Villars
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Villars
Club les Domaines Claire Villars Bordeaux La princesse aux raisins En l’espace de 15 ans, elle a su propulser ses châteaux au rang des meilleurs dans la hiérarchie vitivinicole de Bordeaux. Malgré ce succès, Claire Villars est restée fidèle à ellemême et continue d’œuvrer pour l’amélioration constante de la qualité de ses vins. Texte : Barbara Schroeder et Rolf Bichsel Photos : Rolf Bichsel «Même si personne ne veut me croire : je préfère produire du vin que le vendre», dit Claire en riant. Claire Villars-Lurton, propriétaire viticole, petite-fille de Jacques Merlaut, roi des vins de Bordeaux, épouse de Gonzague Lurton, de Château Durfort Vivens, et, par ce fait, membre de deux des dynasties viticoles légendaires de Bordeaux, ne tient pas en place sur son canapé Louis XVIII à Château Ferrière, où est-ce plutôt du Louis XVI ? «Je n’en sais rien et je m’en fiche. Ce qui compte c’est qu’il soit confortable et me plaise. Je n’aime pas la confection, mais le joyeux V I N U M décembre / janvier / février 2009 / 2010 mélange des styles. Ferrière, c’est moi qui l’ai décoré et pas un décorateur. J’aime les marchés aux puces, les brocantes et les vide-greniers.» Le portable sonne. «Non, non, oui», répondelle sur un ton aimable, mais lapidaire, comme si elle avait un train à prendre. Cette jeune femme turbulente de qua- «Je préfère produire du vin rante ans, mère de trois enfants et resque le vendre». ponsable de quatre châteaux bordelais Claire Villars-Lurton de renom, est une boule d’énergie pure, un diable de femme, un joyeux lutin, travaillant dur, mais toujours gaie. Claire Villars, une œnologue née ? «Franchement, non. J’étudiais la chimie et l’archéologie à Paris lorsque mes parents, propriétaires du 15 Club les Domaines Claire Villars gère ses propriétés depuis son quartier général au Château Ferrière. Le château est éloigné du vignoble de quelques pas seulement. La vigne croît sur des sols profonds de graves sur un socle calcaire. Le terroir de Château Ferrière est plutôt aride. À gauche, une parcelle de jeunes vignes qui donneront du grand vin dans quelques années. V I N U M Dezember 2009 Le Cabernet (à gauche) est l’un des cépages les plus importants du Médoc. Passionnée de vin, Claire Villars s’adonne également à son goût pour la décoration au Château Ferrière (à droite). «On a suivi à l’époque les tendances à la mode.» Claire Villars-Lurton V I N U M Dezember 2009 Photo : Rolf Bichsel Club les Domaines Durant ses douze années d’existence, le Club les Domaines a permis à ses membres d’accéder à un large choix de vins de première qualité. Ces vins sont toujours sélectionnés auprès de domaines exceptionnels, souvent inconnus du public. Cette fidélité des membres du Club montre à quel point ce concept est apprécié des amateurs de vins les plus exigeants. Alors, vous aussi, découvrez nos vins élus en souscrivant à notre abonnement à l’essai ! Vous trouverez les modalités d’inscription et de plus amples informations par téléphone au : 0 0800 366 246 37, sur le site : www.clublesdomaines.com, ou sur La carte du club n°3 située en fin de ce numéro. Château Chasse Spleen, disparurent brutalement dans un accident. Je n’avais pas le choix : il fallait que quelqu’un s’occupe de la propriété. Je me suis donc inscrite à la faculté d’œnologie de Bordeaux où j’ai rencontré Gonzague. J’ai plongé dans l’univers des bordeaux tout en gérant aussi les autres propriétés de ma famille, car, outre Chasse Spleen, il y avait Citran, Gruaud Larose, Ferrière, la Gurgue, Haut Bages Libéral…» Mais devenue une vraie passionnée de vin, l’œnologue fraîchement diplômée ne peut pas vraiment «s’éclater» à ChasseSpleen. La propriété est célèbre, les vins jouissent d’une renommée internationale et se vendent tout seuls, leur qualité ne faisant aucun doute. «Je ne pouvais que pérenniser