ils le font dans votre journal

Transcription

ils le font dans votre journal
« Prenez le pouvoir »
Durant tout le week-end, une centaine de jeunes ont pris
les commandes de votre quotidien. Ils l’ont écrit de A à Z
et sont allés interroger le candidat du Front de gauche.
PAGE 2
VILLEPINTE
Lors de son
meeting, Sarkozy
a bien compris
le FN... P. 6
LIBERTÉS
Ikea réprime les
syndicalistes qui
révèlent l’envers
du décor. P. 8
3:HIKKLB=UUVYU\:?a@n@b@c@k;
SYRIE
La diplomatie
de Kofi Annan
n’arrête pas
le massacre. P. 15
BD
BELGIQUE 1,50 € PORT. CONT. 2 € ANTILLES-RÉUNIONGUYANE 2 € ITALIE 1,90 € ESPAGNE 1,90 € GRÈCE 1,90 € MAROC 14 DH SYRIE 2,15 € LUXEMBOURG 1,50 €
Annonces légales et judiciaires en page 14.
Mœbius/Giraud.
Un mort, deux
orphelins, l’Incal
et Blueberry. P. 21
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . N ° 2 0 8 7 4 . 1 , 4 0 €
Les photos des jeunes correspondants de l'Humanité ont été réalisées par Bruno Arbesu et Caroline Doutre.
ILS LE FONT DANS
VOTRE JOURNAL
M 00110 - 312 - F: 1,40 E
Pierre Pytkowicz
Jean-Luc
Mélenchon
aux jeunes :
2 Éditorial
L’Humanité, une idée
toujours jeune
Événement
ILS
ONT RÉALISÉ
L’ENTRETIEN ET ILS
RACONTENT LEUR
FRONT DE GAUCHE
FAIROUZ
GUEDOUAR,
LUDOVIC
BERTON,
CASSANDRE
CLERBOUT
ALESSAN
VITULLO
23 ans.
21 ans.
22 ans.
23 ans
RENCONTRE AVEC LE
CANDIDAT.
RÉMI ZANNI,
24
2 ans,
23
2 ans.
L
e numéro de l’Humanité de ce matin est un peu
spécial : il a été entièrement écrit par une centaine
de jeunes, comme une fois l’an, pendant l’opération
Libres échanges, unique en Europe. Nous avons débarqué
rue Ambroise-Croizat, non comme la meute dangereuse
médiatiquement décriée mais comme une force d’avenir.
Nous avons, gracieusement, remplacé vos journalistes
habituels et servi de porte-voix à une génération trop
souvent oubliée des médias, trop souvent sujette du
discours public sans en être actrice. Et ça marche !
Encouragés par Jean-Luc Mélenchon lors
de l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder,
dans le contexte politique chargé de la campagne
présidentielle, nous avons apporté une vision différente
de l’actualité : écologie, féminisme, luttes sociales et
syndicales, éducation,
travail, banlieues…
Nous prenons
Nous avons collectivement
notre place dans le assumé une position
flot des générations, progressiste aux antipodes
de l’actuel président
dans l’histoire
candidat, de son meeting
du combat pour
« de la dernière chance »
à Villepinte et de cette
l’émancipation.
France des « trop » : trop
bling-bling, trop au service
de la bourgeoisie et de la finance, trop impopulaire,
trop antisyndicale, trop autoritaire. Puisque nous
ne pouvons compter que sur nous-mêmes, sur nos luttes,
pour mettre fin au règne des gros et des gavés, à cette
logique capitaliste, la France qui se bat constitue
la matière première de nos articles – gageons que
nos aînés n’y trouveront rien à redire.
Nous, jeunes, en sommes le futur. Il nous
appartient de reconstruire un pays, un continent,
dont les institutions, les sociétés, les écosystèmes, ont
été dévastés par au moins dix ans de néolibéralisme
effréné. Certes, nous ne sommes pas seuls : nous prenons
notre place dans le flot des générations, dans l’histoire
du combat pour l’émancipation. Nous savons que nous
aurons à réinventer la République, non comme modèle
préétabli à imposer mais comme idéal à construire
avec tous ceux qui sont aujourd’hui pieds et poings liés.
Pari commun pour l’avenir
L’expérience est unique. Un quotidien national écrit de
A à Z par plus de cent jeunes choisissant les sujets, les hiérachisant, les rédigeant, appuyés par des journalistes mués en
assistants techniques. Cette expérience s’est déroulée cette
année avec pour toile de fond des débats passionnés sur
les élections présidentielle et législatives. Parmi ces jeunes
reporters, il n’y avait pas de supporters de Nicolas Sarkozy.
C’était Jean-Luc Mélenchon qu’ils voulaient interviewer.
Mais ils ont eu envie d’aller voir à Villepinte pourquoi
diable des jeunes pouvaient se retrouver dans ce candidat.
Ce week-end est une démonstration qu’il n’y a pas de
fossé infranchissable entre l’information – trop souvent
embrigadée dans une pensée unique –, la presse écrite et
les jeunes, pour peu que la première donne sa place aux
colères et aux espérances des seconds. C’est aussi un pari
commun. Qui engage l’Humanité à satisfaire les milliers
de nouveaux lecteurs qui la découvrent en ce moment,
notamment dans le cadre de l’opération Libres échanges.
PATRICK APEL-MULLER
DIRECTEUR DE LA RÉDACTION
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
« Il existe
un bien
commun de
l’humanité »
Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à
l’élection présidentielle,nous a reçus à son QG,aux Lilas,pour
partager son projet politique. Au moment où sa campagne
décolle, il a saisi l’occasion de notre rencontre pour faire
passer à la jeunesse un message d’optimisme.
P
ourquoi ne consacrezvous pas plus de place
à l’écologie dans la
campagne ?
Vous annoncez un référendum
sur le nucléaire, quelle est la
stratégie du Front de gauche ?
J EAN -L UC M ÉLENCHON .
d’abord, il faut sortir des énergies carbonées, qui sont à la
source de l’effet de serre et de
la bifurcation climatique qui
aura bientôt un cours catastrophique. J’ai bien conscience
qu’il s’agit là d’un gigantesque
défi technique mais nous
sommes des êtres humains :
rien n’est au-delà de notre portée, rien ne peut nous arrêter !
L’esprit humain est capable de
résoudre tous les problèmes,
c’est donc une source d’optimisme et d’enthousiasme.
Ensuite, vient la question de
l’énergie nucléaire, de très
L’écologie occupe chez
nous une place qu’elle n’a
jamais occupée dans aucun
programme de la gauche
traditionnelle. Vérifiez : le
programme économique du
Front de gauche est construit
autour du concept de planification écologique. Il y a une
intuition du communisme qui
est vérifiée par l’écologie politique, à savoir qu’il existe un
bien commun de l’humanité.
Si nous réfléchissons seulement à ce qui est bon pour
nous, nous allons juxtaposer
les corporatismes, mais si nous
réfléchissons à ce qui est bon
pour tous, alors nous avons
une chance de mettre la main
sur une solution efficace. C’est
cela qui fonde la République :
la chose commune, ce qui est
bon pour tous. Ainsi l’écologie
politique est le paradigme refondateur du communisme, du
socialisme, de l’universalisme
humaniste. Nous portons ses
idées parce que nous sommes
les porte-parole de la classe sociale qui, par ses conditions
matérielles d’existence, n’a pas
d’intérêt particulier qui ne soit
l’intérêt général.
J EAN -L UC M ÉLENCHON . Tout
Front de gauche. Enfin, nous
pouvons développer les énergies alternatives abondantes,
celle des mouvements de la mer
et la géothermie de la Terre.
Avec la géothermie, on produit
plus de chaleur qu’on ne sait
en utiliser. Qu’est-ce qu’on fait
du reste ? On peut organiser du
chauffage urbain, des serres,
pour planter des légumes et des
fruits qui poussent à contresaison, et ainsi ne plus avoir besoin de les amener du bout de
la terre. On peut faire pousser
des fraises en Moselle en plein
hiver… C’est donc un double
gain écologique. Mais pour arriver à ce résultat, il faut créer
des compétences dans beaucoup de domaines, il faut des
XÉNOPHOBIE w IL A DIT...
me
Pen est un grave
« La névrose obsessionnelle xénophobe de M Len d’être secourue :
besoi
a
Elle
coup.
beau
plains
la
je
déséquilibre et
étrangers. Ce
ce n’est pas normal d’être à ce point anxieux desdans son assiette
e
trouv
se
qui
ce
de
peur
ir
d’avo
al
n’est pas norm
un bifteck. »
et de voir de l’islam ou du judaïsme dissimulé dans
grande importance, qui pose
un problème de sécurité et qui
fait réfléchir tout le monde. La
question est celle de l’évaluation du danger. C’est pourquoi
nous sommes partisans d’un
référendum. Quiconque pense
qu’il faut en discuter peut voter
ingénieurs, des architectes, des
centrales, etc.
Comment comptez-vous
renationaliser les entreprises
privatisées ?
JEAN-LUC MÉLENCHON. Pourquoi
devons nous le faire ? Parce
Pierre Pytkowicz
ALESSANDRA VITULLO,
que depuis la privatisation
les prix de l’énergie électrique
se sont envolés (presque 30 %
d’augmentation). Or, nous
préférons une baisse des prix
à la consommation fondée sur
la baisse du prix de l’énergie
plutôt que celle des salaires.
Nous envisageons donc de
constituer un pôle public afin
de faire sortir du marché ce
qui ne peut pas être raisonnablement conçu comme un bien
dépendant de la loi de l’offre
et de la demande.
En pratique, nous pouvons
proposer un vote sur la nationalisation. Nous pouvons aussi
convoquer les représentants de
l’État au sein des conseils d’administration des entreprises privatisées (EDF, GDF Suez…) et
leur donner une consigne : cette
année, on ne distribue pas de
dividendes. L’année prochaine
non plus, l’année d’après non
plus. C’est-à-dire que pendant
les cinq ans du mandat il n’y
aura pas de dividendes. Que
se produit-il normalement ?
Ceux qui ont mis de l’ar-
«
En France aussi, la sécurité du nucléaire questionne :
Un an après, les effets de la
le Front de gauche propose un référendum
catastrophe nucléaire de Fukushima
que l’UMP, le FN et le Parti socialiste refusent.
durent toujours. JEAN-LUC MÉLENCHON.
»
NDRA
O,
.
80 %
des smicards « sont des smicardes.
Voilà un droit des femmes concret » à
conquérir, explique Jean-Luc Mélenchon.
MARTA
SILVA,
GABRIEL
JOIGNANT,
ANASTASIA
TYMEN,
LUDOVIC
TEYSSEIRE,
JULIEN
PUCHERCOS,
24 ans.
22 ans.
22 ans.
19 ans.
22 ans.
3
L’intégralité
en vidéo
de l’entretien
mené par les jeunes
correpondants sur
Pour Jean-Luc Mélenchon, « le Front de gauche est une force nouvelle qui se construit dans une bataille commune ».
PLANIFICATION
ÉCOLOGIQUE :
POURQUOI ?
Jean-Luc Mélenchon définit
la planification écologique
comme une « réorientation
de la demande en fonction
de nos besoins ». Selon
son programme, cette
politique « permettra de
préciser les orientations et
les investissements publics
nécessaires pour enclencher
une transition écologique et
promouvoir un développement
humain durable, créateur
d’emplois et facteur d’égalité
sociale ». Elle s’appuiera sur
« un plan écologique débattu
et voté au Parlement, assorti
d’une loi de programmation
financière ». « La finalité est
écologique, la méthode est la
planification : l’organisation
et la prévision, l’introduction
du long terme là où la finance
privilégie le court terme. »
gent privé là-dedans s’en
vont. Parce qu’ils ont placé
de l’argent non par idéologie
ou parce qu’ils s’intéressent
à l’énergie, mais parce que ça
rapporte. Donc ils s’en vont, et
les cours baissent : c’est le bon
moment pour nationaliser. Voilà la façon dont je m’y prendrai.
Mais j’ai d’autres astuces dans
ma botte…
Comme certains le disent,
êtes-vous un rabatteur de voix
pour François Hollande ?
JEAN-LUC MÉLENCHON. Ce sont les
socialistes et l’extrême droite
qui mettent cette idée en circulation, mais personne n’est
le rabatteur de personne. Le
Front de gauche est une force
nouvelle qui se construit dans
une bataille commune dont
l’objectif est de concourir
au succès de la révolution
citoyenne qui est inéluctable
dans notre pays. Nous sommes
dirigés par une élite politique
subjuguée par des situations
qu’elle ne maîtrise plus parce
qu’elle est incapable de penser au futur. C’est le PMU
politicien auquel continuent
à croire les belles personnes
de notre pays, les médiacrates
et les caciques politiques. Ils
ne se rendent pas compte du
gouffre qui s’est ouvert sous
leurs pieds.
Pour le reste, que le meilleur
l’emporte ! Ce qui ne sera pas
fait maintenant devra être fait
après de toute façon. Car il n’y
a pas de Monsieur et Madame
« plus » au Front de gauche.
Nous nous basons sur la vie
des gens. Il n’y a pas un petit
peu Hollande et un peu petit
peu plus avec Mélenchon.
Non, il y a un grand mieux
avec Mélenchon et le Front de
Gauche et rien avec Hollande.
Que pensez-vous du soutien
de Robert Hue à Francois
Hollande ?
JEAN-LUC MÉLENCHON. Je trouve
cela désolant. Cela fait beaucoup de peine à de nombreux
communistes.
Est-ce que vous avez
un problème avec les
femmes ? Durant votre
débat avec Mme Le Pen,
Je suis le seul homme qui
copréside un parti avec une
femme. Le Front de gauche
est la seule structure politique
strictement paritaire. Ses huit
porte-parole sont quatre
hommes et quatre femmes.
Je pense que nous sommes le
front du féminisme. Cela ne
veut pas dire que les autres
ne le sont pas, mais ils ont
beaucoup de progrès à faire
pour être aussi féministe que
le Front de gauche.
Quand on demande qui est
favorable à la création d’un
ministère du Droit des femmes,
tout le monde répond oui avec
enthousiasme. Quand je demande qui est favorable au
Smic à 1 700 euros, on me répond que cela n’a rien à voir.
Je leur réponds que 80 % des
smicards sont des smicardes.
Voilà un droit des femmes
concret. Le droit à un salaire
décent. De la même façon,
85 % des précaires sont des
femmes. Avec ces propositions, où sont passés les enthousiastes ?
Jean Michel Aphatie, qui travaille pour RMC et le Grand
Journal, a vu dans l’utilisation
du terme « démente » la preuve
de ma misogynie. Eh bien, je
suis au regret de dire qu’il y a
des déments et des démentes.
La névrose obsessionnelle xénophobe de Mme Le Pen est
un grave déséquilibre et je la
plains beaucoup. Elle a besoin
d’être secourue : ce n’est pas
normal d’être à ce point anxieux des étrangers. Ce n’est
pas normal d’avoir peur de
ce qui se trouve dans son as-
EMPLOI w IL A DIT...
ina aussi
« On fait des problèmes entre Françoise et Yasm quand il y a
Mais
deux.
pour
oi
empl
qu’un
a
n’y
qu’il
longtemps
, on prend tout
trois emplois pour deux, il n’y a plus de problèmes discriminations
des
bien
vité,
l’acti
çons
relan
nous
Si
(...)
e
le mond
voleront en éclats. »
auriez-vous été aussi
courtois si le candidat
avait été un homme ?
siette et de voir de l’islam ou
du judaïsme dissimulé dans
un bifteck.
JEAN-LUC MÉLENCHON. Vous êtes
un peu comme Monsieur
Le Pen, vous pensez qu’une
femme n’est pas capable de se
défendre toute seule ? Ce soirlà, je n’ai pas polémiqué avec
une femme, j’ai polémiqué
avec le chef du Front national.
Si j’étais tombé sur une buse
masculine, j’aurais agi de la
même façon. D’ailleurs, à la
distribution des prix, le père en
a pris autant que la fille.
Quelle est la stratégie du Front
de gauche pour convaincre les
citoyens issus des banlieues ?
Qu’est-ce qui vous différencie
du Front national ?
JEAN-LUC MÉLENCHON. Le Front
de gauche a l’avantage sur
le Front national d’être réellement dans les banlieues.
J’ai passé vingt ans dans une
banlieue. Mme Le Pen, elle, a
passé l’essentiel de sa vie dans
humanite.fr
un palais payé par son père.
Nous parlons aux banlieues
comme nous parlons à tous
les êtres humains. Nous n’acceptons pas la territorialisation
de l’existence humaine. Les
politiques des banlieues sont
toutes des questions transversales. Dans une banlieue on
a besoin d’écoles, d’instituteurs, de centres de santé, ce
sont des questions de dépenses
publiques.
Beaucoup de gens confondent
la banlieue avec les quatre ou
cinq loustics que tout le monde
voit. Ceux qui portent des
cagoules et ont des battes de
base-ball. Ceux-là sont des
bouffons. On n’a rien à leur
dire. Nous pensons à tous les
autres qui veulent vivre dignement de leur travail. Nous
pensons à ceux « qui ont les
boules » parce que leurs familles se sont sacrifiées pour
qu’ils fassent des études, qu’ils
ont un diplôme mais qu’ils ne
trouvent pas de travail parce
qu’ils n’ont pas la bonne
adresse. Comment pouvonsnous régler ces problèmes ?
D’abord idéologiquement,
en menant la guerre politique.
Ensuite, on fait des problèmes
entre Françoise et Yasmina
aussi longtemps qu’il n’y a
qu’un emploi pour deux. Mais
quand il y a trois emplois pour
deux, il n’y a plus de problème,
on prend tout le monde. J’ai
connu cette situation en 2001,
en Loire-Atlantique, sur le
chantier naval de Saint-Nazaire. À ce moment-là, nous
avions 2,5 % de croissance.
Les patrons allaient à la porte
des chantiers se disputer les ouvriers. Voilà comment nous
réglerons le problème. Si nous
relançons l’activité, bien des
discriminations voleront en
éclats. La solution à la plupart
de nos problèmes se résume en
un seul mot : le fric. Du fric,
il y en a.
Dans votre programme, vous
évoquez le droit à la ville, vous
souhaitez restaurer la mixité
sociale. Quels instruments
soutiendront cette démarche ?
JEAN-LUC MÉLENCHON. Pour avoir
dessiné un quartier à Massy,
c’est quelque chose que je
connais : mélanger les gens, ça
tient. Vous mettez les riches
ensemble, c’est mortel, on
s’ennuie à mourir. Ils mettent
Suite page 4
L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
4 Événement
Suite de la page 3
des digicodes partout, ils sont
barricadés chez eux en montant des murs avec des barbelés
dessus, ils se payent des vigiles.
Personne ne veut vivre dans
le 6e ou le 7e arrondissement.
Moi j’habite dans le 10e, un
arrondissement normal, les
gens sont de toutes les couleurs, c’est sympa, c’est vivant.
Si vous mettez tous les
pauvres ensemble, c’est le
même scénario : il n’y a que
de la misère à partager. Donc,
vous commencez à voir des
gens qui tiennent les murs,
à voir toute la détresse psychologique qui ressort de la
misère sociale. Par exemple,
en Nouvelle-Calédonie, il y
a les Kanak d’un côté et les
caldoches de l’autre. Personne
ne se mélange, résultat, c’est la
pelée depuis un siècle et demi.
Donc, le principe de mixité sociale, c’est un principe de vie.
Si quelqu’un est capable de
me décrire une autre forme de
bonheur, j’attends qu’il me la
raconte. Est-ce qu’on peut influer sur la mixité sociale d’un
quartier par une politique volontariste ? La réponse est oui.
En ce qui concerne les
licenciements collectifs,
on voit de plus en plus
d’entreprises partir à la dérive.
Que comptez-vous faire ?
JEAN-LUC MÉLENCHON. Pour lutter contre les licenciements
collectifs, il faut « arrêter
l’hémorragie » et pour cela
des outils politiques existent
et sont à mettre en place d’urgence : interdiction des licenciements boursiers, droit de
veto dans les CE pour la représentation ouvrière, droit de
préemption des ouvriers sous
forme de coopérative. Dans
« IL EXISTE UN BIEN COMMUN
DE L’HUMANITÉ »
un second temps, d’autres mesures urgentes sont à prendre :
la réquisition, la sanction et
punition des traîtres à leur
pays car on trouve toujours
normal de courir après les
voleurs de mobylettes… mais
moi je trouve normal de punir
aussi les tricheurs et fraudeurs
en col blanc.
Parlez-nous de votre projet
de régularisation des sanspapiers ?
JEAN-LUC MÉLENCHON. Pour nous,
la régularisation des travailleurs sans papiers est une
mesure antidumping social
et une mesure humainement
juste. On ne peut pas laisser
JEAN-LUC MÉLENCHON. Le droit
du sol, la naturalisation et
l’acquisition de la nationalité sont des mesures dont
le Front de gauche est partisan. Le droit du sol existe
depuis François Ier mais c’est
redevenu apparemment très
nouveau. L’histoire nous apprend que les mêmes tantôt
réquisitionnent tout le monde
parce qu’il y a des guerres qui
arrivent, tantôt veulent jeter
tout le monde dehors parce
que nous avons été battus ou
parce qu’il y a des difficultés
extérieures.
Le mot « français » m’ennuie
un peu parce qu’il donne
une définition ethnique
CULTURE w IL A DIT...
la France,
« J’aimerais aussi des mesures qui singularisent TVA à 5,5 %
la
que
t
plutô
livres
les
comme la TVA à 0 % pour
-à-dire six fois
sur la restauration, qui a coûté 3 milliards, c’est (diminution
RGPP
la
à
liées
mies
ce que rapportent les écono
du nombre de fonctionnaires). »
vivre les gens dans la peur. Notons qu’avec les réformes de
Sarkozy, on a transformé une
partie des gens qui avaient des
papiers en sans-papiers. Nous
mettons au défi quiconque de
nous dire comment on procède à l’expulsion immédiate
de tous les clandestins. Aujourd’hui, 25 000 clandestins
sont expulsés par an, or on
suppose qu’il y en a 250 000.
C’est-à-dire que pendant les
dix prochaines années nous
allons continuer à courir les
portes des écoles pour capturer
les gens ?
Pourquoi, dans votre
programme, les étrangers
n’ont le droit de vote qu’aux
élections locales ?
de la nation française. Je
considère que ce qui décrit
la nationalité française c’est
la citoyenneté. La thèse qui
l’emporte entre toutes celles
qui s’affrontent au sein de
notre coalition, c’est la citoyenneté locale. Une fois
que l’on aura fait cela, la
suite sera plus simple.
Une grosse bêtise a été dite :
Guéant a affirmé que, s’il y
avait la citoyenneté locale,
les communautés exigeraient
tel ou tel type de nourriture.
C’est stupide. Il y a déjà
500 000 compatriotes juifs,
dont certains mangent casher,
et l’islam est la deuxième religion des Français. Une réponse existe depuis 1905, c’est
la laïcité.
Front de gauche est dangereux pour le capitalisme,
«maisLe pas
pour l’économie du pays. » J -L M
.
EAN
UC
ÉLENCHON
Qu’est-ce que vous
comptez faire à propos
d’Hadopi ?
JEAN-LUC MÉLENCHON. Nous n’acceptons pas Hadopi. Il y a une
violence, une commission peut
s’introduire dans votre ordinateur, on peut vous sanctionner
sans juge au départ et le budget
de tout cela est considérable.
Ils vous coupent, mais ils ne
vous privent pas seulement
d’accéder à de la musique ou
de la littérature, ils vous privent également du fait d’accéder à votre compte d’impôt,
compte bancaire, de pouvoir
recevoir les relances de Pôle
emploi : c’est une violation
d’une dizaine de droits dont
vous êtes privés.
Les droits d’auteur sont une
invention de la République.
La diffusion gratuite pose
donc un aussi problème. Mais,
dans le cadre du régime de la
propriété privée de la rémunération de la création, on peut
se demander si on accepte la
rémunération des créateurs
par le paiement à l’acte et le
paiement sans limite. Je suis
d’accord pour respecter le
droit d’auteur. Une réponse
a été trouvée : la licence globale. Une autre est possible ?
Parlons-en ! Mais la propriété
privée n’est pas tout ! Nous
avons donc envisagé de mettre
à contribution les fournisseurs. Nous avons imaginé
un pôle public de routage.
J’aimerais aussi des mesures
qui singularisent la France,
comme la TVA à 0 % pour
les livres, plutôt que la TVA à
5 % sur la restauration, qui a
coûté 3 milliards, c’est-à-dire
six fois ce que rapportent les
économies liées à la RGPP
(suppression du nombre de
fonctionnaires).
Le candidat fait une entrée remarquée
C
’est un QG à la fois électrique
et éclectique qu’on découvre
lorsqu’on entre au 8, rue Chassagnolle, aux Lilas (Seine-SaintDenis), siège de campagne de Jean-Luc
Mélenchon. L’endroit : une usine désaffectée. À gauche, des affiches placardées
sur les murs décrivent le programme du
Front de gauche. À droite, pardon, à
gauche, des militants fument devant un
café en répondant aux questions d’une
journaliste de Marie-Claire. À l’étage et
à l’écart, la salle de réunion. Les murs
sont recouverts de pense-bêtes géants
rappelant les principaux thèmes de la
campagne électorale.
Après une installation minutieusement calculée – nous sommes neuf tout
de même –, nous attendons l’arrivée du
candidat à l’élection présidentielle. Sa
récente percée dans les sondages a créé
un intense fourmillement médiatique. Au
bout de la passerelle menant à la salle de
réunion, Jean-Luc Mélenchon est escorté
par des journalistes de France 3. La ten-
sion monte : dans la pièce, c’est l’effervescence. De longues minutes s’écoulent…
Le candidat à l’élection suprême fait
une entrée remarquée : exhibant fièrement
les unes de l’Humanité des 8 et 9 mars sur
la récente montée du Front de gauche
et les exilés fiscaux, il affiche un large
sourire : « Ceux-là, je vais les encadrer ! »
Jean-Luc Mélenchon porte une attention
particulière sur chacun d’entre nous : il
s’intéresse à notre parcours universitaire.
À un élève de l’Institut d’études politiques
de Rennes, il fait la moue : « Vous êtes de
gauche au moins ? » À un autre, étudiant
en philosophie contemporaine, il propose
d’échanger ses coordonnées : aurait-il déniché un éventuel collaborateur ? Quand
on lui parle de sa relation avec les femmes,
notre ton moralisateur l’irrite et il nous
qualifie de « petits bourgeois friands de
Grand Journal », l’émission non cryptée
de Canal Plus.
Le candidat est à l’aise : décontracté, il
embraye sur la planification écologique.
Il s’exprime avec sa verve habituelle.
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
Dans un discours structuré, il explique
son programme avec une rare cohérence,
affirmant néanmoins qu’il ne peut pas
s’empêcher de convaincre et de polémiquer. Ses propos, bien que théoriques, ne
s’arrêtent pas à de vaines spéculations. Ses
inspirations lui viennent autant de l’humanisme, des Lumières, que des grandes
figures socialistes du XXe siècle, avouant
même sa préférence pour Jean Jaurès.
Au même moment, dans les entrailles
de l’ancienne usine, les « ouvriers » de la
campagne du Front de gauche s’activent
pour accueillir ce soir-là Didier Porte, le
journaliste humoriste qui apporte son
soutien à Jean-Luc Mélenchon. À peine
perturbé par la cohue constante dans
le QG, le candidat poursuit l’entretien
à un rythme de croisière jusqu’à la fin,
dépassant largement le temps qui nous
était imparti. Authentique, animé du désir de transmettre ses idées humanistes,
conscient que les présidentielles ne sont
qu’une étape dans la dynamique enclenchée par le Front de gauche.
Photos Pierre Pytkowicz
C’est impressionnés, fébriles, concentrés, curieux que nous avons franchi les portes du
QG de campagne du candidat du Front de gauche. Voici nos impressions post-entretien.
5
4
C’est, en nombre de kilomètres, la longueur réservée au
stationnement des cars affrétés pour venir à la Bastille, le 18 mars.
Briser
la vitrine du
FN à Hénin
UGO BERNALICIS,
22 ans.
PAULINE DENIS,
23 ans.
Hénin-Beaumont
(Pas-de-Calais),
envoyés spéciaux.
e Front de gauche ne
veut plus que le Front
national soit présenté
comme le parti défenseur du peuple, qu’on se le dise.
