvaise; mais, si w
solitaires! Je m’entretiens tantôt avec vous,
t’en fais l’avocat, elle deviendra bonne; dis teu-
mes amis, que j’ai tant aimés, tantôt avec mon
épouse adorée; ainsi, après avoir passé quel-
lemeut quelques paroles de pitié en faveur du
ques courts instants d’un bonheur imaginaire,
sache tout) quelle existence ou mène dans ce
pauvreexilé. Césarne sait pas (bien qu’un dieu
le souvenir de cette jouissance fugitive ag- coin reculé du monde; de plus graves tous:
préoccupent ses hautes pensées, et l’imam!
grave encore la vivacité de mes maux, et. soit
que
je voudrais lui inspirer est au-dessousdr
quele jour se lève sur cette terre malheureuse,
sait que la nuit pousse devant elle ses chevaux l son âme céleste. ll n’a pas le loisirdes’infur-
Vas quoque feliaes,"quarum clamantis intrant
Curtiae velavit papotas ors nova.
me ego sans, liguum qui non sdmittar in allant:
llla ego sum frustra qui lapis esse veliiu.
lpsa Modus sentis veniat licet obvia nostris ,
Amittst viras ipsa Medusa suas.
Vivimns, ut sensu nunquam csreamus aman;
Et gravier longs lit mes pians mon.
Sic incensumtum Tityi , semperque rousseau ,
Non perit, ut posait sape perire, jecur.
At, pute , qunm requise , medirinaque publics sur.
Somnus adest, solitis nox venit orba malis z
Somnis me terrent veros imitantia mais;
Et vigila tseusus in mes damna mei.
Aut age Sarmaticas videor vitare sagittas,
Aut dara captivas ad fera vinda unanus: l
Aut , tibi decipior melieris imagine semai, .
Adspicio patrie tacts reliets me! : r
Et mode vebiscum , quos sum venet-ales , amici ,
Et mode cum cars renjuge, Inulta loquer.
Un, tibi percepts est brens et non vau voluptas,
r 4 Pejar ab admonitu lit status iste boni.
a
v
L
v Sive diesigitur caputboc misenbile ocrait ,
Sive pruinosi uectis agneler equi;
Sic mes perpetuis liquefiunt pecten-a euri,
lgnibus admalis ut nova ocra liquet.
Sapa precar moflent; merlans quoque depmarilslt,
Ne Inca Barmaticum cantegst assa saluts.
Quum subit Augusti qua ait alementia , credo
Mollia naufrsgiis litera pesse dari.
Quum video quam sint mes fats tenacia , franger;
Spesque levis, magne victa limera, cadit.
Nec tsmen ulterius quidquam sperme, prenons,
Quam male mutato pesse carere loco.
Aut hoc, sut nihil est, pro. me tenure modeste
Gratia quad salve vestra putiers quant.
Suscipe , Romane facundis , Maxime , lingtII,
Difficilis causa mite patmrinium.
Est mais , confiteor; sed te houa lietagente:
Lenis pro misera fac mode verba legs.
Nescit enim Cœur, quamvis Dent omnia cotit,
Ultimus hic qua sil conditions locus :
Magna lattent illud rerum malimina nomes;
lice est cœlesti pecten un miner. il
LES PONTlQUES.
mer dans quelle région se trouve Tomes; a
peine ce lieu est-il connu des Gètes, ses voisins. Il ne s’inquiète pasde ce que font les Sar-
755
point mon offense. Passent doucles dieux. dont
il est le plus clément, que la terre bienfaisante
ne produise rien de plus grand que César. que
mates et les belliqueux James, et les habitants
de cette Chersonese-Taurique, si chére a la
les destinées de l’empire reposent encore long-
déesse enlevée parOreste (3). et ces autres nations qui. tandis que l’lster est embatue par les
froidsde l’hiver. lancent leurs coursiers rapides
dans celles de sa postérité l Quant ’a toi, Maxi-
sur le dosghcé des fleuves. La plupart de ces
douceur; ne demande pas que je sois bien.
peuples,6 Rome, ô ma belle patrie, ne s’occu-
mais mal et plus en sûreté; que mon exil soit
pot pas davantage de toi; ils ne redoutent
temps sur lui. et qu’elles passent de ses mains
me, implore, en faveur de tues larmes, la pitié
d’un juge dont j’ai connu moi-méme toute la.
éloigné d’un ennemi cruel, et que l’épée du
Géte sauvage ne m’arrache pas une vie que m’a
pas les armes des fils de l’Ansonie; ils sont
pleins de confiance dans leurs arcs, dans leurs laissée la clémence des dieux; qu’enfin. si je
arquois bien fournis, dans leurs chevaux sep meurs. mes restes soient confies à une terre
coutumes aux courses les plus longues; ils ont plus paisible, et ne soient pas presses par la
appris a supporter longtemps la soif et la faim; terre de Scythie; que ma cendre, mal inhuils savent que l’eau manquerait, pour se désal-
mée (comme est digne de l’être celle d’un pro.
téra, a l’ennemi qui les poursuivrait. Non,
surit), ne soit pas foulée aux pieds des chevaux
César. ce dieu dément. ne n’eût jamais, dans
de Thrace; et si. après la mon. il reste quel-
sa colère. relégué au fond de cette terremau-
que sentiment, que l’ombre d’un Sarmate ne
vienne pas épouvanter mes mânes. Ces raisons,
dite s’il l’eût bimvconnue; il ne peut se réjouir
qu’un Romain. que moi surtout, a qui il a fait.
groin de la vie, soit opprimé par l’ennemi;
ô Maxime. pourraient. en passant par ta bou-
d’un signe il pouvait me perdre, il ne l’a pas
che, attendrir le cœur de César. si d’abord tu
en étais touché toi-même. Que ta voix donc. je
voulu; est-il besoin qu’un ou. soit plus impi-
t’en supplie, que cette voix toujours consa-
wyable?
crée à la défense des accusés tremblants, calme
Dl reste. je n’avais rien fait pour mériter la
mon, et Auguste peut être maintenant moins
coutre moi qu’il ne le fut d’abord; alors
[inflexibilité d’Auguste; que ta parole. ordinairement si douce et si éloquente. fléchisse le
même, ce qu’il a fait, je l’ai contraint de le
cœur d’un prince égal aux dieux. Ce n’est pas
Thémmédon, ce n’est pas le sanglant Atrée.
faire. elle résultat de sa colère ne surpassa
ni ce roi qui nourrit ses chevaux de chair hu-
louvant, tuque suit positi refilons Tomitu,
Quatre, fluitimo vix lues nota Gala;
Aut quid Salami. fadant , quid lssyges acres,
Alun nihil major Genre terra tent.
thue dia subeo sil publics sereins rerum ,
Perque maous bujus tradita gentil est.
At tu tain placide, quam nos quoque «usinant iul-
Cullaqua Orale. Taurin terra Da;
Quumque alin gentes , obi frisure roustitit later,
Durs rusant oeleri targe par amnis equo.
Intime pars hominum nec le , puleherrima ,xzurant ,
nous , nes Antonii militis arma liment.
Dent animes areua illis plenaque phantrn,
Quumque libet cursihus spins equus -.
Quodqua sitiru didieero diu tolerare famemque,
Quodque seqneua nullas hostie bahehit aquu.
Ira Deimitis nonmenisisset’inistam,
Si satis Inc illi nota lutant , humant.
flocule, me quemquam Romano!!! putiet ab hasts,
laque minus , vitam oui (ledit ipso , premi.
Noluit, ut potes-st , minime ms perdere nuls.
Nil opusestullia inules fats Salis.
8d poque, sur W, quidquaru mihi comperitactuul;
lice minus infestas, quam fuit, eue peut.
Tutu quoque nil fait, niai quod lacera ipss w,
Plus etiam merite pareior in mon.
Dl fadant igitur, quorum lithiums ipse est,
Judice, pro lacrymis ora moire mais. .
Non petite, ut bene ait, sed uti male tutus; nahua.
Enilium suvo (listel ab buste meum:
Quamque dedere mihi pmentia numina vilain,
Non adimat stricto squallidus euse Getes.
Baltique, si moriar, subeant pantins anum
Ossa, nos a Sqtbica nostra pnmantur hume:
Nee mais composites, ut scilicet mule dignum ,
Biaionii cineres ungula pulset qui r
Et ne, si superest aliquid post fanera unaus,
Terreat hie manas Sarmatia ombra mecs.
Curie bue animum potamot audits mon," ,
Maxime , movisseut si taman ante tuum.
vox , pneu, Augusta pro me tua mollis! sures ,
Auxilio tupidis qu. solet me nia:
Adsoetaque tibi doct- dulcedius lingue
Æquaudi Superis pecten lesta viri.
Non tibi Theromedon, erudusve rogabilur Amos,
Quique suis boulina palais l’ecilequia:
48.
48
756
ONDE.
mains que tu vas implorer, mais un prince lent Et moi aussi j’avais passé dans l’innocence
à punir, prompt à récompenser, qui gémit
mes premières années; les dernières seuchaque fois qu’il est obligé d’user de rigueur, qui ne vainquit jamais qu’afiu de pou-
les demandent qu’on les oublie. Mais aspar-
lons pasde moi : ma femme doit faire toute la
voir pardonner aux vaincus, qui ferma pour sollicitude. et tu ne peux, sans manquai
toujours les portes de la guerre civile , qui l’honneur. la lui refuser; elle a recours à toi;
réprima les fautes plutôt par la crainte du châliment que par le châtiment lui-même, et. dont
elle embrasse tu auteLs, car il est bien juste de
se recommander aux dieux qu’on a toujours
la main, peu prodiguede vengeances, ne lance
honorés; elle te conjure, en pleurant. d’inter-
qu’à regret la foudre. Toi donc, que je charge
de plaider ma cause devant un juge si clément,
céder pour son époux. de fléchir César. etd’ob-
demande lui qu’il rapproche de ma patrie le
lieu de mon exil. Je suis cet ami fidèle qui ve-
d’elle.
naît, aux jours de’féte, s’asseoir à ta table.
parmi tes convives; qui chanta ton hymenodevant les torches nuptiales. et le célébra par des
vers dignes de ta couche fortunée; dont tu
avais. il m’en souvient, l’habitude de louer les
tenir de lui que mes cendres reposerai près
LETTRE lll.
A noms.
Enfin. Ovide ton ami, si toutefoisn na!-
écrits. excepté, toutefois . ceux qui furent si
heureux peut être l’ami de quelqu’un . 0nd:
funestes à leur auteur; que tu prenais quelque
te salue. Les consolations que j’ai reçues de
fois pour juge des tiens. et qui les admirait;
toi dernièrement. au milieu de mes chagrins.
je suis. enfin, celuiqui épousa une femme de la
famille. Cette femme. Marcia (4) en fait l’é-
ont ranimé mon courageet mon espérance. De
même que le héros fils de Péan sentit, après
que Machaon l’eut guéri de sa blessure. la
loge; elle l’a aimée des sa plus tendre enfance.
et l’a toujours comptée au nombre de ses com-
puissance de la médecine : ainsi moi dont l’âne
pagnes. Auparavant. elle avait joui du même pri-
était abattue, qui souffrais d’une blessure mon
vilége près d’une tante maternelle de César (5);
telle, j’ai recouvré quelques forces en lisant
la femme , ainsi j ugée par de pareilles femmes.
les conseils. J’allais mourir , et tes paroles m’est
est vraiment vertueuse; Claudia elle-même.
rendu à la vie, comme le vin rend au pouls le
qui valait mieux que sa réputation. louée par
mouvement. Toutefois. malgré ton éloquence.
elles, n’eût pas en besoin du secours des dieux.
je ne me sens pointassez compléteumnt reliai
Sed piger ad pœnas princeps, ad præmia velot ,
Quiqrte dolet , quoties cogitur esse ferox :
Sed de me ut aliam , conjux mes ssreina m d:
Qui viril sernper, viclis ut parure panet,
(limait et clams civics belle sera;
Ilth metu pou: , prune qui pausa correct;
Et jsdt invita fulmina rare manu.
[me , tsrn plaidas orator minus ad sures ,
Ut prOpior palriæ sil fugn nostra , page.
"le ego surit , qui le celui; quem lesta solebat
Inter convives mensa videre tune :
ille ego, qui dusi vestros llymruœon ad ignss ,
Et ceciui fausto carmina digne (ON) :
Cujus le solilum nrernini laudsre lionnes,
Exceptis domino qui nouure un).
Cui tua noununqusm rniranli scripta Iegchas ,
ille ego . de veslra cui data nuptn douro.
llano probst, et primo dileclam sempcr ab en)
Est inter comites Marcia œnsn suas;
lnque suis balzllil mufliers Cæssris ante ,
Qusrum judicio si qua probata , prulm est.
lpsa sua rnelior lama , lsudaulilnus intis,
Claudie divins non i-guissrl ope.
Nos quoque pra-leritos une labo: parcgimus annos:
Proxima pars vitre lransilienda mec.
Non potes liane salve dissimulera fide.
Confugit [me ad vos ç veatras amplretilur au :
Jure venil cultes ad sibi quisque Becs.
Flensque regel, preuibus lerrito Carton vatrù,
Buats sui fiant ut propiora viri.
EPlSTOLA III.
nvrrso.
flanc tibi N350 luus mittit. Rufine, saluera .
Qui miser est, ulli si sans esse potesl.
Reddila mnfusœ nuper sulatia menti
Auxilium nostria apemque tulerv malts
Ulqur Machnoniis I’reaulius artibus berna
erlo llletilcalll vulnere. sensit «peut :
Sic ego meutejacrns , et &er saucins rem
Adincnilu cmpi fortinr esse tue;
Et jam deliriens, sic ad tua verbe nriri,
[Ïl saisi infuse venu redire rnero.
Non lamr-u exhibuil tanisa fat-surfis rires,
LES pommons.
pour queje mecroie guéri. Quelque chose que
môles de cet abîme de chagrins dans lequel
je suis plongé , tu n’en diminueras pas le nom.
lire. Peut-être qu’a la longue le temps cicatri-
7H
i meilleur que Rome 2 quoi de pire que les rivages de Scythie? et cependant le barbare quitta
Rome en toute hâte, pour revenir ici. Si bien
qu’elle soit dans une cage , la fille de Pan-
sera ma blessure; mais la plaie qui saigne dion , aspire toujours à revoir ses forets.
encore frémit sous la main qui la touche. il
n’est pas toujours au pouvoir du médecin de
Malgré leur instinct sauvage, le taureau cheri che les vallons boisés ou il a coutume de paltre.
et le lion , l’antre qui lui sert de retraite.
fort que la science. Tu sais que le sang que Et tu espères que les muois qui me rongent
guéir son malade; le mal est quelquefois plus
rejette un poumon délicat est l’avantocoureur
de la mort. Le dieu d’Èpidanre lui-mémo apporteraitses végétaux sacrés, que leurssucs ne
le cœur dans l’exil seront dissipés par tes
guériraient pas les blessures du cœur. La
peut-être moins affligé de vous avoir perdus.
Sans doute que, banni de la terre qui m’a vu
médecine est impuissante contre les maux de
consolations! 0 vous, mes amis. soyez donc
moins dignes de ma tendresse, et je serai
la goutte. impuissante contre l’horreur qu’é-
naître, j’ai trouvé une retraite dans quelque
prouvent certains malades à la vue de l’eau.
pays habité par des hommes. Mais non : ro-
Quelquefois aussi le chagrin est incurable, si- légué aux extremités du monde, je languis sur
non, il ne perd de son intensité qu’avec le
temps. Quand tes avis eurent fortifie mon courage , et communiqué à mon âme toute l’éner-
gie de la tienne, l’amour de la patrie , plus fort
que toutes les raisons. détruisit l’œuvre de tes
comeils. Quece soit piété. que ce soit faiblesse,
j’avoue que le malheur éveille en moi une seu-
une plage abandonnée, dans une contrée ense-
velie sous des neiges éternelles. ici, dans les
campagnes, ne croissent ni la vigne ni aucun
arbre fruitier; le saule n’y verdit point sur le
bord des fleuves, ni le chêne sur les montagnes.
La mer ne mérite pas plus d’éloges que la ter-
re : toujours privés du soleil ettoujours irrités.
désir du roi d’lthaque était d’apercevoir la
les flots y sont le jouet de tempêtes furieuses.
De quelque coté que vous portiez les regards.
vous ne voyez que des plaines sans culture, et
fumée du foyer paternel. Je ne sais quels charmes possède le sol natal pour nous captiver, et
de vastes terrains sans mitres. A droite et a
gauche nous presse un ennemi redoutable,
sibilité excessive. La froide raison d’Ulysse
n’est pasdouteuse, et cependant le plus grand
nous empocher de foublier jamais. Quoi de Mont le voisinage est une cause de terreurs conUt mes siut dietis peetors sans luis.
Ut multum nostra damas de gurgite cura,
Non minus exhauato , quod superahit, arit.
Tempo" duœtur longo forban cicatrix :
Entrent admoïas vulnsra cruda menus.
Non est in medico semper, relevetur ut nager z
Intordnm docte plus valet srle malum.
Certain ut e molli unguis pulmoue remiasus
Ml Stygiaa certo limite ducat tiquas.
Aclferst ipse liret sacras Epidauriua herbas,
Sanabit nulla vulners nordis ope.
Tollerc nodosam neseit niedicina podagrsm ,
Net: formidatia auxilistur squis.
Cals-a quoque inlardnm nulla medicshilia site;
Attt , ut ait, longs est niennanda mon.
Q usant bene lirmarttnt animum præcepta jasement ,
Sumlaqus sont nohis pectoris arma lui;
[lorans amor patria , rations valentior omni ,
Quod tua tesueruut scripta , reluit opus.
851e pians vis hoc, live hoc muliebre vocari ,
Gonfleur misero molle cor esse mihi.
Non duhiaest llhaci pmdeutia; sed tarsien optai
tintin de pstriis pesse videra louis.
Neseio qua natale salant duleedine aptes
Ducit , et immemores non sinit esse sui.
Quid malins nous? Sevlhieo quid litote peins?
Hue tamen en illa harbsrns urhe fugit.
- Quum bene ait clous. caves Papillons net: ,
Nititur in silves illa redite suas.
Arbustes tauri saltus, adaueta houas ,
Net: feritas illos impedit, antan petant.
Tu tamen, anilii moi-sua e pecten nostra
Fumeutis spens sadere pesse tuia.
Billes, vos ipsi ne tant mihi sitis smandi,
Talihns ut leviua ait raruisse malus.
Al , pnto, qua fueram gruitua , tellure csrenti ,
ln (amen Immune sontigit esse loco.
Orbis in entrerai jases duettos amis ,
Fert obi perprtuas obruta terra cives .
Non ager hic pomma, non dolera ducat une;
Non salien ripa . robots monte virent.
Nue fatum terra laudes magie; quota saupes
Ventornm rubis, solibus orin , toment.
Quocumque adspicias , sampi culte" enroules .
Vsstaque, qu! orme vindicrl . srvs jasent.
"catis ailait , drain huque a parte timrndlts;
6’.
7.38
OVIDE.
tinuelles. D’une part, on est exposé aux piques l
de Tibur. Quand je compterais tonalesbanaia,
des Bistonieus il); de l’autre, aux flèches des
Sarmates. Viens maintenant me citer l’exemple
de ces grands hommes de l’antiquité qui ont
supporté avec courage les revers de la fortune.
l je n’en trouverais aucun, et a aucune époque,
I qu’on ait relégué aussi loin et dans un payai
Admire l’héroîque fermeté de Rutilius (2) , qui
* conseils. J’avoue œpendaut quesi l’on pouvait
 affreux. Que ta sagesse pardonne donc à la
i douleur d’un infortuné qui profitesipen de tu
refuse la permission de rentrer dans sa patrie. guérir mes blessures, tes conseils en set-aient
et continue de rester à Smyrne, et non dans le f seuls capables; mais, hélas! je trains bien que
Pont, ni sur une terre ennemie; a Smyrne, i tes nobles efforts ne soient inutiles , et que ton
préférable peut-être à tout autre séjour. Le
4 art n’échoue coutre un malade décapée. la
Cynique de Sinope ne s’affligea pas de vivre
lnedis pascelapourélever mangemen-
loin de sa patrie; oui c’est toi, terre de l’Atti-
t dessus de la sagesse des son, mais patoeqst
que, qu’il avait choisie pour sa retraite. Le fils
l je me connais moi-méme mieux que les méde-
de Néoclès. dont l’épée repoussa l’armée des 5
cins. Quoi qu’il en soit, je regardecouuue sa
don inappréciable tes avis bienveillants, etj’apl plaudis avec reconnaissance a l’intuition qm’ te
et alorsou ne pouvait dire laquelle de ces deux les a dictés.
villes l’emportait sur l’autre. Patrocle, après
Perses, subit son premier exil à Argos. Chassé
d’Athenes, Aristide se refugia à lacédémone;
un meurtre commis dans son enfance , quitta
Oponte, alla en Thessalie, et y devint l’hôte
LETTRE 1V.
d’Achille. Exilé de l’llémonie, le héros qui
guida le vaisseau sacré sur les mers de Colchi-
de se retira près des bords de la fontaine de
A sa sans.
donna les murs de Sidon, pour fonder une ville
sous un ciel plusheureux. Tydée, banni de Ca-
Déjà au déclin de Page, je vois ma tête qcommence à blanchir; déjà les ridesdela vidlesse sillonnent mon visage ; déjà ma vigueur et
lydon, se rendit à la cour d’Adraste, et Teucer
trouva un asile sur une terre chérie de Vénus.
et les jeux qui jadis firent le charme de un ja-
Pourquoi citerai-je encorelesanciens Romains?
nrsse me déplaisent aujourd’hui. Si j’apparais-
Alors l’exil n’allait jamais tin-delà des limites
sais tout-à-coup devant toi, tu ne pourrais ne
Vicinoque matu terret utrnmque lattis.
Allera Bistoniss pan est sensura sarissaa,
Allons Sarmelim spicule misse manu.
Ennlibus tellua ultima Tibar crut?
Persequsr ut eunctos , nulli datus omnibus mil
Tarn procul a patria est, horridiorve leur.
Quo magie ignosrat sapientia vestra dolenti,
Qui facit ex dictis non ils multa luis.
Net: tamen inlicior, si possint nostra coite
Vulnera, prœcsptis pesse soirs tais.
Sed vereor ne me frustra servsre Iabores;
Neu jurer admets perditus agar ope.
Pyrène (5). Le fils d’Agénor, Cadmus, aban-
l nunc, et retrrum nohis esempla virorum ,
Qui l’urti casum mente tulere , refer:
Et grave magnanimi rohur mirare Rutili,
Non usi reditus conditione deti. A
Suiv-na virum tenoit, non Pontus et hosties telles;
Prune minus nulle Smyrna petenda loco.
Non doloit patrie Cynirus procul esse Sinopeus;
Legil enim stades, Allies terra , tuas :
Arma Neoclides qui Persirs couludit armis ,
Argolira primant sensit in urbe lugam:
Pulses Aristides patrin Lacedæmona fugit;
luter quas dubinm, qui! prier esset, erat:
(lu-de puer farta Palroclus Opunla reliquil,
Thessalistnque adiit, hospes Achillis, humum :
Essul ab Hmmonia Pirenids cessil. ad undam ,
Quo duce tubs Colrhes sacra cururrit aquas:
Liquil Agenorides Sidonia mœnia Cadmns,
Ponerel ut muros in meliore loco.Vrnit ad Adraslum Tydeus, Colydone fugntus;
El ’l’eucrum Veneri grata recepil humus.
Quid referont relues Romans! gentils, apud quns
mes forces languissseut dans mon corpsépu’sé.
Net: loquer hac, quin ait major isolais;
Sed sim, quam medico, notior ipse
Ut tatnen hoc ils ait , muons tua grande volantAd me perveuit, consuliturque boni.
EPISTOLA l7.
U105].
hm mihi deterior canis adspergitnretu,
Jamque mens vultus rugs senilis arat:
Jan! vigor, et quam languent in empote vira;
Nos , juveni lusus qui piscnere , placent:
Nos, si me subito rideas , sgnoscere passas;
Ætatis [acta est tsnta ruina ml
LES PON’l’lQ U ES.
masure, tant est profonde l’empreinte des
l
7.39
dont le nom fait trembler l’univers du cotte,
ravages que le temps m’a fait subir. c’est sans
chant à l’aurore (3). L’Hémonie est plus près
doute l’effet des.années , aussi bien que le ré- que Rome de l’affreux pays du Pont; Jason eut
sultat des fatigues de l’esprit et d’un travail a donc une route moins longue ’a parcourir que
continuel. Si l’on calculait mes années sur le
moi. Il eut pour compagnons les premiers de la
Grèce; et tous mes amis m’abandonnèrentà mon
nombre des maux que j’ai soufferts, crois-moi,
le serais plus vieux que Nestor de Pylos. Vois
départ pour l’exil. J’ai franchisur un fragile es-
comme les travaux pénibles des champs brisent
quif l’immensité des mers; et lui voguait sur
un excellent navire. Je n’avais pas Tiphys peut
le corps robuste des bœufs; et pourtant, quoi
de plus fort que le bœuf? La terre, dont leseia i
est majeurs fécond, s’épuise fatiguée de pro-
duire sans cesse; il périra, le coursier qu’on
pilote; le fils d’Agénor n’était pas la pour
m’indiquer la route que je devais prendre ni
celle que je devais éviter. Jason marchait sous
l’égide de Pallas et de l’auguste Junon; nulle
fait lutter sans relâche dans les combats du
divinité
n’a protégé ma tète. Il fut secondé par
cirque; et le vaisseau dont les flancs toujours
les ressourcesingenieuses de l’amour, par cette
humides ne se seront jamais séchés sur la
grève , quelque solide qu’il soit d’ailleurs,
science que je voudrais n’avoir jamais enseignée.
s’entr’ouvrira au milieu des flots. C’est ainsi
Il revint dans sa patrie , et moi je mourrai sur
cette terre, si la terrible colèr d’un dieu que
finis , je me sens vieilli avant le temps. Si le le j’ai offensé reste inflexible. insi donc, ô la
plus fidèle des épouses. mon fardeau est en efpas nourrit le corps, il est aussi l’aliment de
qu’effaibli moi-même par une suite de maux in- i
l’âme; mais un travail immodéré les consume
fet plus lourd à porter que celui du fils d’Éson.
l’un et l’autre. Vois combien la posterité
Toi aussi, qu’à mon départ de Rome je lais-
est prodigue d’éloges envers le fils d’Eson (l),
sai jeune encore. l’idée de mes malheurs t’aura
parce qu’il est venu dans ces contrées. Maisses
sans doute vieillie. Oh! fassent les dieux que
je puisse te voir telle que tu es! que je puisse
travaux, comparés aux miens, furent bien peu
de chose, si toutefois le grand nom du héros
n’étouffe pas la vérité. Il vient dans ce Pont ,
envoyé par Pélias (2;, dont le peuvoir s’étendait
à peine jusqu’aux limites de la Thessalie; cequi
m’a perdu moi, c’est le courroux de Çésar ,
Confites» lacera hac unaus: sed et allers causa est,
Autistes snimi , continuusque labor.
Nana mes pet longos si quia male (figent aunes,
(inde mihi Pylio Nestore major ero.
Ccruis, ut in «huis, et quid hon firmius? ervis
Fortin tsaroram corpora frugal upas.
Que nauqaam vecao solita est cessa": uovali,
Fractihus sdsiduia lsssa seaescit humus :
Ocddet, ad Cirei si qais certamius semper
Non iatermissis cursibus ibit equus:
Firme ait illa licet , solvetar in æquore navis ,
Quc nunqusm liquidis sises earebit equis.
le quoque debilitet series immense malorum ,
Ante meum tempos oogit et esse senem.
Otia corpus slaut; animas quoque paacitur illis:
Immodieus contra csrpit utrumqae lshor.
Adapies, in lias partes quad venerit Æsoae natus ,
Quam leudem a sera posteritsle lent.
At lebor illius nostro leviorque minorque ,
Si mode non verum nomina magna premunt.
Ille est in Pontum , Polie mittente, profectae,
Qui vix finassait. lac timendua crut;
Gueris ira mihi aconit, quem Solis ab ortu
déposer sur tes joues flétries de tendres bai-
sers, presser dans mes bras ton corps maigri,
et dire : a C’est son inquiète sollicitude pour
moi qui l’a rendue si frélel a te raconter en-
suite mes souffrances, en mêlant mes larmes
Solis ad occasus utraque terra tremit.
lunetior Hæmonie est l’onto, quem Rome sinistre;
Et bruina , quam nos, ille peregit iter.
llle hebuîl comites primes telluris Achive:
A! nostrsm cuncti destituere lugsm;
Nos lragili vastum ligno sulcsvimus quot:
Que tulit Æsonidea , firma carias fait;
Nec Tiphys mihi rester ont; nec Agent»! actas
Quss arquer", docuit, quss fugeremqae, vies;
Illum tulate est cum Pallsde renie Jane :
Del’endere meam numine nulle cepat;
Illum furtive juvere cupidinis ertee ,
Quas s me velleln non didicisset Amer
llle domum rediit; nos hie moriemur in une,
Pentiterit læsi si gravis in Dsi.
Darius est igitur nostrum , Minime canins,
lllo , quad sabiit Æsone nstua , nous.
Te quoque , quam juveuem discedeas arias reliqai,
Credibile est nostris insenuiese mslis.
0 ego, Dt fuient, islam le carnets passim,
Careqae mutatis oscule ferre geais;
Amplectique mais corpus non pinças Isatis;
Et, gracile bos (soit, «liesse , cars me: : à:
300
dus tiennes; jouir encore d’un entretien queje
OVIDE.
composés; armoi, qui sableur Mien
n’œpérais plus, et, d’une main reconnaissante,
juge et je vois que presque tous mériteraient
offrir aux Césars, a une épouse digne de César, à ces dieux véritables , un encens mérité.
Puisse la colère du prince s’apaise!" bien-
d’être effacés. Cependant je ne les mosellane;
tôt, et la mère de Memnon. de sa bouche de
rose, m’annoncer enfin cette heureuse nouvellel
rien de pénible. Est-ce donc le moment de B-
œ serait pour moi un travail plus fatigant que
celui d’écrire, et mon esprit malade nesuppous
mer mes vers, de contrôler chacune de au
expressions? La fortune sans douteme tourmente trop peu : faut.il encore que le Mlle
mêle aux eaux del’Hèbre, et que l’Athosconins-
LETTRE V.
de ses forets a celles qui œuvrent les Alpes?
Non, le cœur déchiré par sa airelle blasais
a besoin de répit. Le bœuf soustrait sa la: sa
A lutas.
Cet Oiide, qui autrefois n’occupait pointla
joug qui l’a blessé.
dernière place dans ton amitié, te prie, Maxime,
Maissans doute qu’il est pour moi des fruits
à recueillir. juste dédommagement de mes un.
vaux. Sans doute que le champ me rend la sa»
de lire ces vers : ne cherche point a y retrouver mes inspirations premières, entretuant tu
me semblerais avoir oublié mon exil. Tu vois
comme l’inaction énerve le corps engourdi,
comme l’eau condamnée à croupir finit par
s’altérer. Ainsi le peu d’habitude que je pon-
mense avec usure; mais, hélas! rappelle-toi
l
tous mes ouvrages, et tu verras que, jusqu’à et
jour. aucun d’eux ne m’a servi; plûtes éd
qu’aucun ne m’eût été funeste l Alors, pourqu
vais avoir acquise dans l’art de la poésie. je l’ai
donc écrire? tu t’en étonnes? cet étonnassent,
presque perdue, faute d’exercice assidu. Cu
vers même que tu lis, crois-moi, o Maxime, je
les écris avec regret et d’une main presque
rebelle; un tel soin n’est plus possible a mon
esprit, et ma muse, effrayée par le Crète farouche, ne répond plus a mon appel. Et œpen-
je le partage, et souvent je me demande: a Qui
m’en reviendra-kil? a Le peuple a-t-il du:
raison de nier le bon sens des poétesietsera’s-
je moi-même destiné a être la preuve la ph
éclatante de cette croyance, moi qui,tronpé
si souvent par un champ stérile, persisteàœr
daut , tu le vois, je m’efforce d’enfanter quel-
fier la semence à une terre ingrate? C’est que
ques vers; mais ils sont aussi durs que mon
chacun est l’esclave de ses goûts; c’est qu’on
destin ; en les relisant, j’ai honte de les avoir
aime à consacrer son temps à son art favori:
Il narrare mecs lienti ficus ipse lsbores;
Sperstouunquam colloquieque frai;
Taraque Causeribus cum coujuge Cours digne ,
Sed non fit isto mollior ille mon.
Quum relego, scripsises padet; quia plurims sans,
Me quoque qui [coi judici- , digne liai.
Nec lames: entendu: labos bic quem scriban major,
Manque pali duram sustiaet cgrs nihil.
Scilieet incipiam liure mordache ati ,
Dis veris , memori debite femteaul
Memnouis banc, utinem, lenito principe, mater
Qllllll primum roses provooet on dieml
EPISTOLA V.
IAXIIOllle taos quondam non altimns inter emioos ,
Ut sue verbe legss , Maxime, Naao roget :
ln quibus ingenium deaiste requirent aostrutu ,
Nescius essilii ne vidure mei.
Cerais ut igaavum onrrumpent otie corpus;
Ut cepiant vitium, ni movesntur, equn.
Et mihi , si quia erst , dueeudi canulois usas
Defiril, calque minor- fadas inerte situ.
"ce quoque, que legitis , si quid mihi, Maxime, M,
Soribimns invita, vixque coeota , mena.
Non libet in tales animum contendere ourse,
Nu: venil ad duras Musa vocats Gelas.
la tente. ipse vides , Iuctor deducerc versant;
Et sub jadicium singuls verbe mon?
Torquet enim fortune parum , nisi Nilua in liettConfiust? et frondes Alpibus sddet Mina?
Parcendnm est anime miserabile valnus bah-ni:
Sabdumnt aussi colle penne bavas.
At, puto, tractus adest, justissima canas labarum;
Et sale cum malte [nous uddit agar.
Tempas ad hoc nabis , repelee Iieat mais, nullsn
Profuit, atque utinam son aunaient! opus.
Car igitur scriban i mirsrie : mirer et ipse;
Et mecam qsmro sape, quid inde fersm.
An populua vers sauce negal esse postes,
Sumque fides bujus maxima vocis ego!
Qui, sterili loties quam aim domptas eb am.
Damnosa pentu coudera semen huma.
8ciliret est cupidua etadiornm quisqae mon;
Tempus et admets poum in arts javel. I
LES PONTIQUES.
76!
le gladiateur blessé jure de renoncer aux com-
effort, et je novois pas de raison de s’appliquer
bats; mais bientôt, oubliant ses cicatrices, il
reprend ses armes; le naufragé dit qu’il n’aura
a un travail trop soutenu. Pourquoi mettraisje tant de soin à polir mes vers? craindrais-je
plus rien de commun avec la mer, et bientôt il
qu’ils n’aient point l’approbation des Gars? I
agite la rame sur ces Bots d’où naguère il se
sauvait à la nage. Ainsi je maudis constamment
Peut-être trouverez-vous cet aven peu mo-
mes études inutiles, et je reviens sans cesse
deste; mais j’ai l’orgueil de me croire le plus
beau génie des pays baignés par l’lster. u où
courtiser la déesse que je voudrais n’avoir ja-
je suis condamné à vine, il doit me suffire d’é-
mais honorée. Que ferai-je de mieux? je ne
suis pu né pour languir dans une lâcheoisivetél
tre poète au milieu des Gètes inhumains. A
quoi me servirait de poursuivre la gloire dans
le temps sans emploi est pour moi l’imagedela
mort. Je n’aime pas non plus à passer les nuits
jeté soient Rome pour moi: ma muse infortunée
jusqu’au jour, plongé dans une ivresse dégoû-
se contente de ce théâtre! Ainsi je l’ai mérité;
tante , et les douces séductions du jeu n’ont sur
moi aucune prise. Quand j’ai donné au sommeil
ainsi l’ont ordonné les dieux tout-puissants!
Je ne crois pas, d’ailleurs, que mes écrits par-
le temps que réclament les fatigues du corps,
viennent de si loinjusqu’aux lieux où Borée lui-
comment employer les longues heures de la
un autre monde? Que ces lieux ou le sort m’a
méme n’arrive que d’une aile fatiguée. Le ciel
entier nous sépare, et l’Ourse, si eloignée de la
journée? [rai-je, oubliant les usages de ma paville de Quirinus , voit de près les Gètes barbatrie, apprendre à bander l’arc du Sarmate,
et me livrerai-je aux exercices de ce puys? Mes res. Non; à peine puis-je croire que les fruits
forces elles-mêmes s’y opposent: mon âme a
de mes veilles aient franchi un si grand espace
de terres et de mers; supposons, d’ailleurs,
plus de vigueur que mon corps débile. Cherche
alors ce que je puis faire; rien de plus utile qu’on les lise, et, ce qui serait étonnant, supque ces occupations, qui ne le sont nullement
posons qu’ils plaisent, ce fait. assurément, ne
en effet. C’est ainsi que je m’étourdis sur mes
servirait en rien a leur auteur. Quel avantage
malheurs, et c’est assez pour moi que mon
champ me rende cette moisson. Que la gloire
recueillerais-tu d’être loué par les habitants de
la chaude Syène, ou de l’île de Taprobane, baignée par les flots indiens? Montons’enœre plus
vous aiguillonne, vous autres! consacrez vos
veilles à cultiver les muses. pour qu’on applaudisse ensuite à la lecture de vos vers. Je m’en
tiens, moi, aux productions qui naissent sans
Saueius ejural pugnam gladiator; al idem,
lmmsmor antiqui vulnsris, arma capit:
Nil subi cum pelagi dicit fore naufragus undis;
la: dueitremos, qua modo nuit, aqua.
Bit. ego constantes studium non utile carpe;
Et "peut, nollsm quaa coluisse , Deas.
Quid potins [sciant T non sont , qui segnia dunes
Otia : mors nabis tempos habetur inters.
Net: jurat in Incsm nimio marcescerc vine;
Nu: tent inccrlas ales blaude maous.
Quum dedimus somno, que corpus postulat, boras,
Quo panant vigilans tampon longs modo?
Man’s au oblilus patrii, coulenders discuta
Sarmaticos arcus , et trahar art: loci?
lice quoque me studium prohibent adsumere vires;
Manque magis gracili col-pore nostra valet.
Quum bene quasieris quid spam , magie utile nil est
Artihus his, quai nil utililatis hahent.
Conscquor ex illis ossus oblivia nostri;
Banc, astis est , messem si mes reddit humus:
Gloria vos annal; vos , ut recilata prohentur
Carmina , Pieriis invigilate choris.
M mail a: Iaeili : satis est componere nohis ,
haut: si tes louanges étaient chantées par les
Pléiades lointaines,que t’en reviendrait-il? Mais
le poète, escorté par de si médiocres écrits, ne
El nimis intenti causa laboris abat
Cur ego sollicita poliatn nies carmina cura!
An veresr ne non adprobet illa Gelas Y
Foraitan audacter faciam , sed glorior Istrtnn
lugeoit) nullum majus habere mec.
floc, obi rivendum , satis est si cousequor, ano,
luter inhumauos esse poeta Getas.
Quo mihi diversum lama contendere in crissas?
Quem fortune dedit , Rama ait ille locus.
licornes contenta est infelix Musa thestro:
Sic merui; magni sic volons Dei.
Net: reor hinc istuc nostris itor esas libellis,
Quo Borcss penna delicienta seuil.
Dividimur calo; quoque est procul urbe Quirili ,
Adspicit hirsutes cominus Ursa Galas.
Per tantum terra , lot aquas , via mdere passim
lndicium studii transiluisss mai.
Finge legi , quodqua est mirabile, linge placera;
Juclorem cette res juvet isla nihil.
Quo tibi , si calida posilus laudere Syeue ,
Aut tibi Taprcbancn Indien cingit que T
Altius ire libet? si le distantia longe
l’leiadutn laudcnt signa , quid inde feras?
m
OVIDE.
763
vait m’être d’une immense utilité! Avec toi se
saurait parvenirjusqua vous; sa gloire a quitté
Rome avec lui. Et vous, pour qui j’ai cessé d’é-
tre, du jour où ma renommée alla s’ensevelir
au loin avec moi, aujourd’hui sans doute, vous
ne parles même plus de ma mort.
perdaient les consolations que réclamaitmoa
esprit malade. Je perdais la moitié de ma vis
etde ma raison. Maintenant je te fais medernière prière : c’est de venir, d’aussi loin quota
sois, secourir ma misère et aider ma faiblesse
par tes conseils. Que si tu as quelque confiance
LETTRE v1.
A cancans.
Quand la nouvelle de ma disgrâce arriva jusqu’à toi, alors que tu étais retenu sur une terre
étrangère, ton cœur en fut-il affligé? En vain
tu le dissimulerais; en vain tu craindrais d’en
faire l’aveu, si je teconnais bien,Græcinus. tu
fus certainement affligé. Une insensibilité
odieuse n’est pas dans ton caractère; elle est
d’ailleurs incompatible avec tes études: les
beaux-arts, qui sont l’objet exclusif de tes
dans la véracité d’un ami, tu diras qu’il futilit-
prudent plutôt que criminel. ll n’est si lacile, ni sur d’écrire quelle fut l’origine de un
faute : mes blessures craignent qu’on n’en ap-
proche la main. Dispense-toi de recbetcher
pourquoi jelesai reçues; ne les excite pas, a
tu veux qu’elles se cicatr’nent.
Quoi qu’il en soit, ce que j’ai fait ne mérite
p8 le nom decrime; ce n’est qu’une faute, et
toute faute contre les dieux est-elle donc un
crime? Aussi, Grœcinus, ai-jeencorequelqueespérance de voir adoucir mon supplice; l’Espév
rance! cette déesse restée sur la terre maudits,
soins , corrigent la rudesse des cœurs, et
quand les autres dieux eurent quitté ce anode
les adoucissent; et personne, Græcinus, ne s’y
livre avec plus d’ardeur que toi, lorsque les de-
corrompu. C’est elle qui attache à la vie l’es-
clave chargé de fers,etqui lui fait croire qu’as
voirs de ta charge et les travaux de la guerre jour ses pieds seront libres d’entraves; c’est
elle qui fait que le naufragé, bien qu’il novois
t’en laissent le loisir.
la terre nulle part autour de lui, lutte de sa
de mon malheur (car pendant longtemps je bras contre la fureur des vagues; souvenue
Pour moi, des que je connus toute l’étendue
n’eus pas le sentiment de ma position). je com-
malade, abandonné par les médecins les plus
pris que le coup le plus foudroyant dont me
frappait la fortune, c’était de me priver d’un
habiles, espère encore, alors même que son
pouls a cessé de battre; le prisonnier sans la
ami tel que toi, d’un ami dont la protection de-
verrous rêve, dit-on, sa liberté, et le «imitai
Scd aequo pervenio seriptis medioeribus isluc ,
Tecum tune aberant mgr. solatia mentis ,
Magnaque pars anima cousiliiquc mei.
At nunc, quod supercst, fer opem, procor, enlions un;
Adloquioque juva pecten nostra tuo:
Que, non mendaci ai quidquam credis amine,
Stulta magis dici, quam scelerata , decet.
Nec Ieve, nec tutum , pet-ati que ait origc
Scribere; tractari vulnera nostra timent.
Qualicumque modo mihi sint ea tacts, rogue
Desine; non agites, si qua coire velil.
Quicquid id est, ut non facinus , sic culpa voandllli
Omnis an in magnes eulpa Deos socius est?
Spes igitur menti pana , Grecine, levantin
Non est ex toto nulle relicta mon.
Bec Des , qunm lugeront sceleratas numina terres,
in Dis invisa sols remariait homo:
Panique cum domino fugit ab urbe suo.
Vosque, quibus perii , tune qunm mes fuma scpulta est,
Nunc qutque de nostra morte latere ner.
EPISTOLA Yl.
GRÆCINO.
Ecquid , ut andisti, nam te diversa tenebat
Terra, moos rams, cor tibi triste fuit?
V Dissimules, "remarque licet, Grœcine, l’ateri;
Si bene le novi, triste fuisse liquet.
Non redit in mores feritss insmnbilis istos;
Nec minus a studiis diasidet illa luis.
Artibus ingenuis , quarum tibi maxima cura est,
Pecten mollescunt , asperitasque fugit.
Née quisquam meliore lido compleetitur illas,
Qua sinit silicium, militiæque labor.
Certe ego, qunm primum potui sentira quid essem ,
Nain fait sdtonito mens mihi nulla diu,
floc quoque fortune semi, quod amicus abcsses ,
Qui mihi prusidium grande futurus aras.
Ilæc l’acit ut vivat vinctus quoque compede fesser,
Liberaque a ferre crura futura palet:
Bec facit ut, videat qunm terras undique nullas,
Naufragus in mediis bradais jactet sqnis.
Snpe aliquem solers medicorum cura reliquîl;
Nec spes huis vena deliciente csdit.
Garons dimtur clausi spenre ululent ;
LES murmuras.
763
sur le unifiait secondes vœux ; elle empocha
connais-tu, au lien d’où elle vient. celui qui l’a
biendesmalheureux qui déjà s’étaimt passe au
écrite? ou bien faut-il que tu lises le nom de
con le lacet fatal de consonmer le suicide l’euteur,poursavoir enfin que cesearactères
qu’ils avaient prémédité. Elle m’arreta moi-
ont été tracés par la main d’Ovide? Quel autre
Inétne lorsque je tenais le glaive prêt à finir
mes souffrances; elle suspendit mon bras déjà
levé. c Que fais-tu? me dit-elle; il fautdes lar-
detesamissetrouveainsirelegueaux bornes
de l’univers, sine n’est moi. moi qui te conjure
de me regarder toujours comme des tiens?
mes,etnondusang:leslarmesapeisent son- Passent les dieux que ceux qui t’aiment et qui
vent la colère du prince. e nuai, quoique tlhonorent uecouuaisseutjemais ce psys! C’est
j’en sois indigne, j’espère encore dansla clemence du dieu que j’implore. Supplie-le, Grie-
doue. de n’en-e plus inexorable, et, par tes
bien assa que moi seul j’y vive au milieu des
glaces et des flèches des Scythes , si toutefois
ou peut appeler vie ce qui est une espèce de
prières éloquentes, aide à l’aocompl’usement
mort;qne cette terre réserve pour moi seul
de mes ma. Puisse-je être enseveli dans les
les périls de la guerre; le ciel,sa température
sables de Tomes, sije doutejamaisde la sincé-
glaciale; le Gète, ses armes mensçantes, et
rité de ceux que toi-môme tu formes pour
l’hiver, ses frimas; que j’habite une contrée
moi! Les colombes commun! à sÎéloigner
des tours, les bêtes fauves de leurs autres, les
troupeaux de leurs pâturages et les plongeons
où l’ennemi ne cesse de nous inquiéter de toua
qui ne produit ni fruit ni raisin, une contres
les parts; pourvu que le reste de mes nomdes eaux, avant que crochus abandonne le breux amie, parmi lesquels j’occnpais, comme
cause d’un ancien ami. Non, il n’est pesdens
me destinée que tout soit change ses point!
dans la foule, une petite place, soient àl’abri de
tout danger. Ialheurà moi si mes paroles t’offensent, si tu nies que j’aie jamais possédé
le titre que je réclame! Cela fût-il , tu
LETTRE VIL
A muance.
