Dynamique d`une population chassée de sangliers (Sus
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Dynamique d`une population chassée de sangliers (Sus
N° d’ordre : 128-2007 Année 2007 THESE présentée devant l’UNIVERSITÉ CLAUDE BERNARD - LYON 1 pour l’obtention du DIPLOME DE DOCTORAT (arrêté du 7 août 2006) présentée et soutenue publiquement le 9 Juillet 2007 par Sabrina SERVANTY Dynamique d’une population chassée de sangliers (Sus scrofa scrofa) en milieu forestier. Directeur de thèse : Jean-Michel GAILLARD JURY M. Dominique ALLAINÉ, Président M. Eric BAUBET, Co-directeur M. Steeve CÔTÉ, Rapporteur M. Stéfano FOCARDI, Rapporteur UMR CNRS 5558 Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive Université Claude Bernard – Lyon I – Bâtiment G. Mendel 43, boulevard du 11 novembre 1918 69622 Villeurbanne UNIVERSITE CLAUDE BERNARD - LYON I Président de l’Université Vice-Président du Conseil Scientifique Vice-Président du Conseil d’Administration Vice-Président du Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire Secrétaire Général M. le Professeur L. COLLET M. le Professeur J.F. MORNEX M. le Professeur J. LIETO M. le Professeur D. SIMON M. G. GAY SECTEUR SANTE Composantes UFR de Médecine Lyon R.T.H. Laënnec UFR de Médecine Lyon Grange-Blanche UFR de Médecine Lyon-Nord UFR de Médecine Lyon-Sud UFR d’Odontologie Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques Institut Techniques de Réadaptation Département de Formation et Centre de Recherche en Biologie Humaine Directeur : M. le Professeur D. VITALDURAND Directeur : M. le Professeur X. MARTIN Directeur : M. le Professeur F. MAUGUIERE Directeur : M. le Professeur F.N. GILLY Directeur : M. O. ROBIN Directeur : M. le Professeur F. LOCHER Directeur : M. le Professeur MATILLON Directeur : M. le Professeur P. FARGE SECTEUR SCIENCES Composantes UFR de Physique UFR de Biologie UFR de Mécanique UFR de Génie Electrique et des Procédés UFR Sciences de la Terre UFR de Mathématiques UFR d’Informatique UFR de Chimie Biochimie UFR STAPS Observatoire de Lyon Institut des Sciences et des Techniques de l’Ingénieur de Lyon IUT A IUT B Institut de Science Financière et d'Assurances Directeur : M. le Professeur A. HOAREAU Directeur : M. le Professeur H. PINON Directeur : M. le Professeur H. BEN HADID Directeur : M. le Professeur A. BRIGUET Directeur : M. le Professeur P. HANTZPERGUE Directeur : M. le Professeur M. CHAMARIE Directeur : M. le Professeur M. EGEA Directeur : Mme. le Professeur H. PARROT Directeur : M. le Professeur R. MASSARELLI Directeur : M. le Professeur R. BACON Directeur : M. le Professeur J. LIETO Directeur : M. le Professeur M. C. COULET Directeur : M. le Professeur R. LAMARTINE Directeur : M. le Professeur J.C. AUGROS Préambule « Et toi, tu fais quoi ? » « Je suis encore étudiante. » « En quoi ? » « En Biologie ». Voilà comment je me présente quand je ne veux pas forcément entrer dans les détails. La majeure partie du temps d’ailleurs, ces réponses satisfont ceux qui ont posé ces questions. Mais poussons la discussion un peu plus loin… « Et tu en es où ? » « Je fais une thèse » « Pffou ! Et une thèse sur quoi ? » « Sur les sangliers » Là, généralement, la personne soit la personne fait répéter, soit elle a une réaction de vive surprise. Et il s’ensuit ensuite une discussion à essayer d’expliquer en quoi consiste mon travail. Même si la plupart comprenne, à la fin cela se résume souvent à « En fait, tu chasses les sangliers ! ». D’ailleurs même une de mes meilleures amies me présente des fois comme ça dans les soirées : « Sabi, elle chasse les sangliers ! ». Ce qui fait à chaque fois son petit effet mais qui peut amener à ce genre de questions : « Pourquoi une thèse ? Et pourquoi sur les sangliers ? ». Pour toutes les personnes à qui j’ai fourni une réponse plus qu’évasive (c’est pas toujours facile de parler de soi), voici une réponse un peu plus développée ! J’ai toujours voulu travailler avec/sur la faune sauvage. Après avoir échoué aux concours des Ecoles Nationales Vétérinaires et n’ayant plus le droit de me présenter, je suis allée en fac de Biologie et je me suis orientée directement vers la section Ecologie. J’ai eu l’opportunité de faire deux stages au sein du Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive : en 1999-2000 en Génétique des Populations en travaillant sur des populations de drosophiles et en 2000-2001 en Ecologie des Populations en travaillant sur une colonie de chats errants. J’ai découvert ainsi plus concrètement le monde de la recherche. Mais je n’avais pas encore trouvé le lien avec la faune sauvage. Le déclic eut lieu lors d’un stage de terrain en Maîtrise en 2001. Je suis partie 15 jours au Centre d’Etudes Biologiques de Chizé, participer aux sessions de Capture-Marquage- i Recapture de chevreuils par l’intermédiaire de Jean-Michel Gaillard. J’avais trouvé le type de recherche qui me passionnait vraiment. Je suis restée ensuite presque un an et demi à Chizé à travailler sur le chevreuil, encadrée par Sonia Saïd puis par Jean-Michel. J’ai ainsi validé un Diplôme Universitaire intitulé Unité d’Expérience Professionnelle et j’ai été associée à deux publications∗. A la fin de ce travail, Jean-Michel m’a alors proposé un sujet de recherche de Diplôme d’Etudes Approfondies sur le sanglier en collaboration avec Eric Baubet. Je m’étais investie dans la recherche de collaborations pour monter un sujet de thèse sur le chevreuil mais celle-ci n’a pas abouti. J’ai donc accepté cette proposition : je continuais à travailler sur la faune sauvage et les méthodes restaient les mêmes. A la suite de ce DEA, nous avons monté un dossier afin d’obtenir un financement de thèse par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage et nous l’avons obtenu. J’ai donc continué à travailler et étudier le sanglier. Et au terme de ce travail, je dois dire que je ne regrette pas une seconde ce choix. Le sanglier est une espèce mal aimée par certains, trop aimée par d’autres mais mal connue dans tous les cas. Et d’un pur point de vue « naturalisto-scientifique », je dirais que c’est une espèce passionnante ! Et maintenant me direz-vous ?