IcI c`est aIlleurs - Saint-Gervais Genève Le Théâtre
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IcI c`est aIlleurs - Saint-Gervais Genève Le Théâtre
Ici c’est ailleurs Ex-Maison des Jeunes et de la Culture fondée en 1963 Programme 2011 / 2012 Dans le cadre de la Bâtie, festival de Genève 02 et 03 septembre 07 et 08 septembre 09 au 13 septembre 12 et 13 septembre 12 au 17 septembre El año de Ricardo, Angélica Liddell La Trilogie des lunettes, Emma Dante dieu est dans ma langue, Philippe Soltermann Le Chagrin des Ogres, Fabrice Murgia La Plainte du bonheur, Philippe Soltermann Spectacles Le Tartuffe ou l’Imposteur, Les arTpenteurs Anna Politkovskaïa non rééducable, Mireille Perrier Rhinocéros, Isabelle Matter Utopie d’une mise en scène, Christian Geffroy Schlitter Patria Grande, Dominique Ziegler Collectif 71 et La Prison, Collectif F71 Le salaire du marcheur, Nicolas Bouchaud, Eric Didry Europe, l’échapée belle, Marie Fourquet Pour l’instant, je doute, Cie ad-apte A l’Hôtel des routes, Théâtre de l’Esquisse Elseneur-Machine, José Lillo Spectacle de sortie de la Manufacture, Hetsr Kaïros, sisyphes et zombies, L’Alakran OFF pluridisciplinaire 04 au 09 octobre 15 au 16 octobre 01 au 05 novembre 27 janvier 30 janvier au 12 février La Fureur noire, un théâtre radiophonique par André Steiger Une nuit au théâtre avec Jean-Jacques La semaine du cinéma, Strip-Tease, l'émission 9e Journée de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité cinéma, conférences, débats Festival Mémoires blessées , 4e édition, expositions, spectacles, projections, colloques Renseignements : www.saintgervais.ch Photos couverture et ci-contre © Julie durand 2011 11 au 23 octobre 18 au 22 octobre 09 au 19 novembre 15 novembre au 03 décembre 06 au 22 décembre 2012 10 au 21 janvier 17 au 21 janvier 06 au 24 mars 06 au 24 mars 17 avril au 05 mai 22 mai au 09 juin 18 au 20 juin 26 au 30 juin Anna Politkovskaïa « Les ennemis de l’Etat se divisent en deux catégories : ceux que l’on peut ramener à la raison et les incorrigibles. » N° 01 « Vous êtes Russe ? – Russe et Genevois ! » G. Pitoëff à un journaliste parisien, 1923 Mai 2011 En 1995, à l’orée de ma première saison comme « responsable du « Ici c’est ailleurs », département des arts de la scène de Saint-Gervais Genève », la revue de St-Gervais j’annonçais les axes du cahier des charges qui m’avait été fixé. Au Le Théâtre programme : Genève, c’est-à-dire le monde, selon trois déclinaisons concrètes. La mise en valeur de la création locale – dans une perspective régionale et internationale – à travers une association dans la durée avec quelques compagnies. Une politique d’accueil de spectacles étrangers, à tendance polyglotte. Un théâtre ouvert aux autres disciplines. Il s’agissait d’imaginer une fabrique artistique qui ne s’enfermerait pas dans ses murs, traverserait les frontières, tout en se préservant de l’actualité médiatique mortifère. Une passion pour Genève Aujourd’hui, je garde le cap. A une époque où le mot changement cache mal l’incantation sournoise visant à liquider ce que justement il ne faut pas changer, annoncer le renouvellement en profondeur d’une institution bientôt cinquantenaire, sous les auspices de la continuité, peut surprendre. On s’efforcera de ne pas céder aux sirènes du néolibéralisme, tout en déjouant les conservatismes, fussent-ils progressistes… J’espère me faire bien comprendre (on y reviendra). Reprenons au début. Au début de ce qui n’est déjà plus un début. J’ai, depuis l’adolescence, cette obsession et cette passion pour Genève. Une Genève parfois idéalisée, parfois maltraitée, mais qui retient sans relâche ma curiosité et mon engagement. C’est dans la connaissance intime de la ville et la campagne, de ses quartiers et de ses communes, que je puise mon inspiration. De la plongée dans son histoire cosmopolite, terre de refuge et de repli, je dégage un potentiel d’action exceptionnel, la nécessité d’une vista culturelle, une responsabilité intellectuelle inentamable. La lecture de Calvin, Servet, Rousseau, Diderot, Voltaire autant que celle de Robert de Traz, Isabelle Eberhardt, Albert Cohen, Alfred Berchtold, Yvette Z’Graggen, Jean Starobinski, me confirme dans ma conviction que Genève est plus grande que Genève. Un observatoire dramaturgique Entre bonne volonté, cynisme et utopie, cette petite ville se trouve être le réceptacle (la scène) inouï des faits et des gestes, des espoirs et des combats des peuples et individus dans le monde. Cette représentation des malheurs et des bonheurs de la planète fait trop rarement l’objet d’une attention artistique. A l’image du citoyen Rousseau qui – se référant à l’antique Athènes, appelait le spectateur de Genève, à devenir l’acteur social de sa propre vie – il nous faut miser sur les trésors d’une ville dont le destin, à la fin, est de jouer sur la scène du monde plutôt qu’à l’autruche. Le projet d’un « observatoire dramaturgique », que je suis en train de constituer avec plusieurs personnalités suisses et étrangères, vise à traduire, en terme de représentations artistiques, ce théâtre politique et diplomatique. Entre guerre et paix. Une multitude de publics Avant de vous laissez découvrir le programme de la nouvelle et les quelques réflexions qui l’accompagnent, je voudrais saluer le public, les publics de Saint-Gervais, qui incarnent une formidable diversité. Sérieux et joueur, curieux, impliqué, le spectateur qui fait le choix de Saint-Gervais n’est pas réductible à une identité ou à un domicile fixe. Dans la succession souvent contradictoire de nos propositions, il chemine, fidèle et infidèle, acteur de ses désirs. Venir ou ne pas venir... Y revenir ? Libre. L’édito Le théâtre dont Genève est le nom Philippe Macasdar Saint-Gervais, le théâtre de l'autre Genève Au bout de quarante-huit ans, l'ex-Maison des Jeunes et de la Culture prend un nouvel envol sous l'appellation de « Saint-Gervais Genève, Le Théâtre ». Non parce qu'il serait le théâtre, unique et incontournable, ce qui serait par trop présomptueux, mais parce qu'enfin toute la maison de la rue du Temple est désormais entièrement investie par le pôle des arts de la scène ; et, en premier lieu, par les résidences, au nombre de huit (sans compter quelques hôtes occasionnels), qui bénéficient pour le coup de soutiens financiers, de salles de répétition, de réunion et de locaux administratifs. Une manière de confronter les points de vue, d'offrir une communauté de postures, de faire cohabiter permanents et artistes dans une même volonté de développer un « art d'ensemble ». Le sommaire Le grand entretien . 2 Sous le regard de Jean-Paul Curnier, philosophe et écrivain français, entretien à six mains sur le passé et l’avenir de la maison La carte postale . 6 La sauce aux pommes sauvages de Marielle Pinsard La saison 2011 / 2012 - Le programme . 7 Les résidents de St-Gervais . 16 Marie Fourquet / Julie Gilbert / José Lillo / Jérôme Richer / Eric Salama / Christian Geffroy Schlitter / Philippe Soltermann / Dominique Ziegler Les transversales . 18 18. Omar Porras une rencontre qui a uni deux destins 20. Ophuls / Godard un dialogue dans le siècle 22. Pierre Hazan mms d’Egypte Saison en cours . 23 Sur la route de tg STAN Stage avec Youri Pogrebnitchko, à découvrir le temps d'un atelier Ex-Maison des Jeunes et de la Culture fondée en 1963 1 Prendre le parti de l'appeler « le » théâtre est aussi une manière de réaffirmer Mai 2011 l'importance qu'il doit prendre dans la « Ici c’est ailleurs », société d'aujourd'hui et cela, dans un la revue de St-Gervais souci d'ouverture au monde, quand il Le Théâtre s'agit d'évoquer le théâtre de la mémoire ou celui des images. C'est enfin une volonté de marquer la dynamique qui anime plus que jamais Saint-Gervais dans le dessein de favoriser les tournées des troupes et compagnies à l'étranger tout en continuant son travail d'accueil, représentatif de la diversité des esthétiques et des cultures. Saint-Gervais, le théâtre ou la mise en valeur de la dimension internationale et cosmopolite de Genève. L'autre Genève. L’Équipe Direction : Philippe Macasdar Gestion administrative et ressources humaines : Yoko Miyata Gestion financière : Alberto Caridad Production : Florence Chappuis Communication et presse : Emmanuelle Stevan Relations publiques et promotion : Anaïs Balabazan Assistante de direction : Aldjia Moulaï (Interim : Pierrine Poget) Régie générale et lumières : Ludovic Buter Régie son et vidéo : Pierre-Alain Besse Entretien : Lidia Usaï Technique bâtiment : Ignacio Llusià Accueil et billeterie : Gaïl Menzi Accueil : Edouard Dorsaz, Tristan Audeoud, Florian Gras Apprentie administration : Sónia Da Silva Marques Buffets : Florence et Guillaume Chappuis, Sandra Irsapoulle Buvette : Arnaud Marcand Publication Responsable : Philippe Macasdar Coordination : Maxime Pégatoquet, Emmanuelle Stevan Rédaction des textes : Francine Wohnlich, Maxime Pégatoquet, Pierrine Poget et les compagnies Graphisme : atelier blvdr / Silvia Francia Impression : Sro-Kundig, Genève mai 2011 Remerciements à Gilles Anex, Jean-Paul Curnier, Pierre-Louis Chantre, Alexandre Demidoff, Christophe Jacquet, Lisbeth Koutchoumoff, Stéphane Pecorini, Marielle Pinsard et Omar Porras pour leurs contributions La fondation pour les arts de la scène et les expressions culturelles pluridisciplinaires est subventionnée par le Département de la Culture de la Ville de Genève et par le Département de l’instruction publique du Canton de Genève. Conseil de fondation Présidente : Renate Cornu Vice-président : Nicolas Wenger Trésorier : Robert Pattaroni Secrétaire : Marie-Pierre Theubet Membres : Dominique Berlie, Raffi Garibian, Christina Kotsos, Christiane Leuenberger, Jean-Bernard Mottet, Patrice Mugny, Jean Prévost, Cléa Redalié, Pascal Rubeli, Jean-François Rohrbasser 2 Sans doute n’a t-on pas encore pris toute la mesure de l’évènement : la Maison de Saint-GerMai 2011 vais, lieu de culture majeur « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais dans le paysage genevois, enLe Théâtre tame en 2011, une mue déterminante. Après la Maison des Jeunes des origines, la Maison de la culture des années 80 et la renaissance en Maison des arts de l’image et de la scène de 1995 à 2010, l’immeuble de la rue du Temple passe un nouveau cap. Désormais seul capitaine à bord, Philippe Macasdar investit les lieux sous les auspices d’un mandat tout neuf. Mais encore faut-il s’entendre sur la notion de nouveauté. C’est justement l’objet de cet entretien, sous le regard complice de JeanPaul Curnier, l’ami étranger. Le grand entretien Je peux enfin réaliser ce que j’imaginais Désormais dirigée toute entière par un Philippe Macasdar plus dynamique que jamais, Saint-Gervais entre dans une nouvelle phase de son histoire. Lisbeth Koutchoumoff & Pierre-Louis Chantre : Est-il juste de dire que SaintGervais se trouve à l’aube d’une ère nouvelle ? Philippe Macasdar : Oui et non. D’un certain point de vue, le Saint-Gervais qui commence en 2011 n’est pas fondamentalement nouveau. Quand je suis entré dans la maison, en 1995, j’avais un projet qui déclinait la notion de « Maison commune » dans trois directions : il y avait la Maison des compagnies, la Maison des langues et la Maison des plaisirs qui étaient une manière de dire la transdisciplinarité. L’idée de maison des compagnies venait de mon expérience théâtrale. J’avais compris qu’à Genève et en Suisse romande, le problème n’est pas de monter un premier spectacle, puis un deuxième, puis un troisième, mais de franchir un cap artistique, de progresser pour atteindre un impact esthétique effectif. Saint-Gervais pouvait être un appui pour plusieurs compagnies. Je tenais à leur offrir une disponibilité, des réseaux, les soutenir pour qu’elles produisent une création par année sur un cycle de quatre ans, fassent des reprises. C’est ce que nous avons réalisé dès le début avec la Compagnie du Revoir, l’Organon, le Théâtre de l’Esquisse et les Basors. Quinze ans après, il s’agit toujours de développer ce projet dans le même état d’esprit, mais en étant beaucoup plus radical, conséquent et concret. Sous le regard de Jean-Paul Curnier, philosophe et écrivain français, entretien à six mains sur le passé et l’avenir de la maison. LK & PLC : En quoi la mise en œuvre de cette idée n’a-t-elle pas été assez radicale ces quinze dernières années ? PM : Nous avions un gros problème d’espace. Jusqu’à la fin des années 90, il y avait trois départements à Saint-Gervais : le premier s’occupait des arts et médias électroniques, le deuxième de photographie et d’illustration, le troisième des arts de la scène. Les deux premiers ont fusionné pour devenir le Centre pour l’image contemporaine (CIC), tandis que les arts de la scène ont poursuivi leurs activités sous le nom de Théâtre Saint-Gervais. Mais cette configuration ne me permettait pas de proposer des salles pour les compagnies. Il n’y avait simplement pas assez de place. On était coincé, dans tous les sens du mot. Le grand entretien 3 LK & PLC : Y avait-il une synergie entre les deux départements ? PM : Malheureusement non. Installer trois départements indépendants dans Mai 2011 une maison aussi petite mène obligatoi« Ici c’est ailleurs », rement à un blocage. C’est pour cette la revue de St-Gervais raison que le déplacement du CIC au BâLe Théâtre timent d’art contemporain, à Plainpalais, a d’abord représenté un