L
Pour faire tomber le nuage de
fumée démagogique derrière
lequel le parti d’extrême droite
se cache, il organisait vendredi
soir à Hénin-Beaumont une
conférence débat pour démonter les « mensonges du
front national » dans une ville
hautement symbolique.
Laurent Maffeis et Alexis
Corbière, animateurs de la
campagne de Jean-Luc Mélenchon, sont venus décrypter le
programme du Front national,
face à 120 Héninois. C’est peu ?
Sur Internet, 1 200 personnes
supplémentaires suivaient la
réunion en streaming. Une
mesure phare du FN consiste à
augmenter les salaires de 200 eu-
Olivier Touron
La stratégie nationale de « désenfumage »
du programme de Marine Le Pen par le Front de
gauche se décline aussi localement,comme
dans le Pas-de-Calais,où elle veut s’implanter.
Hénin-Beaumont, vendredi. En plus de la centaine de participants, plus d’un millier de personnes ont
suivi sur Internet le débat organisé par le Front de gauche pour démonter « les mensonges du FN ».
Laurent Maffeis et
Alexis Corbière sont
venus décrypter le
programme du FN.
ros : « Cette augmentation, basée sur la baisse des cotisations
sociales, va entraîner un déficit
de 20 milliards d’euros dans les
caisses de la Sécurité sociale, et
ce sont les salariés qui devront
au final payer. » Dans un bassin d’emploi où un habitant
sur cinq est au chômage, cet
argument fait mouche comme
Le 18 mars, tous à la Bastille!
L’engouement est déjà constaté : plus de 8 000 personnes recensées pour les bus et trains en provenance de tous les départements.
UGO BERNALICIS,
22 ans,
MANON COLEOU,
19 ans,
PIERRE TRIBOUT,
27 ans.
E
n fin de semaine, la campagne officielle
pour la présidentielle commence. Le
Front de gauche souhaite marquer les
esprits. Dans la continuité de juin dernier, avec le meeting en plein air place Stalingrad
à Paris, il invite à la réappropriation populaire de
l’espace public en appelant à une grande marche
vers la place de la Bastille, le 18 mars prochain.
En choisissant cette date, le Front de gauche
rend hommage à la Commune de Paris. Le
18 mars 1871, les Parisiens se soulevèrent et
soixante-douze jours durant, les communards
écrivirent les bases de la République sociale :
réquisition des logements vacants, instauration
d’un système de protection sociale, création
d’une école laïque et gratuite…
La Bastille! Place symbolique de l’insurrection
populaire, où furent abolis les privilèges monarchiques. Or, comme le dit Jean-Luc Mélenchon :
« Il nous faut abolir les privilèges de notre temps,
ceux des oligarques. » Plusieurs dizaines de milliers
de personnes s’apprêtent à envahir de nouveau la
Bastille, ce dimanche, pour une VIe République.
Selon les mots de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, il s’agit à la fois de construire « une
démocratie pleine et entière » tout en « donnant
plus de pouvoirs aux salariés dans l’entreprise ».
Une telle manifestation de gauche durant
une campagne présidentielle s’inscrit dans « des
formes inédites de campagne » que le Front de
gauche entend impulser, selon Pierre Laurent. En
laissant la « place au peuple », le Front de gauche
mise sur un rassemblement populaire et joyeux
pour défaire la « monarchie présidentielle » de
la Ve République. Au vu de l’affluence constatée
dans les meetings, François Delapierre, directeur
de campagne du Front de gauche, espère pouvoir
réunir jusqu’à 50 000 participants.
DISCOURS ET CONCERTS POUR UNE VIe RÉPUBLIQUE
Les festivités débuteront à 13 h 30, place de la Nation, à Paris, pour accueillir les manifestants avec
le concert du groupe Alee. La marche démarrera vers 14 heures avec au menu : cortèges thématiques
(Front des luttes, éducation, santé…), scène mobile avec concerts et discours, « commandos
culturels », diffusion de matériel militant, animant ainsi le défilé jusqu’à la Bastille. À son arrivée, vers
16 h 30, nouvel accueil musical, avec notamment Cheik Tidiane Seck et Ridan. À 17 h 30, le discours
du candidat du Front de gauche viendra clôturer les festivités.
chez Hayatte, une jeune sympathisante du Douaisis, qui
avoue avoir trouvé la mesure
séduisante au premier abord. Ce
n’est pas le seul paradoxe qui a
été relevé ce soir-là, puisque la
conseillère régionale (communiste, Front de gauche et apparentés), Laurence Sauvage,
expliquait que tout en demandant à l’Assemblée de voter une
motion en faveur de l’accès aux
soins, les élus du Front national
votaient contre l’instauration
d’une complémentaire santé
gratuite pour les jeunes.
Dans cette ville où le FN a
récolté 43 % des suffrages aux
dernières cantonales, sur fond
d’abstention, et où la majorité
municipale s’est encore déchirée cette semaine – une partie
des élus ayant claqué la porte
du conseil municipal – le Front
de gauche a décidé de taper fort
aux législatives de juin, en envoyant Hervé Poly, secrétaire
fédéral du PCF du Pas-de-Calais, « montrer que le monde
du travail, c’est nous ». Il a notamment salué la présence à ses
côtés de Brigitte Petit, une an-
cienne salariée de l’usine Samsonite licenciée économique
en 2007. C’est d’ailleurs aux
portes des usines de la région
que le Front de gauche a choisi
de faire connaître l’assemblée
citoyenne de vendredi soir.
Dans la salle, militants et
anonymes sont venus chercher
des arguments contre cette
force politique qui les met mal
à l’aise : bien décidés à faire de
leur ville un laboratoire d’idées,
les militants frontistes surfent
sur la discorde des partis républicains pour s’implanter.
Avec 47,62 % des voix aux dernières élections municipales de
2009, Steeve Briois et Marine
Le Pen comptent fortement sur
la présidentielle pour préparer
une victoire aux municipales
de 2014. Elle avait d’ailleurs
déclaré, lors de l’émission Des
paroles et des actes, que pour
son premier « voyage officiel »,
elle irait « à Hénin-Beaumont,
pour leur dire que tout va
changer ».
C’est compter sans les militants du Front de gauche qui
sont bien décidés à riposter.
Brahim, un habitant venu chercher un argumentaire contre
le FN, déplore le manque de
dialogue entre politiques et
citoyens : « L’initiative du
Front de gauche a le mérite de
rétablir un dialogue avec les
habitants, de nous proposer
une réflexion. »
OPÉRATION
DÉCOUVERTE
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L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
6
Politique
ÉLECTIONS
Sarkozy a prononcé un discours
«pleinNicolas
de caricatures mais vide de propositions.
HARLEM DÉSIR (PS).
»
Nicolas Sarkozy : le meeting
de la dernière chance ?
Les militants UMP, malmenés par les sondages, espéraient beaucoup de la grand-messe de Villepinte. Derrière
l’engouement pour leur candidat, ils avaient cependant du mal à cacher leurs divisions sur la stratégie de leur leader
A N A LY S E
Sarkozy mise sur l’international
pour échapper à son bilan
SIRYA CHIKHDENE,
21 ans.
MAXIMILIAN AZARIAN,
Philippe Wojazer/Reuters
18 ans.
À Villepinte, la photo de famille était de rigueur, pourtant les divergences, voire les contradictions, sur la ligne stratégique sont réelles.
MAXENCE MAILLARD,
17 ans.
CYRILLE CRESPY,
19 ans.
R
edonner confiance
aux militants. À
quarante-deux
jours du premier
tour, les supporters
de Nicolas Sarkozy espéraient
que le meeting de Villepinte
représenterait un « tournant
dans la campagne », au moment où le président sortant ne
décolle pas dans les sondages.
Depuis des semaines, l’UMP
s’était mobilisée en masse pour
assurer la présence des militants.
L’enjeu de cette démonstration
de force était de rassembler la
droite derrière son candidat.
Près de 40000 personnes étaient
présentes, scandant « Sarkozy
président ». Des dizaines de
TGV spéciaux ainsi que 700 cars
avaient été affrétés pour l’occasion. « J’espère des précisions
sur le contenu réel du programme de Nicolas Sarkozy »,
nous confie un jeune cadre de
l’UMP. « On voulait que ce rendez-vous soit celui d’une droite
unie derrière notre candidat »,
affirme une jeune sympathisante
qui, comme la majorité des militants présents, minimise l’importance des sondages, citant
l’exemple du premier tour de
l’élection présidentielle de 2002.
RALLIER L’ÉLECTORAT FN
L’absence de Jean-Louis
Borloo apparaît comme un
non-événement aux yeux des
sympathisants présents sur
place. Son ralliement annoncé
la veille, lors du congrès du Parti
radical, est considéré comme
bien plus important que sa présence au meeting. « Chacun a
ses idées, moi je suis quelqu’un
de simple, quand je m’engage
avec quelqu’un, je viens », a ironisé Gérard Longuet, ministre
de la Défense. Si tous affichent
leur soutien au président sortant, les divergences d’appréciation sur la ligne stratégique
du candidat se font malgré tout
sentir. Si tous souhaitent un programme clair, les attentes sont
diverses, voire contradictoires.
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
Le mot « rassemblement » est
dans toutes les bouches, mais
tous les militants n’en ont pas la
même conception. La stratégie
politique, notamment adoptée
par Jacques Chirac, du « cordon
sanitaire » entre l’UMP et le FN
serait toujours nécessaire pour
certains. C’est notamment le cas
de Jean-Marie Bockel, qui sert,
avec son courant de la Gauche
moderne, de caution sociale au
sein de la droite. Certains sympathisants affichent leur volonté
d’un rapprochement plus marqué avec notamment le Parti
radical et le Nouveau Centre.
Cependant, d’autres personnes
souhaitent, tout au contraire, se
tourner vers le Front national.
« Il faut comprendre et rallier
les électeurs du FN », affirme
un jeune militant des Ardennes,
tout en souhaitant une alliance
de l’extrême droite jusqu’au
centre gauche.
La mise en scène du meeting
visait à donner l’image d’une
droite rassemblée derrière la
personne de Nicolas Sarkozy.
En témoigne le ralliement de
certains anciens candidats qui,
comme Christine Boutin et
Hervé Morin, avaient pourtant
juré d’aller jusqu’au bout de
leur candidature. Boutin avait
même ajouté à sa promesse la
menace folklorique de lâcher
une « bombe atomique », en
détaillant a posteriori qu’il aurait été question d’une « grève
de la faim ».
Nicolas Sarkozy aura-t-il
répondu à l’énorme attente des
militants UMP, qui espéraient
un programme précis pour entamer la dernière ligne droite
de la campagne présidentielle,
et inverser la tendance dans les
sondages ? Les prochaines enquêtes d’opinion dévoileront
leur verdict sur la portée de
ce meeting, qui se voulait un
tournant dans la campagne du
président sortant.
S’imposer en rassembleur de la droite. C’était l’objectif de
Nicolas Sarkozy devant les dizaines de milliers de militants
UMP rassemblés hier à Villepinte, qui attendaient beaucoup
de la prestation de leur candidat. Celui-ci a tenté de justifier
son bilan lors d’un discours plus tourné vers le passé
qu’orienté vers un nouveau projet de société. Une nouvelle
fois, le président candidat s’est posé comme celui de
« l’antisystème », qui critique les méfaits de la spéculation
tout en oubliant qu’il a ouvert la France aux marchés
financiers et aux agences de notation. Parmi les idées
fortes annoncées, celle de la révision du traité de Schengen
visant à renforcer les frontières dans l’intention de limiter
l’immigration, pour ne pas « subir les insuffisances de
contrôle aux frontières extérieures de l’Union européenne ».
Le candidat de la droite a tenté ouvertement de séduire
l’électorat du Front national, tout en cherchant à unifier
et à remobiliser les diverses tendances de son parti. En
effet, celui qui disait qu’il n’y avait pas de « France de droite,
de France de gauche et de France du centre » ne cesse
d’attaquer la gauche et prouve ainsi son envie d’imposer
ses thèmes de campagne, de placer le débat politique
à droite. Attaquant les syndicats et les associations, qu’il
accuse de « conservatisme », il a notamment remis en
cause les trente-cinq heures et multiplié ses attaques à
l’encontre de son adversaire socialiste. Alors que Nicolas
Sarkozy prétend défendre et rassembler les Français
en se posant comme le candidat du peuple, il a dénigré
les organisations qui sont censées le représenter.
« Assistanat », « immigration »… Le président sortant
a une nouvelle fois cherché à diviser les Français
au lieu de les réunir. Dans une posture internationale,
Nicolas Sarkozy s’est présenté comme le seul candidat
capable de « sauver la France » face à la crise économique.
« Un président des riches » qui aurait, selon lui, appris
l’humilité ; mais qui n’a pu s’empêcher de mettre
en avant la valeur de la fonction présidentielle.
Un paradoxe symptomatique d’un candidat qui devra
pourtant faire face à son bilan.
L’IMMIGRATION AU CŒUR DE LA CAMPAGNE
Malgré un discours faible en propositions, l’une
d’entre elles a concerné la « révision » des accords
de Schengen. Ceux-ci instaurent un espace de
libre circulation entre 27 États européens. Nicolas
Sarkozy étend sa volonté de réduire l’immigration.
Selon lui, celle-ci renvoie l’image d’une Europe
aux frontières trop perméables. Ce qui, dans sa
logique, mettrait en danger « notre système de
protection sociale ». Une proposition qui relève d’un
effet d’annonce. Sarkozy et Berlusconi avaient, le
26 avril 2011, proposé une « reformé de l’espace
Schengen » face à « l’afflux de clandestins »
attendus au lendemain des révolutions arabes. Le
président sortant veut illustrer sa détermination
en menaçant de « suspendre la participation de la
France aux accords » dans le cas où il ne serait pas
entendu par ses partenaires dans les douze mois.
Dans ce discours annoncé comme « fondateur »,
il persiste et signe dans sa stratégie d’appel du
pied aux électeurs du FN. Une tactique qui semble
lasser de la droite dite républicaine et pousser des
électeurs frontistes à préférer l’original à la copie.
7
470
C’est en euros le montant annuel
par habitant du budget de la Défense.
Borloo, le
grand absent
à Villepinte
L’ancien ministre de
l’Écologie prend ses
distances avec Sarkozy.
La Défense selon
François Hollande
POINTS
CHAUDS
Jean-Pierre Chevènement tombe
d’accord avec François Hollande
Le Mouvement républicain et citoyen (MRC) de
Jean-Pierre Chevènement met fin au vrai-faux suspens
qui laissait entendre un possible soutien au candidat
du Front de gauche, en trouvant un accord « pour
un contrat de législature » avec le Parti socialiste.
L’accord qui comprend neuf circonscriptions pour
le MRC et quelques points politiques n’est pas sans
rappeler celui, électoraliste, passé fin 2010 entre le PS
et Europe Écologie-les Verts.
Attaqué par l’UMP sur sa carrure d’homme d’État,le candidat à la
présidentielle a répliqué par une vision « rééquilibrée » de la sécurité.
HOLLANDE ET LA FIN DE LA « RACE »
21 ans.
DANIA KADDUR,
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LE BILAN
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S
amedi avaient lieu, à
Paris, les « assises sur
la France en danger »,
organisées par Nationalité,
Citoyenneté et Identité (NCI)
et le Bloc identitaire, deux
formations d’extrême droite.
Pour « la sauvegarde de notre
identité », les intervenants se
sont succédé, développant
des discours xénophobes tels
ceux de Jared Taylor, écrivain
américain prônant une lutte
des races pour une sauvegarde
des droits de la race blanche.
Ces mouvements identitaires
enrobent de bons sentiments
le racisme pour faire accepter
celui-ci comme une évidence.
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22 ans.
Les femmes de militaires manifestaient, samedi
10 mars. Contournant habilement l’interdiction
qui en est faite aux militaires, elles réclamaient les
retards de soldes qui touchent des milliers de soldats.
Cet incident, dont la cause serait un dysfonctionnement
d’un nouveau logiciel informatique, est minimisé
par le porte-parole de la Défense, Gérard Gachet,
qui parle d’un problème « en voie d’être résolu »
alors que cet incident perdure depuis plusieurs mois.
Les propos des responsables ministériels n’ont
pas vraiment convaincus.
JQTU/U¡TKG
À l’ordre du jour de ces assises : la
sauvegarde des droits de la race blanche
VICTOR BALLU,
Les femmes de militaires réclament
la solde de leurs maris
Commandez notre nouveau hors-série
Le nationalisme
de l’extrême droite
Fabrice Robert, du Bloc identitaire, enflamma la salle en
demandant aux candidats à la
présidentielle un durcissement
du Code de la nationalité,
considérant que pour devenir
français il faudrait renoncer
à sa nationalité d’origine, ce
qui pour lui « exclurait bon
nombre de musulmans » (!),
justifier d’un emploi non aidé,
d’un casier judiciaire vierge en
France et à l’étranger.
Une autre intervenante
plaidant pour la mise en place
dans la Constitution d’une
distinction entre nationalité
et citoyenneté. Cette conférence a aussi été l’occasion
pour la frange extrême de la
droite de s’ouvrir à l’Europe
en faisant cohabiter les thèses
nationalistes, voire régionalistes, avec l’idée d’« une
grande Europe identitaire ».
La candidate de Lutte ouvrière (LO), Nathalie Arthaud,
qui a déjà déposé ses 500 parrainages, tenait un
meeting à Argenteuil (Val-d’Oise) devant un public
d’environ 600 personnes, le cœur des sympathisants
locaux s’étant « un peu élargi », d’après un participant.
Elle allie à l’affirmation de sa politique « communiste
révolutionnaire » une critique des autres forces
politiques, du Front de gauche au FN. Elle continue
également à s’estimer « seule candidate communiste ».
il a souhaité plus de contrôles
publics sur les groupes privés,
tout en assurant : « Je veux une
industrie de défense forte. »
En matière budgétaire,
enfin, il y aura des économies
« dans les mêmes proportions »
que pour le reste de l’État.
Bonne idée de vouloir consulter régulièrement le Parlement
en cas d’engagement de soldats
français. Sera-ce un simple
débat ou un vote solennel ?
Le candidat est resté, comme
l’armée, une grande muette.
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ce congrès houleux, les adhérents du Parti radical ont finalement voté, sous conditions,
à 76 %, la motion de soutien
à Nicolas Sarkozy.
Cette résolution avait des
opposants : Rama Yade, ancienne secrétaire d’État, indignée face à la droitisation du
candidat président Nicolas
Sarkozy, confiant sur le Monde.
fr son sentiment d’avoir le
« pistolet du FN sur la tempe ».
Jean-Louis Borloo, peu enthousiaste, rejoint Rama Yade en
fustigeant le débat sur l’identité nationale ou le discours de
Grenoble, tout en valorisant
le président sur nombre de ses
réformes telles que le RSA ou
l’autonomie des universités. Ce
soutien mesuré envers Sarkozy
illustre la stratégie de Borloo,
partisan d’un partenariat et non
d’un ralliement à l’UMP, qui
garantirait l’indépendance et
la visibilité de son parti dans le
paysage politique. La stratégie
de droitisation menée par Nicolas Sarkozy et son équipe effraie
le Parti radical. D’où une certaine prise de distance et un soutien sans conviction, quoique, à
Nicolas Sarkozy. Visiblement,
les différentes familles de la
droite ont du mal à assumer
publiquement tout leur bilan.
L’appel lancé par Sarkozy à
la « France unie » risque de
se heurter aux ambitions politiques des différentes composantes de la droite.
deux axes (l’aviation et les
sous-marins). Pas de rupture
non plus quant à la célébration
11-Novembre, transformée par
Nicolas Sarkozy en commémoration indistincte de tous les
combattants.
Mais, contrairement au chef
de l’État, François Hollande a
déclaré vouloir accélérer « dans
les meilleures conditions possible de sécurité, le retrait de
(nos) forces combattantes en
Afghanistan pour que, fin 2012,
nos soldats soient rentrés ». Il
a émis des doutes quant au
projet de défense antimissile
européenne porté par Nicolas Sarkozy, c’est-à-dire le
bouclier que les États-Unis
comptent déployer. S’agissant
des industriels de l’armement,
visant Dassault sans le nommer,
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Les composantes
de la droite ont
du mal à assumer
publiquement
tout leur bilan.
A
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«
lors que Nicolas
Sarkozy tenait son
grand meeting de
campagne à Villepinte (Seine-Saint-Denis), François Hollande s’est attaqué au
domaine réservé du président et
a ainsi voulu montrer sa stature
internationale.
Pas de rupture avec Nicolas Sarkozy sur bien des points.
En effet, malgré son opposition
au retour de la France dans le
commandement intégré de
l’Otan, retrouvé en 2009 après
quarante-trois années d’absence, François Hollande a
tenu à ce qu’elle y reste. « On
ne baissera pas la garde », a-t-il
également déclaré, en termes de
dissuasion nucléaire. Le candidat s’est aussi prononcé pour la
non-prolifération des armes en
pointant du doigt les recherches
militaires iraniennes. Il a mis en
exergue l’effet de dissuasion de
l’armement militaire français,
dont il compte développer les
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J
e ne souhaite pas être
à Villepinte. » C’est en
ces termes que JeanLouis Borloo, ancien ministre
de la Ville, avait annoncé sa
décision au congrès du Parti
radical, tenu à huis clos le
10 mars à Paris. Cette décision
mettait un terme aux spéculations sur sa présence et illustre
le souhait de celui-ci de rester
« vigilant » et « indépendant »
vis-à-vis de l’UMP. Durant
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20 ans.
22 ans.
Nathalie Arthaud dépose
ses signatures et tient meeting
« Il n’y a pas de place dans la République pour la race. Et c’est
pourquoi je demanderai (…) au Parlement de supprimer le mot
de notre Constitution. » Le candidat PS s’est exprimé ainsi lors
d’un meeting consacré à l’outre-mer. En 2003, déjà, le député
communiste Michel Vaxès avait proposé une loi supprimant le mot
« race » de notre législation. La droite avait refusé la disparition
d’un « outil juridique » qui permet la répression des infractions.
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Soixante-quatre acteurs
du mouvement social
décryptent, de A à Z, cinq ans
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L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
8
Social-éco COMMERCE
gens ont peur. (…) “Ils” ont des moyens
«de Les
pression. (…) La chasse aux sorcières a commencé.
TARIQ, ÉLU FO AU MAGASIN IKEA DE THIAIS.
»
Ikea ouvre
la chasse aux
syndicalistes
Deux militants syndicaux FO et CGT du magasin Ikea de
Thiais (Val-de-Marne) sont menacés de licenciement.Ils avaient
notamment témoigné dans l’Humanité, vendredi dernier.
LOUISE ET RÉMI ZANNI,
13 ans et 24 ans.
V
endredi 9 mars,
Benamar Mokkedem, délégué syndical CGT, élu au
CE, employé au
restaurant d’Ikea Thiais, un magasin franchisé, était convoqué
par la direction. Le lendemain,
ce fut au tour de Tariq, trente
et un ans, délégué syndical FO,
employé à l’espace « bonnes
affaires » du même magasin
et trésorier de l’Association
de défense des victimes d’Ikea.
Ils ont dû répondre d’absences
injustifiées – chacune d’entre
elles ayant pourtant été expliquée par les deux employés.
Par exemple, une des absences
de Benamar s’expliquait par sa
présence en réunion du comité
d’entreprise. Le délégué est par
ailleurs attaqué pour des prises
de « pauses trop courtes » (sic)
et des abus d’heures de délégation. Pour sa part, Tariq s’est
vu reprocher des « problèmes
de badgeage » et d’« insubordination » envers la hiérarchie.
La direction veut faire porter à
Tariq le rôle du « méchant ». Les
dirigeants de l’entreprise les ont
menacés de multiples sanctions,
telles que des baisses de salaire
ou plusieurs amendes – tout
cela pouvant aller jusqu’au
licenciement. Ces deux entretiens se sont déroulés dans une
ambiance pesante ; d’après
Benamar, « les cadres ne disent
même plus bonjour ».
Ils avaient en commun
d’avoir, entre autres, témoigné
dans l’édition de l’Humanité du
vendredi 9 mars au sujet de l’affaire d’espionnage du personnel
et de clients en litige avec Ikea.
Ils rapportaient aussi les retards
de salaires dont sont régulièrement victimes les employés du
géant de l’ameublement suédois,
les licenciements injustifiés, les
« démissions douteuses » de
certains employés et la pression
constante de la hiérarchie…
SON SOI-DISANT
CODE ÉTHIQUE EXEMPLAIRE
Les deux responsables syndicaux sont ressortis de leurs entretiens respectifs profondément
choqués par ces accusations, et
« en colère ». Tariq s’insurge
contre le fait que, pour la direction, « la condescendance doive
faire partie de l’action syndicale », « elle veut me faire passer
pour une terreur » ! D’après les
deux syndicalistes, « la direction
d’Ikea n’a pas compris ». Ikea
est en effet actuellement sous
l’œil de la justice (lire ci-après).
L’entreprise veut « faire payer
aux employés la mise au grand
jour de l’affaire d’espionnage,
révélée par le Canard enchaîné »
GRÈVE À L’IKEA DE BREST
Samedi, environ 80 salariés du magasin brestois d’Ikea ont
manifesté ; plusieurs dizaines de personnes (sur 210 employés)
ont débrayé. Les délégués du personnel se disent « déçus et en
colère » après le récent scandale d’espionnage. « Profondément
choqués d’apprendre ces révélations », ils exigent avec leurs
collègues des réponses à leurs questions. Par cette manifestation,
ils ont voulu, disent-ils, montrer leur « déception » face à
une entreprise prétendant défendre « des valeurs importantes ».
Un appel à la grève dans les magasins logistiques d’Ikea a été
lancé pour aujourd’hui, portant, notamment, sur des questions
salariales et des conditions de travail.
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
dans ses éditions du 29 février et
du 7 mars, scandale qui l’a privée de toute crédibilité vis-à-vis
de ses clients par rapport à son
soi-disant code éthique exemplaire. Les deux syndicalistes
déplorent que leurs collègues
soient « fatalistes et très pessimistes » face aux agissements
des dirigeants de l’entreprise :
« on ne peut rien faire », « la liberté de parler n’existe plus »…
Les problèmes sont loin d’être
terminés pour les deux délégués ; afin de les surmonter, ils
ont décidé de se battre. Ils vont
prévenir la presse, et contacter
l’inspection du travail. Il semble
que, d’après Tariq, « chez Ikea,
la chasse aux syndicats soit officiellement ouverte ». Selon un
porte-parole de la direction, ces
deux convocations auraient été
prévues depuis février, « avaient
été repoussées » et n’ont « strictement rien à voir » avec l’affaire
d’espionnage en cours.
Une entreprise, plusieurs scandales
Depuis quelque temps déjà, l’image de marque d’Ikea se fissure. La communication
de l’entreprise apparaît en complet décalage avec ses actes douteux.
RÉMI ET
LOUISE ZANNI,
24 et 13 ans.
D
epuis le 29 février, jour où le
Canard enchaîné a publié ses
premières révélations, l’image
d’Ikea, la grande marque suédoise, a été sévèrement écornée. En effet,
le journal satirique dévoilait l’histoire de
Virginie Paulin, cadre supérieure espionnée
par le groupe. Cette femme, atteinte d’une
maladie grave, avait pris pendant presque
toute l’année 2008 un congé maladie et était
partie, avec l’accord de son médecin et de la
Cnam, se reposer dans sa maison au Maroc. Pourtant, Jean-Louis Baillot et Claire
Hery, deux responsables de l’entreprise, se
disent persuadés que la maladie est illusoire
et que Virginie voulait abuser de ses droits
sociaux. Ils ont alors fait appel à Jean-François Fourès, un détective engagé à plusieurs
reprises depuis 2003 pour fouiller le passé
des salariés. Cela s’est soldé, en 2009, par
un licenciement abusif, selon la décision
des prud’hommes de Versailles en 2010.
Mediapart (article publié le mardi
6 mars 2012) a pu avoir accès à une partie
des échanges électroniques entre le détective
et les deux zélés accusateurs. On y apprend
que Jean-François Fourès espionne les faits
et gestes de la malade, notamment par le
biais de certaines informations puisées dans
le Stic (Système de traitement des infractions
constatées) et dans le fichier des cartes grises
– ces derniers ne sont pourtant habituellement accessibles qu’aux forces de l’ordre.
Ces exécuteurs des basses œuvres sont même
allés jusqu’à l’usurpation d’identité pour
tenter de confirmer leurs fantasmes.
