désensibilisation et retraitement par les
Transcription
désensibilisation et retraitement par les
Le rôle de la psychothérapie EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) en médecine : traiter les symptômes psychologiques et physiques issus d'expériences de vie défavorables Francine Shapiro, PhD 1 Résumé Contexte : un grand nombre de recherches montrent que les expériences de vie défavorables contribuent à la pathologie tant psychologique que biomédicale. La psychothérapie EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) est un traitement empiriquement validé des psychotraumatismes, incluant les expériences de vie négatives couramment observées dans la pratique médicale. Les résultats thérapeutiques positifs obtenus rapidement, sans tâche à effectuer entre les séances ni description détaillée de l'événement perturbant, offrent à la communauté médicale une approche thérapeutique efficiente avec une large palette d'applications. Méthodes : tous les rapports cliniques importants et toutes les études randomisées en lien avec la psychothérapie EMDR dans le traitement des fondements expérientiels des troubles tant psychologiques que somatiques sont analysés. Sont également analysées les études récentes évaluant le composant de la psychothérapie consistant en des mouvements oculaires, dont on postule la contribution à l'amélioration rapide imputable au traitement EMDR. Résultats : vingt-quatre essais randomisés contrôlés confirment les effets positifs de la psychothérapie EMDR dans le traitement des traumatismes émotionnels et d’autres expériences de vie défavorables abordées dans la pratique clinique. Sept études parmi sur dix ont indiqué que la psychothérapie EMDR était plus rapide et/ou plus efficace que la psychothérapie cognitive comportementale centrée sur le trauma. Douze études randomisées sur le composant des mouvements oculaires ont relevé des diminutions rapides des émotions négatives et/ou de la clarté des images perturbantes, et huit autres études ont rapporté une variété d’autres effets sur la mémoire. De nombreuses autres évaluations documentent le fait que la psychothérapie EMDR soulage toutes sortes d’autres plaintes somatiques. Conclusion : la psychothérapie EMDR apporte aux médecins et aux autres cliniciens une approche efficiente permettant d’aborder les symptômes psychologiques et physiologiques issus d’expériences de vie défavorables. Les cliniciens devraient donc évaluer leurs patients pour identifier les facteurs expérientiels qui contribuent aux manifestations cliniques. 1 Francine Shapiro, PhD, est chercheuse senior émérite du Mental Research Institute, créatrice de la thérapie EMDR, directrice exécutive de l’EMDR Institute et la fondatrice des programmes d’assistance humanitaire EMDR-HAP à Hamden, au Connecticut. Courriel : [email protected]. Traduit par/translated by: Jenny Ann Rydberg, Association EMDR France Traduit et reproduit du/Translated and reprinted from The Permanente Journal, Winter 2014, 18(1), Shapiro, F., The Role of Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR) Therapy in Medicine: Addressing the Psychological and Physical Symptoms Stemming from Adverse Life Experiences, p.71-77, copyright (2014), avec la permission de/with permission from The Permanente Press. www.thepermanentejournal.org The Permanente Press n’avalise pas d’utilisation particulière de ce document. The Permanente Press n’est pas responsable du caractère complet ou exact de la traduction/The Permanente Press does not endorse any particular uses of this document. The Permanente Press is not responsible for the completeness or the accuracy of the translation. Introduction L’EMDR1 (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) est une approche psychothérapeutique empiriquement validée que le corps médical peut employer pour traiter les séquelles des psychotraumatismes et d’autres expériences de vie négatives. Sa capacité à traiter rapidement les souvenirs de ces expériences défavorables a d’importantes implications pour la communauté médicale, dans la mesure où ces souvenirs semblent constituer les fondements de toute une gamme de symptômes cliniques. Les applications cliniques de l’EMDR couvrent une vaste palette de problèmes psychologiques affectant les patients et leurs proches, mais aussi des troubles physiques induits par le stress et des symptômes médicalement inexpliqués. La capacité fréquente de l’EMDR à apporter une amélioration considérable en des laps de temps courts rend son usage pertinent face à des problèmes actuellement très importants dans la pratique médicale, comme le ratio croissant du nombre de patients par médecin et le coût des soins médicaux. Ces procédures psychothérapeutiques peuvent être utilisées par un personnel médical qualifié afin d’améliorer le confort et la fonctionnalité dans la gestion de certains des cas les plus difficiles de leur pratique quotidienne. La psychothérapie EMDR a été présentée pour la première fois en 1989 avec la publication d’un essai randomisé contrôlé (ERC)2 évaluant ses effets auprès de victimes de psychotraumatismes. La même année, les premiers ERC sur la psychothérapie cognitive comportementale centrée sur le trauma et sur la psychothérapie psychodynamique ont été publiés3,4. En 2008, un rapport de l’Institute of Medicine5 a déclaré que d’autres recherches étaient nécessaires pour déterminer l’efficacité de l’EMDR, de la psychothérapie cognitive et de la pharmacothérapie dans le traitement de l’état de stress posttraumatique (ESPT) ; la psychothérapie psychodynamique et l’hypnothérapie n’étaient pas prises en compte en raison du nombre réduit de preuves pertinentes (une étude dans chaque cas). Depuis lors, d’autres ERC sur la psychothérapie EMDR auprès de participants atteints d’ESPT ont été publiés, et cette psychothérapie est recommandée en tant que traitement efficace pour les victimes de traumatismes par de nombreuses organisations, incluant la Société américaine de psychiatrie (APA)6, le Ministère de la défense des États-Unis (Department of Defense)7 et l’Organisation mondiale de la santé8. Bien que les méta-analyses rapportent des effets de taille comparables pour la TCC et la psychothérapie EMDR9,10 et que les deux soient considérées comme « hautement efficaces dans la réduction des symptômes ESPT »10,p.225, il existe des différences significatives entre les deux traitements. Tel que noté dans les Directives pour l’évaluation et la prise en charge des affections spécifiquement liées au stress 20138 de l’Organisation mondiale de la santé, alors que les deux psychothérapies sont recommandées pour le traitement de l’ESPT chez les enfants, les adolescents et les adultes : « Comme la TCC centrée sur le trauma, la psychothérapie EMDR vise à réduire la détresse subjective et à renforcer les cognitions adaptatives liées à l’événement traumatique. Contrairement à la TCC centrée sur le trauma, l’EMDR n’implique pas a) de description détaillée de l’événement, b) de remise en question directe des croyances, c) d’exposition prolongée ou d) de tâche à réaliser entre les séances. »8 Vingt-neuf ERC ont évalué la psychothérapie EMDR en tant que traitement du trauma. En excluant 4 ERC identifiés par le groupe de travail sur les directives de pratique de la Société internationale pour les études sur les stress traumatique (International Society for Traumatic Stress Studies)11 comme ayant apporté des doses de traitement ou une fidélité insuffisantes, ou les deux, les 25 études restantes ont apporté un socle solide de connaissances. Vingt-quatre ERC soutiennent le recours à la psychothérapie EMDR auprès d’une gamme très large de populations traumatisées (voir les métaanalyses citées ci-dessus pour la liste complète de la majorité des études et critiques). Sept des dix ERC ont indiqué que la psychothérapie EMDR est plus rapide ou autrement supérieure à