Le magazine de l`association
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Le magazine de l`association
L e m a g a z i n e d e l ’ a s s o c i a t i o n « P ê c h e d e l a Tr u i t e » Mouche: la pêche en nymphe La rubrique du tocqueur Vairon: La cuiller à vaironner Technique: choisir sa canne à mouche Leurres: Le poisson nageur à l’UL N°4 - Décembre, janvier, février 2007 Le monde de la Truite est un magazine électronique édité Par l’association « Pêche de la truite » http://association.pechedelatruite.com [email protected] Rédacteur en chef Edito Etre responsable ! M ême si certaines âmes bien intentionJérôme Aussanaire [email protected] nées ne manquent pas de nous démontrer régulièAdjoint de rédaction rement, études à l’appui, qu’il existe des rivières qui Christophe bouet conservent un cheptel salmonicole très acceptable Ont collaboré à ce numéro malgré la pression de pêche qu’elles subissent, combien Jérôme Aussanaire d’autres au contraire en souffrent de manière chronique ? Christophe Bouet Pour s’en persuader, il n’est nul besoin de s’enfermer Xavier Hudry derrière des chiffres dont on pourrait là aussi émettre Jean-Denis Pouget quelques doutes dans leur interprétation mais plus baChristophe Chambon siquement d’aller se promener au bord de certaines réJean-Benoit Lambert Denis Chazaud serves pour constater que lorsque les pêcheurs ne sont Marc Méret pas là, les truites sont en quantité beaucoup plus imArnaud Gény portantes que dans le reste du cours d’eau. De la même Nicolas Germain manière, les secteurs « sans tuer » montrent des populations généralement bien supérieures à celles de la rivière. Abonnement La dégradation progressive de la productivité de ces http://www.pechedelatruite.com/article. cours d’eau, qui s’est vu considérablement accentuée à php3?id_article=327 cause des années de sécheresse successives que nous venons de vivre, les rendent particulièrement vulnérables Photo de couverture malgré la baisse des effectifs dans les rangs des pêcheurs. Ainsi, avec des populations de salmonidés très netteChristophe Bouet ment inférieures à celles présentes avant l’été 2003, la pression de pêche exercée, même si elle est en constante diminution, ne peut qu’accentuer ce phénomène. Certains pêcheurs ont déjà pris conscience de ce déclin et se limitent d’eux-mêmes… Mais combien sont-ils ? Des mesures simples et temporaires pourraient pourtant accélérer la recolonisation de ces cours d’eau comme par exemple la création de réserves actives ou encore la diminution du nombre de prises. Et pourtant certaines fédérations s’évertuent encore à jouer la carte de l’éternel optimisme malgré les faits et les mises en garde qui leurs sont faites, laissant entendre à qui le veut que tout va bien afin de ne pas perdre de nouvelles cotisations. Ce manque de discernement est en train de détruire ce qui reste de notre patrimoine salmonicoConception du logo le et à force de scier la branche sur laquelle nous http://lithium-prod.com/ sommes assis elle finira à terme par se briser. La reproduction totale ou partielle des Avons-nous décidé de ne laisser que des souvenirs ou des photos et des manuscrits est interdite, envies d’évasions hors de nos frontières pour que les prosauf accord avec la rédaction et/ou avec chaines générations de pêcheurs puisse vivre leur passion ? leur auteur respectif. Le monde de la Truite La rédaction. Page - - Sommaire Editorial Page 2 Shopping de noël Page 7 Infos Page 9 Mouche: la pêche en nymphe Page 10 Montage: La Pat(te) de mouche Page 17 Shopping Page 19 La rubrique du tocqueur Page 20 Un appât de choix: le ver Page 22 Littérature: Avec Dame Fario de Léon Foch Page 24 Technique: choisir sa canne à mouche Page 28 Le monde de la Truite Page - - Sommaire Interview: Daniel Rojon Page 33 Internet: Truites & Rivières Page 41 Récit: Coup du soir de Marc Méret Page 43 Un métier: moniteur-guide de pêche professionnel Page 48 Association: charte du pêcheur responsable Page 52 Association: rendez-vous membres septembre 2007 Page 54 Shopping Page 56 Infos Page 58 Vairon: la cuiller à vaironner Page 59 Leurres: Ultra-léger et poissons nageurs Page 64 Le monde de la Truite Page - - Le monde de la Truite Page - - Boutique de l’association V oici en nouveauté pour cette fin de saison une casquette 100% coton et très agréable à porter en action de pêche. Elle a été réalisée spécifiquement sur nos recommandations, tant dans sa forme que dans ses couleurs. Conçue avec une large bande de transpiration, une très esthétique boucle en métal inoxydable pour son réglage, une longue et large visière plus sombre que la tête afin d’améliorer la visibilité par forte luminosité et enfin avec une solide et fine broderie présentant le logo « pechedelatruite.com. » Taille : Unique réglable Coloris : Gris pechedelatruite et vert nature pour la visière Prix : 9 euros + 3,90 euros (frais de port et d’emballage) soit 12,90 euros Une réduction de plus de 20% est consentie aux membres de l’association «Pêche de la truite» portant le prix de la casquette à 7 euros soit 10,90 euros au total* (les frais d’expédition et d’emballage restant incompressibles). Pour commander, veuillez adresser votre chèque libellé à l’ordre de «Association Pêche de la truite» à l’adresse du siège social de l’association : Pêche de la truite, Casquette pechedelatruite.com, 35 rue Pierre Sémard, 18400 St Florent sur Cher. Merci de précisez sur papier libre l’adresse de livraison. *Pour les membres de l’association «Pêche de la truite» Merci d’indiquer au dos de votre chèque votre numéro d’adhérent. Le monde de la Truite Page - - Shopping de Noël R eproduction de truite Reproduction d’une illustration de Charles Gaidy sur papier de qualité. Taille 30cm x 24cm Prix: 10 euros http://www.pecheur.com/achat-reproduction-truite-de-charles-gaidy-18028. html?affilie=3253 C hèque cadeau Pour être certain(e) de ne pas vous tromper laissez lui choisir ses cadeaux ! Choisissez le montant et rédigez votre message personnel ! Prix: à partir de 20 euros http://www.pecheur. com/achat-cheques-cadeau-pecheurcom-4061. html?affilie=3253 Le monde de la Truite Page - - D VD Carnet d’un moucheur Dominique Nicolas, membre fondateur et ex-compositeur du groupe Indochine vit toujours pour la musique et la pêche à la mouche ce qui lui permet de s’évader de son métier très prenant. Une ballade au coeur de la nature au cours de laquelle il nous faire part de ses sensations d’artiste, de ses rencontres avec les autres pêcheurs et des bilans de ses sorties qu’il note sur un carnet : le carnet d’un moucheur.» - Durée: 50 min. Prix: 22 euros http://www.pecheur.com/achat-dvd-carnet-un-moucheur-17281.html?affilie=3253 L a flasque William Joseph En acier inoxidable gravée au laser du logo William Joseph, la flasque, d’une contenance de 18 cl, pourra contenir suffisamment de ‘‘carburant’’ pour vous réchauffer lors des froides journées d’hiver. Prix: 30 euros http://www.pecheur.com/achat-flasque-william-joseph-7204.html?affilie=3253 D VD Truites en grandes rivières Laurent Jauffret vous invite à découvrir la pêche de la truite au toc en grande rivière au travers de combats épiques avec de gros poissons et des images impressionnantes de grosses truites - durée : 54mn Prix: 22 euros http://www.pecheur.com/achat-dvdtruites-au-toc-en-grandes-rivieres23767.html?affilie=3253 Le monde de la Truite Page - - Infos Voici en exclusivité le logo de votre revue! R éalisé en association avec la société Lithium-prod, ce logo est le fruit de la réflexion entamée il y a quelques semaines afin de donner un visuel attrayant à votre revue préférée! Nous espérons que vous trouverez celui-ci en adéquation avec le contenu et la ligne directrice de ce cyber magasine et que vous lui ferez un bon accueil. «Les Fous de Pêche» V oici venu un recueil de nouvelles écrit pat Marc Méret afin d’enrichir votre culture halieutique. Pour les lecteurs assidus de la revue, l’auteur n’est pas un inconnu puisque plusieurs de ses textes ont été mis en avant dans la rubrique récit et pourront vous donner une impression quand à la richesse de ses histoires. 160 pages, 19 nouvelles. Prix 12 euros. Port gratuit pour les inscrits du site «Fous de pêche: http://pagesperso-orange.fr/fousdepeche/» sinon ajouter : 2 euros Dédicace possible sur demande Pour toute commande : Marc Méret 17 rue des Vignes 60112 VERDEREL ou http://www.truitesetrivieres.com/topic2/index.html Le monde de la Truite Page - - Mouche La pêche en nymphe Bon nombre de pêcheurs hésitent avant de pratiquer la pêche à la nymphe, technique qu’ils pensent être plus difficile à maîtriser que la pêche en sèche ou en noyée. Cependant, plus facile à apprendre qu’on veut bien le laisser croire, cette technique de pêche à la mouche est devenue incontournable pour le moucheur et probablement l’une des plus productives. Petit tour d’horizon d’une technique aussi subtile que passionnante. Texte: Christophe Bouet Photographie: Christophe Bouet, Jérôme Aussanaire et Philippe Gonnand I l fut un temps ou l’absence de gobages sur une rivière était synonyme de pêche en mouche noyée. Ce « ratissage » systématique de tous les courants susceptibles d’abriter des truites en activité était certes rentable mais nombres de postes, notamment en bordure, étaient bien souvent ignorés. Ainsi, pour aller chercher les poissons qui se trouvaient en dehors des veines de courant habituellement « peignées » avec une mouche noyée, les premières présentations « travers » ou « amont » firent leur apparition. De la même manière, les mouches prirent progressivement du poids afin d’aller chercher au plus profond des truites qui refusaient de monter chercher sous la surface une mouche noyée. Ce changement radical de technique de pêche donna naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui la pêche à la nymphe. Ainsi, certains pêcheurs imaginatifs et innovants comme Jean-Pierre Guillemaud, plus connu sous le sobriquet de PIAM, ont développé une technique à part entière visant à exploiter un niveau d’eau qui ne l’était pas jusqu’alors en proposant aux truites des insectes pendant leur stade larvaire. Le monde de la Truite Page - 10 - Un matériel adapté Il est bien évident que pour pêcher avec des mouches parfois très lourdes, il était nécessaire de faire aussi évoluer son matériel. Ainsi, les cannes à mouche sont devenues plus puissantes et plus rapides afin de pouvoir propulser des nymphes lestées de plombs puis plus récemment de tungstène. De la même manière, ces cannes possédant une forte action de pointe devaient être vite mises en action par une soie lourde en tête. C’est pourquoi des profils de soies plus massifs en tête de ligne comme par exemple les fuseaux décentrés WF se sont d’avantage développés et que des soies comme les triangles taper TT ont fait leur apparition pour palier à ce besoin de rapidité de mise en action de la canne. En général, dictée par la rivière que l’on va pêcher et surtout par le poids de la nymphe que l’on utilisera, la soie utilisée sera comprise entre les numéros 4 et 6 en considérant une soie de 5 comme un bon compromis d’adaptabilité et de polyvalence. L’action de pêche Le but de cette technique de pêche bien spécifique étant de présenter correctement une mouche artificielle dans la couche d’eau se situant entre le fond et la surface, il faut toujours savoir ou elle se trouve et à qu’elle profondeur elle évolue. Je sais pertinemment qu’il est plus simple de l’écrire que de le faire mais vous verrez qu’avec un peu d’habitude on finit assez facilement à « sentir » sa nymphe lorsqu’elle est sous l’eau un peu comme le fait un pêcheur aux appâts naturels lorsqu’il pratique cette discipline sportivement avec des lignes faiblement plombées. En matière de prospection, il est préférable d’effectuer des lancers trois quart amont et de laisser dériver sa nymphe jusqu’au travers de la rivière pour éviter les dragages moins perceptibles qu’avec une mouche sèche. De la même façon, on évitera de « coiffer » le poisson avec la soie ou le bas de ligne. Comme chaque rivière est différente et qu’elle ressemble rarement à un long fleuve tranquille, il est indispensable de pouvoir s’adapter pour être efficace. Ainsi, cette généralité de lancer trois quart amont peut être revue pour opérer directement vers l’amont, voir plein aval. Dans tous les cas, c’est la rivière qui décide et les veines de courants qui servent de postes aux truites en activité. Le plus difficile à appréhender dans cette technique est de pouvoir trouver la bonne profondeur en lançant sa mouche, plus ou moins lestée en fonction de la force du courant, suffisamment en amont pour qu’elle puisse « descendre » à la bonne profondeur lorsqu’elle va passer devant la truite repérée ou supposée. Ensuite, reste la maîtrise de la dérive en récupérant vite le mou créé dans la ligne pour pouvoir contrôler la dérive, de percevoir à temps le moment ou l’on devra ferrer et bien sûr d’éviter les dragages. En écrivant ces quelques lignes, je m’aperçois qu’il s’agit finalement des mêmes recommandations que l’on pourrait faire à un pêcheur qui pratiquerait en sèche avec l’exception près que cette fois-ci tout se déroule sous l’eau sans que l’on puisse voir la plupart du temps ce qu’il s’y passe. En conséquence, cette dimension supplémentaire impose une attention et une concentration toute particulière. Le monde de la Truite Page - 11 - Les indicateurs : une aide précieuse Comme je l’évoquais tout à l’heure, la perception du moment opportun nous permettant de deviner qu’un poisson à saisi notre nymphe n’est pas aisée lorsque l’on pêche en aveugle. Ce phénomène est d’autant plus délicat que l’on pratique en rivière rapide et que la soie ou le bas de ligne ne sera pas toujours simple à observer en fonction des zones de turbulences ou de luminosité. C’est pourquoi il est important d’utiliser un indicateur qui va nous permettre de suivre des yeux le trajet du bas de ligne et de déceler tout comportement anormal, aussi subtil soit-il. Il existe plusieurs types d’indicateurs qui vont du morceau de laine fixé sur le bas de ligne, de la mouche sèche en potence ou encore de la pâte synthétique flottante. Le repère visuel qui semble le plus utilisé est l’indicateur de type rigoleto. C’est une sorte de mini flotteur qui nous indique grâce à ses couleurs vives le comportement de la ligne. Nombreux sont ceux, trop puristes à mon goût, qui bannissent ce type d’indicateur sous prétexte qu’il s’agit à leurs yeux d’une pêche au « bouchon ». Laissons là ce genre de considération ridicule et efforçons nous plutôt de réfléchir pour optimiser sa technique plutôt que de s’entêter dans un intégrisme un peu dépassé. Pour en revenir à ces indicateurs de type rigoleto, j’ajouterais qu’ils sont particulièrement intéressants avec de petites nymphes sur des cours d’eau profonds avec un courant régulier. D’une part ils sont très visibles et d’autres part ils flottent bien et permettent d’effectuer un posé très en amont tout en conservant la nymphe à la bonne profondeur. Le morceau de laine ou encore le petit pompon de laine fluorescente verte, jaune ou orange est très utilisé en Amérique. Cet indicateur est assez intéressant en terme de visibilité mais comporte trop d’inconvénient à mon goût pour qu’il puisse trouver sa place dans mon gilet. Très gourmand en produit hydrophobe pour qu’il puisse flotter correctement, il devient très désagréable à utiliser lorsqu’il est imbibé d’eau que ce soit pour