Dranse de Morzine

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Dranse de Morzine
Dranse de Morzine
1 - Informations générales
Département(s) concerné(s) : Haute-Savoie
Commune(s) concernée(s) : ABONDANCE BELLEVAUX BONNEVAUX CHATEL CHEVENOZ ESSERT-ROMAND LA
BAUME LA COTE-D'ARBROZ LA FORCLAZ LA VERNAZ LE BIOT LES GETS MONTRIOND
MORZINE SAINT-JEAN-D'AULPS SAMOENS SEYTROUX VACHERESSE VAILLY
VERCHAIX
Famille de paysage : Paysages ruraux patrimoniaux
Surface (ha) : 20414
Carte IGN :
DREAL Rhône-Alpes - page 1/6
Dranse de Morzine
2 - Impression générale
La Dranse de Morzine est une vallée rurale (1), très boisée (2), difficile d’accès (3). Elle fait partie, avec la Dranse d’Abondance et la
Dranse du Brévon, d’un ensemble de trois vallées ayant leur identité propre, mais présentant de fortes similitudes de culture. Depuis
Thonon, leur accès est commun : les gorges de la Dranse. Les parcours présentent dans les trois cas, une vallée qui s’évase
progressivement, pour finir sur un relief important, obligeant à franchir un col ou des gorges pour continuer.
Si l’on parcourt la vallée en été, on reviendra de la Dranse de Morzine avec des souvenirs de versants boisés couronnés de sommets
rocheux ou d’alpages (4). Le fond de vallée, laisse une impression complexe, car la ripisylve forme souvent un écran (5) et les bas de
pentes très boisées sont souvent un obstacle dans la perception des lointains (6). Le parcours est donc très cadré et la vue limitée.
En arrivant à Morzine, dernier bourg de la vallée, si l’on choisi de s’élever vers Avoriaz plutôt que de gagner le col des Gets, alors la
vue se dégage et la montagne devient monumentale (7).
La Forclaz, La Baume, Le Biot, Saint-Jean d’Aulps, Essert-Romand, Morzine, possèdent tous un patrimoine historique architectural
riche parmi lequel on soulignera l’abbaye d’Aulps (8), le vieux pont et l’église de Morzine (9), les très beaux chalets traditionnels (10)
et les églises néo-classiques sardes, présentent dans tous les bourgs.
Bien évidemment, en période hivernale, une intense activité sportive agite Avoriaz, célèbre station intégrée, Morzine ou encore les
Gets. On se rappellera alors que l’ensemble de ces infrastructures fait partie du domaine skiable Les Portes du Soleil, un des plus
grand des Alpes.
Parcours photographique :
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3 - Identification
Les éléments géomorphologiques qui structurent et bordent la Dranse de Morzine sont les gorges de la Dranse, les gorges du pont
du Diable (1) et le col du Grand Taillet (2) au nord ; le relief dominé par la Pointe des Nanteaux et la pointe d’entre Deux Pertuis (3) et
le Col du Corbier à l’est ; les Hauts Forts (4), la Tête de Bostan (Massif du Haut Giffre) au sud ; le relief dominé par le Roc d’Enfer (5)
et notamment le col de l’Encrenaz et le col des Gets à l’ouest.
La vallée est orientée sud-ouest/nord-est et délimitée par deux versants régulièrement entaillés de micro vallée (6), et ponctués de
sommets. L’occupation du sol est étagé suivant l’altitude et le relief : pâtures et habitats en fond de vallée, forêt sur les versants en
pente, sommets rocheux et alpages en altitude (7).
Le paysage de la Dranse de Morzine est assez homogène. On peut cependant distinguer une différence entre l’ensemble de la vallée
d’une part, et le massif des Hauts Forts (Avoriaz) d’autre part, en bout de vallée sans continuité directe avec les versants nord,
caractérisé par ses infrastructures liées à la pratique du ski.
