Le magazine de l`association

Transcription

Le magazine de l`association
L e m a g a z i n e d e l ’ a s s o c i a t i o n « P ê c h e d e l a Tr u i t e »
Mouche: la pêche
en nymphe
La rubrique du
tocqueur
Vairon: La cuiller
à vaironner
Technique: choisir sa
canne à mouche
Leurres: Le poisson
nageur à l’UL
N°4 - Décembre, janvier, février 2007
Le monde de la Truite
est un magazine électronique
édité Par l’association
« Pêche de la truite »
http://association.pechedelatruite.com
[email protected]
Rédacteur en chef
Edito
Etre responsable !
M
ême
si
certaines
âmes bien intentionJérôme Aussanaire
[email protected]
nées ne manquent pas de
nous démontrer régulièAdjoint de rédaction
rement, études à l’appui,
qu’il existe des rivières qui
Christophe bouet
conservent un cheptel salmonicole très acceptable
Ont collaboré à ce numéro
malgré la pression de pêche qu’elles subissent, combien
Jérôme Aussanaire
d’autres au contraire en souffrent de manière chronique ?
Christophe Bouet
Pour s’en persuader, il n’est nul besoin de s’enfermer
Xavier Hudry
derrière des chiffres dont on pourrait là aussi émettre
Jean-Denis Pouget
quelques doutes dans leur interprétation mais plus baChristophe Chambon
siquement d’aller se promener au bord de certaines réJean-Benoit Lambert
Denis Chazaud
serves pour constater que lorsque les pêcheurs ne sont
Marc Méret
pas là, les truites sont en quantité beaucoup plus imArnaud Gény
portantes que dans le reste du cours d’eau. De la même
Nicolas Germain
manière, les secteurs « sans tuer » montrent des populations généralement bien supérieures à celles de la rivière.
Abonnement
La dégradation progressive de la productivité de ces
http://www.pechedelatruite.com/article. cours d’eau, qui s’est vu considérablement accentuée à
php3?id_article=327
cause des années de sécheresse successives que nous
venons de vivre, les rendent particulièrement vulnérables
Photo de couverture
malgré la baisse des effectifs dans les rangs des pêcheurs.
Ainsi, avec des populations de salmonidés très netteChristophe Bouet
ment inférieures à celles présentes avant l’été 2003, la
pression de pêche exercée, même si elle est en constante diminution, ne peut qu’accentuer ce phénomène.
Certains pêcheurs ont déjà pris conscience de ce déclin
et se limitent d’eux-mêmes… Mais combien sont-ils ?
Des mesures simples et temporaires pourraient pourtant accélérer la recolonisation de ces cours d’eau
comme par exemple la création de réserves actives ou encore la diminution du nombre de prises.
Et pourtant certaines fédérations s’évertuent encore à jouer la carte de l’éternel optimisme malgré les faits et les mises en garde qui leurs sont faites, laissant entendre à qui le veut que tout va
bien afin de ne pas perdre de nouvelles cotisations.
Ce manque de discernement est en train de détruire ce qui reste de notre patrimoine salmonicoConception du logo
le et à force de scier la branche sur laquelle nous
http://lithium-prod.com/
sommes assis elle finira à terme par se briser.
La reproduction totale ou partielle des Avons-nous décidé de ne laisser que des souvenirs ou des
photos et des manuscrits est interdite, envies d’évasions hors de nos frontières pour que les prosauf accord avec la rédaction et/ou avec chaines générations de pêcheurs puisse vivre leur passion ?
leur auteur respectif.
Le monde de la Truite
La rédaction.
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Sommaire
Editorial
Page 2
Shopping de noël
Page 7
Infos
Page 9
Mouche: la pêche en nymphe
Page 10
Montage: La Pat(te) de mouche
Page 17
Shopping
Page 19
La rubrique du tocqueur
Page 20
Un appât de choix: le ver
Page 22
Littérature: Avec Dame Fario de Léon Foch
Page 24
Technique: choisir sa canne à mouche
Page 28
Le monde de la Truite
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Sommaire
Interview: Daniel Rojon
Page 33
Internet: Truites & Rivières
Page 41
Récit: Coup du soir de Marc Méret
Page 43
Un métier: moniteur-guide de pêche professionnel
Page 48
Association: charte du pêcheur responsable
Page 52
Association: rendez-vous membres septembre 2007
Page 54
Shopping
Page 56
Infos
Page 58
Vairon: la cuiller à vaironner
Page 59
Leurres: Ultra-léger et poissons nageurs
Page 64
Le monde de la Truite
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Le monde de la Truite
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Boutique de l’association
V
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truite» portant le prix de la casquette à 7 euros soit 10,90 euros au total* (les frais d’expédition et d’emballage restant incompressibles).
Pour commander, veuillez adresser votre chèque libellé à l’ordre de «Association Pêche de
la truite» à l’adresse du siège social de l’association :
Pêche de la truite, Casquette pechedelatruite.com, 35 rue Pierre Sémard, 18400 St Florent
sur Cher.
Merci de précisez sur papier libre l’adresse de livraison.
*Pour les membres de l’association «Pêche de la truite» Merci d’indiquer au dos de votre
chèque votre numéro d’adhérent.
Le monde de la Truite
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Shopping de Noël
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Le monde de la Truite
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D
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Indochine vit toujours pour la musique
et la pêche à la mouche ce qui lui permet de s’évader de son métier très prenant.
Une ballade au coeur de la nature au cours de laquelle il nous faire part de ses sensations d’artiste,
de ses rencontres avec les autres pêcheurs et des
bilans de ses sorties qu’il note sur un carnet : le carnet d’un moucheur.» - Durée: 50 min.
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Le monde de la Truite
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Infos
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R
éalisé en association avec
la société Lithium-prod, ce
logo est le fruit de la réflexion
entamée il y a quelques semaines afin de donner un visuel attrayant à votre revue préférée!
Nous espérons que vous
trouverez celui-ci en adéquation avec le contenu et
la ligne directrice de ce cyber magasine et que vous
lui ferez un bon accueil.
«Les Fous de Pêche»
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Méret afin d’enrichir votre culture halieutique.
Pour les lecteurs assidus de la revue, l’auteur n’est
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vous donner une impression quand à la richesse de
ses histoires.
160 pages, 19 nouvelles.
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Port gratuit pour les inscrits du site «Fous de pêche:
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Le monde de la Truite
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Mouche
La pêche en nymphe
Bon nombre de pêcheurs hésitent avant
de pratiquer la pêche à la nymphe, technique qu’ils pensent être plus difficile à maîtriser que la pêche en sèche ou en noyée.
Cependant, plus facile à apprendre qu’on
veut bien le laisser croire, cette technique de pêche à la mouche est devenue incontournable pour le moucheur et probablement l’une des plus productives.
Petit
tour
d’horizon
d’une
technique
aussi
subtile
que
passionnante.
Texte: Christophe Bouet
Photographie: Christophe Bouet, Jérôme Aussanaire et Philippe
Gonnand
I
l fut un temps ou l’absence de gobages sur une rivière était synonyme de pêche en mouche
noyée. Ce « ratissage » systématique de tous les courants susceptibles d’abriter des truites en activité était certes rentable mais nombres de postes, notamment en bordure, étaient
bien souvent ignorés. Ainsi, pour aller chercher les poissons qui se trouvaient en dehors des
veines de courant habituellement « peignées » avec une mouche noyée, les premières présentations « travers » ou « amont » firent leur apparition. De la même manière, les mouches prirent progressivement du poids afin d’aller chercher au plus profond des truites qui
refusaient de monter chercher sous la surface une mouche noyée. Ce changement radical de
technique de pêche donna naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui la pêche à la nymphe.
Ainsi, certains pêcheurs imaginatifs et innovants comme Jean-Pierre Guillemaud, plus connu
sous le sobriquet de PIAM, ont développé une technique à part entière visant à exploiter un
niveau d’eau qui ne l’était pas jusqu’alors en proposant aux truites des insectes pendant leur
stade larvaire.
Le monde de la Truite
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Un matériel adapté
Il est bien évident que pour pêcher avec des mouches parfois très lourdes, il était nécessaire
de faire aussi évoluer son matériel. Ainsi, les cannes à mouche sont devenues plus puissantes
et plus rapides afin de pouvoir propulser des nymphes lestées de plombs puis plus récemment de tungstène.
De la même manière, ces cannes possédant une forte action de pointe devaient être vite
mises en action par une soie lourde en tête. C’est pourquoi des profils de soies plus massifs
en tête de ligne comme par exemple les fuseaux décentrés WF se sont d’avantage développés
et que des soies comme les triangles taper TT ont fait leur apparition pour palier à ce besoin
de rapidité de mise en action de la canne.
En général, dictée par la rivière que l’on va pêcher et surtout par le poids de la nymphe que
l’on utilisera, la soie utilisée sera comprise entre les numéros 4 et 6 en considérant une soie
de 5 comme un bon compromis d’adaptabilité et de polyvalence.
L’action de pêche
Le but de cette technique de
pêche bien spécifique étant
de présenter correctement
une mouche artificielle dans
la couche d’eau se situant
entre le fond et la surface, il
faut toujours savoir ou elle
se trouve et à qu’elle profondeur elle évolue.
Je sais pertinemment qu’il
est plus simple de l’écrire que
de le faire mais vous verrez
qu’avec un peu d’habitude
on finit assez facilement à «
sentir » sa nymphe lorsqu’elle est sous l’eau un peu comme le fait un pêcheur aux appâts naturels lorsqu’il pratique cette
discipline sportivement avec des lignes faiblement plombées.
En matière de prospection, il est préférable d’effectuer des lancers trois quart amont et de
laisser dériver sa nymphe jusqu’au travers de la rivière pour éviter les dragages moins perceptibles qu’avec une mouche sèche. De la même façon, on évitera de « coiffer » le poisson
avec la soie ou le bas de ligne.
Comme chaque rivière est différente et qu’elle ressemble rarement à un long fleuve tranquille, il est indispensable de pouvoir s’adapter pour être efficace. Ainsi, cette généralité de
lancer trois quart amont peut être revue pour opérer directement vers l’amont, voir plein
aval. Dans tous les cas, c’est la rivière qui décide et les veines de courants qui servent de
postes aux truites en activité.
Le plus difficile à appréhender dans cette technique est de pouvoir trouver la bonne profondeur en lançant sa mouche, plus ou moins lestée en fonction de la force du courant, suffisamment en amont pour qu’elle puisse « descendre » à la bonne profondeur lorsqu’elle va passer
devant la truite repérée ou supposée. Ensuite, reste la maîtrise de la dérive en récupérant
vite le mou créé dans la ligne pour pouvoir contrôler la dérive, de percevoir à temps le moment ou l’on devra ferrer et bien sûr d’éviter les dragages.
En écrivant ces quelques lignes, je m’aperçois qu’il s’agit finalement des mêmes recommandations que l’on pourrait faire à un pêcheur qui pratiquerait en sèche avec l’exception près
que cette fois-ci tout se déroule sous l’eau sans que l’on puisse voir la plupart du temps ce
qu’il s’y passe. En conséquence, cette dimension supplémentaire impose une attention et une
concentration toute particulière.
Le monde de la Truite
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Les indicateurs : une aide précieuse
Comme je l’évoquais tout à l’heure, la perception du moment opportun nous permettant de
deviner qu’un poisson à saisi notre nymphe n’est pas aisée lorsque l’on pêche en aveugle. Ce
phénomène est d’autant plus délicat que l’on pratique en rivière rapide et que la soie ou le
bas de ligne ne sera pas toujours simple à observer en fonction des zones de turbulences ou
de luminosité. C’est pourquoi il est important d’utiliser un indicateur qui va nous permettre
de suivre des yeux le trajet du bas de ligne et de déceler tout comportement anormal, aussi
subtil soit-il.
Il existe plusieurs types d’indicateurs qui vont du morceau de laine fixé sur le bas de ligne,
de la mouche sèche en potence ou encore de la pâte synthétique flottante. Le repère visuel
qui semble le plus utilisé est l’indicateur de type rigoleto. C’est une sorte de mini flotteur qui
nous indique grâce à ses couleurs vives le comportement de la ligne. Nombreux sont ceux,
trop puristes à mon goût, qui bannissent ce type d’indicateur sous prétexte qu’il s’agit à leurs
yeux d’une pêche au « bouchon ». Laissons là ce genre de considération ridicule et efforçons
nous plutôt de réfléchir pour optimiser sa technique plutôt que de s’entêter dans un intégrisme un peu dépassé.
Pour en revenir à ces indicateurs de type rigoleto, j’ajouterais qu’ils sont particulièrement
intéressants avec de petites nymphes sur des cours d’eau profonds avec un courant régulier.
D’une part ils sont très visibles et d’autres part ils flottent bien et permettent d’effectuer un
posé très en amont tout en conservant la nymphe à la bonne profondeur.
Le morceau de laine ou encore le petit pompon de laine fluorescente verte, jaune ou orange
est très utilisé en Amérique. Cet indicateur est assez intéressant en terme de visibilité mais
comporte trop d’inconvénient à mon goût pour qu’il puisse trouver sa place dans mon gilet.
Très gourmand en produit hydrophobe pour qu’il puisse flotter correctement, il devient très
désagréable à utiliser lorsqu’il est imbibé d’eau que ce soit pour le lancer ou pour les dérives
qu’il rend parfois difficiles.
La pâte synthétique flottante que l’on malaxe pour la rendre plus souple avant de durcir au
contact de l’eau me paraît la solution la plus pratique et la plus polyvalente. On peut choisir
très facilement la quantité que l’on place sur le bas de ligne et la position peut être modifiée
à tout instant. C’est probablement la méthode qui remporte le plus d’adepte grâce à sa simplicité et sa rapidité de mise en oeuvre.
Une autre solution consiste à placer en potence une mouche sèche très flottante. C’est le cas
des gros sedges fabriqués en poils de cervidés. Non seulement elles sont visibles mais en plus
elles passent probablement plus inaperçues qu’une bille de polystyrène qui dérive en surface
avec en prime la possibilité d’y prendre une truite.
Le monde de la Truite
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La pêche au fil
Si la pêche avec indicateurs est souvent nécessaire lorsque la profondeur est au
moins égale ou supérieure à la longueur de la pointe du bas de ligne, on peut toutefois s’en passer dans bon nombre de rivières françaises dès l’instant où les conditions de pêche et les débits sont corrects. C’est ce que l’on appel la pêche au fil.
En fait, il s’agira de soigner particulièrement la dérive puisque seul le bas de ligne permettra
de détecter les touches. Pour ce faire, l’ensemble soie / bas de ligne devra être bien rectiligne
et à la limite de la tension afin de pouvoir réagir à la moindre traction. Pour faciliter les choses,
vous devez graisser le bas de ligne juste avant la pointe. Cela l’empêche de couler et le rend
bien plus visible. Par contre, la pointe doit être au contraire dégraissée à l’aide de produits spécialisés ou au pire avec du liquide vaisselle. C’est la jonction entre la partie flottante et la partie
plongeante qui sera la plus indiquée pour visualiser une anomalie dans la dérive de la nymphe.