Ce n’est malheureusement pas la seule
affaire d’espionnage ourdie par la direction : le Canard enchaîné a montré, dans
sa dernière édition, l’étendue du scandale
en cours. La curiosité de la multinationale
suédoise est sans limites. Tout le monde y
passe : employés, clients en litige, voire des
personnes ayant l’audace de s’approcher
un peu trop des entrepôts Ikea.
La direction de l’entreprise n’a pas fait
amende honorable, choisissant la violence
et l’intimidation pour couvrir ses présumés
méfaits (voir article ci-dessus). Tout juste
a-t-elle consenti à « mettre en disponibilité »
ses dirigeants impliqués par les articles du
Canard enchaîné. La riposte est cependant
en marche: des salariés brestois ont débrayé
samedi (voir encadré). De plus, pour contrer
la puissance d’une transnationale, il fallait
un outil de lutte international : une vingtaine de syndicats d’employés d’Ikea se
sont ainsi réunis mardi 6 mars, à Istanbul,
afin de symboliser leur soutien au syndicat
Koop-Is, qui a vu plusieurs de ses membres
démissionner sous la pression de la filiale
turque de l’entreprise.
«
9
La direction n’a pas voulu entendre raison. Le protocole de sortie de crise qui nous a été présenté
ne comprenait aucune avancée. ÉDOUARD MARTIN, RESPONSABLE CFDT D’ARCELORMITTAL À FLORANGE, VENDREDI.
La filiale de la
SNCF s’est portée
acquéreur.
À condition
que Bruxelles
n’exige plus
le remboursement
des aides publiques
versées au Sernam.
La moitié
des emplois
est menacée.
»
Geodis, seul candidat
à la reprise du Sernam
Pour un
observatoire
des suicides
Le cabinet Technologia
lance un appel
à signatures pour
la création de cet outil.
STEPHEN
GAPTEAU,
32 ans.
V
MEHDI BOUDIAF,
27 ans.
LE CHIFFRE
826
C’est le nombre d’emplois
que Geodis se propose
de garder, sur les 1 600
du Sernam.
Frédérick Florin
A
près le retrait des
groupes Caravelle
et Heppner, Geodis, filiale de la
SNCF, reste seul en lice pour
la reprise du transporteur
Sernam. L’information a été
confirmée vendredi. Geodis
a toutefois conditionné son
offre au refus de supporter le
remboursement des aides que
l’État français avait octroyées
au Sernam entre 2005 et 2011.
Des aides jugées illégales par
la Commission européenne,
qui exige leur remboursement.
Cette dernière, qui avait retoqué en 2004 un apport public de 41 millions d’euros
Le Sernam, en redressement judiciaire depuis la fin du mois de janvier, reviendrait finalement dans le giron de la SNCF.
au Sernam, a reproché aux
autorités françaises d’avoir
« manqué à leur obligation »
de les recouvrer. Il incomberait, selon Bruxelles, au Sernam de « rembourser cette
somme ainsi que toutes les
autres aides dont Sernam a
bénéficié, soit un total de plus
de 642 millions d’euros ». Le
gouvernement a fait savoir,
vendredi, qu’il étudiait « la
possibilité d’un éventuel recours ».
La reprise par Geodis
aura pour conséquence la
destruction de 769 emplois
au Sernam et 57 chez BMV
(Bourgey Montreuil Virolle),
soit la moitié des emplois
existants (1 600 postes). Ainsi,
le Sernam, en redressement
judiciaire depuis la fin du
mois de janvier, reviendrait
finalement dans le giron de
la SNCF, qui s’en est séparée en 2005 par le biais d’une
privatisation et de l’entrée
dans le capital du fonds d’investissement Butler comme
actionnaire majoritaire, à
80,32 %.
Butler espérait réaliser
une opération financière en
rachetant le Sernam avant
de le revendre en dégageant
une plus-value. Son plan a
échoué. Rappelons que le
précédent plan de reprise de
2005 a eu pour conséquence
la destruction d’une partie
des emplois du Sernam.
Un sentiment de « déception et de dégoût », selon Patrice Clos, syndicaliste FO,
prévaut maintenant chez les
travailleurs, qui estiment que
l’État cherche à tout prix, depuis la privatisation en 2005,
à se débarrasser d’eux. Les
syndicats FO Transports
et CGT ne comptent bien
évidemment pas en rester
là et promettent de se faire
entendre auprès du ministère
des Transports. Ils appellent
à un rassemblement des salariés le 15 mars devant le
ministère, pour contraindre
la puissance publique à
assumer sa responsabilité.
Selon le Sernam, le tribunal
de commerce de Nanterre
pourrait examiner le dossier
de reprise « fin mars ou début
avril 2012, ou selon les délais
utiles à la levée de toutes les
conditions ».
À Toulouse, les ex-SFR obtiennent justice
La cour d’appel de Toulouse a condamné SFR et Teleperformance à indemniser 200 anciens salariés. En 2007,
SFR avait cédé un centre d’appels à Teleperformance, qu’il avait chargé de mettre en place un plan social.
LUCAS BAUDRY,
19 ans.
V
endredi, la cour
d’appel de Toulouse a donné raison à 200 anciens
salariés de SFR et Teleperformance qui avaient porté
plainte, s’estimant victimes
d’un plan social déguisé. La
cour a confirmé le jugement
des prud’hommes de Toulouse du 6 juillet 2010 en
condamnant les deux sociétés
à verser des indemnités allant
de 4 000 à 30 000 euros par salarié, reconnaissant une « collusion frauduleuse » entre
SFR (filiale de Vivendi) et
Infomobile, repris depuis par
Teleperformance. En 2007,
SFR a cédé à Infomobile son
centre d’appels de Toulouse,
lui laissant le soin de mettre
en place un plan de départs
volontaires et de pousser les
salariés à quitter l’entreprise
du fait de conditions de travail dégradées. Selon l’avocat,
Me Romain Geoffroy, SFR
avait versé 100 millions
d’euros à Infomobile pour
« s’exonérer de ses obligations
en matière de plan de sauvegarde de l’emploi ».
Cette décision récompense
un combat douloureux des anciens salariés, qui a commencé
dès le début des transferts, il
y a quatre ans. Éric Denjean,
ancien délégué central adjoint
CFDT du groupe SFR et délégué central Teleperformance,
souligne que « pour les anciens
salariés, l’aspect financier
n’égale pas la reconnaissance
de la justice. Ils aimaient leur
« SFR MACHINE À CASH »
Le groupe Vivendi a réalisé sur l’année 2011 un chiffre d’affaires
de 28,813 millions d’euros. SFR, sa principale filiale, représente
57,71 % du chiffre d’affaires, soit 12,183 millions d’euros.
Le résultat opérationnel du groupe s’est élevé à 5,860 millions
d’euros pour Vivendi, dont 2,278 millions d’euros pour SFR
(61,13 %). L’expression « machine à cash » prend tout son sens
au regard de la trésorerie dégagée par SFR : 2,032 millions
d’euros sur les 4,694 millions d’euros de Vivendi (soit 56,71 %).
métier et leur entreprise, et ont
été trahis. Certains n’ont toujours pas retrouvé de travail.
Pour les mieux lotis, qui ont
retrouvé un emploi, il est difficile de reprendre confiance ».
Le délégué parle d’un « traumatisme » qui s’est traduit
par « une tentative de suicide
à Poitiers ».
Au-delà de ces 200 premiers
cas, l’affaire concerne 1 877 salariés au total. D’autres vagues
de jugements, sur 500 dossiers
environ, sont attendues à Toulouse, à Lyon et à Poitiers. Cette
victoire ouvre la voie aux salariés d’autres grands groupes
ayant les mêmes pratiques.
endredi, le cabinet
Technologia, en partenariat avec l’association France Prévention
Suicides et à l’initiative de
44 personnalités, a lancé un site
Internet (1) destiné à recueillir
44 000 signatures pour la création d’un observatoire des suicides. L’objectif est de « mettre
la question de la prévention
du suicide à l’ordre du jour et
d’en faire une priorité de santé
publique ». Avec 11 000 morts
par an, le suicide est devenu
une question dramatique qui
touche toutes les professions
et toutes les générations. Mais
le manque et l’éparpillement
des données rendent difficile
la mise en place de mesures de
prévention, note Technologia.
Le 23 février, c’était une
infirmière qui tentait de se suicider à l’hôpital de Roubaix.
Selon un délégué SUD de
l’hôpital, cette tentative est liée
« Faire du suicide
une priorité de
santé publique »
aux mauvaises conditions de
travail. Le 15 septembre 2011,
c’était une salariée de La Poste
âgée de cinquante-deux ans qui
mettait fin à ses jours. L’inspection du travail a mis en cause
pour homicide involontaire
le PDG, Jean-Paul Bailly. Le
25 février, c’était un jeune cadre
de vingt-huit ans qui se défenestrait à La Poste de Rennes
alors qu’il venait de faire l’objet
de plusieurs changements d’affectation dans les deux derniers
mois. Selon un rapport qui critique l’organisation du travail
à La Poste cité dans le Monde,
« les formations sur le stress et
sa gestion accréditent l’idée que
faire face à une telle organisation du travail est avant tout
une histoire d’adaptation personnelle »... Autrement dit, ces
formations remettent en cause
l’individu et non le contexte
professionnel. Aujourd’hui,
les entreprises demandent aux
employés de travailler plus avec
de moins en moins de moyens,
en mettant l’accent sur la mobilité et la flexibilité. Le milieu
professionnel est donc un facteur prédominant.
(1) www.observatoiresuicides.fr
L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
10 Social-éco
demandons le réexamen du budget 2012, qui prévoit la suppression de 1 500 emplois dont
«198Nous
pour la maintenance, la modernisation du réseau et la limitation du travail de nuit (...) » CGT
CHEMINOTS.
Accident mortel à la SNCF:
la sécurité mise en cause
POINTS
CHAUDS
SNCF et RATP : l’Unsa en justice
contre le jour de carence
Les syndicats Unsa de la RATP et de la SNCF ont engagé
des actions judiciaires contre la journée de carence
en cas d’arrêt maladie pour les fonctionnaires instaurée
le 1er janvier 2012. Ils ne l’estiment pas valide au vu
de leurs régimes spéciaux, car les salariés de la SNCF
t de la RATP ne cotisent pas à la Sécurité sociale
mais à la caisse particulière des cheminots,
qui ne fonctionne pas sur le même modèle. Selon eux,
aucune modification de statut n’a été effectuée,
ce qui rend inapplicable cette journée de carence.
Un jeune cheminot travaillant à la réparation des voies a perdu la vie,la semaine passée,
dans la région de Tours. Pour la CGT, les conditions de travail sont à revoir.
ArcelorMittal Florange : échec
d’une ultime négociation entre
la direction et les syndicats
Les syndicats de l’aciérie ArcelorMittal de Florange
(Moselle) menacent de durcir le mouvement
à la suite de l’échec, vendredi, de négociations
avec la direction. Selon Édouard Martin (CFDT),
le protocole de sortie de crise proposé ne comprenait
« aucune avancée ». Bien que Nicolas Sarkozy ait
annoncé avoir obtenu de Lakshmi Mittal le déblocage
de 17 millions d’euros « immédiatement et sans
conditions de reprise économique » pour les travaux
de maintenance, le rallumage du haut-fourneau,
à l’arrêt depuis plusieurs mois, n’est pas garanti,
selon M. Gaillard de Lavernée, préfet de Lorraine.
ALIX-DOS SANTOS,
22 ans.
JEAN-PHILIPPE LEBLANC,
N
ouveau drame à la
SNCF. Dans la nuit
du 8 au 9 mars, Anthony Ledon, jeune
cheminot de vingt-deux ans,
happé par un train, a trouvé la
mort sur un chantier de travaux
près de Toury (Eure-et-Loir).
Une enquête du CHSCT statuera sur les raisons de l’accident.
Cependant, la CGT cheminots
pense que, sur ce chantier, les
conditions de sécurité n’étaient
pas toutes réunies.
Dans un communiqué de
presse, le syndicat met en avant
plusieurs causes : le cheminot
décédé, dont l’expérience professionnelle était très courte
(cinq mois d’ancienneté), « travaillait dans un environnement
bruyant, donc à hauts risques ».
Selon nos sources, l’équipe se
trouvait à 50 mètres du dispositif d’annonce servant à prévenir
de l’arrivée d’un train. Mais la
distance et le bruit assourdissant
des travaux ne permettaient pas
d’entendre le signal sonore.
Bruno Arbesu
24 ans.
PSA Sevelnord : de nouveaux
débouchés prévus par PSA
Les représentants de PSA ont annoncé jeudi au
ministère de l’Industrie la mise en place d’une activité
complémentaire de transformation de véhicules sur son site
de Sevelnord. La production d’utilitaires restera la principale
activité, mais serait complétée par la transformation
d’utilitaires en camping-cars pour remplacer en partie
la production de monospaces Fiat, qui s’arrêtera en 2017.
Depuis le début de l’année, le nombre d’accidents du travail recensés à la SNCF est en hausse.
Les diktats du profit
et de la rentabilité
prévalent sur la vie
des salariés.
De plus, la CGT souligne
que ce chantier « se déroulait
en six nuits, ce qui est préjudiciable en matière de rythme
et de conditions de travail ».
Le jeune cheminot en était à
la sixième nuit et son équipe
aurait dû travailler de jour, mais
pour des raisons inconnues, la
rotation n’aurait pas été effectuée. Et la fatigue accumulée
aurait joué un rôle majeur dans
ce drame.
Enfin, le syndicat constate
« l’augmentation exponentielle
de l’accidentologie sur la région
de Tours ». Cet énième accident
met une fois de plus en avant
un réel problème au niveau de
la sécurité. En effet, depuis le
début de l’année, le nombre
d’accidents du travail recensés à la SNCF est en hausse ;
trois ont été mortels. Soyons
réalistes, les diktats du profit et
de la rentabilité prévalent bien
souvent sur la vie des salariés.
« À l’équipement, quand un
cheminot prend son service, il
se met en danger », déclare
Thierry Nier, du service de
presse de la CGT cheminots.
Plusieurs facteurs en sont responsables : les suppressions
d’emplois, les cadences infernales entre les changements
jour-nuit, les formations
des agents écourtées pour
cause budgétaire, l’équipement vieillissant, et ce, dans
un contexte d’ouverture à la
concurrence. Pour finir, un
syndicaliste CGT nous dit :
« La SNCF n’a pas besoin de
se suicider pour mourir. » Si
la direction ne change pas de
politique, nous allons droit au
« déraillement », autant pour
les cheminots que pour les
usagers. Nos dernières pensées
vont à la famille du défunt.
Le CV vidéo, vecteur
de discrimination ?
Le CV via webcam ou caméra est à
la mode. Mais il comporte des risques.
Un référendum en forme de pied
de nez à Nicolas Sarkozy
« Une chômeuse doit-elle accepter un emploi de strip-teaseuse ? » C’est la question
provocatrice soumise aux élues de Lorraine par un collectif de demandeurs d’emploi.
ALEXANDRA
BRUGALÉ,
18 ans.
P
renant le contre-pied
du référendum sur
l’indemnisation des
chômeurs proposé
par Nicolas Sarkozy, le collectif de chômeurs la Ligne
Thionville-Philadelphie (LTP),
à Thionville (Moselle), lance
un contre-référendum iro-
nique, aujourd’hui. Inspiré
par le cas d’une chômeuse
de cinquante-trois ans à qui
Pôle emploi a proposé un
travail de strip-teaseuse, le
collectif souhaite poser cette
question aux femmes élues du
département, voire de toute la
Lorraine : « Cette chômeuse
doit-elle accepter cet emploi
de strip-teaseuse ? » Une démarche originale pour mieux
montrer l’absurdité de la politique du gouvernement en matière d’emploi, et notamment
de cette idée de référendum qui
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
vise à réduire l’indemnisation
des chômeurs.
Si le gouvernement persiste dans l’amalgame « les
chômeurs sont tous des profiteurs », son initiative est un
moyen supplémentaire de monter les salariés contre les sansemploi. Pour Gilbert Nucera,
un des trois représentants du
mouvement, « ce qui se passe
est complètement irréaliste. Par
ce vecteur humoristique, nous
voulons que l’on prenne au sérieux la question du chômage ».
Le collectif dénonce aussi les
problèmes de fonctionnement
de Pôle emploi. Il revendique
plus de moyens financiers
contre la « violence administrative ». « Des conseillers peuvent
se retrouver avec 150 dossiers et
ne peuvent en suivre concrètement aucun », constate Gilbert
Nucera. C’est pour tout cela
que la Ligue interpelle directement les élues féminines sur
la stigmatisation des chômeurs.
En parallèle, la LTP a rencontré presque tous les candidats
à la présidentielle. Les bulletins
seront dépouillés le 31 mars.
ALIX DOS SANTOS,
22 ans.
JEAN-PHILIPPE
LEBLANC,
24 ans.
LUCAS BAUDRY,
19 ans.
L
a nouvelle formule de
CV à la mode est le CV
vidéo, qui consiste à se
présenter brièvement, par le
biais d’une webcam ou d’une
caméra. Le CV vidéo peut-il
être efficace contre les discriminations à l’embauche ? Si le CV
anonyme permettait de ne pas
présenter son lieu habitation et
son origine, donc de garantir
une équité dans le choix des
candidats, au contraire, l’apparition physique de la personne dans le CV vidéo peut
induire une discrimination lors
de son visionnage. Le fonda-
teur du cabinet Mozaïk RH,
Saïd Hammouche, prétend
que le CV vidéo, au contraire
du CV anonyme, permet aux
postulants « souffrant de représentations négatives » de « fabriquer une image positive ».
Or, une enquête du Bureau
international du travail (BIT)
avait montré en 2007 que près
de quatre fois sur cinq, un employeur préférait embaucher un
candidat d’origine « hexagonale
ancienne » plutôt qu’un autre
d’origine maghrébine ou noire
africaine ! SOS racisme ajoute
« rester très réservé » quant au
CV vidéo « tant qu’il n’existera
pas d’enquêtes sérieuses ». Pôle
emploi souligne que d’autres
voies existent (recrutement
sans CV ou questionnaires de
compétences) qui seraient en
mesure de garantir l’accession
à des entretiens d’embauche
équitables. Après avoir été porté
par le gouvernement comme
l’outil antidiscrimination, le CV
anonyme n’est plus une priorité.
Pas sûr que la généralisation
du CV vidéo aboutisse à une
meilleure égalité des chances.
Société BANLIEUES
jeunes de banlieue ont les mêmes capacités que les autres,
«maisLesdoivent
fournir plus d’efforts pour atteindre les mêmes objectifs.
HAROON MANDJOURSSA, ADJOINT À LA JEUNESSE À LA COURNEUVE.
»
11
ANIL CIFTCI ET ERKAN TASLIGOL,
19 ans et 22 ans.
L
a politique
est volontairement complexifiée pour
la garder hors
de portée des jeunes des banlieues », dit Tony, vingt-trois
ans, étudiant à la faculté de Paris-XII et animateur à la maison du peuple Guy-Môquet.
Il est venu au Forum Jeunes
organisé par la mairie de La
Courneuve, samedi dernier
(voir encadré), pour encourager des jeunes à participer à
la vie politique. Force est de
constater que, à quarante jours
du premier tour de l’élection
présidentielle, la question des
quartiers populaires n’engendre pas autant d’engouement qu’en 2007. La mode ne
serait pas aux banlieues mais
plutôt aux usines et aux ouvriers, trop souvent délaissés
ces dernières années. Il aura
fallu une opération coup de
poing du collectif AClefeu,
qui a investi un hôtel parisien,
pour « mettre la banlieue et
ses 8 millions d’habitants sous
les projecteurs » des médias
pendant quarante-huit heures.
«
On observe la volonté manifeste de la plupart des candidats
à l’élection présidentielle de ne
pas se mouiller sur le « problème
des banlieues ». Cyril, étudiant
en master de droit, participe au
forum car il s’est « senti concerné et ce genre d’événement est
l’occasion de faire valoir la
voix des jeunes en politique ».
Il incarne cette jeunesse issue
des quartiers populaires, ambitieuse et qui croit en « un avenir
meilleur pour ces jeunes ». Pour
lui, toutes les occasions sont
bonnes pour faire entendre son
opinion. On est loin de l’image
des jeunes de banlieue qui nous
est généralement présentée.
Sarah, présidente de l’ONG
Gobal Potential, concède que
« le forum est un exemple » mais
se désole que ce genre d’événement « reste encore trop rare ».
La présence massive est bien la
preuve que les jeunes s’intéressent à la politique quand on leur
donne la parole. Menad, seize
ans, joueur de football américain à La Courneuve (Le Flash),
dit se sentir « concerné par la
politique, c’est notre quotidien
mais on n’est pas représentés ».
LE PLAN MARSHALL
DE SARKOZY
Le problème de la représentativité des jeunes et en
particulier de ceux issus de
l’immigration et des banlieues
est une question qui revient
dans beaucoup de discours politiques. Le plan Marshall des
LES ÉLUS FACE AUX JEUNES
Lancé par la ville de La Courneuve, l’objectif du Forum Jeunes est
de leur donner la parole afin d’interpeller les élus sur leurs attentes
et leurs difficultés quotidiennes. « Ce doit être un point d’appui pour
la collectivité afin de lui permettre d’être plus utile aux jeunes », a
expliqué Gilles Poux, le maire communiste, en guise d’introduction.
Avec plus de 200 participants, cette assemblée a montré que
les jeunes des quartiers populaires saisissent l’opportunité
de s’exprimer lorsqu’elle se présente. Sécurité, logement, famille,
éducation, loisirs… les thèmes abordés ont été multiples lors
de cette assemblée populaire qui a ravivé la confiance des jeunes
en la politique. Une initiative louable mais encore bien trop rare.
banlieues promis par Sarkozy
n’aura jamais abouti, faute de
financement. Il ne s’agit pas de
résoudre la question des quartiers populaires en signant les
différents appels des collectifs et
de les oublier le moment venu.
Les habitants des quartiers populaires ne croient plus dans ces
politiques qui leur ont promis
monts et merveilles pendant
des années sans pour autant
répondre à leurs difficultés. À
gauche, on aborde une autre
stratégie que celle suivie en
2007, « sortir du droit d’exception pour faire entrer dans
le droit commun » les quartiers populaires, selon Nordine
Nabili, directeur du Bondy blog.
Fini les discours où les politiques accordaient une place
spécifique aux habitants des
banlieues, leurs problématiques essentielles se juxtaposent à celles des autres citoyens :
emploi, éducation, sécurité…
Patrick Nussbaum
Le Forum Jeunes s’est tenu à la mairie de La Courneuve.
Le but : rétablir le dialogue entre les jeunes issus des quartiers
et les élus municipaux. Pari ambitieux et encourageant.
Lucile Casanova
Pour rompre
avec le
fatalisme…
Sécurité, logement, famille, éducation… les thèmes
abordés ont été multiples lors du Forum Jeunes
organisé par la mairie de La Courneuve, samedi.
Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon au QG du Front
de gauche aux Lilas (Seine-Saint-Denis), vendredi dernier.
Les banlieues enfin dans la campagne !
Le collectif Nous ne marcherons plus ! a été reçu, vendredi, par des représentants
du Front de gauche pour débattre de cinq propositions en faveur de l’égalité.
LOUIS LECOQ,
21 ans.
L
’ambiance est au désordre organisé. Les écrans d’ordinateur sont dispersés aux quatre
coins, entourés d’affiches, de
slogans et de sièges où domine le rouge.
À l’Usine, QG du Front de gauche
aux Lilas (Seine-Saint-Denis), la campagne fait rage et chacun s’attelle à sa
tâche. Une campagne où la banlieue
semble bien aphone. Pour lui rendre sa
voix, le collectif Nous ne marcherons
plus !, mené par l’élu marseillais Nassurdine Haidari (PS), a préféré le bruit
des mots à celui des pas, vingt-neuf ans
après la Marche pour l’égalité et contre
le racisme en 1983.
Si, en cette période électorale, « la
question des quartiers populaires est
peu entendue », ses stigmates n’en ont
pas pour autant disparu. Pierre Laurent
(PCF), président du comité de campagne
de Jean-Luc Mélenchon, est présent pour
entendre les cinq propositions du collectif. Parmi celles-ci, un ministère de
l’Égalité contre la discrimination sociale,
raciale et territoriale, non spécifique à la
banlieue. Car, pour Nassurdine Haidairi,
« le problème des quartiers populaires
n’est pas isolé ». Tout en acceptant le
principe, Pierre Laurent rappelle que le
ministère de la Ville a déjà été prétexte
à des politiques d’exception pour les
quartiers populaires, et qu’il serait plutôt favorable à une « politique d’égalité
entre les territoires ».
D’autres pistes sont ouvertes : les
contrôles au faciès, récurrents, seraient
empêchés par un suivi rigoureux des
contrôles d’identité ; les dossiers de loge-
ment, rendus anonymes, et les logements
sociaux, mieux répartis sur le territoire.
Sur ce point, Pierre Laurent dénonce le
« lourd héritage légué par la droite » dans
la ville de Paris. Autre proposition, « faire
remonter les talents » en limitant à trois
le nombre de mandats électifs successifs.
Mais cette ambition de « diversité » ne se
cantonne pas aux frontières, en s’étendant à une représentativité diplomatique
conforme à l’image de la France. Enfin,
l’État devra mettre un cadre aux entreprises en conditionnant l’attribution des
marchés publics à un engagement réel
contre les discriminations. En acceptant
ces propositions, le FG marque une avancée vers l’égalité, dont l’expression passe
aussi par la présence des quartiers populaires dans le paysage politique actuel.
Si, pour Nassurdine Haidari, « le combat, on le gagnera ensemble », le silence de
nombreux partis face aux propositions du
collectif semble, lui, dire l’inverse.
L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
12 Société
POINTS
CHAUDS
SNCF : on n’a pas fini d’être en retard
Hier, à la suite d’un incendie qui a causé d’importants
dégâts sur des installations d’alimentation électrique
à Gagny, en Seine-Saint-Denis, le trafic du RER E
et du Transilien au départ de la gare de l’Est à Paris
a été interrompu. Malgré les prévisions d’amélioration
de la SNCF, la circulation des trains a été stoppée
entre les gares de Noisy-le-Sec et de Vaires-Torcy.
11 670
C’est le nombre d’expulsions locatives effectives
en 2010, soit 10,1 % de plus que l’année précédente.
Tout le monde dehors,
les expulsions reprennent
Samedi, 4 000 personnes ont défilé à Paris contre la fin de la trêve hivernale, fixée
à mercredi, tandis que des manifestations similaires se déroulaient dans 27 autres villes.
Un enfant retrouvé asphyxié
Le village de Saint-Julien-sur-Suran
divisé par le projet de prison
Hier, les 312 électeurs de Saint-Julien-sur-Suran étaient
appelés à se prononcer par voie de référendum
sur la construction d’un centre de détention. Le projet
avait soulevé une vive polémique au sein du village.
Si, pour les uns, une prison est une occasion de
relancer l’économie locale, pour d’autres, il n’est pas
question de vivre à côté d’une prison.
Nucléaire : jamais deux sans trois
Un réacteur de la centrale nucléaire de Cattenom
(Moselle) s’est arrêté automatiquement samedi,
sans « conséquences sur la sûreté des installations »,
a indiqué la direction. Il s’agit du troisième
arrêt constaté ces dernières semaines.
Cet événement n’aurait pas eu non plus
de conséquences « sur la sécurité du personnel,
ni sur l’environnement », a ajouté la direction.
CLÉMENT SMADJA,
23 ans.
C
haude ambiance dans
les rangs, où la rage
des manifestants n’a
pas entamé leur espoir. Au rythme des fanfares
et des groupes de musique
de tous bords, dans une ambiance de fête, ils sont venus
dénoncer la fin de cette trêve,
qui court du 1er novembre au
15 mars et interdit les expulsions de locataires ne pouvant plus payer leur loyer.
Mêlant personnes solidaires
et menacées d’expulsion, une
foule multiculturelle entonne
en chœur : « La loi Dalo, c’est
bien, mais sans logements,
ça vaut rien ! » À l’appel de
la Plateforme logement des
mouvements sociaux, le cor-
(Publicité)
Francine Bajande
Dans le Val-d’Oise, un enfant de douze ans
a été retrouvé mort dans son lit, asphyxié par un sac
en plastique mercredi dernier. Le père
a découvert son fils au moment du réveil.