la TCC121219 et un seul a rapporté des effets supérieurs pour la TCC sur certaines mesures20. Ce dernier est aussi le seul ERC (sur 25) à avoir rapporté une condition contrôle supérieure à l’EMDR. Tandis que la psychothérapie EMDR comprenait seulement 8 séances standard, sans autre tâche à réaliser, le traitement TCC était largement plus complexe et impliquait 4 séances d’exposition imaginale (décrivant le trauma) et 4 séances d’exposition in vivo assistées par le thérapeute (se rendre physiquement dans un lieu perturbant) ainsi qu’environ 50 heures de tâches combinant l’exposition imaginale et l’exposition in vivo à réaliser entre les séances. La condition de la psychothérapie EMDR ne comprenait que 8 séances standards, sans autre tâche à effectuer. Est particulièrement à noter, pour la pratique clinique générale, une étude réalisée à Kaiser Permanente21,22 qui a rapporté que 100% des victimes d’un trauma unique et 77% des victimes de traumas multiples ne présentaient plus d’ESPT après une moyenne de six séances de 50 minutes de psychothérapie EMDR, démontrant une taille d’effet prétraitement versus post-traitement importante et significative ( de Cohen = 1,74). Ceci est cohérent avec deux autres ERC qui ont montré que de 84% à 90% des victimes d’un traumatisme unique ne présentaient plus d’ESPT après trois séances de 90 minutes d’EMDR23-25. Plus récemment, une étude financée par le National Institute of Mental Health a évalué les effets de 8 séances de psychothérapie EMDR en comparaison de 8 semaines de traitement par fluoxétine26. L’EMDR était supérieur pour l’amélioration des symptômes tant d’ESPT que de dépression. À la fin de la psychothérapie, le groupe EMDR a continué à s’améliorer, tandis que les participants fluoxétine qui s’étaient décrits comme asymptomatiques lors du post-test sont redevenus symptomatiques. Lors du suivi, 91% du groupe EMDR ne présentaient plus d’ESPT, par rapport à 72% du groupe fluoxétine. La psychothérapie EMDR est une approche thérapeutique en huit phases constituée de protocoles et de procédures standardisés. Les huit phases et le protocole en trois volets favorisent l’évaluation complète du tableau clinique, la préparation du patient et le traitement a) d’événements passés qui ont fait le lit de la pathologie, b) de situations perturbantes actuelles et c) de difficultés futures (Tableau 1)27. L’un des composants employés pendant les phases de retraitement est constitué de stimulations d’attention double sous la forme de mouvements oculaires, de tapotements ou de sons bilatéraux. Les mouvements oculaires ont fait l’objet d’examens minutieux et ont été remis en question il y a une dizaine d’années par une méta-analyse28 des études évaluant les effets thérapeutiques avec et sans ce composant. Toutefois, les directives publiées par l’International Society for Traumatic Stress Studies11 ont indiqué qu’aucune conclusion n’était possible car les études évaluées dans les métaanalyses comportaient des défauts rédhibitoires en raison du recours à des populations inappropriées, à des doses thérapeutiques insuffisantes et à un défaut de puissance. En revanche, depuis cette époque, vingt ERC ont indiqué des effets positifs du composant des mouvements oculaires. Douze ERC ont démontré une diminution immédiate de l’activation, des émotions négatives et/ou de la clarté de l’imagerie29,30 et les autres rapportent des effets mnésiques supplémentaires, incluant une flexibilité attentionnelle accrue31, un meilleur rappel 32 mnésique et une reconnaissance des informations vraies33. Une méta-analyse récente34 a rapporté que des résultats significatifs sont évidents à la fois dans les études cliniques, avec une taille d’effet modérée ( de Cohen = 0,41), et dans les expériences de laboratoire, avec une importante taille d’effet ( de Cohen = 0,74). Trois hypothèses dominantes concernant les mécanismes d’actions proposés de la psychothérapie EMDR ont été soutenues par la recherche35-37 et considèrent que les mouvements oculaires a) sollicitent la mémoire de travail, b) éveillent une réponse d’orientation et c) se connectent aux mêmes processus que ceux qui se produisent pendant le sommeil à mouvements oculaires rapides. Facteurs expérientiels contribuant à la pathologie La psychothérapie EMDR est guidée par le modèle du traitement adaptatif de l’information (TAI). Développé au début des années 19901, ce concept postule que, à l’exception des symptômes causés par des déficits organiques, une toxicité ou des lésions, les fondements principaux des troubles de santé mentale sont des souvenirs non retraités d’expériences de vie antérieures. Il apparaît que le niveau élevé d’activation engendré par des événements de vie perturbants les amène à être inscrits en mémoire avec les émotions, les sensations physiques et les croyances originelles. Les flashbacks, les cauchemars et les pensées intrusives de l’ESPT sont d’excellents exemples de symptômes découlant du déclenchement de ces souvenirs. Cependant, comme l’indique le modèle TAI, une large gamme d’expériences de vie défavorables peuvent également être stockées de manière dysfonctionnelle et sont à la base d’une symptomatologie variée incluant des réactions affectives, cognitives et somatiques négatives. Un retraitement suffisant des souvenirs auxquels on accède dans le protocole de la psychothérapie EMDR en trois volets apporte une résolution et un fonctionnement adaptatifs. On pense que le retraitement des expériences ciblées les transfère de la mémoire implicite et épisodique aux systèmes fonctionnement adaptatifs. On pense que le retraitement des expériences ciblées les transfère de la mémoire implicite et épisodique aux systèmes mnésiques explicites et sémantiques1,38. Les émotions, les sensations physiques et les croyances négatives éprouvées initialement sont modifiées à mesure que le souvenir ciblé est intégré à des informations plus adaptatives. Ce qui est utile est appris et enregistré avec les éléments affectifs, somatiques et cognitifs concomitants appropriés. Par conséquent, l’expérience de vie perturbante devient une source de force et de résilience39. Tableau 1. Résumé du traitement par la psychothérapie EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) en huit phases27 hase Recueil de l’histoire Objectif Obtenir des informations sur le passé et sur le contexte Déterminer si le traitement EMDR est indiqué Identifier des cibles de traitement parmi les événements de la vie du patient selon le protocole standard en trois volets Préparation Évaluation Évaluation des critères de sélection Questions et techniques pour identifier 1) les événements passés qui ont préparé le terrain de la pathologie, 2) les déclencheurs actuels et 3) les besoins futurs Préparer les patients sélectionnés au traitement EMDR des cibles Psychoéducation sur le tableau clinique des symptômes Accéder à la cible du traitement EMDR en stimulant les aspects principaux du souvenir Solliciter l’image, la croyance négative actuelle, la croyance positive désirée, l’émotion actuelle et la sensation physique ainsi que les mesures de l’état initial Désensibilisation Traiter les résolution perturbation) Installation Procédures Questionnaires d’anamnèse et tests psychométriques diagnostiques standards expériences adaptative Métaphores et techniques favorisant la stabilisation et un sentiment de contrôle personnel vers une (aucune Protocoles standardisés incorporant des mouvements oculaires (tapotements ou sons) qui permettent l’émergence spontanée de prises de conscience, d’émotions, de sensations physiques et d’autres souvenirs Augmenter les connexions avec des réseaux Renforcer la validité de la croyance positive souhaitée cognitifs positifs et en intégrer pleinement les effets dans le réseau mnésique Scanner corporel Achever le traitement de toute perturbation résiduelle associée à la cible Concentration