progrès. Si rien n’avait changé, Saint-Gervais en aurait été profondément affaibli. On aurait vu la fin de l’utopie que ce lieu incarne depuis sa naissance en 1963, celle d’une action culturelle et pédagogique alternative, parfois transgressive, celle d’un espace de création animé par la remise en question des modes de production, celle aussi d’un lieu turbulent, poreux, multiple, inclassable. Si on avait maintenu le statu quo, la maison aurait risqué de se réduire à un lieu d’accueil pour associations culturelles en mal d’espace à Genève. Il y avait une tentation dans ce sens. Certains songeaient à mettre fin au théâtre à Saint-Gervais. C’est d’ailleurs une vieille idée: au milieu des années 90, suite au développement de la scène genevoise, avec le Grütli et l’Usine notamment, le magistrat en charge de la culture à la Ville de Genève pensait déjà qu’il fallait arrêter le théâtre à Saint-Gervais. On parlait de transformer l’immeuble en Maison de l’image. Jean-Paul Curnier : Cette idée de disparition du théâtre me rappelle les débuts du 104, à Paris. En 2005, on a confié la première direction de cet immense établissement artistique à des gens qui devaient en faire un lieu emblématique de la création contemporaine. Ils affirmaient que ce qui était intéressant désormais, c’était de montrer les artistes au travail et pas forcément le résultat de ce qu’ils faisaient. J’étais résident là-bas, en tant qu’écrivain, et je voulais créer un oratorio, un objet qui mêlait l’écriture, la scène et la musique. Les directeurs ne comprenaient pas que je propose ce genre de chose ; ils trouvaient incroyable qu’un écrivain leur propose un spectacle de scène alors que, selon eux, il n’y avait plus rien à faire sur une scène. Cette anecdote est une parabole pour les temps actuels. Elle montre comment on conçoit la transdisciplinarité dans les arts : chacun doit avoir une spécialité et ensuite on assemble des spécialités, comme dans un bureau d’études. Alors que la transdisciplinarité, pour moi, c’est d’abord un emprunt personnel aux autres genres, un déplacement intérieur. LK & PLC : S’il y a donc du nouveau aujourd’hui à Saint-Gervais, c’est que vous allez enfin pouvoir réaliser votre projet de 1995 ? PM : Exactement. Maintenant, je peux réaliser ce qui m’importe, c’est à dire faire habiter cette maison par des artistes. Une fabrique de théâtre, à l’instar de celles qui ont fait la réputation du quartier. Sur la durée, je peux proposer aux équipes des salles de réunion et de répétition, une participation financière à la production, une logistique administrative, une mise en relation avec des réseaux de tournée. Saint-Gervais peut aussi offrir des résidences d’écriture, que ce soit pour le théâtre, le cinéma ou autre. Au moment où nous parlons, Philippe Soltermann et Christian Geffroy Schlittler répètent au 7e étage, Dominique Ziegler au 6e, Jérôme Richer au 2e sous-sol ; Eric Salama et José Lillo préparent leur prochaines mises en scène au 4ème, l’illustrateur et éditeur Jean-Marie Antenen travaille dans la maison, l’auteure de théâtre et scénariste Julie Gilbert également, le duo Aubert-Siron, etc. Une telle situation était impensable auparavant. Aujourd’hui, je peux pleinement jouer ce rôle d’entremetteur que j’aime parce qu’il permet, je crois, de créer les conditions de la qualité artistique. Quand j’ai fait venir Dario Fo et Franca Rame, en 1996, pour qu’ils donnent un spectacle qui était aussi une formidable leçon de théâtre, ou Giorgio Strehler, Gérard Guillaumat, Philippe Clévenot, Armand Gatti, André Steiger ou Isabelle Pousseur, mon obsession, c’était qu’un maximum d’artistes ici en profite. Mon état d’esprit est le même aujourd’hui. Ce serait donc démagogue d’annoncer quelque chose de complètement nouveau. JPC : Annoncer quelque chose de nouveau, aujourd’hui, est extrêmement périlleux. C’est nécessaire, parce que les autorités publiques attendent toujours quelque chose d’original pour marquer la différence, mais au théâtre, il ne peut rien y avoir de nouveau. Et puis, est-ce qu’on attend un théâtre nouveau, des pièces nouvelles, ou plutôt une philosophie du théâtre qui a de nouveaux moyens ? En France, les spectacles tournent comme si tout le monde puisait dans le même catalogue de la Redoute. Ça, c’est la nuit du théâtre. LK & PLC : Il y a quand même un fait inédit, c’est qu’il n’y a plus qu’un seul maître à bord de Saint-Gervais. Est-ce que ce changement implique un nouveau rôle ? PM : Oui, on ne m’a pas simplement demandé de continuer. La Fondation de Saint-Gervais m’a proposé un nouveau mandat avec un rôle bien défini. Il est maintenant possible d’imaginer une programmation sur l’ensemble de la maison avec une direction artistique cohérente. LK & PLC : Saint-Gervais va-t-il changer de nom ? PM : Cette question a été l’objet d’une grande discussion avec le Conseil de fondation. Nous ne savions pas s’il fallait garder le mot « théâtre ». Le garder risquait de limiter notre champ d’action. Si on l’enlevait, on allait nous repro- 4 Le grand entretien cher de ne plus vouloir faire de théâtre. Finalement, la maison va s’appeler « Saint-Gervais Genève, le théâtre ». C’est-à-dire le théâtre de tous les possiMai 2011 bles, le lieu de toutes les liaisons artisti« Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais ques. La grande différence avec les quinze dernières années, c’est que le théâtre Le Théâtre assume pleinement son rôle moteur. Et c’est parce que cette place est clairement marquée qu’il peut s’ouvrir à d’autres disciplines. A ce sujet, il y a un malentendu quand on dit que Saint-Gervais pratique un théâtre engagé. Quand je monte des colloques ou des expositions sur l’Algérie, la Bosnie, l’Inde, la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale ou les droits économiques et sociaux, je le fais dans un cadre défini de la programmation. Quand j’invite des troupes d’Israël et de Palestine, je situe cet accueil dans l’histoire du théâtre autant que dans la politique internationale. St-Gervais oscille entre ces deux pôles. Le théâtre doit apprendre aussi à se protéger de l’actualité, se tenir à distance. Il doit se dégager du présent. Je trouve plus intéressante l’idée d’un théâtre « dégagé » plutôt que celle d’un théâtre « engagé ». Il faut se dégager des automatismes, des formules, des postures d’avant-garde ou de classicisme... JPC : La tâche du théâtre, c’est de rendre visible ce qui gouverne nos existences d’aujourd’hui. A l’époque de Brecht, on pensait encore que les hommes faisaient librement l’histoire, donc on pouvait aller au théâtre en se disant qu’il pourrait nous aider à être les acteurs de notre propre destin. Aujourd’hui, plus personne ne pense qu’il est acteur de son propre destin. Tous fuient cette idée. Cette situation fait que le théâtre a une place plus difficile. Il peut proposer de reconnaître les contradictions et conflits intérieurs de la vie quotidienne, mais le spectateur ne les revit pas, il y assiste. Dans ce cas, l’échec du théâtre est total. Il devient une répétition de la réalité aveuglante des rapports sociaux qui nous est renvoyée aujourd’hui avec un cynisme effroyable. C’est comme si on regardait le soleil en face. Le théâtre peut toujours être puissant, à condition qu’il montre ce qui nous aveugle et qui est caché derrière l’aveuglement, et pour ça, il faut baisser un peu la lumière... LK & PLC : Aux côtés de la Maison des compagnies, votre projet parle d’une Maison des langues... PM : Ça, c’est Genève. LK & PLC : Justement, Genève revient souvent dans vos préoccupations, mais elle n’a pas encore été très présente en tant que sujet dans votre programmation. Est-ce que c’est un thème que vous avez l’intention de traiter davantage à l’avenir ? PM : Genève n’est pas un sujet de pièce, ni une thématique. Genève est le coeur du sujet pour moi. Dès que je suis arrivé à Saint-Gervais, j’ai tout mis en œuvre pour que mon expérience aux côtés de Benno Besson, de Jean Louis Hourdin, de Mattias Langhoff et de Claude Stratz puisse servir. Il était clair pour moi que la Genève théâtrale devait se confronter à d’autres scènes. J’ai mis sur pied des liens privilégiés, notamment avec les théâtres d’Annecy, de Chambéry, de Lyon, de Grenoble ou de Paris (la MC 93 Bobigny, le Théâtre national de la Colline, le Rond-Point et la Cité internationale). L’Alakran, la Compagnie du Revoir, l’Organon ont fait leur première tournée à Annecy. On a prouvé ainsi que ces compagnies pouvaient intéresser les publics au-delà de la Suisse romande. Avec des théâtres de Rhône-Alpes, on a réalisé une grande manifestation autour de John Berger, qui vit dans la Vallée Verte, qui a vécu à Genève, qui vient d’Angleterre, qui est connu dans le monde entier et qui est un homme foncièrement pluridisciplinaire. Genève, c’est cela pour moi. En arrivant à Saint-Gervais, je me suis dit : Genève peut mettre en scène le monde, en faisant coïncider ses dimensions diplomatique et culturelle. Pour la première saison, en 1995, j’avais prévu El Halia, le récit d’un pied noir qui raconte, devenu anarchiste, l’assassinat de son père par les fellagas alors qu’il avait dix ans. Le dispositif réunit Hourdin et Guillaumat, Louis Arti, Slimane Benaïssa et la Fanfare du Loup. On organise la première Quinzaine algérienne à Genève, alors que l’islamisme met l’Algérie à feu et à sang, et dans la même saison, le Théâtre de l’Esquisse et ses comédiens avec un handicap mental présentent La Partenza qui questionne les notions d’étrangeté, d’exil. D’emblée, les choses sont claires et articulées. C’est ma façon de traiter Genève. LK & PLC : Mais votre vision de Genève a changé à Saint-Gervais… PM : J’ai découvert Genève à Saint-Gervais. Je l’ai d’abord vue à travers les yeux de Benno Besson, en travaillant avec lui à la Comédie. Il ne connaissait pas Genève. Il a compris, petit-à-petit, que tout ce qu’il avait entrepris comme Vaudois d’Yverdon en Europe, depuis la RDA et après, serait très difficilement réalisable. Il s’est heurté aux limitations de la Ville, du Canton, de la Confédération. Durant mes premières années à Saint-Gervais, ma vision de Genève était celle d’une ville rongée par la culpabilité, la capitalisation des désirs refoulés, par la mise à l’écart du théâtre par Calvin. Je voyais cette ville comme une sorte de purgatoire doré. Au début des années 2000, j’ai redécouvert la Lettre à D’Alembert sur les spectacles. Dans ce texte, pour contrer le projet de D’Alembert qui propose l’établissement d’un théâtre à Genève, Rousseau avance l’idée de transformer les spectateurs en acteurs et les invite à quitter leur place : « rendez-les acteurs eux-mêmes », « faites que chacun se voie et s’aime dans les autres afin que tous en soient mieux unis. » Dans le même temps, D’Alembert écrit que c’est à Genève, et dans aucune autre ville d’Europe, qu’il faut donner une place, un statut professionnel et un salaire aux comédiens pour qu’ils ne soient pas des dépravés, ce qui aurait été une avancée historique… Entre le théâtre de la participation et celui de la représentation, le débat reste toujours ouvert. Que cette dispute cornélienne sur la nature du théâtre soit née de Genève, m’a encouragé à persévérer. Cette question renvoie à celle de la capacité de notre profession à éprouver, ici et maintenant, un rapport au monde. LK & PLC : Vous avez accueilli beaucoup de spectacles étrangers depuis 1995… PM : Oui, mais tout en donnant un éclairage fort à ce qui se crée ici. S’il faut tout entreprendre pour que les spectacles d’ici partent en tournée, il est vital réciproquement de faire venir des équipes d’ailleurs. Pour provoquer des croisements fertiles. La première fois que Jan Fabre, Rodrigo García, Olivier Py, tg STAN ou la troupe iranienne de Siah Bazi sont venus en Suisse, c’est à Saint-Gervais qu’ils se sont arrêtés. J’ai dû faire front pour y parvenir et je dois le faire aujourd’hui encore. Sous le regard de Jean-Paul Curnier, philosophe et écrivain français, entretien à six mains sur le passé et l’avenir de la maison. Le grand entretien LK & PLC : « Faire front » ?