Zibeline n°22 en PDF

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Zibeline n°22 en PDF
du 17/09/09 au 15/10/09 | un gratuit qui se lit
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Du 2 au 10 octobre 2009
Le Théâtre du Jeu de Paume
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www.zutraficdesign.com / © photos Cosimo Mirco Magliocca
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coproduction Comédie-Française,
Comédie-Française, Studio-Théâtre,
Studio-Théâtre,
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tournée.
POLITIQUE CULTURELLE
BJCEM
RETOURS DE FESTIVALS
Avignon
Avignon Off
Musique
Danse
SPECTACLES
Cirque/Arts de la rue
Arles, Caressez le potager, Karwan
Small is beautiful, Radio Grenouille, Préavis de désordre
Théâtre
ActOral, Les Informelles
La Criée, le Merlan, le Massalia
Le Gymnase/le Jeu de Paume, le Toursky, le Maquis
Ouest Provence, Théâtre Durance
Martigues, Cavaillon, Avignon, Nîmes, Port-de-Bouc
Danse
GTP, le Gyptis, Nîmes, Au programme
Musique
Concerts
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SAISONS
Le Merlan, la Minoterie, le Lenche, le Massalia, Salon
Nîmes, Arles
3bisf, ATP (Aix), le Périscope (Nîmes)
Grasse, Sainte-Maxime
Châteauvallon, Draguignan, le Revest-les-Eaux
Avignon : Carmes, Halles, Chêne Noir, Doms, Ring,
Chartreuse, Opéra-Théâtre
Saisons musicales
46, 47
48, 49
CINEMA
Marseille à Lussas, le Liban à Avignon, Rousset
Rencontres du cinéma européen, les rendez-vous d’Annie
Films Femmes Méditerrannée, Aubagne, La Ciotat
50, 51
52
53
ARTS VISUELS
Au programme
Vieille Charité, Petit Palais
Aubagne, La Ciotat
Galerie Sabine Puget, Beaucaire, Art-O-Rama, Toulon
54, 55
56
57
58
POESIE
Entretien avec Julien Blaine
LIVRES
Ecritures croisées, ADAAL, Ecrivains en dialogue,
Rencontres de l’édition indépendante
Barjols, Les Littorales, la Semaine Noire
Manosque, Mouans-Sartoux
Livres : littérature, arts, conférences
FORMATION
Gastronomare, Aubagne, Vert-Pré
Les Trottoirs de Marseille, ESBAM, Badaboum Théâtre, ICI
PATRIMOINE
Les Journées du Patrimoine
Musée Départemental de l’Arles Antique
RetrouveZ nos éditions précédentes
sur www.journalzibeline.fr
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Égalités
Un drôle d’été. Passé de festivals en festivals à voir des spectacles d’hommes, à écouter des débats d’hommes, de la musique
d’hommes, lire des articles d’hommes sur des hommes de pouvoir.
Et plonger dans des livres de femmes, parce que là on a le choix.
Puis retrouver à la rentrée des saisons où l’on se réjouit, parfois,
de croiser un nom de femme… La régression est telle aujourd’hui
que certains risquent une explication : les femmes seraient moins
créatives (de bonnes interprètes), et fuiraient le pouvoir (de
bonnes exécutantes). Par nature ?
Ce que certains se permettent de penser des femmes soulèverait
un tollé si on l’avançait pour les Noirs. Si l’on prétendait que, par
nature, ils sont moins portés au concept, à la réflexion. Quoi
que… Ne courent-ils pas naturellement plus vite ? Ne sont-ils
doués d’une sensualité «animale» ? Ne sont-ils pas restés hors
de l’Histoire ?
Voilà que surgissent, au détour de propos officieux, volés à la
sortie d’un meeting, d’un avion, des mots «inacceptables». On
a accepté pourtant que le ministre de l’identité nationale fasse
augmenter le taux des expulsés, arrêter les enfants au sortir des
écoles, et renvoyer «chez eux» des hommes prêts à mourir pour
rester où nous avons naturellement le droit d’habiter. Et l’on
s’étonne que cet homme ne soit pas un adepte de l’égalité des
êtres ?
Nous-mêmes, qui tolérons le prix payé pour nous protéger d’une
grippe sans doute peu dangereuse, comment survivons-nous
quand 2500 enfants africains meurent du paludisme chaque
jour? Pourquoi dépensons-nous 1milliard et demi d’euros, alors
qu’avec moins de deux fois ce budget par an le Fonds Mondial
Sida sauve 2000 Africains par jour ? Quant à la grippe, pourquoi
l’OMS n’impose-t-elle pas un Tamiflu générique pour les pays du
sud ? Un homme vaut-il un homme ?
AGNÈS FRESCHEL
06
POLITIQUE CULTURELLE
BJCEM
Retour de Skopje
Accueillie à Skopje,
au cœur des Balkans,
la 14e Biennale
des Jeunes Créateurs
d’Europe et de la Méditerranée est apparue
comme un enjeu
économique autant
qu’un symbole de
coopération et de dialogue interculturels :
l’événement ne pouvait
s’abstraire du passé
douloureux de Skopje
ni de sa situation
géopolitique complexe
Le 26 juillet 1963 à 5h17, le temps s’est
arrêté à Skopje, dévastée par un tremblement de terre. Les aiguilles de l’horloge
de la gare en témoignent encore. Une secousse sismique bientôt suivie par les
secousses des conflits ethniques entre
Macédoniens et Albanais qui fragilisèrent
l’économie du pays et de sa capitale…
Dix-huit ans après la naissance de la
République de Macédoine, la ville meurtrie est en reconstruction, en devenir,
dans l’attente de son adhésion à l’Union
européenne espérée depuis 2004 par
plus de 85 % de sa population. L’avenir
de la République de Macédoine réside
donc dans le résultat de ce dialogue avec
l’Union européenne.
C’est dans ce contexte particulier que
la BJCEM a investi la cité, répandant
l’enthousiasme qui la caractérise dans
dix-huit lieux des quartiers orthodoxe
et musulman, de part et d’autre du fleuve
Vardar. Avec, dans son sillage, un public
métissé et des macédoniens plus nombreux chaque jour.
Les découvertes 2009
La palme de l’enthousiasme collectif
revient au groupe français Ifif Between
qui a enflammé le City Square Macedonia
et le City Park jusque tard dans la nuit.
Cassant l’image métal avec la voix et la
présence percutantes de Nolwenn Donnet-Descartes, il n’a eu aucun mal à
embarquer le public sur ses chemins de
traverse. Même engouement pour la
compagnie L’Individu qui a fait revivre
le feuilleton américain Dallas dans une
version enlevée, musicale et drôle.
Décapante, la pièce de Charles-Éric Petit,
Notre Dallas1, a reçu une salve d’applau-
dissements des spectateurs français,
macédonien et étranger. Au point de rajouter une date de représentation au
Drama Theatre Skopje !
Même si des disparités demeurent au
sein même des délégations, la BJCEM
reste une plate-forme unique de productions artistiques et un véritable élément
fédérateur. Un miroir de la création émergente, et de son «narcissisme» parfois…
Sous la houlette de l’Espace Culture
Marseille qui coordonne depuis plus de
20 ans la participation des artistes
marseillais et régionaux, la sélection
2009 est un bon cru. Tous sont conscients de l’opportunité d’avoir été choisis:
Roxane Billamboz, Sarah Domenach,
Karine Rougier, Marine Class et le Collectif Post Partum, entre autres, étaient
«heureux d’être là pour présenter leurs
œuvres et essayer de voir le plus d’expositions et de spectacles.» Regrettant
l’absence d’un lieu de rencontre avec
les autres créateurs, Karine Rougier
espère que «leur travail respectif servira
de lien et apprécie les échanges directs
d’après spectacles qui sont un luxe.»
Pour Marine Class, co-auteur avec Sarah
Domenach de la sculpture Le Pavillon à
sept brèches2, la biennale est riche d’expériences : «Il faudrait être une huître pour
rester imperméable ! Pour le moment,
on emmagasine….»
Au-delà de la France, d’autres sélections
ont été sources de découvertes, notamment Chypre avec le travail photo et
vidéo de Marianna Christofides d’une grande maturité ; l’Italie avec la balançoire
de Claudio Prestinari judicieusement
présentée dans le patio du Museum of
Contemporary Art. Ou encore la Macédoine avec le prototype design The
Round Table de Simon Stojanovski et
le Liban avec la vidéo de Jihad Saadé,
The Platoon, dont la force émotionnelle
naît de son propos pacifiste comme de
sa rigueur technique… Focalisée sur la
diffusion, la BJCEM ne résout pas le
problème de l’accompagnement des
artistes dans la production d’une œuvre
car, après Montpellier et Skopje, seul le
«Retour à Marseille» en 2010 leur
permettra d’exposer des inédits.
L’Europe est orientale
Au cœur de l’événement, les artistes
ont du mal à dresser un bilan. Mais les
organisateurs et politiques, macédoniens et français, ont déjà évalué la
BJCEM comme «un facteur de progrès et
de développement, un message fort à
l’attention de la population.» Plus particulièrement les jeunes qui forment 25%
des 2 millions d’habitants ! Dans son
discours de bienvenue, Madame le Chargé
Ifif Between, la révélation musicale de Skopje 2009 © Bernard Muntaner, BJCEM, Skopje 2009
d’affaires à l’Ambassade de France à
Skopje Isabelle Guisnel a souligné l’importance de la BJCEM, «une grande
chance pour les artistes de tous les pays
qui sont accueillis avec les moyens du
bord mais avec le cœur», et la capacité
des macédoniens «à suspendre les soucis
et les drames pour réunir toutes les
communautés.» Avant de rappeler «que
les jeunes ont été soumis, pour leur
grande majorité, à une obligation de
visa qui limite leurs perspectives» et que
«l’Europe est orientale»…
En attendant la libre circulation des
hommes, Skopje, multiculturelle et pluriethnique, a reçu à bras ouverts cette
déferlante d’artistes internationaux qui,
souhaitons-le, enrichiront leurs pratiques à l’aune de leur expérience.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
(1) Notre Dallas sera jouée
dans sa version complète le 23 mars
2010 au théâtre Antoine Vitez à Aix
et le 26 mars à La Licorne à Cannes.
(2) Pour le retour de la BJCEM
à Marseille au printemps 2010,
la sculpture devrait être réalisée
en version monumentale (4m x 4m)
et exposée dans un espace public.
Vue du Cifte Amam,
un des nombreux lieux
d'exposition de la biennale
© Bernard Muntaner,
BJCEM, Skopje 2009
SKOPJE 2009 en chiffres
10 jours
708 artistes âgés de 18 à 30 ans, 35 ans pour les metteurs en scène
et chorégraphes
43 nations
354 productions en arts visuels et arts appliqués
262 performances urbaines, concerts, spectacles de théâtre et de danse
45 longs et courts métrages
34 lectures
13 performances gastronomiques
LE COMITÉ FRANCAIS
4 territoires : Espace culture Marseille, Ville de Montpellier, Seconde nature,
Agglomération Toulon-Provence-Méditerranée
27 productions en arts visuels, arts appliqués, théâtre, danse, littérature,
musique (48 artistes)
08
FESTIVALS
AVIGNON IN
Cité des Papes,
des idées
et du monde
Des témoins ordinaires © Agnes Mellon
Beau bilan, mauvais bilan… le Festival d’Avignon apparaît
toujours comme le baromètre du climat théâtral international…
À tort ou à raison chacun y attend des signes de santé
ou de défaillance d’une profession en particulier et de
l’art dramatique en général, alors même que les
directeurs du Festival assument des choix esthétiques
subjectifs, en accord avec l’artiste invité, et ne cherchent pas à construire un panorama exhaustif du
théâtre mondial contemporain. Si l’on prend le Festival
d’Avignon pour ce qu’il est, non pas le poumon du monde
mais le plus beau des rendez-vous de théâtre… on ne
peut que se réjouir de ce parti nouveau qu’il met en
oeuvre, et qui consiste à ouvrir les cœurs de tous aux
blessures du monde.
Jamais la guerre n’a été aussi présente au Festival. Les
guerres anciennes, antiques, la seconde guerre mondiale,
mais aussi les guerres civiles, le Liban, et les guerres
économiques dont le Gabon ou Madagascar sont toujours les victimes. Ces paroles-là, la danse/témoignage
de Rachid Ouramdane, mais aussi la révolte tendre
de Delbono, le récit personnel et historique de
Niangouna, les gifles assénées par Raharimanana,
la plongée dans les méandres mentaux du légionnaire
Mensuel gratuit paraissant
le deuxième jeudi du mois
Edité à 25 000 exemplaires
Edité par Zibeline SARL
76 avenue de la Panouse | n°11
13009 Marseille
Dépôt légal : janvier 2008
Directrice de publication
Agnès Freschel
Imprimé par Rotimpress
17181 Aiguaviva (Esp.)
photo couverture
© Agnès Mellon
Conception maquette
Max Minniti
de Sonia Chiambretto, le roman photo paradoxal de
Lina Saneh et Rabin Mroué (voir p 50) remuent
profondément les spectateurs, et balayent les critères
esthétiques d’un théâtre-art qui, depuis trop longtemps,
s’attache à l’expression individuelle et néglige le politique.
L’historien Gérard Noiriel, lors d’une séance du Théâtre des idées, expliqua lumineusement comment le
théâtre s’est coupé des sciences sociales et comment,
désintéressé du politique de peur d’être jugé «sociocul»,
il reproduit actuellement les scissions sociologiques
dans ses salles (voir chronique p 72). Il n’est pas le seul:
le lendemain, l’auteur de Storytelling, Christian Salmon,
rappela combien le récit, la fable, est une arme dangereuse de propagande et d’appropriation de l’histoire.
Que le théâtre bâtisse des contrefeux et se rapproche
des sciences sociales et de l’histoire contemporaine
paraît donc urgent… Visiblement beaucoup l’ont fait !
Peu importent alors les tics formels récurrents surutilisation de la vidéo, omniprésence des pieds de
micros, du rock et des watts, de l’hystérie. Dans le
détail? Peu importent les maladresses de Ciels, dernier
Rédactrice en chef
Agnès Freschel
[email protected]
06 09 08 30 34
Musique et disques
Jacques Freschel
[email protected]
06 20 42 40 57
Secrétaire de rédaction
Dominique Marçon
[email protected]
06 23 00 65 42
Frédéric Isoletta
[email protected]
06 03 99 40 07
Éducation
Chris Bourgue
[email protected]
06 03 58 65 96
Arts Visuels
Claude Lorin
[email protected]
06 25 54 42 22
Livres
Fred Robert
[email protected]
06 82 84 88 94
volet de la tétralogie de Mouwad fondé sur une surenchère de péripéties et de révélations qui rendaient le
tout un brin ridicule, haletant comme le Da Vinci Code,
mais tout aussi vain. Peu importent aussi les enflures
d’un autre type dont a fait preuve Warlikowski, metteur
en scène sans doute génial mais qui n’a pu se décider
à couper un peu dans la masse de textes qu’il avait
retenu pour son (A)pollonia, ni à laisser de l’espace à
ses acteurs statufiés par la mobilité incessante de la
scénographie…
Le surgissement de ce discours politique laissa par
ailleurs la place à des perles formelles isolées : la quête
de l’objet poétique au théâtre, menée par Claude Régy;
la plongée dans le conflit dramatique primordial, opéré
par Joël Jouanneau qui, refusant tous les artifices de
la représentation contemporaine (amplification, bande
son ou vidéo) ou antique (simplicité des décors costumes et accessoires), proposa un objet théâtral pur, mais
ennuyeux ; la mise en œuvre ironique d’une distanciation baroque et foutraque, qu’opéra Hubert Colas (voir
Zib 21)…
Encore une fois durant un mois de théâtre la parole, la
critique, le bonheur et le lien étaient partout. Le théâtre
visiblement utile, vital. Reste à espérer que l’aventure se
poursuive malgré la crise du secteur, les baisses de
subventions, la fin du second mandat des directeurs en
2011… Et rappelons que le théâtre n’est pas qu’à Avignon : des saisons variées et riches s’annoncent partout
malgré un contexte difficile ; le théâtre se fait aussi
ailleurs !
AGNES FRESCHEL
Avignon en chiffres
23 jours de Festival, 21 lieux
42 spectacles dont 31 créations
275 représentations
125000 billets payants délivrés, soit
94% des places vendues
13000 billets pour les manifestations
à entrée libre
(Expositions, Théâtres des Idées, lectures)
2600 spectateurs pour
les Territoires cinématographiques (voir p.50)
33 metteurs en scène, chorégraphes
et plasticiens dont
4 femmes
Sciences et techniques
Yves Berchadsky
[email protected]
Histoire et patrimoine
René Diaz
[email protected]
X-Ray
[email protected]
06 29 07 76 39
Polyvolantes
Delphine Michelangeli
[email protected]
06 65 79 81 10
Cinéma
Annie Gava
[email protected]
06 86 94 70 44
Maryvonne Colombani
[email protected]
06 62 10 15 75
Philosophie
Régis Vlachos
[email protected]
Marie Godfrin-Guidicelli
[email protected]
06 64 97 51 56
Marie-Jo Dhô
[email protected]
Maquettiste
Philippe Perotti
[email protected]
06 19 62 03 61
Ont également participé à ce numéro :
Emilien Moreau, Dan Warzy, Yves
Bergé, Marie-Noëlle Vigreux, Emma
Viry, Sandra Raguenet, Christine Rey
Photographe : Agnès Mellon
095 095 61 70
Directrice commerciale
Véronique Linais
[email protected]
06 63 70 64 18
LA RÉGIE
Jean-Michel Florand
04 42 49 97 60
06 22 17 07 56
09
De vos gorges poignardées
Thierry Bédard ne pouvait s’en tenir à l’échec de sa
première collaboration avec Raharimanana -doucement censurée par le ministère des affaires étrangères,
qui avait annulé la tournée de 47, spectacle sur les
massacres perpétrés par l’État Français à Madagascar.
Il a demandé à l’auteur malgache d’écrire à nouveau
pour lui. Mais cette fois lui a posé une question précise:
comment voit-on l’Occident lorsqu’on habite un pays
qui meurt de faim, et a subi depuis toujours l’oppression
des blancs ? Car c’est de cela dont il est question :
l’esclavage, puis la colonisation, puis l’exploitation économique et la destruction écologique. Toutes les morts
imposées à un peuple, par un autre, qui va bien.
Le spectacle est rude. On peut s’accrocher à ses imperfections formelles pour ne pas y adhérer, pour ne pas le
prendre en pleine poire ; on peut aussi le contester lorsqu’il dérive, gravement, parlant de «l’extermination»
perpétrée par les «Juifs» sur les Palestiniens, la double
confusion terminologique assimilant tout Juif à Israël, et
leur sale guerre et oppression à un génocide en règle, ce
qu’elle n’est pas.
Mais hors cette dérive il faut bien admettre que le
Cauchemar du Gecko fait trembler d’effroi. Parce qu’on
nous dissimule au quotidien l’abominable domination
«Salut
vieil océan...»
Les cauchemars du gecko © Agnes Mellon
des Blancs sur les Noirs. Qui continue, sous cette autre
forme perfide qu’est l’exploitation économique. L’Afrique
n’a jamais été aussi exsangue. La voix de notre président à Dakar, lorsqu’elle résonne dans le contexte du
spectacle, nous fait rougir d’être blanc.
AGNES FRESCHEL
La croix de ma mère !
Angelo est le petit frère italien de Ruy Blas version total
despote en prose ; ce drame savoureux qui dénonce
oppression politique et tyrannie domestique a rencontré
un vif succès en son temps (1835), une fois essuyées
les batailles d’enjambements et d’escaliers dérobés
chers à l’esthétique romantique ; Christophe Honoré,
malicieusement, en fait tout un échafaudage et avec ses
coursives et échelles de secours jette ainsi des ponts
entre théâtre et cinéma ; Padoue West Side, ombre et
lumière, rails de travelling, labyrinthe des tubulures,
cathédrale des passions, voix captées et voix perdues : le
programme est limpide comme une préface de Hugo !
Plateau commun, jeux mêlés. Et tout se déroule comme
il se doit entre main sur le cœur et distance ironique :
c’est que le mélo n’est pas une mince affaire !
Les premières scènes font craindre le pire et l’exposition
est à la peine ; le texte se dérobe comme les cuisses de
la Tisbé, pourtant favorite, sous les assauts maladroits
du tyran et les effluves disco d’une fête branchée… et
puis et puis la gouaille de Clotilde Hesme impose la
prostituée au grand cœur et la martyre exaltée ; Marcial
Di Fonzo Bo en baggy Yamamoto réussit sa traversée
des registres, et dans sa rage de puissant trahi frôle
parfois l’ombre de Louis de Funès. Traîtres brandissant
des micros sur pied -mais que faire de la perche ?- gestes
entravés, tueurs polyglottes et étourdis, proscrit fadasse
aimé des femmes, épouse vertueuse et bafouée incarnée par une Emmanuelle Devos justement fragile,
poignard et poison… Une mise en scène qui agace les
dents, un peu verte, pour un théâtre éternellement juvénile et un Hugo pas trahi (le seul dans cette histoire !!).
MARIE-JO DHO
Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugo
mis en scène par Christophe Honoré
a été donné au Théâtre Municipal
du 12 au 27 juillet
AdhéreZ
àZibeline!
Théâtre et Poésie font parfois bon ménage : bienheureux
le Verbe qui trouve sa scène ! En ouvrant au public
d’Avignon les voies de la longue et foisonnante Ode
Maritime de Fernando Pessoa, le rigoureux Claude
Régy repousse et dépasse l’horizon des genres pour
créer les conditions d’une parole qui fait se lever la houle
qui dort en chacun. Un homme «seul» (le premier mot du
poème en portugais, qu’incarne instantanément le
corps massif de Jean Quentin Châtelain), au bout d’un
ponton d’acier suspendu dans la lumière subtilement
changeante, brise le silence, jette en avant son exaltation mouvante ou reflue vers des abîmes plus intimes.
Coudes au corps deux heures durant, à peine dessiné
dans son halo -et par trois fois seulement les mains se
portent à l’ovale de la bouche, conque sacrée ou portevoix, souffle des dieux ou des steamers-, l’acteur profère,
halète, mugit, murmure, râle ou hoquette de sa voix multiple, fissurée, parfois à contretemps, pulvérisant la bête
notion d’expressivité, se livrant tout entier à cette fête
sauvage que n’aurait pas reniée Antonin Artaud. Tout
vibre enfin (la première a été annulée par le metteur en
scène faute d’un son qui soit «ça» et rien d’autre !), des
tubulures flottant dans la demi-brume au spectateur à
demi-hypnotisé pour peu qu’il ne refuse ni les outrances
ni les divagations lyriques très maîtrisées d’un acteur
hors du commun. Depuis le Discours aux animaux de
Novarina / Marcon, on connaît bien le frisson d’essentiel que peut donner la rencontre d’un auteur, d’un acteur
et d’un metteur en scène !
M.J D.
Ode Maritime de Fernando Pessoa
a été donné à la Salle Municipale de Montfavet
du 9 au 25 juillet
Voir également les critiques du Sang des promesses (Wajdi
Mouawad), du Livre de Jan (Hubert Colas), de l’Orgie de la
Tolérance (Jan Fabre), de Description d’un combat (Maguy
Marin) de La Guerre des Juifs (Amos Gitaï) et d’Une fête pour
Boris (Denis Marleau) dans notre numéro de juillet ou sur
notre site www.journalzibeline.fr.
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10
FESTIVALS
AVIGNON OFF
Puis quelques souvenirs du off, à la programmation plus abondante que jamais…
et qui comme toujours (mieux que toujours ?) recelait de véritables trésors…
Un festival de corps,
d’âmes, de jeunesse…
de tomates
À la Manufacture, la Cie Fraction et
les Ephémères Réunis ont présenté un
Baal de Brecht remarqué. En choisissant la 1re version du texte, traduite par
Laurent Mulheisen, et de jeunes
acteurs, le metteur en scène JeanFrançois Matignon rallie avec évidence
la fougue et l’énergie de la jeunesse,
encore libre des censures et des retenues. Si l’on mesure dès la 1re scène le
talent et le potentiel de l’acteur principal, le sanguin et physique Alexis
Schweitzer, on regrette que certains
«seconds rôles» n’aient pas été portés
par des comédiens pouvant lui faire
face. Ce Baal est un prédateur cannibale,
immoral, un poète rimbaldien vénéneux, un ogre portant sa croix et son
sexe. Il use et se fait abuser par son
pouvoir et sa soif de lyrisme. Il épate la
galerie mais reste un enfant face à une
mère déçue («tu ne m’as pas procuré un
seul moment de bonheur depuis que tu
es né»). La bande son grinçante est
renforcée par des lumières impeccablement justes. Ce spectacle, un peu
long, rend le texte parfois fatigant -il
perd sa dimension poétique en oubliant
la magie de la suggestion- mais il mériterait réellement d’autres moyens. Ceux
du In? Il résonne étrangement avec la
proposition de Jan Fabre qui cet été,
dans l’Orgie de la Tolérance, dénonçait
avec humour la surconsommation, en
l’occurrence de sexe.
Alors que les corps se déploient et les
âmes se blessent dans Baal, le Théâtre
du Mouvement dans Je pense donc ça
se voit cherche et dévoile par le geste
ce que le cerveau pense et ne dit pas.
Emmenés par Yves Marc, les trois
danseurs-comédiens, délicieusement
espiègles, tiennent un spectacle
conférence hilarant qui glisse vers le
burlesque poétique, sur les bases de
connaissances scientifiques rigoureuses
et de dérapages inconscients. Et surtout,
avec une maîtrise du corps qui nous
démontre la formidable machinerie dans
laquelle nous vivons. «Même si ça se voit
quand on pense, nous ne savons rien…
ou si peu !» concluront ces trois trublions
sur la scène du Théâtre Golovine.
Au Théâtre du Ring, Le Bonheur de la
tomate de Bernard da Costa a continué son chemin, entamé
l’été dernier avec succès. Cette rencontre improbable entre
une vieille dame incarnée par l’attachante Marie Pagès, également metteur en scène, et un jeune délinquant que porte
subtilement (et physiquement) Karim Hammiche, relève de
la fausse légèreté du conte philosophique, genre qui dénote
agréablement dans les propositions actuelles. Prétexte métaphorique, la culture des tomates de Clémentine aidera Karim
à s’élever et à croire en la nature humaine. Et, en premier lieu,
en lui. Dans une scénographie ingénieuse et surprenante, ils
tenteront de démontrer que «le jardin se fait déjà dans sa tête».
Les protagonistes se prouvent mutuellement, en évitant la
démagogie facile, que la vie comporte des trajectoires heureusement inattendues. En équilibre certes mais jamais
définitives.
Autre fable, autre contexte. La réalité sauve le virtuel dans
l’incisif et inquiétant Chatroom écrit par Enda Walsh présenté
au Théâtre des Doms (qui offre une programmation toujours
étonnante). Le théâtre de Poche de Bruxelles a touché également un large public avec une cyber-version troublante de Sa
Majesté des Mouches. Six adolescents livrés à eux-mêmes sur
la toile créent un acte ultime de rébellion organisée. Vissés
à leurs chaises et leur monde d’ados, les comédiens, tous
excellents -notamment le jeune Jim interprété par Julien
Vargas-, balancent à toute vitesse leurs propres règles sur
des sites douteux, débarrassés de la société des adultes. «On
est des jeunes, c’est maintenant qu’il faut faire chier, se rebeller,
faire la révolution». L’auteur recrée l’escalade procurée par
l’isolement du web, et l’odieuse machine infernale dans
laquelle le manque de repères peut entraîner. Douloureux de
penser qu’à 15 ans les ados sont aussi pertinents et amers.
Le malaise gagne peu à peu. Comme une poussée de fièvre,
qui se termine heureusement.
Le Théâtre du Balcon a affiché complet pour la dernière
Le bonheur de la tomate © X-D.R.
création de Serge Barbuscia, La disgrâce de Jean Sébastien
Bach. Retraçant l’épisode de l’incarcération pendant près d’un
mois de JS Bach par le Prince de Weimar, le texte de Sophie
Deschamps et Jean-François Robin traite du combat de Bach
contre l’obscurantisme et sa lutte pour une création sans
contraintes. Un huis-clos historique, à la distribution méritante
-mais pas toujours inspirée- et la réalisation très classique mais pas toujours inspirante. Mais qui rappelle, par analogie,
les difficiles relations -actuelles- entre l’artiste et le pouvoir:
la création ne peut être soumise à la volonté d’un prince.
Une mention pour la soprano Aurélie Barbuscia, incarnant
l’épouse du compositeur indomptable, qui illumine le
spectacle lors de ses apparitions.
DELPHINE MICHELANGELI
…de passion…
Au départ une pièce est portée à l’écran
par John Greyson en 1996. Les prix et
les récompenses pleuvent. Il s’agit d’une
œuvre phare au Canada, Les Feluettes
(titre original Lilies) de Michel Marc
Bouchard. La cie Naceo s’en est emparée, en donnant une interprétation
magistrale et sensible. Cette répétition
d’un drame romantique instaure une
esthétique de théâtre dans le théâtre
dans la grande tradition baroque, laissant le romantisme apparaître dans le
jeu vibrant de l’amour et de la mort,
l’écroulement d’un univers, l’exacerba-
tion des sentiments, la fragilité d’êtres
trop sensibles, leur inadéquation au
monde, la tragique impossibilité de vivre.
Le spectateur entre dans une salle quasi
obscure, croise des prisonniers énigmatiques. Décor nu, un crucifix seul domine
le mur de fond. Une pièce est donnée
par des prisonniers à l’évêque Bilodeau,
qui évoque les amours adolescentes
tenues secrètes de deux jeunes gens
Simon et Vallier. Comment Vallier est-il
mort tragiquement ? Quel a été le rôle
de l’évêque ? Pourquoi Simon s’est-il
retrouvé en prison ? Les acteurs, dirigés
par Olivier Sanquer, jouent tout en
pudeur, en passion contenue. Troupe
entièrement masculine, tradition
élisabéthaine ? Il y a du Shakespeare
là-dedans, avec ces Roméo et Juliette
des temps modernes. Un spectacle dense,
un moment de théâtre exceptionnel!
MARYVONNE COLOMBANI
Les Feluettes ont été jouées
à L’Atelier 44
…et de maîtrise
Il n’est pas si fréquent de se faire gifler
par un spectacle. Dans la petite salle
du Ring chacun retenait sa respiration. Poupée anale nationale est un
spectacle violent, dérangeant, inquiétant, cru. L’adaptation du texte d’Alina
Reyes est ici magistrale -la forme du
cabaret-rock permet une distance
salutaire avec le texte-, la comédienne
Heidi Brouzeng époustouflante, et
l’on digère comme on peut cette histoire éprouvante de Poupée qui se
raconte : femme d’un chef de parti
d’extrême droite, qui aimerait prendre
sa place, elle est, sous ses faux airs
de douce idiote, l’incarnation de l’esprit fascisant, et du terme «nettoyage»
dans des propos hygiénistes hallucinants. Elle finira d’ailleurs par
appliquer ses principes exorbitants
sur elle-même -notamment lors d’une
terrible scène d’avortement-, jusqu’à
sombrer dans une folie qui ne libère
en rien le propos. Tout ici est intelligent, la musique de Denis Jarosinsky
-qui accompagne Heidi Brouzeng sur
scène-, les lumières qui soulignent et
suggèrent les espaces imaginaires d’où
l’on frissonne encore en ressortant…
Il faut qu'une porte soit ouverte...
© BM Palazon 2008
Adaptation toujours, celle du roman
de Jean-Paul Dubois, Vous plaisantez, monsieur Tanner au théâtre
Buffon, qui est une petite merveille
d’inventivité scénographique. L’histoire -un personnage aux prises avec
les différents ouvriers, branques ou
fantasques, qui défilent dans la maison dont il a hérité et qu’il retapeest portée par un comédien épatant,
Roch-Antoine Albaladéjo, qui joue
seul la pléiade de personnages en
question. Avec, comme pour souligner sa lente dégradation mentale,
un décor surréaliste fait de tuyauterie
enchevêtrée non raccordée, d’échafaudages instables, de W.C. oublié en
hauteur, d’interrupteurs autonomes
qu’il parcourt en tous sens… L’absurdité des situations crée une galerie
de portraits touchants et drôles d’où
se dégage beaucoup d’humanité.
Une bonne surprise enfin, comme le
Off en procure au détour d’une programmation pléthorique : Il faut qu’une
porte soit ouverte ou fermée de Musset
au Théâtre de la Luna, mise en scène
(et jouée) par Isabelle Andréani à
qui l’on doit aussi le délicieux lever
de rideau, La clef du grenier d’Alfred.
Un préambule qui met en situation la
servante et le cocher de Musset
(Xavier Lemaire) se retrouvant dans
le grenier à la recherche d’un harnais
et découvrant là des fragments de
pièces, des lettres, des manuscrits…
Enivrés par leurs lectures ils décident
alors de jouer Il faut qu’une porte…,
deviennent marquise et comte se
déclarant leur amour jusqu’à
confondre sentiments joués et réels.
C’est brillant, talentueux, jubilatoire.
DOMINIQUE MARÇON
Poupée anale nationale
© X-D.R.
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FESTIVALS
JAZZ DES 5 CONTINENTS | SIX-FOURS | TOULON | LA CIOTAT
Jazz, Koto et Chrysanthèmes
Le Festival Jazz des 5 continents a proposé en juillet un programme très éclectique, qui a débuté par un grand concert gratuit sur
le cours d’Estienne d’Orves. Imaginez un peu : le Leotrio avec en
invités Kirk Lihgtsey et John Betsch, le Saiyuki trio représentant l’Inde et le Japon avec une superbe joueuse de Koto, et
encore le sextet de Christophe Leloil, dont chaque apparition
est un plaisir.
Après cette soirée d’ouverture le 10e Festival a continué d’offrir
une programmation de tous les continents. Zibeline y a fouiné un
peu, notamment le 22 juillet.
Le Belmondo All Stars Sextet a rendu hommage, lors d’un concert exceptionnel, au très grand trompettiste Freddie Hubbard
disparu fin 2008. Glenn Ferris au trombone, Eric Legnini au piano,
Thomas Bramerie à la contrebasse, le batteur André Cecarelli
et enfin les frères Belmondo : Lionel au saxophone et Stéphane
à la trompette et au bugle. Également batteur et accordéoniste,
En v’la du Jazz
Pour sa vingtième année
d’existence, Jazz à Toulon
proposait une programmation gratuite et éclectique
fidèle à son principe
de départ ; un jazz tous
azimuts et pour tous
celui-ci est passé par le Conservatoire de Marseille et enseigne
à l’Institut Art Culture Perception (IACP) fondé en 1976 à Paris
par Alan Silva. Chet Baker qui l’avait présenté en 1987 comme le
trompettiste européen le plus prometteur ne s’était pas trompé!
Monty Alexander a pris place ensuite sur la scène, accompagné
du contrebassiste Hassan Shakur et du batteur Georges Fludas.
On ne présente plus ce pianiste débordant de talent ; on gardera
juste en mémoire le célèbre refrain de cette composition Isn’t she
lovely qui était dans nos têtes en sortant du Parc Longchamp.
Alors pourquoi les chrysanthèmes ? Pour la pinède marseillaise,
partie ce soir-là en fumée, sinistre découverte après notre retour
d’une très belle nuit...
À la différence de certains festivals souvent
plus connus sur la côte d’Azur, sa spécificité reste de proposer des concerts au
sein même de la ville et de ses différents
quartiers sur des scènes qui se déplacent
donc chaque soir. Sans sacrifier à la mode, il
programmait un jazz tantôt «World» avec
le contrebassiste Renaud Garcia-Fons, tantôt «pop» avec le guitariste nigérian Keziah
Jones, mais une fois encore, cette diversité
laissait la part belle à un jazz plus «pur»
que d’aucuns qualifient de traditionnel.
On gardera sans conteste en mémoire la
superbe prestation du Sangoma Everett
Quartet auquel s’était ajouté le grand
saxophoniste ténor Steve Grossman. Sur
une rythmique implacable menée par le
leader de la formation accompagné du discret et efficace Mathias Allamane à la
contrebasse, Alain Jean-Marie au piano
livrait de subtiles harmonies chatoyantes
tandis que le saxophoniste très en forme
s’enflammait dans des chorus d’un lyrisme
et d’une puissance éblouissants. On retiendra notamment une version inoubliable
de In a sentimental mood, splendide standard immortalisé par Duke Ellington et
John Coltrane.
L’hommage de Stéphane Huchard et de
sa formation au grand batteur Art Blakey
fut lui aussi une réussite, de même que les
soirées avec le quintet d’Andy Jaffe et
le quartet de Bob Mintzer avec Nicolas
Folmer en invité, toutes deux placées sous
le signe d’un jazz dans la plus pure tradition servi par des interprètes à la technique
et à la musicalité sans faille.
Cette édition du festival était une fois encore une réussite !
DAN WARZY
Le Festival Jazz des 5 Continents
a eu lieu du 20 au 25 juillet 2009 à Marseille
Entre Bec de l’Aigle et Île Verte
Un plaisir de plus que ce festival gratuit
à L’Escalet, sur le Port-Vieux de La Ciotat !
Raymond Saniez, son principal ambassadeur, est un véritable militant du Jazz et
anime depuis 19 ans l’Atelier Jazz Convergences qui propose éducation musicale,
concerts...
La soirée de clôture a présenté le quartet
Yadès avec un programme de compositions
personnelles. Une musique en tension, hors
des schémas habituels et dans un environnement, un son spécifique et vraiment
original. Le dialogue des instruments est
arrangé au cordeau dans une rythmique
souvent soutenue qui ne laisse jamais décrocher l’auditeur. Les thèmes développés,
récurrents, tournent, encore, comme si on
voulait les épuiser complètement… Notamment dans le morceau Aqsaq où la
guitare est utilisée comme un oud par
Renaud Matchoulian, à l’unisson avec le
saxo soprano d’Alain Venditti, la contrebasse de Laurent Cabané qui nourrit le
son avec l’archet et la batterie de Nicolas
Aureille, toujours là au bon moment.
La seconde partie de la soirée fut d’une
tout autre coloration : le groupe Styles,
formation ardéchoise, a interprété des reprises de rythm and blues et de soul music
avec des accents jazzy ; occasion de
regagner mes pénates...
© Dan Warzy
Le 11e Festival Jazz en Août
s’est déroulé à La Ciotat
du 4 au 8 août
www.jazzconvergences.com
DAN WARZY
L’île de la tentation
Cette 13e édition des Voix du Gaou a réjoui les oreilles dans un lieu toujours magique
Asian Dub Foundation © Philippe Meunier
Le festival s’est ouvert avec le très sensuel Lenny Kravitz :
lunettes de soleil, veste jetée sur l’épaule, petit foulard et jean
–euh, comment dire? Sexy est un euphémisme ! Entouré de ses
huit musiciens, de 8000 spectateurs et de tout l’éclairage digne
d’un show à l’américaine, Lenny n’a pas déçu. Une voix très rock,
des solos de guitare à en faire pleurer les cigales, une présence
et un charisme étonnant de simplicité. L’artiste aime jouer en
France, adore ses fans jusqu’à les prendre en photo pendant le
concert ! Côté set liste, rien à redire, du lourd avec entre autres
Fly Away, Flower Child, American Woman et deux versions longues
de I’ll be waiting et Dancin’Til Dawn pour un concert de deux
heures trente de déhanchés inoubliables.
Asian Dub Foundation fut également un pur moment de gros
son la tête sous les étoiles, rythme puissant mais public clairsemé que les musiciens n’ont pas vraiment réussi à faire décoller.
Les Fatals Picards et leur énergie festive avaient pourtant donné
le ton, tant le charisme délirant du chanteur et le public fidèle
connaissant les chansons par cœur avaient placé la barre haut.
Soleil couchant dans la pinède et joyeux bazar sur scène, le rythme cardiaque du Gaou bat fort, et on n’évoque même pas le retour
sur terre de Motorhead ! Dans un environnement magnifique grâce
à une équipe aux petits soins : les efforts pour organiser un écofestival qui laisse le site propre étaient lisibles, charte écolo-gique
oblige ! Un très beau Gaou.
EMMA VIRY
EMILIEN MOREAU
Jazz à Toulon s’est déroulé
du 16 au 26 juillet
Stephane Huchard © X-D.R
Varié comme jamais, le Gaou se présente : éclectique et touche
à tout décliné en soirées à thèmes qui s’annoncent électro, rock,
jeunes talents, nuit reggae... On ne les présente plus : Tryo,
Motorhead, Bernard Lavilliers, Rokia Traoré, Pascale Picard,
Alpha Blondy, Max Romeo, Buju Banton étaient à l’affiche de
cette nouvelle édition la deuxième quinzaine de juillet. S’ajoutaient à ces pointures des révélations plus récentes telles que
Pep’s, Zaza Fournier, Pauline ou Manu Larrouy. Les «premières
parties» ont pu se frotter au public déjà conquis en début de
soirée, bénéficiant par ailleurs de moments privilégiés en back
stage avec leurs «aînés».
14
FESTIVALS
LA ROQUE | AIX
Des nouvelles de l’Olympe
Le roi des instruments a, pour la 29e année, soulevé les âmes
Nikolaï Lugansky et
l’Ensemble orchestral
de Paris, dirigé par
Lawrence Foster, ont
proposé le 26 juillet
un concert très
romantique
Une carte blanche à Katia et Marielle Labèque
pour une nuit des sens et des sons, le 27 juillet
Nicolai Lugansky et Lawrence Foster © Xavier Antoinet
L’Ouverture Les Hébrides (Grotte de
Fingal), de Mendelssohn, démarrait le
programme : évocation de l’Ecosse, mer
calme et déchaînée… Les cordes répondent aux bois dans deux thèmes
très marqués d’où se détache le basson,
avant le déferlement de l’océan emmené par le chef.
Puis le 4e concerto de Beethoven : l’héritier de la grande École russe Lugansky
fut tour à tour brillant et sensible ; jeu
clair et détaché, très mozartien du premier mouvement, puis habité dans
l’Andante con moto, respirant avec l’orchestre, ses fins de phrases comme des
appels au chef pour reprendre le dialogue : magique. Le Rondo vivace, virtuose,
amenait un triomphe mérité et des
rappels chaleureux. Le bis (Carnaval de
Schumann) donnait toute sa signification au mot romantisme : délicatesse
et passion.
Pour conclure, la deuxième symphonie,
composée à 18 ans par Schubert. La
Les sœurs, en blanc et noir, ont enthousiasmé le public par leur prodigieuse
technique et une sensibilité incroyable.
Une première partie consacrée à Debussy,
Schubert et Stravinsky. En Blanc et Noir
de Debussy, composé pour deux pianos
pendant la première guerre mondiale,
reproduit des citations de poètes français dans des changements de climat et
de couleurs surprenants : un éblouissant dernier scherzo. La Fantaisie en fa
min de Schubert pour piano à quatre
mains fut une belle respiration : le thème
en écriture pointée, joué par Katia, com-
direction souple, énergique, jubilatoire
de Lawrence Foster, chef d’un âge respectable qui semble tout jeune dans
son exubérance, laisse apparaître le passionné d’ouvrages lyriques. Le pupitre
des cordes est superbe et les vents apportent leurs couleurs très expressives
dans l’Andante constitué de cinq variations.
Un triomphe pour ce magnifique orchestre de Paris. Offrant dans un bis
généreux des danses de Bartok aux couleurs modales, populaires et dissonantes
comme un final vibrant.
Puis David Fray le 1er août,
dans une démonstration sensible puis virtuose
David Fray rend d’abord hommage à Schubert. Un piano
Bechstein est son complice. L’Allegretto en ut mineur, pièce
de forme ternaire, fait alterner les passages populaires et
ténébreux, légers et violents. David Fray, le regard qui s’évade
en des communions solaires, semble habité par cet univers.
Le Klavierstück n°2 en mi bémol majeur est un refrain d’allure
champêtre, mélodie proche d’un Lied entourant deux
couplets, l’un tragique, l’autre plus tourmenté. Lyrisme et
mélancolie légère apportent un raffinement sans
démonstration. Les Six Moments Musicaux sont la
continuation de cette douce rêverie. Comme les pièces
David Fray © Xavier Antoinet
courtes très romantiques de Chopin, Schumann, Brahms, ces
œuvres permettent de passer d’un Scherzo obsédant et
répétitif à un Andante poignant, de guirlandes de doubles
croches effleurées par le pianiste à des motifs harmoniques,
rappelant un choral (Moment n° Six). En Bis, le célèbre
Impromptu n°2 de Schubert et les Scènes d’enfants de
Schumann comme une ultime révérence : lyrisme contenu,
chant permanent et fragile.