le lancer ou pour les dérives qu’il rend parfois difficiles. La pâte synthétique flottante que l’on malaxe pour la rendre plus souple avant de durcir au contact de l’eau me paraît la solution la plus pratique et la plus polyvalente. On peut choisir très facilement la quantité que l’on place sur le bas de ligne et la position peut être modifiée à tout instant. C’est probablement la méthode qui remporte le plus d’adepte grâce à sa simplicité et sa rapidité de mise en oeuvre. Une autre solution consiste à placer en potence une mouche sèche très flottante. C’est le cas des gros sedges fabriqués en poils de cervidés. Non seulement elles sont visibles mais en plus elles passent probablement plus inaperçues qu’une bille de polystyrène qui dérive en surface avec en prime la possibilité d’y prendre une truite. Le monde de la Truite Page - 12 - La pêche au fil Si la pêche avec indicateurs est souvent nécessaire lorsque la profondeur est au moins égale ou supérieure à la longueur de la pointe du bas de ligne, on peut toutefois s’en passer dans bon nombre de rivières françaises dès l’instant où les conditions de pêche et les débits sont corrects. C’est ce que l’on appel la pêche au fil. En fait, il s’agira de soigner particulièrement la dérive puisque seul le bas de ligne permettra de détecter les touches. Pour ce faire, l’ensemble soie / bas de ligne devra être bien rectiligne et à la limite de la tension afin de pouvoir réagir à la moindre traction. Pour faciliter les choses, vous devez graisser le bas de ligne juste avant la pointe. Cela l’empêche de couler et le rend bien plus visible. Par contre, la pointe doit être au contraire dégraissée à l’aide de produits spécialisés ou au pire avec du liquide vaisselle. C’est la jonction entre la partie flottante et la partie plongeante qui sera la plus indiquée pour visualiser une anomalie dans la dérive de la nymphe. La solution d’intercaler dans la fabrication de son bas de ligne un ou plusieurs brins de nylon fluorescent est récent et peut être intéressant en matière d’indicateur. Proposés dans des coloris blanc, vert ou orangé, ces nylons sont très visibles et permettent d’être vus dans des conditions de luminosité assez difficiles. Toutefois, et c’est là le défaut majeur de ce type de procédé, la différence de caractéristiques physiques entre le fil translucide composant le bas de ligne et le fil fluorescent que l’on aura intercalé ne permet pas à mon avis d’avoir un bas de ligne correctement équilibré et complètement progressif. Ce système, même s’il est perfectible peut toutefois rendre bien des services lorsque l’on manque d’expérience dans cette discipline. Ainsi, les dérives sont mieux contrôlées et les touches plus facilement détectables. Lorsque les truites prennent franchement, tout est très simple ; mais ce n’est pas toujours le cas, loin s’en faut. Il faut donc ferrer dès que le comportement du bas de ligne vous semble anormal. Il est toujours délicat d’expliquer et de définir la perception de la touche d’autant qu’il arrive parfois où l’on ferre pratiquement d’instinct sans pouvoir réellement expliquer clairement ce qui a motivé le geste. C’est aussi ce qui fait le charme de cette technique. La pêche à vue C’est une pêche vraiment sensationnelle tant dans l’émotion qu’elle procure dans la recherche des truites que dans les sensations éprouvées au moment de l’engamage de la nymphe. Cette technique consiste à s’approcher d’une truite en toute discrétion, de lancer sa nymphe sans éveiller ses soupçons et de la ferrer au bon moment. Pour ce faire, il convient de remonter la rivière discrètement en étant particulièrement économe dans ses gestes, sans provoquer de vagues si vous progressez en marchant dans l’eau et à fondre votre silhouette dans le paysage. Car si vous voyez une truite, il faut bien avoir à l’esprit qu’elle peut vous voir aussi ! Le monde de la Truite Page - 13 - Je ne serais que trop vous conseiller dans cette pêche de rester au maximum sur la berge lorsque la rivière n’est pas très courante. Non seulement vous aurez une bien meilleure visibilité mais vous pourrez plus facilement vous dissimuler à la vue d’une truite repérée en vous aidant de la végétation rivulaire. Pour la pêcher, le lancer arbalète sera alors le plus adapté en prenant la nymphe serrée entre vos doigts, en bandant le ressort de votre canne et en lâchant la mouche pour qu’elle puisse être propulsée jusqu’au poisson. Plus délicat en eaux courantes, pour repérer une truite il faut vraiment être minutieux et passer « au peigne fin » le fond de la rivière. Il faut alors déterminer un secteur et le diviser en petites portions d’un ou deux mètres carrés. C’est toujours agaçant de faire fuir une truite que l’on n’aura pas vue ! La pêche à la roulette Cette technique de pêche en nymphe est souvent mal considérée par les pêcheurs à la mouche qui la voient plus comme une pêche au toc qu’une véritable pêche à la mouche. Dans tous les cas, elle n’a pas son pareil pour la prospection des eaux agitées et /ou profondes. Elle est pratiquée avec des mouches très lourdes et est très efficace dans des eaux qui sont rarement exploitées par les techniques conventionnelles de pêche à la mouche. On utilise donc des modèles de nymphes fortement lestées et habituellement de grande taille pour essayer de faire « sortir » les truites de leur cache. La perception des touches est très variable et cela peut se traduire par un coup de marteau dans le scion ou un simple arrêt d’un millième de seconde dans la dérive. Comme à chaque fois, dès que vous avez un doute sur le comportement de votre ligne … ferrez ! En conservant la canne haute on peut sentir la nymphe rouler sur le fond et permet une réponse au ferrage très rapide. La pêche en fait assez simple ….. en tout cas en théorie. Le monde de la Truite Page - 14 - Il suffit en effet, de choisir une nymphe, pas trop petite si vous débutez dans la technique, et de la poser en amont du poisson repéré. Si vous manquez d’expérience, faite un réglage un peu en aval de la truite pour choisir la bonne densité de la mouche pour qu’elle puisse atteindre la bonne profondeur. Si la nymphe passe trop haut, c’est qu’elle est soit trop légère soit que vous ne lancez pas suffisamment en amont. Une fois la nymphe choisie, c’est à vous de jouer ! Avec un peu d’habitude et une certaine expérience, vous trouverez directement sans faire d’essai la mouche qui correspondra en terme de poids à la profondeur où se trouve la truite et vous saurez à quelle distance il vous faut la poser en amont. Ensuite, il vous faut effectuer un lancer dans la veine de courant qui conduira votre nymphe vers la gueule de la truite. Vous devez observer attentivement et en permanence la truite en poste sans vous soucier de voir ou non votre nymphe car c’est le comportement de la truite qui vous indiquera si elle prend ou non. En effet, le moindre écart et dans le meilleur des cas l’ouverture et la fermeture de la gueule de la truite seront les signes qu’elle a pris votre nymphe et que vous devrez ferrer. Parfois, ces signes ne seront pas aussi flagrants et c’est votre expérience et votre connaissance du poisson qui fera la différence. Car comme je me plais à le dire, la nymphe est une pêche d’instinct et d’intuition …. et c’est ce qui fait qu’elle est pleine de charme et d’intérêt. Le monde de la Truite Page - 15 - Le monde de la Truite Page - 16 - La Pat(te) de mouche MONTANA à BILLE La montana est beaucoup utilisé par les pêcheurs français en reservoir , facile à monter par les debutants . Formule de montage: Hameçon : ASHIMA n ° 8 à 12 tige longue Soie de montage : noire Cerques : Fibres de plumes de marabout noire ou orange Corps et boite à ailes : chenille noire ou blanche Thorax : chenille jaune cercler d’un hackle noir Lestage : bille or n° 3 Tête : soie de montage + vernis Enfilez la bille sur l’hameçon,fixez la soie de montage et allez à la courbure . Fixez les fibres de plumes de marabout et la chenille noire à la suite. Le monde de la Truite Page - 17 - Enroulez la chenille sur les 2/3 de la hampe, ne coupez pas le surplus, faire un nœud d’arrêt et repositioner la soie entre l’œillet et la bille ,bloquez celle-ci contre le corps. Fixez le hackle noir et la chenille jaune . Enroulez la chenille et cerclez avec le hackle Rabattre la chenille noire en attente sur le hackle,formez la tête et vernir. Le monde de la Truite Page - 18 - Shopping Livre «Truites & Rivières 2» Après le succès du 1er tome, Voici enfin la suite à ce livre! Ce livre est le fruit de la rencontre de pêcheurs de tous horizons et qui ont un point commun: l’envie de partager! C’est au travers de récits écrits par des pêcheurs de tous âges que vous prendrez place au bord de rivières et que vous vivrez de l’intérieur leurs histoires personnelles ou imaginaires. Réalisé en auto-édition, vous pouvez faire une pré-commande du livre «truites et Rivières 2» par souscription directement auprès de l’initiateur de cet ouvrage au prix unitaire de 10 euros (frais de port inclus). Pour commander: http://www.truitesetrivieres.com/topic2/index.html Le monde de la Truite Page - 19 - La rubrique du tocqueur Après la préparation du pêcheur, je vais vous parler du matériel. Texte et photographie: Jean-Denis Pouget La canne L ’ère du matériel lourd et encombrant est terminée. Dans les années 70, j’ai commencé avec une canne en bambou que mon grand père m’avait donnée. Cette canne, je l’ai toujours. Je pêchais avec 1m, 1m50 de fil fixé au scion. C’était une technique dérivée de la longue canne pratiquée dans le cantal. Cette canne, mon père l’avait améliorée, ajoutant des anneaux et un ramasse-fil fabrication maison (voir photo). Il n’y avait pas ou peu de choix dans les magasins. Par la suite sont arrivées les cannes en fibre de verre, plus légères et télescopiques. Un vieux pêcheur m’en a donné une, « fil intérieur » mais modifiée car le fil collait trop. Il n’y avait pas d’entretoise. Il avait ajouté des anneaux fixés par ligature et s’en servait comme ça. C’était une deux en un artisanale. Ce fut ma première « fil intérieur ». Par la suite j’ai repris les cannes de mon père, toujours des « fils intérieurs », de plus en plus légères au fur et à mesure que la technologie s’intéressait au monde halieutique. De nos jours les choix sont multiples: télescopique, téléréglable, fil intérieur, anglaise … c’est à chacun de trouver la canne adaptée à son style et aux rivières qu’il fréquente. On peut avoir du matériel à tous les prix que ce soit chez les détaillants, dans les grandes surfaces, sur internet ou chez des artisans monteurs. Ces derniers sont capables pour un prix raisonnable d’ajouter des entretoises à vos cannes « fil intérieur » ou de vous proposer un modèle personnalisé. Le monde de la Truite Page - 20 - Aujourd’hui je pêche avec deux modèles, une Garbolino Kevline, fil intérieur pour les parcours encombrés en ruisseaux et petites rivières. C’est une canne assez légère, rigide, avec suffisamment d’entretoises pour assurer une glisse correcte du fil. Elle a l’avantage d’avoir un talon téléréglable. Je l’utilise pour les parcours encombrés. Sinon, pour les rivières plus larges et dégagées, je possède une canne anglaise Delacoste natura-excel, très légère (moins de 200gr), polyvalente à action de pointe mais un peu fragile. Elle craint les chocs et les cisaillements du fil sur le scion. Mais son action permet de travailler le poisson d’une façon incomparable. Sensations nouvelles garanties avec une canne de ce type. Les moulinets Doit-on parler de moulinets ou plutôt de ramasse-fil. Il en existe une quantité variée pour tous les goûts. Après avoir eu un ramasse fil fabrication maison (voir photo), nous avons vite acheté les petits modèles type « Pratic » (poignée orange), « Perless » (modèle bleu) puis « Bam) (modèle Ritma). C’est un modèle auquel je suis resté attaché car il est rustique, robuste et ne m’a jamais trahi. Il suffit d’un entretien annuel (nettoyage et graissage) pour qu’il vous soit fidèle. Il existe aussi des moulinets capotés, ils ne m’ont pas séduit car je ne retrouve pas la simplicité d’utilisation du Ritma. Entre autre, le blocage du fil après un lancer n’est pas toujours sûr ce qui est très gênant au moment du ferrage. D’autres encore ont des modèles Pyrénéens. Ce sont des moulinets qui rentrent dans le talon de la canne et nécessitent quelques aménagements (trou pour la gâchette). Enfin depuis peu, le semi-automatique type « Vivarelli » est venu compléter cet éventail. C’est à chacun de trouver le matériel qui lui convient: budget, poids, équilibre et surtout efficacité. Le choix de la canne et du moulinet est important, ce sont deux outils essentiels dans la pèche. On doit se sentir bien avec ce matériel et surtout avoir de bonnes sensations. C’est à ce prix que dame fario sera conquise. Le monde de la Truite Page - 21 - Un appât facile, la teigne de ruche. Un appât de choix, le ver. Un appât à la portée de tous. Tous les pêcheurs ont utilisé au moins une fois un ver de terre pour pêcher, même le plus accroc des moucheurs l’a un jour mis au bout de sa ligne, lorsqu’il était encore qu’un pêcheur au toc, c’est la bouchée universelle de tous poissons. Quelques règles doivent cependant être respectées, aussi bien dans le choix des vers, mais aussi leur taille, leur couleur et bien sur leur provenance. Texte: Xavier Hudry Photographie: Xavier Hudry et Jérôme Aussanaire Le choix, pas si facile… N ous ne parlerons ici que de trois « variétés » de ver, le ver de berge, le ver de terreau et le « tête noir », ou ver de jardin. Plusieurs critères peuvent être mis en avant pour le choix des vers employés, mais il me parait essentiel de choisir en fonction des disponibilités, difficile de trouver un ver de berge en ville, ou même un « tête noir », mais vous pouvez facilement trouver des vers de terreau, qui, préparés quelques jours avant la partie de pêche, conviendront à merveille. La taille des vers a une importance primordiale, INUTILE de pêcher avec des vers gros comme le bras, c’était de mise il y a quelques années, à la touche, le pêcheur laissait engamer la truite avant le ferrage, ce qui bien souvent se soldait par une opération chirurgicale pour récupérer l’hameçon. Il en découle donc, dans un souci de ferrer une truite proprement en lui laissant un maximum de chance de survie, de choisir des vers dont la taille se situe aux alentours de cinq centimètres, ce qui représente déjà une belle bouchée pour une fario. Le monde de la Truite Page - 22 - La couleur peut parfois faire la différence, un ver de berge bien rose se voit très bien sur un fond assez sombre, ce qui peut tenter une truite à se déplacer pour se saisir de cet appât, mais le contraire est tout aussi efficace, un « tête noir », donc comme son nom l’indique foncé s’utilise sur fond clair. Il ne faut en aucun cas faire une généralité de cette constatation, un ver de couleur claire peut très bien pêcher sur un fond clair… La provenance a aussi son importance. Les vers achetés sont conditionnés peu de temps avant la vente, ils sont donc très mou, avec beaucoup de liquide et de terre à l’intérieur. La solution n’est pas difficile, il faut préparer les vers un peu avant la partie de pêche, une quinzaine de jours sont suffisants, en les mettant dans un mélange composé de mousse (récoltée sous les arbres au bord de l’eau) et de marc de café. Il ne faut pas mettre trop de marc, les vers ne doivent pas sentir le