… PM : On laisse entendre qu’il faut faire travailler en priorité le théâtre genevois, qu’il faut que tous les spectacles genevois soient jugés et valorisés de la même façon. Dès que tu accueilles des spectacles étrangers, dès que tu signes des coproductions avec des étrangers, il y a toujours une suspicion. Il faut vraiment convaincre par l’acte et c’est ce qui est en train de se passer à Saint-Gervais. Que huit compagnies genevoises y travaillent en résidence n’empêche pas d’accueillir les spectacles de Thierry Bédard, Slimane Benaïssa ou de Dieudonné Niangouna et, la saison prochaine, d’Angélica Liddell, Emma Dante ou Mireille Perrier. JPC : Le principal ennemi du théâtre, c’est l’idée que l’on s’en fait. Les subventionneurs se font une idée du théâtre, la bourgeoisie locale aussi. Si on faisait un référendum, « exprimer votre idée du théâtre et nous ferons ce théâtre-là », on aboutirait au pire théâtre possible. Parce qu’il serait emprisonné par une sorte d’intuition préalable qui ne serait déjà pas ce qu’il faut faire. Les philosophes de Palo Alto aux Etats-Unis ont appelé ça le « double bind », cette fameuse injonction contradictoire, « Soyez spontané je vous l’ordonne ». Le théâtre c’est « Dérangez-moi s’il vous plaît ! » On est toujours dans ce paradoxe-là. L’avantage de Saint-Gervais, c’est que personne n’y attendait du théâtre. Si on ne l’attend pas, il peut surprendre. LK & PLC : C’était peut-être valable dans les années 70, mais aujourd’hui à Saint-Gervais, l’attente de théâtre est forte. Comment faire alors ? JPC : Encore faut-il s’entendre sur ce que « attente de théâtre » signifie. Il ne s’agit pas de répondre par un théâtre qui propose au spectateur de faire sienne une sorte de pensée « soft » qu’on lui propose racontée de mille manières différentes, mais d’ouvrir la programmation de telle sorte que les spectateurs soient dans un rapport actif à ce qu’ils ont vu et entendu, qu’ils construisent eux-mêmes leur propre discours en fonction d’une vraie diversité de sujets et d’approches. Sans quoi le risque c’est, pour plaire à tout prix, soit de faire du théâtre un rituel de réactivation permanente d’un certain souvenir du théâtre, soit un produit de consommation rapide à visée purement distractive pour une population donnée qui s’habille, pense et consomme de telle ou telle façon, etc., bref une vulgaire marchandise sans réelle valeur. PM : Depuis 1963, cette maison a pour caractéristique d’avoir été amenée à se redéfinir sans cesse. Dans les années 60, Saint-Gervais s’est révélé comme un théâtre d’avant-garde inespéré, reconnu comme tel par la presse et par un public curieux. Mais, dans le landernau théâtral, il est atypique. Et puis, à l’intérieur de la Maison des Jeunes, le théâtre était mal vu. Cette difficulté récurrente lui a permis de développer une forme certaine de vivacité et d’endurance… En 1995, je suis nommé sur un projet qui est la synthèse entre ma pratique de metteur en scène dans le « off » genevois, au début des années 80, et mon expérience institutionnelle à la Comédie. C’est un programme ambitieux qui implique un bond en avant et n’est pas réalisable en l’état. Je m’y suis malgré tout attelé. Quand certains disent que j’en fais trop, ils ignorent mon cahier des charges. L’intuition de David Hiler, président de la Fondation à l’époque, était de me nommer pour créer les conditions d’une métamorphose qui devait, à terme, dépasser la situation existante. LK & PLC : Et qui a mis 15 ans pour se réaliser… PM : Exactement. Maintenant, il faut que les moyens suivent ! Désormais, l’avenir de Saint-Gervais réside dans son unité. Il faut faire confiance à une équipe qui entend articuler le local et l’international - des choses qu’on préfère normalement ne pas trop articuler. A Genève, il y a une tentation de l’isolement qui peut se manifester à tous moments et qui consiste à se méfier de ce qui vient d’ailleurs et, par conséquent, à ne pas considérer l’exportation de nos spectacles à l’étranger comme essentielle au développement et à la qualité de notre savoir-faire. D’où une méfiance dans la profession, un manque de curiosité inquiétant. Aujourd’hui, certains signes indiquent un climat de crispation identitaire. De ce point de vue, Saint-Gervais fait désordre. Parfois, je me sens étranger. Ma chance, c’est que je rencontre quotidiennement une autre Genève, enracinée et cosmopolite, celle-là même qui fait rêver à l’étranger. Plus je suis proche de ce que je crois être Genève, plus je m’éloigne de ce que j’entends à Genève, sur Genève. LK & PLC : Vous avez construit Saint-Gervais contre cette vision de Genève ? PM : A mon corps défendant. Ce n’est pas moi qui cherche cette tension. L’essentiel du programme que j’ai soumis pour la direction de la Comédie, récemment, a été rejeté parce qu’il était trop marqué par Saint-Gervais, c’est-à-dire par son ambition internationale. Il véhiculait en fait une autre image de Genève. On sait que le surnom du quartier de Saint-Gervais est « L’autre Genève »... Ce qui n’était pas toujours acceptable à Saint-Gervais devenait parfaitement inacceptable à la Comédie. Or, s’il y a une programmation profondément genevoise, donc universelle, c’est bien celle de Saint-Gervais. La boucle est bouclée. Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre 5 LK & PLC : A vous entendre, le corporatisme du milieu théâtral n’aurait pas évolué depuis l’ère Benno Besson ? PM : Heureusement si. La génération des 30-40 ans, qui tourne à l’étranger, se positionne différement par rapport à ces questions. A la suite de la reconnaissance d’Omar Porras et Oskar Gómez Mata, une nouvelle génération s’est engouffrée dans la brèche : Marielle Pinsard, Andrea Novicov, Maya Bösch, Marie Fourquet, Dorian Rossel, Mathieu Bertholet, Sandra Amodio, Jérôme Richer, notamment, incarnent une approche différente. Le fait que ces artistes, et de plus jeunes encore, manient d’autres critères d’ouverture et de confrontation, est la preuve qu’il existe une alternative possible. Et durable. Propos recueillis par Lisbeth Koutchoumoff, critique au journal Le Temps et Pierre-Louis Chantre, journaliste indépendant — Photos © Daniel Kunzi et J.- P. Loto littérature 1992 L’extrême ordinaire — éd. l’empreinte digitale 1999 ici et ailleurs — éd. autres temps 2001 agravation 1989-2001 — éd. farrago 2003 le froid, le gel, l’image — éd. léo scheer 2011 21 tours de la question (radiophonie) - éd. Al dante cinéma 2001 propos sur une ville que nous n’habitons pas — coréalisation, henri-pierre jeudy 2005 notre musique — il interprète son propre rôle dans le film de jean-luc godard théâtre 2005 et voilà le travail ! — création friche de la belle de mai, marseille 2007 le crime, l’argent — conférence musicale avec yves robert, poitiers 2010 adresse aux genevois — conférences pour la banque du miel, genève 6 Une expérience de Marielle Pinsard La carte postale Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre J’avais dit : si je ne pars pas pour découvrir des choses pourquoi voyager j’avais dit : je veux écouter et comprendre Devant une assiette vide puis dans laquelle s’est trouvée la pâte blanche puis où s’est ajoutée La sauce aux pommes sauvages J’ai compris le sens du mot Aventure Pour ma venue chez eux une famille modeste nombreuse de famille et d’amis m’avait préparé un plat très fameux plat d’honneur et traditionnel du Bénin qui prend des heures à préparer La sauce aux pommes sauvages Jamais jamais gouté ce goût avant La sauce aux pommes sauvages C’est vrai que le nom La sauce aux pommes sauvages sonne comme un 3 étoiles Michelin En écho je me projetais dans un jardin bio (les pommes nature et loyales ayant poussé dans le propre jardin du chef) Et avec leur petit goût rebelle mis en sauce avec un savant dosage de CI ou de CA j’allais m’envoler au paradis des saveurs d’Afrique mais ce fut le choc La sauce aux pommes sauvages je pensais que je pouvais tout manger que j’étais du pays en somme je croyais La pomme je me disais : c’est peut-être c’est peut-être ces petits morceaux-là je me disais en enfournant prudemment ma fourchette marmonnant de la façon la plus convaincante possible des « mmh j’adore » finalement perdue dans mon palais comme Pinocchio dans le ventre de la baleine J’ai persisté dans MES. C’est une question de politesse « ne pas rendre triste les pauvres » « respecter son pays d’accueil » Mais il faut le savoir : parfois respecter les autres ça donne envie de gerber direct Je devais juste avoir à peu près la tête d’Anémone dans Le Père Noël est une ordure quand elle mange les fameuses boulettes du voisin turc Quand on m’a demandé si je voulais encore un peu de sauce pour finir ma pâte je me suis crue dans l’histoire sans fin qui dit selon une blague d’humour africaine « pour finir la pâte il faut un peu de sauce si la sauce reste il faut un peu de pâte » prise au piège (pas comme d’avoir bêtement oublié son imperméable en montagne) j’ai essayé de me croire dans l’émission télé Koh-Lanta style candidate qui mange des scorpions vivants mais plus j’avançais dans ma quête du « je m’adapte » plus j’avais une envie pressante de mourir (enfin de mourir d’envie de dire mais c’est dégueulasse ce truc) Et là se trouve le point de rupture et des clichés il faut ménager les Africains il ne faut pas dire nègre il ne faut pas leur parler comme à des handicapés Mais le fait est que : parfois la bouffe africaine n’est pas meilleure que la nôtre et que le vrai respect c’est d’avouer ou de dire excusez-moi mais je n’aime pas parce que eux ne se gênent pas L’aventure c’est pas l’exotisme de repousser ses limites c’est juste de reconnaître ses limites Le vertige apocalyptique en bouche m’a rappelé mon vertige en carrousel Le fait est qu’il y avait une sorte de test d’honnêteté à passer avec ce plat sans fin : jusqu’où je mènerai la mascarade puisque la casserole de sauce pouvait nourrir un régiment et que je prétendais adorer ce plat pour avoir l’air d’être cool à l’aise ? Et ça je crois que ça a été le vrai début de mon voyage : un bon dégueulis discret plus tard dans mon chouette petit hôtel de passe. p.s. : en fait par la suite j’ai demandé à pas mal de gens s’ils aimaient cette sauce aux pommes sauvages mais personne ne la connaissait Je me suis alors demandé si mes hôtes s’étaient payé en grande pompe ma tête pour voir quel genre de personne j’étais… Marielle Pinsard, de retour d’une aventure béninoise Photo © DR La sauce aux pommes sauvages Le programme Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre Le Programme 2011/2012 8 Le programme Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre SGG / BâTIE El año Tous les dictateurs auraient pu finir à l'asile ou en prison. Mais ils de Ricardo ont fini par gouverner un pays. Il suffit d'être élu par le peuple. par Angélica Richard III, le pervers roi shakespearien, est le corps difforme et bossu des noces du mal et du pouvoir. En lui se concentrent les abus de la tyrannie, la servilité de l'individu et les Liddell bassesses de la société. Dans le corps et les mots d'Angélica Liddell, ce despote secoué 2 et 3 sept. 2011 de vomissements, de vertiges et d'hémorragies clame à tout va que son autorité repose sur la peur et l'égoïsme de chacun. Incontestablement, son cynisme incendiaire franchit le mur de l'impudeur. Entre frénésie et abattement, la jeune comédienne-auteure fracasse les murailles de la démocratie. Une salve d'indignation venue d'Espagne via Avignon. Avertissement : certaines scènes peuvent choquer la sensibilité des spectateurs (16 ans révolus). spectacle en espagnol, surtitré en français. Texte, mise en scène, scénographie et costumes Angélica Liddell — Avec Angélica Liddell, Gumersindo Puche — Production Atra Bilis Teatro / Iaquinandi SL SGG / BâTIE La Trilogie Mes personnages sont mythologiques, pas psychologiques. Ce sont des idiots. Ils ne pensent pas énormément. des lunettes Actrice de théâtre et de cinéma, auteur, metteur en scène, la Sicilienne Emma Dante ne d’attirer un public européen toujours plus enthousiaste et nombreux. Avec ces trois par Emma Dante cesse pièces d’une heure, séparées par de courtes pauses, autonomes mais profondément liées 7 et 8 sept. 2011 par leurs thématiques, elle donne la parole à des trajectoires marginales. Chaussé de lunettes en signe de protestation, chacun répond à l’hostilité et à l’indifférence du monde par l’affirmation de sa propre cécité et de sa propre folie, opposant le délire au silence. Outre le texte et la mise en scène, Emma Dante signe également les costumes et la scénographie de ce spectacle. L’immense force poétique et le talent de composition qui ont fait sa renommée portent haut cette trilogie (Acquasanta, Ballarini, Il castello della Zisa) aussi cruelle que salutaire. spectacle en italien, surtitré en français. Texte et mise en scène Emma Dante — Avec Claudia Benassi, Elena Borgogni, Sabino Civilleri, Manuela Lo Sicco, Carmine Maringola, Stéphanie Taillandier, Onofrio Zummo — scénographie emma dante, carmine maringola — costumes emma dante — lumières cristina fresia — production Compagnia Sud Costa Occidentale, Teatro Stabile di Napoli, CRT Centro di Ricerca per il Teatro, Théâtre du Rond-Point, Paris SGG / BâTIE dieu est dans Je commence doucement / sans chaussette on est toujours plus ma langue élégant / on se dit plus rien on a déjà chamboulé l’espace temps. Depuis longtemps, Philippe Soltermann aime les monologues introspectifs, les questionpar contemplatifs, les loghorrées en prose où les mots s'entrechoquent, pris par la Philippe nements tenaille des rimes. Ou pas. Depuis longtemps, dans sa quête de rythme et d'oralité, il écrit de la musique en arrière-fond, geste anodin du quotidien. Il n'y avait qu'un pas, alors, Soltermann avec ou une note, pour écrire cet éloge érotique où la musique serait l'égal des mots, ponctuation 9 au 13 sept. 2011 des vibrations, grammaire du souffle, écho d'un long poème qui parle du plaisir féminin. « Souffler le chaud / Refroidir la morale / Garder la tête froide / Ne pas besogner trop vite / Attention à la petite mise en bière ». En résulte un va-et-vient de mots soupirés ou accélérés, de notes haletantes ou suspendues, le secret d'une alchimie en cours. Texte Philippe Soltermann — collaboration artistique marie fourquet, Malena Sardi, Ifé Niklaus — Musique Malena Sardi, Ifé Niklaus — Avec Malena Sardi, Ifé Niklaus, Philippe Soltermann — administration sara tappy — production cie ad-apte, St-gervais genève le théâtre, la bâtie festival de genève Le programme Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre Pourquoi mes parents ne m’acceptent-ils pas comme je suis ? SGG / BâTIE Le Chagrin des Ogres par Fabrice Murgia