Cette lettre, Messallinus, est l’expression des
vœux que je t’adresse du pays des GèteS,
devrais me pardonner ce mensonge, cor ce titre, dont je me glorifie, n’ôte rien à ta renommee. Qui ne prétend être rami des Césars. nuiquement parce qu’il les sonnait? Aie la mémo
indulgence, après mon aveu, et, pour moi, tu
seras César. Cependant, je ne force pas l’en-
et que je (adressais autrefois de vive voix. Be- trée des lieux qui me sont interdits; conviens
Atque eliquis pendent in crues vota faeit.
"ce Des quem molles leqneo sua colla ligules
Non est proposita pesse perii! necel
Ils quoque consolera gladio llnire dolmen
Art-cit , injecta continuitque manu.
Quidque l’acte? lacrymis opus est, non sanguine , (liait:
Smpe per lies llaeti principis ire solet.
Quemvis est igitur meritis indeliite nostris,
Magna lumen spes est in bonitale Dei.
Qui ne difflcilis mihi rit , Grec-âne, precsre;
Couler et in voturn tu quoque verbe menm :
loque Tomitanajecessn tumulstus arena ,
Si te non vobieieta vovere liqnet.
Nain peins indpisnt tunes vitare 001an ,
Antre fer-s , pesades gamine , Insigne squat,
Quam male se pastel veleri Gratins arnica:
Plus in nant Mis entois versa meis.
EPlSTOM Vil.
Immune.
Lilrre pro ver-bis tibi , Messalline , saloir-m,
Quam legis , a suivis sdtulit osque Ostie.
lndicat auctoretp locus? an , nisi nomine koto,
lice me Nasonem scribere verbe , bien
Requis in eatremo positus jacot orbe tnoruru ,
le tamen excepte, qui preoor en: tous?
Dl procul s cunctis, qui le vensnntur manique ,
Hujus notitisrn gratis abesse velint.
Nos , satis est, inter gisoient Scythicasque sagittal
Vivent, si vite est mortis habends gurus.
Nos premat ont belle tellus , eut frisera calcin;
Truxque Getes amis, anodine pulsst lupus :
Nos Italien repic, nec porno liste , nes uvis,
Et cujus nullum ossset Il) son. letus.
Casiers sit sapes enltorntn turbe mot-nm;
ln quibus , ut populo, pars ego parva fui.
Me miserum , si tu verbis olfeedcris istis;
Nosque tressa nlls parte fuisse tnosl
ldqne sit ut vernm , mentilo ignusoeru delta :
Nil demit landi gloria nostra tue.
Quie se Cmribus nous non flugit amieum?
Da veulent lasso, tu mihi (leur eris.
Ne: lemen irrumpo que non lied Ire; setieqns est,
Atria si noble non patoises urges.
764
ONDE.
seulement que la maison me fut jadis ouverte,
et mon orgueil sera satisfait, quand il n’y aurait
pas en d’autres rapports entre nous. Cependant les hommages dont tu es l’objet aujourd’hui comptent un organe de moins qu’autrefois. Ton père lui-même n’a pas désavoué mon
Il s’est servi avec modération des feux de u
foudre: il ne m’a ôté ni la vie, ni les bien. ni
l’espérance du retour, si vos prières parties-
nent un jour à désarmer sa colère. Mains
chutea été terrible ; et qu’y a-t-il d’étonnant!
l’homme frappé par Jupiter n’en reçoit pas dt
amitié, lui qui m’encourager dans mes études,
médiocres blessures. Achille voulait en vair
qui fut ma lumière et mon guide, à quij’ai of-
comprimer ses forces ; les coups de sa la:
fert à sa mort, et comme un dernier honneur,
étaient désastreux; ainsi, la sentence me
mes larmes et des vers qui f urent récités dans
mon juge m’étant favorable, il n’y a pas de
le forum. Je sais aussi que ton frère me porte
raison pour que ta porte refuse aujourd’hui de
une amitié aussi vive que celle des fils d’Atrée
me reconnaitre. Mes hommages, je l’anse,
et des fils de Tyndare; lui aussi n’avait pas dé-
n’ont pas été aussi assidus qu’ils devaient te
tre; mais cela, sans doute, était encore un effet
daigné de me choisir pour son compagnon,
de ma destinée. Il n’est personne cependant
pour son ami, et tu.ne crois pas, j’imagine,
que cetaveu puisse lui faire du tort; autrement, qui j’aie témoigné plus de respect, et, suitées
jeconsensà reconnaitreque, surce point làencore,je n’aipasditlavérité,dûtvotremaisonentière
m’étreà jamais fermée! Mais il n’en sera point
l’un, soit chez l’autre, je sentis toujours le
bienfaits de votre protection. Telle est les i’ faction pour ton frère que l’ami de ce fière,
ainsi; car enfin il n’est pas de puissance hu-
en admettant même qu’il ait négligé de le rendre
maine capable d’empêcher qu’un ami ne s’é-
hommage, a sur toi quelques droits. De plus.
gare quelquefois; cependant , comme personne
n’ignore que je ne fus jamais criminel, ainsi
bienfaits, n’est-il pas dans ta destinée de la ne
si la reconnaissance doit toujours suivre le
puisse-t-il être reconnu que je n’ai pas même
été coupable! Si la faute était tourd-fait inex-
riter encore? Si tu me permets de le dire a
cusable, l’exil serait pour moi une peine trop
donner plutôt que de vendre. C’ est ce que u
tégère; mais celui à qui rien n’échappe, César,
fais; et, autant qu’il m’en souvient, tu avais la
a bien vu lui-même que mon crime n’était en
effet qu’une imprudence: aussi m’a-t-il épar-
noble coutume d’obliger le plus que tu postai.
gné, autant que ma conduite le lui permettait,
autant que mon erreur lui en laissait la faCuIté.
quelle qu’elle soit, dans la maison, poanlqle
je n’y paraisse point comme un intrus; et, a" ta
thrre tibi luerit merum nihil amplius, une
Nempe salutaris, quam prias , ore minus.
Nec vitam , nec opes, nec ademit pesse levai,
Si sua per vestras riels sit ira protes.
Net: tous est genitor nos inliciatus amicos,
Hortator studii rausaque fuxque mei :
Cui nos et lacrymas, suprrmum in tuners munus ,
Et dedimus media scripta cancnda fore.
Adde quod est frater tsnto tibi junctus amore ,
Quantus in Atridis Tyndaridisque fuit.
la me nec cornitem , nec dedignatus amicum est;
Si tamen broc illi non noritura putes.
Si minus, hac quoque me mendacem parte fatebor :
Clause mihi potius tota ait ista damne.
Sed neque claudenda est; et nulle poteutia vires
Prœstandi, ne quid perut smicus , babel.
Et tamen ut cuperem , culpem quoque pusse negari ,
Sic lacions nerno nescit abesse mihi.
Quod nisi delicti pars excusabilis esset ,
At graviter cecidi : quid enim mirabile, si
l’ami relegari porno future fuit.
lpae sed hoc vidit, qui pervidet omuia , Cœur,
Stultitiarn dtci criunna poste mes :
Qunque ego perrnisi , quaque est res passa , peperrit;
Usus et est nrodice lulminis igue sui
que tu dois désirer, demande aux dieux de
Donne-moi, Messalinus, donne-moi une plu.
A love percutent non levs volons ballet 1
lpse suas ut jam vires inhibent Achilles ,
Mises graves ictus Pelias basta tulit.
Jedicium nabis igitur qunm vindicis actait,
Non est sur tua me jaune none neget.
Culte quidem , lettrer, nitra quem debult, ilh :
Sed fuit in fatis hoc quoque, credo, mais.
Net: tamen officium sentit magie eltrra natrum:
Hic, illic , vestro sub Luc semper crans.
t Quæque tua est pictas , ut le non esculat in
Jus aliquod tecnrn fratris amictss babet.
Quid, quod", ut emeritis refends est grati self.
Sic est fortune promeruises (un?
Quod si pernrittia nobis sondera, quid optes :
Ut des, quam reddas, plurs, precsre Becs.
ldque lacis, quantumque licet uranini- , euh
Officii causarn plurilius esse deti.
Quolibet in uruuero me, Iessalliue , "par;
Simmodopenmtrznonalienadomu: 5
LES PONTIQUES.
ne plainspas Ovide parce qu’il est malheureux,
plants-le du moins d’avoir mérite de l’être.
765
attaques contre le roi. Celui-ci , dans le souvenirde sa grande origine, redoublant decourage,
se présenta aussitôt entouré d’une armée nombreuse. et ne se retira qu’après s’être baigné
dans le sang des coupables. et s’être rendu cou-
LETTRE VIH.
a BÉVÈRB.
O Sévère, ô toi, la moitié de moi-même,
reçois ce témoignage de souyenir que t’adresse
pable lui-môme, en poussant uop loin sa vengeance. O roi le plus vaillant de notre siècle,
puissent tes mains glorieuses tenir à jamais le
sceptre! Puisses-tn (et mes souhaits pour toi
ne sauraients’élever plus haut) obtenir les élo-
ton cher Ovide. Ne me demande pas ce que je ges de Rome, tille de Mars, etde grand César.
Hais, revenantà mon sujet . je me plains. a
fais ici; tu verseraisdes larmes si je te raconmon aimable ami, de ce que les horreurs de la
tais en détail touts mes souffrances; il suffit
que je t’en donne ici l’abrégé.
guerre viennent encore se joindrai mes maux.
Nous voyous chaque jour s’écouler sans un
moment de repos, et au milieu de guerres continuelles; le carquois du Gete y est l’aliment ine-
puisable des combats. Seul. de tant de bannis,
je suis a la fois exilé et soldat. Les autres vi-
Déjà quatre fois l’automne a vu se lever la
Pléiade depuis que je vous perdis, et que je
fus jeté sur ces rives infernales. Ne crois pas
qu’Ovide regrette les commodités de la vie de
vent en sûreté, je n’en suis pas jaloux, et afin
Rome; et œpendaut il les regrette aussi; car
tantôt je me rappelle votre doux souvenir, ô
que tu juges mes vers avec plus d’indulgence ,
mes amis . tantôt je songe à ma tendre épouse
songe. en les lisant, que je lesîifaits dans les
et à ma tille. Puis je sors de ma maison ; je me
dirige vers les plus beaux endroits de Rome;
je les parcours tous des yeux de la pensée:
est une ville ancienne que ses murs et sa posi- tantôtje vois ses places, tantôt ses palais. ses
théltres revêtus de marbre , ses portiques, un
tion rendent prœqu’iuaccessible. Le supin
Ægipsns, si nous en croyons ce peuple sur sol aplani, le gazon du champ de Mars, d’où la
préparatifs du combat.
Près des rives de l’Ister au double nom , il
sa propre histoire, fut le fondateur de cette vue s’étend sur de beaux jardins, et les ma-
ville et lui donna son nom. Les sans farouches
l’enleverent par surprise aux Odrysiens, qu’ils
rais de l’Euripe. et la fontaine de la Vierge (l).
Mais sans doute que si j’ai le malheur d’être
massacreront; et poursuivirent ensuite leurs
privédes plaisirs de la ville, je puis du moins
Et male NasoIeut , quouiam meruisse videtur,
lllo memor langui generis, virtute quad auget,
Protinus innutnero milite cinotus adest:
fies prias abusait, merita quam cade nocentum
Si son fans doles, et meruisse dols.
EP18TOLA Vlll.
savane.
A tibi dileeto missent Rame salutsm
Accipe, pars suint. msgua, Sema, mon.
Nove regs quidam; si parssqusromnisflehia:
But-mamie nostrisi tibinota mali.
Vivimus adsiduis expertes paris in amis,
Dura pharetnto bella moveute Geta.
Dogue tut expulais sum mile in essule solus:
Tuta , nec imides, entera turba jaeet.
Quoque magie nostrcs venin digeste libelles,
[les in procinetu carmina tacts legas.
Stat velus urina, ripa vieina biuomiuis [stri ,
Minibus et positu vix adeunds loti.
Caspius Ægypsos; de se si crodimus ipsis,
Goudidit, et proprio nomins dixit opus.
tisse ferus Odrysiis inopino Marte nantis,
Cepit, et in regain austulit arma Cotes.
Se nimis uleisceus, enütit ipse tancent.
At tibi, res, au, detur, fortissimo , unau-o ,
Sanper honorais soaptra tenon manu.
’lque , quod et prestat , quid enim tibi plenius optera 1
Martin un magno (iman [toma probet.
8d memor unda abii , queror , o juruude sodalia,
Accedant nostris sans quod arma mslis.
Ut csreo vohis Stygias dolmans in ont ,
Quatuor automnes Plein orta facit.
Net: tu candidats urbain oommoda vit.
(lunure Nannem : quærit et illa tamen.
Nam mode vos animo dulcea reminiseor, amiei ;
Nuno mihi cum ra conjuge nats subit:
Bque doms runes pulcltr: loca vertor ad urhia ,
Cunetaque meus coulis pervidet illa suis.
None fora, nunc «les, nunc marmors loch thsstra ,
Nulle subit aquata portions omuia hume g
Gamins nunc sampi pulohroa speetantis in hortos ,
sumac et Euripi , Virgineusque liquor.
At, pute , aie arbis miseroesterepta voluptss, 50.
766
ONDE.
jouir de ceux de la campagne. Je ne regrette
l’ennemi et moi qu’un faible mur, qu’uneumjti
pas les champs que j’ai perdus, ni les plaisirs
admirables du territoire de Péligne (2), ni ces
jardins situés sur descollines couvertes de pins,
porte fermée? Pour toi, lorsque tu naquis,
les Parques, et je m’en réjou de toment
âme, filèrent des jours fortunés. Tantôt.c’est
et que l’on découvre à la jonction de la voie
le champ de Mars qui te retient; tantôt, un:
Clodia et de la voie Flaminia (5). Ces jardins,
errer à l’ombre épaisse d’un portique. ou
je les cultivai, hélas! je ne sais pour qui, et j’y
passer quelques rares instants au Forum; ta-
puisai moi»mème , je ne rougis pas de le dire,
l’eau de la source , pour en arroser les plantes.
On peut y voir, s’ils existent encore, ces arbres
greffés par mes mains, et dont mes mains ne
tôt l’Ombrie te rappelle, ou, porté sur unda:
devaient plus cueillir les fruits. Voilà ce que
j’ai perdu, et plût aux dieux qu’en échange. le
pauvre exilé eut du moins un petit champ à
cultiver! Que ne puis-je seulement voir paraître
ici la chèvre suspendue aux rochersl Que ne
puis-je, appuyé sur ma houlette, moi-même
être le berger de mon troupeau, et, pour dis-
qui brûle le pavé de la voie Appieune, tale
diriges vers ta maison d’Albe. La peulven
formes-tu le vœu que César dépose enlia sa
juste colère et que tu campagne messine d’1sile. Oh! mon ami , c’est demander trop pour
moi! sois plus modeste dans les désirs; je tu
conjure, mets un frein à leur entrainemeatuw
rapide. Je demande seulement qu’on fixe mon
exil dans un lieu plus rapproché de home Il
perser les chagrins qui m’obsedent, conduire
à l’abri de toutes les calamités de la peut
Alors je serai soulagé de la plus graudeptfli
les bœufs labourant la terre, le front com-
de mes maux.
primé SOUS le joug recourbe! J’apprendrais
celangageintelligible aux taureaux des Gètes,
etj’y ajouteraisles mots menaçants dont on sti-
mule ordinairement leur paresse. Moi-même,
LETTRE 1X.
a sans.
après avoir guidé, avec des efforts mesurés, le
manche de la charrue , et l’avoir enfoncé dans
le sillon , j’appreudrais à jeter la semence sur
cette terre retournée, et je n’hésiterais pas à
sarcler le sol , armé d’un long hoyau, ni à don-
de mes larmes. Mais, ce qui est affreux me
et ce que je croyais impossible, cette lem. je
ner à mon jardin altéré une eau qui l’abreuve.
Maiscomment le pourrais-je,lorsqu’il n’ya entre
l’ai lue malgré moi. Depuis que je suis (lui!
Pont, il ne m’est pas arrivé de plus trident
Quolibet ut saltem rure frui Iicest.
Non mous omisses animus desiderat agros,
liuraque Peligno conapicienda solo;
Discrimen muros clauaaque ports hait?
At tibi nasesnti , quod toto pecten leur ,
Nerunt fatales tortis fils Des.
Te modo campus babel , dents mode portions mini
None , in que pensa tempera rare , forum.
Umhria nunc revooat; nec non Alhana potentat!
Appis ferventi disoit in arvs rota.
Foraitsn hic optes , ut juatstn supprimst in!
Omar, et hospitium ait tus villa me...
Née quot piniferia positoa in collibus hortos
Spectst Flamiuiæ Clodia jouets vie. .
Quos ego nescio oui œlui , quibus ipse solebatn
Ad sala fontanas , nec pudet , addere sqnsa.
Sunt ibi , si vivant , nostra quoque «mails quondam ,
Sed non et nostra puma Iegenda manu.
Pro quibus amissis utinam cnntingere posait
Hic saltem profugo glebs culenda mihi!
lpse ego pendentea , liceat modo , rnpe espellsa,
lpse velim baculo paume nixus oves :
lpse ego , ne solitis insistant pectcra curie,
Durant ruriœlss sub juge panda boves:
Et disram Getici quin norint verba juvenci;
Adsuetas illis sdjiciumqus minas :
lpae, manu capulum pressi moderstus entai,
Esperiar mols spargere semen homo:
Née dubitetn longis purgsre ligonihus arvs,
Et date , quas sitiens combibat hortus, aquss.
Unde, sed hoc nabis, minimum que: inter et hostetn
A peine ai-je reçu la lettre dans laquellell
m’annonces la mort de Celse (l), que je fumai
Ahl nimium est quod, amies , patio! mollah-fi
Et voti , que», contralto rets lui.
Terra velim propior, nulliqua chionis halls
Detur; erit nostris para houa dents mslis.
EPISTOLA lx.
auxine.
Que mihi de rapto tua votait epidola Calao,
Protinua est lscrymis humide tacts mais :
Quodque nefss dictu , fieri nec posas putavi ,
lnvitis coulis litera lecta tua est.
LES PONTIQUES.
7M
velte, et puisse-belle être la seule que j’y re-
d’Augnste qu’il n’éternise pas sa colère. Il
çoive désormais! L’image de Celse est aussi
appuiera ses efforts de ceux de son Frère, et
présente à mes yeux que si je le voyais luimême . et mon amitié pour lui me fait croire
n’épargnent rien pour adoucir ton sort. s ce;
paroles m’ont rendu supportables les ennuis de
qu’il vit encore. Souvent je le vois déposant
ma malheureuse vie; fais en sorte. Maxime,
sa gravité, se livrer au plaisir avec abandon;
qu’elles n’aient point été prononcées en
souvent je me le rappelle accomplissant les rvain. Souvent il me jurait de venir me voir à
actes les plus sérieux avec la probité la plus
Rome, pourvu que tu lui permisses un si
pure. ’
Cependant. de toutes les époques de ma vie ,
aucune ne me revient plus souvent à l’esprit
que celle que j’aurais voulu appeler la dernière,
et ou ma maison, ébranlée tout à coup, s’écroula sur la tété de son maître; alors que tant
d’autres m’abandonnaient, lui seul resta, Mexi-
long voyage; car, l’espèce de culte qu’il avait
pour ta maison était leméme que celui dont
tu honores les dieux, ces maîtres du monde.
Crois-moi, tu as beaucoup d’amis et tu eues
digne; mais lui ne le cède à aucun d’eux par
son mérite.si toutefois ce ne sont ni les richesses, ni l’illustration des aïeux, mais bien
me, lui seul, ne suivit pas la fortune quine la vertu et les qualités de l’esprit, qui distintournait le dos; je le vis pleurer ma perte, guent-les hommes. C’est donc avec raison que
comme s’il eût pleuré la mort d’un frère prét
je rendsà la tombe de Celse ces larmes qu’il
à devenir la proie du bûcher. Il me tenaitétroi-
versa surmobméme, au moment de mon départ
pour l’exil. Oui , c’est avec raison , Cdse , que
tentent embrassé, il me consolait dans mon
abattement, et ne cessait de mêler ses larmes . je te consacre ces vers, comme un témoignage
aux miennes. 0h! combien de fois, surveillant de tes rares qualités, et pour que la postérité
incommode d’une vie qui m’était odieuse, il
y lise ton nom. C’est tout ce que je peux
arrêta mon bras déjà levé pour finir mon des-
t’envoyer des campagnes :gétiques; c’est la
tin! Que de fois il me dit: s Les dieux sont selle chose. dont je puisse dire avec certitude
pitoyables; vis encore, et ne désespère pas
qu’elle est la mienne. ,
Je n’ai pu ni embaumer ton corps ni assistadu pardon! s Mais voici les paroles qui me
ù tes funérailles; un monde entier me sépare
frappèrent le plus: s Songe de quel secours
Maxime doit être pour toi; Maxime s’emploiera
tout entier. il mettra dans ses prières tout le
zèle dont l’amitié est capable, pour obtenir,
Nue quidquam ad matras pervenit aces-bina auna,
Ut snmus in Ponte , perveniatque prenne.
Ante meus oculus tanquam præsentis imago
Hæret, et exotiuctum vivere fluait amer.
Sæpe refert animus lisses gravitant carentsa ,
Sais cum liquida sape permis lido.
Nulle tamen sabrent mihi tampon denim tilts,
Que vellem vit. somma fuisse mon.
Quum domus ingenti subito mes lapon ruina
Cent-Mit , in domini prucubuitque «put ,
Adl’uit ille mihi, qunm pars me magna reliquit.
Maxime , fortran: nec fuit comas.
Illum ego non aliter fleutem rusa fuuera vidi ,
Ponendua quam si frater in igue foret :
Huit in amplexu, consolatusqne jaseutem est,
Cumquc meis lacrymis misait tuque suas.
0 quoties , vit. custoa inviaus aman ,
Continuit pmmtaa in mes fats maous!
0 quoties dixit : Placabilis ira Deorum est;
Vive, nec ignosei tu tibi pusse nega.
Vos tamen illa fuit œleberrima : reapiœ quantum
Debout auxilii Maximux esse tibi :
llasimus ineumlvet; quaque est pic-tale, rogabit ,
v deton bûcher; mais celui qui le pouvait, celui
que, pendant ta vie, tu honoraiscomme undieu,
Maxime enfin. s’est acquitté envois toi dans:
Ne sit ad sabemum Cela-ta in tous:
Cumquc suis fratrie vinas adhibshit ,et «immun-v
Quo levius dolas, esperietur open. v .
Bec mihi verbe mal. minuteront tndia vitn :
Que tu , us fuariat, Iasime,vaua, ava.
Hue quoque venturum mihi asjuuase sotch-t,
Non nisi te longe jus sibi dams vie :
Nain tua non alio coluit palets-ah ritu,
Terrarum dominos quam colis ipse Becs.
Credo mihi; multoa habeas qunm dipus amines,
Non fait e multisqnolilset immine. v
Si modoueeoansua, ascalsrum monnaierai, .
Sed probitas magnes inanition-e fait. u -.
Jure igitur lacrymas Celse libamaa adonne, j
Quum façonna , vivo qua dudit ille mihi :
Carmina jure damusnros tatamis nous,
Ut tua venturi nomiua, Celse, logent.
floc est, quad poaaum (infinis tibi mittere ab anis;
floc solum est istio , quod quuet esse natrum.
Funers nec potui comitare , nec nuque corpus;
Aque luis toto dividor orbe rugis.
Qui potuit, quem tu pro numiue vivus habitas ,
Prmtitit omnium Maxitnus omne tibi.
50
ONDE.
768
raient, substances lourdes et Indigestes, mon
tristes devoirs, à tes funérailles; il a offert à tes j
restes de pompeux honneurs; il a versé l’amorne (2) odorant sur ton sein glacé, et, dans sa
douleur, ila mêlé aux parfums des larmes abondantes ; enfin il a confié à la terre, et tout près
je n’oserais l’écrire à tout autre, de peut qu’on
de lui , l’urne où reposenttes cendres.S’il rend
dans l’état actuel de ma fortune, les besoin
estomac sans ressort. Quelque vraiquecela son,
n’attribuat mes plaintes à un besoin de
tcsse recherchée. En effet, dans ma
ainsi aux amis qui ne sont plus les devoirs de cette nature seraient bien venus! islamiqu’il doit à leurs mânes, il peut me compter
haite, aux mêmes conditions, à celui qui trou-
aussi parmi les morts.
verait que la colère de César fut trop tout:
pour moi. Le sommeil lui-même. cet aliment
LETTR E X.
A rLtccus.
d’un corps délicat, refuse sa vertu bienfaisante à mon corps exténué. Je veille.ettvet
moi veille incessamment la doulour,qu’entrt-
Ovide, du fond de son exil, envoie le salut tient encore la tristesse du jour. A peine mut
voyant pourrais-tu me reconnaîue; t Quesoil
à son ami Flaccus, si toutefois on peut envoyer ce que l’on n’a pas; car, depuis long-
temps, le chagrin ne permet pas à mon corps,
miné par les soucis rongeurs, de recouvrer des ’
forces; et pourtant je n’éprouve aucune douleur; je ne sens pas les ardentes suffocations de la
fièvre, et mon pouls bat comme de coutume.
devenues , dirais-tu , ces couleurs que tu mit
jadis?» Un sang rare coule paisiblementdtfl
mes veines presque desséchées, et mon corps
est plus pâle que la cire nouvelle. [actoit dl
vin n’ont point causé chez moi de tels range.
car tu sais que je ne bois guère que de l’eath
Mais mon palais est émoussé; les mets placés
ne charge point de mets mon estomsc,di
devant moi me donnent des nausées, et je vois
j’aimais la bonne chère, il n’y aurait pas"
pays des Gètes de quoi satisfaire mes goûts .
avec dégoût arriver l’heure des repas. Qu’on
mette à contribution, pourme servir, la mer, la
Les plaisirs si pernicieux de l’amour n’épu-
terre et l’air, on n’y trouvera rien qui puisse
sent point mes forces; la volupté n’habitepts
réveiller mon appétit. L’admite llébé , deses
dans la couche du malheureux. l’audit
mains charmantes, me présenterait le nectar et
l’ambroisie, breuvage et nourriture des dieux,
climat me sont funestes, et, par-muent!
que leur divine saveur ne rendrait pas la sensi-
moment. Si vous ne les soulagiez, mi du
bilité à mon palais engourdi, et qu’ils écrase-
frère qui te ressemble , mon âme shilling?
llle tibi exsequias , et magni funus honoris
Fecit, et in gelidoa verait smoms sinus:
Diluit et lacrymis mœrens ungueuta profusis;
Ossaque vicina condita texit homo.
Qui quoniam eutinctis , que debet , præstat amicis ,
Et nos sutinctis annumerare potest.
EPiSTOLA x.
rascco.
Naao sue profugus mittit tibi , Places , anlutem;
Mithra rem si quia , qua caret ipse, potest.
Longus enim curis vitia tum corpus amaris
Non patitur vires languor babere suas.
Née dolor ullus sdest , nec febribus uror aubelis;
Et peragit soliti vena tenoris iter :
Os hebes est, positæque inovent fastidia mense ,
Et queror, invisi qunm vernit hors cibi.
Quod mare, quod tellus, adpone , quod educal ner,
Nil ibi, quod nobis esuriatur, eril.
Nectar et ambrosism, latices epulasque Deorum ,
Dot mihi formosa nova Juventa manu :
Non tamen axacuet torpens sapor ille palnlum ;
inquiétudes d’esprit, qui ne me labial PI!"
Stabit et in stomacho pondus inerte dia. l
Haro ego non ausim , qunm sint verissima , au"!
Scribere , delicias ne mala nostra vouent-
Scilicel is status est, en rerum forma murant.
Dellciis etiam possit ut esse locus.
Delicias illi precor bas contingen, si quit,
Ne mihi ait levier Cmris ira , timet.
la quoque, qui gracili cibus est in emport, 90mm
Non alit officio corpus inane suc.
Sed vigile, vigilantque mei sine fine dolines.
Quorum materiam dst locus ipse mihi.
Vix igitur pesais vises agnoscere ruilas;
Quoque icrit, querss , qui fuit ante, ml"l’arvus in exiles succus mihi pervenitarttu,
Membraque sunt ocra pallidiora nota.
Non hm immodico contraxi damna Lyre:
Sois mihi quam sole pane bibantur que.
Non epulis oneror; quorum si tangar amures
Est tamen in Geliris copia un": loris.
Net: vires adimit Veneria damnosa voluptas .
Non solet in montes illa venire toros.
Unda locusque nocent; causaque nocentior omni.
Ansielas unimi, qua.l mihi semper adut. 3’
LES PONTIQUES. 769
porterai à peine le poids de ma tristesse. Vous aurai besoin, tant que le divin César sera
êtes pour ma barque fragile un rivage hos- irrité contre moi. Que chacun de vous adresse
pitalier, et je reçois de vous les secours que à ses dieux d’hnmbles prières. non pour que
tant d’autres merefusent; donnez-les-moi tou- César étouffe un courroux dont je suis la vicjonrs, je vous en conjure, car toujours j’en l lime méritée, mais pour qu’il le modère.
Banc nisi tu paritai- simili cum traire levures, Paris, preeor , semper, qui. semper egebimuu illa .
Vix mens tristiliæ mais luliuel ont". Canaris offensum dam mihi numen erit.
Vos catis fragili telline non durs phanie; Qui meritam nobis minuai, non fini-t iram ,
Quumque nagent multi, vos mihi fertis open). Suppliciter natron quinqua ros-le Dm. M
r. 1v. b9
ONDE.
710
ccœœœmmœcmccmœmmmcœœ
LIVRE DEUXIÈME.
L E T T R E l.
A GERIANICL’S cÉssn.
bardane tenace croît mêlée à la mousson. Moi.
aussi, herbe inutile, je me ressens de liniments
des dieux, etsouvent , malgré eux. leuisbienfaits me soulagent. Oui, la joie de César, autant
Le bruit du triomphe de César a retenti jusque sur ces plages ou le Noms n’arrive que
d’une aile fatiguée; je pensais que rien d’agréa-
ble ne pouvait m’arriver au pays des Scythes;
mais enfin cette contrée commence à miétrc
moins odieuse qu’auparavant. Quelques reflets
d’un jour pur ont dissipé le nuage de douleurs
que je le puis, est aussi la mienne; cette famille
n’a rien reçu qui soit à elle seule. Je le rends
grâce, o Renommée!à toi qui as permis au prisonnier des Gètes de voir par la pensée lepour
peux triomphe deCésar!C’esttoiquimiasappris
qui m’environne; j’ai mis en défaut ma fortune.
que des peuples innombrables se sont assemblés pour venir contempler les traits de leur
jeune chef. et que Home, dont les vastesmurail-
César voulût-il me priver de tout sentiment de
joie, celui-là du moins, il ne peut empêcher que
les embrassent l’univers entier, ne fut pas W1
grande pour leur donner à tous l’hospitalile.
tout le monde ne le partage. Les dieux eux-
C’est toi qui m’as raconté quiaprès plusieurs
mémes veulentlirela gaieté sur le frontde leurs
jours dione pluie continuelle, chassée du son
adorateurs, et ne souffrent pas la tristesse aux
des nuages par l’orageux vent du midi, le soleil
jours qui leur sontconsacrés. Enfin, et c’est
brilla diun éclat céleste , comme si la sérénilé
du jour eût répondu à la sérénité qui appariti-
être fou que d’oser l’avouer, malgré César lui-
même,je me réjouirai. Toutes les fois que Jupiter arrose nos plaines d’une pluie salutaire , la
El’lSTOLA l.
GERMANICO CÆSARI-
"tu: quoque Cœurei pervenit fuma triumphi ,
Languida quo lessi vix venit aura Noti.
Nil fore duite mihi Scythica regione putavi.
Jnm minus hic odio est, quant fuit ante, locus.
Tandem aliquid, pulsa curarum nube, sereuuut
Vidi; fortune.- verba dcdique meut.
Nolit ut ulla mihi contingere gandin Cœsar,
Velle potest suivis liœc tamen una dari.
Dl quoque, ut a cunetis hilari pietate colantur,
Tristitism poni pet- sua lesta juin-ut.
Deuique, quod certus furor est audere fateri ,
"se ego lirtitia, si vetet ipse , futur.
Jupiter utilibus quotics jurat imbribus ogres ,
sait sur tous les visages. Alors, on vit le ninqueur distribuer à ses guerriers des récompenMista tenu segeli creseere Isppa tolet.
Nos quoque frugilerum lentimua, inutilis berk
Numen , et invita wpe juvamur ope.
Gaudia Cæsnrem mentis pro parte virili
Sun! inca : privali nil liabet illa dormis.
Gratin, Fuma, tibi; per quam spectata triumpbi
Incluse mediis est mihi pompa Getis.
Indice te didiri, nuper risendu cotise
lnnuineras gentes ad durit ora sui :
Quæque upit vastis immeusum mœuibls orin",
llospitiis Romam vix habuisse locum.
Tu mihi nurrasti, qunm multis lucibus ante
Fuderil adsiduas nubilus Auster aquu,
Lumine wlesti Solem fulsisse serenuut ,
Cum populi vultu convenienle die.
Atque ila victorem, cum maguo roda honore,
Bellicu laudalis dona cit-disse viris z
il
LES pommons.
au militaires , qu’il accompagnait d’éloges
puionnés; brûler l’encens sur les saints autels, avant de revêtir la robe brodée , éclatants
insignes du triomphateur, et apaiser par cet
acte religieux la Justice , à qui son père éleva
des autels, et qui a toujours un temple dans
771
t°e donnent les années! le reste, tu le trouveras en toi-même, pourvu qu’une longue carrièreaide au développement de la vertu. Mes
vœux seront accomplis : les oracles (les poëles
ont quelque valeur; car unilieu a répondu à mes
vœux par des présages favorables. Rome. ivre
son cœur. Partout où il passait, des applaudissements et des vœux de bonheur accueillaient
de bonheur, te verra aussi monter vainqueur
sa présence; et les roses jonchaient les chemins
vaux conronnés, et, témoin des honneurs pré-
au Capitole sur un char traîné par des che-
auxquels elles donnaient leur couleur. On por- maturés de son jeune fils, ton père éprouvera
tait devant lui les images , en argent, des villes tison tour cette joie qu’il donna luiumème aux
i barbares, avec leurs murailles renversées, et
auteurs de ses jours. Jeune homme, déjà le
leurs habitants subjugués; puis encore des
fleuves, des montagnes, des prairies entourées
de hautesforéts, des glaives et des traits grou-
plus illustre de tous, soit dans la paix, soit
dans la guerre, n’oublie pas ce que je te prédis dès aujourd’hui. Peut-être ma muse chan-
pés en trophées. Le char de triomphe étince-
tera-t-elle un jource triomphe, si toutefois ma
lait d’or, et le soleil, y reflétant ses rayons,
donnait la teinte de ce métal aux maisons qui
vie résiste aux souffrances qui m’accablcnt;
avoisinent le forum. Les chefs captifs et le cou
sang la flèche d’un Scythe, et si ma tète ne
tombe pas sous le glaive d’un Gète farouche.
enchaîné étaient si nombreux qu’on en aurait,
si , auparavant, je n’abreuve pas de mon
de ce nombre fut Bato, l’âme et l’instigateur
Que je vive assez pour voir le jour ou tu recevras dans nos temples une couronne de lauriers.
et tu diras que deux fois mes prédictions se
de cette guerre. Lorsque les dieux sont si clé.
sont vérifiées.
pourainsidire, composé une armée. La plupart
d’entre eux obtinrent leur pardon et la vie, et
ments envers des ennemis, pourquoi ne pourrais-je espérer qu’ils s’apaiseront en ma faveur?
La même renommée,Germanicus,aaussi publié,
jusque dans ces climats, que des villes avaient
été vues à ce triomphe, inscrites sous ton nom,
et que l’épaisseur de leurs murs, la force de v
leurs armes , leur situation avantageuse, n’avaient pu les protéger contre toi. Que les dieux
flanque aumturum pictas inaignia venta ,
Ton priul lanctis impœuiua l’oeil :
Juatitiamque lui caste placaue parentia ,
lllo que tomplnm pestera ramper habet.
Quoque ierit , felix adjectum plausihus omen;
Sanque rentia embuions rosis.
Prolinus argente versos imitantia muros ,
Barbara cum victia oppida lata viria:
Fluminaque, et montes , et in allia paseos ailvia;
Armaquo cum telia in aime mista suis.
Deque trinmphato, quot! Sol incenderit , aure
Aura Romani teck fuisse lori.
Toupie tuliue duces captivia addita collis
Vincula , puna hontes quot satin me luit.
Maxima para borum vitam veniamque tulerunl;
ln quibus et helli rumina caputque Bato.
Cur ego posas negem minui mihi numinis iram ,
Quum videam mites hostihnn este Dom?
l’ertulit hue idem nabis , Germaniee , rumor ,
Oppida sub titulo nominis une tui ;
Atque en te contra, nec mari mole , nec amis ,
Nos satis ingénie tuta fuisse loci.
LETTRE Il.
A "assumes.
Cet ami qui, dès son jeune âge , honora ta
famille , aujourd’hui exilé sur les tristes bords
Dt tibi dent aunes! a te nom cætera sumac;
Sint modo virtuti tempera longa tune.
Quod proeor eveniet : sont quiddam encula velum;
Nain Dette optanti proapera signa dedit.
Te quoque victoretn Tarpeias mandore in arecs
Læta corouatis Rama videbit equis;
Maturosque pater nati spectabit honores ,
Gaudia percipiena, que dédit ipse suis.
Jam nunc lime a me, juveuum belloquo togaque
Maxime, dicta tibi, vaticinante, nota.
Huns quoque carminibua referam fartasse triomphant,
Suffirjet nostria si mode vils malis;
lmhuero Scythicaa sinon prias ipse sagittal,
Abstuleritque ferox hoc capot euse Getes.
Quod si, me salvo , dabitur tibi laurea templis,
0min: hie «lices vers fuisse mes.
EPISTOLA Il.
useuuno.
me douane vestrœ primia vannier ah mais ,
Pulsue ad Euxini, Nm, sinistre l’reti, à
b9.
OVIDE.
77:!
du Pont-Euxin , Ovide t’envoie, ô Messallinus,
sacrilège vient chercher un refuge au pied
du pays des Gèles indomptés, les hommages
de ces autels qu’il a profanés, et ne craint pas
qu’il avait coutume de t’offrir lui-même lorsqu’il était àRome. Malheurà moi si , à la vue
d’implorer l’assistance de la divinité qu’il a on
[le mon nom , tu changes de visage! si tu
hésites à lire cette lettre jusqu’au bout. Lis-la
donc toute entière; ne proscris pas mes paroles, comme je suis proscrit moi-même, et
que Rome ne soit pas interdite à mes vers. Je n’ai
jamais eu la pensée d’entasser Pélion sur Ossa,
tragée. Cette confiance, dira-t-on , n’est pas
sans danger; j’en conviens, mais mon vaisseau
ne vogue pas sur des eaux paisibles. Que d’antres songent a leur sûreté: l’extrême misère
est aussi un gage de sûreté, car elle ne redoute
rien depire qu’elle-même. Quand on est entraîné par le destin , de qui si ce n’est du destin
ni l’espoir de toucher de ma main les astres
doit-on attendre du secours? Souvent la rude
éclatants. Je n’ai point suivi la bannière insen-
épine produit la douce rose. Emporté par la
sée d’lfincélade , ni déclaré la guerre aux dieux
vague écumante, le naufragé tend ses bras vers
maîtres du monde , et, semblable à l’audacieux
Diomède . je n’ai point lancé mes traits contre
une divinité. Ma faute est grave, sans doute,
mais elle n’a osé compromettre que moi seul,
et c’est le plus grand mal qu’elle ait fait! On
ne peut m’accuser que d’imprudence et de témérité, seuls reproches légitimes que j’aie
mérités. Mais , je l’avoue , après la juste
indignation d’Auguste, tu as le droit de te
montrer difficile à mes prières. Telle est
ta vénération pour tout ce qui porte le nom
d’lule, que tu regardes commepersonnelles les
offenses dont il est le but. Mais en vain tu serais armé et prêt à porter les coups les plus
les récifs; il s’attache aux ronces et aux rochers aigus. Fuyant l’épervier d’une aile tremblante, l’oiseau fatigué se réfugie dans le scinde
’l’homme, et la biche effrayée, poursuivie par la
mente qui s’acharne après elle, n’hésite point
à venir chercher un asile dans la maison voisine. O loi. Messallinus, siaccessibleà la pitié,
laissetoi , je t’en conjure, laissetoi toucher par
mes larmes; que ta porte ne reste pas obstinément fermée à ma timide voix. Dépose avec
bonté mes prières aux pieds des divinités de
Rome, deces dieux que tu n’honores pas nous
que le dieu du Capitole, que le dieu du tonnerre. Sois le mandataire, le défenseur dent
terribles, que tu ne parviendrais point à te cause, quoique toute cause plaidée eumon
faire craindre de moi. Un vaisseau troyen nom soit une cause perdue. Déjà un pied dans
reçut le Grec Achéménide, et la lance u’Acnnle
la tombe , déjà glacé par le froid de la mon.
guérit le roi de Mysie. Souvent le mortel
si je puis être sauvé , je le serai par Ini-
Miltit ab indomitis banc, Messalline , ulutem,
Quam solitus præsens est tibi ferre , Getis.
Heu mihi , si lecto vultus tibi nomine non est ,
Confugit interdum templi violator ad arum,
Qui fuit, et dubitas cœtera perlcgere I
Perlege, nec meenm pariler mes verba relega:
Urbe liset vestra versibus esse meis.
Non ego concepi, si Pelion Ossa tulisset ,
Dixerit hoc aliquis tutum non esse; fatemur,
Sed non per placides il mes puppis squat.
Tuta pétant alii : fortune miserrima luta est:
Nain timor eventua deterioris abat.
Clara mes tangisidera pusse manu:
Net: nos , Enœladi dementia castra secuti ,
In reruln dominos movimus arma Deos :
Nos, quod Tydidm, temcrsria dextera fait,
Numina sunt telis ulla petits meis.
Est mes culpa gravis . sed quia me perdus solum
Anse ait , et nullum majus ndorta notas.
Nil, nisi non sapiens pussum timidusque vocari :
"me duo snnt animi uominu vers mei.
Esse quidem l’ateor, meritam post Canaris irnm ,
Difficilem preeibns te quoque jure meis.
Quœque tua est pietas in totnm nomen luli,
Te ledi, qunm quia lœdilur inde, putes.
Sed licet arma feras, et vulnern sua mineris,
Non tamen elflcies ut timeure mihi.
Puppia Achæmeniden Graium ijnna rem-[vit ;
K
Prol’uit et Myso Pelias basta duci.
Née petere oflenai numinis horret opem.
Qui rapitur intis , quid pre-ter l’ala requint?
Sæpe crut molles sapera apina rosas.
Qui rapitur sputnaute salo, sus bradais cauti
Porrigit, et spinas duraque saxe capit.
Accipitrem meluens permis trepidantibus ales
Audet ad humanos fessa veuire sinus:
Net. se vicino dubitat committere tecto ,
Qua fugitinfestoa territa nerva canes.
Du, precor, aœessnm lacrymis, mitissime , notifia,
Nec rigidam timidis vocibus obde farcin;
Verbaque nostra l’aveu Romano ad numina perler,
Non tibi Tsrpeio cuits touante minus:
Mandatique mei legatus suscipe causatn;
Nulla mec qusmvis nominé causa bons est.
Jeun prope dépositus, certe jam frigidus, egre
Servatus par te , si modo serrer, en. a
LES PONTIQUES.
775
Quelecrédit que tu dois-a l’amitié d’un prince l maladie, garde la chasteté dans sa couche,
immortel sedéploie pour ma fortune abattue;
que cette éloquence particulière à tous les
et son fils recule les bornes de l’empire de
l’Ausonie. Germanicus lui-mémé devance les
membres de ta famille, et dont tu prêtais le
années par son courage; le bras de Drusus est
secours aux accusés tremblants, se révèle en-
aussi redoutable que son cœur est plein de
noblesse; ses brus aussi, ses tendres petitesfilles, les enfants de ses petits-fils, enfin tous
coreeu ma faveur; car la voix éloquente de
votre pèrerevit dansson fila; c’est un bien qui
a trouvé un digne héritier.
Je ne l’implore point ici pour qu’elle cherche
amejustifier; l’accusé qui avoue sa faute ne
doit pas être défendu. Cousidère cependant
si tu peux pallier cette faute du nom d’erreur,
ou s’il canviendrait mieux de ne pas aborder
les membres de la famille d’Auguste sont dans
l’étatle plus florissant. Ajoute a cela les dernières
victoires sur les Péoniens , les bras des Dalmates condamnés au repos dans leurs montagnes,
et enfin l’Illyrie, qui, après avoir déposé les
armes, s’est glorifiée de porter sur son front
une semblable question. Ma blessure est de l’empreinte du pied de César. Lui-même, recala qu’il est, selon moi, imprudent de toucher, puisqu’elle est incurable. Arrête-toi ,
ma langue , tu ne dois pas en dire davantage:
marquable par la sérénité de son visage,
paraissait sur son char, la tète couronnée de
laurier; avec vous marchaieutà sa suite des fils
que ne puis-je ensevelir avec mes cendres ce pieux (l), dignes d’un tel père et des honneurs
lugubre souvenir! Ainsi donc, parle de moi qu’ils en ont reçus (2); semblables à ces frècomme si je n’avais pas été le jouet d’une
res (5) dont le divin lule aperçoit le temple du
erreur, afin que je puisse jouir de la vie telle
haut désademeure sacrée qui l’avoisine. Mes-
que César me l’a laissée. Quand tu lui verras
un visage serein , quand il aura déridé ce front
place, au milieu de l’allégresse générale, ne leur
sallinus ne disconviendra pas que la première
sévère qui ébranle le monde et l’empire, deman-
appartienne, à eux, devant qui tout doit céder;
de-lui alors qu’il ne permette pas que moi,
après eux, il n’est personne à qui Messallinus
ne le dispute en dévouement. Non, sur ce point,
tu ne le céderas à personne ; celui qui récomv
pensa ton mérite avant Page ceignit ton front de
faible victime,je devienne la pmiedes Gètes , et
qu’il accordeà mon exil un plus doux climat.
Le moment est propice pour solliciter des
grâces. Heureux lui-même , Auguste voit s’ac-
croître, o Rome, la grandeur de la puissance
lauriers bien acquis (4). Heureux ceux qui ont
pu assister à ces triomphes, et jouir de la vue
qu’il t’a faite. Sa femme. respectée par la
d’un prince qui porte sur ses traits la majesté
Nulle tua pro lapais uitatur gratis rébus,
Principia mmnam quam tibi præstet amer :
None tibi et eloquii nitor ille domasticus adsit,
Quo poteras trepidis utilis esse reis.
Vivit enim in vobis facundi lingue pareutis ,
Et res heredem repperit illa suum.
Banc ego non, ut me défendu-e teutst , adore;
Promovet Ausonium filins imperium.
Præterit ipse suos anime Gertnauicus anuos ,
Nec vigor est Drusi uobilitate miner.
Acide nurus lieptesque pina, natosque nepotum ,
Cmteraque Augusta: membra valere domus :
Acide triumpliatos modo Pæonaa, adde quieti .
Subdita montanm brachia Dalmatin. j K
Née dedignata est abjectis lllyris amis I
Non et couinai causa tuenda rei.
Hum tamen excuses erroris imagine factum,
An nihil expediat tale movere, vide.
Vallauris id genus est, quod qunm sauabile non ait ,
Non contrechri tutius esse putem.
lingue, silo; non est ultra narrabile quidquam :
Pesse velim cineres obruere ipse ineos.
Sic igitur , quasi me nullqs deceperit errer ,
Verbe lace , ut vite, quam dédit ipse , fruar.