café…. Vous déposez votre mélange dans une boîte aérée, au réfrigérateur, avec les vers, en prenant soin de ne pas verser la terre à l’intérieur ! En procédant de la sorte, vos vers vont se vider de toute la terre et autres liquide, devenir bien dur et facile à mettre sur l’hameçon, rien ne gênera le passage de l’hameçon. Il est possible d’élever des vers de façon assez simple, cet élevage sera le sujet du prochain numéro. Le monde de la Truite Page - 23 - Littérature Avec Dame Truite (Léon Foch – 1961) Présenté par Arnaud Gény F in 1999, sur mon insistance, Nicolas, mon beau-frère, accepte de me prodiguer ses premières leçons de pêche de la Truite aux appâts naturels . L’apprentissage commence durant l’inter-saison par la lecture de l’ouvrage de Pierre Sempé et de nombreux magazines halieutiques. Quelques séances de technique d’assemblage d’hameçons, de bas de ligne, de plombées viennent perturber mes séances de lecture. Quelques lancers et tentatives en deuxième catégorie tentent de mettre en application les premières recommandations. Mars pointe son nez, je me retrouve au bord du Doubs franco-suisse pour ma première ouverture et ce sous la neige... Le chemin va être long... Rivière large, difficile, pratique quasi nulle, technique peu assimilée, dérive hasardeuse, plombée tatillonne agrémentent les premières heures, les premiers jours. La fréquence des sorties et leur rapprochement permettent de progresser sensiblement sur la technique mais toujours aucune touche. Du poisson, il y en a, pour preuve, mes compagnons prennent du poisson. La méconnaissance du comportement de la Dame me conduit à la bredouille. Six mois se sont écoulés, le nombre de prises est dérisoire, quelques manches courtes, une sauvage. Lassitude, énervement, je pose la canne, j’observe, je réfléchis. Verdict je pêche mal, certes la technique n’est pas encore parfaitement maîtrisée, mais plus encore je n’avais pas pris en compte le paramètre essentiel. Je ne connais pas la truite, alimentation, habitat, comportement... Les réponses, je les ai trouvées dans le livre de Léon Foch : « Avec Dame Truite », publié en 1961. S’il existait un panthéon de la littérature halieutique consacrée à la truite, alors il y rejoindrait sans aucun doute les oeuvres d’Antoine Vavon, d’Albert Petit, Léonce de Boisset, du Docteur Barbellion, de Tony Burnand, de Charles Ritz, pour ne citer qu’eux. Le monde de la Truite Page - 24 - Léon Foch est pyrénéen, natif du Comminges. Né en 1898, il meurt en 1974, à 76 ans. Fils de Jules Foch, greffier de justice à Aspet, il appartient à une famille d’instituteurs. C’est cette profession qu’il exerça à Soueich, avec une originalité pleine de panache. Sa passion numéro un, c’est la chasse, viennent ensuite la pêche de la Truite et la course automobile. S’il a à son actif de nombreux exploits cynégétiques, il est surtout connu pour ses records affolant toutes les statistiques en matière de pêche de la truite. Quelques coupures de journaux des années 30 rappellent quelqu’uns d’entre eux : en 1928, 8 692 truites ; en 1929, 7 709 ; en 1930 : 9614. Il a atteint 10 203 prises en 1923 dont 317 truites le 14 août. Autre record, il réalise, devant témoins, la capture de 28 truites en 25 minutes. Un calcul pour l’année 1930, tenant compte de journées de pêches de 8 heures effectives, 140 jours de liberté pour un instituteur, donne pour moyenne 86 truites toutes les 60 minutes. Inutile de vous dire que ces chiffres me laissent rêveur et qu’ils ne sont pas prêts d’être égalés ou dépassés (en milieu naturel). Ces exploits répétés lui ont valu le titre de Prince de la Truite. Avec Dame Truite, il s’attache à expliquer la vie de la belle dans les moindres détails plutôt que de vanter les mérites de la dernière technique ou du dernier matériel à la mode. Ouvrage complémentaire à sa première prose, « l’Art de pêcher la Truite » paru dans les années 20, il en reprend quelques pages, croquis et principes. Son métier d’instituteur facilite la lecture, les explications sont empreintes de pédagogie, le vocabulaire est simple, précis. L’articulation des trente-neuf chapitres constitue un véritable parcours scolaire. Tour à tour livre de découverte, de lecture, de perfectionnement, d’enseignement technique, de cours magistral, il vous emmène dans une longue scolarité. Vous y entendrez parler d’alphabet, de lecture, du sens, de discipline... L’ouvrage est plaisant, passionnant, vivant. Son auteur vous accompagne de la première à la dernière page. Néophyte ou initié, chacun s’y laissera dériver, bercer par le verbe de l’instituteur. Cela reste toutefois difficile en quelques lignes de décrire toutes les subtilités de l’oeuvre tant les anecdotes ou conseils sont légions. Comment évoquer « Avec Dame Truite » sans s’attarder quelques instants sur quelques chapitres particulièrement savoureux. Que d’émerveillement lors de la promenade le long du ruisseau-alphabet, à l’écoute de la petite dizaine, aux recommandations d’obéir à la nature ou d’hâtez-vous lentement, à la leçon de la manoeuvre de la Truite ferrée, des vingt principes, conseils ou vérités... Les conseils de Maître Léon vous hanteront à chaque nouvelle sortie. Vos parties de pêche passées vous reviendront à l’esprit au fil de la lecture. Vous remettrez en question les actions menées alors, ce qui a été fait en bien ou en mal, ce qu’il aurait fallu faire et l’issue heureuse ou non de l’aventure. Le monde de la Truite Page - 25 - Il y a plusieurs façons d’aborder le livre, le compulser dans sa totalité, parcourir un chapitre précis ou encore de façon plus détaillée pour aller chercher un conseil, une explication spécifique ou un sujet précis. Quelque soit la méthode employée, le lecteur ne restera indifférent au contenu et à la forme. Indiscutablement, il aura envie d’en savoir davantage. Ce livre est un éveil à la Truite, à son monde. Sans leur compréhension, la pêche de la truite n’aura jamais tout son sens. Si la place de cette oeuvre est indiscutable, voire indispensable, dans la bibliothèque du pêcheur de Truite, il n’y prendra jamais la poussière tant il sera consulté. Il l’accompagnera jusqu’au bord de l’eau parce que celui-ci se posera la question, qu’aurait fait Léon Foch ? Comme le dit s’y bien l’auteur, l’instituteur ne fait pas tout. Il y a les bons et les mauvais élèves. Si vous avez la patience, l’envie d’apprendre, vous progresserez sans nul doute et vous entrerez dans le cercle fermé des bons élèves de Maître Léon. Si comme l’a écrit François Rabelais, vous en extrayez la « substantifique moelle », vous regarderez la rivière et ses hôtes avec un oeil nouveau. Vous prendrez du poisson. Ces quelques lignes n’ont pour but que de vous faire découvrir Léon Foch ou de susciter l’envie de lire cet ouvrage. Les fêtes de fin d’année approchant, pourquoi ne vous le feriez pas offrir ? Des exemplaires neufs ou d’occasion sont facilement trouvables, particulièrement sur les sites d’enchères. Les prix de vente sont tout à fait abordables et raisonnables, même pour l’édition originale, de 5 à 30 euros selon l’état et l’édition. Si par chance, vous possédez déjà le livre, alors remettez vous vite à sa lecture. Vous aurez l’impression que la fermeture n’est pas encore passée. Le monde de la Truite Page - 26 - Le monde de la Truite Page - 27 - Technique Choisir sa canne à mouche pour débuter Un débutant pourra apprendre à lancer une mouche artificielle assez facilement et en quelques heures pour peu qu’il soit motivé et qu’il possède bien évidement une canne qui lui convienne. Voici donc un petit récapitulatif de se qu’il faut savoir pour être guidé dans l’achat d’une canne qui accompagnera le néophyte dans ses premiers pas au bord de l’eau. Texte: Christophe Bouet Photographie: Christophe Bouet, DR et Jérôme Aussanaire L a pêche à la mouche à ce côté magique qui fait qu’elle attire de nombreux adeptes tous les ans mais qui en freine aussi certains d’entre eux à cause de cette fausse réputation d’être d’une part une pêche difficile et d’autre part que le bon matériel, et notamment la canne, coûte fort cher. Cet ancien préjugé qu’il est bon de faire disparaître rapidement n’a pu lieu d’être et vous trouverez sans aucun problème chez les détaillants en articles de pêche et dans les grandes surfaces spécialisées du matériel « mouche » très performant, agréable à utiliser, solide et esthétique à la fois et d’un prix très abordable. Ainsi, le débutant dispose d’un large choix de cannes à mouche qu’il pourra choisir en fonction des conditions habituelles de pêche qu’il aura à rencontrer par la suite et de bonne qualité pour qu’il puisse apprendre correctement et progresser rapidement. Même s’il existe des techniques de pêche à la mouche très particulières, un débutant commence rarement à pratiquer ces modes de pêche qui imposent du matériel spécifique. Ainsi, pour s’initier, il est conseillé de fixer son choix sur une canne classique de type « truite » pour la rivière. Le monde de la Truite Page - 28 - Les matériaux Pratiquement toutes les cannes sont fabriquées sur une base de fibre de carbone leur conférant un faible poids, des propriétés mécaniques très acceptables et un prix qui ne cesse de baisser. Il est bien évident que le coût d’une canne est essentiellement lié à la qualité du carbone qui la compose car elle peut être très différente en fonction du module, lequel s’exprime en pourcentage. Sachez toutefois que plus le module est élevé et plus le carbone employé possède des caractéristiques mécaniques importantes. En ce qui concerne les autres matériaux comme le Boron, les mélanges de fibres de carbone et de Kevlar ou encore le bambou refendu, ils restent des matériaux relativement coûteux qui ne correspondent pas forcément avec un premier achat. L’action La canne sert avant tout à propulser sa mouche à l’endroit souhaité et elle se doit donc de répondre avec précision à nos sollicitations. C’est en quelque sorte le prolongement de notre bras et c’est son action qui devra être en harmonie avec votre type de pêche et votre tempérament. Il existe 3 grands types d’action : Les actions paraboliques, les semi-paraboliques ou semi-rapides ou encore progressives et enfin les actions de pointe. Ces dernières sont dites aussi action rapide car elles ne se courbent principalement que sur l’extrémité supérieure du scion. Ce sont des cannes destinées en règle générale à la mouche sèche et à la nymphe. Elles entrent en action très rapidement et il ne faut pas hésiter à les « pousser » pour les faire travailler correctement. Les cannes progressives ou d’action intermédiaire sont des modèles que l’on pourrait recommander aux débutants pour apprendre à lancer et à pêcher. L’action de ces cannes concerne la moitié haute de celle-ci. Elles conviennent indifféremment à toutes les pêches à la mouche et « encaissent » bien les erreurs de lancer. Les cannes d’action lente, quant à elles, sont vraiment d’une utilisation spécifique. Elles sont dites paraboliques car elles travaillent sur pratiquement toute leur longueur. Elles restent réservées à la pêche en mouche noyée et je ne vous la conseillerais pas pour commencer car elle est peu polyvalente. Le monde de la Truite Page - 29 - La longueur La longueur d’une canne à mouche est toujours indiquée en pieds. C’est une mesure anglaise dont l’unité correspond à 30,48 centimètres très exactement. Pour les plus jeunes, on débutera de préférence avec une canne de 8 pieds ½ (environ 2,60 mètres) pour une soie de 5. Il aura là une canne très polyvalente et agréable à manier. Pour un adulte, une canne de 9 pieds portant également une soie de 5 ou 6 sera plus adapté à sa morphologie. C’est à mon sens le meilleur équipement pour prospecter toute sorte de cours d’eau que l’on rencontre habituellement. C’est d’ailleurs dans ces longueurs et cette puissance que vous trouverez le plus grand choix. La puissance Cette valeur est particulièrement importante puisqu’elle indique quels sont les numéros de soie que la canne est capable de lancer efficacement et sans fatigue excessive pour le bras du pêcheur. Quand la soie est bien adaptée à la canne qui va la propulser, cette dernière «travaillera» de manière parfaite et au mieux de ses qualités. Souvent, les fabricants donnent une fourchette de deux numéros qui sont notés sur la canne. Cette inscription, généralement # 4-5 pour une soie de numéro compris entre 4 et 5, est à prendre à la lettre. Pour débuter, je vous conseillerais d’utiliser la soie la plus lourde, soit une 5 pour cet exemple, qui est proposée par le fabricant. Attention toutefois de bien respecter cette fourchette car une soie trop lourde (supérieure à 5 pour notre exemple) «chargerait» trop la canne et vous auriez du mal à lancer avec précision une mouche artificielle par excès de poids. L’inverse est également vrai puisqu’une soie trop légère (inférieure à 4 pour notre exemple) ne pourrait charger correctement la canne obligeant le pêcheur à trop forcer sur la canne pour un résultat qui serait forcément mauvais. Le monde de la Truite Page - 30 - Le poids Une canne à mouche surprend toujours lorsqu’on la saisit dans les rayons d’un magasin. Toutefois, même si elle ne semble rien peser alors qu’elle se trouve dans son fourreau, il en est tout autre lorsqu’elle est montée au bord de l’eau et que l’on pêche avec pendant de longues heures. Il est donc, comme pour toute les techniques de pêche d’ailleurs, préférable de choisir une canne plutôt légère afin de profiter au maximum de son matériel pour vous éviter une fatigue inutile et de favoriser la précision du lancer. Une canne de type « truite » de 9 pieds ne doit jamais dépasser les 110 grammes et 100 grammes pour une 8 pieds ½. Si vous trouvez moins, c’est bien sûr parfait. La poignée Toutes les poignées sont fabriquées en liège, matériau traditionnel, solide, beau et très agréable au toucher. Il existe un grand nombre de forme de poignée dont les plus communes sont celles en forme de « cigare ». La forme n’a pas une grande importance même si on finit toujours par avoir une préférence. L’important est de bien « sentir » sa prise en main et que le diamètre de celle-ci corresponde à la taille de votre main. Pour les pêcheurs qui ont de grandes mains, le diamètre de 28 millimètres sera plus adapté alors que 25 millimètres sera conseillé aux autres ainsi qu’aux enfants. Le porte moulinet sera de préférence à vis car les systèmes à bagues, même s’ils sont esthétiques, ne permettent pas une bonne tenue du moulinet. C’est d’ailleurs un système qui tend à disparaître de plus en plus. Les anneaux Ils se présentent sous différentes formes, monopattes, avec ou sans insert de céramique ou plus traditionnellement serpentiformes dits également snakes. Les matériaux de fabrication les plus performants sont l’acier chromé dur, la céramique et l’oxyde d’aluminium. Il faut surveiller tout particulièrement la qualité de l’anneau de départ et l’anneau de pointe qui doivent être de très bonne qualité. En effet, ils subissent de grandes pressions et leur qualité est primordiale sous peine de voir la soie s’érailler très rapidement. Le nombre d’anneaux pour une canne de 9 pieds est d’environ 10 à 12 et garantit un guidage correct de la soie afin qu’elle ne fasse pas de « ventre » pendant le lancer. Le monde de la Truite Page - 31 - L’emmanchement et le nombre de brins Pour les cannes d’entrée ou de milieu de gamme, on les trouvent généralement en deux brins. On appelle le talon le