sur et traitement de toute sensation physique résiduelle Clôture Utilisation d’imagerie guidée d’autocontrôle au besoin Réévaluation Assurer la stabilité du patient à la fin de la séance EMDR et entre les séances Assurer le maintien des résultats thérapeutiques et la stabilité du patient La recherche montre que les expériences de vie générales (par exemple, des problèmes relationnels ou des problèmes dans les études ou au travail) peuvent être source d’un plus grand nombre de symptômes de stress post-traumatique encore que les traumatismes majeurs40, ce qui confirme les principes fondamentaux du TAI qui postulent la primauté des expériences de vie dans la pathologie. Ainsi, les patients présentant de l’anxiété, de la dépression, de l’hypervigilance, des colères fréquentes, etc., devraient être évalués pour ou de techniques Consignes concernant les attentes et la description des comportements entre les séances Évaluation des effets du traitement Évaluation de l’intégration au sein d’un système social élargi identifier des expériences défavorables qui pourraient contribuer à leur dysfonctionnement actuel. Deux ERC ont démontré l’efficacité de la psychothérapie EMDR dans le traitement d’expériences de vie perturbantes qui ne répondent pas aux critères des événements traumatiques dans le diagnostic de l’ESPT24,25,41. Les deux essais ont rapporté des effets de traitement positifs en 3 séances. L’une des études, qui utilisait un échantillon mélangé24,25, a rapporté des diminutions comparables des symptômes, que le participant réponde ou non à tous les critères de l’ESPT. Les 3 séances de psychothérapie EMDR ont entraîné une réduction de 84% du diagnostic d’ESPT avec une taille d’effet prétraitement/post-traitement importante et significative ( de Cohen = 1,69). La capacité de la psychothérapie EMDR à soigner rapidement des souvenirs non retraités d’expériences de vie perturbantes comporte de multiples applications dans la pratique médicale, puisqu’on a identifié que de tels souvenirs sont à la base de toute une palette de symptômes cliniques. La recherche a révélé de vastes implications pour les traitements offerts en santé mentale. Par exemple, « Les châtiments corporels sévères [c.-à-d., pousser, empoigner, bousculer, gifler, frapper un enfant] en l’absence de maltraitance infantile [plus sévère] sont associés à des troubles de l’humeur, à des troubles anxieux, à la dépendance aux stupéfiants et à l’alcool et aux troubles de la personnalité dans un échantillon de la population générale »42p.1. Des recherches supplémentaires démontrent que « l’exposition à des événements défavorables, stressants... a été associée à des problèmes comportementaux socioémotionnels et à des déficiences cognitives »43p.270. Ces études soulignent l’importance d’évaluer attentivement les patients pour identifier les expériences de vie défavorables dans leur histoire. Dans le traitement des enfants, il est particulièrement important d’identifier les expériences interpersonnelles, comme le dysfonctionnement familial, l’intimidation et les humiliations, qui peuvent contribuer à des problèmes tels que l’anxiété, les difficultés de concentration, des accès de colère, l’inattention et les difficultés liées à l’impulsivité, qui autrement pourraient être incorrectement diagnostiquées comme un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité44,45. Un traitement par la psychothérapie EMDR peut servir à alléger les effets des facteurs contributifs expérientiels et à évaluer si des médicaments sont réellement nécessaires. Les descriptions d’insomnie, de cauchemars et de terreurs nocturnes devraient également être évaluées, car le simple retraitement de souvenirs peut améliorer la qualité du sommeil46. Bien que ces études aient grandement contribué à notre base de connaissances, la recherche la plus importante soulignant l’importance des facteurs expérientiels qui contribuent aux problèmes de santé tant physique que mentale est l’étude ACE (Adverse Childhood Experiences) sur les expériences défavorables dans l’enfance47. Cette étude a examiné plus de 17 000 adultes adhérant au programme d’assurance-maladie Kaiser Permanente et « ... a trouvé une forte relation dose-réponse entre l’envergure de l’exposition à des violences ou à un dysfonctionnement familial dans l’enfance et de multiples facteurs de risque pour plusieurs des premières causes de mortalité chez les adultes. »47p.251 Les implications pour le traitement médical et psychologique combiné se rapportent tant à la prévention qu’à la remédiation. Sur ce plan, l’utilisation de la psychothérapie EMDR pour soigner le patient et pour identifier les expériences de vie défavorables qui contribuent à ses symptômes actuels, et le retraitement de ces souvenirs vers une résolution adaptative peuvent contribuer de manière significative à une pratique clinique efficiente1,48,49. L’approche de la psychothérapie EMDR Selon le modèle TAI, les expériences actuelles sont reliées à des réseaux mnésiques déjà établis et peuvent déclencher les émotions, les sensations physiques et les croyances non traitées qui sont inhérentes aux expériences de vie défavorables stockées auparavant. De cette façon, quand le passé devient présent et que les patients réagissent de manière dysfonctionnelle, c’est parce que leur perception des situations actuelles est influencée par leurs souvenirs non retraités. La conceptualisation TAI apporte les fondements d’une évaluation complète du tableau clinique, des cibles sélectionnées pour le traitement et les procédures employées pendant le retraitement1,45,49,50. Contrairement à la TCC qui implique une attention prolongée centrée sur l’événement perturbant, les séances de retraitement EMDR favorisent un processus associatif qui révèle clairement les connexions complexes des souvenirs qui sont déclenchés par des expériences de vie actuelles. La retranscription de la séance (voir encadré en fin d’article) d’une patiente qui demandait un traitement de son ESPT après un séisme48 révèle les expériences de dysfonctionnement familial qui avaient préparé le terrain pour ses symptômes présents. L’émergence spontanée d’une prise de conscience reliant les traumatismes passés et présents est à noter, tout comme le changement rapide au niveau des affects et des réponses cognitives. Il est également intéressant de noter la reconnaissance d’émotions d’impuissance de l’enfance qui ont constitué les fondements de problèmes psychosomatiques. Une diminution aussi rapide de la détresse subjective au cours d’une même séance de psychothérapie EMDR a été rapportée dans plusieurs ERC14,51,52. Quelques séances de psychothérapie EMDR ont également pu traiter avec succès des cas de neuropathie perçue48 ainsi que des troubles dermatologiques liés au stress comme la dermatite atopique, le psoriasis, l’acné excoriée et l’urticaire généralisé.53 Un point important : tandis que les traitements du trauma en TCC comportent une à deux heures de tâches à réaliser quotidiennement pour atteindre des effets positifs, la psychothérapie EMDR n’en prescrit pas. Tel que décrit dans une étude contrôlée financée par le National Institute of Mental Health, « une implication clinique potentielle intéressante est que l’EMDR semble avoir eu des effets équivalents en général malgré une exposition moindre [au souvenir traumatique] et l’absence de tâche à réaliser entre les séances. »54p.614 Des effets thérapeutiques rapides et l’absence de tâche à réaliser entre les séances rendent la psychothérapie EMDR très accessible aux services de rééducation physique. Un ERC portant sur des patients souffrant d’ESPT après un incident cardiovasculaire potentiellement mortel a comparé huit séances de psychothérapie EMDR à la psychothérapie d’exposition imaginale (qui consiste à se concentrer sur le souvenir traumatique et à le décrire en détail de manière