L’asphyxie, confirmée par l’autopsie, exclut
également tout autre acte de violence. Une enquête
a été confiée à la sûreté départementale.
À l’appel de la Plateforme logement des mouvements sociaux, le
cortège a marché de la Bastille à la place du Palais-Royal, samedi.
tège a marché de la Bastille à
la place du Palais-Royal, derrière une banderole : « Non
aux expulsions, un toit c’est
un droit ! »
Une femme prend la parole
au nom des mal-logés du 9e arrondissement de Paris. Elle témoigne de la « peur de se marginaliser », chaque jour un peu
plus présente. Un sentiment
que connaît aussi une militante
du comité d’action logement,
mère de cinq enfants, qui vit
dans un appartement insalubre
depuis onze ans. Sa famille n’a
aucune intimité. Elle a bien été
relogée plusieurs fois, mais « à
chaque fois, c’était pire ». Avec
la fin de la trêve hivernale,
toutes deux craignent pour
leur avenir.
« Plus de 100 000 familles
sont potentiellement expulsables », lâche Serge Incerti,
président de la Confédération
« Plus de 100 000
familles sont
potentiellement
expulsables. »
nationale du logement (CNL),
qui promet de tout mettre en
œuvre pour « s’opposer à
ces expulsions, même physiquement s’il le faut ». Odile
Barral, secrétaire nationale du
Syndicat de la magistrature,
rappelle que les magistrats
sont aussi « bien placés pour
observer la précarisation de
la société. On voit de plus en
plus d’expulsions de familles
sans propositions de relogement ». Les expulsions locatives, menées par la force publique, ont en effet augmenté
de 10,1 % en 2010, à 11 670,
contre 10 597 l’année précédente. De plus en plus d’intérimaires et de travailleurs en
contrat à temps partiel sont
concernés. La présence d’un
agent d’entretien confirme
cette progression de la pauvreté, largement imputable
au montant des loyers. Malgré
son emploi, il est contraint de
vivre en chambre d’hôtel, un
« taudis » loué chez un marchand de sommeil.
Zouina, elle, est venue par
solidarité… et « pour faire
changer la loi ». « Chaque
humain, chaque citoyen
doit avoir accès à un toit. Il
y a un grand malaise de voir
que la cinquième puissance
mondiale ne donne pas de
logement à tout le monde ! »
s’indigne-t-elle, préconisant
les réquisitions et la baisse
des loyers. Marie, soixanteneuf ans, s’est déplacée depuis 18e arrondissement. « Il
faut recréer du tissu social,
construire du logement social, arrêter d’opposer les
ghettos de riches aux ghettos
de pauvres », renchérit cette
ancienne enfant des rues.
Malheureusement, à ce jour,
l’ensemble des associations et
des partis présents lors de ce
rassemblement ont de quoi
s’inquiéter. Malgré leur engagement, les derniers sondages
montrent que le logement
n’est pas encore la première
préoccupation des Français.
Pour Éric Coquerel, du Front
de gauche, il est grand temps
de prendre conscience que « la
question du logement est bien
plus essentielle dans la campagne présidentielle que de
débattre sur l’abattage halal ».
APOSTROPHE
L’urgence aussi pour les travailleurs sociaux
JULIEN GARES,
25 ans.
Une exposition de 13 affiches
au format 50x70 cm, plastifiées
142 rue Rateau,
93120 La Courneuve.
tel : 01 48 35 01 07
mail : [email protected]
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
Lorsqu’on interroge les travailleurs
sociaux sur leur quotidien, un sentiment
d’« injustice sociale », d’« abandon »,
de « stigmatisation du public » ressurgit.
Confrontés à des populations très touchées
physiquement et psychologiquement,
bon nombre d’éducateurs, de médecins
urgentistes, d’assistantes sociales,
d’animateurs ne se retrouvent pas dans le
battage médiatique lié au logement. Cette
campagne semble oublier la frange de la
population la plus précaire. Elle ignore les
étapes de resocialisation indispensables
lorsqu’il s’agit de retrouver un logement
durable. Les équipes sont débordées par
la demande quotidienne d’écoute, d’aide
et d’orientation et n’ont plus les moyens
de proposer des solutions adaptées.
La sectorisation des services a creusé
le fossé entre les services médicaux,
psychiatriques et culturels. Il est urgent
de créer des passerelles afin de mener
à bien toutes nos missions. La situation
catastrophique de l’urgence sociale devrait
être un des thèmes principaux de la
campagne présidentielle. Mais qui osera
proposer une augmentation du nombre
de places d’hébergement d’urgence, et
pas seulement disponibles en période
hivernale ? Qui osera se confronter à ce
public qui a perdu toute confiance dans
la classe politique ? Qui osera rencontrer
cette France des oubliés, lui proposer
des solutions et lui donner une chance
de s’en sortir ? Cette « populace » n’est
pas un corps électoral, mais elle fait partie
de la France que vous voulez diriger.
maintien d’un modèle social protecteur n’est pas menacé
«parLel’immigration.
’A
»M H ,
ARTIN
IRSCH PRÉSIDENT DE L
13
GENCE DU SERVICE CIVIQUE.
Pourquoi
on nous
appelle
les pions…
Étudiants,
un avenir
à vendre?
Source d’angoisse pour
beaucoup de jeunes,
l’orientation fait salon
à la porte de Versailles.
ARMELLE
CLOTEAU,
21 ans.
I
Dans les collèges, on les appelle désormais « assistants d’éducation ».Un terme flatteur qui cache un travail ingrat.Témoignage.
21 ans.
L
e souhait de me familiariser avec l’enseignement m’a décidé,
pour financer mes
études de philosophie-lettres
modernes, à travailler dans
mon ancien collège de l’Essonne. J’ai pu voir l’envers du
décor et obtenir la réponse à
ma question de collégienne :
« Pourquoi sommes-nous si
méprisés par les surveillants et
le personnel administratif ? »
Dans une journée type, il
nous est demandé à toutes les
heures de surveiller les élèves,
mais aussi de les accompagner dans leurs difficultés de
vie scolaire, de prendre contact
avec leurs parents, et ce, tout
en assurant nos fonctions sur
chaque poste au sein de l’établissement : l’ouverture et la
fermeture du portail, l’accueil
des élèves en vie scolaire, celui
des parents, la surveillance dans
la cour, les couloirs, les coins, les
toilettes, etc. Le descriptif de
notre fonction, rédigé et donné
par les conseillères principales
d’éducation (CPE), explique
que « politesse et courtoisie
sont des pré-requis essentiels :
on s’arme de son plus beau
sourire et on se regonfle de
patience ». Indispensable en
effet, lorsque, dans une journée de dix heures, nous étions
seulement quatre surveillants
Les enjeux
éducatifs n’étaient
finalement que
de « surveiller et
punir » les élèves.
pour côtoyer sept cents élèves,
avec en tête ces exigences, précisées dans le même formulaire
officiel : « Le collège est notre
territoire, pas celui des élèves.
Et c’est par notre présence en
tous lieux et inopinée que nous
le marquons. » Cette brochure
de formation, qui surnomme
aussi les élèves « les monstres »,
montre à quel point le terme
d’« éducation » est ambigu. En
effet, à quoi devons-nous éduquer les enfants, sinon à subir
le mépris des adultes, qui sont
Myr Muratet/Fedephoto
HÉLÈNE ALLAIN,
ci, on trouve de tout »,
résume un groupe de
lycéennes. À peine entré dans le Parc des expositions de la porte de Versailles
(Paris, 15e), la surenchère des
exposants est partout : études
longues, courtes, maquillage,
commerce, sciences politiques,
fonction publique… Ce Salon
généraliste, organisé par le
magazine l’Étudiant, qui réunit 600 exposants et attend
200000 visiteurs, a lieu deux fois
par an. L’édition du printemps
précède de peu la clôture des admissions dans le supérieur. D’où
une certaine tension. Malgré
Internet, les jeunes se trouvent
toujours sous-informés sur leurs
possibles orientations. Ils évoquent un manque de structure
compétente ou d’interlocuteurs
pertinents. « Si j’avais un don
humanitaire à effectuer en direction de la France, j’organiserais un lâcher de conseillers
d’orientation formés ! », lance
une exposante étrangère. « Sur
les brochures, chaque école
essaye de se vendre. Le seul
moyen de se faire un avis, ce
sont les témoignages des étudiants », dit un jeune homme.
Certains s’avouent désemparés.
Voire fatalistes. « Sur ce salon, à
moins de 6000 euros l’année, on
ne trouve pas de formation. »
Un père regrette la faible présence des écoles publiques.
« Faudra-t-il acheter l’avenir
de nos enfants? », interroge-t-il.
«
Assistance d’éducation au collège Léonard-de-Vinci, à Witry-les-Reims (Marne).
contraints d’agir la plupart du
temps dans l’urgence et par
réflexe ? La duplicité de la hiérarchie qui exigeait des pions
d’être efficaces dans la discipline mais qui ne les contrôlait
ni ne les accompagnait humainement transforme l’idée vertueuse que l’on se fait de notre
travail d’« assistant d’éducation » : il devient celui du chien
de garde. Comment l’éducation
nationale conçoit-elle l’« éducation » lorsque dans les faits,
elle contraint chacun à désap-
prendre le respect de l’autre ?
Les enjeux éducatifs n’étaient
finalement que de « surveiller et
punir » les élèves. Notre corps
devient le « panoptique » du
système carcéral que Michel
Foucault décrit dans Naissance
de la prison.
Si je parle au passé, c’est que
cette aventure auprès des adolescents a pris fin quelques mois
plus tard. À l’occasion de mon
changement d’emploi du temps,
en milieu d’année, la principale
est même allée jusqu’à me sug-
gérer de sécher certains cours à
l’université pour travailler au
collège. C’était ça ou je n’avais
qu’à démissionner. Voilà comment l’emploi de surveillant se
passe d’« éducation ».
Dans un système perverti
par le manque de moyens, où
les mots ont perdu une bonne
partie de leur signification, mon
ambition de travailler comme
professeur plus tard se trouve
aujourd’hui remise en question.
À moins d’un changement profond de politique éducative.
Devant l’hôpital Tenon, bataille autour de l’IVG
Sous l’œil des CRS, plusieurs centaines de pro et anti- droit à l’avortement se sont rassemblés samedi, à Paris.
MATTHIEU MORTELETTE,
27 ans.
S
amedi, 10 h 30, aux abords de
l’hôpital Tenon (Paris 20e). Une
ambiance de marché sympathique, mais il y a un hic. On
se demande ce que fait cette procession
catholique en plein Paris, violant la laïcité en pratiquant des prières en plein
espace public, le tout accompagné par
un élu de la République – en l’occurrence Charles Berthollet, maire de la
petite ville de Rouvray, dans l’Yonne.
« Nous avons aboli la peine de mort
mais pas l’avortement », « Droit de
s’opposer à la mort d’un enfant », lit-on
sur les banderoles.
Un cordon de CRS sépare les cortèges des pro et anti-IVG. Les défenseurs du droit des femmes à disposer
de leur corps arrivent avec une fanfare et des slogans provocateurs : « Si
Marie avait connu l’avortement, on
n’aurait pas tout ces emmerdements! »
La mobilisation est large (Front de
gauche, PS, les Verts, NPA, CGT,
SUD, Solidaires, Attac, militants libertaires et associatifs), le Parti communiste est représenté par l’élu du
20e, Pierre Mansat. Les militant(e)s
échangent expériences et souvenirs
personnels. « Moi, j’ai eu recours à
l’avortement dans les années 1970. Et
j’ai attrapé une septicémie à cause des
mauvaises conditions d’hygiène imposées par la clandestinité », raconte une
sexagénaire, qui ajoute : « La pression
morale était forte. »
« L’avortement pour les majeurs
n’est remboursé qu’à 80 %. Or,
l’IVG a un coût moyen de 300 euros », rappelle Jeanine Leroux,
membre du collectif de Tenon,
à l’origine de la manifestation.
Le nombre d’IVG pratiquées en
France est de 220 000 en moyenne
par an. Mais c’est un droit menacé :
« 179 centres d’IVG ont été fermés
en dix ans, notamment sous l’impulsion de la loi Bachelot », ajoute
Jeanine Leroux.
UN LIEU TRÈS SYMBOLIQUE
Le centre IVG de l’hôpital Tenon avait fermé en juillet 2009 dans le cadre de la
réorganisation des soins dans les hôpitaux parisiens, avant de rouvrir en avril 2011,
à la suite de la mobilisation du collectif. Devenu une sorte de symbole de cette
lutte pour le droit des femmes, il a été l’objet de multiples rassemblements des
anti-IVG depuis le mois de septembre 2011. Deux d’entre eux avaient donné lieu
à des « débordements violents » avec des contre-manifestants, selon la police.
Avec la manifestation de samedi,
c’est la sixième fois que les anti IVG
(représentés par SOS tout-petits,
Laissez-les vivre ou Civitas) se rassemblent devant l’hôpital Tenon. Et
ils promettent déjà de remettre cela
le 31 mars. « Ils vivent la réouverture du centre IVG Tenon comme
un échec », analyse Jeanine Leroux.
Dans le cortège d’en face, une catholique offusquée par ces prières de rue
témoigne : « Garder un enfant pour
le délaisser, l’abandonner, à quoi ça
sert ? » D’autres adoptent un discours
plus imagé encore : « Le plumard,
c’est pas l’usine. »
w Voir sur www.humanite.fr le reportage
photo d’Antoine Ligier.
L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
scolarisé, ça coûte cher. »
«J Un enfant
B
,
(UMP) R
.
14 Société
ACQUES
AUMANN MAIRE
DE
UBELLES
Avec les privés d’école de Rubelles
Dans cette petite ville (UMP) de Seine-et-Marne, des familles demandeuses d’asile n’arrivent pas à faire
scolariser leurs enfants, otages d’un conflit administratif entre la mairie et l’inspection académique.
MARGOT CIMIC,
21 ans.
L
ors de l’émission
Parole de candidat,
le 5 mars 2012 sur
TF1, un citoyen s’interrogeait : « Comment se faitil, alors que l’école en France
est obligatoire jusqu’à seize
ans, qu’on voit des enfants de
dix ans faire les poches dans
le métro ? » On aurait pu lui
répondre que les familles demandeuses d’asile en France
ont bien du mal à scolariser
leurs enfants.
C’est le cas d’une demi-douzaine d’entre elles, qui vivent à
Rubelles, en Seine-et-Marne,
et ne savent plus comment s’y
prendre pour faire entendre
leurs droits. Les mères de famille mènent solidairement,
depuis huit mois, un combat
qui dépasse les barrières linguistiques. D’origine sri lankaise,
kurde, tchétchène, géorgienne
et roumaine, elles se disent
toutes très fatiguées par les
interminables démarches administratives. Elles logent dans
un hôtel qui fait office d’hébergement d’urgence. Dans
sa chambre, une mère tchétchène se dirige vers le placard :
« Voilà ! Ça fait six mois que les
cartables attendent de pouvoir
aller à l’école. »
La mairie refuse de procéder à l’inscription de leurs
enfants. Selon le premier adjoint de la commune, Michel
Dreano (UMP), l’école de Ru-
belles ne disposerait pas des
moyens nécessaires pour accueillir des enfants ne parlant
pas français. Pourtant, d’après
l’inspection académique, un
instituteur spécialisé est prêt
depuis plusieurs mois à recevoir ces jeunes élèves. Manque
de moyen ou refus d’accueillir
des enfants étrangers ? Il semblerait que la mairie multiplie
les obstacles à ces inscriptions.
Ce n’est pas faute pour
les parents de chercher des
moyens pour s’en sortir. Sans
téléphone et sans Internet,
toute démarche administrative implique un déplacement
à Paris. Malgré l’aide des travailleurs sociaux de la Cafda
(Coordination de l’accueil
des familles demandeuses
d’asile) de Paris, ces mères
passent beaucoup de temps à
chercher des aides alimentaires
et médicales : « Nous mettons
près d’une heure en bus pour
aller chercher des couches à
l’hôpital de Melun », dit l’une
d’entre elles.
À l’intérieur de l’hôtel,
les familles essaient tant bien
que mal de tenir les enfants,
cantonnés à quelques mètres
carrés. Au lieu de bénéficier de ce droit fondamental
qu’est l’école, ils passent leur
journée enfermés dans leurs
chambres. Pendant combien
de temps encore ?
L’immigration,
une richesse
Plaidoyer d’un ancien
sans-papiers contre
les discours de haine.
WAGI
KANOUTÉ,
39 ans.
L
’élection approche et
le thème de l’immigration est de nouveau
brandi par Nicolas Sarkozy
et Marine Le Pen, stigmatisant les immigrés en situation
irrégulière comme régulière.
Pourtant, l’immigration est
une richesse. Elle donne plus
à la France qu’elle ne prend.
Les immigrés sans papiers
travaillent, ils ne font pas de
la charité. En France depuis
2002, j’ai moi aussi travaillé,
payé des impôts, cotisé à la
Sécurité sociale, comme tout
citoyen français. Et je n’ai
eu ma régularisation qu’en
mai 2011. Heureusement, les
Français ne sont pas dupes du
discours du pouvoir. Durant
nos luttes, ils étaient à nos côtés, apportant soutien moral
et matériel. Car les Français
resteront toujours aux côtés
de ceux qui souffrent.
L’Humanité est officiellement habilité pour la publication des annonces judiciaires et légales dans les départements : 91 (arrêté 2011-PREF/DCSIPC/BAGP n° 94) 5,11 euros HT/ligne,
92 (arrêté CAB/SDCI n° 2011-864) 5,48 euros HT/ligne, 93 (arrêté n° 2011 - 3290) 5,43 euros HT/ligne, 94 (arrêté n° 2011/4239) 5,41 euros HT/ligne.
La ligne se définit par 40 caractères, signes ou espaces de corps 6.
SARL ABS
Au capital de 10 000 euros
Siège social :
28, avenue Édouard-Vaillant
93500 Pantin
RCS Bobigny 523 072 106
Suite à l’AGE du 31 janvier 2012, les associés décident la dissolution anticipée
de la société, à compter du 31 janvier
2012. Liquidateur : M. MJAIED Faouzi,
demeurant 20, rue du Rhin, 93110
Rosny-sous-Bois. Siège de liquidation :
28, av. Édouard-Vaillant, 93500 Pantin.
Par AGE du 31 janvier 2012, clôture des
opérations de liquidation et quitus de son
mandat au liquidateur. Radiation de la
société du RCS de Bobigny.
SARL ATM
Au capital de 2 000 euros
Siège social :
69, avenue de la Division-Leclerc
93700 Drancy
RCS Bobigny 531 136 455
Aux termes d’une délibération de l’AGE
en date du 24 février 2012, il a été décidé de nommer en qualité de gérant de
la société ATM, M. KARAKURT Ahmet,
demeurant 69, avenue de la Division-Leclerc, 93700 Drancy, en remplacement
de M. KARAR Tahir, démissionnaire, à
compter du 24 février 2012. L’article 12
des statuts a été modifié en conséquence.
Mentions faites au RCS de Bobigny.
SARL B.O.1
Au capital de 7 000 euros
Siège social : 145, rue Marc-Sangnier
94700 Maisons-Alfort
RCS Créteil 529 071 805
Suivant P.-V. de l’AGE en date du 15 février 2012, les associés ont décidé de
changer l’objet social qui devient : plomberie, électricité, isolation, peinture, petite maçonnerie, climatisation chaudfroid, chauffage et tous travaux de rénovation de bâtiment.
Mention faite au RCS de Créteil.
6, place Jean-Bart, 93330 Neuilly-surMarne.
Immatriculation au RCS de Créteil.
BIGEST DISCOUNT
Sigle : BD
SAS au capital de 100 000 euros
Siège social :
34, av. des Champs-Élysées
75008 Paris
RCS Paris 529 822 256
Par AGE en date du 1er février 2012, il a
été décidé de transférer le siège social
au 20, rue de l’Hôtel-de-Ville, 92200
Neuilly-sur-Seine, à compter de ce jour ;
de nommer en qualité de gérant M. PADONOU Fulbert, demeurant 3, place des
3-Frères-Lebeuf, 92400 Courbevoie, en
remplacement de Mlle Leila OUKHABOU, démissionnaire, à compter du
1er février 2012, et de modifier la dénomination sociale qui devient : BIGGEST
DISCOUNT, à compter du même jour.
CECAF
SARL au capital de 12 000 euros
Siège social : 89, rue Heurtault
93300 Aubervilliers
RCS Bobigny 509 666 822
Par AGE en date du 1er septembre
2011, les associés ont décidé, à compter
du 1er septembre 2011 :
- de nommer M. MAKRAT Hicham, demeurant 100, rue Saint-Honoré, 75001
Paris, en qualité de gérant, en remplacement de M. ENYEGUE Jacques Bounoungou, gérant démissionnaire ;
- de modifier la dénomination sociale,
qui devient : WEB COM et de supprimer
le nom commercial de la société ;
- de modifier l’objet social comme suit :
régie publicitaire on-line, conseil en web
marketing, net affiliation, E-mailing, E-réputation, veille média on-line ; web
agency, création de supports de communication on-line, sites internet, intranet,
applications informatiques sur tout support, référencement de sites internet,
création graphique.
Mentions en seront faites au RCS de Bobigny.
AVIS DE CONSTITUTION
Par acte SSP, en date du 21 février
2012, constitution de :
Dénomination : BBA 34 COIFFURE.
Forme : SAS Unipersonnelle. Capital :
1 000 euros. Siège social : 94, rue
Roger-Salengro, 94500 Champigny-surMarne. Objet : la coiffure homme,
femme ; l’achat et la revente de produits
capillaires, de beauté, cadeaux, et bijouterie fantaisie. Durée : 99 ans. Président : M. KHERIFI Amar, demeurant
AVIS DE CONSTITUTION
Dénomination : CIPAVI BAT. Forme :
SARL. Capital : 7 500 euros. Siège social : 77, avenue du Président-Wilson,
93210 La Plaine-Saint-Denis. Objet :
électricité, peinture, bâtiment général.
Durée : 99 ans. Gérance : M. Yaqoob
MUHAMMAD, demeurant 77, avenue du
Président-Wilson, 93210 La PlaineSaint-Denis.
Immatriculation au RCS de Bobigny.
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
DECO’LUX
SARL au capital de 7 500 euros
Siège social :
43, av. du Président-Salvador-Allende
93100 Montreuil
RCS 491 357 786
Aux termes de l’AGO du 15 février 2012,
les associés ont approuvé les comptes
définitifs de liquidation, déchargé M. LECLERCQ Franck de son mandat de liquidateur, donné à ce dernier quitus de sa
gestion, ont constaté la clôture de la liquidation à compter du 31 décembre 2011.
La société sera radiée du RCS de Bobigny.
AVIS DE CONSTITUTION
Par acte SSP, en date du 12 février
2012, constitution de :
Dénomination : ÉCOLE DE CONDUITE
RÉVOLUTION. Forme : EURL. Capital :
2 000 euros. Siège social : 20, rue Fontaine, 93200 Saint-Denis. Objet : établissement d’enseignement de la conduite
auto et moto. Durée : 99 ans. Gérance :
M. HAMMAMI Nibel, demeurant 4, passage de Jouy, 93200 Saint-Denis.
Immatriculation au RCS de Bobigny.
ÉDITIONS GANG
SARL au capital de 10 000 euros
Siège social : 101, rue Victor-Hugo
94200 Ivry-sur-Seine
RCS Créteil 522 538 800
Suivant le procès-verbal en date du 15 décembre 2011, l’assemblée générale extraordinaire a pris en compte la démission de
M. LE MINTER Gaël, en qualité de cogérant, à compter du 15 décembre 2011.
Mention faite au RCS de Créteil.
décidé de transférer le siège de la société au 25 A, rue Jean-Jaurès, 93200
Saint-Denis, à compter du 1er janvier
2012, et de modifier en conséquence
l’article 4 des statuts. Il a été décidé de
nommer M. Jean-Pierre BOUANHA, demeurant 15, rue des Montiboeufs, 75020
Paris, en qualité de cogérant de la société. M. Jean-François PARENT, demeurant 18, rue de Strasbourg, 93200
Saint-Denis, reste cogérant de la société
à compter du 1er janvier 2012, et de modifier en conséquence l’article 33 des
statuts. Il a été décidé de changer la dénomination de la société qui devient :
JEAN-FRANÇOIS PARENT, JEANPIERRE BOUANHA & ASSOCIES, à
compter du 1er janvier 2012, et de modifier en conséquence l’article 3 des statuts.
AVIS DE CONSTITUTION
Par acte SSP, en date du 1er mars 2012,
constitution d’une société présentant les
caractéristiques suivantes :
Dénomination sociale : KENZA KAFTAN
& LES DÉLICES DE SHERAZADE.
Sigle : K.K & LDDS. Forme juridique :
SAS. Capital social : 2 000 euros. Siège
social : 15, rue Henri-Dunant, 93800 Épinay-sur-Seine. Objet social : wedding
planner, organisateur en événementiel
mariage ; traiteur en salle ; vente, location et import-export de caftan, textile et
décoration divers, achat, vente, location,
import, export de véhicules terrestres à
moteur tous tonnages. Durée : 99 ans.
Présidente : Mme EDDOUCH Fatima,
demeurant 15, rue Henri-Dunant, 93800
Épinay-sur-Seine.
Immatriculation au RCS de Bobigny.
AVIS DE CONSTITUTION
AVIS DE CONSTITUTION
Dénomination : G.H INVEST. Forme :
SAS. Sigle : OR DE FRANCE. Capital :
10 000 euros. Siège social : 90, rue
Pierre-Semard, 92320 Châtillon. Objet :
conseil, négoce, expertise de tous objets
en métaux précieux. Durée : 99 ans à
compter de l’immatriculation au RCS de
Nanterre. Président : M. Antoine GADAUD, demeurant 11, rue Neuve-SaintGermain, 92100 Boulogne, nommé pour
une durée indéterminée.
Dénomination : SARL KRM. Forme :
SARL. Capital : 4 000 euros. Siège social : 74, avenue de La République, 93300
Aubervilliers. Objet : travaux de rénovation intérieure : peinture, enduit, revêtement de sol et murs. Durée : 99 ans. Gérance : M. ELDAHMA Rabia, demeurant
74, avenue de La République, 93300 Aubervilliers.
Immatriculation au RCS de Bobigny.
JEAN-FRANÇOIS PARENT
& ASSOCIÉS
SARL au capital de 7 622,45 euros
Siège social : 62, rue Gabriel-Péri
93200 Saint-Denis
RCS Bobigny 432 656 890
Aux termes du procès-verbal de l’AGO
en date du 20 décembre 2011, il a été
LES QUATRE COIN DU MONDE
SARL au capital de 4 000 euros
Siège social : 4, rue Chevreul
92230 Gennevilliers
RCS Nanterre 531 368 033
L’AGE du 30 janvier 2012, a décidé de
nommer M. El Mostafa BENACHLIOU,
demeurant 54, avenue Gabriel-Péri,
92230 Gennevilliers, en qualité de gé-
rant, en remplacement de M. Driss
MOUTACHAKER, et la nomination de
M. Abdelmajid NAKAD, demeurant
6, rue Henri-Dunant, 94370 Sucy-enBrie, en qualité de cogérant.
Mentions faites au RCS de Nanterre.
AVIS DE CONSTITUTION
Par acte SSP, en date du 21 octobre
2011, constitution de :
Dénomination : S’AHFIR. Forme : SARL
à capital fixe. Capital : 2 000 euros.
Siège social : 26, boulevard MaximeGorki, 93240 Stains. Objet : pizzas en livraison et à emporter ; vente de boissons non alcoolisées. Durée : 99 ans.
Gérance : M. Mohamed CHERGUI, demeurant 41, rue de Chantilly, 93200
Saint-Denis.
Immatriculation au RCS de Bobigny.
AVIS DE CONSTITUTION
Dénomination : SARL SUNDY. Forme :
SARL. Capital : 1 000 euros. Siège social : 77, rue Léopold-Rechossière, 93300
Aubervilliers. Objet : achat, vente et fabrication de vêtements. Durée : 50 ans. Gérance : M. KEO Bun Thoeun, demeurant
50, rue du Disque, 75013 Paris.
RCS de Bobigny en cours.
AVIS DE CONSTITUTION
Par acte SSP, en date du 23 février
2012, constitution de :
Dénomination : TULIP. Forme : SARL.
Capital : 600 euros. Siège social : 1, rue
Henri-Barbusse, 93300 Aubervilliers.
