chris marker au palais de l`archeveche

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chris marker au palais de l`archeveche
TEMPS DE VISITE LIBRE
CHRIS MARKER
Né en 1921 à Neuilly-sur-Seine sous le nom de Christian François BoucheVilleneuve, Chris Marker est un artiste pluridisciplinaire. Il passe aisément du
roman à la photographie, de l’édition de carnet de voyage à la réalisation
d’essais cinématographiques, du documentaire au court-métrage, de la
conception de CD-roms à la création d’un avatar sur Second life (communauté
virtuelle). Dès l’après-guerre, il devient l’un des cinéastes le plus influents de sa
génération, collaborant avec des réalisateurs de la Nouvelle Vague, tels qu’Alain
Resnais ou Jean-luc Godard. Il réalise de 1957 à 2010 plus de quarante films,
courts et longs-métrages confondus.
Répertorié souvent comme « vidéaste », son travail photographique reste mal
connu du grand public. Chris Marker est avant tout un collectionneur d’images –
animées, fixes ou multimédias - parcourant le monde avec son matériel de prise
de vue. À travers ses différents travaux filmiques ou photographiques, il n’a cessé d’interroger la fonction de
l’image, et son lien indivisible au temps et à la mémoire.
La rétrospective de Chris Marker à Arles présentera, pour la première fois en France, plus de 300 oeuvres –
essentiellement photographique - réalisées par l’artiste entre 1957 et 2010 : Koreans (1957), Crush-Art (20032008), Quelle heure est-elle ? (2004-2008), After Dürer (2005-2007), PASSENGERS (2008-2010), et les deux
installations vidéo Silent Movie (1995) et The Hollow Men (2005).
En parallèle de ces travaux, le court-métrage La Jetée réalisé en 1962, alliance parfaite entre le média vidéo et la
photographie, sera projeté en continu dans une salle du parcours.
Les travaux de l’artiste ne sont pas présentés par ordre chronologique mais par salle. Les informations fournies dans ce
dossier reprennent donc l’ordre de présentation proposée par la scénographie de l’exposition.
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LE MONDE VIRTUEL DE CHRI S MARKER
L’exposition débute avec des travaux récents réalisés par Chris Marker, qui questionnent tous deux
notre rapport aux nouvelles technologies et à l’image multimédia. L’exposition propose de découvrir
l’ « Ouvroir », monde virtuel imaginé par l’artiste sur la plateforme internet de Second Life, et After
Dürer, série d’images revisitant les gravures réalisés par le peintre de la renaissance, Albretch Dürer.
SECOND LIFE
PRÉSENTATION: Dès l’entrée de l’exposition, le visiteur est invité à découvrir
l’un des plus atypique projet mené par Chris Marker : une vidéo de l’ « Ouvroir »
exposition virtuelle de l’artiste dans l’univers de Second Life.
En effet, en 2008, Chris Marker, alors âgé de 87 ans, décide de créer son
propre espace sur cette plateforme internet. Aidé d’un collectif d’artistes
viennois, il modélise une exposition virtuelle faite de nombreux collages
d’images fixes ou animées provenant de son travail photographique, mais aussi
de ses films et de ses documentaires.
POUR ALLER PLUS LOIN : Qu’est ce que Second Life ?
Univers virtuel disponible depuis 2003 sur internet, Second Life propose aux internautes de créer des
personnages virtuels(des avatars), dans un monde à part élaborés par les résidents eux-mêmes et devenant une
véritable extension de leur réalité : une « seconde vie ».
Second Life n’est pas un jeu vidéo car il n’y a pas de but précis à atteindre. Les participants sont libres de
s’aventurer comme bon leur semble dans les différents lieux qui composent cet univers. Ils peuvent ainsi se
construire une seconde identité, modifier leur apparence et créer ou acquérir des objets de toutes sortes, dès lors
que les participants s’abonnent et payent en ligne pour ces achats. Cette vie virtuelle dispose d’un système
économique à part entière qui attire de nombreux investisseurs. Ainsi, certaines grandes marques n’hésitent pas
à concevoir leurs propres espaces, pour inventer une relation d'un type nouveau avec leurs clients.