brin qui porte la poignée et le porte moulinet et le scion le dernier brin pour les modèles de cannes en deux brins. Comme le coût de fabrication est bien plus important pour des cannes fabriquées en trois, quatre ou cinq brins, cette possibilité reste accessible habituellement sur des cannes plutôt situées dans le haut de gamme. C’est néanmoins un atout en matière d’encombrement mais dont le prix de la canne s’en ressentira forcément. En ce qui concerne l’emmanchement, c’est le système qui permet à deux brins de s’unir. Il est important qu’il soit de qualité car il va assurer la continuité de l’action entre les brins. On trouve le plus souvent un emmanchement inversé sur les cannes à mouche où le brin du talon entre dans le brin du scion (dans le cas d’une canne en deux brins). C’est un emmanchement solide qui possède l’avantage de bien transmettre l’action et qui s’use peu. L’emmanchement à spigot est de moins en moins utilisé car d’une part il est plus onéreux à fabriquer et possède l’inconvénient de s’user assez rapidement. La finition Contrairement à certaines cannes à lancer, les cannes à mouche sont habituellement sobres et d’une finition soignée mais sans « paillette ». En effet, les ligatures sont fines, légères et bien vernies afin d’assurer un maintien solide des anneaux. La canne peut être vernie ou non mais il est préférable dans le cas d’un vernissage que celui-ci soit plutôt mat afin de ne pas refléter trop de lumière qui pourrait alerter les poissons. En fonction de son prix, la canne est vendue avec un étui en toile, un tube en plastique, en cordura ou bien encore un tube en alu. Un tube rigide, quelque soit sa matière, est tout de même conseillé car il permet de bien protéger les quelques grammes de fibre de carbone des coups que peut prendre la canne lors des transports jusqu’au lieu de pêche. Le prix On trouve des cannes à mouche à tous les prix de 30 euros à plus de 1000 euros. Qu’en penser ? Pour une bonne canne de marque reconnue, légère et possédant une action agréable, capable de suivre les débuts du pêcheur puis de l’accompagner plusieurs années, il existe de nombreux modèles dont les tarifs sont compris entre 100 et 150 euros. En dessous, il vaut mieux être prudent, ce qui ne veut pas dire qu’un modèle convenable n’y figure pas. Mais avant d’investir des sommes plus conséquentes sur des modèles de haut de gamme, attendez de maîtriser correctement votre pêche et d’être un bon moucheur. Quelques marques proposent des ensembles « mouche » composés de la canne, du moulinet et de la soie. C’est l’idéal car le prix de ces ensembles est nettement inférieur à celui des mêmes éléments achetés séparément. Ces ensembles, généralement bien conçus, sont destinés aux débutants et permettent un apprentissage sérieux. Le monde de la Truite Page - 32 - Interview Cette interview a été réalisée par Nicolas Germain, président de l’AAPPMA de Crotenay. Elle présente Daniel Rojon, dynamique président de l’UPRA. M on invité n’est pas un compétiteur et encore moins un champion du monde et pourtant, il mérite autant de reconnaissance. Daniel est ce que j’appelle un vrai passionné, quelqu’un qui vit pour sa rivière qu’il défend bec et ongles et de surcroît un excellent pêcheur. Découvrez à travers cette interview cet homme hors du commun. Nicolas Germain : Salut Daniel, comme de coutume pour la première question, je vais te demander une petite présentation s’il te plait ? Daniel Rojon : J’ai 45 ans, je suis célibataire…(on dirait une annonce spécialisée…) Je suis pêcheur depuis….fort longtemps. Et pêcheur à la mouche depuis 23 ans, grâce aux amis Roland, Jeff et bien sûr Doumé qui m’ont communiqué cette passion. Quand je ne suis pas au bord de l’eau, j’exerce le métier de technicien analyseur entrecoupé de mes mandats de secrétaire du Comité d’Entreprise et de Délégué du Personnel de mon entreprise. Ah oui, j’oubliais ; comme tu va le voir, je suis bavard. NG : Daniel tu es le président de l’Union des Pêcheurs de la Rivière d’Ain ( http://www. basserivieredain.com/ ) , comment es tu arrivé à cette fonction et pourquoi ? DR : En entrant au GPS de Vienne en 1985, club dans lequel je me suis investi avec tous les copains dans la défense de la Gère, j’ai rencontré Jacques Boyko et l’ai rejoint en tant que secrétaire au sein de SOS Basse Rivière d’Ain, association dont il était alors président. Je lui ai succédé ensuite au poste de président. Cette association a fait beaucoup pour faire connaître les problèmes de la BRA et notamment ceux liés aux barrages EDF et autres micro centrales. C’est à la demande de Michel Contini (qui animait la défense de la BRA dans son antre du magasin « Le Thymallus » à Priay) que je me suis présenté au CA de l’UPRA en 1992. J’en suis devenu le secrétaire puis un des gardes-pêche puis…..le président parce qu’il en faut un et parce qu’il fallait bien prendre la relève de tous les passionnés qui avaient déjà amené l’UPRA dans la voie d’une gestion novatrice. Le monde de la Truite Page - 33 - NG : L’UPRA est un exemple de gestion pour un grand nombre d’AAPPMA et toi pour un grand nombre de Présidents, cela doit te rendre fier du chemin accompli ? DR : Je ne sais pas si l’UPRA est un exemple pour beaucoup d’AAPPMA. Je souhaite seulement que son expérience puisse servir les associations intéressées. Chaque fois que nous en avons l’occasion, nous conseillons du mieux possible ceux qui, perdus dans les méandres de l’administration de la pêche en eaux libres, ne savent pas comment faire évoluer leur réglementation (limitation des captures, création de no-kill, …). Notre site internet (merci Fabien) peut déjà leur apporter quelques réponses. Quant à être fier du chemin accompli, notre seule fierté à l’UPRA, c’est de pouvoir nous rendre au bord de l’Ain pour contempler et pêcher des ombres et des truites magnifiques dans un cadre relativement préservé à ½ heure de Lyon et de Bourg en Bresse. Pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte (pas besoin de manger du poisson pour cela, ….au contraire même) et qui se souviennent du terrible été 2003, c’est déjà une belle récompense. NG : L’UPRA c’est toute une équipe de bénévoles, mais malgré le fait que tu te mettes rarement en avant , l’UPRA ne serait jamais où elle est sans Daniel Rojon, d’où vient cette envie? DR : Je ne sais pas non plus si l’UPRA (et surtout la BRA) en serait là ou plus loin, avec ou sans moi. Ce que je sais, c’est qu’il a fallu beaucoup de bénévoles formidables pour parcourir ce chemin et je ne prétend être que l’un d’entre eux. Je profite de l’occasion pour tous les remercier (Gilbert, Momo, Adrien, Bernard, Alain, Bouboule et tous les autres, la liste est longue) pour leur travail considérable réalisé avec peu de moyens mais beaucoup de passion. Pour en revenir à mon engagement, disons que mon statut de célibataire me laisse plus de temps que d’autres à consacrer à l’UPRA et que mon obstination naturelle* me permet souvent de convaincre les copains de s’embarquer dans des projets qui semblent irréalisables comme, par exemple, la création de parcours no-kill en Domaine Public. Obstination naturelle : je suis têtu (jusqu’au-boutiste disaient mes profs) et j’ai un caractère de cochon. Le monde de la Truite Page - 34 - Daniel lors d’une pêche électrique avec les bénévoles de l’UPRA NG : Pour notre plus grand plaisir, parle nous avec tes mots, avec tes sentiments, avec ton vécu,.. de ta rivière, la mythique Basse Rivière d’Ain ! DR : Par où commencer ? Par une description sommaire : la BRA est une grande rivière de plaine aux eaux calcaires s’écoulant sur un lit de galets dont nous privent petit à petit les barrages. Mais elle est surtout, pour notre bonheur, une rivière peuplée d’ombres tout bleus et de grosses truites toutes zébrées. Je pourrai ajouter que la BRA est une rivière complexe (et pas seulement à pêcher) dont la survie estivale doit beaucoup aux apports phréatiques (si l’agriculture intensive lui en laisse un peu) et dont le fonctionnement biologique est hélas, comme d’autres rivières françaises, très perturbé par la présence des ouvrages EDF et de leur fonctionnement par éclusées. Mais, pour moi, la BRA est la rivière de mes débuts de moucheur (calamiteux en raison de ma grande dextérité naturelle). C’est grâce à elle que j’ai rencontré nombre d’amis et de bons copains. Grâce à elle, j’ai compris qu’on ne pouvait pas rester spectateur de la dégradation de nos cours d’eau. Grâce à elle encore j’ai pris le virus (incurable) de la pêche à la mouche qui m’a conduit, depuis, d’Autriche en Irlande (merci Vincent) puis en Patagonie, en Nouvelle-Zélande (merci Zarn), au Canada (merci Jérôme), au Yellowstone,… Même en revenant de ces contrées prestigieuses, je prends toujours autant de plaisir à arpenter ses rives, malgré les ronces, acacias, épines noires et autres joyeusetés végétales abondantes ici. J’éprouve toujours les mêmes sensations en rentrant dans ses eaux, malgré des waders pas toujours très étanches. Quant au spectacle des grosses truites qui s’échouent presque pour boulotter les gammares, je ne m’en lasse pas. Amis moucheurs, venez vous aussi assister, entre deux gobages, à la traversée d’un castor ou d’un sanglier, au ballet des hirondelles (très bon signe) et autres martins pêcheurs. En espérant qu’on puisse à nouveau, un jour d’automne, au moment précis où la brume se dissipe, poser nos culs de canard sur les gobages de Thymallus Thymallus NG : Vous avez une réglementation forte et protectrice du cheptel halieutique : 5 Km de no kill et le droit de conserver une truite et un ombre par jour seulement, le tout sous arrêté préfectoral, est ce que les difficultés pour en arriver là ont été difficiles à franchir? DR : Difficile n’est pas le mot. Disons qu’au départ, nous avions autant de chance d’obtenir cette réglementation que de prendre un ombre de 80 cm au Pont de Priay. Il nous a fallu Le monde de la Truite Page - 35 - beaucoup de persévérance pour convaincre du bien fondé de ces mesures (pourtant évidentes dans d’autres pays) la Fédération de Pêche, le CSP et enfin la DDAF qui administre la pêche mais qui ignore bien souvent tout de la vie piscicole. Il nous a fallu informer, pancarter et gardienner la rivière. Gardienner et gardienner encore car les viandards sont encore légion. Le pire c’est qu’ils prétendent nous donner des leçons de gestion piscicole. Tu peux me croire, remplacer le sempiternel « Y’en a plus, faut en mettre… » par une gestion raisonnée demande beaucoup d’abnégation surtout en Domaine Public ouvert à tous. NG : Encore une question sur la gestion , peux-tu nous exposer la problématique liée au fait que l’on ne puisse plus pêcher l’ombre en automne et crois-tu qu’un jour on pourra de nouveau taquiner maître thymallus le jour de noël sur les bords de l’Ain? DR : La loi du 10 novembre 1994 a supprimé la possibilité de classer certains cours d’eau comme « principalement peuplés d’ombres », classement qui permettait la pratique de la pêche de l’ombre à la mouche sur la BRA jusqu’au 31 décembre. Cette réforme de la loi-pêche est passée sous couvert de simplification de la pêche en France, parce que, dans l’esprit (fatigué) de certains, le déclin de la pêche française serait dû à une réglementation trop complexe ! Pour l’esprit simple que je suis, le déclin de la pêche en France me semble dû à la mauvaise santé de nos cours d’eau et au manque….de poissons (tu sais, ces bestioles à écailles dont on n’entend jamais parler, ou si peu, dans les réunions consacrées à améliorer la gestion piscicole). Bien que les esprits fatigués colonisent encore certains bureaux de gestionnaires, d’autres un peu plus alertes ont pris des places à responsabilité. Ce qui nous a permis, conjointement avec les autres AAPPMA locales et la Fédération de Pêche de présenter et de faire valider un plan de gestion par le Préfet dans le cadre du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion de la Basse Vallée de l’Ain). Seul problème mais de taille, ce plan (comportant un volet sur la pêche d’automne) ne peut voir le jour qu’après une modification de la loi-pêche. Et pour ce faire, il faut convaincre (à Paris… et c’est loin) les instances dirigeantes qu’adapter la réglementation au contexte local est parfois préférable à la simplification pure et simple. Nous conservons l’espoir de repêcher à l’automne la Basse Rivière d’Ain qui revêt alors un charme particulier (sans baigneurs ni canoës de surcroît). NG : Laissons maintenant le président et parlons du pêcheur, la basse rivière d’Ain permet d’évoluer avec des techniques différentes, qu’elle est ta pêche de prédilection? DR : Sans hésiter, la pêche en sèche des gobages et la pêche en nymphe a vue. Voir, comme en 2007, les grosses zébrées s’empiffrer de march-browns en pleine eau puis de gammares sur les bordures puis chasser sur les frayères de vairons : quelle motivation pour ce type de pêche et quels formidables souvenirs ! Comme beaucoup de pêcheurs régionaux, je préfère prendre de beaux poissons même en petit nombre plutôt que faire des fricassées de poissonnets… En espérant qu’un jour, on puisse prendre, en France, de beaux poissons en grand nombre comme c’est le cas dans certains parcours privés où dans certains pays (I have a dream, disait l’autre…). Le monde de la Truite Page - 36 - NG : Tu pratiques la nymphe à vue dès que les conditions le permettent et j’ai ouïe dire que tu avais fais une prise honorable en début de saison, raconte nous !! DR : J’imagine que tu penses à la fario de 76 cm du mois d’avril ? J’aurais aimé te conter un récit du genre : à 25 / 30 mètres, en revers et de la main gauche, sous un saule affleurant l’eau, à l’aide d’une pointe en 8 centièmes et d’un moucheron sur hameçon de 24, après une bagarre homérique de 2 h 45 mn, après avoir descendu 15 km de rives et franchi 3 barrages, j’ai mis au sec, seul, ce modeste poisson. La vérité, tu vas voir, est un rien différente. Nous remontions une bordure (disons entre Port-Galland et le barrage de Vouglans, pour être précis), l’ami Stephane et moi. Steph, quelques mètres devant, m’annonce : « Merde, j’ai fait partir un brochet, y (terme lyonnais) descend vers toi ». En effet, j’aperçois une forme qui, sous un bon mètre d’eau, semble ralentir avant de disparaître dans le profond de cette berge à l’ombre. Dans le doute, pensant que le poisson (d’espèce non identifiée) s’est peut être arrêté, je lance ma nymphe que je laisse descendre dans un noir absolu. Et là, j’aperçois une gueule blanche (enfin disons quelque chose de blanc) qui s’ouvre et se ferme. Je ferre à tout hasard et me retrouve amarré, via un 16 centièmes (qui me semble bien mince tout à coup), à une truite énorme (un thon comme on dit par ici) avec des zébrures comme ma main… et j’ai de grandes mains. Pensant que j’allais la perdre, je crie à Steph de se ramener pour, au moins, la voir. Il se ramène et, passé l’instant d’incrédulité, descend dans les ronces (heureux les marchands de waders) muni de mon épuisette raquette pliante (ridicule !) pour tenter d’y enfourner le bestiau. Ce qu’il parvient à faire partiellement (Merci Stéphane) après un combat tout en puissance mais peu spectaculaire. Désolé pour les amateurs de cavalcade et de backing. Il me faudra ensuite aller chercher la grande épuisette restée dans la voiture (super utile une épuisette dans un coffre de voiture !) pour faire quelques photos avant…….. la remise à l’eau de cette magnifique zébrée (nous n’avions pas assez de morilles pour mettre autour). Vive la nymphe à vue…sans voir ! Je passerai le reste de la journée sur un nuage duquel je descendrai pour épuiser une autre fario magnifique de 67 cm prise par Stéphane. Je lui devais bien ça. Le monde de la Truite Page - 37 - NG : Pour tous les pêcheurs de la rivière d’Ain qui vont te lire, si tu devais n’avoir qu’une seule nymphe sur toi, ça serait laquelle ? DR : N’avoir qu’une seule nymphe sur moi sur la BRA !!! Et pourquoi pas pêcher avec une main attachée dans le dos ou un bandeau sur les yeux ? Il est surréaliste de penser pêcher la BRA avec une seule nymphe (si bonne soit-elle) surtout à vue. Ou bien alors, c’est moi qui suis vraiment mauvais (ce qui est d’ailleurs possible). Chaque poisson de la BRA (ombre et surtout truite) nous propose une nouvelle approche liée à la vitesse du courant, à la profondeur, au type de nourriture consommé, à l’époque de l’année, au fait que le poisson soit posté ou itinérant, etc.