Erfurt. Kauhajoki. Columbine. Bethel. Rio de Janeiro. Et Winnenden, théâtre en novembre 2006 d'une tuerie lycéenne orchestrée par Bastian Bosse, 17 ans. Effroi. Cinq mois plus tôt, une Autrichienne de 18 ans faussait compagnie à son geôlier qui la maintenait en captivité depuis huit ans. Cauchemar. A travers Le Chagrin des Ogres, Fabrice Murgia croise ces deux destinées, remonte le fil de vies détruites et déroule le récit d'une journée où ils sont « deux enfants qui vont cesser d'être des enfants ». Le constat est terrible, l'incompréhension et l'impuissance totale. La vie défile, les leurs nous échappent. Sans 12 et 13 sept. 2011 rémission possible. Ne surtout pas chercher à distinguer le vrai du faux. Tout est réel. A la recherche de la part d'enfance enfouie en nous, des fait-divers en guise de testament. Le mal-être d'ados, un conte désespérément actuel. Texte et mise en scène Fabrice Murgia — avec Emilie Hermans, David Murgia, Laura Sépul — Scénographie François Lefebvre — Création video Jean-François Ravagnan — Costumes Marie-Hèlène Balau — Assistante à la mise en scène Catherine Hance — Régisseur général Michel Ransbotyn — lumières Jody Deneef — Régie vidéo Matthieu Bourdon — Production Théâtre National de la Communauté française, Bruxelles, avec la Compagnie Artara, le Festival de Liège et Théâtre et Publics. SGG / reprise L’ennemi est instable/ Pour Balavoine l’ennemi c’est l’hélicoptère / La Plainte (...) Pour les cheveux des Playmobils l’ennemi c’est l’aspirateur. du bonheur Une colère, un cri d’accablement. Un refus d’avant, de maintenant, des autres et de soi. Et beaucoup de scepticisme envers l’après. Philippe Soltermann descend directement du rock des années 70 : avec la même énergie destructrice, il s’invente un monde à lui dans lequel il élève un chant brouillé. La Plainte du bonheur, c'est l'ordinaire tout bête, si familier. Comment être un artiste quand on ne croit ni en soi ni aux autres ? Quand on a tout et que c'est encore peu de le dire ? Quand on se gêne d'aller mieux que d'autres, même si, entre nous, ça ne va pas fort ? Christian Geffroy Schlittler est le complice de cette élégie pour un monde mal ficelé, toujours à rembobiner. (Le réflexe de la complainte) par Philippe Soltermann 12 au 17 sept. 2011 Texte Philippe Soltermann — Mise en scène Christian Geffroy Schlittler, Philippe Soltermann — avec Philippe Soltermann — Collaboration artistique Marie Fourquet — Scénographie Serge Perret — Lumières Antoine Friderici — Administration Sara Tappy — Production Cie ad-apte, Théâtre St-Gervais Genève, L’Arsenic Lausanne, L’Usine À Gaz Nyon la veut dire debout et ce mme en e tr éâ th u e un ho Il faisait d ebout rest déé, assis, d ch rbulente, se u tu co t e r, e te ig n te ia S d us. ra to ré ir d à , n t A ais toutes e beaucoup... a présence à St-Gerv sae ouvert à i ir a a g in n S m 'u t. d n sé e x mouvem e généreu travers un g à a en n rt o a ra p is tt n e sa e ursuivre so s du spectacle qu'il m clinera cett nir. bjectif : po ve o se à a le s b b il u s ta o le é d r 013. D Avec un lé et jete ison 2012-2 sse renouve scène la sa voir sans ce Le séminaire Ste iger OF F Photos : El aŇO de ricardo © Francesca Paraguai La trilogie des lunettes © Giuseppe Di Stefano Dieu est dans ma langue © Delphine Schacher Teatro Reality - Miserez Sh Le Chagrin des Ogres © Cici Olsson La plainte du bonheur © Delphine Schacher ow dien, acrobate et Cinq fois durant auteur Pierre Mise la saison, le comé rez invite un hôte le grill d’un soir d’honneur et le pa avec sa gentilless sse sur e, son talent et so n irrespect légen daires. Détails à venir. OF F 9 10 Le programme Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre SGG / Cropettes Le Tartuffe ou Eh bien, ma foi vous serez Tartufiée ! d’armes en hypocrisie, Tartuffe séduit. Désirs silencieux, pieux mensonges, un feu l’Imposteur : Maître d’artifices de sentiments feints, des affaires de cœur… des affaires ! Scandale ? Dans cetMolière par les te histoire, on est aveuglé, on veut sauver la face. Et sa peau. Sous chapiteau, une scénoen bi-frontal : un tréteau et, de part et d'autre, les gradins. Proches des acteurs, les arTpenteurs graphie spectateurs, tour à tour juges ou témoins, sont complices de l'histoire. Bas les masques ! 11 au 23 oct. 2011 Tartuffe © Félix Imhof Anna PolitkovskaÏa non rééducable © Julie Durand Musique et rap, poésie en vers, jeu à découvert, farces et rires seront de la partie... Car, finalement, la comédie est au théâtre ce que le cœur est à l’amour. Mise en scène Chantal Bianchi — Dramaturgie Jean-Claude Blanc — Scénographie Thierry Crozat — Costumes et perruques Scilla Ilardo — Lumières Michel Faure — Rhinocéros © Fredy Porras Bande son Obaké, Gatrü, Pek, Piero SK — Technique chapiteau Nicola Frediani — avec Chantal Bianchi, Julie Burnier, Corinne Galland, Laurence Morisot, Thierry Utopie d’une mise en scène © Isabelle Meister Crozat, Patrick Devantéry, René-Claude Emery, Daniel Monnard — production les artpenteurs, le petit théâtre lausanne — diffusion et communication yasmine Dominique Ziegler © DR saegesser — administration jean-marc gallou s ers de fait ndes, ateli ro s sa le n b co ta n Outre les tte éditio et ortera à ce ce p n p e a d e si tr â ré é ais le Th uteurs en e Saint-Gerv entre ses a e la ville d littéraires, aboration s ll lturelles d ce co n cu e n s sa u e ur/ is c ir re u a u ve ff jo a /f a ré n s re t o e u e ti d lt u t rs u dive ntrib emen e.ch/c an noir sa co ration avec le Départ www.ville-g crée au rom d'infos sur bo a s ll lu co P n e. E èv r. ige Gen André Ste s'affic La Fureur de lire OF F 15 et 16 oct. 2011 he en noir... Une nuit au théâtre avec OF F 4 au 9 oct. 2011 Jean-Jacques selon Rousseau , entre la représ Quel théâtre entation et la pa medi 15 octobre rticipation ? Du à midi, au diman sache 16 à midi, le du Temple s’ouv Théâtre de la ru re pour un parta e ge de mots, de so sensations et de ns et d’images, réflexions, de so de mmeil et d’éveil, terrestres et sp irituelles. de nourritures SGG/FIFDH Je me limite à raconter des faits. Les faits : tels qu'ils se produisent, Anna Politkovskaïa : tels qu'ils sont. Et ça coûte un prix fou. Anna Politkovskaïa fut la seule journaliste à couvrir la deuxième guerre de Tchétchénie – un non quart de la population exterminée en dix ans ; menacée, emprisonnée, empoisonnée ; puis rééducable assassinée à Moscou en 2006. Alors qu'un premier procès vient d'échouer à faire la vérité sur les circonstances de son meurtre, le théâtre ressuscite son combat. Pour prendre le par relais de son désir de justice et de son courage, Mireille Perrier. Seule en scène, dans la Mireille Perrier pénombre. Elle relate les faits, sans parti pris. Un instant, le théâtre respire de la vie des 18 au 22 oct. 2011 morts. ce spectacle est accueilli avec le festival du film et forum international sur les droits humains. Texte Stefano Massini — Traduction Pietro Pizzuti — Conception Mireille Perrier — avec Mireille Perrier — Conseiller artistique Jean-Charles Dumay — Conseiller chorégraphique Adrien Dantou — lumières Ishrann Silgidjian — Création sonore Angelo Nizard — Création costumes Laure Jeger — Photographe Julie Durand — Réalisateur film Pablo Garcia — Production compagnie L'abeille et l'orchidée Le programme Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre SGG Je ne déteste pas les hommes (...), mais qu'ils ne se mettent pas en Rhinocéros par travers de ma route, je les écraserai. Il court une étrange épidémie : la rhinocérite. La peau verdit, craquèle, on s'encorne et bar- la compagnie rit. Seul Bérenger maintient que parler, c'est quand même autre chose. Les mastodontes des Hélices de Ionesco au cerveau riquiqui ont tout de la bêtise simplificatrice qui conduit aux fanatis9 au 19 nov. 2011 mes. Pour sauver nuances, complexité et humanisme de la bestialité galopante, Isabelle Matter oppose l'univers des marionnettes. Avec ironie, elles mettent à nu les ficelles populistes tandis que leur vitalité poétique l'emporte sur le sentiment de marasme. Texte Eugène Ionesco — Mise en scène Isabelle Matter — appui Dramaturgique Domenico Carli — Scénographie Fredy Porras — avec Khaled Khouri, Fabiana Medina, Olivier Périat — Musique Adrien Kessler — Marionnettes et accessoires Leah Babel, Isabelle Matter — Costumes Maria Galvez, July guerrero — Administration Christèle Fürbringer — production compagnie des hélices, st-gervais genève le théâtre Mon paradis terrestre appartient à tous sauf aux simples d'esprit / à ceux qui ne sont pas des bêtes de somme, de trait, de bât. Maïakovski, le poète qui fit voler le verbe à coups de marteau futuriste ; Meyerhold, le metteur en scène qui dégagea l'art théâtral de sa gangue naturaliste et psychologique en imposant la biomécanique et Erdman, l'auteur dramatique – fringants jeunes hommes, émoustillés à l'idée de changer le monde, de se faire un nom, d'y déposer leur brique esthétique. Christian Geffroy Schlittler met en perspective la frénésie de renverser le monde de la Russie des années 20 avec l'impuissance gentiment suffoquante qui est la nôtre – pourquoi l'hypothèse-même de révolution a-t-elle disparu ? SGG / reprise Utopie d'une mise en scène par L'agence Louis-François Pinagot 15 nov. au 3 déc. 2011 Conception et mise en scène Christian Geffroy Schlitter, en collaboration avec les interprètes — training physique Barbara Schlitter — avec David Gobet, Christian Geffroy Schlitter, Olivier Yglésias — scénographie Legoville (Anna Larocca & Niklaus Strobel) — Costumes Karine Vintache — lumières antoine friderici — diffusion Marie Jeanson — administration lili auderset — production l’agence louis-françois pinagot, st-gervais genève le théâtre Guerillero : Il paraît que vous sous-payez vos hommes. Don Urible : Disons plutôt que je paie des sous-hommes. SGG / Dorigny Patria Grande par Dominique Ziegler Patria Grande (Sainte Ungrud des Abattoirs) est un spectacle sur les dessous : ceux de la Colombie, pays démocratique d’Amérique du Sud où guérilla et milices paramilitaires rivalisent de coups bas, où histoire coloniale et exploitations de cocaïne marchent main dans le gant, avec vente d’armes sous le manteau. Au milieu de ce raffut, Ungrud, jeune bourgeoise aux ambitions politiques édulcorées, tirera à elle la couverture médiatique lors d’une 6 au 22 déc. 2011 fameuse prise d’otages – l’occasion pour Dominique Ziegler de soulever les jupes d’un continent en proie à l’avidité. Enlevée, l’écriture procède d’un montage rapide qui dévoile la complexité par le rire. texte et mise en scène dominique ziegler — assistante à la mise en scène kathinka salzmann — avec céline nidegger, michèle gürtner, emmanuel Dabbous, JeanAlexandre Blanchet, David Valère, distribution en cours — Costumes Julia Studer — Son Graham Bromfield — Administration Sandra Heyn — production les associés de l’ombre, st-gervais genève le théâtre, la grange de dorigny Strip-Tease, l'émissio n saient pas et Ils en ont eu as saucissonnaien sez : de ces do t la réalité en cumentaires qu Alors ils ont co tranches épai upé. Un sujet en i n'en finissses, beurrés quinze minutes refaire ». Enfin de commenta . Pas de mise en désencombré, ires. le langage rede scène, interdic d'une intrigue tion de « faire vient pleinem de fiction. Jean ent cinématog Libon et Marco raphique, proc zine qui vous dé Lamensch ont he inventé Strip-T shabille ». Un ease, le « mag e semaine sous ala responsabi lité d’André Ga zut. OF F 1 au 5 nov. 2011 11 12 Le programme Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre SGG Foucault 71 Faire apparaître ce qui est si proche, ce qui est si immédiat, ce et qui est si intimement lié à nous-mêmes, qu'à cause de cela nous La prison ne le percevons pas. Faire voir ce que nous voyons. par F71 La pensée de Michel Foucault fonctionne comme une boîte à outils ; on y pioche des 10 au 21 janv. 2012 clés pour comprendre comment se construit un point de vue. Le collectif F71, cinq femmes pétillantes en T-shirts et jupes colorés, transforme des documents d'archives en matériaux scéniques. Avec impertinence, légèreté et précision, elles dressent un vigoureux portrait du militantisme intellectuel des années 70. Réveiller son regard, multiplier les angles de vue : à trente ans d'écart, la proposition reste toujours aussi stimulante. Deux épisodes d'un feuilleton théâtral réjouissant. Conception et mise en scène Sabrina Baldassarra, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis, Lucie Nicolas — avec Sabrina Baldassarra, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis, Lucie Nicolas — Scénographie Daniel Levy et le collectif F71 — Lumières Frank Condat et Daniel Levy — Direction de production Thérèse Coriou — production collectif f71, théâtre du rond-point OFF aSuetorguerDdaendeeyuextpMeicnsheeul rsFouencaaucltti,orenncontre 14 janv. 2012 SGG / Cinémathèque suisse Oh ! On fait pas la vaisselle, on la f'ra plus tard et on va au cinéma. La Loi ainsi que la grand-mère de Serge Daney ouvrait la porte qui relie le monde au cinédu marcheur C'est ma : par une promesse. Allons vivre une aventure extraordinaire. Pour le critique des Ca- (entretien avec Serge Daney) de et par Nicolas Bouchaud 17 au 21 janv. 2012 hiers du cinéma, la parole est une traversée, comme chez Homère - une tentative de rentrer chez soi après une expérience de cinéma. A sa suite, Nicolas Bouchaud emprunte