Le rapport sur l`EAD
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Le rapport sur l`EAD
Enseignement à distance l’université Paris 8 Bilan d’étape et perspectives Juillet 2011 1 Quel enseignement à distance l’université Paris 8 entend-elle dispenser dans les années à venir ? Piloté par la vice-présidente du conseil d’administration, un groupe de travail a été missionné par le président de l’université Paris 8 en novembre 2010 pour établir un état des lieux de l’enseignement à distance dans l’université et pour élaborer des propositions concernant ses évolutions. Lettre de mission du président (cf. annexe 1) Les axes de l’étude concernent : - l’articulation entre formation à distance et formation en présentiel - l’articulation entre formation à distance et formation permanente ou continue - le recrutement des enseignants et des enseignants-chercheurs - le recrutement des agents administratifs - les relations avec les autres composantes de l’université - les relations avec les services centraux de l’université - les perspectives de développement de l’enseignement à distance. Un groupe de travail « EAD à Paris 8 » a été constitué : 1/ de personnels de l’IED : IATOS, enseignants, enseignants-chercheurs, directeur, ancien directeur, 2/ des directeurs des quatre composantes offrant des formations en présentiel préparant à des diplômes communs avec l’IED, 3/ des quatre vice-présidents et des représentants des trois conseils, 4/ d’un membre de la commission statuts (cf. annexe 2). Vingt-trois personnes au total ont constitué le groupe. Le groupe « EAD à Paris 8 » s’est réuni à huit reprises, entre novembre 2010 et janvier 2011. Un noyau stable d’une quinzaine de personnes régulièrement présentes a permis d’installer une dynamique et une continuité dans un climat de confiance, d’écoute et de reconnaissance mutuelle des positions, compétences, fonctions de chacun. Un large tour d’horizon des problématiques attachées à l’enseignement à distance a été réalisé. Des comptes rendus ont été rédigés et adressés au groupe (cf. annexe 3). Des collègues, dont l’expérience et l’expertise pouvaient éclairer les débats et apporter matière à réflexion, ont été invités : . Christian VERRIER, enseignant de Sciences de l’éducation (présentiel et licence à distance) ; . . . . . . . . . Silke SCHAUDER, enseignante de Psychologie (master à distance) ; Fabienne DROULLOURS, IGE, Soufiane BOUYAHI contractuel, techniciens à l’IED ; Lydie ROLLIN, IGE à l’UFR SEPFLE ; Marcel BROMBERG, enseignant de Psychologie (présentiel et master à distance) ; Jean MEHAT, enseignant d’Informatique (présentiel et licence à distance) ; Sophie JEUSSEAUME et Jean LAINGUI, enseignants de Droit (présentiel et licence à distance) ; Marie-Hélène TRAMUS directrice de l’UFR Arts et Viviane FERRAN, technicienne à l’UFR Arts ; Denis BERTRAND, professeur de Littérature et directeur de l’UFR HLSG ; Françoise MORANGE-MAJOUX maître de conférences de Psychologie (licence à distance). Dès la première séance la réflexion s’est orientée vers un travail de définition de l’enseignement à distance et de ses spécificités. C’est cette recherche à la fois conceptuelle et pragmatique, fondée sur vers la compréhension de pratiques concrètes, qui a structuré les rencontres. Pour impulser davantage la réflexion, nous avons enquêté sur la manière dont les autres universités conçoivent et organisent les formations à distance. Des contacts ont été pris avec des professionnels spécialistes des questions du numérique et de la formation à distance : Antoine RAUZY, de la Fédération Interuniversitaire de l’Enseignement à Distance, Pierre-Jean LOIRET, de l’Agence Universitaire pour la Francophonie – tous deux également membres du conseil de l’IED - et Sophie PENE, vice-présidente TICE à Paris 5 entre 2005 et 2008, aujourd’hui présidente du conseil de l’IED. 2 Le travail d’investigation s’est poursuivi par notre participation à la journée d’étude organisée par la Fédération Inter-universitaire d’Enseignement à Distance1. Nous présentons ci-dessous la synthèse des réflexions auquel a conduit ce travail d’enquête. 1. Un engagement des acteurs dans un mode de formation individualisé. Description Versant pédagogique Le groupe « EAD à Paris 8 » s’est interrogé sur la spécificité de l’enseignement à distance. Très vite a été fait le constat que la spécificité de l’enseignement à distance ne peut pas être analysée en termes d’opposition avec l’enseignement en présentiel : nombre des caractéristiques évoquées d’un côté sont tout aussi remarquables de l’autre. Des porosités s’observent et annoncent des développements mutuels et imbriqués de ces deux formes d’enseignement. S’il y a une spécificité de la pédagogie de la distance, elle émerge au travers des processus par lesquels ses protagonistes s’identifient et se reconnaissent, produisant une culture commune2. Quelle est cette culture ? Celle d’un engagement assumé dans la relation aux étudiants et d’un rapport à la distance, pédagogiquement et didactiquement réfléchi, et techniquement organisé. La pédagogie de la distance est décrite comme une expérience autre A distance, la relation pédagogique est individualisée et directe, les situations collectives se limitant aux regroupements (deux à trois par an en moyenne) et aux échanges entre les étudiants sur les forums. Le dispositif permet un aménagement particulier des rapports pédagogiques entre : 1/ les contenus mis en ligne sur le site, 2/ l’enseignant, 3/ l’étudiant. Cette triangulation produit des effets en termes d’implication des étudiants dans la formation et en termes d’apprentissage ; l’enseignant n’incarne pas les savoirs, il devient de ce fait un interlocuteur plus directement accessible. Le dispositif est incitatif à l’engagement des protagonistes, enseignants comme étudiants : rendez-vous téléphoniques, devoirs et corrections, messages, contenus de cours constituent autant de sollicitations, de stimulations, d’étayages possibles. La continuité de la relation est garantie par la réactivité quasi immédiate des enseignants aux demandes, questions, rendus de devoirs. L’écriture occupe une place essentielle dans la formation, elle est conçue par les enseignants comme un enjeu essentiel de progrès, notamment par les échanges continus écrits et les corrections individualisées. Les pratiques mises en œuvre s’apparentent à des dispositifs d’aide à la réussite, visant à soutenir motivation et désir de se former. L’engagement d’un enseignant dans la distance apparaît alors comme l’opportunité d’un déplacement, d’une formulation nouvelle de questions pédagogiques et didactiques et d’une mise en œuvre de pratiques renouvelées. Les intervenants en enseignement à distance expriment leur attachement à cette expérience, qu’ils présentent comme une altérité par rapport au présentiel. Elle conduit à une élaboration particulière du rapport aux étudiants, du rapport à la formation, à ses enjeux et objectifs. La réflexion pédagogique et didactique n’est toutefois pas spécifique de l’enseignement à distance. Depuis plusieurs années, les dispositifs d’aide à la réussite permettent la mise en œuvre de pratiques de tutorat, d’évaluation et de suivi des difficultés des étudiants et ont conduit à une individualisation des pratiques de formation, en présentiel comme à distance. Tutorat individualisé ou en petits groupe, accueil des nouveaux étudiants, orientation, suivi de stages constituent un ensemble d’activités qui doit être apprécié dans le cadre du référentiel enseignant qui sera élaboré à la rentrée prochaine et proposé aux conseils centraux. 1 « EAD dans l’enseignement supérieur : quels modèles économiques ? Quelles rémunérations ? » (CNAM, Paris, 31 mai 2011) J.F. Lambert, directeur adjoint de l’IED jusqu’en 2010, L. Cavalera, chargé de mission aux moyens auprès du président et C Bouissou, vice-présidente ont assisté à cette journée. 2 Culture commune qui caractérise l’IED et qui s’exprime aussi chez les professionnels de la pédagogie du numérique, tels qu’on les rencontre au sein de la FIED. 3 Versant institutionnel Les personnels de l’IED se reconnaissent dans le partage d’une culture commune. Si celle-ci permet la cohésion des équipes, elle ne doit pas obérer les possibilités de synergie avec les services et autres composantes de l’université. En Psychologie, les équipes pédagogiques de l’UFR et celles de l’IED ont entrepris de se rapprocher. A l’heure actuelle, des membres de l’IED participent au conseil de l’UFR PPCS et plusieurs collègues enseignants répartissent leur service entre les deux composantes - comme cela est le cas en Droit, Informatique et Sciences de l’éducation. Dans l’avenir, le recrutement de collègues enseignants investis conjointement dans les formations en présentiel et à distance devra se renforcer. Le rattachement à une équipe de recherche de Paris 8 est par ailleurs une nécessité pour l’ensemble des enseignants-chercheurs. La situation des enseignants vacataires et des personnels contractuels demande à être clarifiée. A Paris 8 comme ailleurs, la formation à distance a un coût. Il est nécessaire de mieux le connaître, l’anticiper et le maîtriser. La mise en place d’une comptabilité analytique – telle que le service de la formation permanente la conduit à l’heure actuelle – et la définition du référentiel enseignant permettront d’avancer sur ces questions. La création d’antennes « enseignement à distance » ou « du numérique » favoriserait l’identification des ressources pédagogiques et techniques au sein des composantes et leur diffusion auprès de l’ensemble des collègues. 