Objet : achat, vente de tous produits textiles et de tous produits non réglementés ; travail à façon et fabrication donnés
en sous-traitance. Durée : 99 ans. Gérance : M. Omer Faruk TANIS, demeurant
12, rue de Paris, 93800 Épinay-sur-Seine.
Immatriculation au RCS de Bobigny.
WSM PEINTURE
SARL au capital de 8 000 euros
Siège social : 82, rue Championnet
75018 Paris
RCS Paris 539 734 848 00010
L’AGE en date du 27 février 2012, a décidé de transférer le siège social au
8 bis, Villa-Briffault, 92600 Asnières-surSeine, à compter de ce jour.
La société sera désormais immatriculée
au RCS de Nanterre.
Règles typographiques
des annonces
judiciaires et légales
SURFACES CONSACRÉES
AUX TITRES, SOUS-TITRES, FILETS,
PARAGRAPHES, ALINÉAS
FILET • Chaque annonce est séparée
de la précédente et de la suivante
par un filet 1/4 gras. L’espace blanc
compris entre le filet et le début de
l’annonce sera l’équivalent d’une
ligne de corps 6 points Didot soit
2,256 mm. Le même principe régira
le blanc situé entre la dernière ligne
de l’annonce et le filet séparatif.
L’ensemble du sous-titre est séparé
du titre et du corps de l’annonce par
des filets maigres centrés. Le blanc
placé avant et après le filet sera égal
à une ligne de corps 6 points Didot,
soit 2,256 mm.
TITRES • Chacune des lignes constituant le titre principal de l’annonce
sera composée en capitales (ou
majuscules grasses) ; elle sera l’équivalent de deux lignes de corps 6
points Didot, soit arrondi à 4,5 mm.
Les blancs d’interligne séparant les
lignes de titres n’excéderont pas
l’équivalent d’une ligne de corps 6
points Didot, soit 2,256 mm.
SOUS-TITRES • Chacune des lignes
constituant le sous-titre de l’annonce
sera composée en bas-de-casse
(minuscules grasses) ; elle sera
l’équivalent d’une ligne de corps 9
points Didot, soit arrondi à 3,4 mm.
Les blancs d’interlignes séparant les
différentes lignes du sous-titre seront
équivalents à 4 points Didot, soit
1,5 mm.
PARAGRAPHES ET ALINÉAS • Le blanc
séparatif nécessaire afin de marquer
le début d’un paragraphe ou d’un alinéa sera l’équivalent d’une ligne de
corps 6 points Didot, soit 2,256 mm.
Ces définitions typographiques ont
été calculées pour une composition
effectuée en corps 6 points Didot.
Dans l’éventualité où l’éditeur retiendrait un corps supérieur, il conviendrait de respecter le rapport entre les
blancs et le corps choisi.
Monde
J’ai exhorté le président (Bachar Al Assad) à tenir compte du proverbe
«africain
qui dit: “si tu ne peux pas changer le sens du vent, alors retourne
’ONU
D
ta voile”.» K A ,
SYRIE
OFFI
NNAN EX SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L
EN VISITE À
15
AMAS
Entre violences sur le terrain
et bras de fer diplomatique
Sur fond de nouvelle effusion de sang dans le nord-ouest du pays, Kofi Annan, l’ex-secrétaire général de l’ONU, a fait
ce week-end le voyage de Damas, alors que les pays du Golfe accentuent la pression en vue d’une intervention militaire.
A N A LY S E
Les « Occidentaux » prêts à jouer
la carte de l’éclatement
SABINE BÉZIER,
21 ans,
ET MOHAMED DRIDI,
21 ans.
Bulent Kilic/AFP Photo
L
À Idleb (notre photo) on déplorait, ce week-end, plus de 90 morts à la suite d’une offensive lancée par les soldats du régime syrien.
MOHAMED
DRIDI,
21 ANS.
L
’émissaire spécial
de l’ONU, Kofi
Annan, a été reçu
ce week-end par
le président Bachar Al Assad. L’ancien secrétaire général des Nations
unies a proposé des solutions
concrètes pour la résolution
de la crise. Elles impliquent un
arrêt immédiat des violences,
un accès à l’aide humanitaire
et la libération de prisonniers,
tout en promettant la non-ingérence des instances internationales dans les affaires
syriennes.
À l’issue de cette rencontre, Kofi Annan s’est déclaré optimiste malgré la difficulté à trouver un consensus
entre les différentes parties.
De son côté, le chef de l’État
syrien reste sur la même ligne
de conduite depuis le début
de la crise. Il estime qu’un
dialogue ne peut être amorcé
qu’en « cas de cessation des
violences » par les groupes
qu’il qualifie de terroristes.
Au même moment, le chef
de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a rencontré ce
samedi au Caire les ministres
des Affaires étrangères de la
Ligue arabe. Ces derniers réclament le départ de Bachar
Al Assad, l’arrêt immédiat
des violences, ainsi que l’instauration d’un dialogue entre
l’opposition et le gouvernement pour discuter de la crise
syrienne. Mais plusieurs dirigeants arabes ne cachaient
pas espérer un changement de
position de la Russie quant à
une éventuelle intervention
militaire. Les pays du Golfe,
le Qatar et l’Arabie saoudite
à leur tête, ont même réitéré,
de leur côté, leurs positions
va-t-en-guerre.
MOSCOU OPPOSE TOUJOURS
SON DROIT DE VETO
Jusqu’ici, Moscou a usé de
son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de
l’ONU pour opposer son veto
à toute condamnation induisant une intervention armée
visant à renverser le pouvoir
en place. Et il continue aujourd’hui à s’y opposer de la
même façon. Si une résolution
devait être votée, la Russie
souhaite qu’elle mentionne
la responsabilité de l’opposition dans les affrontements
armés. Sergueï Lavrov, a déclaré : « Nous protégeons le
droit international, l’objectif
immédiat est de faire cesser
la violence, d’où qu’elle provienne. »
LE CONFLIT A FAIT
PLUS DE 8500 MORTS
Quant à la Chine, qui
s’oppose également à une
intervention militaire et à un
traitement unilatéral contre
le président Al Assad, elle a
aussi envoyé son émissaire en
Arabie saoudite pour rencontrer le secrétaire général du
Conseil de coopération du
Golfe, Abdellatif Zayani.
Pékin reste inflexible lui aussi.
Aujourd’hui, les chefs de
la diplomatie des pays occidentaux et de la Russie se
rencontrent au siège des Nations unies, à New York, pour
discuter d’éventuels compromis. Sur cette réunion, Alain
Juppé, le ministre français des
Affaires étrangères, a exprimé
son pessimisme quant au vote
d’une résolution condamnant
les autorités syriennes.
Pendant ce temps, le
conflit continue entre l’armée régulière syrienne et les
forces d’opposition, prenant
en otage toute une population
civile. À Idleb, ville du nordouest du pays, on déplorait,
ce week-end, plus de 90 morts
à la suite d’une offensive lancée par les soldats du régime
syrien. Selon l’Observatoire
syrien des droits de l’homme,
basé à Londres, on dénombrerait aujourd’hui plus de
8 500 morts depuis le début
de ce conflit.
a probable chute du régime de Bachar Al Assad
ne risque-t-elle pas de déboucher sur l’éclatement
de la société syrienne ? Composée à 90 %
de musulmans (à majorité sunnite et de minorités chiite,
alaouite et kurde), la population comprend aussi 10 %
de chrétiens (maronites, arméniens, orthodoxes…).
Ainsi, cette société est une mosaïque multiculturelle.
La laïcité prônée par le parti Baas, au pouvoir
depuis 1963, garantissait, vaille que vaille,
la cohabitation intercommunautaire.
Aujourd’hui, la communauté kurde localisée dans le nord
de la Syrie pourrait être la première à revendiquer son
indépendance, accentuant les prétentions des Kurdes
de Turquie et d’Irak. Ensuite, la communauté alaouite, dont
est issu le président syrien, risque des représailles d’une
partie de la population sunnite. De même, les chrétiens,
qui n’étaient pas les plus réfractaires au régime, puisque
ce dernier assurait leur protection, pourraient être forcés
à l’exil comme les chrétiens d’Irak. Enfin, une éventuelle
prise du pouvoir par la majorité sunnite pourrait pousser
la communauté chiite à réclamer une province autonome,
voire indépendante. Ainsi, les responsabilités de l’opposition
sont énormes. Si elle ne parvient pas à établir
un projet national commun, on court le risque
d’une « balkanisation » de la société.
Si l’on s’en réfère à la situation libyenne actuelle,
de nombreuses similitudes apparaissent. En effet, les
divisions en Libye, étouffées par la poigne de fer
du régime du colonel Kadhafi, resurgissent encore plus
fort aujourd’hui. Les réserves pétrolières de la Cyrénaïque
(où la révolte a débuté) poussent maintenant certaines
des tribus et des groupes armés de cette province à faire
sécession. D’où l’interrogation sur l’intervention intéressée
de l’Otan dans le conflit libyen et son possible rôle en Syrie
aujourd’hui. Compte tenu des enjeux économiques
et géostratégiques qu’ils représentent aux yeux des grandes
puissances occidentales, celles-ci sont prêtes à jouer
la carte de l’éclatement de ces deux pays.
LES PÉTROMONARCHIES À L’ŒUVRE
Alors que Kofi Annan s’entretenait avec Bachar
Al Assad samedi, le Qatar a estimé qu’un cessezle-feu serait insuffisant. Dénonçant un « génocide
systématique », le chef de la diplomatie
qatarienne a appelé de nouveau à l’envoi
de forces arabes et internationales en Syrie.
Il est difficile de croire que le soutien du Qatar
et de l’Arabie saoudite à la rébellion syrienne
se base sur des préoccupations démocratiques,
ces régimes ayant peu de leçons à donner
en la matière. Le conflit syrien s’inscrivant dans
un cadre géopolitique plus large, les agissements
des deux pétromonarchies réconciliées sont en
lien avec les grandes manœuvres de refondation
de la région entreprises par les États-Unis
à travers leur plan du Grand Moyen-Orient. Par
l’intermédiaire de ses alliés arabes, la puissance
nord-américaine peut agir à couvert et éviter une
politique d’ingérence trop brutale. La Syrie étant
un partenaire privilégié de l’Iran dans la région,
une déstabilisation de ce pays pourrait avoir des
conséquences à terme sur l’équilibre régional.
L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
16 Monde
Mobilisés depuis dix ans
contre le projet de TGV
Lyon-Turin, les Italiens
ne sont pas près de céder.
ALESSANDRA VITULLO,
23 ans,
TRISTAN USTYANOWSKI,
20 ans.
L
eslie était de l’autre côté
des Alpes, fin février, le
jour où « plus de 75 000
personnes » criaient leur colère
contre le projet de TGV LyonTurin. Elle a pu constater par
elle-même que cette construction « rendrait le quotidien
des gens invivable ». Contrairement à la partie française, la
vallée de Suse comprend « des
villes importantes avec déjà de
nombreuses infrastructures ».
Médiatiquement invisible en
France, la fronde contre le projet
(le mouvement NO TAV) a pris
une grande ampleur en Italie. Le
camp d’occupation du chantier
(Baita) a été sévèrement réprimé
et un manifestant est aujourd’hui
toujours dans le coma à la suite
de ces événements.
« Beaucoup d’Italiens
considèrent ce projet
comme inutile. »
Beaucoup d’Italiens considèrent ce projet comme inutile
et qu’il suffirait d’améliorer les
infrastructures existantes. Ils
s’insurgent également contre
la destruction du paysage qui
s’ensuivra, le risque de contamination toxique que suscite
le creusement du tunnel et
l’ombre de la Mafia sur la
réalisation des travaux.
Paolo Ferrero, secrétaire
du Partito della Rifondazione
Comunista, nous confie :« Ce
mouvement est un phénomène
de mobilisation citoyenne qui
s’inscrit dans un long processus
de construction des consciences
depuis le début la présentation
du projet. » Et il estime que les
violences « sont des faits marginaux » et que « la mobilisation continue d’une manière
pacifique ».
Répondant à notre question
sur le manque de sensibilisation
en France, Ferrero parle d’une
« conception différente du développement, à l’instar de la victoire du “non“ au référendum
sur le nucléaire, l’année dernière,
en Italie ». Malgré cela, « il y a
l’apparition de petits groupes
de solidarité, notamment en
Savoie », ajoute-t-il.
net en Bulgarie, contre 1 800 au Luxembourg.
Consensus pour une fuite
en avant fédérale à Sciences-Po
La conclusion de la quatrième édition des états généraux de l’Europe a eu lieu ce samedi dans les locaux
de l’école, rassemblant diverses personnalités, chercheurs et organisations de la société civile.
CHARLOTTE MARTINS,
19 ans,
EVA YILMAZ,
18 ans.
A
ucun retour en arrière
et un mouvement nécessaire vers davantage de fédéralisme;
telle est la ligne générale ressortant
de cette quatrième édition des
états généraux de l’Europe. Les
seuls choix seraient, selon les organisateurs, l’impuissance nationale ou la puissance européenne,
et la question à se poser dès lors
serait ce que l’on fait de cette puissance européenne. La question
des frontières de l’Europe a aussi
fait débat; l’élargissement le plus
plausible aujourd’hui serait celui
vers l’Est et les Balkans. Ont été
évoquées la nécessité de soigner les
relations avec les pays du sud de la
Méditerranée et avec la Turquie,
l’idée d’élargissement de l’espace
Schengen et de la zone euro, ou
encore l’obligation pour les pays
désireux d’intégrer l’UE de reconnaître les autres pays européens.
Pour redonner un visage à
l’Europe sur la scène internationale, Eva Joly avance l’idée de
la création d’ambassades communes et celle d’un renforcement
du pouvoir du Parlement euro-
Georges Gobet/AFP Photo
TGV Lyon-Turin :
l’opposition
reste italienne
123 C’est le montant en euros du Smic mensuel
Eva Joly avance l’idée de la création d’ambassades communes et celle d’un renforcement du pouvoir du Parlement européen.
péen, qui ne doit pas être réduit
à une chambre d’enregistrement.
Jacques Rupnik, professeur de
sciences politiques à SciencesPo et au Collège d’Europe,
regrette que la voix de l’Union
européenne à l’étranger n’arrive
pas à être entendue en raison
de la lutte de légitimité entre le
président de la Commission et le
président du Conseil, et propose
alors une fusion des deux en une
seule entité. Il rappelle également que chaque élargissement
fut historiquement accompagné
d’un approfondissement, allant à
l’encontre de l’idée d’une incompatibilité entre les deux. Michel
Barnier, commissaire européen au
Marché intérieur et aux Services,
parle quant à lui d’un véritable
président de l’Union européenne.
Une manière de parachever une
fuite en avant fédérale.
LE DÉSAMOUR DES CITOYENS
Interrogée sur les raisons du désamour des Européens vis-à-vis
de l’Europe, Eva Joly répond qu’un effort pédagogique est
nécessaire : croire que l’Europe est responsable de la crise
actuelle serait ignorer que les politiques ultralibérales qui
dominent actuellement l’Europe sont à l’origine de l’austérité.
Il faudrait, dit-elle, redonner confiance au « peuple d’Europe »
et l’impliquer davantage dans les enjeux européens. Franziska
Brantner, députée européenne allemande, propose, elle, de créer
un droit d’ingérence citoyen dans les affaires européennes.
Le feuilleton grec loin d’être terminé
Le succès de la restructuration de la dette a rempli d’aise les dirigeants de l’UE mais les problèmes demeurent.
HENRI
LACOUR,
27 ans.
E
n évitant la faillite de justesse, la Grèce offre un bol
d’air aux… dirigeants européens. Quatre-vingt-quatre
pour cent de ses créanciers privés
ont accepté d’effacer 105 milliards
d’euros de l’ardoise d’Athènes sur
une dette totale de 360 milliards
vendredi 9 au matin. « La page de
la crise financière est en train de
se tourner », a fanfaronné aussitôt
Nicolas Sarkozy. Pour le président
du Conseil européen, Herman Von
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
Rompuy, « nous allons vers une mer
plus calme ».
En fait le feuilleton est bien loin
d’être terminé. Même dans l’immédiat
puisque l’Association internationale
chargée de gérer swaps et produits
dérivés (International Swaps and Derivatives Association, Isda) a autorisé,
samedi, les créanciers à déclencher leur
Credit Default Swaps (CDS), ces titres
très spéculatifs censés les assurer contre
un défaut de paiement. Les capitales
européennes ont pourtant tout fait
pour éviter que la restructuration de
la dette grecque soit considérée comme
un « événement de crédit ». Peine perdue semble-t-il, et le déclenchement
des CDS pourrait coûter des milliards
d’euros au secteur financier.
La restructuration de la dette auprès des créanciers privés d’Athènes
autorise un déblocage de 130 milliards
d’euros de la part de l’UE dont une
première enveloppe de 35,5 milliards
a été dégagée hier. Ceci moyennant
un nouveau plan d’austérité drastique. Ce qui ne va rien arranger sur
le front macroéconomique. La situation grecque demeure marquée par
un niveau d’endettement restant très
élevé et surtout une récession marquée
(7,5 % au dernier trimestre 2011 en
rythme annuel). Dans ces conditions,
on voit mal comment l’objectif de la
troïka des bailleurs de fonds (UE,
BCE, FMI) de ramener le niveau
d’endettement à 120 % du PIB d’ici
à 2020 pourrait être réellement atteint.
À moins de vendre les entreprises du
pays à un rythme effréné et de compresser, si c’est encore possible, les
derniers pans du service public grec.
Comme pour rajouter une nouvelle
fois de l’huile sur le feu, l’agence de
notation financière Moody’s a indiqué vendredi qu’elle considérait que
la Grèce avait fait défaut sur sa dette,
et elle a maintenu la note C qu’elle attribue à un pays dans cette situation.
Voilà qui conduit les observateurs sans
doute les plus avisés à estimer que, dans
les trois années à venir, Athènes pourrait avoir encore besoin d’un chèque de
50 milliards d’euros pour être « crédible
sur les marchés financiers ».
Aux élections législatives anticipées
du 29 avril prochain, les sondages anticipent une forte poussée en faveur de
la gauche radicale qui, réunie, pourrait
dépasser les 40 % de vote. Le Parti socialiste (Pasok) a enregistré, lui, samedi,
la démission de son leader historique,
Georges Papandréou.
19 C’est le nombre minimal de Palestiniens tués depuis vendredi, selon
un chiffre officiel. Soit le plus lourd bilan depuis l’attaque de Gaza en 2008-2009.
Dangereuse escalade
israélienne à Gaza
POINTS
CHAUDS
Fukushima, un an après
Depuis vendredi après-midi, la bande de Gaza est sous le feu de bombardements israéliens qui ont fait plusieurs dizaines de morts et de blessés.
GUILLAUME DEMARQUAY,
21 ans.
JULES RONDEAU,
T
out est parti, vendredi, des « éliminations
ciblées » de deux
cadres des comités de
résistance populaire de Gaza.
Tel-Aviv leur reprochait l’organisation d’attaques dans le sud
d’Israël, le 8 août 2011, ce que
les CRP avaient démenti. Israël
les accusait également de préparer de nouvelles initiatives, sans
en apporter la moindre preuve.
Ces exécutions sommaires en
territoire palestinien ont déclenché la colère des Gazaouis. En
représailles, plusieurs dizaines
de roquettes ont été tirées vers
le territoire d’Israël. Les États
occidentaux renvoient les deux
parties dos à dos. Samedi, le
Quai d’Orsay condamnait
« les tirs de roquettes et les
conséquences humanitaires
de ces violences » et appelait
« instamment à un retour au
STR/AFP Photo
21 ans.
Dimanche dernier, deux civils dont un enfant de douze ans ont
été victimes des frappes aériennes israélienne.
« 60 à 75 % des
victimes (mortes
et blessées)
étaient des civils. »
calme », sans toutefois préciser
que les hostilités avaient été déclenchées par Israël.
L’Association France-Palestine Solidarité parle de peines
de mort extrajudiciaires pratiquées régulièrement par Israël
contre des Palestiniens, « en
toute impunité ». Les victimes
ne semblent pas toutes être des
« activistes », comme l’annon-
çaient dans un premier temps
les communiqués de l’armée
israélienne. Dimanche, deux
civils, dont un garçon de douze
ans, ont été victimes des frappes
aériennes. Contacté par téléphone, Ziad Medoukh, responsable du département français
à l’université Al-Aqsa, nous a
indiqué que « 60 à 75 % des
victimes (mortes et blessées)
étaient des civils » et que ce
bilan humain s’accompagnait
de dommages matériels très
lourds, « des destructions massives d’immeubles et d’infrastructures civiles ». La ville subit
17
effectivement de nombreuses
coupures d’électricité. Au-delà
des prétextes antiterroristes
toujours avancés mais jamais
démontrés, ces raids militaires
traduisent la fébrilité de l’État
israélien, un peu plus isolé
sur la scène internationale et
contesté par ses citoyens. Pour
Ziad Medoukh, « Israël essaye
de provoquer les factions palestiniennes et veut montrer que,
malgré le printemps arabe,
l’armée peut encore tuer et
bombarder qui elle veut ». Samedi, la Ligue arabe dénonçait
une « dangereuse escalade ».
Celle-ci vise sans aucun doute
à déstabiliser les efforts de réconciliation interpalestinienne.
Julien Salingue, doctorant à
l’université Paris-VIII, estime
ainsi qu’« Israël a tout intérêt
à pousser à la radicalisation
du Hamas pour empêcher les
efforts de réconciliation avec
le Fatah ».
Les Japonais ont marqué hier le premier anniversaire
du séisme et du tsunami qui ont provoqué la mort
de près de 20 000 personnes et engendré
à Fukushima le plus grand accident nucléaire
depuis celui de Tchernobyl, en 1986. Dans les régions
dévastées par le pire désastre enduré par le Japon
depuis la guerre, les survivants ont allumé des milliers
de bougies à la mémoire des victimes. Les efforts
dans les zones irradiées se poursuivent lentement,
alors que 326 000 personnes sont toujours
sans habitation.
Espagne : appel à la grève générale
le 29 mars
Les deux principaux syndicats espagnols (Ccoo
et UGT) ont lancé un appel à la grève générale
pour le 29 mars, exprimant leur rejet
de ce qu’ils appellent « la réforme la plus
régressive de l’histoire de la démocratie ». Cette
attaque du gouvernement de Mariano Rajoy
remet en cause les accords collectifs de branche
qui favorisent les licenciements et réduisent
considérablement les indemnités de départ dans
un pays qui connaît un taux de chômage de 23 %.
Le centre gauche emporte les
élections législatives en Slovaquie
Le parti social-démocrate Smer-SD a recueilli
44,41 % des voix lors des élections législatives
de samedi, obtenant ainsi 83 sièges sur 150
au Parlement. La formation, qui présente
un programme proeuropéen, remporte pour la première
fois dans l’histoire du pays la majorité absolue.
Ces élections anticipées font suite à la mise
en minorité, en octobre dernier, par le Parlement,
du cabinet de centre droit, au pouvoir depuis 2010.
Notre nouveau hors-série
+ DVD
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Florence Cassez,arrêtée pour enlèvement en 2005 et condamnée
à soixante ans d’emprisonnement,pourrait être libérée prochainement.
JULIE BERTHO,
19 ans.
JULIE DURAND,
21 ans.
MATHIEU GRAND,
25 ans
S
uivant une procédure
engagée par la Cour
suprême mexicaine, le
juge rapporteur Arturo
Zaldivar vient de proposer la
libération absolue et immédiate
de Florence Cassez. La décision
finale sera rendue le 21 mars.
Comme le souligne Georges
Couffignal, professeur de
sciences politiques à IHEAL
– Paris-III –, « c’est une décision
qui met en cause la politique du
président Calderon ». Le candidat à la présidentielle du Parti
révolutionnaire institutionnel
(PRI), formation historique,
Enrique Nieto, se place en opposition à l’actuel chef d’État issu
du Parti action nationale (PAN),
d’inspiration néolibérale. Pour
lui, la proposition de sentence
avancée par le juge fait valoir le
droit d’une personne « supposée
victime du non-respect de ses
droits », remettant ainsi en cause
la procédure viciée dont a fait
l’objet Cassez.
Dans un pays où six juges sur
dix sont achetés par les narcotra-
fiquants, la lutte contre les cartels
de la drogue est un enjeu primordial de l’élection présidentielle
de juillet prochain. Ce sont les
choix politiques sécuritaires qui
sont ici remis en question. Depuis
2006, le président Calderon s’est
lancé dans une « guerre » contre
le narcotrafic, aidé par les ÉtatsUnis à travers le plan Merida
provoquant une militarisation
du conflit. L’administration
américaine a fourni le financement et les armes nécessaires au
gouvernement mexicain pour
mener sa « campagne » contre les
cartels. Pourtant, cette lutte se révèle inefficace. Et les souffrances
des populations s’intensifient: les
violences liées au trafic de drogue
ont causé la mort de 45000 personnes entre 2006 et 2011…
10 euros
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Le Mexique face
à ses choix sécuritaires
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19 MARS 1962
LA FIN D’UNE SALE GUERRE
Reportages, entretiens, témoignages
sur un demi-siècle d’une histoire
encore incandescente.
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L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
18
Sports
sport spectacle ne doit pas prendre le dessus
«surLel’aspect
éducatif du sport. » D L
,
,
F
POLITIQUE
ENIS
ANGLOIS ENTRAÎNEUR
ET EX MARCHEUR OLYMPIQUE SOUTIEN DU RONT DE GAUCHE DU SPORT.
À gauche,
on joue
collectif…
Insuffler un nouvel élan dans le sport, c’est l’ambition du
Front de gauche,qui tenait un forum à ce sujet,samedi,à Ivry-surSeine (Val-de-Marne). Passage en revue du projet présidentiel.
19, 21 et 21 ans.
I
l paraît que notre
programme sportif
est le plus avancé
par rapport aux
autres candidats,
mais je n’y suis pour rien ! »,
reconnaissait Jean-Luc Mélenchon, samedi, à Ivry-sur-Seine.
Invité à clore le Forum national
du Front de gauche destiné au
monde du sport, le candidat à
la présidentielle, qui se définit
comme le « prototype de l’intello », a salué le « véritable travail collectif » dont fait preuve
son équipe de campagne. Une
réflexion a été engagée autour
de cinq thèmes avec des personnalités politiques, comme
l’ex-ministre des Sports (PCF)
Marie-George Buffet et Éric
Coquerel, secrétaire général
du Parti de gauche. Mais aussi
avec des sportifs pros, des professeurs d’éducation physique
ou des dirigeants de club, dont
Lydia Martins-Viana, qui préside la Fédération sportive et
gymnique du travail (FSGT).
«
Un budget ambitieux
Les discussions ont rappelé l’importance des fonds
publics pour soutenir la pra-
Au service du public
Renforcer l’accessibilité et la
diversité des pratiques sportives
pour tous, voilà la conclusion
du groupe de travail consacré
au « service public du sport ».
Au centre des préoccupations :
la place de l’État et des services
publics dans la sphère sportive.
Notamment à travers la gestion
des installations sportives (voir
encadré).
Le sport scolaire
Aujourd’hui, les professeurs des écoles prennent
eux-mêmes en charge l’enseignement sportif, une tâche à
laquelle ils s’estiment insuffisamment initiés. Le Front
de gauche propose un renforcement de leur formation et
une collaboration accrue avec
des professionnels. Quant au
secondaire et à l’université, le
recrutement de 2000 professeurs d’EPS est revendiqué.
Éducation et bénévolat
Alors que le manque d’infrastructures et de personnel
À « FONDS » LES STADES…
Dans son programme, le Front de gauche insiste également sur sa
volonté d’abolir les partenariats public-privé (PPP), type de financement
privilégié pour l’Euro 2016 de football en France. La solution? Créer
un fonds national afin de soutenir les collectivités pour la rénovation
et la réalisation d’infrastructures, en adéquation avec les besoins de
la population. Autre proposition: mettre fin au nommage, mode de
sponsoring permettant à une entreprise de baptiser un stade à son nom.
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
multiplie les barrières sociales,
beaucoup militent pour un sport
de proximité opposé au consumérisme et pour une vie associative au-delà de la performance.
Pour y remédier, des mesures
fortes sont proposées : la mise
en place d’un plan national de
soutien aux clubs, la valorisation
du bénévolat et une présence
féminine à développer.