Deuxième partie : la Partita pour clavier n°6 de Bach permet
à David Fray de montrer tout son talent et sa science de la
musique baroque. La musique de Bach est libre : pas
d’indications de nuance, de tempo, c’est au musicien d’en
comprendre l’architecture générale, ce que réalise le pianiste
avec une belle finesse de toucher et une maîtrise de tous les
éléments techniques (ornements, trilles, gammes, arpèges).
La Toccata, suivie d’une fugue, contraste avec les syncopes et
triples croches de la Courante vertigineuse, l’Air joyeux en
basse continue et la Sarabande plus tragique sont une
parenthèse avant la Gigue finale, fugue à trois voix, jouée
avec insolence où s’affirment des septièmes diminuées très
expressives coupées de silences.
Le cercle fragile de la sensibilité schubertienne et l’univers
harmonique et contrapunctique de Bach sont des paris aussi
osés. Un beau moment musical ne vaut-il le plaisir de la
virtuosité ?
me suspendue au souffle pianissimo de
l’accompagnement de Marielle, puis les
guirlandes de l’Allegro vivace égrenées
avec un toucher magique… La première
partie s’acheva diaboliquement avec le
concerto pour deux pianos de
Stravinsky : une densité sonore, une
fête de la couleur et du rythme. En bis
La Campanella de Liszt atteignit des
sommets d’exubérance vertigineuse.
La deuxième partie, hommage à Ravel,
fut tout aussi éblouissante. Katia et
Marielle, basques, étaient dans leur
jardin. Elles effleurent le piano (un fée-
Marielle et Katia Labeque © Xavier Antoinet
rique Jardin Féerique de Ma Mère l’Oye)
mais savent se jeter à corps perdus dans
la folie des rythmes ravéliens (Malagueña de la Rhapsodie Espagnole).
Le Bolero festif et communicatif, enfin,
avec des amis percussionnistes basques,
l’ostinato rythmique passant des bois,
aux peaux, aux percussions corporelles
et à la chalaparta, quelques planches de
bois : «ce n’est pas un instrument, c’est
juste une musique» concluait le jeune
interprète Paxkal Indo.
Enfin la carte blanche permit d’associer
la sœur catalane Mayté Martin, chanteuse
flamenca : programme exclusivement
hispanique, populaire (Zorongo ou tango)
et savant (Berceuse de Manuel de
Falla, Granados, Rodrigo) ainsi que la
découverte de compositeurs peu connus,
Amargós, Montón, une apothéose plus
intime. Les belles inflexions de la chanteuse (ornements, chromatismes, art du
cante jondo, chant profond d’Andalousie) semblaient parfois se perdre
dans l’immensité du lieu au terme d’une
soirée qui demeura pourtant exceptionnelle !
YVES BERGÉ
15
à La Roque…
Lugansky encore, le 2 août…
C’est avec la suite bergamasque, première œuvre marquante de Debussy aux
accents verlainiens, qu’il ouvre la soirée
au parc du Château de Florans. D’entrée,
le ton est donné : clarté, sobriété, richesse de la palette sonore… Lugansky
semble improviser une suite d’arabesques pour nous plonger dans le climat
lunaire et fantastique du Clair de Lune.
De la tendresse, puis l’angoisse du glas
des basses… Le dialogue entre les deux
mains symbolisant les deux personnages
de ce colloque sentimental naît, s’anime
et s’apaise.
Chopin ensuite, avec la 3e sonate en si mineur op. 58. Quatre mouvements pour
convaincre du toucher de ce grand pianiste qui nous émeut dans le largo par
leur chant, puis nous emporte littéralement dans le final : aucun effet n’est
jamais forcé ; la légèreté des volutes de
la main droite, la vélocité inégalée des
gammes et des arpèges alternent avec
un chant bouillonnant jusqu’à une fin
démoniaque à souhait qui soulève un
tonnerre d’applaudissements.
La deuxième partie du récital fut consacrée à Rachmaninov, avec la partita n°3
pour violon de Bach transcrite pour piano par le Maître, et les Études tableaux
op.33 ; huit mouvements où se superposent des climats sonores très différents:
passages rythmés et rebondissants, ambiances plus fantasmagoriques, carillons
de cloches, arabesques en parfaite
symbiose avec le frémissement du vent
Nicolai Lugansky © X-D.R
les accents graves et pudiques de la
main gauche, la profondeur des accords
et la fluidité des deux mains mêlant
qui se lève à ce moment de la nuit dans
le feuillage des grands arbres du parc.
Nicolaï Lugansky excelle dans les contrastes, et par sa technique fulgurante ne
sert que la musique. Sa main droite court
parfois si vite qu’il ne reste plus qu’une
impression sonore d’éclair, de météore.
Rappelé trois fois, il offre encore au
public un prélude de Rachmaninov op
32 en sol # mineur, l’étude de Chopin
op 10 n°8 que l’on a rarement entendue
ainsi, en demi-teinte et légèreté, pour
finir par la Première arabesque. La
boucle est bouclée ! Le public le laisse
échapper à regret.
Martha Argerich et Nelson Freire le 5 août
re d’un chant venu d’outre-tombe que les
cigales du parc elles-mêmes, frappées
de mutisme, reconnurent comme divin.
Chacun est suspendu à une mélodie qui
ne passe même plus par le biais d’un
instrument. Dans le deuxième mouvement au tempo de valse incertaine,
l’hésitation parfaite des deux musiciens
nous emporte tout en nous laissant régulièrement sur le bord de la piste. Le
final, brillant, jubilatoire, staccato, relance la danse macabre du début : cette
fois, ce n’est plus un piano que l’on
entend, mais 3 ou 4, tout un orchestre.
Après l’entracte, les deux interprètes
nous font découvrir une œuvre moins
connue, le Concertino pour deux pianos
de Chostakovitch, avant de jouer à quatre
mains le Grand rondo en la majeur de
Schubert dans lequel ils semblent réinventer la partition qu’ils jouent. Pour
terminer en apothéose, ils ont choisi la
Valse de Ravel, dont la version pour deux
pianos a servi au compositeur pour écrire
sa version orchestrée. On assiste à la
naissance d’une valse du tréfonds des
basses du piano les plus inquiétantes
et les plus tragiques jusqu’à la lumière.
On est subjugué, happé dans un univers fantasmagorique.
Ovationnés par le public, Nelson Freire
et Martha Argerich ont encore joué un
extrait de Ma mère L’Oye de Ravel, pour
renouer avec le classicisme du début de
concert, le dernier mouvement particulièrement enlevé de la Sonate pour deux
pianos K 381 de Mozart.
Silvacane ? La pianiste joue avec la
partition et raconte effectivement son
expérience musicale personnelle du
clavier : on est loin de la prouesse et
de la perfection techniques, plutôt dans
le partage d’un lien très intime. Zhu
Xiao-Mei tourne les pages du livre pour
nous offrir successivement une prière,
un choral, une explosion de joie, un
moment de paix et de sérénité retrouvées…
MARIE-NOËLLE VIGREUX
MARYVONNE COLOMBANI
Zhu Xiao-Mei © X-D.R.
Zhu Xiao-Mei et Bach le 6 août au Cloître de Silvacane
Une longue histoire unit la pianiste
chinoise avec Jean-Sébastien Bach.
Elle la raconte dans son
livre de témoignages
paru en 2007 chez
Robert Laffont,
La rivière et son
secret. Alors
qu’elle est
enfermée
sans
piano
dans un camp pendant la révolution culturelle, au moment même où se dessinait
sa carrière, elle trouve la force de survivre grâce au livre I du Clavier bien
tempéré qui ne la quitte jamais.
«Ce que j’ai vécu fait que mon approche
de la musique ne peut pas être intellectuelle. Ce que je cherche, en jouant,
c’est à montrer aux gens toutes les beautés d’une œuvre, à les toucher.»
Quel lieu plus propice pour une communion avec son public que l’abbaye de
Saut de siècle
Le concert du 2 septembre au Musée
Granet, au pied de l’exposition Picasso,
unissait par leurs œuvres les trois musiciens de son célèbre tableau : Eric Satie,
Igor Stravinsky, Manuel de Falla. Cette
musique a presque un siècle et on entendait la langue grâce à la lecture des
poèmes d’Eluard, de Prévert, Garcia Lorca,
Rafael Alberti, Cocteau, par la belle
voix de Jean Claude Nieto…
Dans l’air immobile -que seul vient troubler la soufflerie de la climatisation-, un
concert d’une finesse exceptionnelle se
joue. Timbre clair aux subtils pianissimi,
Brigitte Peyré chante avec une intelligence du texte qui lui permet de passer
d’une émotion à l’autre en conservant
une parfaite justesse. Philippe Azoulay
livre une interprétation toute en finesse de Sevillana ou de Fandanguillo, en
opérant un détour par le difficile et complexe Maurice Ohana. Laurent Wagschal
montrait quant à lui deux facettes de
son talent, celui d’interprète et d’accompagnateur. Justesse et virtuosité,
mais aussi, une main légère sur les
touches pour accompagner les pianissimi de la chanteuse. «Montrez-moi le
ciel dans une seule étoile» murmurait
Eluard. Ce soir-là, trois étoiles s’étaient
posées dans un angle du jardin du
musée Granet, pour un concert intimiste et virtuose.
Martha Argerich © Adriano Heitmann
Quel privilège de pouvoir écouter et
voir les deux monstres du piano qui forment désormais un duo consacré ! Ces
deux personnalités si marquées parviennent généreusement à mettre en sourdine
leur aura personnelle pour servir la
musique et atteindre la perfection d’ensemble. Le concert démarre avec les
Variations sur un thème de Haydn de
Brahms. Dès la troisième l’unisson est
là, on ne distingue plus lequel des deux
pianos joue le chant qui coule au son
persistant des cigales. Des cascades de
notes dévalent avec fougue avant le retour au choral du début, détourné de son
caractère initial pour se faire endiablé.
Après cette entrée en matière, les deux
maîtres du piano s’attaquent à la dernière œuvre de Rachmaninov, les Danses
symphoniques, initialement intitulées
Danses fantastiques, transcrites pour
deux pianos. Un début sauvage, presque
agressif, aux attaques incisives particulièrement martelées d’une danse macabre,
laisse soudain la place à la magie sono-
16
FESTIVALS
ORANGE | AIX
Vérisme cathartique
Les opéras de Mascagni
et Leoncavallo ont plongé
les Chorégies dans la violence
d’une Sicile et d’une Calabre figées
par le code sanglant de l’honneur
La mort de Turiddu doit laver l’adultère le jour de
Pâques (Cavalleria Rusticana 1890). Jean-Claude
Auvray, metteur en scène, étale un immense chapelet et un Christ en croix devant l’église ; tons
monochromes des costumes (noirs-gris) à peine
rehaussés par les blancs chemisiers des femmes :
ambiance âpre pour cette tragédie paysanne, aux
chœurs puissants et homogènes.
La distribution est excellente : Béatrice Uria Monzon
débute dans Santuzza : voix magnifique, engagement impressionnant en cette douleur de femme
trahie. Roberto Alagna, Turiddu, est rayonnant,
sensible et vaillant. Alfio est servi par la voix
somptueuse de Seng-Hyoun Ko, acteur remarquable. Anne-Catherine Gillet (Lola) possède un
joli timbre de soprano frivole et Stefania Toczyska,
mezzo dramatique, est parfaite en mère déchirée.
Georges Prêtre a 85 ans ? Quel lyrisme! Superbe
Orchestre National de France. L’Intermezzo, comme
parenthèse précédant le drame, est un moment de
grâce. Le meurtre de Turiddu et le crescendo final
sont un sommet expressif: le salut est triomphal.
On enchaine sur le deuxième opéra… Les meurtres
de Nedda et de son amant ont lieu le jour de
l’Assomption. Pagliacci (1892) et ses saltimbanques,
sont transposés vers des années 50 aux couleurs
vives. On retrouve en Tonio l’insolent baryton SengHyoun Ko : il jouera avec aisance aussi bien le
clown bossu repoussé par Nedda que le délateur
monstrueux qui amène le meurtre du mari bafoué.
Alagna, mari jovial de Nedda puis clown humilié,
est déchirant dans l’air de bravoure, Ridi Pagliaccio.
Il rit dans ce miroir qui lui renvoie sa propre
tragédie. Inva Mula, élégante, aérienne, incarne
Nedda et Colombine avec brio; son duo émouvant
avec Silvio révèle la belle voix pleine de charme de
Stéphane Degout. Puis les aigus ensoleillés de
Florian Laconi dans la chanson d’Arlequin sont un
repos avant le drame… Qui s’achève. Le mistral est
de plus en plus violent mais un vent de folie
enthousiaste souffle aussi sur les gradins. Le public
est debout pour la deuxième fois, et acclame ce qui
reste essentiel à l’opéra : les Voix.
YVES BERGÉ
Cavalleria Rusticana © Photo Grand Angle Orange
D’échos en envols
Le 24 août le public se pressait aux portes du Grand
Théâtre. Bonheur des retrouvailles, un air de soleil
pour renouer avec la salle qui marque désormais le
paysage musical. Honneur à la jeunesse, l’Orchestre
Français des Jeunes, sous la direction enthousiaste et inspirée de Kwamé Ryan, ouvre le bal de
l’année. Le programme en deux parties va à rebrousse temps et présente d’abord des œuvres de
musiciens contemporains, puis joue la 7e de
Beethoven. L’écoute en est transformée ! Kwamé
Ryan dans sa présentation donne à entendre les
échos qui servent de lien aux différentes œuvres, et
Orchestre français des jeunes © Agnès Mellon
laisse aux spectateurs le soin d’en deviner d’autres.
La musique de Beethoven est alors entendue d’une
manière nouvelle. On tend l’oreille aux échos, aux
rythmes qui animent l’œuvre, à l’utilisation des
différents pupitres… énigmes livrées aux auditeurs!!! Quelle belle pièce contemporaine ! Quel
allant de l’orchestre !
Il avait déjà, en début de programme, fait la
démonstration de sa virtuosité, commençant par
«l’amuse oreille» (dixit le chef) de Varèse, Tuningup, travail extraordinaire des percussions, belles
nappes harmoniques de l’ensemble des instruments, image sonore de la rue, musique concrète
avant l’heure, sirène et beaux cuivres, et… la quête
de deux mesures et une note de la 7e !
D’échos en échos on retrouvait aussi dans Le
Mandarin Merveilleux, la suite orchestrale de Bartok,
des échos du Prélude à l’Après-midi d’un faune et
une pâte qui évoquait parfois l’Américain à Paris de
Gershwin… Une palette de couleurs d’une
singulière variété interprétée avec brio. En
présence de Marc-André Dalbavie, le compositeur,
qui reçut une véritable ovation, un Concerto pour
flûte permit à Benoît Fromager de montrer toutes
les facettes de son talent : sur le bruissement
sublime des violons, la flûte se transforme en
oiseau virtuose. Une soirée exceptionnelle!
MARYVONNE COLOMBANI
17
Retour sur le Festival d’Aix…
Olympe Années folles
Plaçons hors catégorie le dernier volet du Ring,
événement majeur du circuit musical international
initié à Aix par Lissner -somptueusement interprété
par Simon Rattle et l’Orchestre Philharmonique de
Berlin en début de festival- : la nouvelle production
d’Orphée aux Enfers d’Offenbach (co-réalisée avec
l’Académie européenne de musique) est la bonne
surprise du crû 2009.
D’abord c’est (enfin !) un opéra (certes «bouffe») en
français que l’on entend. Le public de l’Archevêché a
pu apprécier une jeune et talentueuse troupe
d’acteurs-chanteurs et les brillants musiciens de la
Camerata Salzburg. Un moment de fraîcheur, enthousiaste, pétillant et bienvenu.
L’«Olympe» d’Yves Beaunesne s’étage dans un hôtel
particulier parisien des années trente où trône un
Jupiter à bretelles, caricature de président U.S, et sa
© Elisabeth Carecchio
cour qui «fout le camp» : Vénus «vamp», Diane
chasseresse à la Feydeau (excellente voix de Soula
Parassidis !), Minerve en «bourge» à la Valérie
Lemercier, Junon hystéro, Mercure échappé du Tour
de France manœuvrant sa bicyclette, Cupidon
JACQUES FRESCHEL
Du Père et du Fils
Mozart au tableau !
© Elisabeth Carecchio
La Flûte enchantée est d’une richesse symbolique et musicale inépuisable. On ne
le monte pas comme un obscur opus. Bernard Foccroulle l’affiche à Aix, patrie
mozartienne de cœur après Salzbourg : c’est un risque ! D’autant qu’en 2009 on
n’échappe pas à une interprétation baroque… Autrefois, les voix mozartiennes
chantaient aussi Wagner ; aujourd’hui, elles sont fort petites !
C’est l’ex-star des contre-ténors René Jacobs qui dirige l’Akademie für alte
Musik… Que la pâte instrumentale manque de chair ! Le style sempiternellement
rebondissant fait se dandiner l’orchestre jusque dans les moments exigeant de la
majesté, comme ceux qui accompagnent le sage Sarastro, basse trop peu altière.
Fuyant toute profondeur, le tactus balancé aplatit les voix, brise des phrasés qui
ne demandent qu’à s’envoler. On se souvient de Janowitz chantant «Ach ich fühl
es»… Elle ne faisait «rien» en scène, mais son chant d’une pureté accomplie
régnait en maître. Toute l’émotion de Pamina, bouleversée par le silence de Tamino,
passait par sa voix, son phrasé souple, aérien, ses aigus cristallins…
La réussite de cette Zauberflöte musicalement frustrante, tient dans sa mise en
scène. William Kentridge imagine un procédé de projections-vidéos qui dessine
sur le décor (un théâtre baroque à l’italienne), en phase avec la musique, des
arabesques, figures géométriques, effets pointillistes, blanc sur noir, d’une beauté
féerique. Les Prêtres sont des caricatures de Jules Ferry, hussards d’une 3e
République traçant sur un tableau noir quelque avenir ou règnerait la Raison. Cette
idée justifie les nombreuses allusions à la franc-maçonnerie (œil, équerre,
colonnes…) dont certains membres tracent également, sur un tableau, à la craie
blanche, des symboles qui représentent l’organisation du Temple. De surcroît, la
dualité blanc/noir, obscurité/lumière, récurrente dans l’œuvre s’y trouve pleinement
soulignée. Mais pourquoi l’esclave et traître Monostatos n’est-il pas noir (une
opposition, voulue par Mozart et Schikaneder, à la blanche Pamina qu’il tente de
violer) ? Politiquement correct ?
JACQUES FRESCHEL
«gavroche», Pluton dandy plus félon que nature… et
le passeur John Styx, poivrot à la mémoire courte.
Pauline Courtin incarne une Eurydice, soubrette
gouailleuse aux aigus sûrs, poupée-jouet d’une farce
douce-amère, tandis qu’Orphée (Julien Behr), si peu
pressé d’aller chercher sa «moitié» aux Enfers, possède
quelque chose d’un félibrige à la Mistral… le tout
sous l’objectif voyeuriste d’une «Opinion publique»
paparazza avant l’heure.
Les dialogues parlés réactualisés font mouche, comme
l’air du même nom ou celui des baisers, jusqu’au Cancan final, cocasse et habilement «escamoté»…
L’humour et la fantaisie dominent, le tout brillamment
dirigé par l’excellent Alain Altinoglu, jeune baguette
à suivre !
On ne peut pas dire qu’Olivier Py
manque d’idées ! Sa mise en scène
d’Idomeneo de Mozart propose une
lecture originale fondée sur la doublethématique qui lui est chère,
l’ambivalence des sexes et la Trinité
chrétienne… Hélas le menu s’avère
lourd, en partie à cause des déplacements de décors verticaux sur roulettes,
échafaudages qui, en sus d’une volonté
de dramatiser le discours musical et de
contourner le découpage lassant
récit/air de l’opéra seria, empêchent
précisément d’y goûter sereinement.
L’esthétique grisâtre, métallique, matinée de panneaux de miroirs sous une
lumière crûe au néon ne fait pas
concorde…
Néanmoins, le choix de confier le rôle
d’Idamante à un ténor (au lieu d’une
mezzo travestie ou d’un contre-ténor)
s’avère payant. Le fils d’Idoménée (également ténor) promis au sacrifice par
son père (en échange de son salut) sert
l’analyse équivoque du rapport père/fils
(qui tue qui ?), justifie la référence
biblique au sacrifice d’Abraham et à
celle du Christ en Croix. Musicalement,
les deux voix se mêlent et se confondent. Si Yann Beuron (Idamante)
présente une fatigue vocale qui l’handicape, Richard Croft (Idomeneo)
fouille avec subtilité les conflits intérieurs de son personnage. La captive
troyenne Ilia incarnée par Sophie
Kartäuser est une délicieuse amoureuse, et une habile «politique» à l’assise
dramatique renforcée. Et Mireille
Delunch (Electre) traverse la scène en
ovni tragique, archétype outré au chant
coupant comme une lame, qui finit
badigeonnée du sang maudit des Atrides.
Dans la fosse, Marc Minkowsky en est
à son quatrième Idomeneo… ça ne
s’entend pas ! Il gesticule, à même la
pulsation, mais ça n’avance guère !
L’équilibre de l’orchestre baroque des
Musiciens du Louvre reste délicat,
cependant l’Andante cantabile d’Ilia,
dialoguant avec un quatuor de bois
judicieusement surélevé, demeure un
moment de grâce ou l’on entend (enfin!)
ce qui se passe à l’orchestre.
Le raccourci de l’œuvre, imaginé sur le
ballet final, autre moment fort, donne
les clefs d’une lecture (père & fils
jumeaux, Electre androgyne…), qui n’a
rien de lisse et ne laisse pas indifférent.
JACQUES FRESCHEL
© Elisabeth Carecchio
18
FESTIVALS CHAILLOL | DURANCE
LUBERON
Un festival différent
Durant trois semaines
le Festival de Chaillol
a proposé un voyage
artistique à travers
le temps et le territoire
gapençais. Retour
sur la soirée du 2 août,
et sur les principes
singuliers d’un festival
pas comme les autres
L’église du hameau de Saint-Michel de
Chaillol est bondée bien avant le début
du concert. Ce soir c’est Beethoven qui
est à l’honneur avec le dernier volet de
l’intégrale des sonates pour violoncelle et piano, interprétées par le
pianiste italien Andrea Corazziari et
le violoncelliste Frédéric Lubiatto.
Ambiance conviviale et intimiste, il
faut installer des spectateurs sur la
scène, les nombreux enfants demeurent
sagement accroupis… Une écoute
religieuse… et l’auditoire reste époustouflé par le show digital du virtuose
italien, qui danse littéralement sur
son siège lors des délires rythmiques
Frédéric Lubiatto et Andréa Corazziari © Alexandre Chevillard
propres au compositeur romantique !
Le jeu plein d’émotion du violoncelliste est davantage à nu dans Durations
de Morton Feldman, dont l’œuvre
atypique offrait une mise en regard
pertinente avec Beethoven, qui développe et nourrit l’écoute des novices
et des mélomanes. Car le Festival de
Chaillol procède d’une véritable démarche culturelle investie. Loin des
pôles décisionnels régionaux (mais avec
l’aide de la région PACA), le Champsaur,
le Valgaudemar et tout le pays
gapençais sont irrigués par une programmation de grande qualité et un
éclectisme recherché. Jazz, classique,
musique improvisée et musique du
monde dans des formations singulières tentent de combler avec succès
le fossé qui existe entre ville et vallée.
De Tallard aux portes du Dévoluy en
passant sous les premières cimes des
Ecrins, des communes parfois de moins
de 500 habitants accueillent des évè-
nements culturels majeurs. Il faut dire
que la Scène Nationale de Gap et ses
Excentrés travaillent ce terrain depuis
20 ans ! L’été, autour de Chaillol, les
genres se mixent, conjuguent les
répertoires… Sous l’impulsion de
Michaël Dian, la 13e édition joue entre
l’occident et les horizons lointains.
Loin de l’étiquette exotique qui masque parfois une certaine vacuité, un
véritable échange se crée avec l’Argentine, ou avec le Japon (commande d’un
conte musical japonais au jeune compositeur Thomas Keck). 19 nationalités
sur 33 musiciens présents cet été, un
véritable partage avec les enfants et
les stagiaires… Les passerelles artistiques fonctionnent dans les deux
sens alors que l’écoute grandit en qualité et en quantité. Trois semaines de
concerts, balades musicales, découverte du patrimoine, ateliers d’écriture…
De quoi mettre à profit l’été, en
conjuguant culture et vacances, développement d’un territoire et éducation
musicale.
FREDERIC ISOLETTA
La vie de château
Le festival Durance Luberon se glisse d’un château à l’autre…
Cocktail savoureux
au château La Verrerie
Spirituels, drôles, Cathy Heiting, soprano, et Jonathan Soucasse, pianiste, ont tenu en haleine les
spectateurs bercés par le murmure des eaux du
bassin qui se transforme en petit puits d’inspiration
pour le premier opéra de Puccini… Puccinistory dans
laquelle une certaine mouche à beurre (Butterfly
oblige !) connaît de nombreuses aventures au Japon
des Pokémons ! Au cours de ce spectacle au rythme
endiablé, les deux artistes se donnent la réplique
avec une verve, un brio, un talent époustouflants.
Il n’est pas de genre qui échappe à leur virtuosité,
Rossini et Verdi, les «deux collègues» laissent la
scène à un Saint Saëns incompris et plagié, d’où
sa dépression chronique… L’Ave Maria joue avec
l’Alléluia de Léonard Cohen, Chopin enchâsse ses
pièces en un même et brillant morceau qui s’achève
en pirouette jazz. La vaisselle elle-même devient
percussion pour un Boléro. L’air de Dalila et la Wally
se mêlent à des standards de jazz. Une soirée d’été
vivifiante !
© Laure Campini-Festival Durance 2009
Le château Mirabeau s’ouvre
à la tragédie…
© Laure Campini-Festival Durance 2009
La cour du château de Mirabeau, exceptionnellement ouverte pour le festival, offrait un cadre magique,
une remarquable acoustique, dans un écrin de belles
pierres aux bossages réguliers, avec des toits bordés
de quatre rangs de génoises… Cadre à la hauteur
de la pièce interprétée, ici par fragments, Athalie de
Racine. L’ensemble vocal Ad Fontes Canticorum, sous
la houlette de Jan Heiting, a soutenu vaillamment
la partition difficile de Mendelssohn et les solistes
ont apporté un souffle musical à la fois sensible et
brillant tandis que les acteurs de la Cie Interlude
donnaient les extraits les plus connus de la pièce.
La qualité sincère de l’interprétation a reçu une ovation méritée. Une soirée magique !
Opéra Bouffe au Paradis
Le château Paradis recevait pour sa part Don Pasquale,
opéra Bouffe de Donizetti, que la troupe d’art
choral de Moscou en résidence d’été en Provence a
interprété avec dynamisme. Chanteurs, certes, et
excellents -basse profonde de Dimitri Ovchinnikov,
légèreté des aigus cristallins des soprani Anastasia
Belukova ou Maria Lobasheva, barytons enlevés,
Denis Azarov et Igor Tarasov, mais aussi acteurs !
On rit beaucoup, le jeu est d’une grande justesse,
les jeux de scène hilarants. Thème éternel du barbon
qui veut épouser une jeunesse… Un spectacle d’un
bel humour.
C’est d’ailleurs ce que l’on peut retenir de ce festival,
Durance Luberon, une exigence de qualité dans le
choix des œuvres et des artistes, une équipe dynamique, dévouée et accueillante. Qui donne un peu
de vie à la fin du mois d’août peu nourrie des
bonheurs de juillet !
MARYVONNE COLOMBANI
Le festival Durance Luberon
a eu lieu du 14 au 23 août
© Laure Campini-Festival Durance 2009
CHÂTEAURENARD | LE THORONET
FESTIVALS
19
Un grand cru à Chateaurenard !
Le festival Aux Tours Du Piano s’est
achevé sur les notes romantiques du
Trio Georges Sand. Cette seconde édition a rempli avec succès les objectifs
du Festival : mettre en avant le
monde du piano, en faisant une large
place à toutes les alliances musicales
et théâtrales qu’il peut susciter.
Ainsi, cette année, le festival a
rassemblé plus de 600 spectateurs
autour de huit spectacles donnés
dans l’enceinte du château. Le site
historique des Tours, une découverte
pour une grande partie du public, a
été mis en valeur par des éclairages
spectaculaires, et a plu par son originalité et son excellente acoustique.
Cette session 2009, présidée comme
la précédente par Philippe Hebert, a
offert des soirées intenses et variées,
ou intimes et poétiques comme celle
consacrée au spectacle de Macha Meril
et Marc Laforêt, Feu sacré, contant
l’histoire de Chopin et Georges Sand.
Et le Festival a innové en proposant
des «avant-soirées» à 19h qui ont
permis à un public plus jeune et plus
divers de découvrir le piano sous des
facettes variées et abordables.
Aux Tours du Piano a clos ses portes
le 28 juillet : beaucoup dans le public
ont pris rendez-vous pour l’été 2010!
CHRISTINE REY
Trio George Sand © Bernard Richebé
Souffle millénaire
Les 19e Rencontres
de Musique Médiévale
du Thoronet ont accueilli
le 26 juillet l’Ensemble
Gilles Binchois autour
du chant grégorien
du Xe au XIVe siècle
Lorsque nous pénétrons dans l’abbaye
cistercienne du Thoronet, le commentaire stupéfait de Le Corbusier
déclarant lors de sa visite «la pierre y
est amie d’homme» nous revient
comme un écho soulignant l’harmonie et la pureté du lieu. De plus, les
pierres de l’imposante abbatiale
redistribuent les sons avec une
qualité acoustique remarquable. Sous
la voûte en berceau brisé, l’Ensemble
Gilles Binchois, du nom du compositeur franco-flamand du XVe siècle,
propose un florilège de chants des
monastères d’occident, allant d’Engelberg (Suisse), à Las Huelgas à Burgos
(Espagne) en passant Saint-Martial
de Limoges et Milan dont le chant se
nomme ambrosien. Ce tour d’Europe
instructif et varié alternant monodies
et polyphonies fut distillé avec très
grand soin par l’ensemble déjà
trentenaire, sous la direction du ténor
Dominique Vellard. Couleurs retenues,
atmosphère contemplative ou vocalise à la logorrhée mélismatique à
couper le souffle : un immense talent
au service d’un travail d’orfèvre.
Qu’on aurait tort de juger élitiste ou
couvert de poussières muséales. Les
rencontres refusent du monde en
pleine saison estivale, dans un lieu
certes d’exception mais reculé, qui
promeut une musique vieille de près
de mille ans… à l’heure où le mot
festival accompagne le promeneur où
qu’il aille ! Pour notre plus grand
bonheur, les vieilles pierres restent,
et les vieilles notes aussi. Vivent
longtemps ceux qui les ont fait
renaître.
résonance inouïe, Stomu Yamash’ta
a livré une musique où seule compte
la beauté du son, parfois très proche
de nos musiques électroniques
savantes occidentales dans l’atmosphère propice à la méditation (on
pense notamment aux œuvres de I.
Xenakis). À la différence que l’ensemble semblait relever davantage de
l’improvisation tant les musiciens
jouaient avec l’acoustique incroyable
de l’abbaye.
Dans ce voyage sonore au cœur de la
spiritualité bouddhiste, l’auditeur était
invité à savourer un mélange poétique
de stupéfaction et de contemplation.
Nul ne saurait dire s’il était ou non
nécessaire d’applaudir à la fin de la
prestation mais il est certain que les
murs épais de Thoronet étaient ce
soir-là en parfaite sympathie avec
cette expérience vibratoire…
FREDERIC ISOLETTA
Ensemble Gilles Binchois © X-D.R.
Abbaye Zen
Le 25 juillet étaient réunis en
l’Abbaye du Thoronet le grand
percussionniste japonais Stomu
Yamash’ta, le flûtiste Shakuhashi
Genzan Miyoshi et quatre membres
du monastère Daitoku-Ji de Kyôto
pour un spectacle à mi-chemin entre
musique et spiritualité bouddhiste
zen.
En effet, alors que les moines déclamaient des sûtras avec une gestuelle
très cérémonielle et une concentration sans faille, le flûtiste, sur la
gamme pentatonique japonaise,
ponctuait le discours d’un souffle très
inspiré. Pendant ce temps, le percussionniste accompagnait ces litanies
d’interventions sur un ensemble
composé de 17 pierres sanukites,
roches volcaniques datant de 13
millions d’années. Passé maître dans
l’utilisation de ces instruments à la
Stomu Yamash'ta © X-D.R.
EMILIEN MOREAU
20
FESTIVALS
MUSIQUE | DANSE
Un campement en création
Sous le ciel étoilé des Rencontres de Gassière, à Cotignac,
le chorégraphe William Petit et la performer chanteuse
Hassounia ont donné corps et voix à Salam Leila, appel
nocturne créé en 2005 qui a trouvé dans ce théâtre de
verdure un éclat particulier. Au-delà de la danse elliptique
et des incantations, scandées parfois jusqu’à la transe, audelà de sa construction onirique, Salam Leila est un duo
doux-amer. Un cri d’alarme, enchanteur et acide, sur l’état
du monde, «où les protagonistes traversent les questions de
l’altérité.»
Aller vers l’autre, c’est ce que n’a jamais cessé de faire William
Petit au gré de ses créations -Kabaret nomade-vers le bal,
Streams, Kavaleva Kansa, Salam à corps perdus…-, son
travail gagnant chaque fois en profondeur et en matière.
Sa danse se fluidifie au fur et à mesure que sa réflexion se
densifie, et préfère l’évocation, la suggestion, à l’exécution d’une partition technique : plus les voyages et les
rencontres mûrissent son propos, plus il écrit ses spectacles comme un recueil de nouvelles, avec une parole
plus éloquente encore. Crossing Border-comme des chiens
enragés courant sur des lames de rasoirs, son projet actuel,
en est une autre illustration, fruit d’incessants allersretours le long de la frontière américano-mexicaine. Née
Salam Leila © Guy Thouvignon
d’une collaboration musicale avec Pierre Mourles, qui
prend la forme de Rush jusqu’en 2010, cette expérimentation aboutira en 2011 à une nouvelle mise en jeu,
avec la complicité du danseur et performer Yoan Mourles.
Mais pour mener à bien ce projet dont la forme n’est pas
encore définie (spectacle pluridisciplinaire ? photographique ? vidéo ?), il faudrait à William Petit un lieu de
travail. D’autant que sa compagnie Rialto Fabrik Nomade
n’a toujours pas de studio permanent dans le Var où elle
est implantée depuis 15 ans ! Heureusement que ses liens
avec Châteauvallon, le 3Bisf, le
Merlan ou le Studio Kelemenis lui
permettent d’envisager des séquences de travail… Heureusement
encore que les Rencontres de
Gassière ont eu la délicieuse idée de
programmer Salam Leila en ouverture
de festivités aussi intimes que
conviviales. Où un certain Miquèu
Montanaro s’est fait un plaisir de
faire entendre sa musique, venu là en
voisin et en ami, comme toute
l’assemblée alléchée à l’idée de se
rencontrer un soir d’été.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Les Rencontres de Gassière,
Cotignac (83)
http://rencontresdegassiere.free.fr
L’Egypte au couvent
Au Couvent des Minimes
de Pourrières, l’équipe de
L’Opéra au Village a repris
Djamileh : le lieu sied
parfaitement à la subtilité
du langage de Bizet et à
l’intimité de l’intrigue
Après un dîner à thème, nous entrons
dans la rêverie avec une première
partie d’œuvres rares, liées au contexte
de l’opéra : La Captive d’Edouard Lalo
chantée par la ravissante mezzo au
timbre velouté, Yete Queiroz, qui sera
Djamileh et La Havanaise de Pauline
Viardot ; on apprécie le timbre du
baryton Jean Fischer, son phrasé élégant tandis que le ténor Samy Camps,
Haroun dans Djamileh, apporte sa
jeunesse lumineuse. L’ensemble instrumental accompagne avec sensibilité
et fougue les chanteurs, et Luc Coadou
dirige avec verve. Des strophes de
Namouna de Musset, qui inspirent
l’intrigue, sont mêlées à une création
électroacoustique. Un lien entre tradition et modernité qui se conclut
par une danse orientale.
Puis Djamileh, fantaisie orientale de
1872, nous emmène en Egypte. Esclave,
Djamileh est congédiée comme les
autres par le sultan Haroun, mais fera
tout pour reconquérir l’amour de son
seigneur. On retrouve nos musiciens
dirigés avec le même élan. Ils se jouent
des difficultés de la partition avec
insolence : cette réduction d’orchestre
de Frédéric Carenco, pour sextuor,
est une réussite : elle garde un équilibre de timbre sans perdre le langage
romantique. La présence du tambourin, les quintes à vide, les lignes
mélodiques ornées et syncopées donnent à cette partition toute sa saveur
orientale.
Les trois héros sont jeunes et beaux:
Yete Queiroz est une belle découverte, une voix magnifique. Samy
Camps est un ténor léger qui chante
pour la première fois un rôle lyrique.
Son enthousiasme compense des
fragilités vocales dans le médium,
pressenties dans l’air de Nadir. Les
aigus semblent plus faciles, et le
dernier duo avec Djamileh sera
magnifique. Jean Fischer est un
Splendiano tout droit sorti d’un opera
buffa : baryton à la belle ligne de
chant, un jeu très convaincant aussi.
Les choristes assurent une partie
théâtrale et vocale homogène, une
direction d’acteur souple et cohérente conduit le discours musical.
L’équipe technique a réalisé aussi un
très beau travail son et lumières,
mettant en valeur de beaux costumes
chatoyants.
Une heureuse initiative de L’Opéra
au Village qui promeut de jeunes
talents en faisant revivre des œuvres
rares, et en faisant vibrer une
commune. Le plateau, étroit, a
semblé immense le 23 juillet devant
la générosité de tous.
YVES BERGÉ
© Yves Bergé
Le Château de Trets accueillait
aussi son festival
Philosophie musicale
La Mort Marraine © Agnes Mellon
Télémaque s’accorde, le public entre. L’atmosphère est étrange… Le silence,
puis la clarinette duettise avec la contrebasse… Toute frêle dans sa longue
tunique blanche, robe des fées et des elfes, Julie Cordier présente les acteurs
de l’histoire, comme dans Pierre et le loup, «les âmes et les cœurs ne sont faits
que de notes.» Ainsi, chaque rôle est porté par un instrument particulier, les
sombres timbales représentent le père tourmenté, l’accordéon, Dieu, la
contrebasse, le diable, le pauvre jeune homme, héroïque médecin, le violon
nostalgique, la mort si droite et honnête, la douce clarinette et la langoureuse
et gracile princesse, le glockenspiel.
«Que s’ouvre le livre, laissons les musiciens déverrouiller nos âmes !». Sur le beau
texte de Raoul Lay s’ourlent les contours de La Mort Marraine, jeux simples de
boules qui s’illuminent, d’écharpe qui se drape… La conteuse entraîne dans un
monde onirique où les la mort, Dieu et le diable se croisent avec simplicité;
où le temps suspendu des contes se heurte ironiquement au nôtre. Sa voix
comme un instrument de l’orchestre se lie au tissu des songes dans lesquels se
brodent les thèmes. Moment de pure magie : qui est plus fort ? L’amour ou la
mort ? Chacun donnera sa réponse, mystique ou rationnelle… Mais les
questions essentielles sont posées, ouvertes aux plus jeunes par l’émotion sans
fard d’une musique suspendue…
Madame au château
Vous connaissez les petits livres pour
enfants, Monsieur tranquille, Madame
coquette… De petits volumes cartonnés qui illustrent qualités et défauts
à travers la vie de tous les jours. Les
personnages ronds et stylisés enchantent les lecteurs débutants.
L’originalité du Studio du Soleil est
d’avoir repris le schéma de ces
historiettes dans une théâtralisation
drôle et enjouée qui s’applique à
parodier le quotidien par le biais de
ces petits «héros». Silhouettes de
maisons, ombres chinoises, nuages
aux contours enfantins projetés sur le
mur du fond de scène… Monsieur
Pressé et Madame Lent, Monsieur
Bricoleur et monsieur Maladroit,
Madame Boute-en-train et Mademoiselle Timide sans oublier Monsieur
Tatillon, se donnent la réplique dans
un ballet de gestes qui enchante
petits et grands. Le spectacle a
remporté un succès mérité dans la
cour du château de Trets. Seul
élément à déplorer : le peu
d’affluence ! Pourtant les organisateurs présentent un programme
pertinent, riche et varié, et animent
avec une belle énergie le cadre
sublime du château de Trets. Sans
doute un effort de médiatisation
reste-t-il à faire ?
MARYVONNE COLOMBANI
22
ARTS DE LA RUE /CIRQUE
CARESSEZ LE POTAGER | KARWAN | ARLES
Sous les pavés, le potager...
6e édition de ce festival
différent qui propose
de mêler le plaisir du jardin
avec la bonne chère
et les émotions artistiques,
dans un parc arboré
Côté jardin, 1000 graines de légumes
«élevée» par les habitants des bords de
l’Huveaune, à côté Béatrice Bonhomme et son jardin de dessins, sculptures,
objets volants au gré des heures et des
humeurs. L’atelier méditerranéen de
l’environnement propose un parcours
sensoriel pour les enfants et des cours
de cuisine, tandis que l’association
Pacasolaire vous initie aux charmes
des éoliennes et des capteurs solaires.
Sophie et Laurent feront découvrir une
grande variété de légumes oubliés et
avec Zaalouk, des contes du Maghreb
avec Philémon, du théâtre, du cinéma
avec entre autres Les saignantes du
réalisateur camerounais Jean-Pierre
Bekolo...
Côté culture, balades urbaines et
photographiques avec Vol de Nuit et
animations proposées par le Museum
d’Histoire Naturelle de Marseille.
Et côté festif, démonstrations de tango
avec notamment Christophe Apprill
(voir p.75) et grand bal final !
Suivez les sentiers, et vos intuitions !
CHRIS BOURGUE
Les saignantes de Jean-Pierre Bekolo © Quartier Mozart Films
L’après-midi d’un faune de Jérome
Dorso, de la musique avec le groupe
Teppaz et Pegaz et l’accordéon de
Sandrine Clemente, du jazz oriental
officieront aux fourneaux pour des
saveurs naturelles ou exotiques.
Côté spectacles, de la danse avec
Hystera, solo de Claudine Crosta, et
Caressez le potager
25, 26 et 27 septembre
Parc de la Mirabelle, Marseille 12e
06 83 85 44 03
www.dusud.com
Suivez l’abeille !
Karwan © algo
L’abeille, c’est l’Ape (prononcez apé, c’est de l’italien),
un triporteur multimedia qui annoncera et accompagnera les représentations de la Saison Régionale
des Arts de la Rue et des Arts du Cirque, action
financée par la Région PACA, soutenue par le Minis-
tère. Cet engin étonnant, conçu par les Ateliers Sud
Side, sera piloté par une apicultrice de charme en la
personne de Lili, ancienne apprentie de la Fédération
des Arts de la Rue. À terme 5 à 6 tournées seront
organisées d’ici juin 2010.
La 1re tournée présentera Être le loup, nouvelle création de la compagnie Orphéon Théâtre intérieur
qui donnera 13 représentations dans 9 communes.
Le texte de Bettina Wegenast (éd. L’école des loisirs,
2004) met en scène 2 moutons dans un pré confrontés à la mort du loup : une place à prendre ? Françoise
Trompette, metteuse en scène, poursuit son travail
sur le répertoire contemporain et déclare faire acte
de résistance en réponse à la Mairie de Cuers qui a
interdit les activités de la troupe installée pourtant
depuis 25 ans. Heureusement la ville de La Seyne serait
prête à l’accueillir avec sa bibliothèque de plus de
9000 titres spécialisés dans le théâtre.
Karwan a initié cette opération dans le cadre de projets culturels territoriaux pour les Arts de la Rue et
du Cirque dans tout le Sud-Est et fédère un réseau
d’une trentaine d’acteurs culturels, le R.I.R (Réseau
Interrégional en Rue). Objectif : toucher des publics
divers et les fidéliser. Chiche ?
CHRIS BOURGUE
Être le loup
Orphéon Théâtre
Château-Arnoux le 16/9, Le Revest le 18/9,
MontDauphin le 26/9, Pernes les Fontaines le 30/9,
Valbonne le 3/10, Marseille les 7, 14 et 21/10,
Port-Saint-Louis le 17/10
www.karwan.info
Arles en piste !
Au Théâtre, mais aussi dans la cour de
l’Archevêché, au CDC de Saint-Martin
de Crau et à Boulbon, petites formes
et grands spectacles invitent à la découverte. Côté entresorts, Le Grand
Théâtre Mécanique des Ateliers Denino
s’installe Cour de l’Archevêché pour
proposer son voyage au royaume des
miniatures (10 et 11 oct), tandis que,
au même endroit, Branlo et Nigloo, cofondateurs du Cirque Aligre et de
Zingaro, feront les Augustes dans leur
petit théâtre baraque (du 10 au 15 oct).