L’implantation du bâti dans la Dranse de Morzine est diffuse (8). On remarque de très beaux chalets (9) et fermes dans les hameaux
à mi-pente. Les chalets sont traditionnellement épars dans les alpages. Les bourgs se concentrent en fond de vallée, légèrement au
dessus de la rivière.
Les chalets traditionnels ont une toiture de grande surface et à 2 pentes avec une croupe cassée sur les pignons avant et arrière. Ils
sont généralement couverts d’ancelles ou d’ardoises de Morzine (10). Leur soubassement est construit de pierres enduites (gris clair)
et le reste de la maison est en bois. Ils ont la particularité d’avoir des galeries de bois découpé, et des volets peints. Dans les
hameaux, en fond de vallée, le débord est moindre qu’en montagne, l’étage peut être en pierre également. Surtout pour les maisons
bourgeoises qui ont un plan carré, un toit à quatre pentes et des balcons et encadrements de porte ornementés (11). Les greniers
traditionnels (Mazots) en bois de mélèze pour le bardage et toiture d’ardoises marquent également le paysage (12).
D’autres éléments participent à l’identité de cette vallée et notamment les vaches type Abondance à la robe rouge foncé, que l’on voit
partout dans les champs et les alpages (13) ; les clochers à bulbes (14) (à La Baume, par exemple), les vergers nombreux qui
existent encore et bordent souvent les routes ou chemins en limite de village (15), mais aussi les remontées mécaniques autour des
stations de ski, le barrage EDF du lac du Jotty, et la zone artisanale du Biot.
Parcours photographique :
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4 - Qualification
L’ensemble de la vallée de Morzine est réputé et cité dans les guides. Morzine est présentée comme la capitale du tourisme du
Haut-Chablais. Ski, festival du film fantastique, randonné nature, alpages, AOC du fromage Abondance, architecture historique et
contemporaine font de cette vallée un ensemble riche et diversifié.
La station de ski d’Avoriaz, connue pour ses immeubles atypiques recouverts de cèdre rouge (1) et pour son fonctionnement sans
voiture, fait partie comme Flaine du patrimoine architectural de référence édifié en montagne dans la seconde moitié du XXe siècle. «
Evoreya », comme était appelé au XIIe siècle cet alpage, comptait jusqu’à l’après guerre une dizaine de chalets d’estive. Dans les
années 60, sous l’impulsion conjuguée de Jean Vuarnet, champion olympique de ski morzinois, de Gérard Brémond, promoteur qui
créa par la suite Pierre&Vacances, et des pouvoirs publics de l’époque, via le « Plan Neige », politique menée par le « Service
d’Etude et d'Aménagement Touristique de la Montagne », naît le projet d’une station intégrée qui occuperait le plateau des
Hauts-Forts. Le terme d’intégrée vient de la volonté de maîtrise de l’ensemble de l’opération (bâti, espaces extérieurs,
infrastructures…), de son financement et réalisation, en réaction aux développements désordonnés de stations de secondes
générations comme Courchevel ou Chamrousse. Avoriaz sera donc construite ex-nihilo de 1965 à 2000, sous la direction de Jacques
Labro, Jean-Jacques Orzoni et Jean-Marc Roques, architectes. Elle s’illustre d’abord par le choix de son site, en bord de falaise, face
aux monumentales montagnes des Hauts-forts, sur un plateau recevant le soleil en permanence. Son architecture qualifiée
d’organique (2), s’oppose formellement au courant moderne. Les toitures portes neige suivent des lignes brisées stylisant le relief (3),
l’implantation des immeubles est dessinée selon un plan affranchi de toute trame régulière (4), et les typologies sont très variées.
Enfin, l’hiver, on n’y circule pas en voiture mais en ski.
Mais Morzine, était réputé pour son tourisme thermal et de villégiature ainsi que pour ses nombreuses randonnées et ses
promenades balisées dans la montagne dès la fin du XIXe siècle. Le téléphérique du Plénay, le premier de la station, existe dès
1935!