… “Mmm, is this really the end, or is it a new beginning? A new reality…” GURU (Jazzmatazz Volume 2: The New Reality; Song: Lifesaver) ∗ Saïd S., Gaillard J. M., Guillon N., Guillon N., Servanty S., Pellerin M., Lefeuvre K., Martin C., Van Laere G., Duncan P. 2005. Ecological correlates of home range size in spring-summer by female roe deer in a deciduous woodland. Journal of Zoology. 267 (3): 301-308. Saïd S. and Servanty S. 2005. The influence of landscape structure on female roe deer home-range size. Landscape Ecology. 20: 1003-1012. ii Remerciements Il s’agit ici, quoi que certaines personnes puissent dire ou penser, d’une partie importante ! Une thèse est un travail long, parfois dur, épuisant et c’est souvent dans ces moments-là que des personnes clés interviennent. Que ce soit pour donner un coup de main, pour aider à comprendre ce « f… » logiciel R, pour relire en urgence certains trucs ou tout simplement pour être une oreille attentive et contribuer à retrouver « la pêche » et le sourire. J’aimerais donc ne pouvoir oublier personne mais comme rien ne peut être parfait, il existe une certaine probabilité (mais est-elle significative ?) pour que j’en oublie. Je voudrais donc m’excuser par avance auprès d’elle(s) et je les remercie pour la compréhension qu’elles me témoigneront ! Je voudrais tout d’abord remercier chaleureusement et sincèrement mes deux directeurs de thèse : Jean-Michel Gaillard et Eric Baubet. Jean-Michel, merci de la confiance que tu as eu en moi. Lorsque tu m’as proposé ce sujet de DEA, je n’aurai pas pensé que l’aventure aille si loin. Merci d’avoir renouvelé cette confiance en me permettant de saisir l’opportunité d’obtenir une bourse post-doctorale via la région Languedoc-Roussillon. Même si, parfois, j’ai souhaité avoir un taux de recapture plus élevé (!), j’ai toujours été impressionnée par la vitesse à laquelle tu répondais dans des moments « critiques ». Eric, merci pour ton soutien, pour les longues heures de discussion que nous avons eu l’occasion d’avoir. Merci d’avoir compris comment je fonctionnais tout en acceptant aussi de ton côté les remises en question personnelles. J’ai bien l’impression qu’au cours de ces années de travail, nous avons évolué et su amoindrir notre côté « brut de décoffrage » ! Merci aussi d’avoir bien su faire la part des choses lorsque nous avons été amenés à vivre en colocation et à réussir à séparer la vie personnelle de la vie professionnelle. Je voudrais ensuite remercier mes rapporteurs : Steeve Côté et Stéfano Focardi. Merci de m’avoir fait l’honneur de bien vouloir lire et juger ce travail. Merci Steeve d’avoir accepté de traverser l’Océan Atlantique pour venir assister à la soutenance. J’espère que tu auras une autre occasion de venir pour que je puisse aller te chercher personnellement à l’aéroport ! Merci Stéfano pour les conseils que tu m’as apportés lors de mes différentes réunions de comité de pilotage. Merci pour ta bonne humeur et ton enthousiasme à discuter du sanglier. iii Mes remerciements se tournent désormais vers Dominique Allainé. Merci d’avoir accepté d’être le président de mon jury et d’avoir accepté d’être mon directeur administratif lors de ma première année de thèse afin de rendre possible l’obtention de mon financement. Merci à l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, de m’avoir fourni une bourse de thèse. Je suis contente aussi pour mes successeurs que celle-ci ait augmenté. Il était temps de comprendre que cette bourse ne nous permettait plus de vivre puisqu’elle n’avait pas été réévaluée depuis au moins dix ans. Nous, thésards financés par l’ONCFS, étions quand même rémunérés à une hauteur inférieure au seuil de précarité reconnut par le gouvernement (chercher l’erreur !) ce qui m’a amenée à accepter des boulots d’appoint pour arriver à m’assumer financièrement. Il ne reste plus que la bourse prenne en compte la cotisation pour le chômage comme les bourses du ministère ! Je voudrais ensuite remercier Serge Brandt, plus connu en Haute-Marne sous le nom de Willy. Merci pour tout ce que tu m’as si généreusement fait partager : tes connaissances sur le terrain, ton enthousiasme à parler de ce que tu as vu, tes bonnes bouteilles de vin. Je pense que je peux fièrement dire que la majorité de ce que j’ai appris sur le sanglier vient des nombreuses discussions que nous avons eues ensemble, des moments partagés sur le terrain qu’ils soient difficiles ou beaucoup plus agréables. Vient ensuite Carole Toïgo. Carole, je pense qu’au cours de cette thèse nous avons dû surmonté respectivement de nombreuses épreuves difficiles. Je suis contente d’avoir été amenée à mieux te connaître, merci pour ton amitié, ton soutien. J’espère que nous aurons encore de nombreuses occasions d’aller faire des ballades et/ou de l’escalade. Bref que cette collaboration, au départ scientifique, continue également sur les autres horizons qu’elle a dévoilés. Je ne pourrais oublier de citer toutes les personnes volontaires, stagiaires, vacataires, etc. qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à récolter des données depuis le début du suivi en 1982. Sans elles et leur