répétée)12. La psychothérapie EMDR a entraîné des diminutions plus importantes sur toutes les mesures post-test, indiquant une réduction rapide des symptômes traumatiques, de la dépression et de l’anxiété. Il est à noter qu’une amélioration importante au niveau du trait d’anxiété a été également rapportée et s’est maintenue par la suite. Aucune amélioration semblable n’était rapportée pour la psychothérapie d’exposition imaginale. Les auteurs ont déclaré que la psychothérapie EMDR était initialement supposée être plus « douce » et donc adaptée à cette population affaiblie parce qu’il a été montré que la « distanciation » plutôt que les reviviscences est corrélée avec les effets thérapeutiques55 et que les mouvements oculaires utilisés dans l’EMDR semblent provoquer immédiatement une activation parasympathique, entraînant un apaisement physiologique34,56,57. De plus, des ERC sur les séances initiales de traitement indiquent que la détresse subjective des patients décroît avec la psychothérapie EMDR tandis qu’elle augmente avec la psychothérapie d’exposition14,52. Les services de réadaptation peuvent profiter de la psychothérapie EMDR pour soutenir tant le patient que les membres de sa famille. L’impact traumatique de la confrontation avec une maladie potentiellement mortelle, invalidante, peut être atténué en incorporant un nombre relativement réduit de séances de traitement de souvenirs pour aborder les expériences médicales pénibles, les situations actuelles et les peurs de l’avenir. Comme le rapporte Gattinara58p.170-1 : « Le recours à cette approche dans le domaine de la maladie neuromusculaire est utile à trois niveaux : 1. Cela peut favoriser le traitement de l’événement traumatique chez le patient et chez toute la famille. 2. Cela peut rapidement rétablir un contexte interpersonnel sûr entre le soignant et son patient en réduisant le niveau d’activation élevé de celui-ci. 3. Cela peut transformer les services de santé en un réseau de soutien pour le patient et sa famille, leur offrant de l’aide pour gérer la vulnérabilité émotionnelle associée à la vulnérabilité physique, et amortissant ainsi l’impact négatif dans le cas d’un état clinique qui se détériore. » De plus, comme la psychothérapie EMDR ne nécessite pas de tâche entre les séances, elle peut être réalisée lors de journées consécutives, ce qui permet d’achever rapidement le traitement. Les implications au niveau des coûts sont évidentes. La psychothérapie EMDR peut également servir à soutenir les proches confrontés au décès d’une personne aimée. Les conséquences tant d’une invalidité prolongée que d’un décès soudain peuvent impliquer des symptômes traumatiques, avec des images intrusives perturbantes du patient en souffrance. Les membres de la famille sont souvent incapables de retrouver des souvenirs positifs du défunt, ce qui aggrave et complique encore le processus de deuil59. Tel qu’indiqué dans une étude multisites non randomisée60, la psychothérapie EMDR a réduit les symptômes de manière significativement plus rapide que la TCC sur des mesures comportementales et sur 4 des 5 mesures psychosociales. L’EMDR était plus efficient, induisant un changement plus tôt et nécessitant moins de séances (6,2 par rapport à 10,7 séances). Le rappel de souvenirs positifs de la personne décédée était aussi significativement plus important (fréquence doublée) après le traitement avec l’EMDR. Des patients souffrant de toutes sortes d’affections médicales invalidantes peuvent également profiter de la psychothérapie EMDR. Par exemple, l’utilité des services psychologiques pour les grands brûlés a été décrite, la psychothérapie EMDR étant particulièrement recommandée en raison à la fois de l’efficacité et de la brièveté du traitement61. Comme indiqué plus haut, trois à six séances suffisent généralement pour soulager les symptômes d’un trauma unique. Il convient de souligner l’élimination des symptômes d’ESPT mais aussi somatiques chez une personne victime de brûlures qui avait connu une invalidité sévère pendant près d’une décennie62. Le soulagement rapide des symptômes du patient et le retour à un fonctionnement indépendant sont cohérents avec le modèle TAI qui postule que les sentiments d’impuissance et de désespoir résultent des souvenirs non traités du trauma qui contiennent les perceptions éprouvées au moment de l’événement1,48,49. Ces résultats comportent des implications importantes pour la communauté médicale en ce que de nombreux patients atteints de douleur chronique pourraient en réalité se trouver affaiblis par des souvenirs non traités encodés avec les perceptions somatiques originelles. Ainsi que le notent Ray et Zbik63, tandis que les traitements TCC abordent la douleur chronique à travers des interventions cognitives qui peuvent réduire la détresse, la psychothérapie EMDR peut entraîner l’élimination des sensations douloureuses. Par exemple, un certain nombre de chercheurs ont décrit des résultats positifs de la psychothérapie EMDR dans le traitement de la douleur du membre fantôme. Les quatre évaluations de patients publiées à ce jour 64-67 indiquent un taux de succès total de 80% défini comme l’élimination complète ou la réduction significative des sensations douloureuses. Selon le modèle TAI, la douleur du membre fantôme est causée par le souvenir non traité de l’expérience lors de laquelle le membre a été endommagé. Ce souvenir non traité contient les sensations physiques éprouvées lors de l’événement. Le traitement EMDR du souvenir produit une modification simultanée des émotions, des sensations physiques et des croyances1,49. On pense qu’un retraitement complet provoque une altération du souvenir initialement stocké à travers un processus d’intégration et de reconsolidation1,68. Le changement au niveau du souvenir ciblé entraîne l’élimination des sensations douloureuses qui ne sont pas causées par la lésion physique d’un nerf. L’élimination et/ou la réduction réussie de la douleur à des niveaux tolérables sont rapportées après 2 à 9 séances de psychothérapie EMDR. C’est pourquoi, quand aucune neuropathie n’est observée chez des patients atteints de douleur chronique, l’exploration des résultats potentiels de quelques séances de retraitement de la mémoire sera souvent bénéfique69,70. De plus, la psychothérapie EMDR est décrite comme bénéfique dans le traitement des migraines dans un essai ouvert71 et dans un ERC72. Événements potentiels neurobiologiques concomitants Les différences dans les résultats thérapeutiques et dans les procédures, entre la psychothérapie EMDR et la TCC, indiquent peut-être des mécanismes neurobiologiques sous-jacents différents. Par exemple, les psychothérapies TCC par exposition centrées sur le trauma comportent des répétitions détaillées et prolongées de l’événement perturbant, qui sont répétées à la fois pendant et entre les séances. La recherche a montré que les expositions prolongées, telles que celles employées en TCC, entraînent l’extinction, tandis que des expositions brèves telles que celles utilisées en psychothérapie EMDR déclenchent la reconsolidation de la mémoire73. Ces différences ont des implications neurobiologiques et cliniques importantes. Ainsi que le notent Craske et ses collègues74p.6, « des travaux récents sur l’extinction et le rétablissement… suggèrent que l’extinction n’élimine ni ne remplace les associations antérieures, mais qu’elle entraîne plutôt un nouvel apprentissage qui rivalise avec les informations anciennes ». Ce mécanisme expliquerait la rechute. De plus, « l’extinction est conçue comme le développement d’une deuxième association inhibitrice, spécifique au contexte, qui, contrairement à l’acquisition de la peur, ne se généralise pas aisément à de nouveaux contextes »74p.12. Ces facteurs peuvent expliquer les différences au niveau de la durée du traitement, la psychothérapie EMDR étant décrite comme plus rapide