La solution d’intercaler dans la fabrication de son bas de ligne un ou plusieurs brins de nylon
fluorescent est récent et peut être intéressant en matière d’indicateur. Proposés dans des
coloris blanc, vert ou orangé, ces nylons sont très visibles et permettent d’être vus dans des
conditions de luminosité assez difficiles. Toutefois, et c’est là le défaut majeur de ce type de
procédé, la différence de caractéristiques physiques entre le fil translucide composant le bas
de ligne et le fil fluorescent que l’on aura intercalé ne permet pas à mon avis d’avoir un bas
de ligne correctement équilibré et complètement progressif. Ce système, même s’il est perfectible peut toutefois rendre bien des services lorsque l’on manque d’expérience dans cette
discipline. Ainsi, les dérives sont mieux contrôlées et les touches plus facilement détectables.
Lorsque les truites prennent franchement, tout est très simple ; mais ce n’est pas toujours le
cas, loin s’en faut. Il faut donc ferrer dès que le comportement du bas de ligne vous semble
anormal. Il est toujours délicat d’expliquer et de définir la perception de la touche d’autant
qu’il arrive parfois où l’on ferre pratiquement d’instinct sans pouvoir réellement expliquer
clairement ce qui a motivé le geste. C’est aussi ce qui fait le charme de cette technique.
La pêche à vue
C’est une pêche vraiment sensationnelle tant dans l’émotion qu’elle procure dans la recherche des truites que dans les sensations éprouvées au moment de l’engamage de la nymphe.
Cette technique consiste à s’approcher d’une truite en toute discrétion, de lancer sa nymphe sans éveiller ses soupçons et de la ferrer au bon moment. Pour ce faire, il convient de
remonter la rivière discrètement en étant particulièrement économe dans ses gestes, sans
provoquer de vagues si vous progressez en marchant dans l’eau et à fondre votre silhouette
dans le paysage. Car si vous voyez une truite, il faut bien avoir à l’esprit qu’elle peut vous
voir aussi !
Le monde de la Truite
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Je ne serais que trop vous conseiller dans cette pêche de rester au maximum sur la berge
lorsque la rivière n’est pas très courante. Non seulement vous aurez une bien meilleure visibilité mais vous pourrez plus facilement vous dissimuler à la vue d’une truite repérée en vous
aidant de la végétation rivulaire. Pour la pêcher, le lancer arbalète sera alors le plus adapté
en prenant la nymphe serrée entre vos doigts, en bandant le ressort de votre canne et en
lâchant la mouche pour qu’elle puisse être propulsée jusqu’au poisson.
Plus délicat en eaux courantes, pour repérer une truite il faut vraiment être minutieux et
passer « au peigne fin » le fond de la rivière. Il faut alors déterminer un secteur et le diviser
en petites portions d’un ou deux mètres carrés. C’est toujours agaçant de faire fuir une truite
que l’on n’aura pas vue !
La pêche à la roulette
Cette technique de pêche en nymphe est souvent mal considérée par les pêcheurs à la mouche qui la voient plus comme une pêche au toc qu’une véritable pêche à la mouche. Dans
tous les cas, elle n’a pas son pareil pour la prospection des eaux agitées et /ou profondes.
Elle est pratiquée avec des mouches très lourdes et est très efficace dans des eaux qui sont
rarement exploitées par les techniques conventionnelles de pêche à la mouche. On utilise
donc des modèles de nymphes fortement lestées et habituellement de grande taille pour
essayer de faire « sortir » les truites de leur
cache. La perception des touches est très variable et cela peut se traduire par un coup de
marteau dans le scion ou un simple arrêt d’un
millième de seconde dans la dérive. Comme à
chaque fois, dès que vous avez un doute sur
le comportement de votre ligne … ferrez !
En conservant la canne haute on peut sentir
la nymphe rouler sur le fond et permet une
réponse au ferrage très rapide. La pêche en
fait assez simple ….. en tout cas en théorie.
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Il suffit en effet, de choisir une nymphe, pas trop petite si vous débutez dans la technique,
et de la poser en amont du poisson repéré. Si vous manquez d’expérience, faite un réglage un peu en aval de la truite
pour choisir la bonne densité de
la mouche pour qu’elle puisse
atteindre la bonne profondeur.
Si la nymphe passe trop haut,
c’est qu’elle est soit trop légère
soit que vous ne lancez pas suffisamment en amont. Une fois la
nymphe choisie, c’est à vous de
jouer !
Avec un peu d’habitude et une
certaine expérience, vous trouverez directement sans faire
d’essai la mouche qui correspondra en terme de poids à la
profondeur où se trouve la truite
et vous saurez à quelle distance
il vous faut la poser en amont.
Ensuite, il vous faut effectuer un
lancer dans la veine de courant
qui conduira votre nymphe vers
la gueule de la truite. Vous devez observer attentivement et
en permanence la truite en poste
sans vous soucier de voir ou non
votre nymphe car c’est le comportement de la truite qui vous
indiquera si elle prend ou non.
En effet, le moindre écart et dans
le meilleur des cas l’ouverture et
la fermeture de la gueule de la
truite seront les signes qu’elle a
pris votre nymphe et que vous
devrez ferrer. Parfois, ces signes
ne seront pas aussi flagrants et
c’est votre expérience et votre
connaissance du poisson qui
fera la différence.
Car comme je me plais à le
dire, la nymphe est une pêche
d’instinct et d’intuition …. et
c’est ce qui fait qu’elle est pleine
de charme et d’intérêt.
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Le monde de la Truite
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La Pat(te) de mouche
MONTANA à BILLE
La montana est beaucoup utilisé par les pêcheurs français en reservoir , facile à
monter par les debutants .
Formule de montage:
Hameçon : ASHIMA n ° 8 à 12 tige longue
Soie de montage : noire
Cerques : Fibres de plumes de marabout noire ou orange
Corps et boite à ailes : chenille noire ou blanche
Thorax : chenille jaune cercler d’un hackle noir
Lestage : bille or n° 3
Tête : soie de montage + vernis
Enfilez la bille sur l’hameçon,fixez la soie
de montage et allez à la courbure .
Fixez les fibres de plumes de marabout
et la chenille noire à la suite.
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Enroulez la chenille sur les 2/3 de la
hampe, ne coupez pas le surplus, faire un
nœud d’arrêt et repositioner la soie entre
l’œillet et la bille ,bloquez celle-ci contre
le corps.
Fixez le hackle noir et la chenille jaune .
Enroulez la chenille et cerclez avec le
hackle
Rabattre la chenille noire en attente sur
le hackle,formez la tête et vernir.
Le monde de la Truite
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Shopping
Livre «Truites & Rivières 2»
Après le succès du 1er tome, Voici enfin la suite à ce livre!
Ce livre est le fruit de la rencontre de pêcheurs de tous horizons et qui ont un point commun:
l’envie de partager!
C’est au travers de récits écrits par des pêcheurs de tous âges que vous prendrez place au
bord de rivières et que vous vivrez de l’intérieur leurs histoires personnelles ou imaginaires.
Réalisé en auto-édition, vous pouvez faire une pré-commande du livre «truites et Rivières 2»
par souscription directement auprès de l’initiateur de cet ouvrage au prix unitaire de 10 euros
(frais de port inclus).
Pour commander:
http://www.truitesetrivieres.com/topic2/index.html
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La rubrique du tocqueur
Après la préparation du pêcheur, je vais
vous parler du matériel.
Texte et photographie: Jean-Denis Pouget
La canne
L
’ère du matériel lourd et encombrant est terminée. Dans les années 70, j’ai commencé
avec une canne en bambou que mon grand père m’avait donnée. Cette canne, je l’ai
toujours. Je pêchais avec 1m, 1m50 de fil fixé au scion. C’était une technique dérivée de la
longue canne pratiquée dans le cantal. Cette canne, mon père l’avait améliorée, ajoutant des
anneaux et un ramasse-fil fabrication maison (voir photo). Il n’y avait pas ou peu de choix
dans les magasins. Par la suite sont arrivées les cannes en fibre de verre, plus légères et
télescopiques. Un vieux pêcheur m’en a donné une, « fil intérieur » mais modifiée car le fil
collait trop. Il n’y avait pas d’entretoise. Il avait ajouté des anneaux fixés par ligature et s’en
servait comme ça. C’était une deux en un artisanale. Ce fut ma première « fil intérieur ». Par
la suite j’ai repris les cannes de mon père, toujours des « fils intérieurs », de plus en plus
légères au fur et à mesure que la technologie s’intéressait au monde halieutique.
De nos jours les choix sont
multiples: télescopique, téléréglable, fil intérieur, anglaise …
c’est à chacun de trouver la canne adaptée à son style et aux
rivières qu’il fréquente. On peut
avoir du matériel à tous les prix
que ce soit chez les détaillants,
dans les grandes surfaces, sur
internet ou chez des artisans
monteurs. Ces derniers sont capables pour un prix raisonnable
d’ajouter des entretoises à vos
cannes « fil intérieur » ou de
vous proposer un modèle personnalisé.
Le monde de la Truite
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Aujourd’hui je pêche avec deux modèles, une Garbolino Kevline, fil intérieur pour les parcours encombrés en ruisseaux et petites rivières. C’est une canne assez légère, rigide, avec
suffisamment d’entretoises pour assurer une glisse correcte du fil. Elle a l’avantage d’avoir un
talon téléréglable. Je l’utilise pour les parcours encombrés. Sinon, pour les rivières plus larges et dégagées, je possède une canne anglaise Delacoste natura-excel, très légère (moins
de 200gr), polyvalente à action de pointe mais un peu fragile. Elle craint les chocs et les
cisaillements du fil sur le scion. Mais son action permet de travailler le poisson d’une façon
incomparable. Sensations nouvelles garanties avec une canne de ce type.
Les moulinets
Doit-on parler de moulinets ou plutôt de ramasse-fil. Il en existe une quantité variée pour
tous les goûts. Après avoir eu un ramasse fil fabrication maison (voir photo), nous avons
vite acheté les petits modèles type « Pratic » (poignée orange), « Perless » (modèle bleu)
puis « Bam) (modèle Ritma). C’est un modèle auquel je suis resté attaché car il est rustique,
robuste et ne m’a jamais trahi. Il suffit d’un entretien annuel (nettoyage et graissage) pour
qu’il vous soit fidèle. Il existe aussi des moulinets capotés, ils ne m’ont pas séduit car je ne
retrouve pas la simplicité d’utilisation du Ritma. Entre autre, le blocage du fil après un lancer
n’est pas toujours sûr ce qui est très gênant au moment du ferrage. D’autres encore ont des
modèles Pyrénéens. Ce sont des moulinets qui rentrent dans le talon de la canne et nécessitent quelques aménagements (trou pour la gâchette). Enfin depuis peu, le semi-automatique
type « Vivarelli » est venu compléter cet éventail.
C’est à chacun de trouver le matériel qui lui convient: budget, poids,
équilibre et surtout efficacité.
Le choix de la canne et du moulinet
est important, ce sont deux outils
essentiels dans la pèche. On doit
se sentir bien avec ce matériel et
surtout avoir de bonnes sensations.
C’est à ce prix que dame fario sera
conquise.
Le monde de la Truite
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Un appât facile, la teigne de ruche.
Un appât de choix, le ver.
Un appât à la portée de tous. Tous les pêcheurs ont utilisé au
moins une fois un ver de terre pour pêcher, même le plus accroc des moucheurs l’a un jour mis au bout de sa ligne, lorsqu’il
était encore qu’un pêcheur au toc, c’est la bouchée universelle
de tous poissons. Quelques règles doivent cependant être respectées, aussi bien dans le choix des vers, mais aussi leur taille,
leur couleur et bien sur leur provenance.
Texte: Xavier Hudry
Photographie: Xavier Hudry et Jérôme Aussanaire
Le choix, pas si facile…
N
ous ne parlerons ici que de trois « variétés » de ver, le ver de berge, le ver de terreau et
le « tête noir », ou ver de jardin.
Plusieurs critères peuvent être mis en avant pour le choix des vers employés, mais il me
parait essentiel de choisir en fonction des disponibilités, difficile de trouver un ver de berge
en ville, ou même un « tête noir », mais vous pouvez facilement trouver des vers de terreau,
qui, préparés quelques jours avant la partie de pêche, conviendront à merveille.
La taille des vers a une importance primordiale, INUTILE de
pêcher avec des vers gros comme le bras, c’était de mise il y a
quelques années, à la touche, le
pêcheur laissait engamer la truite
avant le ferrage, ce qui bien souvent se soldait par une opération
chirurgicale pour récupérer l’hameçon.
Il en découle donc, dans un
souci de ferrer une truite proprement en lui laissant un maximum
de chance de survie, de choisir
des vers dont la taille se situe
aux alentours de cinq centimètres, ce qui représente déjà une
belle bouchée pour une fario.
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La couleur peut parfois
faire la différence, un ver
de berge bien rose se voit
très bien sur un fond assez sombre, ce qui peut
tenter une truite à se déplacer pour se saisir de cet
appât, mais le contraire
est tout aussi efficace, un
« tête noir », donc comme
son nom l’indique foncé
s’utilise sur fond clair. Il
ne faut en aucun cas faire
une généralité de cette
constatation, un ver de
couleur claire peut très
bien pêcher sur un fond
clair…
La provenance a aussi
son importance. Les vers
achetés sont conditionnés peu de temps avant
la vente, ils sont donc très
mou, avec beaucoup de
liquide et de terre à l’intérieur. La solution n’est
pas difficile, il faut préparer les vers un peu avant
la partie de pêche, une
quinzaine de jours sont
suffisants, en les mettant
dans un mélange composé de mousse (récoltée
sous les arbres au bord de
l’eau) et de marc de café.
Il ne faut pas mettre trop
de marc, les vers ne doivent pas sentir le café….
Vous déposez votre mélange dans une boîte aérée, au réfrigérateur, avec les vers, en prenant
soin de ne pas verser la terre à l’intérieur !
En procédant de la sorte, vos vers vont se vider de toute la terre et autres liquide, devenir
bien dur et facile à mettre sur l’hameçon, rien ne gênera le passage de l’hameçon.
Il est possible d’élever des vers de façon assez simple, cet élevage sera le sujet du prochain
numéro.
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Littérature
Avec Dame Truite
(Léon Foch – 1961)
Présenté par Arnaud Gény
F
in 1999, sur mon insistance, Nicolas, mon beau-frère, accepte de me prodiguer ses premières leçons de pêche de la Truite aux appâts naturels . L’apprentissage commence
durant l’inter-saison par la lecture de l’ouvrage de Pierre Sempé et de nombreux magazines
halieutiques. Quelques séances de technique d’assemblage d’hameçons, de bas de ligne,
de plombées viennent perturber mes séances de lecture. Quelques lancers et tentatives en
deuxième catégorie tentent de mettre en application les premières recommandations. Mars
pointe son nez, je me retrouve au bord du Doubs franco-suisse pour ma première ouverture
et ce sous la neige... Le chemin va être long... Rivière large, difficile, pratique quasi nulle,
technique peu assimilée, dérive hasardeuse, plombée tatillonne agrémentent les premières
heures, les premiers jours. La fréquence des sorties et leur rapprochement permettent de
progresser sensiblement sur la technique mais toujours aucune touche. Du poisson, il y en a,
pour preuve, mes compagnons prennent du poisson. La méconnaissance du comportement
de la Dame me conduit à la bredouille. Six mois se sont écoulés, le nombre de prises est
dérisoire, quelques manches courtes, une sauvage. Lassitude, énervement, je pose la canne,
j’observe, je réfléchis. Verdict je pêche mal, certes la technique n’est pas encore parfaitement maîtrisée, mais plus encore je n’avais pas pris en compte le paramètre essentiel. Je ne
connais pas la truite, alimentation, habitat, comportement... Les réponses, je les ai trouvées
dans le livre de Léon Foch : « Avec Dame Truite », publié en 1961.