travail de fourmi, je n’aurai jamais pu avoir la chance d’analyser une telle base de données et tous ces résultats n’auraient pas pu être obtenus. Je remercie aussi les stagiaires qui ont passé quelques temps à Châteauvillain au cours de ce travail et que j’ai côtoyé, aidé à encadrer: Julien Wass, c’est avec toi que j’ai vu mes premiers marcassins et que j’ai fait mes premiers pas au tableau de chasse. iv Berengère Grosbetty, Nicolas Pesty, Nicolas et Jeremy avec qui j’ai formé la fameuse équipe chercheuse de chaudrons. Merci à vous pour ces moments difficiles, je repense notamment aux fameuses parcelles 156 et 157 ! Merci à Nathalie Gobillot avec qui j’ai partagé mes aventures de raid forestier au volant du fameux Kangoo 4*4. Merci à Nicolas et son enthousiasme pour partager avec moi les week-ends de captures marcassins et même de « gros » marcassins. Je crois bien que je n’aie jamais autant ri alors que nous essayions désespérément de maintenir au sol une bête rousse de 38 kg. Je peux vous dire qu’être à deux, pour réussir à maintenir un animal de ce poids-là, tout en effectuant des mesures, relève du sport. Merci aussi à Pascal Lemarchand pour son aide pour les captures marcassins. Merci à Julien Serre qui m’a épaulé au tableau de chasse à la suite de Julien Wass. Me vient ensuite une pensée particulièrement émue pour Gilbert Corbeau et sincèrement amicale pour Pascal Van den Bulck. J’ai vraiment passé de bons moments avec vous au tableau de chasse, même s’il est vrai que l’ambiance et le décor étaient plutôt sanguinolents ! Merci de m’avoir acceptée avec simplicité et de m’avoir fait découvrir plus en profondeur la forêt de Châteauvillain ; je pense pouvoir affirmer que j’ai eu une formation accélérée dans la lecture de carte forestière, de nuit, sans lampe. Merci aussi pour l’enseignement pratique de la manière de « vider » les différents ongulés chassés dans la forêt ! Je suis loin de pouvoir tenir votre cadence mais je peux quand même me vanter de savoir le faire : on sait jamais si je dois participer à Kóh Lanta un jour ! Merci pour la découverte des bons produits du terroir qu’ils soient liquides ou solides, merci pour les nombreux fous rires que nous avons partagés. Je suis vraiment navrée de vous avoir abandonnés au cours de la saison de chasse 2005. J’aurai du vous écouter et accepter de me faire ausculter par vos soins! Gilbert, de là où tu es, je te salue très respectueusement. Pascal, j’espère pouvoir remonter prochainement en Haute-Marne, accepteras-tu de m’emmener aux morilles ? Je voudrais également remercier Hervé Bidot pour la volonté qu’il a mis pour bien faire les choses lorsque les captures marcassins ont recommencé à Chizé. Il s’agit d’une volonté personnelle qui mérite d’être reconnue. J’espère avoir l’opportunité de retourner làbas et pouvoir t’aider à valoriser ce travail. Je voudrais maintenant remercier Sonia Saïd sans qui je n’aurai peut être jamais eu l’opportunité de pouvoir décrocher un stage de DEA. Merci d’avoir accepté de signer une invitation officielle pour que je puisse rester plus longtemps à Chizé. Merci pour les compétences, notamment en SIG, que tu m’as si généreusement transmises. La vie a fait v que nous soyons passées toutes les deux du CEBC à l’ONCFS au sein du CNERA CS, cette coïncidence rigolote nous a permis de mieux nous rapprocher. Je suis heureuse de voir qu’aujourd’hui, bon nombre des problèmes que tu as rencontrés se sont résolus et que le bilan est sacrément positif (p<10e-5 !). Merci à tous ceux que j’ai eu l’occasion de rencontrer au cours des colloques auxquels je suis allée et avec qui j’ai passé de bons moments. J’espère bien que cela ne s’arrêtera pas là. Merci donc à Claude Fisher (à quand la prochaine danse ?), Céline Prévot, Sandra Cellina, Christian Hebeisen, Oliver Keuking, Ulf Hohmann, Carlos Fonseca et merci à Sophie Rossi pour avoir crée le « Sheep and Chips meeting » qui veut nous donner l’occasion de se rencontrer au minimum une fois par an ! Merci à Patrice qui m’a permis d’obtenir un bureau pour mes deux premières années de thèse. Cela m’a permis aussi de côtoyer un peu plus le « côté gauche du couloir » ! Merci aux nombreux thésards, post-doc,ATER etc. de la salle 60 pour leur aide ponctuelle : Stéphanie, Vincent, Emilie, Pierrick, Bram, Mathieu le Grand, Sébastien, Christophe. Merci à mes collègues de bureau de la salle 46 pour les moments sympathiques partagés : Mathieu le petit, Hugues. Dommage qu’au moment où nous commencions à prendre nos marques, c’est le moment de se quitter ! Merci ensuite à Aline, Estelle et Gaëlle. Je suis très heureuse de vous avoir rencontrées le long de ma voie. Aline, toi qui me connais depuis le plus longtemps, merci de m’apporter ces tranches de bonheur simple qui me font redescendre un peu de ce monde parfois absurde dans lequel nous, futurs/ex-futurs chercheurs évoluons. Estelle, merci à toi pour tous les moments festifs que nous partageons, pour nos discussions sur les cactus et autres plantes grasses, pour me faire partager ton environnement, encore plus depuis que tu habites Noirmoutier. Merci aussi pour la « magie » qui fait qu’il nous arrive sans cesse des anecdotes incroyables ou rigolotes lorsque nous sommes réunies toutes les deux. Depuis dix ans que nous nous côtoyons, je crois bien qu’il sera bientôt possible d’en faire un scénario. Sinon, c’est quand qu’on va au Douala ? Et la Boîte à Sel, elle ré-ouvre quand ? ;-) Enfin Gaëlle, qui eut cru lorsque je t’ai eu comme stagiaire à Chizé, que nous allions devenir de telles amies ? Tu es devenue quelqu’un de très chère et j’espère que tout ceci ne va pas s’arrêter. Les