Un sport égalitaire
Une proposition a recueilli
l’approbation appuyée de tous
les participants : si le Front de
gauche arrive au pouvoir, les
sportifs français ne seront autorisés à intégrer leurs équipes
nationales que si leur domicile
fiscal se situe en France. Un salaire maximal serait aussi instauré. Ces mesures ne seront efficaces que si elles sont appliquées
à l’échelle communautaire. Une
idée à creuser d’ici les élections
européennes de 2014 ?
Patrick Nussbaum
JULIEN BÉTANT,
MARINE MARCK
ET ADRIEN
MARET,
tique sportive. Le Front de
gauche entend ainsi porter les
sommes consacrées au sport à
1 % du budget de l’État. Sous
Nicolas Sarkozy, ce pourcentage n’a jamais dépassé la
barre des 0,2 %… Pour faire
mieux, Éric Coquerel précise
les moyens d’y parvenir : « Si
l’on accroît la taxe Buffet sur
les retransmissions télévisées
et qu’on prélève 1 % sur les
bénéfices des équipementiers,
nous pourrions augmenter le
budget de moitié. »
Jean-Luc Mélenchon, samedi, invité à clore le Forum national du Front de gauche destiné au monde
du sport. « Il paraît que notre programme sportif est le plus avancé par rapport aux autres candidats ».
« Le sport, une question politique! »
L’ex-ministre des Sports Marie-George Buffet réaffirme la nécessité d’assainir les finances
du monde sportif. Et prône une plus grande démocratie dans les instances sportives.
JULIEN BÉTANT, ADRIEN MARET
ET MARINE MARCK, 19, 21 et 21 ANS.
ENTRETIEN
Vous appelez à la définanciarisation
du sport, qu’entendez-vous par là ?
MARIE-GEORGE BUFFET. Avec la loi
actuelle, les clubs professionnels
deviennent des sociétés anonymes de
droit commun, et certains groupes
financiers possèdent des actions dans
plusieurs d’entre eux. Comme dans
la santé, la finance s’est emparée
du sport professionnel pour faire
du profit. Il faut revenir à des règles
strictes. La loi-cadre de 2000 limitait
les dérives, mais tout a été détricoté
par la droite. Le premier travail
d’une majorité de gauche sera de
rédiger une nouvelle loi-cadre. Le
financement du ministère des Sports
lui-même pose problème. L’argent
issu des paris sportifs est aujourd’hui
majoritaire dans son budget.
Sur ce point, le manque de démocratie
dans les instances sportives est-il
en cause ?
MARIE-GEORGE BUFFET. Les sportifs
ne sont pas associés aux décisions
prises par leurs fédérations en
matière d’orientation sportive et de
choix prioritaires. Un grand débat
à l’intérieur des fédérations est
nécessaire, et il faudrait revenir à
un licencié égale une voix. Le sport
est un droit, il est indispensable que
ses acteurs aient leur mot à dire. La
mobilisation ne se fera que par les
licenciés eux-mêmes. Cessons d’avoir
une vision du sport comme celle de
l’armée, la Grande Muette, où on
ne fait pas de politique et où on n’a
d’avis sur rien.
La revalorisation du budget des sports
est-elle réellement possible ?
MARIE-GEORGE BUFFET. Le sport
aujourd’hui, c’est 0,15 % du budget
de l’État. Passer à 1 %, c’est une
nécessité ! La gauche doit se donner
les moyens de répondre aux besoins
populaires en matière de sport.
Allons chercher les moyens pour
financer les investissements publics
grâce à une réforme fiscale, une
relance de l’emploi et l’instauration
d’un pôle financier du crédit
soutenant les investissements sportifs
des collectivités.
11
Face à la France, samedi prochain, les Gallois, invaincus, viseront
le onzième grand chelem de leur histoire dans le tournoi des Six-Nations.
19
Le XV de France vient de dépasser les Bleus du football lors des
dernières mesures d’Audimat.Désintérêt profond pour le ballon rond
ou véritable amour du rugby ? Décryptage après France-Angleterre.
THÉOTIME PELLÉ,
19 ans.
L
e rugby est-il en train
de détrôner le football dans le cœur des
Français ? Depuis
plusieurs années, le ballon
ovale connaît une progression en terme d’audience,
professionnalisation oblige,
mais restait derrière le ballon
rond jusqu’il y a peu. Mais,
le 4 mars dernier, le match
du tournoi des Six-Nations,
France-Irlande (6,7 millions
de téléspectateurs avec un pic
à 8 millions lors des dernières
minutes), a devancé à l’Audimat la rencontre amicale de
football entre l’Allemagne,
vice-championne d’Europe,
et les Bleus (6,5 millions), du
29 février. Assiste-t-on à une
passion nouvelle pour le jeu
à la main où à la désaffection
du grand public pour le ballon
rond depuis le fiasco du Mondial 2010 ? Un peu des deux,
certainement… Ce n’est pas
la première fois que le rugby
affiche des audiences record.
Lors de la dernière Coupe
du monde, le XV de France
attirait 9 millions de téléspectateurs en moyenne et surtout
15,4 millions (part d’audience
de 84 %) pour la finale FranceNouvelle-Zélande. L’équipe
de France n’est pas la seule à
susciter un tel engouement,
puisque les autres rencontres
du tournoi des Six-Nations ont
gagné 600 000 téléspectateurs
en moyenne (soit 2,7 millions
contre 2,1 millions). Il y a fort
à parier que le choc entre le XV
de France et l’Angleterre (lire
notre encadré), hier, au Stade
de France, a accru encore cette
différence. À entendre ses
supporters présents à SaintDenis, cet accroissement de la
popularité du rugby n’a rien
d’anormal ou d’éphémère.
Pour Clément, vingt-deux ans,
de Mont-de-Marsan (Landes),
il y a certes « un effet Coupe du
monde au regard du parcours
des Bleus, mais cela devrait
s’inscrire dans la durée ». Pour
Patrick et Jean-Luc, qui sont
venus assister au « crunch »
afin de fêter leur cinquantième
Franck Fife/AFP
Face au football,
le rugby joue
à gagne-terrain…
Les Bleus concèdent leur première défaite du tournoi, la première sous l’ère Philippe Saint-André.
anniversaire, cette popularité
est avant tout due au fait que
« l’ambiance est bien meilleure
qu’au foot, où c’est chacun
pour soi ».
Contrairement au foot, où
il n’est plus ce qu’il était, l’esprit du rugby n’a pas changé.
On peut tout à fait assister à
un match en famille, ce qui
donne un côté convivial à
l’événement. Flora, accompagnée de trois amis, est plus
crue dans son discours envers
les footballeurs, qu’elle estime « tellement nuls et payés
à faire des galipettes sur le
terrain ! »
Renaud Lavillenie sur une orbite
dorée avant les JO de Londres
Mathieu, venu de Gap
(Hautes-Alpes) du haut de ses
quarante années d’expérience
rugbystique, nous explique que
« le rugby a gardé son esprit
d’antan, et ce, malgré le professionnalisme. Il est toujours fondé sur le respect entre joueurs
mais aussi entre supporters,
avec lesquels on peut se retrouver pour la 3e mi-temps ». Pour
beaucoup, le rugby est donc en
train de s’ancrer dans le paysage sportif français, reste à savoir si le fameux « effet Coupe
du monde » durera jusqu’à la
prochaine édition, en 2015, en
Angleterre…
LES BLEUS BATTUS
Les Français se sont inclinés
face aux Anglais (22-24), hier
au Stade de France. Un dernier
drop raté de François Trinh-Duc
n’y a rien changé. Dans les autres
rencontres de cette 4e journée du
tournoi des Six-Nations, l’Irlande
a battu l’Écosse (32 -14). Le Pays
de Galles, quant à lui, a dominé
l’Italie (24-3) et tentera de
décrocher son 11e grand chelem
au Millennium Stadium de Cardiff
contre le XV de France, samedi
prochain.
Marseille s’enfonce
dans la panade
L’OM ne gagne plus depuis quatre
De retour de blessure, le perchiste français a décroché le titre de champion du monde rencontres. Le début d’une nouvelle crise ?
tième position au classement.
indoor du saut à la perche, avec un saut maîtrisé à 5,95 m, samedi à Istanbul.
À cela s’ajoute le manque d’efGWENDOLINE
BLOT,
R
enaud Lavillenie
s’impose enfin dans
un championnat du
monde ! Ce weekend, c’est en Turquie, dans
l’Atakoy Arena d’Istanbul,
que le perchiste français s’est
envolé avec un saut à 5,95 m.
À vingt-cinq ans, ce petit bonhomme (1,77 m pour 69 kg)
décroche son premier titre
mondial en salle devant l’Allemand Bjorn Otto et l’Américain Brad Walker (5,80 m).
Présenté comme l’un des favoris du concours, tout n’était
pourtant pas joué d’avance.
Blessé en décembre dernier à
cause d’une perche brisée, main
gauche fracturée (sept semaines
d’arrêt), des questions survien-
Kai Pfaffenbach/Reuters
21 ans.
À cinq mois des jeux Olympiques de Londres, le perchiste
français a posé un jalon pour la médaille d’or.
nent : Lavillenie sera-t-il prêt
psychologiquement et physiquement pour les compétitions
importantes? Autant de doutes
qui se sont envolés en Turquie.
Le Clermontois a assumé son
statut de leader en gérant intelligemment son concours,
tandis que l’autre Français,
Romain Mesnil, s’arrêtait à
5,70 m (8e). À la tête d’une
délégation française restreinte
(onze athlètes seulement) avec
l’absence, notamment, de
Christophe Lemaitre (sprint)
et Teddy Tamgho (triple
saut), Lavillenie représentait
la meilleure chance de médaille. Pression sur les épaules
et forte concurrence, autant
d’éléments qui l’ont poussé à
se dépasser. Toujours présent
lors des grands championnats,
il affiche une réelle régularité
avec deux médailles de bronze
aux championnats du monde
en plein air (2009 à Berlin, 2011
à Daegu) et deux médailles d’or
aux championnats d’Europe
en salle et en plein air (2010 à
Barcelone, 2011 à Paris).
Quand d’autres athlètes craignaient la blessure à cinq mois
des jeux Olympiques, le perchiste
n’a pas fait preuve d’autant de
snobisme. « Ça fait depuis 2009
que j’attends d’être champion
du monde. Même si c’est en
salle, c’est quand même un titre
de champion du monde. Ça
fait du bien le travail qui paye. »
Félicité et admiré par le tsar du
saut à la perche, Sergueï Bubka,
le Français se concentre dorénavant sur sa saison d’été. Cette
victoire à Istanbul lui apportant
confiance, il ne se considère tout
de même pas comme l’homme
à abattre. Deux objectifs pour
Londres : l’or olympique et une
barre à 6,10 m. Tout ce qu’on
lui souhaite !
MÉLANIE PAROLA
ET ROMAIN LAMBIC,
22 et 23 ans.
L
’argent ne fait pas le
bonheur. Habitué des
joutes européennes,
l’OM, troisième budget de L1
(140 millions d’euros) connaît
une saison difficile. Après un
début de championnat catastrophique, l’OM a connu trois
mois d’invincibilité (16 matchs
toutes compétitions confondues), parvenant ainsi à recoller au peloton de tête de la L1.
Seulement, depuis la défaite
(0-1) face à Brest, fin février,
Marseille n’y arrive plus.
Toulouse, Évian, Ajaccio… le
club phocéen enchaîne quatre
défaites consécutives en L1, ce
qui n’était plus arrivé depuis
novembre 2006. Marseille se
retrouve actuellement en hui-
ficacité : les Marseillais n’ont
plus trouvé le chemin des filets
depuis quatre matchs. Cette
période creuse coïncide avec les
blessures de Rémy et Valbuena,
les deux hommes forts du club.
Malgré son retour contre Ajaccio en deuxième période, vendredi dernier, Marseille n’a pas
brillé. « Je pense qu’ils ont fait
ce qu’il fallait », analyse Didier
Deschamps. Les Marseillais
devront hausser le niveau pour
se qualifier en quarts de finale
de Ligue des champions, demain, face à l’Inter de Milan.
Vainqueurs 1-0 à l’aller, ils sont
en bonne posture. Cependant,
les Intéristes, qui subissaient
le même sort en série A, ont
su faire preuve de réalisme ce
week-end pour battre le Chievo
Verone (2-0). Un réalisme dont
devrait s’inspirer l’OM. Encore
en lice en Coupe de France et
surtout en Coupe de la Ligue
(finale face à l’OL prévue le
14 avril), les Olympiens ont encore la possibilité de relancer
leur saison.
L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
100
20 Sports
Comme le nombre de buts inscrits
par Didier Drogba pour Chelsea.
Fillofoot : « fête » place
au jeu, s’il vous plaît !
POINTS
CHAUDS
Biathlon : Fourcade encore en or
Le Catalan Martin Fourcade a décroché, hier, le titre de
champion du monde de mass-start aux Mondiaux de
biathlon disputés à Ruhpolding (Allemagne). Il avait
déjà remporté l’or du sprint et de la poursuite. Fourcade
en profite pour creuser l’écart avec son rival norvégien
Hegle Svendsen, 18e de la course, en tête du classement
général de la Coupe du monde.
« Les femmes sont l’avenir du foot », c’est Michel Platini qui l’affirme. Confirmation avec
ces féminines, qui s’affrontent une fois par mois lors du Fillofoot, un tournoi pour les 6-12 ans.
MARINE MARCK
ET AMAËL FRANÇOIS,
21 et 23 ans.
R
ecord battu ! Elles
étaient 108 footballeuses sur la pelouse
du stade Didot (14e
arrondissement de Paris), hier.
Seize équipes venues du dépar-
tement des Hauts-de-Seine ont
participé au tournoi Fillofoot,
sous les yeux d’une centaine de
parents et d’accompagnateurs.
Licenciées ou non, membres
de clubs féminins ou d’équipes
mixtes, les joueuses s’affrontent « pour de rire ». Ici, on ne
compte pas les points.
L’objectif de Fillofoot, créé
il y a huit ans, est ailleurs : « Inciter les clubs à entrer dans une
logique fédérale, permettre
aux joueuses de se rencontrer
et ainsi, créer un effet d’aspiration vers nos associations
sportives », explique Jean-Marc
Rodolphe, conseiller technique
départemental (CTD), qui
coordonne l’événement.
Et ça marche ! Depuis
quelques années, et particulièrement depuis la belle Coupe
du monde des Bleues l’été dernier, de plus en plus de filles de
tous âges se tournent vers les
districts. « Avant, il n’y avait
pas d’actions concrètes, il n’y
avait que des effets d’annonce.
Maintenant, on valorise et on
encourage vraiment le foot
féminin ! », se félicite le CTD.
Du côté d’Issy-les-Moulineaux, on a compris dès 1997
JUVISY S’INCLINE DANS LE DUEL FRANCILIEN
Pour la première édition de la Coupe de France
féminine, qui a succédé au Challenge de France,
le choc francilien des 8es de finale entre les
filles de Juvisy, premières du championnat de
France de D1, et le PSG (4e), aura vu s’imposer
les Parisiennes après la séance des tirs aux buts
(0-0, 3 t.a.b à 4). Les deux équipes s’étaient
auparavant neutralisées au cours d’un match
très accroché. Plusieurs autres formations
de l’élite étaient aussi en lice hier : l’Olympique
Lyonnais, champion d’Europe, contre SaintRomain Sanne (DH) et Montpellier face à Rodez.
Football : fin de saison pour Govou
L’attaquant d’Évian-Thonon s’est gravement blessé
au tendon d’Achille gauche lors de la défaite
de son équipe face à Sochaux (3-2), samedi
lors de la 27e journée de Ligue 1. Il devrait être
absent pour une durée d’au moins trois mois.
l’intérêt de féminiser le sport.
Christine Aubère, responsable
du club et ancienne joueuse du
PSG, annonce même fièrement:
« Nous avons 180 licenciées,
réparties dans huit équipes, plus
l’école de foot. On participe à
tous les championnats. »
Interrogée sur la perception
du grand public devant des petites filles crampons aux pieds,
elle sourit : « Les barrières sont
en train de tomber. »
Les papas, comme Jimi,
sont d’ailleurs plutôt fiers :
« C’est vrai que dans la cour de
l’école, les garçons ne laissaient
pas jouer ma fille. Mais ici, c’est
superconvivial. »
L’ambiance plaît tellement
aux jeunes filles qu’il est impensable de rater le rendez-vous.
Quitte à réveiller les parents de
bon matin… Khalfa, la maman
de Maïssa, confirme volontiers:
« Pour ma fille, c’est le foot
d’abord, la famille ensuite ! »
Voile : une Transat très solidaire
Départ, hier, de Saint-Nazaire, de la deuxième édition de la
Solidaire du chocolat, transat en double reliant le Mexique.
Les onze monocoques engagés empruntent la route maritime
du chocolat, tout en se plaçant sous le signe de « la solidarité
et du partage ». Chaque bateau parraine une association.
COURSES HIPPIQUES
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Le bon favori: Uldiko
Le bon favori : Gomez Adams
Le repéré : Upside Down Cake L’outsider repéré: Darjani
L E S P R I N C I PA U X R É S U LTAT S D U W E E K - E N D
JASON LAMY-CHAPPUIS TRIPLE LA MISE
Samedi, à Oslo, en Norvège, le Français Jason Lamy-Chappuis a
remporté pour la troisième fois consécutive la Coupe du monde de
combiné nordique. Le champion olympique a devancé son principal
rival, le Japonais Akito Watabe. Dans cette spécialité, il est
le 3e skieur à remporter trois globes de cristal consécutivement.
Alexis Pinturault, le jeune
prodige du ski alpin français
avec ses vingt et un ans, a
obtenu samedi un quatrième
podium cette saison en Coupe
du monde de ski, prenant la
deuxième place du slalom
géant de Kranjska Gora
(Slovénie), entre l’Américain
Ted Ligety et l’Autrichien
Marcel Hirscher. Le skieur de
Courchevel devient un habitué
de ce classement. Sur ses cinq
podiums en Coupe du monde,
il est monté à quatre reprises
sur la deuxième marche.
LE CHIFFRE
27
L’invasion du Camp des
Loges de jeudi coûtera
des interdictions de stade
aux 27 supporteurs du
PSG, qui ont occupé le
centre d’entraînement
du club et manifesté leur
mécontentement face au
traitement qui leur est infligé
par la mise en place du
plan anti-violence de Robin
Leproux, censé « pacifier et
restaurer l’image du club ».
EX-PROPRIÉTAIRE DU
PARIS SG.
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
Remy Gabalda/AFP
Stéphane de Sakutin/AFP
SÉBASTIEN BAZIN,
FRANCK CAMMAS MAÎTRE À BORD CHEZ LES KIWIS
Le skipper Franck Cammas à bord de Groupama 4, a remporté
samedi la 4e étape de la Volvo Ocean Race, course autour du
monde en équipage avec escales, à Auckland (Nouvelle-Zélande).
L’ H I S T O I R E
JEANNESSON D’EXCEPTION
LA PHRASE
« IL N’Y A AUCUN TABOU. LA DÉMOLITION
DU PARC DES PRINCES EST UNE
ALTERNATIVE QUE L’ON PEUT PARFAITEMENT
ENVISAGER. DANS L’ABSOLU, C’EST
MÊME POSSIBLE, MAIS EST-CE VRAIMENT
RECOMMANDABLE ? C’EST UNE VRAIE
QUESTION QUI VA SE POSER. PAR CONTRE,
LA SEULE OPTION À LAQUELLE JE ME REFUSE TOTALEMENT
DE TRAVAILLER, C’EST UNE INSTALLATION DE L’ÉQUIPE
DU PARIS-SAINT-GERMAIN À SAINT-DENIS,
AU STADE DE FRANCE ! »
Ian Roman/Volvo Ocean Race/AP
Terje Bendiksby/Scanpix
LA PERF’
PINTURAULT
À PAS DE GÉANT
TOULOUSE REMPORTE LE « DERBY DU CASSOULET »
Lors de la 20e journée, Toulouse a remporté in extremis sa
27e victoire consécutive à domicile en Top 14, en ne laissant que
le bonus défensif à Castres (34-27).
À seulement vingt-six ans, Arnold Jeannesson, coureur cycliste
à la FDJ-BigMat, réalise un Paris-Nice plein de promesses avec
une 6e place finale. Formé au sein de l’équipe Auber93, où il
se fait remarquer en terminant sur le podium du Tour de l’avenir
2008, le Parisien enchaîne les bonnes performances chez les
professionnels. Dès son premier Tour de France, en 2011, il
parvient à se faire une place parmi les meilleurs et termine 14e
au classement général (4e Français derrière Voeckler, Rolland et
Coppel). Il arrive sur ce Paris-Nice sans objectif précis, mais avec
une envie de bien faire. Et il impressionne tout le monde lors de
la 5e étape (Onet-le-Château-Mende) en réalisant une excellente
ascension lors de la Montée Laurent-Jalabert. Ce Paris-Nice
plutôt réussi laisse présager d’autres bons résultats dans les
prochaines semaines et notamment au Critérium international.
On peut aussi penser qu’il a déjà dans un coin de la tête la
prochaine édition du Tour de France : « Je rêve de monter sur
le podium d’un grand Tour. » À suivre…
 WES ANDERSON
21
Moonrise Kingdom sera présenté
en ouverture du 65e Festival,
le 16 mai. Tourné sur une île
de Nouvelle-Angleterre, le nouveau
film du réalisateur raconte l’histoire
tourmentée et étonnante d’enfants
et d’adultes pendant des jours
de tempête à l’été 1965. Le film
sortira le même jour en salles.
Frazer Harrison/Getty Images/AFP
Culture
FESTIVAL DE CANNES
DISPARITION
Alain Jocard/AFP
Mœbius devant
une fresque tirée
de l’un ses albums,
en février 2008.
Mort de Giraud alias
Mœbius, alien de la BD
Émotion dans
le monde
de la BD et des
arts graphiques
à l’annonce
de la disparition
de l’artiste.
Sa notoriété
était mondiale.
CAMILLE
SANCHIS,
21 ans.
J
e an Giraud, plus
connu sous le nom
de Mœbius, est mort
samedi à Paris. Né en
1938 à Nogent-surMarne, il s’était fait connaître
sous le pseudonyme de Gir en
dessinant le célèbre lieutenant
Blueberry. Happé très tôt par
le monde du dessin, il y restera
fidèle sa vie durant, donnant
ses lettres de noblesse à l’art de
la bande dessiné en misant sur
une qualité exceptionnelle du
dessin au même titre qu’Hugo
Pratt ou Enki Bilal.
Il fréquentera deux ans
l’École des arts appliqués de
Paris et publiera très vite ses
premiers dessins dans divers
périodiques. Sa notoriété vient
avec Blueberry, publié pour
la première fois par le journal
Pilote en 1963. Le lieutenant,
type même de l’antihéros de
western, tranche alors avec
le conventionnel Lucky
Luke, publié par le même
hebdomadaire.
C’est en qualité de dessinateur « schizophrène » que Jean
Giraud passe des Indiens de
son enfance et du lieutenant
Blueberry à la science-fiction,
avec sa participation au magazine Métal hurlant. Gir se
dédouble alors en Mœbius,
pseudonyme sous lequel il crée
les éditions des Humanoïdes
Associés – aux côtés, entre
autres, de Philippe Druillet –,
qui devient la revue symbole
de toute une génération et
donne ses lettres de noblesse
à la bande dessinée pour
adultes. Loin des conventions
du journal Pilote de ses débuts,
la revue aux auteurs à l’esprit
novateur publie notamment
Arzach (1976), des nouvelles
dans lesquelles le dessin a déjà
une place prépondérante, les
personnages n’échangeant
aucun dialogue.
SON ŒUVRE MÊLE À LA FOIS
ONIRISME ET ÉSOTÉRISME
Mœbius acquiert très
vite une renommée dans le
monde de la science-fiction,
si bien que le 7e art se tourne
vers lui. Il collabore alors à
de nombreux décors de films
tels Alien, de Ridley Scott, ou
encore le Cinquième Élément,
de Luc Besson. Dans les années 1980, Mœbius parcourt
le monde, des États-Unis
au Japon. Il devient même
membre d’une secte zen à
Tahiti. Ses différentes expériences influenceront profondément son œuvre, qui mêle à
la fois onirisme et ésotérisme.
On retrouve ce pan mystique
dans le Monde d’Edena, cycle
débuté en 1983 et dont le titre
fait clairement référence au
jardin d’Éden. Outre ses
propres créations, il illustre
de grandes œuvres de la littérature sur des thèmes similaires, telles que l’Alchimiste,
de Paulo Coelho. L’œuvre
de Mœbius a récemment fait
l’objet d’une exposition à la
Fondation Cartier – preuve s’il
en est de l’émancipation de cet
artiste et d’une reconnaissance
de son œuvre pour sa qualité
intrinsèque –, en revenant sur
toute la profondeur du travail
du dessinateur concernant la
métamorphose. Moebius
est parti. Sûr qu’il est juché
quelque part, « sur l’étoile »,
à nous observer de son œil vif.
L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
22
c’est un champ-contrechamp, pas un type qui observe
«un Untypefilm,
; ça, c’est la télé. » T G ,
.
Culture
ONY
ATLIF CINÉASTE
Indignados,
voyage dans
une Europe
en crise
22 ans.
I
ndignados, ce sont d’abord
des images colorées, le ciel,
la route, les cris, les mots,
les champs de blé à perte
de vue, la galère, des gens sous
les ponts, des portraits de visages marqués et soucieux, une
clameur grondante…
Nous suivons Betty, immigrée clandestine qui rejoint
l’Europe pour gagner sa vie et
aider sa famille. Elle arrive en
Grèce, pays douanier de l’Europe, qui recense les clandestins en saisissant l’empreinte
de leurs dix doigts. Betty
continue vers l’Espagne, puis
la France. L’Europe qu’elle découvre n’est pas celle qu’elle
espérait trouver. C’est une
Europe abîmée, salie par les
puissants, où « il vaut mieux
être un animal qu’un être humain illégal ».
Le voyage de Betty ressemble à celui de tant d’autres
immigrés du continent africain. Sa trajectoire est le fil
conducteur qui nous emmène
à la rencontre de ces popula-
ELSA
BRAOUEZEC,
24 ans.
Q
tions européennes qui se révoltent face à un système qui
ne les prend pas en compte.
Tony Gatlif a mis en images
les mots de Stéphane Hessel,
qui apparaissent par bribes sur
les paysages et se superposent
aux campements des sans-abri,
retentissent comme un appel à
l’indignation. Le spectateur est
pris à témoin dans ce patchwork de séquences. À lui de les
Avec son film
documentaire,Tony
Gatlif nous livre le
témoignage d’une
époque de masses
en perdition.
organiser, d’entendre ce qu’il
a envie d’entendre. N’est-ce
pas l’essence même du mouvement des Indignés, où la
parole est donnée à tous et à
chacun ?
Plus qu’un film documentaire sur ce mouvement,
Tony Gatlif nous livre le témoignage d’une époque de
masses en perdition, sans
se priver d’évocations symboliques. En témoigne cette
image des oranges qui dévalent les rues de Sidi Bouzid,
Films du Losange
LOUISE
LEFAUX,
L’exposition un brin
nostalgique mais
passionnante sur
le « ventre de Paris »
connaît un vif succès.
Films du Losange
Indignados, inspiré d’Indignez-vous, de
Stéphane Hessel, et réalisé par Tony Gatlif,
est sorti en salles mercredi.Retour sur le film.
Les Halles
sous le regard
de Doisneau
Parmi les formules peintes sur les murs : « Nous ne sommes pas armés, nous sommes indignés. »
en mémoire au marchand de
fruits qui s’immolait par le
feu en Tunisie, le 17 décembre
2011. Plus loin, une canette de
soda brinquebalante, comme
étourdie, poussée par le vent,
entreprend une course rapide
dans des rues vides, tandis que
des chaussures orphelines semblent nous questionner et nous
effraient. À qui sont-elles ? Où
se trouve la deuxième ? Parmi
les formules pacifistes détonantes, peintes sur les murs et
accrochées aux échafaudages :
« Nous ne sommes pas armés,
nous sommes indignés. »
Indignados est une mise
en images de l’inquiétude
ambiante. Le film nous rappelle qu’il est en train de se
passer quelque chose : l’éveil
de tous ces oubliés. C’est-àdire ceux qui ne sont pas pris
en compte, ceux qui ne sont
pas écoutés car ils n’auraient
rien à dire. Aujourd’hui le
petit manifeste de Stéphane
Hessel continue à faire le tour
du monde, quelques Indignés
prennent la route pour éveiller
de nouvelles consciences. Le
film s’arrête sur une note d’espoir avec ces derniers mots de
Betty : « Ça ira… ça ira… ça
ira… » On l’espère aussi.
uartier incontournable au
cœur de Paris, les Halles
continuent de susciter l’intérêt des habitants de la capitale.