En cirque aussi les pointures sont au
rendez-vous : la cie catalane Los Gingers
et son Perlas Y Plumas multi-récompensé
qui oscille entre cabaret et théâtre de
rue, tout en imposant son glamour pailleté (les 10 et 11 oct au Théâtre) ; le
trampoliniste Mathurin Bolze et le
jongleur et acrobate unijambiste Hedi
Thabet réinventent l’équilibre et imposent la différence des corps dans Ali
(les 12 et 13 oct au Théâtre) ; à StMartin de Crau, la clown Adèll
Nodé-Langlois sera Antigone, criant
sa rage et se battant contre l’injustice
à coups de peinture et de chocolat, la
coiffure en bataille (le 14 oct) ; plus tard
ce sont les belges de la cie D’irque
(l’acrobate-jongleur) et Fien (la musicienne) qui embarqueront le public
dans Oh suivant ! ; et pour finir, le Théâtre accueillera la cie Cirque Hirsute
pour un Bal caustique aérien où tout
est prétexte aux acrobaties (le 17 oct).
Un début de saison envolé !
DOMINIQUE MARÇON
Ali © Stephane Rouaud
Début de saison en Cirque
& Entresorts, rendez-vous
désormais incontournable
pour tous les fidèles
et amateurs du genre !
Cirque & Entresorts
Du 8 au 17 oct
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
SMALL IS BEAUTIFUL | RADIO GRENOUILLE
CIRQUE/ARTS DE LA RUE
23
Big is épatant !
Écoutez
pour voir
ANPU © X-D.R.
Dire que Small is beautiful a pris de
l’ampleur cette année est en-dessous de
la réalité : la manifestation, qui jusqu’alors
invitait des cies prestigieuses pour de
petites formes, montre en 2009 toute
l’ambition esthétique de Lieux Publics.
Une philosophie des Arts de la rue vus
non pas comme des arts amoindris pour
l’espace public, mais des formes exigeantes, adaptées à la rue mais aussi
pointus qu’au théâtre, ou au concert. Car
les Arts de la Rue ne sont pas un genre,
mais un mode de (re)présentation.
Ainsi on pourra voir par exemple du Koltes
mis en scène par Catherine Marnas :
Dans la Solitude des champs de coton,
créé aux Salins transformés en parking
pluvieux, sera repris… dans des parkings.
À Marseille, mais aussi à Martigues, et
Aubagne. Car Small is beautiful occupe
aussi le territoire : les deux villes, particulièrement ouvertes aux arts de la rue
-le «public» y est incroyablement réceptif-,
viennent ainsi se joindre à la métropole,
occupée de la Canebièreà Saint Charles,
de la Belle de mai jusqu’à Saint André.
Des navettes sont prévues en tous sens,
pour tous, et tout est gratuit… On pourra y
croiser les artistes interventionnistes,
ceux qui interfèrent avec les passants et
jouent sur la surprise : les Beaux Parleurs
qui prennent inopinément la parole, des
Flash Rue participatifs qui amènent les
volontaires à enfourcher des comportements publics inadéquats, un Père Noël
qui viendra déranger le mois d’octobre.
Mais il y aura aussi des arts de toutes sortes: des solos et duos dansés d’Ex Nihilo,
Antoine le Ménestrel et quelques
italiens ; du cirque performance avec
Camille Boitel, de la musique avec la
Banda europa. Des conférences aussi :
une vraie, de Bernard Stiegler, et d’autres
beaucoup plus loufoques de l’ANPU,
Depuis plusieurs mois Radio Grenouille
et Arte radio se sont associées pour
mettre Marseille sur écoutes. Alors attention : du 29 sept au 4 oct ils restituent
sur leurs ondes, leurs sites mais aussi en
direct (les Ecoutes se regardent…) ce qu’ils
ont collecté, monté, conçu, suscité. Cela
va de la création rap revendicative (Marseille Capitale de la rupture 2013 par RPZ)
à un documentaire sonore sur l’incendie
du Marché du Soleil, ou à une fiction
sur l’histoire sous terraine, et sous-marine,
de Marseille, depuis les boyaux miniers
jusqu’aux profondeurs mentales… On y
entend les voix de la Ville, avec ses accents marseillais ou arabes, et les bruits
de tout, y compris les rumeurs politiques
et sociétales. On pourra les écouter seul
chez soi, ou ensemble sur les lieux d’enregistrement, à l’Alcazar ou au Point de
Bascule. De la vraie radio, créative, et
d’investigation…
AGNÈS FRESCHEL
Marseille sur Écoute
Du 29 sept au 4 oct
04 95 04 95 15
www.grenouille888.org
www.arteradio.com
KompleXKapharnauM © x-D.R
hilarante Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine qui vous accueillera
individuellement sur un divan place Caffo,
ou en groupe aux Bancs Publics pour psychanalyser Marseille… La sirène du 7
octobre sera confiée à Tony Clifton… Et
la création, coproduite par Lieux Publics, aux
plasticages de KompleXKapharnaüM.
Bref dix jours entiers d’occupation publique. Quand on vous le disait : Small is
enormous !
AGNES FRESCHEL
Small is beautiful
du 2 au 10 oct
Marseille, Aubagne, Martigues
04 91 03 81 28
www.lieuxpublics.com
Pas d’urbanité sans désordre
Pour réveiller la ville il faut parfois mettre
le oaï. Pour sa 3e édition, Préavis de
désordre urbain promet d’être à la
hauteur de ce nom qui connote l’agitation sociale, et du projet de l’association
Ornic’art : il s’agit de performances
engagées dans la ville, produites par des
artistes européens issus des arts visuels,
et spécialistes de l’espace public. Depuis
la Friche, QG des opérations, des interventions préparées par les artistes à
partir du 20 sept sont lancées dans les
rues (Itinéraire de désordre urbain rue
Grignan le 23 à 11 h, Chantier le 26 sur la
Canebière), les théâtres (préavis d’insomnie aux Bernardines le 25) et
durant Caressez le Potager (voir ci
contre). Une conception interventionniste des Arts Urbains, pour sortir la rue
de sa léthargie, et la rendre, peut-être, à
son urbanité…
A.F.
Préavis de désordre urbain
Du 20 au 27 sept
04 95 04 95 04
http://ornicart.over-blog.com
24
THÉÂTRE
ACTORAL | LES INFORMELLES
Des Informelles
en bonne forme
Écoutez voir les écritures
Depuis huit ans actOral
ouvre avec fracas la saison
artistique à Marseille
Singulière, sa démarche n’est pas centrée sur un genre ou un thème et toutes
les formes s’y côtoient, de la performance plastique à la lecture, la musique,
la danse, le cirque… Un seul axe, mais
fondamental, préside à ces 13 jours
entiers de festival : arts et écritures y
sont contemporains, en création, et en
recherche formelle. Parfois vers des
impasses, souvent vers du déjà vu, et
quelquefois aussi vers des révélations
essentielles qui allument du nouveau.
Cette année actOral s’étend largement,
ayant visiblement atteint un âge de raison qui lui donne une aisance presque
replète : actOral après Marseille s’enfuit
à Paris et remet ça, avant de se refaire
une nouvelle édition à Nantes, au Lieu
Unique, en décembre. Et dans sa ville
actOral investit tous les lieux et tous les
partenaires d’une esthétique voisine.
Ainsi les arts de la scène y ont la part
belle : le Creac accueille Boris Bechio
puis Par le Boudu de Bonaventure
Gacon -génial avatar du clochard de
Michel Simon ; le Merlan s’interroge sur
l’illusionnisme avec un spectacle de
magie, toujours dans le cycle les Écrits du
cirque, tandis que Marseille Objectif
Danse, partenaire historique d’actOral,
programme bien sur ses Écrits de la
danse, avec Antonia Baehr qui se demande ce que fait son corps lorsqu’il
rit, et un Solo aveugle (avec des larmes
bleues) d’Olga Mesa, où il est question de formuler un mouvement tenu
presque invisible…
Massalia aussi se joint à actOral en
accueillant la dernière mise en espace
de Thierry Bedard, toujours attaché
à l’écriture raide et révoltée de Raharimanana : Za est un roman brut,
violent et fantastique, trivial et sublime,
cie La Zouze
© Cyrille Weiner
Ce sont deux jours de petites formes qui sont proposés, fragments, raccourcis ou résumés, ou instantanés.
Comme l’an dernier, à l’École de la Deuxième chance.
Ailleurs. Les compagnies ont répondu présent et proposent, dans divers endroits du très beau bâtiment
-salles, hall, préau et cours- des configurations surprenantes, inattendues. Informelles quoi ! Le public
s’y promène, y butine, y fait son miel, jamais prisonnier d’une proposition qui se déroule, pouvant s’arrêter
là et aller voir ailleurs. Car il y a de quoi voir, de 19h
jusqu’au bout de la soirée, les 18 et 19 sept : un feuilleton fabriqué par Michel Jacquelin et Odile
Darbelley, et les stagiaires de l’Ecole ; un Bartleby,
parce que l’histoire de cet homme perdu à Wall Street
n’a jamais été aussi frappante d’actualité (Cie
Transatlantik de Bruxelles) ; un objet chorégraphique et visuel fabriqué par Christophe Haleb ; un
atelier de chant, un de vidéo, une vente aux enchères
chorégraphique, un atelier de lecture à moteur, un
juke box à embrayage, une performance ontologique
sur la crise ; et une proposition théâtrale de Rachel
Ceysson et Josef Avelmeïer (musique) sur un texte
de Marina Tsvetaeva, qui s’annonce, en regard,
presque raisonnable ! Et puis il y aura aussi du cinéma
(Tati), la buvette et la restauration, et l’habituelle
convivialité.
De quoi commencer l’année théâtrale en beauté, et
en surprises…
A.F.
Les Informelles
École de la deuxième chance, Marseille 15e
Les 18 et 19 sept
04 91 24 30 48
www.festival-les-informelles.org
Le soir des monstres
© Elsa Revol
cie La Zouze
© Cyrille Weiner
introspectif et révélateur du monde…
Les Bernardines sont de la partie avec
Crabe Rouge de Julien Mabiala Bissila;
l’ERAC prête ses studios et ses étudiants, Lieux Publics s’installe dans
les vitrines de la Canebière, Triangle
France programme à la Friche une série
de courtes vidéos intitulées Tu fais quoi
dans la vie, et élaborées autour de l’œuvre de Valérie Mréjen ; le CiPM expose,
l’Alcazar s’associe à de nombreux événements et, avec Radio Grenouille,
met Marseille sur Écoute (voir page
23), les Jeudis du comptoir s’associent en accueillant Tanguy Viel (voir p
66), le Gymnase en programmant
deux écrivains lusophones, Tiago Rodrigues et Patricia Portella, tandis
que la musique aussi sera portugaise
à l’ouverture, pour aller ensuite vers le
rock japonais et l’électronique berlinoise, programmés par le GRIM.
L’essentiel d’actOral est sans doute,
cependant, moins spectaculaire. Ce qui
se déploie la nuit hors de Montévidéo
est comme l’écho amplifié de l’activité
diurne du lieu : Lectures plus ou moins
mise en espaces, Une heure avec, mais
aussi installations plastiques, films,
écoutes, pièces radiophoniques… Toutes
les journées, à partir de 11h (oui oui,
du matin) sont rythmées par la parole
d’écrivains que l’on attend impatiemment : Noëlle Renaude, Rainald Goetz,
Sonia Chiambretto, Tanguy Viel,
Christian Lollike… Et Hubert Colas
bien sûr, maître d’œuvre, au croisement
de toutes ces écritures qu’il pratique et
diffuse lui-même en son lieu, et loin
ailleurs.
AGNES FRESCHEL
actOral
du 28 sept au 10 oct
Marseille, divers lieux
04 91 37 30 27
www.actoral.org
26
THÉÂTRE
LA CRIÉE | LE MERLAN | LE MASSALIA
Pas de Criée, nouvelle Criée
La saison va commencer en retard…
Les événements programmés dans le
cadre d’actOral (voir p.24), ou des
Littorales (voir p 63), se rapatrient vers
d’autres lieux. Quant au Hamlet-Cabaret de Matthias Langhoff, prévu au
Théâtre Nono, il ne peut avoir lieu, les
répétitions en ce lieu étant trop chères.
La Sonate à Kreutzer mis en scène par
Célie Pauthe disparaît également de
la programmation… C’est que la Criée
a des soucis. Les travaux ont pris du
retard, mais peu eu égard aux circonstances : on a découvert de l’amiante
dans la zone réservée aux techniciens;
aucun risque pour le public, il s’agit
d’amiante non volatile, dangereuse
seulement en contact direct. Mais l’un
des techniciens, au moins, a un cancer
de la plèvre. L’équipe travaille à retrouver
tout le personnel, retraité, intermittent,
qui est passé dans ces lieux durant
trente ans. Le bâtiment, construit en
1981 après l’interdiction de l’amiante,
ne devrait pas en contenir. Les rapports
réguliers d’inspection n’en avaient
d’ailleurs pas décelé. Sauf en 2006,
mais le rapport, remis à la ville, n’avait
semble-t-il pas été communiqué à la
Criée.
Notre Théâtre National a pris le taureau
par les cornes et tout désamianté. Le
chantier, impressionnant, devrait se
terminer en octobre, pour une réouverture en novembre avec la création de
Jean-Louis Benoît. Et une nouvelle
façade, dans la foulée. Le hall demeure
ouvert, pour les abonnements. Plus que
jamais il faut être là !
La Criée
04 96 17 80 00
www.theatre-lacriee.com
A.F.
Projet de facade / illustration du cabinet d'architecture Donjerkovic
Magies et bric à brac
continuera d’interroger petits et grands autour du
rapport au cirque : celui de Boitel est plus acrobatique. Accumulatif aussi, fait d’objets en tas et
d’interrogation sur l’espace, mis en œuvre par luimême et quatre compères avec virtuosité. Comme si
aujourd’hui le cirque seul pouvait se la permettre sans
reproche…
A.F.
Premier Voyage
Après l’accueil de Thierry Bédard et Raharimanana dans le cadre d’actOral (voir p 24) le Massalia
propose au jeune public (8 ans) un premier voyage
en cirque, Ni fini ni infini. Une petite ronde, histoire
racontée par un quatuor de messieurs Loyal musiciens, épopée circulaire d’un homme pris de tournis,
d’un collectionneur de petites choses qui ne sait où
cesser sa collecte et mettre un point d’arrêt au voyage. D’une heure, proposé par la Cie Théâtrenciel.
A.F.
Camille Boitel © D. Matvejev
Pour actOral le Merlan accueille un magicien, Etienne
Saglio, et réfléchit à l’introduction de cet art de l’illusion sur les scènes théâtrales (voir p 24)... Après cela
L’Immédiat, nouveau spectacle de Camille Boitel,
L’Immédiat
Du 13 au 23 oct
Le Merlan
04 91 11 19 20
www.merlan.org
Ni Fini ni infini
Les 13 et 15 oct
Théâtre Massalia
04 95 04 95 70
http://massalia.lafriche.org
GYMNASE/JEU DE PAUME |TOURSKY | LE MAQUIS
THÉÂTRE
27
Vedettes en confiance
Au Gymnase / Jeu de Paume, ça commence fort. Après une entrée en
chanson avec Virginie Seghers (voir
p. 36), un des textes les plus émouvants -et drôles !- de Jean-Luc Lagarce:
Music Hall raconte la fin de carrière
d’une chanteuse de province, qui court
flanquée de ses boys infidèles de petite
salle provinciale en hôtels médiocres,
toute à sa gloire ratée de peu, à sa
passion de scène qui l’a dévoré. Cet
autoportrait de l’écrivain en diva, c’est
Lambert Wilson qui le met en scène
en choisissant Fanny Ardant : la Star
saura-t-elle faire oublier sa beauté et
sa classe pour endosser cet habit paradoxal ? Nul n’en doute, avec Madame
Ardant.
Autre lieu, autres «vedettes» (ce terme
à la jolie désuétude a été rapté par une
marque de lave-linge, et nous militons
pour sa réhabilitation). Au Jeu de Paume
c’est un classique du XXe siècle qui est
joué par la Comédie Française: Michel
Robin et Clothide de Bayser sont les
deux vieux des Chaises, de Ionesco.
Un texte essentiel sur la déstructuration du langage et des relations
sociales, fort mal accepté d’ailleurs par
la Comédie française en son temps !
Une pièce qui, le temps la pâtinant,
Talleyrand, c’est le Cardinal Mazarin
que l’acteur à l’œil rieur incarnera, au
moment de la jeunesse d’un Louis XIV
encore sous l’influence d’Anne d’Autriche. Le Diable rouge, d’Antoine Rault
mis en scène par Christophe Lidon,
tourne depuis plus d’un an.
A.F.
Music Hall
Du 29 sept au 3 oct
Le Diable Rouge
Du 13 au 24 oct
Gymnase
Les Chaises
Du 2 au 10 oct
Jeu de Paume, Aix
0 820 000 422
www.lestheatres.net
La grève et Prague
Au Toursky aussi la saison commence
fort : par une grève de la faim annoncé
de Richard Martin, à partir du 3
septembre, en vue d’obtenir le rétablissement de la subvention que l’État
a supprimé… En espérant que le directeur du Toursky n’en viendra pas à un
geste aussi extrême, on partira en ses
murs vers Prague, avec du cinéma (voir
p 52) et un spectacle musical (le 16
oct). Avant cela la saison commence
avec l’Orchestre symphonique de
Vienne (voir p 34) et la création de
donne à voir chair et émotions, et nous
parle de l’irrémédiable régression langagière d’un couple qui oublie son passé
commun.
Puis ce sera au tour de Claude Rich et
Geneviève Casile. Pour une pièce historique. Après son triomphe dans
Wladimir Znorko : avec Mon Golem (les
9 et 10 oct) le metteur en scène renoue
avec les légendes de l’Est et plonge
dans l’imagerie fantastique ashkénaze.
Comment le Golem, an-cêtre juif de la
créature de Frankenstein, créé de la
glaise de Prague par un rabbin imprudent, hante-t-il encore les rêves de
Znorko ?
A.F.
Théâtre Toursky
0 820 300 033
www.toursky.org
Revivent les troubadours
Après l’accueil chaleureux du public
avignonnais durant le off, le Théâtre
du Maquis tourne sa nouvelle création
en Pays d’Aix. Le Cabaret des hérétiques est un hommage à l’Occitanie
médiévale, celle des troubadours, de la
fin’amor, et des «hérétiques» que l’Inquisition parvint à détruire. Un spectacle
en chansons, comme toujours chez les
Bézier, pour rendre justice aux Albigeois 800 ans après un flower power
vite réprimé.
A.F.
Le Cabaret des hérétiques
Meyrargues
le 19 septembre
Pertuis
le 2 octobre
Meyreuil
le 4 octobre
Jeu de Paume Aix
le 16 octobre
Coudoux
le 17 octobre
04 42 38 94 38
www.theatredu maquis.com
28
MUSIQUE
OUEST PROVENCE | THÉÂTRE DURANCE
Tout imagé
Il fait tout, illusionne d’un tour de main,
se multiplie, pirouettes et magie vous
égarent. Xavier Mortimer occupe seul
la scène et pourtant… Ses instruments
s’animent, jouant sans qu’il leur
demande une mélodie à peine
ébauchée, les partitions s’amusent.
Son ombre même se désolidarise
jusqu’à former une fanfare… Mais ne
vous fiez pas à son air lunaire ou à son
apparente gaucherie, Xavier Mortimer
est un artiste hors du commun qui
maîtrise parfaitement son art.
Pascal Ayerbe est un «gribouilleur
sonore», un poète du son qui, avec ses
deux acolytes Arnaud Sacase et
Jean-Baptiste Tandé, enchante les
oreilles des petits spectateurs (à partir
de 5 ans) dans un spectacle magique.
Trio pour un petit pois balade sa
musicalité au pied d’un arbre d’où
pendent de gros petits pois, de drôles
de loupiotes multicolores, des jouets,
des objets bizarres… Crissements,
bruissements divers proviennent
Trio pour un petit pois
© Marion Bouillie
d’instruments de musique connus
(accordéon, guitare, clarinette…) ou
inventés, à la manière «d’une bande
sonore de dessin animé.»
DO.M.
Xavier Mortimer
Le 3 oct
Trio pour un petit pois
Le 6 oct
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Game over
En finesse
C’est avec beaucoup d’élégance qu’Edouard Baer endosse
les habits de Patrick Modiano dans Un Pedigree. S’effaçant
devant le texte sombre, bouleversant de l’écrivain qui retrace
les vingt premières années de sa vie, le comédien pose une
voix distante, détachée mais dont le rythme s’attache à ciseler
les mots, installant avec le public une intimité captivante.
Émotion et finesse sont au rendez-vous de cette «lecture»
subtile qui prouve tout le talent d’un artiste étonnant.
DO.M.
Un Pedigree
Le 6 oct
Théâtre de l’Olivier
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
© Zippo-Starface
Émotions
François et Mathieu se rencontrent. Le
premier vient de d’emménager, un peu
perdu dans son nouvel environnement,
le second est son nouveau voisin,
farouche et renfermé car malade.
© cie la Naïve
Rien de plus noir et de plus drôle que
cette pièce. Pas de l’humour noir, non,
plutôt de la désespérance blanche, ou
quelque chose d’approchant. Dans un
décor de fin du monde deux infirmes,
profondément mutilés, jouent encore
au maître et au valet. Se sadisent.
S’inventent des horizons marins,
enferment les vieux dans les poubelles.
Parlent, parlent, pour ne pas tout à fait
mourir. La partie est perdue, plus rien
ne subsiste que ces clowns tragiques.
Et cette drôle de langue désaxée. On
n’a jamais dit mieux l’Europe en ruine,
la fin de tout, des idéaux et des êtres,
les ruines de la guerre, et la domination
qui seule persiste comme une
empreinte dans le néant advenu.
Charles Berling a mis le texte en
scène. C’est au programme des
Terminales L. Ça tombe bien.
A.F.
Entre les deux naît une amitié faite de
jeux, de conversations, celles d’enfants
qui disent la tristesse de la solitude,
l’exclusion, la maladie, mais aussi les
petits bonheurs de la vie. Le texte du
québécois Jean-Rock Gaudreault,
son premier pour le jeune public,
aborde là des thèmes délicats mais qui
permettent la réflexion par le biais de
l’émotion… À partir de sept ans.
À Miramas également, la mise en
scène de Fin de partie, chef-d’œuvre
de Beckett, par Charles Berling (voir
ci contre). Au programme des
Terminales littéraires cette année. À ne
pas rater pour eux, et pour vous !
DO.M.
Mathieu trop court, François trop long
Mes Jean-Charles Raymond
Le 13 oct
Fin de Partie
Le 8 oct
Théâtre Durance
04 92 64 27 34
www.theatredurance.com
© Cosimo Mirco Magliocca
Fin de Partie
Le 10 oct
Théâtre La Colonne
04 90 50 05 26
www.scenesetcines.fr
30
THÉÂTRE
MARTIGUES | CAVAILLON | AVIGNON | NÎMES | LE SÉMAPHORE
Sans écran de fumée
Lecoq et Tania Sourseva-, dirigées
par Agnès Régolo, est ponctué par le
chœur de l’Académie de Chant
Populaire dirigé par Alain Aubin qui
complète le spectacle avec des airs
populaires et révolutionnaires.
Issu d’un travail de recherche de deux
ans sur les ouvrières des manufactures
de tabac de la Belle de Mai,
Carmenseitas, d’Edmonde Franchi,
donne à voir et à entendre la vie
quotidienne de ces femmes, leur
fraternité émaillée de luttes au gré
d’une fresque qui traverse les époques,
qui raconte cinquante ans de vie ; c’est
aussi un formidable témoignage sur la
mémoire ouvrière féminine, une
enquête qui entend bien réhabiliter
cette histoire oubliée. Le jeu des quatre
comédiennes -outre Edmonde Franchi
il y a aussi Hélène Force, Catherine
DO.M.
Carmenseitas
Le 10 oct
Théâtre des Salins
04 42 49 02 00
www.theatre-des-salins.fr
© Philippe Houssin
Triste chaire
Victor Bâton est un homme seul, désespérément
seul, et qui n’en peut plus d’être seul. Il va
entreprendre un voyage pour rencontrer un être
humain et s’en faire un ami. Vaine quête qui lui fera
traverser des humanités singulières, avec un regard
sans concession sur notre monde. Thierry Gimenez
est Victor Bâton -personnage titre du roman
d’Emmanuel Bove Mes amis, écrit en 1924-, mis en
scène par Pierre Pradinas et accompagné sur
scène par Marc Perrone et son accordéon ; un duo
touchant et drôle qui raconte le désespoir avec
humour et délicatesse.
Jeu libre
DO.M.
Victor Bâton
En Nomade(s) le 9 oct à Mérindol, le 10 au Thor, le 12
à Joucas, le 14 à Robion, le 15 à Noves et le 16 à
Châteauneuf-de-Gadagne
Théâtre de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.theatredecavaillon.com
© Cie Vol Plane
© Paolo Cardona
Salubrité publique
© Manuel Pascual
Christophe Alévêque est Super Rebelle ! Enfin, ce qu’il
en reste... C’est le titre boutade de son tout nouveau
spectacle, dans lequel l’humoriste se fait encore plus
grinçant, plus incisif, jusqu’à l’absurde, à l’image
souvent de l’actualité qu’il décortique à longueur de
sketchs. Anti politiquement correct jusqu’au bout des
ongles, cet électron libre continue de titiller les
consciences, riant (et faisant rire !) de ce qui l’agace
profondément, du brouillage de piste politique à
l’intox médiatique, décrypte sans donner de leçon
mais avec «des musiciens sur scène, une revue de
presse, de la mauvaise humeur, de la mauvaise foi et
aucune limite !»
Pas de décor, pas de costumes, bref
pas d’esbroufe dans cette mise en
scène efficace du Malade imaginaire
de Molière par la compagnie Vol Plané.
Le dispositif mis en place par Alexis
Moati et Pierre Laneyrie repose sur
un parti pris singulier de présentation,
qui donne à voir les coulisses, le plaisir
d’endosser un rôle… et redonne au
texte sa folie comique en s’éloignant
«de tous les artifices de l’illusion du
théâtre.» Foin des conventions donc,
ce qui permet aux quatre comédiens
(Carole Costantini et Sophie
Delage complètent la distribution) de
passer d’un rôle à l’autre avec
jubilation. Argan, Béline, Cléante,
Toinette… tous s’en trouvent vivifiés !
DO.M.
DO.M.
Christophe Alévêque est Super Rebelle !
Les 1er et 2 oct
Théâtre du Chêne Noir, Avignon (84)
04 80 82 40 57
www.chenenoir.fr
Le Malade imaginaire
Cie Vol Plané
Du 8 au 10 oct
Théâtre des Halles, Avignon (84)
04 90 85 52 57
www.theatredeshalles.com
31
Versions originales
Vingt ans après sa première interprétation de
l’hypocondriaque Argan, Michel Bouquet reprend
le rôle dans une mise en scène de Georges Werler
entouré d’une troupe de comédiens efficaces, à
commencer par Juliette Carré jouant une Toinette
insoumise à souhait. Immense comédien, Michel
Bouquet s’empare du rôle en en faisant ressortir toute
la bouffonnerie, «mais une bouffonnerie grave,
magique, mystérieuse.» Rien que pour lui…
Co-produit par le Théâtre de Nîmes, Timon d’Athènes,
Shakespeare and slam est un projet excitant qui
propose la rencontre improbable de la langue
shakespearienne avec la claque d’un slam urbain. La
scénographe Razerka Ben Sadia-Lavant a donc
imaginé un dispositif mélangeant les genres : du
théâtre avec un acteur rompu aux scènes les plus
exigeantes, Denis Lavant, et des artistes slameurs
(D’ de Kabal), rappeurs (Casey, Mike Ladd) et
musiciens (Doctor L) qui tous raconteront l’histoire
de Timon d’Athènes, sa révolte et son refus du
monde.
DO.M.
Le Malade imaginaire
Les 13 et 14 oct
Timon d’Athènes, Shakespeare and slam
Les 15 et 16 oct
Théâtre de Nîmes (30)
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Drôle de je
Vous connaissez peut-être sa voix, reconnaissable
entre toutes -aiguë, léger cheveu sur la langue-, ainsi
que sa grande silhouette brune aperçue au cinéma
ou à la télévision, vous avez peut-être même déjà
remarqué que la belle avait beaucoup d’humour et
du répondant… Mais c’est au théâtre, seule en scène,
que vous pourrez découvrir véritablement Armelle.
Un voyage dépaysant dans lequel la comédienne se
fait piquante, malicieuse, enjôleuse, chanteuse… et
drôle.
Armelle
Le 10 oct
Théâtre le Sémaphore
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
© Anne Gayan
Timon d'Athenes © X-D.R.
32
SAISONS
LE GYPTIS | GTP | NÎMES | AU PROGRAMME
Jouer au rap
David Llari est jeune, mais il a déjà beaucoup vécu.
Assistant de Franck II Louise pour Drop it et Konnecting soul, deux pièces marquantes, il a aussi, avec
sa Cie Sun of the Shade, créé de nombreuses
pièces à Paris avant de s’installer à Marseille. Artoy’z
sera la première qu’il créera complètement dans sa
nouvelle ville. Pour cela il s’est adjoint quatre danseurs
virtuoses et spécialistes des techniques précises de
la danse hip hop : Mickaël Bilionnière, Christophe
Lepage, Nassir Moktari et Mined Yahiaoui ; ainsi
qu’un beatboxer tout autant réputé, Waxybox.
La création promet de balancer fort,
mais
aussi
de
chercher une part
d’enfance : il est question d’un jouet et de l’enfant
malheureux qui le possède…
AGNÈS FRESCHEL
Artoy’z
David Llari
Théâtre Gyptis
Du 13 au 17 oct
04 91 11 00 91
www.theatregyptis.com
.
Artoy'z
© X-D.R
Revoir Blanche Neige
Le Chant
d’Anne Teresa
Elle a créé sa nouvelle pièce au Théâtre de la Ville en
juin. Avant de partir à Bruxelles en septembre… et à
Nîmes dès octobre ! The song est un événement.
Parce qu’une pièce d’Anne Teresa de Keersmaeker
en est toujours un, mais aussi, plus spécifiquement,
parce que celle-ci conduit jusqu’à son terme le virage
qu’elle avait amorcé dans Zeitung.
Danser dans le silence. S’attacher aux corps masculins (1 femme pour 9 hommes). Laisser entendre les
bruits qu’ils produisent. Les amplifier même, avec une
bruiteuse. Et puis s’intéresser à la combinatoire plutôt
qu’à l’émotion… La plus musicienne des chorégraphes travaille donc sur la chanson, celle des Beatles,
qui n’intervient qu’en fin de spectacle. Elle se recentre sur ce qu’elle n’a jamais laissé fuir, mais qu’elle
n’a jamais montré aussi à nu : le geste, le poids, la
dynamique ne sont pas puisés cette fois-ci dans des
analogies musicales, mais dans les trajets spécifiques
des corps qui plongent aux origines et évoluent
jusqu’à chanter, à courir. Seuls. Vite. Avec la lumière
qui se reflète au-dessus d’eux et les poursuit comme
un regard.
Les Nîmois, décidément chanceux, pourront également (re)voir le film Rosas Danst Rosas, où Thierry
de Mey a fixé et sublimé la pièce phare de
Keersmaeker (le 3 et 8 oct au Carré d’Art).
Fondatrice de sa danse, et de bien d’autres.
A.F.
Classique son Blanche neige ? Oui, délicieusement.
Le dernier ballet d’Angelin Preljocaj raconte une
histoire, repose sur des mouvements d’ensemble
alternant avec des duos amoureux, sur des solistes
encadrés par des rôles de second plan, et sur un
corps de ballet interprétant des scènes de genre, des
bals de Cour. Avec de la musique que l’on qualifie
souvent de classique, alors que celle-là, Mahler, est
romantique jusqu’après le bout des ongles. Et des
décors que l’on déplace, des costumes somptueux,
pléthore de danseurs. Comme à l’opéra.
Rêve d’enfant ? Peut-être. Mais n’est-ce pas avec la
matière des rêves que l’on écrit les plus belles œuvres ? Les élans et les peurs qui fondent ce ballet ont
l’épaisseur de l’inconscient. À chaque instant on voit
apparaître sur scène, en images inattendues, en
corps virtuoses, les conflits et les schèmes du conte:
la pomme, la sorcière, la mort de la mère, l’innocence
des petits hommes, le miroir… Les corps parlent, parlent leur langage, qui est mouvement dans l’espace,
confrontation à l’autre et aux objets. La danse triomphe, à la portée de tous, bien au-delà des mots qui
l’ont fait naître. Parce qu’elle emprunte le langage
universel des corps mais surtout, parce qu’elle touche
aux relations essentielles qui nous fondent : la maternité, l’éveil à l’amour, la jalousie, le désir, le deuil.
Traversées de moments sublimes, proprement inoubliables, comme l’incroyable danse verticale, la scène
de l’empoisonnement, et les duos amoureux époustouflants. Décidément le fort de Preljocaj !
AGNES FRESCHEL
Blanche Neige © Agnès Mellon
Blanche Neige
Ballet Preljocaj
Du 5 au 8 oct
Grand Théâtre de Provence,
Aix
04 42 91 69 69
www.grandtheatre.fr
The Song
Anne Teresa de Keersmaeker
Les 6 et 7 oct
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 00
www.theatredenimes.com
The Song © Michel François
33
Brèves de danse
J’aime ton corps…
…ton Afrique…
À Martigues aux Salins, Michel Kéléménis continue
de tourner avec son Amoureuse de Monsieur Muscle…
Un trio ludique et malin qui montre aux enfants comment marchent les corps, mais aussi la séduction ! le
14 oct.
À Châteauvallon toujours, Salia Sanou, emporté
par la voix de la chanteuse Maaté Keita, plonge dans
une danse instinctive comme s’il la retrouvait, intacte,
dans les plis des bruits et des sons d’un village
burkinabé… le 16 oct.
04 42 49 42 00 www.theatre-des-salins.fr
04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
…tes histoires…
…tes écrits…
Kader Attou continue de tourner son petiteshistoires.com : un spectacle où le hip hop d’Accrorap
plonge vers le mime et le burlesque. Drôle, et
toujours touchant. À Châteauvallon les 2 et 3 oct.
Marseille Objectif Danse programme dans le cadre
d’actOral ses écrits de la danse, portés par deux
chorégraphes qui savent que la parole, ou le rire, sont
aussi du mouvement (voir p 24). Antonia Baehr les
28 et 29 sept à Montevideo, Olga Mesa les 2 et 3
oct à La Friche.
04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com
Petites histoires.com © Yves Petit
04 95 04 96 42 www.marseille-objectif-danse.org
…et tes répétitions
La saison du Pavillon Noir commence au Grand
Théâtre voisin, mais avant Alwin Nikolais à partir
du 15 oct (pensez à réserver !), les aficionados pourront visiter les salles cachées du pavillon pendant les
journées du Patrimoine (19 et 20 sept), retrouver le
GUID dans son nouveau programme d’extraits du
répertoire Preljocajéen (bon ça n’existe pas mais on
peut l’inventer ?) à St Cannat le 19 sept, Vitrolles le
7 oct, Le Tholonet le 10 oct. Ou bien, moment toujours magique pour ceux qui parviennent à entrer,
assister à la répétition publique de Blanche Neige le
29 sept, à une séance de vidéo danse du 6 au 9 oct
qui vous emmènera dans les coulisses de la création… Tout cela est en entrée libre, mais la réservation
est fortement conseillée !
0811 020 111.
www.preljocaj.org
…tes extraits…
Pendant les Journées du Patrimoine, le Ballet d’Europe
danse au MuCEM des extraits de la dernière création
de Jean-Charles Gil, Comme un souffle de femme.
Une pièce qui joue sur la reprise par deux quatuors
différents (un seul homme ou une seule femme) des
mêmes mouvements… Confrontation suggestive ! Le
19 sept.
04 96 13 01 12 www.balletdeurope.org
AGNES FRESCHEL
34
MUSIQUE
CONCERTS
La cuisine du Chef
Pleins feux sur Aix !
C’est dans les Hautes-Alpes que Raoul Lay lance
son nouveau spectacle musical La revue de Cuisine
à la tête de l’Ensemble Télémaque.
Une savoureuse création du Cadran de Briançon !
La nouvelle mouture
musicale du Grand Théâtre
de Provence, mitonnée
par Dominique Bluzet
et Françoise Jan, convoque
Beethoven pour constituer
son fil rouge et annonce
les venues de Barbara
Hendricks, Aldo Ciccolini
ou Philippe Jarrousky…
Ensemble Telemaque © Agnes Mellon
suite musicale extraite du Ballet jazz
de Martinù, qui donne son titre à ce
programme dans lequel certains opus
sont savamment (ré)orchestrés par
Raoul Lay (comme la fameuse Valse de
la Suite jazz n°2 de Chostakovitch).
Voilà qui titille les papilles… et la
trompe d’Eustache !
Au cœur des Années folles, de nombreux
musiciens, en France en particulier, découvrent la musique de jazz. Certaines
de leurs œuvres portent la trace de
cette nouvelle verve mélodique et
rythmique qui swingue depuis ses
origines New Orleans. Ravel, Satie,
Poulenc, Milhaud ou Stravinsky sont
au menu d’un délicieux divertissement mis en espace par Alexandra
Tobelaim qui mixe des textes gourmands de Balzac, Cocteau ou Ugo
Tognazzi mis en bouche par la comédienne transalpine Erika Urban.
L’Italie a la part belle dans cet étonnant «Café concert» pimenté de textes
dans la langue de Pétrarque ou une
création «très Keith Jarret» de Luca
Macchi. C’est La Revue de Cuisine,
J.F.
La revue de Cuisine
du 10 au 22 oct
À L’Argentière (10 oct), Guillestre
(12 oct), Embrun (14 oct), Veynes
(16 oct), Serres (18 oct), Tallard
(20 oct) , Chabottes (22 oct)…
et en tournée en Italie en novembre
Théâtre le Cadran, Briançon (05)
04 92 25 52 52
www.ensemble-telemaque.com
Automne italien
Les deux premières Escales italiennes
de l’Automne baroque peaufiné par
Jean-Marc Aymes ont pour siège
artistique Venise et Rome. Deux superbes sopranos s’y arrêtent pour des
opus interprétés dans un pur esprit
baroque. Des «Vêpres à la Vierge» au
temps de Monteverdi sont magnifiées
par María Cristina Kiehr, avec Valerio
Contaldo (ténor). Stephan MacLeod
(basse) et le Concerto Soave (le 4 oct.
à 18h à l’église St-Laurent), quand
des «Lamenti e Trionfi d’Amore» de
Rossi ou Carissimi sont célébrés par
Sandrine Piau, Étienne Mangot (viole
de gambe & violoncelle) et Jean-Marc
Aymes aux claviers (le 6 oct. à 20h30
à l’église Notre-Dame-du-Mont).
J.F.
Centre Régional d’Art Baroque
04 91 90 93 75
www.crab-paca.org
Location Espace Culture
04 96 11 04 61
Création
Après la création plébiscitée de Préface en Prose à la Chartreuse, le jeune
compositeur Lionel Ginoux présente
son œuvre à la Minoterie. L’Ensemble
C Barré ?, composé de brillants musiciens, sera associé au Chœur de Chambre
Pyramidion : sous forme d’hommage
au poète Benjamin Fondane, ils asso-
cieront musique, littérature et visuel,
illustrant les propos du poète
roumain face à l’horreur de l’holocauste.
F.I.
MARSEILLE. Le 2 oct.
La Minoterie
04 91 90 07 94
virtuose, original et didactique (le 1er
oct) et le duo Isabelle Faust et
Alexandre Melnikov dans les Sonates
pour violon et piano n° 1, 2, 3 & 10
de Beethoven (le 9 oct).
JACQUES FRESCHEL
Grand Théâtre de Provence, Aix
Concerts à 20h30
04 42 91 69 69
www.legrandtheatre.net
Tout débute par un feu d’artifice avec
deux monuments symphoniques beethovéniens : les 5e («pom-pom-pompôôm !») et 9e (avec sa jubilatoire
Ode à la joie) du «grand sourd» sont
interprétées par les Chœur et l’Orchestre Anima Eterna dirigés par Jos
van Immerseeel (le 25 sept). En
attendant l’éminente mezzo-soprano
Anne Sofie von Otter dans un bouleversant hommage à des musiques
jouées ou composées dans l’enfer du
camp concentrationnaire de Terezin
(le 15 oct), on entend l’accordéoniste
Richard Galliano en sextet dans des
standards de Piazzolla (29 sept), le
sémillant musico-pédago, star du paf
au rayon classique, Jean-François
Zygel pour un «Beethov’on the rocks»
Jos Van Immerseel © Dirk Vervaert
Des rives…
Le festival Vingt lieux sur la mer de Musicatreize et Roland Hayrabedian se
termine avec L’autre Rive de Zad Moultaka (voir Zib 21), poème chanté en «simulacres de l’arabe et du français» qui pose la question «et si j’étais né de l’autre
côté ?»
MARSEILLE. le 18/9 à 21h aux Docks – Espace culture 04 96 11 04 61
TOULON. le 19/9 à 17h Opéra/Eglise St louis - Entrée libre
ARLES le 20/9 à 11h au Méjan 04 90 49 56 78
www.musicatreize.org
Balkanique !
Le compositeur/interprète Goran Bregovic (pour le cinéma il compose les
B.O. de La Reine Margot ou Le Temps
des Gitans…) et ses musiciens de
l’Orchestre des Mariages et des
Enterrements (orchestre gitan, voix
bulgares, quatuor à cordes, fanfare tzi-
gane de Moldavie) proposent un programme festif et psychotonique de
musiques des Balkans.
NÎMES. le 27 sept à 18h
au Théâtre
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Prestige viennois
Richard Martin invite le Wiener Concert Verein, formation de l’Orchestre
Symphonique de Vienne pour un programme symphonique de Haydn (La
Passione), Mendelssohn (2e symphonie pour cordes et Concerto pour violon &
piano) et une Création mondiale d’Helmut Schmidinger dirigée par Errol
Girdlestone. Avec Vera Novakova-Brodmann (violon), Maki Miura-Belkin
(piano) et la récitante Cécile Auclert.
MARSEILLE. le 18/9 à 21h au Toursky
0 820 300 033
www.toursky.org
36
MUSIQUE
CONCERTS
Faux classique et vrai chef-d’œuvre
Après Elektra, Hugo von Hofmannsthal et
Richard Strauss imaginent un opéra
léger de type mozartien, une comédie
libertine qui, sur fond d’intrigues amoureuses et comiques, de dialogues vifs
et subtils, génère par sa musique de
grands moments d’émotion.
Ainsi La Maréchale chante avec mélancolie le déclin de la jeunesse alors que
les deux jeunes amants Octavian et
Sophie s’éveillent à l’amour. L’opus
triompha à Dresde en 1911 lors de la
création et, depuis, Le Chevalier à la
Rose demeure l’un des opéras allemands
les plus populaires. Son titre vient du
nom du chevalier, chargé de faire, au
nom d’un pair, une demande en mariage en offrant une rose d’argent à la
future. Il y a de la mélancolique Comtesse
des Noces de Figaro dans La Maréchale,
et du Chérubin travesti (voire du Danceny
des Liaisons dangereuses) chez Octavian.
Mais rien, dans la musique de Strauss,
ne relève du pastiche du XVIIIe siècle !
Si le titre est masculin, Der Rosenkavalier est plutôt un opéra pour voix de voix
de femmes. Excepté le profond Baron
Ochs (Manfred Hemm), grugé au seuil
Le cycle de Musique de chambre
recommence au Foyer avec un
Quintette à vent avec piano :
Beethoven, Schubert, Onslow, le 19
sept à 17h.
© X-D.R.
du mariage, on y entend la grande soprano dramatique Gabrielle Fontana
(La Maréchale), la formidable mezzo
Kate Aldrich (le chevalier Octavian),
auxquelles on ajoute l’aérienne Sophie
chantée par Margareta Klobučar. Pour
cette production de l’Opéra de MonteCarlo, mise en scène par Dieter Kaegi,
l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de
Marseille sont placés sous la direction
de Philippe Auguin.
JACQUES FRESCHEL
Tutto nel mondo è burla
Verdi a 80 ans lorsque Falstaff, son dernier opéra adapté des Joyeuses Commères
de Windsor, est créé à la Scala de Milan.