épreuves, ces dernières années, ne nous ont pas épargnées mais elles ont contribué à renforcer ce lien. Merci pour m’avoir fait découvrir les Bauges à tes côtés, merci pour tout ce que tu as fait au quotidien pendant cette thèse. Merci d’avoir été là, d’être là. Il vi me vient une pensée toute spéciale à Cyril qui, par la force des choses, partage Gaëlle avec moi ! ;-) Merci à toi Cyril pour ta générosité et l’amitié que tu me portes. Merci aussi pour le soutien que tu m’as apporté de la même manière que tu faisais pour Gaëlle. Je me demande comment tu as fait pour ne pas craquer au milieu de tout ce stress, notamment la « fameuse » semaine avant nos deux soutenances ! Merci à l’équipe du mardi soir des Camions. Et tout particulièrement Cyril, Guillaume, Didine et Romain. Merci pour ces nombreuses soirées après le débriefing qui se terminaient parfois, au petit matin. Cela avait du bon de pouvoir être entourée et de pouvoir décompressée de la sorte. Et j’ai bien envie de crier un petit : « Allez, là ! ». Sinon, c’est quand la prochaine date du calendrier Psy ?! ;-) Merci à Gwen qui, même éloigné, m’a toujours écoutée, conseillée quand j’avais des périodes de vague à l’âme. Cette année, c’est promis, je me paie un billet d’avion pour venir te voir. J’ai enfin des sous et j’ai trop envie de venir participer aux manips mammifères marins… Merci Romain pour la macro que tu m’as faite en un coup de cuillère à pot (enfin, presque !). Merci pour les discussions stats que nous avons l’occasion d’avoir. Merci à toi et à Fred aussi d’être venus me voir un week-end en Haute-Marne pour me donner un coup de main à capturer les marcassins. Une pensée spéciale à tous les Noimoutrin(e)s que je connais. Merci de m’avoir accueillie, acceptée à vos côtés. Merci pour tous ces moments underground de la vie nocturne que vous m’avez fait partagés. Je pense notamment à Roger et Boubou (merci pour la caravane cet été), Beauju, Pellok, Sergiot, Alain, Elise, Miguel, Aurèl… Et plus généralement, ceux qui côtoient le Blues Bar. Kebab ! Merci aux filles : Myrtha, Magda, Caro, Emilie, Fab. Chacune à votre manière vous m’apportez un rayon de soleil. Merci à vous. Mention spéciale pour Caro : courage tu n’as jamais été aussi proche du but ! Enfin, merci à ma famille. Mes parents pour avoir toujours respecté les choix que j’ai faits. Mes frères et sœurs : Samantha, Sandy et Sidney qui bien qu’ils n’aient jamais vraiment compris ce que je faisais réellement, ont toujours été là s’il fallait que je m’entraîne vii pour un oral en français. Mon grand-père qui a toujours montré un grand intérêt à ce que je faisais et qui ne manquait jamais de découper les articles dans les journaux pour peu qu’ils parlent de sanglier. Mon seul regret est qu’il n’ait pas pu se déplacer pour assister à ma soutenance et qu’il soit parti peu de temps après. Enfin, ma grand-mère qui ne manque jamais de me demander quand je l’appelle si je suis avec mes sangliers ! viii A toi lecteur, lectrice qui se lance dans cette aventure ! "If you torture the data long enough, they will confess" Ronald Coase ix Abstract Among Ungulates, the wild boar (Sus scrofa scrofa) is characterised by a mixture of particular life history traits which associate a high fecundity and an early age at first reproduction with a large body size and a potential long life expectancy. Moreover, unlike most ungulates which are rather strict herbivores, the wild boar is an omnivore. This uncommon life-history strategy is associated with an increase in population size. Indeed, in Europe, wild boar populations are currently still growing and cause some socio-economical problems due to the damage that wild boars generate to the human activities. Hence the understanding of the factors primarily involved in this increase in population size as well as the modelling of population dynamics is now essential to better manage wild boar populations. This work rely on a long term data set (25 years) of a hunted wild boar population in the eastern part of France (Haute-Marne). The analyses of maternal allocation in reproduction highlighted that in utero, the sex ratio decreased as litter size increased. Sex ratio was male-biased for litter size up to 6 and then became female-biased in larger litters. Producing large female-biased litters may be an adaptive adjustment to avoid strong sibling competition during lactation and therefore to maximise the number of recruited offspring. The threshold weight above which females can reproduce is around 28 kg live weight but once females become sexually mature, they will reproduce every year. However, the onset of oestrus may be delayed according to the available resources and vary year-to-year. Natural mortality was disentangled from hunting mortality by using CaptureRecapture multi-states models. Males’ survival did not vary yearly but did vary with ageclasses and the probability to be hunted increased with age up to around 70%. Females’ survival did vary yearly and also differed between age-classes with the yearly survival probability of females younger than one-year old being smaller than that of older females. Compared to other large mammals, adult females’ survival was lower and more variable over time possibly because of higher reproductive investment, especially in young adults. Those demographic characteristics reveal that wild boars could not be managed like other ungulate species. So, we developed a new modelling approach and retained a sex-specific body massdependent model to assist managers. In this way, managers have the possibility to directly test the outcome of the model by comparing observed