2 Informatique et numérique : ressources et évolutions La pédagogie de la distance requiert un dispositif technique et humain conséquent : tutorat, plateforme d’accueil, échanges à distance. Depuis sa création, la plateforme Claroline de l’IED, interface équipe enseignante/étudiants, s’est enrichie, diversifiée, requerra demain des développements supplémentaires, notamment par le travail de scénarisation facilitant le repérage des étudiants dans le foisonnement des espaces et des outils que propose la plateforme. La scénarisation - appelée parfois « jeux sérieux » - n’est pas toujours nécessaire, elle relève d’un choix pédagogique ; en psychologie, elle pourrait être utile et permettrait d’assurer une meilleure organisation des contenus ainsi qu’une progressivité des apprentissages. Dans le département des Sciences de l’éducation, la plate-forme Claroline est utilisée de manière plus légère, en tant qu’appui aux enseignements en présentiel. De cette manière, l’outil peut être facilement approprié et manié par tout enseignant. D’ailleurs, on observe que des usages variés de la pédagogie à distance ont cours à Paris 8µ. Des enseignants intègrent au présentiel une part d’activité à distance ; ils proposent par exemple des exercices sur un espace collaboratif - Moodle et Wiki. Les techniques sont multiples, d’une complexité variable : mise à disposition d’archives, de publications d’enseignants, d’enregistrements visuels ou sonores de cours, petits IPod. Ces supports viennent enrichir le présentiel. L’enseignement à distance n’est pas forcément synonyme de technicité complexe, lourde, coûteuse, difficile à acquérir, réservée à des spécialistes. En outre, la technicité s’allègera par la mise en place d’une plate-forme « urbanisée » commune à l’ensemble de l’université, coordonnée à Apogée et offrant à chaque enseignant un espace de cours. Un environnement numérique de travail (ENT) est désormais mis à disposition de la communauté de Paris 8 ; dans ce cadre des formations à l’usage du numérique seront proposées dès la rentrée prochaine. La question de l’enseignement à distance ne peut être abordée en faisant abstraction du développement du numérique et de ses conséquences considérables sur les pratiques des acteurs (enseignant, étudiants, personnels administratifs et techniques) et en termes d’organisation institutionnelle. Pour satisfaire à ces nouvelles exigences et les intégrer dans ses projets de développement, Paris 8 a décidé de se munir d’un Schéma directeur du système d’information et du numérique, dont l’édition est prévue pour fin 2011. 4 L’enjeu est d’assurer le développement d’un système d’information (SI3) solide et structuré pour faire face aux nouvelles échéances (notamment le passage aux RCE, en janvier 2012), faire aboutir des projets de développement des formations et de la recherche à court et moyen termes et notamment permettre le développement des TICE dans la pédagogie. Il existe à l’IED et dans d’autres services et composantes, un ensemble de ressources et d’expertises dispersées et dont il convient d’assurer la connexion. 3 Etudiants d’aujourd’hui et à venir Trois visées majeures sont repérables chez les publics recherchant une formation à distance : 1/ acquérir des connaissances, 2/ consolider et cadrer des connaissances acquises par l’expérience, 3/ nourrir l’action par la réflexion. L’enseignement à distance est un atout considérable pour le monde contemporain, en direction de publics attirés par des formations universitaires mais retenus ou engagés ailleurs – pour des raisons variées : activité professionnelle, résidence lointaine handicap, santé… L’université doit s’apprêter à répondre demain à de nouveaux besoins de formation et de culture qui émergent du corps social, en élargissant par exemple le recrutement et l’accompagnement de publics salariés. Les composantes intègreront demain la distance comme une modalité d’enseignement et comme une voie possible d’attractivité et de réussite des étudiants. Un nombre croissant d’universités en France et à l’étranger envisagent leur développement au travers de la formation à distance. Paris 8 ne peut se tenir à l’écart de cette mutation. Il existe diverses formes, expériences nouvelles ou anciennes sur lesquelles on peut prendre appui. Deux exemples anciens sont remarquables : l’Open University Britannique, université entièrement à distance créée en 1969 qui connaît un grand succès et la TELUQ, Tele-Université à distance du Québec, qui propose depuis 1972 des chaînes de cours à domicile. Plus proche de nous, le CNAM entreprend de transposer à distance - une partie au moins de - toutes ses formations et forme le projet de devenir l’Université numérique de l’éducation tout au long de la vie. Paris 8 peut s’inspirer des modèles voisins, sans toutefois renoncer à ses missions – la formation d’étudiants d’horizons et de profils variés - ni à ce qui fait la marque de l’enseignement « à la française » : une conception socio-constructiviste de l’acte d’enseignement, accordant un rôle fort à la « présence enseignante », au tutorat et à l’accompagnement4. Nos échanges avec des partenaires extérieurs ont permis de faire émerger des pistes de déploiement de l’EAD, qu’il conviendra d’explorer dans les mois à venir et dans la perspective du prochain contrat d’établissement. L’enseignement à distance peut être une modalité adaptée pour faire vivre des formations très spécifiques attirant un public géographiquement dispersé. Le doctorat à distance est une autre piste pertinente étant donné les nombreux doctorants étrangers inscrits à Paris 8. Une expérimentation d’un « labo virtuel », pour un enseignement de méthodologie à distance pourrait être envisagée. (Notons qu’il existe déjà à l’IED une interface d’expérimentation à distance qui permet aux étudiants de mener des travaux pratiques et aux chercheurs de réaliser des expériences à distance). Il faut souligner un point préoccupant : le très fort taux d’abandons d’étudiants en première année mérite la plus grande attention. Il ne peut être question d’éluder cet aspect en raison des bénéfices financiers qu’apporte l’inscription massive d’étudiants. Il faut se soucier d’améliorer les taux de présence aux examens et les taux de passage en année supérieure et réfléchir à la manière dont une formation universitaire, en présentiel ou à distance, accueille et accompagne ses étudiants5. 3 SI : architecture des applications logicielles et de leurs connexions. Parfois exagérément revendiqué, ce modèle a cependant l’intérêt de susciter un questionnement pédagogique et didactique sans doute heuristique pour penser les obstacles cognitifs à l’apprentissage et le rôle déterminant de l’enseignant-médiateur. 5 La pédagogie à distance semble plus indiquée pour des étudiants déjà acculturés à l’enseignement supérieur ou professionnellement expérimentés et autonomes. 4 5 L’attractivité de la culture française est un atout, l’interdisciplinarité également et Paris 8 doit y trouver matière à développer son offre de formation et ses stratégies de recrutement de nouveaux étudiants. L’enseignement à distance est une perspective intéressante pour des formations dont les effectifs se réduisent et pour des enseignants prêts à développer leurs modes de travail, renouveler leurs cadres d’analyse, s’ouvrir à de nouveaux contextes proches ou lointains, concevoir leurs diplômes en direction d’autres publics - par exemple des francophones adultes travaillant et cherchant à se former à la culture française. Certains départements – notamment ceux dont les effectifs se réduisent - pourront se renforcer en proposant une transposition à distance de leurs formations6 ou des formules hybrides garantissant une part de présentiel. Soulignons enfin que désormais, les offres de formation devront nécessairement intégrer l’étude de leur soutenabilité financière. Conclusion Cet état des lieux permet à l’université d’apprécier l’importance de l’enseignement distance et d’explorer encore les possibilités de déploiement de cette pédagogie dans les formations de demain. Le développement inéluctable de l’EAD oblige à trouver les meilleures conditions de son organisation, tant technique que pédagogique, administrative que financière. L’avenir du « tout à distance » comme celui des formules hybrides requiert une approche intégrative des ressources numériques, humaines, pédagogiques. L’élaboration du prochain contrat d’établissement sera l’occasion de poursuivre la réflexion qui associera les personnels de l’IED et les collègues des autres composantes et services. On peut dès à présent suggérer quelques pistes : . création d’une cellule de développement et de valorisation d’ingénierie didactique et d’informatique, création d’une antenne EAD dans les composantes et rattachement des enseignants : pour une meilleure synergie des acteurs et des ressources ; . accompagnement et formation des enseignants encore peu familiers des outils numériques qui souhaitent surmonter l’obstacle redouté de la technicité : pour une plus grande intégration du numérique dans les pratiques pédagogiques ; . engagement d’une réflexion, en partenariat avec le conseil de l’IED, sur les incidences du développement de l’EAD sur le plan structurel et en termes d’organisation statutaire : pour un positionnement institutionnel favorisant le développement de la distance. 