Second Life est un véritable réseau social, préfigurant le succès actuel de Facebook ou de Twiter. Aujourd’hui,
même si le concept et le graphisme de ce logiciel ont quelque peu vieilli, il reste un espace alternatif de rencontre
et d’expression : les débats, les expositions, les conférences, les recrutements, les concerts et les mariages, sont
des événements courants sur ce réseau.
À VOUS DE JOUER: Dans cette première salle, il vous sera proposé de parcourir cet univers virtuel soit en
créant votre propre personnage, soit en utilisant un avatar préalablement définit par l’équipe des Rencontres
d’Arles.
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AFTER DÜRE R
PRÉSENTATION: Dans cette même salle, on retrouve une série d’images
hybrides, réalisées entre 2005 et 2007, où Chris Marker rend hommage à
l’artiste allemand Albrecht Dürer, en se réappropriant quelques-unes des
gravures du peintre et en produisant une rencontre inattendue entre tradition
et modernité.
Grâce aux nouvelles technologies, Chris Marker retravaille et manipule les
œuvres du peintre allemand, pour composer de nouvelles images, floues,
quelque peu imperceptibles, comme pour questionner l’effet du temps, ou de
notre société, sur la perception même des œuvres d’art. Les outils
multimédias permettent à Chris Marker de rendre un hommage à Albrecht
Dürer et de conserver ses gravures hors des méandres du temps.
Vous trouverez également dans cette salle, l’œuvre « The Hollow Men » (en
français les hommes creux), mélangeant gravure et photographie.
POUR ALLER PLUS LOIN : Qui est Albrecht Dürer ?
Peintre allemand du 16ème siècle, son œuvre s’inscrit historiquement et esthétiquement dans une période de
transition entre culture médiévale et renaissante. Fils d’orfèvre, il s’oriente dès l’âge de quinze ans vers la
peinture. Après des séjours successifs en Italie - à Bologne, Florence, Rome et Venise-, de retour en Allemagne,
il ouvre son atelier à Nuremberg. De 1513 et 1514, il délaisse la peinture et la gravure sur bois pour s’adonner à
la seule activité de buriniste.
À VOUS DE JOUER :
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Regarder les images : Vous trouverez ci-dessous les gravures du peintre, sur bois ou au burin, à
partir desquelles Chris Marker à réaliser la série AFTER DÜRER. Vous pouvez établir avec vos élèves
des jeux de comparaison et de va-et-vient entre les œuvres originales et les œuvres « secondaires »,
retravaillées par le photographe. Quelles sont les éléments présents dans les gravures de Dürer ? Peuton distinguer ces mêmes éléments dans les œuvres de Chris Marker ? Vous pouvez également trouver
à quelles images correspondent les gravures ci-dessous ? Quelle technique semble avoir été utilisée
par Chris Marker ? Est-ce toujours la même d’une image à l’autre ? Ce sont autant de questions que l’on
peut poser aux élèves afin de susciter leur curiosité en les invitant à regarder les images.
Albrecht Dürer, Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse
(1497-1498). Gravure sur bois
Albrecht Dürer, Le chevalier, la mort et le
diable. (1514) Gravure sur cuivre, burin.
Cabinet des Estampes et des Dessins,
Strasbourg
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DANS LE MÉTR O PARISIE N
Dans cette rétrospective consacrée à l’artiste, deux séries de travaux photographiques sont consacrées
au métro parisien : QUELLE HEURE EST- ELLE ? réalisée entre 2004 et 2008 et PASSENGERS entre
2008 et 2010.
Pour plus de cohérence, nous avons fait le choix de vous présenter ces deux travaux dans l’ordre chronologique
de leur réalisation en s’éloignant de la disposition proposée par la scénographie.
QUELLE HEURE E ST-ELLE ?
PRÉSENTATION : Située dans la troisième salle de l’exposition, à droite de la salle principale exposant la
série PASSENGERS, la série QUELLE HEURE EST-ELLE ? retrace la première expérience photographique de
l’artiste réalisée dans le métro parisien. Ces photographies, en noir et blanc, constituent une série de portraits
volés des passagers du métro parisien.
POUR ALLER PLUS LOIN : Les univers souterrains.