S’il existait un panthéon de la littérature halieutique consacrée à la truite, alors il y rejoindrait sans aucun doute les oeuvres d’Antoine Vavon, d’Albert Petit, Léonce de Boisset, du
Docteur Barbellion, de Tony Burnand, de Charles Ritz, pour ne citer qu’eux.
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Léon Foch est pyrénéen, natif du Comminges. Né en 1898, il meurt en 1974, à 76 ans. Fils
de Jules Foch, greffier de justice à Aspet, il appartient à une famille d’instituteurs. C’est cette
profession qu’il exerça à Soueich, avec une originalité pleine de panache. Sa passion numéro
un, c’est la chasse, viennent ensuite la pêche de la Truite et la course automobile. S’il a à son
actif de nombreux exploits cynégétiques, il est surtout connu pour ses records affolant toutes
les statistiques en matière de pêche de la truite. Quelques coupures de journaux des années
30 rappellent quelqu’uns d’entre eux : en 1928, 8 692 truites ; en 1929, 7 709 ; en 1930 :
9614. Il a atteint 10 203 prises en 1923 dont 317 truites le 14 août. Autre record, il réalise,
devant témoins, la capture de 28 truites en 25 minutes.
Un calcul pour l’année 1930, tenant compte de journées de pêches de 8 heures effectives,
140 jours de liberté pour un instituteur, donne pour moyenne 86 truites toutes les 60 minutes. Inutile de vous dire que ces chiffres me laissent rêveur et qu’ils ne sont pas prêts d’être
égalés ou dépassés (en milieu naturel). Ces exploits répétés lui ont valu le titre de Prince de
la Truite.
Avec Dame Truite, il s’attache à expliquer la vie de la
belle dans les moindres détails plutôt que de vanter les
mérites de la dernière technique ou du dernier matériel
à la mode. Ouvrage complémentaire à sa première prose, « l’Art de pêcher la Truite
» paru dans les années 20,
il en reprend quelques pages, croquis et principes.
Son métier d’instituteur facilite la lecture, les explications sont empreintes de pédagogie, le vocabulaire est
simple, précis. L’articulation
des trente-neuf chapitres
constitue un véritable parcours scolaire. Tour à tour
livre de découverte, de lecture, de perfectionnement,
d’enseignement technique,
de cours magistral, il vous
emmène dans une longue
scolarité. Vous y entendrez
parler d’alphabet, de lecture, du sens, de discipline...
L’ouvrage est plaisant, passionnant, vivant. Son auteur
vous accompagne de la première à la dernière page.
Néophyte ou initié, chacun
s’y laissera dériver, bercer
par le verbe de l’instituteur.
Cela reste toutefois difficile en quelques lignes de décrire toutes les subtilités de l’oeuvre
tant les anecdotes ou conseils sont légions. Comment évoquer « Avec Dame Truite » sans
s’attarder quelques instants sur quelques chapitres particulièrement savoureux. Que d’émerveillement lors de la promenade le long du ruisseau-alphabet, à l’écoute de la petite dizaine,
aux recommandations d’obéir à la nature ou d’hâtez-vous lentement, à la leçon de la manoeuvre de la Truite ferrée, des vingt principes, conseils ou vérités... Les conseils de Maître
Léon vous hanteront à chaque nouvelle sortie. Vos parties de pêche passées vous reviendront
à l’esprit au fil de la lecture. Vous remettrez en question les actions menées alors, ce qui a
été fait en bien ou en mal, ce qu’il aurait fallu faire et l’issue heureuse ou non de l’aventure.
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Il y a plusieurs façons
d’aborder le livre, le
compulser dans sa totalité, parcourir un chapitre précis ou encore
de façon plus détaillée
pour aller chercher un
conseil, une explication
spécifique ou un sujet
précis. Quelque soit la
méthode employée, le
lecteur ne restera indifférent au contenu et
à la forme. Indiscutablement, il aura envie
d’en savoir davantage.
Ce livre est un éveil à
la Truite, à son monde.
Sans leur compréhension, la pêche de la truite n’aura jamais tout
son sens.
Si la place de cette
oeuvre est indiscutable,
voire
indispensable,
dans la bibliothèque
du pêcheur de Truite,
il n’y prendra jamais la
poussière tant il sera
consulté. Il l’accompagnera jusqu’au bord de
l’eau parce que celui-ci
se posera la question, qu’aurait fait Léon Foch ?
Comme le dit s’y bien l’auteur, l’instituteur ne fait pas tout. Il y a les bons et les mauvais
élèves. Si vous avez la patience, l’envie d’apprendre, vous progresserez sans nul doute et
vous entrerez dans le cercle fermé des bons élèves de Maître Léon. Si comme l’a écrit François Rabelais, vous en extrayez la « substantifique moelle », vous regarderez la rivière et ses
hôtes avec un oeil nouveau. Vous prendrez du poisson.
Ces quelques lignes n’ont pour but que de vous faire découvrir Léon Foch ou de susciter
l’envie de lire cet ouvrage. Les fêtes de fin d’année approchant, pourquoi ne vous le feriez
pas offrir ? Des exemplaires neufs ou d’occasion sont facilement trouvables, particulièrement
sur les sites d’enchères. Les prix de vente sont tout à fait abordables et raisonnables, même
pour l’édition originale, de 5 à 30 euros selon l’état et l’édition. Si par chance, vous possédez
déjà le livre, alors remettez vous vite à sa lecture. Vous aurez l’impression que la fermeture
n’est pas encore passée.
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Technique
Choisir sa canne à mouche pour débuter
Un débutant pourra apprendre à lancer une mouche artificielle
assez facilement et en quelques heures pour peu qu’il soit motivé et qu’il possède bien évidement une canne qui lui convienne.
Voici donc un petit récapitulatif de se qu’il faut savoir
pour être guidé dans l’achat d’une canne qui accompagnera le néophyte dans ses premiers pas au bord de l’eau.
Texte: Christophe Bouet
Photographie: Christophe Bouet, DR et Jérôme Aussanaire
L
a pêche à la mouche à ce côté magique qui fait qu’elle attire de nombreux adeptes tous les
ans mais qui en freine aussi certains d’entre eux à cause de cette fausse réputation d’être
d’une part une pêche difficile et d’autre part que le bon matériel, et notamment la canne,
coûte fort cher.
Cet ancien préjugé qu’il est bon de faire disparaître rapidement n’a pu lieu d’être et vous
trouverez sans aucun problème chez les détaillants en articles de pêche et dans les grandes
surfaces spécialisées du matériel « mouche » très performant, agréable à utiliser, solide et
esthétique à la fois et d’un prix très abordable.
Ainsi, le débutant dispose d’un large choix de cannes à mouche qu’il pourra choisir en fonction des conditions habituelles de pêche qu’il aura à rencontrer par la suite et de bonne qualité pour qu’il puisse apprendre correctement et progresser rapidement.
Même s’il existe des techniques de pêche à la mouche très particulières, un débutant commence rarement à pratiquer ces modes de pêche qui imposent du matériel spécifique. Ainsi,
pour s’initier, il est conseillé de fixer son choix sur une canne classique de type « truite » pour
la rivière.
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Les matériaux
Pratiquement toutes les cannes sont fabriquées sur une base de fibre de carbone leur conférant un faible poids, des propriétés mécaniques très acceptables et un prix qui ne cesse de
baisser. Il est bien évident que le coût d’une canne est essentiellement lié à la qualité du carbone qui la compose car elle peut être très différente en fonction du module, lequel s’exprime
en pourcentage. Sachez toutefois que plus le module est élevé et plus le carbone employé
possède des caractéristiques mécaniques importantes.
En ce qui concerne les autres matériaux comme le Boron, les mélanges de fibres de carbone
et de Kevlar ou encore le bambou refendu, ils restent des matériaux relativement coûteux qui
ne correspondent pas forcément avec un premier achat.
L’action
La canne sert avant tout à
propulser sa mouche à l’endroit souhaité et elle se doit
donc de répondre avec précision à nos sollicitations. C’est
en quelque sorte le prolongement de notre bras et c’est son
action qui devra être en harmonie avec votre type de pêche et votre tempérament. Il
existe 3 grands types d’action
: Les actions paraboliques, les
semi-paraboliques ou semi-rapides ou encore progressives
et enfin les actions de pointe.
Ces dernières sont dites aussi
action rapide car elles ne se
courbent principalement que
sur l’extrémité supérieure du
scion. Ce sont des cannes destinées en règle générale à la
mouche sèche et à la nymphe.
Elles entrent en action très rapidement et il ne faut pas hésiter à les « pousser » pour les
faire travailler correctement.
Les cannes progressives ou
d’action intermédiaire sont
des modèles que l’on pourrait
recommander aux débutants
pour apprendre à lancer et à
pêcher. L’action de ces cannes concerne la moitié haute
de celle-ci. Elles conviennent
indifféremment à toutes les
pêches à la mouche et « encaissent » bien les erreurs de
lancer.
Les cannes d’action lente, quant à elles, sont vraiment d’une utilisation spécifique. Elles sont
dites paraboliques car elles travaillent sur pratiquement toute leur longueur. Elles restent réservées à la pêche en mouche noyée et je ne vous la conseillerais pas pour commencer car
elle est peu polyvalente.
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La longueur
La longueur d’une canne à mouche est toujours indiquée en pieds. C’est une mesure anglaise dont l’unité correspond à 30,48 centimètres très exactement.
Pour les plus jeunes, on débutera de préférence avec une canne de 8 pieds ½ (environ 2,60
mètres) pour une soie de 5. Il aura là une canne très polyvalente et agréable à manier. Pour
un adulte, une canne de 9 pieds portant également une soie de 5 ou 6 sera plus adapté à sa
morphologie. C’est à mon sens le meilleur équipement pour prospecter toute sorte de cours
d’eau que l’on rencontre habituellement. C’est d’ailleurs dans ces longueurs et cette puissance que vous trouverez le plus grand choix.
La puissance
Cette valeur est particulièrement importante puisqu’elle indique quels sont les numéros de
soie que la canne est capable de lancer efficacement et sans fatigue excessive pour le bras
du pêcheur. Quand la soie est bien adaptée à la canne qui va la propulser, cette dernière «travaillera» de manière parfaite et au mieux de ses qualités.
Souvent, les fabricants donnent une fourchette de deux numéros qui sont notés sur la canne.
Cette inscription, généralement # 4-5 pour une soie de numéro compris entre 4 et 5, est à
prendre à la lettre. Pour débuter, je vous conseillerais d’utiliser la soie la plus lourde, soit une
5 pour cet exemple, qui est proposée par le fabricant. Attention toutefois de bien respecter
cette fourchette car une soie trop lourde (supérieure à 5 pour notre exemple) «chargerait»
trop la canne et vous auriez du mal à lancer avec précision une mouche artificielle par excès
de poids. L’inverse est également vrai puisqu’une soie trop légère (inférieure à 4 pour notre
exemple) ne pourrait charger correctement la canne obligeant le pêcheur à trop forcer sur la
canne pour un résultat qui serait forcément mauvais.
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Le poids
Une canne à mouche surprend toujours lorsqu’on la saisit dans les rayons d’un magasin.
Toutefois, même si elle ne semble rien peser alors qu’elle se trouve dans son fourreau, il en
est tout autre lorsqu’elle est montée au bord de l’eau et que l’on pêche avec pendant de longues heures.
Il est donc, comme pour toute les techniques de pêche d’ailleurs, préférable de choisir une
canne plutôt légère afin de profiter au maximum de son matériel pour vous éviter une fatigue
inutile et de favoriser la précision du lancer.
Une canne de type « truite » de 9 pieds ne doit jamais dépasser les 110 grammes et 100
grammes pour une 8 pieds ½. Si vous trouvez moins, c’est bien sûr parfait.
La poignée
Toutes les poignées sont fabriquées en liège, matériau traditionnel, solide, beau et très
agréable au toucher. Il existe un grand nombre de forme de poignée dont les plus communes
sont celles en forme de « cigare ». La forme n’a pas une grande importance même si on finit
toujours par avoir une préférence. L’important est de bien « sentir » sa prise en main et que
le diamètre de celle-ci corresponde à la taille de votre main. Pour les pêcheurs qui ont de
grandes mains, le diamètre de 28 millimètres sera plus adapté alors que 25 millimètres sera
conseillé aux autres ainsi qu’aux enfants.
Le porte moulinet sera de préférence à vis car les systèmes à bagues, même s’ils sont esthétiques, ne permettent pas une bonne tenue du moulinet. C’est d’ailleurs un système qui
tend à disparaître de plus en plus.
Les anneaux
Ils se présentent sous différentes formes, monopattes, avec ou sans insert de céramique ou
plus traditionnellement serpentiformes dits également snakes. Les matériaux de fabrication
les plus performants sont l’acier chromé dur, la céramique et l’oxyde d’aluminium. Il faut surveiller tout particulièrement la qualité de l’anneau de départ et l’anneau de pointe qui doivent
être de très bonne qualité. En effet, ils subissent de grandes pressions et leur qualité est primordiale sous peine de voir la soie s’érailler très rapidement. Le nombre d’anneaux pour une
canne de 9 pieds est d’environ 10 à 12 et garantit un guidage correct de la soie afin qu’elle
ne fasse pas de « ventre » pendant le lancer.
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L’emmanchement et le nombre de brins
Pour les cannes d’entrée ou de milieu de gamme, on les trouvent généralement en deux
brins. On appelle le talon le brin qui porte la poignée et le porte moulinet et le scion le dernier brin pour les modèles de cannes en deux brins. Comme le coût de fabrication est bien
plus important pour des cannes fabriquées en trois, quatre ou cinq brins, cette possibilité
reste accessible habituellement sur des cannes plutôt situées dans le haut de gamme. C’est
néanmoins un atout en matière d’encombrement mais dont le prix de la canne s’en ressentira
forcément.
En ce qui concerne l’emmanchement, c’est le système qui permet à deux brins de s’unir. Il
est important qu’il soit de qualité car il va assurer la continuité de l’action entre les brins.
On trouve le plus souvent un emmanchement inversé sur les cannes à mouche où le brin
du talon entre dans le brin du scion (dans le cas d’une canne en deux brins). C’est un emmanchement solide qui possède l’avantage de bien transmettre l’action et qui s’use peu.
L’emmanchement à spigot est de moins en moins utilisé car d’une part il est plus onéreux à
fabriquer et possède l’inconvénient de s’user assez rapidement.
La finition
Contrairement à certaines cannes à lancer, les cannes à mouche sont habituellement sobres
et d’une finition soignée mais sans « paillette ». En effet, les ligatures sont fines, légères et
bien vernies afin d’assurer un maintien solide des anneaux. La canne peut être vernie ou non
mais il est préférable dans le cas d’un vernissage que celui-ci soit plutôt mat afin de ne pas
refléter trop de lumière qui pourrait alerter les poissons.
En fonction de son prix, la canne est vendue avec un étui en toile, un tube en plastique, en
cordura ou bien encore un tube en alu. Un tube rigide, quelque soit sa matière, est tout de
même conseillé car il permet de bien protéger les quelques grammes de fibre de carbone des
coups que peut prendre la canne lors des transports jusqu’au lieu de pêche.