6 De l’avis des spécialistes de l’EAD, il est plus pertinent de proposer une transposition de maquettes existantes que la création de diplômes ex-nihilo (cette remarque concerne particulièrement la formation initiale). 6 ANNEXES Annexe1 : lettre de mission p.8 Annexe 2 : composition du groupe de réflexion p.9 Annexe 3 : comptes rendus des réunions du groupe de réflexion p.10 7 Annexe 1 GROUPE DE REFLEXION SUR L’ENSEIGNEMENT A DISTANCE LETTRE DE MISSION Depuis la création de l’IED en 1997, l’enseignement à distance a connu un développement remarquable à l’université Paris 8. De manière significative, les effectifs de l’IED ont dépassé le chiffre de 5 400 étudiants en 2009-2010. Plus d’un étudiant sur quatre bénéficient à Paris 8 de l’enseignement à distance, qui est dispensé dans quatre champs disciplinaires : la psychologie, le droit, l’informatique et les sciences de l’éducation. Afin de pouvoir accompagner de manière éclairée et responsable une telle évolution, les conseils centraux ont maintes fois ressenti la nécessité de préciser la politique de l’établissement en matière d’enseignement à distance. La préparation prochaine du futur contrat d’établissement est une occasion d’engager une réflexion sur la place de l’enseignement à distance et sur le rôle de l’IED à Paris 8. C’est avant tout l’occasion de définir une politique ambitieuse et innovante en la matière. C’est la raison pour laquelle la direction de l’université et les conseils centraux ont souhaité instituer un groupe de réflexion sur l’enseignement à distance en lui assignant une double mission : 1) établir un état des lieux de l’enseignement à distance à l’université Paris 8 2) élaborer des propositions de nature à éclairer la réflexion des conseils centraux dans la perspective du prochain contrat d’établissement. Plus précisément, ce groupe de réflexion devra aborder – sans que la liste en soit exhaustive – les points suivants : • articulation entre formation à distance et formation en présentiel • articulation entre formation à distance et formation permanente ou continue • recrutement des enseignants et des enseignants-chercheurs • recrutement des agents administratifs • relations avec les autres composantes de l’université • relations avec les services centraux de l’université • perspectives de développement de l’enseignement à distance. Il est attendu du groupe de réflexion la présentation d’un rapport intitulé « Quel enseignement à distance l’université Paris 8 entend-elle dispenser dans les années à venir ? ». Le rapport et les propositions du groupe de travail présidé par Madame Christine Bouissou, viceprésidente du conseil d’administration, devront être transmis à la fin du premier semestre de l’année universitaire 2010-2011. Le groupe de réflexion est habilité à auditionner toute personne ayant vocation à éclairer sa réflexion. Fait à Saint-Denis, le 5 novembre 2010 Le Président 8 Annexe 2 COMPOSITION DU GROUPE DE REFLEXION Directeur IED Elu conseil IED Elu conseil IED Elu conseil IED Elu conseil IED Enseignant IED PR MCF Chargée de cours Biatoss Etudiant Gilles Bernard Françoise Morange-Majoux Catherine Marion-Lissajoux Rafi Daudrah Paul Guichon Lionel Dagot [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] Directeur UFR MITSIC Directeur UFR SEPFLE Directrice UFR PPCS Directrice UFR Droit Directrice FP Commission Statuts VP CA VP CS VP CEVU VP Etudiant Représentant CA Représentant CA Représentant CEVU Représentant CS Représentant CS Représentant CEVU PR PR PR MCF Biatoss PRAG MCF PR MCF Etudiant PR MCF Biatoss PR PR Etudiant Arab Ali Cherif Jean-Louis Legrand Marie-Carmen Castillo Patricia Hennion-Jacquet Lucie Pouessel François Castaing Christine Bouissou Elisabeth Bautier Jean-Marc Meunier Said Mohdeb Béatrice Giblin Sabine Gueraud Eléonore Bourdeaux Edith Sales-Wuillemin Françoise Paquien Seguy Habib Gniengue [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] franç[email protected] [email protected] Ancien directeur IED PR Serban Ionescu [email protected] 9 Annexe 3 1 Comptes rendus des huit réunions du groupe « EAD à Paris 8 » Réunion du groupe de travail ‘Enseignement à distance’ – 10 novembre 2010 Présents : Jean Marc Meunier, Françoise Morange-Majoux, Catherine Marion-Lissajoux, Gilles Bernard, Paul Guichon, Ruddy Bordin, Serban Ionescu, Jean-Louis Legrand, Patricia Hennion-Jacquet, Lucie Pouessel, François Castaing, Elisabeth Bautier, Sabine Gueraud, Eléonore Bourdeaux, Edith Sales-Wuillemin, Maryl Azzoug, Christine Bouissou 1. le cadre Ouverture de la réunion par le président qui rappelle les thèmes sur lesquels la réflexion du groupe devra porter et la mission du groupe. Les axes de réflexion sont : l’articulation entre formation à distance et formation en présentiel l’articulation entre formation à distance et formation permanente ou continue le recrutement des enseignants et des enseignants-chercheurs le recrutement des agents administratifs les relations avec les autres composantes de l’université les relations avec les services centraux de l’université les perspectives de développement de l’enseignement à distance. Les missions du groupe sont de deux ordres : - établir un état des lieux de l’enseignement à distance à l’université Paris 8 - élaborer des propositions de nature à éclairer la réflexion des conseils centraux dans la perspective du prochain contrat d’établissement Christine Bouissou, vice-présidente du conseil d’administration animera le groupe de travail. Un rapport présentera une synthèse des travaux du groupe et des propositions. Il sera remis au président en mars 2011. Les propositions seront débattues dans les conseils au printemps 2011. Les réunions du groupe de travail se poursuivront jusqu’à la remise du rapport. Des comptes rendus seront faits à l’issue de chaque réunion. Un bilan de mi-parcours sera rédigé en janvier. Le groupe de travail élaborera ses propositions en toute indépendance et sans préjuger des conclusions qu’il rendra. Le travail du groupe pourra s’appuyer sur des contributions extérieures et entendra toute personne susceptible d’enrichir la réflexion. Rafi Daudrah qui souhaite participer au groupe de travail remplacera Ruddy Bordin qui souhaite ne plus en faire partie. 2. les points émergeants dans la discussion Une question essentielle autour de laquelle doit être articulée la réflexion est : « Qu’est-ce que l’enseignement à distance ? » 10 Elle est à la fois un préalable, une question transversale à l’ensemble des autres et le point final de la réflexion du groupe. Les frontières sont perméables entre enseignement à distance et enseignement présentiel : des formations en présentiel intègrent une part d’enseignement à distance. L’enseignement à distance sera sûrement amené à se développer dans les années à venir. La spécificité de la relation pédagogique est abordée. ‘Distance ne signifie pas absence’. La spécificité du public inscrit en enseignement à distance est un autre point important. Par conséquent, la particularité de l’enseignement à distance ne se réduit pas à sa dimension technique. Sans doute le public, les projets et les modalités pédagogiques de l’enseignement à distance lui confèrentils un caractère propre, différent de l’enseignement en présentiel. Sans doute aussi les outils, les techniques permettent-ils un enrichissement de la relation pédagogique. Il faudrait cependant préciser ces idées Une autre question est agitée : « comment favoriser l’intégration de l’enseignement à distance dans toutes les formations ? » Ces points méritent d’être approfondis par l’analyse, d’une part, de ce qui distingue « distance » et « présentiel », d’autre part, de ce qui leur est commun. La question des différences et des ressemblances est donc posée. Comment traiter cette question ? Un diagnostic est nécessaire, elle permettra notamment d’identifier les profils d’étudiants inscrits à distance dans les diplômes de droit, d’informatique, de psychologie et de sciences de l’éducation, selon leur âge, sexe, situation professionnelle, lieu d’habitation et de les comparer aux étudiants inscrits en présentiel. Une approche qualitative apportera un complément et a l’avantage de pouvoir être menée plus rapidement que la première. Jean-Louis Le Grand exposera sa perception de la population « à distance » et de ce que ce mode de formation permet sur le plan de la relation pédagogique, lors de la prochaine réunion du groupe de travail, le jeudi 18 novembre. Seront invités à l’accompagner deux collègues investis dans des formations à distance : Christian Verrier et Anna Terzian. 