La symbolique du métro est une thématique récurrente dans le travail de Chris Marker. En effet, cet intérêt pour
les univers souterrains n’est pas nouveau et il y fait régulièrement référence dans plusieurs de ses œuvres
filmiques. Tout d’abord, dans le court-métrage La Jetée, datant de 1962, où les personnages se réfugient dans le
réseau de souterrains de la ville de Paris pour échapper aux radiations nucléaires. Puis, plus récemment, dans
son essai filmique Sans Soleil, réalisé en 1983, Chris Marker filme les usagers du métro tokyoïte et compose un
montage alterné et décalé, juxtaposant des plans séquences des tokyoîtes dormant dans le métro avec des
extraits de films d’épouvantes japonais.
À VOUS DE JOUER :
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Comment comprend-t-on que ce sont des images volées ? Il s’agit de s’intéresser à la composition
des images et aux sujets présents sur les clichés :
- Les angles de prise de vue: elles sont souvent prises en contre-plongée, à l’abri des regards.
- Les regards: dans la plupart des images, les personnes photographiées ne regardent pas l’objectif.
- Les thèmes : les photographies représentent des instants éphémères et authentiques de notre vie
quotidienne, sans aucune mise en scène.
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•
Un paparazzi dans le métro? : Encore une fois, il s’agit d’interroger les élèves sur la technique utilisée
par Chris Marker pour effectuer ces clichés des usagers du métro parisien, souvent bondé, sans pour
autant se faire remarquer. Pour avoir une réponse il faut s’intéresser au titre de la série.
Pourquoi un tel titre ? En effet, le nom de cette série, QUELLE HEURE EST-ELLE ?, semble aux
premiers abords quelque peu incongru, voir incorrect. Cependant, cela peut devenir un indice
indispensable pour comprendre comment Chris Marker a procédé à la réalisation de cette série
photographique. En effet, il a débuté son expérience avec un gadget digne des films de James Bond :
un appareil photographique dissimulé dans sa montre. Cette technique de prise de vue, quelque peu
inhabituelle, confère à ces images une valeur inestimable, d’objets rares et précieux. Le temps d’une
image, Chris Marker réussit à dessiner les contours de cette masse innombrable, se pressant dans le
flux incessant et souvent insaisissable du métro parisien. Même s’il a changé d’appareils par la suite notamment avec la série PASSENGERS- , il conserve le titre de la série pour nous rappeler que ces
instants volés permettent de figer, le temps d’une image, des visages et des corps souvent féminins
comme pour les extirper de leur course incessante contre le temps.
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PASSE NGE RS
PRÉSENTATION : Avec PASSENGERS, de 2008 à 2010, Chris Marker continue son infiltration dans l’univers du
métro et RER parisien, dans une quête incessante des visages et des corps féminins. Les appareils de prise de
vue changent quelque peu : il n’utilise plus de montre mais bien des lunettes pour effectuer ses clichés et le noir
et blanc est abandonné au profit d’un travail sur la couleur. Le sujet reste cependant le même : saisir des
portraits authentiques des usagers de ce monde souterrain.
Contrairement à la série précédente, réalisée en noir et blanc,
la présence de la couleur va mettre en évidence la qualité
médiocre de l’appareil. Le photographe utilise des appareils de
basse qualité, plus proche du téléphone portable qu’un réflex,
afin de photographier sans être vu. Par la suite, il retravaille
numériquement ses images en portant une attention toute
particulière aux couleurs et aux contrastes dans la composition
de ses photographies. Paradoxalement, quand on regarde ces
images, c’est cette mauvaise qualité qui va nous convaincre de
l’authenticité des clichés pris par l’artiste.
POUR ALLER PLUS LOIN : Jeu des associations
Chris Marker a retravaillé numériquement certaines de ses photographies afin d ‘accentuer les couleurs
naturelles des images, mais aussi afin d’établir, non sans un certain humour, des comparaisons entre les
passagers et de célèbres figures de l’histoire de l’art. L’art est partout et s’introduit sans le savoir, le temps d’une
pose, dans les recoins du métro parisien .
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À VOUS DE JOUER :
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Comparaisons : Après avoir vue les photographies de QUELLE HEURE EST-ELLE ? et de
PASSENGERS, questionner vos élèves sur les différences et les points communs des deux séries
photographiques :
Le travail sur l’image (noir et blanc ou couleur)
Les angles de prise de vue (selon que la photographie soit prise avec une montre ou des lunettes)
La constance des sujets représentés (le métro, les sujets féminins, la foule …)
Les jeux de collage dans la série PASSENGERS.
