Bactéries sporulées et sécurité des aliments
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Bactéries sporulées et sécurité des aliments
Bactéries sporulées et sécurité des aliments Sécurité biologique Les bactéries dites sporulées, bien connues et assez faciles à maîtriser, constituent cependant une catégorie dangereuse de microorganismes pouvant être présents dans l’alimentation. L’évolution des modes de préparation des aliments nécessite une nouvelle approche, permise notamment par des recherches menées à l’INRA. Pourquoi les bactéries sporulées ? Un certain nombre de bactéries produisent une forme de résistance appelée “ spore ” permettant à l’organisme de survivre aux agressions de l’environnement : chaleur, ultra-violets, désinfectants. Par exemple, beaucoup de spores supportent des températures supérieures à 100°C pour des durées de plusieurs minutes, ce qui leur permet de résister à la cuisson des aliments et de s’y multiplier durant leur conservation. L’industrie alimentaire a donc depuis longtemps développé des stratégies pour détruire les spores (températures élevées comme l’appertisation ou le traitement UHT) ou pour inhiber leur développement (acidification, ajout de sel ou d’additifs de conservation). Actuellement, une forte proportion des nouveaux produits mise sur un respect des qualités sensorielles de l’aliment grâce à une cuisson modérée, une réduction ou une suppression des ajouts de sels, d’acides organiques ou d’additifs. Les procédés classiques de maîtrise des bactéries sporulées deviennent donc inapplicables. Quelles bactéries sporulées ? Les bactéries sporulées les plus fréquentes dans les aliments appartiennent aux genres Bacillus et Clostridium. La majorité des espèces ne font qu’altérer la qualité de nos aliments (coagulation du lait, développement d’amertume, gonflement des boîtes de conserve et des emballages), mais certaines sont pathogènes pour l’homme. Clostridium botulinum,agent l’ du botulisme, est sans doute l’espèce la plus connue. Clostridium perfringenset Bacillus cereus,agents de gastro-entérites, sont plus fréquentes mais moins dangereuses. Les trois bactéries agissent par l’intermédiaire de toxines : toxines produites dans l’aliment et ingérées pour les toxines botuliques et pour l’une des toxines de Bacillus cereus; toxines produites dans le tube digestif après ingestion de la bactérie pour les toxines diarrhéiques de Clostridium perfringenset de Bacillus cereus. Recherches conduites à l’INRA Ne pouvant plus totalement détruire ou inhiber les spores bactériennes, de nouvelles stratégies doivent être mises en place, d’une part en réduisant la contamination des aliments et d’autre part en ajustant leur durée de vie de façon à ce qu’elle soit toujours inférieure au délai nécessaire pour le développement des spores. Pour cela, une meilleure connaissance de l’écologie et de la physiologie de ces bactéries est nécessaire, ainsi qu’une prévision de la vitesse de leur développement en fonction de l’environnement physico- chimique des aliments. L’INRA s’attache à caractériser les populations de bactéries sporulées pathogènes présentes dans les aliments et étudie les différentes étapes conduisant de la spore dormante inoffensive à une situation potentiellement dangereuse : germination de la spore, multiplication cellulaire et production de toxines. • Les populations naturelles des bactéries sporulées pathogènes renferment une grande diversité qu’il faut avoir caractérisée pour adapter les procédés de transformation des aliments. La virulence, la capacité à se développer au froid, l’adhésion aux surfaces dans les ateliers de transformation, la résistance à la chaleur sont extrêmement variables au sein d’une même espèce. • La spore bactérienne doit tout d’abord passer sous la forme de cellule végétative avant de pouvoir se multiplier. Cette étape, appelée “ germination ” correspond à l’hydrolyse des structures de protection de la spore afin de permettre l’entrée d’eau et la reprise du métabolisme de la cellule. La germination est induite ou inhibée par différentes substances pouvant être présentes dans les aliments. Des travaux sont menés à l’INRA sur ce sujet. • La spore, si elle n’est pas détruite par la cuisson du produit alimentaire est néanmoins souvent endommagée. La cellule issue de la germination devra mettre en place des procédés de “ réparation ”, réalisés par des protéines particulières. Elle devra dans le même temps s’adapter aux conditions physico-chimiques de l’aliment. Ces processus de réparation et d’adaptation peuvent se traduire par un délai, ou phase de “ latence ”, plus ou moins long avant le début de la multiplication cellulaire, qu’il est important de connaitre et qui fait l’objet de recherches à l’INRA. • La production des toxines par les cellules bactériennes et sa régulation sont encore mal connues et font aussi l’objet de travaux à l’INRA. C’est cette étape qui conduira ou non à l’intoxication. Pour en savoir plus • Lund BM, Notermans SHW, 1993. Potential hazards associated with REPFEDs. Dans “Clostridium botulinum, ecology and control in foods”, Hauschild AHW et Dodds KL Eds, Marcel Dekker, New-York, pp. 279-303. • Tholozan JL, Carlin F, Fach P, Ploumeyrol M, 1997. Bactéries anaérobies strictes et hygiène des aliments. Bulletin de la Société Française de Microbiologie, 12, (1), 48-56. • Granum PE, 1997. Bacillus cereus. Dans “Food microbiology, Fundamentals and Frontiers”, Doyle MP, Beuchat L.R., Montville T.J. Eds, ASM Press, Washington DC, pp. 327-336. Contact Alba Balestri, correspondant communication du Centre INRA d’Avignon Tél : 04 90 31 61 05 Direction de l’Information et de la Communication - 147, rue de l’Université - 75338 PARIS cedex 07 Téléphone : 01 42 75 90 00 - Télécopie : 01 47 05 99 66
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