and expected distributions of wild boars killed by hunters among sex- and body mass-specific classes. They can assess the performance of a given hunting rule and simulate the respective efficiency of management scenarios. KEY-WORDS : Wild boar ; Sus scrofa scrofa ; Ungulate ; France ; population dynamics ; management model ; multi-state model ; Capture-Mark-Recapture ; demography ; sex-ratio ; maternal allocation ; hunted population xi Résumé Au sein des Ongulés sauvages, le Sanglier (Sus scrofa scrofa) se distingue par une combinaison bien particulière de traits d’histoire de vie associant une fécondité élevée et un âge de première reproduction précoce à, une grande taille et une forte espérance de vie potentielle. De plus, au contraire de la plupart des autres ongulés qui sont des herbivores assez stricts, le Sanglier est omnivore. Cette stratégie d’histoire de vie peu commune est associée à un fort succès en terme d’effectifs, puisqu’en Europe, les populations de Sanglier sont en pleine expansion et sont à l’origine de problèmes socio-économiques principalement en raison des dégâts occasionnés aux activités humaines. Il est donc indispensable de déterminer les facteurs explicatifs de cette augmentation des effectifs et de développer un modèle de fonctionnement de populations pour réussir à mieux gérer la situation. Ce travail s’appuie sur une étude à long terme (25 ans) d’une population chassée de l’Est de la France (Haute-Marne). L’analyse de l’allocation maternelle dans la reproduction met en évidence que la sexe ratio in utero varie en fonction de la taille de la portée avec : une sexe ratio biaisée envers les mâles pour les portées de taille inférieure ou égale à six et une sexe ratio biaisée envers les femelles pour les portées de plus de six fœtus. Ce patron de variation peu commun pourrait avoir évolué sous la pression de sélection contre les grandes tailles de portée au sein desquelles une trop forte compétition apparaît entre frères et sœurs et ce, afin de maximiser le nombre de jeunes recrutés. Le poids seuil pour que les femelles puissent se reproduire est d’environ 28 kg (poids vif) et une fois la maturité sexuelle acquise, ces femelles sont susceptibles de se reproduire chaque année. Les ressources disponibles influencent cependant la phénologie de la reproduction qui varie d’une année à l’autre. La mortalité naturelle a pu être différenciée de celle due à la chasse grâce à l’emploi des modèles récemment développés de Capture-Recapture Multi-Etats. Les mâles ont une survie constante au cours du temps mais différente selon leur âge et une probabilité d’être tués à la chasse qui augmente avec l’âge jusqu’à atteindre près de 70%. La survie des femelles varient plus fortement entre années et diffère aussi selon l’âge avec, des femelles de moins de un an qui ont un taux de survie annuel inférieur aux femelles les plus âgées. Relativement aux autres grands mammifères, la survie des femelles adultes est plus faible et plus variable au cours du temps, peut-être en réponse à un investissement plus fort dans la reproduction, en particulier pour les jeunes adultes. Ces spécificités démographiques démontrent que le Sanglier ne peut donc être soumis aux mêmes règles de gestion que les autres Ongulés. Nous avons développé un modèle de gestion de population structuré en classe de sexe et de poids afin que les gestionnaires puissent comparer les résultats du modèle avec la distribution observée dans le tableau de chasse et apprécier ainsi l’efficacité des modalités de gestion qu’ils appliquent. MOTS-CLÉS : Sanglier ; Sus scrofa scrofa ; Ongulés ; France ; dynamique de population ; modèle de gestion ; modèle multi-états ; Capture-Marquage-Recapture ; démographie ; sexe ratio ; allocation maternelle ; population chassée xii Sommaire Préambule i Remerciements iii Abstract xi Résumé xii Table des figures xvii Liste des tableaux xxi Partie 1 : Introduction générale et contexte de l’étude Chapitre 1 : Introduction générale 1 3 1 Qu’est-ce que la dynamique des populations ? 3 2 Bio-démographie et biologie évolutive 5 Chapitre 2 : Contexte de l’étude 11 1 L’irruption des populations d’ongulés dans un siècle caractérisé par une augmentation des espèces en voie d’extinction 11 2 La situation du sanglier 13 3 Le sanglier 20 4 La population d’étude 28 Partie 2 : L’allocation maternelle L’investissement parental et l’allocation aux sexes 39 41 Chapitre 1 : Litter size and fetal sex ratio adjustment in a highly polytocous species: the wild boar 47 Résumé 47 1 Introduction 50 2 Materials and methods 52 3 Results 55 4 Discussion 58 5 Pour aller plus loin : la mortalité embryonnaire 61 Chapitre 2 : High maternal expenditure may decrease male-biased allocation in polygynous ungulates 65 1 Introduction 66 2 Material and methods 67 3 Results 69 xiii 4 Discussion Partie 3 : La dynamique de population 71 75 Comment établir le bilan démographique d’une population ? 77 Chapitre 1 : Facteurs influençant la reproduction des femelles 81 1 Introduction 81 2 Material and methods 83 3 Results 89 4 Discussion 99 Chapitre 2 : La survie juvénile pré-sevrage 103 1 Introduction 103 2 Méthode générale 104 3 Saison de reproduction de l’année 2004 : Echantillonnage systématique et suivi par télémétrie de femelles équipées de colliers-émetteurs 105 4 Saison de reproduction de l’année 2005 : Suivi intensif des laies équipées de colliers émetteurs 112 5 Saison de reproduction de l’année 2006 : Suivi intensif des laies équipées de colliers émetteurs 6 Conclusions globales Chapitre 3 : Survie naturelle et mortalité due à la chasse 117 120 127 Abstract 127 1 Introduction 128 2 Materials and methods 129 3 Results 133 4 Discussion 141 5 Management implications 143 Chapitre 4 : Bilan démographique 145 1 Introduction 145 2 Méthodes 146 3 Résultats 147 4 Discussion 150 Chapitre 5 : Démographie des populations de sangliers : conséquences pour la gestion de l'espèce xiv 153 Choix d’un modèle démographique bien particulier 153 Introduction 154 Etape 1 : Construction du cycle de vie des laies et estimation des paramètres.155 Etape 2 : Validation de la structure du modèle et des valeurs des paramètres associés. 