11 2 Réunion du groupe de travail ‘Enseignement à distance’ – 18 novembre 2010 Présents : Jean Marc Meunier, Françoise Morange-Majoux, Catherine Marion-Lissajoux, Gilles Bernard, Paul Guichon, Serban Ionescu, Jean-Louis Legrand, Françoise Paquien Seguy, Said Mohdeb, Ben Ali Cherif, Rafi Daudrah, Edith Sales-Wuillemin, Beatrice Giblin, Martine Poupon Buffière, Lucie Pouessel, François Castaing, Elisabeth Bautier, Sabine Gueraud, Christine Bouissou Invité : Christian Verrier Christian Verrier fait part de son expérience dans la L3 à distance de sciences de l’éducation : Depuis un certain nombre d’années, s’impose la nécessité de donner un élan nouveau à l’enseignement universitaire. Dans ce contexte, l’enseignement à distance est une voie possible d’expérimentation et une force innovante. Il suscite un questionnement pédagogique. Ce qui fait la force de l’enseignement à distance est l’encadrement : une régularité, un cadre, une stabilité de la relation. La distance ne suppose donc pas une moindre présence auprès des étudiants. Il y a des savoir faire et des savoir être spécifiques à l’enseignement à distance et une technicité particulière. La distance, la présence, le rapport au temps s’organisent et opèrent différemment dans l’EAD et dans le présentiel. L’EAD permet une partition différente de la magistralité – mise en ligne des contenus – et des échanges enseignant-étudiant. L’implication des enseignants dans le suivi des étudiants et la cohésion de l’équipe enseignante sont deux autres éléments déterminants de l’efficacité des formations à distance. Se pose la question de la transposition, à l’écrit, d’un contenu magistral ordinairement proposé oralement et de fait, non entièrement stabilisé. Cette question mériterait d’être approfondie. L’enseignement à distance doit pouvoir faire l’objet d’un travail de recherche. Est souligné le rapport des étudiants à leur formation : inscrits à l’EAD, les étudiants sont plus mûrs, moins fragiles, plus engagés. Discussion à propos du cadre institutionnel de l’EAD et de son public: Il faut distinguer EAD et cours par correspondance (« cours papier » exclusivement à l’époque du CNED, ouverture au web et aux outils informatiques aujourd’hui). Il faut aussi distinguer ‘formation permanente ou professionnelle’, terme administratif et ‘éducation tout au long de la vie’, notion conceptuelle. A Paris 8, depuis cette année, les étudiants en reprise d’études sont pris en charge par le service de la formation permanente sur le plan administratif. La manière d’organiser l’enseignement à distance varie selon les universités ; seule paris 8 dispose d’un institut. Il important, dans la discussion, de distinguer l’EAD, sa réalité, son évolution notamment dans sa relation à l’ensemble de l’université, et sa dimension institutionnelle, son organisation interne. 12 Il est difficile d’identifier un profil type des étudiants inscrits à distance. Ils sont diversifiés en âge ; 18% des étudiants de l’IED s’y seraient inscrits directement après le bac. Des données statistiques qui demanderaient à être affinées font apparaître que le public de l’IED est plus féminin, plus favorisé sur le plan socio-économique, plus provincial (même si la représentation de l’Ile de France reste élevée) ; les étudiants étrangers sont moins nombreux que dans les formations en présentiel. Toute expérience pédagogique doit être clairement spécifiée, selon qu’elle concerne le début du premier cycle ou les formations de masters. La spécialité disciplinaire est un élément important à prendre en considération dans l’analyse de telle ou telle formation à distance. Ainsi, les étudiants inscrits en sciences de l’éducation à distance ont déjà une expérience d’études universitaires ; à ce titre leur profil est particulier. Les bons taux de réussite en master renvoient pour une part à des étudiants déjà acculturés à l’enseignement universitaire. En outre, leur situation professionnelle les conduit à s’impliquer particulièrement. Un historique de la création des formations à distance a été présenté ; il a permis de mieux prendre en considération les différenciations existant entre formations. Concernant les sciences de l’éducation, il apparaît que l’EAD a d’abord été appréhendée sous l’angle de l’innovation pédagogique, avant de l’être sous l’angle de sa spécificité au regard des formations en présentiel. Tout projet pédagogique d’EAD doit pouvoir se traduire dans un cadre contraint, concret, sur le plan technique et bien sûr aussi financier. Une question devra être abordée : selon quelles modalités sont comptabilisées les heures enseignantes dans les services ; dans quelle mesure l’EAD doit-elle être comptabilisé au titre des formations et des UFR concernées ou de l’EAD lui-même ? Il faut examiner d’autres expériences d’EAD, dans le cadre d’autres disciplines et d’autres formations. Il est décidé d’inviter Silke Schauder, responsable du master de psychologie clinique à l’IED, lors de la troisième réunion de travail. 13 3 Réunion du groupe de travail ‘Enseignement à distance’ – 19 novembre 2010 Présents : Jean Marc Meunier, Françoise Morange-Majoux, Catherine Marion-Lissajoux, Gilles Bernard, Paul Guichon, Serban Ionescu, Jean-Louis Legrand, Françoise Paquien Seguy, Said Mohdeb, Ben Ali Cherif,, Rafi Daudrah, Edith Sales-Wuillemin, Beatrice Giblin, Martine Poupon Buffière, Lucie Pouessel, François Castaing, Elisabeth Bautier, Sabine Gueraud, Christine Bouissou, Habib Gniengue, Kamel Saïdi Invitée : Silke Schauder Silke Schauder, responsable du master de psychologie clinique à l’IED présente la formation Clermont-Ferrand, Reims, Rennes, Toulouse sont les quatre universités qui avec Paris 8 proposent une formation de psychologie à distance. Portraits des étudiants : ils ont une assise professionnelle très sérieuse, sont exigeants, se comportent comme des partenaires. L’IED accueille des étudiants handicapés et propose des formations à un public de prisonniers. La formation requiert un important travail d’organisation et de planification, tant du côté des étudiants que de celui des enseignants. Le dispositif ‘oblige’ à s’engager ; il est question d’un rapport différent à la contrainte. Les rapports au temps, à l’espace et à la distance opèrent d’une manière particulière dans l’EAD et influent positivement sur l’implication et l’apprentissage. La question de la réussite/échec ne permet pas de qualifier l’enseignement à distance ; les taux sont en effet comparables au présentiel. Les très bons résultats des étudiants en master de psychologie s’expliquent aisément par l’enjeu que constitue cette formation : elle donne accès non seulement au diplôme de master mais aussi au titre de psychologue. Discussion Le master de psychologie clinique est une formation reposant sur une maquette unique – une seule habilitation –, mise en œuvre par deux équipes, selon deux formes : en présentiel et à distance. La relation entre l’IED et l’UFR de psychologie est ancienne ; elle s’est modifiée au cours des ans : au départ, un groupe d’enseignants de l’UFR PPCS a commencé à travailler sur l’EAD ; les relations se sont maintenues entre ce groupe et les collègues de l’UFR ; progressivement, les équipes se sont autonomisées et séparées. Aujourd’hui, c’est au travers des équipes de recherche que des liens se maintiennent ou se créent. Les rapports entre les équipes de l’EAD et les équipes des composantes sont une question essentielle. Elle se pose toutefois de manière spécifique pour chaque formation et discipline. Les rapports entre l’IED et l’UFR PPCS sont complexes, la situation d’aujourd’hui est le fruit d’une histoire longue et d’événements marquants : séparation d’avec le CNED, création de l’IED,.. L’aspect générationnel doit être pris en considération : on doit distinguer la situation de ceux qui ont vécu l’histoire et la situation de ceux qui en héritent sans y avoir participé. Cette question doit continuer d’être traitée dans le groupe, à propos de la psychologie et de l’UFR PPCS et également à propos des autres disciplines et composantes. 14 L’équipe pédagogique du master de psychologie clinique à distance est constituée de trois enseignantschercheurs titulaires (exactement, 2,5 ETP) et de sept correcteurs tuteurs. Ces derniers ont une place particulière : de même qualification et de même profil que les enseignants-chercheurs, ils sont chargés d’enseignement. Le statut des intervenants de l’EAD est une autre question importante, qu’il faudra clarifier. Il est proposé de poursuivre les auditions autour de deux points : - Les aspects techniques de l’EAD : présentation de la plateforme pédagogique, par Fabienne Droullours, documentaliste et Soufiane Bouyahi, responsable informatique. Le rendez-vous est confirmé pour le jeudi 2 décembre, entre 14 et 16h. - Double regard sur la distance et le présentiel, par Marcel Bromberg, professeur de psychologie sociale à l’IED et à l’UFR de psychologie. Le rendez-vous est confirmé pour le jeudi 9 décembre entre 14 et 16h. Une dernière réunion en 2010 est programmée le jeudi 16 décembre, de 14 à16 heures. Sont mis à disposition du groupe le CDRom « IED Paris 8 » et la vidéo « Paroles de juniors ». 