On y retrouve toute la verve comique de
Shakespeare et le style du vieux maître,
tournant assurément le dos aux opéras
à numéros, colle à la comédie. Son testament lyrique est du théâtre chanté…
et surtout un énorme éclat de rire !
L’opus ouvre la saison de l’Opéra de Toulon, dans une production reprise de la
création bordelaise mise en scène par Ivo
Guerra en 2004. Alberto Mastromarino
incarne le chevalier ruiné bedonnant et
ivrogne, quant la belle Adina Aaron
chante le rôle d’Alice Ford. L’Orchestre
et les Chœurs de l’Opéra sont placés
sous la direction de Giuliano Carella.
La 11e édition du Concours
International d’Opéra de Marseille qui
attend près de 150 candidats de tous
les pays, présidée par Rollando
Villazon, distribuera de nombreux prix.
Les phases éliminatoires et les demifinales (du 10 au 12 oct) sont
gratuites, mais on loue ses places pour
la prestigieuse finale avec l’Orchestre
(le 16 oct).
Le Chevalier à la Rose
Les 30 sept, 2 et 7 oct. à 19h30,
le 4 oct. à 14h30
Opéra de Marseille
04 91 55 11 10
www.marseille.fr
04 91 18 43 10
www.concours-opera.com
Classiques d’Hyères
Le 3e Festival International de Musique d’Hyères : concerts autour de Haydn et
Mendelssohn, soirée baroque, musiques vocales de Sibelius, Grieg et piano à quatre
mains. HYÈRES. Du 17 au 20 sept (entrée libre).
04 94 38 78 42 - www.festivalhyeres.org
Aubades provençales
Récital du pianiste Antonio Di
Christofano (le 18 sept à 20h à Vaison-La-Romaine et le 20 sept à 16h à
Moustiers-Ste-Marie).
Concert Musiques de chambre de 1759 à
1828 avec le violoncelliste Sergio Patria
et Elena Ballario au piano (le 19 sept
à 20h30 à Valréas).
04 90 303 600 www.floraisonsmusicales.com
J.F.
Falstaff
Opéra de Toulon (83)
Les 9 et 13 oct à 20h
et le 11 oct à 15h.
Opéra 04 94 93 03 76
www.operadetoulon.fr
Journées du Patrimoine
les 19 et 20 sept
Visites du bâtiment de 9h30
à 12h30 et de 14h30 à 17h30
Musique de Chambre
au Salon Campra
le 15 oct. à 19h
Falstaff © Frederic Desmesure
Canon au Château
Lors des Journées du Patrimoine des opus
(dont le fameux Canon) de Johann
Pachelbel sont joués par Sharman
Plesner & Caroline Gerber (violons et
viole), Jean-Christophe Deleforge (violone), Tarek Abdallah (oud) et Jean-Paul
Serra ( clavecin).
UCHAUX. Journées du Patrimoine au
Château et à l’Eglise St-Michel
Le 20 sept à 11h visite et parcours musical. Concert à 18h.
MARSEILLE. L’ensemble Baroque Graffiti
accompagne également les danseurs de
la Cie Campo pour une création le 19
sept à 18h à la Vieille Charité.
04 91 64 03 46 www.baroquesgraffiti.com
Musique à la Collégiale
L’Ensemble Des Equilibres joue Dvorak, Kodaly…
SIX-FOURS. Collégiale St-Pierre le 19 sept. à 17h (entrée libre).
Festival de Toulon et sa Région - http://musiquetoulon.pagespro-orange.fr
Tutti frutti
C’est l’inusable Chanteur de Mexico qui
débute l’année 2009-20010 en Avignon
(le 3 oct. à 20h et le 4 oct. à 14h30).
On attend ensuite le contre-ténor MaxEmmanuel Cencic en récital baroque
dans Haendel et Scarlatti (6 oct. à
20h30) avant le pianiste Mikhail Rudy
dans le Concerto de Grieg (9 oct. à
20h30). On découvre également
Stéphanie-Marie Degand et Violaine
Cochard dans une intégrale des Sonates
pour violon et clavecin de Bach (le 13
oct. à 20h30 – Eglise St-Pierre).
J.F
Opéra d’Avignon
04 90 82 81 40
www.mairie-avignon.fr
Valeurs aixoises
Chant traditionnel
Du Roi René au XXIe siècle à Aix : œuvres
de Dufay, Binchois, Campra, Gilles,
Milhaud et Philip Tyack par les Festes
d’Orphée
AIX. Le 20 sept à 17h – Eglise du St
Esprit.
MARSEILLE. le 1er oct à 20h30 – Eglise
St Laurent.
Soirée musicale (le 19 sept. à 20h Salle Fraternelle avec repas) et Concert
public (le 20 sept à 15h – Eglise
paroissiale) autour des chants traditionnels corse, slave, provençal…
Ateliers dans la journée.
04 42 99 37 11 - www.orphee.org
CORRENS. 04 94 59 56 49 www.le-chantier.com
Home Swing Home
Le mois d’octobre sera jazzy dans la cité phocéenne !
Du 1er au 19 aura lieu la quatrième édition
du festival Jazz sur la ville dans des
lieux culturels variés qui ne sont pas
forcément des caves d’aficionados… Les
espoirs du cru sont naturellement au
rendez-vous et auront l’occasion de se
frotter à coups de bossa, soul ou jazz
musette à des pointures reconnues
internationalement.
Notons quelques concepts singuliers
comme le ciné concert jeune public
autour de Blacksmith de Buster Keaton
donné à la Meson sur une musique live
de Uli Wolters (14/10 à 10h et 15h), le
vernissage de l’exposition des photos
de Michel Lafaille à la Cité de la
Musique (6/10 à 18h30) et les deux
conférences musicales : Alcajazz «hommage à Billie Holiday» par Cécile Mc Lorin
à l’Alcazar (13/10 à 17h) et «penser et
faire le jazz à Marseille» par la Compagnie Nine spirit de Raphaël Imbert à
Ndidi O © Léa Crespi
la Cave de la Cité de la Musique
(14/10 à 10h).
Des lieux comme la Meson s’activent
avec la présence de Marion Rampal
(10/10 à 19h + exposition 5 ans d’affiche) et de Stéphane Belmondo invité
par le Henri Florens trio (17 et 18/10
à 20h). La Friche s’implique également
avec le Cabaret Aléatoire pour un goûter
jazz (7/10 à 15h) et Krystle Warren et
Meî Teî Shô (9/10 à 21h) précédé d’un
plateau Radio Grenouille aux Grandes
Tables de la Friche (9/10 à 19h).
Profitez en pour retrouver Montévidéo
et le Grim (carte blanche au label Rude
Awakening le 16/10 à 21h), la Station
Alexandre (Cecile Mc Lorin Salvant
quintet le 17/10 à 21h30), le Poste à
Galène (Ndidi O le 3/10 à 21h et The
Lost Fingers le 10/10 à 21h), Le Cri
du Port (Eric Legnini trio le 1er/10 à
20h30, Trio Tentik le 2/10 à 20h30 et
Toninho Ramos et Joe Vurchio duo le
8/10 à 20h30), la Grotte des Accoules
(Baltazar Montanaro, Emmanuel Cremer et JC Bournine le 3/10 à 21h) ; et
n’oubliez pas la Maison du Chant, la
Bibliothèque du Merlan, l’Intermédiaire, le Troquet, le Parvis des Arts et
le Café Julien.
La clôture surtout sera à savourer avec
Raphaël Imbert dans le New York Project
en compagnie du Ahmad Compaore
quintet (19/10 à 20h30 à la Cité).
D’autant que son nouvel opus, actuellement sous presse, sera dès ce jour-là
en vente libre…
FREDERIC ISOLETTA
www.myspace.com/jazzsurlaville
À vos tuyaux
Le Festival International d’Orgue de Roquevaire poursuit sa route et présente
sa 13e édition depuis le 11 septembre. Huit concerts éclectiques de grande
qualité illustrent la thématique Bois, Cuivres et Orgue. Les incontournables duos
trompette et orgue seront à l’honneur avec la présence de Guy Touvron (27/9)
et de Gérard Occello (13/9), accompagnés respectivement par Carine
Clement et Chantal De Zeeuw dans des répertoires allant de Vivaldi à Damase.
À découvrir également, après l’association Cor, trompette et orgue des Cuivres
de Rocamadour (pour le concert d’ouverture (11/9), la bombarde de JeanMichel Alhaits soutenu par Jean-Pierre Rolland dans un répertoire
traditionnel breton (16/10). L’orgue, instrument dont les timbres se marient
si bien avec les vents, sera tenu par Samuel Liegon et associé au Grand
Ensemble de Cuivre Les Zin’q dans une littérature croisant Mozart et le NewOrleans (18/10). Les claviers ayant autrefois appartenus à l’illustre Pierre
Cochereau seront également entourés d’un quintette à vent de formation
classique : flute, hautbois, clarinette, basson et cor (3/10). Deux récitals
rythmeront également cette 13e édition : Bruno Morin (19/11) et
Emmanuelle Duperrey (11/10).
Renseignements sur www.orgue-roquevaire.fr
FRÉDÉRIC ISOLETTA
38
MUSIQUE
CONCERTS | AU PROGRAMME
Mars atac les docks
Pourquoi la terre s’arrête-t-elle de
tourner du 24 au 26 septembre ? Parce
que Marsatac pose ses watts sur la cité
phocéenne pour un festival toujours
nouveau. Nouveau lieu tout d’abord.
Resté à quai en tant que victime collatérale de la redéfinition du J4, la 11e
édition s’installe quelques embarcadères
plus loin, au Dock des Sud, comptoir et
dance floor bien connu des noctambules. Nouvelle esthétique, nouvelle
programmation et tournant artistique.
Plus nombreux d’année en année, les
fidèles suivent : ils savent… Toujours
en mouvement, le cru 2009 dessine les
contours d’un axe création, avec plateaux inédits et collaborations. Jamais
gagné par la routine, encore appelé à
migrer, Marsatac se déplace et entraine
dans son sillage surprises et révélations.
La première ? Le 24 avec la création
Mix-Up Beyrouth, huit têtes (5 libanais et 3 français) sous la direction
artistique de Rodolphe Burger, qui fut
dans un temps ancestral le leader de
Kat Onoma. À ses côtés la présence de
Fred Nevchéhirlian nous garantit un
cocktail explosif. On ne se couche pas
et on enchaine avec le virevoltant
Rachid Taha qui bénéficie pour l’occasion d’une carte blanche pour un live
où ses amis le rejoindront sur scène. Ça
promet. Que les insomniaques se rassurent, l’électro pop arabe de Y.A.S et
l’oud déjanté des Speed Caravan seront
de la partie pour ce qu’il reste de la nuit.
Création maison le lendemain avec
Aftershock qui réunit sous les manettes de Nitin Sawhney de jeunes artistes
prometteurs de Gènes, Manchester et
Marseille. Le maitre DJ japonais Krush
et le marseillais Krazy Baldhead vous
empêcheront à coup sûr de fermer l’œil,
et si l’envie vous prend de changer de
scène et d’ambiance, les caméléons
Bumcello, les californiens Migthy
Underdogs et la batucada drum’n’bass
portugaise Buraka Som Sistema vous
rappelleront que le sommeil se rattrape.
De toute façon qui a parlé de dormir ?
Samedi, dernier tour de piste et mélanges sulfureux annoncés. Jack de
Nils Petter Molvaer © Oliver Heisch
Marseille, Radio Slave, South Central
et Félix Da Housecat pour une DJ set
party qui prendra l’accent de chez nous,
Berlin, Brighton et Chicago. Avant il
faudra compter sur quelques pointures
comme le trompettiste norvégien Nils
Peter Molvaer et son nu-jazz à michemin avec la musique électronique,
le rock garage kill the Dj des Battant,
l’inénarrable Success, le trio anglais We
have band dont une des reprises des Pet
Shop Boys est plus que prometteuse, le
trip-hop d’Archive, les mystérieuses
new yorkaises d’Au revoir Simone…
Décollage de nuit le 24 septembre !
FREDERIC ISOLETTA
Marsatac
Du 24 au 26 sept
Dock des Suds
04 86 67 01 30
www.marsatac.com
Tour d’horizons…
Douceur de vivre
Istres plus plus
Chanson en trombe !
De Gap à Québec
Ses chansons qui naissent «par hasard,
par amour, d’on ne sait où, d’un cri enfoui
comme un murmure», Virginie Seghers
les livrera le 18 sept à 20h30 au Jeu
de Paume. Sa voix chaude et généreuse se mêlera aux contours bossa nova
de Pierre Barouh, invité et producteur
de son second album.
L’Olivier accueille la plus folle histoire
de la chanson : Chanson Plus Bifluorée,
humour et bonne humeur garantie pour
une relecture irrésistible du patrimoine
chansonnier français (29 sept). Au café
concert l’Usine, rendez-vous plus rock’n
roll avec la présence de Dyonisos dont
les quinze ans seront fêtés au même
titre que la sortie d’un double album de
raretés (7 oct).
Le Sémaphore à Port-de-Bouc ouvre sa
saison de belle manière avec «le bal du
début» par La Tromba (25 sept). En compagnie de metteurs en scène et de
comédiens qui animeront la saison, La
Tromba convie à un voyage de présentation où le chant méditerranéen est placé
au centre, carrefour de toutes les influences.
La Passerelle à Gap accueille Terez
Montcalm, belle québécoise à l’univers
musical singulier naviguant entre jazz,
soul et pop rock. Les grands et fameux
standards d’Aznavour à U2 se savourent
tant la jeune artiste sait envouter les
répertoires (6 oct).
0 820 000 422 –
www.lestheatres.net
04 42 06 39 09 –
www.theatre-semaphoreportdebouc.com
04 42 56 48 48 –
www.scenesetcines.fr
Nina Simone is back !
Evénement à Martigues aux Salins avec l’incroyable spectacle The Black Rock
Coalition Orchestra (16 oct). Ce collectif exclusivement féminin venu tout droit
des États-Unis fait revivre la mémoire de Nina Simone dans un show très électrique.
Seize femmes en robes panthères et tenues kitch pour une création en hommage
à la diva de la musique noire. Sous la houlette et la houppette de Tamar-Kali,
égérie de la nouvelle scène afro-punk américaine, ces drôles de dames défendent
également les luttes dont la voix d’or se faisait autrefois l’écho (droits civiques,
racisme, liberté de création des musiciens afro-américains). Ne manquez pas les
Daughters of Nina !
04 42 49 02 00 –
www.theatre-des-salins.fr
Duo de choc
À Châteauvallon, fusion garantie le 10
oct avec la présence du duo Erik Truffaz/
Sly Johnson. La rencontre entre la fusion jazz du trompettiste et la voix du
rappeur promet une très belle soirée.
04 94 22 02 02 –
www.chateauvallon.com
À savourer
Maria do Céu Whitaker Poças, dit CéU fait
partie des belles promesses musicales du
Brésil. Imprégné de sa culture samba,
l’artiste à la voix chaude s’aventure dans
les méandres bossanova, afro-beat, soul,
électro-jazz. Cela se savoure comme un
bon mojito au bord de l’eau… Ce sera
l’eau de la Durance au théâtre de
Château-Arnoux/Saint-Auban (9 oct).
04 92 64 27 34 –
theatredurance.com
Rentrée chargée
À Marseille l’Espace Julien vous oblige
à sortir sans transition. Le clan des Miros,
deuxième opus de Renan Luce sera
l’objet de toutes les attentions le 2 oct.
On connaissait le père fan de jazz, on
ignorait le fils, mais on est curieux. Kyle
Eastwood, fils de papa, compositeur et
bassiste doué se fait un nom dans le
monde du jazz. À juste titre, à découvrir le 8 oct (export du Poste à Galène).
Export du Moulin cette fois, Les célèbres
Tambours du Bronx et leurs percussions urbaines vont secouer la scène du
cours Julien le 9 oct au rythme d’un
show toujours explosif.
04 91 24 34 10 –
www.espace-julien.com
F.I.
04 92 52 52 52 –
www.theatre-la-passerelle.com
Dégustation
À Saint-Cannat la rentrée est synonyme de Bacchanales, «le festival musical
à déguster sans modération.» Aussi, dès
le premier soir (le 18 sept), La fanfare
Banda du Dock insufflera son esprit
festif avec ses rythmes méditerranéens,
précédant le swing ska et musette de
l’est de Canapacoustik. Le lendemain,
à 19h, le Guide Urbain d’Interventions
Dansées interprètera, avec sa fougue et
son talent, cinq extraits particulièrement virtuoses d’Angelin Preljocaj ;
puis le Tintamare Orchestra se produira
en 1re partie de Belle du Berry (20h),
plume et voix du groupe Paris Combo
qui sera accompagnée de David Lewis.
Le duo jouera là les morceaux de son
1er album, Quizz, en compagnie de Denis
Hénault-Parizel (basse) et Rémy
Kaprielan (batterie).
DO.M
www.festival-bacchanales.com
39
Bleu Pétrole et autres Fantaisies…
La meilleure date de la Fiesta 2008
restera une des dernières apparitions
d’Alain Bashung. Son ombre plane sur
les Docks et de la programmation de
cette année, un concentré de passé,
de présent et d’avenir, qui va faire
couler beaucoup d’encres…
Bashung avait repris Les mots bleus,
l’hymne blues pour français moyen d’un
Saint Christophe moustachu et dragueur, jamais complètement sorti de
l’époque Top 50. Bashung avait aussi
au début ce coté Kraut-Punk sale et
éméché, radicalement non cartésien,
que défendait Nina Hagen, qui arrive
comme un cheveu dans la soupe…
Rêveur et provocante, ces deux artistes
divisent les souvenirs des quarantenaires. Même quand la qualité n’était
pas là, ces années 80 ont forgé des
styles si libres qu’il en reste des traces
aujourd’hui, entre nostalgie et insouciance.
Les collages de Loo et Placido, la
tchatche de locaux comme Toko Blaze
(sympa routier des scènes du Sud) ou
Sam Karpénia, l’exotisme baltique
(Caravan Palace) ou la plastique d’une
bête à cornes (Rinocérose) essaieront
de se démarquer dans ce lieu qui peine
à présenter ses délires les plus
baroques au regard joufflu d’une
jeunesse qui préfèrera sans doute son Marsatac.
Conformément à la coutume,
on touchera du doigt la World
Music la plus farfelue (après la
cé-cité, la paraplégie de
Staff Benda Bilili…)
et la plus noble
(une soirée Flamenco avec Juan
Carmona et des
danseurs
invités). On n’attendra plus le
«grand» retour de
Khaled, coureur
de fond maintes
fois invité dans
cette épreuve ! Les
idées ne manqueront pas pour
redonner le peps aux
marseillais (tiens il
aurait du y être lui,
Peps, mais à la place on a Anis…et
Ysaë): la musique Black s’y installe
d’une bien étrange manière, Féfé
sans les Saïan, Chaka Demus
sans son Pliers, mais comment
est-ce possible ?
De jeunes pousses roots réunionnaises, Toguna, seront
peut-être un des temps forts des
cinq soirs de ce festival
avec un bon buzz autour de Izïa qui a
passé l’épreuve des
festivals de cet été,
approuvé par le
père Higelin. On
entend déjà les
insatisfaits vouloir
remplacer Charlie
Winston (autre
tête d’affiche plus
actuelle)
par
Leonard Cohen, et
Izïa par Jacques. Les
pingres dénigreront
l’abondance
de
noms de DJ au lieu
de noms de groupes,
les plus tatillons l’absence de Nathalie
Natiembé déjà croisée avec Bumcello
à la Fiesta. Même les moins branchés
auront noté que le futur tram se construisant de-vant la grande scène, il y
aura du changement cette année…
Les uns regrettent déjà l’absence d’un
rendez-vous électro, les autres
déploreront le manque de thèmes
communs… C’est sûr que la soirée du
23 avec plateau de danse hip hop et
DJs de Constantinople, on ne voit
pas cela partout…
On l’entend donc arriver de loin, la
Fiesta et ses critiques, ses flonflons,
et même sans son accordéon, c’est
reparti (sur les rails !) pour une 18e
édition !
X-RAY
Fiesta des Suds
Docks de Suds
du 16 au 24 oct
http://www.dock-des-suds.org/
Toko Blaze © Gherdoussi
Des bruits et du cœur !
Beaucoup de bruit pour rien : la mairie
aixoise n’a pas chaviré cet été mais
l’élection a failli coûter cher aux acteurs culturels ne pouvant fonctionner
sans la subvention du conseil municipal, bloqué plusieurs mois. Zik Zac a
relevé le défi et sonne les douze coups
cette année sur des starting-blocks.
On y retrouvera tous les bons ingrédients habituels car l’été est toujours
servi ici au milieu du mois de septembre ! Toujours appliqué à son cadre,
le festival avait déjà investi l’an dernier
la Bastide de Corsy, et y demeurera
(comme l’a fait Cézanne) pour deux soirées concerts et trois jours de partage.
Une belle nappe (musicale !) avec tout
autour des Arts graphiques et visuels
en extérieur : projections, lumières,
rencontres pédagogiques, Live painting, avec surtout la présence d’André
Cervera, qui créera une œuvre inédite
pendant le set de Poum Tchack.
Une musique particulièrement festive
et bruyante cette année : le sifflement de la cocotte se fera entendre
pour le retour des Néo-punks Wampas.
Les Chinese Man, déjà présents en
2008, jouent à domicile après une
tournée en Europe et deux cd d’une
musique chaude et métissée. Le guitariste Justin Adams est prêt lui
aussi à mettre le feu sous le chaudron
lors de sa rencontre avec le guinéen
Juldeh Camara, et d’autres bruits plus
singuliers (Rigolus et leur Fanfare,
Kaballah) éveillent nos papilles à
l’idée d’une telle dégustation de produits du terroir. Pour Poum Tchack
comme pour Ba Cissoko, le Zik Zac sonne même comme une habitude qui vient
secouer la ville, tout comme l’antre en
ébullition de Musical Riot, à grands
renforts de basses puissantes pour
mieux digérer le Dub Old School et présenter I-Tist and the Dub Machinist.
Une passerelle culturelle devait être
lancée entre Venezuela et le Sénégal,
comme un écho qui renvoie la recette
à son inventeur, mais des problèmes
de visas et d’argent ont surgi : on
aura donc à l’affiche la soul de Melissa
Laveaux et un peu de Kingston, avec
Le Donz & Kala-kuttaz. Entre les deux
scènes et l’arrêt obligé aux stands culinaires, on ne saura plus sur quel pied
danser !
X-RAY
Zik Zac Festival
les 18 et 19 sept
Jas de Bouffan, Aix
www.fonderie-aix.com
Sons pluriels
And on the other hand, Festival des
musiques improvisées s’installe pour
la 4e année dans divers lieux accueillants entre les Réformés et le Panier
(du 18 au 20 sept), avec un souci renouvelé de laisser la plus grande des
places aux artistes invités et à leur
instrument. Un projet multiforme
produit par La Meson et initié par la
chanteuse Emilie Lesbros qui se produira d’ailleurs en duo avec son
complice de longue date Raymond
Boni (le 18 sept au théâtre des Argonautes à 20h30), et qui animera un
stage de chant (le 19 de 14h à 17h30
et le 20 de 11h à 15h à la Maison du
Chant) ouvert aux chanteurs désirant
approfondir leur technique vocale. À
l’affiche, entre autres : le même soir
et au même endroit (mais à 19h45),
un solo piano préparé et voix de Nicolas Cante dans une version plus
expérimentale et introspective de son
Mekanik Kantatik ; la Meson
accueille Hasse Poulsen, guitariste
aventureux dans la recherche de sonorités déroutantes (le 20 à 20h30) ;
à la Grotte des Accoules, en partenariat avec le Cri du Port, Bernard
Santacruz jouera de la contrebasse
en solo (le 19 à 20h30), suivi un peu
plus tard (à 21h15) par le touche-àtout Gildas Etevenard. Et ce n’est
qu’un aperçu !
DO.M.
On the other hand
Du 18 au 20 sept
La Meson /04 91 50 11 61
www.lameson.com
La Paix se célèbre
Grand rendez-vous festif gratuit, la
Fête de la Paix rassemble tous les courants pour un week-end de partage
du 16 au 20 sept, sur le Cours Foch.
Comme chaque année, et tant que la
guerre sévira dans le monde, les ondes
fm-aires et positives de la Ville d’Aubagne et sa MJC continueront de
déverser leur message de paix. Comme
l’an dernier, on y entendra même en
exclusivité la création inédite de
Marsatac, avec des artistes libanais...
Avec Jo Corbeau, Thérèse Themlin,
Zazz Band, NMS, Kaballah, Origines
contrôlées, les anciens de Zebda,
Mouss & Hakim, Mix up MarseilleBeyrouth... et un grand gâteau à se
partager !
X-RAY
MJC Pays d’Aubagne
04 42 18 17 17
http://mjcaubagne.free.fr
40
SAISONS
MERLAN | MINOTERIE | LENCHE | MASSALIA | SALON
Contemporain et mixte !
Pour la première fois depuis
fort longtemps la Scène Nationale
du Merlan annonce sa saison
annuelle !
Ce qui permet de prévoir quelques soirées à ne pas
manquer… et de remarquer aussi quelques traits qui
caractérisent la programmation de Nathalie Marteau.
On peut regretter le nombre de spectacles, tant au
niveau des propositions (une petite vingtaine) que des
représentations (une cinquantaine) ; mais on sait
qu’elle est due aux moyens relativement courts de la
Scène Nationale, dont le budget reste l’un des plus
faibles de France. Les traits les plus intéressants sont
ailleurs. Dans l’exclusivité donnée à la création
contemporaine : la scène des quartiers nord, malgré
sa jauge moyenne (mais son grand plateau !) fait venir
Maguy Marin, Pippo Delbono, la Needcompany…
Pour tous ceux qui ont raté Avignon, c’est une aubaine.
D’autant que ces stars de la scène contemporaine
sont accompagnées de cies internationales incontournables : la danse de Membros (quatre pièces !),
de Salia ni Seydou, de Bruno Beltrao, sont d’une
force peu commune. De celle qui, au terme du spectacle, vous laisse bouleversé pour longtemps.
D’autres plaisirs aussi sont à prévoir : le duo de
circassiennes Moglice Von Verx, au talent fou, le
retour également de Zimmermann et De Perrot, la
création de Benjamin Dupé, celle d’Eva Doumbia,
de Camille Boitel… et le projet cochon de Mathilde
ques chiffres indicatifs offerts à votre vigilance : en
comptant auteurs, chorégraphes et metteurs en
scène, le Festival d’Avignon 2009 a programmé 2
femmes et demie (une co auteur) pour 75 hommes,
et pour 2009/2010 l’Odéon n’en prévoit aucune
(mais oui !), le Rond Point , La Colline 1 et demie, la
Bastille zéro, le TnB 2, et le Théâtre de la Ville qui a
pourtant ouvert de nombreuses voies aux femmes 6
femmes pour plus de 40 spectacles… Le Merlan prouve qu’une autre programmation est possible, que la
création féminine existe, claque, brûle… et qu’en priver
les spectateurs est indigne !
Et si un jour les spectatrices (plus de 60% du public)
boycottaient les scènes (et festivals) qui, durant toute
une saison, refusent la parole aux femmes ? Et si les
subventionneurs décidaient enfin d’y mettre un peu
leur nez ? Et si vous alliez acheter vos places au
Merlan ? La billetterie est ouverte !
AGNÈS FRESCHEL
Oper Opis © Mario Del Curto
Le Merlan, Scène Nationale à Marseille
Saison 2009/2010
www.merlan.org
Monfreux, qui promet de finir en boudins, dans les
truismes de l’ard….
Car le plus remarquable dans la programmation du
Merlan, cette année, est la présence des femmes.
Presque la moitié des artistes. Parité que l’on ne
rencontre nulle part ailleurs. Pour sortir de la région
qui cette année semble avoir fait des efforts, quel-
le Buchinger’s boot marionettes qui
revient mettre une puce mécanique à
nos oreilles, Jean-Pierre Lescot qui
met Pinocchio en théâtre d’ombre, la
Cie Skappa ! deux fois…
D’autres plaisirs ? Un amour où la clown
Arletti rencontre la danse de Thierry
Niang, la reprise des Clowns de Cervantes, Bonaventure Gacon qui fait
son cirque Volchok… Alexis Moati et
son Malade imaginaire subtilement
distancié… Le duo féminin de Katy
Deville intitulé C’est encore loin ?…
Bref, beaucoup de spectacles que nous
avons vus et aimés, d’autres que nous
attendons avec impatience, comme la
création de la Cie Du Zieu dans les
bleus, l’opéra de Michel Musseau mis
en scène par Jean Pierre Larroche,
la création de Thierry Bédard, ou encore,
en fin de saison, le dernier spectacle de
Philippe Dorin et Sylviane Fortuny…
Bref, une saison riche, très internationale, aux artistes choisis. Pour les
enfants et les autres.
Le théâtre municipal de Salon a une programmation singulière. On y retrouve peu
de ce qui se fait ailleurs. Beaucoup de
musique, du Concert du Nouvel an jusqu’à Brigitte Engerer dans Beethoven
avec l’Orchestre de Cannes, en passant par le blues de China Moses, un
ciné concert du Philharmonique de
la roquette, et le rock de MyGGgeneration. Beaucoup de textes classiques
aussi, Marivaux, Molière, Shakespeare,
Gautier, Hugo, mis en scène par des
compagnies de la Région (le Kronope
d’Avignon, Jean-Claude Nieto, Caroline Ruiz…). Quelques vedettes venues
de plus loin comme Bernadette Lafont,
Robin Renucci, Roland Giraud ou
Xavier Gallais côtoient des spectacles fabriqués par là (Carmenseita
d’Edmonde Franchi ou Peau d’Ane
du Théâtre des trois Hangars…). Une
saison riche, dans un théâtre qui propose aussi des conférences musicales,
des ateliers et cours hebdomadaires
très courus, un festival de théâtre scolaire… et un festival des arts de la rue qui
les 3 et 4 oct (voir p. 22)., accueillera
les manifestations organisées par
Karwan. Vous avez dit varié ?
AGNES FRESCHEL
A.F.
Place aux artistes !
Au Massalia aussi on laisse de la place
aux femmes! Choix qui n’est pas anodin,
et dénote une volonté de sortir des
circuits habituels du spectacle vivant,
si androcrate.
La saison s’annonce sans tambour,
continuant tranquillement la politique
mise en place depuis des années, qui
consiste à prendre les enfants au sérieux de leur corps, leurs peurs, leurs
désirs, leurs mots. Avec un peu plus de
sons et d’objets que les saisons précé-
dentes sans doute, une attention
réaffirmée envers les ados jusqu’aux
étudiants, moins de très jeune public
(c’est dommage !), des spectacles qui
se déplacent dans les établissements
scolaires, et une collaboration avec
ActOral puis Dansem.
Parmi les 25 spectacles invités, on notera la création de Mère/Fille, thématique
rarement abordée, par la cie Anteprima, Thierry Bédard qui met en
scène Raharimanana (voir p 8 et 24),
Un amour © C. Raynaud de Lage
Salon
particulier
Le Massalia
Saison 2009/2010
04 95 04 95 70
www.theatremassalia.com
Saison 2009/2010
Théâtre Armand, SALON
04 90 56 00 82
www.salondeprovence.fr
Moins mais plus
La saison du Lenche affiche moins de
propositions que l’an dernier, mais
finalement plus de représentations !
Les séries s’allongent, et certains spectacles s’installent plusieurs semaines :
il faut dire que la fréquentation des
petites salles du Panier est bonne, et
que cer-tains soirs, l’an dernier, les
spectateurs ont dû rester dehors faute
de place ! Ce qui, ainsi, ne devrait plus
être le cas.
Pour le reste peu de changements,
sinon une confirmation des axes : une
collaboration profonde avec le Théâtre
National d’Alger, qui aboutit à une création commune ; une attention aux
enfants du quartier, avec cette année
un temps fort bourré de talents d’ici
(Christine Fricker, Jeanne Beziers,
la Cie Anamorphose et leur joli J’ai
marché sur le ciel…) ; un mois de
musique avec la chouette cie
Baroques Graffiti, qui sait rendre la
musique du XVIIe à sa jovialité ; deux
créations, un cabaret Tchekhov, et une
reprise (Karl Marx, le retour) des Cies
maison ; Dansem au début, Edouard
Exerjean au milieu, pour conserver les
habitudes… Bref un recentrage sur les
fondamentaux qui font l’identité de ce
théâtre de proxi-mité. Qui regarde
pourtant vers l’autre côté de l’horizon !
A.F.
Saison 2009/2010
Théâtre de Lenche
04 91 91 52 22
théâtredelenche.info
Il n'a été heureux
qu'une fois, sous un parapluie
© Catherine Rocchi
Du grain à moudre
D’avis de tempête en grains annoncés, les saisons de la Minoterie se succèdent
dans une convivialité dont ils ont le secret. La création contemporaine reste au
cœur de leur projet, ainsi que la programmation des cies de notre région, priorités
réaffirmées aujourd’hui. Pour preuve : la saison commence avec le jeune ensemble de musique contemporaine C Barré, enchaîne avec Grand Magasin, la
création du Théâtre de L’Ajmer puis celle de Télémaque revenu des Bouffes du
Nord, Le rêve de la soie… avant d’accueillir Dansem, tout en exposant dans
son hall Pierre Gondard et Matthieu Parent. Tout cela pendant le seul premier
trimestre ! Beaucoup de danse et de musique donc, et des textes résolument
contemporains : la Minoterie s’affirme comme un lieu de création et de recherches, dans des formes toujours ouvertes et abordables. Une saison à suivre avec
attention et fidélité, d’autant que la suite s’avère tout aussi alléchante… (Cie Lalage,
Cartoun sardines, Cie Coline, Geneviève Sorin…). Un lieu de vie irremplaçable qui
propose aussi des cours, des lectures, et une bibliothèque dramatique assez
unique...
A.F.
La Minoterie
Saison 2009/2010
04 91 90 07 94
www.minoterie.org
Ensemble C Barré
© X-D.R.
42
SAISONS
NÎMES | ARLES
Déclinaison des créations
Nouvelle charte graphique et nouveau
logo pour le Théâtre de Nîmes qui mixe
des genres… sous l’entière direction,
désormais, de François Noël
Seul aux commandes, puisque la convention qui liait la
cie Deschamps/Makeïeff au Théâtre n’a pas été
reconduite, François Noël annonce une saison dédiée
aux artistes et à la création, dans la continuité, mais
avec un autre artiste associé : le metteur en scène et
vidéaste Bruno Geslin, que le Théâtre a déjà accueilli
à de nombreuses reprises, sera donc présent avec la
cie La Grande Mêlée dans une création, Paysage(s) de
Fantaisie (titre provisoire), qui fait dialoguer des
adolescents «entre documentaire et fiction spéculative»,
puis dans Crash(s) !/Variations, librement inspirée de
Crash de James Graham Ballard, pièce dans laquelle
il tisse des variations autour des obsessions de l’auteur
pour les environnements fermés ; et enfin avec La
Paranoïa, pièce de Rafael Spregelburg mise en scène
par Marcial di Fonzo Bo et Elise Vigier dans laquelle
il signe les images.
D’autres créations viendront émailler la saison : du
théâtre avec La Nuit, un rêve féroce…, sur un texte de
Mike Kenny, une mise en scène de Marc Lainé et une
création musicale du groupe Moriarty (à partir de 6
ans) ; de la danse avec Daisy Cutter de la cie La Zampa
sur une chorégraphie de Magali Milian et Romuald
Luydlin, Se souvenir que l’air nous porte par la cie
régionale Zéline Zonzon et Duel sur une chorégraphie
d’Anne Lopez ; en musique enfin avec Poèmes en
prose du compositeur espagnol Carlos Duque par
l’orchestre du Conservatoire de Nîmes, une partition
électroacoustique du Spleen de Paris de Baudelaire.
Crash(s) ! Variations © Alain Monot
D’autres moments forts sont à noter : un nouveau
rendez-vous classique concocté par René Martin
-créateur des Folles journées de Nantes et du festival
de La Roque d’Anthéron- intitulé La Folle Nuit qui se
déroulera en décembre ; mais aussi une programmation
de choix en janvier pour le Festival Flamenco qui fête
ses 20 ans et qui rassemblera tous les grands noms du
genre : Silvia Marín, El Cabrero, Israel Galván, Andrés
Marín, Diego Carrasco…
Le reste de la programmation est riche en «stars» de
théâtre (Galabru, Bouquet, Ludmilla Mikael, Denis lavant,
Fellag, Caubère) et en propositions en tous genres : Le
Malade imaginaire mis en scène par Georges Werler,
le Collectif Superamas et son Empire, Yves Beaunesne,
que les nîmois connaissent bien (sa mise en scène du
Canard sauvage d’Ibsen est encore dans tous les esprits)
pour Le Partage de midi de Claudel, le collectif Les
Possédés avec Oncle Vania… ; en danse avec le Cirque
National de Chine, Anne Teresa De Keersmaeker,
Garry Stewart ; et en musique bien sûr, avec l’Ensemble Baroque Capriccio Basel qui accompagne la
soprano Maria Cristina Kiehr, l’Orchestre National
de Montpellier, l’incontournable rendez-vous de fin
d’année Musique sur cour…
Quantité et qualité peuvent faire bon ménage : venez
donc le vérifier à Nîmes !
DOMINIQUE MARÇON
Théâtre de Nîmes
Saison 2009-2010
04 66 36 65 00
www.theatredenimes.com
Altérités artistiques
À Arles la nouvelle saison débute sous de bons auspices,
la fréquentation du théâtre étant en nette hausse ! 7% de
spectateurs supplémentaires par rapport à la saison
2007/2008, 28% de plus sur quatre ans, un nombre
d’abonnés croissant qui viennent pour 65% d’entre eux
d’Arles même, puis de la communauté de commune et
enfin du reste de la région.… Forte de ces encouragements, Valérie Deulin, qui dirige le Théâtre, a concocté
«un parcours placé sous le thème du préjugé, du respect
des altérités, puis des rapports orient/ occident.»
Il y a bien sûr dans cette programmation des noms
connus, des fidèles qui reviennent, comme Claire Le
Michel avec des Contes d’automne adaptés de l’ouvrage éponyme de Grégoire Solotareff, Agnès Limbos
qui reprend un de ses grands classiques du théâtre
d’objet, Petit pois, le chorégraphe, danseur et comédien
Radhouane El Meddeb dans le solo Quelqu’un va
danser…, Le banquet fabulateur de Catherine Marnas,
festin jubilatoire où le plaisir des fables et des textes
dramatiques se dévore et se boit en compagnie…, ou
encore Vanessa Van Durme, la magnifique auteure et
interprète de Regarde maman je danse qui revient avec
Femme blanche.
Et puis il y a aussi d’autres belles propositions, notamment avec une nouveauté, début 2010 : un week-end
de performances qui se demandent si Le multicultura-
lisme peut aller au-delà du culinaire ! Le programme
complet n’est pas fixé, hors la venue de Hooman Sarifi,
chorégraphe et interprète de We failed to hold this reality
in mind, journal intime dansé sur fond de musique
classique iranienne, et celle du performeur suisse Yan
Duyvendak qui s’attaque dans Made in Paradise aux
clichés médiatiques.
Côté théâtre, citons en outre une mise en scène de
Bernard Orsoni pour un texte inachevé de Brecht,
Jean la chance, avec la cie Théâtre de Neneka ; une
Cène apocalyptique de Valère Novarina, Le Repas, mis
en scène par Thomas Quillardet ; le Pénélope ô Pénélope écrit, mis en scène et joué par Simon Abkarian
entouré de sa famille d’acteurs venus pour beaucoup
Le repas © Patrick Fabre
du Théâtre du Soleil ; We are la France, satire sociale de
Jean-Charles Massera adaptée et mise en scène par
Benoît Lambert ; le très intriguant Le Globe de Thierry
Bédard, petite leçon de géopolitique à l’usage des
enfants ; le très attendu délire argentin de la cie Timbre
4, Le cas de la famille Coleman, où comment se tissent
et se délitent les liens familiaux… Sans oublier les résidences de création, à commencer par celle de La
Compagnie singulière accueillie au domaine de l’Etang
des Aulnes qui travaillera sur sa nouvelle création,
ApartéS et le GdRA (présent l’année dernière avec
Singularités Ordinaires) qui prépare Nour, histoires de
migrations, toutes deux visibles la saison prochaine au
Théâtre d’Arles. Et la Cie Onstap, qui a inventé un
rap/slam fait de propos forts et drôles et de percussions
corporelles, présente en janvier avec Parce qu’on va pas
lâcher.
Et puis, comme chaque début de saison, le festival
Cirque & Entresorts s’installe en ville avec baraques et
chapiteaux : voyez le détail page 22 !
DO.M.
Théâtre d’Arles
Saison 2009-2010
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
3BISF | ATP (AIX) | LE PÉRISCOPE (NÎMES)
SAISONS
43
Le temps d’élaborer
Le 3bisf est un lieu précieux pour la création artistique.
Un de ces chaînons qui manquent dans le circuit de
la production et de la diffusion : c’est un lieu d’élaboration. Le Pavillon discret, situé au cœur de l’hôpital
psychiatrique Montperrin, accueille des artistes en
résidences longues, et coproduit leurs créations. Au
passage, il demande à ces artistes de faire des ateliers
avec les résidents de l’hôpital, les visiteurs, le personnel hospitalier. Ou le public. Un souffle d’air et d’art dans
l’univers de la maladie mentale, et une voie d’accès
pour chacun vers ceux que l’on enferme. Un souffle
aussi pour les artistes : ceux qui y travaillent semblent, au fil des ans, trouver là le temps et l’espace de
fabriquer des choses, et l’on ne compte plus les œuvres
élaborées en ces murs.
Au premier trimestre il y aura les 6 et 7 oct des performances de Dominique Gillot, soit 25 mns de
«relecture fébrile» de la «musique populaire de masse».
Performances qui seront doublées d’ateliers musicaux
en septembre, janvier et mars, et de l’installation d’un
blog… Pour la plasticienne Cécile Dauchez la démarche sera inverse : l’atelier d’octobre, qui débouchera
aussi sur la création d’un blog, précèdera l’exposition
personnelle de mars. De même pour Rémi Yadan :
son atelier de pratique théâtrale et filmique (novembre), destiné à faire prendre conscience de l’image
que l’on donne de soi lorsqu’on est sur scène, précédera son exposition de janvier.
On pourra voir aussi en avant-première du 26 au 28
nov le duo de Geneviève Sorin et Lulla Chourlin,
conçu et répété là avant d’être créé en février à la
Minoterie. Les quatre jumelles de Copi, proposées
par la Cie LESGENSDENFACE, finiront de s’élaborer
là (présentation du travail du 5 au 7 nov, atelier du 13
au 16 oct) avant d’être crées au Comœdia d’Aubagne… Puis Skappa ! présentera un spectacle les 4
et 5 déc dans le cadre de Momaix…
AGNES FRESCHEL
Le bon jour d’Aix
Vice Versa © Julien Oppenheim
Au milieu des querelles qui opposent souvent Aix et
son Pays, petites structures historiques et grosses
institutions récentes, les Amis du Théâtre Populaire,
à Aix, proposent à leurs adhérents une programmation d’une grande qualité qui s’immisce dans tous
les lieux… Preuve que leurs esthétiques ne sont pas
si lointaines ? Cette année les ATP seront partout, de
la salle Emilien Ventre à Rousset jusqu’au Jeu de
Paume au cœur (battant ou assoupi ?) de la ville d’eau;
du Vitez universitaire au Pavillon Noir des danseurs,
en passant par les Ateliers, le 3bisf, et une tournée
dans la Communauté du Pays d’Aix qui accueillera… la création qu’Olivier Py concocte en son Odéon,
Théâtre National tout de même !
Malgré cette diversité d’échelle une grande unité non
d’esthétique, mais de qualité. Pour preuve : au premier
trimestre ne ratez pas Vice versa de Will Self, drôle,
grinçant, contemporain et intelligent (du 19 au 21 oct
au Théâtre des ateliers), mais pas non plus au Jeu
de Paume le romantique Quatrevingt-treize mis en
scène par Godefroy Segal (le 23 nov), ni à Rousset
le classique Marivaux (Le Triomphe de l’amour) mis
en scène par Cendre Chassanne (le 3 déc). En bref,
on vous conseille vivement de vous abonner !!
A.F.
Saison 09/10
Amis du Théâtre Populaire, Aix
www.atpaix.com
Joyeux anniversaire !