Le prix
On trouve des cannes à mouche à tous les prix de 30 euros à plus de 1000 euros.
Qu’en penser ?
Pour une bonne canne de marque reconnue, légère et possédant une action agréable, capable de suivre les débuts du pêcheur puis de l’accompagner plusieurs années, il existe de
nombreux modèles dont les tarifs sont compris entre 100 et 150 euros. En dessous, il vaut
mieux être prudent, ce qui ne veut pas dire qu’un modèle convenable n’y figure pas. Mais
avant d’investir des sommes plus conséquentes sur des modèles de haut de gamme, attendez de maîtriser correctement votre pêche et d’être un bon moucheur.
Quelques marques proposent des ensembles « mouche » composés de la canne, du moulinet et de la soie. C’est l’idéal car le prix de ces ensembles est nettement inférieur à celui
des mêmes éléments achetés séparément. Ces ensembles, généralement bien conçus, sont
destinés aux débutants et permettent un apprentissage sérieux.
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Interview
Cette interview a été réalisée par Nicolas Germain, président de l’AAPPMA de Crotenay.
Elle présente Daniel Rojon, dynamique président
de l’UPRA.
M
on invité n’est pas un compétiteur et encore moins un champion du monde et pourtant,
il mérite autant de reconnaissance. Daniel est ce que j’appelle un vrai passionné, quelqu’un qui vit pour sa rivière qu’il défend bec et ongles et de surcroît un excellent pêcheur.
Découvrez à travers cette interview cet homme hors du commun.
Nicolas Germain : Salut Daniel, comme de coutume pour la première question, je vais te
demander une petite présentation s’il te plait ?
Daniel Rojon : J’ai 45 ans, je suis célibataire…(on dirait une annonce spécialisée…) Je suis
pêcheur depuis….fort longtemps. Et pêcheur à la mouche depuis 23 ans, grâce aux amis
Roland, Jeff et bien sûr Doumé qui m’ont communiqué cette passion. Quand je ne suis pas
au bord de l’eau, j’exerce le métier de technicien analyseur entrecoupé de mes mandats de
secrétaire du Comité d’Entreprise et de Délégué du Personnel de mon entreprise. Ah oui,
j’oubliais ; comme tu va le voir, je suis bavard.
NG : Daniel tu es le président de l’Union des Pêcheurs de la Rivière d’Ain ( http://www.
basserivieredain.com/ ) , comment es tu arrivé à cette fonction et pourquoi ?
DR : En entrant au GPS de Vienne en 1985, club dans lequel je me suis investi avec tous
les copains dans la défense de la Gère, j’ai rencontré Jacques Boyko et l’ai rejoint en tant
que secrétaire au sein de SOS Basse Rivière d’Ain, association dont il était alors président.
Je lui ai succédé ensuite au poste de président. Cette association a fait beaucoup pour faire
connaître les problèmes de la BRA et notamment ceux liés aux barrages EDF et autres micro
centrales. C’est à la demande de Michel Contini (qui animait la défense de la BRA dans son
antre du magasin « Le Thymallus » à Priay) que je me suis présenté au CA de l’UPRA en 1992.
J’en suis devenu le secrétaire puis un des gardes-pêche puis…..le président parce qu’il en faut
un et parce qu’il fallait bien prendre la relève de tous les passionnés qui avaient déjà amené
l’UPRA dans la voie d’une gestion novatrice.
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NG : L’UPRA est un exemple de gestion pour un grand nombre d’AAPPMA et toi pour un
grand nombre de Présidents, cela doit te rendre fier du chemin accompli ?
DR : Je ne sais pas si l’UPRA est un exemple pour beaucoup d’AAPPMA. Je souhaite seulement que son expérience puisse servir les associations intéressées. Chaque fois que nous en
avons l’occasion, nous conseillons du mieux possible ceux qui, perdus dans les méandres de
l’administration de la pêche en eaux libres, ne savent pas comment faire évoluer leur réglementation (limitation des captures, création de no-kill, …). Notre site internet (merci Fabien)
peut déjà leur apporter quelques réponses. Quant à être fier du chemin accompli, notre seule
fierté à l’UPRA, c’est de pouvoir nous rendre au bord de l’Ain pour contempler et pêcher des
ombres et des truites magnifiques dans un cadre relativement préservé à ½ heure de Lyon
et de Bourg en Bresse. Pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte (pas besoin de manger du
poisson pour cela, ….au contraire même) et qui se souviennent du terrible été 2003, c’est
déjà une belle récompense.
NG : L’UPRA c’est toute une équipe de bénévoles, mais malgré le fait que tu te mettes
rarement en avant , l’UPRA ne serait jamais où elle est sans Daniel Rojon, d’où vient cette
envie?
DR : Je ne sais pas non plus si l’UPRA (et surtout la BRA) en serait là ou plus loin, avec ou
sans moi. Ce que je sais, c’est qu’il a fallu beaucoup de bénévoles formidables pour parcourir
ce chemin et je ne prétend être que l’un d’entre eux. Je profite de l’occasion pour tous les
remercier (Gilbert, Momo, Adrien, Bernard, Alain, Bouboule et tous les autres, la liste est
longue) pour leur travail considérable réalisé avec peu de moyens mais beaucoup de passion.
Pour en revenir à mon engagement, disons que mon statut de célibataire me laisse plus de
temps que d’autres à consacrer à l’UPRA et que mon obstination naturelle* me permet souvent de convaincre les copains de s’embarquer dans des projets qui semblent irréalisables
comme, par exemple, la création de parcours no-kill en Domaine Public.
Obstination naturelle : je suis têtu (jusqu’au-boutiste disaient mes profs) et j’ai un caractère
de cochon.
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Daniel lors d’une pêche électrique avec les bénévoles de l’UPRA
NG : Pour notre plus grand plaisir, parle nous avec tes mots, avec tes sentiments, avec ton
vécu,.. de ta rivière, la mythique Basse Rivière d’Ain !
DR : Par où commencer ? Par une description sommaire : la BRA est une grande rivière de
plaine aux eaux calcaires s’écoulant sur un lit de galets dont nous privent petit à petit les
barrages. Mais elle est surtout, pour notre bonheur, une rivière peuplée d’ombres tout bleus
et de grosses truites toutes zébrées. Je pourrai ajouter que la BRA est une rivière complexe
(et pas seulement à pêcher) dont la survie estivale doit beaucoup aux apports phréatiques
(si l’agriculture intensive lui en laisse un peu) et dont le fonctionnement biologique est hélas, comme d’autres rivières françaises, très perturbé par la présence des ouvrages EDF et
de leur fonctionnement par éclusées. Mais, pour moi, la BRA est la rivière de mes débuts de
moucheur (calamiteux en raison de ma grande dextérité naturelle). C’est grâce à elle que j’ai
rencontré nombre d’amis et de bons copains. Grâce à elle, j’ai compris qu’on ne pouvait pas
rester spectateur de la dégradation de nos cours d’eau. Grâce à elle encore j’ai pris le virus
(incurable) de la pêche à la mouche qui m’a conduit, depuis, d’Autriche en Irlande (merci
Vincent) puis en Patagonie, en Nouvelle-Zélande (merci Zarn), au Canada (merci Jérôme),
au Yellowstone,… Même en revenant de ces contrées prestigieuses, je prends toujours autant
de plaisir à arpenter ses rives, malgré les ronces, acacias, épines noires et autres joyeusetés végétales abondantes ici. J’éprouve toujours les mêmes sensations en rentrant dans ses
eaux, malgré des waders pas toujours très étanches. Quant au spectacle des grosses truites
qui s’échouent presque pour boulotter les gammares, je ne m’en lasse pas. Amis moucheurs,
venez vous aussi assister, entre deux gobages, à la traversée d’un castor ou d’un sanglier, au
ballet des hirondelles (très bon signe) et autres martins pêcheurs. En espérant qu’on puisse
à nouveau, un jour d’automne, au moment précis où la brume se dissipe, poser nos culs de
canard sur les gobages de Thymallus Thymallus
NG : Vous avez une réglementation forte et protectrice du cheptel halieutique : 5 Km de no
kill et le droit de conserver une truite et un ombre par jour seulement, le tout sous arrêté
préfectoral, est ce que les difficultés pour en arriver là ont été difficiles à franchir?
DR : Difficile n’est pas le mot. Disons qu’au départ, nous avions autant de chance d’obtenir
cette réglementation que de prendre un ombre de 80 cm au Pont de Priay. Il nous a fallu
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beaucoup de persévérance pour convaincre du bien fondé de ces mesures (pourtant évidentes dans d’autres pays) la Fédération de Pêche, le CSP et enfin la DDAF qui administre la pêche mais qui ignore bien souvent tout de la vie piscicole. Il nous a fallu informer, pancarter et
gardienner la rivière. Gardienner et gardienner encore car les viandards sont encore légion.
Le pire c’est qu’ils prétendent nous donner des leçons de gestion piscicole. Tu peux me croire,
remplacer le sempiternel « Y’en a plus, faut en mettre… » par une gestion raisonnée demande
beaucoup d’abnégation surtout en Domaine Public ouvert à tous.
NG : Encore une question sur la gestion , peux-tu nous exposer la problématique liée au
fait que l’on ne puisse plus pêcher l’ombre en automne et crois-tu qu’un jour on pourra de
nouveau taquiner maître thymallus le jour de noël sur les bords de l’Ain?
DR : La loi du 10 novembre 1994 a supprimé la possibilité de classer certains cours d’eau
comme « principalement peuplés d’ombres », classement qui permettait la pratique de la
pêche de l’ombre à la mouche sur la BRA jusqu’au 31 décembre. Cette réforme de la loi-pêche est passée sous couvert de simplification de la pêche en France, parce que, dans l’esprit
(fatigué) de certains, le déclin de la pêche française serait dû à une réglementation trop
complexe ! Pour l’esprit simple que je suis, le déclin de la pêche en France me semble dû à
la mauvaise santé de nos cours d’eau et au manque….de poissons (tu sais, ces bestioles à
écailles dont on n’entend jamais parler, ou si peu, dans les réunions consacrées à améliorer
la gestion piscicole). Bien que les esprits fatigués colonisent encore certains bureaux de gestionnaires, d’autres un peu plus alertes ont pris des places à responsabilité. Ce qui nous a
permis, conjointement avec les autres AAPPMA locales et la Fédération de Pêche de présenter
et de faire valider un plan de gestion par le Préfet dans le cadre du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion de la Basse Vallée de l’Ain). Seul problème mais de taille, ce plan (comportant un volet sur la pêche d’automne) ne peut voir le jour qu’après une modification de la
loi-pêche. Et pour ce faire, il faut convaincre (à Paris… et c’est loin) les instances dirigeantes
qu’adapter la réglementation au contexte local est parfois préférable à la simplification pure
et simple. Nous conservons l’espoir de repêcher à l’automne la Basse Rivière d’Ain qui revêt
alors un charme particulier (sans baigneurs ni canoës de surcroît).
NG : Laissons maintenant le président et parlons du pêcheur, la basse rivière d’Ain permet
d’évoluer avec des techniques différentes, qu’elle est ta pêche de prédilection?
DR : Sans hésiter, la pêche en sèche des gobages et la pêche en nymphe a vue. Voir, comme
en 2007, les grosses zébrées s’empiffrer de march-browns en pleine eau puis de gammares sur les bordures puis
chasser sur les frayères de
vairons : quelle motivation
pour ce type de pêche et
quels formidables souvenirs ! Comme beaucoup
de pêcheurs régionaux, je
préfère prendre de beaux
poissons même en petit
nombre plutôt que faire des
fricassées de poissonnets…
En espérant qu’un jour, on
puisse prendre, en France,
de beaux poissons en grand
nombre comme c’est le cas
dans certains parcours privés où dans certains pays
(I have a dream, disait
l’autre…).
Le monde de la Truite
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NG : Tu pratiques la nymphe à vue dès que les conditions le permettent et j’ai ouïe dire que
tu avais fais une prise honorable en début de saison, raconte nous !!
DR : J’imagine que tu penses à la fario de 76 cm du mois d’avril ? J’aurais aimé te conter un
récit du genre : à 25 / 30 mètres, en revers et de la main gauche, sous un saule affleurant
l’eau, à l’aide d’une pointe en 8 centièmes et d’un moucheron sur hameçon de 24, après une
bagarre homérique de 2 h 45 mn, après avoir descendu 15 km de rives et franchi 3 barrages, j’ai mis au sec, seul, ce modeste poisson. La vérité, tu vas voir, est un rien différente.
Nous remontions une bordure (disons entre Port-Galland et le barrage de Vouglans, pour être
précis), l’ami Stephane et moi. Steph, quelques mètres devant, m’annonce : « Merde, j’ai
fait partir un brochet, y (terme lyonnais) descend vers toi ». En effet, j’aperçois une forme
qui, sous un bon mètre d’eau, semble ralentir avant de disparaître dans le profond de cette
berge à l’ombre. Dans le doute, pensant que le poisson (d’espèce non identifiée) s’est peut
être arrêté, je lance ma nymphe que je laisse descendre dans un noir absolu. Et là, j’aperçois
une gueule blanche (enfin disons quelque chose de blanc) qui s’ouvre et se ferme. Je ferre
à tout hasard et me retrouve amarré, via un 16 centièmes (qui me semble bien mince tout
à coup), à une truite énorme (un thon comme on dit par ici) avec des zébrures comme ma
main… et j’ai de grandes mains. Pensant que j’allais la perdre, je crie à Steph de se ramener
pour, au moins, la voir. Il se ramène et, passé l’instant d’incrédulité, descend dans les ronces
(heureux les marchands de waders) muni de mon épuisette raquette pliante (ridicule !) pour
tenter d’y enfourner le bestiau. Ce qu’il parvient à faire partiellement (Merci Stéphane) après
un combat tout en puissance mais peu spectaculaire. Désolé pour les amateurs de cavalcade
et de backing. Il me faudra ensuite aller chercher la grande épuisette restée dans la voiture
(super utile une épuisette dans un coffre de voiture !) pour faire quelques photos avant……..
la remise à l’eau de cette magnifique zébrée (nous n’avions pas assez de morilles pour mettre
autour). Vive la nymphe à vue…sans voir ! Je passerai le reste de la journée sur un nuage
duquel je descendrai pour épuiser une autre fario magnifique de 67 cm prise par Stéphane.
Je lui devais bien ça.
Le monde de la Truite
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NG : Pour tous les pêcheurs de la rivière d’Ain qui vont te lire, si tu devais n’avoir qu’une
seule nymphe sur toi, ça serait laquelle ?
DR : N’avoir qu’une seule nymphe sur moi sur la BRA !!! Et pourquoi pas pêcher avec une
main attachée dans le dos ou un bandeau sur les yeux ? Il est surréaliste de penser pêcher
la BRA avec une seule nymphe (si bonne soit-elle) surtout à vue. Ou bien alors, c’est moi
qui suis vraiment mauvais (ce qui est d’ailleurs possible). Chaque poisson de la BRA (ombre
et surtout truite) nous propose une nouvelle approche liée à la vitesse du courant, à la profondeur, au type de nourriture consommé, à l’époque de l’année, au fait que le poisson soit
posté ou itinérant, etc.… Pour moi, c’est cette diversité qui fait le charme (et la difficulté) de
la pêche en nymphe à vue et qui nous conduit à posséder des modèles variés dans des tailles
et des lestages différents. Ceci étant, celui qui tenterait le challenge masochiste de ne garder
qu’une seule « nymphe », aurait intérêt à garder un gammare étant donné la place prépondérante qu’occupe ce crustacé dans l’alimentation des poissons de la BRA.