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CARNET DE VOYAGE
Koreans, traduit en français par les « Coréennes », se compose d’une série de portraits, du peuple de
la République Populaire de Corée. Cette série a été réalisée cinq ans après la fin de la guerre de Corée
faisant plus d’un million de mort et divisant le pays en deux États.
KOR EANS
PRÉSENTATION : Dans cette série de photographies, réalisée en 1957, Chris
Marker, alors jeune photographe, est l’un des seuls journalistes autorisés à explorer la
Corée du Nord.
Ici, le photographe prend une certaine distance avec la grande Histoire et le contexte
politique de l’époque en choisissant d’immortaliser des instants de la vie quotidienne du
peuple coréen : la vie de famille, la ville, le marché, les bals, les jeux d’enfants …
Comme dans les précédents travaux présentés dans l’exposition, le photographe porte
une attention particulière à capturer l’image de sujets féminins afin de saisir leur regard
le temps d’une image.
POUR ALLER PLUS LOIN : Carnet de Voyage.
Deux ans après son retour de Corée du Nord, Chris Marker publie un ouvrage regroupant l’ensemble des
photographies réalisées pendant ce voyage, qu’il va accompagner de textes afin de constituer un véritable carnet
de voyage illustré. Cet artiste de l’image est aussi un écrivain qui manie aisément les mots, et compose un court
récit à la fois poétique, humoristique et satirique sur la vie quotidienne du peuple coréen.
« Son nom est douceur, son autre nom est Gravité. Noms difficiles à
reporter sur le visage occidental, où l’effacement du sourire peut devenir
(au mieux) la tristesse, presque jamais cette seconde clef, cette face
obscure de la douceur. »
« Sur le trottoir de la terre battue, ils marchaient gravement, sans se
regarder, comme de vrais amoureux – au-delà du choix. Il serrait la main
de son amie comme une pierre. Je me demande où il allait la déposer. »
« Une grande partie de la Corée se promène sur la tête des Coréens.
Comme ces illusionnistes de salon qu’on engageait aux années 1900, qui à
peine présentées sous un faux nom se mettait à jongler avec le mobilier pour
émouvoir l’assemblée, les Coréennes font danser les objets. »
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« Au bout du marché de Kaesong, là où un canal sépare les dernières
échoppes du plus vieux quartier de la ville, six enfants me regardaient les
regarder. Jeu de miroir qui n’en finit pas, où le perdant est celui qui laisse
tomber les yeux, qui laisse passer le regard de l’autre comme une balle. »
À VOUS DE JOUER : Une fois de retour en classe, le moment de la rentrée scolaire peut être propice à
travailler avec les élèves sur l’élaboration d’un carnet de voyage. Il peut être réel ou fictif, mélangeant
photographies personnelles, illustrations publicitaires ou images d’actualité, afin de construire un court récit
imagé sur la tonalité dramatique, poétique ou humoristique.
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PRÉSENTATI ON DE S INSTALLATIONS
Chris Marker est également un artiste qui effectue des installations visuelles autour de l’image fixe ou
de l’image animée
SILENT MOVIE
PRÉSENTATION : Silent Movie est une installation vidéo multimédia réalisée
par l’artiste en 1995 à la suite d’une commande par le Wexner art Center for
the arts de l’université de l’État de l’Ohio. Elle se compose de cinq écrans,
disposés les uns au-dessus des autres, diffusant en boucle, et à des vitesses
variables, des extraits d’anciens films, groupés selon quatre thème : le voyage,
le visage, le geste et la valse.
L’un des écrans, placé au milieu, est réservé à l’écrit, faisant directement
référence aux panneaux qui entrecoupaient les images des films muets. En
effet, l’installation Silent Movie est un hommage rendu par Chris Marker au
cinéma muet, mis en place à l’occasion du centenaire de la création du cinéma.
Ces anciens films sont entrecoupés d'images plus récentes, mais tournés en
noir et blanc, avec l’actrice Catherine Belkhodja. Cette dernière participera par
la suite au documentaire Level Five réalisé par Chris Marker en 1996. Les
images anciennes et contemporaines s’alternent donc sans qu'on puisse
véritablement dater l'époque des unes ou des autres.