À Nîmes, pas très loin du grand Théâtre, le petit Périscope fête ses dix ans en beauté. Car si la salle est petite,
elle est toujours pleine comme un oeuf et accueille des
spectacles de grande qualité. Jugez un peu : la saison
commence par Tête de nuit le 9 oct, un trio de théâtre
visuel par le N.U. collectif, très (bien) inspiré de Philippe Genty ; et enchaîne avec l’Immédiat de Camille
Boitel (voir p 26) les 5 et 6 nov… La saison anniversaire prévoit une quinzaine de spectacles qui, au-delà
du Festival des P’tites canailles en avril, soigne le
jeune public, et propose aux adultes des formes contemporaines de pointe. Comme le Vice Versa de Will Self
(voir ci-dessus) ou les Plasticizations délirantes de
Nelisiwe Xaba. De quoi retenir les (nombreux) fidèles
et en attirer de nouveaux, d’autant que le Périscope
organise aussi des ateliers de théâtre pour tous âges
et tous niveaux…
A.F.
Saison 2009/2010
Théâtre du
Périscope, Nîmes
04 66 76 10 56
http://theatreperiscope.fr
Plasticization
© Suzy Bernstein
Cécile Dauchez, collage sur bureau présidence 2,
impression jet d'encre, dim 30 x 45 cm © Cécile Dauchez
Saison 09/10
3bisF, AIX
04 42 16 17 75
www.3bisf.com
44
SAISONS
GRASSE | STE MAXIME
Ambitieux et réaliste
Pas Perdus de la Cie Dare d’Art © A. Chaudron
Fidélité et austérité sont les maîtres
mots de la nouvelle saison du théâtre
de Grasse : fidélité à la danse et au
cirque puisque la scène est conventionnée pour cela ; austérité budgétaire
avec un nombre de spectacles revu à
la baisse (une trentaine pour une centaine de représentations) et un retour
aux spectacles in situ, moins coûteux
qu’hors les murs… Une programmation
perméable à la conjoncture économique, ce que Jean Flores affiche
clairement dans son éditorial : «Nos
finances commencent à clignoter à
«l’orange» ! et nous devons repasser au
«vert» rapidement. Pour compenser les
baisses de subventions (ou les non
augmentations) nous lançons un appel
au mécénat en sollicitant des financements privés d’entreprises de la région
et en créant ainsi le Club des Partenaires.»
Pas de saison au rabais cependant,
mais l’affirmation de choix artistiques
vers un public plus ciblé : «Au lieu de
nous lamenter nous «investirons» sur
nos jeunes car le public reste une de
nos préoccupations majeures.»
Dès l’ouverture le ton sera donné entre
festivité, convivialité et austérité ! La
compagnie Castafiore, compagne de
route depuis 12 ans, offrira une mise
en bouche de Stand Alone Zone créé
en décembre, tandis que le public, convié
à la fête, est invité à apporter à boire et
à manger dans un esprit de «mutualisation de tout pour tous»… Le théâtre de
Grasse soutient également la jeune
scène circassienne dont le talent se
répand comme une traînée de poudre:
Julien Cottereau, Cie Dare d’Art, Les
Argonautes, Étienne Saglio… Même
les spectacles de théâtre et les soli ont
l’heur de plaire à toute la famille, les uns
revisitant les textes du répertoire, les
autres braquant leurs projecteurs sur
des têtes d’affiche. Quand ils ne combinent pas les deux : Michel Galabru et
Philippe Caubère, Romane Bohringer,
Francine Bergé et Roxane Borgna,
Zabou Breitman, François Morel ou
Michel Boujenah. Avec le fascinant
court métrage d’animation (oscarisé !)
de Suzie Templeton, Raoul Lay et
l’Orchestre de Cannes, la musique de
Prokofiev mettra à l’unisson petits et
grands lors des ciné-concerts Pierre et
le Loup. Et c’est sur le fil de la danse que
l’on pourra mesurer «la prise de risque»
du Théâtre de Grasse, avec une gamme
de propositions inventives, étonnantes
et revigorantes : Mourad Merzouki,
Thierry Vincent et Monique Loudières, Heddy Maalam et Fritz Hauser,
Claude Brumachon, Thomas
Lebrun.
Bref, malgré ce temps de crise qui
pèse lourd sur les structures culturelles, Grasse reste un soutien de taille
pour les artistes avec pas moins de 10
créations, soit un tiers de sa saison !
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Theâtre de Grasse (06)
Saison 2009-2010
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Un Carré multiforme
Imposant dans son enveloppe de verre signé JeanPascal Clément, Le Carré Sainte-Maxime affiche
une première saison audacieuse sous la houlette de
Valérie Boronad, ancienne artiste associée à La
Ferme du Buisson, et de la cie Artefact. En effet, audelà de son accueil en résidence, Artefact s’associe
pleinement au projet artistique en offrant au Carré
«un véritable chantier de création ouvert» avec sept
spectacles, des rencontres et des répétitions
publiques… En guise d’introduction, le festival
pluridisciplinaire Entre ciel et terre est dédié «aux
quêtes exploratoires, aux esthétiques du merveilleux,
au questionnement de l’invisible» : une manière
d’affirmer la coloration particulière d’une saison que
Valérie Boronad a souhaité «inscrire dans l’air du
temps tout en s’adressant à tous».
Ainsi, pour toucher le plus grand nombre et notamment le public jeune qui reste à conquérir, Le Carré
propose de regarder le monde contemporain à
travers le prisme du cirque, de la danse, du théâtre de
rue, de la musique et des arts numériques. Dans ce
bouillonnement créatif, on retiendra au premier
trimestre la performance hip hop de la cie Alexandra
N’Possee, l’émouvante Myriam Boyer dans La Vie
devant soi mise en scène par Didier Long (trois
Molière en 2008), la voix envoûtante de la chanteuse
jazzy Stacey Kent, toute la sensualité du tango livrée
à chaud par dix danseurs et le sextet de Daniel
Binelli. Ou encore l’immense talent de Catherine
Rich au service de Stefan Zweig dans 24 heures de
la vie d’une femme adapté par Marion Bierry. Du
merveilleux avec Mon Pinocchio de Jean-Pierre
Lescot, passé maître dans l’art du théâtre d’ombres
et d’objets, et du spectaculaire avec le célèbre ballet
Casse-Noisette revu et corrigé par le Cirque national
de Chine. De l’expérimental enfin, avec Mylène
Benoît et sa cie Contour progressif qui convoque
la danse et les arts numériques et interroge l’influence du jeu vidéo sur le monde réel…
Ce qui ressemble à un chassé-croisé entre têtes d’affiche et artistes émergents, nouvelles écritures et
textes du répertoire, imaginé par un tout nouveau
pôle culturel varois richement doté de deux salles de
spectacles, d’un espace d’exposition, d’une médiathèque et d’un complexe cinématographique.
Impossible de ne pas s’en réjouir, d’autant que l’offre
de qualité la plus proche est à plus de 60 kilomètres…
à Grasse, Draguignan ou Châteauvallon !
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Carré Léon Gaumont
Saison 2009-2010
Sainte Maxime (83)
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Nos Limites © Renaud Vezin
CHÂTEAUVALLON | DRAGUIGNAN | LES COMONI
SAISONS
45
Châteauvallon, plus dépaysant que jamais
Hétéroclite comme toujours, ouverte sur le monde, la
nouvelle saison du CNCDC Châteauvallon à Ollioules
dessine une cartographie originale, riche de terres vierges et de paysages familiers. La première expédition
se déroule du 18 au 23 sept à l’occasion d’une semaine
de présentation de saison organisée par Christian
Tamet et son équipe, à la fois vitrine festive, carte
d’identité du lieu et levier des réservations à venir…
Pour 1 euro seulement, le public peut accéder aux
lectures spectacles de Bartleby d’Herman Melville
avec Daniel Pennac et de La main coupée de Blaise
Cendrars avec Alain Cesco-Resia, découvrir le
salon de musique iranienne de Shanbehzadeh, et
retrouver la verve de Fellag dans Comment réussir un
bon petit couscous avec Bruno Ricci. Enfin, emballé
par l’exposition de François Daireaux produite en
février dernier par la Villa Tamaris à La Seyne sur Mer
(voir Zib’ 16), Châteauvallon invente une suite originale dans le hall du théâtre couvert sous la forme d’une
carte blanche. Cette mise en bouche sera suivie d’un
temps fort de cirque, les 25 et 26 sept, avec le «duo
pour rire» Mathurin Bolze et Hedi Thabet et les
deux soli de la compagnie Moglice-Von Verx, celui
de la trapéziste Chloé Moglia et celui de Melissa
Van Vépy en duel avec un crochet de levage géant!
Après cette rentrée en fanfare, le voyage au long cours
se poursuivra ponctué de haltes cosmopolites, de
révélations et de fidèles compagnonnages. Histoire
de son music-hall dans un spectacle réservé aux
adultes, Cœurs croisés, ou encore Joël Pommerat en
résidence pour son étude d’anthropologie théâtrale
Je tremble 1 et 2… France, Argentine, Italie, Orient,
Afrique : Châteauvallon s’affranchit de toutes les
frontières et instaure même un nouveau cycle, Noir
comme l’amour, qui met en avant la culture noire
sous toutes ses formes et dans toute sa diversité.
Avec, par ordre dispersé d’entrée en scène, les compagnies chorégraphiques Salia Ni Seydou, Raphaelle
Delaunay et Faustin Linyekula, l’orchestre The
Black Rock Coalition, la metteur en scène Eva
Doumbia, la chanteuse Dobet Gnahore et les huit
musiciens congolais de Staff Benda Bilili… C’est
dire si les sillons creusés par Châteauvallon ouvriront
l’imaginaire collectif sur de nouveaux espaces.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Saison 2009/2010
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com/reservation
Coeurs croisés © Agathe Poupeney
de conforter ses liens avec Sophie Perez et Xavier
Boussiron pour un Gombrowiczshow totalement déjanté, avec Omar Porras qui revisite Les fourberies
de Scapin, Philippe Decouflé qui ouvre les portes
Formes inventives
Dire que le théâtre jeune public a
beaucoup à apprendre au théâtre pour
adultes ne relève pas de la pirouette
paradoxale. On s’y interroge sur la réception, sur l’entendement du public, et la
préoccupation des artistes est de
toucher à l’universel, à ce qui nous fonde
en commun. Et, surtout, de le donner ressentir simplement à l’entendement de
tous.
Le pôle jeune public du Revest fait partie
de ces lieux-là. Lié au Massalia ils font
certaines fois programmation commune:
cette année tous deux accueillent
Thierry Bédard, Volchok, Philippe
Dorin ou Jean-Pierre Lescot… Mais
le pôle varois se consacre, davantage
encore que son grand frère historique,
au théâtre d’objet, aux petites formes
qui parlent à l’imaginaire enfantin, à la
danse qui met en scène les transformations du corps.
La saison commencera par Être le loup
dès les 19 et 20 septembre : lors des
journées du Patrimoine, dans les
champs, avec la Cie Orphéon, il s’agira d’écouter l’histoire de cet homme
recruté par l’ANPE pour un emploi de
Loup… Après cela il y aura le cirque
moderne, un ciné concert, et le spectacle bouleversant de Daniel Danis,
Kiwi. À voir tout près de ses enfants,
plutôt ados, en les rassurant sur la
dureté du monde.
AGNES FRESCHEL
Volchok © Philippe Laurençon
Les Comoni
Saison 2009/2010
Pôle Jeune Public
Le Revest-les eaux
(83)
04 94 98 12 10
polejeunepublic.com
Draguignan fait rêver !
Depuis l’arrivée d’Odile Thiériot à la
tête des Théâtres en Dracénie, le
nombre des spectacles s’est multiplié.
Leur pertinence aussi, et le public a
suivi : la fréquentation est excellente,
et les subventionneurs se réjouissent
que leur pôle théâtral soit aujourd’hui le
plus fréquenté du Var. Cette année la
saison proprement dite, dans les murs
du théâtre de Draguignan rénové, commencera un peu en retard en raison des
travaux de sécurité initiés cet été : c’est
le 14 nov que le public pourra retrouver
sa salle de 750 places, pour un spectacle événement de cirque vietnamien.
D’ici là, hors les murs, une véritable fête
les rassemblera le 2 oct : un Hommage
à Istanbul emmené par la cie Montanaro et des musiciens méditerranéens
pour un répertoire arabo andalou, suivi
d’une pluie de plumes d’anges, ballet
aérien conçu par les Studios de cirque
de Marseille. Puis un autre spectacle
gratuit, L’Homme semence, d’après le
récit autobiographique de l’habitante
d’un village privé d’homme par la
guerre… le 9 oct à Taradeau, le 10 oct
à Bargemon, le 11 oct à Châteaudouble. Et comme chaque année, le
festival des Musiques insolentes les
16 et 17 oct… salle Lilly Pons, avec en
particulier Jean-Marc Montera et
Ahmad Compaoré.
Place des anges © Bozio
Après la réouverture, pas moins de 42
spectacles sont programmés : les habituels festivals de danse et jeune public
-la scène est conventionnée pour celaet le temps de cirque. Mais aussi beaucoup de théâtre : le Phèdre de Renaud
Marie Leblanc, La Douleur de Duras/
Chéreau/Dominique Blanc, Le Jour
où Nina Simone a arrêté de chanter…
Une saison très riche, sur laquelle
Zibeline reviendra dans quelques semaines… Ce qui ne doit pas vous
empêcher de vous abonner dès à présent –à l’office du tourisme jusqu’au 15
oct, durant la durée des travaux !
AGNES FRESCHEL
Saison 2009/2010
Théâtres en Dracénie (83)
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
46
SAISONS
AVIGNON
L’empreinte de Benedetto
24 nov dans la pièce Lettres anonymes,
qu’il n’aura joué que deux fois pendant le
festival.
Des projets sont à l’étude, notamment la
publication d’un recueil complet des
écrits de l’artiste et des invitations de
jeunes troupes autour de ses textes.
Premier à jouer intra-muros en 1966,
hors de la programmation officielle, le
fondateur presque involontaire du off, ce
rebelle à l’œuvre foisonnante, laissera un
grand vide dans la cité papale. Espérons
que son théâtre restera.
Andre benedetto © D. Michelangeli
Suite au décès du fondateur du Théâtre
des Carmes, rebaptisé Théâtre des
Carmes André Benedetto, son entourage souhaite poursuivre son œuvre.
Aspirant surtout à ne pas devenir un
«garage» ni un musée, les amis d’André
Benedetto vont tenter de rester dans
l’esprit du théâtre créé en 1964. Un
«Conseil des sages» agira pour sa continuité et en maintiendra l’esprit. En 2008,
Benedetto avait réactualisé le texte Emballages, créé dans les années 70, sur la
condition ouvrière, l’homme et la marchandise. Une lecture d’une seconde
version de ce spectacle sera donc donnée le 17 oct, par sa fidèle troupe. Puis
Bertrand Hurault, le président de l’association Nouvelle Compagnie d’Avignon
remplacera l’homme-orchestre du 20 au
DELPHINE MICHELANGELI
Saison 2009-10
Théâtre des Carmes
04 90 82 20 47
www.theatredescarmes.com
Le Ring passe la main
Marie Pagès, directrice du Théâtre du
Ring, retourne à ses premières amours.
«Je veux refaire à plein temps le boulot que
j’avais choisi, à savoir comédienne et metteur en scène». En décidant de vendre
son théâtre pour revenir pleinement sur
le plateau, elle choisit aussi et surtout «de
parler d’autres choses que d’argent». Une
dernière fois sera malgré tout nécessaire
pour conclure la mise en vente du théâtre, qui rencontre actuellement deux
accroches sérieuses. En attendant le passage de relais d’ici fin décembre, le dernier
spectacle de la cie Salieri Pagès, Le
Bonheur de la Tomate (voir p10) qui a
affiché complet tout le festival, part en
tournée dès le 17 septembre à la Salle
Bouvier de Morières-les-Avignon et enchaînera sur une vingtaine de dates pendant
l’année. Une journée de clôture se tiendra fin novembre avec un Marathon de
Lectures réunissant tous les auteurs invi-
Les Halles ont des talents
Aux Halles, la saison débutera avec la
Cie Vol Plané qui offre une nouvelle jeunesse à la dernière comédie de Molière
(voir p 30). Puis du 22 au 24 oct, Bernard
Proust philosophera autour de la question de l’écriture théâtrale. Reprise d’Une
Voix sous la cendre du 18 au 20 nov, à voir
absolument si vous l’avez raté la saison
dernière. L’année se finira les 18 et 19
décembre avec le Théâtre de l’Ephémère
qui montera pour la première fois à trois
voix la pièce Donc de Jean-Yves Picq.
Jean-Vincent Brisa se dédoublera pour
retracer l’œuvre inépuisable de Molière
les 14 et 15 janv, dans Molière, une passion.
L’incandescent Denis Lavant devrait
enflammer la scène dans La Grande vie de
Jean-Pierre Martinet du 28 au 30 janv
(sous réserve). En février, découverte d’un
triptyque sur les métamorphoses des frontières mentales et géographiques de la ville
avec 74 Georgia avenue précédé de Les
Marchands ambulants et Le Vieux juif.
Les 30 et 31 mars, l’Auguste Théâtre
offrira au jeune public dans le cadre du
festival Festo Pitcho, Le roi de la plage.
La nouvelle création d’Alain Timar, réunissant entre autre le trio gagnant des
comédiens du Calaferte, sera donnée
du 22 au 25 avril. Simples Mortels, adapté
du roman de Philippe de la Genardière,
dressera dans ses convulsions comme
dans ses éblouissements un tableau
primitif de notre postmodernité.
Agnès Régolo présentera également sa
dernière création du 13 au 16 mai. Que
d’espoir d’Hanokh Levin, réunira sa fine
équipe de comédiens (Nicolas Geny,
Catherine Monin, Kristof Lorion et
Nicolas Chatenoud) et les inclassables
musiciens du collectif Inouï. De la réjouissance et du talent en perspective.
Et en juin, avant le prochain festival, le spectacle Swan sera repris par la Cie Fraction.
Librement adapté par Jean-François Matignon à partir du Red Riding Quartet, la
«noire» tétralogie de David Peace. Puis
la Cie La Sentinelle clôturera la saison
avec Vous avez dit Colette ? d’après
Lettres à sa fille, 1916-1953 de Colette.
DELPHINE MICHELANGELI
tés et un bataillon d’acteurs et de metteurs
en scène (dont Gérard Gélas, Alain Timar,
Nicolas Geny, Serge Barbuscia et Marie
Pagès). Un dernier round généreux pour
passer le relais.
DE.M.
Le Ring
04 90 27 02 03
www.lering-salieripages.com
Explorons
la Chartreuse
Le Centre national des écritures du
spectaclecontinue de porter son attention
à la création culturelle multidisciplinaire.
Après des résidences offertes à des auteurs et des artistes, des présentations
de travaux (en cours) sont donc organisées à la Chartreuse. Kitsou Dubois
ouvrira le bal le 24 sept dans Traversées.
Puis, La Plus belle, disaient déjà les Grecs,
quatre pièces de Noël Casale se déroulant à Bastia de nos jours, seront données
le 22 oct. La Cie Le Zéphir présentera
Terre Océane, mise en scène par Véronique Bellegarde le 26 nov, suivie par la
Cie Le Bruit des Hommes avec Métiers
de nuit. Six monologues pour répondre en
miroir aux polyphonies et polyglossies nocturnes. Et la Cie belge Crew continuera
l’exploration des technologies immersives
avec une résidence s’inscrivant dans la
préparation du projet Explorations Immercity, présenté le 10 déc. Un premier
trimestre créatif bien sûr, et dense !
DE.M
Saison 2009-10
Théâtre des Halles
04 90 85 52 57
www.theatredeshalles.com
La Chartreuse de Villeneuve
04 90 15 24 24
www.chartreuse.org
Octobre
aux Doms
Ouverture de saison attendue au Théâtre des Doms avec l’étonnante cie
avignonnaise Art.27 qui jouera du 1er au
4 oct sa dernière création Le Nord Perdu,
adapté des poèmes de la comédienne
Catherine Monin. Un petit bijou d’écriture, mis en scène par Thierry Otin et
en lumières par Erick Priano répété en
résidence sur la Scène de Cavaillon où il
a été présenté le 8 sept en avant première… En images suggestives et musique
de voyage, quatre comédiens racontent
des histoires minuscules, des bouts de
vie, des morceaux de rêves et des parts
d’ombre. Ils nous font perdre le Nord tout
en suivant le soleil.
Leçon de savoir le 10 oct avec une rencontre entre Jacques Reisse et Pascal
Picq qui exploreront, avec Darwin et la
question des origines, la théorie de l’évolution dans une conférence/débat. Le
Théâtre de la Marmite viendra ensuite
rencontrer un large public les 22 et 23
avec La Grande dame, accompagné par
l’atelier théâtre du CE-SEPR du Pontet et
la Cie Carcara. Puis, dans le cadre de
Drôle d’Hip Hop, la cie des Daltoniens
présentera les 25 et 26 octobre le spectacle Tag. En collaboration avec les toutes
proches Hivernales qui organisent les
festivités chaque année… Le reste de la
saison continuera sur la même voie : dans
la collaboration amicale, et l’excellence…
DE.M.
Saison 2009-10
Théâtre des Doms
04 90 14 07 99
www.lesdoms.be/fr
La Grande Dame - Cie La Marmite © X-D.R.
Opéra théâtre privé
Michel et Davy Sardou démarreront la
saison théâtrale de l’Opéra d’Avignon
le 16 oct, avec Secret de famille d’Eric
Assous : une comédie de mœurs dans
la tradition du vaudeville. Le 3 nov, dans
un décor et une lumière couronnés par
un Molière 2009, Claude Rich et
Geneviève Casile feront mouche dans
Le Diable rouge d’Antoine Rault. Autre
«monument» de la scène française,
Michel Bouquet incarnera Le Malade
imaginaire de Molière le 28 nov.
Succédant à l’humour de Valérie
Lemercier (le 2), Fabriche Luchini fera
Le point sur Robert le 3 déc, dans son
spectacle autour de Paul Valéry, Roland
Barthes, Chrétien de Troyes, Molière…
Francis Veber adaptera Le Dîner de cons
le 7 janv avec les compères Chevallier
et Laspalès. Un autre humoriste pour
une comédie déjantée et inspirée de sa
vie dans Le comique avec Pierre
Palmade et Noémie de Lattre, le 10
fév. Line Renaud jouera Très Chère
Mathilde le 2 mars, et le très attendu
Jules et Marcel réunira le 26 mars Michel
Galabru et Philippe Caubère d’après
la correspondance de Raimu et Pagnol.
Pour finir, le 30 avril avec Cochons
d’Inde, «une pièce pour oublier la crise»,
également largement récompensé aux
Molières 2009, avec Patrick Chesnais.
Une programmation théâtrale fondée sur
la célébrité des invités, et qui se tourne
nettement vers la télé et les circuits
privés. Nettement en dessous de la
qualité musicale et lyrique de la maison
(voir p 48), même si voir certains de ces
monstres sacrés sur scène reste un
indéniable plaisir.
DE.M.
Saison 2009-10
Opéra-Théâtre
04 90 82 42 42
www.avignon.fr
Du pur Chêne
Malgré des difficultés financières annoncées dues à des baisses de subventions
conséquentes, la saison d’hiver du Chêne
Noir s’annonce riche et variée. L’humoriste Christophe Alévêque ouvrira les
hostilités les 1er et 2 oct, «pour se faire du
bien sans se faire du mal» comme il l’annonce lui-même (voir p 31). La 6e édition
des Rencontres de l’Eloquence transformera le théâtre en tribunal le 30, dans un
concours de plaidoiries ouvert à de jeunes
avocats. Du 20 au 29 nov, Gérard Gelas
livrera sa dernière création Ernesto Che
Guevara, la dernière nuit, avec Olivier Sitruk
dans le rôle titre. Une création qui permettra de s’interroger sur la violence du
monde d’aujourd’hui à travers une double
fiction autour du révolutionnaire. Le 10
déc, pour clore sept années de tournée,
à la veille de la fermeture du camp de
Guantanamo, le théâtre accueillera une
représentation exceptionnelle de Guantanamouravec Guillaume Lanson etDamien
Rémy. «C’est un long compagnonnage
qui va s’arrêter, mais il le faut» confie l’auteur
et metteur en scène. «Il fallait libérer aussi
les deux acteurs quand même !». Du pur
Gélas !
Le 16 déc, Le Petit chaperon rouge de
Joël Pommerat, qui n’en finit pas de
tourner et de sidérer les yeux (d’enfants)
et les imaginaires de tous, invitera à apprivoiser la peur et les désirs oubliés. Après
ce premier trimestre chargé la saison continuera au même rythme : Pierre Santini
viendra les 21 et 22 janv pour un récital
autour de Paolo Conte mis en scène
actuellement par Gérard Gélas à Paris :
on oublie parfois le passé de musicien du
metteur en scène... Puis dans Charles
Gonzalès devient… Camille Claudel, le
comédien titre retracera les 25 et 26 fév,
sans travestissement, la vie tumultueuse
de la sculptrice ; le Théâtre du Kronope
déploiera ses voiles du 11 au 13 mars avec
La Tempête de Shakespeare : une esthétique absolument «kronopienne» pour ce
classique initiatique. Dans le cadre du
festival Festo Pitcho, place à nouveau
aux enfants qui pourront les 1er et 2 avril,
découvrir Matin Brun, par la troupe de M.
Tchoum et s’interroger sur les petites
lâchetés. Du 22 au 25 avril, la dernière
pièce de Jean Anouilh, Le Nombril se demandera jusqu’où il est bon, ou mauvais,
de se connaître : nombrilisme, méconnaissance de soi, le fil d’équilibre est
mince, et le fossé profond… Claudine
Pelletier y dirigera entre autre Marc
Olinger, entouré de comédiens luxembourgeois, français et belges.
Et toute l’année les Conférences sous le
Chêne inviteront mensuellement un naturopathe, Michel Martigny et le 26 mars
un sinologue français, François Jullien
pour Penser d’un dehors la Chine.
DELPHINE MICHELANGELI
Saison 2009-10
Théâtre du Chêne Noir
04 90 82 40 57
www.chenenoir.fr
48
SAISONS
MUSIQUE
Fastes toulonnais
L’Opéra de Toulon est l’un des plus grands théâtres
de France. L’architecture
imposante du bâtiment
inauguré en 1861,
son parterre et ses quatre
balcons en corbeille
lui permettent d’accueillir
près de 1800 spectateurs
par représentation
Psyche, maquette des decors © Luc Londiveau
La nouvelle saison que Claude-Henry
Bonnet propose aux varois s’articule
autour de productions lyriques : des
classiques populaires comme Carmen
ou Les Noces de Figaro ou des opus originaux, telle la création française de
Street Scene que Kurt Weill composa
pour Broadway en 1947. La suite en
appelle à un incontournable trio transalpin : si Don Pasquale de Donizetti
ou l’«opératique» Requiem de Verdi
tiennent souvent le haut de l’affiche,
il en va moins de même avec le fourmillant Voyage à Reims de Rossini et
Falstaff, ultime opus shakespearien
du vieux Verdi, dans lequel on retrouvera la superbe soprano Adina Aaron.
On ne manquera pas les concerts organisés en collaboration avec le Festival
de Toulon et sa Région et l’Orchestre
de l’Opéra (directeur musical Giuliano
Carella) au Palais Neptune, qui invitent le grand chef Serge Baudo, les
pianistes Marie-Josèphe Jude et Mikhail Rudy ou la violoniste Alexandra
Soumm, quand, traditionnellement,
au Foyer Campra, on entend des récitals de musique de chambre, baroques
ou lyriques des jeunes chanteurs de
CNIPAL.
Les Lumières de la Ville, chef-d’œuvre
de Chaplin de 1931, est projeté en
ciné-concert avec l’Orchestre de l’Opéra
qui joue en synchro la musique du film
muet. Le Songe du Minotaure (chorégraphie Blanca Li) et Maria de Buenos
Aires, création d’Erick Margouet d’après
l’operita d’Astor Piazzola forment le volet «ballet», quand la saison théâtrale
(avec Michel Sardou, Roland Giraud,
Line Renaud, Michel Bouquet ….) est
magnifiée par une adaptation d’un
Psyché baroque d’après les vers de
Molière et la musique de Lully.
JACQUES FRESCHEL
Saison 2009/2010
Opéra de Toulon
04 94 92 70 78
www.operadetoulon.fr
Cité classique
Le premier trimestre à La Cité de la
Musique est ponctué par un cycle de
trois concerts Musique et poésie initié par la mezzo-soprano Christine
Kattner. Des mélodies de Schumann
(9 oct), Mozart (6 nov) et Wagner (4
déc) sont mises en scène par Mickaël
Zugowski «afin de retrouver l’esprit
théâtral et la dramaturgie voulus par
les compositeurs.» C’est dans le même
esprit que Michèle Raybaud (piano)
et Pascale Delesti-Novella (comédienne) unissent leur talent pour des
Échappées romantiques (littérature
& musique, 16 oct). La musique de
chambre est à l’honneur pour quatre
concerts avec Marc Badin (hautbois)
et Anaït Serekian au piano (22 oct),
le Trio Chiarina (27 nov), le duo
Benoît Salmon (violon) et la pianiste
Elisabeth Guironnet (11 déc), et
l’ensemble Des Équilibres (17 déc).
On retrouve des valeurs sûres avec le
pianiste Philippe Gueit (20 nov) et
Télémaque à l’occasion des festivités
accompagnant le 15e anniversaire de
la création de l’ensemble par Raoul
Lay et ses musiciens (26 nov). Les
Acousmonautes, emmenés par Lucie
Prod’homme, donnent rendez-vous aux
amateurs d’opus électroacoutiques
pour un film et un concert-diffusion
(15 oct) ou les traditionnelles Foliephonies (7 déc). Le MIM (Laboratoire
Musique et Informatique de Marseille)
poursuit quant à lui son cycle thématique sur «l’expérimentation» (11 déc).
Et tout cela au seul premier trimestre!
J.F.
Saison 2009/2010
Cité de la Musique, Marseille
Porte d’Aix ou Villa Magalone
04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille.com
Anaït Serekian © X-D.R.
Têtes d’affiches
La programmation copieuse de l’Opéra-Théâtre d’Avignon s’appuie essentiellement
sur le grand répertoire et les têtes d’affiches
La saison lyrique annonce cinq grosses productions,
dont I Capuletti e i Montecchi de Bellini, La
Cenerentola de Rossini et Aida de Verdi constituent
trois piliers. Le beau chant est à l’honneur avec
Ermonela Jaho, Karine Deshayes, Indra Thomas,
Jeong-Won Lee… On retrouve l’opéra populaire
Marius et Fanny, composé par Vladimir Cosma et
créé il y a deux ans à Marseille avec Karen Vourc’h
et Sébastien Guèze, et l’on découvre la féerie
baroque d’un prometteur Amadis de Lully dirigé par
Olivier Schneebeli.
Quatre opérettes complètent l’aspect lyrique du
programme avec les inusables Valses de Vienne, Le
Chanteur de Mexico, Un de La Canebière et Je
m’voyais déjà… d’Aznavour, les traditionnels
«Apér’Opéra» du CNIPAL et les voix de Sophie
Koch, Max-Emmanuel Cencic et Nathalie Stuzmann en récital.
Les concerts symphoniques de l’OLRAP, pour la
plupart dirigés par Jonathan Schiffman, accueillent les pianistes Mikhail Rudy, David Greilsammer,
le guitariste Emmanuel Rossfelder, le violoncelliste
Marc Coppey, les violonistes Laurent Korcia et
Vadim Repin quand en musique de chambre on
attend Nemanja Radulovic, Patricia Kopatchinskaja (violon), Fazil Say et Franck Braley
(piano), Gautier Capuçon (violoncelle), le Trio
Wanderer, le Quatuor Ebène… Que du très beau
monde !
Des ballets «classiques» comme L’oiseau de
Feu, La Bayadère et Giselle jalonnent une
saison, pimentée de spectacles de «variété»
(Calogero), d’«humour» (Patrick Timsit,
Valérie Lemercier) et «jeune public» (Le
Petit Prince mis en musique par
Laurent Petitgirard). Michel
Sardou, Claude Rich, Michel
Bouquet, Fabrice Luchini,
Chevallier & Laspalès, Line
Renaud, Michel Galabru ou
Philippe Caubère sont les
vedettes des affiches
théâtrales.
JACQUES FRESCHEL
Saison 2009/2010
Opéra-Théâtre d’Avignon
04 90 82 81 40
www.mairie-avignon.fr
Trio Wanderer
© Francois Marquet
49
Quatre-vingt-dix bougies !
jeune Trio Atos, lauréat de plusieurs
grands concours internationaux.
Fidèle à sa collaboration avec la
Biennale de Quintette à Vent, la
S.M.C.M. invite les cinq jeunes femmes
du Quintette Aquilon, quand la 1285e
séance ouvre la saison-anniversaire
par le duo russo-bulgare Elena Rozanova (piano) et Svetlin Roussev
(violon) pour un superbe programme
slave.
Quatuor Prazak © Guy Vivien
Au sortir de la première guerre mondiale, des mélomanes fondaient la
Société de Musique de Chambre de
Marseille. Aujourd’hui, la doyenne fête
ses 90 ans avec une saison qui mêle
tradition, valeurs sûres et nouveaux
talents.
L’équipe animée par Bernard Camau se
devait d’inviter les «Prazák», immense
quatuor tchèque qui a régulièrement
triomphé à l’auditorium de la Faculté
de Médecine. Ils jouent entre autres
La jeune fille et la mort chef-d’œuvre
de Schubert. Double programme festif:
le Quatuor Aquilon associé à Lise
Berthaud (alto) et François Salque
(violoncelle) interprètent également
des opus majeurs de Haydn, Mendelssohn, Schubert et Tchaïkovski. Le
formidable duo Emmanuelle Bertrand
(violoncelle) et Pascal Amoyel font
résonner les accents romantiques de
Saint-Saëns, Brahms et Chopin et l’on
entend le pianiste Laurent Cabasso
en récital «A la Mémoire de Pierre
J.F.
Saison 2009/2010
Société de Musique
de Chambre de Marseille
Du 20 oct au 30 mars
Adhésion Espace Culture
- 04 96 11 04 60
ou Harmonia Mundi
- 04 91 33 08 12
Barbizet» (disparu en 1990), le quintette avec piano des Solistes de
Chambre de Saint-Pétersbourg et le
Suivez les pianistes !
La saison de musique de chambre arlésienne, proposée
à la Chapelle du Méjan par Jean-François Heisser,
s’articule en 2009-2010 autour de pianistes de renom
Si maître Heisser officie en personne
dans Iberia d’Albeniz, à l’occasion de
la publication d’un livre-disque chez
Actes Sud (13 nov), il en va de même
avec Jean-Louis Steuermann pour
un concert Berg & Schoenberg et la
parution d’un ouvrage sur les deux
Viennois (29nov).
Les Arlésiens découvrent quelques
forçats des claviers ayant explosé ces
dernières années comme Bertrand Chamayou dans Franck et Liszt (28 fév),
Jean-Frédéric Neuburger pour un
«week-end» de musique française (15
et 17 janv) et le Chinois Zhong Xu (4
et 6 juin), en récital solo ou en formation de chambre. Autre moment fort
de la saison : deux soirées exceptionnelles consacrées à la musique tchèque
magnifiée par Ivan Klansky au piano
et le fabuleux Quatuor Kocian (11 et
13 déc).
Une saison qui, après Musicatreize
(20 sept. à 11h), débute avec le jeune
Quatuor Voce. Cette formation lauréate
de prestigieux concours internationaux joue l’Op. 103 de Haydn, La jeune
fille et la mort de Schubert et Métamorphoses nocturnes de Ligeti (4 oct. à
11h). À l’automne on attend l’ensemble
Les Siècles dirigé par François-Xavier
Roth (15 nov) et à Pâques la traditionnelle Semaine Sainte.
J.F
Saison 2009/2010
Le Méjan, Arles
04 90 49 56 78
www.lemejan.com
Quatuor Voce © X-D.R
Accords aixois
Les Concerts d’Aix comptent cette année 2009-2010
sur des artistes prestigieux pour enchanter
les mélomanes au pays de Milhaud
On ne présente plus le Fine Arts Quartet qui ouvre la saison au Théâtre du
Jeu de Paume (10 oct). Malgré un
récent renouvellement de l’altiste, le
quatuor américain (fondé en 1946)
demeure l’une des formations de musique de chambre les plus réputées.
Dans le même esprit, on entend le Trio
Smetana qui, depuis 1991, a repris à
son compte une tradition de musique
tchèque glorifiée par les fondateurs
de l’ensemble au début des années
trente (10 mars). Le violoncelliste Marc
Coppey (3 fév) et la pétillante soprano Patricia Petibon (5 mai) sont
également à l’affiche en récitals aux
côtés des chanteuses de jazz brésilien
le Trio Esperança (25 nov).
Hors les murs la Pastorale de Noël de
Marc-Antoine Charpentier est chantée
par les Festes d’Orphée (Eglise du
Saint-Esprit, le 20 déc), avant Bach
par le duo Alice Foccroulle (soprano)
et Bernard Foccroulle (orgue) qui
officie à la tête du festival d’Aix
depuis deux ans (Saint-Jean de Malte,
le 28 avril). Le dernier concert est un
récital Chopin à deux pianos par les
jeunes Célimène Daudet et Emmanuel Despax (Cour de l’Hôtel de Ville,
le 3 juin).
Trio Smetana © Jivi Syneh
On n’oublie pas les délicieux «Samedis
musicaux» prévus à 17h pour les
pitchouns : des chansons du groupe
Zut (28 nov.), un opéra-conte de Julien Di Tommaso sur les Cendrillons
littéraires et lyriques (12 déc), un
conte musical écolo Sauvons la
planète (23 janv), et deux spectacles
du Conservatoire Darius-Milhaud
(Du jazz de Broadway à Boris Vian, les
13 & 14 mars) et des classes musicales du Lycée Vauvenargues (Duo,
Duels, le 24 avril).
J.F
Saison 2009/2010
Concerts d’Aix
04 42 99 12 12
www.concertsdaix.com
50
CINÉMA
MARSEILLE À LUSSAS | LE LIBAN À AVIGNON | ROUSSET
Marseille à Lussas
Beyrouth en
politiques du documentaire, animé par Patrick
Leboutte et Sylvain Georges, qui avait pour objectif
de «rendre justice» au cinéma militant, souvent nié ou
dénigré, tout en travaillant l’histoire au présent. Au
moment où on «commémore Mai 68», cela a été
l’occasion de voir des films tournés en 16mm par des
techniciens du cinéma, le collectif ARC ou Cinélutte.
«Filmer Marseille, c’est filmer le monde»
Sebastien Jousse et Luc Joulé © A. G.
Malgré la canicule, les salles et tentes
non climatisées parfois, les amoureux
du documentaire se sont pressés à
Lussas, village de 800 habitants
en Ardèche, du 17 au 22 août
Les cafés, lieux où se désaltérer et échanger autour
des films, étaient pris d’assaut. Au programme de la
21e édition des États Généraux du Documentaire,
deux séminaires, l’un sur les relations entre la
photographie et le cinéma, l’autre sur les actualités
C’est dans ce cadre qu’a été présenté le nouveau
travail de Denis Gheerbrant, La République Marseille,
sept chapitres, sept lieux, sept trajets que nous fait
parcourir le cinéaste solitaire, qui tourne, monte ses
films seul pour mieux approcher ceux qui deviennent
ses personnages. Pourquoi filmer le monde à Marseille ? «Marseille fait partie de mon chemin en
cinéma; c’est là que j’ai rencontré René Allio. Marseille
est une ville-monde, une ville qui a une grande force
populaire. J’avais l’idée d’un film tentaculaire.»
Trois ans de travail, six mois d’enquête, six mois
d’écriture, un an et demi d’allers-retours entre Paris
et Marseille… C’est le quatrième chapitre, Les Femmes
de la cité St Louis, qui lui a donné une assise, l’un des
plus réussis.
Cet habitat social qui fêtait les 80 ans de sa construction est à un tournant : la société qui le gère veut
mettre les maisons en vente. Jeannette et ses amies
craignent la disparition des liens qu’elles ont créés
dans cette cité où elles ont passé toute leur vie… Elles
le disent à Denis qui recueille leur parole comme celle
de tous ceux qui ne l’ont jamais en cinéma : un docker
de l’Estaque, ceux du centre des Rosiers, les habitants de la rue de la République qu’on veut chasser…
Le débat a été vif à Lussas, quelques spectateurs
reprochant au cinéaste d’avoir tu certaines choses,
de la vie politique marseillaise notamment, d’avoir fait
un «état des lieux» incomplet et de n’être pas allé au
fond des choses, bref de n’être pas «politique». Mais
n’est-ce politique que de permettre aux gens de
nommer, d’écouter et de donner la parole à ceux qui
ne l’ont jamais ? A vous de voir !
Voyage au cœur de la SNCF
Denis Gheerbrant © A. G
Un autre film tourné à Marseille, commandé par le
Comité d’établissement des cheminots de la région
PACA dans le cadre de son action culturelle, a passionné les spectateurs de Lussas : Cheminots de Luc
Joulé et Sébastien Jousse : un vrai voyage au cœur
de la SNCF, un documentaire qui donne la parole aux
cheminots, qui leur permet de donner leur vision sur
les métiers, d’exprimer leurs doutes, leurs craintes à
l’heure de la libéralisation et de l’ouverture à la
concurrence. On y croise Ken Loach qui explique
comment la privatisation de British Rail en Grande
Bretagne a été une catastrophe et le résistant
Raymond Aubrac qui précise que la résistance face
au recul progressif du Service public est l’affaire de la
société tout entière. Des documentaires à ne pas
rater quand ils passeront à Marseille (voir page …
ANNIE GAVA
Khalil Joreige © A. G
Avec pour artiste associé le Libano-Canadien Wadji
Mouawad, il ne fallait pas s’étonner de la présence
forte du Liban au Festival d’Avignon 2009. Plus surprenant, l’association des représentations théâtrales
et cinématographiques étaient constantes, soit parce
que des cinéastes comme Amos Gitai (voir Zib 21)
ou Christophe Honoré (voir p 8) étaient invités à mettre en planches, soit parce que la vidéo, l’image
filmée, s’installaient dans le décor, transformant les
murs en écrans.
La démarche de Lina Saneh et Rabih Mroué, par
exemple, révéla un rapport au cinéma jusqu’alors
insoupçonné, loin de la novellisation, de la théâtralisation de film. Ils ont présenté à la Salle Benoît XII
Photo Romance, inspiré d’Une Journée Particulière
d’Ettore Scola.
Nous ne sommes plus à Rome en 1938 mais à Beyrouth
en 2006. Et la rencontre entre Lina et Rabih est projetée sur un écran sous la forme d’un roman-photo
animé. Sur la scène, deux fauteuils, un ordinateur
portable et deux personnages qui discutent ; la
femme présente son projet artistique, adapter le film
d’Ettore Scola dans le Liban contemporain ; l’homme,
le représentant de la Commission de censure, doit
en valider l’originalité.
Cette mise en abîme permet à la fois de questionner
la représentation théâtrale, d’évoquer ce qu’il est
permis ou interdit d’aborder au Liban et de faire ainsi
émerger le portrait de la société libanaise. Tout en
rappelant à la fois le film de Scola, et le cinéma italien
de 38, avant le neo-réalisme, la société fasciste italienne et ses censures.
Pour corser le millefeuille, dans la salle, Khalil Joreige,
accompagné de Joana Hadjithomas, filmait la
représentation ! Ces deux artistes, entre Paris et
Beyrouth, tournent des films, montent des installations photographiques et audiovisuelles.
Pour leur dernière création, Tels des oasis dans le
Khalil Joreige © A. G
Avignon
désert, ils ont choisi l’église des Célestins, un choix judicieux pour les correspondances qu’il crée : le sol en terre battue, les murs mis à nu renvoient aux
ruines, aux traces de l’histoire dans Beyrouth que présente l’installation, aux camps
d’Ansar et de Khiam. Le visiteur qui pénètre dans le lieu se retrouve devant une
vue monumentale de la capitale, formée de 3000 rectangles collés sur un miroir
dont certains manquent. Il est invité à décoller et emporter un fragment au verso
duquel est inscrit «Beyrouth n’existe pas», métaphore de la ville en morceaux.
«Le titre est tiré d’une citation de Hannah Arendt que nous aimons particulièrement»
précisent les artistes : «A défaut de vérité, on trouvera des instants de vérité, et ces
instants sont en fait tout ce dont nous disposons pour mettre de l’ordre dans ce chaos
d’horreur. Ces instants surgissent à l’improviste, tels des oasis dans le désert.»
Le désert est justement le cadre du film Chaque Jour est une fête, proposé dans
les Territoires Cinématographiques au cinéma Utopia. C’est la troisième collaboration de Rabih Mroué avec la réalisatrice Dima El-Horr qui réalise là son
premier long métrage. Le jour de la fête nationale de l’Indépendance, trois femmes
qui ne se connaissent pas prennent un même bus vers la prison de Mermel.