En témoigne l’engouement pour
l’exposition présentée à l’Hôtel de Ville, qui propose de (re)
découvrir son histoire mouvementée, depuis les années 1930
jusqu’au trou béant creusé lors
de sa destruction, dans les années 1970, à travers le regard
d’un artiste, Robert Doisneau.
Grâce à la qualité des photographies noir et blanc et de
quelques tirages en couleur, on
s’imagine se promenant dans
l’ancien marché des Halles, au
milieu des étals des bouchers,
des poissonniers ou des fleuristes. On est attristé par sa
démolition et son déplacement
à Rungis (Val-de-Marne), en
1969, laissant derrière lui un
vide qu’on mettra longtemps
à combler. Nombreux sont les
passants à venir observer le
« trou » des Halles et s’intéresser
aux projets de reconstruction.
Et comme l’histoire se répète,
à notre tour, aujourd’hui, de
découvrir le nouveau projet du
quartier, la gigantesque canopée conçue par Patrick Berger
et Jacques Anziutti. Quelques
photos des Halles actuelles sont
également présentées, car si Robert Doisneau n’est plus, huit
jeunes photographes ont suivi
ses traces et s’exposent sur les
verrières du Forum des Halles.
Studio 21 bis, dans le carton, tout est bon !
Derrière Studio 21 Bis, deux artistes, Romain Demangeon et Laurent Lacotte. Ils ont eu l’idée de redonner une vie à nos vieux cartons.
ALEXIS
TREBOIT,
18 ans.
Studio 21bis
D
Cadenas, une sculpture surprenante réalisée en février 2011.
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
e puis 2007, Romain Demangeon
et Laurent Lacotte
sillonnent les rues
de Paris mais aussi l’ensemble
du territoire en réalisant des
œuvres éphémères, ludiques,
subversives qui amusent autant qu’elles dérangent. Toutes
leurs sculptures – appelons-les
comme ça – sont en carton. Du
carton récupéré dans la ville au
hasard de leurs promenades.
Dans un premier temps, ils se
font connaître par la création
d’abris pour ceux qui n’en
ont pas, histoire de dénoncer
le nombre sans cesse croissant
de personnes qui dorment
dans la rue.
Très vite, nos deux artistes
ont expérimenté d’autres thématiques. Toutes leurs créations
les ont conduits vers des réalisations chaque fois plus gigantesques, extravagantes, drôles.
Ainsi de ce cadenas géant pour
sécuriser l’entrée d’une maison, de cette prise de courant
et de son récepteur comme
symbole pour rassembler deux
quartiers d’une même ville qui
s’ignoraient. Que penser de ces
immenses colonnes de tubes de
cartons dressées les unes contre
les autres et formant l’ondulation des ondes dans l’espace ?
C’est étrange, c’est beau, on
perd tous ses repères dans cet
espace silencieux. Que dire de
plus que cette barrière douanière
face à la mer aux reflets étranges,
sobrement intitulée Sangatte qui
dit, plus que tout, l’absurdité des
frontières humaines et revendique l’air de rien la liberté de
circuler pour tout être humain.
Et cette balançoire avec son
nœud de pendu dans ce lieu vide
faisant perdre le sens enfantin
du jeu…
Les artistes du Studio 21
bis créent des alliances avec
des établissements scolaires
afin de transmettre aux jeunes
leur savoir et leur expérience en
réalisant avec eux des projets sur
le travail des cartons. Un petit
coup d’œil sur studio21bis.org
vous permettra d’apprécier leurs
travaux.
le bonheur n’est-il que dans les gares ? »
«G Peut-être
P
,
.
EORGES
POINTS
CHAUDS
Ravi que Shankar ne soit pas mort !
Vendredi matin, plusieurs sites Internet annonçaient la
mort de Ravi Shankar… Mais pas du bon ! Le disparu
est en effet Ravi Shankar Sharma, compositeur de
musiques de films bollywoodiens. Quant au légendaire
joueur de sitar, âgé de quatre-vingt-douze ans, il a dû être
surpris d’avoir lu sa propre nécrologie dans l’avion qui le
ramenait aux États-Unis, où il se rendait pour un concert.
La drôle de vie de Calamity
Jane, héroïne du Far West
Clémentine Célarié et Yvan Le Bolloc’h jouent dans Calamity Jane, au Théâtre de Paris,
jusqu’au 25 mars. Une pièce drôle et émouvante qu’on vous conseille vivement !
Les lucioles aussi aiment le rock
The Missing Fireflies (Les lucioles s’aiment peutêtre encore). Le 4 février est sorti le nouveau CD
d’un des groupes majeurs de rock progressif italien,
Locanda delle Fate. Ce nouvel opus, conçu comme
la continuation logique de l’album mythique, Forse
le lucciole non si amano più (Peut-être que les
lucioles ne s’aiment plus), en 1977, inclut quatre
nouveaux enregistrements en studio inédits et trois
bonus comprenant les extraits d’un live enregistrés
au théâtre Alfieri, d’Asti, peu avant la dissolution
du groupe, à la fin des années 1970. Désormais
réunifiés, les musiciens de Locanda delle Fate nous
offrent ici une prestation musicale d’une grande
qualité, réalisée, pour la partie en studio, avec des
instruments d’époque, ce qui rend les sonorités
presque identiques à celles de leur album de
1977. Les extraits en live restituent l’atmosphère
des concerts de l’âge d’or du rock progressif.
Locanda delle Fate, The Missing Fireflies… Altrock
Productions, 2012, CD disponible sur www.altrock.it
23
EREC ÉCRIVAIN
MARIE-ALVINA
TOUCHET,
17 ans.
C
alamity Jane… Ce
nom, on le connaît
tous. Il reste profondément associé à
la légende du Far West, à la
conquête, aux grands espaces,
aux cow-boys, aux Indiens…
Beaucoup de mystère et d’in-
certitudes autour du personnage de Calamity Jane, l’une
des rares héroïnes féminines
de cette histoire. On ne sait
pas très bien sa date de naissance : 1850, 1852 ou 1856. En
revanche, tout le monde est à
peu près d’accord sur celle de
sa mort : le 1er août 1903.
Calamity est une jeune
femme qui ne s’accommode
pas de la vie rangée de bonne
épouse, de bonne mère à laquelle elle était destinée. Elle
aime monter à cheval, les
grands espaces, elle n’a pas
peur de se servir d’une arme à
feu et, par-dessus tout, elle aime
la liberté. Calamity Jane est une
aventurière, une nomade, une
amoureuse, une battante, bref,
une légende. Pour être libre,
elle se déguise en homme,
seule solution peut-être pour
qu’on lui fiche la paix. Ce qui
ne l’empêchera pas de se marier
deux fois et d’avoir une fille, à
qui elle écrira de 1877 jusqu’à
sa mort, à travers un journal
intime qui restitue l’époque,
Après son succès outre-Manche, Ed Sheeran, jeune
Anglais de vingt et un ans, sort son premier album, +,
en France. Après quelques passages remarqués sur
les plateaux agités du Grand Journal ou de Taratata, ce
jeune éphèbe semble voler vers le succès. Les jeunes
Françaises l’ont déjà adopté et poussent de grands cris
d’admiration sur son passage. On aime entendre les
histoires pleines d’authenticité de l’auteur-compositeur
accompagné de sa guitare acoustique. Ed peut faire
preuve d’humour en racontant son aventure dans
l’industrie musicale (You need me, I don’t need you) ou
être plus sérieux et touchant en traitant des difficultés
rencontrées par une jeune sans-abri (The a Team). De
même, il nous transporte entre mélodies folks et rythmes
plus proches du hip-hop. Un album riche en émotions !
Pascal Gely/CDDS Enguerand
La nouvelle révélation britannique
débarque au pays des grenouilles
Célarié incarne une Calamity Jane amoureuse du justicier soliataire Wild Bill Hickok (Le Bolloc’h).
une certaine vérité des faits.
« Ma chérie, ainsi débute son
récit, ceci n’est pas censé être un
journal, et il se peut même que
ça ne te parvienne jamais, mais
j’aime penser à toi en train de
le lire, page après page, un jour
dans les années à venir, après
que je serai partie. J’aimerais
t’entendre rire en regardant
ces photos de moi. Je suis
seule dans ma cabane ce soir
et fatiguée. »
Clémentine Célarié incarne Calamity Jane aux côtés
d’Yvan Le Bolloc’h. Tous deux
forment un duo remarquable.
On doit la mise en scène à
Alain Sachs, qui procède par
ellipses, laisse la part belle au
jeu des acteurs.
Pour ceux qui éprouveraient encore quelques
réticences, un bon conseil :
n’hésitez plus. Voilà une pièce
intéressante, drôle, émouvante, sans temps morts. On
est touché par le personnage
de Calamity Jane, par sa vie
agitée, dure mais assumée.
Son combat pour son indépendance nous semble toujours
d’actualité, hélas ! Calamity
Jane est une féministe avant
l’heure, une pétroleuse qui n’a
jamais eu froid aux yeux. Elle
force notre admiration. Elle
mérite notre respect.
Poésie burlesque en roue libre
CAMILLE
SANCHIS,
21 ans.
C
’est la poésie pure,
les mots, rien que
les mots ! » Voilà
brièvement résumée l’Oral et Hardi, pièce
qui se jouait l’autre soir au
Théâtre de la Commune
d’Aubervilliers dans le cadre
du quatorzième Printemps des
poètes. Un homme entre sur
scène, bégayant, nous annonçant que la représentation va
bientôt commencer… mais on
est déjà en plein dedans ! « Je
vous dem… demande de… de
laisser vos portables allumés, si
vous voul… voulez communi-
«
quer, échanger. » Et l’échange
se fait, magique. Sur des textes
de Jean-Pierre Verheggen,
Jacques Bonnaffé jongle avec
les mots, donnant vie à ceux du
poète belge comme personne,
tout en conservant une vraie
liberté d’interprétation. Dans
des tirades-marathon, il nous
montre toute l’étendue de son
art de comédien, et toute la
force de la poésie de Verheggen qui fait tomber, un à un,
les clichés sur le genre dans des
textes engagés et subversifs.
Jacques Bonnaffé descend
l’Académie (Jean d’Ormesson
en prend clairement pour son
grade, ce qui vaut un entartage
en règle au grand Jacques),
qualifiant de « cadavres » les
immortels et se plaçant résolument dans la tradition de
poètes contestataires. Bon-
naffé nous fait partager son
panthéon, de Baudelaire à
Artaud, en passant par Perec,
peut-être la référence la plus
parlante au vu des énumérations loufoques mais magiques, évoquant l’écrivain
de l’Oulipo. Dans son pat-
Dans des tiradesmarathon, il nous
montre toute
l’étendue de son art
de comédien.
chwork de morceaux choisis
dans l’œuvre de Verheggen,
auxquels s’ajoutent ses propres
personnages, Bonnaffé réussit
ainsi à la perfection l’union
entre une culture populaire et
une culture considérée, à tort,
comme élitiste.
Les mots, rien que les mots
donc, mais teintés d’un engagement certain. Dès le début,
le spectacle met les pieds dans
le plat avec une parodie de
discours d’inauguration par
un élu, plutôt ridicule et qu’il
a dénichée dans… Spirou! « La
grande poésie doit toujours
avoir l’air ridicule », scande ironiquement Jacques Bonnaffé.
La présence de Cafougnette,
personnage populaire bien du
« ch’Nord » ancré dans l’imaginaire des gens du coin, permet
à Jacques Bonnaffé de jouer sur
tous les registres, du sérieux au
comique des plus débridés.
Alors vous aussi, à l’instar
de Bonnaffé, grimpez à bord du
Rimbaud Warrior et naviguez
sur les vers de ce poète hors
norme, qui fait un bien fou au
paysage poétique francophone.
Benoîte Fanton/Wikispectacle
Au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, Jacques Bonnaffé a présenté l’Oral
et Hardi dans le cadre de la quatorzième édition du Printemps des poètes.
Jacques Bonnaffé jongle avec les mots, donnant vie à ceux
du poète belge Jean-Pierre Verheggen.
L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
24
Médias &TV
Mobilisation mondiale
contre la cybercensure
À l’heure où l’information est de plus en plus relayée par Internet,citoyens et ONG luttent
contre l’oppression et organisent une journée internationale pour la liberté d’expression.
STÉPHANIE
PETIT,
26 ans.
Fethi Belaid/AFP
Q
uelque 75 % des
Français surfent
sur le Net. Ils sont
41 millions à être
aujourd’hui équipés d’un ordinateur et d’une
connexion à Internet. Il est
temps de distribuer les bons
points… et les mauvais ! C’est
Reporters sans frontières
(RSF) – qui a pour mission,
entre autres, de veiller à la défense de la liberté d’expression
– qui s’y attelle. L’ONG, qui
dispose également d’un statut
consultatif auprès des Nations
unies, lance pour l’occasion un
appel à la mobilisation contre
la cybercensure.
Qui sont ces ennemis d’Internet ou, plus précisément,
ces opposants à la liberté
d’expression ? Et qui sont ces
citoyens, qui, à travers le
En 2011, Lina Ben Mhenni a reçu le prix de la meilleure
blogueuse décerné aux militants des droits de l’Homme.
monde, doivent déjouer les
obstacles politiques et se
confronter à leurs censeurs ?
Autant de questions qui devraient trouver leurs réponses
en fin de journée puisque RSF
dévoilera un rapport et une
carte de la cybercensure 2012.
L’association décernera également, à l’occasion de cette
édition, le troisième prix du
POINTS
CHAUDS
Facebook : de nouveau accessible
au Tadjikistan
Facebook a retrouvé ses internautes au Tadjikistan,
à la suite d’appels de différentes ONG. Le réseau
social et des sites d’information indépendants
n’étaient plus accessibles depuis le 3 mars.
L’ordre de coupure a été émis par le gouvernement
d’Emomali Rakhmonov, au pouvoir depuis 1992.
Des organisations non gouvernementales avaient
déjà pointé du doigt la pression du régime sur
les médias. Si le réseau Facebook a été rétabli,
d’autres médias indépendants ne sont toujours
pas consultables. Ainsi l’Organisation pour
la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)
s’est émue de la situation, le 7 mars, et a jugé
« ce développement inquiétant ».
Réseaux sociaux : fuites à l’élection
présidentielle
À l’heure des réseaux sociaux, les résultats
partiels de l’élection ne peuvent être dévoilés
avant la fermeture des bureaux de vote, délit
puni en France d’une amende de 75 000 euros.
Empêcher ces divulgations est quasiment
impossible, d’autant que les médias étrangers
ne sont pas soumis à cette loi. Ces informations
risquent-elles d’influencer le choix des électeurs ?
Se voulant rassurant, le directeur de l’institut
de sondage Ipsos, Brice Teinturier, affirme,
lui, que « pour qu’il puisse y avoir un véritable
effet, il faudrait un nombre colossal d’électeurs
qui se surmobilisent dans la dernière
heure en faveur d’un seul candidat ».
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
Net-citoyen. Un prix qui a vu
le jour en 2010. L’an dernier,
c’est le blog du collectif tunisien Nawaat (créé en 2004)
qui avait su séduire un jury
indépendant composé de
journalistes et de personnalités. Le blog s’était imposé
lors du printemps tunisien.
Des révolutions arabes à la
récente escalade militaire en
Syrie, l’accès à l’information
ne cesse de se raréfier. On se
souvient bien des difficultés
des militants égyptiens ou
encore tunisiens à continuer
d’utiliser les réseaux sociaux
comme moyen d’action contre
le pouvoir en place, notamment par le biais de manifestations denses et d’alertes
aux médias.
D’où l’intérêt de cette journée mondiale contre la cybercensure, particulièrement dans
une période qui voit se succéder les échéances électorales
dans le monde. Cette année,
six nominés sont en lice pour le
prix du Net-citoyen, de l’Amérique latine à l’Asie en passant
par l’Égypte ou encore la
Russie. Des citoyens qui ont
pour point commun d’avoir
tous affronté leur régime,
malgré le danger omniprésent, pour pouvoir transmettre
l’information.
Au travers de cette nouvelle
édition et de la remise de ce
prix, l’organisation « dénonce
la répression dont sont victimes de nombreux blogueurs
et cyberdissidents, ainsi que
la censure pratiquée par des
pays qui souhaitent contrôler
l’accès à l’information en ligne
de leurs concitoyens ». Une
opération dont tous les détails
figurent sur le site 12mars.rsf.
org/fr/. Depuis le 2 janvier,
RSF dénombre déjà onze journalistes tués, majoritairement
en Syrie et en Somalie.
La propagande
des va-t-en-guerre
Des chroniqueurs n’hésitent pas à étaler
leurs pulsions bellicistes dans les médias.
VIVIEN REBIÈRE,
20 ans.
A
lors qu’en Syrie le
conflit s’intensifie, des
voix se font entendre
dans les médias français pour
légitimer le principe d’une
éventuelle intervention occidentale au Proche-Orient.
Illustration : dans une chronique du Monde parue le
25 février, Caroline Fourest
affirme, en s’appuyant sur
un média inféodé au pouvoir
saoudien, Al-Arabiya, que
l’Iran aurait fourni au gouver-
nement syrien un four crématoire. Assimilant au passage la
Syrie à l’Allemagne nazie, elle
accrédite l’idée d’un « islamofascisme ». Un cas qui n’est
pas isolé. Dans son bloc-notes
du Point, publié le 1er mars,
Bernard-Henri Lévy, quant
à lui, appelle ouvertement à
une intervention militaire. « La
bataille pour la Syrie est aussi
une bataille de propagande.
Le régime l’a perdue depuis
longtemps, tant ses affirmations sont souvent grotesques,
ses mensonges patents et ses
pratiques barbares », explique
Alain Gresh dans le Monde diplomatique. Pour autant, une
intervention militaire étrangère est-elle la seule issue ?
A N A LY S E
Acta : des internautes sous
surveillance informatique
RAYMOND KARGAR,
23 ans.
14 h 30, ce samedi, sur l’esplanade de Beaubourg à
Paris. Quelque 400 militants des libertés individuelles,
numériques et d’accès à la santé s’étaient donné
rendez-vous pour attirer l’attention du public sur l’Acta
(Anti-Counterfeiting Trade Agreement, accord commercial
anti-contrefaçon)… Une maigre mobilisation au regard
de l’importance des enjeux. Négocié en secret entre
2007 et 2010, cet accord sort de l’ombre à laquelle
les gouvernements l’avaient condamné, et les lourds
problèmes qu’il soulève se retrouvent sous le feu des
projecteurs : violation de la confidentialité des internautes
via l’obligation faite aux fournisseurs d’accès à Internet
(FAI) de traquer le piratage, filtrage du Web, définition
particulièrement extensive de la contrefaçon englobant
médicaments génériques (avec de probables désastres
sanitaires dans les pays du Sud), semences, etc. Bien
que le sujet brasse large, le gros des troupes présentes
ce samedi restait constitué de militants des libertés
sur Internet, tels les fameux Anonymous, dont beaucoup
arboraient l’emblématique masque. Les intervenants
ont dénoncé pêle-mêle la disposition rendant illégale
toute tentative de briser le DRM d’une œuvre numérique,
« menottes informatiques » empêchant par exemple
la numérisation d’un CD, même acheté légalement
(on ne possède plus ce que l’on achète !), les embûches
tendues aux développeurs de logiciels libres (logiciels
gratuits se substituant aux produits très onéreux
de certains ogres du numérique), « dont énormément
ne se connaissent que par le Web », le contexte
général de limitation des droits des internautes au
prétexte de la lutte contre le piratage avec la loi Hadopi…
Non loin, une banderole rappelle que, avec l’obligation
faite aux FAI de surveiller les activités de leurs clients,
« le facteur lira votre courrier ». Autant de raisons
de rejoindre les rangs de la mobilisation, d’autant
que celle-ci porte ses fruits, de nombreux pays
ayant déjà retiré ou suspendu leur signature,
comme la Pologne, l’Allemagne, la République
tchèque ou l’Autriche. Mais pas la France, où la
mobilisation reste en grande partie cantonnée
aux militants des libertés sur Internet. Malgré une
« ouverture », laissant « le micro à ceux qui voudraient
parler d’autres problèmes : le générique, les brevets… »,
les interventions se suivent, qui, dans leur grande
majorité, prennent pour objet... les libertés numériques.
Voir notre reportage sur humanite.fr
Fondateur : Jean Jaurès. Directeur :
Patrick Le Hyaric. Société anonyme
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Société nouvelle du journal l’Humanité
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Impression : POP (La Courneuve),
Mop (Vitrolles), Nancy-Print, Ouest Print.
Numéro ISSN : 0242-6870.
Dépôt légal : date de parution.
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Tirage du jeudi 8 mars 2012 :
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LES AUTRES TÉLÉS...
LES PROGRAMMES TÉLÉ DU LUNDI
TF1
F2
F3
CANAL+
F5-ARTE
M6
13.00 Journal 13.45 Météo
13.55 Les feux de l’amour14.55
Une coupable idéale 16.35 B rothers & Sisters 17.25 Quatre
mariages pour une lune de miel
18.20 Une famille en or 19.05
Money Drop20.00 Journal20.40
Après le 20h, c’est Canteloup
13.50 Consomag 14.00 Toute
une histoire 15.15 Comment ça
va bien !16.15 Le jour où tout a
basculé 17.10 Seriez-vous un
bon expert ? 17.55 On n’demande qu’à en rire18.55 N’oubliez pas les paroles 19.45
Météo 220.00 Journal
13.30 Edition de l’outre-mer
13.45 En course sur France 3
14.05 Inspecteur Derrick 15.00
Division criminelle 16.40 Slam
17.25 Des chiffres et des lettres
18.10 Questions pour un champion 19.00 Le 19/20 20.00 Tout
le sport20.10 Plus belle la vie
12.20 La nouvelle édition14.00
Sans identité. Thriller 15.50
National Geographic 16.40
L’assaut. Thriller 18.15 Les
Simpson 18.45 Le JT 19.10 Le
grand journal 20.05 Le petit
journal 20.30 Le grand journal,
la suite
14.35 Allô, docteurs ! 15.05
L’Amérique à vélo 15.35 Prédateurs de la préhistoire 16.35
Philippines, la piste jeepney
17.30 C à dire ?! 17.45 C dans
l’air
19.00 Ibériquement vôtre19.45
Arte journal20.05 28 minutes
11.50 Desperate Housewives
12.45 Le 12.4513.00 Scènes de
ménages13.40 Alexandra : disparue 16.15 P è re malgré lui
17.40 Un dîner presque parfait
18.45 100% Mag 19.45 Le
19.45 20.05 Scènes de ménages
EMISSION POLITIQUE
SÉRIE
DIVERTISSEMENT
MAGAZINE
FILM
TÉLÉRÉALITÉ
 C DANS L’AIR
Magazine présenté par Laurent Bazin.
FRANCE 5, 22 H 20.
L’actualité est particulièrement
dense, de quoi fournir de la
matière au magazine d’infos.
 DÉMINEURS
Film de Kathryn Bigelow,
avec Jeremy Renner.
CANAL PLUS, 22 H 35.
 LA GUERRE DE L’OR NOIR
Film documentaire de Joachim
et Dieter Schroeder.
HISTOIRE, 20 H 35.
 TETRO
20.35
Incroyables
expériences
20.55
Spécial
investigation
Série de Kevin Bray (USA, 2009).
Avec Kathryn Morris, Danny Pino,
Danièle Watts. Saison 7. Entre
les lignes. L’équipe revient sur le
meurt re d’une adolescente,
assassinée en 1991. 21.30 Sur
la route. Saison 5. 22.10 Les
petits mots. Saison 1.
Présenté par Nathalie Simon et
Jamy Gourmaud. Nathalie
Simon et Jamy Gourmand se
lancent dans de nouvelles expériences sportives et gastronomiques.
22.35
Esprits criminels
22.55
Mots croisés
Série. Avec Joe Mantegna, Thomas Gibson. Saison 6. Indigne
de confiance. 23.20 20 ans
après... Saison 1. 0.05 Coupables victimes. Saison 1.
Débat. Yves Calvi propose aux
téléspectateurs un magazine
politique où les grands sujets de
société font l’objet d’un débat
e n t re invités venus d’horizons
divers.
23.10
Une histoire du terrorisme
1.10 Au Field de la nuit2.05 Voitures de tourisme : Championnat du monde FIA WTCC.
0.15 J o u rnal de la nuit 0.30
Symphonie n° 9 de Mahler.
LA MÉTÉO DU JOUR
7/17
STRASBOURG
PAR CHÈQUE :
5/13
 un an postal 455 €
TOURS
BORDEAUX
4/16
22.35
Chercheurs de soleil
23.40
Un dîner presque parfait
Film de guerre de Kathryn Bigelow (USA, 2008). 1h45. Avec
Jeremy Renner, Anthony Mackie,
Brian Geraghty.
Mélodrame de Konrad Wolf (All,
1958). 1h50. Avec Ulrike Germer. En 1949, en Allemagne,
une femme condamnée pour
prostitution part travailler dans
une mine : elle est courtisée par
le contremaître, un ancien SS.
Jeu. Périgueux. Cinq habitants
de la ville de Périgueux, en Dordogne, s’invitent à tour de rôle
pour un repas convivial. Chaque
convive attribue une note pour
l’ambiance, une pour la décoration et une pour le repas servi.
0.30 Mutinerie2.00 Metropolis
2.30 M6 Music / Les nuits de M6
0.40 Mensomadaire 1.10 Le
mytho, Just Go With It. Comédie
3.05 Mes parents sont homosexuels4.10 Canal NBA
 6 mois postal 230 €  un an au portage 495 €
PAR PRÉLÈVEMENT MENSUEL :
LYON
 abonnement postal 29 €
 abonnement au portage 34 €
Tarif spécial : chômeur, étudiant et moins de 26 ans (justificatif obligatoire)  postal 21 €
5/18
PAR CHÈQUE :
70 km/h
5/19
 un an postal 350 €
TOULOUSE
5/14
MARSEILLE
BASTIA
4/18
5/21
6/18
TEMPS PREVU LUNDI 12 MARS
DEMAIN. Matin généreusement ensoleillé après la dissipation de
rares brouillards en fond de vallée. Sec et ensoleillé l’après-midi.
Ambiance printanière au programme. Soirée calme et sèche.
PIF
22.35
Démineurs
e ABONNEMENT À L’HUMANITÉ QUOTIDIENNE, DU LUNDI AU SAMEDI
6/16
CLERMONT
FERRAND
BIARRITZ
Présenté par Stéphane Rotenberg. Episode 7. Lors de
l’épreuve «coup de feu» de
cette septième semaine, les
sept candidats toujours en lice
doivent sublimer un produit du
Sud : le chorizo. Trois spécialistes basques sont présents pour
les juger.
 abonnement postal 38 €
 abonnement au portage 41 €
Tarif spécial : chômeur, étudiant et moins de 26 ans (justificatif obligatoire)  postal 27 €
PARIS
7/14
NANTES
Film de guerre de Gillo Pontecorvo (Ita/Alg, 1965). 2h00. Avec
Brahim Haggiag, Jean Martin,
Yacef Saadi, Samia Kerbash. En
octobre 1957, un militant du FLN
sur le point de se faire arrêter se
remémore son combat contre
l’occupation française, engagé
depuis trois ans.
PAR PRÉLÈVEMENT MENSUEL :
BREST
6/15
0.10 Les Conti 1.05 Chabada
2.00 Soir 32.25 Plus belle la vie
2.50 Spéciale Claude François
Présenté par Stéphane Haumant.Catastrophesnucléaires :
histoires secrètes. Après Tchernobyl en 1986 et Three Mile
Island, aux Etats-Unis, en 1979,
Fukushima est la troisième centrale nucléaire qui échappe au
contrôle de ses concepteurs.
e ABONNEMENT COUPLÉ L’HUMANITÉ QUOTIDIENNE, DU LUNDI AU VENDREDI,
AVEC LE MAGAZINE L’HUMANITÉ DIMANCHE, CHAQUE JEUDI
4/12
5/13
Documentaire de Michaël Prazan (Fr, 2011). 50mn.Acte 2 : les
années de poudre (19701989).