CRUSH-ART
PRÉSENTATION : Crush-art est une installation photographique de seize visages d’une même femme. Ces
photographies sont froissées et rephotographiées par le travail de Chris Marker.
POUR ALLER PLUS LOIN : Artiste d’un média contemporain.
Chris Marker est un artiste pluridisciplinaire : écrivain, photographe ou cinéaste, il ne cesse de questionner la
fonction de l’image dans ses différentes productions. Il s’intéresse tout particulièrement au langage multimédia
qui lui permet de confronter les différentes utilisations et expression de l’image dans notre société. Depuis 1978,
il multiplie les installations combinant les différents médias vidéos, électroniques ou photographie, comme pour
son installation interactive Zapping Zone réalisée de 1985 à 1994, et appartenant aujourd’hui à la collection du
Musée National d’Art Moderne du Centre Pompidou à Paris. Ainsi, dans son film « Sans Soleil », il affirme que: "
La matière électronique est la seule qui puisse traiter le sentiment, la mémoire et l'imagination"
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SALLE DE PROJ ECTION
Dans la salle de projection située à la suite du hall consacré aux affiches de films réalisées par Chris
Marker, il est possible de découvrir une pièce majeure de l’oeuvre filmée de cet artiste pluridisciplinaire :
le court-métrage La Jetée, réalisée en 1962.
Durée : 27 minutes
LA JETÉE
PRÉSENTATION : Ce court-métrage de vingt-six minutes réalisé en 1962 est la première et unique œuvre de
fiction de Chris Marker. Il va bouleverser les codes traditionnels du montage cinématographique de l’époque, en
proposant une œuvre composée en quasi-totalité de photographies arrêtées, et non de plans fixes comme on
pourrait l’imaginer. Cette œuvre atypique, à la frontière entre cinéma et photographie, conserve tous les signes
constitutifs du langage cinématographique : mouvement caméra, voix-off, bande-son. L’originalité de cette
démarche lui vaudra une renommée internationale, influençant des générations de jeunes cinéastes.
SYNOPSIS : « Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image
d’enfance » Après une Troisième Guerre mondiale qui vit la destruction de la
capitale parisienne, les rescapés vivent désormais sous terre pour tenter
d’échapper aux radiations nucléaires. Les vainqueurs de ce monde souterrain
mettent au point une série d’expériences scientifiques sur leurs prisonniers.
Parmi ces cobayes soumis à de terribles expériences, se trouve un homme
hanté par le souvenir d'une femme rencontrée sur la jetée de l'aéroport d'Orly.
Il fut choisi entre mille par les savants afin d’effectuer un voyage dans le
temps. Après plusieurs jours d’expérimentation, le sujet est de retour dans un monde intact, d’avant l’apocalypse
nucléaire. Il y retrouve le visage de cette mystérieuse femme qui avait marqué son enfance, et de cette rencontre
naîtra une idylle. Cependant, la fatalité temporelle finira par le rattraper car on ne s’évade pas si facilement des
méandres du Temps …
POUR ALLER PLUS LOIN : Genèse du court-métrage.
Dans les années 1930, le jeune Chris Marker découvre le Pathéorama, sorte de lanterne magique lui permettant
d’observer les plans des plus célèbres œuvres cinématographiques de son époque. Ces images,
magnifiquement reproduites, ont marqué l’imaginaire de l’écolier qui trente ans plus tard, devenant cinéaste,
réalise un court-métrage qui va révolutionner les usages et les codes cinématographiques alors en place.
En effet, l’apparition du cinéma est le résultat d’une innovation technologique : celle de faire se succéder des
plans fixes, à hauteur de 16 ou 18 images par seconde, afin d’obtenir l’illusion d’une image en perpétuel
mouvement. Peu à peu ce principe s’est fluidifié pour obtenir aujourd’hui une moyenne de 24 images par
seconde.