Quumque menus tarit, vultusque remiseril illos ,
Qui secoua terras imperiumque murent;
[daignant ne me jar-dam sinat esse Getarum,
Detquesolum mises-m mite, preure,4l’ug,ai.
T-pns «lest aptum procibus : valet ipse , videtque
Quasl’ecit vires, Rome , valere tuas.
halena mojux ses pulvinaria scrvqt :
Cœursum l’amulo vertice ferre pedem.
ipse super currum, placido spectabilis on, p
Tempo" l’bœbea virgine "en tulit :
Quem pie vobiscunt proles cotuitsvit euntt-m ,
Digne parente suc, nominibusque datis;
Fratribus adsiniilis, quca proxilua templa trin-nies
Divus ab excelsa Julius arde vidct.
llis Messalliuus, quibus cumin cédera debout,
Primum lietitiæ non negat esse locum.
Quicquid ab bis superest, venit in cérumen auxoris ;
Hac honnissons nulli parte secundus eris.
"une colis, ante dicni par quem decreta mon-nu
Veuit honoratis laures digne comis.
Polis-es, quibus bos licuit apeclare triumphos ,4
Ettlucis 0re Deos asquiparanlc lrui.
774
ovms. i
des dieux! Et moi,au lieu de l’image de César,
gence, qui souvent fait gronder la bien"
j’avais devant les yeux de grossiers Sarmates,
sans la lancer; qui s’affiige de prendre ne
un pays où la paix est inconnue, et une mer
décision trop pénible, et qui semblese punir
enchaînée par la glace. Si pourtant tu m’en-
en punissantles autres; eependantms faute
tends, si ma voix arrive jusqu’à toi , emploie
avaincu sa douceur, et forcé sa colères»prunter contre moi les armes de sa puisasses.
tout ton crédit, toute ta complaisance, a faire
changer mon exil. L’ombre éloquente de votre
Puisque, séparé dema patriepartout un monde,
père, s’il lui reste encore quelque sentiment,
te le demande pour moi, qui l’honorai dès ma
je ne puis me jeter aux pieds du dieux eux-
plus tendre enfance. Ton frère aussi le de
mémes, ministre (5) de ces dieux, que une
vères, porte-leur ma requête, et appuyela de
mande , quoiqu’il craigne peut-être que ton
empressement à m’obliger ne te soit nuisible;
toute ta familleenfin le demande, et toi-même tu
ne pourrais pas nier que j’ai toujours fait partie
moyen que si tu n’y entrevois aucun danger;
pardonne-moi enfin, car, après mon naufrage,
il n’est plus de mer qui ne m’inspire date!-
de tes amis; à l’exception de mes leçons d’a-
froi!
tes ardentes prières. Cependant ne tente ce
mour, tu applaudissais souvent aux productions d’un talentdont je reconnais que j’ai mal
usé, Efface les dernières fautes de ma vie, et
ta maison n’aura point à rougir de moi. Puisse
le bonheur être toujours fidèle à ta famille!
Puissent les dieux et les Césars ne point l’ou-
blier dans leurs faveurs. lmplore ce dieu plein
de douceur, mais justement irrité, et prie-le
de m’arracher aux régions sauvages de la Scytbie. La tâche est difficile, je l’avoue; mais le
LETTRE lll.
A Ulm.
Maxime, toi dont les qualités distingueesré
pondent à la grandeur de ton nom, et qui ne
permets pas que l’éclat de ton esprit soit
éclipsé par ta noblesse , toi que j’ai honore’jw
sance de ce bienfait en sera d’autant plus vive.
Et cependant, ce n’est point Polyphème re-
qu’au dernier moment de ma vie, car en quoi
l’état ou je suis diffère-HI de la mon? tu
montres, en ne méconnaissant point un ami nul-
tranché dans son antre de l’Etna , ce n’est point
heureux, une constance bien rare de uosjours.
Antipbate, qui doivent entendre les prières.
J’ai honte de le dire, et œpendaut marennes
de la vérité du fait, le commun des hommes
courage aime les obstacles, et ma reconnais-
C’est un père bonet traitable, disposé à l’indul-
At mihi Saurematæ pro Canaris ore videntli ,
Terreque pscis inops , undsque vincta gela.
Si tamen lame audis , et vos mes pervertit istue,
Sit tua mutando gratis blende loco.
floc pater ille tuus, primo mihi cultus ab ave,
Si quid hsbet sensus umbrs diserte, petit :
Bot petit et frater; qusmvis ferlasse veretur,
Servandi nocent ne tibi cura mei :
Mots domus petit hoc; nec tu potes ipse peut",
Et nos in turbin parte fuisse tue.
Ingenii carte , que nos male sonsimus uses,
Artilms esœptis, sœpe probator cru.
Nec mon, si tantum peceats novissima damas
Esse poth domui vils pudendn lute.
Sic igitur vestrœ figeant penetralia gentia;
Curnque sil Superis Cmsnribusque lui z
Mite , sed iratum merito mihi mimi-n , adora,
Eximat ut Scythiri me feritntr loci.
Difficile est, fatrnr; sed tendit in ardus virtus ,
lit talis meriti gratin major erit.
Ncc’lamen Ælnmus vaste Pnlyphcmus in anlro
Aceipiet voeu Antiphslesve tuas :
Sed placidus facilisque parens , veuiœque pentus;
Et qui fulmines supe sine igue tout.
Qui , qunm triste sliquid statuit, llt tristis et ipse;
Cuique fers painsm sumere pans sua est.
Vieta tamen vitio est laujus demeutis nostm;
Veuit et sil vires ira coleta suas.
Qui quonism patrie toto sumus orbe moti,
Net: lieet ante ipsos proeubuisse Becs;
Quos colis , ad Superbe lice fer mandats mais"
Adde sed et propriss in mes verbe pneu.
Sic tamen hl: tenta , si non nocitura putsbis:
lgnoscas : timeo naufrages me fœtum.
EPlSTOLA lll.
llAXlllO.
Maxime , qui claris nomen virtutibus fluas,
Nec sinis ingenium nobilitste premi;
Culte mihi , (quid enim status laie a funere diffa!"
Suprrmum vitæ tempes ad usque mec:
Rem lacis, sdllictum non arcmtus smieum,
Que non est une rerinr lllll tue.
Turpe quidam dit-tu, «il, si mode vers [stemm
LES PONTIQUES.
n’approuvequeles amitiés fondées sur l’intérêt.
l’autorité de ton nom; donne l’exemple au lieu
Ou s’occupe bien plus de ce qui est utile que
de ce qui est honnête, et la fidélitéreste ou
d’une action est le sentiment de l’avoir bien
715
de le recevoir. L’unique profil que tu retires
disparalt avec la fortune; à peine en est-il un
faite; cai- alors la probité, la conscience du
sur mille qui trouve dans la vertu sa propre
devoir ont été ton seul guide. La vertu, dénuée
récompense. L’honneur même ne touche pas
s’il est sans profit, et la probité gratuite laisse
de tout le cortége des biens étrangers a la
des remords. L’intérêt seul nous est cher;
nature. n’a point, selon toi, de récompenses
attendre, et ne doit être recherchée que pour
ôtez à l’âme cupide l’espérance du profil, et
elle-même. C’est une honte, à tes yeux, qu’un
après cela ne demandez à personne qu’il pratique la vertu. Aujourd’hui , chacun aime à se
bien pourvoir, et compte avec anxiété sur ses
doigts ce qui lui rapportera le plus. L’amitié ,
ami soit repoussé parce qu’il est digne de oommiséntion, et qu’il cesse d’être un ami parce
qu’on vienne l’acheter. Je t’en admire d’au-
qu’il est malheureux. Il est plus humain de
soutenir la tête fatiguée du nageur que de la
replonger dans les flots! Voisce que lit Achille
apresla mort de son ami , et crois-moi , ma vie
est aussi une sorte de mort.
tant plus , 6 toi qui fus rebelle un torrent, et te
tins a l’abri de la contagion de ce décuire
vage du Styx; et quelle distance me sépare
cette divinité autrefois si respectable, est a
vendre, et, comme une propriété, attend
général. On n’aime que celui que la fortune
Thésée accompagna Pirithoûs jusqu’au ri-
de ce fleuve ! Le jeune Pylade ne quitta
fuite les plus intrépides. Autrefois, tant qu’un
jamais Oreste livré à sa folie; et la folie est
pour beaucoup dans ma faute. Accepte aussi la
vent favorable enfla mes voiles, je vis autour
part des éloges qu’ont méritéscesgrands hom-
favorise; l’orage gronde, et soudain met en
de moi un cortége nombreux d’amis; des que
mes, et continue, après ma chute, à me se-
la tempete eut soulevé les flots, je fus abandonné au milieu des vagues sur mon vaisseau
courir de tout ton pouvoir. Si j’ai bien connu
déchiré. Quand la plupart ne voulaient même
fois, si elle n’a rien perdu de sa grandeur, plus
pas paraltre m’avoir connu , a peine fûtesvous deux ou trois qui me secourûtes dans ma
la fortune est rigoureuse, plus tu lui résistes;
tu prends les mesures que l’honneur exige
détresse. Tu fus le premier, Maxime, et en
pour n’être pas vaincu par elle, et les attaques
effet tu étais bien digne, non pas de suivre les
incessantes de ton ennemi rendent plus opio
ton âme, si elle est encore cequ’elle était autre--
autres, mais au contraire de les attirer par niâtre ta résistance. Ainsi la même cause me
Vulgus amieitiss utilitate probal.
Cura quid espediat prias est, quam quid sil honestum z
Et cum fortuna atatque raditque tidea.
Nec facile inveniss multis in millihus unum
Virtutem pretium qui putet esse sui.
lpae deeor, recta facti si prmmia desint ,
Non moral , et gratis pœnitet esse probum.
Nil, nisiqund prudest, carum est: i, detrslae menti
Spem fruclus avide, nemo petendus erit.
Al "dilua jam quisque sucs amat , et aibi quid ait
Utile, aollieitis subputat articulis.
lllud amicitie quondam venerabile numen
Prustst , et in qunstu pro monitrice sedet.
Quo magie admirer, non, nt torrenlibns undis ,
Communie vitii le quoque labo trahi.
Diligitur nome, nisi oui fortune secunda est :
Que simul intonuit, proxima quatque fugat.
En ego, non panois quondam munitus amicts ,
Dum Iavit velis aura secunda meis ;
Ut fera nimboso tumuerunt æquora vente,
ln mediis lacera puppe relinquor aquis.
Quumque alii nolint etiam me nasse videri ,
Via duo projecto tresva tulistis open].
Quorum tu princeps : nec enim contes me; sed suetor.
Nos petere exemplum , sed dure dignes erra.
Te, nihil es acta, nisi non peccaue , ferentem ,
Sponte sua probitas officiumque juvsnt.
ludion te mercede caret , par aequo petcndaest
Externis virtus incomitata bonis.
Turpe pulsa ahigi , quia sil miserandua , amicutn;
Quodque ait infelix , drainera esse luum.
Mithra est lasso digitum subponere mente,
Mergere quam liquidis ora nalantis aquis.
Cerue quid Æacides post mortem pruntet amieo :
lnstar et hune vitam mords habrre puta.
l’irilhoum Thessua Stygiss comilavit ad undas :
A Stygiia quantum son mes distal aquisl
Adfuit insane juvenis Phooæus 0mm :
El mes non minimum eulpa furoris babel.
Tu quoque maguorum laudes admitte viroruin;
thue lacis, lapso, quam potes, aller open".
Si bene le novi; si , quad priua esse solebas ,
None quoque es , alque animi non cecidere lui;
Quo fortune mugis sævit, mugis ipse resistis,
thue deoet, ne le vicerit illa , caves :
Et bene uti pugucs , bene pugnans effiait hostie.
OVIDE.
776
public et qui fut le guide de ma muse. legs.
nuit et me sert en même temps. Sans doute, illustre jeune homme, tu regardes comme un gérais aussi que ton frère ne peurratt direa
déshonneur de marcher à la suite d’une déesse
quelle époque commença mon amitié pour lui:
toujours debout sur une roue.Ta fidélitéestiné-
il est vrai pourtant que je I’aimai au-dœsusds
branlable; et comme les voiles de mon vaisseau
tous et que, dans mes fortunes diverses, tu fus
battu par la tempête n’ont plus cette solidité
l’unique objet de toute ma tendresse. Les (lœnières côte de l’ltalie me virent avec toi (2), et
reçurent les larmes qui coulaient à flotsur mon
que tu voudrais qu’elles eussent. telles qu’elles
sont, la main les dirige. Ces ruines ébranlées
par des commotions violentes, et dont la chute visage. Quand tu me demandas alors aile récit qu’on t’avait fait de ma faute était véritable,
parait inévitable, se soutiennent encore, appuyées sur œsépaules. Ta colère contremoi fut
juste d’abord, et tu ne fus pas moinsirrité que
celui-là même que j’offensai; l’outrage qui
avait frappé au cœur le grand César , tu juras
je restai embarrassé, n’osant ni avenu ni coa-
aussth que tu le partageais; œpendaut,
larmes qui baignaient ma figure interdite. A
ce souvenir, tu dois voir que mon crimepsut
mieux éclairé sur la source de ma disgrâce ,
tredire; la mime ne me dictaitque detilnidrs
réponses. Commela neige qui se fondau souille
de l’Auster pluvieux, mes yeux se fondaimtct
tu déploras, dit-on, ma funeste erreur. Alors,
mériter l’excuse qu’on accorde à une première
pour première consolation, tu m’écrivis, et me
erreur; tu ne détournes plus les yeux d’un an-
donnas l’espoir qu’on pourrait fléchir la colère
cien ami tombé dans l’adversité , et tu répands
du dieu offensé. Tu te sentis ému par cette
amitié si constante et si longue qui, pour moi-
sur mes blessures un baume salutaire. Pour
meme, avait commencé avantta naissance (1), et
si, plus tard, tu devins l’ami des autres, tu naquis le mien; c’est moi qui te donnai les pre-
tant de bienfaits , s’il m’est encore permis de
formerdes vœux , j’appellerai sur ta téta toutes
les faveurs du ciel; ou s’il me faut seulement
régler mes désirs sur les tiens , je lui demain
miers baisers dans ton berceau. qui, des ma plus derai de conserver à ton amour et César et a:
teudreenfance, honorai ta famille, et qui mainte
mère; c’est là, je m’en souviens, laprière qu’a
nant te force à subir le poids de cette vieille ami-
vant tout tu adressais aux dieux , lorsque tu
offrais l’encens sur leurs autels. ’
tié. Ton père, le modèle de l’éloquence romaine,
et dent le talent égalait la noblesse , fut le premier qui m’engagea à livrer quelques vers au
Sic eadem prodeat causa , nocelque mihi.
Scilicet indignum , juvenis rarissime , duels
Te fieri enmitem stantis in orbe Des.
Firmua es; et, quoniam non sont ea qualia vellea ,
Vela regis quassæ qualiacumque ratil.
Quæque ila concussa est , ut jam (assura puletur,
[lestai adhue humeris fulta ruina luis.
Ira quidam primo fuerat tua justa, nec ipso
Lenior, offensas qui mihi jure fuit :
Quique dolor pectus letigisset Cæsaris ulti ,
Illum jurahas protinus esse tuum :
Ut tamen audits est nostra! tibi cladis origo,
Diceria erratis ingemuisse meis.
Tum tua me primum solari litera œpit,
El læsum flecti spem dure pusse Doum,
Morit amicitiæ tum le constantis longs! ,
Ante tues ortus quin mihi eœpla fuit :
Et quod eras aliis l’actus, mihi nstns smicus;
Quodqus tibi in cuuis oscula prima dedi;
Quod, qunm vestra domus teneris mihi semper ab annis
Culte sil, esse vetus nunc tibi eogor onus. ’
Me tuus ille pater, Latine facundia lingue ,
Que non inferior nobilitate fuit,
hiatus , ut auderem commitlere carmine (une: ,
Impulit : ingenii du: fuit ille mei.
Nee, que ait primum nobia a tampon aillas ,
Contendo fratrem posse referre tunm.
Te tamen ante omuea ila sum oomplexua , ut anus.
Quolibet in clan gratia nostra fores.
Ultime me tecum vidit, mœsüsque adents!
Excepît lacrymas [talla on genis.
Quum tibi querçnti, num vernis nuueius «sel,
Adtulerat cnlpæ quem mais fuma mec;
Inter confessum (lubie, dubieque neguntern
Herehun , pavidas dante timore nous :
Exemplotwe nivis, quam solvit aquatiens Austcr,
Gutla per sdtonilas ihst oborta senau. ’
Heu igitur referons , et quod mes crimina prisai
Erreris venin pesse latere vides;
Respicis antiquum lapsis in rebus amieum,
Fomentisqne juvas ruinera nostra tuis
Pro quibus optandi si nabis copia fiat ,
Tarn bene promerilo commoda mille FM".
Sed si sols mihi dontur tua vota, preubor,
Ut tibi ait, salvo Genre , salve pneus.
Haie ego, qunm latere: altaria pinguia lure,
Te solitum memini prima rogue Dent. n.
LES PONTlQUES.
LETTRE 1V.
A AT’I’lCUS.
777
mon mdllenr ami, notre attachement était tel
qu’il rappelait celui d’Achille et de Patrocle.
Non , quand tu aurais bu à pleine coupe les
eaux du léthé, fleuve d’oubli, je ne croirais.
Atticus, ô toi dont l’attachement ne saurait
m’être suspect, reçoisce billet qu’Ovide l’écrit
des bords glacés de l’lster. As-tu gardé quel-
que souvenir de ton malheureux ami? Ta sol-
pas que tant de souvenirs soient morts dans
ton cœur. Les jours d’été seront plus courts
que ceux d’hiver, et les nuits d’hiver plus
courtes que celles d’été; Babylone n’aura plus
je ne le puis croire : les dieux ne me sont pas
tellement contraires qu’ils aient permis que
de chaleurs, et le Pont plus de frimats ; l’odeur
du souci l’emportera sur le parfum de la rose
de Pœstum , avant que mon souvenir s’ef-
tu m’oubliasses si vite! Ton image est toujours
présente à mes yeux ; je vois toujours tes traits
tinée de subir un désenchantement si cruel.
licitude ne s’est-elle pas un peu ralentie? Non,
gravés dans mon cœur. Je me rappelle nos
entretiens fréquents et sérieux et ces longues
heures passées en joyeux divertissements. Sou-
vt, dans le charme de nos conversations, ces
instants nous parurent trop’ courts; souvent
les œuseries’se prolongèrent au delà du jour.
face de ta mémoire. Il n’est pas dans ma des-
Prends garde œpendaut de faire dire que me"
confiance m’abuse, et qu’elle ne passe pour une
sotte crédulité. Défends ton vieil ami avec une
fidélité constante; protégé-le entantque tu le
peux, et autant que je ne te serai pas à
charge.
Souvent tu m’entendis lire les vers que je venais d’achever, et ma muse , encore novice, se
soumettre à ton jugement. Loué par toi, je
croyais l’être par le public, et c’était là le prix
le plus doux de mes récentes veilles. Pour que
LETTRE V.
A SALARIE.
mon livre portât l’empreinte de la lime d’un
ami, j’ai, suivant tes conseils , effacé bien
des choses.
Souvent on nous voyait ensemble dans le
forum, sous les portiques, et dansles rues; aux
Ovide te salue d’abord , ô Salanus, et t’en-
voie ces vers au rhythme inégal. Puissentmes
vœux s’accomplir et leur accomplissement confirmer mes présages! Je souhaite, ami, qu’en
théâtres, nous étions souvent réunis. Enfin, o me lisant. tu sois dal!8 un élût dé santé’Pl’mr
EPISTOLA 1V.
AmCO.
Accipe colloquium gelido Nesonia ab Istro,
Attioe, judicio non dubitande mec.
Ecquid adhue romanes memor infelicis amici 1
Descrit en pertes languide cure eues?
Non ita Dt tristes mihi aunt, ut credere posstm ,
Vasque putem jam le non meminisse mei.
Ante mens coules tue sial, tue semper imago est;
Et rideor vultus meute videra tuoa. ’
Saris multa mihi teenm collata recorder,
Net: data jucundis tempors pence jocis.
Sepe site Iongis visa sermcnihus borna ;
Sæpe fuit hrevior, quem men verbe , dies.
Sæpe tuas factum venit modo carmen ad sures,
Et nova judicio aubdits Musa tue est.
Quod tu laudaras, populo plaeuisse putaham .
floc pretium cure dolce recentis ont.
thue meus lima rams liber esset amici ,
Non semel sdmonitn farte Iiture tuo est.
la fora viderunt paritcr, nos portions omni ,
Mes via , nos lundis curva theetra loris.
Deniqne tanins amer nohis , cariasims , semper,
Quentus in Æscidis Actoridisque fuit.
Non ego, securæ biheres si pocula Lethea , w
Excidere haro credam pectore pesse tue
Longe dies citius brumeli eiders, noxque
Terdior hiberna solstitielis erit;
Nos Babylon æstum , nec frison Foutue hebehît,
Calthaqne Pœstanas vinœt odore rosas;
Quam tibi nostrarum reniant oblivie rerum ,
Non ile pers fati candide nulle mei.
Ne tamen htec dici possit fiducie mendex ,
Stultaque credulitas nostra fuisse, cave:
Constantique (ide veterem tutere sodalem ,
Que licet , et quantum non onerosus ero.
EPISTOLA V.
SALANO.
Condita dieparihus numeria ego Neso Saine
Præposita misi verbe saluts mon.
Quœ rata sit cupio, rebusqne ut eomprohel mon ,
Te prccor e salvo posait , amies, leur. 4
178
OVIDE.
père. Ta candeur, cette vertu presque éteinte
de nos jours, m’oblige ’a former pour toi de
semblables vœux. Quoique je fusse peu connu
de toi, tu as, dit-on, pleuré sur mon exil; et
quand tu lus ces vers envoyés des rivages du
Pont, quelque médiocres qu’ils soient, Ion
mais la splendeur du sujet et son immensité
anenntirent mon audace; j’ai dû summum
sous le poids de l’entreprise. Le désir que j’a-
vais de bien faire est la seule chose que tu
pourrais louer; quant à l’exécution. elle languit écrasée par la grandeur de la matière. Si,
enfilage leur a donné du prix. Tu souhaitas
par hasard , mon livre est tombé dans les
que César mit enfin un terme a sa colère contre
moi; et César, s’il les connaissait, permettrait
de pareils désirs. C’est ta bienveillance naturelle qui te les a inspirés, et ce n’est pas ce
qui me les rend moins précieux.
mains, je te prie, qu’il se ressente de ta protes.
Ce qui te touche le plus dans mes mal-
tion; tu la lui accorderais sans que je le ladsmandasses; que du moins ma recommandation ajoute quelque peuà ta bonne volonté.
Sans doute je suis indigne de louanges; mais
ton cœur est plus pur que le lait, plus pur que
heurs, c’est sans doute. docte Salanus, desonger
la neige fraîchement tombée. Tu admires les
au lieu quej’hubite. Tandis qn’Anguste faitjouir
autres quand c’est toi qui mérites qu’ont’admire,
le monde entier des bienfaits de la paix, tu ne
quand ton éloquence et tes talents ne sontigno-
trouveras pas un pays ou elle soit moins connue
qu’ici ; cependant tu lisces vers faits au milieu
res de personne. Leprince des jeunesllomaias,
César,i qui la Germaniea donné son son.
descombats sanglants et tu y applaudis ensuite;
s’associe ordinairement ’a tes études. Tu esle
tu donnes des éloges à mon génie , produit in-
plus ancien de ses compagnons, son ami d’enfance; tu lui plais par ton génie qui sympathie
complet d’une veine peu féconde; et d’un faible
ruisseau tu fais un grand fleuve. Oui, tes éloges
sont chersàmoncœur; quoique tu puisses pen-
avec son caractère. Tu parles, et bientôt il se
ser de l’impuissance des malheureux a éprou-
sentinspiré; ton éloquence estconunela source
force d’écrire des vers sur un sujet de peu
de la sienne. Quand tu as cessé de parler, que
toutes les bouches se taisent et que le silence:
régné un instant, alors le prince si dignedu
d’importance, ma muse suffit a ce travail facile.
nom d’lule se lève; semblable à l’étoile du
Naguère, lorsque le bruit du triomphe écla-
matin sortant des mers de l’Orient. Tandis
qu’il est encore muet, son visage, sa conte
nance, révèlent déjà le grand orateur; et.
ver un plaisir quelconque , quand je m’ef-
tant de César parvint jusqu’à moi (l), j’osai
entreprendre la tache imposante de le célébrer.
Gantier, in hoc me res intermortna pas: ,
Exigit, ut faciam talia vota, luua.
Nain l’usrim quamvis modico tibi cognitus uau ,
Diœris essiliis ingotnuisse meis :
Iliaque ab «homo logera qunm carmina Ponte ,
llla lutta juvit qualiacumque l’avor;
Opiaaliqus bravent salvi mihi Cœuria iram;
Quod tamen ophri si sciat, ipse ainsi.
Horibus ista luis tam.mitia vota dedisti :
Nee minus idea’rcu suai sa grata mihi.
magie moreau: malis , doctisaime, nostris ,
Credibila est fieri conditions loci.
Vis bac inveniss totum , mihi credo, per orbem
Que minus Augusta pare fruatur, humum.
Tu tamen hie structos inter fera pralin versus
Et logis , et leclos ora favenle probas ;
lngenioque mec , vena quad paupere manat,
Plaudis , et a rive flumina magna lacis.
Grata quidam sunt bec animo aul’l’ragia nostro,
Vis sihî qunm miseros posas placera putes.
Dam tamen in rebut tentamus rmina parvis ,
Malterie! gracili aulflcit ingcnium:
Nuper ut hue magni pervenit lama triumplii,
Ausus sont tantæ lumens molis opus.
Obruit audentam rerum gravitasque nitorqus;
Nec potui empli pontiers ferre mei.
lllic, quam laudes, erit officias volunlas:
(la-tara malaria debilitata jacent.
Quod si forte liber vestras pervertit ad sans,
Tutelam mando sentiat ille tuera.
floc tibi facture , val si non ipse rognent,
Accedat cumulus gratia nostra levis.
Non ego laudandus, sed sont tua pestera lads,
Et non lesta candidiora-nive:
Iirarisqua alios, qunm sis mirabilis ipaa,
Nm lateanl arias , cloquiuruqla tuuiu.
Te juvenum princeps, oui dat Germania natal,
l’articipem studii (leur habere solet:
Tu cames antiquus , tu primis junctns ab suais,
lngenio mores quiparante, places:
Te discute priua, fit protinus itnpetus illi;
Teque habet , eliciaa qui sua verba luis.
Quum tu deslsti , mortaliaqus ora quierunl,
Clausaqne non longs contienne mon,
Surgit Iuleo juvenia cognomine dignus,
Qualis ab liois Lucifer ortus aquis.
LES vomiques.
jusque dans sa toge habilement disposée, on
devine une voix éloquente (2). Enfin, après une
légère pause, cette bouche céleste se fait en-
179
norable, et pour qu’un jour, maître du monde.
il tienne lui-mémo les roues de l’empire; ces
vœux, tout le peuple lesforme avec moi.
tendre, et vous jureriez alors que son langage
est celui des dieux; «C’est u , diriez-vous , une
éloquence digne d’un prince, tant il y a de no-
LETTRE V1.
blesse dans ses paroles! a Et toi, qu’il aime,
toi dontle front touche les astres , tu veux avoir
cependant les ouvrages du poète proscrit! Sans
doute il est un lien sympathique qui unit deux
esprits l’un à l’autre, et chacun d’eux reste fi-
dèleàcette alliance. Le paysan s’attache au la-
souscrites.
Ovide, qui jadis offrait de vive voix ses
vœux à Grècinns. les lui offre aujourd’hui
avec tristesse des bords du Pont-Euxin. C’est
ainsi que l’exilé communique sa pensée :
boureur; le soldat, a celui qui fait la guerre; le
nautonnia, au pilote qui gouverne la marche mes lettres sont ma langue, et le jour où
incertaine du vaisseau. Ainsi toi,qui aimes l’é-
il ne me sera plus permis d’écrire, je serai
tude , tu te voues au culte des Muses; et mon muet. Tu as raison de blâmer la faute d’un
génie tmuve en toi un génie qui le protégé.
ami insensé, et tu m’apprends à souffrir
Nos genres diffèrent, il est vrai, mais ils sor-
des malheurs que j’ai mérités plus grands en-
tent des mémos sources, etc’est un art libéral
core. Ces reproches sont justes, mais ils viennent trop tard. Epargne les paroles amères au
coupable qui avoue ses torts. Quand je pouvais
que nous cultivons l’un et l’autre. A toi le
thyrse , à moi le laurier; mais le même enthousiasme doit nous animer tous les deux. Si encore voguer en droite ligne au delà des
ton éloquence communiqueà mes vers cequ’ils
monts Cérauniens , c’est alors qu’il fallait m’ab
ont de nerveux, c’est ma use qui donne leur
vertir de prendre garde aux perfides écueilsl.
éclat ’a tes paroles. Tu penses donc avec raison
Aujourd’hui naufragé, que me sert-il de connaître la route que j’aurais du suivre? Il vaut
que la poésie se rattache intimement à tes
etudes, et que nous devons défendre les pré-
rogatives de cette union sacrée. Aussi je fais
des vœux pour que , jusqu’à la lin de ta vie, tu
conserves l’ami dont la faveur est pour toi si ho-
mieux tendrela main au nageur fatigué, et
s’empresser de lui soutenir la tété: c’est ainsi
que tu fais toi-même; fais-le toujours, je t’en
prie, et que ta mère et ton épouse, les frères et
a
Dumque silens adslat , status est vultuaque diserti ,
Spemque dessus doetm vocis amictus habet.
les, ubi pulsa mon est , nique os cœlesle solulum ,
floc Superos jura more solers loqni:
Alque , bec est , dieu , incendia principe digna ;
Eloqnio tanlum nobilitatis inestl
Baie tu qunm place» , et vertioe aidera tangas ,
Scripts tamen pnfugi vatis babenda pulaa.
8eilieet ingeniia aliqua est conoordia junotis,
Et servat atudii iodera quisque sui.
Radians agrieolsni , miles fera belle gueulent,
Reetorem dubiai navita puppis amat: .
Tu quoque Pieridum studio, atudiose, (mais,
lngenioque tues, ingeniose, mec.
Distat opus nostrum; sed fontibus exit ab lsdem :
Artia et ingenue cuiter uterque sumus.
Thyraus enim vobis , gestata est laures nabis;
Sed tamen ambobus deth inasse caler.
thue meis numeris tua dut faeundia nerves ,
Sic venit a nobis in tua verba nihir.
du" igilur studio confinia carmina vrslro,
El rommilitii sacra tuenda pulsa.
ho quibus ut menuet, de que causerie, aniicus,
Compteur ad ville tampon somma tu;
Suoeedatque luis orbis moderator babenis:
Quod mecmn populi vota preantur idem.
EPlSTOLA Yl.
684811150.
Carmine Gracinuln, qui prenne rocs solebat,
Tristia ab Euxinis Nue salutat aquis.
Ennlis hac vox est : probet mihi litera flinguant;
Et, si non lices! scribere, mutus cru.
Corripis, ut (lebel , stnlti peccata sodalta ,
Et mais me meritis ferre minora duces.
Vers lacis , and sera, mes: conviois rulpæ:
Aapera contenu verbe remitte reo.
Quum poternm recto transira Corauuia velu ,
Ut fera vitarem sua , monendus orant.
None mihi naufragio quid prudest diantre l’acte ,
Quam men debuerit carrure cymba viam Y
llraehia da lasso potins prendenda natanti;
Ner. pigeat mente suliposuisse mannm.
l ldque lacis, lacinsque procor: sic mater situer.
là
m.
OVIDE.
tonte ta famille soient sains et saufs. Puissestu, suivant les vœux que forme ton cœur, et
rame: u est bon de faire sentir l’éperoa as
coursier dans l’arène.
que ta bouche ne dément jamais, rendre toutes
tes actions agréables aux Césars! ll serait hon-
teux pour toi de refuser toute espèce de secours à un ancien ami dans l’adversité, hon-
teux de reculer et de ne pas rester ferme à ton
poste, honteux d’abandonner le vaisseau battu
par la tempête, honteux enfin de suivre les ca-
prices du sort, de faire des concessions à la
fortune, et de renier un ami quand il n’est plus
heureux. Ce n’est pas ainsi que vécurent les
fils de Strophius et d’Agamemnon; ce n’est
pas ainsi que fut profanée la fidélité de Thésée
etde Pirithoüs ; ils ont obtenu des siècles passés
l’admiration que les siècles postérieurs ont ratifiée; et nos théâtres retentissent d’applaudissemenls en leur honneur. Toi aussi, quî’n’as
pas désavoué un ami en butte aux persécutions
des destins, tu mérites de prendre place parmi
ces grands hommes; tu le mérites sans doute,
et, lorsque ton pieux attachement est si digne
d’éloges, ma reconnaissance ne taira point tes
bienfaits. Crois-moi, si mes veis ne sont pas
condamnés à périr. la postérité prononcera ton
nom plus d’une fois! Seulement, Grècinus, je
demande une chose, c’est que tu me restes fi-
LETTRE VIL
A arums.
Cette lettre que je t’écris, Attieus,dn psys
des Getesj indomptés, doit être, a son début,
l’expression des vœux que je forme pour toi;
ensuite, mon plus grand plaisir sera d’appren-
dre ce que tu fais, et si, quelles que soienttet
occupations, tu asencoreleloisirdesongerànoi.
Déjà je n’en doute pas moi-même; mais la peur
du mal me porte souvent à concevoirdesn’sisv
les imaginaires. Pardonnè, je te prie, pardom
à cette défiance exagérée: le naufragé redoute
les eaux même les plus tranquilles; laminai.
une fois blessé par l’hameçon trompeur, unit
que chaque proie qu’il va saisir recèle le en
chet d’acier; souvent la brebis s’enfuita [une
d’un chien que de loin elle a pris pour un loup,
et évite ainsi, sans le savoir, l’ami qui veillei
sa défense; un membre malade craint le plus
léger contact; une ombre vaine fait trembla
dèle dans ma disgrâce, et que ton ardeur à
m’être utile ne se refroidisse point. Pendant
l’homme inquiet. Ainsi, percé des traits une.
mis de la fortune, mon cœur n’est platanes:sible qu’à des pensées lugubres. Il faut que si:
que tu agiras, de mon côté, quoique secondé
destinée suive son cours, et peuisteàjum
par le vent, je saurai me servir encore de la dans ses voies accoutumées. Je crois, ami, qu
Sic tibi tint fratres, touque salve damna.
Nil nocet admisso subdere calen æquo.
Quodque soles animo , quod semper voce précari,
Omuis Cmribus sic tus [acta probes.
Turpe erit in miseris veteri tibi rehus smico
Ausilinm nulle parte tulisse tuum.
Turpe mime pedem, nec peau stars tensci:
Turpe laboraan desernisse ratem.
Turps sequi essum , et fortune: cedere , smicum
Et, nisi sit l’olix, esse négus suum.
Non ila vixerunt Strupbio atque Agamemnons nali:
Non bure Ægidaa Pirithoiquc fides.
.Quos prier est mirais, sequens mirabitur mm;
in quorum plausus tota theatra sonant.
Tu quoque , per durum servato lempus amino ,
Digital es in tantis nomen habere viril.
Dignus es: et quoniam laudem pieute mereris,
Non erit officii gratis surda tui.
Craie mihi, natrum si non morula futurum
Carmen, in ose frequens posterilalis cris.
Fat: modo permanent lapso, Græcine, fidclis;
Duret et in longes impetus isto moral.
Que: tu qunm puantes, rcmo tamen ntor in surs:
El’lSTOLA VIL
urina .
Esse salutatnm vult te mutilera primum
A male pas-ati: , Allies, misse Getis.
Proxima subsoquitur, quid agas, andin "lulu",
Et si, quicquid agas, ait tibi cura mei.
Nec dubito quin lit; sed me timor ipse malouin!
Sœpe supervacuos cogit babel! motus.
Da veninm , qnæso, uimioque igname timori:
Tranquillas etiam naufngus horret squat.
Qui semel est Issus fallaci piscis ab haine,
Omnibus unes cibis un subesse publ-
Sæpe unem longe visnm [agit que , IIIMIIF
Credit, et ipsa suam nuois vital «pelu.
Membrs reformidant mollem quoque and! 1mm?"
Vannque sollicitis incutit timbra metqu t
Sic ego fortune telis continus iniquis,
Pectore concipio nil nisi triste mon.
hm mihi fats liquet empli» servantia cama fi
LES PONTIQUES.
78!
les dieux veillentà ce que rien ne meréussisse,
et qu’il est impossible de mettre en défautla
fortune :elle s’applique à me perdre; divinité
voir de nouvelles : le soc de la charrue est moins
usé par un exercice continuel, la voieAppienne
moins broyée par les roues des chars, que mon
d’ailleurs inconstante et légère, elle n’est fer-
cœur n’est déchiré par la longue série de mu
mement résolue qu’à me persécuter. Crois-
malheurs; etpourtant je n’ai rien trouvé qui me
moi, si tu me connais pour un homme sincère,
soulageât. Plusieurs ont conquis la gloire dans
et si des infortunes telles que les miennes ne
l’étude des lettres, et moi, malheureux, j’ai étéla
pouvaient être imaginées à plaisir, tu seras plus
habile à compter les épis des champs de Ciny-
victime immolée à mon propre talent! Mes premières années sont exemptes de reproches; elles
plus, les thyms qui fleurissent sur le mont Hy-
s’écoulèrent sans imprimer de souillures à mon
front; mais , depuis mes malheurs, elles ne
dans les airs sur leurs ailes rapides; tu sauras m’ont été d’aucun secours. Souvent, à la prière
des amis, une faute grave est pardonnée: l’a.
plutôt le nombre des poissons qui nagent au
sein des eaux, que tu ne calculeras la somme mitié pour moi est restée silencieuse. D’autres
tirent parti de leur présence contre l’adversité
des maux que j’ai endurés et sur terre et
qui les atteint, et moi j’étais absent de Rome
sur mer. Il n’est point au monde de nation
bla , les innombrables oiseaux qui s’élèvent
plus féroce que les Scythes, et œpendaut ils se
sont attendris sur mes infortunes; je ferais une
nouvelle Iliade sur mes tristes aventures, si
quand la tempête est venue m’assaillir. Qui ne
redouterait la colère d’Auguste, même lorsqu’elle se tait? Ses cruels reproches ont été
j’essayais, dans mes vers, de les retracer avec
pour moi un supplice de plus. Une saison pro-
exactitude. Je ne crains donc pas que ton ami-
pice adoucit la perspective de l’exil; mei, jeté
sur une mer orageuse, j’ai subi les vicissitudes
tié, cette amitié dont tu m’as donné tant de
preuves, ne me devienne suspecte; mais le mal- de l’Arcture et des Pléiades menaçantes. L’hiheur rend timide, et, depuis longtemps, ma ver est quelquefois inoffensif pour la navigation; le vaisseau d’Ulysse ne fut pas plus le
porte est fermée à toute joie; je me suis fait
jouet
des flots que le mien; la fidelité de mes
une habitude de la douleur. Commel’eau creuse
compagnons pouvait tempérer la rigueur de
le rocher qu’elle frappe incessamment dans sa
mes maux , une troupe perfide s’enrichit de
chute, ainsi les blessures que m’a faites la fortune ont étésiobstinément réitéréesqu’elle trou-
mes dépouilles (l); la beauté du pays peut ren-
verait à peine sur moi une place propreàen rece-
dre l’exil moins amer, il n’est pas, sonates deux
Per sibi censuetas semper itura vies.
Oie-orna Deos, ne quid mihi cedet amies;
Verbsque fortune vis pute pesse deri.
En. illi sur: me perdere, queque solebat
Esse levis, constant et bene serte aussi.
Grade mihi, si sum veri tibi cognitua cris,
Net: iraus in nostris casibus esse peut;
Chyphin segetis citius numerabis aristae ,
Altaque quam moitis dorent H vbls thymie ,
Et. quot aves motta nitantur in sera penuie ,
Quotque latent places æquore certus cris ,
Quam tibi nostroruin atatualur somma laberum ,
Quos ego stem terra , quos ego passus aquis.
N sella Getis toto gens est trueulentier orbe :
Sed ameutai nostris ingemuere mslis.
Que tibi si memori cutter prescribere verso,
llias est intis longs futurs meis.
Non igitur vereor, qued te ruer esse verendnm ,
cuj us amer nobis pignon mille dédit;
ses] quia res timide est omuis miser, et quia longe
Tampon letitisa jaune clause me: est.
1.... doler in monm venit meus : utque durais
l’arceau crebro assa cavenlur aquis ,
a: ego contenue fortune vulueror ictu;
Visque babet in uobis jam nova plage lm.
Nec magis adsiduo vomer tenustur eh un: ,
Net: magie est curvis Appia trita rotin ,
Pecten quam mes sunt serin ouata laborum :
Et nihil inveni quod mihi ferret open:
Artibus ingenuie qunita est gloria multis:
lnl’elis perii dotibus ipse meis.
Vite prier vitio caret, et sine Iabe peracta t
Auxilii misere nil tulit illa mihi.
Culpa gravis précibus donatur sæpc suerum :
0mois pro nobis gratis muta luit.
Adjnvet in doris alios pris-sentie robas :
Obruit hoc sbsena vaste procella reput.
Quai non herruerint lat-item quoque (Insane ira-1
Addita sunt pesois sapera verbe meis.
Fit luge-temporihua levier : projectua in :quer
Arctui’um subii Pleiadumque minas.
Scpe soient hyemem placidam sentira carinœ :
Non lthac. puppi aævior unda fuit.
Beets fides comitum patent mala’uostra levure :
Ditata est spoliis perfida turbe meis.
Mitius essilium fadant Ioca : tristior ista
Terra sub embobus non jseet ulla polis.
Est sliquid patriis vicinutn finibus esse .
782
OVIDE.
pôles, de contrée plus triste que celle que j’habite; c’est quelque chose d’être près des frontières de sa patrie, je suis relégué a l’extrémité
de la terre’, aux bornes du monde. César, tes
conquêtes assurent la paix aux exilés , le Pont
LETTRE VIH.
A IAXIIB 00111.
Les deux Césars (l), ces dieux dont tu vlan
est sans cesse exposé aux attaques de voisins
de m’envoyer les images, Cotta, m’ont été ren-
armés contre lui; il est doux d’employer son
dus ; et , pourcompléter comme il convenait ce
précieux cadeau, tu as joint Livie aux Césars.
Heureux argent, plus heureux que tout l’or du
monde! métal informe naguère, il est un dieu
maintenant! Tu ne m’ens pas donné plus en
temps à la culture des champs, ici un ennemi
barbare ne nous permet pas de labourer la
terre;l’esprit et le corps se retrempent sous
une température salutaire, un froid éternel
glace les rivages de la Sarmatie; boire une eau
douce est un plaisir qui ne trouve pas d’envieux, ici je ne bois que d’une eau marécageuse
m’offrantdes trésors, qu’en m’envoyant ici ces
trois divinités. C’est quelque chose de voir des
dieux, de croire à leur présence, de les entre
mêlée a l’eau salée de la mer. Tout me manque,
tenir comme s’ils étaient là en effet. Quel don
et cependant mon courage se montre supérieur
a tant de privations, et même il réveille mes
inestimable que des dieux! Non, je ne suis plus
relégué au bout du monde , et, comme jadis.
forces physiques: pour soutenir un fardeau,
citoyen de Rome, j’y vis en toute sécurité. Je
vois l’image des Césars, comme je les voyais
il faut se raidir énergiquement contre sa pesan-
teur; mais il tombera, pour peu que les nerfs alors; mes espérances, mes vœux osaient à
fléchissent. Ainsi, l’espérance de voir avec le
peine aller jusque-là. La divinité queje saluais,
temps s’adoucir la colère du prince soutient
mon courage et m’aide à supporter la vie. Et
je la salue encore! non, tu n’as rien à m’offrir
vous, amis, maintenant si peu nombreux, mais
t-il de César, si ce n’est de voir son palais?
mais, sans César, ce palais ne serait rien (2].
d’une Edelité à l’épreuve de mes malheurs,
de plus grand à mon retour! Que me manque-
vous me donnez des consolations qui ont aussi
leur prix. Continue, ôAtticus, je t’en fais la
Pour moi, quand je contemple César. il me
prière; n’abandonne pas mon navire à la merci des flots, et sois à la fois le défenseur de ma
ses traits toute la majesté desa patrie. Est-ce
personne et celui de ton propre jugement.
semble que je vois Rome; car il porte dans
une erreur, ou ce portrait n’est-il pas l’expansion d’un visage irrité? N’y a-t-il pas dans ce
regard quelque chose de menaçant? Pardonne,
Ultime me telles, nltimus arbis babet.
Proust et essuiibus pacem tus laures, Cœur :
Pontie- flnitisno terra sub buste jseet.
Tempus in sgrorum cultu consumere dulee est:
Non patitur verti berbsrus hostis humurn.
Temperie cœli corpusque snimusque juvsntur :
Frigore perpetuo Sarmetis ora riget.
Estin squs dulci non invidioss voluptss:
Æquoreo bibilnr cum sale miels palus.
Omnis delirium; animus tamen ornois vincit :
llle etiam vires corpus babere farcit.
Sustineas ut onus, nitendum vertice plane est ;
At flerti nerves si palisre , cadet.
Spa quoque, passe mon mitesœre principis irsm ,
Vivere ne nolim defleismque , cavet.
Net: vos par" datis pauci solatia nabis ,
Quorum spectata est per male nostra (ides.
ùpta une , que»; nec in que" (loure navem :
Malus simul sans ,jndieiumque tuum.
unissons VIH.
lustra cons.
Redditns est nobis (leur cum Cœur! nuper,
Quos mihi misisti , Maxime Colts, Dm:
thne suum munus numerum, quem deltet, hiatal.
Est ibi Cmübus Livia junets suis.
Argentum felix, omnique bestial sure,
Quod , fuerst pretium qunm rude , numrn erîl.
Non mihi divitias dando majors dedisses,
Calitibus misais nostra sub ors tribus.
Est eliquid spectsre Deos , et adesse potsre,
Et quasi cum vero numine pusse quui. l
Pre-nia quanta, Deil nec me tend ultims telles:
thue prias , media sospes in urbe murer.
Cœureos video vultus , relut ante videbsm:
Vix bujus voti spes fuit ulla mihi.
thue salutsbsm , numen cœleste uluto:
Quod reduci tribuns, nil, puto, mains babel.
Quid nostris ornlis, nisi sols palatis dans"
Qui locus, sblato Cœssre, vilis en’t. u
"une ego qunm speetem, videor mihi «mon En. Ï
LES PONTIQUES.
783
o toi que les vertus élèvent au-dessus du monde
avec les filles qui leur doivent le jour! Que
entier, et arrête les effets de ta juste vengeance!