Tamara va rendre visite à son mari emprisonné depuis le jour même de leur
mariage. Lina veut faire signer par son mari, qui purge une longue peine, le papier
du divorce qui la libérera. Hala, la peur au ventre, transporte l’arme de fonction
oubliée par son mari, gardien à la prison… Un beau film, oscillant entre réel et
onirisme qu’on pourra bientôt voir à Marseille, dans le cadre de Films Femmes
Méditerranée (voir page 53).
ANNIE GAVA
Dima El-Horr et Rabih Mroué © A. G.
Les Territoires
Cinematographiques
se sont tenus du 10
au 25 juillet au cinéma
Utopia, dans le cadre
du Festival d’Avignon
Rousset en courts
Le 10 octobre à Rousset aura lieu la
quatrième édition de Courts-Bouillon,
une journée consacrée au court métrage : une sélection de 20 films «coups
de cœur» d’ici et d’ailleurs, proposée
par les Films du Delta.
Une séance spéciale a été élaborée
par les Cahiers du cinéma, l’Agence du
court métrage et le CNC, qui permettra
de voir Shaman de Luc Perez, Malika
s’est envolée de Jean-Paul Civeyrac,
Les Vœux de Lucie Borleteau et
l’Eclaircie de Jérémie Jorrand. La projection sera suivie d’une rencontre
avec Fabrice Marquat, programmateur à l’Agence du Court.
On pourra voir aussi Séance familiale
de Cheng-Chui Kuo, prix du Public à
Clermont-Ferrand et Grand Prix du
Festival de Brest : une équipe de télévision française s’invite dans une famille
de Taiwan. Petit à petit, la caméra
devient un nouvel outil de communication au sein de la famille… L’occasion
aussi de voir le César du meilleur court-
métrage, Les Miettes de Pierre Pinaud.
Cette journée sera précédée d’une programmation pour les scolaires avec
C’est dimanche de Samir Guesmi, ou
le beau film d’animation Le jour de gloire
de Bruno Collet.
ANNIE GAVA
Les Films du Delta
04 42 53 36 39
www.filmsdelta.com
Séance familiale © Cheng-Chang Kuo
52
CINÉMA
RENCONTRE DU CINÉMA EUROPÉEN | R-V D’ANNIE
Dans le cadre des Rencontres de cinéma européen, du
22 au 29 septembre, l’association Cinépage propose de
découvrir le cinéma finlandais à travers une trentaine de films.
On connaît, bien sûr, Aki Kaurismaki dont seront présentés
quatre films parmi lesquels Hamlet goes business, critique du
capitalisme réalisée en 1987.
Mais les Rencontres donnent également l’occasion de découvrir des cinéastes et des œuvres moins connues ici comme
Amour libre (Käpy selän alla) de Mikko Niskanen, film emblématique de la Nouvelle Vague finlandaise qui, à sa sortie en
1966, a eu près de 700 000 spectateurs, ou La Semaine
bleue (Sininen Viikk) de Matti Kassila qui raconte la vie ordinaire des gens ; plus récent, La Meilleure des mères (Äideista
parhain) de Klaus Härö, qui a représenté la Finlande aux
Oscars 2005, évoque l’envoi massif d’enfants finlandais dans
d’autres pays durant la guerre 39/45.
Documentaires et Art-vidéo sont aussi au programme dont
Les Sept chants de la Toundra et Le Voyage perpétuel d’Anastasia Lapsui et Markku Lehmuskallio et une soirée consacrée
au cinéaste Antti Peippo.
En ouverture de ces Rencontres, le 22 septembre au cinéma
Le Prado, sera projeté Obéir, en présence du réalisateur Aku
Louhimies et de Leena Lander, auteur du livre dont il est
adapté : en 1918, durant la guerre civile en Finlande, un jeune
soldat témoin de viols collectifs et de massacres décide d’emmener au tribunal militaire une femme qui a échappé au
massacre…
La clôture de ce programme alléchant sera une soirée ArtVidéo, au Daki Ling, avec les Instants Vidéo en présence de
Pauliina Salminen, vidéaste plasticienne dont seront
présentées deux œuvres.
ANNIE GAVA
Käpy Selän Alla de Mikko Niskanen
Cinéma finlandais à Marseille
Rencontres du cinéma finlandais
Du 22 au 29 septembre
Cinépage
04 91 85 07 17
www.cinepage.com
Les rendez-vous d’Annie
Le 26 sept à 21 heures, en clôture de l’exposition Picasso au Musée Granet, les
Rencontres cinématographiques d’Aix-en-Provence proposent une sélection de
courts métrages : Minotauromaquia de Juan Pablo Etcheverry, Extracorpus d’Augustin
Gimel, Oïo de Simon Goulet et Toiles et Toiles, l’enfance de l’art d’Agnès Maury.
Rencontres cinématographiques d’Aix en Provence
www.aix-film-festival.com
Le 2 oct à 20h30, à l’Alhambra cinéMarseille, le documentaire de Luc Joulé
et Sebastien Jousse, Cheminots, un
voyage passionnant au cœur du monde
des travailleurs du rail (voir page 49).
En présence des réalisateurs, de Raymond Aubracet de Robert Mencherini.
Le 3 oct à 17 h 30, Nos Lieux interdits
de Leïla Kilani, en présence du producteur Gérald Collas ; un documentaire
qui suit durant trois ans, quatre familles
qui, ayant connu l’emprisonnement durant les années de plomb au Maroc,
sont en quête de la vérité.
Le 10 oct, de 14h30 à 23h30, l’Alhambra propose l’intégrale de La République
Marseille en présence du réalisateur,
Denis Gheerbrant (voir p 50).
Pour cette soirée il est conseillé de
réserver au 04 91 46 02 83 (repas sur
place prévu).
Les sept films peuvent aussi se voir
séparément à partir du 7 oct.
Alhambra Cinémarseille
04 91 03 84 66
www.alhambracine.com
Vitrolles organise un cycle allemand du 16 sept au 20 oct au cinéma les Lumières.
L’occasion de revoir les plus beaux films de Murnau, Wenders, Fassbinder,
Herzog, Thalheim. Pour 3.50 euros !
04 42 77 90 77 www.cinemaleslumieres.fr
Minotauromaquia de Juan Pablo Etcheverry
blanche au Festival Tous Courts d’Aix.
Un prix du public sera décerné et de
nombreux lots offerts aux spectateurs.
Une soirée à ne pas rater !
www.films-femmes-med.org
Du 16 sept au 6 oct, l’Institut de l’Image, à Aix, fête
ses 20 ans. Dans une salle Armand Lunel rénovée
(Cité du Livre), l’équipe dirigée par Sabine Putorti
propose une rétrospective anniversaire, reflet de la
diversité de la programmation.
Parmi les films présentés, Écrit sur du vent de Douglas
Sirk, l’un des chefs-d’œuvre du mélodrame hollywoodien, vendredi 18 septembre à 20h30 (soirée
anniversaire) ; Les nuits de Cabiria de Fellini ; le
mythique Le dernier Tango à Paris de Bernardo
Bertolucci.
Pour les amoureux des Straub, trois courts métrages
Ecrit sur du vent de Douglas Sirk
Le 3 oct, au cinéma Variétés, de 20
heures à minuit, dans le cadre des
Rencontres Films-Femmes et Méditerranée, une soirée consacrée au court
métrage : 13 en Courts : treize films réalisés par des femmes, dont une Carte
Mardi 13 oct à 21 h, au Théâtre
Toursky, projection d’Un rêve tchèque
de Vit Klusak et Filip Remunda,
avec traduction simultanée en français,
sur scène, par deux actrices.
Ce film de fin d’études relate la supercherie qu’ont imaginée deux étudiants:
la mise en œuvre d’une gigantesque
campagne publicitaire annonçant l’ou-
verture d’un grand supermarché appelé «Czech dream». Des milliers de
personnes ont accouru le jour de l’ouverture de ce nouveau temple de la
consommation… qui n’existait pas !
Théâtre Toursky
04 91 02 58 35
www.toursky.org
inédits à Aix, Le Genou d’Artémide, Le Streghe, femmes entre elles, Itinéraire de Jean Bricard.
En clôture, un ciné-concert avec le collectif Inouï, Les
Rapaces, une création musicale sur le film de Von
Stroheim.
Institut de l’Image
04 42 26 81 73
www.institut-image.org
FFM | AUBAGNE | LA CIOTAT
CINÉMA
53
Les femmes autour de la Mer
Salloum, Slingshop Hip hop, suivi d’une prestation de
Dj Rebel aux platines.
Le 4 oct, la projection du dernier film de Simone
Bitton, Rachel sera suivie d’une rencontre avec les
monteurs du film, Catherine Poitevin et Jean-Michel
Perez.
Enfin, en clôture, le 6 oct, après un mini-concert de
musique persane par le duo Maryam Chemirani et
Shadi Fathi, un film iranien, Café transit de Kambozia
Partovi, nominé à l’Oscar du meilleur film étranger
2006 et présenté pour la première fois dans la région.
Du cinéma mais aussi des buffets, de la musique, des
échanges avec les invité(e)s… Un voyage en
Méditerranée à ne pas rater !
L’association Films Femmes et Méditerranée s’est
donné comme but de montrer le travail des Méditerranéennes dans le cinéma, qu’elles soient scénaristes,
réalisatrices, actrices, productrices… Leurs 9e Rencontres qui se déroulent du 29 sept au 6 oct aux cinémas
Prado et Variétés à Marseille, s’étend cette année
à trois autre villes, La Ciotat, Miramas et Hyères,
avec une douzaine de longs métrages, comme en
2008, pour la plupart inédits, venus d’Espagne, de
France, de Grèce, d’Iran, d’Italie, du Liban, du Maroc,
de Palestine, de Roumanie. Et cette année, une soirée,
le samedi 3 oct, consacrée au court métrage (voir cicontre).
Voyages, voyages…
En ouverture, le 29 sept, un film roumain à sketches,
présenté dans la sélection Un Certain Regard à
Cannes, Contes de l’âge d’or en présence de la
réalisatrice Ioana Uricaru. Cinq récits de survie,
d’arrangements avec les contraintes absurdes du
régime Ceaucescu.
Le 30 sept, voyage en Grèce et dans l’Histoire, avec
un film jamais distribué en France, Les Mariées de
Pandélis Voulgaris, qui nous emmène sur le King
Alexander, avec 700 jeunes femmes grecques émigrant aux États-Unis pour rejoindre un promis,
inconnu… La soirée débutera avec un court métrage
en avant-première, Des Enfants dans les arbres, en présence de sa réalisatrice marseillaise, Bania Medjbar.
Autre voyage, celui de Mouna (superbement interpré-
Cafe Transit de Kambozia Partovi
tée par Nisreen Faour) qui quitte la Cisjordanie pour
l’Illinois dans Ammerika de Cherien Dabis. À rattraper si vous l’avez loupé !
Deux films italiens : Bianco e nero de Cristina Comencini, l’histoire d’un coup de foudre entre une très
belle Sénégalaise et un Italien, tous deux déjà mariés
et La Pivellina de Tizza Covi et Rainer Frimmel (voir
Zib’ 20), sont présentés en partenariat avec l’Institut
Culturel Italien et le Festival Internazionale di Cinema
e Donne de Florence. Le débat dimanche après-midi
sera traduit en langue des signes.
Et le 2 oct on pourra vérifier la volonté festive de FFM
avec le film de Dima El Horr, présenté en avant
première, Chaque jour est une fête et avec le documentaire sur le hip hop palestinien de Jackie Reem
Tour du monde à la Ciotat
The ground beneath de René Hernandez
Malgré la Crise, malgré la Grippe, les amateurs de
courts se sont retrouvés les 11, 12 et 13 sept à La Ciotat,
au cinéma Lumière, pour voir une soixantaine de
courts métrages qui ont été primés dans les plus
grands festivals internationaux.
Dure tâche pour le Jury du Best of Short pour attribuer
le Soleil d’Or, le Sable d’Argent et la Mer de Bronze.
Ce sont deux films australiens qui ont eu l’or et le
bronze : The Ground Beneath de René Hernandez et
Spider de Nash Edgerton qui a obtenu aussi le Prix
du Public. Quant au Sable d’Argent, il revient au film
suédois Instead of Abrakadabra de Patrick Eklund.
Tâche difficile aussi pour le public : pour en voir le plus
possible, il faut jongler avec les horaires, résister au
plaisir de flâner sur la place où les discussions vont bon
train.
Parmi ces films, tous déjà primés par un jury ou un
public, desquels parler si ce n’est de ses coups de cœur
personnels… qui ont séduit par leur propos, leur traitement esthétique ou leur originalité. Quelques pépites
trouvées dans le sable, près de la mer sous le soleil
du «berceau du cinéma» : Wrestling (Lutte), de l’Islandais Grimur Hakonarson, est l’histoire d’amour de
deux lutteurs homosexuels dans la campagne islandaise. Le premier, marié, est agriculteur ; l’autre, qui
a la charge de sa mère invalide, creuse des tunnels
dans la montagne. Leur dernier combat devient un
ballet chargé de désir…
Un film poético surréaliste : Next floor du Canadien,
Denis Villeneuve où onze convives sont attablés et
dégustent leur repas sous l’œil d’un hôte inquiétant.
Les planchers s’effondrent successivement et les
affamés tombent d’étage en étage, continuant imperturbablement leur repas. Deux films très forts, The
ground Beneath de l’Australien René Hernandez, où
un adolescent, rejeté par les autres, se découvre luimême grâce à un voisin autiste, et Short term 12 de
Destin Daniel Cretton, tourné comme un documentaire, qui met en scène la vie quotidienne d’un
centre d’accueil pour enfants maltraités.
Au cœur du film, Les Miettes de Pierre Pinaud, une
ouvrière qui découvre que son usine se déplace,
sortant littéralement du champ : une superbe mise
en images en noir et blanc de la délocalisation. On
pense bien sûr à Charlot et aux Temps modernes.
Puis on sort sur la place Evariste, où l’ambiance est
festive et musicale…
ANNIE GAVA
ANNIE GAVA
Films Femmes Méditerranée
Du 29 sept au 6 oct
Marseille, La Ciotat, Miramas, Hyères
www.films-femmes-med.org
Les engagements
se tiennent
à Aubagne
Du 5 au 11 octobre se tient le Festival International
du Film Militant en pays d’Aubagne : plus de 80 films
programmés, films engagés et autoproduits, documentaires, films d’animation, fictions, , clips, vidéos
d’art, reportages…
En ouverture, lundi 5, sera projeté un film d’animation de David Myriam, réalisé en direct avec la
technique d’animation de sable. Puis les thèmes
varieront : les alternatives économiques, le respect du
vivant, les problèmes du logement, la crise financière,
la résistance par la création, la censure… et la question
des sans papiers qui sera au cœur du festival.
Une vingtaine de réalisateurs seront présents et échangeront avec le public.
Après les films, des duplex en vidéo permettront de
dialoguer avec des cinéastes et acteurs des mouvements sociaux des quatre coins de la planète, dont
une soirée «Palestine» en direct de Gaza.
Se tiendront, en même temps, les «salons de la littérature enragée», où des éditeurs indépendants, et
engagés !, présenteront leurs livres et organiseront
des rencontres avec les auteurs autour de tables
basses et de canapés, disposés devant le Comœdia,
sur le cours Foch.
À noter que le premier soir, les consommations sont
gratuites : on est invité à payer un verre aux festivaliers
du lendemain et que différents «attentats artistiques»
sont programmés, installations, performances, musique…
Alors, rendez-vous à Aubagne pour le Grand Soir ?
A. G.
Festival du Film engagé
Du 5 au 11 oct
Aubagne
04 42 03 48 61
54
ARTS VISUELS
AU PROGRAMME
Ici et là.
Être là en laissant venir les choses. Les photographier en différents lieux et temps.
Selon le sujet du moment ou bien sans intention particulière. La récolte sera mise en séries
plus tard, parfois quelques années après. Aujourd’hui Christophe Niel propose trois séries
en couleur de six images chacune pour un vernissage le 7 oct à 18h30. C.L
Les Ondes Lentes
Christophe Niel
du 7 au 30 oct
LA FONTAINE OBSCURE, AIX
04 42 27 82 41
www.fontaine-obscure.com
Photographie de Christophe Niel
Des jeunes en foire.
Après dix ans d’existence ARTéNîM devient ART NIM. Philippe Saulle,
ancien directeur administratif au Centre d’Art de Sète,prend la direction artistique
en privilégiant pour cette édition 2009 la peinture et ses jeunes artistes émergents.
En sus des galeristes, éditeurs, Claude Viallat et Fred Forest en débat.
Ça promet ! C.L.
Galerie Les Singuliers - Alain Campos
Tempéraments
Peinture Contemporaine en France
du 25 au 28 sept
ART NIM, NÎMES
Foire d’art contemporain méditerranée
www.artenim.com
Mises en scènes.
Près de deux cents œuvres, peintures, dessins, maquettes du XVIIIe au XXe,
de David, Delacroix, Vuillard ou Delaroche, Degas, Hayez, Daumier ou Toulouse-Lautrec…
entre autres ! Pour interroger la théâtralité en peinture et dans l’art plus généralement,
et ses prolongements dans la modernité. Une coproduction Réunion des Musées Nationaux
et Musée d’Orsay, catalogue aux éditions Skira. C.L.
De la Scène au tableau
du 6 oct au 3 janv
MUSÉE CANTINI, MARSEILLE
0 810 813 813
www.marseille.fr
John Singer Sargent, Ellen Terry en Lady Macbeth,
1889 (Huile sur toile, 221 x 114,3 cm). Londres, Tate © Tate, London 2009
Max Charvolen, Langue de ville,
en cours de realisation, Avignon, residence juillet 2009. Photo Anne Charvolen
Une ville, des œuvres.
Quinzième édition du Parcours de l’Art avec pour questionnement l’œuvre et le lieu. Normal,
l’invité d’honneur est Max Charvolen qui fut en résidence
durant tout juillet. Les autres ne sont pas en reste (30 exposants
sur 180 dossiers) dans de nombreux lieux partenaires.
Fête d’ouverture le samedi 3 au Cloître Saint Louis pour lancer
un beau programme sur trois semaines. Il n’y a pas que sous le pont… C.L.
15e Parcours de l’Art
du 3 au 24 oct
Avignon et Châteaurenard
04 90 89 89 88
www.parcoursdelart.com
55
Toufik Medjamia,dust to dust, 2009, huile sur toile. Photographie Toufik Medjamia
Le bel âge.
14 jeunes artistes -peintres, graveurs et dessinateurs- sont invités librement
à se frotter aux œuvres de leurs aînés présents dans la collection du musée. L’idée n’est pas neuve
mais le segment des 20 /35 ans est réputé pour sa capacité d’innovation, son impertinence,
voire son mordant. Que donnera ce dialogue intergénérationnel ? C.L.
20 ans...C’est une fête !
jusqu’au 29 nov
MUSEE ESTRINE, SAINT-RÉMY
04 90 92 34 72
www.ateliermuseal.net
Paris-Lyon- Méditerranée, messageries maritimes.
Affiche réalisée par E. d'Argence 1909.
Photographie Gerard Dufresne
© Paris, collection particulière
Fascinations.
Le rêve orientaliste européen s’expose à quelques encablures sur la rive de la Venise Provençale.
Constantinople, le Bosphore, la Corne d’Or, le Moyen-Orient, la Turquie et les turqueries, Ziem
et bien d’autres artistes furent fascinés par la lumière, les couleurs et les paysages brûlants,
réels ou réinventés. Et les suaves parfums ? C.L.
De Marseille à Istanbul
L’Orient turc de Ziem et de ses contemporains
du 07 octobre au 10 janvier 2010
Musée Ziem, MARTIGUES
04 42 41 39 60
Weird world.
C’est son deuxième projet à Marseille après une résidence à Astérides
2002. Jonas Liveröd présentera à La Tangente une série de dessins et
objets hallucinés à sa façon. Une partie des matériaux a été récoltée au
marché aux puces -lieu en bien des points aussi extravagant-,
où se situe la galerie. Vous avez vu bizarre ? C.L.
A weird light
Jonas Liveröd
jusqu’au 18 octobre
LA TANGENTE, MARSEILLE
04 91 58 30 95
http://la.tangente.free.fr
Motif principal.
Le motif est-il une utopie visuelle pour Yujeong Pyeon ?
Cette jeune artiste coréenne installée à Marseille peint non pas sur mais avec des motifs.
Ceux-ci génèrent des œuvres sur-réelles, presque surréalistes,
parcourues de flux et de spectres, un poil décoratives. C.L.
Utopimotifo
peintures de Yujeong Pyeon
jusqu’au 18 octobre
GALERIE ON DIRAIT LA MER, MARSEILLE
www.designmarseille.org
Yujeong Pyeon, Sans titre, 2008. Huile sur toile, 150 x 150 cm
Studio de Jonas Liveröd au Museum of Modern Art a Dublin, détail
56
ARTS VISUELS
VIEILLE CHARITÉ | PETIT PALAIS
Le dessus du Panier
Best of d’œuvres à la Vieille Charité.
De Puget ou Daumier jusqu’à
Picasso ou Klein, Raysse et César…
du Baroque à l’Art Contemporain
On ne gravira pas uniquement la colline du Panier
pour voir La Sainte Famille au Palmier de Pierre
Puget et un Paysage Méditerranéen d’OthonFriesz (1907), deux acquisitions récentes
obtenues par les institutions marseillaises. La
compilation des fonds muséaux marseillais
permet de profiter en un seul lieu d’un condensé
d’histoire de l’art du XVIIe siècle à aujourd’hui.
Tirées des collections des musées des BeauxArts, Cantini et du [mac], l’exposition donne la
part belle aux peintures complétée d’une maigre
section de sculptures. Chronologiquement et
selon la succession des trois musées, le visiteur
peut entrevoir les transformations esthétiques
depuis l’époque baroque jusqu’à la rupture
moderne avec le caravagiste Finson, Puget,
Duparc (la seule présence féminine), Millet,
Loubon et l’Ecole provençale, Monticelli, puis
deux scintillants Signac, Dufy, Picasso,
Kokoschka, Arp, Léger, Miro, Ernst, Raysse,
Hains, Klein… Mais la poignée de sculptures
reléguées dans les alcôves de la chapelle (Puget
à côté de Brauner, Arp, Gonzalès, César et un
rare assemblage de Bissière) se trouvent
écrasées par la monumentalité du lieu. Un
comble pour les quelques sculptures de
l’architecte baroque auteur des bâtiments !, et
une occasion malmenée de faire dialoguer avec
ampleur l’art ancien et les propositions de la
modernité.
Les visiteurs de passage cet été, comme les
Marseillais cet automne, sont ainsi encouragés à
se rediriger vers les trois institutions muséales
parmi les importantes de la ville (sans omettre le
musée d’Archéologie Méditerranéenne et le
MAAOA (1) abrités à la Vieille Charité même). En
patientant pour la réouverture du Palais
Longchamp, en attendant l’attribution de moyens
sérieux pour une programmation solide au [mac],
le musée Cantini nous promet l’évènement
automnal avec une exposition sur le thème de la
théâtralité dans la représentation picturale (voir p
52). Motivant, non ?
CLAUDE LORIN
(1) Musée d’Arts Africains-Océaniens-Amérindiens
Saintes images
Sous l’aura de Simone Martini et sa postérité, la peinture
siennoise rayonne au musée du Petit Palais d’Avignon
Le musée du Petit Palais possède une des plus importantes collections de
primitifs italiens hors d’Italie. Depuis cet été trente-neuf pièces prêtées
exceptionnellement par la Pinacothèque de Sienne l’ont rejointe pour
marquer le 700e anniversaire de l’installation des papes en Avignon.
Une belle opportunité d’approcher des ouvrages de dévotion rarement
montrés, représentant le passage de l’esprit gothique vers les formes
renaissantes. Autour de la figure emblématique du «très noble et très
célèbre peintre» Simone Martini, selon le mot du sculpteur Ghiberti, on
retrouve les artistes ayant travaillé dans son aire d’influence tels Lippo
Memmi, Sano di Pietro, les Lorenzetti et tant d’autres parfois anonymes…
Bien que provenant souvent de chefs-d’œuvre démembrés (panneaux
d’autels, polyptiques, objets de dévotion privée), fragiles mais soigneusement
restaurées (chacune est protégée dans un caisson climatique), ces tempera
à l’œuf sur bois ont conservé toute leur intensité chromatique (les coûteux
bleus lapis-lazuli, rouges de cochenille, feuilles d’or poinçonnées) avec le
raffinement des détails venus de l’enluminure, où s’affirme déjà l’art du
portrait humanisé.
L’exposition se complète avec la collection Campana du musée où sont
déposées une partie des fresques -malheureusement en mauvais étatréalisées par Simone Martini pour la cathédrale des Doms. Par le catalogue
aussi, et un beau cycle de conférences.
CLAUDE LORIN
Avignon~Sienne
L’héritage artistique de Simone Martini
jusqu’au 30 novembre
Musée du Petit Palais
04 90 86 44 58
www.petit-palais.org
Andrea di Bartolo - Saint Michel Archange - Sienne,
Pinacothèque Nationale foto Soprintendenza
per i Beni Storici Artistici ed Etnoantropologici
di Siena e Grosseto
Andre Derain, Pinède, Cassis, 1907
Les collections s’invitent à la Vieille Charité
Beaux-Arts, Art Moderne, Art Contemporain
jusqu’au 17 janvier
Centre de la Vieille Charité
0810 813 813
LA CIOTAT | AUBAGNE ARTS VISUELS 57
Quel chantier !
Pour son deuxième tour de piste, le
festival des arts contemporains de
La Ciotat, Les Arts en chantier, a
pris du plomb dans l’aile. Avec deux
expositions en un mois et pléthore
de rendez-vous plus ou moins spectaculaires, le programme n’a pas
tenu ses promesses de qualité et de
convivialité. Vernissages, marché d’art
contemporain, performances, rencontres avec les artistes, projections,
débats, musical painting, vente aux
enchères se sont succédé sur un
train d’enfer entre la chapelle des
Pénitents bleus et la cour du cinéma
L’Eden ouverte exceptionnellement.
Face à cet important arsenal déployé par l’artiste plasticien Marc
Ingoglia (association Artistic promotion) et son équipe de bénévoles, on
reste dubitatif : entre amateurs et
professionnels, pratique artisanale
et création artistique la mayonnaise
n’a pas pris. Les deux vagues
successives d’expositions ont réussi
le tour de force de réunir 40 artistes,
sans compter ceux de la Collection
Sotta, mais au contraire, on aurait
souhaité un commissariat plus sé-
lectif, et donc moins de cohabitations
hasardeuses : comment peut-on accrocher sur les mêmes cimaises les
espagnolades de José-Rogerio Nadal
et les sculptures pailletées de Florence Daluz avec les œuvres de
Bernex, Plossu, Heller, Gho ou
Daumas ? Il y a des frottements qui
font grincer les dents ! Pour «répondre à l’afflux des demandes», Marc
Ingoglia a décidé «d’augmenter le
volume et d’être plus hétérogène» :
le résultat laisse perplexe. Difficile
de souscrire à une séance dédicace
de l’écrivain Claude Darras pour un
ouvrage paru en 2004, ou à l’intervention du graffeur Devin et du Dj
Constant Faya, qui relevait davantage d’une réunion de vieux copains
que d’une performance de haut vol…
Le festival avait le goût d’un «piquenique» entre amis -avec des têtes
d’affiche comme produit d’appelsans les saveurs d’une table étoilée.
Espérons que l’édition 2010 opère
un recentrage de qualité, sans perdre l’énergie festive des premiers
pas.
Oeuvre de Marc Ingoglia, mai 2009
Oeuvre de Marc Ingoglia,
février 2009
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Les pieds sur terre
La terre fait un retour en force dans
l’Art Contemporain et intéresse de
nombreux jeunes artistes. Ce matériau, utilisé librement, émaillé ou
poreux, témoigne de notre époque
avec des thèmes étonnants qui,
même s’ils font des clins d’oeil au
passé, renouvellent complètement
le propos et sortent de l’artisanat.
Treize artistes donc sont présentés
aux Pénitents Noirs. Leurs oeuvres
demandent une approche attentive,
qui laisse venir sensations et correspondances. Elles ne se livrent pas
tout de suite, la simplicité de certaines frôlant la pauvreté ou le
grotesque. Mais que l’oeil s’y attarde
et le sens surgit. Ainsi des 9 Écrans
du marseillais Wilson Trouvé en
gris, bleu et blanc qui témoignent de
la médiocrité de nos programmes
télé, des Légos colorés de Séverine
Corlier en taille réelle ou des microsillons cassés de Fabrice Croux.
Des bibelots kitsch récupérés dans
des brocantes intégrés dans une
pièce inquiétante, comme ces gentils dauphins roses et dorés, très
50’s, surmontés de la masse noire
d’un dauphin prédateur : choc des
matières, choc du message du niçois
Karim Ghelloussi, de même pour
son pingouin frappé d’incompréhension devant un cactus bien vert !
La précieuse porcelaine elle aussi
est revisitée, notamment par trois
artistes : Pierre Ardouvin qui a réalisé au Centre de recherche des
Arts du feu et de la terre (CRAFT)
de Limoges une série de 15 plats et
assiettes intitulée Poster, dans la
tradition de la vaisselle banale décorée d’images prises sur les postes
de travail des ouvriers ; Yvonne Lee
Schultz qui a travaillé en collabo-
ration avec la Manufacture Royale
de Porcelaine de Berlin, et introduit
des répliques des pistolets de James
Bond en porcelaine au milieu des
services à thé sortis droit d’un roman
d’Agatha Christie ; Nicolas Buffe qui
décore ses vases de dessins piqués
à Walt Disney.
L’humour a aussi sa place avec les
pièces de Saverio Lucariello, autre
marseillais, qui pousse la dérision
jusqu’à mettre son visage au milieu
d’une Vanitas avec fruits et légumes
Dust, installation en suspension, céramique de Charlotte Nordin
ou d’un coquillage (Autoportrait en
guise de perle rare). Le thème des
Vanités (Vanité à la calebasse) se
retrouve dans les pièces de Valérie
Delarue qui montre le pourrissement
avec luxuriance. D’autres classiques
sont revisités : on pense aux readymade de Duchamp devant les urinoirs
Pistolets sagement rangés de Julien
Bouillon, aux scènes des peintures
classiques devant Le Banquet de
Coline Rosoux et Xavery Wolski
évoque le travail traditionnel des
mexicains (Les Croix).
Au fond de la chapelle, Dust, une
grande tenture noire de grillage et
de poussières est parsemée de
formes légères. Racines et fleurs
emmêlées ? Stalactites ? Charlotte
Nordin interprête les mystères des
profondeurs de la terre.
CHRIS BOURGUE
Révisons nos classiques,
la terre dans l’art contemporain
Chapelle des Pénitents noirs,
Aubagne
jusqu’au 25 octobre
04 42 08 85 90
58
ARTS VISUELS
GALERIE SABINE PUGET | BEAUCAIRE
L’art devant elle
Quelques années après avoir quitté sa galerie parisienne pour le Var, Sabine Puget dit ne
rien regretter. Et pour cause : elle attrape dans ses filets une belle moisson d’artistes
Elle a choisi de poser ses valises au pied du vieux village
de Fox-Amphoux. C’était en 2004. Quatre étés plus tard,
elle réunit artistes, amis, collectionneurs pour fêter «12
années de rencontres autour d’une galerie, 1996-2008»,
conçoit l’exposition collective L’art devant soi et édite un
livre qui témoigne de ses compagnonnages. Des
regrets? Aucun, son nouvel espace au cœur des
vignobles varois attire de nouveaux collectionneurs
d’Aix-en-Provence, de Marseille et des alentours tandis
que les souscripteurs du temps de la rue Jacob se
réjouissent de cette halte provençale. Quant aux artistes
de la première heure, si Sabine Puget leur est fidèle (en
2004, son exposition en forme de manifeste Le silence
aussi se regarde donnait à voir 11 œuvres de 11 artistes),
elle poursuit néanmoins sa démarche de découvreur. La
preuve avec cette formule novatrice qui, sous
l’appellation générique Abstractions faites, réunit
«l’électron libre» Didier Demozay et ses toutes
dernières «fulgurances de la couleur», et Evelyn Ortlieb
dont l’œuvre posthume est d’une incroyable
contemporanéité, fruit d’une matière aux tonalités
sombres et sourdes, qui a vécu avant d’être tressée,
nouée, collée. Autour d’eux, trois accrochages successifs
ont rythmé l’été. Le premier consacré aux structures et
encres de Francis Limerat, le second à l’artiste suisse
allemand récemment disparu Martin Müller-Reinhart
et enfin Marcel Robelin, «une rencontre extraordinaire»,
qui travaille essentiellement le papier et la cendre,
auteur notamment d’une série de Livres muets…
Profitant d’un climat méditerranéen propice, Sabine
Puget a transformé son jardin en écrin naturel pour
accueillir les œuvres en bois de l’artiste franco-suisse
Mireille Fulpius. Elles trouvent ici une résonance
particulière, leur légèreté se frottant à la robustesse des
sculptures en pierre de Thierry Lancereau, «un virtuose
de la tronçonneuse»… S’il fait bon goûter à la plénitude
de la nature, celle-ci laisse peu de temps mort, car,
comme l’écrit l’artiste Philippe Ségéral, «Sabine Puget
désormais, doublement jardine. De la même main
invisible qui assemble d’improbables sociétés de
Depuis la galerie, vue sur la construction extérieure du designer
et scénographe Jean-Pierre Schneider
plantes, d’arbustes et de fleurs qui ravissent, elle jardine
l’œuvre de quelques artistes qu’elle a su faire se
joindre». De là à passer commande au designer et
scénographe Jean-Pierre Schneider d’une construction
éphémère, vite devenue permanente, afin de doubler la
surface des cimaises ; de là à produire une série de DVD
de photos de Josseline Minet Dans l’atelier des artistes
de la galerie. De là encore à confier à Francis Limérat et
Jean-Pierre Schneider le soin de redonner un sens à la
chapelle de Barras, sur sa propriété, pour abriter à
l’occasion quelques concerts intimes. Tout cela avec le
sentiment, simple, d’être un passeur, «celui qui trace un
chemin de l’atelier vers le regard de l’autre.»
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Galerie Sabine Puget
Fos Amphoux (83)
Expositions jusqu’au 20 septembre
04 94 77 05 39
www.galeriesabinepuget.com
Une chapelle à Château Barras, livre-DVD textes Sabine Puget,
Bernard Chambaz, photographies Josseline Minet, éd Galerie
Sabine Puget et Le temps qu’il fait (Cognac), 2008
Atelier de Marcel Robelin
La culture
de la toile
Les visiteurs d’Arles ont été séduits
cette année par la qualité des
affiches de la feria de Pâques, un
œuf dans lequel les symboles de la
fête se retrouvent, arches des
arènes, torsion du taureau. Mark
Alsterlind (voir Zib 21), né en
Californie, a choisi de vivre en
Provence, à Beaucaire : une dose de
hasard, de rencontres, de fascination pour la lumière, un cadre
exceptionnel… S’il a gardé un atelier
parisien et expose à la Madeleine, il
passe l’essentiel de sa vie à l’étage
des anciens abattoirs, construits
dans la belle pierre de Beaucaire,
espace clair ouvert sur la campagne
environnante. Les murs sont recouverts d’esquisses, de toiles, le sol
aussi ! «Marchez dessus ! Ce n’est
pas grave, cela participe de la vie de
la toile !». On hésite un peu, on
avance précautionneusement, puis
on franchit la barrière de nos
interdits, la toile souple sous les pas
colle un peu aux semelles, c’est si
facile ! L’art n’est plus sacré, la
peinture devient une émanation de
la vie, elle participe à la musique du
monde, comme ces arbres qui
s’agitent au loin, comme cette petite
brise qui vient nous rafraîchir,
mêlée au quotidien, sans prétention
aucune.
Le vent, la pluie, les pas, les feuilles
mortes qui s’agglutinent lorsque la
toile se fait chemin marquent leurs
passages, auxiliaires bienveillants
du peintre. Si la toile débute toujours
par un dessin aux lignes sobres et
sombres, elle n’en conserve au fil
des mois de maturation que l’architecture. Que l’épure des êtres et des
choses, au cœur de couleurs qui se
fondent et les mêlent. Périodes
ocres, rouges, bleues… sans représentation, tout en étant sculptées du
monde qui l’entoure. Et se donne
aussi à dévorer, en une œuvre qui
sait aussi céder à la gourmandise
avec les désormais célèbres Eat the
paint, «80% de cacao, 20% de sucre,
100% de magie» !
MARYVONNE COLOMBANI
Atelier de Mark Alsterlind
Beaucaire (30)
06 10 78 50 03
TOULON | ART-O-RAMA
De retour
de Russie
Accord parfait
à la Tour royale
On connaissait de Françoise Huguier sa passion
pour l’Afrique depuis qu’elle a publié chez Maeght
en 1990 Sur les traces de l’Afrique fantôme avec
l’écrivain reporter Michel Cressole, et créé la première Biennale de photographie africaine de
Bamako en 1994. On découvre à présent son goût
pour Saint-Pétersbourg où «[elle] loue une
chambre dans un appartement communautaire
(Kommunalka en russe), et photographie ses
habitants. Les années passent, hantée par ses
voisins, [elle] décide de revenir filmer leur vie
quotidienne» De cette vie partagée, de ces portes
entrouvertes sur le quotidien et l’intimité de
quelques «personnages de roman» naissent un
témoignage de premier plan sur le communisme
d’hier et la Russie d’aujourd’hui qui superpose les
ors patinés des tsars aux vestiges communautaires de Leningrad. De ces huis clos étouffants,
dégoulinants de tristesse, de misère, de souvenirs,
Françoise Huguier rapporte des clichés baignés
d’ombres et de lumières où transpire la désillusion. Celle de Natacha et de tous les autres,
pareils à des fleurs fanées… Ni documentaire ni
reportage, Françoise Huguier défend une phographie du réel perméable à ses sentiments, à
son empathie pour la ville, ses habitants et ses
fantômes. Au point de leur consacrer une exposition (Maison de la photographie à Toulon dont
l’éclairage est pénalisant), un ouvrage (Kommunalki chez Actes sud), des vidéos (galerie des
Musées à Toulon) et un film de 97 minutes sorti
en salle en juin dernier (Kommunalka produit par
les Films d’ici).
Deux bonnes raisons de courir à l’exposition de
sculptures contemporaines à Toulon ! Parce que
face au Fort de l’Aiguillette et à la Tour Balaguier,
ce bâtiment emblématique du passé maritime et
militaire de Toulon offre un point de vue unique
sur la Petite rade et la presqu’île de Saint-Mandrier.
Ensuite parce que les sculptures monumentales
de Jean Amado, Vincent Barré, Raoul Hébréard,
Tony Long, Jean-Noël Laszlo et Alain Pontarelli
s’adaptent parfaitement à cette fortification du
XVIe siècle, jusqu’à en épouser les circonvolutions
et s’y fondre presque, trop peut-être ? Une telle
initiative de la Ville, du Conseil général et de La
Valette-du-Var est à saluer car elle sensibilise le
public, dans un même mouvement, au patrimoine
toulonnais et à la création contemporaine, l’exposition réunissant des œuvres issues des collections
muséales et de prêts d’artistes de la région à la
réputation internationale. Six pièces suffisent ainsi
à présenter un bref aperçu de la sculpture actuelle
à travers ses multiples médiums, techniques,
inspirations et réflexions, depuis les vaisseaux
fantômes de Jean Amado aux assemblages de
formes pures de Tony Long, en passant par l’imposante jarre zinguée de Raoul Hébréard ou la
correspondance contrariée par Laszlo-Pontarelli
entre les galets polis du mot «culture» et l’expres-
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Maison de la photographie
et galerie des Musées
Toulon (83)
jusqu’au 26 septembre
04 94 36 33 30
©Francoise Huguier - kommunalka - Eyedea presse - Rapho
ARTS VISUELS
59
Sculpture de Jean Amado
sion «nature» emprisonnée dans une cage vide et
anguleuse… Consensuel ? L’an prochain, c’est
sûr, le choix sera moins attendu, au risque de faire
souffler un brin d’agacement au sommet de la
Tour royale!
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Tour royale, le Mourillon (83)
jusqu’au 27 septembre
04 94 36 33 30
Une édition riche de promesses
accomplies
En trois ans seulement, le salon d’art contemporain Art-O-Rama est devenu un centre de gravité
où convergent de multiples météores. À la Cartonnerie se déploie un Show Room aussi efficace
que talentueux, dédié à promouvoir le travail de
jeunes artistes de la scène Marseille-Provence :
Frédéric Clavère, Pascal Martinez, Monsieur
Moo. Et Pierre Beloüin qui, avec sa Dreamachine
Room produite par la Fondation Vacances bleues,
réussit le pari d’intégrer son œuvre au décor
d’une chambre d’hôtel en offrant une expérience
visuelle et sonore totale. Dreamachine Room, «une
boîte à rêves plus efficace qu’une télévision» !
L’un de ces quatre artistes sera l’invité de l’édition
2010, à l’instar d’Émilie Perotto dont les sculptures
et installations en bois bénéficient cette année
d’une vitrine imprenable.
Au Salon toujours, parmi les sept galeries internationales présentes, les duos Hannes Vanseveren
et Fien Muller (Hoet-Bekaert Gallery, Gand), Clea
Coudsi et Éric Herbin (galerie Schirman & de
Beaucé, Paris) tirent leur épingle du jeu grâce à
des dialogues formels, sonores, graphiques ou
visuels pertinents. Même exigence du côté de
Sextant et Plus qui présente, à la Friche, la première exposition personnelle en France de
l’artiste américaine Norma Jeane. Entre autres
réalisations liées à l’objet industriel, Potlatch 4.2
a fait grand bruit, nécessitant l’intervention d’une
vingtaine de spectateurs-acteurs pour une mise
Dreamachine de Pierre Beloüin, objet sculptural à géometrie lumineuse,
Fondation Vacances bleues © Jean-Louis Aubert
en scène tirée au cordeau. Le satisfecit est quasi
unanime, en écho au galeriste parisien Olivier
Robert qui fait mouche avec une combinaison
audacieuse de deux nouvelles installations de
David Ancelin et Élodie Lesourd.
Dans cette constellation gravitent également le
Frac, qui transporte le spectateur dans un doux
Voyage sentimental, le Bauhaus Lab, la galerieofmarseille, partenaire de la performance lecture de
Philippe Petit et Hervé Paraponaris, et Triangle
France, grand ordonnateur d’une soirée tombola…
Si jeune, et pourtant Art-O-Rama a déjà pris corps
et sens, aiguisant l’appétit des collectionneurs et
captant l’intérêt des galeries !
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Exposition jusqu’au 20 septembre
à La Cartonnerie
www.art-o-rama.fr
60
POÉSIE
ENTRETIEN AVEC JULIEN BLAINE
Zigzags dans les mots en action
Alors qu’au [mac] son Tri se prolonge
jusqu’au 20 octobre, Julien Blaine fait
pour Zibeline un tour d’horizon sur son
travail et la poésie contemporaine
Zibeline : Qu’en est-il de la poésie aujourd’hui ?
Julien Blaine : Ce qui se passe dans la poésie aujourd’hui est absolument incompréhensible et
inattendu. Je parle de la poésie en France, en Italie,
dans les anciens pays de l’Est et dans toute l’Asie.
Le premier phénomène qui concerne ma génération, c’est que le marché, essentiellement italien,
s’est intéressé à une poésie qui n’est pas que dans
les livres mais aussi dans l’action, la performance
voire les cimaises. De grands collectionneurs italiens, suivis par quelques américains et de très
rares français, se sont intéressés, à ce qu’ils appellent en Italie la «poésie visive» que l’on appelle ici
la «poésie visuelle», «élémentaire», «concrète» des
années 50.
Le deuxième phénomène est l’arrivée d’une autre
génération qui a maintenant autour de 40 ans
avec une ribambelle de femmes comme Nathalie
Quintane, Laure Limongi, Claudie Lenzi, Frédérique Guétat-Liviani, qui ont été suivies par la
génération d’après comme Marina Mars avec de
très nombreuses poétesses ou performeuses. Et
en même temps, paradoxalement, les gros éditeurs de poésie, P.O.L entre autres, ne se sont pas
intéressés à cette poésie là hormis à celle de
Nathalie Quintane et de Christophe Tarkos. Ce
qui fait que certains des poètes de ma génération,
ou un peu plus vieux comme Pierre Garnier, sont
passés inaperçus. Ça a laissé une place importante
à de petits et moyens éditeurs comme Trident
Neuf ou Al/Dante qui se sont alors multipliés.