que les TCC dans cinq ERC13-15,17-19, ainsi que les effets positifs, rapportés avec le traitement EMDR et non avec les TCC (p.ex. l’élimination de la douleur du membre fantôme, l’augmentation du rappel de souvenirs positifs du défunt). Le fait que les psychothérapies d’exposition TCC laisseraient intact le souvenir originel pourrait constituer la raison pour laquelle ces résultats bénéfiques n’ont pas été rapportés avec les TCC. De même, une étude pilote récente indique que six séances de psychothérapie EMDR avec des patients atteints de psychose et d’ESPT entraînaient également « un effet positif sur les hallucinations auditives verbales, les délires, les symptômes anxieux, les symptômes dépressifs et l’estime de soi »75p.664. Par contre, les TCC ont comme résultat la poursuite des hallucinations auditives éprouvées par le patient, mais avec une détresse moindre. Dans l’étude EMDR, la majorité des participants qui avait initialement éprouvé des hallucinations auditives a rapporté qu’elles avaient disparu. Les résultats selon lesquels « … les expériences défavorables dans l’enfance sont fortement associées à un risque accru de psychose »76p.2 suggèrent le besoin de recherches rigoureuses supplémentaires qui évalueraient les effets du retraitement de la mémoire dans cette population. Recherches futures L’étude ACE47 réalisée à Kaiser Permanente fournit une plate-forme idéale aux recherches futures pour évaluer les effets de la psychothérapie EMDR pour toute une gamme de problèmes psychologiques et physiques observés dans la pratique médicale. Parmi les affections médicales dont l’étude ACE a constaté qu’elles étaient corrélées avec l’exposition à des expériences de vie défavorables dans l’enfance se trouvent l’alcoolisme, la toxicomanie, l’obésité sévère, la dépression et les tentatives de suicide. Ces affections se prêteraient bien à des ERC rigoureux dans lesquels les protocoles intégrés de la psychothérapie EMDR, incluant le retraitement de souvenirs perturbants, seraient comparés aux soins standards actuels. Les pratiques médicales actuelles auraient tout à gagner d’un suivi immédiat et à long terme, sur au moins une année, afin d’évaluer le maintien des gains thérapeutiques. Tout aussi important est le résultat dans l’étude ACE montrant que les expériences de vie défavorables dans l’enfance entraînent une incidence accrue d’affections médicales physiquement invalidantes telles que la cardiopathie ischémique, le cancer, la pneumopathie chronique, les fractures osseuses et les maladies du foie. Des études longitudinales pour évaluer l’utilité de la psychothérapie EMDR en prévention fourniraient à la communauté médicale une opportunité importante de déterminer si le retraitement de souvenirs d’expériences défavorables peut améliorer ces effets néfastes. La politique sociale et les implications financières de telles études font apparaître leur importance dans l’apport de soins optimaux. Pour toutes les études mentionnées, il est essentiel que le personnel clinique évalue attentivement, avec une fidélité appropriée au traitement, la nature des événements perturbants du passé de leurs patients et accordent une durée adéquate au traitement afin de retraiter un nombre suffisant de souvenirs pour atteindre potentiellement un statut asymptomatique. Tel que rapporté dans l’étude ACE47, il existe une « relation graduée forte entre l’ampleur de l’exposition aux violences ou au dysfonctionnement familial au cours de l’enfance et de multiples facteurs de risque pour plusieurs des premières causes de décès chez les adultes »47p.245. Comme nous l’avons déjà indiqué, quelques séances de psychothérapie EMDR peuvent suffire pour éliminer une variété d’affections psychologiques et somatiques. Cependant, les patients qui ont subi des violences répétées tout au long de leur enfance auront généralement besoin d’un traitement d’une durée plus longue afin d’atteindre une résolution adaptative complète1,50. Comme les effets thérapeutiques de l’EMDR se généralisent à des souvenirs similaires, il n’est pas nécessaire de retraiter chaque événement perturbant. Toutefois, il faut prévoir assez de temps pour retraiter les souvenirs pertinents dans les diverses catégories d’expériences défavorables. Pour toutes les études suggérées, l’inclusion de procédures destinées à identifier des changements épigénétiques et neurophysiologiques suite au traitement ouvrirait la voie à des possibilités d’évaluation potentiellement intéressantes. Puisque la psychothérapie EMDR peut être effectuée lors de journées consécutives, un traitement réussi peut s’accomplir en quelques semaines, plutôt qu’en quelques mois, ce qui peut réduire les contraintes temporelles et apporter des opportunités de recherche à la fois efficientes et rentables. Conclusions Un nombre conséquent de recherches indiquent que les expériences de vie défavorables peuvent constituer les fondements d’une large palette de symptômes psychologiques et physiologiques. La recherche sur la psychothérapie EMDR a montré que le retraitement de souvenirs de telles expériences entraîne l’amélioration rapide d’émotions négatives, de croyances et de sensations physiques. Les rapports ont indiqué des applications potentielles pour des patients atteints de troubles associés au stress ainsi que pour ceux qui souffrent de toutes sortes d’affections physiques. La communauté médicale pourrait également tirer bénéfice de l’utilisation de la psychothérapie dans la prévention et les services de rééducation afin de soutenir tant les patients que leurs proches. Une évaluation approfondie des facteurs expérientiels contributifs potentiels pourrait s’avérer bénéfique. Le cas échéant, la psychothérapie EMDR peut permettre au personnel médical de déterminer rapidement le degré d’influence des expériences perturbantes et d’aborder le problème de manière efficiente par un retraitement de souvenirs pouvant aider à favoriser une résolution tant psychologique que physique. Des recherches rigoureuses sur l’utilisation de la psychothérapie EMDR auprès de patients souffrant des affections identifiées dans l’étude ACE pourrait améliorer encore notre compréhension du potentiel de l’EMDR à la fois dans les soins de santé et en prévention. 8. 9. 10. 11. Déclaration de conflit d’intérêt L’auteur n’a aucun conflit d’intérêt à déclarer. Remerciements Leslie Parker, ELS, pour son assistance éditoriale. 12. Bibliographie 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Shapiro F. Eye movement desensitization and reprocessing (EMDR): basic principles, protocols and procedures. 2nd ed. New York, NY: The Guilford Press; 2001. Shapiro F. Efficacy of the eye movement desensitization procedure in the treatment of traumatic memories. J Trauma Stress 1989 Apr;2(2):199-223. DOI: http://dx.doi.org/10.1007/BF00974159. Keane TM, Fairbank JA, Caddell JM, Zimering RT. Implosive (flooding) therapy reduces symptoms of PTSD in Vietnam combat veterans. Behav Ther 1989 Spring;20(2):245-60. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/S0005- 7894(89)80072-3. Brom D, Kleber RJ, Defares PB. Brief psychotherapy for posttraumatic stress disorders. J Consult Clin Psychol 1989 Oct;57(5):607-12. DOI: http://dx.doi. org/10.1037/0022-006X.57.5.607. Institute of Medicine. Treatment of PTSD: an assessment of the evidence. Washington, DC: National Academies Press; 2007 Oct. Practice guideline for the treatment of patients with acute stress disorder and posttraumatic stress disorder. Arlington, VA: American Psychiatric Association; 2004. Department of Veterans Affairs, Department of Defense. VA/DoD clinical practice guideline for 13. 14. 15. 16. 