Drusus, enlevé à ta tendresse par la barbare
pardonne, je t’en conjure, toi l’immortel honneur
de notre âge, toi qu’on reconnalt à ta sollicitude
pour se maître de la terre, par le nom de ta pa-
Germanie, soit, de tous tes enfants, laseule
victime tombée sous les coups du sort! Que
bientôt ton fils, revêtu de la pourpre triom-
trie. que tu aimes plus que toi-même, par les
dieux qui ne furent jamais sourds a tes vœux,
phale, et, porté sur un char attelé de chevaux
jugée digne de toi, qui seule put supporter l’é-
prières, mes vœux! que votre présence ne me
soit pas inutile! Dès que César parait, le gladiateur rassuré quitte l’arène, et la vue du
prince est pour lui d’un grand secours. Que
blancs, soit le courageux vengeur de la mort
par la compagne de ta couche, qui seule fut de son frère! Dieux cléments, exaucez mes
clat de ta majesté, par ce fils dont la vertu est
l’image de la tienne, et que ses mœurs font re-
connaitre pour le digne produit de ton sang,
puces petits-filssi dignes encore de leuraieul et
de leur père, etqui s’avancentà grands pas dans
la route que ta volonté leur a tracée ; adoucis la
rigueur de mon supplice, et accorde-moi la faveur légère de transporter loin du Scythe ennemi le séjour de mon exil. Et toi, le premier
j’aie donc le même avantage, moi à qui il est
permis de contempler ses traits et d’avoir pour
hôtes trois divinités. Heureux ceux qui les
voient elles-mêmes au lieu de leurs images!
heureux ceux à qui elles se manifestent ostensiblementl Puisque ma triste destinée m’envie
après César, que ta divinité, s’il se peut, ne
cebonheur, j’adore du moins ces portraits que
soit, point inexorable à mes prières! et puisse
bientôt la fière Germanie marcher. esclave et
humiliée, devant ton char de triomphe! Puisse
ton père vivre autant que le vieillard de Pylos,
et ta mère que la prêtresse de Cumœ! Puissestu longtemps encore être leur fils! Toi aussi,
l’art a donnés à mes vœux. C’est ainsi que
l’homme connaît les dieux cachés à ses regards
dans les profondeurs du ciel; c’est ainsi qu’au
digne épouse d’un si illustre époux, entends
avec bonté la prière d’un suppliant; que les
dieux conservent ton époux! qu’ils conservent
restent dans un séjour odieux. Ma tête se dé-
ton fils et tes petits-fils, tes vertueuses brus
que vous me soyez ravis! O dieux, chers àtous
Nain patries fuient suslinet ille site.
Fallor? an irati mihi mut in imagine vultua ,
Touque nescio quid forma minantis babel?
Paru , vir immense major virtutibus orbe ,
Justaque vindictæ supprima lors tu.
Parce , precor, secli decus indelebile nostri;
Tararum dominum quem sua cura tarit.
Accipe non dura supplicia aure preees.
Sic tibi vir sospes, sic aint cum prole nepotes,
Cumquc bonis nuribus , quss peperere, nurus:
Sic, quem dira tibi rapuit Germauia , Bruns
Pars luerit partus sols caduca titi :
Sic tibi Marte sue, lntarui luneris ultor,
Purpureus niveis filins instat aquis.
Adnuite o timidia, mitissims numins, volis!
Presentes aliquid prosit babere Deos l
Cæsaris adventu tutu gladiator areau
Exit; et auxilium non leva vultus hsbst.
Nos quoque vestra juvet quod , que lieet , ora videmus;
lntrats est Superis quod doums une tribus.
Felires illi , qui non simulacre, sed ipsos ,
l’er patries nomen , que te tibi carier ipso est,
Pes- nunquam surdos in tua vota Deos;
l’es-que lori miam , que par tibi sols reperla est ,
Et oui majeslas non oueross tua est;
Parque tibi similern virtutis imagine naturn ,
Moribus agnosci qui tous esse potest;
Persane tuos vel svo, vel clignas patre nepotes ,
Qui veniunt magna par tua vota grsdu ;
Parts levas minima nostras et eontrshe pœnas;
Daque, procul Scytbico qui sit ab hoste , locurn.
Et tua ;si les est, a Genre prosime Cœur,
Numins sint precibus non inimica meis.
Sic fera quamprimum pavido Germanie vultu
Ante triumpbantes serva fentur equos.
Sic Paterin Pylios , Cumeos mater in snnos
Vivant, et posais filins esse dia.
la quoçe , eouvsniens ingénu nupta marito,
lieu de Jupiter il adore son image. Enfin, ne
souffrez pas, ô vous mes divinités, que vos ima-’
ges , qui sont et qui seront toujours avec moi,
tachera de mon corps; mes yeux, volontairement mutilés, seront privésde la lumière, avant
Quique Deûm coran: con-pore vers vident.
Quod quoniam nobis invidit inutile fatum ,
Quos dedit ars volis, effigiemque colo.
Sic bomines novera Deos , quos arduus ætbsr
Oeculit : et colitur pro love forma Joris.
Denique , que meeum est, et erit sine bue , carets ,
Ne ait in inviso vestra figura loco.
Nain «put e nostra citins service recedet,
Et patin louis lumen sbire geais ,
Quam carcans raptis, o publics numins, vobis;
61
OVIDE.
784
les mortels, vous serez le port, l’autel de l’exi-
flots. Crois-moi , il est digne d’un roi de ve-
lé! Si les armes des Gètes se lèvent sur moi,
menaçantes, je vous embrasserai; vous serez
nir au secours des malheureux : cela sied turtout à un prince aussi grand que toi; œlasisd
mes aigles, vous serez le drapeau que je
a ta fortune, qui, tout illustre qu’elle est, psst
suivrai. Ou je m’abuse, et suis le jouet de mes
vains désirs, ou j’ai tout lieu d’espérer un plus
à peine égaler ta magnanimité. Jamais la puissance ne brille d’un éclat plus favorable que
moinsen moins sévères, je crois les voirconsentir
lorsqu’elle exauce les prières. La splendeur
de ton origine t’impose ce noble rôle; iles!
à ma demande. Puissent, je vous en supplie, se
l’apanage d’une race qui descend des dieux, il
vérifier ces présages , auxquels je n’ose encore
est aussi l’exemple que t’offrent Eumolpus,
doux exil; oui, ces images me semblent de
me fier! Puisse la colère, quoique juste, d’un
l’illustre auteur de ta famille, et le bisaient
dieu, s’apaiser en ma faveur! ’
d’Eumolpus, Erichthonius. Tu as cela de commun avec les dieux , qu’invoque comme eux.
LETTRE 1X.
AU ROI COTYS.
Fils des rois, toi dont la noble origine remonte
jusqu’à Eumolpus, Cotys (l), si la voix de
la renommée t’a fait connaître que je suis exilé
dans un pays voisin de ton empire , écoute, ô
le plus clément des princes , la prière d’un sup-
pliant, et secours autant que tu le peux, et
tu le peux en effet, le proscrit qui t’implore.
La fortune, en me livrant à toi, ne m’aura point
pour la première fois traité en ennemi; je ne
l’accuserai donc point. Reçois avec bonté sur
tesrivages mon vaisseau brisé; que la terre où
tu régnas ne me soit pas plus cruelle que les
Vos eritis nostra portas et ara logo:
Vos ego compleetar , Geticis si cingar ab amis;
Vasque mess aquilas , vos mes signa sequsr.
Aut ego me kilo, nimiaque cupidine ludor;
Aut spes commodioris adest.
Nam minus et minus est facies in imagine tristis;
Visaque sunt dictis adnuere ora meis.
Vera, preeor , liant timidm pressgia mentis;
J ustaque quamvis est, ait minor ira Dei.
EPlSTOLA IX.
COI" BIBI.
Regls progenies, oui nobilitatis origo
Nomen in Eumolpi pervenit usque, Coty;
Fuma loqusx vestrss si jam pervenit ad sures,
le tibi finitimi parte jaœre soli;
Supplisis candi , juvenum mitisaime, vouent :
Quumque potes profugo, nam potes, adl’er opem.
Me fortune tibi , de qua ne conquerar, hoc est,
Tradidit; hoc uno non inimica mihi.
Exeipe naufraginm non dure litore uostrum ,
Ne fuerit lem tutior unda tus.
comme eux aussi tu secours les suppliants.A
quoi nous servirait de continuer à honorer le
dieux, si on leur dénie la volonté de nolisse-
œurir? Si Jupiter reste sourd a la voix qui
l’implore, pourquoi immolerait-on des victimes
dans le temple de Jupiter? Si la mer refluera
moment de calme à mon navire, pourquoi offrirais-je à Neptune un encens inutile? Si ces
trompe l’attente du laborieux cultivateur,
pourquoi Cérès recevrait-elle en holocauste
les entrailles d’une truie prête à mettre bas?
Jamais on n’égorgera le bélier sur l’autdde
Bacchus , si le jus de la grappe ne jaillit me
pied qui la presse. Si nous prions les dieux de
laissera César le gouvernementdu monde, c’est
que César veille avec soin aux intérêts dels
patrie. C’est donc leur utilité qui fait la gram
Regia , erede mihi , res est subcurrere lapais:
Convenit et tanto, quantus es ipse , vin.
Fortunam decet hoc istam : que maxima qunm sil,
Esse potest anime vix tamen laqua tao.
Conspicitur nunquam meliore potentis causa,
Quam quoties vanas non ainit esse plus.
lice nitor ille tui generis desiderat: hoc est
A Superis orin nobilitatis opus.
floc tibi et Eumolpus, generis clarissimus Ildnl’,
Et prier Enmolpo suadet Ericbthonius.
[Joe tecum rommune Deo : quod ulerque repli
Supplictbus vestris ferre soletis opem.
Numquid erit , quare solito dignemur honore
Numina , si demas velle juvsre Becs?
Juppiter orsnti surdss si præbeat sures ,
Victima pro templo curcadat iota Jovisi
Si pscem nullam Pontus mihi prestetennti,
lrrita Neptuno sur ego tara feram Y
Vana laborantis si l’allat vota eoloni,
Accipiat gravide cur suis exts Cette?
Nec dabit intouso jugulum espar bottin Bscdio,
Musta sub adducto si pede nolis fluant.
Casser ut imperii moderetur fretta , precsmnr
Tarn bene quo patrin consubtills me. u
LES pommons. ’
deur des dieux et des hommes, car chacun de
nous exalte celui dont il obtient l’appui. Toi
aussi, Cotys, digne fils d’un illustre père,
183
même, quand tu as donné aux exercices familiers à ta race le temps nécessaire, et soulagé
les épaules d’un fardeau pénible, tu soustrais
tes loisirs à l’influence oppressive du sommeil,
protège un exilé qui languit dans l’enceinte de
ton vaste camp. Il n’est pas de plaisir plus grand
et te fraies, en cultivant les Muses, un che-
pour l’homme que celui de sauver son semblable, c’est le moyen le plus sur de se concilier
et moi une sorte d’alliance. Tous les deux
min jusqu’aux astres. Ainsi se noue entre toi
gon? Qui n’admire la grandeur du généreux
alors nous sommesinitiés aux meutes mystères.
Poète, c’est vers un poète que je tends mes
Alcinoüs P Tu n’es point le fils d’un Cassandre,
mains suppliantes; je demande sur tes bords
ni du tyran de Phères, ni de cet autre qui fit
protection pour mon exil. Je ne suis point
subir à l’inventeur d’un horrible supplice ce
venu aux rivages du Pont après avoir commis
supplice même; mais autant ta valeur brille
dans les combats, et s’y montre invincible,
autant le sang te répugne quand la paix est
briqué de poisons; je n’ai pas été convaincu
les cœurs. Qui ne maudit Antiphate le Leslri-
conclue. J’ajoute à cela que l’étude des lettres
un meurtre; ma main criminelle n’a point. fad’avoir appliqué un sceau imposteur sur un
écrit supposé : je n’ai rien fait de contraire
adoucit les mœurs et en prévient la rudesse:
or, nul prinœ plus que toi n’a cultivé ces
aux lois, et pourtant, je l’avoue, ma faute est
douces études, nul n’y a consacré plus de
temps. J’en atteste les vers: je nierais qu’ils
fussent d’un Thrace, s’ils ne portaient ton
nom. Orphée ne sera plus le seul poète de ces
climats, la terre des Gètœ s’enorgueillit aussi
quelle elle est. J’ai écrit les leçons d’un art
plus grave que tout cela. Ne me demande pas
insensé! voilà ce qui a souillé mes mains. Si
j’ai fait plus, ne cherche pas à le savoir; que
l’Art d’aimer seul soit tout mon crime. Quoi
de ton génie. De même que ton courage,
qu’il en soit, la vengeance de celui qui m’a puni
a été douce : il ne m’a privé que du bonheur de
quand lacirconstance l’exige, t’excite à pren-
vivre dans ma patrie. Puisque je n’en jouis
dre les armes et a teindre les mains dans
plus, que près de toi du moins j’habite en sûreté dans cet odieux pays.
le sang ennemi, de même tu sais lancer le
javelot d’un bras vigoureux, et diriger avec
art les mouvements de ton agile coursier; de
Utilitss igitur magnes hominasque Deosque
EfIieit, suxiliis quoque tuante suis.
Tu quoque fac prosis inti-a tus castra jacenti ,
0 Coty, progenies (ligna parente tua.
Conveniens homini est, hominem serrure , voluptas;
Et melius nulle qunritur arts favor.
Quis non Autiphateu Lustrigona devovet? sut quia
llunitici mores improbat Alcinoi?
Non tibi Cassandreas pater est , gentisvs Plasma,
Quive repertorem tonnit arts sua :
Sed quam Marte feras, et vinai neseius amis ,
Tarn nunquam l’acta pace mais amans.
Adde, quod ingenuas didirisse fideliter artss ,
Emollit mores , nes sinitesse lem. ’
Net: regum quisquam magis est instruetus ab illis,
Mitihus sut studiis tampon plura dedit.
Gamins tastantur; qu. , si tua nomina damas ,
Tampon sic data sunt studiis ubi juste palettais ,
thus suis humeris forte quievit opus ;
Ne tua marcascaut per inertes clin somnos,
Lucida Pieds tendis in astra vis.
"ce quoque res sliquid tocum mihi fadais adfert:
Ejusdem sacri cultor uterque sumus.
Ad vatem rates orantia brachia tendo,
Terra ait aniliis ut tus Ida meis.
Non ego rade uocens in Pontiea Iitora rani;
Mistave sunt nostra dira «nous manu :
Net: mes Iubjscta convicts est gemma tabelle
Mendacsm linis imposoisse notam.
flac quidquam , quod legs venir committere , leci :
Et tamen hie gravier non fatenda mihi est.
Nue luges quid ait; stultam cousu’ipsimus Artetn :
lnnoeuas nohis hac vetat esse malus.
Eequid pralines peœarim , quam noli;
Threicium juvenem enmposuisse negem.
Nove sub hoc tractu rates foret unicus Orphena .
Bistonis ingrnio terra superbe tuo est.
Ut pateat sols culpa sub Arts mes.
Quidqnid id est, hahui moderatsm vindieis iront:
thue tibi est animus, qunm res ita postulat, arma
[lac quoniam arec, tua nunc viciois prostat
Sumere , et hostili lingers cade manum g
Atque , ut es, maso jaculum torquere lacerto,
Colloque velocis nectars dodus qui;
T. "- »
Qui, nisi natalem, nil mihi doucit, hum...
lnviso tutus ut esse loco.
.-
0V IDE.
1M
LETTRE X.
A NAGER-
encore lorsque la Sicile apparut tous yeux.
Nous vîmes tous deux le ciel briller des fait
de l’Etna , de ces feux que vomit la bonde
du géant enseveli sous la montagne; les
A la figure empreinte sur le cachet decette let-
lacs d’Henna et les marais fétides de Pa-
tre, ne reconnais-tu pas. Macer, que c’est Ovide
qui t’écrit? Si mon cachet ne suffitpas pour te
l’apprendre, reconnais-tu au moins cetteécriture
licus, où l’Anape mêle ses flots aux flots de
tracée de ma main? Se pourrait-il que le temps
tribut de ses eaux invisibles à son amant.
en eût détruit en toi le souvenir, et que tes
yeux eussent oublié ces caractères qu’ils ont
C’est la que je passai une bonne partie de l’année qui s’écoulait : mais hélas! que ces lieux
vus tant de fois? Mais permis à toi d’avoir
oublié et le cachet et la main . pourvu que tes
sont peu de chose comparativement à tant
sentiments pour moi n’aient rien perdu de leur
vivacité. Tu le dois à notre amitié dès longtemps éprouvée; à ma femme, qui ne t’est pas
Cyane, et près de la nymphe qui, fuyant
le fleuve de l’Élide. porte jusqu’à lamer le
ressemblent peu au pays des Gètes, et qu’ils
d’autres que nous vîmes ensemble, alors que
tu me rendais nos voyages si agréables,soit
que notre barque aux mille couleurs sillonntt
étrangère; a nos études enfin, dont tu as fait
l’onde azurée, soit qu’un choc nous emportlt
un meilleur usage que moi. ’l’u n’as pas commis
sur ses terres brûlantes! Souvent la route fut
abrégée par nos entretiens; et nos parola.si
tu comptes bien , étaient plus nombreusesqse
la faute d’enseigner aucun art. Tu chantes ce
qui reste à chanter après Homère (l) , c’est-à-
L’imprudent Ovide, pour avoir chanté l’art
nos pas. Souvent, pendant nos causeries,la
nuit venait nous surprendre, et les longues
d’aimer. reçoit aujourd’hui la triste récompense
journées de l’été ne pouvaient nous suffire. Un
dire le dénoûment de la guerre de Troie.
de ses leçons. Cependant il est des liens sacrés
quelque chose d’avoir couru l’un et l’autre la
qui unissent les poètes, quoique chacun de
nous suive une route différente. Je suppose
mêmes dangers sur mer, et adressé simulie
que, malgré notre éloignement. tu le les rap-
cément nos vœux aux divinités de l’Oceaa;
d’avoir traité en commun des affaires aérien
pelles encore, et que tu souhaites de soulager
mes maux. Tu étais mon guide quand je par-
ses, et de pouvoir rappeler sans rougir les
distractions qui venaient après elles. Si ce
courus les superbes villes de l’Asie, tu le fus
souvenirs te sont encore présents, tes yen,
ËPlSTOLA X.
NACRO.
Ecqnid ab impresse engouai-il imagina gemma:
Hue tibi Nasouem scribere verba , Mac"!
Auclorisque sui si non est annulas index ,
Cognitane rat nostra litera farta manu?
An tibi notitiam mon temporis eripit borum?
Non rrpetunl oruli signa vetusta tui?
Sis licet oblitus pariter gemmnque mauusque,
Excidcrit tanlum ne tibi ch-a mei.
Quam tu vel longi dcbes convicllbus cri ,
Vrl mes quod conjux non aliéna tibi;
Val studiis , quibus es , quam nos , sapientius mus;
thus decet, nulla tactus sa Arte coccus.
Tu canis alune quidquid restabat Homero,
Ne canant summa Troica fats manu.
Naso parum prudens, Arum dum trahit amandi ,
Doctrina pntium triste magister babet.
Sun! tamen inter «communia sacra poetis,
Diversum quamvis quisque sequamur itt-r.
Quorum te momon-un , quauquam procul absumus, rase
Suspieor, et rasus velte levare mecs.
Te duce, magnifias Asie perspeximus tubs;
Trinacris est coulis le duce nota mais.
Vidimus Emma cœlum splendescere lamas,
Subpositus monti quam vomit 0re gigu;
Heunæosque lacus, et olentia stagna Palid ,
Quaque suis Cyauen miscet Lupus aquis.
Net: procul bine Nympben, qul,dum [agit Elidinmoal.
Teck sub saquons nunc quoque curril que.
"le mihi Iabentis pars anni magna panda est.
Ebeu ! quam dirpar est locus ille Getisl
Et quota pars bec sunt remua , que vidimus alain,
Ta mihi juetmdas efficiente vins!
Sen rats curule. picta solariums sodas;
Essais nos sgili sire tuions rota ,
Sæpe brevis nabis vicibls via visa loquendi;
Pluraque , si numerus , verbe [un gradu. .
Sæpe dies sermooe mince fait, itague loqué"!
Tarda per estivas deluit bora dies.
Est aliquid cases pariter limeuse marinas;
J unctaque ad æquoreos vota tulise Dans:
Et modo res egissesimul; Mm ab illis,
Quorum non pudeat , pusse relent
llær tibi si subeant, obtins En, militas baril
Ante tues oculus, ut mcdo vins, en. fl
LES PONTIQUES.
7’17
en dépit de mon absence, me verront a toute
heure, comme ils me voyaient jadis. Pour moi,
bien que relégué aux dernières limites du
desairs,avant queje paie d’un ingratoubli les in-
monde, sous cette étoile du pôle qui demeure
leur avait tari les miennes; j’appelle ainsi ces
appréciables bienfaits. J’appelle ainsi ces larmes
quicoulaient detesyeux quand l’excès de la dou-
immobile au-dessus de la plaine liquide, je te consolations par lesquelles tu combattais à la
contemple des yeux de mon esprit, les seuls fois la tristesse de mon cœur et du tien. Sans
dom je puisse te voir, et je m’entretiens soudoute ma femme est vertueuse par sa nature et
comme d’elle-même; toutefois elle ne peut que
vent avec toi sous l’axe glacé du ciel. Tu
gagner
encore à recevoir tes conseils. Je me ré
os ici, et tu l’ignores; quoique absent, tu
jouis de penser que tu es pourelle ce que Castor
es souvent près de moi, et tu sors de Rome,
était pour Hermione, et Hector pour lule (l).
évoqué par moi, pour venir chez les Gètes.
Elle cherchai égaler tes vertus, et montre par la
(tends-moi la pareille; et puisque ton séjour
sagessede
savie que ton sang coule danssesveiest plus heureux que le mien , fais en sorte de
t’y souvenir toujours de moi.
nes. Aussi ce qu’elle eût fait sans y être encoura-
gée,elle le fait mieux encore, aidée de tes conseils. L’actif coursier qui s’élance dans l’arène
LETTRE XI.
a noms.
pourydisputer l’honneurdela victoire redouble
d’ardeur s’il entend une voix qui l’anime. Dirai-
Ovide, l’auteur d’un Art qui lui fut si fatal,
t’envoie, Rufus , cet ouvrage fait à la hâte.
je ta fidélité scrupuleuse à suivre les recommandations de ton ami absent , et cette discrétion à laquelle nul fardeau n’arrache de plain-
Ainsi, quoique le monde entier nous sépare,
tu sauras que je me souviens de toi. Oui, le sou-
tes? Que les dieux t’en récompensent, puisque
je ne le peux moi-même! Ils le feront, si ta piété
venir de mon nom s’effacera de ma mémoire,
avant que mon cœur ne perde celui de la pieuse
n’échappe pas à leurs regards. Puissent tes
forces répondre à de si nobles efforts, Rufus ,
amitié, etmon âme prendra son essor dans le vide
toi la gloire du pays de Fundi!
Ipse quidam estremi qunm sim sub sardine mundi ,
Qui semper liquidia sltior castat squia,
Te tamen intueor, quo solo, pectore, poum ,
Et tecmn gelido sape sub axe loquor.
Bic es , et ignoras, et ados caleberrimus absent;
Inque Getas media visu! ab orbe venin.
Redde vicem ; et, quoniam regio felicior ista est,
lllie me memori pectens semper tube.
Grande voco lacrymas meritum, quibus ora rigabas,
Quum mea concreto sich dolore forent.
Grande voco meritum , musts Iolatia mentis,
Quum pariter uohis illa tibiqlue dures.
Sponte quidem, per seque mes est laudabilis user;
Admonitu melior fit tamen illÎtuo.
Namque quod Hermiones Castor fuit, Hector Iuli ,
Hou ego te leur ronjugis esse mess.
Quai , ne disaimilis tibi ait probitate, labont;
Seque tui vite sanguinis esse probat.
Ergo, quod fuerat stimulis factura sine ullis,
Plenius auctotem te quoque nacta faeit.
Acer, et ad palmez par se cul-suros honores,
Si tamen borteris, fortins ibit equus.
EPIS’I’OLA XI.
euro.
floc tibi , Rufe , brevi propentum tempore mittit
Naso, parum [anale conditor Artis, opus:
(il , qoanquam longe toto sumus orbe remoti ,
Srire tamen posais nos meminisse lui.
Nominis ante mei venient oblivta nobis ,
l’adore quam pistas ait tua pulsa mec :
Et prius banc animum vacuas reddemus in auras,
Quant lat meritt gratis vans tui.
Adde , quod absenüs rura mandats fldeli
Perficis, et nullam ferre gravsris onus.
0 referant grates , quoniam non posstunus ipsi ,
Dl tibi! qui referent, si pis facta vident.
Sulliciatque diu corpus quoque moribus istis,
Maxima Fusilsni gloria , Buis, soli.
78R
(W1 DE.
’ 338633338338338333339383383333833836838333833:
LIVRE TROISIÈME
LETTRE l.
l’automne ne t’otlre pas de pampre chargé de
raisins, mais un froid excessif est la tein-
A sa FEMME.
pérature dans toutes les saisons. La glace
O nier sillonnée pour la première fois par
enchaîne les mers qui te baignent, et les poissons nagent prisonniers sous cette voûte Solide
qui couvre les flots. Tu n’as point de t’on-
le vaisseau de Jason; et toi, contrée que se
disputent touriitour un ennemi barbare et
les frimas, quand viendra le jour ou Ovide
vousquittera, pour aller, dut-ile aux ordres de
taines, si ce n’est d’eau salée, boisson aussi
propre peut-être à irriter la soif qu’à l’apaiser. Çà et la, dans les vaSIes plaines. s’élèvent
César, subir ailleurs un exil moins dangereux!
quelques arbres rares et inféconds, et les
Me faudra-t-il toujours vivre dans ce pays plaines elles-mêmes semblent être une autre
barbare, et dois-je être inhumé dans la terre
mer. Le chant des oiseaux y est inconnu, mais
de ’l’omes’.’ l’ermets que je dise, sans troubler
on y entend les cris rauques de ceux quise
la paix.( s’il en peut être aucune avec toi ) qui
règne entre nous, terre du l’ont, toi que foule
sans Cesse le coursier rapide de l’ennemi qui
désaltèrent. au fond des forêts éloignées, à
t’environne; permets que je le dise: c’est
et bien digne du sol qui la produit. Parleraije
de ces frayeurs continuelles, de ces attaques
incessantes dirigées contre tes villes, par un
toi qui l’ais le plus cruel tourment de mon exil,
c’vsttoi qui rends mes malheurs plus lourds à
supporter. Jamais tu ne respires le souille du
printemps couronné de fleurs; jamais tu ne
vois le moissonneur titi-pouillé de ses vêtements;
lil’lS’l’UIA PRIMA.
[ÏXORL
Æquor Insouio pnls-itnm routine primum,
Quieque nec liosle l’en), nec nive terra (tares ;
Erquod erit lempus, quo vos ego Naso relinquam ,
lu minus bostilem jussus abire lueur"?
Au mihi Barbarie! vivendum semper in isto?
quelque flaque d’eau marine. Tes champs
stériles sont hérissés d’absinthe, moisson amène.
ennemi dontles flèches sont trempées dans un
poison mortel; de l’éloignement de ce pays
isolé, inaccessible, où la terre n’olfre rués
Noc tibi pampineas enlumnus porrigit nm .
Cuurta sed immodicum tempo" frigus habcnl.
Tu glacis: [rota vincta tenes; et in æquore piscis
Inelusus tecta turpe munit aqua.
Ncc tibi sur)! fontes, latins nisi prenne mariai;
Qui palus dubinm sislat daine sitim.
[tara , neque [me l’elix , in apertis aminci. unis
Finiliuius rapido quam terit lmstis equo;
Pare tua dixisse vclim; tu pessima duro
Arbor; et in terra est litera forma maris.
Non avis obloquitur, silvis nisi si que remoti:
Æquorens rauco gulture peut squat.
Tristia prr vacuos borrent absinthil campos,
Conveniensque suo menin aman loco.
Aclde motus, et quad murus pulsatur a]: baste,
l’nrs es in exsilio; tu mala n0slra gravas.
Z’u asque ver sentis cinctum florcutc rom-n;
Quod procul [une regio est, et si: omni devin cum;
Inque ’l’omilana rondar oportet huma?
Puce lut! , si pax ulla est tibi , l’ontira tellus,
Tu nequc massoruni rorporu unda vides:
’l’iuctaque morfilera lobe sagilta made-l;
Nm: poile que quisquam, nec rate tutus est. a
LES PONTIQUES.
plus de sûreté aux piétonsque la mer aux navigateurs? Il n’est donc pasétonnant que, cher-
chant un terme à tant de maux, je demande
avec instance un autre exil. Ce quiest étonnant,
chère épouse, c’est que tu n’obtiennes pascette
faveur , c’est que tes» larmes ne coulent pas au
789
frappé de la foudre, en acquit plus de célébrité;
Amphiaraiis , englouti avec seschevaux dansle
sein de la terre, n’est inconnu à personne.
Le nom d’Ulysse serait moins répandu si
œ héros eût erré moins longtemps sur les
mers; Philoctète enfin doit à sa blessure une
récit de mon infortune. Tu me demandes ce
grande partie de sa gloire. Et moi-aussi,si
toutefois mon modeste nom n’est pas. déplacé
que tu dois faire? demande-le plutôt à toiIneme; tu le saurassi tu veux en effet le savoir. parmi de si grands noms, mes malheurs ont
fait nia célebrité. Mes vers ne permettront pas
Mais c’est peu de vouloir, il faut pour cela
désirer avec ardeur; il faut que de tels soucis
non plus que tu restes ignorée , et déjà tu leur
abrègent ton sommeil. La volonté, heaudois une renommée qui ne le cède en rien à
coup d’autres l’ont sans doute, car est-il un
celle de Battis de Cos. Ainsi toutes tes actions
homme assez cruel pour regretter que je goûte
seront livrées au contrôle du public saron vaste
un peu de repos dans mon exil? Mais toi, théâtre , et une multitude de spectateurs attosc’est de tout ton cœur,de toutes tes forces que
tera ta piété conjugale. Crois-moi, toutes les
tu dois travailler à me servir. Si d’autres m’ac-
fois que ton éloge revient dans mes vers, la
cordent leur appui , ton zèle doit l’emporter sur
femme qui les lit s’informe si tu les mérites
celui même de mes amis; toi, ma femme, tu
réellement: et s’il en est plusieurs , comme je le
pense , qui sont disposées à rendre justice à les
dois en tout leur donner l’exemple.
Mes écrits t’imposent un grand rôle; tu y es
citée comme le modèle des tendres épouses;
ci-aiua de compromettre ce titre, si tu veux qu’on
arnica la vérité-de meséloges et au courage avec
lequel tu soutiens l’œuvre de ta renommée.
Quand j’ensevelirais mes, plaintes dans le silence, la renommée se plaindrait à-ma place,
vertus, il en est plus d’une aussi qui ne manquera pas de cherchera critiquer les actions; fais
donc en sorte que l’envie ne puisse dire de toi:
c Cette femme est bien lente à servir son malheureux époux! » et puisque les forces me
manquent, que je suis incapable de conduire
le char, tache de soutenir seule le joug chan-
si je ne recevais de toi tous les soins que je celant. Malade, épuisé, je tourne les yeux vers
dois en attendre. Ma nouvelle fortune m’a
le médecin; viens à mon aide, pendant qu’il
exposé aux regards du peuple; elle m’a rendu
me reste encore un souffle de vie; ce que je
plus célèbre que je ne l’étais jadis. Capanée,
ferais pour toi si j’étais le plus fort, toi qui pos-
Ron igitur mirum , fluent quænntibua liurum
Altera si nobia tuque rogatur humus.
Ta mugir est mirum non hoc evincere, conjux;
Notior est factus Capancus a fulminia irtu ;
Notua bumo mercis Ampbiaraua equis;
Si minus errasset, notus minus caret Ulyssea;
Magna Philoetetæ vulnere fuma suc est.
Si locus ont aliquis tanta inter Domina parvis,
Nos quoque conspicuoa nostra ruina facit.
Nec te nesciri putitur men pagina ; qua non
Inferius Cou Battide nomen baba.
Quicquid ages igitur, grena spectabere magna ;
El pia non parvis testibus uxor cria.
Inque mais lacrymal ponce touera malin.
Quid facial, quæris? quam: hoc aciliœt ipsum;
lnveniea , vers si reperire voles.
Velle parum est : copias, ut ra potiaris , oportet;
Et faciat aomnoa busc tibi cura braves.
Velle rect- multoa : quia enim mihi tant ait iniquua,
Optet ut utilium pace curera meum ?
Pactore to toto, cunctiaquo incumbere nervis ,
Et niti pro me nocle iliaque datant.
thue juvent alii , tu (lebel vinoere anion: ,
Uxor, et ad partes prima venire tuai.
Magna tibi impositaoat nmtria persona libellia :
Conjugis examplum diceris eue boue.
llano cava degenerea : ut oint præoonia nostra
Vera fida , fume quo tuearia opus.
Ut nihil ipae quarar, tacito me fuma querctur,
in débet, fuerit ni tibi cura mei.
Expoauit mon me populo fortuna videndum ,
lit plus notifiai, quam fuit ante, (ledit.
Credo mihi; quotiea Iaudaril carmine nant"
Quai legit bas laudes un mercure rogat.
thue favere reor plum virtutibus istil,
Sic tua non panes.- rarpere farta volent.
QuareIu prœsta, ne Iivor diners posait z
Hœc est pro miseri lenta ulule viri.
Quumque ego deficiam , nec passim douro aurrutn
Fac tu Instinct" debile cola jugum .
Ad mrdicum specto, venis fugientibua loger z
Ultima para animæ dum mihi restat, odes.
Qundque ego præatarcm , si le magia ipse valerem ,
Id mihi , qunm volcan fortins , ipsa "far.
12
790 ONDE.
aèdes cet heureux avantage, fais-le aujourd’hui.
! de la hache des Amazones, nidepomrd’aas
Tout l’exige, notre amour commun , les liens
i
qui nous unissent , ton propre caractère.
De plus, tu le dois à la famille dont tu fais
partie; sache l’honOrer par les vertus de ton
main légère le bouclier échancré; il s’agitd’im.
I plurer un dieu, non pourm’obteuirses faveurs,
mais l’adoucissement de saœlère. Si tu n’as
pas de crédit, les larmes y supplées-animi
sexe autant que par tes services. Quoi que tu les larmes, ou jamais, on fléchit les dieux.
fasses , si tu conduite n’est pas entièrement
digne d’admiration , on ne pourra croire que
Mes malheurs pourvoient amplement à ce que
tu sois l’amie de Marcia. Du reste, cessoins que
l’époux n’a que trop de sujets de pleurs. Telle
je demande, je crois les mériter , et si tu veux
est ma destinée, pour toi sans doute a jamais
en convenir, j’ai mérité aussi de toi quelque
reconnaissance. Il est vrai que j’ai déjà reçu
lamentable; telles sont les richesses dont au
fortune te fait hommage.
avec usure tout ce que j’étais en droit d’atten-
les tiennes ne tarissent pas; celle dont je sais
S’il fallait, ce qu’auxdieux ne phise! racheter
dre, etl’envie, quand elle le voudrait, ne pour-
ma vie aux dépens de la tienne, l’épouaed’Ad
rait trouver prise sur toi. Mais à tes services
mète serait la femme que tu imiterais. Ta deviendrais rivale de Pénélope, si tachercluis,
passés , il en est un pourtant qu’il faut ajouter
encore : que l’idée de mes malheurs le porte à
oser davantage; obtiens que je sois relégué
dans un paysmoins horrible, ettous les devoirs
seront accomplis. Je demande beaucoup, mais
tes prières pour moi n’auront rien d’odieux;
et quand elles seraient vaines, ta défaite serait
sans danger. Ne t’irrite pas si tant de fois,
dans mes vers. j’insiste pour que tu fasses ce
quetu fais réellement,etque tu sois semblable à
fidèle a tes serments d’épouse, à tromperpsr
une ruse innocente des adorateurs trop pisssants. Si tu devais suivre au tombeau les minis
de ton époux, Laodamie serait ton guide l’a
te rappellerais la fille d’lphias, si tu voulait le
jeter vivante dans les flammes d’un bûcher.
Mais tu n’as besoin ni de mourir ni d’entreprendre la tâche de Pénélope: il ne faut que
prier l’épouse de César, cette femme dontla
toi-même. Le son de la trompette anime au
vertu et la pudeur donnent à notre tiède au
combat les plus braves, et la voix du général
excite les meilleurs soldats. Ta sagesse est con-
éclat que n’efface pas celui dessièclesantiqueset
nue; a toutes les époques de ta vie, tu en as
Junon , fut seule trouvée digne de partath
donné des preuves ; que ton courage égale donc
tu sagesse. Il ne s’agit pas de t’armer pour moi i
couche d’un dieu. Pourquoi tremblera sa me?
qui, unissant les grâces de Vénus à lachasteté ile
Pourquoi craindre de l’aborder? Tes pains
I
Exigit lice socialia amor, fœdusque Instituts):
Moribus hoc, conjux, cuisis ipaa luis.
Iloc doutai dettes , de qua «inscris, ut illam
Non magis omciis , qunm probitate , colas.
Cuncta lit-ct incisa, niai sis laudabilia naos,
Non poterit csedi Marcia cuits tibi.
Nos. sumus indigni; nec, si vis vers faleri ,
llebetur meritis gratis nulla meis.
Redditur illa quidem grandi cum [ancre nabis ç,
Nec te , si cupiatlmdcrc, Iivor bahut.
Sed tamen hoc lactis adjuge prioribus unum ,
Pro nostris ut sis ambition mslis.
Ut minus infesta jacum regina , tabors :
Clauda nec officii pars erit nlla lui.
Magna pelu, aed non tamen invidiosa roganti:
thue sa non tannas , luta npnlaa tua est.
Nos mihi suceuse, loties si carmine nostro,
Quod (scia , ut (scias, taque imitera, rogo.
Portibus adauevit tubicen prodeue , moque
[lux bene pugnautes incitat ora viros.
Nota tua est probitas, testalaquc tempus in omue :
Sit virtus etiam non probitate minor.
Nul tibi Antasonia est pro me minauda sauris ,
Aut excisa levi pelu gerenda manu.
Numen adorandutn est; non ut mihi fiat smicnm,
Sed ait ut iratum , quam fuit ante , minus.
Gratia si unlla est, lacrymn tibi gratis lient:
Hac potes , sut titilla , parte monta Deos.
Quas tibi ne desint , bene per mais nostra cartier;
Maquis viro flcndi copia dives adest.
Utilise men ras sunt, omni, pute, tampon Habit:
1 lias forums tibi nostra ministrst opes.
I Si inca mors redimcuda tua, quad abominer, and,
l Admcti conjua , quam saquerais, eut.
5 Æulula Penelopes fiera, si fraude pudica
Instantes velles [allers nupla protes.
v Si contes cutincti manas saqueront mariti ,
i liant dus facti Laodamia lui.
5 lphias ante oculus tibi erat ponenda, volenti.
i Corpus in aucusoa milieu forte toges.
l Nil opus est loin, nil Icariotide tels;
Canaris at conjua ora precanda tuo;
Ï Quai præstat rirtute sua , ne prises vélums
Lande pudicitiœ meula nostra preuiat;
Quo: Vclicris lon-mam , mores Junonis inattendu,
Sala est i-œlcsti (ligna reperta tout.
LES PONTIQUES.
79!
ne doivent s’adresser ni à l’impie Procné, ni
plus a attendre qu’elle soit entièrement libre;
à la fille d’Æétès, ni aux brus d’Égyptus, ni à
àpeine a-t-elle le loisir de songer à sa parure.
l’odieuse épeuse d’Agamemnon. ni a Scylla,
Le palais fût-il entouré du majestueux cortège
dont les flancs épouvantent les flots du détroit
de Sicile; ni à la mère de Télégonus, habile à
des sénateurs, il faut que tu pénètres jusqu’à
serpents. Celle que tu dois fléchir est la
elle, en dépit des obstacles. Arrivée en pré
sence de cette nouvelle Junon , n’oublie pas le
rôle que tu as à remplir.
N’excuse pas ma faute; le silence est œ qui
première des femmes. celle que la Fortune
convient le mieux à une mauvaise cause; que
a choisie pour prouverqu’elle n’est pas toujours
aveugle , et qu’on l’en accuse à tort; celle enfin
les paroles ne soient que d’ardentes prières.
Laisse alors couler les larmes, et, prosternée
aux pieds de l’immortelle, tends vers elle les
donner aux hommes de nouvelles formes; ni à
Méduse, dont la chevelure est entrelacée de
qui, dans le monde entier, du couchant à l’aurore, ne trouve personne de plus illustre qu’elle,
exœpté César. Cherche avec discernement et
saisis aussitôt l’occasion de l’implorer, de peur
mains suppliantes; puis demande seulement
qu’on m’éloigne de mes cruels ennemis; qu’il
me suffise d’avoir contre moi la Fortune. J’ai
que ton navire , en quittant le port, ne lutte bien d’autres recommandations à te faire; mais
contre une mer orageuse. Les oracles ne déjà troublée par la crainte, tu pourras à
rendent pas toujours leurs arrêts sacrés, les
peine , d’une voix tremblante, prononcer ce
temples eux-mémés ne sont pas toujours ouverts. Quand Rome sera dans l’état où je sup-
que je viens de le dire. Le trouble, si je ne me
trompe , ne saurait te nuire : qu’elle sente
pose qu’elle est maintenant, lorsqu’aucune
que tu redoutes sa majesté. Tes paroles entre-
douleur ne viendra attrister le visage du peu-
coupées de sanglots n’en serviront que mieux
ple, quand la maison d’Auguste, digne d’être
ma cause: parfois les larmesne sont pas moins
honorée comme le Capitole, sera , comme au-
puissantes que les paroles. l’ais encore que cette
jourd’hui ( et puisse-belle l’être toujours! ), au
milieu de l’allégresse et de la paix , alors fassent
tentative soit favorisée par un jour heureux ,
les dieux que tu trouves un libre accès ! alors
bons présages. Mais avant tout, allume le feu
espère dans l’heureuse issue de tes prières.
sur les saints autels, offre aux grands dieux
une heure convenable, et inaugurée par de
Si elle est occupée d’intérêts plus graves, diffère
l’encens et le vin pur, et que ces honneurs
encore, et crains , par trop de hâte, de ren-
s’adressent surtout àAuguste, àson fils pieux,
verser mes espérances. Je ne t’engage pas non
à Celle qui partage sa couche. Puissent-ils te
Quid trepidas? quid adire timon? non impia l’rocne,
Filiavc Æetæ voeu movenda tua est z
Net: nurus Ægypti , nec sans Agamemnonis taxor,
Corporis ad collum vix vacat illa sui.
Curia quum patribua fucrit stipala verendis ,
Par rerum turbam tu quoque oportet en.
Quum tibi oontigerit vultum Junonis adire,
Fat: sis personæ, quam tuearo , memor.
Sryllaquc , quin Siculas inguius terret squat,
Telegonivc parent vertendis nata figuris ,
Neuve nodosas augite Méduse comas.
Femina sed princeps , in qua Fortuna videra
Se probat, et œcœ crimina l’alsa tulit :
Qua nihil in terris, ad finem solin ab ortu
Clarius, exceplo Canne, mnndus habet.
Eligito tempos , captatutn seps rogandi ,
Exeat adverse ne tua nuis aqua.
Non aemper sacras reddunt oracula sortes;
[psoque non omni tampon fana patent.
Quum status urbis erit , qualem nunc auguror esse,
Et nullus populi contraint ora dolor;
Quum domua Augusti, Capitoll more colenda ,
Lasta , quad est, et sil, plenaquc pacis erit;
Tutu tibi Dl facisnl ndeundi copia flat;
Profectura sliquid turn tua verba pala.
Si quid aget majus, dinar tua cœpta ; avequc
Spem festinaudo pmcipitare meam.
Ne: ruraus julien, dum lit vacuissima , quarras :
Nec factum dcl’ende meum ; mala causa silcnda est :
Nil nisi sollicita aint tua verba preees.
Tum lacrymis demanda mon est, submissaque terrai
Ad non mortales hachis tende pedcs.
Tous pets nil alind, sevo nisi ab hotte recedatn:
llostem Fortunam sit satis esse mihi.
Plut-a quidem aubinant; sed jam turbata timons
Hinc quoque vix potaris ors trémolite loqni.
Suspicor hoc damne tibi non fore; sentiat illa
Te majestatetn pertirnuisse suant.
Net tua si fletu scindautur verba , nocebit :
lnterdum lacrymæ pontiers vocis habent.
Lux etiam emplis facile bons talibus adsit,
Horaque cottveuiens , auspiciumqua (avensSed prias, imposito sanctis altarihus igni ,
Tura fer ad magnes vinaque purs Duos.
E quibus ante omncs Angustutn nomen adora ,
l’rogeniemque piam , participetnque lori. "il
793
OVIDE.
témoigner encore leur bienveillance habituelle,
et voir d’un œil attendri couler tes larmes!
téréts ne leur a manqué; ils ont redouté la
colère des dieux. S’ils peuvent sembler trop
circonspects et trop timides, ils ne méritent
pas qu’on les flétrisse du nom de méchants.
Ainsi, dans ma caudeur,j’excnse les amis qui
LETTRE Il.
me sont chers; ainsi je les justifie de tout
A 6011A.
de mon indulgence , et puissent dire que mon
reproche a mon égard. Qu’ils s’applaudissent
propre témoignage est la preuve éclatante de
Plaise aux dieux, Cotta, que cette lettre et leur innocence. Quant à toi et au petit nombre
les vœux que j’y fais pour toi te trouvent en
aussi bonne santé que je le désire! Mon assu-
d’amis qui auraient cru se déshonorerenme
couragés, abandonnent mes voiles déchirées
trompe; ce souvenir durera plus que ma vie, si
refusant toute espèce de secours dans mon
rance sur ce point diminue mes souffrances, et adversité, le souvenir de leurs bienfaits ne
périra que lorsque de mon corps consné
ta santé fait celle de la meilleure partie de
moi-meme. Lorsque mes autres amis , déil ne restera plus que des cendres. le me
par la tempête, tu restes comme la dernière
toutefois la postérité lit mes écrits. Un corps
ancre de mon navire fracassé; ton amitié m’est
est le tribut que réclame le bûcher; mais un
donc bien douce, et je pardonneà ceux qui
nom, mais la gloire échappent aux ravages
m’ont tourné le dos avec la fortune. La foudre
des flammes. Thésée est mort, le compagnon
d’Oreste l’est aussi; œpendaut ils vivenlptr
les éloges qui consacrent leurs belles actions.
qui n’atteint qu’un seul homme en épouvante
bien d’autres, et la foule éperdue tremble d’ef-
froi près de la victime. Quand un mur menace
Nos descendants rediront aussi vos louanges,
ruine , Inquiétude rend bientôt désert l’espace
et mes vers assureront votre gloire. Ici, déjà,
qui l’euvironue. Quel est l’homme un peu
les Sumates et les Gètes vous connaissent,
timide qui, de peur de gagner un mal contagieux , ne se hale de quitter son voisin malade?
et ce peuple de barbares est lui-même sensible
à votre généreux attachement. Gommejela
Ainsi quelques-uns de mes amis m’ontdélaissé,
entretenais de la fidélité que vous m’avez gar-
non par haine pour moi, mais par excès de
dée(car j’ai appris à parler le gète ellessr-
crainte. Nil’affection ni lezèle pour mes in-
mate ), un vieillard qui se trouvait par basai
!ist utinam mites solito tibi mon, touque
Deluit : adverses estimons Dm.
thue magis cauti possunt timidique vidai,
Sic adpellari non memere mali.
Non duris lacrymas vultibus «lapidant.
EPISTOLA Il.
cor-rus.
Quam hais a nabis missam tibi , Cella , saluions ,
Miss- sit ut vers , perveniatque , prrcor.
Nalnque meis nopes multum cruciatibus aufers,
thue lit e nobis pars bons salva , fuis.
Quumque luisent alii, jactataque vela reliuqnant ,
Tu lacer. romanes snobera sols nti.
Grsta tua est igitur pictas : ignoscimus illis,
Qui cum fortune tergs dedere luge.
Quum feriant unum , non unum fulmina terrent,
Junetaque perco-se turbe pavere solet :
Quumque dudit paries venture signa ruine ,
Sollicite vacuus Et locus ille metu.
