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interview
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Professeur Jacques Attali
Président de PlaNet Finance et Ecrivain
“Pour une
réforme
des institutions
internationales”
Il y a 22 ans, vous avez créé une institution financière pour l’Europe de l’Est.
Des investissements, destinés notamment, à la protection des centrales
nucléaires et à la préservation de l’environnement, ont été dégagés.
Aujourd’hui, que proposez-vous comme solution face à la tourmente financière
qui secoue toute l’Europe ?
Jacques Attali
Professeur, écrivain, conseiller d’Etat honoraire, conseiller spécial auprès du Président de la République de 1981 à 1991, fondateur
et premier président de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement à Londres de 1991 à 1993, Jacques Attali
(www.attali.com) est maintenant président de A&A, société internationale de conseils, (www.aeta.net) spécialisée dans les nouvelles
technologies, basée à Paris, et président de PlaNet Finance (www.planetfinance.org), Organisation de Solidarité Internationale
spécialisée dans le développement de la microfinance. PlaNet Finance est la plus importante institution mondiale de soutien a la
microfinance. Elle conseille et finance le développement de la microfinance dans plus de 80 pays.
En 1980, il fonde Action Contre la Faim et lance en 1984 le programme européen Eurêka (vaste programme sur les nouvelles
technologies qui a donné naissance, entre autres, au MP3). En 1989, il lance un programme international d’action contre les
inondations catastrophiques au Bangladesh. Jacques Attali a ensuite conseillé le Secrétaire Général des Nations Unies sur les
risques de prolifération nucléaire. Il est à l’origine de la réforme de l’enseignement supérieure d’harmonisation des diplômes
européens, dite LMD.
Docteur d’Etat en Sciences économiques, Jacques Attali est diplômé de l’Ecole Polytechnique, (major de la promotion 1963), de l’Ecole
des Mines, de l’Institut d’Etudes Politiques et de l’Ecole Nationale de l’Administration.
Il a enseigné l’économie théorique à l’Ecole Polytechnique, à l’École des Ponts et Chaussées et à l’Université Paris-Dauphine. Il est
docteur honoris causa de plusieurs universités étrangères et membre de l’Académie Universelle des Cultures.
Jacques Attali est également l’éditorialiste de L’Express. Il est l’auteur de cinquante cinq livres, traduits dans plus de trente langues
et diffusés à plus de huit millions d’exemplaires à travers le monde, comprenant des essais (sur des sujets allant de l’économie
mathématique à la musique), des biographies, romans, des contes pour enfants, des biographies et des pièces de théâtre. Il a été
désigné comme l’un des 3 plus influents intellectuels de France et l’un des 100 plus influents dans le monde.
En avril 2011, le Woodrow Wilson International Center for Scholars de la Smithsonian Institution des Etats-Unis a remis le Woodrow
Wilson Award for Corporate Citizenship (Prix Woodrow Wilson de la Citoyenneté d’Entreprise) à Jacques Attali.
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L’Union européenne est l’espace politique le plus riche du monde, une institution
qui n’a aucune dette, et pourtant elle est en danger du fait de l’incapacité de
ses Etats membres à gérer la colossale dette publique qu’ils ont accumulée
individuellement. Ce qui manque à l’Europe, c’est un instrument de croissance et un
cadre institutionnel qui permettent de régler durablement la crise de des finances
publiques et de mettre un terme à l’abandon progressif de notre souveraineté au
profit de marchés dérégulés. Cet instrument de croissance, ce sont les euro bonds.
Ils permettraient, d’une part, à l’Euro zone de reprendre à son compte une partie
de la dette publique des Etats membres en échange d’un transfert de deux points
de TVA pour en assurer le service, et, d’autre part, de financer les investissements
structurels dont l’Union a besoin pour renouer avec une croissance durable. En
revanche, tout cela n’est possible que dans un cadre institutionnel approprié, c’està-dire une fédération démocratique, économique, budgétaire et sociale capable de
surveiller les budgets nationaux, de mettre fin au dumping social dans l’Union et
d’assurer une solidarité et une cohésion entre les Etats membres.
Une transformation profonde de l’économie mondiale, serait-ce, selon vous,
la solution pour relever les défis de l’heure comme le suggère certains
analystes?