NG : Quand tu ne pêches pas sur la basse sur quelles rivières Françaises va tu traîner tes
boites à mouches ?
DR : Etant donné le temps passé à pêcher à l’étranger, à pêcher la BRA et à m’en occuper et
accessoirement à aller travailler, il me reste moins de temps que je n’en voudrais pour pêcher
d’autres rivières de France. Connaissant mes préférences pour les gros poissons et la pêche
à vue (et la pêche des gobages quand elle est encore possible), tu ne sera pas surpris si les
rivières que j’ai pêchées ces dernières années se nomment la Loue, la Haute Rivière d’Ain
et plus récemment le Doubs (qu’à tort j’avais délaissé). Je regrette de ne pas être retourné
depuis longtemps sur le Tarn, la Haute Seine ou la Sorgue. Je suis retourné l’an passé sur le
Haut Allier que nous pêchions beaucoup il y a 15 ans avec l’ami Jacques et nos grands potes
Doumé et Alain disparus depuis, alors qu’il leur restait tant à pêcher.
NG : Tu vas aussi régulièrement pêcher en Nouvelle Zélande, qu’est ce que tu trouves là bas
que tu n’as pas en France ?
DR : De grands espaces presque encore vierges. De nombreux lacs et rivières peuplées de
truites de belles tailles. Une gestion piscicole de qualité et une réglementation adaptée qui
bien que plus compliquée qu’en France ne nous décourage bizarrement pas de franchir tous
les océans et de faire 25 heures d’avion pour nous y rendre. Et ce qui va avec tout ça : un
état d’esprit général des pêcheurs bien différent de celui rencontré chez nous. Les pêcheurs
néo-zélandais gèrent leurs stocks de poissons. Les pêcheurs français les digèrent.
Le monde de la Truite
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NG : Avant de te quitter, si tu devais faire un souhait pour la basse rivière d’Ain, ça serait
lequel ?
DR : Pouvoir continuer notre gestion patrimoniale, voir enfin aboutir notre plan de gestion.
Avoir de l’eau en qualité et quantité suffisantes durant l’été. Ne plus voir de cormorans… Et
aussi, je vais faire grincer quelques dents : ramener la BRA au même niveau réglementaire
que toutes les rivières du Domaine Privé en obligeant les pêcheurs à être porteurs d’un permis de l’UPRA ou un permis réciprocitaire pour pouvoir y pratiquer. La disposition du Code
de l’Environnement qui autorise tout porteur de taxes piscicoles à opérer gratuitement sur le
Domaine Public est un véritable scandale en matière de gestion des cours d’eau. Elle encourage financièrement les pêcheurs à prendre leur permis dans une AAPPMA non réciprocitaire
du Domaine Privé (fut-ce sur un infâme gargouillot à truites de bassines) en leur permettant
ensuite de venir pêcher sans débourser un seul centime d’euro des poissons sauvages si difficilement préservés. C’est ainsi que sur près de 6000 pêcheurs opérant sur la BRA, seuls un
peu plus de 1000 participent financièrement à sa gestion. Et en plus, c’est souvent parmi les
5000 qui ne paient rien que se trouvent ceux qui ont des exigences (faut en mettre, qu’estce qu’y foutent à l’UPRA, c’est jamais pêchable, ….et j’en passe des pires). Ces derniers ne
trouvent même pas indécent de critiquer ceux qui non seulement paient leur cotisation mais
en plus se décarcassent toute l’année (hiver compris) pour la rivière. Seule l’obligation d’adhérer à l’UPRA ou une AAPPMA réciprocitaire permettra financièrement de continuer notre
action (je rappelle ici que la simple location des baux de pêche à l’Etat nous coûte 4800 € par
an !). Cette légitime obligation nous permettra aussi d’être crédibles en terme d’effectifs dans
notre lutte pour maintenir les acquits essentiels à la survie de la BRA : convention frayères,
cellule d’alerte estivale…
NG : L’interview est terminée, merci de m’avoir accordé un peu de ton temps et continue a
veiller sur cette magnifique rivière comme tu le fais si bien depuis tant d’année, à bientôt !!
DR : Je t’avais prévenu, je suis bavard. Et pourtant il y aurait encore tant à dire sur la Basse
Rivière d’Ain… Alors faisons plus simple et donnons nous rendez vous canne en main en mars
ou avril, car c’est sûr : ça va gober ! En attendant durant les longues soirées d’hiver, allez
vous régaler les yeux sur notre site Internet : http://www.basserivieredain.com/ , truites et
ombres vous y attendent. A bientôt.
Comme de tradition je vais laisser la parole maintenant à un ami très proche de Daniel. J’ai
choisi Adrien Clémendot qui est, en plus d’être un ami de Daniel, un des nombreux gardes
particuliers de l’UPRA. Tu vois Daniel, j’ai trouvé plus bavard que toi encore !!!!!!!!!!! Adrien
parles nous un peu de Daniel s’il te plait.
Adrien : Daniel Rojon, Président de l’UPRA, assume ce titre bien au delà du rôle de Président
que l’on connaît tous. Il sait fédérer et fidéliser un nombre important de bénévoles autour
de la Basse Rivière d’Ain. Par sa clairvoyance, sa lucidité, il joue un rôle prépondérant sur
la gestion piscicole de la Basse Rivière d’Ain et sur la protection de cette magnifique rivière.
Daniel Rojon, bénévole, militant est toujours présent comme il l’a toujours été sur les actions
fortes qui ont été réalisées sur l’ensemble du département, que ce soit SOS Basse Rivière
d’Ain, la lutte pour l’obtention des autorisations de tir du cormoran, les pêches électriques
de sauvetage sur l’Albarine, et bien d’autres encore… Daniel Rojon, l’ami, le compagnon de
pêche, à partir du moment où vous partagez la même éthique de la pêche que lui, n’a pas
de mouche secrète, pas de coin caché, il vous fera découvrir tout ce qu’il connaît. Il est généreux, avenant, toujours près à vous dépanner, même quand il n’a plus rien il arrive encore
à partager.
Encore un grand merci à Daniel pour cette interview et à Adrien pour sa participation. Je
prends note de l’invitation pour le printemps, dès que les premiers gobages percent la surface
de l’eau faites moi signe.
Longue vie à l’UPRA ………………Et surtout, n’oubliez pas, vous pêcheurs réguliers de la Basse
rivière d’Ain, vous qui ne prenez pas votre carte de pêche à l’UPRA, faites le bon choix en
2008, merci pour eux.
Vous retrouverez cette interview ainsi que de nombreuses informations sur le blog
de Nicolas : http://blog.mouche-fr.com/nicolas39
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Le monde de la Truite
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Internet
Truites et rivières est un site Internet impressionnant : cet espace d’information arrive à la
fois à conserver un caractère convivial et authentique tout en proposant une foule d’informations plus intéressantes les unes que les autres.
C’est bien simple, on y trouve de tout : un forum très accueillant, des vidéos, des trucs et
astuces, des informations sur les techniques de pêche de la truite, de belles photographies et
même une boutique avec des produits exclusifs !
De quoi ravir le plus blasé des internautes pêcheur de truites.
On aime :
- La navigation agréable et facilement accessible
- La convivialité du forum
- Les bricolages omniprésents dans les articles
On n’aime pas :
- La publicité sur la page d’accueil
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Infos salons
Le Carrefour National de la Pêche et des Loisirs
Le grand rendez-vous de la Pêche, du nautisme et de l’eau
D
u 11 au 13 janvier 2008, la Grande Halle
d’Auvergne accueillera la nouvelle édition du Carrefour National de la Pêche et
des Loisirs, rendez-vous référent du monde
halieutique et porte ouverte sur l’eau et la
nature. Un événement riche en nouveautés,
animations et informations.
Le grand rendez-vous du monde halieutique proposera cette année une offre spéciale
destinée aux femmes, s’inscrivant en droite
ligne avec les opérations mises en place par
la fédération nationale pour la Pêche et la
protection des milieux aquatiques (FNPF).
L’Union Régionale des Fédérations de Pêche Auvergne- Limousin, partenaire du salon, et les organisateurs offriront à toutes
les femmes qui se présenteront sur le stand
des fédérations une carte de pêche journalière utilisable dans l’un des 7 départements
d’Auvergne et Limousin.
Attention, cette offre sera limitée aux 1 000
premières femmes qui se présenteront sur le
stand des fédérations.
Le pôle nautisme, en constant accroissement depuis l’installation du salon à la Grande
Halle d’Auvergne, présentera de nombreuses
embarcations sur un espace de plus de 1 500
m², allant du kayak au bateau de plaisance.
Les animations seront évidemment au rendez-vous, pour faire de cet événement une sortie
agréable pour toute la famille : pêche à la truite, démonstration de cuisine par un chef cuisinier,
modélisme naval, bassins de démonstration, animations autour de la pêche spéciales enfants,
espace jeux vidéo… Tels seront les différents pôles d’animation proposés pendant le salon aux
visiteurs venus à plusieurs, entre amis ou en famille, découvrir ce rendez-vous majeur de la
pêche, de la nature et de l’eau.
Organisé depuis 2005 par Centre France Evénements, en partenariat avec Europêche, le Carrefour National de la Pêche et des Loisirs est devenu une référence nationale dans le monde
halieutique. Premier rendez-vous de l’année, c’est à cette occasion que les fabricants viennent
présenter leurs nouveautés de la saison au grand public. Des milliers de passionnés se retrouvent alors pour découvrir le matériel, passer un moment entre amis et profiter de l’esprit de
convivialité qui règne dans les allées du salon.
L’année prochaine sera marqué par l’anniversaire des 20 ans du salon. Une édition spéciale,
qui sera marquée par des événements spéciaux pour célébrer l’anniversaire du Carrefour National de la Pêche et des Loisirs.
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Récit
Coup du soir
Texte: Marc Méret
Photographie : Jérôme Aussanaire
Extrait du livre «Truites et Rivières 2»
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A
ura-t-il besoin de ces cinq mouches CDC qu’il a montées, amputant d’un bon quart d’heure sa partie de pêche ? Certes, non !
Ses casiers débordent d’une foule de modèles dans les numéros d’hameçons les plus usités.
La plupart ne serviront seulement jamais, peut-être un de ces jours funestes où les truites
mal lunées refusent tout ce que vous leur passez au-dessus de la tête. Elles sont destinées
à ça, ces mouches surnuméraires qui encombrent les boites, mais font la fierté de leur propriétaire sous les regards envieux des collègues qui achètent les leurs. Et si par bonheur l’une
d’entre elles tente un poisson rebelle, elle est sur l’heure élevée au rang suprême de sauvebredouille et devient pour deux ou trois saisons : la mouche miracle, la mouche dont tout le
monde voudrait connaître le montage jalousement gardé secret par son auteur. Secret ? Pas
pour tout le monde ! Quelques rares amis et initiés savent qu’elle n’est pas ou peu différente
d’un montage que tous possèdent dans les compartiments de leurs boites... Mais il n’est pas
utile de le crier sur les toits.
Alors, pourquoi a-t-il fabriqué ces Culs De
Canards ? Pour ne pas perdre la main ? Il
en monte régulièrement. Pour assurer la
transition entre ce monde de fous et celui
des eaux ? A-t-il voulu, en ajoutant un petit quelque chose à son matériel, se donner
bonne conscience ? Souhaite-t-il par cela
s’attirer les bonnes grâces des dieux de
la pêche ou conjurer le mauvais sort ? Un
soupçon de superstition subsisterait-il dans
ses gènes ? Allez savoir ce qui se passe dans
la tête d’un pêcheur et de surcroît pêcheur
à la mouche ! En rentrant de son travail, il a
pris le temps de casser une petite croûte et
se désaltérer. Il a revêtu « ses fringues de
pêche » et chargé la voiture de son équipement habituel : Le tube contenant le fouet
en carbone, les cuissardes plus supportables que les waders en été, la casquette et
le gilet aux poches rebondies. Il n’a besoin
de rien d’autre et roule vers la rivière. En
chemin, il oublie sa journée au bureau, sa
hiérarchie empêcheuse de rêver d’eau et de
truites en rond. Il oublie les railleries des
collègues qui ne comprendront jamais que
l’on puisse aimer la pêche, « qui n’est pas
un sport, tout juste un divertissement un
rien puéril ». Ils veulent bien concéder du
bout des dents que « la pêche à la mouche est certes noble et admirââble », mais
n’admettent pas que l’on puisse prendre du
plaisir à capturer des poissons pour aussitôt
les remettre à l’eau. « Et tu n’en manges jamais ? » Ou pire : « Ce n’est pas rentââble ! »
Crétins ! Equipé, la canne de neuf pieds montée, il dévale le talus, abandonne ses soucis professionnels, les ignorants et leurs couillonnades dans la première touffe d’orties qui borde le
sentier et, prenant appui sur le poteau de coin, escalade allègrement la clôture en fils de fer
barbelés, en prenant garde de ne pas y percer ses cuissardes en néoprène, pour retomber en
souplesse dans le pré où serpente la rivière, son amie, sa maîtresse, qui l’attend... Vaque-t-il
à d’autres occupations ? Elle l’attend... Est-il en retard ? Elle l’attend, sans impatience, sans
mauvaise humeur...
Elle l’attend au milieu du pré et au coin du bois, avec ses formes arrondies, ses courbes parfaites, ses plats si lisses et d’une grande douceur, ses chutes attrayantes au chant mélodieux,
ses profonds mystérieux alimentés par des courants au tempérament de feu, sa chevelure de
renoncules et ses tresses de joncs et d’iris qui encadrent des reflets rosis par le soleil couchant.
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Elle l’attend, offerte, lascivement étendue dans son lit à baldaquins de peupliers. A la nuit
tombée, elle l’enlacera dans la fraîcheur et la brume qui montent de ses flancs et ses remous
lui murmureront des mots incompréhensibles, mais si paisibles et si doux qu’ils seront à n’en
pas douter des mots de tendresse et d’amitié.
Dans l’herbe, l’attention du pêcheur est attirée par une tâche argentée. Un trou dans la terre
vomit une mousse de fourmis ailées. Voilà qui l’intéresse : « Black Ant » pour ce soir ! Poussé
par cette révélation, il presse le pas, bien inutilement, le soleil est encore haut, trop haut.
Trop de lumière illumine encore la rivière qui l’éblouit quand il l’atteint. A bonne distance, il
s’arrête et observe.
Nul gobage, aucun insecte sur l’eau, rien que la lumière.
Il lui faudra attendre. Discret, il s’accroupit, et progresse jusqu’au pied d’un gros peuplier
où il s’assied, un long pool que précède un large virage dans son champ de vision en amont.
Il peut aussi surveiller le coude d’un autre virage en aval. La place est bonne, il peut allumer
une cigarette.
Sur l’autre rive, des chevaux se partagent l’ombre de jeunes arbres qui ont beaucoup souffert sous leurs dents. L’un d’entre eux est blond, isabelle, de cette nouvelle race de Henson,
élevée en baie de Somme et issue de la race scandinave. Il lui fait penser aux petits chevaux
jaunes de Frans Marc, sauf que sa crinière est aussi blonde que sa robe. Dans le cordon abrité
du soleil dans la berge opposée, une truitelle s’est jetée sur un insecte dérivant en surface.