la porte de la promesse et invente un jeu hors du temps, vif et séduisant : partageons cinquante ans de cinéphilie amoureuse. Au point de rencontre entre une pensée vivifiante sur le cinéma et une pratique ludique du théâtre, on y découvre qu'être spectateur, c'est exercer sa capacité à recevoir de l'autre – ce qui vaut bien une vaisselle propre. ce spectacle fera l’objet de projections et de rencontres organisées avec la cinématèque suisse. un projet de Nicolas Bouchaud — mise en scène Éric Didry — entretiens réalisés par Régis Debray un film de Pierre-André Boutang, Dominique Rabourdin — avec Nicolas Bouchaud — collaboration artistique Véronique Timsit — lumières Philippe Berthomé — scénographie Élise Capdenat — son Manuel Coursin — régie générale Ronan Cahoreau-Gallier — vidéo Romain Tanguy, Quentin Vigier — stagiaires Margaux Eskenazi, Hawa Kone du Canton de ournable 9 Journée de la mé LeémDépartement de l’instructiocen puqubli esique ez-vous incont venu un rend de t e m en cours. contre l’humanit sent une nouvelle édition de écoles et du grand public. Program e Foucault 71 © Gérard Nicolas Le salaire du marcheur © Giovanni Cittadini Cesi Magazines © DR Pour l’instant, je doute © Delphine Schacher A l’Hôtel des routes © Isabelle Meister on des crimes ti n e v ré p la e d t e te int-Gervais oire de l’Holocaus Genève et Sa OF F 27 janvier 2012 n des éâtre organi age à l’intentio Genève Le Th et du témoign de la mémoire OFF Festival Mémoires blessées consacrée à l’h Quatrième té tre, le cinéma m oignages, c’es communauté t le passé trau s, parfois écra matique occu sé , qui sera évoq cesse à affirm ué et mis en pe er et à faire pa rspectiv rtager. isto édition d’une ire et à la mém man oire. A travers 30 janv. au 12 fév. des expositions, des le théâ Le programme Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre Et comment peut-il être juste d'employer la violence contre des suppliants ? SGG / TPR EUROPE L'échappée belle par Marie Fourquet Calais pourrait être un condensé de l'Europe. Bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale, ses bunkers abritent aujourd'hui les migrants et leurs rêves d'Angleterre. Le tunnel sous la Manche représente la libre circulation qui leur est refusée. Des frères, des fils, des épouses – les falaises sont hantées de bribes de familles qui languissent de se réunir. 6 au 24 mars 2012 L'Europe n'est-elle pas, et depuis Euripide, une terre d'enfants en errance qui frappent aux portes des villes ? Marie Fourquet interroge l'utopie européenne : quels songes le grand ciel étoilé de son drapeau peut-il abriter ? Entre mythe et tragédie, un état des lieux de l'identité et de ses fantômes. Texte et mise en scène Marie Fourquet — Collaboration artistique Philippe Soltermann — avec Baptiste Coustenoble, valérie liengme, François Karlen, Philippe Soltermann — Scénographie Serge Perret — Lumières Antoine Friderici — Musique et son Malena Sardi, ifé niklaus — production st-gervais genève le théâtre, l’arsenic – centre d’Art scénique contemporain (Lausanne), théâtre populaire romand (la chaux-de-fonds) SGG / reprise Souvent quelque chose m’encombre lorsque j’écris. Je crois que Pour l'instant, c’est d’être une femme. Alors (...), j’ai écrit comme un homme. je doute Après les délicieuses galipettes des errances célibataires, la vie de couple des trentenaires par la s'institutionnalise : appartement, enfants et rapports sexuels balisés. Les hommes déchanie C ad-apte tent devant leur rock star devenue bonne cuisinière. Eux ? Ils écument des bières et des 6 au 24 mars 2012 pizzas, ils doutent. Marie Fourquet a écrit des monologues masculins au verbe cru qui oscillent entre cruautés domestiques et provocation. Beaucoup égratignent les femmes, ces despotes du sentiment amoureux. Tous disent que derrière les clichés, des hommes souffrent, soupirent, rêvent et bandent encore. Texte et mise en scène Marie Fourquet — Collaboration artistique Philippe Soltermann — avec Baptiste Coustenoble, Frank Semelet et Philippe Soltermann — Scénographie Serge Perret — Musique Ifé Niklaus, Malena Sardi — Production L’Arsenic – centre d’Art scénique contemporain (Lausanne), Théâtre de l’Echandole Yverdon, Saint- Gervais Genève le Théâtre, Modèle de promotion théâtrale PRAIRIE - Pour-cent culturel Migros SGG Nous laisserons les fenêtres entrouvertes, A l'Hôtel des nous aurons un sommeil étrange... routes Franchir la porte à tambour – derrière la pirouette, une réception d'hôtel. Un carrefour de par le Théâtre vies en partance, en attente, à la rencontre. Lieu de halte ou de bout de route, l'hôtel respire d'univers secrets, de chambres closes, de souvenirs à venir. On sort par la porte et revient de l'Esquisse 17 avril au 5 mai 2012 par les fenêtres ; comme ces étonnants acteurs dont l'instinct décentre la relation, par fulgurances poétiques. Après vingt-cinq ans de création théâtrale, les comédiens avec un handicap mental du Théâtre de l'Esquisse reviennent à St-Gervais. Entre empêchements et grâces, ils dessinent un présent en dentelle. Un tracé où le fil qui n'est pas magnifie celui qui est. avec Yves Allisson, Jean-Paul Bernard, Giorgio Cane, Marlène Chevalier, Gérald Dessonnaz, Valérie Lucco, Jérôme Sevaz, Evelyne Tschanz, Christine Vaney, Marie Voltolin, Alexandre Wagen — Conception et mise en scène Gilles Anex et Marie-Dominique Mascret — Scénographie et Video en cours — Costumes Mireille Dessingy — Lumières Ludovic Buter — Musique / Compositions Jean-Philippe Héritier — Accompagnement des comédiens et lieu de vie Pierre-André George, Solvej Dufour Andersen, Keiwan Fakhr-Soltani, Sahar Suliman — Administration Alessandra Rihs — production théâtre de l’esquisse, st-gervais genève le théâtre nifestation pl uridisciplinai re et la vidéo, de s conférences, ulté de plusie urs groupes ou ve. Sa reconn aissance sans 13 14 Un portrait démultip lié che sensible Christian Geff et aigu. Plong roy Schlittle eant dans so tager, celle r poursuit un de la Norman n histoire, ce travail de re lle de son pè die des anné chermoire qui es re et de son es de guerre t aussi une jardin poet de sa nais bombe à reta passer plus sance, celle rdement, il ieurs épreuv d' convoque so es comme au n propre corp une métant d'initiati s et lui fait ons, à mi-che min de l'art et de la vie. SGG ElseneurMachine par José Lillo OF F avril 2012 Trêve d'opinions maigres sur l'art. Œuvrer à la disparition de l'auteur, c'est résister à la disparition de l'homme. Relire Heiner-Müller relisant Hamlet dans les ruines du socialisme dévoyé de l'aprèsguerre. Relire des centaines de textes. Ne donner aucune source publiquement. Agencer l'ensemble. Après avoir expérimenté avec succès un théâtre de la dépostmoderni22 mai au 9 juin 2012 sation lors du colloque universitaire de Lausanne, en 2010 autour de la colère comme dynamique impensée de la théorie politique, José Lillo interroge le « concept d'Elseneur » dans la tragédie d'Hamlet qu'il définit comme clôture permanente du possible. Une invitation au décloisonnement. Ou comment mettre en jeu le monde, légèrement, gravement ? Un théâtre où le comédien est le vecteur frémissant d’une pensée en alerte. avec Julia Batinova, élodie bordas, felipe catro, jeanne de mont, josé lillo Distribution en cours — production CIE attila entertainment, st-gervais genève le théâtre SGG / reprise Kaïros, Chez les Grecs, la notion de Kaïros traduit le temps adéquat pour sisyphes faire les choses, le temps qui « tombe bien ». et zombies L'être humain vit en plein paradoxe. Alors qu'il sait parfaitement que tout finira un jour la mort, il se comporte comme s'il devait vivre éternellement (jeune, lifté, pétant par L'Alakran avec la forme...). Comment alors trouver le sens de sa vie quand au final tous les efforts 26 au 30 juin 2012 fournis seront vains ? Kaïros, sisyphes et zombies aborde la notion fondamentale du temps chronologique, celui dans lequel nous vivons enfermé d'un bout à l'autre de la ligne pour en expérimenter un autre plus « sphérique », qui permettrait d'en amplifier le sens. Pour ce faire, il faut ouvrir des brèches, tomber dans d'autres dimensions, créer des trous... car « derrière les trous, il y a tout ». Tandis que Chronos est le temps de l'histoire, celui qui fuit continuellement, Kaïros est le temps du vécu, celui qu'on peut arrêter pour autant qu'on y fasse un peu attention. L’Alakran, l’éternel retour. Conception et mise en scène Oskar Gómez Mata avec la collaboration de Esperanza Lopez — Textes Perú C. Sabán et Oskar Gómez Mata — Assistante mise en scène Delphine Rosay — Dispositif scénique, vidéos, photographies Chine Curchod, Régis Golay, Oskar Gómez Mata — Création son Serge Amacker — lumières Michel Faure — Costumes Isa Boucharlat — Production et diffusion Barbara Giongo — Administration Sylvette Riom — avec Oskar Gómez Mata, Michèle Gurtner, Esperanza López, Olga Onrubia, Valerio Scamuffa — production Compagnie L’Alakran, Comédie de Genève – centre dramatique, Espace Malraux, scène nationale de Chambéry et de la Savoie. Avec le soutien du Festival BAD de Bilbao, du Grand Marché – centre dramatique de l’Océan indien, de L’Arsenic – centre d’Art scénique contemporain (Lausanne) et du Théâtre du Grütli (Genève). Le spectacle est dédié à la mémoire de Serge Amacker, ami et compagnon de travail du 18 au 20 juin, spectacle de sortie de la manufacture haute école de théâtre de suisse romande sous la direction d’oskar gÓmez mata l’alakran. José Lillo © Marc van Appelghem Kaïros © Nicolas Lieber rue du temple 5 CH-1201 Geneve t 41 22 908 20 00 f 41 22 908 20 01 saintgervais.ch Horaires salle marieluise fleisser Ma, ve, sa à 20h30 - Me, je à 19h, Di à 18h Lu relâche Horaires salle isidor isou Ma, ve, sa à 19h - Me, je à 20h30 di et lu relâche Renseignements : 022 908 20 00 Plein tarif : Fr. 20.groupe : Fr. 15.Chômeurs, retraités : Fr. 15.Professionnels : Fr. 15.étudiants / apprentis : Fr. 12.Carte 20 ans / 20 francs : Fr. 10.billets en ligne sur : www.saintgervais.ch Les meilleurs acteurs tragédie, comédie, drame historique pastoral, comico-pastoral, pastoralo-historique, historico-tragique tragi-comico-historico-pastoral cette saison à saint-gervais Le Théâtre fait feu de mille voix plus que jamais à Genève ici c’est ailleurs 15 spectacles * de suisse, d’europe et du monde des contemporains, des classique des modernes des jeunes (très, plus ou moins), des vieux (très) des pas connus et des connus (très ou pas du tout, pas encore) du cinéma, de la vidéo, des expositions, des conférences, des lectures, de la musique, des langues de grands spectacles foin des abonnements, pass et cartes de réduction ! le billet à Fr. 20.– ! renseignements et réservation 022 908 20 00 * 15 spectacles hors La Bâtie, festival de Genève 15 16 Les résidents Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre Auteurs en résistance 12 salopards, 11 samouraïs, 10 commandements, 9 académiciens... 8 résidents à Saint-Gervais. Des résistants cloîtrés dans une autre Genève, une communauté d'artistes écrivains et metteurs en scène en résilience surveillée, une pépinière rentre-dedans la société et son aseptisation, des pénitents qui ne feront même pas amende honorable. Photos © stéphane pecorini Le chercheur / Christian Geffroy Schlitter A la tête de L'agence Louis-François Pinagot (L'aLFP), l'enquêteur théâtral qu'est C.G. Schlitter aime à articuler ses projets « autour du patrimoine dramatique et de leurs enjeux esthétiques et politiques ». C'est ainsi qu'il ne s'est pas gêné pour faire se télescoper dans la même pièce Shakespeare, Molière, Tchékhov et Strindberg, ou qu'il en vient à s'interroger sur le retour du pathétique sur les scènes de théâtre. Rare auteur de plateau à produire un méta-discours faisant sens, il peut par ailleurs aspirer à une bonne tranche de révolution. Actualité : « Utopie d'une mise en scène » (du 15 novembre au 3 décembre 2011) www.louispinagot.ch Le documentariste / Jérôme Richer Après s'être notamment confronté, dans une forme de théâtre documentaire, à des détenus en régime de semi-liberté, à Nicolas Sarkozy ou à l'évacuation du squatt Rhino, on peut dire que Jérôme Richer aime se nourrir du réel. Et que, si on suit sa pensée, il faudrait plutôt avoir tendance à se méfier de l'homme occidental, même si, en l'occurrence, il s'agit de lui. Auteur de plusieurs pièces dont la remarquée « Une histoire suisse », il est avant tout un auteur attiré par les différentes formes de violence et la notion d'engagement qu'elles sous-tendent. Actualité : « Nous voulons tout », spectacle en préparation www.ciedesombres.blogspot.com Le battant / Dominique Ziegler « L'homme est un animal collectif. Sa survie dépend de sa vie en société ». Auteur et metteur en scène contestataire, Dominique Ziegler se démarque par des choix avant tout politiques. De la dénonciation des moeurs liées à la Françafrique (« N'Dongo revient ») au bouleversement induit par internet et les nouveaux moyens de communication (« Virtual 21 »), il s'est aussi attaqué aux publicitaires (« Les rois de la com' ») et aux officines financières (« Affaires privées »). Actualité : « Patria Grande (Sainte Ungrud des Abattoirs) » (du 6 au 22 décembre 2011) www.dominiqueziegler.ch La conteuse / Julie Gilbert Elle a d'abord fait des études de littérature à Paris, avant de se tourner vers l'écriture, option scénario. Depuis, Julie Gilbert n'arrête pas