15 4 Réunion du groupe de travail ‘Enseignement à distance’ – 2 décembre 2010 Présents : Catherine Marion-Lissajoux, Gilles Bernard, Paul Guichon, Serban Ionescu, Jean-Louis Legrand, Rafi Daudrah, Edith Sales-Wuillemin, Lucie Pouessel, François Castaing, Elisabeth Bautier, Sabine Gueraud, Christine Bouissou Invités : Fabienne Droullours, Soufiane Bouyahi, Lydie Rollin La plateforme utilisée par l’IED est présentée par S. Bouyahi et F. Droullours. Une plateforme est le reflet de l’organisation qui l’utilise ; aussi, à l’IED, elle répond à des contraintes et besoins administratifs et pédagogiques particuliers. C’est la plateforme Claroline qui a été choisie par l’IED ; elle a été progressivement développée permettant ainsi de diversifier les modes de travail et d’échanges pédagogiques. Sont présentés les différents espaces de travail offerts sur la plateforme, certains réservés exclusivement aux enseignants et aux personnels qui les administrent, d’autres dédiés aux étudiants et à leur(s) enseignant(s). La rubrique « documents et liens » constitue une sorte de bibliothèque pour les enseignants qui peuvent y enregistrer les documents utiles à leur cours (passés, actuels, à venir) sans que les étudiants y accèdent. La rubrique « cours en ligne » est l’espace spécifique de travail, alimenté par l’enseignant de contenus (cours, exercices) sur lesquels les étudiants ont à travailler. La rubrique « forum » permet aux étudiants d’échanger ; c’est le seul espace où ceci est possible, d’où son importance. L’accent est mis sur le coût, en termes d’investissement humain, du travail de conception, d’adaptation, de maintenance de la plateforme. L’un des projets à l’étude pour le prochain contrat quinquennal est la scénarisation des cours : une mise en cohérence des différents contenus, dans un scénario intégratif, permettant l’appréhension des cours de manière moins fragmentée, plus problématisée. La plateforme utilisée par le département des sciences de l’éducation est présentée par L. Rollin. Il s’agit de la version 1.8 de Claroline, plus légère que la plateforme IED. Toutes deux sont d’usages différents. Le département des sciences de l’éducation a développé des formations hybrides : d’abord en présentiel, ces formations ont intégré progressivement une part plus ou moins importante d’enseignement à distance. A l’heure actuelle, 60% des enseignants utilisent cette plateforme d’appui. Elle est devenue un atout, pour des enseignants qui s’étaient d’abord montrés réfractaires ou du moins réservés quant à l’idée de « transporter » une partie de leur enseignement dans le cadre de l’EAD. La gestion administrative de la plateforme est à la charge de chaque enseignant qui l’utilise et des secrétariats. Cet exemple permet de l’illustrer comment l’EAD peut diffuser dans des formations en présentiel. Dans ces cas, l’outil plateforme doit être adapté à un maniement par des enseignants – en général non spécialistes de technologie. Un élément émerge de la discussion : plus que le rapport pédagogique enseignant-étudiant, c’est le rapport au cours que l’étudiant entretient, qui se transforme, par l’EAD. (et peut-être aussi le rapport de l’enseignant à son cours ? NDR) 16 Un des éléments susceptibles de « bloquer » le déplacement des enseignants vers l’EAD, est la crainte de la perte : perte du contenu mis en ligne – perte de son contrôle par l’enseignant - et perte du sens du présentiel : que faire en effet des rencontres avec les étudiants, dès lors que l’objet « cours » a été déposé sur le site ? L’EAD conduit à une partition différente entre magistralité et échanges ; celle-ci produit sans doute des effets qu’il est cependant difficile d’apprécier précisément. La question du rapport au collectif est soulevée : traditionnellement un enseignant transmet un contenu à un collectif et se tient face à lui ; dans l’EAD cette dimension est moins présente ; quel effet cela a-t-il sur la transmission ? une identification à l’enseignant est-elle encore possible… souhaitable ? Doit être examinée la question de la prise en charge dans les services enseignants, de la conception/aménagement des cours. C’est un chantier important. Les identités évoluent, les pratiques également, la réflexion sur l’EAD doit prendre en compte ces transformations en cours et à venir. Il est également important de ne pas limiter la conception de l’EAD à un format particulier – il y aurait « une façon de faire de l’EAD ». Les possibilités d’expérimentation sont vastes, et doivent être promues. Prochaine réunion du groupe : le jeudi 9 décembre, à 14h, salle G 202 Invité : Marcel Bromberg 17 5 Réunion du groupe de travail ‘Enseignement à distance’ – 9 décembre 2010 Présents : Paul Guichon, Gilles Bernard, Françoise Paquien-Seguy, Jean-Louis Le Grand, Ben Ali Chérif, Rafi Daudrah, Lucie Pouessel, François Castaing, Sabine Gueraud, Christine Bouissou Invités : Marcel Bromberg, responsable du master de psychologie sociale à l’IED M Bromberg se présente et répond aux questions. A Paris 8, la conception des formations de psychologie pour l’EAD a favorisé la réflexion pédagogique et a bénéficié, en retour, aux formations en présentiel. « Qu’est-ce que être psychologue ? », « qu’est-ce que le langage ? » sont des questions fondamentales et qui, quand elles sont considérées, permettent de définir et d’installer positivement des options pédagogiques. Une mise au point est faite à propos des « correcteurs-tuteurs » : ce terme est aujourd’hui impropre – en tout cas pour ce qui est de l’équipe de formation en psychologie. En effet : Au début de l’EAD, des étudiants étaient recrutés afin d’assurer un rôle de correcteurs. Tel n’est plus le cas aujourd’hui et ceux que l’on désigne encore comme « correcteurs-tuteurs » sont des enseignants à part entière ; le travail pédagogique qu’ils effectuent est le même que celui des enseignantschercheurs titulaires. En revanche, leurs statuts se distinguent : 1/les enseignants contractuels sont employés pour effectuer une charge d’enseignement ; leur contrat est de dix mois. 2/ les enseignantschercheurs sont titulaires et leur service se répartit entre enseignement et recherche. Sur le plan pédagogique : L’EAD conduit généralement à la mise en œuvre d’un suivi très individualisé, coûteux en investissement de la part des enseignants. Il s‘apparente d’une certaine manière à certains dispositifs conçus dans le cadre de l’aide à la réussite. Il permet de soutenir désir et motivation. La dimension de reconnaissance symbolique est soulignée ; elle permet de comprendre l’engagement dans lequel se reconnaissent les enseignants de l’IED. Les travaux et enquêtes portant sur l’EAD tendent à montrer que la distance permet une connaissance plus fine des étudiants et paradoxalement, favorise la rencontre enseignant-étudiant : on se voit moins, mais les échanges sont personnalisés et la relation plus aboutie. Est souligné le rapport problématique des étudiants de Paris 8 avec l’écrit. Si ce problème n’est pas spécifiquement celui du public inscrit à l’IED, il concerne en revanche directement ce mode de formation, largement fondé sur l’écriture et la lecture. Les ‘devoirs’ préparatoires aux examens sont une occasion de travail de l’écrit. L’EAD favorise la prise de conscience par l’étudiant, de ses difficultés, par le fait notamment d’avoir à formuler par écrit des questions. Par l’EAD sont introduites des questions pédagogiques et didactiques traditionnellement attachées à l’enseignement dans le secondaire. Ceci est positif et particulièrement pertinent, pour une université comme Paris 8 qui accueille nombre d’étudiants en difficulté. La multimodalité de l’EAD, bien que coûteuse, est à développer ; celle-ci n’est pourtant pas une spécificité de l’EAD : le fait d’utiliser différents outils ou canaux peut caractériser tout autant l’enseignement en présentiel. 18 L’EAD, ce n’est pas que du texte échangé ; c’est aussi des images, des vidéos, et la possibilité par exemple, comme cela est fait dans l’UFR Culture et Communication, d’organiser des rencontres à distance, par vidéo, entre enseignants à Paris 8 et étudiants en stage à l’étranger. Ici, la technique, utilisée dans le cadre d’une formation en présentiel, permet l’échange oral à distance. Il est important de favoriser l’intrication de l’EAD dans le présentiel et d’analyser ce qui peut faire résistance. Selon que l’EAD est un mode et une technique pédagogiques progressivement intégrés dans le présentiel ou qu’il correspond à une formation entièrement conçue pour la distance et mise en œuvre telle quelle, le coût en termes d’activité humaine et en termes techniques est différent. Il convient de distinguer et reconnaître ces deux modes de conception et de pratique de l’EAD ; sans toutefois les balkaniser. Est souligné un problème important, non résolu : le taux très important d’ « abandons immédiats », en droit et en psychologie : nombre d’étudiants s’inscrivent et ne prennent jamais contact avec aucun membre de l’équipe pédagogique ; il est précisé qu’en psychologie, l’inscription entraîne automatiquement l’envoi des supports pédagogiques pour les trois années de la licence. Peut-être la réception de ces supports a-telle pour effet, soit de découragement face à l’ampleur du travail que l’étudiant anticipe à ce moment, soit au contraire d’encouragement à travailler seul, avec l’aide de ces manuels, sans appui des enseignants ? La question de la recherche est abordée. Les thématiques de recherche autour de l’EAD semblent être travaillées dans l’université, mais de manière éparpillée. Il est difficile d’en avoir une vue d’ensemble. Il faut également considérer que l’EAD n’est pas l’objet de recherche privilégié des enseignantschercheurs. Se pose en tout cas le problème du rattachement à des équipes de recherche. 