Quis non e timidis api contagia vital,
Vieinurn metuens ne trshat inde malum?
le quoque amicornm nimic terrera metuque ,
Non odio, quidam destitue" mei.
la. illi! piétas , non officines roluntas
At meus excusat taros il. caudat- arnicas,
thue lichant de me erimina nous , lavet.
Siut hac contenti venia , signentque Iicebit
Purgari factum , me quoque teste , suum.
Pars estis panai petiot, qui rebus in anti!
Ferre mihi nullam turpe puma. opem.
Tune igitur merili morietur gratis votri,
Quum cinis absumto corpus [sans en).
Fallu , et illa meæ superabit tempors vitæ,
Si tamen a memori posteritate Iegar.
Corpora debentur mœstis emnguia boutis i
Elhgiuut strumes nomen honorquc m306(lceidit et Theseus , et qui comitavit. Omtrn:
Sed tamen in laudes vivit marque suas.
Vos etiam seri Iaudabuut sape nepotes ,
Clanque erit scriptis gloria vestra mais.
Hic quoque Sauromatæjam vos novera, fichait")
Et tales animal barbare lurba probat.
Quumque ego de vestra [super probitats «lem:
Nam didiri getiee sarmaticeque 101105 ,
LES PONTIQUES.
dans l’assemblée, répondant à cequ’il venait
d’ entendre , nous raconta ce qui suit:
a Étrangers, habitants des rives du Danube,
795
et sur les ailes des vents, et qu’elle la déposa en
ces lieux. Depuis plusieurs années elle présidait,
selon les rites , au culte de la déesse , prêtant,
et loin de vos climats , nous aussi nous malgré elle, sa main à ces devoirs sanglants,
connaissons bien le nom de l’amitié. ll est
quand deux jeunes hommes, portés sur un
dans la Scythie un pays que nos ancêtres ont
navire aux voiles rapides, abordèrent à notre
nommé Tauride et qui n’est pas très-éloigné
rivage. Tous deux de même âge, leur amitié
de celui des Gelas. C’est la que je suis ne, et
je n’en rougis pas. Mes compatriotes adorent
était aussi la même. 0reste était l’un, et l’autre
la déesse sœur d’Apollon. Son temple, soutenu
Pylade : la renommée a conservé leurs noms.
Ils furent aussitôt conduits à l’autel redoutable
par de gigantesques colonnes, y existe encore de Diane, les mains liées derrière le dos. La
aujourd’hui, et l’on y monte par un escalier
prêtresse grecque arrosa d’eau lustrale les
de quarante degrés. La renommée rapporte
deux prisonniers, puis ceignit leur chevelure
d’une longue bandelette. Pendant qu’elle préqu’autrefois il y avait dans ce temple une
statue de la divinité, venue du ciel; et ce
qui ne permet pas d’en douter , c’est que
pare le sacrifice, qu’elle couvre lentement leur
front du bandeau sacré, qu’elle imagine tous
la base en est encore debout. Un autel dont les moyens possibles de retard : a Pardonla pierre, à son origine, était blanche a changé
nez, dit-elle, ôjeunes gens: ce n’est point moi
de couleur; il est devenu rouge du sang qui qui suis cruelle; les sacrifices que j’accomplis
l’arrosa. Une femme pour qui ne brilla jamais
sont plus barbares que ce pays même, mais
le flambeau d’hyméne’e, et qui surpasse en notelle est la religion de ce peuple. Cependant
sacrifices. Tout étranger doit tomber sous le
de quelle ville venez-vous? quelle route cherchiez-vous sur votre navire aux tristes présa-
le fer sacré de la prêtresse : tel est le genre de
sacrifices institués par nos aïeux. La régna
ges P» Elle dit, et la pieuse prêtresse, en entendant nommer leur patrie, apprend qu’elle est
Thoas, prince célèbre dans les Palus-Méotides,
et plus célèbre encore dans tous les pays bai-
aussi la sienne. c Que l’un de vous, dit-elle alors,
soit immolé au pied de l’autel, et que l’autre
gnés par les eaux de l’Euxin. Sous son règne,
aille l’annoncer au séjour de vos pères.» Pylade,
je ne sais quelle Iphigénie y vint, dit-ou. à travers ies airs. On prétend même que Diane la
décidé à mourir, exige de son cher 0reste
blesse toutes les filles de la Scythie, préside aux
qu’il soit le porteur du message. 0reste s’y
transporta, dans un nuage, au-dessus des mers refuse; tous deux se disputent ainsi la gloire
Porta senex quidam , oœln qunm atarel in illa,
Reddidit ad noslroa talin verba sonos :
Nos quoque amicitiœ nomen bene novimus , hospes ,
Quos procul a vobia frigidus lsler babel.
Est locus in Scythia , Tsurosque dixere priai-es ,
Qui Gelica longe non ila distal homo.
[lac ego Ium terra , palrim nec pœnitel , ortus.
Consorlem Phœbi gens colit illa Deum.
Teuipla manenl hodie vustis innixa columnis,
Porque quater drues ilur in illa gradus.
Fama relut, illic signum cœleste fuisse z
Quoque minus dubites, stat basia orba Des.
Arsque , qua: lueral naturs candida sui,
Decolor adI’uso lincla cruore rubel.
Femina sacra lacit, lœdæ non nota jugali ,
Quai aupersl Scylhicas nobilitnte nurus.
Sarrilict gcnus est, sic instituere priori-s ,
Advena virgiueo cæsus ut euse cadal.
Regna Thon hahuit, Mæolide clarus in ora :
Nec fuit Euxinis nolior alter aquis.
Sceptra tenante illo , liquidas [caisse pet auras
Nescio quam dicunt lphigenisn ilur;
Quam levibus ventis sub aube prr trquora rectum
Crcditur bis Phœbe deposuisse locis.
Præluerat temple multos es rite per anuoa,
Invite peragens lrislia sacra manu;
Quum duo velil’era juveuea venere cariua ,
Presserutuque suc litera nostra pede.
Par fuit bis ælas, et amer : quorum alter Croates,
Alll’l’ ont l’ylades : nomina lama tcnel.
Proliuus immitem Triviæ ducunlur ad arum ,
Evincti geminas ad sua terga mauus.
Spargit aqtta captes lustrali (irais encordes,
Ambial ut iulvas infule longs comas.
Dumque parst sacrum , dum velsl tempera villis,
Dum tardæ causas inveuil usquc morse:
Non ego crudelis ; juvenes, ignoscite , dixit;
Sacra suo facio barbariors loco.
Rilus in est genlia : qua vos tamen "PIN: venilis?
Quove parum fausta puppo peltetis iter ?
Dixit z et, audito patrie pis nomine , virgu,
Consortes ttrhis comperit esse site.
Alter al e vobis, inquit, cadet hostia suri;
Ad patrias "des nuntius aller cal.
Ire juhel Pylades arum, periturua, 0reslcu ;
Hic «gal; laque vicem pugnat ulcrque mori.
795
ONDE.
de mourir l’un pour l’autre. Ce fut la seule
laquelle sans lOl allait s’éteindre! Digne bai.
fois qu’ils ne furent point d’accord; jusqu’alors
aucun différend n’avait altéré leur union. Pen-
sied aux vertus de la famille de secourir u
dant que les jeunes étrangers font assaut de
ami tombé dans la disgrâce.
tier de cette longue suite d’aîeux, songe qu’il
dévouement, la prêtresse trace quelques ligues
qu’elle adresse à son frère : elle lui donnait des
ordres, et, admirez les hasards de la vie hu-
LETTRE Il].
maine, celui qu’elle charge de les transmettre
était son frère luimeme. Aussitôt ils enlèvent
du temple une statue de la déesse, s’embarquent, et fuient secrètement à travers les vastes
mers. L’amitié admirable de ces jeunes gens,
si tu peux donner quelques instants ànn ami
quoique bien des années se soient écoulées depuis,a encore une immense célébrité dansjtoute
exilé, accorde-moi cette faveur, tandis que je
vais te raconter ce que j’ai vu, et ce qui est
la Scythie. a
Lorsque le vieillard eut achevé cette histoire,
ou l’ombre d’un corps, ou un être réel, ou
simplement l’illusion d’un songe.
déjà fort répandue dans cette contrée, tous les
auditeurs applaudirent à cette conduite, a cette
a nains sinuas.
Maxime, toi la gloire de la maison des Fabius,
Il faisait nuit : à travers les doubles battants
des mes fenêtres, la lune pénétrait brillantes
pieuse fidélité. C’est que sur ces bords, les plus
tellequ’elle est à peu près vers le milieu damois.
sauvages du monde, le nom de l’amitié atten-
J’étais plongé dans le sommeil, le remède ordi-
drit aussi œa cœurs farouches. Que ne devaveus pas faire, vous, enfants de la capitale de
naire de tous les soucis, et une molle langueur
enchaînait mes membres sur mon lit, quand
1’ Ausonie, lorsque de telles actions adoucissent
l’insensibilité même des Gètes, toi surtout,
Cella, dont le cœur fut toujours tendre, et
dont le caractère est un si noble indice de ta
haute naissance? Ces qualités ne seraient
tout à coap l’air frémit, agité par des ailes. et
ma fenêtre, légèrement secouée, lit entendre
comme un faible gémissement. Saisi d’effroi.
je me lève appuyé sur le bras gauche, et le
sommeil s’enfuit, chassé par mes alarmes. L’A-
désavouées ni par Volésus, qui a donné son
mour était devant moi, non pas avec ce visage
nom à ta famille, ni par Numa, ton ancêtre
maternel : ils applaudiraientà ce surnom de
que je lui connaissais jadis, mais triste , abattu
Cotta, ajouté au nom d’une antique maison,
Entitit hoc nnum , quo non convenerit luis :
(bien par concors et aine lite fuit.
Dum peragunt pulcbri juvenes certamen amoris ,
Ad fratrem scriptes osant illa notas :
Ail fratrem mandata dabat , cuique illa dabanlur,
Humanos castra adapice, frater ont.
Nec mon; de temple rapiunt simulacrs Dianœ ,
Clamque per immensas puppe feruntnr aquaa.
Mirua amor juvenum , quamvis abiere lot anui ,
In Scytbia magnum nunc quoque nomen babel.
Fabula narrata est postquam vulgaris ab illo ,
Lsudarunt omnes faeta piamqne fidem.
Seilicet bas etiam , que nous ferocior, ora
Nounou amicitie barbera corda movet.
Quid facare Antonia geuiti debatia in urbe ,
Quum tangant diros talis facta Gelas ?
Adde , quad est animus semper tibi milis , ct site:
lndicium mores nobilitatis babet;
Quo: Volcans palrii cognoscat numinis auctor;
Duos Numa maternus non neget case suas :
Adjectique probent genitiva ad nominal (lutta: .
Si tu non esses , interitura domus.
1,
et la main gauche armée d’un bâton d’érable.
’ Il n’avait ni collier au cou , ni réseau sur la tète;
Digne vir bac mie, lapso auccurrera amieo
Conveniens istis moribus esse pots.
EPlSTOLA lll.
FABIO MAXIIO.
Si vacat niguum profugo (lare tempos arnica,
0 sidus Fabia.l , Maxime , gaulis , Ides:
Daim tibi que! vidi referam ; aeu corporis ombra,
Sen vert species, ses: fuit ille sopor.
Nos ent: et bifores intrabat Luna fenestras,
Meuse fers mediequanta uitare aolet.
Publics me requin curarum sommas babebst,
Fusaque orant toto languida membra loto :
Quum subito pennis agitatus inhorruit Ier,
Et gemuit parvo mots fenestra sono.
Territus in cubitum relevo mes membra sinislrumi
Pulsns et e trepido pectore somnus sbit.
Stabat Amor vultu non quo prius esse solebat,
Fulcra tenena læva tristia accrus manu;
Nec torqnem collo, nec habens crinsle cspillis,
Nec bene disposilas comlus, ut ante , m-
LES PONl’lQUES.
798
sanhevel’ure, dans un désordre qu’elle n’a-
compense, l’exil aux extrémités du. monde,
vait point autrefois, tombait avec négligence
dans un pays ou lesdouct-urs de la paix sont inconnues. Tel ne futpas Eumolpus, fils de Chionée, envers Orphée; tel ne fut pas Olympus
sur sa ligure horriblement altérée. Il me sembla même que ses ailes étaient hérissées , ainsi
que l’est le plumage d’une colombe que
plusieurs mains ont froissée. Aussitôt que je
envers le satyre Marsyas; telle ne fut pas la
l’eus reconnu, car nul n’est plus connu de moi,
ne dit pas que Numa ait jamais nui à Pytha-
récompense que Chiron reçut d’Acliille,et l’on
Ï osai lui parler en ces termes :s Enfant, toi qui
gore; enfin, pour ne pasrappeler tous ces
trompas ton mattre, etqui causas son exil, toi
noms empruntés aux siècles passés, je suis le
seul qu’ait perdu un disciple ingrat. Je te donnais, folâtre enfant, des armes et des leçons; et
que je n’aurais jamais dû instruire des secrets
de ta puissance, te voila donc venu dans un
pays d’où la paix est à jamais bannie ,
voilà le prix que le maître reçoit de son élève!
danscea contrées sauvages ou l’lster est tou-
Cependant, tu le sais, et tu pourrais hardiment
jours enchaîné par les glaces! Quel motif t’y
amène, si ce n’est pour être témoin de mes
maux? Ces maux, si tu l’ignores, t’ont rendu
le jurer, je n’ai jamais conspiré dans mes vers
odieux. C’est toi qui le premier me dictas des
vers badins. C’est pour t’obéir que je lis
alterner l’hexamèue et le pentamètre. Tu ne
m’as pas permis de m’élever jusqu’au rhythme
d’Homére, ni de chanter les hauts-faits des
guerriers fameux. Peul-être que ton arcet ton
flambeau ont diminué la vigueur peu éten-
contre des nœuds légitimes. J’ai écrit pour ces
femmes dont la chevelure ne porte point du
bandelette, symbole de la pudeur; dont les
pieds ne sont pas, à la faveur d’une robe trai-
nante, invisibles aux regards. Dis encore, je te
prie, quand ai-je appris à séduire les épouses
et à jeter de l’incertitude sur la naissance des
enfants P N’ai-je pas, censeur rigide , interdit la
due, mais cependant réelle, de mon génie; car,
lecture de mes livres à toutes les femmes que
la loi empêche de lier des intrigues galantes?
occupé que j’étais à célébrer ton empire et
A quoi m’ont servi tous ces ménagements ,
celui de ta mère, mon esprit ne pouvait songer a une œuvre plus sérieuse. Ce ne fut pas
puisque je suis accusé d’avoir favorisé l’adul-
assez : j’ai fait, insensé! d’autres vers encore,
tère , cecrime réprouvé par une loi rigoureuse?
Mais, je t’en supplie , et si tu m’exauces , que
afin de te rendre , par mes leçons, plus habile,
tes flèches soient partout triomphantes! que
et, malheureux que je suis! l’exil a été me ré-
ton flambeau brûle d’un feu actif et éternel!
Horrida pendehaut molles super ora capilli;
Et visa est coulis horrida penne mais.
Qualis in serin targe aolet esse columbæ ,
Tractantum maltai quam letigere menus.
H une, simul agnovi , tuque enim mihi notior alter
Talibus adfata est libers lingue aonis :
O puer , euilii decepto causa magistro,
Quem fuit utilisas non docuisse mihi l
Il sac quoque veniati , pas est ubi tempo": nullo,
Et cuit adatrictis barbarus lster squis?
Qua- tibi causa visa , nisi uti male nostra videra?
Quo saut , si neseis , invidiosa tibi.
Tas mihi dictssti juvenilia carmina priions :
Adposui senis, te duce, quinqua pedes.
Nos: me Mmio cousurgere carmine , nec me
Diacre magnorum pansus ce acta ducutn.
For-Etna exigus, aliquaa tamen, nous et ignis
lapilli vires œmminuere mei.
N.mqne ego dnm canto tua rogna, turque pareulis,
I n nullum mes mena grande vacavit opus.
se; satis id foetal; stultus quoque carmina feci ,
A rlibus ut pesses non rudis esse mais;
pro quibus essilium nisero mihi reddita merces z
Id quoque in extremis , et sine pace , loeia.
At non Chionides Eumolpus in Orphea talis;
ln Phryga nec Satyrum talis Olympus crut :
Premia nec Chiron ab Achilli talia cepit,
Pythagorœque ferunt non nocuisse Nntnam.
Nomina nru referam longum collecta per savons ,
Discipulo perii tolus ab ipse mec.
Dum damna arma tibi , dum le , lascive, docemus,
[in te discipulo doua magister habet. . ,
Scia tamen, ut liquido juratus diacre posais ,
Non me legitimos sollicitasse toros.
Scripsimus hac intis , quarum nec villa pudioos
Contingit crinea, nec sicle longs pedes.
Die, precor, etquando didicisti fallere nuptas,
Et facere ineertum per mes juan genus?
An ait ab his ornois rigide submota libellis ,
Quam les furtives arcet habere viros?
Quid tamen hoc prodest, vetiti si lege levers
Credcr adultérii mmpoanisse notas?
At tu , sic habeas ferientes cuneta sagittal;
Sic nunquam rapido lampades igne vacant;
Sic regel imperium , terrasque carmel. omnes
Cœur, ab Ænes qui tibi frette nepos; 02
m
ONDE.
que César, ton neveu, puisque Enée est ton
frère, gouverne l’empire, et tienne soumis à
son sceptre tout l’univers! Fais en sorte que
sa colère ne soit pas implacable, et que
nous désirons approche. Le triomphe de
Tibère a répandu la joie dans tous les «son.
Quand la famille d’Auguste, ses fils et Livie
leur mère , sont dans l’allégresse; quandtoi-
j’aille, s’il le veut bien, expier ma faute dans
un lieu moins affreux! a C’œt ainsi qu’il me
même, père de la patrie et dujeune triom-
semblait parler à l’enfant ailé, et voilà la ré-
le peuple te félicite, et que, dans toutela ville,
phateur, tu t’associes à cette allégresse; quand
ponse que je crus entendre : c Je jure par mon l’encens brûle sur les autels; quand le temple
le plus vénéré offre un accès facile, espérons
flambeau et par mes flèches, par ces armes
que nos prières ne resteront pas sans pouvoir.»
égalemt redoutables, par ma mère, parla
tête sacrée de César, que tes leçons ne m’ont
Il dit, et le dieu s’évanouit dans les airs,ou
rien appris d’illicite, et que, dans ton Art d’ai-
moi-même je cessai de rêver. Si je doutais,
mer, il n’est rien de coupable. Plut au ciel que
Maxime , que tu approuvasses ces paroles,
tu justifiasses aussi bien tout le reste! Mais une j’aimerais mieux croire que les cygnes sont
autre chose, tu le sais, te nuisit bien davantage. de la couleur de Memnon. Mais le lait nedevient
jamais noir comme la poix, et l’ivoire éclatant
Quel que soit œ grief (car c’est une blessure
que je ne veux pas rouvrir), tu ne peux te dire de Inlancheur ne se change pas en térébinthe.
Ta naissance est digne de ton caractère,car
innocent. Quand je donneraisà ta faute le nom
spécieux d’erreur, la colère de ton juge n’alla
tu as le noble cœur et la loyauté d’Hercule. De
pas au delà de ce que tu méritais. Cependant,
pourte voir et te consolerdans ton accablement,
j’ai fatigué mes ailes à franchir d’incommensu-
tels sentiments sont inaccessibles a l’envie,œ
vice des lâches, qui rampe comme la vipère. et
se dérobe aux regards. La noblesse même de a
rables espaces. J’ai visité ces lieux pour la
naissance est effacée parl’élévation de ton âme.
première fois lorsque, à la prière de ma mère ,
et ton œractère ne dément pas le nom que tu
la vierge du Phase fut percée de mes traits; si
portes. Que d’autres donc persécutent les mal-
je les revois aujourd’hui, après tant de siècles,
heureux ; qu’ils aiment à se faire craindre;
c’est pour toi, le soldat le plus cher de toute
m milice. Sois donc rassuré: le courroux de
qu’ils s’arment de traits imprégnés d’un fiel
corrosif; toi, tu sors d’une famille accoutu-
César s’apaisera; tes vœux ardents seront sa-
mée à venir au secours des infortunés qui l’im-
tisfaits, et tu verras briller un jour plus heu-
plorent. C’est parmi ces derniers que je le
reux. Ne crains pas les retards; l’instant que
prie de vouloir bien me compter.
[illico , ait nobis non implicabilis ira ,
Meque loco plecti eommodiore velit.
Dum doums, et nati , dum mater Livia putiet;
"ce ego virus cum puera dixiue volucri;
Hoe virus nobia ille dedisee sonos :
Per, lues tels , faces , et per , mes tels, «giflas,
l’or matrem jura , Cœureumque caput;
Nil, nisi concessum , nos le didicisse magistro,
Arlibus et nullum crimen inesse tuis.
thue hoc, sic utinam defendere cætera possesl
Scie aliud, quad te lserit , esse magis.
Quicquid id. est, neque enim debet doler ille referri;
Non potes a eulpa dicere abuse tua.
Tu licet erroris sub imagine crimen obumbres ,
Non gravior merito vindicis ira fuit.
Ut tamen ndspicerem , oonsolarerque jacentem ,
Lapsa par immenses est mihi penne vies.
"ce loea tnm primum vidî, quum, rustre rogante,
l’huile est telia fixa puella meis.
Qun nunc cur itemm post meula longs revisam ,
Tu lacis , o cauris miles amies mais.
Pane metus igitur: miteaœt Cænris ira ,
Et veniet volis mollior bora luis.
Nove menin fitness, tempus quod quœrimus instat;
Cunctsqne lætitiæ plens triomphas babel.
Dum gaudes, patriœ magne ducisque pater;
Dum tibi gratatur populus , totamque per urlmn
0mois odoratis ignibus ara cale! ;
Dom facileuditus præbet veneralnile lemplum;
Sperandnm nostra: posse value preœs.
Dixit; et sut ille est tenues dilapsus in sur",
Cœperunt sensus sut vigilare mei.
Si dubitcm quin bis l’aveu, o Maxime, diclis,
Memnonio cycuos esse colore pintent.
Sed neque mutatur nigra pice lacteus humer;
Nm, quod erat candens , fit terebinlbus, ebur.
Conveniens animo genus est tibi; nubile minque
Pcclua efHerculeæ simplicitalis babcs.
Livor, iners vitiuln , mores non exitin altos,
Ùtque halons ims vipera serpil hume.
Mens tua sublimis supra genus eminet ipsum,
Grondin: ingeuio nec tibi nomen inest.
Ergo alii nocesnt miseris, optenlque limeri,
Tinctuque mordaci spicule felle geraut.
At tua supplicibul domus est admets j’ai-andins
ln quorum numero me precor esse relis. m
LES pommons.
LETTRE lV.
A RUFIN.
Ovide, ton ami, t’adresse, o Rufinus, de son
797
et je n’ai vu que par les yeux de la renomméePeut-on avoir les mémes inspirations, le même
enthousiasme, que celui qui a tout vu, qui a
tout entendu? Cet argent, cet or, cette pourpre, confondant leurs couleurs éclatantes, ce
exil de Tomes , l’hommage de ses vœux sincères, et te prie en même temps d’accueillir avec
spectacle pompeux dont vous avez joui, ce n’est
point la ce que mes yeux regrettent; mais l’as-
faveur son Triomphe, au déjà ce poème est
pect des lieux, mais ces nations aux mille for-
tombé entre tes mains. C’est un ouvrage bien
mes diverses , mais l’image des combats, au-
modeste, bien tau-dessous de la grandeur du
raient fécondé ma muse; j’aurais puisé des iu-
sujet; mais, tel qu’il est, je te prie de le protéger. Un corps sain puise en lui-même sa
spirations jusque sur le. visage des rois captifs,
ce miroir de leurs pensées. Aux applaudisse-
force, et n’a nul besoin d’un Machaon; mais
’e malade, inquiet sur son état, a recours aux
conseils du médecin. Les grands poëles se pas-
ments du peuple, a ses transports de joie , le
sent bien d’un lecteur indulgent; ils savent
captiver le plus difficile et le plus rebelle. Pour
ardeur s’éveiller, comme le soldat novice aux
moi, dont les longues souffrances ont émoussé
le génie, ou qui peut-être n’en eus jamais, je
que la neige et la glace, plus froid que le pays
sens que mes forces sont affaiblies, et je n’at-
plus froid génie pouvait s’échauffer, et j’au-
rais senti, à ces acclamations bruyantes, mon
accents du clairon. Mon cœur fût-il plus froid
où je languis exilé, la figure du triomphateur
debout sur son char d’ivoire aurait arraché
tends de salut que de ton indulgence; si tu mes sens à l’engourdissemeut. Privé de tels
me la refuses, tout est perdu pour moi; et si secours, n’ayant pour guide que des bruits intous mes ouvrages réclament l’appui d’une fa-
veur bienveillante, c’est surtout a l’indulgence
certains, ce n’eSt pas sans motif que je fais un
appel à ta bienveillance. Je ne connaissais ni les
que ce nouveau livre a des droits. D’autres
noms des chefs ni les noms des lieux; a peine
poètes ont chanté les triomphes dont ils ont été
les témoins; c’est quelque chose alors d’appeler sa mémoire au secours de sa main, et d’é-
avaissje sous ma main les premiers matériaux.
crire ce qu’on a vu; moi, ce que je raconte.
m’écrire un ami? Je n’en ai que plus dedroit, ô
mon oreille avideen a à peine saisi le bruit,
lecteur, à ton indulgence, s’il est vrai quej’ai
EPlSTOLA lV.
RUFINO.
"me tibi non vansm portantia verba salutem ,
Nue Tomitsus Inittit ab orbe tuus;
thue suo favus mandat, Ruline, triompha;
In vestras venit si tamen ille manne.
Est opus exiguuin, vastisque pantibus impat- ,
Qusle tamen cumque est, ut tueare rogo.
Firme valent pet se, nullumque Maehaona quœrunt t
Ad medicam dubius mufttgit urger opem.
Non opus est magnis placido lecture poetis:
Qunmlibet invitum difflcilemque tenant.
Nos, quibus ingenium lougi minuere labores ,
Aut etiam nullum tonifia ante fuit ,
Viribus Infirmi , ventru candore valemus :
Quem mihi si dental , ornois rapts putain.
Cunctaque qunm mes siut propenso nixe lavure,
Precipuum veniæ jus babel. ille liber.
Speetatum nies alii scripsere triumphum.
Est aliquid memori visa polars manu.
Nos ea vix svidsm vulgo captais par surent
Senpsimus T stque oculi hm: lucre mei.
Quelle partie de ce grand événement la renommée pouvait-elle m’apprendre? que pouvait
Salieet sdfectus similes , sut impetus idem ,
Reims ab auditis conspieuisque venil?
Net: nitor argenti , quem vos vidistis, et suri ,
Quod mihi defuerit, purpuraque illa, queror:
Sed lm [and gentes formata mille tignris
Nutriment carmel) , proliaque ipse , menin.
Et rognon vultus, certissima pignon mentis ,
Juvisseut aliqua forsitsn illud opus.
Plausibus os ipsis populi, lœtoque lavera,
lugenium quodvis incaluisse potest.
Tsmque ego sumsissem tali dangers vigorem ,
Quam radis audits miles ad arma tuba.
Pecten sint nobis nivibus glacieque limbit ,
Atque hoc, quem patior, frigidiora loco :
"la ducis facies , in eurru stands elmrno ,
Excuteret frigos sensibus omne meis.
Hic ego deleetus , dubiisque suchribus une ,
Ail vestri venio jure favoris opem.
Net: mihi nota dueum, nec sunt mihi nota loueront
Nomina : materions vix habuore menus.
Pars quota de tantis rebus , quam lama "lem,
Aut sliquis nobis scribere posset, ent?
Quo inagis , o lector , debes ignames, si quid
Erratum est illic , pratterituntve mihi. I u
798
OVIDE.
commis quelque erreur, ou négligé quelque fait!
mon héros? Que nul poète, je te prie, ne m’ac.
D’ailleurs, ma lyre, éternel écho des plaintes de
euse ici de venir faire le procès à ses vena; un
muse n’a parlé que pour elle. Poètes, votre
sainte mission m’est commune. si toutefois les
malheureux ont encore accès dans vos chœurs.
son maître, s’est prêtée difficilement à des chants
d’allégresse; après une si longue désuétude,
à peine si quelques mots heureux naissaient
sous ma plume. Il me semblait étrange que je
Amis, vous eûtes toujours une grande part
me réjouisse de quelque chose. Comme les
dans ma vie , et je n’ai pas cessé de vous être
yeux redoutent l’éclat du soleil dont ils ont
perdu l’habitude, ainsi mon esprit ne pouvait
recommande mes vers; puisque moi-même
s’animerà des pensées joyeuses. La nouveauté
je ne puis les défendre. Un écrivain n’a
est aussi, de toutes la choses, celle qui nous
plait le plus : un service qui s’est fait attendre
guère de succès qu’après sa mort; car l’envie
s’attaque aux vivants, et les déchire misérable.
pend tout son prix; les écrits publiés à l’envi
ment. Si une triste existence est déjà presquels
présent et fidèle. Souffœz donc que jetons
sur ce glorieux triomphe sont lus sans doute,
mort, la terre attend ma dépouille, et il ne
depuis longtemps, par le peuple romain ; c’é-
manque plus à ma destinée , pour être accom-
tait alors un breuvage offert à des lutteurs
plie, que le séjour de la tombe. Enfin, quand
chacun critiquerait mon œuvre, personne, de
moins, ne blâmera mon zèle; si mes forcesoot
failli, mes intentions ont toujours été dignes
altérés, et la coupe que je leur présente les
trouverarassasiés; c’était une eau fraiche qu’ils
buvaient, et la mienne est tiède maintenant.
Cependant je ne suis pas resté oisif; ce n’est
pas à la paresse qu’il faut attribuer mon retard;
mais j’habite les rivages les plus reculés du
d’éloges, et cela, je l’espère , suffit aux dieux.
vaste Océan, et, pendant que la nouvelle arrive en ces lieux, que mes vers se font à la hâte,
jeune brebis leur est aussi agréable queœlui
et que l’œuvre, achevée, s’achemine vers vous,
une année peut s’écouler. En outre, il n’est
point indifférent que ta main cueille la première
rose, intacte encore, ou qu’elle ne trouve plus
que quelques roses oubliées. Est-il donc étOnnant, lorsque le jardin est épuisé de ses fleurs,
que je n’aie pu tresser une couronne digne de
Adde, quad , adsiduam domiai meditata quel-dan,
Ad lmtum esrmen vix mes versa lyre est.
Vix bons post tante qumenti verbe subibant,
Et gantiers aliquid, res mihi visa nova et.
thue reformidant insuetum lumina solsm ,
Sic ad Intitiam mens mes segnis ont.
Est quoque cunctarnm novitas earissima remua:
Gratiaque officio, quod mors tardat, abat.
(bien œrtstim de magne scripta triomphe
Jam pridem populi suspicor ors legi.
llla bibit sitiens , lester mes pocula plenus:
llla reeens pots est, nostra tepescit squa.
Non ego cesssvi, me fecit inertia sérum:
Ultima me vasti Institut ors freti.
Dum venit bue rumor, propentaque carmins fluant,
Factsque eunt ad vos , aunas sbisse potest.
Net: minimum refert intada rosaria primus ,
An sera carpes plane relieta manu.
Quid minant, Ieetis exhausto floribus horto ,
Si duce non (acta est cligna corons suc ’.’
Deprecor bec vatum contra sua carmina ne quis
mais putet : pro se Musa loculs mes est.
C’est pour cela que le pauvre est bienvenu au
pied de leurs autels, et que le sacrifice d’une
d’un taureau. Au reste. le sujet était si grand
que même le chantre immortel de l’lliade eût
fléchi sous le poids; et puis, le char trop faible de l’élégie n’aurait pu, sur ses roues inéga-
les, soutenir le poids énorme d’un tel triomphe.
Quelle mesure emploierai-je désormais? je
l’ignore. Ta conquête, fleuve du Rhin, nous
présage un nouveau triomphe, et les présages
Sont mihi vobisculn communia sacra, posta) ,
ln ventre miseris si lioet esse choro.
Magnsque pars anima maculas vixistis , amici:
lise ego non abacas vos quoque parte solo.
Sint igitur vestro mes enmmendsta favori
Carmina , non possum pro quibus ipse loqui.
Scripts placenta morte let-e : quia lœdere rives
Livor, et injuste carpere dents solet.
Si gsnus est mortis male vives-e, terra mentor,
Et desunt fatis sols Ispulcrs meis.
Denique opus nostra culpetur ut nndiqns cure,
Olficium nemo qui reprsbeasdat erit.
Ut desint vires, tamen est laudsnda voluntss:
l-lac ego contenta augurer esse Doua.
lice lacit ut veniat pauper quoque gratus ad aras,
Et plsoeat case non minusagna bave.
[les quoque tants luit, quanta subsistera summo
lliados vati grande fuisset onus.
Ferre etiam molles elegi tam vasts triumpbi
Ponders disparibus non potuere lotis.
Quo pede nunc utar, dubia est sententia nobil’
Aller enim de te Rhene, triumpbus «lest a
LES PONTIQUES.
799
des poètes ne sont point menteurs. Donnons à
dont la valeur des tiens a si souVent exigé le
Jupiter un second laurier, quand le premierest
vert encore. Relégué sur les bords du Danube et des fleuves où le Gète, ennemi de la
core. Dieux qui m’ordonndtes de dévoiler l’avenir, faites que bientôt l’événement justifie
paix, sedésaltère, ce n’est pas moi qui le parle;
mes paroles!
tribut, et qu’elle exigera plus d’une fois en-
ma voix est la voix d’un dieu. d’un dieu qui
m’inspire et qui m’ordonne de rendre ses ora-
cles. Que tardes -tu , Livie, à préparer la
LETTRE V.
pompe et le chardes triomphes ? Déjà la guerre
engagée ne te permet plus de différer. La perfide Germanie jette les armes qu’elle maudit.
A luxure cons.
Bientôt tu connaîtras la vérité de mes présages ;
bientôt, crois-moi, ils se réaliseront. Pour la
seconde fois, ton fils recevra les honneurs du
triomphe, et reparaîtra sur le char qui le porta
naguère; prépare le manteau de pourpre dont
tu couvriras ses épaules glorieuses; et la cou-
Tu te demandes d’où vient la lettre que tu
lis; elle vient du pays où l’lster se jette dans
les flots azurés des mers. A cet indice. tu dois
te rappeler l’auteur de la lettre, Ovide, le poète
victime de son génie. Ces vœux, qu’il aimerait
mieux t’apporter lui-mémé, il te les envoie,
Colts, de chez les Gètes farouches. J’ai lu, di-
ronne peut déjà reconnaître cette tète dont elle
gne héritier de l’éloquence de ton frère, j’ai lu
est l’habituel ornement. Que les boucliers et les
casques étincellent d’or et de pierreries; qu’au-
le brillant discours que tu as prononcé dans le
forum. Quoique, même pour le lire assez vite ,
dessus des guerriers enchaînés s’élèvent des ar-
j’aie passé bien des heures, je me plains de sa
mesen trophées; que les images des villes.sculptées d’ivoire, y apparaissent ceintes de leurs
multipliées, qui toutes m’ont causé le même
brièvetés mais j’y ai suppléé par des lectures
remparts, et qu’à la vue de cesimages nous
plaisir. Un écrit qui ne perd rien de son
croyions voir la réalité; que le Rhin , en deuil
charme à être lu tant de fois a son mérite
et les cheveux souillés par la fange de ses roseaux brisés , roule ses eaux ensanglantées.
dans sa valeur propre, et non dans sa nouveauté. Heureux ceux qui ont pu assister
Déjà les rois captifs réclament leurs insignes
à ton débit, et entendre ta voix éloquente!
barbares et leurs tissus, plus riches que leur
En effet, quelque délicieuse que soit l’eau qu’on
fortune présente. Prépare enfin cette pompe
nous sert, il est plus agréable de la boire
lrrita verorum non sunt præssgia vatum :
Banda Jovi laurus , dum prier illa viret.
Nec mes verba logis, qui sum suhmotus ad lstrum ,
Non bene pscatis flumina pots Getis :
lsta Dei vox est: Deus est in pecten nostro :
Hue duce prcdieo vsticinorque Deo.
Quid cessas eurrum pompamque parare triumpbis,
Livia ? jam nullas dant tibi bells muras.
Dl, quorum monitu sumus aventura locuti,
Verba, precor, eeleri nostra probata flde.
l’erflds damant» Germauia projicit bastas :
hm pondus dices omen habere meum.
Credo , brevique lidos aderit , geminsbit honorem
Filius, et junetis, ut prius , ibit aquis.
Prome, quod injieias humeris victoribue, ostrum ;
lpss potest solitum nous corons caput.
Seuls, sed et gales! gemmis rsdientur et sure,
Stentque super vinctoa trunea tropes vires.
Oppida turritis cingantur eburnes muris ;
Fietaque res vero more putetur agi.
Squallidns immissos fraeta sub arundinserinas
Rbenus , et infectas sanguine portet aqnss.
Barbara jam capti poscunt insignia regel,
Testaque fortune divitiora sus.
Et que præterea virtus invieta (notum
Sope parats tibi , seps parands (soit.
EPISTOLA v.
unxruo coma.
Quam logis, unda tibi mittatur epislola, qngris ?
Hinc, ubi cæruleis jungilur later aquis.
Ut regio dicta est , succurrere debet et auctor ,
Lesus ab ingenio Naso posta suc ;
Qui tibi, quam mallet pressens sdl’erre ulutem ,
Mittit ab hirsutis, Maxime Cotts, Getis.
Legimus,o juvenis patrii non degener cris,
Dieta tibi pleno verba diserts fore.
Que, quanqusm lingna mihi sunt propennte per boras
Leeta satis maltas, panes fuisse querer.
Plura and bec fet-j relegendo seps; nes unqusm
Plus mihi, quam primo, grata lucre
Quumque nihil toties lects e duleedine perdant,
Viribus illa suis , non novitste, placent.
Feliess, quibus ble ipso coguosesre in aetu,
Et tsm faconde coutigit ors frui l
Nain , quanuam saper est adlats dnleis in unda, Il
OVIDE.
à sa source même ; il est aussi plus agréable de
cueillir un fruit en attirant à soi la branche qui
le porte que de le prendre sur un plat ciselé;
et pourtant, sans la faute que j’ai faite. sans cet
exil que je subis à cause de mes vers, œ discours que j’ai ln, je l’aurais entendu de ta bou-
Sans doute il sent un vide qu’il ne peut définir.
Toi qui parlais beaucoupde moi quand j’éIaÏi
à Rome , le nom d’Ovide vient-il encore quel-
quefois sur tes lèvres? Que je meure perce du
flèches des Gètes (et ce chaument, tu louis.
pourrait suivre de près mon parjure) si, mal-
che. Peut-«âtre même, comme cela m’est arrivé
gré mon absence, je ne te vois presqu’à clique
souvent, choisi parmi les centeniers, aurais-je
instant du jour. Grâces aux dieux, lapensée
été l’un de tes juges. Ce plaisir eût été bien
va où elle vent; quand, parlapensée,j’arrive.ia-
plus vif à mon cœur, quand, entraîné par la
visible, au milieu de Rome, souventjeparleavec
véhémence de tes paroles, je t’aurais donné
toi, souvent je t’entends parler; il me seraitdifficile de te peindre la joie que j’en épmave,et
mon suffrage. Mais puisque le sort a voulu que.
loin de vous, loin de ma patrie, je vécusse au
milieu des Gètes inhumains, je t’en conjure, du
combien cette heure fugitive m’offre de charmes. Alors, tu peux m’en croire, je m’imagine.
moins, pour tromper ma douleur, envoientoi
nouvel habitant du ciel, jouir, dans la
souvent le fruit de tes études, afin qu’en te li-
des dieux, du céleste bonheur: puis, quand je
me retrouve ici, j’ai quitté le ciel etladieax,
saut je me croie près de toi. Suis mon exemet la terre du Pont est bien voisine du Styx.
ple, si j’en suis digne; imitemoi, toi qui deQue si c’était malgré la volonté du destin que
vrais être mon modèle. Je tache, moi qui depuis longtemps ne vis plus pour vous, de me j’essa yasse d’en sortir, délivre-moi, laxime,de
faire revivre dans mes œuvres. Rends-moi la cet inutileespoir.
pareille, et que je reçoive moins rarement ces
monuments de ton génie, qui doivent toujours
m’être si précieux. Dis-moi cependant, ô mon
jeune ami, toi dont les goûts sont restés les
mômes, ces goûts ne me rappellent-ils pas à ton
souvenir? Quand tu lis à tes amis les vers que
tu viens d’achever, ou quand, suivant la coutome, tu les leur fais lire, ton cœur se plaint-il
LETTRE Vl.
A UN AIL
Des rives du Pont-Enfin , Ovide envoie cette
courteépître à son ami, qu’il a presquenomne’.
quelquefois, ne sachant ce qui lui manque!
Mais s’il eut été assez imprudent pour édite
Gratiusex ipso fonte bibnnturaqna :
Et msgis adducto poinum deearperersmo,
Nudo quid carte sentit abessesni:
thue loqui de me multum pracrits soldas,
Quam de cœlata surnere lance , juvat.
Nunc quoque Nssonis nomen in on tuo est?
lpse quidem Gatien parum violstus ab avec ,
At nisi peccamm, nisi me mes Hun fugssset ,
Quod Iegi , tus vox esbibuisset opus.
thue fui solitus, sedissem forsilan unus
De centum judex in tua verba viris.
Major et implessct præsordia nostra voluptas ,
Quum traberer dictis adnueremque luis.
Quem quoniam fatum, vobis patrisque relictis,
Inter inhumsnos msluit esse Gelas ;
Quod lioet, ut videur tecum magis esse, legendo,
Selle, pneu, studii pignon mitte tui :
Exeinploque mon , nisi dedignsris id ipsum ,
Ulere: qnod nobis rectius ipso dans.
Namqua ego, qui perii jam pridem, Maxima, vobis,
lugenio nitor non periisse men.
Redda vioem ; nec un tui monuments laboris
Accipisnt nostrœ, grata futurs , maous.
Die tamen, o jnvenis atudiorum plene meorum ,
Enquid ab bis ipsis admoneare mei T
Enquid, ubi sut recitas factum modo «mon amieis,
Aut, quad sape soles, exigis ut mitent ,
Interdum quenilur tua mens, oblita quid absit T
Et , sil perjuri quam prope pana, vides,
Te niai momenlis video peut: omnibus absent:
Gratis Dis, menti quolibet ire licet.
Haut: ubi perveni, nulli œrnendus, in urinal,
Scpe quuor tecum; sape loquente friser.
Tom, mihi difficile est, quam ait bene, dictas; qui"!!!
Candida judiciis bora ait illa meis.
Tum me, si qua fldes, cœlesti sede «septum ,
Cum forlunatis suspioor ne Deis.
Ruraus, ut bue Mit , cœlum Superosqne relÂWi
A Styge une longe Poulies distal humas.
[inde ego si isto nitor prohibent: menti ,
Spem sine profectu, Maxime, tolle mihi.
EPlS’I’OLA Yl.
AIICOROI connu.
Nm suc, nomen posnit oui plus, soda"
Mittit ab Businis lice bren «mon aquis.
LES t’ONTlQlIlîS.
soi
ce nom, cette préoccupation de l’amitié eût
ceux qu’elles atteignent ne sont pas tous égale
peut-être excité tes plaintes. Et pourtant,
mentcoupables. De tous les infortunés précii
lorsque d’autres amis n’y voient aucun danger,
pilés par le roi des mers dans les flots impi-
pourquoi seul demandes-tu queje ne te nomme
toyables , combien peu ont mérité (l’y être
pas dans mes vers. Si tu ignores combien César
met de clémence jusque dans son ressentiment,
engloutis! Quand les plus braves guerriers prissent dans les combats, Mars lui-même , je
c’est moi qui te l’apprendrai. Forcé d’être le
l’en atteste, est souvent injuste dans le choix
de ses victimes. Mais si tu veux interroger cha-
proprejuge du châtiment que je méritais, je
n’aurais pu rien ôter à celui qui m’est infligé.
cun de nous, chacun avouera qu’il a mérité sa
César ne défend à personne de se rappeler un
ami, il me permet de t’écrire comme il te le
sible à la vie pour les victimes du naufrage,
permetà toi-même. Ce ne serait pas un crime
pour toi de consoler un ami, d’adoucir par de
de la guerre, et dela foudre: et Césars accorde
le soulagementde leurs peines, ou fait grâce en-
peine;je dirai plus : il n’est plus de retour pos-
tendres paroles la rigueur de sa destinée.
tière à plusieurs d’entre nous. Puisse-bi], fie
Pourquoi, redoutant des périls chimériques ,
l’en conjure, m’admettre dans le nombre de ces
évoquer, à force de les craindre, la haine
derniers! Quand nous vivons sous le sceptre
sur d’angustes divinités? Nous avons vu plus
d’une fois des hommes frappés de la foudre se
ranimèr et revivre, sans que Jupiter s’y opposât. Neptune, après avoir mis en pièces le vais-
d’un tel prince, tuerois t’exposerrn entretenant
seau d’Ulysse, ne défendit point à Leucothoé
de secourir le héros naufragé. Crois-moi, les
dieux immortels ont pitié des malheureux;
leur vengeance ne poursuit point sans relâche.
Or, il n’est point de divinité plus clémente.
qu’Auguste, lequel tempère sa puissance par sa
justice. Il vientd’élever à celle-ci un temple de
des rapports avec un proscrit? Je te permettrais de pareils scrupules sous la domination
d’un Busiris ou du monstre qui brûlait des
hommes dans un taureau d’airain. Cesse de
calomnier, par les vaines terreurs, une âme
compatissante : pourquoi craindre, au milieu
d’une mer tranquille , les perfides écueils? Peu
s’en faut que je ne m’estime moi-mêmeinexcusable pour t’avoir écrit le premier sans signer
mon nom ; mais la frayoit r et l’étonnement m’a-
marbre; mais depuis longtemps elle on avait
vaient ôté l’usage (le ma raison , et, dans ma
un dans son cœur. Jupiter lance inconsidéré-
nouvelle disgrâce. je ne pouvais prendre conscil de mon jugement. lladoutant ma mauvaise
ment ses foudres sur plus d’un mortel, et
At , si muta parum scripsisset dextrn , quia esses,
Foraitan officie parts querela foret.
Cor tamen, hoc aliis lutumcredcntihus, nous,
Adpellent ne te carmins nostra , rogna?
Quanta sitin media clementia Cœnris in,
Ex me ,si nouais, certior esse potes.
Huit: ego, quam palier, nil possem demere punie,
Si judcx merili cogérer esse mei.
Non vetat ille sui quemquam meminisse sodalis,
Net: prohibet tibi me scribere, toque mihi.
Non scelus admittas , si eonsolerjs amicum,
Mollibus et verbis supers fats levés.
Cur, dttm luta limes, furia ut reverentia talis
Fiat in Augustos invidiosa Deos T
Ftlminis adtlatos interdum vivnre telis
Vidimus, et refit-j , non prohibente Jove:
Nec, quin Neptunus harem lacerarat Ulyssis,
Lcticotbce nanti ferre negavit opem.
Credo mihi, miseris cmlestia numins parcunt ,
Nos sempcrlznsos et sine fine prcinunt.
Principe nec nostra nous est moderatior ullus :
Justitia vires temporal ille suas.
aner com Cmsar, facto de marinera templo,
T. 1V.
Jampridem posuit mentis in inde suœ.
Juppiter in multos lemerariu fulmina torquet,
Qui pœnam culpa non meruere pari.