Il est à mon sens surtout urgent de mettre en place un programme cohérent dans
tous les pays où la dérive des marchés des capitaux a fait des ravages, en premier
lieu aux Etats-Unis d’où la crise est partie, afin de rééquilibrer le pouvoir de ces
marchés par celui de l’Etat de droit démocratique. C’est ce qu’avaient promis en
grande pompe nos dirigeants au début de la crise, et qu’ils n’ont pas fait. Il faudra
ensuite instaurer une régulation et une gouvernance exigeantes et supranationales
du système financier global, qui encadrent, sans l’éliminer, le risque qui nait de
l’inventivité des marchés et des nouvelles technologies.
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les ménages, les PME, et surtout à l’école. En effet, trop peu risquerait elle pas de peser sur la croissance ?
d’investissements sont réalisés en faveur du développement
Les Etats de la zone euro ne peuvent faire abstraction de la
de l’économie numérique alors que l’Allemagne, par exemple,
nécessité de se financer sur les marchés, et donc de leur
a dégagé 1 milliard d’euros par an pendant trois ans pour
donner des gages de bonne santé budgétaire. En ce sens,
ce secteur. Le premier des efforts est donc
on peut constater le succès des mesures
évidemment de renforcer les investissements en La crise financière
engagées par le président du Conseil Mario
R&D. Dans ce domaine la France n’est pas à la
Monti dans la réduction du spread italien avec
ne
diminuera
hauteur de ses ambitions : en 2011, les dépenses
l’Allemagne. Néanmoins, on le voit aujourd’hui
de R&D furent seulement de 2,2% du PIB, bien en pas les besoins
avec les inquiétudes nées de la réforme
dessous de l’objectif de 3% fixé par la stratégie d’énergie du monde.
de l’imposition des revenus annoncée par
de Lisbonne, objectif nécessaire si l’Europe veut
François Hollande ou la réduction des
Ils
pourraient
combler son retard, et notamment remédier à son
croître de 55% au dépenses publiques grecques, cette rigueur,
incapacité à capter les flux internet.
violente socialement, pèsera sur la croissance
niveau mondial d’ici future. La solution ne se trouve ni dans une
La crise des dettes souveraines menace la
fiscalité confiscatoire et stigmatisante, ni
à 2030
Quels sont, selon vous, les causes qui freinent la zone euro. Les dirigeants peinent à trouver
dans une réduction des dépenses publiques
croissance mondiale en dépit des bons résultats une échappatoire. L’euro, en tant que monnaie,
trop brutale pour des sociétés déjà fragilisées par la crise.
est-il condamné à disparaître ?
enregistrés par de nombreux pays émergents ?
Ces plans sont avant tout nécessaires pour évaluer, car ce
La croissance mondiale est aujourd’hui fragilisée à la fois par des L’avenir de l’euro est, aujourd’hui encore, incertain. Des n’est pas encore fait, l’ampleur réelle des crises de finances
risques conjoncturels et par des problèmes plus structurels. premières réponses ont été apportées à la crise par les publiques et identifier les politiques publiques prioritaires. Ils
Elle sera inférieure à 4% en 2012, alors qu’elle était, en 2010, dirigeants de la zone euro : l’accord de Bruxelles de décembre ne permettront toutefois pas de redressement budgétaire à
supérieure à 5%. C’est en effet l’ensemble de la planète qui dernier montre que les chefs d’Etat et de gouvernement court ou moyen terme. Seul un soutien aux secteurs innovants
est sur le point de connaître un ralentissement économique : ont pris la mesure des risques qui continuent de peser à les plus performants permettra de dégager la croissance
la croissance de l’Union
Il est urgent de mettre en place un programme cohérent court terme sur nécessaire, et cela devra être fait dans un cadre budgétaire
européenne avoisinera
la survie de la commun.
les 1%, celle des Etats- dans tous les pays où la dérive des marchés des capitaux monnaie unique, et
Unis n’atteindra pas a fait des ravages
une
intervention Pensez-vous que cette crise financière puisse avoir
2%, et même les pays
historique de la des répercussions sur des projets en relation avec
dont les performances semblaient les plus prometteuses, en Banque centrale européenne a permis, au même moment, l’environnement et l’efficacité énergétique car cela
Asie et en Amérique du Sud, peineront à créer suffisamment d’éviter que l’économie européenne ne se trouve asphyxiée demande beaucoup d’argent ?