17. management of post-traumatic stress. Washington, DC: Veterans Health Administration; 2010 Oct. Guidelines for the management of conditions specifically related to stress. Geneva, Switzerland: World Health Organization; 2013. Bisson J, Andrew M. Psychological treatment of post-traumatic stress disorder (PTSD). Cochrane Database Syst Rev 2007 Jul 18;(3):CD003388. DOI: http://dx.doi.org/10.1002/14651858.CD003388.pub3 . Bradley R, Greene J, Russ E, Dutra L, Westen D. A multidimensional meta-analysis of psychotherapy for PTSD. Am J Psychiatry 2005 Feb;162(2):21427. DOI: http://dx.doi.org/10.1176/appi.ajp.162.2.214. Chemtob CM, Tolin DF, van der Kolk BA, Pitman RK. Eye movement desensitization and reprocessing. In: Foa EB, Keane TM, Friedman MJ, Cohen JA, editors. Effective treatments for PTSD: practice guidelines from the International Society for Traumatic Stress Studies. New York, NY: The Guilford Press; 2000 Jan 1. p 139-55, 333-5. Arabia E, Manca ML, Solomon RM. EMDR for survivors of life-threatening cardiac events: results of a pilot study. Journal of EMDR Practice and Research 2011;5(1):2-13. DOI: http://dx.doi.org/10.1891/1933-3196.5.1.2. de Roos C, Greenwald R, den Hollander-Gijsman M, Noorthoorn E, van Buuren S, de Jongh A. A randomised comparison of cognitive behavioural therapy (CBT) and eye movement desensitisation and reprocessing (EMDR) in disaster-exposed children. Eur J Psychotraumatol 2011;2. DOI: http:// dx.doi.org/10.3402/ejpt.v2i0.5694. Ironson G, Freund B, Strauss JL, Williams J. Comparison of two treatments for traumatic stress: a community-based study of EMDR and prolonged exposure. J Clin Psychol 2002 Jan;58(1):113-28. DOI: http://dx.doi. org/10.1002/jclp.1132. Jaberghaderi N, Greenwald R, Rubin A, Zand SO, Dolatabadi S. A comparison of CBT and EMDR for sexually-abused Iranian girls. Clin Psychol Psychother 2004 Sep/Oct;11(5):358-68. DOI: http://dx.doi.org/10.1002/cpp.395. Lee C, Gavriel H, Drummond P, Richards J, Greenwald R. Treatment of PTSD: stress inoculation training with prolonged exposure compared to EMDR. J Clin Psychol 2002 Sep;58(9):1071-89. DOI: http://dx.doi.org/10.1002/jclp.10039. Nijdam MJ, Gersons BP, Reitsma JB, de Jongh A, Olff M. Brief eclectic psy- chotherapy v eye movement desensitisation and reprocessing therapy in the treatment for post-traumatic stress disorder: randomised controlled trial. Br J Psychiatry 2012 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. Mar;200(3):224-31. DOI: http://dx.doi.org/10.1192/bjp. bp.111.099234. Power K, McGoldrick T, Brown K, et al. A controlled comparison of eye movement desensitization and reprocessing versus exposure plus cognitive restructuring versus waiting list in the treatment of post-traumatic stress disorder. J Clin Psychol Psychother 2002 Sep/Oct;9(5):299-318. DOI: http:// dx.doi.org/10.1002/cpp.341. Karatzias A, Power K, McGoldrick T, et al. Predicting treatment outcome on three measures for post-traumatic stress disorder. Eur Arch Psychiatry ClinNeurosci 2007 Feb;257(1):40-6. DOI: http://dx.doi.org/10.1007/s00406- 006-0682-2. Taylor S, Thordarson DS, Maxfield L, Fedoroff IC, Lovell K, Ogrodniczuk J. Comparative efficacy, speed, and adverse effects of three PTSD treatments: exposure therapy, EMDR, and relaxation training. J Consult Clin Psychol 2003 Apr;71(2):330-8. DOI: http://dx.doi.org/10.1037/0022- 006X.71.2.330. Marcus SV, Marquis P, Sakai C. Controlled study of treatment of PTSD using EMDR in an HMO setting. Psychother 1997;34(3):307-15. DOI: http:// dx.doi.org/10.1037/h0087791. Marcus S, Marquis P, Sakai C. Three- and 6-month follow-up of EMDR treatment of PTSD in an HMO setting. Int J Stress Manag 2004;11(3):195-208. DOI: http://dx.doi.org/10.1037/10725245.11.3.195. Rothbaum BO. A controlled study of eye movement desensitization and reprocessing in the treatment of posttraumatic stress disordered sexual assault victims. Bull Menninger Clin 1997 Summer;61(3):317-34. Wilson SA, Becker LA, Tinker RH. Eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) treatment for psychologically traumatized individuals. J Consult Clin Psychol 1995 Dec;63(6):928-37. DOI: http://dx.doi. org/10.1037/0022-006X.63.6.928. Wilson SA, Becker LA, Tinker RH. Fifteen-month follow-up of eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) treatment of posttraumatic stress disorder and psychological trauma. J Consult Clin Psychol 1997 Dec;65(6):1047-56. DOI: http://dx.doi.org/10.1037/0022-006X.65.6.1047. van der Kolk BA, Spinazzola J, Blaustein ME, et al. A randomized clinical trial of eye movement desensitization and reprocessing (EMDR), fluoxetine, and pill placebo in the treatment of posttraumatic stress disorder: treatment effects and long-term maintenance. J Clin Psychiatry 2007 Jan;68(1):37-46. DOI: http://dx.doi.org/10.4088/JCP.v68n0105. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. Shapiro F. EMDR therapy training manual. Watsonville, CA: EMDR Institute; 2012. Davidson PR, Parker KC. Eye movement desensitization and reprocessing (EMDR): a metaanalysis. J Consult Clin Psychol 2001 Apr;69(2):305-16. DOI: http://dx.doi.org/10.1037/0022-006X.69.2.305. Barrowcliff AL, Gray NS, Freeman TCA, MacCulloch MJ. Eye-movements reduce the vividness, emotional valence and electrodermal arousal associated with negative autobiographical memories. J Forens Psychiatry Psychol 2004;15(2):325-45. DOI: http://dx.doi.org/10.1080/14789940410001673042. Engelhard IM, van den Hout MA, Dek EC, et al. Reducing vividness and emotional intensity of recurrent “flashforwards” by taxing working memory: an analogue study. J Anxiety Disord 2011 May;25(4):599-603. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.janxdis.2011.01.009. Kuiken D, Bears M, Miall D, Smith L. Eye movement desensitization reprocessing facilitates attentional orienting. Imagin Cogn Pers 2001;21(1):3-20. DOI: http://dx.doi.org/10.2190/L8JX-PGLC-B72RKD7X. Christman SD, Garvey KJ, Propper RE, Phaneuf KA. Bilateral eye movements enhance the retrieval of episodic memories. Neuropsychology 2003 Apr;17(2):221-9. DOI: http://dx.doi.org/10.1037/0894-4105.17.2.221. Parker A, Buckley S, Dagnall N. Reduced misinformation effects following saccadic bilateral eye movements. Brain Cogn 2009 Feb;69(1):89-97. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.bandc.2008.05.009. Lee CW, Cuijpers P. A meta-analysis of the contribution of eye movements in processing emotional memories. J Behav Ther Exp Psychiatry 2013 Jun;44(2):231-9. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.jbtep.2012.11.001. Engelhard IM, van den Hout MA, Janssen WC, van der Beek J. Eye movements reduce vividness and emotionality of “flashforwards.” Behav Res Ther 2010 May;48(5):442-7. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.brat.2010.01.003. Kuiken D, Chudleigh M, Racher D. Bilateral eye movements, attentional flexibility and metaphor comprehension: the substrate of REM dreaming? Dreaming 2010;20(4):227-47. DOI: http://dx.doi.org/10.1037/a0020841. Schubert SJ, Lee CW, Drummond PD. The efficacy and psychophysiological correlates of dual-attention tasks in eye movement desensitization and reprocessing (EMDR). J Anxiety Disord 2011 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. Jan;25(1):1-11. DOI: http:// dx.doi.org/10.1016/j.janxdis.2010.06.024. Stickgold R. Sleep-dependent memory processing and EMDR action. Journal of EMDR Practice and Research 2008;2(4):289-99. DOI: http://dx.doi. org/10.1891/1933-3196.2.4.289. Solomon R, Shapiro F. EMDR and adaptive information processing: the development of resilience and coherence. In: Gow K, Celinski MJ, editors. Individual trauma: recovering from deep wounds and exploring the potential for renewal. 