19 6 Réunion du groupe de travail ‘Enseignement à distance’ – 6 janvier 2011 Présents : Paul Guichon, Gilles Bernard, Jean-Louis Le Grand, J-Marc Meunier, Françoise Morange-Majoux, Catherine Marion, François Castaing, Sabine Gueraud, Edith Sales-Wuillemin, Christine Bouissou Invités : Jean Mehat, enseignant en licence d’informatique à distance Sophie Jeusseaume et Jean Laingui, enseignants en licence de droit à distance 1. Jean Mehat fait part au groupe de son expérience dans la licence d’informatique à distance. Celle-ci a été créée en 2006. Elle fait suite à deux tentatives non abouties de création de formations à distance en informatique (un DESS et un DEA). La licence compte aujourd’hui : 125 inscrits en L1, 30 environ en L2, une poignée en L3. Les prévisions ambitieuses – 100 étudiants par année - ont dû être revues à la baisse. La licence d’informatique a été évaluée A par l’AERES, et la filière à distance, positivement reconnue. La singularité de la licence d’informatique à distance de Paris 8 est qu’elle se fonde sur la programmation. Autre point fondamental qui la distingue de la licence en présentiel : l’importance des relations individuelles avec les étudiants. Par ailleurs, il est à noter que les cours sont ouverts sur une année entière ; la semestrialisation existe cependant d’un point de vue administratif et permet les compensations entre cours. Cette formation met en œuvre la même maquette que la licence en présentiel. Seul diffère le choix des mineures : la formation à distance ouvre à des mineures choisies parmi les cours de psychologie offerts par l’IED. Sur le plan technique, c’est la plateforme Claroline qui est utilisée. La formation repose sur : 1- des supports de cours fournis aux étudiants, 2- du tutorat, 3- un forum, 4- un regroupement par semestre. Ce dernier aspect a été au début très couteux : le système INUX, difficile à installer sur les ordinateurs personnels des étudiants a nécessité des moments d’aide en présentiel ; aujourd’hui ce problème est dépassé, en raison de modalités simplifiées d’installation du logiciel. Trois enseignants sont moteurs de cette formation ; des recrutements d’enseignants extérieurs ont été nécessaires. Modalités de fonctionnement des cours Pour chaque cours, un support de cours est mis en ligne. Ce n’est pas là que réside le travail le plus important, mais plutôt sur le plan des interactions avec les étudiants. Le cours de J Mehat est construit autour de treize chapitres. Chacun d’entre eux se clôt par une dizaine / quinzaine d’exercices. Vu l’ampleur de la tâche que représenteraient la réalisation par les étudiants et la correction par l’enseignant de ces exercices, une sélection est faite de cinq à sept exercices cruciaux que l’étudiant doit réaliser et envoyer à l’enseignant qui les corrige. Le contrat prévoit que l’enseignant réponde dans une limite de trois jours après réception du message de l’étudiant ; il organise trois sessions de correction par semaine ; c’est un travail qui ne peut être délégué, les exercices ayant vocation à concrétiser les contenus du cours ; il s’apparentent aux TP réalisés en présentiel. Le travail de suivi des étudiants par l’enseignant peut être estimé de la façon suivante : 13 échanges de mels (13 chapitres) * 5 exercices * 70 étudiants : 4 550 échanges de mels, a minima. Public 20 Il faut noter que 40% des étudiants de L1 ne se manifestent pas une seule fois. On observe donc une perte considérable d’étudiants inscrits en EAD qui ne vont pas au-delà de la première étape de l’inscription ; phénomène observé dans toutes les formations à distance, et qui finit par apparaître comme une dimensions structurelle de l’EAD. Observation à nuancer par le fait qu’en présentiel, si les étudiants sont physiquement présents, ils sont nombreux à ne pas l’être davantage.. Equipe enseignante Elle comprend environ 25 enseignants, dont les ¾ sont des enseignants en informatique. Est souligné le risque « d’aspiration de l’encadrement statutaire du présentiel » : si des enseignants s’impliquent dans l’EAD, c’est autant de forces perdues pour le présentiel. Se pose aussi la question des compétences en écriture des intervenants, soumis à l’obligation de communiquer par l’écrit ; l’expérience a montré que les intervenants n’ont pas toujours conscience de cet écueil. EAD et présentiel du point de vue pédagogique En présentiel, les cours sont organisés en 2 heures de CM et 1 heure de TD. Les contacts étudiants / enseignant sont peu satisfaisants. En fait, l’encadrement est faible. Dans l’EAD, le cours (CM) est sur le site ; il est présenté sous diverses formes : un fichier imprimable par chapitre + des pages Html dans lesquelles l’étudiant peut ‘voyager’. Les interactions par messagerie remplacent largement les TP-TD. Dans l’EAD, le magistral disparaît. Pendant le moment de grève en 2009, les étudiants inscrits en présentiel se sont connectés sur la plateforme EAD. L’impression de J Mehat est celle d’une progression des étudiants inscrits en EAD, à la fois lente et forte. Il plaide en faveur d’aménagements spécifiques (en termes de durée d’études et de dérogation) ; il est toutefois remarqué que ces aménagements existent déjà. La question est posée de ce qui fait différence entre les deux types de formation : le public ? On a vu en effet que les étudiants inscrits à l’EAD ont un profil différent de ceux inscrits en présentiel. Mais peut-être faut-il aussi souligner le contrat pédagogique, différent. Ce qui ferait la différence tiendrait au fait que le rapport entre l’enseignant et l’étudiant est plus direct – parce que le cours est placé/déplacé sur le site. « Dans le présentiel, l’étudiant a conscience de son indignité et n’ouvre pas la bouche » Est soulignée la question de l’encadrement administratif, assuré par un seul vacataire ; celui-ci risque d’être perdu s’il n’est pas intégré dans un collectif. L’EAD souffre d’un problème du turn-over très important. En résumé - L’EAD et le présentiel font apparaître deux profils d’étudiants différents. - Les deux licences ont la même maquette ; de ce point de vue elles ne sont pas disjointes. - Deux équipes pédagogiques cohabitent, de manière non clivée ; elles partagent des choses sur les plans pédagogique et scientifique. - Une perspective serait la constitution d’une offre plus large de mineures. - En ce qui concerne l’idée de promouvoir des formes d’hybridité présentiel/distance, elle serait à étudier. D’une certaine manière l’hybridité existe déjà, puisque certains cours en présentiel intègrent des activités à distance. Si l’idée se concrétisait d’une formation offrant une partie des cours à distance, il faudrait étudier précisément la question des coûts. 21 2. Sophie Jeusseaume, accompagnée de Jean Laingui présente la licence de droit à distance. S Jeausseaume, responsable de la licence de droit à distance, partage son service d’enseignement entre le département de Droit et l’IED. Elle a conçu, mis en place et animé la licence de droit à distance. Les autres enseignants impliqués cette mise en place sont Michel Juhan, Pierre Olivier Chaumet (mitemps IED/Ufr Doit) et Jean Lainguy. L’élaboration de la licence à distance a consisté en un aménagement de la licence en présentiel – constituée de CM dont certains s’articulent à des TD. La L1 a ouvert en 2005, la L2 en 2006, la L3 en 2007. En 2005, la L1 comptait 48 étudiants. En 2010, la licence accueille 450 étudiants au total (250 en L1, 125 en L2, 40 en L3). On observe une déperdition d’étudiants ; elle est plus importante qu’en présentiel, mais toutefois de même nature. La perte entre L1 et L2 concerne toutes les formations à distance, quant à la perte entre L2 et L3, elle s’explique par le ‘cap’ intellectuel que représente la L2 dans les études de droit (« l’étudiant qui passe ce cap peut aller jusqu’au bout du master »). Il existe une migration du présentiel vers la distance ; l’inverse ne s’observe pas. Les enseignants travaillent eux aussi à distance, chez eux. La formation est totalement dématérialisée ; il n’est pas prévu de permanence téléphonique, contrairement à d’autres formations. Un forum fonctionne, de manière très autonome : son animation est laissée totalement à l’initiative des étudiants. Trois regroupements facultatifs ont lieu par année : un premier regroupement de ‘lancement’, un regroupement au mi-temps de l’année, un regroupement final pour l’examen ; pour les deux premiers, 1/6 environ des étudiants se déplacent. Certains étudiants vivent loin, à l’étranger ou dans le DOM TOM. L’équipe pédagogique Dès le départ il a été souhaité que celle-ci soit assez restreinte, afin que les auteurs des cours soient les interlocuteurs des étudiants. C’est un même enseignant qui monte un cours, fait les TD, corrige les devoirs des étudiants et correspond avec chacun. Il est souligné que l’implication d’un enseignant dans l’EAD n’est pas une manière de se désengager visà-vis des étudiants, bien au contraire. L’équipe est constituée d’une vingtaine d’enseignants, dont 2 à mi-temps à l’IED, 9 MCF de droit, 1 MCF d’anglais, 3 MCF d’autres universités, 5 intervenants professionnels. L’équipe ne compte aucun PR. Ceux-ci n’ont pour l’instant pas montré d’intérêt pour l’EAD. Profil des étudiants Les jeunes bacheliers sont peu nombreux (10-15%). La majorité a plus de 25 ans, est salariée et chargée de famille. S’ajoutent des d’étudiants en situation particulière qui les retient loin de l’université : marins, prisonniers, personnes en situation de soin ou de convalescence, gardes-malade. Les étudiants se caractérisent par un fort besoin d’acquisition de méthode et de compétences en écriture : le travail individuel et les annotations des enseignants prennent tout leur sens. Ils sont adultes et ont des attentes élevées ; leur passé professionnel - ou autre - les conduit à poser des questions singulières, précises, contextualisées. Leurs visées sont : acquérir des connaissances et des compétences juridiques et surtout consolider et recadrer des connaissances préexistantes acquises dans l’exercice d’un métier ; il s’agit, pour ces étudiants, d’une véritable formation continue. Certains étudiants sont admis dans la formation par équivalence. 