d’emplois pour leur jeunesse. Les grands défis que l’économie par un manque de financements. Toutefois, la monnaie
mondiale devra relever pour libérer sa croissance sont bien unique est condamnée à disparaître si une solution plus La crise financière ne diminuera pas les besoins d’énergie du
connus : la limitation des émissions de gaz à effet de serre, globale et plus durable n’est pas apportée à la situation qui monde. Ils pourraient croître de 55% au niveau mondial d’ici
la fin du chômage de masse, la résorption de l’endettement explique ses difficultés actuelles : le déséquilibre entre une à 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie, et 74% de
public et la réforme des systèmes financiers américain et union monétaire effective et une intégration budgétaire vers cette augmentation sera le fait des pays développés. Or les
européen, et la maîtrise de la bulle immobilière chinoise. laquelle la zone euro s’achemine de manière heurtée, par des prix des hydrocarbures ne diminueront pas, et une décision
Au-delà de ces déséquilibres conjoncturels, les problèmes bricolages successifs. L’Europe va donc devoir choisir : si elle comme celle de l’Allemagne de se tourner vers le charbon
auxquels le monde devra faire face dans les années à venir ne n’opte pas pour un fédéralisme démocratique, qui lui donnera paraît anachronique et temporaire.
trouveront aucune solution satisfaisante et durable tant que les moyens de financer sa croissance, elle devra renoncer Il semble improbable que les Etats, notamment européens,
ne sera pas mis en place un véritable gouvernement mondial, à la monnaie unique et voir s’effondrer la seule institution trouvent seuls les ressources de financer à court terme
démocratique et doté de moyens qui le rendront capable de d’essence fédérale dont elle dispose aujourd’hui : la Banque les grands chantiers de l’énergie et de l’environnement. La
veiller aux intérêts généraux de la planète.
centrale. A travers la question de la survie de l’euro, c’est croissance énergétique future reposera de plus en plus,
pour des raisons de coût, sur des partenariats entre Etats,
donc l’avenir de l’Union européenne qui se joue.
Vous êtes qualifié de visionnaire car, il y a 30 ans,
collectivités et investisseurs. Les milliards investis par le
vous aviez plaidé la rigueur économique et prôné le L’Euro facteur de division européenne, est-ce un scénario fonds Blackstone et les Länder dans le parc éolien allemand
développement de nouvelles technologies. Avec le recul, possible ?
sont la preuve que les marchés sont prêts à suivre de leurs
capitaux les projets politiques ambitieux. Cette croissance
pensez-vous que votre appel n’a pas été entendu.
La création de l’euro a constitué, au tournant du siècle, une
bénéficierait aussi d’une meilleure coordination des plans
En ce qui concerne la gestion des finances publiques, à étape importante dans le mouvement vers une intégration
européens. On peut penser à des euro-obligations consacrées
l’évidence, non. La perte du triple A français en janvier dernier toujours plus forte de l’Union européenne. La crise actuelle
à des investissements productifs mis-en en œuvre au niveau
a sanctionné le laxisme budgétaire qui domine largement que traverse l’union monétaire place les Européens devant un
de l’Union européenne.