Obruerit særis quum lot Doua trquoris undis ,
Ex illis mergi pars quota digns fuit?
Quum percanl scie fortissitna quæque, suh ipso
Judiee , deleclus Martis iniquus erit.
At, si forte relis in nos inquirere, ncmo est
Qui a: quod patitur, commeruisse neget.
Adde, quad exsttnctosvel aqua, vol Marte, vol igni,
Nulla poleslilerutn restituisse dies.
Restituit multos, au! pœnœ partelevavit
Cmsar; et, in Inullis me velil esse , proror.
An tu, qunm lnli populus sub principe simus,
Adloquio profugi crcdis incuse metum?
Forsitan lime domino Busiride jure timeres.
Aul sniilo clausus urere in une virus.
Desinc mitem animum vano infamare timore ;
Sœva quid in placidis sans vereris nquia ?
ipse ego , quod primo scripsi sine nomine vohis,
Vix excusari pesse mihi videor.
Sed paver adtonilo rationis ademernt usnm g
Cesseratomne novis consiliutnque mslis.
51
803
OVlDE.
étoile et non le courroux du prince, mon nom
longtemps contre le courant du fleuve. Pardonnez, mes amis, sij’ai trop compté sur vous;
en tête de mes lettres était pour moi-même un
sujet d’effroi. Maintenant que tu es rassuré,
c’est une faute dont je veux enfin me corriger.
permets au poète reconnaissant de nommer
dans ses tablettes un ami qui lui est si cher. Ce
On ne dira plus que je suis à charge au):
femme , qui me fait expier sa fidélité par
.son inexpérience et son peu d’empresseserait une honte pour tous deux si, malgré
notre longue intimité, ton nom ne paraissait
ment a venir à mon secours. Tu suporteras
point dans mes ouvrages. Cependant de peur encore ce malheur , Ovide, toi qui en as sup-
que cette appréhension ne vienne à troubler
porté de plus grands: maintenant il n’est plus
ton sommeil, mon affection n’ira pas au delà
pour toi de fardeau trop pesant. Le taureau
des bornes que tu me prescriras. Je tairai tou- qu’on enlève au troupeau refuse de tirer la
jours qui tu es, tant que je n’aurai pas reçu
charrue, et soustrait sa tète novice aux dures
l’ordre contraire. Mon amitié ne doit étreà
épreuves du joug. Moi, qui suis habitué aux
chargea personne; ainsi toi, qui pourrais m’ai-
rigueurs du destin , depuis longtemps tontes
mer ouverlement et en toute sûreté , si ce
les adversités me sont familières. Je suiavmn
sur les rives du Gète , il faut que j’y maire.
rôle désormais te semble dangereux, aime-moi
et que mon sort, tel qu’il a commencé, s’animplisse jusqu’au bout. Qu’ils espèrent, ceux qui
ne furent pas toujours déçus par l’espérance;
qu’ils fassent des vœux, ceux qui croient encore
à l’avenir. Le mieux, après cela, c’est de savoir
désespérerà propos; c’est de se croire,nne [on
du moins en secret.
---
LETTRE Vil.
A ses sans.
pour toutes, irrévocablement perdu. Plus d’une
blessure s’enveuime par les soins qu’on y ap-
Les paroles me manquent pour vousrenouveler tantde fois les mêmes prières ;j’ai honte enfin
d’y recourir sans cesse inutilement. Et vous,
porte; il eût mieux valu ne pas y toucher. On
sans doute que ces requêtes uniformes vous
souffre moins à périr englouti tout à coup dans
nuient , et que chacun de vous sait d’avance
ce que je vais lui demander; oui, vous connais-
les ragues en courroux. Pourquoi me suis-je
les flots, qu’a lutter d’un bras impuissanlcontre
sez le contenu de ma lettre avant même d’avoir
figuré que je parviendrais à quitter les fron-
rompu les liens qui l’entourent. Je vais donc
tières de la SCythie, et à jouir d’un exil plus
changer de discours pour ne pas lutter plus t supportable ?... Pourquoi ai-je espéré un
Na lotie! contra , quam rapit alunie , un.
Quod bene de vobis apenvi , ignouite , amici:
Talia peccandi jam mihi finia erit.
Porlunamque meam metnena, non vindicisiram,
Terrebar titulo nominia ipse mei.
Haetenua admonitus memori coucede peut,
Nec gravis nxori dinar : quæ acilinet in me
Quam proha , tsm timide est , experienaqua panna.
Panel ut in ehartin nomina cara suis. v
Turpe erit nmbobus, longo mihi proximua tian ,
Si nulla libri parts legare mei.
Ne tamen ille malus somnos tibi rumpere posait,
"me quoque , New, ferra; etcnim pejora tuliati:
lem tibi aenliri sereine nulla peut.
Dualua ab ameute huma detteetat natrum;
Subtraliit et dure colla novella juge.
Nos, quibus admevil. fatum endenter uti ,
Ad mala jam pridem non sumus ulla ruiles.
Non ultra, qunm vis, ol’liciosus ero:
A’eque tegatn , qui aie, nisi qunm permiurîs ipse.
Cogetur nemo muons habere menin.
Tu modo, quem poterne vel aperte tutus aman ,
Si ne. est anceps ista , latenter orna.
Venimus in Geticoa fines; moriamur in illia ,
l’arnaque ad entretuant , qua mes œpil, ont.
EPISTOLA Vil.
amers.
Verbe mihi desunt eadem tsm sæpe roganti ,
intrique pudet vanaa flue carere pures.
Tndia oonsimili fieri de carmina volais,
Quidque "un, cunctoa edidicisse reor.
Nain quid adportet jam noatis epiatola , quamvis
Charta ait a vinclia non Iabefacta anis.
Bran mulelur ecrîpli untentia nostri ,
l
Spem jurat amplecti; qu. non juvat irrita aernper;
Et, fieri supin si qua , fntnra putes.
Proximal huit: gradua est , bene dupeurs Illum,
Seque semol un noire pet-tue Ide.
Curando fieri quidam majora videmua
Vuluera , que melius non tetigiasa fait.
Milice ille perii, sulfita qui mergitur unda,
Quam sua qui tumidia bradais [mat aquis.
Cur ego concepi Scythinia me posa. un"
Finibus , et terra proaperiore frai?
LES pommons.
adoucissement à mes peines? La Fortune m’a-
803
La toison de leurs troupeaux est grossière, et
vait-elle donc livré ses secrets? Je n’ai fait
les filles de Tomes n’ont jamais appris l’art de
qu’aggraver mes tourments, et l’image de ces
Pallas. Ici les femmes, au lieu de filer, broient
lieux , qui se représente sans cesse. à mon es.
sous la meule les présents de Cérès, et portent
prit, renouvelle mes douleurs et me reporte sur leur tète le vase où elles ont puisé Peau.
aux premiers jours de mon exil. Je préfère ceparadant que mes amis cessent de s’occuper de
moi, que de fatiguer leur zèle à des sollicitations
inutiles. Elle est difficile à aborder sans doute,
ô mes amis , l’affaire dont vous n’osez vous
charger , et cependant, si quelqu’un osait parler, il trouverait des oreilles disposées à l’eutendre. Pourvu que la colère de César-ne vous
ait point répondu par un refus, je mourrai
avec courage sur les rives de l’Euxin.
Ici point d’orme que la vigne couvre de ses
pampres comme d’un manteau de verdure. ici
point d’arbre dont les branches plient sous le
poids de ses fruits; des plaines affreuses ne
produisent que la triste absinthe; la terre aunonce par ses fruits son amertume. Ainsi, sur
toute la rive gauche du Pont-Euxin, ton ami,
malgré son zèle à découvrir quelque chose, n’a
pu rien trouver qui fut digne de toi. Je t’envoie
cependant des flèches scythes et le carquois qui
les renferme ; puissent-elles être teintes du
LETTRE Vil].
A KAKI!!-
Je cherchais ce que, du territoire de Tomes,
je pourrais t’envoyer comme un gage de mon
tendre souvenir. De l’argent serait digne de toi,
de l’or plus digne encore; mais ton plaisir est
de faire, non de recevoir de tels dans. D’ailleurs
on ne trouve ici aucun métal précieux. A peine
l’ennemi permet-il au laboureur de remuer le
sang de Les ennemis! Voilà les plumes de cette
contrée; voilà ses livres; voilà, Maxime, la
muse qui règne en ces lieux. Je rougis presque
de t’envoyer un présent d’aussi modeste appa-
rence, reçois-le œpendaut avec bienveillance.
LETTRE 1X.
A sumus.
Tu me mandes, Brutus, que, suivant je ne
sein de la terre. La pourpre éclatante a plus
sais quelcritique, mes vers expriment toujours
d’une fois brillé sur tes vêtements; mais les
mains sarmates n’apprirent jamais à la teindre.
d’obtenir un exil moins éloigné; mon unique
Cor aliquid de me sperIvi lenius unquam r
An fortune mibisic mes nota fait?
Torqueor en gravita; repstitaqus forma losernm
Enilium rouent triste, recensque facit.
Est tamen utilins , studium cessasse meorum ,
Quam , que admorint, non valuisae proses.
Magna quidam res est, quam non audetia , amici :
Sed si quia patent, qui du: vellet, ont.
Dummodo non vobis hoc Canaris ira negari’t;
Portiter Eninis immoriemur aquis.
EPISTOLA VIH.
MAXIMO.
Que tibi , quatrebam , memorem testantin curam ,
Dons Tomitanus initters posset ager.
Dignus es argenta, fulvo quoque dignior aura :
Sed te , qunm doms, ista juvnre soient.
Nec tamen [me Ions surit ullo pretiosa mctallo :
llostis ab agricols vix siuit illa fodi.
Purpura stops tuos fulgens prœtexit nmiclus;
Sed non Sarmatica tingitur illa manu.
la même pensée; que mon unique demande est
Vellera dura ferunt pecudes , et Palladis uti
Arts Tomitanai non didiœre nurus.
Femina pro lsna Cemlia munera frangit ,
Subpoaitoque gravem vertice portal aqnam.
Non bic pampiueis amicitur vitibus ulmus z
Nulls premunt ramos pondere poma sno.
Tristia deiorrnes pariunt absintbia campi ,
Terraque de fructu quam ait amura docet.
Nil agiter tota Ponti regione ainistri,
Quod mes sedulitas mittere panet, erst.
Clausa tamen misi Scythica tibi tels pharetra :
Buste, precor, fiantilla cruenta tuo.
Boa babel bien calamos , lins bien baliet ora libellas :
Hinc viget in nostris, Maxime, M usa Iocis.
Quai qunnquain misisse putiet , quia paru videntur,
Tu tamen bec, quam, consule mina boni.
EPlSTOLA 1x.
nnuro.
Quod sit in bis eadem sententia , Brute, libellis ,
Carmina nescio quem carpere nostra refera :
Nil, nisi, me, terra fruar ut propiore, rogue; ô
5! .
804
OVIDE.
(plainte, d’être entouré d’ennemis nombreux.
Eh quoi! de tant de défauts quej’ai d’ailleurs,
voilà le seul qu’on me reproche! Si c’est la en
effet le seul défaut de ma muse, je m’en applaudis ; je suis le premier à voir le côté faible
de mes ouvrages, quoiqu’un poète s’aveugle
souvent sur le mérite de ses vers. Tout auteur
s’admire dans son œuvre; ainsi jadis Agrius
apaisais colère de César; puissent mm
reposer dans une terre plus tranquille, comme
il est vrai que tontes les fois que je tente d’ap-
pliquer mon esprit , l’image de ma fouine
vient paralyser mes efforts l J’ai peine à nepn
me croire fou de faire des vers et de la
vouloir corriger au milieu des Gelas har-
chappe , et pourquoi en souffrir dans mes
bares. Après tout, rien n’est plus excusable
dans mes écrits que ce retour presque continuel
de la même pensée. Lorsque mon cœur connaissait la joie, mes chants étaient joyeux; ils
se ressentent aujourd’hui de ma tristesse; cliscune de mes œuvres porte l’empreinte de son
temps. De quoi parlerais-je, si ce n’est dami-
écrits? mais sentir sa maladie et la guérir
sères de cet odieux pays? Que demanderai-je,
sont deux choses bien différentes: chacun a le
je le laisse, la puissance d’exécution ne répon-
si ce n’estde mourir dans un pays plus heureux?
En vain je le répète sans cesse; à peinesi l’on
m’écoute, et mes paroles, qu’on feint de ne
pas comprendre, restent sans effet. D’ailleurs,
dant pas a mon goût. Souvent (car pourquoi
si mes lettres sont toutes les mêmes , diane
n’avouerais-je pas la vérité ?) j’ai peine à corri-
sont pas toutes adressées aux mentes person-
trouvait peut-être que les traits de Thersite
n’étaient pas sans beauté. Pour moi je n’ai point
ce travers; je ne suis pas père tendre pour
tous mes enfants. Pourquoi donc, me dirastu, faire des fautes, puisque aucune ne m’é-
sentiment de la douleur; l’art seul y remédie.
souvent je voudrais changer un mot, et pourtant
ger, et a supporter le poids d’un long travail;
nes; et si ma prière est la même, elle s’adresse
l’enthousiasme soutient; le poète qui écrit y
à des intercesseurs différents. Quoi donc!
prend goût; l’écrivain oublie la fatigue , et son
Brutus, fallait-il, pour éviter au lecteur ledésl-
cœur s’échauffe à mesure que son poème gran-
grément de revenir sur la même pensée.
dit. Mais la difficulté de corriger est à l’inven-
n’invoquer qu’un seul ami? Je n’ai pasjugéle
tion ce qu’était l’esprit d’Aristarque au génie
d’Homère. Par les soins pénibles qu’elle exige,
fait d’une si haute importance: doctes esprits.
la correction déprime les facultés de l’esprit ;
J’estime ma réputation d’écrivain au-deœous
c’est comme le cavalier qui serre la bride a son
de mon propre salut. Le dirai-je enfin , le
ardent coursier. Puissent les dieux cléments
poète, une fois maître de son sujet, peut le fa-
Et, quam sim dense cinetua ab honte, queri.
0 quam de multia vitium repnbenditur unnml
Ut cupidi cursor franc retentst qui.
Atque ita Dl mites miuuant mihi fleuris inm,
Ossaquo pacata nostra tegantur hume;
Ut mihi , conanti nonnunquam intenders curas,
Fortune apeciea obstat acerba mec.
floc pascal soluin si men Musa , bene est.
lpse ego lihrorum video delicta meorum ,
Quum sua plus juato carmina quinqua prohat.
Auctor opus landat : aie fonitan Agrius olim
Thersiten facis dixerit esse houa.
Judicium tamen bic noatrum non decipit errer;
Nec , quidquid genui , protinua illud amo.
Cur igitur, si me videam delinquers, pensum?
Et putier scripta crimen inesae’l rogna.
Non eadem ratio est, sentire et deinere morboa:
Sensus inest ennetis; tollitur orle malum.
Sæpe aliquod cupieiis verbum mutare, relinquo;
J udicium vires destituuntque meam.
Stape piget, quid enim dubitem tibi vers fateri?
Corrigere, et Iongi ferre laboris onus.
Scribentem juvat ipse favor, minuitque laborem,
Cumquc suc crescens pectore ferret opus.
Corrigere st res est tanto magie ardus , quanta
Magnus Aristarcho major Homerua crut.
Sic animum lento curarnm frigorc lædit,
pardonnez à un coupable qui avoue sa faute.
Vixque mihi videor, faciaux quod carmina, nantis ,
Inque feria curent corrigera illa Getis :
Nil tamen s scriptis magis excusahile noslril .
Quam remua cunctis plane quod unus ineat.
Laita fare [tutus cecini; une tristia triatis:
Conveuiena operi temptis utrumque sua est.
Quid , nisi de vitio scribam reginnia amant?
thus solo moriar commodiore , pneu?
Quum loties esdem dicom , vix audior ulli;
Verbaque profeclu dissimulata carent.
Et tamen [me esdein qunm sint, non acribimus Mal:
[Jusque per plurea vox inca tentat opem.
An , ne bis senaum lector reperiret enndcin ,
Unua amioorum, Brute, rogandua eut?
Non fuit hoc tanti; confesse ignoscite , docti:
Vilior est operis lama saluts mes.
Deniqus materiez , quam quia tibi [inscrit ipse, il
LES pommons.
couiner à son gré et de mille manières; mais
805
lettreset les ai rassemblées au hasard, afin qu’on
un muse n’est que l’écho, hélas! trop fidèle de
ne vit pas dans ce recueil, fait sans méthode, un
mes malheurs, etsa voix a toute l’autorité d’un
témoin incorruptible. Je n’ai eu ni l’intention
choix prémédité. Ainsi grâce pour des vers qui
ne m’ont point été dictés par l’amour de la
ni le souci de composer un livre , mais d’écrire
gloire, mais par le sentiment de mes intérêts
à chacun de mes amis. Puis j’ai recueilli mes
et le devoir de l’amitié.
Arbitrio varia! malta pect! rue.
Poolmodo collectas , utcumque sine ordine , junni ,
la. me. et index nimimn quoque un malouin ,
tique inonnuptn pondu-I lutin huhel.
floculer ut lient, sa! utimcniquo «luctulflnn , propocitum caraque nostrn fuit.
floc opus electum ne mihi fortepulol.
Da veniam scriplin , quorum non
Causa , la! utilitu officîumque, fuit. 56
..------).----
Ol’lDE.
M .. 935 ccsccszczscszcsœmmœmzomœ
LIVRE QUATRIÈME.
LE’l’l’Rlî PREMIÈRE
A Si-lXTlJS poulina.
Reçois, Semis l’ompoc, ces vers composés
je rougis de n’avoir pas plus tôt mérité ses re-
proches. n Donne-moi, s’il en existe, decette
eau du Létlié qui tue la mémoire du «un?
ne t’en oublierai pas davantage. Ne t’y oppose
par celui qui tc doit la vie. Si tu ne me défends
pas, je te prie; ne repousse pas mes paroles
pasd’v écrire ton nom, tu auras mis le comble
avec dédain, et ne vois point un crime dans
mon zèle; après tant de bienfaits, laisse-met
à les bienfaits; si au contraire tu fronces le
sourcil, je reconnaîtrai quej’ai eu tort. Cependant, le motif qui m’a rendu coupable est digne
ma stérile gratitude; sinon, je serai reconna’sa
sant malgré toi. Tu fus toujours actif à m’ap-
(le ton approbation: mon cœur n’a pu s’empêcher (l’etrc reconnaissant. Ne t’irritcpas, je t’en
puyer de ton crédit; tu m’ouvris toujours ta
bourse avec le plus généreux empressement;
conjure, de mon empressement à remplir un devoir. Uh! roniliicntlt- lois, en relisantmcslivres,
me suis-je l’ait un crimcdc passer toujours ton
nomsoumilrncc!combiendel’ois,quandina main
aujourd’hui même, ta bonté pour moi, loin de
voulant-ntravertinautre,a-t-(-llc,às0ninsu,gravc le tion sur nies tablettes! (les distractions, ces
ma confiance en l’avenir: c’est que chacun défend l’œuvre dont il est le père. Comme la l’é-
s’el’i’rayer de ce revers inattendu de ma fortune.
vient et viendra encore à mon secours. Pentètre me demanderas-tu d’où vient la cause de
nus qui presse sa chevelure ruisselante des flots
moprist’s, je les aimais. et nia main n’el’façait
qu’a regret ce qu’elle venait (l’écrire. c Après
de la mer est l’œuvre glorieuse de l’artiste de
tout, me disais-jc,il se plaindra, s’il veut; mais
(les (l ); comme les statues d’airain ou d’ivoire de
liPlSTOLA PRIMA.
SEXTO Pl HIPEIO.
Arripe , Pompe-l, ileiliicllttn carmen ab ille,
IJi-I-itor est vite qui tibi . Scxlc, sum.
Qui si non prohihcs a me tua noinina puni,
Acredct inerilis hmm quoth suinnia luis.
Sivc trahis vultus, cllttitlctn poivrasse l’atelier:
llclicli [miton est rama probantla mei.
Non pontil mon mens, quin esse! grata , lencri:
Sil . preror, oflirio non "ravis ira pin.
0 quolivs ont» sont Iihris mihi visus in islis
linpiul, in nullo quot] lent-rem loco!
0 quolit-s , aliud velleui qunm scribere, nomen
IiPlllliil in curas inscin th-vtra luninl
lpso mihi Itiilt’llll "tendis in lulihus errer,
Il rit imita farta hmm manu est.
Videril ad summum , dixi , licet ipse qumtur;
"une pudel ofleusam non munisse priusl
Da mihi , si quid en est, hebetanlem pecten Lethel;
Oblitus potero non tamen esse lui.
ldque sinas on»; nec fasüdils repeilas
Verba ; nec olficio crimen inesse putes.
Et levis 115.08 merilis referalur gratis tautis :
Sin minus . invite le quoque grains en.
Nunquntn pigra luit nostris tua gratin rebut ,
N00 mihi Inuuificas area negavit opes.
Nunc quoque nil subitis clemeutia ler-rit: latin
Auxiliuni vitæ lerlque , ferelque mes).
[’nde , roges forsan , lidttcia tanin lulurt
Sil mihi? quad l’oeil, quinqua tuetnr opus.
Ut Venus artificis ichor est et gloria Coi ,
Æquoreo madidas quœ promit imbu on!!!"
.lrcis ut :lclææ vol eburna , vel tout: cuslol
LES PONTIQUES.
807
.a divinité protectrice de la citadelle d’Athèues
tait ajouter du feuillage aux forets. Telle fut.
sont sortiesdes mains de Phidias (2); comme aussi
Sévère, la cause de mon retard; d’ailleurs, mm
esprit ne répond pluscomme autrefois à mon ap-
Calamis (5) revendique ses coursiers, la gloire
desonciseau; comme, enfin, cette génissequi pa-
pel, et mon soclaboure inutilement un rivage
ralt animée est l’œuvre de Myron (4); ainsi, Sex-
aride. Comme le limon obstrue les voies des ca-
tus, je ne suis pas le moindre de tes ouvrages, et
naux d’où l’eau s’échappe, ou que celle-ci, com-
je regarde mon existence comme un don de la
primée a sa source par quelque obstacle, est retenue captive. ainsi le limon du malheur a étouffé les élans de mon esprit, et mes vers ne coulent plus que d’une veine appauvrie. Homère
lui-même, condamné à vivre sur la terre que
générosité, comme le résultat de ta protection.
LETTRE il.
I j’habite, Homère, n’en doute pas, fût devenu
Gète. Pardonne-moi cet aveu : j’ai mis du re-
A slavisas.
lâchement dans mes études, et je n’écris même
Ces vers que tu lis te sont adressés du pays
des Gètes à la longue chevelure, à toi; Sévère ( l ) ,
que rarement des lettres. Ce feu sacré qui alimente le cœur du poète, et qui m’embrasait
le poète le plus grand des plus grands rois, a
autrefois, s’est éteint en moi; ma muse est re-
toi que j’ai honte, s’il faut l’avouer, de n’avoir
belle à sa mission, et quand j’ai pris mes ta-
point encore nommé dans mes livres. Si cependant je ne t’ai jamais adressé de vers , de sim-
blettes, c’est par force, pour ainsi dire, qu’elle
ples lettres n’ont du moins jamais cessé d’en-
j’éprouve à écrire est maintenant peu de chose,
tretenir, de part et d’autre, des rapports (le
ou plutôt il est nul; et je ne trouve plus de.
bonne amitié. Oui, seuls mes vers ne sont point
charme à soumettre ma pensée aux lois de la
mesure; soit parce que, loin d’en avoir retiré
vus rendre témoignage de mon souvenir. Et
y porte une main paresseuse. Le plaisir que
pourquoi t’offrir ce que tu fais toi-même? Qui
donnerait du miel à Aristée. du vin au dieu du
Falerne , du blé à Triptolème, des fruits à
Alcinoüs? La nature de ton génie est la fé-
aucun fruit, cette occupation fut la source de
mes malheurs, soit parce que je ne trouve au-
condité, et de tous ceux qui cultivent l’Hélicon,
l’espoir d’être entendu anime l’écrivain; les
il n’en est point dont la moisson soit plus abondante. Envoyer des vers à un tel homme, c’é-
éloges excitent le courage, et la gloire est un
Bellica Phidiacs sial Des l’acte manu;
Vendicat ut Calsmis laudem , quos l’ecit, oquorum a
Nec tamen ingeuium nobis respondet , ut ente:
Sed siccum sterili vomore litus en).
Seilicet ut limus venu excavent in undis ,
Lmsaque sub presto fonte miam aqua :
Pecten sic mon sunt lime vitiala malorum ,
Et carmen vena pauperiore fluit.
Si quis in hac ipsum terra posuisset Homerum ,
fiant, credo mihi , factus etille Gelas.
Da veniam lasso; studiis quoque fretta remisi;
Ducitur et digitis litera rare mais. lmpetus ille sucer, qui vatum pecten nutrit ,
Qui priul in nobis esse solsbst, abat.
Vix vonit ad partes, vix sumus Musa tabellImponit pigns plane coach manus.
Parvaque , ne dieam scribendi nulle voluptas
Est mihi; nec numeris nectar: verba juvat.
Sive quad bine fructus adeo non eepimus ullos ,
Principium nostri res sil ut iata mali:
Sive quod in tenobris numerosol poum grenus ,
Quodque legas nulli , seriberexarmen , idem est.
Excitat auditor studium ; laudataque virtus
tintoit 3 et immensum gloria calcar babel.
Ut similis ver. vaoca Myrouis opus;
Sic ego pars mon! non ultima , Sorte , tuarum ,
Tutelgque feror munus opusque tua.
b
EPISTOLA Il.
mule.
Quod logis , o "les magnorum maxime regum ,
Venit ab intonsis usque, Sucre, Getis.
Cajun adhuc nomen nostros tacuiue libelles ,
Si mode permittis dione vers , pudet.
Orbe tamen numeris cessavit epistola nunquam
Ire pet alternas officines vices.
Carmina sola tibi memor-cm testantia curant
Non data sunt : quid enim, que: lacis ipse , dorent?
Qui! le! Aristmo, quia Baccho vina Paterne,
Triphlemo fruges , poma dot Alcinoo?
l’utile pectus haltes, interqus Helicona colentes
Uberius nulli provenit ista «gos.
Ninon carmel: ad hune , frondes erat addere silvis:
En: mihi cunetandi causa, Sucre , fait.
Ia
cune différence entre danser dans les ténèbres
et composer des vers qu’on ne lit à personne;
puissant aiguillon ! A qui pourrais-je ici réciter
flic mon oui recitem , nisi finis scripta Goums, B
608
OVIDE.
premier à vouloir voguer avec moi; maintiechevelure (2) et aux autres peuples barbares, nant que la fortune aride son front, tu te res
riverains de lister? Et pourtant, que faire seul lires au moment où tu n’iggnores pas quejlai beici?comment employer mes malheureux loi- soin de ton secours; tu dissimules même, tu
sirs?.comment tromper la monotonie des jours? veux faire croire que tu ne me connais pas, et,
Je n’aime ni le vin, ni le jeu, deux choses
lorsque tu entends mon nom, tu demandes:
t Quel est cet Ovide? a Je suis, tu fentendras
qui font passer le temps inaperçu. Je ne
puis, comme je le voudrais, car la guerre y malgré toi, celui dont l’enfance fut la campa.
met obstacle , voir la terre renouvulée dans sa
gne inséparable de ton enfance; celui qui fut
culture, et me distraire de ce spectacle. Que le premier confident de tes pensées sérieuses,
me reste-t-il donc, sinon les muses? triste con- comme il partagea le premier tes plaisirs; celui
solation, car les muses ont bien peu mérité de
qui fut ton commensal, ton ami le plus assidu;
moi! Mais toi qui, plus heureux, bois à la
celui que tu appelais ta seule muse; celui, enfontaine d’Aonie, aime une étude qui t’a toufin, perfide, dont tu ne saurais dire slil est enma vers, si ce n’est aux (Zorallcs à la blonde
jours si bien réussi. Rends aux muses le culte
core vivant, et dont tu ne pensas jamais à t’in-
que tu leur dois, et envoie-moi quelque nou- former le moins du monde. Jamais je ne te fus
cher, et alors, tu l’avoueras, tu me trompais,
veauté, production de les veilles, que je lise
dans mon exil.
ou, si tu étais de bonne foi, ton inconstance est
démontrée. Dis-moi donc quel motif de colère
LETTRE lll.
A UN AI! INCONSTANT.
a pu te changer? car si tes plaintes sont injus-
tes, les miennes ne le seront pas. Qui donc
t’empêche diétre aujourd’hui ce que tu étais
jadis? me trouverais-tu criminel par cela seul
Dois-je me plaindre ou me taire? aire ton que je suis devenu malheureux? Si tu ne m’as-
crime sans te nommer, ou te montrer aux sistais ni de ta fortune ni de tes démarches, je
yeux de tous telque tu es? Ton nom, je le pas-
devrais du moins attendre de toi quelques mots
serai sons silence; mes plaintes, tu pourrais
de souvenir. En vérité , j’ai peine à le croire,
t’en glorifier, et mes vers pourraient t’offrir
un moyen de célébrité. Tant que mon vaisseau
mais on dit que tu insultes à ma disgrâce, et
que tu ne mlépargnes pas les commentaires
injurieux. Que fais-tu, insensé? pourquoi te
resta ferme sur sa carène solide, tu étais le.
Quasqne alias gentes barbu-us leur babet?
Sed quid soins agent? quaque infelicia perdam
Otis materis, subripiamque diem?
Nom quia nec vinum , nec me tenet ales fallu ,
Per que clam tacitum tempus sbire solet;
Net: me, quod cuporem , si perfora bells liceret,
Oblectst cultu lem noula suo :
Quid , nisi l’ierides , solstis frigide , restat ,
Non bene de nobis que) meruere Dans?
At tu , oui bibitur felicius Aonius fous,
Utiliter studium quot! tibi œdit, une :
Sacraque Mussrum nierito colo; quodque legamus,
Hue aliquod cure mitte recentis opus.
EPlS’l’OLA HI.
unco lNSTABlLl.
Conqnersr, en boum? ponam sine nomine crimen?
An notum, qui sis, omnibus esse velim ?
Nomine non utar, ne commendere quart-la,
Quæralurque tibi carmine fama mec.
Dom mes puppis erat valida fundata (tarins
Qui menin vous son!" , primas cru.
Nnnc quia contrait vultum fortune, rendis,
Ausilio postquam scia opus une tuo.
Dissimulas etiam , nec me vis nasse videri ,
Quique lit, audits) nomine, Nue, rogar.
"le ego sum , quanusm non vis sudire , vetusta
Pœne puer puero junctus smicitis :
ille ego, qui primus tua serin nasse solebam ,
Qui tibi jueundis primus adesse jouis ;
"le «go convictor, densoque domesticus uku ;
"le egojudiciis unica Muse titis.
Idem ego sutn, qui nunc un virum, perfide, nescis;
Cura tibi de que quœrere nulla fuit.
Sire fui nunquam carus, simulasse fateris :
Sou non flugebss , invenicre levis.
Dic, age, die aliquam , que: te mutaverit , iram :
Nain nisi justa tua est , justa querela me: est.
Que: le consitnilem res nunc veut esse priori ?
An crimen , cœpi quad miser esse, vous?
Si mihi rebut; opem nullam fartisque fenbas ,
Venisset verbis chuta notata tribus.
Vis equidcm cru-Jo. ml et insultnru- jacenfi
Te mihi , nec verbis parcere , fatma refert.
Quid fuis , ah demens? cur, si fortum mandat, 23
809
LES PONTIQUES.
rendre d’avance indigne des larmes de ceux qui
craindre les atteintes de l’arc des Gètcs, -Va,
pleureraient ton naufrage, si tu étais un jour
eussé-je répondu, bois ces breuvages qui gué-
abandonné de la fortune? La fortune, montée
pied mal assuré; indique combien elle est in-
rissent les maladies de la raison ; bois le suc de
toutes les plantes qui croissent à Anticyre. a
Et pourtant j’ai souffert tous ces maux , et
constante : une feuille est moins légère, le vent
quand même j’aurais pu échapper aux traits
moins sujet à varier; toi seul, ami sans foi, es
des mortels, je ne pourrais éviter ceux du plus
aussi léger qu’elle. La destinée des hommes est
grand des dieux. Tremble donc aussi, et sache
suspendue à un fil fragile; survienne un acci-
que le sujet de ta joie d’à présent peut devenir
dent, et l’édifice le plus solide s’écroule tout à
plus tard un sujet de tristesse.
sur cette roue qui taurne sans cesse sous son
coup. Qui n’a entendu parler de l’opulence de
Crésus? et cependant, captif, il dut la vie à
son ennemi; ce tyran si redouté naguère à
Syracuse trouve à peine, dans le métier le
plus humble, les moyens de prévenir la faim.
Qui fut plus grand que Pompée? et pourtant,
dans sa fuite, on l’entendit implorer, d’une
voix suppliante, l’assistance de son client. Celui à qui l’univers entier avait obéi devint luiméme le plus pauvre des hommes; ce guerrier
LETTRE 1V.
A serres port pas.
Il n’est point de jour où l’Auster charge le
Nil d’assez de nuages pour que la pluie tombe
sans interruption; il n’est pas de lieu tellement
stérile qu’il ne s’y mêle quelque plante utile aux
fameux par son triomphe sur Jugurtha et sur buissons épineux. La Fortune irritée n’est pas
les Cimbres, celui qui, étant consul, rendit
tellement rigoureuse qu’elle n’adoucisse, par
Rome tant de fois victorieuse, Marius, fut con-
quelque joie , l’amertume du malheur; ainsi
traint de se cacher dans la fange des marais, moi, privé de ma famille, de ma patrie, de mes
au milieu des roseaux, et la, de souffrir des amis, et jeté par le naufrage sur les rives de la
outrages indignes d’un si grand capitaine. La
mer Gélique , j’ai pourtant trouvé là une occa-
puissance divine se joue des choses humaines,
sion de dérider mon front, et d’oublier mon in-
et c’est à peine si l’instant où nous parlons
nous appartient. Si quelqu’un m’eût dit: a Tu
fortune. Je me promenais triste sur la grève
jaunissante , quand je crus entendre derrière
seras exilé dans le Pont-Euxin, ou tu auras à
moi le frémissementd’une aile; je me retourne
Naufragio lacrymas eripia ipse tue T
Haro Des non stabili , quam sit levis , orbe fatetur,
Quam summum dubio sub pede semper habet.
Qualibet est folio, quavis incertior aura,
Par illi levitas, improbe, sols tua est.
Omnia aunt hominum tenui pendentia fila,
Et subito ossu , quin valuere , ruunt.
Divitia audita est oui non opulentia (irisai?
Nempe tamen vitam captua ab hoste tulit.
llle Syracusia modo formidatus in urbe ,
Vis humili durum rappulit arte famem.
Quid fuerat.Magno majua? tamen ille rogavit
Submissa fugiens voce clientis opem :
Cuique viro totus temrum paruit orbis ,
lndigua effectua omnibus ipse mugis.
ille Jugurthino clams , Cimbroque triumpho,
Quo victrix loties consule Rems fuit,
In eœno laluit Marius , cannaque palustri,
l’t-rtulit et lento multa pudenda vire.
Ludit in humanis divins potentia rébus,
Et certam prœsens vix babel bora fidem.
Litas ad Euxinnm , ai quia mihi diccrct , ibis,
Et Indus arcu ne feriare Gelas;
l, bibe , dixissem, purgantas pestera sucoos ,
Quioquid et in tata nascitur Anticyra.
Sum tamen hais passus : nec, si mortalia possem ,
Et summi potenm tela cavent Dei.
Tu quoque fac timeas; et , qua: tibi latta videntur,
Dom loqueria , fieri tristia posae, puta.
EPISTOLA 1V.
snxro murera.
Nulla dies adeo est australibua humida nimbia, I
Non intermissis ut fluat imber aquis.
Nec sterilia locus ullus ita est , ut non ait in ille
Mista fers duris utilis herba rubis.
Nil adeo fortuna gravis miserabile fecit ,
Ut minuant nulle gaudis parte malum.
Ecee domo, patriaque caréna , oculiaque meorum,
Naufragus in Gelici litoria actus aquaa ;
Que , tamen invent , vnllum diffundere , causant ,
Pomm, fortunaa nec meminiue meut.
Nam mihi , qunm fulva tristis apatiarar avens ,
Visa est a tergo panna dedisse soutint. f!
810
Ot’lDE.
et ne vois personne; seulement les paroles t déridé leurs fronts, quandcejour aura ramené
suivantes viennent frapper mon oreille : a Je 5 les vœux de bonheur par lesquels le peuple te
suis la Renommée; j’ai traversé les vastes plaines de l’air pour t’apporter de joyeuses nouvel-
les: Pompée est consul, Pompée, le plus cher
Ç salue chaque année , quand tu auras rendu (le
justes actions de grâces aux dieux et à Cesar,
qui te donnera souvent l’occasion de les renou-
de les amis; l’année va s’ouvrir heureuse et
veler, alors tu regagneras la demeure, suivi du
brillante. r Elle dit, et après avoir semé dans
le Pont cette agréable nouvelle, la déesse se
dirige vers d’autres nations. Mais cette nou.
sénat tout entier; et la foule, empressée à t’ho-
velle inattendue atténua la violence de mes
chagrins , et ce lieu perdit à mes yeux son aspect sauvage. Ainsi donc, Janus, dieu au dou-
point dans cette foule, et mes yeux seront pri-
norer, aura peine à trouver place dans ta mai-
son. Et moi, malheureux, on ne me verra
vés d’un si grand spectacle. Mais, quoique ab-
sent, je pourrai le voir du moins des yeux de
ble visage, dès que tu auras ouvert cette année
l’esprit, et contempler les traits d’un consul si
si longueàvenir, et que décembre aura fait
place au mois qui t’est consacre, Pompée revé-
cher à mon cœur. Fassent les dieux qu’alors
mon nom se présente un instant à tapensée, et
tira la pourpre du rang suprême, afin qu’il ne
que tu dises : c Hélas! maintenant que fait ce
manque désormais aucun titre à sa gloire.
malheureux? n Si en effet tu prononces ces
Déjà je crois voir s’affaisser nos édifices pu-
paroles, et que je vienne à l’apprendre, j’avoue-
blics, envahis par la foule, et le peuplese frois- rai aussitôt que mon exil est moins rigoureux.
ser dans leurs enceintes trop étroites. Je crois
te voir d’abord monter au Capitole,et les dieux
accueillir les vœux avec faveur. Des taureaux
blancs, nourris dans les pâturages des Falisques, offrent leurs tètes aux coups assurés de
la hache. Après avoir sacrifié à tous les dieux,
à ceux surtout que tu voudras te rendre propices, à Jupiter et à César, le sénat t’ouvrira
ses portes, et les pères, convoqués d’après
l’usage, prêteront l’oreille à tes paroles. Quand
ta voix, pleine d’une douce éloquence, aura
Respicio : nec corpus crut quod cernera pollen) :
Verbe tamen lunt hæc aure recepla mea :
En ego lœtarum venio tibi uuutia retrum ,
Fuma per immenses 3ere Input vins.
Consule Pompeio, quo non tibi rarior alter,
Candidat et felix proximus annus erit.
Dixit z et, ut læto Pontum rumore replevit,
Ad gentes alias hinc Dea vertit iter.
At mihi , dilapsiu inter nova gaudis curis,
Excidit asperitas hujus inique loei.
Ergo ubi , Jane biceps , longum resemveris annum,
Pullun et a euro mense derember erit ;
Purpura Pompeium summi velabit honoris ,
Ne titulis quicquam debeat ille suis.
Cernere jam vidror rumpi penetralia turbe ,
Et populum lœdi, deticienlc loco :
Templaque Tarpeiæ primum tibi redis adiri;
Et fieri faciles in tua vota Deo: :
Colle bores niveos cerne præbere securi,
Quo: aluit campin herba Falisca suis.
Quumque Deo: naines, tutn quot! impensius æquo:
Esse tibi cupiu , cum love Cœur erit.
Cttria le cmipict , palrcsquc e more vucati
LETTRE V.
au IÊIB.
Allez, distiques légers, arrivez aux oreilles
d’un docte consul; portez mes paroles au magistrat récemment honoré de sa dignité. la
route est longue, vous marchez d’un pied inégal; la terre disparaît ensevelie sous la neige
Intendent aure: ad tua verba suas.
lias ubi facundo tua vox hilararerit on ,
Ulque tolet, tulerit pronpera verba dies;
Egeris et meritas Superis cum Genre grata ,
Qui Quum, facial cur in "apte, dubit:
Inde domum "pelu toto mutilante tenuto,
Officiutn populi vix «pieute domo.
Me Initerum , tuer quod non ego cernoi- in in: .
Nec poterunt intis lamina nostra frai l
Quamlibet nbsentem , que ponant , mente videlle :
Adspiciet vultus oonsuli: illa nui.
Dl (sciant, aliquo tubent tibi tempo» natrum
Nomen ; et, heu! dieu , quid miser ille hait?
Hinc tua pertulerit si qui: mihi verba , [stabat
Protinus enilium molliul eue menin.
EPISTOLA V.
s. POIPBIO J’AI CONSUL].
lte, laves elegi, doctes Id comuli: une: ,
Verblquc honorato ferle logenda vira
Longa via est; nec vos proceditu 11.-;
LES PONTIQUES.
des hivers; quand vous aurez franchi les plai-
81!
nes glacées de la Thrace, l’Hémus couvert de
pendant, lorsqu’il aura clos enfin cette longue
série d’affaires, il vous tendre une main bien-
nuages, et la mer d’lonie, sans bâter votre
veillante, et vous interrogera peut-être sur le
marche, vous atteindrez, en moins de dix destinée actuelle de votre père. Je veux donc
jours, Rome, la souveraine du monde. De que telle soit votre réponse: c Il existe encore,
u dirigez-vous aussitôt vers la maison de et sa vie, il reconnalt qu’il te la doit; mais il la
Pompée, la plus voisine du forum d’Auguste.
doit avant tout à le clémence de César. Il aime
Si quelque curieux, comme il en est dans la à répéter, dans sa reconnaissance, que, prosfoule, vous demande qui vous étés, et d’où
crit et fugitif, il apprit de toi la route la plus
vous venez, dites à son oreille abusée quelque
sûre pour parcourir sans danger tant de con-
nom pris au hasard. Quoique vous puissiez, je
trées barbares; que si l’épée des Sarmates ne
pense, avouer sans danger la vérité, œpen-
s’est pas encore abreuvée de son sang, ce fut
daut un nom supposé sera moins effrayant.
un effet de ta sollicitude pour lui; que, pour
N’espérez pas, des que vous serez sur le seuil
épargner ses ressources, tu lui procuras toi-
de le maison, de pénétrer sans obstacle jusqu’au
méme généreusement les moyens de pourvoir
consul : ou il sera occupé à rendre la justice
à son existence. En reconnaissance de tant de
du haut de la chaise d’ivoire, enrichie de diverses figures, ou bien il mettra à l’enchère la
perception des revenus publics , attentifà conserver intactes les richesses de la grande cité;
bienfaits, il jure qu’il sera toute sa vie ton serviteur dévoué. Les arbres cesseront de cou-
vrir de leur ombre le sommet des montagnes;
les vaisseaux aux voiles rapides ne sillonne-
ou bien, en présence des sénateurs convoqués
ront plus les flots de la mer; les fleuves rétro-
dans le temple que Jules a fondé (1) , il traitera
graderontet remonterontversleursource,avant
d’intérêts dignes d’un si grand consul; ou bien
qu’il perde le souvenir de tes bienfaits. l Quand
il portera, suivant sa coutume, ses hommages vous aurez ainsi perlé, priez-le de conserver
son propre ouvrage, et le but de votre mission
à Auguste et à son fils, et leur demandera consera rempli.
seil sur une charge dont il ne connaît encore
qu’imparfaitement les devoirs. Le peu de
temps que lui laisseront ces occupations sera
consacré à César Germanicus (2); c’est lui qu’a-
près les dieux puissants il honore le plus. Ce-
Techque brumali sub nive terre letet.
Quum gelidam Tbrecen , et apertum nubibus Hœmon ,
Et maris Ionii transiaritis equas ;
Lune minus decirna dominam venietis in tubent ,
Ut festinatum non faciatis ilur.
Protinus inde doums robin Foin peia pehtnr;
Non est Augusta junctior ulla faro :
Si quia, ut in populo, qui sitis , et unde , requit-et ,
Nomme decepte quolibet aure foret.
Ü! lit enim tutum , aient reor esse, faleri,
Verbe minus certe flets timoris habent.
Copi- nes vobis ullo prohibentc videndi
Consulis , ut limon oontigeritis , erit.
La! regrat ille suce diœndojura Quirites ,
Conspicuum signis qunm promet nltus ebur r
An! populi reditus positam componet ad hastam ,
El. minui magna non sinet urbie opes :
Aut , est «ont patres in Julia temple vocati ,
De (auto dignin consule rebus aget :
Aul foret Auguste solitum natoque suintera ,
Deque parum note consulat officia.
Tempo. ab bis vacuum Cœur Gennenicus «mue
Anfent . a unguis hune colit ille Deis.
Quum tamen a turbe rerurn roquieverit hennin ,
Ad vos mansuetas poniget ille menus;
Quidque pareils ego water agam , forasse "quint :
Talia vos illi reddero verba velim.
Vivit adbuc, vitamque tibi debere fatetur ,
Quam prins a miti (leur: munus habet.
Te sibi ,quutn lugent, memori solot on raies-ra,
Barberin tous exhibuisse vies.
Sanguine Bistouium quod non tepafecerit encens ,
Effectum cure pectoris case lui.
Addite pretem vites quoque inuite tuent!Munera , ne proprin atténuant opes.
Pro quibus ut meritis refentur gratia , jurat,
Se fore mencipium , tempos in 0mm , tuum.
Nain prins umbroaa urituros arbore montes ,
Et frein velivolas non babiture rates ,
Fluminaque in foules cureta reditura supino,
Gratie quam meriti posait sbire toi.
Bec tibi dixeritis , servet sue dona , rogete:
Sic fuerit ventru! causa pende vin.
-w
812
OVIDE.
LETTRE V1.
A navres.
la famille d’Augusteapaiser sa colère! Toi aussi,
Brutus, dont l’amitié sincère m’est connue.
toi aussi, je. le jure sans crainte, tu fais les
mêmes vœux z et cette amitié, que tu m’as
pays où tu voudrais bien qu’Ovide ne fût pas.
toujours témoignée avec tant de franchise,a
puisé des forces nouvelles dans mon malheur
même. A voir nos larmes couler ensemble , on
Mais ce que tu voudrais, l’implacable destin
eût dit que nous étions condamnés à souffrir
ne le veut pas, hélas! et cette volonté est
plus puissante que la tienne! Une olympiade
la même peine. Tu dois à la nature un cœur
bon et sensible : elle n’accorda à nul autre
Cette lettre que tu lis, Brutus, vient d’un
de cinq ans s’est écoulée depuis mon exil en
une âme plus compatissante; à tel point que, si
Scythie; et déjà un nouveau lustre va bientôt
l’on ignorait quelle est ta puissance dans la
débats du Forum, on croirait difficilement que
succéder au premier. La fortune s’opiniâtreà
me persécuter, et la perfide déesse vient toujours se jeter méchamment ati-devant de tous
mes vœux. Tu avais résolu, Maxime, ô toi
l’honneur de la famille des Fabius, de parler
ta bouche demandât la condamnation d’un cou-
au divin Auguste, et de le supplier en ma fa-
Chargé de la vengeance que réclame la sévé-
pable. Cependant, le même homme peut être.
nonobstant une contradiction apparente, facile
aux suppliants et terrible aux coupables.
veur, et tu meurs avant d’avoir fait entendre
tes prières; et je crois être , Maxime, la cause
de la mort, moi qui étais loin de valoir un si
rité des lois, chacune de les paroles semble
haut prix. Maintenant je n’ose plus confier ma
défense a personne; en te perdant, j’ai perdu
tout appui. Auguste était presque disposé à
redoutables , et combien sont acérés les traits
lancés par ton éloquence! Tu les aiguises avec
pardonner à ma faute, à mon erreur; il a dis-
rien de commun entre ton génie et ton extérieur. Mais qu’une victime des injustices de la
paru de ce monde , et avec lui mes espérances.