Avec La Jetée, Chris Marker fait subir à l’image le chemin inverse de celui du cinéma, passant de l’état d’image
animée à celui d’images fixes. Cette esthétique va lui permettre d’aborder une thématique, qu’il continuera à
approfondir tout au long de ses essais cinématographiques, celle de la mémoire. L’utilisation de l’objet
« photographie » fige le souvenir et contraint le passé à demeurer sur la pellicule. Par ailleurs, c’est en mêlant
ces images arrêtées avec les outils classiques du langage cinématographique - comme la voix-off ou les
mouvements caméra - qu’il va véritablement repousser les frontières historiques entre photographie et cinéma.
Ainsi, toute l’originalité de La Jetée réside dans ce choix esthétique d’utiliser essentiellement des photographies
minutieusement travaillées, tant dans la composition que dans l’éclairage. Le court-métrage comporte cependant
une brève séquence animée qui permet au cinéma, non pas d’affirmer sa présence, mais de révéler toute sa
puissance le temps d’un battement de cils.
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À VOUS DE JOUER : Avec les élèves, après avoir visionné tout ou partie du court-métrage, il sera possible de
les interroger sur le passage de l’image fixe à l’image animée, et sur la frontière entre cinéma et photographie.
Quelques pistes de réflexion :
- Discuter des différentes techniques utilisées par Chris Marker afin de mettre l’image photographique en
« mouvement » (zoom avant ; différents rythmes de défilement des photographies ; musique …)
- Replacer le court-métrage dans un contexte historique et trouver les références à la Seconde Guerre
mondiale (murmure en allemand ; Paris détruit ; bombe atomique …).
- Comprendre quel est l’intérêt pour l’artiste d’utiliser la photographie (prendre le temps de regarder,
construire l’angoisse, le suspens, laisser vagabonder notre imagination entre deux clichés)
- Prendre conscience de l’importance de la voix off et du travail d’écriture nécessaire à la construction du
récit.
Attention, la projection de la Jetée vous est également présentée lors
de la séance de projection d’Une Rentrée en Images par l’intermédiaire d’un médiateur.
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QUELQUES INFORMATIONS SUR LE LIEU D’EXPOSITION
Le Palais de l’Archevêché d’Arles
Le Palais de l’Archevêché, aussi connu sous le nom de
Palais Archiépiscopal, est situé sur la place de la
République, au cœur de la ville d’Arles. Il est accolé à
l’actuelle Église d’Arles, ancienne cathédrale fondée par
Saint Trophime, au Vème siècle et détruite par les
invasions du VII-VIIIe siècles.
Dès le Moyen-Âge, le palais de l’Archevêché sera associé au siège de l’Eglise d’Arles. À cette époque,
il constitue l’une des résidences de l’évêque en charge de la province ecclésiastique. La ville d’Arles
était alors le centre d'un archevêché très important : églises et couvents étaient fort nombreux dans la
ville, et le diocèse, très étendu, englobait la Camargue et la Crau.
L’évêque ne résidait pas de façon permanente à Arles. Lors de ses séjours, il y était entouré de
l’ensemble de sa cour archiépiscopale : le vicaire général, l’official, le procureur fiscal et six à huit
domestique (cuisinier, portier, bouteiller …).
Cet édifice médiéval, d’abord roman, fut agrandi au cours du XVIème siècle afin de correspondre aux
critères architecturaux de l’époque moderne. Suite à de nombreuses modifications du bâtiment au
XVIIème siècle, il ne subsiste aujourd’hui du palais moderne que le porche d’entrée, l’escalier
monumental et les pièces décorées de peintures murales, de boiseries et de stucs.
Depuis 1959, la façade du XVIIIème siècle, l’escalier, le cabinet de travail des archevêques et le
plafond de l’ancienne salle de bain des évêques sont classés Monument Historique.
Au bas de l’escalier monumental de l’ancien archevêché, trône L’Aveugle
et le Paralytique, œuvre la plus célèbre du sculpteur arlésien Jean Turcan
(1846-1895). Réalisée en 1883, elle valut à son auteur la médaille d’or au
Salon de Paris.
L’archevêché reste le plus grand édifice médiéval conservé de la ville
d’Arles. Sa fonction initiale disparut au moment de la Révolution française,
pour laisser place, depuis cette époque, à des affectations civiles.
Aujourd’hui, le palais est fractionné en plusieurs parcelles appartenant à la
ville. On y retrouve une antenne universitaire et l’école maternelle du
Cloître.
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