depuis 2002, et qui a vu les dépenses publiques augmenter choix déterminant : décider un nouvel approfondissement de
Quoi qu’il en soit, les Etats-Unis et l’Europe sont en retard et
la construction européenne, ou courir le risque de voir
lorsque parallèlement on perdait 22 points de
doivent accroître encore leurs efforts. Depuis 2009, la Chine et
La
croissance
PIB de recettes. Aujourd’hui encore, les mesures
l’Union se défaire peu à peu. Or, l’Europe a aujourd’hui
la Corée du Sud ont consacré 3% de leur PIB à l’investissement
de rigueur prises sont bien insuffisantes pour mondiale sera plus que jamais besoin de se rassembler si elle veut
dans les technologies d’avenir : ferroviaire, photovoltaïque,
redresser les finances publiques. Quel qu’il inférieure à
conserver son rang sur la scène internationale : unie,
éolien, automobiles électriques. En comparaison, les 12%
soit, le nouveau président de la République
elle devient en effet la première puissance économique
de l’American Recovery and Investment Act consacrés
4%
en
2012
sera contraint d’en prendre de nouvelles. Quant
du monde, sans aucune dette, et avec nombre d’atouts,
aux greens technologies n’ont pas dépassé 0,7 % du PIB
aux nouvelles technologies, elles étaient au centre des au premier rang desquels figure son niveau scolaire et
américain. L’Europe a quant à elle engagé 0,2% de son PIB
recommandations de la Commission pour la libération de la universitaire. L’Europe se trouve donc, une nouvelle fois,
dans la réduction des émissions de CO2. C’est encore bien trop
croissance française que j’ai présidée. Certaines d’entre elles confrontée à un défi qu’elle doit s’efforcer de surmonter
peu pour des secteurs qui permettraient de sortir de la crise
ont été prises en compte, mais beaucoup d’efforts restent à par une intégration plus poussée, et non par une division : ce
de croissance des économies occidentales. n
faire pour tirer pleinement profit des nouvelles technologies, dernier scénario est certes toujours possible, mais il n’est en
notamment du numérique, qui n’en sont d’ailleurs qu’à aucun cas une fatalité.
leur début. La France est terriblement en retard en ce qui
concerne le taux de pénétration d’internet, que ce soit chez La succession des plans de rigueur en Europe ne
Puis, il sera nécessaire de réformer les institutions
internationales telles que le FMI et la Banque mondiale pour
les rendre à la fois plus démocratiques, plus efficaces, et les
doter de plus de pouvoirs. Enfin, une fois ce cadre établi, il
sera temps de lancer de grands travaux planétaires destinés
à réorienter la croissance et à la réguler par une politique
d’investissements à contre-cycle, financée, par exemple,
par une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre. Ces
travaux auront pour objectif de refonder la croissance sur
des activités non polluantes, les énergies renouvelables, les
télécommunications, les infrastructures urbaines, c’est-àdire tous les secteurs qui permettront de relever les défis
de la démographie mondiale, en tendant vers l’impératif de
justice sociale.
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interview
Professor Jacques Attali
President of PlaNet Finance and Writer
“For reform
of international institutions”
22 years ago, you set up a financial institution for
Eastern Europe, providing investment funding for the
protection of nuclear power stations and environmental
conservation. Today what do you propose as a solution
for the financial difficulties affecting all Europe?
In all the world, the European Union is the space with the
greatest political wealth, an institution which is debt-free and
yet in danger, due to the inability of the member States to
manage the colossal public sector debt that they have each
built up. What Europe lacks is a growth instrument and an
institutional framework enabling sustainable regulation of the
crisis in public sector finance. Instrument and framework are
needed to keep our sovereignty, now being gradually lost to
the deregulated financial markets. The growth instrument is
Euro bonds. Euro bonds would, first, enable the Eurozone to
take on part of the public sector debt of the member States,
in consideration of two additional percentage points on VAT
for debt servicing. Second, it would allow finance to be raised
for the structural investment that the European Union needs
to return to sustainable growth. However, none of this is
possible except that an appropriate institutional framework
is put in place. This means building a democratic, economic,
budgetary and social federation able to provide oversight
of national budgets, to put an end to “social dumping” in the
European Union and ensure more solidarity and cohesion
between the member States.
W ould an in-depth transformation of the global economy
in your view be the way to respond to the challenges of
this time, as some analysts have suggested?
In my view, the overriding urgency is to set up a coherent
program in all countries where the failings of the capital
markets have wrecked havoc—in the first instance in the
United States where the crisis originated—to set a new
balance of power, the counterweight to the markets being
the State in a democratic society. This promise was most
solemnly made by our political leaders, at the onset of the
current financial crisis. They have not delivered on that
promise. The next step is to set up regulations and governance
under strict and supranational criteria for the global financial
system, providing a framework for risk which is the inevitable
counterparty to market inventiveness and new technologies—
for risk cannot be avoided, to some degree. Then international
institutions such as the IMF and World Bank will need to be
reformed to make them more democratic, more efficient and
give them greater powers.