20.50
Top chef
ABONNEMENTS
LILLE
CHERBOURG
22.40 Soir 3
20.35
La bataille d’Alger
 6 mois postal 180 €  un an au portage 410 €
Nom................................................................................ Prénom.................................................................
Adresse..........................................................................................................................................................
Code postal............................... Localité......................................................................................................
Téléphone....................................... Adresse e-mail......................................................................................
Joindre obligatoirement un RIB ou le règlement à ce bon et retourner le tout à :
l’Humanité, « service aux abonnés », B.P. 580, 60732 Sainte-Geneviève.
D’APRÈS C. ARNAL
CINÉ PLUS CLUB, 17 HEURES.
 LE DISCOURS D’UN ROI
Film de Tom Hooper, avec Colin Firth,
Helena Bonham Carther,
Geoffrey Rush.
CANAL PLUS CINÉMA, 20 H 45.
 LES COMBATTANTS
DE L’OMBRE
Film documentaire
de Bernard George.
TOUTE L’HISTOIRE, 15 H 20.
 DONNIE BRASCO
Film de Mike Newell, avec Al Pacino,
Johnny Depp, Michael Madsen.
RTL9, 20 H 40.
 LA BATAILLE D’ALGER
Film de Gillo Pontecorvo
avec Brahim Haggiag.
ARTE, 20 H 35.
MOTS CROISÉS
N°20 874 PAR MARTIAL DUBOIS
HORIZONTALEMENT
VERTICALEMENT
1. Qui dénote un très bon état physique. 2. Passent très près. Un écrivain
américain. 3. Un polyèdre à vingt faces.
4. Remplis une obligation vis à vis d'un
État. Authentiques. 5. Plante purgative.
Poids parfois lourds à porter. 6. Avons
le courage. Ordinateur. 7. Sucerai avec
délectation. 8. Un pianiste français.
Souvent provoqué par une forte fièvre.
9. Mèche rebelle de cheveux. Convergeait. 10. Insecte acarien, parasite des
oiseaux. Patrie de Zénon.
I II III IV V
1
I. Trembler légèrement. II. Liées. Une
bonne pomme. III. Ville du Chili. Régurgitation spasmodique d'air chez
le cheval. IV. Éprouve vivement. V. La
mémoire du cinéma. Drap fin et uni.
VI. Évalua le volume d'une coupe de
bois. Semblable. VII. Vignette utilisée en typographie. VIII. Plus tard.
Unité monétaire du Yémen. IX. Chanson populaire. Met en jeu. X. Ferrure.
Même de renommée mondiale, elle
peut être anonyme.
VI VII VIII IX X
2
3
4
5
6
7
8
9
1O
SOLUTION DES MOTS CROISÉS
VERTICALEMENT. I. Frissonner. II. Lacées. Api. III. Osorno. Tic. IV. Ressent.
V. I.N.A. Sedan. VI. Stéra. Tel. VII. Dentelle. VIII. Après. Rial. IX. Noël. Parie.
X. Té. Société.
Présenté par Laurence Ferrari.
Invité : Nicolas Sarkozy.Nicolas
Sarkozy. Pour son quatrième
rendez-vous politique en prime
time, Laurence Ferrari reçoit et
interroge Nicolas Sarkozy. Dans
un premier temps, Nicolas Sarkozy répond aux questions de
quatorze Français.
20.35
Cold Case, affaires
classées
HORIZONTALEMENT. 1. Florissant.
2. Rasent. Poe. 3. Icosaèdre. 4. Sers.
Réels. 5. Séné. Ans. 6. Osons. P.C.
7. Téterai. 8. Nat. Délire. 9. Épi.
Allait. 10. Ricin. Élée.
20.50
Parole de candidat
Film de Francis Ford Coppola,
avec Vincent Gallo.
L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
26
TRIBUNES & IDÉES

QUEL DIAGNOSTIC PORTER SUR L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR EN FRANCE, APRÈS LES RÉFORMES ?
Quand apprendre n’est plus une
fin mais un moyen pour le marché
LUDOVIC BERTON,
21 ans.
D
epuis son entrée en campagne,
il semblerait – pour notre plus
grand malheur – que le président
candidat fasse de la question de
l’éducation une de ses grandes priorités,
en demandant, par exemple, davantage de
présence aux enseignants dans les structures
scolaires ou en prônant une généralisation
de l’autonomie des établissements d’enseignement supérieur. Soyons clairs, lorsque
Nicolas Sarkozy et ses quelques prosélytes
prêchent leur petit catéchisme en litanie,
ils ont raison sur un point : l’éducation, en
particulier l’enseignement supérieur, est une
priorité.
Pourtant, si l’enjeu est capital, il est malheureusement victime de la plus funeste ignorance. La série des « réformes courageuses »
n’a été en définitive qu’une multitude de
coups lâches et meurtriers portés à ce qui
a fait la grandeur de l’esprit universitaire
français, car en inoculant le bacille du « marché », cette maladie du sang, à la source de
l’intelligence, le gouvernement a confondu
deux entités qui observent, en réalité, une
radicale différence de nature. La conséquence
directe de cette mésalliance est qu’en France,
l’enseignement supérieur a perdu ce qui était

son but et les moyens de l’atteindre. Que
l’éducation, l’intelligence supérieure de l’esprit soit le but pour soi, selon l’intuition fondamentale de l’humanisme de la Renaissance
qui veut que l’homme soit l’artiste de luimême, cela on l’a oublié (ce qui est navrant
compte tenu de la névrose identitaire qui
est l’apanage du gouvernement au pouvoir)
au profit de l’obsession du chiffre, qui nuit
à la recherche. Bien sûr, on nous répondra
qu’il y avait urgence, nécessité à entamer les
« réformes » et, par conséquent, qu’il fallait
un « courage » inouï pour les accomplir. En
réalité, ce mauvais syllogisme confond la
cause et la conséquence : le « courage » n’est
aucunement au principe des « courageuses
réformes », mais, bien au contraire, ces dernières ne sont que la triste conséquence d’une
stratégie utilitariste, d’économie politique qui
découle des exigences propres au paradigme
libéral en place. Bref, il y a deux morales
qui s’entrechoquent et entraînent, mécaniquement, deux politiques opposées : celles
des esclaves du marché, qui confond les lois
humaines avec les lois de la nature, et celle
des esprits libres, qui pensent que le propre
de l’homme est précisément de pouvoir briser
les plus rigoureux déterminismes. C’est, en
somme, ce qui distingue l’intelligence de
l’instinct, et l’homme de l’animal.
Or, ces dernières années, nos universités, à leur corps défendant, sous le coup de
l’idole financière, deviennent progressivement les serres propices à un dressage brutal
et contraint d’une masse de bêtes de somme,
exploitables à souhait, dont la contamination
par la morale des esclaves et l’idéologie dominante entraînent la cécité sur ses propres
conditions matérielles d’existence. Tout devient « normal » et, le chiffre étant normatif,
il détruit sous sa règle universelle ce qui fait
la singularité irréductible de chaque individu, en faisant de ce dernier une « réalité »
statistique, sans corps ni âme.
L’université promise, c’est celle des animaux du troupeau, de l’instinct grégaire et,
progressivement, dans les limites étroites
du marché et de la spécialisation ? Ce qui a
fait la force et le mérite de l’université, c’est,
selon le mot du philosophe Bergson, dans
un discours de circonstance le 3 août 1882,
qu’elle « se préoccupe simplement d’élever
l’esprit en le fortifiant ». On l’aura compris, la soumission de l’université aux lois
économiques est un nihilisme qui retire à
la vie ce qui en fait la grandeur et le prix.
Sans doute, pour paraphraser l’essayiste
« Ce que nous voulons garder à l’université, ce sont
des professeurs, des esprits supérieurs et nobles, qui enseignent
avec patience, dans la parole et le silence. »
simultanément, de la spécialisation à outrance, dans la mesure où le nouvel impératif
catégorique semble être « l’insertion » dans
le « marché ». Entendons-nous bien : si, bien
sûr, il est toujours heureux d’obtenir un emploi, la mission de l’université est d’abord et
avant tout de former les esprits. Autrement
dit, l’université est une fin en soi, et non un
moyen au service d’une règle qui, par nature,
est différente d’elle.
Ce que nous voulons garder à l’université,
ce sont des professeurs, des esprits supérieurs et nobles, qui enseignent avec patience,
dans la parole et le silence, loin de cette hâte
généralisée qui sied si bien aux malappris.
L’université est aussi vaste que la vérité dont
elle est l’expression. Comment admettre
que l’intelligence se rétrécisse et s’atrophie,
Renaud Camus, sommes-nous entrés, en
France, dans une phase de grande dés-intellectualisation. Ce que nous aimons est en
passe de disparaître. L’horizon se ferme. Il y
a sur nous la chape d’un triste jour d’hiver.
Un jour viendra où il nous sera impossible
de reconnaître ce qui a fait la grandeur de
notre culture intellectuelle, dans la mesure
où ce qu’il nous reste d’intelligence risque
d’être aspiré dans l’opéra grandiose de l’exploitation financière.
Mais ne désespérons pas. Gardons notre
sérieux et notre hauteur. Il reste certaines
forces formidables, sauvages et originelles,
des forces nouvelles, profondes et nobles,
tout à fait impitoyables et radicales. Il suffit
de tendre l’oreille : j’entends le bruit et la
fureur, le tumulte et le fracas…
À QUOI ASPIRE LA JEUNESSE ALGÉRIENNE, CINQUANTE ANS APRÈS L’INDÉPENDANCE ?
Le droit de se construire un avenir
SARAH CHELAL,
22 ans,
stagiaire à l’association
Citoyen des rues international.
C
inquante ans après l’indépendance
de l’Algérie, quelle est la situation
de la jeunesse et ses perspectives
d’avenir ?
Au printemps 1962, un espoir naissait
pour l’ensemble de la population algérienne.
Les combattants pour une Algérie libre
voyaient dans l’indépendance un meilleur
avenir pour leurs enfants. Mais l’espoir d’un
État fort, autonome, où la jeunesse aurait
toute sa place ne semble pas avoir porté ses
fruits. Un bilan sur les déceptions et les espoirs de cette jeunesse s’impose.
Rappelons qu’en 2012, un Algérien sur
deux a moins de vingt ans et que le taux
de fécondité est de 2,3 enfants par femme.
La jeunesse apparaît donc comme un enjeu
pour l’Algérie.
L’ H U M A N I T É . L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2
D’ailleurs, depuis son indépendance,
l’Algérie a investi d’importantes ressources
afin de garantir à l’ensemble de la population un accès équitable à la scolarisation,
aux soins et à la protection sociale. Mais
aujourd’hui encore, la jeunesse algérienne
rencontre de nombreuses difficultés. 25 %
des jeunes sont au chômage (chiffre de la
Banque mondiale, 2010). Ces jeunes ont
besoin d’exprimer leurs frustrations, leur
sentiment de ne pas être écoutés mais aussi
leurs inquiétudes. La situation de cette jeunesse devient préoccupante entre chômage
et errance. Une grande partie se tourne vers
le secteur informel. Ils bricolent, vendent
des cigarettes de contrefaçon à la sauvette.
La jeunesse algérienne est désemparée et ne
voit comme seule perspective d’avenir que
l’immigration vers l’Europe. En effet, un
grand nombre de ces jeunes tentent de quitter
le pays afin d’échapper à un horizon d’avenir
bien pauvre. La France reste pour eux un
eldorado, ces jeunes brûlent leurs papiers
afin de ne pas être renvoyés en Algérie, on les
appelle les harragas (« brûleurs » en arabe).
Au chômage vient s’ajouter l’ennui. En
Algérie, les lieux de socialisation sont presque
inexistants. Selon une étude de l’Unicef réalisée en 2010, la jeunesse algérienne pâtit d’un
manque d’opportunité de participation à la
vie politique et citoyenne, d’accès aux loisirs
et aux infrastructures fondamentales pour la
santé ou l’éducation. Dans ce contexte, les
micro-émeutes et les immolations de jeunes
deviennent de véritables faits sociaux, toutes
les opportunités sont utilisées pour revendiquer des droits.
Par ailleurs, une autre problématique est à
prendre en compte sur la situation des jeunes
en Algérie. Ce sont les enfants des rues. Le
phénomène des enfants des rues en Algérie a pris une ampleur considérable depuis
quelques années. Dans les plus grandes villes
d’Algérie, comme Alger, Oran ou encore
Annaba, il n’est pas surprenant de voir des
enfants âgés d’à peine cinq ans vivre dans les
rues. Selon une enquête réalisée en 2006 par
la Fondation nationale de promotion de la
santé et du développement de la recherche
(Forem), les enfants des rues seraient plus
de 20 000 à travers le pays et leur nombre ne
cesse d’augmenter. L’Observatoire des droits
de l’enfant révèle que 61 % de ces jeunes
vivent de la mendicité, 15 % de vol et 2 %
de la prostitution. Les raisons de mise à la
rue de ces enfants sont nombreuses : conflits
familiaux, précarité ou encore maltraitance.
La pauvreté et la violence qui caractérisent l’existence de milliers de jeunes Algériens résultent des lacunes des politiques
de l’État algérien dans la protection de
l’enfance et de l’adolescence. Malgré tout,
cette jeunesse continue à rêver… Mais à
quoi rêve-t-elle ?
Elle ne rêve à rien d’autre que pouvoir
répondre à ses besoins les plus élémentaires :
se loger, travailler, manger à sa faim, pouvoir
se divertir et surtout se construire un avenir.
Et les plus jeunes espèrent enfin pouvoir
étudier et ne plus être obligés de travailler
pour subvenir aux besoins de leur famille.
La jeunesse algérienne ne veut pas
d’une société imposée, elle désire pouvoir
être actrice de sa vie, de son avenir, et ainsi
construire SA propre société.
parce que nous aurons besoin de toute votre intelligence. »
«A Instruisez-vous,
G
, ’O
, 1919.
NTONIO

RAMSCI L
UTILISER LE SALAIRE POUR DÉPASSER LE CAPITALISME ?
La cotisation sociale,
arme contre le capital
THÉOPHILE ROUALLAND,
26 ans
ENTRETIEN
B
ernard Friot, vous êtes chercheur
et animateur du Réseau Salariat,
vous venez de publier l’Enjeu
du salaire (Éditions La dispute).
Contre une tradition qui voudrait
l’abolition du salariat, vous en
revendiquez au contraire l’extension ?
BERNARD FRIOT. Oui, mais il faut voir ici le
salariat comme l’ensemble des institutions
qui se sont créées autour du conflit sur
le salaire et en particulier autour de la
cotisation sociale et de la qualification.
En ce sens, le salariat est un mode d’organisation de la société susceptible de se
substituer au capitalisme, de remplacer
(par la cotisation sociale et la qualification) à la fois le marché du travail et
la propriété lucrative. La cotisation est
un enjeu fondamental. D’une part, elle
subvertit les institutions que l’impôt légitime. Si on taxe le capital pour financer la
Sécu, réduire les profits financiers revient à
réduire les rentrées de la Sécurité sociale,
alors que la cotisation sociale ponctionne
directement le profit et s’ajoute au
salaire. D’autre part, la cotisation permet
de fonder la citoyenneté non pas sur les
ressources, mais sur la reconnaissance
d’une qualification, d’une capacité à produire de la valeur économique.
Dans cette perspective que pensez-vous
du débat sur la TVA sociale ?

BERNARD FRIOT. Remplacer la cotisation
par de la TVA ne serait pas difficile à
combattre, car la TVA est un impôt antiredistributif. Mais c’est la bagarre contre
la CSG qu’il faut mener et réfléchir à l’opposition qu’il y a entre cotisation et impôt.
Je propose de remplacer l’impôt par la
cotisation : on supprime l’impôt moyennant une hausse de la cotisation sociale
jusqu’à 100 % de la valeur ajoutée, qui se
répartirait entre salaire et investissement.
Les salaires directs seraient donc payés
par une caisse de cotisation et soustraits
au pouvoir de l’employeur.
« Je propose de remplacer
l’impôt par la cotisation :
on supprime l’impôt
moyennant une hausse de
la cotisation sociale jusqu’à
100 % de la valeur ajoutée. »
Mais est-ce que ça ne risque pas de faire
fuir les fameux investisseurs ?
BERNARD FRIOT. Il faut qu’ils s’en aillent, il
faudra d’ailleurs les chasser, car ils ne voudront pas partir. Ils n’existent que par la
ponction qu’ils opèrent sur notre travail.
On veut nous faire croire que l’accumulation financière accumule de la valeur, alors
que le rendement d’une action n’est fondé
que sur le travail. Ce dogme s’accompagne
d’un recul idéologique, si bien que lorsque
Sarkozy propose la taxation des revenus
financiers, la seule chose que Hollande
lui oppose c’est la taxation à 75 % des
revenus supérieurs à 1 million d’euros.
La réforme fiscale semble avoir remplacé
la revendication de l’appropriation
des moyens de production…
BERNARD FRIOT. Oui, et c’est dramatique.
C’est pour cela que l’une des difficultés
fondamentales est que nous ne savons pas
lire la cotisation sociale et la qualification
dans ce qu’elles ont de subversif.
Quel est cet aspect révolutionnaire
de la qualification ?
BERNARD FRIOT. Dans la fonction publique,
par exemple, avec le grade, le salaire est
attaché non à un poste de travail, mais à
la qualification d’une personne. Instituer
un salaire à vie dépendant de la qualification est une façon de sortir du marché
du travail. Ce statut dans la fonction
publique doit donc être étendu à tous
dans la société.
Si tout le monde est assuré d’un salaire
à vie, qui acceptera de faire encore
les travaux pénibles ?
BERNARD FRIOT. D’abord, ceux qui ne sont
pas nécessaires, on les supprimera, les
autres, soit on les mécanisera, soit on
créera un service civique. À partir du moment où l’économie ce n’est plus « ils »
mais « nous », nous devenons les maîtres
de la valeur et nous pouvons assumer les
tâches que nous ne faisions que sous le
joug de la contrainte.
Depuis les années 1980, malgré
les résistances, nous subissons, réforme
après réforme, des reculs sociaux…
BERNARD FRIOT. La posture de résistance,
c’est toujours une façon de ne pas être révolutionnaire. À cette posture, j’oppose
une posture révolutionnaire qui s’appuie
sur des éléments du réel : la cotisation
sociale est déjà expérimentée à grande
échelle et c’est dans sa généralisation
que l’on peut envisager la sortie du
capitalisme.
COMMENT LE SYNDICALISME PERMET-IL DE RÉSISTER ?
Appel à la jeunesse : s’indigner
ne suffit pas, syndiquez-vous !
ALIX DOS SANTOS,
22 ans.
S
e syndiquer est la meilleure façon
de faire valoir ses droits, de porter
son exigence au sein d’une entreprise. C’est la meilleure façon de
résister au patronat tout-puissant, de ne
pas être considéré comme une machine
et de rappeler au patron que derrière les
profits, il y a des êtres humains. Même s’il
existe une discrimination syndicale, il faut
se rappeler qu’en descendant les marches
de l’escalier, nous risquons aussi de tomber.
Trop de personnes croient que le syndicat
décide à leur place, ce qui est faux, car
ce sont les syndiqués qui font le syndicat
et qui décident de leurs revendications
communes.
Les jeunes ont de bonnes raisons de
se syndiquer ! Ils ont démontré pendant
la bataille du CPE qu’ils pouvaient se
battre pour leurs conditions de salariés
et la défense de leurs conditions de vie et
de travail, c’est pour cela qu’il faut être
optimiste.
Il existe une discrimination envers la
jeunesse de notre pays, il suffit de regarder
le taux de chômage des jeunes ! Encore une
bonne raison de se battre pour faire une loi
qui obligerait les entreprises à embaucher
les jeunes. Et aussi le préapprentissage non
rémunéré, qui constitue une sorte d’esclavage de l’apprenti. (Tout travail mérite
salaire, c’est une question de principe !)
27
RDINE NUOVO
Donc, les jeunes ont tout à gagner à
se syndiquer.
Nous sommes la relève !
Nos anciens se sont battus, ont résisté
(parfois au prix du sang) et ont obtenu
les plus grands acquis sociaux de notre
histoire. Aujourd’hui, le capital tente de
tout reprendre.
Nous devons prendre exemple sur
nos aînés du courage dont ils ont fait
preuve et des risques qu’ils ont pris pour
arracher ces acquis au capital. La crise
actuelle est celle du capitalisme, nous
n’en sommes pas responsables, nous ne
voulons pas payer leur crise, et c’est en
continuant le combat de nos aînés que
nous conserverons et surtout étendrons
nos droits sociaux et serons dignes de
nos aînés.
L’ETHNOLOGIE,
UNE SCIENCE DU PRÉSENT ?

De l’apport de
l’anthropologie
dans les conflits
VINCENT LAVENU,
25 ans.
E
n Afghanistan mais également au Yémen, les
tensions sont toujours très vives malgré une situation politique plus ou moins stable. Les conflits
intercommunautaires se multiplient, mais derrière ces combats acharnés, se cache la volonté de chaque
communauté de revendiquer son territoire afin qu’il ne
soit plus bafoué. Mais comment appréhender l’étude de
ces phénomènes ?
L’ethnologie et l’anthropologie sont des sciences qui
étudient les visions du monde des divers groupes humains. Par le biais de catégories anthropologiques telles
que la notion de parenté, la religion, l’art ou la politique,
nous pouvons comprendre comment tel ou tel peuple fait
société. Toute culture repose sur un socle de traditions,
cependant la tradition ne doit pas être vue comme un
agrégat de mœurs et de valeurs fixes. Celle-ci change et se
remodèle au fil de l’histoire. Ainsi, l’ethnologie apporte
tout son savoir dans la compréhension de ces conflits en
insistant sur le rôle des structures tribales et claniques sur
l’échiquier politique de ces différents pays. Prenons pour
exemple l’Afghanistan. Depuis 2003, un gouvernement
« L’ethnologie nous apprend par exemple
que le tribalisme n’est pas un concept
qui entre en contradiction avec
la création d’un État-nation. »
intermédiaire présidé par Hamid Karzaï tente d’unifier
les diverses tribus présentes dans le pays, en vain. Nous
constatons que la tribu majoritaire géographiquement et
démographiquement, c’est celle des Pachtouns, or, le président Hamid Karzaï est issu du groupe lignager Durrani
popalzaï. Du fait de leur importance, les Pachtouns ne se
reconnaissent donc pas dans ce nouveau gouvernement
intermédiaire et souhaiteraient tenir une place prépondérante dans la gestion de l’État.
L’ethnologie nous apprend également que le tribalisme
n’est pas un concept qui entre en contradiction avec la
création d’un État-nation, en témoigne la situation politique yéménite. Après trente-trois ans de règne sur le
Yémen, le président Ali Abdallah Saleh cède sa place.
Cette transition ne se sera pas effectuée sans heurts. Il y
eut un fort mouvement contestataire étudiant dans les
villes de Sanaa, Taëz et Aden. Le pouvoir de Saleh fut
ébranlé lorsque le chef de la confédération tribale des
Hached exigea le départ du président. Les différentes tribus
yéménites se sont alors ralliées à la cause révolutionnaire,
invoquant plus d’égalité et souhaitant la création d’un
État-nation. Cela prouve que les tribus peuvent cohabiter
au sein même d’un État-nation à partir du moment où
l’on reconnaît leur lignage et leurs propriétés foncières.
L’ethnologie nous montre qu’il est indispensable de se
pencher sur l’étude de ces sociétés tribales afin de mieux
comprendre leur fonctionnement et de respecter la vision
qu’elles se font de leur territoire.
La science anthropologique n’est pas l’apanage de
l’étude de sociétés passées. Comme nous avons pu le
constater à travers nos deux exemples, l’ethnologie est au
cœur des débats actuels. Il serait bon que les politiques de
par le monde se penchent sur le regard ethnologique afin
d’éviter l’ethnocentrisme, et surtout qu’ils humanisent
leurs rapports face aux autres peuples. L’ethnologie ayant
pour vocation de faire dialoguer les cultures, prenons
alors le temps de nous pencher sur ce qu’elle nous révèle.
L U N D I 1 2 M A R S 2 0 1 2 . L’ H U M A N I T É
Des jeunes chez Jaurès
Les jeunes correspondants de Libres Échanges ont été aux manettes de votre quotidien, ce weekend, expérience unique en Europe et qui trouve toute l’année des prolongements dans nos pages.
RAYMOND KARGAR,
23 ans,
LOLA BENGHIAT,
17 ans,
GUILLAUME SOYEUX,
16 ans,
MARIUS CAILLOL,
19 ANS.
U
ne centaine de jeunes debout un samedi matin, un tour de force pour
l’Humanité. Certains se sont levés
avant l’aube pour arriver à 8 h 30 devant les bureaux dionysiens du journal. Dehors,
on déguste déjà son café-clope, les langues endormies se délient peu à peu. On apprend à se
connaître : « D’où viens-tu ? Que fais-tu ? » Les
premières interrogations fusent sur la journée à
venir. « Vous savez si la bouffe est bonne ici ? »
Chacun est convié à entrer dans la salle
de réunion, l’attention est à son comble. Les
Les textes des Points Chauds (brèves) ont été réalisés par
Hélène Allain (21 ans), Lucas Baudry (19 ans), Julie Bertho (24 ans),
Elsa Braouezec (19 ans), Margot Cimic (21 ans), Cyrille Cressy
(19 ans), Mathieu Grand (25 ans), Julien Gares (25 ans), Romain
Lambic (23 ans), Louis Lecoq (21 ans), Mélodie Parola (22 ans),
Théotim Pellé (19 ans), Stéphanie Petit (26 ans),
Vivien Rebière (20 ans), Paolo Stuppia (27 ans).
membres de la rédaction sont présentés tour à
tour. Lorsque la responsable « de la politique
de droite et du tapage sur Sarkozy » apparaît,
elle est vivement applaudie par l’assemblée. Les
rires éclatent, le ton de la journée est donné, la
bonne ambiance est de mise. « On va bien se
taper des barres. »
Politique, Société, Sports, Monde ou Médias, le choix de la rubrique semble cornélien,
pourtant tous semblent savoir quoi faire, où
aller. « C’est mort, je fais la politique ou je me
taille. » Direction les bureaux des rédactions,
sept étages plus haut. La foule jeune et dynamique, section Sports comprise, se rue vers
les ascenseurs, tandis que certains courageux,
les « geeks » de la section Web, tenteront les
escaliers.
Commence alors le fameux brainstorming.
À la rubrique Société, les quelques silencieux,
encore dubitatifs sur le choix de leur sujet, sont
rapidement éclipsés par les plus déterminés. « Il
faut défendre son bifteck ! » prévient le chef de
rubrique.
L’escarmouche interne pour les sujets précède la terrible bataille des pages. Lorsque la
conférence de rédaction commence, les rapporteurs se préparent. Ces derniers, représentant
leur rubrique, doivent convaincre l’ensemble
de la rédaction de l’importance de leur papier.
La photo du Forum
à La Courneuve en page 11
a été réalisée par Lucile
Casanova (19 ans) ;
les dessins des pages 8 et 14
ont été réalisés par Julien
Guttières (22 ans).
Les négociations sont âpres, mais l’entente est
rapide. « Nous, on veut que deux pages, on est
modestes. »
Sujet en main, la centaine de journalistes
d’un week-end s’en vont à leurs tâches. Les
premières pages sont brouillonnées quand les
premiers reporters se précipitent. Dans le cocon
du journal s’attellent des dizaines de passionnés,
bâtissant avec ferveur le corps de l’Humanité,
leur Humanité. Alors que tous peaufinent leur
papier, chacun a hâte de voir le fruit de son
travail.
On arrive enfin dans le « money time », le
moment fatidique des dernières retouches avant
l’envoi à la mise en pages. D’autres ont fini leur
travail et se comparent : « T’as fait combien de
signes ? Perso, 3 000 ! » « Mytho, t’en as même
pas fait 300. »
Au détour d’un couloir, on peut croiser les
membres véritables et vénérables du quotidien.
« Nous, on est la saison 7 du Libre Échange ! »
À la rubrique Politique, on débat hardiment
sur le choix des mots du titre, alors qu’un autre
regarde l’air pensif le Stade de France de la
fenêtre. Peu à peu, les bureaux de l’Humanité se
vident, l’ambiance redevient calme et studieuse,
mais reste cette sensation, cette empreinte d’une
rédaction jeune et éphémère, fière du travail
accompli.