Ça a fait splitch ! Le regard du pêcheur va et vient sur la portion de rivière qui s’offre à lui. Sur
cette berge-ci, un écureuil descendu d’on ne sait où, visite le pied des arbres, tourne, vire,
escalade un peuplier jusqu’à mi-fût pour redescendre aussitôt, s’assied la queue au-dessus
de la tête en guise de parasol. Il manie très vite un quelconque fruit perdu par un oiseau et
Le monde de la Truite
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découvert en furetant de gauche et de droite, ne le trouve pas à son goût et l’abandonne. Des
palombes vont et viennent, des tourterelles aussi, la gave pleine de céréales glanées dans les
chaumes qu’ils régurgiteront dans les becs largement ouverts des deux rejetons en équilibre
sur le lit de branchettes qui leur sert de nid. Une seconde truitelle s’est mise à table, trois
mètres au-dessus de la précédente. Une troisième vient de gober au milieu. Menu fretin...
Les belles ne tarderont plus à mettre le nez à la fenêtre. Attendons !
Le soleil a disparu derrière la ligne de faîte des trembles et des frênes du marais depuis une
bonne demi-heure, quand retentit un cri perçant, un « crêêêk » métallique. Levant les yeux,
le pêcheur distingue entre les têtes d’arbres, deux grandes ailes grises, des pattes maintenues horizontales qui dépassent la queue, et le fameux « long bec emmanché d’un long cou
» de Monsieur de la Fontaine. Ce cou, replié en « S » est particulier aux hérons et doté d’une
prodigieuse détente. Un second oiseau, puis un troisième apparaissent entre les cimes. Il en
compte neuf qui se dirigent vers l’ancien moulin devenu élevage de truites arc-en-ciel. Le dîner est servi. Le groupe de hérons cendrés tourne à plusieurs
reprises au-dessus de ce gardemanger en plein air afin de s’assurer que la voie est libre. Sans
doute rassurés, ils ouvrent le
train d’atterrissage et, usant de
leurs grandes ailes comme stabilisateurs, touchent le sol en
piétinant stupidement comme
si les rives des parcs étaient recouvertes de charbons ardents.
Comment un si bel oiseau peutil se poser de manière aussi ridicule ?
Eparpillés autour des bassins
de nursery et de grossissement, bien plantés sur les longues pattes, le corps vertical,
les pillards, prêts à filer à la
moindre alerte, jettent un dernier coup d’œil circulaire: Nul
importun dans les parages, si
ce n’est ce pêcheur assis plus
haut, loin, le long de la rivière.
Nul danger imminent...
Un coup de fusil tonne, suivi
immédiatement d’un second.
Tiens, tiens ! Le pisciculteur
pratiquerait-il
l’autodéfense?
En tous cas, il devait s’être
bien dissimulé pour tromper la
vigilance de ces pirates d’eau
douce. Certes ils sont protégés,
mais le pauvre bougre doit en
avoir marre de constater la disparition de nombreuses truitelles et de récupérer à l’épuisette
ses plus beaux sujets, le flanc
percé de trous sanguinolents.
Les déflagrations remontent la vallée, répercutées par les alignements de peupliers et affolent
les habitants du marais. Les corbeaux freux, de retour au nichoir, s’élèvent tous ensemble
en croassant leur indignation. Les ragondins, aventurés dans le pré en quête de rares tiges
d’herbe verte, regagnent leur trou ventre à terre. Les poules d’eau, toujours aussi froussardes, se glissent sous les berges en caquetant.
Le monde de la Truite
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Distrait par tout ce remue-ménage, le pêcheur n’a pas remarqué trois autres truites qui se
sont mises à gober des insectes, une à l’aval, deux en amont de son poste d’observation.
Finis les « splitch! » Il s’agit là de beaux ronds. C’est plus sérieux, des poissons de trente centimètres, voir trente-cinq. Une colonne de fourmis ailées dérive dans un petit courant à ses
pieds. Il a vu juste. L’éclosion de la fin d’après-midi a été rabattue vers la rivière par la petite
brise d’est. Les malheureuses s’y noient, maintenues en surface par leurs ailes de mica. Et les
salmonidés font banquet. Voilà bien dix minutes qu’une truite, jugée moyenne, se goinfre au
milieu, à hauteur d’une petite touffe de roseau vert tendre, mais pas toujours exactement au
même endroit. Tantôt le gobage se produit un peu plus amont, tantôt un peu plus aval...
Est-ce le même poisson ? Sont-ce trois différents ? Ou n’est-ce qu’une arc-en-ciel rescapée
des (trop) nombreux lâchers précédents?
Le moucheur penche pour la dernière hypothèse, quoiqu’il se soit parfois trompé. Certains
soirs, les beaux poissons n’hésitent pas à traverser le cours d’eau pour saisir leurs proies et
s’en gaver au plus vite.
Là ! A la sortie du virage ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Une vague remonte le courant. Un
rat musqué ? Non ! C’est un gros poisson qui vient se positionner entre la berge et le courant
pour happer, au passage, les insectes qui dérivent sous son nez. Gobage ! Ça n’a pas traîné...
Un « schplaf! » le fait se retourner.
Une truite a sauté sur un sedge assurément. Il se souvient en avoir vu passer, et là devant
lui une grosse phrygane tape l’eau pour y déposer ses œufs. Plus haut, d’autres trichoptères
doivent pondre également car un poisson gicle hors de l’eau et retombe bruyamment.
Dix coups sonnent au clocher de l’église. Une douzaine de truites maillées se nourrissent
devant et derrière le moucheur qui ne perd pas une miette de cet envoûtant spectacle. Il
sait que dans treize minutes (le calendrier des postes faisant foi) il faudra rentrer. Il devrait,
sans tarder, attacher une « Black Ant » ou un sedge en poils au bout de son bas de ligne en
seize centièmes et attaquer un gros poisson. Fasciné par toute cette activité, ces gobages,
ces sauts sur les sedges, toute cette vie, il n’en fait rien.
Près de la berge abrupte, juste face à lui, le pêcheur a discerné une toute petite ride, discrète, très discrète. Si son regard n’avait pas fixé cet endroit au moment précis, il ne l’eut pas
remarquée; le jour a décliné sans qu’il s’en rende vraiment compte. D’autres petits suçons
lui succèdent. C’est la belle du coin ! Un monstre de plus de cinquante centimètres que beaucoup connaissent, mais qui reste à prendre. Habituellement, elle se poste plus bas, à l’entrée
du virage, près de son repaire. Aujourd’hui, alléchée par l’éclosion de fourmis volantes, elle
s’est écartée de ses bases, pas de beaucoup, deux coups de caudale qu’elle a large et puissante. Les truitelles ont cédé, de gré ou de force, les postes de chasse aux adultes. Elles ont
bénéficié de leur tour de nourriture en début de soirée, éclaireurs et sentinelles malgré elles
de leurs prudentes aînées, et attendent, calées sur le fond, que ces dames veuillent bien,
repues, leur rendre la place.
L’heure légale du coucher du soleil plus une demi-heure est maintenant dépassée. Il fait
nuit. On ne verrait plus son imitation à deux mètres sur l’eau. Les truites se catapultent toujours sur les pondeuses. Le moucheur n’a pas pêché, il n’a même pas accroché sa « Fourmi
Noire » à son bas de ligne. Mais quel coup du soir...
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Un métier
Moniteur-guide de pêche professionnel
Cette rubrique a pour unique vocation de vous faire découvrir les métiers qui touchent de près ou d’un peu plus loin
l’eau et les milieux aquatiques.
Ce métier nous sera présenté par un guide que je connais bien car c’est lui qui m’a
initié à la pêche à la mouche et qui depuis est devenu un ami.
Notre 1ère rencontre a eu lieu il y a maintenant 2 ans sur les bords de rivières de
Haute Savoie qu’il m’a fait découvrir si bien que depuis j’y retourne dès que je le
peux.
Il a réussi grâce à son professionnalisme, sa gentillesse et sa patience à me faire
prendre mes 1ères truites Haut Savoyardes en sèche et en nymphe lourde, techniques de pêche qu’il maîtrise sur le bout des doigts, arrivant à faire progresser rapidement et facilement ses stagiaires.
Je ne pourrai que recommander à ceux voulant découvrir de nouvelles techniques
et/ou lieux de pêche de s’orienter vers un guide professionnel qui leur épargnera
des recherches parfois hasardeuses de coins de pêche et surtout leur apprendra
dès le début les bases à acquérir dans l’approche, la gestuelle et le milieu.
Jérôme Aussanaire : Salut Ludo, alors comment s’est déroulé cette saison en Haute Savoie?
Ludovic Briet: Hé bien si tu parles de la saison à la truite ….. avec un soleil de plomb jusqu’à
fin avril, la pluie pendant 2 mois consécutifs, puis 1 mois d’orage, des rivières grossies au
point d’être classées en catastrophe naturelle, puis une vague de froid d’un mois en Août et
Septembre, la saison n’a pas été des plus calme...
Mais je m’en suis bien sorti, je dirai même très bien car j’ai la chance de bien connaître les
différentes vallées de ma région et j’ai pu (heureusement !!) toujours trouver une solution
pour effectuer mes stages de pêche à la mouche, au toc et aux leurres.
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JA: Peux-tu nous décrire pourquoi as-tu choisi d’exercer ce métier plutôt qu’un autre ?
LB: Sincèrement… Après mes études supérieures, je me suis posé la question de ce que
je faisais le mieux (dans le sens du plus longtemps) et puis, j’aime les échanges francs, le
contact des gens, enseigner, voir que l’on peut faire naître une lueur de joie lorsque les personnes réussissent. Je peux aussi choisir mes heures de travail, je bosse à mon rythme (70 à
80 heures par semaine en moyenne et 7j/7j) et en pleine nature ce qui me permet de ne pas
« avoir l’impression de travailler » et de partager mes coins et connaissances.
JA: Pour ceux qui seraient intéressés, quelle est la marche à suivre pour faire ce métier ?
LB: Faire une formation de 8 mois minimum et consécutifs dans une Ecole d’état comme
le centre de formation aux métiers de l’eau de Ahun dans la creuse (CFPMA d’Ahun) qui me
semble être le centre le plus sérieux. Prendre sur eux et se dire qu’actuellement nous ne
sommes pas nombreux à en vivre en travaillant sur toute l’année (moins d’une dizaine en
France en ne faisant que cette activité car pour beaucoup ne font ça que 2 à 3 semaines et
se disent guides…Oupps cela m’a échappé)!!!!!
JA: Quelles sont les principales difficultés que tu rencontres ?
LB: Comme dans tous les métiers mais avec une nuance, au début les gens ne comprennent
pas que c’est une activité professionnelle à part entière, surtout les gens du tourisme. Lors
de mon installation les AAPPMA et les fédérations m’ont clairement dit que j’étais un concurrent et qu’ils ne m’aideraient pas (je confirme même après 5 ans !!!). Aucune aide réelle des
institutions de l’Etat (aussi bien monétaire qu’en conseils !!) si ce n’est m’avoir retardé de
presque un an mon installation…..
Le gros souci (et là j’ai encore de la chance dans ma région) ce sont les milieux qui sont
dégradés par les pollutions, les cormorans à poils (comme je les appelle) ou bracos qui disent toujours qu’il y avait plus de poissons comme quoi l’ignorance et la cupidité sont encore
présentes dans la pêche, une institution désuète qui ne comprend rien à la pêche (pour eux
pescalis et l’école française de pêche sont une réussite, de qui se moque-t-on) et qui la gère
la FNPF (anciennement UNPF), quand je vois à côté de ça les autres pays européens, je suis
malade !!!!!!!!!
Le monde de la Truite
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JA: En quoi consiste précisément ton métier et peux-tu nous détailler le déroulement
d’une journée type de guidage ?
LB: Tu sais bien Jéjé que je n’ai pas de journée type, si c’est bon à 6h, on part à 6h, si
c’est mieux de commencer à 10h et de finir à
20h, je le ferai de la même manière. Tu sais
que je travaille en sur mesure car les demandes sont toutes différentes et les conditions
de pêche aussi.
Pour mieux te répondre, il faut compter
qu’un guide de pêche professionnel passe 8
à 10h de pêche avec ses stagiaires, plus ne
serait pas raisonnable pour un réel apprentissage car on ne peut pas être concentré tout
le temps.
JA: A côté de ton métier, as-tu d’autres rapports et/ou activités dans le monde la pêche ?
LB: En tant que professionnel aidé et sponsorisé par les marques suivantes : Mouches Devaux, Illex et Pezon et Michel, je dois participer à faire évoluer le matériel pour certaines de
ces grandes marques françaises du fait de ma fréquence de pêche (environ 340 jours par an)
pour une meilleure utilisation et pour accentuer le plaisir.
On m’a demandé aussi d’écrire dans les revues halieutiques mais tout celà est encore sous
forme de projet (il faut avoir le temps !!!!).
JA: Conseillerais-tu ce métier à quelqu’un et si non, quelles en sont les raisons ?
LB: C’est un métier dur car on doit travailler par tous les temps (sans mettre les gens en
danger bien sûr) et le physique doit être au top car on doit travailler tous les jours quand celà
est possible. Les horaires sont décalés du reste de la famille,… mais bien qu’il y ait de nombreux points noirs, je persiste à dire que j’ai un métier passionnant et très gratifiant.
Je n’ai jamais été obligé de faire ce métier, je l’ai choisi (ça résume un peu tout).
En fait, un guide sait pêcher et doit le montrer pour que les gens apprennent mais il ne doit
pas pêcher tout le temps, pas devant ses stagiaires en rivière car il n’est pas payer pour pêcher mais pour enseigner (sauf si les stagiaires l’autorisent).
JA: Je te remercie d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions et je te laisse carte
blanche pour terminer cet entretien.
LB: Je veux te remercier de m’avoir choisi pour ce « tête à tête » Jéjé et je veux aussi remercier par cet interview tous les gens qui m’ont fait confiance et qui m’ont permis d’être là
où j’en suis maintenant.
Au fait et si on se bloquait une date pour le carnassier tous les 2 ou à plus avec Christophe
et les autres…. Enfin tu connais mon numéro.
Pour contacter Ludovic Briet :
http://www.guidepechesavoiehautesavoie.com/
[email protected]
06.82.56.45.55
Le monde de la Truite
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Infos salons
SALON INTERNATIONAL DES PECHES SPORTIVES
(12ème édition)
L
e 12ème salon international des pêches sportives
se déroulera du vendredi 15 au dimanche 17 février
2008 au parc des expositions de Paris, Porte de Versailles – HALL 6 : Un évènement incontournable pour
tous les passionnés de pêche.
L’édition 2007 du Salon International des Pêches Sportives l’a démontré, il existe une nouvelle conception de
la pêche sportive et de loisir en France.
Après avoir, au cours de la décennie écoulée, rassemblé l’univers de la pêche à la mouche, aux leurres, en
mer et en rivière, développé le tourisme pêche de manière spectaculaire, cette manifestation, la plus importante en France et en Europe, continue son évolution.
Pour sa 12ème édition, du 15 au 17 février 2008, elle
s’offre un nouvel espace (hall 6) au sein du Parc des Expositions de Paris - Porte de Versailles avec une surface
disponible de 12 000m².
Quatre zones principales constituent l’ossature du salon : pêche aux leurres, pêche à la mouche, tourisme pêche, embarcation et équipement.