Mr Jacques Attali
Distinguished academic, writer, past member of the French Conseil d’Etat, special adviser to
the President of the Republic from 1981 to 1991, founder and first President of the European
Bank for Reconstruction and Development in London from 1991 to 1993, Jacques Attali (www.
attali.com) is the president of international consultancy firm A&A (www.aeta.net), a Parisbased specialist in new technologies, and president of PlaNet Finance (www.planetfinance.
org), an international solidarity organization specializing in the development of microfinance.
PlaNet Finance is the most important of the institutions supporting microfinance through
its global reach, and advises and finances the development of microfinance in more than 80
countries.
In 1980, Jacques Attali founded Action Against Hunger. In 1984 he launched Eureka, a vast
new technology research and development program, giving rise among others to MP3.
In 1989, Attali launched an international action program to fight the disastrous floods in
Bangladesh. He became adviser to the United Nations General Secretary on the risks of
nuclear proliferation. He was an original promoter of the European drive to harmonize higher
education qualifications at Bachelor’s, Master’s and Doctorate levels.
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Finally, once this framework has been constructed, the time
will come to launch major works on a planetary scale to
reorient growth and regulate it through a counter-cyclical
investment policy. This would be financed (for example) by a
tax on greenhouse gas emissions.
The purpose of these works would be to provide a new basis
for growth in non-polluting activities, renewable energies,
telecommunication, urban infrastructure, i.e. all sectors
providing a response to the challenges of global population
growth, moving in the direction of the fundamental need for
social justice.
past three years. The first and most important thing is clearly
to reinforce investment in R&D. In this field, France is not
investing on a par with its ambitions. In 2011, R&D expenditure
ran at no more than 2.2% of GDP, well below the target 3%
set by the EU Lisbon Strategy. This target is a must if Europe
is to make up for lost time, and in particular for its inability to
capture Internet information flows.
The sovereign debt crisis is a threat to the Eurozone.
Political leaders are finding it difficult to cope. Does this
mean that the Euro is bound to disappear as a currency?
raise finance in the markets, and therefore give the financial
markets the security they need in the form of sound budgets.
Here note the success of the measures taken by the Italian
Prime Minister Mario Monti, to reduce the spread of Italian
bonds against Germany. Nevertheless, it is apparent today,
from the concerns surrounding the reform of personal taxation
announced by François Hollande, and from the fears attending
the reduction of Greek public spending, that budget discipline,
if imposed with destructive stringency, will adversely affect
future growth. The solution is neither taxation to confiscate
wealth, nor taxation to bear down in a discriminatory manner
on segments of the population, nor aggressively to cut back
public spending and so harm societies already badly affected
by the financial crisis.
Careful public spending plans are necessary above all to
make an assessment (which has yet to be done) of the actual
extent of the crisis in public sector finances, and to identify
the priorities for public sector policy-making. But restrictive
spending plans will not, in themselves, lead to the recovery of
sound budgets, either in the short or medium term. Only by
lending support to the highest performance and innovationdriven sectors will we free up the necessary growth. And this
will need to be done within a common budget framework.
The future of the Euro, as things stand today, is uncertain. Initial
responses to the crisis were provided by political leaders in
the Eurozone, in the shape of the Brussels Agreement
of December last. This shows that heads of state and
governments have
Global growth is weakened
taken full measure
today both by the current The overriding urgency is to set up a coherent
of the risks that
risks of recession, and also program in all countries where the failings of the
weigh down in
by problems more structural
the short term
in nature. Growth will be less capital markets have wrecked havoc
on the survival of
than 4% in 2012, although it
was above 5% in 2010. The whole of the planet is on the point the single currency. At the same time, there was a historic
of experiencing economic slow-down. Growth in the European intervention by the European Central Bank, which acted to avoid
Union will shrink to close to 1%, and in the United States, asphyxiation of the European economy for lack of adequate
Do you believe that this financial crisis could have
will not reach 2%. Even the economies whose performance finance. However, the single currency will inevitably fall apart
repercussions
on cash-greedy projects such as
appeared most promising, in Asia and South America, will find if there is not a more global and sustainable solution than is
environmental
protection
and energy efficiency?