157 Etape 3 : Utilisation du modèle dans un but prédictif : quelles mesures de gestion appliquées pour stabiliser les populations ? 159 Conclusions et recommandations : 163 Partie 4 : Synthèse et perspectives 165 Chapitre 1 : Résumé des principaux résultats et perspectives 167 Chapitre 2 : L’avenir de la chasse ou comment la chasse est à la fois un moyen de contrôler les population et une pression de sélection exercée sur les populations 171 1 Quelles sont les conditions pour que la chasse ait un rôle effectif dans le contrôle des populations ? 171 2 Le gibier et le chasseur : une relation proie-prédateur ? 172 3 Les chasseurs et les gestionnaires : vers une nouvelle pédagogie ? 173 4 Le rôle évolutif de la chasse 175 Chapitre 3 : La gestion adaptative ou l’incarnation de l’expression : « C’est en tombant qu’on apprend à marcher ! » 177 Références bibliographiques 181 Annexes 209 Annexe 1: Sexual segregation in sub-adult male wild boar 211 Introduction 212 Material and methods 213 Results: 216 3 Discussion 219 Partie 4 References 223 Annexe 2 : Le régime alimentaire à Châteauvillain - Arc en Barrois. 225 Annexe 3 : Résumé envoyé pour le 5ième Congrès Européen de Mammalogie (Italie, Septembre 2007) 233 Annexe 4 : Résumé de la communication orale que j’ai présenté à Cracovie. 235 Annexe 5 : Résumé de la communication orale présentée par Eric Baubet à Cracovie. 237 xv Annexe 6 : Résumé de la communication orale que j’ai présenté à Hanovre. 239 xvi Table des figures Figure 1.1: Représentation schématique du fonctionnement d’un système populationenvironnement (adapté d’après Berryman 1981). P4 Figure 1.2 : Relation entre les processus d’acquisition et d’allocation des ressources et la dynamique des populations (adapté d’après Boggs 1992). P6 Figure 1.3 : Progression de la population française au cours du XXième siècle (courbe continue avec les points) et du nombre de permis de chasse délivré (courbe en pointillé avec les losanges). p13 Figure 1.4 : Aire de distribution du sanglier en Eurasie. p14 Figure 1.5 : Impacts du Sanglier sur l’environnement avec en (a) l’impact sur les végétaux et en (b) l’impact sur les animaux. D’après Massei & Génov 2004. p15 Figure 1.6 : (a). Taux de multiplication du nombre de sangliers chassés depuis 1986 par département en France. (b). Globalement, le nombre de sangliers chassés augmente régulièrement en France depuis 30 ans (histogramme), parallèlement à l’augmentation des compensations financières engagées pour indemniser les dégâts agricoles (courbe). p16 Figure 1.7 : Plan de chasse et plan de gestion du sanglier pour la saison de chasse 20022003. Source : Klein et al. 2004 p17 Figure 1.8 : Taxonomie de la famille des Suidés et du genre Sus en particulier (d’après la synthèse de Ruvinski & Rothschild 1998). P20 Figure 1.9: Répartition des quatre sous-espèces de Sanglier en Eurasie (d’après Genov 1999) p21 Figure 1.10 : Phénologie du cycle reproducteur chez une laie adulte : (a) une année «normale» et (b) une année caractérisée par une forte glandée. p24 Figure 1.11 : Changement saisonnier du régime alimentaire du sanglier à Arc-en-Barrois, selon le type de fructification forestière automnale et son importance. p27 Figure 1.12 : Localisation du site d’étude en France et en Haute-Marne. La population de sangliers est suivie principalement dans la forêt domaniale. p29 Figure 1.13 : Températures minimales et maximales mensuelles ± erreur standard (partie haute du graphique) et cumul mensuel moyen des précipitations ± erreur standard (partie basse du graphique). Les moyennes ont été calculées pour la période 1983-2005. p30 Figure 1.14 : Localisation de la zone de capture (en jaune) au sein de la forêt domaniale de Châteauvillain – Arc en Barrois (en gris). p33 Figure 1.15 : Types de pièges utilisés à Châteauvillain. A : Piège corral, B : Grand piège mobile, C : Piège à marcassins, D : Filet tombant. p34 Figure 1.16 : Exemples de boucles auriculaires utilisées afin de différencier à distance d’une part la compagnie à laquelle appartient les individus et d’autre part le sexe de l’individu marqué. p36 xvii Figure 1.17 : Type de fructification et quantité disponible de 1982 à 2005. p37 Figure 2.1 : Relationship between maternal body condition and the specific sequence of increasing production costs expected under the WM. P51 Figure 2.2: Relation entre la séquence théorique attendue sous le modèle de Williams (1979) et le poids vidé moyen de la mère (± 1 erreur standard). p48 Figure 2.3 : Mean proportion of males and 95% confidence interval in relation to litter size p58 Figure 2.4 : Variations de la mortalité embryonnaire en fonction : (a) de la taille de portée pour les juvéniles. (b) de l’interaction avec le poids vidé et de la taille de portée pour les sub-adultes. p64 (c) de l’interaction avec le nombre de fœtus et la fructification de l’année en cours pour les adultes. Figure 2.5 : Relationship between wild boar litter size (number of foetuses) and (A) the mean between-sex differences in length (± 1 standard error) within a litter, (B) the mean betweensex differences in weight (± 