22 Pour tous, la formation étalée dans le temps : ils consacrent généralement deux ans à chaque année de licence. 50% environ n’ont pas même pris un premier contact après l’inscription. Une fois encore, ce taux interroge. Il est souligné que l’inscription à l’EAD ne donne pas droit à un titre de séjour ; ce ne peut être pour ce motif qu’ils se sont inscrits, et ce n’est pas là qu’il faut chercher l’explication d’un taux d’absence si élevé. S Jeausseaume insiste sur le fait que la réussite dans l’EAD dépend de la première accroche avec l’enseignant, qui permet l’établissement d’un lien ; lien qui se révèle généralement très fort. Côté encadrement administratif Le turn-over extrêmement important des personnels administratifs est à nouveau souligné ; il est calamiteux : la licence de droit a accueilli quatre agents différents en six ans. Ce turn-over s’explique peut-être par le fait que l’encadrement administratif dans l’EAD demande des compétences très précises : il s’agit de bien comprendre ce qu’attendent les étudiants et les enseignants, et les pratiques ne peuvent être les mêmes qu’en présentiel. Il semble que cet aspect ne soit pas suffisamment pris en considération au moment du recrutement ou de la nomination sur le poste. Il est nécessaire de changer cet aspect et d’améliorer la qualification et la stabilisation des personnels d’encadrement administratif. Organisation pédagogique Le calendrier d’étude est à la carte : tous les cours sont en ligne dès le début de l’année. Il est à remarquer la grande disponibilité des enseignants ; elle s’étend sur onze mois ; le temps de réactivité aux messages des étudiants est de huit jours. Il n’y a pas de corrigé type pour les devoirs, mais correction personnalisée de chaque travail ; l’enseignant procède à partir de ce que l’étudiant a écrit. L’écrit est essentiel. On remarque une adéquation quasi parfaite entre l’envoi de travaux par l’étudiant et la réussite au diplôme. Le suivi, intense, n’est pas noté. Seul l’examen final en présentiel permet de valider ou non l’année. Les enseignants ne se déplacent pas. Pourtant l’équipe est unie. La réalisation d’un cours par un enseignant inclut sa relecture par un collègue. A été mise en œuvre une standardisation technique des cours : un même format est appliqué à l’ensemble. Les cours ne sont pas en accès libre ; il faut être attentif à ne pas vider les formations en présentiel. Coté technique La plateforme est sous-utilisée, par manque de savoir-faire des enseignants. Ceci est regrettable et limite la diversification des pratiques d’enseignement. Il serait très judicieux de concevoir des formations. Perspectives La mise en place d’un master de droit à distance est un point important à envisager. G. Bernard l’a tentée, pour le master de droit de la santé. Se pose la question de la volonté des enseignants à s’investir dans un tel projet. Il est nécessaire de se prémunir des risques de scission entre formation en présentiel et EAD. En droit, ces risques sont faibles, car les enseignants de l’EAD interviennent aussi en présentiel ; il s’agit d’un même diplôme, proposé sous deux formes. Il existe un savoir-faire pédagogique spécifique, développé dans l’EAD ; il faut chercher à le préserver et à le renforcer. 23 24 7 Réunion du groupe de travail ‘Enseignement à distance’ – 13 janvier 2011 Présents : Paul Guichon, Gilles Bernard, Jean-Louis Le Grand, Françoise Morange-Majoux, Catherine Marion, François Castaing, Lucie Pouessel, Françoise Paquien-Seguy, Serban Ionescu, Christine Bouissou Invités : Marie-Hélène Tramus et Viviane Ferran de l’UFR Arts Denis Bertrand, de l’UFR HLSG 1. MH Tramus et à V Ferran présentent les pratiques existantes à l’Ufr arts, en matière de technologie et/ou d’enseignement à distance. Il existe diverses modalités d’usage du site Art WEB ; elles sont nombreuses, variées, mais pour la plupart ont une même fonction : celle d’accompagner et de renforcer le présentiel et de mettre à disposition des documents complémentaires au cours. Par exemple : Le département musique utilise le site pour y déposer des exercices permettant aux étudiants de travailler la technique musicale ; le site offre un ensemble d’annales consultables par les étudiants depuis leur ordinateur personnel ou depuis le service d’ITP. Le département ATI utilise un serveur (format-transfert-protocole) qui permet l’échange de fichiers audio-vidéo ; le département collabore avec l’université de Taïwan, et le serveur est dans ce cadre très utile : à toutes les étapes de production, les réalisations sont mises en ligne ; la progression au jour le jour est ainsi visible par l’ensemble des participants au projet. Sur le site du département ATI sont également disponibles les anciens travaux – films d’animation – des étudiants. Les formations ATI utilisent une plateforme collaborative à distance sur laquelle les étudiants se connectent pour la réalisation de leur projet de réalisation artistique (en Master 1 par exemple, la formation comprend 9 semaines de cours en présentiel, suivies de 3 semaines de travail personnel des étudiants et de production artistique). Il faut remarquer que les étudiants d’ATI ont reçu pour certains une première formation en informatique, ce qui rend plus aisé le maniement des outils. Dans certains cours très spécifiques, les enseignants filment le cours et le déposent sur le site, permettant ainsi aux étudiants de revenir depuis chez eux sur des aspects techniques inassimilés. Cette modalité permet un renforcement du présentiel et un allègement de la charge de travail de l’enseignant et de l’étudiant, pendant le cours : dégagée de la nécessité d’appréhender en détail les aspects techniques – sur lesquels il est possible de revenir par le visionnement du cours -, l’attention se porte d’autant mieux sur la compréhension des principes généraux. Le cours est plus fluide. En philosophie, le site est utilisé pour consultation du planning et des contenus des cours, et d’informations générales ; il existe un espace collaboratif permettant des échanges de travaux entre étudiants. Idem en théâtre. Un projet a vu le jour dans l’UF : dans le cadre de l’aide à la réussite, l’UFR se proposait de réaliser un suivi des étudiants entrants ; chacun d’eux devait être référencé sur le site et disposer d’une page personnelle dédiée à la mise en ligne de ses travaux, réalisations, notes obtenues dans 25 les cours, pendant les trois années de la licence. L’idée était de rendre plus concret le cheminement de l’étudiant et plus lisible dans sa globalité. Ce projet, exigeant sur le plan de la veille technique, n’a pas abouti. Un travail rassemble les Beaux-arts d’Athènes, l’université de Valence, l’université de Londres, les Beaux-arts de Tourcoing et le département ATI de Paris 8. Il s’étale sur l’année entière, il s’élabore par le medium que constitue une plateforme en 3 D en temps réel. Côté doctorants, des étudiants vivant à l’étranger se connectent sur Skype pour participer à des séminaires de recherche. En philosophie, étant donné le public international concerné voire déjà impliqué dans l’enseignement de la philosophie à Paris 8, il pourrait être développé des formations à distance. Se pose la question des modalités nécessaires à mettre en place pour garantir une réelle activité philosophique à distance. Mais cette question est-elle spécifique à l’enseignement de la philosophie ? Des projets pourraient se concrétiser pour développer l’EAD ; par exemple, les contacts actuels du département ATI avec l’université des Beaux-arts de la Martinique pourraient évoluer vers la mise en œuvre d’une formation à distance. La question est posée d’un public particulier qui pourrait être intéressé par des formations en arts à distance. Pour l’instant l’UFR n’y a pas songé. Conclusion Dans l’UFR Arts, les technologies à distance n’ont surtout pas vocation à remplacer les activités en présentiel. Le recours à ces outils relève en majorité d’une construction improvisée, répondant à des besoins ponctuels de soutien du présentiel. Les outils utilisés sont rustiques. N’étant pas pensés comme éléments à part entière des cours, ils ne font pas particulièrement l’objet d’une réflexion pédagogique ; même si on peut parier qu’ils ont des effets sur le présentiel et modifient peut-être le contrat pédagogique. Cette question reste à explorer. 