Vous y trouverez également ce qui a fait la réputation de ce salon : des bassins et zones de
lancer, des simulateurs de pêche, des monteurs de mouches internationaux, une bourse de collectionneurs, un village des guides et des associations, des conférences et débats, un concours,
la 2ème édition du Festival International du Film de Pêches Sportives afin de combler tous les
visiteurs.
Pêcheurs de salmonidés, de carnassiers, amateurs de pêches exotiques, de bars, de thons ou
de gros poissons, tous ont désormais un lieu annuel unique et international de rencontres.
Chaque type de pêche bénéficie de son propre espace et de ses propres animations.Comme
tous les ans, l’édition 2008 consacrera une part importante au Tourisme pêche français et
étranger.
Les guides et les associations, par leur présence, contribuent au développement des différentes pêches sportives.
C’est ainsi que, du 15 au 17 février 2008 à PARIS-EXPO, Porte de Versailles, Hall 6, fabricant,
importateur, distributeur, revendeur de matériel et accessoires de pêches, de barques, de bateaux et équipements, en mer ou en rivière, acteur du tourisme, guide, association ou simple
aficionado se retrouveront à nouveau au SALON INTERNATIONAL DES PECHES SPORTIVES, l’un
des plus grands événements de l’année consacré à la pêche.
Edition et compte-rendu 2007 sur www.salondespechesportives.com
INFORMATIONS PRATIQUES
Lieu :
Paris Expo – Place de la Porte de Versailles – Hall 6 – Paris - 75015
Dates :
Vendredi 15, samedi 16 et dimanche 17 février 2008
Horaires : 10 heures à 19 heures
Tarifs :
1 journée : 12 € - 3 jours : 24 € - tarif réduit : 8 €
Gratuit pour les enfants jusqu’à 12 ans
de 12 à 16 ans : 8 € tarif réduit
Métro :
Ligne 12 – sortie Porte de Versailles
Bus :
Ligne 39 – 80 et PC
Voiture : Boulevard périphérique – sortie Porte de Versailles
Parking : Parking public de la porte de Versailles
Le monde de la Truite
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Association
Charte du pêcheur responsable
Cette charte de 10 engagements à pour but de fixer un code de conduite responsable et moderne aux pêcheurs de truites afin de préserver notre pêche de demain et
laisser aux générations futures un patrimoine halieutique riche et généreux.
-1Je veille à la protection de l’eau et de leurs hôtes.
Alertons les autorités compétentes en matière de police de l’eau et de la pêche lors du
constat d’un acte de braconnage ou d’une dégradation des milieux aquatiques (pollution,
extraction sauvage, etc ….).
Informons, dès que nous en percevons la nécessité, chaque utilisateur de l’eau de l’importance de préserver notre patrimoine aquatique.
Effectuons un geste citoyen en dénonçant sans réserve toute atteinte à l’environnement.
-2Je respecte scrupuleusement la réglementation en vigueur
dans les lieux que je fréquente.
Respectons la réglementation en matière de parcours spécifique, lieux et temps de pêche,
taille légale de capture.
Respectons les représentants des instances de la pêche ainsi que toutes personnes en charge de mission de police de l’eau et de la pêche.
Informons poliment et respectueusement tous pêcheurs qui ne respectent pas la réglementation en vigueur, de la gravité de leurs actes.
-3Je participe à la promotion de la pêche de la truite en partageant
ma passion avec d’autres pêcheurs.
Relayons auprès des autres pêcheurs les engagements dictés par cette charte. Participons
selon nos possibilités à la vie associative de la pêche en assistant notamment aux assemblées
annuelles de son AAPPMA.
-4Je pratique la remise à l’eau ou je limite mes prélèvements
au strict minimum (consommation familiale).
Pratiquons la remise à l’eau systématique ou conservons uniquement les truites destinées à
la consommation familiale en bannissant les congélateurs.
Fixons nous une taille légale de capture supérieure à celle en vigueur.
Remettons délicatement les poissons à l’eau en se mouillant préalablement les mains et en
réoxygénant suffisamment longtemps les poissons afin de leur garantir les meilleures chances de survies.
Efforçons nous de garder plutôt des images faites directement au bord de l’eau que des
poissons.
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-5Je pêche proprement en ne laissant aucune trace de mon passage.
Conservons dans nos poches le fil coupé, les boîtes d’appâts ou les pochettes d’hameçons
afin qu’ils ne finissent pas leur vie dans l’eau ou sur la berge.
Respectons les clôtures, les barrières et les récoltes afin de ne pas laisser une image négative des pêcheurs.
-6Je reste toujours courtois avec les autres pêcheurs,
quelque soit la technique de pêche utilisée.
Respectons les autres pêcheurs en nous écartant discrètement de leur poste de pêche et en
conservant des distances suffisantes pour qu’ils ne puissent pas être gênés par notre présence.
Bannissons les fausses croyances de pêches nobles ou non.
-7Je ne marche dans l’eau que lorsque cela est nécessaire.
Évitons de marcher dans l’eau en début de saison afin de préserver les alevins de l’année
qui se trouveraient encore sous les graviers.
Protégeons les frayères qui nous garantiront nos pêches de demain.
-8Je sensibilise et je responsabilise tous les acteurs du monde de la pêche
sur leur rôle de conseil dans notre approche.
Expliquons à chaque fois que nous en avons la possibilité aux revendeurs et détaillants en
articles de pêche de l’importance de leur conseil auprès de leurs clients.
Invitons ces acteurs de la pêche à prodiguer des recommandations en faveur de la préservation des milieux aquacoles dès qu’ils en ont l’occasion.
-9Je respecte tous les poissons que je capture.
Respectons toutes les espèces de poissons que nous capturons, y compris celles des poissons autres que celles recherchées.
Traitons de la même façon tous les poissons, dans leur remise à l’eau comme dans leur mise
à mort.
- 10 Je transmets dès que je le peux à tous les jeunes pêcheurs
ou à ceux qui le souhaiteraient le <<savoir pêche>>.
Essayons de sensibiliser les jeunes pêcheurs et les autres à un comportement responsable
au bord de l’eau.
Transmettons à chacun d’eux l’importance de leur prélèvement sur le cheptel piscicole d’un
cours d’eau.
Apprenons leur à pratiquer des techniques de pêches laissant toutes les chances aux poissons d’être remis à l’eau dans de bonnes conditions.
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Association
3ème rendez-vous membres 2007
Le Doubs (25)
L
e 22 septembre s’est tenu le dernier rendez-vous membres de l’année 2007 de l’association. A cette occasion, les membres présents se sont retrouvés sur les bords de la mythique rivière qu’est le Doubs Franco-Suisse afin de découvrir les fabuleuses zébrées.
C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés à Goumois afin de passer une journée partagée entre la
pêche et des repas où les gens ont pu tisser de nouveaux liens avec les nouveaux membres
présents.
Niveau pêche, les conditions difficiles dues aux niveaux bas et à la fraicheur bien présente n’ont pas
permis de «paniers» miraculeux mais certains s’en
sont sortis aves les honneurs, tel Novice14 qui a
montré aux hommes présents que la pêche n’était
pas un sport réservé aux hommes.
C’est sur cette belle journée que se termine les
rencontres 2007 en attendant avec impatience le
cru 2008 qui s’annonce aussi passionant et enrichissant!
Laissez-vous tenter, vous ne le regretterez pas.
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Le monde de la Truite
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Shopping
I
l existe un grand nombre de monture à vairon mort manié dont certaines sont dites « montures nageuses ».
C’est le cas de la monture godille mais aussi d’une monture bien moins connue et qui pourtant est étonnamment efficace : La Donzette.
Née en 1955 dans les massifs jurassiens des mains de Paul Donzé, cette curieuse monture
qu’il baptisa par la suite du joli nom de Donzette est un leurre à mi-chemin entre la monture
à poisson mort et le poisson nageur. C’est en effet grâce au double avantage de posséder
l’incontestable pouvoir attractif d’un appât naturel et celui d’un poisson nageur que la Donzette est capable de leurrer dans bien des cas des poissons pourtant réputés difficiles. Car de
toute évidence cette monture est particulière et l’attrait qu’elle suscite auprès des pêcheurs
franc-comtois n’est plus à démontrer même si ces derniers restent plutôt discrets sur son
utilisation.
Destinée à reproduire le plus
justement possible le comportement des vairons lorsque la truite est en chasse
dans leur banc, la Donzette
imite à merveille le poissonnet qui, blessé, nage de manière régulière mais saccadée.
Cette monture, qu’il convient
de posséder impérativement
dans sa boîte, se révèle si
efficace que les pêcheurs
qui
l’utilisent
exclusivement ne disent pas qu’ils pêchent au vairon mais simplement « à la donzette » !
Fabrications et distributions :
Les Leurres Rudipontains
Le Bourg – 25190 FLEUREY
: 03.81.93.36.61 fax : 03.81.93.36.61
: [email protected]
En vente chez les détaillants spécialisés ou directement en ligne sur le site Internet:
www. leurres-rudipontains.com
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Le monde de la Truite
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Infos
Forum régional
« la truite en Bretagne, rêve et réalité »
C
ette manifestation est organisée le dimanche 24 février 2008 à l’ISPAIA, Zoopole de Ploufragan par l’Association de Pêche de St Brieuc-Quintin-Binic, avec le soutien de la Fédération des Côtes d’Armor pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique.
Elle s’articule autour de deux axes:
Le constat scientifique, donc l’état actuel des connaissances sur les populations de truites
sauvages, espèce emblématique des cours d’eau du Massif Armoricain, à travers 3 conférences animées par des scientifiques de l’Unité Ecologie et Santé des Ecosystèmes de l’INRA de
Rennes, sous la direction de Jean-Luc BAGLINIERE.
- fonctionnement des populations de truites fario
- la dynamique des populations de truites en Bretagne : nouvelles techniques d’étude
- importance de l’habitat sur la vie de la truite
Le regard des artistes qui lui passera par des expositions d’œuvres de peintres, aquarellistes, sculpteurs, coutelier sur le thème : la truite et la rivière, mais aussi des stands d’éditeurs et écrivains halieutiques, des monteurs de mouches pour la pêche ( Yann LEFEVRE,...)
De nombreuses expositions et animations assurées notamment par l’Association Bretonne
de Pêche à la Mouche (exposition), le Centre Régional d’Initiation à la Rivière (animation et
exposition), la Maison de la Pêche de Jugon les Lacs (animation, simulateur de pêche), le
Groupement Mammologique Breton (exposition), Le club photo de Ploufragan (macrophotos
d’invertébrés), l’AAPPMA de Saint Brieuc, Quintin, Binic (exposition, animation), le stand de
la fédération de pêche 22 (guides de pêche et école de pêche du département), présentation
de matériels de pêche par des fabricants et distributeurs, atelier maquillage pour les enfants
(sur le thème des poissons et de l’eau évidement...).
Cette manifestation, une première dans notre région, est orientée tant vers des pêcheurs
initiés et responsables du monde de la pêche, que vers un public plus large, sensible à la
beauté de nos vallées.
Le monde de la Truite
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Vairon
LA CUILLER A VAIRONNER
Est-ce vraiment utile de la présenter? Dans ma région, en
Franche-Comté, assurément non, mais ailleurs, en général
personne n’en a entendu parler. Les uns ne pêchent qu’avec,
d’autres ne l’utilisent qu’en sauve-bredouille. « Elle », c’est
la cuillère à vaironner, LE leurre par excellence pour traquer
la belle truite. Née sur les bords des célèbres rivières franccomtoises telles la Loue, le Doubs ou encore le Dessoubre
, elle a le don de mettre en éveil les sens des truites qui la
verront passer et ce, pour votre plus grand bonheur ! Découvrons ensemble ce leurre atypique et terriblement efficace.
Texte: Jean-Benoît Lambert
Photographie: Jean-Benoît Lambert et Jérôme Aussanaire
Un tandem « hors-norme »
Comme vous aurez pu le remarquer sur
la photo ci-contre, la cuillère à vaironner
est constituée par un judicieux assemblage
d’une cuillère tournante et d’une monture à
vairon manié. Pourtant au départ, rien ne
laissait présager la naissance de cette association presque contre nature. En effet,
ce leurre-monture résulte du mariage d’une
technique employant des leurres papillonnants et artificiels n’imitant rien de particulier d’une part, et d’autre part, une technique qui cherche au contraire à proposer
un leurre le plus naturel possible au point
d’employer des poissonnets fraîchement assommés pour séduire nos belles farios. Ces deux techniques étaient donc antagonistes…? Je
n’en suis pas si sûr et nos illustres aïeux ne devaient pas en être convaincus non plus.
Certes, les manières sont différentes mais nos anciens se sont bien aperçus que ces deux
types de pêches étaient toutes les deux très prenantes, en raison principalement de l’agressivité qu’elles suscitent chez les truites. Combiner l’attrait d’un leurre artificiel au comporteLe monde de la Truite
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ment exubérant (ça brille, ça tourne, ça fait du bruit) à celui d’un appât naturel manié (avec
son odeur, son aspect, sa souplesse) est, somme toute, assez logique mais a demandé une
remise en cause des habitudes de pêche de l’époque.
Au final ce mariage est une réussite, puisqu’après quelques tâtonnements inhérents à la
mise au point d’une nouvelle pratique, la cuillère à vaironner est devenue en Franche-Comté
une des techniques les plus employées et surtout une des plus efficaces !
Il existe plusieurs variantes mais le modèle originel est constitué d’une cuillère de type Aglia
de chez Mepps or ou argent pour la partie leurre et d’un clou recourbé armé de deux triples
sur un nylon de fort diamètre le tout étant relié à la cuillère. Avec le temps et les évolutions
du matériel, sont venus se greffer d’autres modèles dont un en particulier où la monture à
vairon ne comprend que deux avançons en corde à piano sur lesquels vient s’enfiler le vairon
(nécessite une cuillère à hameçon démontable). Enfin, plus récemment, des modèles de couleurs différentes, avec des cuillères Vibrax ou encore des montures Drakovitch ont fait leur
apparition et permettent de diversifier les leurres que nous présentons aux zébrées.
Puisqu’on est dans la partie matériel, on m’a souvent demandé, compte-tenu des difficultés
pour les pêcheurs n’habitant pas la région de se procurer des cuillères à vaironner, comment
en fabriquer. Alors voilà quelques petites astuces… Pour celles employant des avançons en
corde à piano, rien de très compliqué. Il suffit, comme je le disais précédemment d’utiliser
une cuillère à hameçon démontable (voir croquis) et de fabriquer les deux avançons de longueur différentes. Le premier se logera dans l’anus du vairon pour ressortir par sa gueule et
le second entrera derrière l’opercule pour également ressortir par la bouche. Il ne reste alors
plus qu’à raccorder le tout à la cuillère. Pour le modèle avec monture plombée comme sur la
photo du début de l’article, je récupère des baguettes de plomb utilisées par les couvreurszingueurs pour les soudures. Elles ont la particularité d’avoir une forme en demi lune qui
convient parfaitement à la réalisation d’une telle monture. Avec une lime, un couteau, une
pince et un foret, il est alors très aisé de concevoir ses propres montures (cf. ci-joint) et tout
ça pour un coût dérisoire. Sur l’illustration ci-dessous, les parties à supprimer sont indiquées
en hachuré.