d’écrire. Des histoires pour courts et longs métrages, des pièces de théâtre, des émissions radiophoniques (à ré-écouter sur son site), autant de zones d'écriture où elle interroge son prochain : femmes qui se racontent au bout d’un téléphone, histoires de vie qui basculent sur un quai de gare, trajets de migrants, jeune femme partant au Mexique faire le deuil de son amant décédé. La vie. Actualité : écriture d'un film « Le Travail » sur la place du travail dans notre société. www.oeil-sud.ch Les résidents Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre 17 La pythie / Marie Fourquet Avec « Pour l'instant, je doute », Marie Fourquet s'était glissée le temps d'un spectacle dans le calbuth des mecs. Drôle, réaliste et sacrément bien troussé, son regard mordant a envoyé pas mal de gars dans les cordes. Cette saison, elle remet les gants pour une seconde reprise, mais elle voit aussi plus large, en interrogeant l'utopie européenne depuis Calais, port d'embarquement et cimetière pour migrants. Cette fois, il s'agit d'une histoire d'hommes et c'est tout aussi réaliste. Actualité : « Europe » et « Pour l'instant, je doute » (du 6 au 24 mars 2012) www.ad-apte.ch L'écorché / José Lillo Le réflexif / Philippe Soltermann Il est le prophète. Qu'il incarne Calvin dans « Le maître des minutes » ou qu'il répercute le texte de Karl Kraus annonçant la mise en place de la mécanique de l’horreur nazie dans « Troisième nuit de Walpurgis », José Lillo aime les textes qui vous foudroient sur place, faisant sienne la phrase de l'écrivain autrichien : — Si on se bouche les oreilles on n’entend plus aucun râle . Lui se dépouille à l'extrême, minimaliste jusqu'au poétique, préférant le vide et la pénombre afin que survive le texte. Et non des paroles en l'air. Actualité : « Elseneur-Machine » (du 22 mai au 9 juin 2012) Belge d'origine, il n'aime rien tant qu’écrire de longs monologues taillés dans la chair des mots, quand il ne se met pas en scène pour mieux les jouer. C'est ainsi qu'il s'est projeté dans la peau d'un immigré suisse à Paris (« Je m'adapte »), a déversé un pamphlet théâtral écrit en deux jours (« Je-me-déconstruction ») ou a récemment soliloqué sur la quantité de bonheur supportable dans une humanité à la dérive. On l'écoute, parce que lui, c'est nous. Actualité : « dieu est dans ma langue » (du 9 au 13 septembre 2011) et « La Plainte du bonheur » (du 12 au 17 septembre 2011) www.ad-apte.ch L'audacieux / Eric Salama Cofondateur du Théâtre du Garage dans les années 1990, il a été un familier de l'Helvetic Shakespeare Company et de l'œuvre d'Armand Gatti, traversée par l'horreur des camps. S'il revisite volontiers ses classiques, ses mises en scène le portent souvent vers des auteurs rarement explorés. Ainsi du texte de Jan Bergquist et Hans Bendrik autour d'Ivar Kreuger, ex « roi des allumettes » suédois qui prit de plein fouet le krach de 1929 et prétexte ici à une réjouissante « épopée théâtrale dans un Monopoly en 3D ». Actualité : « Kreuger's Business » (jusqu'au 21 mai 2011), dans le cadre du festival transfrontalier extra. 18 Les transversales Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre Comme il y a des hirondelles qui tournent sans jamais s’arrêter sur la branche, il y a des hommes et des femmes qui tournent et contournent le théâtre sans jamais monter sur les planches mais qui pourtant sont des gens du théâtre ; il y a aussi celles et ceux qui tournent autour et qui parfois même sont sur les planches - et qui disent faire du théâtre -, mais qui ne sont jamais allés vraiment au pays du théâtre. Et il y a aussi des hommes comme Philippe Macasdar qui incarnent en eux-mêmes le théâtre. Depuis le premier jour où je mis le pied sur cette « île flottante » qu’est le plateau – pour reprendre la métaphore d’Eugenio Barba, je me suis aperçu qu’en quittant mon continent, ma terre natale, ma langue maternelle, j’allais pour toujours être en exil, j’allais être constamment dans le « nulle part » et pourtant je sentais déjà que ce lieu allait devenir comme une flamme érigée, présente et orientée non seulement vers le haut, dans la verticalité, mais aussi étendu, vers l’horizon. Comme si quelque chose d’intime, mais de méconnu, alimentait cette lumière qui plus tard est devenue pour moi le théâtre. De Berlin à la Comédie de Genève Un jour, après avoir bourlingué sur les trottoirs, les terrasses, les tréteaux et les scènes des grandes et des petites villes de l’Europe suivant les traces de grands Maîtres, je me suis retrouvé dans un labyrinthe : dans la rue de René Boulanger (où un dénommé Marcel Marceau avait son école) ; sur la Bertolt-Brecht-Platz avant la chute du Mur, en 1989, où Brecht avait fondé son Berliner Ensemble ; sur les traces de Grotowski entre Wroclaw et le Workcenter de Pontedera ; sur les dalles en pierre à ciel couvert du grand amphithéâtre grec de Barcelone ; au Théâtre du Soleil et à l’Epée de Bois de la Cartoucherie de Vincennes, pour arriver en Suisse sur les traces de Benno Besson qui dirigeait alors la Comédie de Genève. De la même manière que j’avais rusé et déjoué avec talent les passages officiels pour pénétrer à l’intérieur de tous ces lieux, un aprèsmidi à la fin de l’année 1989, j’ai traversé un long couloir au plafond arrondi et un peu vétuste Boulevard des Philosophes, lorsque soudain retentit une voix basse et très autoritaire : — « Qui est là ? » Une réplique de théâtre a résonné dans ma tête, c’était bien Bernardo qui me parlait ? Je devais donc endosser le rôle de Francisco (un soldat qui attendait que l’on vienne le relever) et dire : — « Non, répondez-moi, vous ! Halte ! Faitesvous reconnaître vous-même ». Ni le courage, ni la mémoire ne m’ont aidé à trouver la suite de la tirade. Mais je sus aussitôt, en une intuition fulgurante, que mon interlocuteur et moi-même étions au service du même roi, mais que ce n’était pas le roi du Danemark au château d’Elseneur. Nous étions tous deux les gardiens d’une flamme au foyer du théâtre... Avec empressement, j’ai alors présenté mes excuses, car j’étais rentré sans autorisation dans ce temple des arts. L’homme à la chevelure hirsute me fit un sourire complice, duquel jaillirent ses dents blanches, et son accueil fut chaleureux et réconfortant : par son attitude, il me fit comprendre que j’étais des siens ; et, de sa parole foisonnante, de commencer à me peindre - comme en un conte -, l’histoire de l’homme que je voulais voir travailler : Benno Besson. En quelques minutes j’entendis la quasi totalité de la généalogie de cet homme. Comme perdu dans d’autres mondes, je suivais des histoires extrêmement diverses : je vis par exemple Jean-Jacques Rousseau qui errait, composant les Lettres écrites de la Montagne ; j’assistais aux polémiques et aux combats menés par Voltaire sur les planches ; je vis le jeu de double identité, en 1945, de Giorgio Strehler en Suisse, alors jeune réfugié italien signant ses deux premières mises en scène - Meurtre dans la Cathédrale de T.S. Eliot et Caligula de Camus ; j’assistais à l’arrivée de Georges Pitoëff à Genève avec sa malle de magicien ; à la naissance au bord du lac Léman de deux monstres, le Vampire, Dracula, et Frankenstein, le Prométhée moderne, engendrés dans la villa Diodati à Cologny une nuit de concours entre le poète Shelley, sa femme Mary, John William Polidori et Lord Byron. Toutes ces créatures sortaient magistralement, tels les diamants d’un reliquaire ancien, de la bouche et des mains du conteur qui me les offrait comme autant de richesses à me faire découvrir et comme s’il voulait me transmettre l’itinéraire à suivre pour jouir d’elles. Et ce faisant, il me permettait d’accéder à ses espaces, soit à la géographie artistique de sa région. Deux professeurs de l’Institut de Théâtre à Paris III, George Banu et Michel Corvin, m’avaient mis l’eau à la bouche peu de temps auparavant en me parlant dans leurs cours de l’aventure du Berliner Ensemble et de ses heureuses conséquences sur Matthias Langhoff et surtout celle de Benno Besson. Mais le conteur que j’avais en face de moi prenait parfois la forme de tous les personnages que son récit faisait naître. Je pensais alors à la description que faisait Louis Jouvet de son Maître Charles Dullin, lorsque sur son lit de mort tous les personnages qu’il avait incarnés, de Volpone à Richard III en passant par Harpagon, sortaient de son visage avant de partir avec lui dans son dernier voyage. Ce conteur ne me parlait pas de théâtre ; il devenait le théâtre lui-même. Le Griot Arménien Ainsi fut fixé un nouveau rendez-vous avec le Griot Arménien que je venais de rencontrer pour prolonger la saga, mais que je ne pus cependant pas honorer pour des questions de passeport. A cette époque, ma condition de clandestin ne me permettait d’être présent que par intervalles irréguliers dans les villes européennes ; je devais accepter les conditions qu’exigeait alors le temps : de nouveau, je me suis retrouvé sur les terrasses et les pavés. Quelques années se sont écoulées et, un soir du mois de mai de 1994, dans un restaurant au milieu d’une foule d’acteurs, de dramaturges et de metteurs en scène, de critiques, de programmateurs et autres créatures, rassemblés là pour un Festival de théâtre - j’entendis de nouveau la voix basse du couloir du Boulevard des Philosophes que j’avais déjà oubliée. Un de mes com- Qui est là ? Ou comment le metteur en scène et acteur Omar Porras, directeur du Teatro Malandro, retrace vingt ans de théâtre à Genève et une rencontre qui a uni deux destins. Avec Saint-Gervais comme la possibilité d’une île. pagnons me fit remarquer que cette voix lui faisait penser à celle de Don Gonzalo de Ulloa, autrement connu sous le nom du Commandeur, père de Doña Ana. Cette fois-ci, je posais la fameuse question « - Qui est là ? ». Et la voix profonde de me répondre : « - Je suis l’illustre chevalier que tu as invité à dîner »… Comme Don Juan et le Commandeur, nous nous étions attablés dans la salle minuscule d’un restaurant, au milieu d’une fumée dense, de cris et de conversations, et alors que coulait une marée de vin, tandis que les muses chantaient des récits de voyages et donnaient souffle aux artistes qui finissaient par se noyer dans le marc de Bourgogne, de nouveau les histoires mythologiques reprirent leur cours. Jusqu’à l’aube se succédèrent Guillaume Tell et Rabelais, mais aussi Homère, et jusqu’aux personnages de la scène contemporaine locale - Armand Gatti, Jean Louis Hourdin et les Fédérés, le TPR et Charles Joris, et tous les artistes du théâtre suisse romand…. Hannibal, Besson et le skateboard Je me souviens du passage où il m’a raconté comment le Général carthaginois Hannibal Barca, connu pour avoir passé les Alpes avec des éléphants afin de tenter de prendre Rome, s’est arrêté à Chambéry - la ville où bien plus tard Roberto Succo fut de passage... J’appris d’ailleurs aussi comment se forma un trio qui allait faire date dans l’histoire du théâtre français, celui de Patrice Chéreau, Claude Stratz et Bernard-Marie Koltès. Pour le conteur, tous ces personnages et tous les lieux évoqués possédaient entre eux un point commun, un lien avec son histoire, un lien avec le théâtre – et ses rêves et ses émotions devenaient contagieuses et annonciatrices… La voix du Commandeur ne voulait pas m’emmener aux enfers ; bien au contraire, elle était là avec un message glorieux de la part du directeur de la Comédie de Genève qui m’invitait à venir ouvrir la saison suivante de son théâtre avec une nouvelle création... Le même soir j’appris encore, que le conteur était censé faire une apparition en tant que Commandeur dans le spectacle de Dom Juan de Benno Besson que j’avais vu à Paris quelques années auparavant et où Philippe Avron a joué le rôle-titre, mais un après-midi, alors que le futur Commandeur jouait avec son fils Aureliano (nommé ainsi en souvenir de la grande famille de Macondo) sur un skateboard en face du théâtre où le spectacle se répétait, il se cassa une jambe : la dextérité de ses mem- 19 bres n’égalait pas son habileté oratoire et un mauvais mouvement sur la planche à roulettes lui fut fatal. Le rôle du Commandeur fut confié à un autre acteur et le conteur dut se contenter d’être l’assistant de Benno Besson, et de retourner à Genève pour endosser le rôle d’Achille guidé par son chien qu’il appelait Ulysse… Mais la lumière des ampoules commençait à s’évanouir, laissant le soleil prendre la relève et éclairer mon amitié naissante avec le Griot arménien. L’autre Genève Les années ont passé et, un jour, ce dernier m’a invité en compagnie d’autres artistes à un rendez-vous assez curieux au Pont de la Jonction, là où le Rhône va rejoindre l’Arve. Il tenait sous son bras un tas de journaux dans toutes les langues imaginables qu’il venait d’acheter à la gare de Cornavin. Sa curiosité pour l’histoire présente de notre monde hantait ses journées. Il nous montrait des articles sur la politique internationale et régionale, sur la religion, les statistiques de l’émigration dans les pays d’Europe, les nouvelles manifestations de la culture dans les centres alternatifs, et, surtout, il nous parlait avec passion de la nécessité de continuer à cultiver à Genève la pluralité, l’ouverture au monde, la capacité d’accueil, le métissage, et de faire de cette ville un lieu de passages, de rencontres et de créations pour nous les artistes venus de tous les