it difficult to create enough jobs to employ all their youth. now on the table—and this explains the current difficulties of
The major challenges confronting the global economy, which the single currency. The Euro is threatened by the lopsided The financial crisis will not reduce the need for energy
must be met in order to free up growth, are well known: development of an effective monetary union, counter-posed world-wide. Global demand for energy could increase by
abating greenhouse gas emissions, putting an end to mass to the budget integration toward which the Eurozone is
55% between now and
unemployment, overcoming public sector debt, the reform moving only by fits and starts, in a succession of quick The financial crisis will not
2030, according to the
of the American and European financial systems, and dealing fixes. Europe will need to choose. If it does not opt for reduce the need for energy
International Energy
with the Chinese speculative real estate bubble. Over and democratic federalism, giving it the means to finance
Agency, and by 74%, if
above temporary recessionary imbalances, the problems growth, it will have to give up its single currency, and world-wide. Global demand for increased demand is
that the world will need to come to terms with in the years face the collapse of the one and only essentially federal energy could increase by 55% driven by the developed
going forward, will not find solutions either satisfactory or institution at its disposal today, the European Central between now and 2030.
economies.
But
sustainable, until a truly global democratic government has Bank. In the survival of the Euro, the whole future of the
hydrocarbon prices will
come into being, endowed with resources giving it the ability European Union is being played out.
not fall, and a decision such as Germany’s to revert to coal
to oversee the general interests of the planet.
appears both short term and anachronistic.
Is the Euro as a factor of European division, a scenario It appears unlikely that governments, notably in Europe, will
You have been described as a visionary, because 30 years likely to be played out?
be able unaided to find the resources to finance the major
ago you spoke out in favor of economic discipline and for The creation of the Euro was the fin-de-siècle turning point, projects required in the energy and environmental fields.
the development of new technologies. In retrospect, do a major step in the move to increasing integration of the Future energy growth will increasingly rely, for reasons of
you not now think that your call went unheard?
cost, on partnerships between governments, local authorities
European Union. The current crisis of monetary union places
and investors. The billions invested by the Blackstone fund
As regards the management of public sector finance, clearly
Europeans before a fundamental
and by the German Länder in German wind farms, prove that
the call fell on deaf ears. The loss of France’s triple A in
Global growth and determining choice. Whether the financial markets are ready to invest their own money in
January this year was the penalty paid for budgetary laxness,
not to go for more in-depth
will be less than or
politically ambitious projects. Here we have in mind the Euro
the dominant trend in France since 2002. Public sector
European construction, or run the
bonds targeted to productive investment deployed at the
4% in 2012
risk of seeing the European Union
expenditure increased at the same time 22 percentage points
European Union level.
were lost in terms of GDP revenues. Even today, the measures
gradually break up? However,
At all events, the United States and Europe are falling behind
of budget discipline that have been taken are clearly not Europe today more than ever needs to come together if it
and need to do far more in terms of productive investment.
enough to put public sector finances back on a sound footing. wishes to keep its international ranking. As a united force it will
Since 2008, China and South Korea have been devoting 3%
The new president of the French Republic will have to take new become the leading economic power in the world, entirely debt
of their GDP to investment in the technologies of the future,
measures to curb spending. In regard to new technologies, free and with a number of major advantages, the first of which
in rail, solar power, wind power and electric vehicles.
they represent a central aspect of the recommendations of are its educational levels in both schools and universities.
By comparison, the 12% of the American Recovery and
the Commission for the liberation of French growth, which I Once again, Europe is confronted with a real challenge, which
Investment Act earmarked for green technologies adds up to
presided. Some of these recommendations were taken up, but it must meet through further integration, and not by division.
no more than 0.7% of US GDP. Europe has committed 0.2%
there is a great deal of work still required if we are to benefit This latter scenario is of course always possible, but is by no
of its GDP to reducing carbon atmospheric emissions. This is
fully from new technologies, notably in the digital field. These means inevitable.
far too little for sectors which, if only they were the target of
technologies are only in their earliest stages of development.
investment, would be conducive to emerging from the shortfall
France has lost much ground compared to others in terms of Will not the successive enforcement of plans to control
in growth, of crisis proportions, which is currently damaging
Internet penetration rates, in households, in small and medium public spending in Europe have an adverse effect on
the western economies. n
size companies, and particularly in schools. Far too little has growth?
been invested in France on developing the digital economy. In
The Eurozone countries cannot close their eyes to the need to
Germany, for example, €1 billion a year were set aside for the
What in your view are the causes of sluggish global
growth in spite of the solid performance from many
emerging economies?
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