J’aimerais que tu reviennes sur la «poésie élémentaire» dont tu es à l’origine
À la fin des années 50, je suis en train d’écrire ce
type de poésie. Il y en a d’autres mais je ne le sais
pas encore, donc je suis obligé de rebâtir ma
propre histoire, de m’inventer des antécédents avec
Cummings, Mallarmé, Apollinaire, les avantgardes historiques. Et je m’aperçois qu’il y a un
mouvement mondial, la «poésie concrète» née en
Suisse avec Gomringer, au Brésil avec les frères
De Campos et Pignatari, en Allemagne autour de
Max Bense. Je découvre un autre mouvement, la
«poésie visive» qui détourne des messages publicitaires et les slogans politiques autour d’Eugenio
Miccini et Sarenco en Italie. Bien que je sois dans
les anthologies de poésie concrète avec mes amis
Jean-François Bory ou Adriano Spatola, aucun
de ces mouvements ne me satisfait. Et je trouve
ce mot «élémentaire» qui me permet de jouer sur
les éléments, les apprentissages comme sur les
ritualités premières. Ma poésie élémentaire dès
62 est très impliquée par le corps, la voix, la gestualité.
Tu ménages des passages entre tes pratiques de
poésie concrète, visuelle, performance… On le voit
dans l’exposition avec Chut ? Chute typographiée
Avec La Chute, c’est l’acte physique qui devient
aussi un mot : «chut !», une métaphore incarnée,
transformée par la suite en poème visuel où les
La Pythie, [mac], Marseille 2009, vue partielle © Claude Lorin
escaliers deviennent les lignes d’une page. À
partir de là, tu peux recommencer l’histoire sans
te contenter du spectaculaire. Ce qui m’intéresse ce
sont les résidus. Le côté théâtral et chorégraphique de la performance ne m’intéresse pas, à
l’inverse du travail des jeunes artistes issus de la
Il est encore temps de revenir ...sap sov rus © Claude Lorin
poésie et des arts plastiques.
Et à Marseille ?
Y’avait un jeune mec génial, Nicolas Primat. Il y a
aussi Marina Mars, Frédérique Guétat-Liviani,
Claudie Lenzi, Edwige Mandrou, des gens qui
sont repartis d’ici comme Nathalie Thibat. À Marseille, c’est un art essentiellement féminin. C’est
un art d’exhibition et si tu remets ça dans la culture gréco-latine ou judéo-chrétienne, ce n’est
pas si facile.
Il y a aussi une dimension politique dans ton
travail…
Toujours. Pourquoi sommes-nous dans une telle
barbarie à la fin du XXe siècle ? Il faut dire les
choses même si elles sont simples. Ca fait 6000
ans que les monothéistes nous font chier et qu’ils
massacrent des peuples au nom de leur dieu !
C’est pour ça que l’exposition fait par exemple
référence à Reagan, Bush ou Poutine.
Le cri est aussi essentiel pour toi
Là on atteint la même force universelle que pour
la musique. Je parle en français mais la plupart
du temps ce n’est pas traduisible. Alors comment
je dois procéder avec ce noir Bamiléké, cet indien
d’Amazonie ou du Québec avec lesquels je
travaille ? Je ne connais pas leur langue, ils ne
connaissent pas ma langue. Mais si je crie, alors…
Ainsi les gens me disent toujours : «Mais qu’estce que vous avez à être toujours en colère ?» Je
suis en colère, mais quand tu vois comment est le
monde !
Ton travail mélange l’originel et les nouvelles
technologies…
Je suis le traducteur en 62 de la langue éléphantine avec un magnétophone ! Puis est arrivé
l’offset qui a ouvert de nouvelles possibilités
d’écritures. Mais dans notre travail, tu ne peux pas
rester dans ton coin. Aujourd’hui le réseau international, à la suite du mail art, c’est Internet ! On
s’est tous mis sur la toile. Les plus grandes archives sont là, avec le Hongrois Gyorgy Galantai
d’Artpool ou feu Ray Johnson et le réseau postal
international. Avec l’ordinateur, je travaille sur
XPress avec des possibilités incroyables de jouer
avec les polices, les copier-coller, les dérapages
des correcteurs d’orthographe, les traductions
inouïes d’un programme à l’autre, etc.
PROPOS RECUEILLIS PAR SANDRA RAGUENET ET CLAUDE LORIN
Finissage le 20 octobre à partir de 20h,
avec Jerome Rothenberg, Seiji Seimoda
et Joachim Montessuis aux platines.
62
LIVRES
ADAAL | ÉDITION INDÉPENDANTE | ÉCRITURES CROISÉES
Il ne vous aura pas échappé que nous sommes en pleine effervescence de rentrée.
Rentrée du gouvernement, des partis politiques, des classes, mais aussi rentrée littéraire.
Les médias entonnent le refrain saisonnier, et Zibeline ne faillit pas à la règle. D’autant que
notre région accueille certaines des manifestations littéraires les plus importantes de
l’automne et que nos éditeurs locaux ont mis sous presse bon nombre d’œuvres nouvelles…
Voici donc des annonces, nombreuses, de rencontres à Marseille, Aix, Manosque ou
ailleurs, ainsi que quelques chroniques d’ouvrages fraîchement édités.
À vos livres et bonne rentrée (littéraire) à tous !
FRED ROBERT
L’ami des lettres
Ceux qui hantent les manifestations
littéraires le connaissent. Tous l’ont déjà
croisé, sa pile de bouquins débordant
de fiches sous le bras. Et si ce n’est fait,
cela ne saurait tarder lors de l’une ou
l’autre rencontre proposées ce mois-ci.
C’est bien simple, il sera partout, des
ABD à La Friche Belle de Mai, de la
Caravelle au cours d’Estienne d’Orves,
et aussi à Mouans-Sartoux et à Manosque.
Lui, c’est Pascal Jourdana, journaliste
curieux, lecteur impénitent, coureur de
fond de la littérature de France et d’ailleurs. Après des études littéraires et une
dizaine d’années passées dans le milieu de
la librairie et de l’édition, Pascal Jourdana
est devenu journaliste littéraire, un peu
par hasard confie-t-il modestement. Passionné par toutes les formes littéraires
contemporaines, il en a une approche intime et perspicace, qu’il double souvent
d’une authentique relation humaine
avec les auteurs. C’est sans doute ce qui
donne aux débats qu’il anime leur
saveur particulière. Un travail pointu en
amont, et pourtant l’impression que la
rencontre se fait là sous nos yeux, que la
conversation coule comme une discussion entre amis à laquelle les lecteurs
seraient également conviés.
Et l’ADAAL fut créée
l’occasion, le 13 octobre prochain, de
suivre l’échange entre Claudie Gallay,
dont presse et lecteurs ont unanimement
applaudi Les déferlantes, et l’écrivain qu’elle
a souhaité inviter, Philippe Grimbert,
dont le magnifique Un secret est déjà
devenu un classique. Un premier rendezvous à ne manquer sous aucun prétexte,
et les autres promettent d’être à l’avenant… En guise d’avant-programme
Pascal Jourdana fera entendre un premier duo d’écrivains dans le cadre des
2e Rencontres départementales de
l’édition indépendante qui se dérouleront les 18 et 19 septembre à la
Bibliothèque Gaston Defferre. Animée par Pierre Guéry, la première
journée de ce «salon des indépendants»,
au cours duquel 15 éditeurs de la région
invitent cette année 15 éditeurs d’ailleurs,
sera réservée aux professionnels. Mais le
2e jour le public pourra arpenter le Salon
des Editeurs de 10 à 19h. Dans l’aprèsmidi, les jeunes de 7 à 15 ans seront
conviés par les éditions Ornicarinck(s)
à des ateliers de fabrication de livres,
tandis qu’Ecrivains en dialogue donnera la parole à deux jeunes écrivaines
publiées par la maison d’édition marseillaise Le Mot et le Reste, Magali
Brénon et Béatrice Rilos ; enfin, à
17h30, Sabine Tamisier proposera
un émouvant et poétique monologue
théâtral, Casa nostra.
Un prélude stimulant à une saison
littéraire intense…
C’est pour favoriser ces rencontres entre
auteurs et lecteurs et pour porter la
parole des écrivains que Pascal Jourdana
a créé l’Association Des Auteurs
Aux Lecteurs (ADAAL). L’association
souhaite penser les rencontres littéraires
autrement que comme des événements
isolés ou de simples animations, en faire
un principe de production, avec des
prolongements dans les domaines de la
radio, de la vidéo et de l’édition. Ce projet ambitieux est en train de voir le jour.
L’installation de l’ADAAL dans ses
nouveaux locaux de la rue de l’Olivier,
qu’elle partage avec Fotokino, devrait
également faciliter le croisement des
disciplines, cher aux membres très
éclectiques du CA de l’association.
Une saison de dialogues
Le grand œuvre de l’association reste
cependant le cycle de rencontres qu’elle
organise grâce au soutien des Archives
départementales. Ecrivains en dialogue entre cet automne dans sa troisième
saison et propose pour 2009-2010 un
programme d’une variété et d’une qualité exceptionnelles. Ainsi, le premier
temps fort, intitulé En quête de soi, sera
FRED ROBERT
Pascal Jourdana © X-D.R
ADAAL
09 81 65 26 44
http://web.me.com/pascal.jourdana/
Des_auteurs_aux_lecteurs
2e Rencontres départementales
de l’édition indépendante
Les 18 et 19 sept
Ecrivains en dialogue
Le 10 oct
Bibliothèque départementale Gaston
Defferre
www.biblio13.fr
L’Asie à Aix
Depuis plus de 20 ans les Écritures
Croisées nous ont habitués à des
rencontres exceptionnelles avec les
littératures des autres mondes, et on a
pu y croiser les plus grands écrivains de
notre temps. Les propos des tables
rondes volent haut, plongeant dans les
arcanes secrets de l’écriture et de
l’histoire, chaque invité cherchant à
établir analogie et différence avec
l’écriture de l’autre.
Cette année ce sont les Écritures les plus
lointaines qui s’installeront à la Cité du
livre : l’Asie est un continent littéraire
peu visité, et les lecteurs sont plutôt
attachés aux langues européennes ou
aux littératures méditerranéennes.
L’année de la Chine avait permis d’en
éditer quelques-uns, les auteurs
japonais sont traduits depuis les années
60’s… mais le reste du continent,
coréen ou thaï, reste à découvrir, à
traduire, à diffuser. D’autant que toute
l’Asie repose sur des traditions
romanesques très anciennes, et diverses.
Neuf romanciers (Li Ang de Taiwan,
Chart Korbjitti de Thaïlande, les
japonais Minaé Mizumura et Yoko
Tawada, Lee Seung-U et Kim
Young-Ha de Corée, Thuân et Bao
Ninh du Vietnam, et le Chinois Xu
Xing) seront présents pour retracer ce
Vrai Roman, avec l’aide de Pascal
Quignard et Antoine Volodine, dans le
rôle de passeurs…
La fête du livre à Aix se déroulera du 15
au 18 octobre : nous y reviendrons !
A.F.
L’Asie aux écritures croisées :
un vrai roman
Du 15 au 18 oct
Cité du Livre, AIX
04 42 26 16 85
BARJOLS | LES LITTORALES | SEMAINE NOIRE
LIVRES
63
22, le poème est servi !
Est-il suffisant que le poème trouve le chemin d’une version imprimée, qu’ensuite
le livre de vélin ou de papier s’installe
sur une étagère de librairie ou de bibliothèque ? Telle est la question. Pour
Éric Blanco, le poème imprimé est un
simulacre. Vivre pour un poème, c’est
aussi être dit. Le texte passe par la voix,
ses intonations, les supports les plus
variés et les plus surprenants, photos,
diaporama, vidéo, multimédia… une
«poésie dans tous ses états» suggère Éric
Blanco, poète, organisateur (non ce
n’est pas incompatible !) de cette rencontre avec les poètes de la BIPAL (Val
de Marne) et directeur de la ZIP22.(Zone
d’intérêt poétique). Éric Blanco rappelle
au public qu’Elias (la lecture se déroule
au centre Elias de Barjols) était un troubadour : le temps s’efface, la poésie
perdure… Quatre poètes se succèdent,
donnant un bref aperçu de leur univers,
par la lecture d’extraits de leurs œuvres.
Gérard Noiret qui collabore au magazine littéraire et à France Culture invite
à relier le texte au monde et le monde
au texte ; Henry Deluy, fondateur de la
biennale internationale de poésie du Val
de Marne, collaborateur de la revue
Action Poétique, affirme que la curiosité est une vertu politique et livre une
belle biographie de Maïakovski, qui
établit un parallèle entre la connaissance
du poète, l’évolution personnelle du
narrateur et les affres du monde ; Pascale
Petit expose ses carnets de vol sous
forme de journal intime, de lettres, dans
un style dépouillé qui rend évidents les
faits les plus improbables ; Jean Pierre
Balpe enfin, auteur aussi dans la revue
Action Poétique, se consacre à un jeu
digne des essais d’Oulipo, il présente les
Du rouge et du noir
Depuis quatre ans, La Semaine Noire,
dont il est à noter qu’elle dure plus de 7
jours !, se déroule selon 3 axes directeurs:
une résidence d’auteur, un jumelage
avec une ville étrangère et une grande
fête du polar. La prochaine édition, du
19 au 29 septembre, ne dérogera pas
à la tradition, à quelques nuances près.
Première différence, notable. L’auteur
invité cette année n’est pas vraiment ce
qu’on qualifierait d’«auteur noir», même
si ce qu’elle écrit n’est pas toujours rose,
loin s’en faut. Wendy Guerra est cubaine. Ses œuvres poétiques sont éditées
sur son île natale, mais pas ses romans,
jugés indignes d’être distingués par le
tout-puissant Institut du Livre (juge
unique, seule voie éditoriale à Cuba). Ils
sont pourtant beaux et troublants et
vivants, ses textes, que Stock a accepté
d’éditer en France, et qu’elle vient
présenter durant tout le mois de sa
résidence d’écriture à La Friche. Elle les
appelle «romans rouges». Rouge comme
la passion, rouge comme la révolution
cubaine, dont on célèbre cette année le
50e anniversaire
La deuxième variation concerne le choix
de la ville jumelée. Malgré son statut de
port insulaire, il ne semble pas qu’Ajaccio puisse être définie comme une ville
étrangère. Tel est le choix pourtant des
organisateurs, qui ont opté pour l’étrangeté corse après celle de Mexico ou
d’Hambourg.
Dernier axe, les Terrasses du Polar,
avec un léger changement là encore.
Ces rencontres-dédicaces traditionnelles
avec les écrivains, français et étrangers,
de polar (une quarantaine pour cette 9e
édition) se tiendront en effet d’abord à
Marseille sur le Cours Julien, dans le
cadre du Festival du Plateau, samedi
19, puis à Septèmes-les-Vallons,
dimanche 20.
Quant au Prix Marseillais du Polar,
il sera comme d’habitude décerné par
un jury de passionnés qui auront lu les
25 ouvrages en lice cette année. Son lauréat recevra le chèque de 1500 euros qui
l’accompagne.
FRED ROBERT
La Semaine Noire est organisée
par l’association L’Ecrit du Sud,
en partenariat avec L’Ecailler,
Système Friche Théâtre
et la BMVR Alcazar
www.lecritdusud.com
Wendy Guerra © Luis Miguel Palomares
logiciels facteurs de poèmes qu’il a créés,
mettant en scène une littérature des
variations ; celles-ci s’avèrent infinies à
partir d’une même trame. Art de l’éphémère aussi, puisque chaque texte, chaque
réécriture disparaît à jamais dans les limbes virtuelles à la moindre modification.
De belles fêtes poétiques ! Une bonne
raison de faire le chemin jusqu’à Barjols,
tous les 22 du mois (sauf ce mois de
septembre, le 24)… puisque ZIP 22 !
MARYVONNE COLOMBANI
Pascale Petit © Claudie Lenzi & Charles Gros
Aux rendez-vous
des Littorales
Du 7 au 11 oct, venez rencontrer les
auteurs invités par les libraires indépendants associés et retrouver leurs livres,
au fil des nombreuses manifestations
organisées par l’association Libraires à
Marseille. Projections, musique, débats,
performances, lectures ponctueront les
cinq jours de ces 2e Littorales, l’événement littéraire de l’automne marseillais.
Rendez-vous au cinéma
L’avant-première du festival aura lieu,
le 7 à 20h au cinéma Les Variétés. Le
public sera invité à la projection du
documentaire de Sylvain Roumette
sur Claude Lanzmann, à l’issue de laquelle une rencontre est prévue avec le
réalisateur et Lanzmann lui-même. On
y parlera sans aucun doute de son dernier ouvrage, passionnant, Le lièvre de
Patagonie (Gallimard, 2009).
Rendez-vous sur le Cours
Mais les rendez-vous nocturnes, placés
sous le signe de la pluridisciplinarité, ne
doivent pas faire oublier ceux du jour.
Comme l’an dernier, les chapiteaux envahiront le cours d’Estienne d’Orves
durant tout le weekend, de 10h à 19h.
On pourra rencontrer au Comptoir
littéraire la trentaine d’écrivains sélectionnés par les libraires pour leurs
«approches sensibles d’un monde
pluriel», retrouver leurs textes à l’Espace Librairie et les faire dédicacer.
Chaque stand de libraire proposera également des parcours de lecture et des
titres pour les plus jeunes. Une occasion
agréable, et gratuite, de découvrir des
auteurs, des collections et des maisons
d’édition qui manquent souvent de la
reconnaissance qu’ils méritent.
Bouquet final
Rendez-vous au comptoir
Le 8 les fidèles de l’émission littéraire et
radiophonique se retrouveront à La Caravelle pour le premier Jeudi du Comptoir
de la saison. Pascal Jourdana recevra
Tanguy Viel, qui parlera de son dernier
roman Paris-Brest (voir p.66), avant d’aller,
plus tard dans la soirée, en proposer une
lecture à Montévidéo, dans le cadre du
festival ActOral.
Rendez-vous à la BMVR
L’Alcazar recevra, le 9 à 19h30, Atiq
Rahimi, prix Goncourt 2008 pour
Singué Sabour, pierre de patience (POL,
2008), et organisera la projection du
film qu’il a réalisé à partir de son roman
Terre et cendres.
Rendez-vous en musique
Le 10, afin de célébrer la Saison de la
Turquie en France, le Pelle Mêle accueillera pour une séance de «littérature
en voix» Zülfü Livarelli et Les voix polyphoniques dirigées par Brigitte Cirla.
La première édition des Littorales avait,
aux yeux de leurs organisateurs euxmêmes, manqué d’un final à la hauteur.
En cette 2e édition, puisque c’est un
véritable feu d’artifice qui sera offert au
public en clôture de la manifestation :
concert des Voix polyphoniques,
avant-première nationale du film d’animation Panique au village et, à La Friche,
performance-lecture en forme de «Recette de résistance» par Wendy Guerra,
la romancière cubaine reçue en résidence
cette année. De quoi terminer en art et
en beauté ce Salon d’Automne marseillais!
FRED ROBERT
Les Littorales
Festival littéraire des libraires
indépendants
du 7 au 11 octobre
04 96 12 43 42
www.librairies-paca.com
64
LIVRES
MANOSQUE | MOUANS-SARTOUX
Manosque entre en Correspondances
En dix ans, elles sont devenues l’un des événements
incontournables de la rentrée littéraire. Pour leur 11e
édition, Les Correspondances de Manosque La
Poste entendent bien rester à la hauteur de la réputation qu’elles ont gagnée. Leur programme éclectique
et exigeant permettra sans aucun doute de faire, une
fois encore, de ces rencontres des moments précieux.
Cinq jours de fête littéraire
Du 23 au 27 septembre, Manosque et ses alentours
vivront au rythme de ces 11e Correspondances,
puisque, comme chaque année, les rues, les places, les
salles de spectacles, bref tous les lieux possibles, même
les sentiers et les collines chers à Giono, seront investis
par les Écritoires, les ateliers d’écriture, les lectures et les
rencontres avec les auteurs, dans une atmosphère qui
a toujours su allier exigence de qualité et esprit bon enfant. Ce qui est suffisamment peu courant pour qu’on
le salue.
Dès le mercredi, mais surtout à partir du vendredi et
durant tout le week-end, le public pourra se rendre
aux traditionnels apéros littéraires de la mi-journée
puis assister aux nombreuses rencontres de l’aprèsmidi. Il serait vain de donner la liste de tous les écrivains
invités ; citons néanmoins et en vrac, Thierry Hesse,
Pascal Quignard, Robert Mac Liam Wilson, et
Véronique Ovaldé, Marie Ndiaye, Lydie Salvayre,
Christian Garcin, Laurent Mauvignier… Auteurs
célèbres ou nouveaux-venus sur la scène littéraire, ils
seront nombreux à venir lire leurs textes ou parler de
leur travail, à rencontrer leur public, seuls ou en duos.
On le voit, l’affiche est belle…
À la croisée des arts
Et belle aussi la programmation des nuits manosquines ! Mercredi 23, pour la soirée d’ouverture, la
danse rencontrera les lettres au Théâtre Jean-le-Bleu.
La Cie Karine Saporta y présentera une chorégraphie inspirée du roman Laver les ombres, que Jeanne
Ecritoire © Laurent Gayte
Benameur a écrit pendant sa résidence à Manosque.
Ce texte, qui évoque le désir de danser et les relations
mère-fille a visiblement inspiré Karine Saporta.
On se retrouvera aussi les autres soirs au Théâtre pour
les grands rendez-vous de lectures par des stars de la
scène cinématographique, dramatique ou lyrique. Jeudi
24, Nicole Garcia mettra en correspondance le poète
grec Constantin Cavafy et Marguerite Yourcenar,
tandis que, le 25, Carole Bouquet fera entendre «la
folie d’amour» d’Antonin Artaud et que, samedi 26,
Dominique Reymond lira Bonjour Minuit de la
«Colette anglaise», Jean Rhys. C’est à Nathalie Dessay
qu’il reviendra de clôturer brillamment le festival
puisqu’elle donnera lecture, dimanche 27 en fin d’aprèsmidi, de la magnifique Lettre d’une inconnue de Stefan
Zweig. Comme les rencontres de la journée, ces spectacles du soir se placent résolument sous le signe de la
variété et donneront l’occasion d’entendre des textes
célèbres, mais aussi de découvrir des écrits et des auteurs
plus confidentiels.
Comme à l’accoutumée, Les Correspondances font
la part belle à la musique. C’est ainsi que de nombreuses lectures se feront en musique et qu’on retrouvera
avec plaisir les concerts littéraires de fin de soirée
au Café provisoire ; parmi les invités, Dick Annegarn, Daphné, Clarika…
Une superbe édition en perspective et 5 jours de ferveur littéraire et artistique à partager sans modération.
FRED ROBERT
Les Correspondances
auront lieu à Manosque (04) du 23 au 27 sept.
04 92 75 67 83
www.correspondances-manosque.org
Le bruit de la fureur
Le 22e Festival du Livre de MouansSartoux, dans les Alpes-Maritimes,
s’apprête à faire de la ville un vaste
forum de débat d’idées. Trois jours
pour Écouter voir la fureur du monde
en compagnie de 350 auteurs,
200 éditeurs et libraires
et en débattre avec passion
Le Festival n’a eu de cesse, ces dernières années, de
provoquer la réflexion, la discussion, de donner la
parole à ceux qui écrivent les livres et à ceux qui les
lisent, se penchant sur les hommes et femmes en quête
de libertés… Il s’agit à Mouans-Sartoux de guetter
l’humanité au-delà des murs, de tester les résistances…
Rendez-vous littéraire et cinématographique, le
Festival convoque donc, aux dires de sa Commissaire,
par ailleurs Conseillère générale des Alpes-Maritimes,
Marie-Louise Gourdon, «celles et ceux qui portent un
regard lucide sur le monde, empli d’espoir ou de
pessimisme, d’initiatives ou de forces de création.» Ceux-
là même que le public pourra rencontrer, et avec
lesquels il pourra discuter, lors de conférences, débats,
rencontres, cafés littéraires, et de projections de films:
Atiq Rahimi, Léonora Miano, Françoise Héritier,
Inaam Kachachi, Wahiba Khiari, Emmanuel
Carrère, Mémona Hintermann, Thu Huong
Duong, Robert Guédiguian, Amos Gitaï, Gérard
Mordillat pour ne citer qu’eux… Le programme
pléthorique d’une des plus importantes manifestations
Atiq Rahimi © Hélène Bamberger
littéraires françaises ne permet pas que nous dressions
la liste exhaustive de tous les rendez-vous, mais voilà
de quoi vous mettre l’eau à la bouche : un débat sur la
fureur du monde, d’autres sur la tension civile, la force
des femmes, la mémoire de l’Arménie en partage…
sans oublier des conférences sur la violence à l’école, le
savoir et la finance, la désobéissance des profs et bien
sûr les entretiens nombreux, incessants en fait, durant
trois jours, avec tel ou tel écrivain ou cinéaste. Car ils
sont 350 !
Interrogez-les, interrogez-vous, pour comprendre la
fureur du monde. Le temps d’un festival, prolongé par
le temps précieux de la lecture.
DOMINIQUE MARÇON
Festival du Livre de Mouans-Sartoux
Du 2 au 4 oct
04 92 92 47 24
www.lefestivaldulivre.fr
66
LIVRES
LITTÉRATURE
Images et mots d’une même voie
Les éditions du Chemin de fer ont eu l’excellente
initiative de créer «une collection de nouvelles inédites
illustrées par des artistes.» D’élégants petits livres où
des textes contemporains courts d’auteurs souvent
célèbres, parmi lesquels, pour ne citer qu’eux, Pierrette
Fleutiaux, Henry Bauchau ou Annie Saumont, sont
vus par des artistes. Ainsi, mots et images se répondent
au fil d’une lecture rapide mais doublement suggestive.
Des auteurs récemment édités par l’association, trois
seront présents aux prochaines Littorales (voir p.63).
Trois auteurs, trois artistes illustrateurs, trois livrets très
différents, preuve de l’éclectisme de la collection.
Dans Candelaria ne viendra pas, Mercedes
Deambrosis met en scène une mère de famille
madrilène au bord de la crise de nerfs, que la défection
inattendue de sa femme de ménage va pousser à la
rébellion contre une famille ingrate, insupportable. Les
prochaines vacances de Dominique Fabre relatent, à
partir d’un drame familial qui n’est pas le sien, le
retour à l’affection et à la vraie vie du narrateur. Quant
à Nathalie Constans, sa reformation des imbéciles
rend un hommage déjanté à l’Amérique et au rock, à
travers la rencontre insolite d’Iggy Pop et de la petitefille de Geronimo ; un récit de transe à deux voix aux
confins d’un monde en voie d’extinction.
On le voit, les thèmes et les tons sont variés. Il en va
de même pour les illustrations. Et c’est sans doute ce
qu’il y a de plus intéressant dans cette collection :
l’adéquation entre les textes et les images qu’ils ont
engendrées. Ainsi, les photomontages surréalistes de
Jean Lecointre collent on ne peut mieux au verbe
halluciné de N. Constans, les portraits sombres aux
contours imprécis de Marko Velk traduisent le
malaise de la quadragénaire humiliée, les aquarelles
presque naïves d’Olivier Masmonteil exaltent les
errances du narrateur et sa renaissance à des liens
simples et vrais.
Une très jolie collection à lire et à rêver.
Mercedes Deambrosis,
Candelaria ne viendra pas
(12,50 euros),
FRED ROBERT
et Nathalie Constans,
La reformation des imbéciles
(12 euros)
sont édités
aux éditions du Chemin de fer.
Dominique Fabre,
Les prochaines vacances
(14 euros)
Comment peut-on être cubain ?
C’est la question que pose Wendy Guerra, née en
1970 à La Havane. Elle y réside actuellement alors
que, comme le dit le titre de son premier roman paru
en 2006, Tout le monde s’en va. Être cubain aujourd’hui, est-ce rester ? Est-ce partir ? Est-ce vivre dans le
souvenir oppressant des héros et des martyrs de la révolution ? Est-ce s’en dépêtrer tant bien que mal?
Mère Cuba, deuxième opus de cette jeune écrivaine
plus connue jusque là pour son œuvre poétique, interroge à nouveau l’identité cubaine et son lourd héritage
à travers le personnage central de Nadia, dont le nom
de famille, tiens tiens, est Guerra… Animatrice de radio,
artiste spécialisée dans les performances éphémères, la
jeune femme semble l’incarnation de cette nouvelle
génération qui souhaite juste «survivre sur cette île,
éviter le suicide» et ne veut à aucun prix «être la martyre
des martyrs, de leurs épopées…»
Le roman, faut-il d’ailleurs l’appeler un roman ?, se déroule à mi-chemin entre document et fiction, comme
une sorte de journal des années 2005-2006, auquel
Nadia intègre notes, extraits d’émissions radiophoniques, articles de presse, lettres et paroles de chansons,
dans un agencement qui perturbe un peu au départ
mais dont on accepte très vite la logique interne. Car,
au travers de l’histoire de Nadia, de la recherche de sa
mère enfuie en Russie, c’est celle de l’île qui se déploie,
dans ses flamboyances et ses deuils. Ce récit palimpseste révèle quelques belles figures féminines, dont
celle de Celia Sanchez, compagne de Castro. Il est
surtout un hommage vibrant à la génération des
parents de Nadia qui, trop jeunes pour faire la révolution, ont grandi dans son ombre écrasante et en ont
perdu la raison. Ce patchwork de formes et de voix
rend enfin hommage à la vie malgré tout, à l’amour et
à l’espérance d’un avenir pour l’île. Nadia n’est-il pas
la contraction de Nadièjda, l’espoir en russe ?
Wendy Guerra,
Mère Cuba,
éditions Stock,
La Cosmopolite,
19 euros.
W.Guerra sera présente
à la Semaine Noire, ainsi qu’aux
Correspondances de Manosque
et aux Littorales.
F.R.
Roman familial
Le dernier ouvrage de Tanguy Viel n’a pas grand’
chose à voir avec la pâtisserie crémeuse et pralinée à
laquelle son titre peut faire penser, et le Paris-Brest qu’il
offre à la gourmandise du lecteur est tout sauf suave.
Tout au plus pourrait-il provoquer, comme le gâteau
du même nom, un vague écœurement devant les
histoires de famille qui se dévoilent au fil des pages et
ne parlent que d’argent, d’intérêt, de vol et de qu’en
dira-t-on.
Le narrateur revient en quatre temps sur ce qui l’a
poussé à fuir Brest, à devenir écrivain, avant de retourner vers son Finistère natal, à quelques jours de Noël,
un cadeau empoisonné dans ses bagages. Car il a dû
fuir pour parvenir à exister, pour ne pas être un satellite
de plus dans l’orbite d’une mère terrible sous ses
dehors doucereux ; fuir aussi pour ne pas être gangréné
à son tour par la laideur, l’ennui provincial et la
mesquinerie.
Cette histoire familiale a quelque chose d’un Nœud de
vipères contemporain : obsession pour l’argent,
hypocrisie, morale bourgeoise bien-pensante et mères
castratrices peuplaient déjà l’univers mauriacien. De
même, les circonvolutions du récit, qui tourne et
retourne jusqu’à toucher l’essentiel, rappellent la
maestria du grand romancier girondin. Tanguy Viel
est pourtant avant tout lui-même. De roman en
roman, il impose une langue originale, faite d’oralité
subtile et d’humour décapant. De même, il a le don
de camper des personnages crédibles, touchants
même, malgré l’ironie et le peu d’empathie du
narrateur à leur égard.
Bref, ce Paris-Brest se déguste d’une traite ou presque,
et plus d’un lecteur y retrouvera la saveur, douce ou
amère, de sa propre histoire de famille.
FRED ROBERT
Paris-Brest
Tanguy Viel
éditions de Minuit,
14 euros.
Le romancier sera l’invité
du Jeudi du Comptoir,
dans le cadre des
Littorales 2009,
jeudi 8 octobre à 17h30
à La Caravelle.
68
LIVRES
LITTÉRATURE
Pour le chant des étoiles
Entre les bruits de Belinda Cannone se présente
comme une fable moderne, ancrée dans notre monde
souvent cruel, avec sa charge de conflits sanglants, de
faits divers douloureux. L’époque n’en est pas précise.
Certains événements évoquent un temps proche, on
y parle d’enlèvements d’enfants, de la Russie et de la
Chine, de la Serbie et du Kosovo, mais aussi de
complots secrets internationaux qui nous plongent
dans un univers proche de la SF.
En revanche l’amitié inattendue entre Jodel, adulte
«plan-plan» et Jeanne, fillette touchante, ouvre les
portes d’un univers très poétique où l’on s’intéresse
aussi bien au chant des oiseaux qu’à ceux des étoiles,
et de bruits inaudibles pour le commun des mortels.
Ils ont un point commun : ils sont hyperacousiques.
Là-dessus surgit un personnage de lointaine origine
mongole, ce qui ajoute encore à son mystère, et qui
s’impose dans la vie de Jodel, l’obligeant à «sortir de
son bocal». Ces deux rencontres bousculent la vie
réglée et silencieuse de cet homme qui se lève tôt et se
rend à son travail quand les autres dorment encore ! Il
travaille pour la police scientifique et écoute à
longueur de jour des enregistrements témoignant de
la turpitude de notre monde : viols, séquestrations,
meurtres, dans le but de repérer des indices pouvant
mettre sur la voie des coupables.
Mais une 3e rencontre apporte au récit une touche de
sensualité érotique magnifique, celle de la mère de
Jeanne musicienne qui compose des musiques que le
lecteur rêverait de trouver en CD avec le livre
tellement la description des sonorités en est suave ! Le
tout nous laisse sous le charme de cette langue qui
coule, s’amuse parfois, excelle dans les dialogues
incisifs et exulte dans le plaisir amoureux !
CHRIS BOURGUE
Entre les bruits
Belinda Cannone
Éditions de l’Olivier, 20 euros
263 Canal de l’Empereur
Cette adresse n’est pas sans vous rappeler quelque
chose. Tragique absence… Là il y a un arbre, seul, un
de ces marronniers des villes, simples éléments du
décor citadin, devant lesquels on passe, indifférents. À
l’aube de sa mort, l’arbre raconte, étonnante
confession de témoin muet. Il y a les saisons, les fleurs,
les feuilles d’automne, et surtout le regard d’une petite
fille pour laquelle les hampes parfumées de fleurs de
marronnier seront sans doute le dernier souvenir
heureux. Elle s’appelait Anne… Franck bien sûr, et
soudain l’adresse se rappelle à vous…
Dans ce bel album aux teintes sépia, la dernière image
seule porte la couleur de l’espoir. Le dessin est superbe;
précision des détails et stylisation se mêlent pour nous
emporter dans un univers où les arbres restent les
uniques garde-fous de l’humanité, alors que la barbarie
décime des générations innocentes. Un beau livre qui
invite à garder la mémoire des arbres, dans un style
dépouillé d’une intense poésie. À placer entre toutes les
mains !
MARYVONNE COLOMBANI
Les arbres pleurent aussi
Irène Cohen-Janca, illustrations A.C. Quarello
Editions du Rouergue, 14 euros
Livre soutenu par la Fondation
pour la Mémoire de la Shoah
Lettres jetées au-dessus des abîmes
Véritable gageure de vouloir faire correspondre des
êtres qui ne se connaissent pas, sur un sujet qui semble
fait pour séparer plutôt qu’unir, susciter les passions
plutôt que les apaiser. C’est le défi qu’ont lancé les
écrivains Nicole Caligaris et Eric Pessan à d’autres
auteurs (26 en tout), 13 Français, 13 d’autres pays,
pour établir un pont de lettres entre les continents.
Analyses de situation, fragments d’autobiographie,
réactions à vif à propos de certaines attitudes politiques
incompatibles avec le respect de l’être humain,
évocation de faits divers… les lettres de ces écrivains
unis par le hasard d’un tirage au sort tissent une toile
sensible où le quotidien se mêle aux éclats de
l’indignation, de la poésie.
C’est avant tout un bel essai d’union et d’unité. Le
livre mosaïque se lit par tranches de correspondances
à travers lesquelles le lecteur se promène, reconnaissant
telle ou telle plume, en découvrant de nouvelles.
Lettres de commande, qui deviennent lettres d’amitié:
les écrivains s’y livrent et le romanesque s’efface devant
la réalité. L’essentiel réside dans le refus, celui de
«l’odieux (si) insidieux» qu’il est nécessaire de dénoncer
et de combattre. «La poésie est une arme chargée de
futur» disait Gabriel Celaya. Les mots suffiront-ils ?
Une belle et généreuse entreprise en tout cas, à lire, à
savourer, à réfléchir…
M.C.
Il me sera difficile de venir te voir
Correspondances littéraires sur les conséquences
de la politique française d’immigration
Editions Vents d’ailleurs, 14 euros
70
LIVRES
LITTÉRATURE
Ode à la nature
Ni catalogue raisonné, ni monographie, À l’écoute des
arbres se feuillette comme un livre de photographies à
ciel ouvert. Un comble pour un ouvrage sur Marc
Nucera qualifié par Christine Picasso de «sculpteur du
vivant végétal»… Hier artisan et aujourd’hui land’artiste, Marc Nucera a préféré vivre au naturel dans sa
Provence natale plutôt que s’enfermer dans les études,
entretenant un rapport fusionnel avec la matière sous
l’œil bienveillant de son père ébéniste et «copiste hors
pair». Aussi a-t-il appris humblement le nom et la taille
des arbres avant qu’il ne croise sur son chemin le
paysagiste Alain-David Idoux et la styliste Nicole de
Vésian, auteur du célèbre carré Hermès. «Deux magnifiques guides», selon ses mots, auprès desquels il a acquis
une grande liberté dans sa manière d’aborder la nature:
c’est au contact de l’arbre vivant -cette muse éternellequ’il crée des tribus de marcheurs à partir d’enfourchements végétaux, creuse des salons d’extérieur dans
la masse des troncs et sculpte des totems élancés en
hommage aux colonnes sans fin de Brancusi. Dans À
l’écoute des arbres, les photographies d’Aline Dautresme sont éloquentes, et les textes d’Anne Hauben
aussi : écrits à la première personne du singulier, ils
font entendre la voix de Marc Nucera qui, par petites
touches sensibles, raconte son enfance, la naissance de
ses œuvres, l’influence de ses maîtres, son amour
absolu pour la nature. Il parle de structure, d’architecture, de mouvement et de formes libres, de graphisme
et de géométrie comme un peintre évoquerait sa
palette et ses outils. Mais dans un «je» limpide, presque
enfantin. Naturel.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
À l’écoute des arbres
Anne Hauben (textes), Aline Dautresme
(photographies), Louisa Jones (préface)
Actes sud, 2009, 29 euros
Le tombeau du faussaire
Le dernier roman de Minh Tran Huy repose sur un
assemblage de textes a priori disparates, mais parfaitement concordants quand l’agencement de la lecture
parvient à son terme. L’image d’Anna Song, pianiste,
vietnamienne, amoureuse, se dessine, nette, d’emblée,
dans la nécrologie qui ouvre le livre. Puis, peu à peu ou
tout à coup, de révélations en supputations, elle s’efface,
se contredit, se contrarie, laissant place à une mosaïque
de portraits de l’artiste dont l’ensemble ne fait plus sens.
Jusqu’à ce que…
Bâti comme un policier le roman mérite qu’on laisse
planer ce suspense. Tout en soulignant la complexité
de sa construction : fondé sur l’alternance de critiques
musicales et du récit de Paul Desroches, mari et mentor
de l’interprète, ce récit d’une mystification travaille
aussi profondément que Le Pêcheur et la Princesse –
premier roman de Minh Tran Huy- sur les fables
familiales. Sur ces histoires de filiation qu’on arrange
un peu, juste pour donner un sens à sa vie. Le Vietnam
qui fonde et nourrit le jeu de la pianiste et l’imaginaire
de Paul Desroches se dissout dans l’épaisseur impi-
toyable de l’Histoire. Révèle son effilochage. La suite
ne peut être que construction mensongère, imposture,
ou renoncement.
Heureusement le virtuel peut pallier les manquements
de la réalité, qui trahit les photos, les souvenirs, les
ambitions, les rêves. Même les critiques musicaux ont
besoin qu’on leur raconte des histoires de Vietnam -ou
de loups- pour écouter le jeu des virtuoses. Le numérique seul déjouera le virtuel… que les oreilles et
l’entendement humain, son besoin de légende surtout,
n’avaient pas permis de mettre en doute. Les littérateurs, au fond, font-ils autre chose que Paul Desroches?
L’histoire de Minh Tran Huy n’existe-t-elle pas justement parce qu’Anna Song quitte la scène?
AGNES FRESCHEL
La double vie d’Anna Song
Minh Tran Huy
Actes Sud, 18 euros
Minh Tran Huy sera présente
à Mouans-Sartoux (voir p 64)
Hold-up littéraire
Auteur, narrateur et héros fictionnel, Alberto Manguel
n’a pas hésité à tripler la mise dans Tous les hommes sont
menteurs. Par un procédé de récits enchassés, l’écrivain
argentin invente une enquête mi-journalistique mipolicière sur Alejandro Bevilacqua «retrouvé gisant au
bas de son balcon, à Madrid, au milieu des années 1970.»
Et choisit le témoignage de ses proches, vingt-cinq ans
après, pour réhabiliter cet écrivain génial disparu prématurément et mystérieusement après avoir publié
Éloge du mensonge.
Biographie réelle ou truquée ? La question des faux vrais
et des vrais faux traverse le roman jusqu’à en faire perdre
le fil. De digression en supercherie et de circonvolution en voyages dans le temps et l’espace -Argentine,
Cuba, Espagne, Chili- reconstituer les pièces du puzzle
s’avère complexe ! Alberto Manguel, parmi ses nombreux subterfuges, nous demande la même aptitude
que son héros à avoir une vision cohésive de la réalité.
Bevilacqua, lui, était capable «à partir d’une foule d’élé-
ments disparates, d’informations partielles, de construire
un scénario cohérent et vraisemblable, une sorte d’argument logique avec ses personnages principaux et mineurs,
ses intrigues et son dénouement.» Pas sûr qu’on y parvienne!
À tour de rôle, Alberto Manguel le confident, Andrea
le premier amour, son compagnon de cellule dit Le
Goret et son éditeur racontent dans un langage imagé,
sensuel, incisif ou brutal, la naissance «d’un auteur authentique, un taureau de la mort», mais aussi sa fin
tragique. Où l’on comprend, après l’avoir pressenti,
que Bevilacqua n’était autre qu’un usurpateur et Tous
les hommes sont menteurs l’histoire d’une œuvre séquestrée.
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Tous les hommes sont menteurs
Alberto Manguel
Traduction Alexandra Carrasco
Actes Sud, 2009, 19 euros
ARTS
Florentz l’Africain
Disparu en 2004, le compositeur français Jean-Louis
Florentz, qui composa pour tous les dispositifs de chambre
et d’orchestre, reste particulièrement reconnu dans le milieu
de l’orgue. Il fut aussi un insatiable voyageur. Cet élève
d’Olivier Messiaen et professeur d’ethnomusicologie s’inscrit
dans une quête perpétuelle de régénérescence de la culture
musicale occidentale : recherche des plus anciennes
civilisations chrétiennes, mais surtout fascination pour le
continent africain. «Je dois et je veux intégrer à ma matière
musicale propre, une autre matière, et cela sans la coloniser, mais
au contraire en l’accueillant…» Par ces quelques mots, le
monde imaginaire du compositeur amoureux de l’orgue, qui
s’asseyait au fond des avions afin de pouvoir écouter le bruit
des réacteurs, trouve logiquement sa place dans un XXe siècle
musical soucieux d’ouvrir ses yeux et ses oreilles au monde
qui l’entoure. Ouvrage complet, riche en documentations et
photos, le livre disque de Marie-Louise Langlais (épouse
du compositeur organiste Jean Langlais) paru chez Symétrie
s’avère indispensable à la découverte de son œuvre pour
orgue. Savamment illustré et foisonnant de précieux
témoignages, il en décrypte les couleurs inouïes
(enregistrement intégral) et nous plonge dans l’univers
métaphysique de l’auteur, livrant les clefs des multiples
préoccupations dont se nourrit sa musique.
FREDERIC ISOLETTA
Jean-Louis Florentz l’œuvre d’orgue
Marie-Louise Langlais
Éditions Symétrie / 216 p 29 euros
Science paternelle mais éternelle
Carlo Rovelli est professeur à l’Université de la Méditerranée
à Marseille. Chercheur en Physique Théorique. Anaximandre
de Milet ou la naissance de la pensée scientifique est une
recherche en paternité théorique de la physique. Qui prend
en compte le temps, à la recherche d’un conte. Dans les traces
de Jean-Pierre Vernant jusqu’aux dédales des oscillations
périodiques entre Newton et Einstein, Carlo Rovelli interroge
l’histoire helléniste pour trouver un père et un pair à sa
rationalité. «Entre mythe et politique» l’écrit naturaliste
d’Anaximandre, ou plutôt ce qui fut écrit par ses successeurs
de ce qu’ils en perçurent, apparaît comme la source critique
d’une raison pure.