horizons... Quelques mois plus tard, nous avions à Genève un lieu pour les compagnies d’ici et surtout d’ailleurs. Le Griot était devenu le directeur du théâtre de Saint-Gervais. Toutes ses histoires commençaient à avoir un lien, toutes ses connaissances trouvaient un écho dans les projets que chaque artiste venait lui présenter et que très vite nous pouvions voir sur le plateau. Je me souviens de lui avoir parlé un jour d’une rencontre que j’avais faite à Paris avec un jeune metteur en scène d’origine basque qui commençait sa carrière à Genève : le Griot l’a ensuite rencontré et aussitôt une explosion créative a eu lieu ; Oskar Gómez Mata et sa Compagnie l’Alakran faisaient ses débuts en Suisse. L’intérêt que ce directeur-conteur donnait à chaque histoire me fait penser à ce que Rainer-Maria Rilke racontait sur Georges Pitoëff dans une lettre à une amie : « Outre les Salis, je vois presque tous les jours les Pitoëff, vous savez, ce Russe qui a créé ici ce merveilleux théâtre, avec la tentative et la réussite duquel je me solidarise d’une façon si immédiate. Pour la première fois, je reconnais le travail de l’acteur dans cette centralité, cette indépendance et cette grandeur (…). Ça c’est du théâtre, je n’en ai jamais vu de pareil. » La possibilité d’une île Notre conteur a en effet donné un sens à chacune de ses histoires et de nos histoires… Et ils sont essentiels ces hommes dont les visions sont une fontaine de lumière ou un souffle d’énergie puissant, dont le but est de nous permettre de trouver un lieu, un territoire où toutes les mythologies appartiennent à une seule espèce, à nous, aux hommes. Tous les événements deviennent visibles sur quelques mètres carrés ; tous les endroits ne forment qu’une seule île et entrent en rapport avec l’univers. Omar Porras 1963Naissance à Bogota, Colombie 1990 Fonde le Teatro Malandro, à Genève 1991 Ubu Roi 1993 La visite de la vieille dame Omar Porras, le 19 mars, rue de la Servette, Genève 1997 striptease Photo © Claude Dussex 2001 Ay! QuiXote 2006 Pedro et le Commandeur 2010 Bolivar 2011 L'éveil du printemps www.malandro.ch 20 Les transversales Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre A l'occasion d'une rencontre entre Jean-Luc Godard et Marcel Ophuls, les cinéastes Frédéric Choffat et Vincent Lowy en ont tiré un film présenté récemment au Festival nyonnais Visions du Réel. Le philosophe Jean-Louis Curnier revient sur cet échange. Ophuls-Godard, un dialogue dans le siècle Le 1er novembre 2010, dans le cadre de la rétrospective consacrée à Marcel Ophuls par St-Gervais Genève Le Théâtre, une rencontre était organisée entre lui et Jean-Luc Godard pour débattre, entre eux et avec le public. La discussion conduite par André Gazut, d’abord centrée sur la portée, la nature et la réception par le public de l’œuvre de Marcel Ophuls laissait une belle part à la conversation entre deux anciennes connaissances, leur rencontre remontant à la naissance de la Nouvelle Vague. La volonté d’être au plus près de la vérité dans le langage et les échanges, déjà, tranche sur les habituelles conversations entre réalisateurs. Jean-Luc Godard parle de son enfance en France tenue à l’écart de la réalité et des conséquences de l’occupation allemande puis de son départ pour la Suisse ; contrairement à Marcel Ophuls qui, à cette même époque, quitte Berlin avec son père et contre toute forme de mystification la question primordiale qui a irrigué leur œuvre et leur vie depuis le départ. Les motifs d'une vieille discorde Mais bientôt le débat change de nature. Sur l’invitation d’André Gazut faite à l’un et à l’autre de parler d’un ancien projet de film commun qui n’a pas eu de suite, ressurgit ce qui devait de toute façon ressurgir : les motifs d’une discorde qui les a tenus fâchés jusque là et pendant un certain nombre d’années. Sauf que ce dont il est question en vérité, projet de film et motifs de la discorde, est d’une portée qui dépasse largement le cadre des individus et des personnalités. Ici, ce n’est pas du point de vue de l’orgueil de chacun que les choses sont abordées, mais en regard des enjeux et des leçons de l’expérience. Une profonde estime réciproque, de même qu’une complicité joueuse et amicalement respectueuse – issues de ce qui les lie tous deux au cinéma - leur fait reprendre avec vigueur le débat là où il a été laissé, sans que jusqu’alors, hormis quelques proches, quiconque n’en ai su quoi que ce soit. Cela, pour sortir d’une fâcherie, sans aucun doute ; mais, à l’évidence, bien plus encore pour sortir d’un dilemme qui prend ses sources dans les conditions économiques, sociales et politiques de la création cinématographique elle-même et qui les oppose sur un plan aussi bien pratique que philosophique et artistique. « Qu’est-ce qui s’est passé dans ce potager ? » prendra bientôt avec lui un bateau pour l’Amérique pour échapper à la persécution des Juifs annoncée par le régime nazi. Tout cela compte, tout cela est dit car il faut parler réellement et ne pas faire semblant pour qu’une conversation avance. Cela tient à la personnalité de l’un comme de l’autre qui, comme on le sait, ont ceci en commun d’avoir, chacun à leur façon, fait de la vérité et de la lutte Il faudra donc reprendre, chercher l’obstacle réel au milieu des malentendus, s’expliquer en faisant en sorte de ne pas blesser, ré-envisager les choses du point de vue de l’enthousiasme à se rencontrer autrement, en faisant un film. Jusqu’à ce qu’à la fin, une fin que l’humour et la complicité emportent, ils parviennent à trouver un possible chemin ensemble. Une « conversation cinématographique » En définitive, et au delà des circonstances qui l’ont rendu possible, ce film montre - et surtout rend compréhensible - un moment-clef de la genèse de ce qu’il faudrait plutôt appeler une « conversation cinématographique ». Une conversation au moyen du cinéma et dans le cinéma ; conversation au regard de laquelle cette discussion filmée est un préalable, car elle n’envisage de vraie nature d’une conversation entre cinéastes que par le moyen du cinéma. Mais c’est un préalable insuffisant. Car pour chacun, la vérité opératoire qui im- porte, dès qu’il s’agit de relation entre cinéastes, se trouve dans le cinéma que chacun fait. « Pour moi l’honnêteté, elle passe d’abord par le film, par le cinéma » dira J.-L. Godard vers la fin de la discussion et il précise : « Mon thermomètre ou mon moyen de mesure est le cinéma : quel film a-t-il fait, quand, à quelle époque ? ». Le projet, au départ, vient, à ce que l’on comprend, d’une proposition de Jean-Luc Godard parti rencontrer sur sa propre initiative Marcel Ophuls, chez lui, dans les Pyrénées pour lui proposer de coréaliser avec lui un film sur la Palestine et Israël. Mais les choses, depuis lors, ont bougé, se sont déplacées, ce qui est normal. Jean-Luc Godard se dit plus préoccupé maintenant, à la manière d’un sémiologue, par la question de savoir ce que signifie, à tous les niveaux où elle est employée l’expression « être juif ». En ce sens que « être juif » n’a pas le même contenu, la même portée et n’est pas de la même nature, lui semble-t-il, que « être protestant », « être catholique » ou même, pourraiton ajouter, « être provençal ou être cévenol ». C’est aussitôt que commence l’échange que l’on pouvait attendre. Réponse de Marcel Ophuls écoutant ce que dit J.-L. Godard et évoquant la politique antisémite du régime nazi, de ses collaborateurs et de ses alliés : « Être juif, je pense qu’au XXe siècle c’était surtout une question de destin... Ce sont les autres qui ont décidé de ce qu’on était et de ce qu’on n’était pas, dans ce contexte particulier. » D’une assertion à l’autre, l’« être » en question prend tournure et figure, on commence à en percevoir mieux la nature ambiguë. On ne saurait oublier que la preuve la plus prégnante, la plus lourde d’effets de l’existence de l’« être juif » comme être singulier parmi les êtres est une preuve par la négative, elle est celle apportée de facto par la « solution finale » comme programme d’éradication, de destruction absolue et d’effacement total de l’« être juif » de la liste des êtres humains. L'épisode dit du potager Champ/Contre champ. C’est au fond de cela qu’il s’agit dans ce premier échange entre J.-L. Godard et Marcel Ophuls sur la question de l’« être » et de ce que cela signifie dans le rapport à la judéité. C’est d’ailleurs ce que développe et applique en permanence J.-L. Godard, et qu’il clarifie soigneusement dans son film Notre musique : Champ/Contre champ ne signifie pas : présenter la même chose vue d’un côté et vue de l’autre (ou la même conception de la chose), mais faire succéder à un regard sur les choses, à une vision, une autre vision, un autre regard sur les choses quitte à ce que cette confrontation n’aboutisse plus du tout à la même chose. Quitte à ce que deux images confrontées de la sorte fassent surgir deux choses, deux situations, deux intelligibilités absolument différentes apparaissant dans des champs de vision respectifs et en espérant que de là, une troisième image naisse dans l’esprit, une troisième image née de la confrontation et non de l’ajout avec les deux premières. « Mais est-ce que tu m’as dit que c’était ça la question fondamentale pendant qu’on faisait le tour du potager ? » demande Marcel Ophuls. « Pas vraiment ! » consent J.-L. Godard. Que le film se fasse ou non, maintenant ou plus tard, est une tout autre affaire. Ce qui importe dans cette rencontre, ce sont deux questions intimement entrelacées. Celle des conditions matérielles - et donc aussi immédiatement politiques - de la création qui déterminent aussi le type de rapports entre les individus, avec ce dont ils traitent et avec ceux qui les financent, condition qui est celle, en définitive, de la liberté de création et du choix de ses conditions. Celle aussi des présupposés, des modes d’approche ; des angles d’attaque, plus exactement. Mais il faut le préciser aussitôt - tant ce thème est rabâché de séminaires en rencontres et de colloques en ateliers pour finir sur des déclarations creuses à donner le vertige – que ce n’est surtout pas au nom de principes ni d’une quelconque intransigeance métaphysique que la chose est abordée. Elle l’est d’une manière absolument pratique et vitale. D’une manière qui réjouit, autant le dire aussitôt, parce qu’elle procède de deux formes distinctes d’une même exigence de liberté, d’une même position face aux pouvoirs quels qu’ils soient et qui résultent, chez l’un comme chez l’autre, d’une assez longue et notoire constance en matière d’intégrité et de rigueur. Désaccord, des accords Ici, c’est par la reconnaissance du motif de désaccord que se crée l’accord. Une sorte de modèle démocratique en somme : savoir ce qui nous oppose et en ressentir chez l’autre ce qui est de l’ordre de la nécessité intérieure pour ne pas vouloir changer l’autre, mais pour savoir comment composer avec lui. Avant l’accord est la rencontre et avec elle la possibilité du désaccord, du conflit car cette possibilité fait partie de l’accord qui suit, elle en est la condition initiale. « On parle de qu’est-ce qui s’est passé dans ce potager, tu as ta version, j’ai la mienne » dit Marcel Ophuls ; « ce sont des approximations », dit J.-L. Godard pour nommer leur tentatives adroites ou maladroites de mise au point. Et ce qu’on entend dans ce mot « approximations », c’est l’idée de rapprochements successifs, de mouvement hasardeux mais déterminés pour se rapprocher d’une vérité du sujet, de la confrontation entre soi et l’autre, de la possibilité d’une œuvre à deux. Regard : Jean-Paul Curnier — Photos © Frédéric Choffat Protagonistes : Jean-Luc Godard et Marcel Ophuls Modérateur : André Gazut Observateurs : vincent lowy, francis kandel A découvrir : Marcel Ophuls et Jean-Luc Godard, la rencontre de St-Gervais, un film de Frédéric Choffat et Vincent Lowy (St-Gervais Le Théâtre et Les films du Tigre) filmographie M. Ophuls (extrait) 1927 naissance le 1er novembre 1962 L’Amour à vingt ans 1969 Le Chagrin et la Pitié 1973-1976 The Memory of Justice - Sur les procès de Nuremberg 1989 Hôtel Terminus : Klaus Barbie, sa vie et son temps 1994 Veillées d’armes : Histoire du journalisme en temps de guerre filmographie J.