Le monde de la Truite
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Un matériel robuste
Il va de soi que compte tenu de la taille du tandem « leurre-monture », nous sélectionneront des poissons de belle taille. Les pêcheurs au vairon manié auront donc tout intérêt à
utiliser leur matériel pour aller traquer la truite avec cette technique. Pour les autres, si vous
ne souhaitez pas investir dans du matériel spécifique, il vous faudra une canne de bonne facture avec une puissance suffisante (au moins 15-20 g) de raideur moyenne (genre canne à
sandre) et un bon moulinet supportant une réserve conséquente de fil en 20/100 et un frein
irréprochable.
Il peut aussi être judicieux de se munir d’une épuisette, mais personnellement j’avoue avoir
un peu de mal à utiliser cet ustensile et préfère prendre le poisson à la main. Le poisson d’un
peu plus d’un kilo ci-dessus a d’ailleurs été sortie sans épuisette (un « requillou » comme on
dit en Franche-Comté) alors que j’avais un avant-bras plâtré, comme quoi… Mais puisqu’il
n’y a que les imbéciles qui ne change pas d’avis, j’envisage d’en trouver une (avec un filet à
micro maille) la saison prochaine. Je vous laisse donc seul juge de la nécessité d’en prendre
une ou non.
Une pêche active
Une fois au bord de
l’eau avec vos cuillères
et vos vairons, prêt à
vous mesurer aux plus
belles farios de votre
rivière et là vous vous
demandez, vu la taille
de l’ensemble une fois
monté avec un vairon fraîchement assommé, comment une
truite peut-elle gober
un morceau pareil ?!
Ne vous faîtes pas
de soucis, elles ne se
poseront pas tant de
questions ! A la vue
d’une telle bouchée,
elle
n’auront
plus
qu’une idée en tête,
croquer dedans à pleines dents à condition que le leurre soit bien équilibré. Pour ce faire, l’idéal est pour moi, une
cuillère n°3 avec un vairon de 6-7 cm. Vous pouvez également monter jusqu’à une n°4 si
vous le coin peuplé de très beau poissons ou descendre à une n°2. Toutefois une n°2 reste la
limite basse car en deçà votre vairon se mettrait à tourner.
Le type de cours d’eau dans lesquels cette technique s’avère la plus payante, inutile de vous
préciser qu’il vous faudra privilégier les rivières moyennes à larges. Trois raisons à celà :
-d’une part cette pêche s’adresse à la traque des beaux poissons et ils sont tous simplement
plus nombreux dans les grands cours d’eau, vous augmentez ainsi vos chances de capture
-d’autre part, dans des eaux trop torrentueuses, le leurre se comporte mal et n’est que peu
efficace
-et enfin, c’est clairement une technique qui permet de battre du terrain et donc facilite
l’approche des rivières larges pour ceux qui se sentent désœuvrés face à de telles quantités
d’eau.
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L’art de la dérive
Malgré le poids du leurre, toute tentative de pêche vers l’aval se solde immanquablement
par un échec, le tandem remontant fatalement vers la surface. De plus la majorité des gros
poissons, à part quand ils sont en chasse au crépuscule ou à l’aube, se trouvent généralement
près du fond. Il convient donc d’aller les chercher dans cette zone et pour ce faire, il n’est rien
de mieux que de lancer vers l’amont et de ramener votre leurre en pêchant «creux». C’est à
dire que votre vitesse de récupération doit être juste suffisante pour faire tourner la cuillère,
à la limite du décrochage. De cette manière, et en levant plus ou moins votre canne, vous
pourrez ainsi suivre la topographie du fond.
Cependant, même si en vous contentant de faire dériver votre leurre vous prendrez quelques poissons, il est absolument indispensable d’effectuer quelques manœuvres d’aguichage
pour espérer des prises régulières. Comme dans toutes pêches aux leurres, usez (pour ne
pas dire abusez) des changements de direction, des variations de la vitesse de récupération,
des décrochages, des accoups… Toutes ces animations ne stimuleront que d’avantage les
truites postées à proximité.
En parlant de postes, j’affectionne particulièrement deux types de postes pour pêcher à la
cuillère à vaironner. J’y distingue comme site de 1er choix, les pools profonds et assez lents et
plus particulièrement la queue du pool. Le vieil adage selon lequel « la truite se trouve au plus
profond du moins profond et au moins profond du plus profond » s’y applique parfaitement et
permet la capture régulière de beaux poissons. C’est typiquement, avec les fosses, le genre
de poste où se cachent les farios les plus dodues et les plus malignes de part la sécurité que
leur offre ce volume d’eau.
L’autre type de poste que j’affectionne sont les plats moyennement profonds dont le courant
est régulier et uniforme. Sur ce genre d’espace, qui sert de terrain de chasse aux truites, une
touche est possible à chaque instant. La vue dégagée dont elle bénéficie alors, leur permet
de repérer de loin une proie dérivant et a fortiori, une cuillère vaironnée qui possède tous les
atouts pour les faire sortir de leur repaire. Il n’est alors pas rare de voir un poisson traverser
en trombes le cours d’eau pour venir se jeter sur votre leurre. Sensations garanties !
Même si ces postes sont productifs, n’en délaissez pas pour autant les tenues habituelles de
nos farios. Blocs, caves, retournes (appellation locale d’un « remous » en Franche-Comté)
méritent évidemment que l’on s’y attarde mais en faisant bien attention à la manière dont la
cuillère les aborde.
J’espère que ces quelques lignes vous donneront l’envie de vous essayer à cette technique
redoutable. Simple à mettre en œuvre, permettant de couvrir de grands espaces et sélectionnant les plus beaux poissons, vous mettrez toutes les chances de votre côté, surtout que
peu de truites du reste de l’hexagone, en ont déjà vu. N’hésitez pas à franchir le pas car ce «
leurre-monture » pourrait bien vous rapportez certains de vos plus beaux poissons, et c’est
bien tout le mal que je vous souhaite.
http://www.truitesetrivieres.com/
Le monde de la Truite
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Le monde de la Truite
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Leurres
Ultra léger et poissons nageurs
Après un tour d’horizon du monde de l’Ultra-Léger dans les
précédents numéros de votre magazine, Christophe Chambon
nous propose dans cette seconde partie, de nous intéresser
d’une façon très générale, à un leurre qui fait beaucoup parler de lui actuellement : le poisson nageur.
Texte: Christophe Chambon
Photographie: Christophe Chambon, Jérôme Aussanaire et Philippe Gonnand
S
’il est un leurre qui a le vent en poupe en ce moment, c’est bien lui !
Cela est dû, en grande partie, à l’arrivée sur le marché d’une nouvelle génération de poissons nageurs issus pour la quasi-totalité des usines japonaises et offrant des qualités de nage,
une facilité d’utilisation et un pouvoir pêchant révolutionnaire…
Une chose pourtant qu’il faut bien garder à l’esprit : le leurre miracle, universel, qui fonctionne partout, par tout temps n’existe pas ! Ces minis poisons nageurs n’échappent pas à cette
règle et il y a des situations dans lesquelles ils ne constitueront pas le leurre idéal à mettre à
l’eau.
Mais il faut aussi admettre qu’ils se déclinent en tellement de variantes qu’ils peuvent
s’adapter à la majorité de nos cours d’eau.
Deux catégories :
On peut classer les poissons nageurs qui nous
intéressent en deux familles :
-les crankbaits, poissons nageurs d’aspect «
rondouillard »
-les jerkbaits, poissons nageurs plus «effilés»
ressemblant plus à un poisson .
Le monde de la Truite
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Si ces deux catégories sont bien connues et familières dans le milieu des pêcheurs de carnassiers, et notamment des «basseurs», une petite présentation rapide peut s’avérer utile
pour ceux qui voudraient tenter « l’aventure poisson nageur » en première catégorie…..
Rappelons toutefois que nous nous limiterons à des leurres pesant moins de 3 gr., ultra léger
oblige….
Les crankbaits : De «crank» : manivelle, et « bait » : appât. Ce sont donc des leurres que
l’on se contente de ramener « à la manivelle » , sans leur donner d’action particulière avec
la canne. Rien de bien compliqué donc : on lance, on ramène, le leurre travaille tout seul.
Les crankbaits peuvent être classés en deux sous catégories :
- les crank à bavette, les plus communs
- les «lipless crankbaits», sans bavette, appelés aussi «vibrations»
Les lipless sont en général coulants, comme une cuiller donc. On va d’ailleurs pouvoir les
utiliser comme un leurre tournant, sur les mêmes postes. Ils sont adaptés à une prospection
à 180° : ils peuvent être lancés au-delà du poste visé vers l’amont, récupérés en leur faisant
descendre le courant, ils vibreront et enverront des ondes comme une cuiller, ou utilisés en
pêche aval (lancer vers la rive opposée ou ¾ aval et laisser le courant leur faire faire le fameux
«arc de cercle»). Ils auront un petit plus par rapport à une cuiller : ils ne vrillent pas le fil…
Un autre avantage, et non des moindres : à la récupération, ils nagent «
tête » en bas, et bien souvent, lors de
la rencontre avec un obstacle, ils basculent en prenant appui sur leur «museau», éloignant ainsi l’hameçon triple
de l’accroc. (cf. illustration). Il m’est
d’ailleurs arrivé d’enregistrer des attaques à ce moment où le leurre bascule…
Le Vib32 de chez Illex est un bon représentant de ces leurres très peu utilisés par les pêcheurs de truites et pourtant terriblement efficaces, surtout là où les farios sont habituées à
voir passer des cuillers à longueur d’année !
Selon la nature du poste, la hauteur d’eau, on pêchera canne haute ou canne basse, comme
on le ferait avec une cuiller donc.
Radiers, bordures, abords d’obstacles, postes exigus, calmes, ils sont efficaces partout. Il
n’y a que les cours d’eau torrentiels ou très puissants qui ne sont pas très adaptés à ce type
de leurre.
La plus grosse difficulté pour ceux qui veulent pêcher avec, c’est d’en trouver ! Il semble
qu’actuellement les stocks soient au plus bas…
J’utilise principalement deux coloris : le noir (ou le vert foncé) et le orangé tête rouge.Nous
aurons l’occasion de parler des coloris un peu plus en détail dans la deuxième partie…
Les crankbaits à bavette sont en général flottants, ce qui signifie que lors de la récupération,
leur bavette les fait plonger et que si la récupération cesse, ils remontent à la surface, plus
ou moins rapidement selon le modèle.
Avant d’aller plus loin, un avis tout personnel : ils donneront le meilleur d’eux-mêmes dans
les secteurs plutôt calmes, hors courant chaotique. Par contre, leur flottabilité sera un atout
pour les faire dériver vers l’aval, sous les branches surplombant la rivière, et ainsi pouvoir
débusquer des poissons peu sollicités du fait de la configuration des postes.
Dans ce cas, l’action de pêche sera simple : on lance vers l’aval, on laisse le pick-up ouvert,
le leurre descend le courant en passant sous les branches et lorsqu’on juge qu’il est arrivé là
où on le voulait, on enclenche le moulinet. Le leurre va alors remonter le courant en se dandinant en même temps qu’on le récupère. La récupération se fera calmement, lentement, en
faisant des pauses pendant lesquelles le crankbait se maintiendra sur place en se dandinant
ou remontera lentement vers la surface si l’on opère dans un secteur très calme.
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En général, j’opère de cette façon canne basse pour éviter le sillage du fil devant le leurre.
Si le poste est vraiment peu profond, je ramène le leurre à très basse vitesse (plus on le
récupère vite, plus il a tendance à plonger profond, sans compter qu’un leurre qui remonte
le courant façon «coureur de 100 m» a peu de chance de se faire intercepter au passage!)
et/ou canne haute.
Des leurres comme le Camion de chez Smith vont très bien pour cette pêche vers l’aval…
Les cranks à bavette peuvent aussi être lancés vers l’amont et récupérés au gré du courant,
en général canne basse pour leur permettre de se maintenir à la profondeur pour laquelle
ils sont conçus. Mieux vaut là encore choisir des secteurs où le courant est calme. Le leurre
précédemment cité s’accommode très bien de cette pêche mais il y en a d’autres.
En plein été, de petits cranks, évoluant en surface ou juste sous la pellicule, peuvent faire
monter de belles mouchetées : le Crank22 de chez Illex, le Cicada de chez Tackle House, sont
de ces leurres permettant une pêche de surface aussi amusante qu’efficace.
L’action de pêche est là encore très simple : choisir un beau secteur bien calme, lancer le
«top water crank bait» en pleine eau s’il y a des gobages au milieu de la rivière ou le long de
la végétation rivulaire, ramener doucement, en faisant des pauses de temps en temps pendant lesquelles on pourra faire vibrer le leurre sur place si on le désire, reprendre la récupération etc. J’opère en général canne haute de façon à maintenir le fil hors de l’eau et le leurre
à la surface. Truites et chevesnes sont susceptibles de monter gober ce qu’ils pensent être
un insecte en perdition dérivant et se débattant à la surface. Inutile de dire que dans cette
pêche on ramène doucement: un insecte dérivant dans la pellicule n’est pas un champion de
ski nautique! Cette pêche de surface donnera évidemment le meilleur d’elle-même en été,
et il va sans dire que la discrétion sera de mise, on se rapproche là de la pêche à la mouche
en sèche… A noter aussi qu’on peut utiliser ces petits crancks de surface en les laissant partir
vers l’aval sous les branches avant de les ramener en leur faisant remonter le courant comme
vu auparavant. Attention toutefois : il arrive que lors de la dérive vers l’aval, ils se fassent
gober à notre grande surprise ! Si on a laissé le pick up ouvert pour leur permettre de partir
à ce moment-là… On a intérêt à avoir de bons réflexes et être très rapide…
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Voilà pour les crank baits, ce sont donc des leurres simples à utiliser.
Les cranks à bavette sont conçus pour plonger rapidement à une profondeur déterminée
(souvent indiquée sur leur emballage) lors de la récupération. En règle générale, ils se ramènent canne basse pour leur permettre de se maintenir au bon niveau.
Ils sont bien adaptés à une recherche rapide des poissons actifs dans les calmes : on lance
devant soi, on ramène – en faisant des pauses ou non, tout dépend de l’humeur des poissons- rien de bien sorcier donc…
Ils sont susceptibles de se faire attaquer par les truites bien sûr, mais aussi par les chevesnes et les perches qui ne sont pas insensibles à ces leurres….
Cependant, à mon avis, il y a des cas où ils se montrent peu performants : dans les courants
notamment. Plusieurs raisons à cela : en pêche vers l’amont, leur flottabilité nous obligerait
à les ramener trop vite pour les faire plonger (sauf dans les secteurs calmes) et (est-ce dû
à leur forme «arrondie»?) je trouve qu’ils ont une mauvaise tenue dès que l’eau commence
à courir un peu vite….Ensuite, ce sont des leurres qu’on utilise en «lancer-ramener», sans
leur donner d’action particulière, ils se débrouillent seuls. C’est un avantage au niveau de la
simplicité d’utilisation, mais lorsque les poissons boudent –ce qui arrive assez souvent quand
même !- et qu’il faut les inciter à mordre, le fait que le pêcheur se contente de les laisser pêcher seuls peut s’avérer insuffisant. Dans ce cas, la deuxième catégorie de poissons nageurs,
les jerkbaits, viendra à point pour prendre le relais car on va pouvoir leur «donner vie» par
des animations….sans compter qu’ils ont une meilleure tenue dans les courants….
Ce sera le sujet de la deuxième partie.
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