Ce livre érudit revendique l’hésitation comme principe démocratique et immuable- du mélange ainsi que du
métissage des savoirs et des cultures. Il constitue une analyse
critique originale de l’édification de la connaissance
rationnelle. Il montre comment le passage des savoirs
s’élabore autour de la construction écrite et de sa genèse
logique : depuis l’écriture phénicienne basée sur une
cryptographie jalousement gardée par l’ordre divin des
scribes, jusqu’à la démocratisation de la lecture par l’écriture
phonétique grecque s’échafaude le débat critique de la
connaissance.
Anaximandre de Milet ou la naissance de la pensée scientifique
est donc un livre libre livré à la sagacité critique du lecteur. Un
ouvrage incontournable pour ceux qui s’interrogent sur la
certitude scientifique d’un savoir positiviste. Les multiples
«figures» qui illustrent ce travail lui donnent cette empreinte
particulière de la publication académique, dans laquelle on
reconnaît le chercheur en physique errant dans les sous-bois
inconnus et parfums-aimés de l’épistémologie, tout en
s’éclairant de la lanterne de son savoir écrire. Ainsi il interroge
la mouvance permanente de la pensée rationnelle.
YVES BERCHADSKY
Anaximandre de Milet
ou la naissance de la pensée scientifique
Carlo Rovelli
traduit de l’italien par Matteo Smerlak ;
Collection Universciences, Coédité par Dunod et La Recherche,
19 euros
Construire la fluidité
Résidents ou de passage à Marseille vous l’avez forcément
adoptée. Elle dialogue avec Notre Dame et fait désormais
partie du paysage urbain phocéen avec ses 148 m de haut et
ses deux arcs qui se redressent pour former une verticale. Vous
ne savez peut être pas que la tour CMA CGM est l’œuvre de
l’architecte irakienne Zaha Hadid, et que ce nom résonne
depuis ces trente dernières années dans le monde de
l’architecture. Fluide comme l’enveloppe de l’emblème
érectile de Marseille, l’œuvre de la première femme lauréate
du prestigieux Pritzker Prize est dense, inventive et s’inscrit
dans une modernité douce bouleversant les notions d’espace.
Les éditions Parenthèses publient le premier ouvrage en
français sur l’intégralité de l’œuvre de l’artiste. Riche de près
de 200 opus-projets et réalisations commentés par l’auteur,
agrémenté de très belles reproductions couleurs. Tours,
musées, gares, opéras, mosquée, plans d’urbanisme, œuvres
peintes, mais aussi design d’objets, de mobiliers et d’articles
de mode, l’œuvre de l’architecte est énorme et singulière. Elle
lui a valu une rétrospective de ses œuvres au Guggenheim de
New York, la seule de l’histoire du musée concernant un
architecte après Franck Gerhy.
FREDERIC ISOLETTA
Zaha Hadid l’Intégrale
Editions Parenthèses, 39 euros
LIVRES
71
72
LIVRES
AU PROGRAMME
Reconstruire un théâtre citoyen
Le théâtre a une histoire ! Gérard Noiriel ne se propose pas de raconter celle-ci comme dans un manuel.
Son propos s’insère dans les visées de la collection
«contre-feux» d’Agone. Il s’agit pour l’auteur de
cerner la place tenue par le théâtre dans la société
depuis sa création, dans la Grèce classique athénienne, jusqu’à nos jours.
En bon historien, l’auteur pose le cadre et commence
par définir histoire-mémoire et histoire-science : à
l’une la célébration des communautés, de leurs héros, et la mise en place de l’idéologie dominante ;
à l’autre la distanciation, l’explicitation des problèmes du présent. Ce préambule est, en fait, la clé de
sa compréhension du théâtre : face au théâtre-art,
qui invoque les émotions, se trouve le théâtre-poli-
tique, qui mobilise les citoyens. Il examine alors,
au travers de cette grille, les moments charnières
de l’évolution théâtrale d’Aristote à Diderot, Hugo,
Brecht ou Sartre, pour finir par les créateurs
contemporains.
Son propos est avant tout de réfléchir sur la vocation
populaire et politique de l’art dramatique. Constatant l’incapacité du théâtre actuel à toucher les
foules, il propose, aux lumières des siècles passés,
des pistes pour édifier un théâtre constructeur de
l’identité collective et non de l’épanouissement de
la personnalité. Fort de son expérience à la cité de
l’immigration, il propose de renouer le lien entre
sciences (notamment l’histoire) et art dramatique,
de retrouver un lieu de réflexion et de formation
pour l’esprit critique, de sortir de la représentation
petite-bourgeoise, aujourd’hui dominante, pour
reconstruire un théâtre politique et citoyen.
RENÉ DIAZ
Histoire, théâtre, politique
Gérard Noiriel
Agone, 15 euros
Au Programme
AIX
Archives départementales
– 04 42 52 81 90
Rencontre/débat entre Bruno Ely, conservateur au musée Granet, et Alain Paire,
auteur du livre Pablo Picasso à Vauvenargues
(Images en manœuvre, 2009). Le 16 sept
à 18h30.
ARLES
Association Le Méjan – 04 90 49 56 78
Didier Sandre lit Le Fou d’Elsa. Le 15 oct à
20h30.
Musée Réattu – 04 90 49 37 58
Dans le cadre de l’expo Chambres d’écho, soirée autour des conversations entre Brassaï et
Picasso avec, à 18h, une conférence d’Agnès
de Gouvion Saint-Cyr, et à 20h30 une
lecture dans le musée par la cie Le Rouge et
le Vert d’extraits de Brassaï, conversations
avec Picasso (Gallimard, 1964, réed. 1997).
Le 18 sept.
AVIGNON
Théâtre des Doms – 04 90 14 07 99
Conférence/débat Darwin et la question des
origines : un défi pour la pensée avec Jacques
Reisse, chimiste, professeur Emérite de
l’Université Libre de Bruxelles et membre
de la Classe des Sciences de l’Académie
Royale de Belgique et Pascal Picq, paléoanthropologue au Collège de France. Le 10
oct de 14h à 18h.
La Chartreuse de Villeneuve-lezAvignon – 04 90 15 24 24
Exposition Monuments et paysages : commande photographique passée en 2006 à
Jordi Bernado, John Davies, Bernard
Plossu et Massimo Vitali. Jusqu’à début
oct.
BARJOLS
Les Perles – 06 72 79 97 54
Conférence de Sylvie Daviet et Boris Gresilon
sur Les artistes et les friches industrielles, un
enjeu pour le dynamisme et l’aménagement
communal. Le 20 sept à 15h.
CAMARGUE
Parc Naturel Régional de Camargue –
04 90 97 10 40
Fête des parcs naturels régionaux, visite pédestre des Marais du Vigueirat. Le 27 sept,
départ à 10h.
COTIGNAC
Association Caractères – 04 94 59 53 12
4e salon de la petite édition indépendante:
une trentaine d’éditeurs d la région PACA,
du Gard, de la Drôme, de Paris présentent
leurs ouvrages. De 10h à 17h le 27 sept.
MARSEILLE
BMVR Alcazar – 04 91 55 56 34
Exposition Les voiles du vent sur les cerfs-volants orientaux, des œuvres d’artistes et des
appareils de la Belle Epoque. Jusqu’au 30
sept.
Exposition Illuminations, manuscrits enluminés de la bibliothèque de Marseille : sélection
des plus remarquables pièces des fonds de la
bibliothèque (bibles, livres d’heures, psautiers…), jusqu’au 30 sept ; conférence
proposée par le département patrimoine
sur les manuscrits enluminés : le mal et le
malheur des hommes, le manuscrit du
Miroir du Salut de l’homme, le 23 sept à
17h30 salle de conférence.
Conférence Santé et environnement : qu’en
dit la naturopathie ? par le naturopathe
Dominick Léaud-Zachoval. Le 23 sept
à 17h30 à l’auditorium.
Dans le cadre de l’année mondiale de l’astronomie, conférence sur Les grands sondages
cosmologiques par Olivier Le Fèvre, directeur
du Laboratoire d’astrophysique de Marseille. Le 25 sept à 15h salle de conférence,
et sur Des galaxies de toutes les couleurs par
Denis Burgarella, président de la Société
Française d’Astronomie et d’Astrophysique.
Le 26 sept à 17h salle de conférence.
des Musées de Marseille, sur Les collections
des musées de Marseille. Le 28 sept à 18h.
ABD Gaston Defferre – 04 91 08 61 08
Exposition Gaston Castel, les territoires de
l’architecte : De l’opéra de Marseille (1921)
au lycée Paul Cézanne à Aix-en-Provence
(1959), la carrière, l’œuvre et la réflexion
de l’architecte sur le territoire de Marseille et
du département des Bouches-du-Rhône.
Du 18 sept au 19 déc.
Exposition Route impériale n°8, Arenc, de
la plage de sable aux chantiers d’Euromed :
photos de Philippe Piron, vidéo-portraits
de François Landriot et recueil de témoignages de Nora Mekmouche. Jusqu’au
24 oct.
Muséum d’histoire naturelle –
04 91 14 59 50
Exposition Télescopium, 400 ans de lunettes
et de télescopes. Jusqu’au 10 jan.
Institut culturel italien – 04 91 48 51 94
Table ronde Bruno Munari et les livres, avec
Marc Aurel, Marzia Corraini, Giorgio
Maffrei et Annie Mirabel. Le 6 oct à 18h.
Exposition de photos de Giuseppe Piazza:
Verso Nord qui témoigne du phénomène des
migrations. Du 15 sept au 1er oct.
Dans le cadre du colloque Les mouvements
migratoires entre réalité et représentation,
conférence du sociologue Enrico Pugliese.
Le 21 sept à 18h.
Rencontre avec l’auteur Giorgio Maffei et
Annie Mirabel, traductrice des livres de
Bruno Munari. Le 7 oct à 14h30 à la librairie Imbernon.
Ateliers du graphiste japonais Katsumi
Komagata. Le 24 oct à la librairie Imbernon.
L’automne baroque : caprices napolitains,
conférence de Dinko Fabris (La musique à
Naples à l’aube du XVIIe siècle, à 18h) et
concert (Ascanio Mayone, un Monteverdi instrumenta ; Mara Galassi,
harpe double ; Jean-Marc Aymes, clavecin
et orgue, à 20h30). Le 20 oct.
Espace Leclere - 04 91 50 00 00
Conférence Marie-Paule Vial, directrice
Libraires du Sud/Libraires à Marseille
- 04 96 12 43 42
Rencontre avec Pierre Gallais pour
Mathazine, la revue de l’Institut de Mathologie, Le 16 sept à la librairie Le Lièvre de
Mars à 19h ; rencontre Ahmet Insel,
Michel Marian et Ariane Bonzon pour
Dialogues sur le tabou arménien, éditions
Liana Levi, organisée par la Ville de Marseille, le 16 sept de 18h à 20h30 à la BMVR
Alcazar.
Librairie L’Attrape mots – 04 91 57 08 34
Rencontre/débat avec Philippe Carrese
autour de son dernier ouvrage Enclave (Plon,
2009). Le 25 sept à 18h30.
Les Rencontres Place Publique
– 04 91 90 08 55
Semaine de la pop philosophie. Du 1er au 7
oct.
Centre Julien – 06 21 09 26 77
Exposition Racines Caraïbes, photos de
Béatrice Bruno. Jusqu’au 2 oct.
Espace écureuil -04 91 57 26 49
Conférence d’initiation de Jean-Noël Bret,
Art et Paysage 1 : du genre mineur à l’art total
(Panorama) . Le 6 oct à 12h30, le 9 oct à
12h30 et 18 h.
TOULON
Maison de la photo – 04 94 36 36 22
Hommage à Jean Loup Sieff. Du 9 oct au
16 jan.
74
FORMATION
GASTRONOMARE | AUBAGNE | VERT-PRÉ
Gourmandises automnales...
La saison s’annonce détonante et vous n’aurez que l’embarras du choix!...
«Monstres» de Méditerranée
Port un marché de produits du terroir et
propose des «nourritures de rue» typiques
des pays du pourtour méditerranéen.
L’accent est mis sur les poulpes et autres «monstres marins» que quelques
grands chefs de restaurants réputés de
Marseille ou de l’autre rive accommoderont sous vos yeux et que vous pourrez
ensuite déguster. Une soirée gastronomique et une bouillabaisse de poulpes,
Devant le développement inquiétant
de la restauration rapide et de la malbouffe, l’idée de conserver la mémoire
culinaire du terroir chargée d’histoire
et de souvenirs ne peut que séduire.
C’est l’objectif que s’est fixé le Conservatoire International des Cuisines
Méditerranéennes (CICM). Pour sa
1re manifestation dans la cité marseillaise, Gastronomare installe sur le Vieux
plus populaire, vous sont aussi proposées, le tout sur réservation.
Les jeunes gens ne sont pas oubliés : ils
découvriront des recettes faciles et apprendront à mieux se nourrir. Des
conférences sont organisées au club
Pernod : Remo Mugnaioni évoquera
le berceau mésopotamien de la gastronomie, Thierry Fabre parlera de cet
«art de tous les jours» et Serge Scotto
de la cuisine dans le roman policier.
Enfin trois libraires vous proposeront
un choix de livres savoureux.
Gastronomare
18,19 et 20 sept
04 95 04 95 56
www.gastronomare.com
«Terres de feu, de lumière et de songes...»
Avec cette exposition de céramiques
des Ateliers Thérèse Neveu à Aubagne, on reste dans le domaine de la
cuisine ! En effet ce lieu, peut-être encore trop discret, propose près d’un
millier d’objets de la vie quotidienne
liés à la cuisine et au foyer, dont
certains du Xe siècle. De la tisanière à
la daubière, et autres toupins, de la
chaufferette au réchaud, sans oublier
une collection inouïe de pipes de la célèbre Maison Bonnaud, et des tarraïettes
émouvantes, ces objets témoignent de
l’importance de la terre et de son accord sacré avec le feu et l’eau. Henri
Amouric, archéologue et chercheur
au CNRS, est le commissaire éclairé
de cette exposition et le principal responsable de l’édition du livre éponyme
qui sortira en octobre.
esthétiques.
La ville d’Aubagne, le pays d’Aubagne et de l’Étoile, ont un
grand projet de création d’une Cité de l’Argile. D’ores et
déjà une association loi 1901, Prometerre, s’est installée
sur l’espace du Marché de Gros pour faire la promotion économique des entreprises. Elle regroupe les artisans, acteurs
économiques de la modernité, les communautés territoriales
qui privilégient les vecteurs touristiques et culturels, et qui
permettront à cette filière de nature patrimoniale de se
redéployer et de se pérenniser. D’ici 2 ans les bâtiments
rénovés accueilleront les artisans. Un beau projet très
attendu.
Tres grosse marmite - Vallauris - 1889
Par ailleurs la 10e biennale de la céramique, Argilla, a réuni
60 000 visiteurs et des artisans de France et de 7 pays européens, les 22 et 23 août : exposition d’objets utilitaires mais
aussi de pièces uniques, mêlant recherches techniques et
Terres de feu
Ateliers Thérèse Neveu
Cour de Clastre Aubagne
jusqu’au 1er novembre
04 42 08 85 90
Spectacles et différences
« Envie d’agir » 2008 décerné par le Ministère de la Jeunesse et des Sports.
N’hésitez pas à participer à cette généreuse entreprise, ouverte à tous.
La même ambition anime l’association
Arts-terres qui développe des projets
culturels accessibles aux sourds. Intéressant (et ahurissant !) de noter que la
langue des signes (LSF) n’a été autorisée pour l’enseignement qu’en 2005!
Découvrez la 2e édition du festival insolite Sur le fil avec des spectacles
bilingues (langue orale et LSF), mais aussi des tables rondes sur le partage des
expériences et des spectacles. Là encore, les entendants sont bienvenus !
© ZimZam Cie
Cela fait 4 ans que l’association ZimZam
propose stages et ateliers permettant
aux handicapés mentaux de pratiquer
des disciplines liées au cirque, dans un
but à la fois éducatif et thérapeutique.
Depuis 2007, un festival de cirque rassemble des troupes dont plusieurs ont
intégré des personnes handicapées mentales jouissant du statut d’intermittent.
L’Institut Médico Éducatif Vert-Pré
implanté à Ste Marguerite accueille ce
festival différent et original en ce
qu’il veut «promouvoir les Arts du Cirque comme outil de reconnaissance des
compétences des déficients mentaux»,
le cirque devenant ainsi le lieu où se
nouent de nouveaux liens sociaux entre des publics mixtes.
9 compagnies professionnelles, 51 artistes vont se produire sur 5 espaces
scéniques pour 8 heures de spectacles, cirque intime ou burlesque. Notez
que ZimZam a reçu le 3e Prix national
Fadoli’s Circus
le 26 septembre de 13 à 20h,
entrée libre
Restauration sur place
04 13 59 06 35
IME Vert-Pré, Marseille 09
© ZimZam Cie
Sur le fil
du 9 au 11 oct
Marseille, divers lieux
04 91 81 34 25
www.arts-terres.org
CHRIS BOURGUE
TROTTOIRS DE MARSEILLE | ESBAM | BADABOUM THÉÂTRE | ICI
FORMATION
75
En cette rentrée, quelques activités ludiques pour petits et grands...
Ivresses argentines et andalouses
© Michele Giovannangeli
L’association Les Trottoirs de Marseille a proposé jusqu’à
fin septembre des démonstrations de tango sur le parvis de
l’Opéra. Juste après le Festival de Marseille, certains couples
donnaient envie d’entrer dans la danse ! Si vous désirez vous
initier à cette danse émouvante et sensuelle participez au
stage gratuit le samedi 19 septembre au Théâtre du
Bompard, puis débutez les cours le 22 septembre.
Les Trottoirs de Marseille rassemblent à ce jour 150 adhérents
et une dizaine de bénévoles enthousiastes. Leur président
Michel Raous raconte : «Il y a 20 ans quelques amis passionnés se sont initiés au tango avec Josette Pisani (actuellement
directrice de Marseille Objectif Danse). Peu à peu l’association s’est développée. Par amour de la musique et de la danse
on se retouve pour la «milonga» (le bal-tango) du jeudi, tous
niveaux confondus.»
Parmi les enseignants : Laure Boucaya et Christophe Apprill.
Ce dernier est aussi sociologue et a publié plusieurs études
dont Tango : le couple, le bal et la scène (éd.Autrement), qui
montre que le tango est une aventure sensuelle qui s’adapte
aux transformations de la société.
Tradition gitane, le Flamenco andalou s’est fait une place de
choix depuis les années 70 et se pratique dans 2 lieux incontournables. La Mesón propose des cours et des stages
animés entre autres par La Rubia, marseillaise désormais
installée à Jerez. Cours aussi de guitare et de chant.
Le Centre Malvaloca, quant à lui, dispense des cours de
flamenco et de sevillanas. Ana Vidal, chorégraphe et danseuse formée en Argentine et en Espagne vous initiera aux
«zapateados» et aux «palmas» dès l’âge de 4 ans !
Les Trottoirs de Marseille
Théâtre Bompard
04 91 48 09 29
www.lestrottoirs.fr
La Mesón
04 91 50 11 61
Centre Malvaloca
Portes ouvertes du 21 au 25 sept
06 23 85 35 86
Ivresses dyonisiaques
En cette rentrée nouvelle les enfants
programment leur formation artistique.
Aussi vous pouvez les inscrire aux
ateliers-théâtre du Badaboum dès
4 ans. Il leur sera proposé des exercices ludiques pour une approche du
jeu dramatique, les plus grands pourront participer à des ateliers d’écriture
durant lesquels la parole se libère, et
une histoire se construira peu à peu qui
débouchera en fin d’année sur un
spectacle.
Depuis 19 ans le Badaboum Théâtre
peaufine ses missions de création et
de formation pour les jeunes et offre
des spectacles dont la qualité va
croissant. Aussi rassemble-t-il un nombre toujours plus important de jeunes
spectateurs : l’an dernier plus de 27
000 pour plus de 300 spectacles !
Autant dire que parents, enseignants,
éducateurs mesurent l’intérêt de proposer ces moments de partage et
d’éveil du sens critique et de la sensibilité. Car c’est aussi une école du
spectateur que propose l’équipe du
théâtre.
Dans cette optique le Badaboum innove encore en présentant un festival du
2 sept au 10 oct, Le Bada fait son
Boum, occasion de spectacles de
danse, contes, marionnettes, clowns
avec des compagnies invitées et des
créations maison. À consommer selon
sa fantaisie !
Le Badaboum Théâtre
04 91 54 40 71
www.badaboum-theatre.com
La nuit de l'ogre doux © X-D.R.
Griseries
colorées
L’ESBAM (École Supérieure des
Beaux-Arts de Marseille) propose ses
Ateliers Publics de pratique artistique avec des cours pour adultes et
enfants. 8 sites se dispersent du nord
au sud de la ville. Dessin, modelage,
peinture, vidéo sont proposés et
l’année se termine par une exposition
générale (voir Zib 20). Des cours
spéciaux sont dispensés pour la
préparation des concours d’entrée aux
écoles d’Art avec des formations intensives pendant les vacances scolaires.
Parallèlement sont proposés des cours
d’histoire de l’Art. Une belle approche
de l’art contemporain sous toutes ses
formes et ses pratiques !
Profitez des Journées Européennes
du Patrimoine pour découvrir l’école
d’Art à Luminy : elle ouvre ses portes à
tous et propose une visite en langue
des signes car un de ses atouts est
d’accueillir les sourds et les malentendants.
ESBAM
Inscriptions aux ateliers
du 5 au 9 octobre sur les lieux
des séances.
04 91 82 83 10
www.esbam.fr
Visites de l’école les 19 et 20
septembre sur RDV auprès
de l’Office de Tourisme
04 91 13 89 00
Le retour
de la Vespa
Si vous êtes passionné par ce mode
transport né en 1946 et qui revient en
force, ne ratez pas l’exposition des
Vespa de collection dans la cour de
l’Institut Culturel Italien ! Rendez-vous
samedi 19 septembre à 10 h. pour un
petit déjeuner à l’italienne. Les enseignants vous renseigneront sur les
cours, les stages d’italien et la programmation culturelle. Les cours
commenceront le 28 septembre.
Institut Culturel Italien
Journée portes ouvertes le 19 sept
04 91 48 51 94
www.iicmarsiglia.esteri.it
CHRIS BOURGUE
76
PATRIMOINE
JOURNÉES DU PATRIMOINE
Patrimoine pour tous
Les Journées du Patrimoine se déclinent cette année autour du thème national de l’Accessibilité.
À priori peu excitant ? Patrimoine et création, l’an dernier, nous titillait davantage. Pourtant…
La question de l’accession de tous au Patrimoine est
cruciale. Tant du point de vue de sa nécessaire démocratisation, que de l’ouverture au public des lieux
emblématiques, ou encore de l’accès des handicapés
aux lieux de culture. Si aucun de ces thèmes n’est
vendeur pour les communicants, les négliger serait un
contresens : comment comprendre le Patrimoine si on
ne le considère pas justement comme ce qui nous est
commun, ce qui nous fonde ensemble ? Et comment,
si on l’entend ainsi, pourrait-on supporter d’en voir
exclus ceux qui n’osent pas l’aborder, ou ne peuvent
simplement pas l’approcher ?
Les lieux de culture patrimoniale ont fait ces dernières
années des efforts de démocratisation et de médiation
considérables : ils ont ouvert des ateliers de pratique,
proposent des visites guidées, des panneaux explicatifs
plus nombreux et simplifiés, des journées gratuites et
des tarifs accessibles, des trajets particuliers pour les
scolaires. Les Français vont globalement au musée
plus que leurs voisins… Souvent pendant les vacances,
hors de leur lieu d’habitation. Ils adorent les visites
guidées des villes, du patrimoine bâti historique. Bien
sûr tout reste à faire avant qu’une majorité de Français
entre (avec plaisir !) dans les lieux de patrimoine…
Mais les Journées montrent bien, par leur succès, que
lorsque les portes sont ouvertes beaucoup les franchissent !
Reste la question du handicap. Cruciale, emblématique de ce qu’un pays est capable d’investir dans
des équipements destinés à n’être jamais rentables.
Se priver de la clientèle (ou du vote) des handicapés
ne coûte presque rien. Les accueillir est un gouffre
financier. Peut-être le degré de civilisation d’une
nation se mesure-t-il à ce genre de choses ? la France
est à la traîne…
A.F.
Ils n’ont pas moins de droits
Ah ! Les vacances… vous en revenez,
vous en rêvez. Ces mots magiques attisent notre imaginaire. Mais la magie,
parfois, perd ses pouvoirs et de vilaines
fées Carabosse viennent tout contrarier.
À l’heure où l’on parle tant de différences culturelles, il est une préoccupation
marginale : l’accès des handicapés aux
activités de tous. C’est pour pallier ces
manques qu’a été créé le label «Tourisme et Handicap».
Un label
Depuis 2003, année européenne des personnes handicapées, les départements
de Haute Provence et des Bouches-duRhône sont devenus départements
pilotes. À Quinson, lors de la journée
du 17 juillet à laquelle étaient invités
les professionnels du tourisme et les
associations de défense des droits des
handicapés, tous ont insisté sur l’évolution des sites labellisés dans notre
région : 26 en 2006 et 202 aujourd’hui!
Ensemble ils constatent pourtant le retard de notre pays. Rendre la région
accessible à tous s’inscrit dans une
démarche nationale : il s’agit d’informer
et de sensibiliser, d’animer aussi, d’aider,
de conseiller, de promouvoir et de valoriser le label TH. En étant convaincu
que cela participe à la qualité touristique d’une région.
Le comité régional de tourisme s’appuie
sur deux outils, un guide version papier
et un site grand public, Tourisme et
Handicap (www.tourisme-handicaps.org).
Le temps presse, il est nécessaire pour
tous les lieux de se mettre aux normes,
avec comme date butoir 2015 !
Des lieux
Jean Gagnepain, directeur du musée
de la Préhistoire, affirme avec conviction : «le musée est fait pour le public,
tous les publics.» Il demande que le
musée, qui satisfait actuellement aux
critères du label TH pour deux catégories de handicap, puisse être équipé
pour l’accueil des 4 catégories. (Déficience visuelle, auditive, motrice, mentale).
Il rappelle le programme européen, «to
touch or not to touch», qui travaille à ce
que les musées soient adaptés aux handicaps visuels et auditifs.
Ainsi, à Quinson, des textes en Braille
permettent de connaître le contenu des
vitrines. Bientôt des moulages (en projet) donneront à voir par le toucher, des
audiophones branchés sur les différentes
fréquences des dioramas en dévoileront
le contenu. Une résine spéciale antidérapante recouvre la rampe d’accès, des
modifications ont été effectuées pour
l’installation d’un ascenseur. Mais chaque
opération prend du temps, que ce soit
la fabrication d’un équivalent tactile de
chaque vitrine en trois D, le projet d’une
bande pododactyle pour les mal voyants,
l’installation de boucles magnétiques
(conducteurs électriques reliés à un
amplificateur de sons) pour les mal
entendants…
Une adaptation
permanente
Par un jeu de questions simples, pratiques, le guide du musée permet aux
déficients mentaux de renouer avec le
sens. Par une véritable démarche scientifique, basée sur l’observation : que
reste-t-il ? Que manque-t-il ? Pourquoi?
Les visiteurs reformulent, s’exclament,
s’interrogent se passionnent. La matière,
sa transformation par l’homme, est l’axe
principal employé pour évoquer l’évolution humaine. Toucher, manipuler,
formule valable pour tous les types de
handicap. D’ailleurs, hors handicap,
n’est-ce pas une manière vraiment enrichissante pour tous ? Ces équipements
ne permettront-ils pas à chacun d’exercer ses sens et son esprit autrement ?
© D. Matz
Au village préhistorique, on apprend à
faire du feu. Un mal voyant sera volontaire pour la méthode de la percussion.
L’étincelle jaillit «aïe !», une odeur de
pain grillé, le velouté de l’amadou,
convivialité tactile, union de tous les
souffles autour de la braise fragile. Il
n’y a plus de handicap, il y a des êtres
humains autour de la magie fondatrice,
la flamme enfin jaillit.
Les activités sportives aussi s’adaptent,
tous, quel que soit le handicap : un peu
plus loin sur le Verdon les canoës du
club Aquattitude ont reçu l’homologation pour l’accueil de tous. Les gîtes ne
sont pas en reste : la région tout entière s’adapte peu à peu. Pierre Cartier,
chargé de la mission touristique sur le
Verdon souligne la nécessité de mettre
en réseau les différentes initiatives
isolées les unes des autres, pour une
politique d’ensemble sur la question. Il
est impératif d’informer le public des
possibilités d’accueil. Un questionnaire
spécifique au parc du Verdon a été
élaboré pour faire un état des lieux et
laisser émerger de nouveaux projets.
Car repenser le handicap, ou la mobilité
réduite, permet en réalité de repenser
notre vie, notre accès au monde, nos
sens. Le handicap nous amènera peut
être à une conception plus civilisée de
l’existence !
MARYVONNE COLOMBANI
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Au Programme
AIX
Cie Marie-Hélène Desmaris – 06 89 94 55 79
Présentation de la création Danse Nature
Humus Corpi-i : itinérance ponctuée de 4
solos sur les 4 éléments, de 2 duos sur la rencontre de deux éléments et d’1 quatuor avec
les quatre éléments qui s’affrontent. Le 20
sept à 17h au Pavillon Vendôme.
BEAUCAIRE
Office de tourisme Beaucaire Terre d’Argence – 04 66 59 26 57
Les 19 et 20 sept : visite guidée du Château
(à 9h30) ; visite libre du Musée du Cheval
et l’Eperonnerie d’Art avec la découverte
d’une collection unique : la collection René
François, acquise cette année par la Ville de
Beaucaire, rassemble des objets rares, voire
exceptionnels, de harnachement et d’éperonnerie de tous les pays, de l’Antiquité à nos jours
(10h à 12h et 14h à 18h) ; visite guidée de la
cave Gallo-Romaine, film et initiation à la
dégustation de 3 «vins romains» (14h à 18h).
l’association Rire Sourires de Provence, à
14h ; chants à capella de Renat Sette, à
16h30 dans l’église du Prieuré. Site aménagé pour les personnes malvoyantes (panneaux
en relief et en braille, audio-guides…)
MARSEILLE
Le Merlan – 04 91 11 19 20
Découvrez le petit monde de Lamerboitel :
petites formes artistiques et ludiques conçues
comme des «éclats» du spectacle L’immédiat.
Le Bribophone à cassettes (fauteuil à interrupteurs mis à disposition des spectateurs)
et Le cinéma-miettes (petit cinéma clandestin qui projette de minuscules chefs-d’œuvre).
Le 19 sept de 14h à 18h à la Savonnerie du
Midi.
Parcours d’artistes dans le cadre du dispositif
Tremplins 09 : présentation des installations
réalisées in situ autour de la thématique des
«délaissés» par Pauliina Salminen, artiste
vidéaste, Alice Gadrey, sculptrice et Mélanie
Terrier, photographe. Le 19 sept dès 10h à la
Maison des Associations du Canet (14e).
LA ROQUE D’ANTHÉRON
Mairie – 04 42 95 70 70
À l’abbaye de Silvacane, visites commentées
à 10h30 et 14h30 (19 et 20 sept) ; Conférence Silvacane et le nombre d’Or, l’utilisation
du nombre d’Or dans la construction des
abbayes, par Jean Guyou, auteur d’ouvrages
sur la construction d’abbayes cisterciennes
(20 sept à 16h) ; Exposition d’art contemporain, interventions spatiales de Michel
Vallière, vidéo-projection de Yannick Grapard
sur les Operarius romans dans l’abbatiale,
sculptures de Bernard Pagès dans le paysage de l’abbaye, les mondes crépusculaires
de J.-M. Sorgue dans le réfectoire (19 et 20
sept de 10h à 18h).
MANE
Musée et jardins de Salagon – 04 92 75 70 50
Le 19 sept : visites guidées du monument et
son histoire, de 14h30 à 17h30 toutes les
heures ; le 20 sept : visites guidées du monument et des jardins, présentation de
l’installation artistique de Paule Riché sur
le thème Présence, terre, univers et découverte de l’exposition Vannerie d’ici, vanneries
d’ailleurs, avec démonstration de vannerie (à
partir de 11h tout au long de la journée) ;
ateliers pour enfants : plantes à tordre et à
tresser, dès 10h30 toute la journée ; spectacle théâtral et patrimonial : La scientifique
rencontre de Gassendi et de Gaffarel, par
Maîtrise des Bouches-du-Rhône –
04 91 11 78 42
Concert Voix en Barcarolle, chœurs, chansons
et fables de Poulenc, Ibert, Debussy, Offenbach, Fauré, Calmel. Le 19 sept à 17h à
l’Abbaye de Saint-Pons (Gémenos).
APCAR la Cité des Arts de la Rue –
04 91 03 20 75
Mise à la verticale d’un bus par la cie Générik
Vapeur et signature d’une convention entre
l’Association de Préfiguration de la Cité
des Arts de la Rue et l’association Arnavant
afin de développer les pistes de partenariats
entre Culture et monde de l’entreprise (17
sept à 16h) ; Ouverture et visite du chantier
de La Cité des Arts de la Rue (19 sept de
14h à 18h) ; Tous Aygo, visite scénographiée
de la cascade des Aygalades (19 sept de
14h à 18h).
La Friche la Belle de Mai – 04 95 04 95 04
Balade vertigineuse en via cordata sur les
toits de la Friche avec Franck Gaudini et
Sébastien Valancogne (brevets d’états d’escalade) et une création sonore réalisée par le
collectif 201, Silex et guing’Art (17 de 17h
à 20h30, 18 de 14h à 20h30, 19 de 14h à
20h30 et 20 de 10h à 18h) ; balade art contemporain du Cartel (regroupement des opérateurs
arts visuels de la Friche (19 et 20 sept à 15h);
balade des Rêves Urbains : à la demande
d’Euroméditerranée, la cie des Rêves Urbains
propose une découverte de l’ancienne manufacture des Tabacs de la Seita, de son
architecture, mais aussi du projet d’aménagement de l’actuel pôle artistique de la
Friche (19 sept à 10h et 14h).
Office du tourisme et des congrès –
04 91 13 89 00
Visite des Archives Municipales, ancienne
manufacture des tabacs, rdv à 10h, 11h,
14h30 et 16h à l’accueil des Archives (19 et
20 sept, accessible aux handicapés) ; Visite
du «Vieux Marseille» Vieux Port, Maison
Diamantée, Les Accoules, Vieille Charité, place
de Lenche…, rdv à 10h,14h et 16h30 à
l’Office du Tourisme et des Congrès, durée 2
heures environ (19 et 20 sept, accessible
aux handicapés) ; Visite de l’école de Danse,
Ballet National de Marseille, rdv à 10h,
11h15, 14h30 et 16h devant l’école (19 et
20 sept) ; Visite de l’école supérieure des
Beaux-Arts, rdv à 10h, 11h15, 14h30 et 16h
devant l’entrée principale de l’école (19 et
20 sept) ; Visite de l’Hôpital Caroline (îles
du Frioul), ouverture exceptionnelle du site
en partenariat avec la Mission Caroline et le
groupe Actavista, rdv à 10h45, 14h, 15h et
16h à l’entrée de l’Hôpital Caroline (19 et 20
sept).
MAS-THIBERT
Les Marais du Vigueirat – 04 90 98 70 91
Promenades en calèche, moyen de découverte
accessible aux personnes à mobilité réduite.
Départs à 10h et à 15h, gratuit, sur réservation (19 sept) ; Le sentier des cabanes,
cheminements ludo-pédagogique de 500m
sur pilotis où les fauteuils peuvent circuler
sans difficulté et se croiser en plusieurs
points ; sortie nature Les Marais du Vigueirat
d’hier à aujourd’hui avec un guide naturaliste
(19 sept, gratuit sur réservation) ; découverte
des Marais du Vigueirat par le langage des
signes avec un animateur de la LPO PACA (20
sept, gratuit sur réservation).
SALON-DE-PROVENCE
Office de Tourisme – 04 90 56 27 60
Circuit commenté du patrimoine fortifié de la
ville par Monsieur le Conservateur des Musées
de l’Empéri et de Salon et de la Crau, 19 et
20 sept à 14h et 16h ; balade animée par un
guide conférencier sur le thème La flore et
les botanistes salonais au détour de la fraî-
cheur des fontaines de Salon et de leur flore
singulière (départ de l’OT à 9h30, 11h00,
14h30 et 16h00, 20 sept).
VERS-PONT-DU-GARD
Pont du Gard – 0 820 903 330
Démonstration de taille de silex avec
Guillaume Boccaccio, archéologue et
préhistorien (19 sept à 14h30, rive droite);
conférence de Dominique Garcia, professeur d’archéologie, sur Un siècle de
recherches sur les Gaulois dans le Midi (19
sept à 17h30, auditorium rive gauche) ;
fouille archéologique pour les enfants Sur
les traces du passé avec un archéologue
de l’INRAP et un animateur du site (20
sept à 14h30, rive gauche).
VITROLLES
Mairie – 04 42 77 90 00
Visite de la maison de maître du domaine
de Fontblanche (15 et 22 sept à 14h) et
circuit commenté des œuvres de Guillaume
Bottazzi (15, 18, 22 et 25 sept à 14h) ;
vernissage/présentation du livre Une
Ville, cent histoires, par l’auteur Marie
d’Hombres, de l’association Récits, dans
le cadre du Projet de Rénovation Urbaine
(PRU) du quartier des Pins (18 sept à
partir de 18h30 hall du centre culturel
George Sand) ; enregistrement de «lectures ouvertes» par des Vitrollais (du 15
sept au 9 oct hall du centre culturel
George Sand).
VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON
La Chartreuse – 04 90 15 24 24
Trente ans de restauration : visite-conférence avec trois architectes en chef des
monuments historiques -Jean-Pierre Dufoix pour le grand cloître, le portail de la
Valfenière, le logement du prieur, les
appartements du pape, l’accueil de 1979
à 1994, Jean-François Grange-Chavanis
pour la cour des frères, les cellules N, O,
P, U, le petit cloître, les salles Saint-Jean
de 1992 à 2004 et Thierry Algrin pour
les cellules V, W (cuisines), l’allée des
mûriers, l’aménagement intérieur du tinel,
l’hôtellerie- boulangerie (en cours) depuis
2004- qui témoignent de leur expérience
et éclairent les différents programmes de
1979 à aujourd’hui (19 sept à 15h30).
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PATRIMOINE
MUSÉE DÉPARTEMENTAL DE L’ARLES ANTIQUE
La mémoire des eaux
Le musée bleu s’est refermé
sur les merveilles de l’exposition
du Louvre, De l’esclave à l’empereur.
Mais déjà dans les entrailles
de ce grand navire jeté sur les bords
du Rhône, dans la presqu’île du grand
cirque romain, se prépare l’évènement
que tous attendent: le dévoilement
des recherches effectuées par Luc
Long. Claude Sintès, le directeur
du Musée, nous en a dévoilé la teneur
L’exposition rendra compte des 20 années de fouilles et de
recherches, menées sous la direction de Luc Long, Conservateur en chef au Département des recherches en archéologie
subaquatiques et sous-marines et commissaire scientifique de l’exposition. Les découvertes s’échelonnent dans
le temps et l’espace, du large des Saintes Maries de la Mer
au port d’Arles.
Une dispute sans objet
On ne peut pas évoquer ces fouilles sans penser à la tête
de César. Le buste, objet d’élucubrations variées a suscité
tant de débats qu’il serait vain d’en rapporter les minutes!
Dispute de territoire, exaltation de personnes mal informées, presse alléchée par le fumet du scandale… tout
était réuni pour une polémique… Toutes les découvertes
sont propriétés de l’État et Madame Albanel a donné au
musée d’Arles la responsabilité de la conservation des
trouvailles, leur entretien, leur exploitation photographique, selon les droits et obligations naturels d’un musée.
Il est bien entendu hors de question de revenir au XIXe
siècle avec le départ obligatoire des pièces au Louvre ou
à Saint Germain en Laye ! La controverse d’ailleurs n’a eu
lieu que lors de découvertes spectaculaires. Les restes
d’amphores, et il y en a des centaines, des paniers, des
glaives… n’ont jamais provoqué de tels remous !
Pas de coup médiatique
Claude Sintès insiste. Le propos de l’exposition ne réside
pas dans la présentation d’une pièce vedette. Ce n’est pas
une exposition autour du buste de César ! Il s’agit bien
davantage de rendre sensible l’idée du commerce entre
l’ensemble de la Méditerranée et Arles. 80% du trafic
s’arrêtait là, au port fluvial d’Arelate. C’est là que les
chariots et les chalands chargeaient les denrées pour les
acheminer vers le nord de la Gaule, le Languedoc, la
Provence. La ville était alors une plaque tournante commerciale, à l’instar de nos «hubs» contemporains.
Au XIXe et durant une grande partie du XXe, explique Claude
Sintès, on privilégiait dans les fouilles le bel objet, le reste
était simplement détruit : l’archéologue fait les choix que
son époque induit ! La vie de la ménagère ou de l’ouvrier
n’intéressaient guère les collections des musées, il fallait
impressionner, émouvoir, séduire le visiteur. Les choix
étaient avant tout esthétiques, voire décoratifs. Jamais
documentaires.
Aujourd’hui, l’histoire s’intéresse aussi à la vie de tous les
jours, aux éléments économiques. C’est pourquoi, les
objets du quotidien, paniers, aiguilles, amphores, marmites…
ont autant d’importance sinon plus, aux yeux de l’archéologue contemporain, que le bel objet qui déplace les foules.
Un osier tressé donnera de précieux renseignements sur la
manière de vivre des habitants, la forme d’une amphore permettra d’en déterminer la provenance, le contenu même !
Indications sur l’alimentation, les relations commerciales,
l’économie et donc aussi les liens tissés entre les différents
peuples…
Mise en espace
L’exposition s’articulera autour de thématiques : les objets
liés au commerce comme les amphores, puis les zones même
du commerce, (Espagne, Afrique, Provence), enfin les instruments du commerce, bateaux adaptés à la navigation
maritime et fluviale, et ce à travers des maquettes, les
restitutions des fouilles en regard des reconstitutions,
pour redonner un sens à cette navigation.
Ensuite, l’Arles terrestre, rendue prospère par ce trafic, sera
évoquée grâce aux éléments architecturaux trouvés.
Plusieurs hypothèses seront présentées, à partir de
reconstitutions sous forme d’aquarelles, de maquettes. Il
s’agira de montrer les rives d’Arles au temps d’Arelate, en
soumettant diverses interprétations. Des reconstitutions
vidéo donneront à l’ensemble le cachet de la vraisemblance. Ce travail en relation avec SUPINFOCOM permettra
d’articuler l’exposition sur trois plans, le lieu de fouille,
l’objet trouvé, et le film comme une aide à l’imaginaire.
Ce n’est que dans la dernière section que seront présentés
les «beaux objets», le Neptune monumental (1m80) les
bronzes dorés, l’esclave aux mains attachées et… bien
sûr le fameux buste de César ! Ne l’attendiez-vous pas
depuis le début ?
vation, de mémoire, et cette mémoire
se doit d’être vivante, d’avoir des
relations avec le monde, par le biais
d’expositions temporaires, et en mettant tout en œuvre pour faire vivre
les collections qui lui sont confiées.
Lieu de recherche, de découverte, de
vie, d’événements : le musée bleu sous
la houlette de son directeur en est un
témoin exemplaire !
D’ailleurs Claude Sintès, attentif aux
souhaits des visiteurs qui ne peuvent
épuiser le contenu du musée en une
seule visite, émet le projet d’un billet
annuel qui permettrait de se rendre
au musée ad libitum ! Alors ne vous
privez pas de ce bonheur : cette culture se consomme sans modération !
MARYVONNE COLOMBANI
César, le Rhône pour mémoire
20 ans de fouilles
dans le fleuve à Arles
Du 24 oct. 09 au 19 sept 10
Musée départemental Arles Antique
04 90 18 89 08
www.arles-antique.cg13.fr
Pas une école
Attention cependant ! Malgré cet outillage, cette profusion
d’informations précises, cette volonté pédagogique de
présentation, Claude Sintès se défend bien de transformer
son musée en école. C’est avant tout un lieu de conserPortrait en marbre de Junon ou de Vénus, in situ © C.Chary/ 2ASM / DRASSM