… Pour moi, c’est cette diversité qui fait le charme (et la difficulté) de la pêche en nymphe à vue et qui nous conduit à posséder des modèles variés dans des tailles et des lestages différents. Ceci étant, celui qui tenterait le challenge masochiste de ne garder qu’une seule « nymphe », aurait intérêt à garder un gammare étant donné la place prépondérante qu’occupe ce crustacé dans l’alimentation des poissons de la BRA. NG : Quand tu ne pêches pas sur la basse sur quelles rivières Françaises va tu traîner tes boites à mouches ? DR : Etant donné le temps passé à pêcher à l’étranger, à pêcher la BRA et à m’en occuper et accessoirement à aller travailler, il me reste moins de temps que je n’en voudrais pour pêcher d’autres rivières de France. Connaissant mes préférences pour les gros poissons et la pêche à vue (et la pêche des gobages quand elle est encore possible), tu ne sera pas surpris si les rivières que j’ai pêchées ces dernières années se nomment la Loue, la Haute Rivière d’Ain et plus récemment le Doubs (qu’à tort j’avais délaissé). Je regrette de ne pas être retourné depuis longtemps sur le Tarn, la Haute Seine ou la Sorgue. Je suis retourné l’an passé sur le Haut Allier que nous pêchions beaucoup il y a 15 ans avec l’ami Jacques et nos grands potes Doumé et Alain disparus depuis, alors qu’il leur restait tant à pêcher. NG : Tu vas aussi régulièrement pêcher en Nouvelle Zélande, qu’est ce que tu trouves là bas que tu n’as pas en France ? DR : De grands espaces presque encore vierges. De nombreux lacs et rivières peuplées de truites de belles tailles. Une gestion piscicole de qualité et une réglementation adaptée qui bien que plus compliquée qu’en France ne nous décourage bizarrement pas de franchir tous les océans et de faire 25 heures d’avion pour nous y rendre. Et ce qui va avec tout ça : un état d’esprit général des pêcheurs bien différent de celui rencontré chez nous. Les pêcheurs néo-zélandais gèrent leurs stocks de poissons. Les pêcheurs français les digèrent. Le monde de la Truite Page - 38 - NG : Avant de te quitter, si tu devais faire un souhait pour la basse rivière d’Ain, ça serait lequel ? DR : Pouvoir continuer notre gestion patrimoniale, voir enfin aboutir notre plan de gestion. Avoir de l’eau en qualité et quantité suffisantes durant l’été. Ne plus voir de cormorans… Et aussi, je vais faire grincer quelques dents : ramener la BRA au même niveau réglementaire que toutes les rivières du Domaine Privé en obligeant les pêcheurs à être porteurs d’un permis de l’UPRA ou un permis réciprocitaire pour pouvoir y pratiquer. La disposition du Code de l’Environnement qui autorise tout porteur de taxes piscicoles à opérer gratuitement sur le Domaine Public est un véritable scandale en matière de gestion des cours d’eau. Elle encourage financièrement les pêcheurs à prendre leur permis dans une AAPPMA non réciprocitaire du Domaine Privé (fut-ce sur un infâme gargouillot à truites de bassines) en leur permettant ensuite de venir pêcher sans débourser un seul centime d’euro des poissons sauvages si difficilement préservés. C’est ainsi que sur près de 6000 pêcheurs opérant sur la BRA, seuls un peu plus de 1000 participent financièrement à sa gestion. Et en plus, c’est souvent parmi les 5000 qui ne paient rien que se trouvent ceux qui ont des exigences (faut en mettre, qu’estce qu’y foutent à l’UPRA, c’est jamais pêchable, ….et j’en passe des pires). Ces derniers ne trouvent même pas indécent de critiquer ceux qui non seulement paient leur cotisation mais en plus se décarcassent toute l’année (hiver compris) pour la rivière. Seule l’obligation d’adhérer à l’UPRA ou une AAPPMA réciprocitaire permettra financièrement de continuer notre action (je rappelle ici que la simple location des baux de pêche à l’Etat nous coûte 4800 € par an !). Cette légitime obligation nous permettra aussi d’être crédibles en terme d’effectifs dans notre lutte pour maintenir les acquits essentiels à la survie de la BRA : convention frayères, cellule d’alerte estivale… NG : L’interview est terminée, merci de m’avoir accordé un peu de ton temps et continue a veiller sur cette magnifique rivière comme tu le fais si bien depuis tant d’année, à bientôt !! DR : Je t’avais prévenu, je suis bavard. Et pourtant il y aurait encore tant à dire sur la Basse Rivière d’Ain… Alors faisons plus simple et donnons nous rendez vous canne en main en mars ou avril, car c’est sûr : ça va gober ! En attendant durant les longues soirées d’hiver, allez vous régaler les yeux sur notre site Internet : http://www.basserivieredain.com/ , truites et ombres vous y attendent. A bientôt. Comme de tradition je vais laisser la parole maintenant à un ami très proche de Daniel. J’ai choisi Adrien Clémendot qui est, en plus d’être un ami de Daniel, un des nombreux gardes particuliers de l’UPRA. Tu vois Daniel, j’ai trouvé plus bavard que toi encore !!!!!!!!!!! Adrien parles nous un peu de Daniel s’il te plait. Adrien : Daniel Rojon, Président de l’UPRA, assume ce titre bien au delà du rôle de Président que l’on connaît tous. Il sait fédérer et fidéliser un nombre important de bénévoles autour de la Basse Rivière d’Ain. Par sa clairvoyance, sa lucidité, il joue un rôle prépondérant sur la gestion piscicole de la Basse Rivière d’Ain et sur la protection de cette magnifique rivière. Daniel Rojon, bénévole, militant est toujours présent comme il l’a toujours été sur les actions fortes qui ont été réalisées sur l’ensemble du département, que ce soit SOS Basse Rivière d’Ain, la lutte pour l’obtention des autorisations de tir du cormoran, les pêches électriques de sauvetage sur l’Albarine, et bien d’autres encore… Daniel Rojon, l’ami, le compagnon de pêche, à partir du moment où vous partagez la même éthique de la pêche que lui, n’a pas de mouche secrète, pas de coin caché, il vous fera découvrir tout ce qu’il connaît. Il est généreux, avenant, toujours près à vous dépanner, même quand il n’a plus rien il arrive encore à partager. Encore un grand merci à Daniel pour cette interview et à Adrien pour sa participation. Je prends note de l’invitation pour le printemps, dès que les premiers gobages percent la surface de l’eau faites moi signe. Longue vie à l’UPRA ………………Et surtout, n’oubliez pas, vous pêcheurs réguliers de la Basse rivière d’Ain, vous qui ne prenez pas votre carte de pêche à l’UPRA, faites le bon choix en 2008, merci pour eux. Vous retrouverez cette interview ainsi que de nombreuses informations sur le blog de Nicolas : http://blog.mouche-fr.com/nicolas39 Le monde de la Truite Page - 39 - Le monde de la Truite Page - 40 - Internet Truites et rivières est un site Internet impressionnant : cet espace d’information arrive à la fois à conserver un caractère convivial et authentique tout en proposant une foule d’informations plus intéressantes les unes que les autres. C’est bien simple, on y trouve de tout : un forum très accueillant, des vidéos, des trucs et astuces, des informations sur les techniques de pêche de la truite, de belles photographies et même une boutique avec des produits exclusifs ! De quoi ravir le plus blasé des internautes pêcheur de truites. On aime : - La navigation agréable et facilement accessible - La convivialité du forum - Les bricolages omniprésents dans les articles On n’aime pas : - La publicité sur la page d’accueil Le monde de la Truite Page - 41 - Infos salons Le Carrefour National de la Pêche et des Loisirs Le grand rendez-vous de la Pêche, du nautisme et de l’eau D u 11 au 13 janvier 2008, la Grande Halle d’Auvergne accueillera la nouvelle édition du Carrefour National de la Pêche et des Loisirs, rendez-vous référent du monde halieutique et porte ouverte sur l’eau et la nature. Un événement riche en nouveautés, animations et informations. Le grand rendez-vous du monde halieutique proposera cette année une offre spéciale destinée aux femmes, s’inscrivant en droite ligne avec les opérations mises en place par la fédération nationale pour la Pêche et la protection des milieux aquatiques (FNPF). L’Union Régionale des Fédérations de Pêche Auvergne- Limousin, partenaire du salon, et les organisateurs offriront à toutes les femmes qui se présenteront sur le stand des fédérations une carte de pêche journalière utilisable dans l’un des 7 départements d’Auvergne et Limousin. Attention, cette offre sera limitée aux 1 000 premières femmes qui se présenteront sur le stand des fédérations. Le pôle nautisme, en constant accroissement depuis l’installation du salon à la Grande Halle d’Auvergne, présentera de nombreuses embarcations sur un espace de plus de 1 500 m², allant du kayak au bateau de plaisance. Les animations seront évidemment au rendez-vous, pour faire de cet événement une sortie agréable pour toute la famille : pêche à la truite, démonstration de cuisine par un chef cuisinier, modélisme naval, bassins de démonstration, animations autour de la pêche spéciales enfants, espace jeux vidéo… Tels seront les différents pôles d’animation proposés pendant le salon aux visiteurs venus à plusieurs, entre amis ou en famille, découvrir ce rendez-vous majeur de la pêche, de la nature et de l’eau. Organisé depuis 2005 par Centre France Evénements, en partenariat avec Europêche, le Carrefour National de la Pêche et des Loisirs est devenu une référence nationale dans le monde halieutique. Premier rendez-vous de l’année, c’est à cette occasion que les fabricants viennent présenter leurs nouveautés de la saison au grand public. Des milliers de passionnés se retrouvent alors pour découvrir le matériel, passer un moment entre amis et profiter de l’esprit de convivialité qui règne dans les allées du salon. L’année prochaine sera marqué par l’anniversaire des 20 ans du salon. Une édition spéciale, qui sera marquée par des événements spéciaux pour célébrer l’anniversaire du Carrefour National de la Pêche et des Loisirs. Le monde de la Truite Page - 42 - Récit Coup du soir Texte: Marc Méret Photographie : Jérôme Aussanaire Extrait du livre «Truites et Rivières 2» Le monde de la Truite Page - 43 - A ura-t-il besoin de ces cinq mouches CDC qu’il a montées, amputant d’un bon quart d’heure sa partie de pêche ? Certes, non ! Ses casiers débordent d’une foule de modèles dans les numéros d’hameçons les plus usités. La plupart ne serviront seulement jamais, peut-être un de ces jours funestes où les truites mal lunées refusent tout ce que vous leur passez au-dessus de la tête. Elles sont destinées à ça, ces mouches surnuméraires qui encombrent les boites, mais font la fierté de leur propriétaire sous les regards envieux des collègues qui achètent les leurs. Et si par bonheur l’une d’entre elles tente un poisson rebelle, elle est sur l’heure élevée au rang suprême de sauvebredouille et devient pour deux ou trois saisons : la mouche miracle, la mouche dont tout le monde voudrait connaître le montage jalousement gardé secret par son auteur. Secret ? Pas pour tout le monde ! Quelques rares amis et initiés savent qu’elle n’est pas ou peu différente d’un montage que tous possèdent dans les compartiments de leurs boites... Mais il n’est pas utile de le crier sur les toits. Alors, pourquoi a-t-il fabriqué ces Culs De Canards ? Pour ne pas perdre la main ? Il en monte régulièrement. Pour assurer la transition entre ce monde de fous et celui des eaux ? A-t-il voulu, en ajoutant un petit quelque chose à son matériel, se donner bonne conscience ? Souhaite-t-il par cela s’attirer les bonnes grâces des dieux de la pêche ou conjurer le mauvais sort ? Un soupçon de superstition subsisterait-il dans ses gènes ? Allez savoir ce qui se passe dans la tête d’un pêcheur et de surcroît pêcheur à la mouche ! En rentrant de son travail, il a pris le temps de casser une petite croûte et se désaltérer. Il a revêtu « ses fringues de pêche » et chargé la voiture de son équipement habituel : Le tube contenant le fouet en carbone, les cuissardes plus supportables que les waders en été, la casquette et le gilet aux poches rebondies. Il n’a besoin de rien d’autre et roule vers la rivière. En chemin, il oublie sa journée au bureau, sa hiérarchie empêcheuse de rêver d’eau et de truites en rond. Il oublie les railleries des collègues qui ne comprendront jamais que l’on puisse aimer la pêche, « qui n’est pas un sport, tout juste un divertissement un rien puéril ». Ils veulent bien concéder du bout des dents que « la pêche à la mouche est certes noble et admirââble », mais n’admettent pas que l’on puisse prendre du plaisir à capturer des poissons pour aussitôt les remettre à l’eau. « Et tu n’en manges jamais ? » Ou pire : « Ce n’est pas rentââble ! » Crétins ! Equipé, la canne de neuf pieds montée, il dévale le talus, abandonne ses soucis professionnels, les ignorants et leurs couillonnades dans la première touffe d’orties qui borde le sentier et, prenant appui sur le poteau de coin, escalade allègrement la clôture en fils de fer barbelés, en prenant garde de ne pas y percer ses cuissardes en néoprène, pour retomber en souplesse dans le pré où serpente la rivière, son amie, sa maîtresse, qui l’attend... Vaque-t-il à d’autres occupations ? Elle l’attend... Est-il en retard ? Elle l’attend, sans impatience, sans mauvaise humeur... Elle l’attend au milieu du pré et au coin du bois, avec ses formes arrondies, ses courbes parfaites, ses plats si lisses et d’une grande douceur, ses chutes attrayantes au chant mélodieux, ses profonds mystérieux alimentés par des courants au tempérament de feu, sa chevelure de renoncules et ses tresses de joncs et d’iris qui encadrent des reflets rosis par le soleil couchant. Le monde de la Truite Page - 44 - Elle l’attend, offerte, lascivement étendue dans son lit à baldaquins de peupliers. A la nuit tombée, elle l’enlacera dans la fraîcheur et la brume qui montent de ses flancs et ses remous lui murmureront des mots incompréhensibles, mais si paisibles et si doux qu’ils seront à n’en pas douter des mots de tendresse et d’amitié. Dans l’herbe, l’attention du pêcheur est attirée par une tâche argentée. Un trou dans la terre vomit une mousse de fourmis ailées. Voilà qui l’intéresse : « Black Ant » pour ce soir ! Poussé par cette révélation, il presse le pas, bien inutilement, le soleil est encore haut, trop haut. Trop de lumière illumine encore la rivière qui l’éblouit quand il l’atteint. A bonne distance, il s’arrête et observe. Nul gobage, aucun insecte sur l’eau, rien que la lumière. Il lui faudra attendre. Discret, il s’accroupit, et progresse jusqu’au