-L. Godard (extrait) 1930 naissance le 3 décembre 1960 À bout de souffle 1963 Le Mépris 1990 Nouvelle vague 1995 JLG/JLG. Autoportrait de décembre 1998 Histoire(s) du cinéma 2010 Film Socialisme Les transversales Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre 21 22 Place Tahrir théâtre de la révolution égyptienne 1 2 4 3 6 5 Certains estiment que le régime de Moubarak est aussi tombé par la grâce des nouvelles technologies. Le journaliste Pierre Hazan était sur place, un téléphone portable à la main. Témoignage. Sur le vif. 1. Tahrir Fête Une semaine après la chute Je vois cette joie immense et du président Moubarak, je redoute les lendemains. des rumeurs disent que ses Cette révolution ne sera-t-elle pas partisans vont défiler. confisquée ? Les défis économiques Il n’en sera rien. et politiques sont énormes. Mais ce vendredi-là, l’espoir a 5. Tahrir Drapeaux triomphé. Des dizaines de milliers de drapeaux égyptiens sont 2. Tahrir Musée brandis. Fierté de retrouver son Beaucoup font la révolution, pays qui avait été si longtemps quelques uns vaquent à leurs spolié par des prédateurs. affaires : des voleurs profitent Je pense à juillet 1956 lorsque de ces journées de folie pour le président Nasser annonce la dérober certaines des plus belles nationalisation du canal de Suez. pièces du musée d’égypte, Même foule en liesse, mais le rêve l’immeuble rose en bordure de du socialisme panarabe de Nasser la place Tahir. sera déçu. 3. - 6. Tahrir Foule et Tahir Femme http://pierrehazan.com voilée Photos © Pierre Hazan Ils sont des centaines de milliers, voire des millions sur la place Tahir. Hommes, femmes, enfants, venus en famille pour pouvoir dire un jour : « J’y étais. C’était incroyable ». Une foule joyeuse et légère, ivre de bonheur, se retrouve comme pour s’assurer qu’elle n’a pas rêvé. 4. Tahrir Victimes Vendredi 18 février. Un mémorial improvisé rappelle le souvenir des 400 jeunes qui ont laissé leur vie pour que naisse une autre égypte. Saison en cours Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre Plus sombre, la nouvelle halte des fabuleux acteurs flamands calme les rieurs avec une pièce d’Arthur Schnitzler. Rosses, les Flamands du tg STAN le sont toujours. Mais leur retour cette fin de saison, dans une pièce d'Arthur Schnitzler, se pare de mélancolie. Dénué d'ironie (encore que...), Le Chemin solitaire qu'ils empruntent là est pourtant presque un manifeste, le discours d'une méthode née avec la compagnie voilà plus de vingt ans. A l'habitude, pas question de prendre le drame choral de Schnitzler au pied de la lettre. En 1904, il pouvait choquer une élite bourgeoise confite dans son conservatisme. Après tout, le bon docteur viennois liait mort et adultère. Julian, un peintre qui n'a vécu que pour lui-même, perturbe le deuil d'un ami et de sa famille. La mère vient de mourir, elle fut son modèle, ils ont eu une liaison, et maintenant il veut révéler au fils, Félix, un officier, qu'il est son vrai père. Le secret, le choc de son dévoilement, n'est pas ce qui intéresse les STAN - on n'est pas chez Chabrol. Ils privilégient ce qui reste de cette histoire au présent, la répétition des choix et des erreurs d'une génération à l'autre. Comment ce bredouillement peut-il ré- Sur la route du tg STAN sonner sur le plateau ? Il est irradié entre tous les acteurs qui s'échangent les rôles, parfois au cœur d'une réplique. Idée inconfortable, induisant que « chaque rôle est une existence possible pour chacun », d'après l'un des fondateurs du groupe, Damiaan De Schrijver, ogre bouffeur de havane. 23 l'enrober du malaise de cette amitié effilochée avec le temps. S’il est une constante dans le théâtre mouvant du tg STAN, c’est cette faculté de tirer à soi le public, de le regarder en face pour qu’il ne détourne pas les yeux et accepte ce qui lui est montré. Christophe Jacquet, journaliste indépendant — Photo © tim wouters Le Chemin solitaire, Du 7 au 11 juin, avec Natali Broods, Les mardi, vendredi et samedi Jolente De Keersmaeker, à 20h30, Damiaan De Schrijver, Nico Sturm, les mercredi et jeudi à 19h. Frank Vercruyssen. www.stan.be dimenticare o non piÙ vivere 3e année (promotion 2008-2011) (oublier ou ne plus vivre), dirigé par Youri pogrebnitchko. Jouer, mais ne pas faire semblant Dès l'origine, le tg STAN bat en brèche les conventions, le prêt à penser du théâtre. (...) Jouer, et ne surtout pas faire semblant... Ce plaisir pas si innocent, on l'a vu à St-Gervais en février 2007, dans My Dinner with André, adaptation gourmande du film initial de Louis Malle. (...) Les comédiens nous mettent le nez dedans, prompts à sortir de l'emploi pour commenter ce qu'ils disent et la façon de le dire, apostropher le spectateur, celui qui arrive en retard, celui qui s'en va avant la fin, et d’après anton tchekhov. par L’école du théâtre des du 14 au 18 juin 2011 teintureries - lausanne, formation au théâtre de vidy-lausanne professionnelle de comédiens du 23 au 25 juin 2011 (reconnue d’utilité public). Atelier à st-gervais genève le théâtre de fin d’études de la classe de Couture russe Grand metteur en scène, Youri Pogrebnitchko est aussi un admirable costumier. Alexandre Demidoff en décode les chutes. Le théâtre est couture, haute, parfois. Il rapièce, il fabrique, il suture. Le travail du metteur en scène russe Youri Pogrebnitchko m'évoque cet artisanat au sens propre – celui de l'aiguille, du fil, de la machine à coudre – et figuré – celui d'une mémoire menacée de tomber en lambeaux, raccommodée dans la pénombre d'un atelier, dans l'ordinaire du labeur. Ce sont les chutes, comme on dit chez les tailleurs, que Youri Pogrebnitchko accommode, chutes d'une cape de mousquetaire ou d'un spectacle ancien, dont il fait revivre la garde-robe. Quand je pense à ce maître-couturier et à sa compagnie, la Krasnaja Presnja, je revois la toile d'un cinéma d'antan, la robe du dimanche d'une vieille fille embuée. Je me souviens aussi des plumes pathétiques qui jonchaient la scène de La Mouette en 1997 au Théâtre du Grütli. Je me souviens encore, dans ce même spectacle, du tricorne d'un Napoléon fantomatique – l'ai-je rêvé ? Comme tous les grands metteurs en scène, Youri Pogrebnitchko est costumier – manière de dire. Symbole : la penderie qui figure sur le plateau dans une version récente des Trois sœurs, au Théâtre Saint-Gervais en 2009. Sur leur tringle, des cintres orphelins n'exposent-ils pas l'envers et l'endroit de la fiction ? Ce vestiaire à vue ne jouet-il pas le rôle de frontière entre le champ du drame – celui d'une attente sans bornes – et le hors champ de la coulisse, selon une topographie dramatique éprouvée mille fois ? Oui, sauf que chez Pogrebnitchko, il s'agit d'affirmer l'atelier comme espace du désir théâtral, de faire cohabiter la manufacture et la vitrine, non pour démystifier la représentation, mais pour magnifier la singularité d'une aventure collective. Ce qui se joue dans Les trois soeurs, c'est aussi l'histoire d'une troupe, d'une communauté en proie à un ouvrage remis sur le métier – noblesse de la reprise. Le spectacle est ici par nature variation, c'est-à-dire palimpseste. Et le costume est variété d'un passé qui nous regarde, étoffe d'une promesse, une communion peut-être. Haute couture. Alexandre Demidoff, chef de la rubrique culture au temps 24 La fin Mai 2011 « Ici c’est ailleurs », la revue de St-Gervais Le Théâtre Permanence... pour l'intermittence Depuis ses quartiers de Saint-Gervais, le Comité 12a a fédéré les nombreuses forces engagées en faveur des intermittents de la scène et de l'écran en Suisse, autour d'un objectif urgent : éviter le désastre qui guette ces derniers avec l'entrée en vigueur de la Loi sur le chômage récemment révisée. Au bout d'un intense travail de lobbying politique dans les coulisses du Palais fédéral, le Comité aura convaincu les édiles nationaux de ne pas laisser couler toute une profession. Mais si elle apparaît comme un minimum vital, la mesure ainsi obtenue - dans la nouvelle Ordonnance sur l'assurance-chômage - ne suffira pas dans l'immédiat. Le Comité ouvre donc ses portes aux intermittents de la région, avec également une permanence sous tente improvisée à Genève et à Lausanne, pour tous ceux qui craignent à l'heure actuelle de n'être plus considérés comme intermittents... que par intermittence. Plus d'infos sur comite12a.ifaway.net Max Frisch et les enfants du DIP « Il y a toujours dans un coin un enfant aux écoutes... », dixit Charles Dullin. Cette saison encore, nous déploierons un réseau d'activités, en étroite concertation avec le Département de l'instruction publique et ses enseignants. Au cœur de nos préoccupations : Max Frisch dont c'est le centenaire de la naissance et Jean-Jacques Rousseau. Avec notamment une tournée scolaire de Guillaume Tell pour les écoles de Frisch par André Steiger. Détails à venir sur www.saintgervais.ch Entre guerre et paix Quatrième cycle de films/conférence organisé par L’Espace St-Gervais sur le thème de « L’image et le sacré ». Trois rendez-vous concoctés par Briana Berg, l’occasion de voir ou de revoir des chefs d’œuvres du cinéma mondial sur la question de l’être humain aux prises avec le conflit armé. Chaque représentation est suivie d’une conférence. Dès le samedi 29 octobre 2011. Programme sur www.espace-saint-gervais.ch Le cas Benno Besson (ou la mémoires des archives) La Radio Télévision Suisse est une mine d'archives dramatiques, émissions radiophoniques, interviews, portraits, reportages, etc. Cette mémoire est aussi celle du théâtre de toute la Suisse romande, dans son rapport au monde. Première étape avec la présentation publique, le 14 juin 2011, au Grand-Théâtre de Genève, d'une maquette autour d'une trajectoire exemplaire telle que vue par les archives : Le cas Benno Besson. Ce projet de site a été élaboré par Philippe Macasdar et Bertrand Theubet, en collaboration avec Claude Zurcher. Les flâneries d'Alain-Pierre APP est un flâneur, Walter Benjamin était son oncle, c'est un amoureux fou ou un fou d’amour aurait dit de lui André Breton, Boris Vian l'avait un soir traité de Chinois et il chantait parfois avec Lautréamont. Parti en dérive, on sait qu'il ne reviendra plus. C'est sans doute pourquoi il est si présent parmi nous. Ses amis, d'ici et d'ailleurs, viendront fêter – un mot qu'il abhorre – la mémoire impossible de ce merveilleux Watt Mer dit Alain-Pierre Pillet. Avec la complicité de Patrick Viret. 2012, Rousseau pour tous Dans le cadre du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau, StGervais et L'association « L'îlot Rousseau » proposent une constellation de manifestations. Films, concerts et colloques scanderont la saison, avec notamment un spectacle donné à l’Ilôt 13, mis en scène par Michel Deutsch et Dominique Ziegler. Plus d'infos sur www.rousseau13.org Mémoire et paix Politiques et initiatives mémorielles, ainsi que pratiques artistiques dans les processus de paix et de reconstruction. A l’initative de Pierre Hazan, la Haute Ecole d’Art et de Design et Saint-Gervais le Théâtre vont développer un partenariat qui déclinera séminaires, recherche et projections. Détails sur head.hesge.ch Et vous, comment travaillez-vous ? « Vous travaillez mou / Vous travaillez dur / Vous travaillez mi-temps / Vous travaillez groupé / Vous travaillez courte durée / Vous travaillez parce que vous le voulez bien / Parce que vous ne pouvez pas faire autrement / Parce que vous aimez ce que vous faites / C’est une chance d’aimer faire ce que vous faites / Vous travaillez et c’est ce qui compte / Vous ne travaillez pas / Vous êtes au chômage » Durant cette nouvelle saison, Julie Gilbert travaille sur l’écriture d’un film avec Arlette Buvat, réalisatrice et Valérie Blanchon, comédienne. S’interrogeant justement sur la place du travail dans notre société, sur la caractérisation de l’identité travail et sur la souffrance qui parfois en découle, elles mènent une recherche alliant séance d’écriture, prise d’images, visionnement, qui donnera au cours des prochains mois la forme d’un film à venir. D’autres infos sur www.oeil-sud.ch Conférence de Joëlle Kuntz, journaliste indépendante : Genève, histoire d’une vocation internationale. vendredi 27 mai 2011 à 18h L’Homme et la Bête Stage donné par la metteure en scène Marielle Pinsard autour du thème de « L’Homme et la Bête », afin de rencontrer des comédiens ou des danseurs qui pourraient la rejoindre sur une future production. du 30 mai au 10 juin 2011 à st-gervais genève le théâtre. Renseignements : [email protected]. Prix du stage : Fr. 500.- Seul dans le noir En résidence d’écriture, en 2012, Joël Maillard proposera une pièce sonore, manière d’installation théâtrale. Baptisée RIEN VOIR, cette pièce sera à écouter couché seul dans le noir. détails à venir. Le ressemblement Ils ont décidé de ne pas craindre la mise en commun ni la ressemblance. Forts de leurs différences respectives, on peut dire que leur projet repose sur une dizaine d'idées essentielles qui les réunit dans leur nécessité de théâtre. Ils voient, dans leur collaboration, l'occasion d'interroger quelques aventures collectives théâtrales qui ont émaillé l'histoire du théâtre. Trois diplômés de la Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande, Vincent Brayer, Cédric Djédjé et Aurélien Patouillard ont décidé de se réunir et de coordonner leur travaux. Leurs réflexions et leurs essais seront accueillis en résidence à St-Gervais durant la saison 2011-2012. Festival extra Festival transfrontalier international entre Bonlieu Scène nationale Annecy, l’adc Genève et St-Gervais Genève Le Théâtre aubert & siron® font plus avec moins et Kreuger’s Business sont présentés dans le cadre d’un diptyque autour de la thématique de l’argent. Jusqu’au 21 mai 2011, www. festival-extra.com Le laboratoire des copies ou Les artistes de la contrefaçon, une performance de Christian Geffroy Schlitter. du 24 au 28 mai 2011, www. festival-extra.com Table ronde. Une rencontre à Genève Paroles de compagnies ou L’assemblée provisoire. vendredi 27 mai 2011 de 10h à 17h St-Gervais Genève le théâtre rue du temple 5 - 1201 Genève t. 41 22 908 20 00 - f. 41 22 908 20 01 www.saintgervais.ch Horaires : salle marieluise fleisser : Ma, ve, sa à 20h30 - Me, je à 19h, Di à 18h Lu relâche salle isidor isou : Ma, ve, sa à 19h - Me, je à 20h30 di et lu relâche Plein tarif : Fr. 20.groupr : Fr. 15.Chômeurs, retraités : Fr. 15.Professionnels : Fr. 15.étudiants / apprentis : Fr. 12.Carte 20 ans / 20 francs : Fr. 10.billetterie : t. + 41 22 908 20 00 et www.saintgervais.ch