1st ed. New York, NY: Nova Science Publishers; 2012 Aug 15. Mol SS, Arntz A, Metsemakers JF, Dinant GJ, Vilters-van Montfort PA, Knottnerus JA. Symptoms of post-traumatic stress disorder after non- traumatic events: evidence from an open population study. Br J Psychiatry 2005 Jun;186(6):494-9. DOI: http://dx.doi.org/10.1192/bjp.186.6.494. Cvetek R. EMDR treatment of distressful experiences that fail to meet the criteria for PTSD. Journal of EMDR Practice and Research 2008;2(1):2-14. DOI: http://dx.doi.org/10.1891/1933-3196.2.1.2. Afifi TO, Mota NP, Dasiewicz P, MacMillan HL, Sareen J. Physical punishment and mental disorders: results from a nationally representative US sample. Pediatrics 2012 Aug;130(2):184-92. DOI: http://dx.doi.org/10.1542/ peds.2011-2947. Obradovic´ J, Bush NR, Stamperdahl J, Adler NE, Boyce WT. Biological sensitivity to context: the interactive effects of stress reactivity and family adversity on socioemotional behavior and school readiness. Child Dev 2010 Jan-Feb;81(1):270-89. DOI: http://dx.doi.org/10.1111/j.14678624.2009.01394.x. D’Andrea W, Ford J, Stolbach B, Spinazzola J, van der Kolk BA. Understanding interpersonal trauma in children: why we need a developmentally appropriate trauma diagnosis. Am J Orthopsychiatry 2012 Apr;82(2):187-200. DOI: http://dx.doi.org/10.1111/j.1939-0025.2012.01154.x. Gomez AM, Shapiro F. EMDR therapy with children: journey into whole- ness. Child and Family Professional 2013;15:20-30. Raboni MR, Tufik S, Suchecki D. Treatment of PTSD by eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) improves sleep quality, quality of life, and perception of stress. Ann N Y Acad Sci 2006 Jul;1071:508-13. DOI: http://dx.doi.org/10.1196/annals.1364.054. Felitti VJ, Anda RF, Nordenberg D, et al. Relationship of childhood abuse and household dysfunction to many of the leading causes of death 48. 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55. 56. 57. in adults. The Adverse Childhood Experiences (ACE) Study. Am J Prev Med 1998 May;14(4):24558. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/S07493797(98)00017-8. Shapiro F. Getting past your past: take control of your life with self-help techniques from EMDR therapy. New York, NY: Rodale Books; 2012. Shapiro F. EMDR, adaptive information processing, and case conceptualization. Journal of EMDR Practice and Research 2007;1(2):68-87. DOI: http:// dx.doi.org/10.1891/1933-3196.1.2.68. Shapiro F, Laliotis D. EMDR and the adaptive information processing model: integrative treatment and case conceptualization. Clin Soc Work J 2011 Jun;39(2):191-200. DOI: http://dx.doi.org/10.1007/s10615-010-0300-7. Jarero I, Artigas L, Luber M. The EMDR protocol for recent critical incidents: application in a disaster mental health continuum of care context. Journal of EMDR Practice and Research 2011;5(3):82-94. DOI: http://dx.doi. org/10.1891/1933-3196.5.3.82. Rogers S, Silver SM, Goss J, Obenchain J, Willis A, Whitney RL. A single session, group study of exposure and eye movement desensitization and reprocessing in treating posttraumatic stress disorder among Vietnam War veterans: preliminary data. J Anxiety Disord 1999 Jan-Apr;13(1-2):119-30. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/S0887-6185(98)00043-7. Gupta MA, Gupta AK. Use of eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) in the treatment of dermatologic disorders. J Cutan Med Surg 2002 Sep-Oct;6(5):415-21. DOI: http://dx.doi.org/10.1007/s10227-001- 0116-8. Rothbaum BO, Astin MC, Marsteller F. Prolonged exposure versus eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) for PTSD rape victims. J Trauma Stress 2005 Dec;18(6):607-16. DOI: http://dx.doi.org/10.1002/ jts.20069. Lee CW, Taylor G, Drummond PD. The active ingredient in EMDR: is it traditional exposure or dual focus of attention? Clin Psychol Psychother 2006 Mar-Apr;13(2):97-107. DOI: http://dx.doi.org/10.1002/cpp.479. Elofsson UO, von Schèele B, Theorell T, Söndergaard HP. Physiological correlates of eye movement desensitization and reprocessing. J Anxiety Disord 2008 May;22(4):622-34. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.janx- dis.2007.05.012. Sack M, Lempa W, Steinmetz A, Lamprecht F, Hofmann A. Alterations in autonomic tone during trauma exposure using eye movement desensitization and reprocessing (EMDR)—results of a preliminary investigation. J Anxiety Disord 2008 Oct;22(7):1264-7. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j. 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66. janxdis.2008.01.007. Gattinara PC. Working with EMDR in chronic incapacitating diseases: the experience of a neuromuscular diseases center. Journal of EMDR Practice and Research 2009;3(3):169-77. DOI: http://dx.doi.org/10.1891/1933- 3196.3.3.169. Solomon RM, Rando TA. Treatment of grief and mourning through EMDR: conceptual considerations and clinical guidelines. Eur Rev Appl Psychol 2012 Oct;62(4):231-9. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.erap.2012.09.002. Sprang G. The use of eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) in the treatment of traumatic stress and complicated mourning: psychological and behavioral outcomes. Res Soc Work Pract 2001 May;11(3):300-20. DOI: http://dx.doi.org/10.1177/104973150101100302. Van Loey NE, Van Son MJ. Psychopathology and psychological problems in patients with burn scars: epidemiology and management. Am J Clin Dermatol 2004;4(4):245-72. DOI: http://dx.doi.org/10.2165/0012807120030404000004. McCann DL. Post-traumatic stress disorder due to devastating burns overcome by a single session of eye movement desensitization. J Behav Ther Exp Psychiatry 1992 Dec;23(4):319-23. Ray AL, Zbik A. Cognitive behavioral therapies and beyond. In: Tollison CD, Satterthwaite JR, Tollison JW, editors. Practical pain management. 3rd ed. Philadelphia, PA: Lippincott Williams & Wilkins; 2002. p 189-208. de Roos C, Veenstra AC, de Jongh A, et al. Treatment of chronic phantom limb pain using a trauma-focused psychological approach. Pain Res Manag 2010 Mar-Apr;15(2):65-71. Russell MC. Treating traumatic amputation-related phantom limb pain: a case study utilizing eye movement desensitization and reprocessing within the armed services. Clin Case Stud 2008 Apr;7(2):136-53. DOI: http:// dx.doi.org/10.1177/1534650107306292. Schneider J, Hofmann A, Rost C, Shapiro F. EMDR in the treatment of chronic phantom limb pain. Pain Med 2008 Jan-Feb;9(1):76-82. DOI: http:// dx.doi.org/10.1111/j.1526-4637.2007.00299.x. 67. 68. 69. 70. 71. 72. 73. 74. 75. 76. Wilensky M. Eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) as a treatment for phantom limb pain. Journal of Brief Therapy 2006;5(1):3144. Solomon RM, Shapiro F. EMDR and the adaptive information processing model: potential mechanisms of change. Journal of EMDR Practice and Research 2008;2(4):315-25. DOI: http://dx.doi.org/10.1891/1933- 3196.2.4.315. Grant M, Threlfo C. EMDR in the treatment of chronic pain. J Clin Psychol 2002 Dec;58(12):150520. DOI: http://dx.doi.org/10.1002/jclp.10101. Mazzola A, Calcagno ML, Goicochea MT, Pueyrredòn H, Leston J, Salvat F. EMDR in the treatment of chronic pain. Journal of EMDR Practice and Research 2009;3(2):66-79. DOI: http://dx.doi.org/10.1891/1933-3196.3.2.66. Konuk E, Epözdemir H, Hacıömeroğlu Atçeken S, Aydın YE, Yurtsever A. EMDR treatment of migraine. Journal of EMDR Practice and Research 2011;5(4):166-76. DOI: http://dx.doi.org/10.1891/1933-3196.5.4.166. Marcus SV. Phase 1 of integrated EMDR: an abortive treatment for migraine headaches. Journal of EMDR Practice and Research 2008;2(1):15-25. DOI: http://dx.doi.org/10.1891/1933-3196.2.1.15. Suzuki A, Josselyn SA, Frankland PW, Masushige S, Silva AJ, Kida S. Memory reconsolidation and extinction have distinct temporal and biochemical signatures. J Neurosci 2004 May;24(20):4787-95. DOI: http:// dx.doi.org/10.1523/JNEUROSCI.549103.2004. Craske MG, Herman D, Vansteenwegen D, editors. Fear and learning: from basic processes to clinical implications. Washington, DC: American Psychological Association (APA); 2006. van den Berg DP, van der Gaag M. Treating trauma in psychosis with EMDR: a pilot study. J Behav Ther Exp Psychiatry 2012 Mar;43(1):664-71. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.jbtep.2011.09.011. Varese F, Smeets F, Drukker M, et al. Childhood adversities increase the risk of psychosis: a metaanalysis of patient-control, prospective- and crosssectional cohort studies. Schizophr Bull 2012 Jun;38(4):661-71. DOI: http:// dx.doi.org/10.1093/schbul/sbs050. Oeil Car l’oeil qui change, change tout. —Le voyageur mental, William Blake, 1757-1827, poète, peintre et graveur anglais Retranscription partielle d’une séance de psychothérapie EMDR Une séance de recueil de l’histoire de la patiente a révélé que « Lynne » avait connu deux séismes. Le premier s’est produit alors qu’elle assistait à un cours d’hypnose à la fac. Le professeur venait de la mettre en transe quand les secousses ont commencé. Toutefois, ce n’est que plusieurs années plus tard, après avoir vécu un deuxième tremblement de terre en étant seule à la maison avec son fils, qu’elle a décrit des symptômes d’ESPT. Après une phase de préparation qui enseigne des techniques assurant une stabilité émotionnelle adéquate, le deuxième séisme a été ciblé. Le retraitement commence après une préparation et une évaluation adaptées. Cette dernière comprend l’identification a) du pire aspect de l’événement (recroquevillée dans l’entrée avec son fils), b) de la croyance négative (je suis impuissante), c) d’une croyance positive désirée (je peux gérer tout ce qui arrive), d) de la réaction émotionnelle présente (anxiété) et e) de la réaction corporelle (sensation au ventre), ainsi que la mesure de l’affect négatif (8 sur une échelle en 11 points) et la force de la croyance positive désirée (2 sur une échelle en 7 points). Après s’être concentrée sur une image dans laquelle elle se recroqueville dans l’entrée avec son fils, la croyance négative « je suis impuissante » et l’émotion négative ressentie au ventre, les associations suivantes ont émergé avec chaque série de mouvements oculaires. Pendant chaque série, Lynne était invitée à simplement « remarquer ce qui vous passe par l’esprit en laissant venir ce qui vient ». À la fin de chaque série, Lynne était invitée à « faire le vide » ou à « laisser aller tout ça » et à prendre une grande respiration. Ensuite, le thérapeute lui posait une question comme « que remarquez-vous maintenant ? ». Après sa réponse, le clinicien lui indiquait sur quoi centrer son attention, en suivant les protocoles standard. Dans cet extrait, Lynne était généralement invitée à penser à ce qui venait d’émerger dans sa conscience. Le signe >>>>> signifie que ses yeux étaient guidés dans une série de mouvements oculaires. C’est à ce moment que se font les associations et les connexions. Elle les décrivait alors au psychothérapeute. Il faut noter que parfois un événement apparemment anodin annonce le rappel d’une expérience perturbante et des émotions d’impuissance associées. >>>>> Lynne : ah… comme plus de douceur dans mon corps. Je suis… plus consciente… mes jambes sont très lourdes. Comme une sensation de chute dans mes jambes – elles sont toutes molles. >>>>> Lynne : la première chose qui m’est venue, c’est la cassette que j’ai écoutée sur les gens qui travaillent dans les trains et – et qui doivent regarder les gens se faire écraser par des trains. C’est la première chose qui m’est venue. Puis j’ai commencé à avoir de nouveau plus conscience de mon corps. Sans avoir d’autre pensée. >>>>> Lynne : plus de fatigue dans le haut du corps. Un sentiment triste, mélancolique. >>>>> Lynne : je viens de flasher sur le tremblement de terre quand j’étais en formation d’hypnose et que j’étais en transe et qu’il y a eu le tremblement de terre. >>>>> Lynne : juste très fatiguée. Je remarque mon corps. Très fatiguée. >>>>> Lynne : (en riant) je pensais à quand je faisais le tour de la maison en courant avec mon frère quand j’avais six ans. Je voulais être un garçon et il m’a dit que si je faisais le tour de la maison assez de fois, je serais un garçon. Et j’étais déçue parce que ça n’a pas marché. >>>>> Lynne : oui je pensais à mon sentiment de trahison quand mon frère a abusé de moi et à quel point je l’admirais (en pleurant). >>>>> Lynne : oui (en pleurant) quelque chose m’est venu comme « ben évidemment ! » : ça a tellement ébranlé mon sens de la réalité. >>>>> Lynne : je pensais à quand je jouais aux cartes avec mon papa, assis à la même table. >>>>> Lynne : je pensais à quand mon papa m’a emmenée acheter un manteau et qu’il m’aidait à faire mes boutons, puis qu’il m’a pincé le téton alors que j’avais quelque chose comme onze ans et que ça m’a complètement abasourdie. >>>>> Lynne : ce qui devient clair c’est que je suis tombée malade à cet âge-là. Malade avec une douleur sur le côté et personne qui ne comprenait et on m’a emmenée d’urgence à l’hôpital. Je ne pouvais vraiment pas étendre ma jambe et personne n’arrivait à se décider sur ce que j’avais. J’avais vraiment très mal sur le côté et puis ils ont simplement décidé que j’avais une sorte de problème mental. Je crois que c’était la seule manière pour moi de l’exprimer. >>>>> Lynne : eh ben, je me disais que c’était vraiment chaotique comme endroit pour vivre et comme on n’y était pas en sécurité. >>>>> Lynne : je pensais à ma maman et à mon papa quand ils se disputaient et qu’ils se jetaient des trucs à la tête alors qu’on était censés dormir et qu’on se cachait sous les lits et qu’on essayait de dormir et qu’on avait peur. >>>>> Lynne : je pensais au fait que je voulais protéger mon papa de ma maman. Ça semblait vraiment dingue. >>>>> Lynne : ça a refait surface lors du tremblement de terre en ’87, quand j’ai bondi de la douche et que j’ai couru attraper mon fils dans son berceau et que je me suis dépêchée de descendre avec lui en essayant de le protéger. Notez qu’un sentiment de pouvoir émerge. Après quelques séries de plus, Lynne est invitée à revenir à l’incident initial : Lynne : je peux le voir, je peux vraiment le voir, mais il n’y a plus – il n’y a plus d’aspect émotionnel à cet instant. Clinicien : OK. Et les mots positifs désirés : « Je peux gérer tout ce qui arrive » ? Lynne : ça me paraît bien. Oui, je peux gérer tout ce qui arrive. Comme indiqué dans le Tableau 1, le retraitement supplémentaire sert à renforcer la croyance positive et à éliminer toute perturbation physique résiduelle. De plus, des instructions sont données pour assurer la stabilité entre les séances et une réévaluation adéquate. Lors des séances suivantes, les déclencheurs présents et les besoins futurs sont abordés. Les descriptions détaillées de séances cliniques se trouvent dans diverses publications (voir bibliographie). Bibliographie 1. Shapiro F. Getting past your past: take control of your life and self-help techniques from EMDR therapy. New York, NY: Rodale Books; 2012. 2. Shapiro F. Eye movement desensitization and reprocessing (EMDR): basic principles, protocols and procedures. 2nd ed. New York, NY: The Guilford Press; 2001. 3. Shapiro F., Laliotis D. EMDR and the adaptive information processing model: integrative treatment and case conceptualization. Clin Soc Work J 2011 Jun;39(2):191-200. DOI: http://dx.doi.org/10.1007/s10615-010-0300-7. 4. Gomez AM, Shapiro F. EMDR therapy with children: journey into wholeness. Child & Family Professional 2013;14:20-30. 5. Shapiro F. EMDR, adaptive information process, and case conceptualization. Journal of EMDR Practice and Research 2007;1(2):68-87. DOI: http://dx.doi. org/10.1891/1933-3196.1.2.68.
Documents pareils
Un rôle possible pour l`EMDR : le traitement des
Beaucoup de patients souffrant de psychose fonctionnelle ont connu un passé traumatique et présentent
des symptômes d’ESPT (état de stress post-traumatique) ; certains peuvent aussi être traumatisé...
L`EMDR dans la psychose : lignes directrices pour
la rédaction de cet article, un essai clinique randomisé
multi-centres est en cours afin d’investiguer la sécurité et l’efficacité de la thérapie EMDR et de l’exposition
prolongée dans le traitemen...