l’existant, il n’y avait rien à parfaire. Quand, en 2000, nous avons partagé les propriétés viticoles du groupe Merlaut entre les membres de la famille, j’ai postulé pour Ferrière, la Gurgue et Haut Bages. Il y avait encore pas mal de choses à faire. Aujourd’hui, c’est ma sœur Céline qui s’occupe de Chasse Spleen.» Les premiers millésimes de Ferrière avaient un côté plaisant, avec la finesse des margaux, très boisés également, «modernes», vinifiés selon les technologies en vogue de l’époque, fermentation malolactique en barriques, etc. «Bien sûr, Ferrière devait d’abord faire ses preuves sur le marché – pendant 40 ans, ses vins avaient servi à l’assemblage du deuxième vin de Château Lascombes. Et, bien évidemment, on les vins du coffret club présentés actuellement Château Ferrière 2006 Château Haut-Bages Libéral 2006 Château Domeyne 2006 Vinification en cuves inox et béton, avec contrôle des températures, élevage en barrique durant 20 mois, 40 % de bois neuf. Vinification dans des cuves en inox et béton thermorégulées, élevage en barriques pendant 18 mois, fermentation malolactique en barriques, 40 % de bois neuf. Vinification traditionnelle dans des cuves en inox et en béton thermorégulées, élevage en barriques pendant 12 mois, 20 % de bois neuf. Cépages : Cépages : 70 % Cabernet Sauvignon, 80 % Cabernet Sauvignon, 25 % Merlot, 5 % Cabernet franc 20 % Merlot. et Petit Verdot. Cépages : 40 % Cabernet Sauvignon, 60 % Merlot. À boire de préférence : 2012 à 2018 et plus. À boire de préférence : 2010 à 2015 et plus. À boire de préférence : 2012 à 2020 et plus. Mariage : Mariage : Mariage : avec de la volaille rôtie, du avec des grillades, une côte de avec une cuisine du terroir, des pigeon, de la pintade ou de la bœuf, un rôti ou du gibier. terrines ou du magret de canard. perdrix. 18 a suivi à l’époque les tendances à la mode.» Tout en en tirant des enseignements. Car aujourd’hui, toujours commercialisé à un prix très intéressant, Ferrière est l’un des margaux les plus authentiques, les plus élégants et les plus raffinés. Bientôt la biodynamie ? Une fois dans les vignes par 30 degrés, on comprend pourquoi. Comme toujours dans l’appellation Margaux, les parcelles sont dispersées, certaines avoisinant le fameux Château Margaux. En grattant – difficilement – le sol, pour en prendre une poignée, on remarque beaucoup de graves, un peu de calcaire, du sable, peu de terreau, peu d’argile. Deux grappes par vigne, alors qu’on en compte seize chez un voisin inconnu plus près du fleuve. L’herbe entre les ceps est verte, les vignes souffrent à peine de sécheresse. Les grappes sont éclatantes de santé. «Mon prochain objectif est la viticulture biodynamique. Gonzague commencera l’année prochaine. Je vais en prendre de la graine, et si c’est faisable, et si mon équipe veut bien me suivre, j’appliquerai cette méthode à tous mes châteaux. On ne peut pas parler constamment du terroir sans faire quelque chose pour le protéger.» Or, aujourd’hui déjà, les vins de Claire Villars comptent parmi les plus authentiques de la région. Cela vaut également pour Château Haut Bages Libéral, bien plus carré que Ferrière, mais particulièrement élégant pour un pauillac. Après quelques années de garde (six à dix ans), ce vin séduira surtout par ses arômes très complexes. Depuis 2006, Claire et son époux Gonzague possèdent également une propriété en commun : le Cru bourgeois Château Domeyne, à Saint-Estèphe. «Cela faisait des années que nous souhaitions mener à bien un projet commun et on a cherché partout dans le monde – pour finalement trouver notre bonheur à Saint-Estèphe.» Avec 9 hectares de vignes et une production d’environ 50 000 bouteilles, Domeyne est d’une taille comparable à Ferrière, et donc parfaitement complémentaire. «Un nouveau défi», nous lance Claire souriante, avant de disparaître en virevoltant. V I N U M décembre / janvier / février 2009 / 2010