Confirmant l’engouement du début du siècle, le domaine skiable franco-suisse « Les Portes du Soleil » dont font partie également les
stations des Gets, de Montriond et de la Grande-Terche, est aujourd’hui un des plus important des Alpes. 12 stations reliées entres
elles permettant de passer d’une vallée à l’autre, au fil des 266 pistes et de…195 remontes pentes.
D’autres bâtiments historiques participent également à la renommée de cette vallée : les ruines de l’abbaye d’Aulps datant du XIe
siècle (5, 6, 7) (site classé), l’église néo-classique sarde et le vieux pont de Morzine (8) (sites inscrits), l’église au clocher baroque de
Montriond (9), et les Chalets de l’Alpe des Chavannes aux Gets.
Les curiosités et les repères naturels ne manquent pas non plus. On peut citer notamment : le lac de Montriond (10), formé suite à un
éboulement au XVIIe, la cascade d’Ardent non loin (11) (site inscrit), les gorges du Pont-du-Diable (12) à La Forclaz et La Vernaz
(site classé), mais aussi les sommets et falaises des Haut Forts (13), et le coteau en bordure de la RN 202 aux Gets.
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5 - Transformation
La Dranse de Morzine connaît aujourd’hui de nombreuses transformations, notamment d’urbanisation diffuse (1) et de fermeture des
vues (2).
Ainsi, les habitations nouvelles s’implantent surtout en fonction des opportunités foncières ou de l’intérêt qu’elles dégageront pour le
tourisme hivernal. Morzine semble grossir toujours plus, et les habitations s’implantent de plus en plus haut dans la pente (3). Les
résidences secondaires et les lotissements continuent à se multiplier notamment autour des stations de ski (Seytroux (4), La Grande
Terche (5, 6, 7)). Le mitage par le bâti s’accompagne de la multiplication d’équipements et d’infrastructures : les pistes de ski ont
remplacé beaucoup d’alpages (8), au col de Plaine-Joux la densité des remonte-pentes fait penser à un parc d’attraction (9). A
Avoriaz, après avoir construit un golf à 1700 mètres d’altitude (10), et développé d’immenses aires de stationnements et
d’infrastructures d’accès, moins médiatisés que la circulation « sans voiture » entre les immeubles l’hiver, Gérard Brémond évoque
une piscine géante recouverte d’un dôme en verre, et la future clientèle de luxe…
Parallèlement, on constate un reboisement dû aux nombreux alpages qui ne sont plus utilisés à cause du relief. Une forêt
inaccessible, abandonnée et vieillissante envahit progressivement la vallée (11). Ce phénomène est clairement visible sur les images
photographiques reconduites à cinquante ans d’écart (12).
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6 - Objectif de qualité paysagère
Face à ces transformations, les enjeux dans la Dranse de Morzine sont de plusieurs ordres :
- Un enjeu de contrôle de l’étalement de l’urbanisation diffuse (1), notamment liées au tourisme hivernal et à la pratique du ski, grâce
au SCOT du Chablais, dont les communes de la vallées font parties.
- Un enjeu d’accueil du tourisme. A cet égard le projet de parking pour le public de l’abbaye d’Aulps est assez exemplaire (2). La
rénovation du corps de ferme de l’abbaye d’Aulps est à souligner également (3). Le projet de rénovation des espaces publics de
Montriond en revanche use d’une écriture est un peu trop urbaine (4).
- Un enjeu sur la section droite et un peu large de la RD902 (entre Pont de Gys et Pont de Couvaloup), principal axe de la vallée, où
apparaissent garages automobiles, usine à béton, stations service, et déchetteries sans aucun aménagement (5, 6).
- Un enjeu de gestion et d’exploitation de la forêt en expansion pour éviter le reboisement.
- La promotion et le soutien des structures paysagères qui marquent l’identité de la vallée comme les vergers en alignement (7).
- Un enjeu de soutien à l’élevage, pour que la pratique de l’alpage soit maintenu (8).
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