1 standard error). P71 Figure 3.1 : Schéma du cycle de vie d’une femelle de grand mammifère (d’après Gaillard et al. 2000). p77 Figure 3.2 : Climatic conditions during spring and summer since 1983. p86 Figure 3.3 : Proportion of breeding juvenile females in January in relation to dressed mass and the combination of alimentation (MIXTURE; see Table 4.2). p96 Figure 3.4 : Effects of months and of MIXTURE on proportion of breeding females (see Table 4.2). p97 Figure 3.5: Proportion of breeding in November in yearling (a) and adult females (b) in relation to dressed mass and the combination of alimentation (MIXTURE; see Table 4.2).p96 Figure 3.6 : Prévision du pic de mise-bas et de l’étalement des naissances du printemps 2004, obtenue à partir de l’analyse des tractus génitaux des femelles au tableau de chasse. P107 Figure 3.7 : Photographie d’un des chaudrons découvert avec des marcassins. p108 Figure 3.8 : Photographie du chaudron dans lequel les marcassins ont été trouvés et capturés. p109 Figure 3.9 : Prévision du pic de mise-bas et de l’étalement des naissances du printemps 2005, obtenue à partir de l’analyse des tractus génitaux des femelles au tableau de chasse. p113 Figure 3.10 : « Sac à dos » pour émetteur marcassin. p114 Figure 3.11 : Photographies prises fin février 2005 sur notre site d’étude. Les conditions climatiques, cet hiver-là, étaient extrêmes ! p115 xviii Figure 3.12 : Prévision du pic de mise-bas et de l’étalement des naissances du printemps 2006, obtenue à partir de l’analyse des tractus génitaux des femelles au tableau de chasse. p118 Figure 3.13 : Photographies d’un des marcassins capturés au chaudron et que nous avons équipé d’un émetteur avec un système de « sac à dos ». p119 Figure 3.14 : Relationship between the annual hunting mortality and the total number of wild boar a) male and b) female hunted each year (annual harvest) in the population of Châteauvillain/Arc en Barrois, France. p138 Figure 3.15 : Relationship between wild boar natural survival and hunting mortality the same year (t) and the previous year (t-1) for a) male and b) female wild boar in the population of Châteauvillain/Arc en Barrois, France. p140 Figure 3.16 : Cycle de vie du Sanglier avec les différents paramètres démographiques estimés au cours des trois chapitres précédents. p146 Figure 3.17: Représentation schématique du cycle de vie annuel pour les femelles. p156 Figure 3.18 : Illustration chiffrée de l’effort de prélèvement à réaliser pour réussir à stabiliser l’accroissement de la population en exerçant une pression de chasse accrue sur les petites femelles. p161 Figure 3.19 : Illustration chiffrée de l’effort de prélèvement à réaliser pour réussir à stabiliser l’accroissement de la population en exerçant une pression de chasse accrue sur les moyennes femelles. p162 Figure 3.20 : Illustration chiffrée de l’effort de prélèvement à réaliser pour réussir à stabiliser l’accroissement de la population en exerçant une pression de chasse accrue sur les grosses femelles. p163 Figure 4.1 : Aspects clés des différentes étapes d’un cycle de gestion adaptative. p178 xix Liste des tableaux Table 2.1 : Number of litters born to juveniles, yearlings, and adults available for each year (hunting season) and for each age class. p54 Table 2.2 : Observed distribution of males (M) and females (F) within each litter size. Table 2.3 : Model selection for fetal sex ratio variation in wild boar. p56 p57-58 Tableau 2.4 : Nombre de corps jaune et d’embryons moyens observés chez les femelles pour chaque classe d’âge. La mortalité embryonnaire moyenne ainsi que le poids moyen sont également indiqués. P61 Table 2.5 : Mean foetal mass and length observed (± 1 error standard) in wild boars according to litter size and stage of gestation. P70 Table 3.1 : Body mass at first reproduction and adult body mass for ten ungulate species.p84 Table 3.2 : Number of females for which the reproductive stage was identified for each year (hunting season) and for each age class. p88-89 Table 3.3 : Model selection for proportion of breeding females during the study period: 19832005 a) Model selection for juvenile females p90 b) Model selection for yearling females p91 c) Model selection for adult females p91 Table 3.4 : Estimated parameters (± SE) for the selected model (See Table 4.3 and Results). a) Estimated parameters for juvenile females p93 b) Estimated parameters for yearling females p94 c) Estimated parameters for adult females. p95 Tableau 3.5 : Sexe, poids et longueur de tarse récoltés sur les portées de marcassins capturées au chaudron au cours de ces trois dernières années. p110 Tableau 3.6 : Données d’observations de laies au chaudron ou peu de temps après la misebas avec leur taille de portée respective et leur taille de portée ré-observée par la suite.p125 Table 3.7: Number of parameters (Np), AICc, and ΔAICc (difference in AICc between each tested model and the best model) and Akaike weights (wi) for the effects of year (t), ageclass (noted 3a for 3 age-classes: piglets, yearlings and adults; noted 2a for 2 age-classes: piglets and adults), and annual harvest (AH) on survival probability (Ψ, including overall survival, OS, hunting mortality, HM, and natural mortality, NM) of a) male and b) female wild boar in the Chateauvillain/Arc en Barrois forest, France. p135-136 Table 3.8: Overall age-class specific survival, hunting mortality, and natural survival [95% Confidence Interval] for the wild boar population of Chateauvillain/Arc en Barrois, France a) males b) females. p136 xxi Tableau 3.9 : Taux de multiplication (λ), temps de génération (Tb) et élasticité des