Cependant, Brutus, du fond de mon exil,je t’ai
envoyé des vers dédiés au nouvel habitant du
ciel, des vers tels qu’il m’a été possible de les
imprégnée d’un venin mortel. Que les enne-
mis seuls apprennent combien tes armes sont
tant d’art, qu’on en conclut aussitôt qu’il n’y a
fortune s’offre a tes regards, ton cœur devient plus tendre que celui d’une femme. J’ai
écrire. Puisse cet acte religieux m’être favora-
pu m’en convaincre, moi surtout, quand la
plupart de mes amis affectèrent de ne plus me
ble! puissent mes maux avoir un terme! puisse
connaître. Ceux-ci, je les oublie; mais je ne vous
EPISTOLA V1.
Te quoque idem , liquido possutn junre, prend ,
O mihi non dubia acquits, Brute , nota!
Nain , qunm præstiteris verum mihi semper 1mm;
navra.
Quam legis , ex illi: tibi venit Epistola , Brute ,
anonem nollcs in quibus case, lacis. l
Sed , tu quod noues , voluit uriserabile fatum :
Heu mihi, plus illud, quam tua vota, valet!
ln Scytbiu nabis quinquennis Olympien acta est :
Jam tempus lustri transit in alterius.
Perstat enim fortuits tenax , votisque malignum
Opponit noslris insidiosa pedem.
Certus eras pro me, Fabiœ laits, Maxime , gémis ,
Numen ad Augustum supplice voce loqui.
Occidis ante preces ; causamque ego, Maxime , marlis ,
Net: fucram tanti, me reor esse tute.
Jam timeo nostram cuiquam mandare salulem ;
ipsum morte tua concidit auxilium.
Cœpent Augustun deceptœ ignosccre culpæ;
Spem nostrnm terras déseruitquc simul.
Quale tamen potui, de cœlite, Brute, recenti
Vestra procul positus carmen tu ora dcdi.
Quæ prosit pictas utinam mibil sitque Inalorum
Jan! modus, et sacra: mitior ira doums!
Hic tamen advenu tampon crevit autor.
Quiquc tuas pariter lacrymal matraque vident ,
Passuros pœnam crederet «se duos.
Lenem te miseris génuit nature , nec ulli
Mitius ingéniant, quam tibi , Brute,dedit:
Ut, qui quid "les: ignoret Marte [omni ,
Bosse tuo peragi vix putet ora reos.
Scilicet ejusdem est, quamvis pognera ridetur,
Supplicibus facilem , sontibus esse trucum;
Quum tibi suscepta est legis vindieta mon ,
Verbe velut tinctum singula virus lichent.
iloslibns eveniat, quam sis violentas in amis
Sentire , et lingue: tels subite tua;
Quai tibi tsm tenui cura limantur , ut omises
lstius ingenium corporis esse negent.
At, si quem lædi fortune ocrais inique ,
Mollior est anima femina nulle tuo.
lloc ego præcipue sensi , qunm magna meorum
Notitiam pars est infidata mei.
lmmcmor illorum , vestri non [memor maquant. a
LES PONTIQUES.
oublierai jamais, vous dont la sollicitude à soulagé mes souffrances. L’lster ( hélas! trop
8t3
tateur de cette partie de mes maux, tu n’en
eusses pas fait toi-même l’expérience s les
voisin de moi) remontera du Pont-Euxin vers combats. C’est à travers mille dangers qu’on
sa source, et, comme si nous revenions aux arrive au grade de primipilaire , honneur que
jours du festin de Thyeste , le char du soleil t’a valu récemment ta bravoure. Mais quoireculera vers l’orient, avant qu’aucun de vous,
que ce titre soit la source de mille avantages,
qui avec déploré mon malheur puisse m’accuser d’ingratitude et d’oubli.
cependant il était encore au-dessous de ton mérite. Témoin l’ister qui, sous ta main puissante,
vit ses rivages teints du sang sarmate. Témoin
Ægypsos que tu pris une seconde fois et qui
LETTRE Vil.
A VBSTALIS.
reconnut que son heureuse position n’était
plus une sauvegarde pour elle. Citadelle élevée au sommet d’une montagne qui touche
aux nues, on n’aurait pu dire si elle trouvait
Vestalis, puisque Rome vientde t’envoyer
vers les rives de l’Enxin pour rendre la justice
plus de garantie dans la nature de sa position
que dans le courage de ses défenseurs. Un
aux peuples qui habitent sous le pôle, tu peux
ennemi féroce l’avait enlevée au roi de Sithonie,
et le vainqueur s’était emparé des trésors du
juger par toi-mente du pays où je passe ma
vie languissante, et attester que mes plaintes vaincu. Mais Vitellius, descendant le courant
continuelles ne sont que trop légitimes. Ton
témoignage, o jeune descendant des rois des
Alpes, confirmera leur douloureuse réalité.
du fleuve, et rangeant sesbataülons, déploya ses
étendards coutre les Gètes. Et toi, digne petit-fils
de l’antique Daunus, ton ardeur t’entraine au
Tu vois toi-même que le Pont est enchaîné
par les glaces; et que le vin , cédant lui-même
l’éclat de tes armes, tu t’élances, dominé par la
aux lois d’une température rigoureuse, perd sa
crainte que tes hauts faits ne restent ensevelis
milieu des ennemis. Soudain, remarquable par
dans l’obscurité. Tu cours affrontant le fer, la
fluidité. Tu vois comme le Jazyge, bouvier farouche, conduit ses chariots pesants sur les flots difficulté des lieux , et les pierres qui tombent
plus nombreuses que la grêle des hivers. Rien
de l’lster; tu voisaussi la pointe de leurs flèches
empoisonnées, et dont l’atteinte est deux fois
ne t’arrête : ni la nuée de traits lancés contre
mortelle. Et plût aux dieux que , simple spec-
toi, ni ces traits eux-mêmes infectés du sang
Qui mele solliciti nostra levertis, ero.
Et prins, ben nabis nimium contermiuus l Inter
ln «put Euxino de mue vertet iter;
Atque ntinem pare bine lentum epectete fuient-t,
Non etiam proprio cognite Marte tibi!
Tenditis ad primum per dense pericule pilum;
Coutigit ex merito qui tibi nuper boucs.
Sit lient bic titulus plenis tibi fructibus ingens ,
lpee tamen vit-tus ordine major ont.
Non negst hoc lsler , cujus tua dextere quondam
Paniceem Getiœ sanguine fecit square.
Non neget Ægypsos , qua, te subeunte, recepa
Sensit in ingenio nil opis esse loci.
Nsm dubium, positu melius défense menuve ,
Urbs erat in somme nubibus arque juge.
Sithonio regi terne interceperat illam
llostis , et ereptes Victor hebebat opes.
Douce lluminee devecte Vitelliue unda
lntulit, exposito milite, signe Getis.
At tibi, progenies elti fortissime Banni ,
Venit in adverses impetusire vires.
Net: mon; conspicuus longe fulgentibns ermie ,
Fortin ne possint faste latere, caves :
lugentiqne gredu contre ferrumque locnmque ,
Sexsque brumeli greudine plura, subis.
Nec le misse super jeculorutn turbe moretur,
Nue qua: riperco tels cruore titadcut.
thue Thym redent si tampon mense ,
Solis ed Eoel currus egetur eques;
Quam quisquem vestrum , qui me dulnistis edemptum,
Arguet, ingratum non meminisee sui.
EPISTOLA vu.
vss’rxu.
Mienne ce Bottines quoniam , Vestelis, ad unda! ,
Ut positis reddes jure sub exe lacis,
Adspicis en , prusco: , quin jeeeemns in une :
Nec me tutie cris l’else solen queri.
Accedet mei per te non irrite nostra: ,
Alpinis juvenis regibus orte, fides.
Ipse vides carte gleeie. concrescere Pontum ;
lpse vides rigide nantie vine gelu.
ipse vides , ouerete ferox ut ducat lnzyx
Par medias lstri placets-e bubulcus equss.
Adsplcis et mitti sub ednnco toxice ferro ,
Et telum causes mortis hebers dues.
8M
des vipères. Ton casque est hérissé de flèches
ONDE. ’
peu tard ; mais elle ne m’enapascansé millade
aux plumes peintes; et ton bouclier n’offre
plus de place à de nouveaux coups. Malheureusement il ne préserva point ta poitrine de
joie. Tu m’y fais la promesse, si une tendre
amitié peut fléchir le courroux des dieux, de
tous ceux qui étaient dirigés contre elle; mais
l’amour de la gloire étouffe le sentiment de la
superflus, je te suis déjà reconnaissantde ta
bonne volonté; et je regarde comme le service
venirà mon aide; quand tes efforts seraient
douleur; tel on vit, dit-on, sous les murs de lui-même l’intention de le rendre. Puisse seule
Troie, Ajax, pour sauver les vaisseaux des ment ce noble enthousiasme être de longue
Grecs. repousser les torches incendiaires d’Hec-
durée! puisse ton attachement ne point être
ter. Bientôt on atteignit l’ennemi; l’épée croisa
l’épée et le fer put décider de près de l’issue
lassé par mon infortune! Les liens de parenté
qui nous unissent me donnent quelques droits
du combat. ll serait difficile de raconter tes à ton amitié; et je demande au ciel que ces
actes de courage, le nombre de tes victimes; liens ne se relâchent jamais. Ta femme est
pour ainsi dire ma fille, et celle qui te nomme
quelles furent ces victimes elles- mêmes, et
comment elles succombèrent. Tu amoncelais
son gendre m’appelle, moi, son époux. lal-
les cadavres sons les coups de ton épée, et tu
foulais d’un pied vainqueur cet amas de Gètes
heur sur moi , si. à la lecture deces vers,ton
front se rembrunit , et si tu rougis de ma pa-
immolés. Le second rang combat à l’exemple
renté! Mais tu n’y trouveras rien qui doivete
faire rougir, si ce n’est la fortune qui fut
blessures: mais tu les effaces tous par ta bra- aveugle pour moi. Si tu considères me naissance , tu verras que depuis l’origine de ma
voure , autant que Pégase surpassait en vitesse
les coursiers les plus rapides. Ægypsos est famille, mes nombreux aïeux furent tous
chevaliers; si d’ailleurs il te plait de faire l’exavaincu, et mes chants, ô Vestalis, conserveront
men de ma vie, elle est, à l’exception d’une
à jamais le souvenir de tes exploits.
erreur malheureuse, irréprochable et pure.
du premier; chaque soldat porte et reçoit mille
Si tu as l’espoir d’obtenir, par tes prières, quel-
LETTRE VIH.
A SUILLIUS.
Ta lettre, docte Suillius, m’est arrivée ici un
Spicule cum pietis burent in canitie pertuis;
Parsqua fera senti vulnere nulle vacal.
Née corpus cunctoe folieiter effugit ictus;
Sed miner est acri laudis amure doler.
Talia epud Trojem Demis pro navibus Ajax
Dicitur [lectorat enstinuiase faces.
Ut propius ventum est, commiseeque dealers dextre,
[tuque l’ero peloit comiuus euse geri ;
Jioere difficile est, quid Mars tuus egerit illie,
Quotque neci dederie , quoaque , quibusque media.
Eure tuo l’actos ealcebes victor acervoe;
lmpoailoque Gelas sub pedc multus cret.
Pognat ad excmplum Primi minor ordine Pili;
Multaque l’art miles vulnera, molle fecit.
Sed teutum virtus alios tua præteril omnes,’
Ante cites quantum l’agent ibat equos.
Vincitur Ægypsos : tesletaque tempus in omne
Sunt tua , Veslelis carmine l’acte mec.
EPlS’l’OLA Vlll.
SUILLIO.
Xe son quidem , etudiis exculte Suilli ,
I
que chose des dieux . objets de ton culte, fais-
leur entendre ta voix suppliante. Tes dieuxt
toi, c’est le jeune César: apaise cette divinité;
il n’en est pas dont les autels soient plus con-
nus de toi : elle ne souffre pas que les vœux
Hue tue pensoit , eed mihi grata tamen:
Que , pie si posait Superos [cuire "gaude
Gratin , leturum le mihi dicis opem.
Ut jam nil prestes , animi sont factor emiei
Debitor, et meritum , velte juvare, voeu.
lmpetus isto tune longum mode duret in arum;
Neve mali; pictas ait tue lassa meis.
Jus aliquod laciunt adllnia vincula nabis ,
QUI! tremper maneant illabefecta , précor.
Nam tibi que conjux, eadem mihi fille peut est:
Et qua le geucrum , me vocal illa virnm.
Heu mihi l si lectis vultum tu vrnibus intis
Duels , et edlinem le pudet esse menin!
At nihil bic diguum poterie reperire pudoru,
Frater fortunam, que: mihi cæc- fuit.
Sen genou excutias; équilles , ab origine prima,
[laque per innumeros inveniemur avec :
Sive velte, qui sint , mores inquirere neutres;
Errorem misero detrahe, labo curent.
Tu modo, si quid agi spenbis pesse patauds,
Quos colis , axera supplice vous Deos.
Dl tibi sunt Cœur jaunis; tua numina plus:
llac certe nulle est notior ara tibi. il
LES pommons.
de son ministre soient des vœux stériles. C’est
l’a qu’il faut aller chercher un remède à ma
fortune; quelque faible que puisse être le vent
favorable qui soufflera de ce côté, mon vaisseau
englouti surgiradu milieu des flots. Alors je prescuterai a la flamme dévorante l’encens solennel,
815
tombeau, la font connaître à la dernière’poaté
rité. -
Le temps destructeur ronge le fer et la
pierre; rien ne résiste a son action puissante;
mais les écrits bravent les siècles. C’est par les
écrits que vous connaissez Agamemnon et tous
et je serai la pour attester la clémence des dieux.
les guerriers de son temps, ses alliés ou ses
adversaires. Sans la poésie, qui connaîtrait
Je ne relèverai pas. 0 Germanicus, un temple des marbres de Paros; ma ruine a atteint Thèbes et les sept chefs, et tous les événejusqu’à mes richesses. Que les villes heureuses,
queta famille t’érigent des temples; Ovide, reconnaissant, donnera toutce qu’il possède, ses
verszc’est un bien faible don , je l’avoue, pour
l’importance du service, que d’offrir des paroles
en éebangede la vie; mais en donnant le plus
qu’on peut donner, on témoigne suffisamment
de sa reconnaissance, et rien n’est à exiger au
delà. L’encens offert dans un vase sans prix par
ments qui précédèrent et tous ceux qui suivirent? Les dieux mémos, s’il est permis de le
dire. sont l’ouvrage du poële : leur majestueuse grandeur a besoin d’une voix qui la
chante.
Ainsi nous savons que du chaos, cette masse
informe de la nature à son origine, sortirent
les éléments divers; que les géants , aspirant a
l’empire de l’Olympe, furent précipités dans le
le pauvre à la divinité n’est pas moins méri-
Styx par les feux vengeurs, enfants des nuées:
toire que celui qui fume sur un riche coussin;
ainsi Bacchus, vainqueur des Indes. et Alcide,
l’agneau ne d’hier, aussi bien que la victime
conquérant d’Œchalie, furent immortalisés; et
naguère , César , les vers ont consacré en quel-
engraissée dans les pâturages des Falisques,
teint de son sang les autels du capitole. Ce- que sortel’apothe’ose de ton aïeul, qui s’était d’apendant, l’offrande sans contredit la plus
vance, par ses vertus, ouvert un chemin jusà
agréable aux héros est l’hommage que le poète
leur rend dans ses vers. Les vers ratifient les
éloges que vous aves mérités, et veillent à la
garde d’une gloire qui deviendra par eux im-
qu’au ciel. Si donc mon génie a conaervéquelque
étincelle du feu sacré, ô Germanicus, c’est à toi
que j’en veux faire hommage: poète toi-mémo,
tu ne peux dédaigner les hommages d’un poète;
périssable : les vers assurent à la vertu une
tu sais trop bien en apprécier la valeur. Si le
perpétuelle durée, et après l’avoir sauvée du
grand nom que tu portes ne t’avait imposé un
Non ainit illa sui nuas antiatitia unquam
En: proues : nostria laine pets rebua opem.
Quamliltet exigus si nos ea juverit aura ,
("mais de mediis cymba resurget aquis.
Tune ego tura feram rapidia aolemnia flammia;
Et , valut quantum numina , testia cru.
Nue tibi de Pario atatuam , Germanira, templum
Maman : carpait opes illa ruina meaa.
Templa domua vobia faciaut urbeaque bectai :
Naso suis opibua , carmine, gratus erit.
Pana quidam fateor pro magma munera midi ,
Quum pro concassa verba aalute damna. »
Sed qui, quam potuit, du maxima, gratua abunde es Et fluent pictas contigit illa auum.
Nee, que de pana Dla pauper libat acerra ,
Tara minus, grandi quam data lance , valent:
Aguaque tant lactena, quam gamine paata Falisco
Victima , Tarpeioa inficit icta fuma.
Nee tamen , officie vatum per carmina facto ,
Principibua res est gratior ulla viria.
Carmina ventrarum paragunt pmouia laudum :
have ait aetorum fama «(inca cavent.
Certaine fit vivax virtua; expersque sepulcri ,
Nolitiam son posteritatia haha-t.
Tabida consumit ferrum lapidemqua vetuataa g
Nullaque res maqu lamparo robur babel.
Scripte feront aunes : aeriptia Agamemnoua Itosti ;
Et quiaquia contra , val simul, arma tulit.
Quia Thebaa aeptemque dures sine carmine nosset ,
Et quicquid post hæc, quicquid et ante fuit?
Dl quoque carminibua , si l’as est diacre , liant ,
Tantaque majestas 0re canentis eget.
Sic Chaos, u illa nature: mole prioria ,
Digeatum partes admise habere auaa:
Sic adfectantea cœlestia regna Gigantaa ,
Ml Styga nimbifcro vindicia igue dates.
Sic vietor laudem aupentia Liber ab ludis ,
Alcides capta traxit ab OEchalia.
Et mode, Cœur, avum , quem virtus addidit asti-la,
Sacrarunt aliqua carmina parte tuum.
Si quid abhuc igitur vivi, Germanicr , nostra
Restat in ingenio , aerviet omne tibi.
Non potes officium vatis cnntemnere vatea:
Judicio pretium res babel iata tue.
Quod niai te numen tantum ad majora vorasaet,
70
Gloria Pieridum aumma futurua cru.
OVIDE.
MG
rôle plus illustre, tu promettais d’être un jour
l’honneur de la poésie. Mais il était plus digne de
toi d’inspirer des vers que d’en écrire, et cepen-
dant tu nesaurais abandonner le culte des Muses. Car tantôt tu livres des batailles, tantôt tu
soumets tes paroles aux lois de la mesure, et ce
qui est un ouvrage pour les autres est un jeu
pour toi. De même qu’Apollon savait manier la
lyre et l’arc, de mêmeque ce double exercice occupait ses mains tour à tour , ainsi tu n’ignores
ni la science de l’érudit. ni la science du prince,
LE’l’TRE 1X.
A GBÆCINUS.
Des bords du Pont-Euxin , triste exil ou la
sort le retient, et non sa propre volonté. Ovide
t’adresse ses vœux, ô Græcinua. Je souhaite
que cette lettre te parvienne lepremier jour
où tu marcheras précédé de douze faisceaux.
Puisque tu monteras au Capitole sans moi. puisque je ue pourrai pas me mêler à Ion cortège,
et ton esprit se partage entre Jupiter et les que cette lettre du moins me remplace. et le
Muses. Puisque ces déesses ne m’ont point encore repoussé de la source sacrée que fit jaillir
le pied de Pégase, qu’elles fassent tourner à
présente, au jour fixé , les hommagead’un ami.
Si j’étais sous un astre meilleur, si mon char
ne s’était brisé sur son perfide essieu, je t’au-
mon profit cet art qui nous est commun , ces rais rendu de vive voix ces devoirs dont je
m’acquîtte aujourd’hui par l’intermédiairede
études que nous cultivions Germanicus et
moi, pour qu’enfin je puisse fuir les Gètes, et
cet écrit. Je pourrais et t’adresser mes félicita.
leurs rivages trop voisins des Coralles aux tiens et (embrasser; les honneurs que tu revêtements de peaux. Mais si. dans mon mal-
çois, j’en jouirais directement autant que toi.
heur, la patrie m’est irrévocablement fermée,
même. J’aurais été . je l’avoue, si fier deus beau
que du moins je sois envoyé dans un pays
jour, que mon orgueil n’eût trouvé aucun palais
moins éloigné de la ville de l’Ausonie; dans un
lieu où je puisse célébrer tu gloire toute récen-
assez vaste pour le contenir. Pendant que tu
te, et chanter sans retard tes brillants exploits.
sénateurs. moi chevalier je précéderais le consul;
marcherais escorté de la troupe auguste des
Pour que ces vœux touchent le ciel, im- et quelque joyeux que je fusse d’être rapproplore-le, cher Suillius, en faveur de celui qui ché de ta personne , je m’applaudirais pourtant
est presque ton beau-père.
de ne pouvoir trouver place à les côtés.
Quand la foule m’écraserait, je ne m’en plain-
à
Sed dan materiam nobis , quam carmina , maqu :
Non tamen ex toto descrere illa potes.
Nain mode hella geris, numeris modo verba coerces ,
Quodque aliis opus est , hoc tibi Indus erit.
thue me ad citharam , nec ad arcum seghia Apollo est;
Sed venit ad sacras nervas uterque menus;
Sir. tibi nec docti , nec deaunt principis artas :
Mista aed est anime cum love Musa tue.
les: quoniam nec nus unda auhmovit ah illa ,
Ungnla Gorgonei quam cava fecit equi ,
Prosit , opemque farat communia sacra tuerl ,
Atque ladetn aludiis impoauiaae manum.
Litora pellitis nimîum subjecla Corallia,
Ut tandem sœvos effugiamque (lattis,
Clauaaque si misero patria est, ut punar in ullo ,
Qui minus Ausonia diatet ah urhe, loco;
Unde tuas passim laudes celehrare recrutes ,
Maguaque quam minima fada referre mors.
Tangat ut hoc velum cœlestis , cars Suilli,
Ntunina, pro sorero prune [trocarts tue.
K
drais pas; mais alors, il me serait doux de me
EPISTOLA 1x.
consume.
Unde licet , non onde juvat , Græciue , ululent
Mittit ah Euxinia banc tibi Nue vsdis.
Misaaque Dl facianl auroram occumt ad illam,
Bis senne fasces que: tibi prima dahit.
Ut, quouiam sine me langea Capitolia consul,
Et liam turbe para ego nulla tute,
ln domiui subcat partes , et præstel amici
Officium jusao litera nostra die.
Atquo ego si fatis genitus meliorihua mon,
Et mes sinuera currcret axe rota ,
Quo nunc nostra manda per acriptum fongiltlr, ml
Lingot: salutandi "muon funeta lui.
Gratatusque darem cum dulcibus oscula «sa:
Nec minus ille meus, quam tuus,,essct houer.
llla , souffleur, sic meut luce superbus,
Ut caperet fastus vix damna ulla mecs.
Dumque lattis sancli cingit tibi turha tenailla,
Consulia ante pedes ire videra-r eques.
Et quanquam cuperem semper tibi proximale-e,
Gaudcretn lateri non hahuisae locuml NEC anrulus , lurba quamvia eliderer, «un:
il
LES pommons.
sentir pressé par la foule. Je contemplerais tout
joyeux la longue filedu cortége et l’espace immense occupé par cette épaisse multitude; et,
pour te témoigner combien j’attache de prix
en
mer avec une probité scrupuleuse ; tantôt faire
entendre au sein du sénat des paroles éloquentes , et discuter des matières (l’utilité publique,
tantôt décerner des actions de grâces aux dieux
même aux choses les plus simples, je ferais
pour les Césars, et frapper les blanches tètes
attention jusqu’à la poupredom tu serais revêtu.
des taureaux engraisses dans les meilleurs pt.
tarages.
Je traduiraisles emblèmes gravés sur ta chaise
curule, et les sculptures de l’ivoire de N umidie.
banqueta serais arrivé au Capitale, et quelavictinte immolée par ton ordre tomberait au pied
des autels, alors ce dieu puissant, ce dieu dont la
demeure est dans cette enceinte, m’entendrait ,
Qu’alors une flamme pure s’élève et se détache
del’autel chargé d’offramles et favorise ta prière
moi aussi, lui adresser en secret des actions de
d’un heureux présage! Cependant je ferai taire
grâces; et mille fais heureux de tan élévation
mes plaintes, et je célébrerai en ces lieux, et
du mieux qu’il me sera possible, la gloire de
aux honneurs suprêmes, je lui offrirais du fond
de mon cœur plus d’encens que n’en brûlent les
Fasse le ciel qu’après avoir prié pour les
grandes nécessités de l’état , tu demandes
aussi que la colère divine s’apaise en ma faveur!
cassolettes sacrées. Je serais la, enfin, présent au
ton consulat. Mais un autre motif de bonheur
pour moi. et qui ne le cède en rien au premier,
milieu de tes amis, si la fortune mains cruelle
c’estque l’héritier de ton éminente dignité doit
ne m’avait pas enlevé ledroit de rester à Rome;
être ton frère; car ton pouvoir , Græcinus ,
et ce plaisir, dont la vivacité se communique
expire à la fin de décembre, le sien commence
seulement à ma pensée , serait alors partagé
par mes yeux. Les dieux ne l’ont pas voulu! et
peut-être est-ce avec justice, car à quoi me ser-
au premier jour de janvier. Fidèle a cette amitié qui vous unit, tu partageras avec lui la joie
virait-il de nier la justice de mon châtiment?
rieurs; tu seras fier de ses faisceaux comme il
d’avoir possédé tour-à-tour les mêmes hon:
Man esprit, du moins, qui n’est pas exilé de
le sera des tiens : tu auras été deux fais consul,
Rame, suppléera a mon absence. Par lui , je
comme lui-môme le sera deux fois. La même
contemplerai ta robe prétexte et tes faisceaux;
dignité sera restée deux fois dans la même fa-
je te verrai rendre la justice au peuple, et je
mille. Quelque grand que soit cet honneur,
croirai assister moi-môme à tes conseils secrets.
quoique la ville de Mars ne connaisse pas de di-
Je te verrai tantôt mettre aux enchères (t) les
gnité plus élevée que celle de consul (2), cepen-
revenus de l’état pendautun lustre, et les affer-
dant la main qui la décerne en rehausse encore
Sed foret a populo lnm mihi dulce premi.
Prospieerem gaudens , quantus foret agminis ordo ,
Denseque quam longum turbe tenetel iter.
Quoque magie noria quam me vulgana tangant ,
Speclarem , qualia purpura le logent.
Signa quoque in sella nassem formata curuli;
Et totum Numidaa sculptile dentia opus.
At qunm Tarpeiaa esses dedudus in arecs,
Dam adent juasu victime sacra tua;
u e quoque sacrale gratea aibi magnes agenlem
Audtuet, media qui todet aide, Dans.
rauque meute mugis plana quam lance , dediasem
Ter quater imperii lutes honora lui.
flic ego preaenlea inter unmerarer amical;
Nids jus urbia si mode fats darent.
(29.un mihi aola capitur nunc mente voluptaa,
Tous oculia etiam percipienda foret.
Non ila Calitibus visurn eat, et foraitan requis:
Nain quid me pinne causa negata juvet?
un le tamen, que sala loco non exsulat , nlar:
Protestant, fasces adspiciamque tuas.
g. ce souda le populo reddentent jura videbit,
En sa ascretia Hugo! adesse lacis.
ra [73
None langi redilus hasts: supporters lustri
Cornet , et exacts annela loure lido.
Nunc lacera in media facuudum verba annela ,
Publics quereutem quid peut militas t
Nunc, pro Casarihua, Superia daterons grata ,
Albava opimorum cella faire boum.
Atque utiuam, qunm jam fueria potion prorata! ,
Ut mihi placetur numinis ira , rageai
Surgat ad banc vocero plana pina ignia ab ara ,
a
Detquo boutant vote lucidua oman apex.
lutons ,qua parte lieet, ne enneta quararnur,
Hic quoque le fatum consule tsmpua agam.
Altera lattitiæ , nec cedena causa priori ,
Succaaaor tanti frater honoris erit.
Nain tibi llnitum aummo, Graine, deœmbri
lmperium , Jani auscipit ille die.
Quequa est in vobia pintas, alterna ferelia
Gaudia , tu fratrie fascibua, ille luis.
Sic tu bis fueria consul , bis cnuaul et ille ,
Inque dama hiatus compieietur houer.
Qui quanquam est ingena, et nullam Martia somma
Altius imperium consule Home videt:
Mulliplicat tamen hune gravitas sucions honorons, G]
813
OVIDE.
l’éclat , et l’excellence du don participe de la
pas :en changeant de fortune , je n’ai pelu:
majesté du danateur. Puissiez-vous donc ainsi,
toi et Flacons, jouir toute votre vie de la faveur
d’Auguste! mais aussi, quand les affaires de
changé d’humeur. J’ai conservé cette tranquil-
autrefois, et cette pudeur inaltérable qui se ré-
l’état lui laisseront quelqueloisir, joignez alors.
fléchissait sur mon visage. Tel je sub loin de
lité d’esprit que tu avais coutume d’admirer
je vous en conjure, vos prièresaux miennes ; et,
vous , au milieu d’un peuple farouche, et
pour peu qu’un ventfavoralile vienneà souffler
de mon côté. déployez toutes les voiles, afin de
relever sur l’eau ma barque enfoncée dans les
dans ces lieux où la violence brutale des armes
a plus de pouvoirque les lois. Cependant, Graa-
flots du Styx. Naguère Flaccus commandaitsur
cette côte, et sous son gouvernement, Græcinus, les rives sauvagesde l’Ister étaient tran-
cinus, depuis tant d’années que ce
pays. ni homme, ni femme ni enfant ne peuvent se plaindre de moi. Aussi lesTomites. touchés de mes malheurs, viennent-ils à mon se-
quilles. ll sut constamment maintenir en paix
les nations de Mysie , et son épée fit trem-
cours; oui, et j’en prends à témoin , puisqu’il
bler les Gètes si confiants dans la puissance de
leurs arcs. Par sa valeurimpétueuse, il a repris
qui me voient faire des vœux pour en sortir,
voudraient bien que je partisse: mais poureux
le faut, cette contrée elle-même , ses habitant:
Trosmis (3) tombée au pouvoir de l’ennemi . et
mêmes ils souhaitent queje reste. SI tu ne m’es:
a rougi l’lster du sang des barbares. Demande-lui quel est l’aspect de ces lieux, quels sont
les incommodités du climat de la Scythie , et de
les décrets solennels où l’on me prodigue
combien d’ennemisdangereux je suis environné;
demande-lui si leurs flèches légères ne sont pas
quels je suis exempté de tout impôt. Et
quoiqu’il ne convienne pas aux malheu-
trempées dans du fiel de serpent et s’ils n’immo-
reux de se vanter , sache encore que les
lent pas surleurs autelsdes victimes humaines;
qu’il te dise si j’en impose, ou, si en effet, le
Pont-Enxin est bien enchaîné par le froid, et
villes voisines m’accordent les mêmes privilèges. Ma piété est connue de tous : tous, sur
cette terre étrangère, savent que dans ma mai-
si la glace couvre une étenduetde plusieurs ar-
son j’ai dédié un sanctuaire a César; qu’on y
putts dans la mer. Lorsqu’il t’aura donné tous
trouve aussi les images de son fils si pieux , et
ces détails, informe-toi quelle est ma réputation dans ce pays; demande-lui comment s’y
passent mes longs joursde malheurs. On nem’y
de son épouse, souveraine prêtresse, deux divinités non moins augustes que notre nouveau
hait point, sans doute, et d’ailleurs je ne lemérite
Et majestatem res dota dantishabet.
Judieiis igitur liceat Flaccoq ne tihiqus
Talibus Augusti tempos in omne frni.
Il! tamen a remm cura propiore vscabit,
Vote, pneor, votis sddite ventru meis.
Et, si quem dsbit aura sinum , lente rudentes,
Exut a Stygiis ut mon navis aquis.
Promu hie , Graine , locis modo Flaccua; et ille
Ripa faros lstri sub duce tutu fuit.
flic tenuit Mysss gentes in pace Mali;
Hic art-u flans terroit euse Getss.
flic uptsm Trosmin celeri virtute recepit ,
lnl’ecitque fun) sanguine Danubium.
Quære lori faciem, Scytliiciquc incommoda cœli;
El quam vicino terreur hosto regs.
Sinlne littr tenues serpentin [elle sagitlæ,
Fiat au humanttm victima dira râpai.
Mentisr , au coentduratus [figure Pontus ,
Et touent glas-ici jugera mullu freti.
floc tibi narrant , qui!) sil mes fauta requin;
Quoque mode pengstn tempera durs, rosa.
crois pas sur ma parole, crois-en du moins
des éloges, et les actes publics en vertu des-
dieu. Afin qu’il ne manque a ce sanctuaire
aucun membre de la famille, on y voit encore
Née sumus hic odio , nec milice! esse mmmur ,
Nos cum fortune mens quoque versa mes est.
"la quies shinto, quam tu laudsre seiches ,
"le velus solito persist in on pudor.
Sic ego sum longe; sic hic, ahi barbants hostie
Ut fera plus valsent Iegibus arme fecit;
Rem , queat ut nullam tot jam , Graine , pet aunes
Femina de nabis , vine , puerve queri.
floc fecit ut misero fanant sdsiutque Tomitsa 5
Hæc quoniam tellus testificanda mihi est.
llli me , quia velle vident, discedsre mslunt:
Respeetu cupiunt bic tamen esse sui.
Neemihi credideris : entant decrets , quibus nos
Laudat, et immunes publics cors fecit.
Conveniens miseris bec quanqusm gloria non est,
Proxima dant nobis oppids munus idem.
Nec pictas ignota men est : vide! hospita tellus
In nostra sacrum Cmsarisesss domo.
Stant pariter natusque pins, conjuxque sacerdos,
Numina jam facto non leviora Deo.
Nen desit pan ulla dentus, sial nul-que uepotum , (ü
LES PONTIQUES.
les images des deux petits-fils, l’une auprès de
son aïeule. et l’antre à côté de, son père.
Bill
dieux parviendront-ils jusqu’à toi, j’en si la
pressentiment :ils apaiseront ta divinité , et ce
n’est pas sans raison que tu pattes le nom si
doux de père des Romains.
Tous la matins, au lever du jour, je leur offre
avec mon encens des paroles suppliantes. lnterroge tout le Pont, témoin du culte que je
leur rends , il te dira que je n’avance rien ici
qui ne soit exactement vrai. La terre du Pont
LETTRE X.
sait encore queje célèbre par des jeux la nais-
sance de notre dieu avec tonte la magnificence
A ALBINOYANUS.
que comporte ce pays; a cet égard, ma piété
n’est pas moins célèbre parmi les étrangers qui
viennent ici de la vaste Propontide et d’ailleurs.
que dans le pays même. Ton frère, lui aussi,
quand il commandait sur la rive gauche du Pont,
t
Voici le sixième été que je passe sur les ri-
vages cimmériens, au milieu des Gèles aux
vêtementsde peau! Quel est le marbre, cher Albinovanus , (l)quel est le fer dont la résistance
en aura peut-eue entendu parler. Ma fortune soit comparable à la mienne? L’eau, en toma
ne répond pas toujours à mon zèle. mais, dans
mon indigence, je consacre volontiers à uneparcille œuvre le peu que je possède. Au reste,
loin de Rome, je ne prétends point faire parade
haut goutte à goutte, creuse la pierre; l’anneau
s’use par le frottement, et le soc de la charrue
s’émousse à force de sillonner la terre; ainsi
l’action corrosive dutemps détruit tout, excepté
d’une piété fastueuse; je m’en tiens à une piété
moi et la mort! Elle-même est vaincue par
modeste et sans éclat. Il en viendra sans doute
l’opiniâtreté de mes souffrances. Ulysse, qui
quelque bruit aux oreilles de César , lui qui
erra dix ans sur des mers orageuses , est cité
n’ignore rien de ce qui se passe dans le monde.
pour exemple d’une patience inébranlable;
Tu la connais du moins, toi qui occupes main- mais Ulysse u’éprouva pas toujours les ritenant une place parmi les dieux ; tu vois, César,
gueurs du destin; il eut souvent, dans son intoutce que je fais, toi dont les regards embus fortune,des intervalles de repos. Fut-ildouc
sent, au-dessons de toi, la surface de la terre: bien à plaindre d’avoir. pendant six ans, répontu entends, du haut de la voûte étoilée où tu es
placé, les vœux inquiets que je t’adresse; peutétre mêmecea vers que j’ai envoyés à Rome
pour célébrer ton admission dans le séjour des
du s l’amour de la belle Calypso , et partagé la
couche d’une déesse de la mer? Le fils d’Hip-
polas (2)1e reçut ensuite et lui confia la gardedoa
vents, afin que celui-là seul qui lui était favo-
Hic avis: Ialeri proximua, ille patria.
Hia ego do loties cum turc precautis verba ,
En quoties surgit ah orbe dies.
Tels , lient qunm , hoc me non lingers dieet ,
Officii lestis Poulies terra mei.
Pantin me tellus , quantia hac posaumna ora ,
Natalem ludis sait celohrarc Dei.
Nos minus hospitibua pictas est cognila lalis ,
liait in has si quos longs Propontis aquas.
la quoque , quo levus fueral. sub prairie Poutus ,
Audierit frater fonitsn iata tous.
Fortune est imper anima , lalique libenler
Exiguas carpo munere pauper opes.
Nec veatris damna hue coulis, procul orbe remoti;
Contenu tacite sed pieute sumus.
El tamen hac tangent aliqusndo Canaris sures :
Nil illum loto quod lit in orbe , latet.
Tu cette scia hoc Superis adacile , vidcsque ,
Cœur, ut est ooulis subdila terra luis l
Tu nostras sudis , inter convexe locatus
Sidon , sollicilo qnas damus ore , preces.
Auguror hie igitur llecti tua numiua; nec tu
lmrnerito nomen mite pareutis Illbfl.
l’en-entant ialuc et carmins foraitan illa ,
Excipit Hippotadea, qui dal pro munere ventes,
Curvet ut impulses utilis aura sinua.
Q!!! de te miai colite l’acta nox-o.
EPISTOLA X.
ALBINOVANO.
Hic mihi Cimmerio bis lertia ducitur mus
Liloro, pellilns inter agenda Gelas.
Ecquos tu silices, cequod , cariaaime, ferrant
Duritin coulera , Albinovsne . mess?
Gutta uval lapidem; consumitur annulus uau ,
Et leritur pressa vomer aduncus homo.
Tempus edax igitur, prœtsr nos, omnia perdot?
Cessat duritis mors quoque virta mes.
Exemplnm estaniuti nimium palicntis Ulysaes,
Jactalue dubio per duo lustra mari.
Tempora solliciti and non tamen omnia l’ati
Pertulit , et placide: sape l’une moral.
Au grave ses sonie pulcbratn [ovine Calypso,
Æqnorcœqtte fuit courubuisse Date?
UVIDE.
8’20
rable enflât ses voiles et les dirigeât. Il ne fut
pas non plus si malheureux d’entendre les
chants harmonieux des syrènes, et le suc du
lotos n’eut pour lui rien d’amer. Ah! j’achèternis volontiers, s’il en existait encore, au
prix d’une partie de mes jours , des sucs qui
pour être croyables! Crois-moi, cepmdant;
et je ne veux pas te laisser ignorer pourquoi la
mer des Sarmates est ainsi chaque hiver. Tout
près de nous est une constellation qui a la ligure d’un chariot, et dont l’influence amendes
plus grands froids. C’est de u que souille Bo-
me feraient oublier ma patrie. Tu ne compa- rée, l’hôte ordinaire de ces rivages, etd’autant
reras pas la ville des Lestrigons aux peuples plus violent qu’il naît plus près de nous. LeNotus, au contraire, dont la tiède haleine souille
de ces pays que baigne l’lster au cours sinueux. Le cyclope ne sera pas plus cruel que du pôle opposé, n’arrive ici. d’aussi loin, queræ
dans les alarmes qui m’assiégent à tous mo-
rement et d’une aile toujours fatiguée. Ajoutes
à cela les fleuves qui viennent sedéehargerdans
ments? Si. des flancs monstrueux de Scylla,
cette mer sans issue, et qui, par le mélange,
le féroce Phyacès; et encore quelle part a-tril
s’échappent des aboiements sauvages, les vais-
font perdre à l’eau salée une grande partie de
seaux heniochiens sont autrement funestes
aux nautonniers et tu ne dois pasdavantage
sa force. La se jettent le Lycus , le Sagaris , la
mettre en parallèle avec les terribles Achéens
pides tourbillons. La aussi se rendent le violait
Penius, l’Hypanis, le Crates et l’Halys aux ra-
le gouffre de Charybde, vomissant trois fois Parthénius et le Cynapis, qui roule avec laides
les flots qu’elle a trois fois engloutis. Ces bar-
bares, sans doute, promènent plus audacieuse-
ment leur existence vagabonde sur la rive
droite du fleuve, mais l’autre rive que j’habite
n’en est pas pour cela plus sûre. Ici la campa-
gne est une, et les flèches sont empoisonnées;
lei, l’hiver rend la mer accessible au piéton;
rochers; et le Tyras, le plus rapide tous; et toi
aussi, Thermodon, si connu des belliqueuses
Amazones; et toi, Phase , visitéjadis par les
héros de la Grèce; et le Borysthène. et le
Dyraspe, aux eaux limpides; et le Mélanthe.
qui poursuit jusque-la et sans bruitson nous
cours ; et cet autre qui sépare l’Asie de la sœur
et , sur cos ondes , ou naguère la rame ouvrait
de Cadmus , et coule entre elles deux; et cette
un passage, le voyageur, laissant la son vais-
foule d’autres enfin, parmi lesquels le Danube.
seau, poursuit sa route à piedsec. Les Romains
qui viennent ici disent que vous avez peine à
le plus grand de tous, refuse, a Nil, de reconnaitre ta suprématie. Cette quantité d’affluents qui
viennent grossir le Pont-Euxin en altercatles
celui dont les souffrances sont trop cruelles eaux et en diminuent la force. Bien plus, semcroire cet état de choses. Qu’il est malheureux
Net: hem coulantes labor est andine puellas;
Née degustunti lotos aman luit.
lins ego . qui patrie [sciant ohlivis , surcot
Parte me: vitæ, si mode dentor, emam.
Nos tu contuleris urbem Læstrygonir unquam
Genliiius , obliqua quas obit lster tiqua.
Nec vinret sævum Cyclops feritste Phyarrn ,
Qui quota terroris 1ms salol esse l.’t’i l
Seylla taris trunco quod latrat ah inguine monstris,
lieniorlm naulis plus nocuers rates.
Net: potes inleslis coulerre Charybdin Admis,
Ter livet epotum ter vomal illa fretum.
Qui quanuam dextre regione lit-entius errant,
Soeuruni lattis hoc non lumen esse sinunt.
Hic agri infrondes, hic spicula tinrta venenis;
Ilir frets val pediti punis reddit hyems :
Ut , qua remus iter pulsis modo fecerat undis,
Sireus contenus nave viator est.
Qui veuiunt islinc, vix vos es credere dicunt:
Quum miser est qui fort nsperiura fide l
Credo tamen r nov le causas nescirc sinemus ,
lion-niai Suriunlicum sur mure duvet hyems.
Proxiuia suut nabis plaustri proheulia formam ,
Et quin præsipuum aidera frigos habent.
Hinc oritur Boreu , craque domsticus huit est,
Et sumit viras a pmpiose loco.
A! Notus , adverse tepidum qui spiral abuse,
Est procul , et rarus languidiorque veuit.
Adde quod hic cluuso miscentur fltamina Ponta,
Vimque fretum mullo perdit ab amne matu.
"ne Lycus, hue Sagaris, Peniusque, Hypauisque, CM8.
Intluit , et rrebro vortice tortus Halys : [1"
Partheniusque rapax, et volveus sans Cynspes
Labitur , et uullo tardior sinus Tym.
El tu , femme: Thermodon cognile turml;
Et quondam Graiis , Phasi , petite viris ;
Cumquc Borysthenio liquidiuiinus smne Dynspn,
Et tacite persgens Ieue Melsnthus il";
Quique durs terras Asism Cadmiqufi scrotum
Sepurat, et cursus inter utramque fuit.
lnnumerique ahi , quos inter maximisa amusa
Cedere Dauuhius se tibi , Nile, ueget.
Copia lot laticum , quas auget , sdolterat undas,
Nec patitur vires u.-qunr habere ruas.
Quin etiam stagno similis, pigquue paludi
Crruleus vix est, diluiturque colon
s LES mangues.
blableà un étang aux eaux dormantes d’un ma-
rais, il perd beaucoup de sa couleur, laquelle
n’est presque plus azurée. L’eau douce, plus
925
LETTRE XI.
A GALLION.
légère que celle de la mer, surnage; car le sel
qui domine en celle-ci la rend plus pesante. Si
l’on me demande pourquoi je donne tous ces
Je ne pourrai qu’à peine me disculper, Galliou (1), de n’avoir pas jusqu’à ce jour cité ton
détails à Pédo , pourquoi je me suis amuséà
nom dans mes vers; car je ne t’ai point oublié
les écrire en vers; j’ai passé le temps , répon-
lorsqu’un trait parti de la main d’un dieu m’attei-
drai-je , j’ai trompé mes ennuis; voilà le fruit
gnit. Toi aussi. tu calmas la blessure en l’arrosaut de tes larmes; et plût au ciel que, déjà
malheureux de la perte d’un ami, tu n’eusses
point eu depuis d’autres sujets de plaintes! Mais
d’une heure ainsi écoulée. Pendant que j’écri-
vais, j’oubliais quej’etais toujours malheureux
et toujours au milieu des Gètes. Pour toi, qui
de Thésée (5), je ne doute pas que tu n’éprou-
les dieux ne l’ont pas permis. Impitoyables, ils ont cru pouvoir sans crime te ravir
ves les beaux sentiments qu’inspire un si grand
ta chaste épouse! Une lettre est venue dernière-
sujet, et que tu n’imites le héros que tu chantes.
Or Thésée ne veut pas que la fidélité soit la
compagne du bonheur. Si gland qu’il ait été
j’ai pleuré en lisant la cause de lot! affliction.
composes maintenant un poème en l’honneur
ment m’annoncer ton malheur et ton deuil, et
par ses actions, et que le représentent tes vers,
Cependantje n’ose entreprendre, si peu sage
que je suis moi-même, de consoler un homme
dignes de sa renommée, on peut toutefois l’i-
aussi sage que toi, ni te citer toutes les sen-
miter en un point; chacun, par sa fidélité,
tences des philosophes qui te sont familières.
peut être un Thésée. Tu n’as pas à dompter,
Si la raison n’a pas triomphé de la douleur , je
présume que le temps l’aura beaucoup adoucie.