2. Denis Bertrand expose rapidement la situation de l’UFR HLSG vis-à-vis de l’enseignement à distance : pour l’instant, aucun des départements de l’UFR n’a envisagé la mise en œuvre de formations à distance. Il fait part de son expérience à Paris 13, dans le cadre d’une maîtrise de FLE. Il retient de cette expérience la rapidité avec laquelle le montage des cours a eu lieu, le coût en termes de travail, et le très bon niveau des travaux rendus par les étudiants. Est soulignée la nécessité, de construire une discipline de l’écrit et une capacité à tolérer la solitude ; ces compétences relèvent-elles du seul enseignement à distance ? Discussion L’écrit, le visuel, le virtuel : ce triptyque qui concerne aujourd’hui nombre de formation formations doit être pensé, et ses articulations à développer. 26 On observe des évolutions dans le rapport « à l’autre » ; en témoigne par exemple l’émergence de pratiques de psychothérapie à distance au Québec. Le rapport à la distance- dans l’enseignement ou dans le suivi thérapeutique - est sans doute différent des deux côtés de l’Atlantique ; au Canada, tous les cours sont mis en ligne ; l’espace et le temps du cours sont alors investis autrement. Dégagé de la contrainte liée à l’exposé magistral, l’enseignant appréhende autrement le travail sur le contenu. On doit par ailleurs s’interroger sur les effets de l’introduction de nouvelles techniques – Skype par exemple – sur les relations pédagogiques et les comportements des formés ; effets susceptibles de s’estomper : les nouvelles techniques étant intégrées et même absorbées dans le mouvement même du cours. Concernant le développement possible de l’EAD, quelques pistes : Il existe des pratiques nombreuses de bricolage, à recenser et à mieux organiser. La correspondance est un outil efficace pour travailler l’écrit ; elle s’apparente alors à une forme de préceptorat. L’hybridation doit être une piste et une occasion d’innovations pédagogiques. Il faut penser à des modalités de suivi de doctorats à distance, articulé à des périodes de présentiel intensif. L’EAD est un potentiel : comment l’utiliser, le développer ? Il s’agit d’en mieux cerner l’utilité sociale. Des pratiques universitaires à distance seraient-elles à même de répondre aux besoins de culture qui émergent du champ social ? Comment répond-on aux besoins des publics d’aujourd’hui, à Paris 8 ? Comment mieux instituer la distance ? Prochaine réunion : jeudi 20 janvier 14h, salle G 202 27 8 Réunion du groupe de travail ‘Enseignement à distance’ – 20 janvier 2011 Présents : Jean-Louis Le Grand, Françoise Morange-Majoux, Catherine Marion, François Castaing, Serban Ionescu, Lucie Pouessel, Jean-Marc Meunier, E Salès-Wuillemin, Rafi Daudrah, Christine Bouissou F. Morange-Majoux présente la licence de psychologie à distance. Celle-ci existe depuis 1989. La licence et le Deug de psychologie ont été les premières formations offertes en EAD. La licence à distance est la mise en œuvre du même diplôme de psychologie (même maquette) que celui préparé en présentiel dans l’UFR PPCS. La licence est constituée de 52 EC, répartis sur trois ans, auxquels s’ajoutent une centaine d’heures de stage. Dans la forme EAD, cinq jours de regroupement sont organisés par année en L1 et L2, trois jours en L3. Effectifs étudiants en 2009-2010 : environ 2150 inscrits en L1, 700 en L2, 700 en L3 Les taux de présence aux examens révèlent des abandons considérables en L1 : 33% des inscrits sont présents aux examens en L1 ; 80 % en L2 et L3. Il est à nouveau souligné que la discipline psychologie est très attractive, souvent méconnue par les nouveaux étudiants qui pour certains s’en détournent. La licence de psychologie représente 80% des étudiants inscrits à l’IED. Equipe enseignante : 9 MCF (= 7 ETP), 2 PR (en master) et 23 chargés de cours : une trentaine d’intervenants au total. La licence à distance coûte 12 500 heures complémentaires, réparties entre MCF et chargés de cours. La spécificité de l’EAD tient à la multiplicité des médias utilisés - courriels, forum, devoirs, cours en ligne, corrigés types, séquences filmées d’expériences – constituant autant d’entrées possibles pour les étudiants. La régularité du présentiel est remplacée par un suivi rapproché, selon un rythme a minima hebdomadaire. Nombre de messages des étudiants qui commencent en L1 concernent leur difficulté à se repérer dans l’organisation de la formation et parmi les nombreux interlocuteurs. Une piste pour améliorer ce point serait d’instituer des enseignants-référents, garants d’une vision d’ensemble du parcours de chaque étudiant. Un accompagnement méthodologique, sous forme de tutorat, fonctionne bien et s’avère utile ; il est réalisé par des étudiants ‘tuteurs d’accueil’, financés par l’aide à la réussite. L’ensemble des supports de cours des trois années est transmis aux étudiants dès le début de la L1 ainsi que le programme général de la licence. Le principal intérêt est d’informer et de sensibiliser les étudiants à la diversité des matières qui constituent la licence ; la psychologie cognitive, la neuro-physio et les statistiques font partie des disciplines qu’ils connaissent peu et/ou qu’ils redoutent. Les supports de cours ont été rédigés par 127 auteurs enseignants-chercheurs ou chercheurs. La dernière édition date de 1992. Il est suggéré de contacter les PUV pour une prochaine édition. Ces manuels ne sont pas conçus pour se substituer aux cours, ils offrent un complément possible pour chaque enseignant, étudiant. D’un point de vue administratif, les inscriptions ont pu poser problème, en raison de leur étalement dans le temps ; ce point s’est amélioré ces dernières années. 28 A été abandonné le transfert papier vers les étudiants, extrêmement coûteux. La formation à distance exige une organisation très serrée, fondée sur l’anticipation des échéances qui constituent une année : ainsi dès décembre-janvier les examens de septembre doivent être prévus, en vue des déplacements. La licence offre des mineures : en sciences de l’éducation, en droit, en informatique, autres formations à distance. La façon dont a été conçue la hiérarchisation des EC a privilégié le travail demandé à l’étudiant, plutôt que celui de l’enseignant ; ainsi, des EC ‘légers’ pour les étudiants - et qu’ils vont d’autant plus investir - ne sont pas forcément synonymes d’allègement de charge pour les enseignants. Si la semestrialisation est inscrite dans la structure de la formation et offre les possibilités de compensation entre cours, elle ne rythme pas le travail des étudiants puisque l’ensemble des cours est ouvert en début d’année, pour les deux semestres. Les choix pédagogiques sont faits en fonction des exigences du diplôme et des contraintes des étudiants. Un effort est fait pour diversifier les modes d’entrée dans la formation ainsi que les modalités de contrôle des connaissances : rapports de stages, projets collaboratifs sont parfois demandés. Le plagiat est un risque connu ; la meilleure façon de s’en prémunir est de demander aux étudiants des travaux d’élaboration, nécessitant un travail personnel. Les temps d’apprentissage sont également diversifiés : les étudiants travaillent à leur rythme, au moment qu’ils choisissent. Une permanence téléphonique hebdomadaire a lieu, sur le site de l’université. Les sites d’examen sont également divers : cinq centres d’examen dans les DOM TOM (universités, ambassades, consulats, alliance française) sont en convention avec Paris8. Il est suggéré que contact soit pris avec l’agence EduFrance. Il est précisé que les frais d’inscription sont uniques pour l’ensemble des étudiants inscrits à l’IED. Diversité, souplesse, attention, cadre pédagogique régulier, homogénéité de la charte graphique sont des caractéristiques fortes de cette formation ; elles lui garantissent une charpente – que des étudiants tentent parfois d’ébranler… - phénomène également observé en présentiel. L’équipe pédagogique offre un savoir-faire et une expertise importants ; mais ce type de formation est chronophage ; d’autant plus que le nombre d’étudiants n’a cessé de croître depuis 15 ans. Il est indispensable de mieux évaluer les ressources humaines, de suivre de plus près les taux d’abandon et de définir plus précisément des capacités d’accueil. Il est indispensable encore d’apprécier la charge qui incombe aux personnels administratifs. Des avancées ont eu lieu concernant la comptabilisation du travail enseignant et sa traduction en heures de service : actuellement, un EC correspond à un forfait de 64 heures qui se répartissent de la manière suivante : 200 copies corrigées + un sujet d’examen + le suivi pédagogique. Ne sont pas comprises dans ce forfait et sont payées en heures complémentaires : les corrections de devoirs (estimation de 15/20 devoirs par heure) et les corrections de copies au-delà des 200 forfaitaires. En conclusion : les atouts de la formation, face à des risques qu’elle veut éviter : La prise en charge par un seul enseignant de l’ensemble des activités afférentes à son EC, évitant ainsi la fragmentation des activités 29 La vigilance portée par l’équipe aux aspects pédagogiques, didactiques et techniques La considération de deux pôles nécessaires de l’EAD : le pôle enseignant, le pôle scolarité (administration) Une identité forte, fédérative, visible en interne et depuis l’extérieur de l’université Quelques avantages certains pour les enseignants : la liberté d’organisation et le plaisir de travailler à distance. 30