pied d’un gros peuplier où il s’assied, un long pool que précède un large virage dans son champ de vision en amont. Il peut aussi surveiller le coude d’un autre virage en aval. La place est bonne, il peut allumer une cigarette. Sur l’autre rive, des chevaux se partagent l’ombre de jeunes arbres qui ont beaucoup souffert sous leurs dents. L’un d’entre eux est blond, isabelle, de cette nouvelle race de Henson, élevée en baie de Somme et issue de la race scandinave. Il lui fait penser aux petits chevaux jaunes de Frans Marc, sauf que sa crinière est aussi blonde que sa robe. Dans le cordon abrité du soleil dans la berge opposée, une truitelle s’est jetée sur un insecte dérivant en surface. Ça a fait splitch ! Le regard du pêcheur va et vient sur la portion de rivière qui s’offre à lui. Sur cette berge-ci, un écureuil descendu d’on ne sait où, visite le pied des arbres, tourne, vire, escalade un peuplier jusqu’à mi-fût pour redescendre aussitôt, s’assied la queue au-dessus de la tête en guise de parasol. Il manie très vite un quelconque fruit perdu par un oiseau et Le monde de la Truite Page - 45 - découvert en furetant de gauche et de droite, ne le trouve pas à son goût et l’abandonne. Des palombes vont et viennent, des tourterelles aussi, la gave pleine de céréales glanées dans les chaumes qu’ils régurgiteront dans les becs largement ouverts des deux rejetons en équilibre sur le lit de branchettes qui leur sert de nid. Une seconde truitelle s’est mise à table, trois mètres au-dessus de la précédente. Une troisième vient de gober au milieu. Menu fretin... Les belles ne tarderont plus à mettre le nez à la fenêtre. Attendons ! Le soleil a disparu derrière la ligne de faîte des trembles et des frênes du marais depuis une bonne demi-heure, quand retentit un cri perçant, un « crêêêk » métallique. Levant les yeux, le pêcheur distingue entre les têtes d’arbres, deux grandes ailes grises, des pattes maintenues horizontales qui dépassent la queue, et le fameux « long bec emmanché d’un long cou » de Monsieur de la Fontaine. Ce cou, replié en « S » est particulier aux hérons et doté d’une prodigieuse détente. Un second oiseau, puis un troisième apparaissent entre les cimes. Il en compte neuf qui se dirigent vers l’ancien moulin devenu élevage de truites arc-en-ciel. Le dîner est servi. Le groupe de hérons cendrés tourne à plusieurs reprises au-dessus de ce gardemanger en plein air afin de s’assurer que la voie est libre. Sans doute rassurés, ils ouvrent le train d’atterrissage et, usant de leurs grandes ailes comme stabilisateurs, touchent le sol en piétinant stupidement comme si les rives des parcs étaient recouvertes de charbons ardents. Comment un si bel oiseau peutil se poser de manière aussi ridicule ? Eparpillés autour des bassins de nursery et de grossissement, bien plantés sur les longues pattes, le corps vertical, les pillards, prêts à filer à la moindre alerte, jettent un dernier coup d’œil circulaire: Nul importun dans les parages, si ce n’est ce pêcheur assis plus haut, loin, le long de la rivière. Nul danger imminent... Un coup de fusil tonne, suivi immédiatement d’un second. Tiens, tiens ! Le pisciculteur pratiquerait-il l’autodéfense? En tous cas, il devait s’être bien dissimulé pour tromper la vigilance de ces pirates d’eau douce. Certes ils sont protégés, mais le pauvre bougre doit en avoir marre de constater la disparition de nombreuses truitelles et de récupérer à l’épuisette ses plus beaux sujets, le flanc percé de trous sanguinolents. Les déflagrations remontent la vallée, répercutées par les alignements de peupliers et affolent les habitants du marais. Les corbeaux freux, de retour au nichoir, s’élèvent tous ensemble en croassant leur indignation. Les ragondins, aventurés dans le pré en quête de rares tiges d’herbe verte, regagnent leur trou ventre à terre. Les poules d’eau, toujours aussi froussardes, se glissent sous les berges en caquetant. Le monde de la Truite Page - 46 - Distrait par tout ce remue-ménage, le pêcheur n’a pas remarqué trois autres truites qui se sont mises à gober des insectes, une à l’aval, deux en amont de son poste d’observation. Finis les « splitch! » Il s’agit là de beaux ronds. C’est plus sérieux, des poissons de trente centimètres, voir trente-cinq. Une colonne de fourmis ailées dérive dans un petit courant à ses pieds. Il a vu juste. L’éclosion de la fin d’après-midi a été rabattue vers la rivière par la petite brise d’est. Les malheureuses s’y noient, maintenues en surface par leurs ailes de mica. Et les salmonidés font banquet. Voilà bien dix minutes qu’une truite, jugée moyenne, se goinfre au milieu, à hauteur d’une petite touffe de roseau vert tendre, mais pas toujours exactement au même endroit. Tantôt le gobage se produit un peu plus amont, tantôt un peu plus aval... Est-ce le même poisson ? Sont-ce trois différents ? Ou n’est-ce qu’une arc-en-ciel rescapée des (trop) nombreux lâchers précédents? Le moucheur penche pour la dernière hypothèse, quoiqu’il se soit parfois trompé. Certains soirs, les beaux poissons n’hésitent pas à traverser le cours d’eau pour saisir leurs proies et s’en gaver au plus vite. Là ! A la sortie du virage ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Une vague remonte le courant. Un rat musqué ? Non ! C’est un gros poisson qui vient se positionner entre la berge et le courant pour happer, au passage, les insectes qui dérivent sous son nez. Gobage ! Ça n’a pas traîné... Un « schplaf! » le fait se retourner. Une truite a sauté sur un sedge assurément. Il se souvient en avoir vu passer, et là devant lui une grosse phrygane tape l’eau pour y déposer ses œufs. Plus haut, d’autres trichoptères doivent pondre également car un poisson gicle hors de l’eau et retombe bruyamment. Dix coups sonnent au clocher de l’église. Une douzaine de truites maillées se nourrissent devant et derrière le moucheur qui ne perd pas une miette de cet envoûtant spectacle. Il sait que dans treize minutes (le calendrier des postes faisant foi) il faudra rentrer. Il devrait, sans tarder, attacher une « Black Ant » ou un sedge en poils au bout de son bas de ligne en seize centièmes et attaquer un gros poisson. Fasciné par toute cette activité, ces gobages, ces sauts sur les sedges, toute cette vie, il n’en fait rien. Près de la berge abrupte, juste face à lui, le pêcheur a discerné une toute petite ride, discrète, très discrète. Si son regard n’avait pas fixé cet endroit au moment précis, il ne l’eut pas remarquée; le jour a décliné sans qu’il s’en rende vraiment compte. D’autres petits suçons lui succèdent. C’est la belle du coin ! Un monstre de plus de cinquante centimètres que beaucoup connaissent, mais qui reste à prendre. Habituellement, elle se poste plus bas, à l’entrée du virage, près de son repaire. Aujourd’hui, alléchée par l’éclosion de fourmis volantes, elle s’est écartée de ses bases, pas de beaucoup, deux coups de caudale qu’elle a large et puissante. Les truitelles ont cédé, de gré ou de force, les postes de chasse aux adultes. Elles ont bénéficié de leur tour de nourriture en début de soirée, éclaireurs et sentinelles malgré elles de leurs prudentes aînées, et attendent, calées sur le fond, que ces dames veuillent bien, repues, leur rendre la place. L’heure légale du coucher du soleil plus une demi-heure est maintenant dépassée. Il fait nuit. On ne verrait plus son imitation à deux mètres sur l’eau. Les truites se catapultent toujours sur les pondeuses. Le moucheur n’a pas pêché, il n’a même pas accroché sa « Fourmi Noire » à son bas de ligne. Mais quel coup du soir... Le monde de la Truite Page - 47 - Un métier Moniteur-guide de pêche professionnel Cette rubrique a pour unique vocation de vous faire découvrir les métiers qui touchent de près ou d’un peu plus loin l’eau et les milieux aquatiques. Ce métier nous sera présenté par un guide que je connais bien car c’est lui qui m’a initié à la pêche à la mouche et qui depuis est devenu un ami. Notre 1ère rencontre a eu lieu il y a maintenant 2 ans sur les bords de rivières de Haute Savoie qu’il m’a fait découvrir si bien que depuis j’y retourne dès que je le peux. Il a réussi grâce à son professionnalisme, sa gentillesse et sa patience à me faire prendre mes 1ères truites Haut Savoyardes en sèche et en nymphe lourde, techniques de pêche qu’il maîtrise sur le bout des doigts, arrivant à faire progresser rapidement et facilement ses stagiaires. Je ne pourrai que recommander à ceux voulant découvrir de nouvelles techniques et/ou lieux de pêche de s’orienter vers un guide professionnel qui leur épargnera des recherches parfois hasardeuses de coins de pêche et surtout leur apprendra dès le début les bases à acquérir dans l’approche, la gestuelle et le milieu. Jérôme Aussanaire : Salut Ludo, alors comment s’est déroulé cette saison en Haute Savoie? Ludovic Briet: Hé bien si tu parles de la saison à la truite ….. avec un soleil de plomb jusqu’à fin avril, la pluie pendant 2 mois consécutifs, puis 1 mois d’orage, des rivières grossies au point d’être classées en catastrophe naturelle, puis une vague de froid d’un mois en Août et Septembre, la saison n’a pas été des plus calme... Mais je m’en suis bien sorti, je dirai même très bien car j’ai la chance de bien connaître les différentes vallées de ma région et j’ai pu (heureusement !!) toujours trouver une solution pour effectuer mes stages de pêche à la mouche, au toc et aux leurres. Le monde de la Truite Page - 48 - JA: Peux-tu nous décrire pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier plutôt qu’un autre ? LB: Sincèrement… Après mes études supérieures, je me suis posé la question de ce que je faisais le mieux (dans le sens du plus longtemps) et puis, j’aime les échanges francs, le contact des gens, enseigner, voir que l’on peut faire naître une lueur de joie lorsque les personnes réussissent. Je peux aussi choisir mes heures de travail, je bosse à mon rythme (70 à 80 heures par semaine en moyenne et 7j/7j) et en pleine nature ce qui me permet de ne pas « avoir l’impression de travailler » et de partager mes coins et connaissances. JA: Pour ceux qui seraient intéressés, quelle est la marche à suivre pour faire ce métier ? LB: Faire une formation de 8 mois minimum et consécutifs dans une Ecole d’état comme le centre de formation aux métiers de l’eau de Ahun dans la creuse (CFPMA d’Ahun) qui me semble être le centre le plus sérieux. Prendre sur eux et se dire qu’actuellement nous ne sommes pas nombreux à en vivre en travaillant sur toute l’année (moins d’une dizaine en France en ne faisant que cette activité car pour beaucoup ne font ça que 2 à 3 semaines et se disent guides…Oupps cela m’a échappé)!!!!! JA: Quelles sont les principales difficultés que tu rencontres ? LB: Comme dans tous les métiers mais avec une nuance, au début les gens ne comprennent pas que c’est une activité professionnelle à part entière, surtout les gens du tourisme. Lors de mon installation les AAPPMA et les fédérations m’ont clairement dit que j’étais un concurrent et qu’ils ne m’aideraient pas (je confirme même après 5 ans !!!). Aucune aide réelle des institutions de l’Etat (aussi bien monétaire qu’en conseils !!) si ce n’est m’avoir retardé de presque un an mon installation….. Le gros souci (et là j’ai encore de la chance dans ma région) ce sont les milieux qui sont dégradés par les pollutions, les cormorans à poils (comme je les appelle) ou bracos qui disent toujours qu’il y avait plus de poissons comme quoi l’ignorance et la cupidité sont encore présentes dans la pêche, une institution désuète qui ne comprend rien à la pêche (pour eux pescalis et l’école française de pêche sont une réussite, de qui se moque-t-on) et qui la gère la FNPF (anciennement UNPF), quand je vois à côté de ça les autres pays européens, je suis malade !!!!!!!!! Le monde de la Truite Page - 49 - JA: En quoi consiste précisément ton métier et peux-tu nous détailler le déroulement d’une journée type de guidage ? LB: Tu sais bien Jéjé que je n’ai pas de journée type, si c’est bon à 6h, on part à 6h, si c’est mieux de commencer à 10h et de finir à 20h, je le ferai de la même manière. Tu sais que je travaille en sur mesure car les demandes sont toutes différentes et les conditions de pêche aussi. Pour mieux te répondre, il faut compter qu’un guide de pêche professionnel passe 8 à 10h de pêche avec ses stagiaires, plus ne serait pas raisonnable pour un réel apprentissage car on ne peut pas être concentré tout le temps. JA: A côté de ton métier, as-tu d’autres rapports et/ou activités dans le monde la pêche ? LB: En tant que professionnel aidé et sponsorisé par les marques suivantes : Mouches Devaux, Illex et Pezon et Michel, je dois participer à faire évoluer le matériel pour certaines de ces grandes marques françaises du fait de ma fréquence de pêche (environ 340 jours par an) pour une meilleure utilisation et pour accentuer le plaisir. On m’a demandé aussi d’écrire dans les revues halieutiques mais tout celà est encore sous forme de projet (il faut avoir le temps !!!!). JA: Conseillerais-tu ce métier à quelqu’un et si non, quelles en sont les raisons ? LB: C’est un métier dur car on doit travailler par tous les temps (sans mettre les gens en danger bien sûr) et le physique doit être au top car on doit travailler tous les jours quand celà est possible. Les horaires sont décalés du reste de la famille,… mais bien qu’il y ait de nombreux points noirs, je persiste à dire que j’ai un métier passionnant et très gratifiant. Je n’ai jamais été obligé de faire ce métier, je l’ai choisi (ça résume un peu tout). En fait, un guide sait pêcher et doit le montrer pour que les gens apprennent mais il ne doit pas pêcher tout le temps, pas devant ses stagiaires en rivière car il n’est pas payer pour pêcher mais pour enseigner (sauf si les stagiaires l’autorisent). JA: Je te remercie d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions et je te laisse carte blanche pour terminer cet entretien. LB: Je veux te remercier de m’avoir choisi pour ce « tête à tête » Jéjé et je veux aussi remercier par cet interview tous les gens qui m’ont fait confiance et qui m’ont permis d’être là où j’en suis maintenant. Au fait et si on se bloquait une date pour le carnassier tous les 2 ou à plus avec Christophe et les autres…. Enfin tu connais mon numéro. Pour contacter Ludovic Briet : http://www.guidepechesavoiehautesavoie.com/ [email protected] 06.82.56.45.55 Le monde de la Truite Page - 50 - Infos salons SALON INTERNATIONAL DES PECHES SPORTIVES (12ème édition) L e 12ème salon international des pêches sportives se déroulera du vendredi 15 au dimanche 17 février 2008 au parc des expositions de Paris, Porte de Versailles – HALL 6 : Un évènement incontournable pour tous les passionnés de pêche. L’édition 2007 du Salon International des Pêches Sportives l’a démontré, il existe une nouvelle conception de la pêche sportive et de loisir en France. Après avoir, au cours de la décennie écoulée, rassemblé l’univers de la pêche à la mouche, aux leurres, en mer et en rivière, développé le tourisme pêche de manière spectaculaire, cette manifestation, la plus importante en France et en Europe, continue son évolution. Pour sa 12ème édition, du 15 au 17 février 2008, elle s’offre un nouvel espace (hall 6) au sein du Parc des Expositions de Paris - Porte de Versailles avec une surface disponible de 12 000m². Quatre zones principales constituent l’ossature du salon : pêche aux leurres, pêche