Pendant que la lettre m’arrive etque la mienne
armé du glaive ou de la massue, les hordes ennemies qui rendaient l’isthme de Corinthe pres-
z
que inabordable; mais il faut montrer icx que te porte ma réponse, à travers tant de terres
tu m’aimes , hase tcoujours facileà qui la veut
bien. Est-il si pénible de conserver pur le senti-
et de mers, taule une année s’écoule. Il n’est
ment de l’amitié? Mais toi , dont l’amitié me
qu’une occasion favorable pour offrir des consolations , c’est lorsque la douleur est encore
reste tout entière, ne crois pas que les plaintes
dans toute sa force , et que le malade a besoin
qui s’exhalent de ma bout-hé s’adressent à toi.
de secours; mais si la plaie du cœur commence
à se cicatriser avec le temps, celui-là la réveille
[nuant unda freto dulcis, leviorque marina est ,
Quo proprium misto de sala pondus habet.
Si ragot lise aliquis sur sint narrata Pedoui,
Quidve loqui certis juverit ista modia;
Detinui , dicam , tempus , canaque fefelli :
Gallio, crimen erit vix excusabile nabis ,
Hum: fructum promeus adtulit bora mihi.
Abfuirnus aolito , dom scribimus ista , dolera ,
ln mediis nec nos sensimus esse Getis.
At tu , non dubito , qunm carmine Thesea laudes ,
Tu quoque enim , memini , cœlesti cuapida faste
Fovisti lacrymia vulnera nostra luis.
Atque utinam, rapti jactura læaus amici ,
historie tituloa quin tueare tutu;
Quemque refera , imitera virum : veut ille profacto
Tranquilli comitem temporis esse fldem.
Qui quanquam est factis ingena , et conditur a te
Vir tanto, quanta debuit ors caui ;
Est tamen ex illa nabis imitabile quiddam ,
Inque fide Theseua quilibet esse potest. t
Non tibi sont hastes ferra clavaque domaudi ,
l’er quas vix ulli pervius lsthmoa eut :
Sed prestandua amor, res non opérera volenti.
Quia labor est pnnm non temerasse fldam î
"le tibi , qui pentu indedinatus arnica ,
Non est quad lingue dicta quarante putes.
EPlSTOLA XI.
GALLIONI.
Carmine’te nomen non habuiase meo.
Sensissea , ultra quad quererare, nihil l
Non ita Dia placuit, qui te apoliare pudica
Conjuge crudeles non hahuere nefss.
Nuntia nain inclus mihi nuper epistola unit,
Lectoque cum lacryinis sunt tua damna mais.
Sed neque prudentcm solari stultior auaim ,
Verliaque doctorum nota referre tibi :
Finitumque tuum , si non rations , dolorem
lpaa jam pridem suspicor esse mon.
Dum tua pervertit, dum litera nostra reconnus
Tot maria ac terras permeat , annus shit.
Temporis officinal solatia dit-are rerli est ;
Duin dolar in cursu est, dum polit ntlgvr up. in.
Al qunm longs dies sedavit ruinera llli"lu’.- .
OVlDE.
822
qui y touche mal à propos. D’ailleurs (et puis-
sont mes conjectures se vérifier!) tu as peut-
pourquoi mon amitié ne t’a point core payé
sa dette; mais enfin je m’acquitte aujourd’hui
etre déjà heureusement réparé par un nouvel
envers toi avec usure. Je te chanterai sur quel-
hymen la perte que tu as essuyée.
que mesure que ce soit; je t’enverrai des vers)
toi que j’ai connu enfant. enfant moi-méme,à toi
que; pendantceslonguesannéesqui nousvieillis-
LETTRE Xi].
sent également l’un et l’autre.j’aimai de tout
l’attachement d’un frère pour son frère. Tu me
donnas d’excellents conseils; tu fus mon guideet
A TUTICAN (Il.
S’il n’est point fait mention de toi dans mes
livres, ton nom seul, o mon ami, en est la
mon compagnon lorsque ma main, débile encore , dirigeait mon char dans des routes pour
moi toutes nouvelles; plus d’une fois, docile à la
censure, je corrigeai mes ouvrages: plus d’une
fois, suivant mon avis, tu retouchas toi-ménades
tiens,quand,inspiré par les Muses, tucomposais
cause. Personne plus que toi ne me parait digne
de cet honneur, si toutefois c’est un honneur
cette Phéacide, digne du chantre de lésais.
que d’avoir place en mes écrits. Les lois du
rhythme et la contexture de ton nom me gê- Cette amitié constante , cette uniformité de
leut, et je ne trouve aucun moyen de faire en- goûts , qui nous ont liés dès notre plus tendre
jeunesse. se sont continués sans altération justrer ce dernier dans mes vers. Car j’aurais
honte de le scinder en deux parties, l’une finissant le premier vers, et l’autre commençant le
second; j’aurais honte d’abréger une syllaheque
qu’à l’âge où nos cheveux ont blanchi. Si tu
étais insensible à ces souvenirs, je te croirais
un cœur aussi dur que le fer recouvert d’une
la prononciation allonge. et dote nommer Tu- enveloppe de diamants impénétrables. Mais la
ticama; je ne puis non plus t’admettre dansmes
vers en l’appelant Tuticanus, et changer ainsi
de longue en brève la première syllabe; enfin je
guerre et les frimas, ces deux fléaux qui me reident le séjour du Pont si odieux , auront plus un
ne puis ôler la brièveté à la seconde syllabe, et
ter le froid; les rigueurs même de ma destinée
luidonner une quantité qui n’est pas dans sa
nature. On se m0querait de moi si j’osais de-
s’adouciront, avantque tu n’aies plnsd’entrailies
leur terme; Borée soufflera la chaleur. et l’Aus-
pour un ami disgracié. Loin de moi la crainted’nn
figurer ton nom par de telles licences; on dirait mal qui serait le comble de mes malheurs! Ce
mal n’est point, et il ne sera jamais. Seulement
avec justice que j’ai perdu la raison. Voilà
intempestive qui fovet illa , novat.
Adde quod , aulne utinam verum tibi venerit omeu !
Conjugio l’elis jam potes esse nove.
EPISTOLA Il].
TUTICANO.
qui) minus in uoslris panaris, amies, libellis ,
Nominis clficilur conditione lui.
Art ego non slium prins hoc (lignant honore;
Est aliquis nostrum si mode urmen houes.
Les pedis officie , naturaque numinis ululant,
Qusqne mecs sdeas , est via nulls , modus.
Nam pndet in gomines ila nomen findere versus ,
Desinsl ul prior hoc, ineipiatque minot :
Et pudeat, si te, qua ayllaba parte moratur,
Aretius sdpelltm , Tuticaunmque vocem.
Nec potes in renom Tulicani more nuire,
Fiat ut e longs syllaha prima brevis.
Ant producatnr, que nunc coneptius exit ,
Et sit porrecta longs secunda mors.
lits ego si vitiis ausim corrumpere nomen l
Ridesr, et merito pesetas habere nager.
Hinc mihi causa fuit dilati niaiserie hujus ,
Quod meus sdjecto [minore reddet ager.
Teque canam quacumque nota: tibi carmina initiale,
Pane mihi puera oognite pane puer;
Perque lot annorum seriem , que! lubemus nique,
Non mihi , quam fratri frater, annale minus.
Tu bonus hortator, tu cloaque comqu Mali,
Quum regerem touera fretta novella msnn.
Sapa ego cormi sub le censure libellas;
Sapa tibi admonitu fauta litote mon est,
Diguam Masculin Plis-nids condom chartis
Quum te l’isrides perdocuere tua.
Hic tenor, hac viridi concordia capta juveala
Venit ad slhentss illabelacta comas.
Quæ nisi le moreant , dure tibi pecten lem
Esse, vel inviclo clause adamsnta pulem.
Sed prins [mie desint et bellum et figera terra,
Invisus nobis quia duo Pontes label;
El. lepidus Bonn, et lit pralrigidus Amis;
Et poslil. fatum mollius esse menu: ,
Quam tua sint lapso prosodia dura sodali:
llic cumulus nostria aheit, almtque, mslil- 53
LES PONTlQUES.
emploie p0ur moi toute la faveur dont tu jouis
près des dieux et surtout près de celui sur lequel
tu dois le plus compter, et qui t’a élevé aux plus
hauts honneurs; fais qu’en défendant l’exilé
par ton zèle persévérant mes voiles n’attendent
823
ressemblent pas à ceux de tout le monda, si ,
quels qu’ils soient , on voit de suite que je suis
leur père. Toi aussi, quand même tu effacerais
les titres de les écrits, il me semble que j’en
reconnaîtrais toujours l’auteur au milieu de
pas en vain un souffle favorable. ’l’u me demandes quelle recommandation j’ai à t’adresser? Que je meure si j’en sais rien moi-même :
mille autres ; je les distinguerais à des signes
certains.
mais que dis-je? ce qui est déjà mort peut-il
mourir encore? Je ne sais niceque je dois faire.
Crois-moi, la sagesse est la première à fuir les
d’Hercule, digue du héros que tu chantes.
Ainsi ma muse se trahit par une certaine allure
qui lui est propre, et peut-être même par ses
défauts. Si Nirée était remarquable par sa
beauté, Thersite frappait aussi les regards par
malheureux; le sens commun la suit aussi bien
sa laideur. Au reste, tu ne devrais pas t’éton-
ni œ que je veux, ni ce que je ne veux pas ;
j’ignore moi-même ce qui peut m’être utile.
L’auteur s’y décèle par une vigueur digne
que les conseils de la fortune. Cherche toi- ner de trouver des défauts dans des vers qui
meme, je t’en prie, quels services tu peux me
rendre, et s’il est quelques chemins pour parvenir à réaliser mes vœux.
sontpresque l’œuvre d’un Gète (l). Hélas !j’en’
rougis! j’ai écrit un poème en langue gétique;
j’ai adapté nos mesures à des paroles barbares.
Cependant félicite-moi , j’ai su plaire aux
Gètes , et déjà ces peuples grossiers commen-
cent à m’appeler leur poële. Vous me de-
LETTRE XI".
mandez de quel sujet j’ai fait choix. J’ai chanté
les louanges de César; et sans doute le dieu
A CHUS.
m’a secondé dans cette tentative nouvelle; j’ai
Toi qui mérites de compter parmi mes plus
fidèles amis, toi qui es si bien nommé Carus,
reçois mes vœux. La couleur de ces tablettes,
appris à mes hôtes que le corps d’Auguste , le
père de la patrie , était mortel, mais que l’essence divine était retournée au ciel; que le fils
qui, après bien des résistances , et malgré lui,
le rhythme de ces vers , t’indiqueront sur’le-
a pris en main les rênes de l’empire,égalaitdéja
champ d’où te vient cette lettre. Ces vers n’ont
les vertus de son père (2); que tu es, ô Livie,
sans doute rien de merveilleux ; œpendaut ils ne
la Vesta de nos chastes Romaines, toi qui tu
Tu modo per Superos, quorum certissimus ille est,
Quo tune adsidue principe crevit houor;
lpso quoque ut charte titulum de fronts revellss
Quod sit opus, videor dicere passe, tuum.
Quamlibet in multis positua nucere libellis ,
Perque observons invenisre notas.
Produnt auctorem vires, quas Hercule (lignas
Novimus, etque illi, quem cania, esse pares.
Et mes Musa potest, proprio deprensa colore,
lnsignis vitiis foi-situ: esse suis.
Tsm male Thersilen prohibeliat forma latere ,
Quam pulchra Nireus conspit-iendus crut.
Nec le mirari, si sint vitiosa, decehit
Effice , couatauti prolugum piétais tuendo ,
Ne spersta menu deseral aura ratem.
Quid mandem, quæru : peresm , nisidicere vix est,
Si mode qui periit, ille perire potest.
Net: quid agam invenio, nec quid nolim’ve, velimvs;
Née satis utilitas est mes nota mihi.
Crede mihi, miseroa prudentia prima relinquit,
Et sensus cum re consiliumque fugit.
lpse, procor, queue, que sim tibi parte juvandus ,
Quoque vism [scias ad mes vota vado.
EPlS’l’OLA Il".
CARO.
Carmina, quæ laciam pæne poeta Getes.
Ait pudet l et Gatien scripsi sermone libellum ,
Strnclaque mut nostris barbus verba modis.
Et placni, graine mihi, cœpique poetm
Inter inhumanos nomen babere Gelas.
Materiam quœris ? laudes de Cæsare dixi :
0 mihi non dubios inter memorande sodales,
Quiqtle, quod es vers, Cure, vocsris, ave.
0nde saluteris, color hic tibi protinus index,
Et structura mei carminis esse potest ;
Non quia mirifica est, set! quod nec publics ente;
Qualis enim cun-lue est, non lait-l esse meam.
Adjutn est novitas nuntius nostra Dei.
Nana patris Augttsli docui mortale fuisse
Corpus ; in ælherias numen ablsse doums -
Esse parera virtule patri, qui [nous contus
Sæpe rerusati ceprrit imperii :
Esse pudirarnm le Vestnm, Livia , multum
OVIDE.
montrenussi digne de ton fils que de ton époux;
qu’il existe en outre deuxjeunes princes (5) , les
LETTRE X".
fermes appuis du trône de leur père , et qui
A TUTICANUI.
ont déjà donné des preuves certaines de leur
noble caractère. Après avoir lu ce poème , enfant d’une muse étrangère , et lorsque j’en
Je t’envoie ces vers, a toi dont naguère!»
eusais le nom de ne pou voir s’ajuster a la ine-
étais arrivé à la dernière page, tous ces barbares agitèrent leurs tétés, et leurs carquois
chargés de flèches , et leurs bouches firent entend: e un long murmure d’approbation. a Puisque Iu écris de telles choses sur César, me dit
sure.
l’un d’eux , tu devrais être déjà rendu à l’em-
jourd’hui que d’en sortir. Mon unique souci
est de changer d’exil; toute autre contrée me
sera délicieuse au prix de celle que j’ai acad-
pire de César. s
Il l’a dit, Carus, et voilà pourtantle sixième
hiver que je suis relégué sous le pôle glacé.
Les vers ne sont bons à rien; les miens ne
m’ont été que trop funestes autrefois; ils fu-
rent la cause première de mon malheureux
exil. Je t’en conjure, ô Carus, par cette union
que le culte divin des Muses a fait naître entre
nous , parles droits d’une amitié respectable à
tes yeux, (et si tu entends ma prière, puisse
Germanium, imposant à sesennemis leschalnes
du Latium, préparer aux poètes de Rome une
matière féconde! Puissent se fortifier de jour
Tu ne trouveras ici rien qui t’intéresse, si
ce n’est que ma santé se soutient comme elle
peut; mais la santé même m’est odieuse dans
cet affreux pays, et je ne souhaiterien tant au-
lement sous les yeux. Lancez mon vaisseauan
milieu des Syrtes, à travers ces gouffres de
Charybde , pourvu que je sois délivré de ce
pays, dont la vue m’est insupportable; le Styx
lui-même, s’il existe, je le préférerais a "au;
et s’il est un abîme plus profond que le Styx,
je le préférerais encore.
Le champ cultivé est moins ennemi dallerbes stériles , l’hirondelle est moins emmielles
hivers qu’Ovide du voisinage des Gelas beL
liqueux. A ces paroles, les habitants de Tomes
en jour ces enfants si chers à nos dieux, et s’indignent contre moi, et mes vers ont soulevé
dont, pour ta plus grande gloire , tu surveilles la colèrepublique. Ainsi donc, je neceueni par
l’éducation! ) Je t’en conjure , dis-je, emploie
tout ton crédit à me sauver un reste de vie déjà
près de s’éteindre si l’on ne change le lieu de
mon exil l
s
Ambiguum auto dizain, aune vire :
Esse duos juveuea, firme adjuments pareutis,
Qui dederint animi pignon cal-ta sui.
[les ubi non palria perlegi scripta Camcsna,
Venil. et ad dignes ultima chuta mecs;
Et cspnt, et pleuas omues movere pharetras;
Et Iongum Getico murmur in ore fuit.
Atquc aliquis : Scribas hase quum de (issue, dixit,
Cæsaris imperio restituendus erse.
"le quidem dixit, sed mejam, Care, nivali
Sexta relu-gatum bruma sub axe videt.
Carmina nil proaunt : nocuerunt carmina quondam,
himaque tain misera: causa fuere fugua.
At tu par studii communia lœdera suri,
Par non vile tibi nomen amicitiæ;
Sic capte Laliis Garmanieua honte calenis ,
Dlaîerism vestris adferal ingeniis ;
Sic valsant put-ri, volum commune Deorum ,
Quos laits formondos est tibi magna dates ;
Quanta potes, præba nostra: moments saluti,
Qui! nisi mulatn nulle futurs loco est.
mes vers d’attirer sur moi le malheur, et mon esprit peu sage me sera donc une sourced’éternels
châtiments ? Mais d’où vientquej’hésite meure
à me couper les doigts pour ne plus écrire, et
I que. dans ma folie , je continue ’a mania-centEPISTOLA XlV
TU’HCANO-
H00 tibi mithntur, quem aussi mode esrmiueqsfllfl
Non sptum numeris nomen baisers mais.
ln quibus, exceploquod sdbue utcunque valant,
N il te præterea quod juvet, inveuies.
lpsa quoque est invisa salua; suntque ultima vola,
Quolibel ex iatis scilieet in loch.
Nulla mihi cura est, terra quam muter ut iata,
flac quia, qunm video, gratins omnia erit.
in medias Syrles, mediam mes vela Charybdin
Mittîte, præsenli dum careamus humo.
Styx quoque, si quid es est, bene œmmulabitur latte,
Si quid et inferius, quam Sima, mundusbIMGramina cullus ager, frigus minus odil hiruudo,
Proxima lllartieolis quam lues Nue Getis,
Talia sucement propter mihi verba Tomitn,
lraque carminibus publies mots meis.
Ergo ego cessabo nunquam per carmina ledÎ;
Nectar et incante scalper ab ingenio T
limas-go, ne scribam, digiloa incidem cunelor.
LES PONTIQUES.
mes qui m’ontétésiiatales? Mes regarda cher-
de Tomes, et appelle sur mamose un nouvel
chent de nouveau ces écueils ou je touchai
orage. Plut au ciel que mon bonheur fut égal
à mon innocence! Le fiel de ma bouche n’a
jadis, ces ondes perfides où vint échouer mon
vaisseau. Mais je n’ai rien fait, habitants de
Tomes , qui doive vous offenser.
encore blessé personne ; et quand j’aurais l’âme
plus noire que la poix d’lllyrie, ma critique
Si je hais votre pays, je nevous en aime ne s’adresserait jamais a un peuple si constant
pas moins. Parcourez tous ces ouvrages que
dans l’amitié qu’il me porte. Habitants de To-
j’ai produits dans mes veilles, vous n’y trou-
mes , la douce hospitalité queje reçois de vous
verez pas un mot de plainte contre vous. Je me et votre humanité dénotent suffisamment vo-
plains du froid , des incursions qui nous me- tre origine grecque. Les Péligniens, mes cotunacentdstoutes parts, et d’un ennemi qui vient
sans case assiéger vos remparts. J’ai souvt
déclamé, et avec raison, contre le pays, mais
patriotes, et Sulmone, où je suis né, n’auraient
pas été plus sensibles que vous a mes malheurs:
vous venez encore de m’accorder un honneur
non contre les hommes; et vous-mêmes , vous
que vous accorderiéz a peine a celui que la
avez plus d’une fois accusé le sol que vous ha-
fortune aurait respecté; et encore à présentjc
bites.
suis le seul qui, sur ces bords, ait été jusqu’à
ce jour exempt d’impôts; le seul, dis-je , à l’exception de ceux a qui la loi confère ce privilége.
La muse du poète antique qui chanta la culture osa bien dire qu’Ascra était un séjour
insupportable toute saison; et pourtant celui Vous avez ceint mon front d’une couronne saqui écrivait ainsi était né à Ascra (l ), et Ascrane
crée , hommage que j’ai été contraint de rece-
s’irrita point contre son poète. Quel homme eut
voir de la bienveillance publique. Autant Latone
pour sa patrie plus de tdresse que le sage aime Délos, qui seule lui offrit une retraite
Ulysse? et œpendaut c’est de lui qu’on sait que
lorsqu’elle était errante, autant j’aime Tomes,
sa patrie n’était qu’un rocher stérile. Scepsius,
dans ses écrits pleins d’amertume, n’attaque pas
où, depuis mon bannissement j usqu’i cejour,
le pays, mais bien les mœurs de l’Ausonie (2) ;
j’ai trouvé une hospitalité inviolable. Plut aux
dieux seulement qu’on pût espérer d’y vivre
il mit en cause Rome elle-mémé, et toutefois
en paix. et qu’elle fût située dans un climat
Rome souffrit avec patience ces invectives et
ces mensonges, et sa langue insolente ne lui
plus éloigné du pôle glacé!
attira rien de fâcheux. Mais un interprète mal-
tiroit excite contre moi la colère du peupla
Telaque adhue écrasas, quo mon, saquer 1
Ad veteres scopulos iterum devertor, adillas,
ln quibus offendit naufrage puppia, «pas.
Sed nihil admisi ; pulls est mes enlpa, Tanit. ,
Quoa ego, qunm loca sim vestra perosus, amc.
Quilibet exeutiat nostri monuments Iaboria,
Lili-ra de volais est mu quanta nihil.
Frigos, et inrursus omni de parte limendos ,
Et qnod pulsetur nturus ab honte, qucror.
ln lot-a , non hominea , rerissima erimins (liai :
Culpatis vestrum vosquoque sape solum.
finet perpetuo sua quam vitabilis Ascra ,
Aura est agricole Musa doeere senis.
At tuent terra genitus, qui «ripait, in illa ;
lntumuit vati nec tamen Ancre suc.
Quis palriam sollerta magie dilexit Ulysse?
floc tamen asperitas indice nota loci est.
Non lors, scd mores dictis vexavit amaris
Scepsius Alumina, actaqle noms rca est.
l’aise tamen passa est æqua convieia mente,
Obruit anetori nec fera lingue suc.
At malus interpm, populi mihi concitat tram,
laque certain crimen carmina nostra rosat.
Tain telix utinam , quam pecten candidus, casant!
Entat adhuc ncmo astreins ora mec.
Adde, quod "lyrics sijam pica nigrior sans ,
Non mordends mihi turba fidelis crut.
Mollitera rubis mes sors excepta, Tomitæ,
Tain mites Grains indicat esse virus.
Gens mes Peligni , regioque domesties Sulmo,
Non potuit nostris lenior esse mslis.
Quern vix incolumi euiquam salvoque daretis ,
la datas a vobia estmihi nuper houer.
Soins adhue ego sum vestris immunia in cris ,
Exceptis , si qui munsra hahcut.
Tampon sacrale mes saut relata corons ,
Publicus invita quam l’avor imputait.
Quam grata est initur [atoca Delia tellua ,
Erranta tutum qua dudit uns Ioenan ,
Tain mihi cars Tamis; patrie qui! sede (nastie
Tempus ad hoc nabis hospita flda manet.
Dl anode fecissent , placid- spam puant Italien
Pacis , et a gelido longitss axe foret l
ONDE
826
te donne au moins le droit de dire que tu possèdes quelque chose dans le Pont. Plaise aux
LETTRE KV.
moi. Ovide, je fais dans mon exil, qu’il sacheque
dieux que tu le puisses dire un jour! Que j’obtieune un lieu d’exil plus favorable, et que, par
conséquent, tu aies ton bien mieux place! Mais
puisque telle est la volonté des dieux, tâche
d’apaiser par tes prières ces divinités aut-
je dois la vie aux Césars , et la conservation de
quelles tu rends chaque jour tes pieux hom-
cette vie a Sextus; à Sextns, qui, après les
mages , car ton amitié prouve mon innocence
autant qu’elle aime a me consoler dansmon in-
a sassas marcs.
S’il est encore au monde un homme qui se
souvienne de moi, et qui s’informe de ce que
dieux, est le premier dans mon affecüon. Si, en
effet. je passe en revue les différentes phases
de ma déplorable existence, il n’en est pas une
seule qui ne soit marquée par ses bienfaits: ils
sont tout aussi nombreux que les graines vermeilles enfermées sous l’enveloppe flexible de la
fortune. Je t’implore d’ailleurs avec pleine confiance; mais tu sais que,lorsméme qu’on descend
le fil de l’eau, le secours des rames secondemcore la rapidité du courant. Je rougis-tels faire
toujours la méme prière, et jecrainsde tocantes
grenade dans un jardin fertile, que les épis des
moissons de l’Afrique . que les raisins de la
de trop justes ennuis; mais qu’y faire? le
terre dumiole, que les oliviers de Sicyou et
pardonne , tendre ami, à mes importunités tu.
gantes; souvent je voudrais bien t’écrire sur
les rayons de miel de l’llybla. J’en fais l’aveu,
désir est une chose qu’on ne peut modérer;
tu peux invoquer mon témoignage; Romains,
tout autre sujet, mais toujours je retombe sur
signes tous, il n’est pas besoin de l’autorité des
le même , et ma plume elle-même me ramène
lois :ma parole suffit; tu peux , quelque mince à ce triste lieu commun. Cependant, soit que
que soit ma valeur, me compter dans ton patri- ton crédit ait pour moi d’heureux résultats.
soit que la Parque inflexible me condamnai
moine ;je veux être une partie, si faible qu’elle
soit, de ta fortune. Comme ta terre de Sicile est mourir sous ce pôle glacé, mon cœur remncelle où Philippe régna jadis , comme ta maison
naissant se rappellera toujours tesbonsoffiœs;
qui s’étend jusqu’au forum d’Auguste, et ton
toujours cette terre où je pane ma vie m’entendra répéter que je suis à toi, et non-seule-
domaine de Campanie, les délices de son maître,
comme enfin tous les biens que tu possèdes par
ment cette terre, mais encore toutes celles qui
droit d’héritage ou d’achat t’appartiennent
sont sous le ciel, si ma muse peut jamais s’ou-
sans contredit, 6 Sextns, ainsi je t’appartiens
vrir un passage a travers le barbare pays des
moiméme: triste propriété, sans doute, maisqui
Gètes; oui, l’univers saura que tu m’as sauvé
EPISTOLA xv.
Non potes in Ponte diners haha" nihil.
ssxro romano.
Atque utinam pastis , et detur amiciua arvutn l
Remque tuam poissa in meliore local
Si quia milice caquant nostri non immémor sastat’,
Quidve relegatus Naso , requirit , agam :
Cæuribus vilain, Sexto debrra ululent
Me sciat : a Superis hie mihi primus erit.
Tempora nain misera complertnr ut omnia vil. ,
A meritis hujus pars mihi nulla «est;
Quai numéro lot auut, quot in borts fertilia arvi
Punica sub lento cortine gram ruinent;
Afriea quot cagotes , quot Tmolia terra racemos ,
Quot Sieyon bectas , quot parit Hyl.la favus.
Coufileor , testera licol; signala , Quiriles :
Nil opus est legum viribus; ipse loquer.
Inter opes et me , rem parrain , porte paternas :
Para ego sim remua quantulacumque lui.
Quam tua Trinacria est, regnataqus terra Philippe
Quam dentus Augusto continuels loro;
Quam tua , rus coulis domini , Campania , gratum ,
î
Qulqus relicta tibi , Sexle , vel emta tenu,
Tain tuus en ego sum ; cujus le munera triait
Quod quoniam in Dis est, tenta lenire prenais
Nutnina , perpetua que pieute colis.
Erroris nain tu vix est discernera nostri
Sis argumeutum majus , au auxilium.
Ner dubitans oro : sed ilumine sape secundo
Augetur remis cursus euntis aquis.
Et pudet , et metuo, setnperqne cadrait]!!! 13mm
Ne subeant anime todia justa tuo.
Verum quid faciam? res immoderata cupide «Il
Da veniam vitio, mitis amies, mec.
Scribere sape aliud cupiens delabor codent:
Ipsa loeum per se litera nostra rogat.
Seu tamen effectua habitua est gratis ; sru me
Dura jubet gelido Parcs sub axe mari;
Scmper inoblita repetam tua mottera mente,
Et tnea me tellus audictesse luutn.
Audietet cœlo posila est qumcunquc sub ille,
Transit nostra feras si ntcdo Musa Gelas.
Toque mon causam servatonmque salons,
LES PONTIQUES.
811
la vie, etquejesuis plusàtoi quesi tum’avais
la Gaule le vidllard phrygien (8); et (lamerions,
acheté a prix d’argent.
quia chanté Troie, conquise par Hercule; etTuscus (9), qui s’est rendu célèbre par sa Phgllia,
etle poète de la mer, dont les chants semblent
LETTRE XVl.
A UN maux.
Pourquoi donc , envieux, déchires-tu les
vers d’Ovide, qui n’est plus? La mort n’étend
pas sudroits destructeurs jusque sur legénie;
la renommée grandit après elle, et j’avais déjà
quelque réputation quand je compta’u encore
parmi les vivants. Tels florissaient alors, et Marcus, et l’éIOquentRabirius (t ),et Macer, le chan-
tre d’llion, et le divin Pédo (2), et Carus (5),
qui, dans son poème d’Hercule, n’aurait pas
épargné Junon, si déjà Hercule n’eût été le gen-
dre de lsdéesse;et Sévère (4), qui a donné au
Latium de sublimes tragédies; et les deux Prisons, avec l’ingénieux Numa (5); et toi, Monts-I
nus (6). qui n’excelles pas moins dans lesvers
héroïquesquedanslesversinégaux, et quiasex-
étre l’œuvre des dieux mômes de lamer; etcet
autre qui décrivit les armées lybieunes et leurs
combats contre les Romains (10); et Marius,
cet heureux génie qui se prétait a tous les genres; et Trinacrius, l’auteur de la Perséide; et
Lupus (il), le chantre du retour de Ménélas et
d’Hélènedansleurpatrie; et le traducteur dela
Phénicie (12), inspirée par Homère; toi ami,
[infus (la), qui tiras des accords de la lyre de
Pindare; et la musedeTurrauus(l4), chaussée
du cothurne tragique; et la tienne, Mélissns (t5),
plus légère et chaussée du brodequin. Alors,
pendant que Varus et Gracchus (16) faisaient
parler les tyrans inhumains, que Proculus (l7)
suivait la pente sidouce tracée par Callimaque;
queTityre (t8) conduisait ses troupeauxdans les
champsdesespères, et Gratins (i 9) donnait des
armes au chassenr;que Fontanus (20) chantait
ploitélesdeux genresauprotitdeta gloire;etSa.
lituus qui lit écrire a Ulysse a), errant depuis
les Naiades aimées des Satyres;que Capella(21)
modulait des strophes inégales; que beaucoup
d’autres, qu’il serait trop long de nommer, et
deux lustres sur une mer irritée, des lettres
.dont les vers sont entre les mains de tout le
adressées à Pénélope, mais qu’une mort pré-
monde, s’exerçaieut alors dans la poésie;qu’en-
maturée a enlevé à la terre, avant qu’il ait mis
tin s’élevaient de jeunes poètes dont je ne dois
la dernière main a sa Trésène et àses Fana ,-et
Largus, qui doit ce surnom à la fécondité de
point citer les noms , puisque leurs œuvres
son génie , et qui conduisit dans les plaines de
je ne puis tepasser sous silence, o Cons (se), toi
"que tunm libra norit et un magie.
EPISTOLA XVI.
au tannois.
luvide , quid laceras Nasonis carmina rapii?
Non solet ingéniis somma nocere dies.
Pamaque post eineres major veuit : et mihi nomen
Tune quoque, qnum vivis adnumersrer , crat;
Quum foret et Llanos, magique Babirius cria ,
lliaeusque lacer , sidenusquc Pedo ;
Et, qui Junonem lestent in Hercule, Carus,
Junonis si geuer ille foret;
Quique dedit Latin numen régale Sent-us;
Et cum subtili Prisons utssque Numa;
nasique vol imparibus numeris, Montaue, vei aquis
Suilcis , et gomine carmine nomen haines;
Et qui Pastelopa rescribere jussit Ulyssem,
Emutem me per duo lustra mari;
Quique tuam Trœœna , imperiectnmque dierum
nueroit celui morte Sabinus opus ;
Mue sui dictas rognomine Largo: ,
ÛaIIica qui Phrygium duxit in arvs miam ;
n’ont pas vu le jour; et parmi eux, œpendaut,
Quique canit domitam (lamerions ab Hercule Trojatu;
Quique sua nomen Phyllide Tuscns babel ;
Velivolique maris vatea , cui credere posais
Carmina carillons coinposuisse Dm;
Quique scies Libyen, [tomanaque prulia dixit;
Et Marius, scripti dater in omne sentis;
Trimcrinsqne son l’ensidos auctor; et enclot
Tantalidn leducis Tyndaridosque, Lupus ;
Et qui Mmuiam thacids vertit; et une
l’indarica lldicrn tu quoque , Buis , lyre;
Insaqne Turnni , tragicis inuits cothuruis;
Et tus mm accon Musa , Malins , levis:
Quum Varus Gracchnsque datent [en dicta tyrannis;
Gallimacbi Proeulus molle tenant itsr;
Tityrns antiques et ont qui pascsret herbas;
Aptaque venanti Gratins arma dant;
Naldas a Satyris canent Pontanus amatas;
Claudelet imparibus verba Capelle modis.
Quumque forent alii, quorum mihi cuncta "(une
Nomina longe mors est, carmina vulgus babel;
lissent et juvenes , quorum quod incdita cura est,
Appellandorum nil mihi juris adest ;
Te tamen in turba non ausim , Cotte , silere ,
88 OVlDE.
l’honneur des muses et l’une des colonnes du
cesse, cruelle, de dispermmescendres. in
barreau; toiqui,descendant des Compara
tout perdu, hors un souffle de vie qu’on ne m’a
mère,etdes Messala par ton père,représeutes
-i la fois les deux plus nobles familles de Rome.
Alors, au;milieu de ces grands noms, ma muse,
si je l’ose dire, occupait glorieusement la renommée , et mes poésies trouvaient des lecteurs. Cesse donc, Envie, de déchirer un exilé;
Pieridum lumen , præsidinmque lori;
latentes Cottes oui M’esallasqne paternes
Maxima nobilitas ingemiuata dsdit.
Dicere si l’as est, clerc mes nominé Musa,
Atque inter tantes, qua leqeretur , crut.
Elle submotum patria proscindere ,livor,
laissé sans doute que pour servir dialimmti
mes malheurs, et pour m’en faire sentir tonte
l’amertume. A quoi bon enfoncer le fet-dans
un corps inanimé? Il ne reste plus d’ailleursen
moi de place à de nouvelles blessures.
Desine; neu cherra sparge , queute, mecs.
Omnia perdidimua : tantnmmodo vita reliois est,
Pœbeat ut seusum mater-iamque malin.
- Quid juvat exstiuctoa lerrum dimitten in "tu?
Non babel in nolis jam nova plage locum.
nçcu-Çqo-
e ce... os--.-.s-s-s- n-.. J -t- nocent- o oscsoeceoeçooa ssssssssssssss a ........
NOTES
DES PONTIQUES.
mais PREMIER.
et appartenait i l’une des familles les plus anciennes de
Rome.
mais rallumas.
(t) Il v avait déjà quatre ans qu’Ovide était exilé;
le poste avait alors 56 ans. On peut voir la neuvième
élégie du troisième livre des Tristes, sur l’origine du
nous et de la ville de Tomes, dont, en géuénl, il ne
parle jamais que d’une manière un peu vague.
(2) Nous suivons ici latexte de Lemalrc , qui réunit
avec raison cette seconde partie l le première , pour
n’en faire qu’une seule et mense lettre , contrairement
à plusieurs autres éditions qui commencent h ce mot
une autre lettre.
(5) L’expression deo Ourlet: pourrait faire autre
qu’il s’agit icid’lphigénie, mrfld’Oreete; maiail s’agit
(S) Ovide place lesGhtusnr la rive droite du Danube.
Suivant Hérodote (liv. 1V, eh. 95 ), ils habitaient les
deux rives; Tomes est donc située dans le pays des
Bêtes.
(3) Ou croit que a Brutus auquel Ovide adresse sa
première lettre des Pontiques était Ils de celui qui
poignarda Jules-César dans le sénat, et se tua lui:
mémo après la bataille de Philippes, qu’il perdit contre
Auguste.
de Diane adorée en Tauride , et dont Iphigénie était la
prétreese. Ovide appelle encore cette déesse (Mét. liv.
KV, v. 489) Diana Grasse, parce qu’Oraste pria
d’être immolé par sa saur, fut reconnu par elle , et tous
deux quittèrent secrètement la’l’auride Il emportant
la statue de Diane.
Il) [farcis était la femme de Maximum Voy. Tas.
eun liv. l, ch. 5.
(a) Auguste était file d’Accia; le sœur d’Aca’a est la
(4) il s’agit ici des bibliothèques publiques. Ovide,
dans la première élégie du liv. [il des Tristes , se plaint
tante d’Auguets, dont parle ici le poste.
déjà qu’un de ses ouvrages n’ait pas trouvé de place
L811" Il].
dans la bibliothèque du mont Palatin , et dans celle qui
(t) Longues piques macédoniennes.
était dans le vestibule du temple de la Liberté.
(5) Marc-Antoine était l’ennemi déclaré d’Auguste,
qui souffrit et dédaigna ses injures. (Tacite, Ann.,
liv. 4, ch. 54.)
(6) Cicéron. nous apprend (Acad. Il, liv. l, eh. 5)
que Brutus n’était pas seulement un grand capitaine,
mais aussi un des philosophes les plus célèbres de son
(i) Rutilius , personnage aussi savant que probe ,
fut condamné à l’exil, par suite de le haine que lui
portaient les chevaliers. Rappelé h Rome par Scylla ,
il refusa cette faveur d’un homme dont on n’osait alors
rien refuser. (Val. Max. liv. V1, ch. l.)
(5) La source de Pirene est près de Corinthe, on se
retira Jason après le meurtre de Félin.
temps.
(7) Il s’agit ici de Diane Aricine, du nom d’Aricie,
ville d’itelie , près de laquelle elle avait un temple, et
oh elle avait été transportée , dit-on, par 0reste , de la
LETTRE lY.
(l) Le Danube seul séparait Tomes de la Colchide, on
Jason , fils d’Æson, pénétra pour enleverla toison d’or.
l’auride.
(2) Péliaa , oncle paternel de Jason, qui régnait dans
(8) Ou croyait qu’lsis privait de la vue nous qui,
après avoirjuré par son nom , violaient leur serment.
la Thessalie , craignant d’être détroué par son neveu ,
l’envoya dans la Colchide pour v enlever la toison.
d’or.
DE"!!! Il.
(l) CeFabius Maximes était u des favoris d’Augusts,
(5) Les deux parties du monde, orientale et occidentale.
OVIDE.
830
LETTRE Vil].
Il) On appelait ainai i Rome une eau qui y était
LITRE! V".
(l) Nous nepeosona pas, commeqnelqnea traducteurs,
amenée par un’ aqueduc; son nom lui venait de ce
qu’Ovide parle ici de certains compagnons de a.
qu’elle avait été découverte , dit-on , par une jeune fille.
voyage , qui l’auraient pille :si cela était Ovide ne maquerait par de s’en plaindre pina d’une fois. Or, ille
Voyez lea notes du Triste], liv. lll, élég. XI], note 2.
(î) Sulmone, patrie d’Ovide, est dans le paya des
Pélignea.
(5) La voie Flaminia allait jusqu’à Ariminium. en
traversant l’Ombrie, et se joignait h lavoir: Clodia h
enfeu dis milles de Borne.
l’en est jamais plaint. Il est probable au contraire qa’ü
a’agit ici de quelques-uns de ses amis de Borne, de la
façon de cet ennemi auquel ( Ibis, vers 29) il reproche
de vouloir s’emparer de ses dépouilles; ce qui mit
arrive , ai Auguste n’eut par conservé au pour son patri-
moine.
LETTRE Vin.
LETTIB rx.
(l) Aulne Cornélius Gelaua, au rapport de Quintilien,
était un homme d’une vaste érudition. ll- a écrit aur la
rhétorique, aur l’art militaire et sur la médecine.
(I) La portraits d’Auguste et de César.
(S) Le palais de César.
LETTRE l!-
(2) Arbre de la hauteur du palmier, dont les fruita
sont Iernblablea à ceux de la vigne. On en tire un parfum
très-précieux. (Pline, liv. XII, ch. la.)
(l) Cotya estIenom de plusieurs noir deThrm.
urne X.
LIVRE DEUXIÈME.
(l) Emiliua lacer, de Vérone, vonlntetre le fontinalteur de l’Iliade , qui a’arrûte , comme on rait, aux funé-
LEURS Il .
railles d’ileetor.
un" Il.
(t) Tibère était accgmpagne de Drnsna, non fila ,
et de Germanium Gérer, Ion neveu, qu’il avait adopü.
(a) Leapetits-ûlr d’Auguste avaient reçu le nom de
César.
(5) Sana doute Castor et Pollux.
(l) Castor était l’oncle d’flermione, et Hector celui de
lulu ; Ovide veut donc dire que , comme eux, lluiunst
l’oncle de sa femme; rapprochement peu juste, mir
daim.
(4) Meaaallinua , un des lieutenanta de Tibère, dans
LIVRE [7.
la guerre d’Illyrio , partageait avec lui les honneura du
triomphe.
nm: Will.
(5) Il appelle merdas son interceueur auprès du
(lésera , parce qu’il appelle ceux-ci arqueras.
m1! Il].
(l) Cetartiate est Apelles , née Goa, et cette l’ion.
son chef-d’œuvre , la Vénus laminent , c’est-MIN
sortant des flots.
(2) Cette statue était d’or et d’ivoire ; ce pauma
(I) Ovide avait été l’ami du père deMaximua.
de sa hanteur par la dimenaion de la Victoire qui M
(2) Il désigne ici le port de Brindea, ou il s’est
me. sur l’égide de la déesae; cette égide élut
d’environ quatre coudées. Phidias osa graver Il M-
embarqué pour son exil.
aurle piédeatal , quoique-nia fut interdit au unifia,
LETTRE V .
(I) Le triomphe de Tibère. Voy. lettre l , liv. Il.
(2) On voit que les anciens ne dédaignaient pu de
recommander à l’orateur de prendre des attitudes et de
disposer sa robe d’une manière propre à prévenir son
son: peine de mort.
i5) VOL lur Calamia et ses chenus, Pline, liv.
mW, ch. 8.
(A!) Myron , statuaire célèbre, surtout par une mil
dont Pline vante la perfection.
auditoire.
LETTRE Il,
(3) Lethyne était une pique entourée de pamprea
de vigne et de feuilles de lierre que les bacchantea
agitant dune les fêtes de Bacchus. Suivant le commenlatent Myrillua, le thyrse eat ici considéré par Ovide
comme l’emblème de l’éloquence ; la couronne de lau-
rier, au contraire, eut l’emblème de la poésie. Nous
partageons ce sentiment.
(l) Le Sévère dont il s’agit ici est apparemmeul
Coméliua Séverns, dont parle Quintilien (lut. ont
liv. 40.)
(2) Le! Coralles étaient un peupla habitant labri!
de l’l-Ïuxin.
LES PONTIQUES. - NOTES.
83!
, que Pline dit avoir été un philosopha et non un potto
2 (liv. XXXIV, ch. 1X).
LETTRE Y.
(l) Il s’agit ici du temple élevé par Jules César à
Vénus, dont il prétendait descendre par son fils Énée.
LETTRE KV].
(2) Ce Germanicus était appela le jeune, à cause de
son père , Drusus Néron Germanicus. C’est celui-là qui
vengea la défaite de Varus et dont Tacite fait un si grand
éloge. Il fut père de Caligula et grand-père de Néron.
(l) Domitius Muses fut un poète célèbre , au temps
d’Anguste. - Rabirius Fabius le range parmi les
I poètes épiques.
(2) Emilius Macer a écrit sur la guerre de Troie,
d’où l’épith’ete lituus que lui donne Ovide. - C’estb
LETTRE 1X.
Perle Albinovanus qu’est adressée la lettre X de ce qua-
(l) Lorsqu’on faisait une vente ou une adjudication
publique, on plantait une pique qui était le signe ou
l’annonce de cette adjudication. -- Les revenus publics
s’affermaient pour un lustre ou cinq ans.
(2) Le dictateur avait vingt-quatre licteurs , tandis
trième livre. Ovide lui donna le nom de aideras, à causa
d’un poème qu’il composa, dit-on, sur les astres.
(3) C’est i Cam qu’est adressée ,l’épltra Xlll ci-
dessus. Il avait fait une Héracléide, ou poemo en
l’honneur d’Hercule.
que le consul n’en avait que doura. C’est que la dictature
n’était qu’une magistrature extraordinaire et en dehors
carmen ragote, parce que les crimes et les passions
de la constitution, tandis que le consulat était et demeu-
d rois faisaient le sujet des tragédies.
rait toujours , nonobstant les circonstances , la plus
haute charge de l’état.
(5) Ce mot varie dans les manuscrits de huit ou dis
manières; le véritable nom est en effet Trosmin, en
(é) Cornelius cherus, poète tragique. - Ovide dit
(5) Trois poetes inconnus. .
(6) Jules Montanus, poète ami dcTibere.
(7) Sabinus est célèbre par une bérolde, en réponse
grec Tpauaptç ou Tpôaluç . C’était une ville de la basse
i la lettre qu’Ovide adressait i Ulysse au nom de
N’aie.
Pénélope.
(8) Anténor, vieillard troyen, vint en Italie après
la prise de Troie , et fonda Padoue.
LETTRE X.
(l) Celui-ci se nomme Cales Fado Albinovanus,
ri l’autre, auquel Horace adresse aussi une épure , se
nomme Cclsus Albinovanus.
(2) Éole , fils d’Hippotas, remit à Ulysse des outres
qui enfermaient les vents, pour la commodité ds son
voyage. (Met, liv. XIV, v. 229.)
(3) On voit ici qu’Albinovanus était poète , et que
Thésée était le sujet de ses chants.
(9) Tuscus est inconnuo; Heinsiua croit qu’il faut
lire Fuseau.
(t 0) On ne sait pas non plus quel est ce poète.
(H) Trois poètes inconnus.
(12) Voy. let. Il! de ce livra , v. 27.
(il!) Peut.étre Pomponins Raina.
(H) Auteur inconnu.
LETTRE X1.
(15) Melissus est auteur de comédies appelées Twa’œ,
(l) Junius Gallio fut le père adoptif d’Annarus
Novatus , frère de Sénèque le philosophe,et qui fut pro-
consul d’Arhale au temps de la prédication de saint
Paul, i Corinthe. (Voy. Actes des Apôtres, ch. XVllI.)
LETTRE X111.
(i) Ovide avait fait un poème en langue gétique, i
suivant la scoliaste d’ilorace.
(la) Quinctilins Varua , de Crémone , ami de Virgile
et d’Horace, poète particulièrement fort vanté par
celui-ci.--Graccbus, poète du méme temps, lit, comme
Varus, une tragédie de Thyflte. ’
(t1) Fabins parle d’un Proculus qu’il met au promit
rang des poètes élégiaques ; c’est tout ce qu’on en sait.
la louange d’Angustc.
(t8) Virgile est ici désigné par le titre de sa première
2) Tibère, fila d’Auguste par adoption.
églogue.
(5) Germanicns le jeune , fila de Drusus, et adopté
par Tibère; et Drusus, tils naturel de Tibère.
LETTRE MW.
(20) Auteur inconnu.
(l) Hésiode, le chantre de. travaux et a." jours, et
arum unie. nant d’Ascrs’ en Béotie.
03 a
(I9) Gratins est auteur d’un poème sur latinisas,
qui est venu jusqu’à nous.
(2]) Capella est auteur d’élégîes qui ne nous au!
point parvenues.
(2) C’est Metrodonta Sceptius dont il s’agit ici et
(in) Voy. la lettreV du liv. Il].
«A --.-.I.-r -- -