à la mouche, tourisme pêche, embarcation et équipement. Vous y trouverez également ce qui a fait la réputation de ce salon : des bassins et zones de lancer, des simulateurs de pêche, des monteurs de mouches internationaux, une bourse de collectionneurs, un village des guides et des associations, des conférences et débats, un concours, la 2ème édition du Festival International du Film de Pêches Sportives afin de combler tous les visiteurs. Pêcheurs de salmonidés, de carnassiers, amateurs de pêches exotiques, de bars, de thons ou de gros poissons, tous ont désormais un lieu annuel unique et international de rencontres. Chaque type de pêche bénéficie de son propre espace et de ses propres animations.Comme tous les ans, l’édition 2008 consacrera une part importante au Tourisme pêche français et étranger. Les guides et les associations, par leur présence, contribuent au développement des différentes pêches sportives. C’est ainsi que, du 15 au 17 février 2008 à PARIS-EXPO, Porte de Versailles, Hall 6, fabricant, importateur, distributeur, revendeur de matériel et accessoires de pêches, de barques, de bateaux et équipements, en mer ou en rivière, acteur du tourisme, guide, association ou simple aficionado se retrouveront à nouveau au SALON INTERNATIONAL DES PECHES SPORTIVES, l’un des plus grands événements de l’année consacré à la pêche. Edition et compte-rendu 2007 sur www.salondespechesportives.com INFORMATIONS PRATIQUES Lieu : Paris Expo – Place de la Porte de Versailles – Hall 6 – Paris - 75015 Dates : Vendredi 15, samedi 16 et dimanche 17 février 2008 Horaires : 10 heures à 19 heures Tarifs : 1 journée : 12 € - 3 jours : 24 € - tarif réduit : 8 € Gratuit pour les enfants jusqu’à 12 ans de 12 à 16 ans : 8 € tarif réduit Métro : Ligne 12 – sortie Porte de Versailles Bus : Ligne 39 – 80 et PC Voiture : Boulevard périphérique – sortie Porte de Versailles Parking : Parking public de la porte de Versailles Le monde de la Truite Page - 51 - Association Charte du pêcheur responsable Cette charte de 10 engagements à pour but de fixer un code de conduite responsable et moderne aux pêcheurs de truites afin de préserver notre pêche de demain et laisser aux générations futures un patrimoine halieutique riche et généreux. -1Je veille à la protection de l’eau et de leurs hôtes. Alertons les autorités compétentes en matière de police de l’eau et de la pêche lors du constat d’un acte de braconnage ou d’une dégradation des milieux aquatiques (pollution, extraction sauvage, etc ….). Informons, dès que nous en percevons la nécessité, chaque utilisateur de l’eau de l’importance de préserver notre patrimoine aquatique. Effectuons un geste citoyen en dénonçant sans réserve toute atteinte à l’environnement. -2Je respecte scrupuleusement la réglementation en vigueur dans les lieux que je fréquente. Respectons la réglementation en matière de parcours spécifique, lieux et temps de pêche, taille légale de capture. Respectons les représentants des instances de la pêche ainsi que toutes personnes en charge de mission de police de l’eau et de la pêche. Informons poliment et respectueusement tous pêcheurs qui ne respectent pas la réglementation en vigueur, de la gravité de leurs actes. -3Je participe à la promotion de la pêche de la truite en partageant ma passion avec d’autres pêcheurs. Relayons auprès des autres pêcheurs les engagements dictés par cette charte. Participons selon nos possibilités à la vie associative de la pêche en assistant notamment aux assemblées annuelles de son AAPPMA. -4Je pratique la remise à l’eau ou je limite mes prélèvements au strict minimum (consommation familiale). Pratiquons la remise à l’eau systématique ou conservons uniquement les truites destinées à la consommation familiale en bannissant les congélateurs. Fixons nous une taille légale de capture supérieure à celle en vigueur. Remettons délicatement les poissons à l’eau en se mouillant préalablement les mains et en réoxygénant suffisamment longtemps les poissons afin de leur garantir les meilleures chances de survies. Efforçons nous de garder plutôt des images faites directement au bord de l’eau que des poissons. Le monde de la Truite Page - 52 - -5Je pêche proprement en ne laissant aucune trace de mon passage. Conservons dans nos poches le fil coupé, les boîtes d’appâts ou les pochettes d’hameçons afin qu’ils ne finissent pas leur vie dans l’eau ou sur la berge. Respectons les clôtures, les barrières et les récoltes afin de ne pas laisser une image négative des pêcheurs. -6Je reste toujours courtois avec les autres pêcheurs, quelque soit la technique de pêche utilisée. Respectons les autres pêcheurs en nous écartant discrètement de leur poste de pêche et en conservant des distances suffisantes pour qu’ils ne puissent pas être gênés par notre présence. Bannissons les fausses croyances de pêches nobles ou non. -7Je ne marche dans l’eau que lorsque cela est nécessaire. Évitons de marcher dans l’eau en début de saison afin de préserver les alevins de l’année qui se trouveraient encore sous les graviers. Protégeons les frayères qui nous garantiront nos pêches de demain. -8Je sensibilise et je responsabilise tous les acteurs du monde de la pêche sur leur rôle de conseil dans notre approche. Expliquons à chaque fois que nous en avons la possibilité aux revendeurs et détaillants en articles de pêche de l’importance de leur conseil auprès de leurs clients. Invitons ces acteurs de la pêche à prodiguer des recommandations en faveur de la préservation des milieux aquacoles dès qu’ils en ont l’occasion. -9Je respecte tous les poissons que je capture. Respectons toutes les espèces de poissons que nous capturons, y compris celles des poissons autres que celles recherchées. Traitons de la même façon tous les poissons, dans leur remise à l’eau comme dans leur mise à mort. - 10 Je transmets dès que je le peux à tous les jeunes pêcheurs ou à ceux qui le souhaiteraient le <<savoir pêche>>. Essayons de sensibiliser les jeunes pêcheurs et les autres à un comportement responsable au bord de l’eau. Transmettons à chacun d’eux l’importance de leur prélèvement sur le cheptel piscicole d’un cours d’eau. Apprenons leur à pratiquer des techniques de pêches laissant toutes les chances aux poissons d’être remis à l’eau dans de bonnes conditions. Le monde de la Truite Page - 53 - Association 3ème rendez-vous membres 2007 Le Doubs (25) L e 22 septembre s’est tenu le dernier rendez-vous membres de l’année 2007 de l’association. A cette occasion, les membres présents se sont retrouvés sur les bords de la mythique rivière qu’est le Doubs Franco-Suisse afin de découvrir les fabuleuses zébrées. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés à Goumois afin de passer une journée partagée entre la pêche et des repas où les gens ont pu tisser de nouveaux liens avec les nouveaux membres présents. Niveau pêche, les conditions difficiles dues aux niveaux bas et à la fraicheur bien présente n’ont pas permis de «paniers» miraculeux mais certains s’en sont sortis aves les honneurs, tel Novice14 qui a montré aux hommes présents que la pêche n’était pas un sport réservé aux hommes. C’est sur cette belle journée que se termine les rencontres 2007 en attendant avec impatience le cru 2008 qui s’annonce aussi passionant et enrichissant! Laissez-vous tenter, vous ne le regretterez pas. Le monde de la Truite Page - 54 - Le monde de la Truite Page - 55 - Shopping I l existe un grand nombre de monture à vairon mort manié dont certaines sont dites « montures nageuses ». C’est le cas de la monture godille mais aussi d’une monture bien moins connue et qui pourtant est étonnamment efficace : La Donzette. Née en 1955 dans les massifs jurassiens des mains de Paul Donzé, cette curieuse monture qu’il baptisa par la suite du joli nom de Donzette est un leurre à mi-chemin entre la monture à poisson mort et le poisson nageur. C’est en effet grâce au double avantage de posséder l’incontestable pouvoir attractif d’un appât naturel et celui d’un poisson nageur que la Donzette est capable de leurrer dans bien des cas des poissons pourtant réputés difficiles. Car de toute évidence cette monture est particulière et l’attrait qu’elle suscite auprès des pêcheurs franc-comtois n’est plus à démontrer même si ces derniers restent plutôt discrets sur son utilisation. Destinée à reproduire le plus justement possible le comportement des vairons lorsque la truite est en chasse dans leur banc, la Donzette imite à merveille le poissonnet qui, blessé, nage de manière régulière mais saccadée. Cette monture, qu’il convient de posséder impérativement dans sa boîte, se révèle si efficace que les pêcheurs qui l’utilisent exclusivement ne disent pas qu’ils pêchent au vairon mais simplement « à la donzette » ! Fabrications et distributions : Les Leurres Rudipontains Le Bourg – 25190 FLEUREY : 03.81.93.36.61 fax : 03.81.93.36.61 : [email protected] En vente chez les détaillants spécialisés ou directement en ligne sur le site Internet: www. leurres-rudipontains.com Le monde de la Truite Page - 56 - Le monde de la Truite Page - 57 - Infos Forum régional « la truite en Bretagne, rêve et réalité » C ette manifestation est organisée le dimanche 24 février 2008 à l’ISPAIA, Zoopole de Ploufragan par l’Association de Pêche de St Brieuc-Quintin-Binic, avec le soutien de la Fédération des Côtes d’Armor pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique. Elle s’articule autour de deux axes: Le constat scientifique, donc l’état actuel des connaissances sur les populations de truites sauvages, espèce emblématique des cours d’eau du Massif Armoricain, à travers 3 conférences animées par des scientifiques de l’Unité Ecologie et Santé des Ecosystèmes de l’INRA de Rennes, sous la direction de Jean-Luc BAGLINIERE. - fonctionnement des populations de truites fario - la dynamique des populations de truites en Bretagne : nouvelles techniques d’étude - importance de l’habitat sur la vie de la truite Le regard des artistes qui lui passera par des expositions d’œuvres de peintres, aquarellistes, sculpteurs, coutelier sur le thème : la truite et la rivière, mais aussi des stands d’éditeurs et écrivains halieutiques, des monteurs de mouches pour la pêche ( Yann LEFEVRE,...) De nombreuses expositions et animations assurées notamment par l’Association Bretonne de Pêche à la Mouche (exposition), le Centre Régional d’Initiation à la Rivière (animation et exposition), la Maison de la Pêche de Jugon les Lacs (animation, simulateur de pêche), le Groupement Mammologique Breton (exposition), Le club photo de Ploufragan (macrophotos d’invertébrés), l’AAPPMA de Saint Brieuc, Quintin, Binic (exposition, animation), le stand de la fédération de pêche 22 (guides de pêche et école de pêche du département), présentation de matériels de pêche par des fabricants et distributeurs, atelier maquillage pour les enfants (sur le thème des poissons et de l’eau évidement...). Cette manifestation, une première dans notre région, est orientée tant vers des pêcheurs initiés et responsables du monde de la pêche, que vers un public plus large, sensible à la beauté de nos vallées. Le monde de la Truite Page - 58 - Vairon LA CUILLER A VAIRONNER Est-ce vraiment utile de la présenter? Dans ma région, en Franche-Comté, assurément non, mais ailleurs, en général personne n’en a entendu parler. Les uns ne pêchent qu’avec, d’autres ne l’utilisent qu’en sauve-bredouille. « Elle », c’est la cuillère à vaironner, LE leurre par excellence pour traquer la belle truite. Née sur les bords des célèbres rivières franccomtoises telles la Loue, le Doubs ou encore le Dessoubre , elle a le don de mettre en éveil les sens des truites qui la verront passer et ce, pour votre plus grand bonheur ! Découvrons ensemble ce leurre atypique et terriblement efficace. Texte: Jean-Benoît Lambert Photographie: Jean-Benoît Lambert et Jérôme Aussanaire Un tandem « hors-norme » Comme vous aurez pu le remarquer sur la photo ci-contre, la cuillère à vaironner est constituée par un judicieux assemblage d’une cuillère tournante et d’une monture à vairon manié. Pourtant au départ, rien ne laissait présager la naissance de cette association presque contre nature. En effet, ce leurre-monture résulte du mariage d’une technique employant des leurres papillonnants et artificiels n’imitant rien de particulier d’une part, et d’autre part, une technique qui cherche au contraire à proposer un leurre le plus naturel possible au point d’employer des poissonnets fraîchement assommés pour séduire nos belles farios. Ces deux techniques étaient donc antagonistes…? Je n’en suis pas si sûr et nos illustres aïeux ne devaient pas en être convaincus non plus. Certes, les manières sont différentes mais nos anciens se sont bien aperçus que ces deux types de pêches étaient toutes les deux très prenantes, en raison principalement de l’agressivité qu’elles suscitent chez les truites. Combiner l’attrait d’un leurre artificiel au comporteLe monde de la Truite Page - 59 - ment exubérant (ça brille, ça tourne, ça fait du bruit) à celui d’un appât naturel manié (avec son odeur, son aspect, sa souplesse) est, somme toute, assez logique mais a demandé une remise en cause des habitudes de pêche de l’époque. Au final ce mariage est une réussite, puisqu’après quelques tâtonnements inhérents à la mise au point d’une nouvelle pratique, la cuillère à vaironner est devenue en Franche-Comté une des techniques les plus employées et surtout une des plus efficaces ! Il existe plusieurs variantes mais le modèle originel est constitué d’une cuillère de type Aglia de chez Mepps or ou argent pour la partie leurre et d’un clou recourbé armé de deux triples sur un nylon de fort diamètre le tout étant relié à la cuillère. Avec le temps et les évolutions du matériel, sont venus se greffer d’autres modèles dont un en particulier où la monture à vairon ne comprend que deux avançons en corde à piano sur lesquels vient s’enfiler le vairon (nécessite une cuillère à hameçon démontable). Enfin, plus récemment, des modèles de couleurs différentes, avec des cuillères Vibrax ou encore des montures Drakovitch ont fait leur apparition et permettent de diversifier les leurres que nous présentons aux zébrées. Puisqu’on est dans la partie matériel, on m’a souvent demandé, compte-tenu des difficultés pour les pêcheurs n’habitant pas la région de se procurer des cuillères à vaironner, comment en fabriquer. Alors voilà quelques petites astuces… Pour celles employant des avançons en corde à piano, rien de très compliqué. Il suffit, comme je le disais précédemment d’utiliser une cuillère à hameçon démontable (voir croquis) et de fabriquer les deux avançons de longueur différentes. Le premier se logera dans l’anus du vairon pour ressortir par sa gueule et le second entrera derrière l’opercule pour également ressortir par la bouche. Il ne reste alors plus qu’à raccorder le tout à la cuillère. Pour le modèle avec monture plombée comme sur la photo du début de l’article, je récupère des baguettes de plomb utilisées par les couvreurszingueurs pour les soudures. Elles ont la particularité d’avoir une forme en demi lune qui convient parfaitement à la réalisation d’une telle monture. Avec une lime, un couteau, une pince et un foret, il est alors très aisé de concevoir ses propres montures (cf. ci-joint) et tout ça pour un coût dérisoire. Sur l’illustration ci-dessous, les parties à supprimer sont indiquées en hachuré. Le monde de la Truite Page - 60 - Un matériel robuste Il va de soi que compte tenu de la taille du tandem « leurre-monture », nous sélectionneront des poissons de belle taille. Les pêcheurs au vairon manié auront donc tout intérêt à utiliser leur matériel pour aller traquer la truite avec cette technique. Pour les autres, si vous ne souhaitez pas investir dans du matériel spécifique, il vous faudra une canne de bonne facture avec une puissance suffisante (au moins 15-20 g) de raideur moyenne (genre canne à sandre) et un bon moulinet supportant une réserve conséquente de fil en 20/100 et un frein irréprochable. Il peut aussi être judicieux de se munir d’une épuisette, mais personnellement j’avoue avoir un peu de mal à utiliser cet ustensile et préfère prendre le poisson à la main. Le poisson d’un peu plus d’un kilo ci-dessus a d’ailleurs été sortie sans épuisette (un « requillou » comme on dit en Franche-Comté) alors que j’avais un avant-bras plâtré, comme quoi… Mais puisqu’il n’y a que les imbéciles qui ne change pas d’avis, j’envisage d’en trouver une (avec un filet à micro maille) la saison prochaine. Je vous laisse donc seul juge de la nécessité d’en prendre une ou non. Une pêche active Une fois au bord de l’eau avec vos cuillères et vos vairons, prêt à vous mesurer aux plus belles farios de votre rivière et là vous vous demandez, vu la taille de l’ensemble une fois monté avec un vairon fraîchement assommé, comment une truite peut-elle gober un morceau pareil ?! Ne vous faîtes pas de soucis, elles ne se poseront pas tant de questions ! A la vue d’une telle bouchée, elle n’auront plus qu’une idée en tête, croquer dedans à pleines dents à condition que le leurre soit bien équilibré. Pour ce faire, l’idéal est pour moi, une cuillère n°3 avec un vairon de 6-7 cm. Vous pouvez également monter jusqu’à une n°4 si vous le coin peuplé de très beau poissons ou descendre à une n°2. Toutefois une n°2 reste la limite basse car en deçà votre vairon se mettrait à tourner. Le type de cours d’eau dans lesquels cette technique s’avère la plus payante, inutile de vous préciser qu’il vous faudra privilégier les rivières moyennes à larges. Trois raisons à celà : -d’une part cette pêche s’adresse à la traque des beaux poissons et ils sont tous simplement plus nombreux dans les grands cours d’eau, vous augmentez ainsi vos chances de capture -d’autre part, dans des eaux trop torrentueuses, le leurre se comporte mal et n’est que peu efficace -et enfin, c’est clairement une technique qui permet de battre du terrain et donc facilite l’approche des rivières larges pour ceux qui se sentent désœuvrés face à de telles quantités d’eau. Le monde de la Truite Page - 61 - L’art de la dérive Malgré le poids du leurre, toute tentative de pêche vers l’aval se solde immanquablement par un échec, le tandem remontant fatalement vers la surface. De plus la majorité des gros poissons, à part quand ils sont en chasse au crépuscule ou à l’aube, se trouvent généralement près du fond. Il convient donc d’aller les chercher dans cette zone et pour ce faire, il n’est rien de mieux que de lancer vers l’amont et de ramener votre leurre en pêchant «creux». C’est à dire que votre vitesse de récupération doit être juste suffisante pour faire tourner la cuillère, à la limite du décrochage. De cette manière, et en levant plus ou moins votre canne, vous pourrez ainsi suivre la topographie du fond. Cependant, même si en vous contentant de faire dériver votre leurre vous prendrez quelques poissons, il est absolument indispensable d’effectuer quelques manœuvres d’aguichage pour espérer des prises régulières. Comme dans toutes pêches aux leurres, usez (pour ne pas dire abusez) des changements de direction, des variations de la vitesse de récupération, des décrochages, des accoups… Toutes ces animations ne stimuleront que d’avantage les truites postées à proximité. En parlant de postes, j’affectionne particulièrement deux types de postes pour pêcher à la cuillère à vaironner. J’y distingue comme site de 1er choix, les pools profonds et assez lents et plus particulièrement la queue du pool. Le vieil adage selon lequel « la truite se trouve au plus profond du moins profond et au moins profond du plus profond » s’y applique parfaitement et permet la capture régulière de beaux poissons. C’est typiquement, avec les fosses, le genre de poste où se cachent les farios les plus dodues et les plus malignes de part la sécurité que leur offre ce volume d’eau. L’autre type de poste que j’affectionne sont les plats moyennement profonds dont le courant est régulier et uniforme. Sur ce genre d’espace, qui sert de terrain de chasse aux truites, une touche est possible à chaque instant. La vue dégagée dont elle bénéficie alors, leur permet de repérer de loin une proie dérivant et a fortiori, une cuillère vaironnée qui possède tous les atouts pour les faire sortir de leur repaire. Il n’est alors pas rare de voir un poisson traverser en trombes le cours d’eau pour venir se jeter sur votre leurre. Sensations garanties ! Même si ces postes sont productifs, n’en délaissez pas pour autant les tenues habituelles de nos farios. Blocs, caves, retournes (appellation locale d’un « remous » en Franche-Comté) méritent évidemment que l’on s’y attarde mais en faisant bien attention à la manière dont la cuillère les aborde. J’espère que ces quelques lignes vous donneront l’envie de vous essayer à cette technique redoutable. Simple à mettre en œuvre, permettant de couvrir de grands espaces et sélectionnant les plus beaux poissons, vous mettrez toutes les chances de votre côté, surtout que peu de truites du reste de l’hexagone, en ont déjà vu. N’hésitez pas à franchir le pas car ce « leurre-monture » pourrait bien vous rapportez certains de vos plus beaux poissons, et c’est bien tout le mal que je vous souhaite. http://www.truitesetrivieres.com/ Le monde de la Truite Page - 62 - Le monde de la Truite Page - 63 - Leurres Ultra léger et poissons nageurs Après un tour d’horizon du monde de l’Ultra-Léger dans les précédents numéros de votre magazine, Christophe Chambon nous propose dans cette seconde partie, de nous intéresser d’une façon très générale, à un leurre qui fait beaucoup parler de lui actuellement : le poisson nageur. Texte: Christophe Chambon Photographie: Christophe Chambon, Jérôme Aussanaire et Philippe Gonnand S ’il est un leurre qui a le vent en poupe en ce moment, c’est bien lui ! Cela est dû, en grande partie, à l’arrivée sur le marché d’une nouvelle génération de poissons nageurs issus pour la quasi-totalité des usines japonaises et offrant des qualités de nage, une facilité d’utilisation et un pouvoir pêchant révolutionnaire… Une chose pourtant qu’il faut bien garder à l’esprit : le leurre miracle, universel, qui fonctionne partout, par tout temps n’existe pas ! Ces minis poisons nageurs n’échappent pas à cette règle et il y a des situations dans lesquelles ils ne constitueront pas le leurre idéal à mettre à l’eau. Mais il faut aussi admettre qu’ils se déclinent en tellement de variantes qu’ils peuvent s’adapter à la majorité de nos cours d’eau. Deux catégories : On peut classer les poissons nageurs qui nous intéressent en deux familles : -les crankbaits, poissons nageurs d’aspect « rondouillard » -les jerkbaits, poissons nageurs plus «effilés» ressemblant plus à un poisson . Le monde de la Truite Page - 64 - Si ces deux catégories sont bien connues et familières dans le milieu des pêcheurs de carnassiers, et notamment des «basseurs», une petite présentation rapide peut s’avérer utile pour ceux qui voudraient tenter « l’aventure poisson nageur » en première catégorie….. Rappelons toutefois que nous nous limiterons à des leurres pesant moins de 3 gr., ultra léger oblige…. Les crankbaits : De «crank» : manivelle, et « bait » : appât. Ce sont donc des leurres que l’on se contente de ramener « à la manivelle » , sans leur donner d’action particulière avec la canne. Rien de bien compliqué donc : on lance, on ramène, le leurre travaille tout seul. Les crankbaits peuvent être classés en deux sous catégories : - les crank à bavette, les plus communs - les «lipless crankbaits», sans bavette, appelés aussi «vibrations» Les lipless sont en général coulants, comme une cuiller donc. On va d’ailleurs pouvoir les utiliser comme un leurre tournant, sur les mêmes postes. Ils sont adaptés à une prospection à 180° : ils peuvent être lancés au-delà du poste visé vers l’amont, récupérés en leur faisant descendre le courant, ils vibreront et enverront des ondes comme une cuiller, ou utilisés en pêche aval (lancer vers la rive opposée ou ¾ aval et laisser le courant leur faire faire le fameux «arc de cercle»). Ils auront un petit plus par rapport à une cuiller : ils ne vrillent pas le fil… Un autre avantage, et non des moindres : à la récupération, ils nagent « tête » en bas, et bien souvent, lors de la rencontre avec un obstacle, ils basculent en prenant appui sur leur «museau», éloignant ainsi l’hameçon triple de l’accroc. (cf. illustration). Il m’est d’ailleurs arrivé d’enregistrer des attaques à ce moment où le leurre bascule… Le Vib32 de chez Illex est un bon représentant de ces leurres très peu utilisés par les pêcheurs de truites et pourtant terriblement efficaces, surtout là où les farios sont habituées à voir passer des cuillers à longueur d’année ! Selon la nature du poste, la hauteur d’eau, on pêchera canne haute ou canne basse, comme on le ferait avec une cuiller donc. Radiers, bordures, abords d’obstacles, postes exigus, calmes, ils sont efficaces partout. Il n’y a que les cours d’eau torrentiels ou très puissants qui ne sont pas très adaptés à ce type de leurre. La plus grosse difficulté pour ceux qui veulent pêcher avec, c’est d’en trouver ! Il semble qu’actuellement les stocks soient au plus bas… J’utilise principalement deux coloris : le noir (ou le vert foncé) et le orangé tête rouge.Nous aurons l’occasion de parler des coloris un peu plus en détail dans la deuxième partie… Les crankbaits à bavette sont en général flottants, ce qui signifie que lors de la récupération, leur bavette les fait plonger et que si la récupération cesse, ils remontent à la surface, plus ou moins rapidement selon le modèle. Avant d’aller plus loin, un avis tout personnel : ils donneront le meilleur d’eux-mêmes dans les secteurs plutôt calmes, hors courant chaotique. Par contre, leur flottabilité sera un atout pour les faire dériver vers l’aval, sous les branches surplombant la rivière, et ainsi pouvoir débusquer des poissons peu sollicités du fait de la configuration des postes. Dans ce cas, l’action de pêche sera simple : on lance vers l’aval, on laisse le pick-up ouvert, le leurre descend le courant en passant sous les branches et lorsqu’on juge qu’il est arrivé là où on le voulait, on enclenche le moulinet. Le leurre va alors remonter le courant en se dandinant en même temps qu’on le récupère. La récupération se fera calmement, lentement, en faisant des pauses pendant lesquelles le crankbait se maintiendra sur place en se dandinant ou remontera lentement vers la surface si l’on opère dans un secteur très calme. Le monde de la Truite Page - 65 - En général, j’opère de cette façon canne basse pour éviter le sillage du fil devant le leurre. Si le poste est vraiment peu profond, je ramène le leurre à très basse vitesse (plus on le récupère vite, plus il a tendance à plonger profond, sans compter qu’un leurre qui remonte le courant façon «coureur de 100 m» a peu de chance de se faire intercepter au passage!) et/ou canne haute. Des leurres comme le Camion de chez Smith vont très bien pour cette pêche vers l’aval… Les cranks à bavette peuvent aussi être lancés vers l’amont et récupérés au gré du courant, en général canne basse pour leur permettre de se maintenir à la profondeur pour laquelle ils sont conçus. Mieux vaut là encore choisir des secteurs où le courant est calme. Le leurre précédemment cité s’accommode très bien de cette pêche mais il y en a d’autres. En plein été, de petits cranks, évoluant en surface ou juste sous la pellicule, peuvent faire monter de belles mouchetées : le Crank22 de chez Illex, le Cicada de chez Tackle House, sont de ces leurres permettant une pêche de surface aussi amusante qu’efficace. L’action de pêche est là encore très simple : choisir un beau secteur bien calme, lancer le «top water crank bait» en pleine eau s’il y a des gobages au milieu de la rivière ou le long de la végétation rivulaire, ramener doucement, en faisant des pauses de temps en temps pendant lesquelles on pourra faire vibrer le leurre sur place si on le désire, reprendre la récupération etc. J’opère en général canne haute de façon à maintenir le fil hors de l’eau et le leurre à la surface. Truites et chevesnes sont susceptibles de monter gober ce qu’ils pensent être un insecte en perdition dérivant et se débattant à la surface. Inutile de dire que dans cette pêche on ramène doucement: un insecte dérivant dans la pellicule n’est pas un champion de ski nautique! Cette pêche de surface donnera évidemment le meilleur d’elle-même en été, et il va sans dire que la discrétion sera de mise, on se rapproche là de la pêche à la mouche en sèche… A noter aussi qu’on peut utiliser ces petits crancks de surface en les laissant partir vers l’aval sous les branches avant de les ramener en leur faisant remonter le courant comme vu auparavant. Attention toutefois : il arrive que lors de la dérive vers l’aval, ils se fassent gober à notre grande surprise ! Si on a laissé le pick up ouvert pour leur permettre de partir à ce moment-là… On a intérêt à avoir de bons réflexes et être très rapide… Le monde de la Truite Page - 66 - Voilà pour les crank baits, ce sont donc des leurres simples à utiliser. Les cranks à bavette sont conçus pour plonger rapidement à une profondeur déterminée (souvent indiquée sur leur emballage) lors de la récupération. En règle générale, ils se ramènent canne basse pour leur permettre de se maintenir au bon niveau. Ils sont bien adaptés à une recherche rapide des poissons actifs dans les calmes : on lance devant soi, on ramène – en faisant des pauses ou non, tout dépend de l’humeur des poissons- rien de bien sorcier donc… Ils sont susceptibles de se faire attaquer par les truites bien sûr, mais aussi par les chevesnes et les perches qui ne sont pas insensibles à ces leurres…. Cependant, à mon avis, il y a des cas où ils se montrent peu performants : dans les courants notamment. Plusieurs raisons à cela : en pêche vers l’amont, leur flottabilité nous obligerait à les ramener trop vite pour les faire plonger (sauf dans les secteurs calmes) et (est-ce dû à leur forme «arrondie»?) je trouve qu’ils ont une mauvaise tenue dès que l’eau commence à courir un peu vite….Ensuite, ce sont des leurres qu’on utilise en «lancer-ramener», sans leur donner d’action particulière, ils se débrouillent seuls. C’est un avantage au niveau de la simplicité d’utilisation, mais lorsque les poissons boudent –ce qui arrive assez souvent quand même !- et qu’il faut les inciter à mordre, le fait que le pêcheur se contente de les laisser pêcher seuls peut s’avérer insuffisant. Dans ce cas, la deuxième catégorie de poissons nageurs, les jerkbaits, viendra à point pour prendre le relais car on va pouvoir leur «donner vie» par des animations….sans compter qu’ils ont une meilleure tenue dans les courants…. Ce sera le sujet de la deuxième partie. Le monde de la Truite Page - 67 - Le monde de la Truite Page - 68 -