paramètres démographiques au taux de multiplication pour différentes valeurs de survie juvénile avant sevrage (Sps) et de proportion de femelles de un an qui vont se reproduire (Pj). p148 Tableau 3.10 : Structure en âge stable observée avec les différentes valeurs de survie présevrage (Sps) et de proportion de femelles de un an qui vont se reproduire (Pj). p149 Tableau 3.11 : Contribution relative des femelles à la reproduction pour chaque classe d’âge et pour chaque valeur de survie pré-sevrage (Sps) et de proportion de femelles de un an qui vont se reproduire (Pj). p150 Tableau 3.12 : Comparaison de la distribution observée au tableau de chasse à Châteauvillain Arc-en-Barrois sur les animaux prélevés et pour chaque classe de poids avec celle estimée à partir du modèle. p158 Tableau 3.13 : Proportion de femelles à prélever dans chaque catégorie de poids pour aboutir à une stabilisation de l’accroissement de la population. p160 Tableau 3.14 : Synthèse des différents scénarii de gestion possibles pour réussir à stabiliser une population de sangliers. p164 xxii Partie 1 : Introduction générale et contexte de l’étude 1 Chapitre 1: Introduction générale. Chapitre 1 : Introduction générale 1 Qu’est-ce que la dynamique des populations ? La dynamique de populations revient à identifier l’ensemble des mécanismes régissant les fluctuations numériques de la population dans l’espace et dans le temps (Barbault 1992). Pour cela, la dynamique des populations s’appuie sur la notion centrale de l’existence de systèmes population-environnement. Ainsi, une population∗ animale ou végétale subit des changements incessants liés à l’apparition de nouveaux individus (reproduction, émigration) mais aussi à la disparition d’individus (mortalité, immigration). Elle peut donc être caractérisée par des variables d’état telles que : l’effectif à un temps donné (encore appelée densité de population lorsque cet effectif est exprimé par unité de surface), la structure spatiale (comment se distribuent les individus dans l’espace), la structure démographique (structure en âge et en sexe des individus), la structure génétique (quelles sont les fréquences des différents allèles), et l’organisation sociale. Par ailleurs, les populations s’insèrent dans un environnement particulier dont elles dépendent et avec lequel elles interagissent. Cet environnement est caractérisé d’une part par les facteurs abiotiques (cadre climatique et physico-chimique dans lequel évolue la population) et d’autre part par les facteurs biotiques (autres populations interagissant avec l’espèce étudiée) ainsi que leurs interactions. Ainsi, l’effectif d’une population résulte du bilan de ces différents flux et il varie au cours du temps en réponse à l’environnement dans lequel évolue la population (Figure 1.1). L’étude de la dynamique d’une population donnée s’intéresse donc aux paramètres démographiques et aux variations des effectifs et de sa structure. Dans ce contexte, la modélisation mathématique constitue un outil majeur, mais l’étude de la dynamique s’appuie aussi sur l’éthologie, la biologie évolutive, les interactions complexes avec l’environnement, bref à la majorité des domaines en écologie ! ∗ La définition d’une population est souvent sujette à débat. J’utilise ici la définition donnée par Berryman (2002) et qui se base sur des critères démographiques. Il s’agit d’un groupe d’individus appartenant à la même espèce, qui vivent ensemble sur un territoire suffisamment grand pour permettre une dispersion et/ou un comportement migratoire normal et dans lequel les fluctuations numériques sont en majorité déterminées par les processus de natalité et de mortalité. 3 Partie 1 : Introduction générale et contexte de l’étude. Propriétés des individus composant la population étudiée : Propriétés de l’environnement : ¾ Conditions climatiques ¾ Conditions chimiques ¾ ¾ Nutrition ¾ Croissance Ressources alimentaires ¾ Reproduction ¾ Prédateurs ¾ Mobilité ¾ Compétiteurs ¾ Aptitude compétitive ¾ … ¾ Défense contre les prédateurs physico- Processus démographiques : Rétroaction : ¾ Natalité ¾ Mortalité ¾ Emigration ¾ Immigration Rétroaction : ¾ Modification de l’environnement ¾ Régulation écophysiologique ¾ Coévolution ¾ Régulation démographique ¾ Régulation comportementale Variables d’état population : de la ¾ Densité ¾ Distribution spatiale ¾ Structure en âge et en sexe ¾ Structure sociale ¾ Fréquences alléliques Figure 1.1: Représentation schématique du fonctionnement d’un système populationenvironnement (adapté d’après Berryman 1981). 4 Chapitre 1: Introduction générale. 2 Bio-démographie et biologie évolutive Darwin (1859) a proposé l’idée de « survie de l’individu le plus apte ». En effet, le cycle de vie d’un organisme résulte d’un ensemble de traits qui contribuent à leur survie et à leur reproduction, donc à leur valeur sélective (la célèbre fitness darwinienne∗). La biologie évolutive a donc pour objectifs d’analyser l’assemblage et les interactions de ces différents caractères (morphologiques, physiologiques, comportementaux, écologiques, démographiques) appelés encore traits d’histoire de vie (THV ; Stearns 1992 ; Roff 1992). Ainsi, par exemple, l’âge au sevrage, l’âge à la maturité sexuelle, la taille atteinte à l’âge adulte, l’âge à la première reproduction, la durée de gestation, la taille de la portée sont des THV. Ce sont les co-variations de ces caractères entre eux, appelées stratégies, qui traduisent l’adaptation d’une population à son environnement dans la mesure où ces caractères fonctionnent et co-évoluent ensemble. Dans ce contexte, une stratégie biodémographique est donc définie à l’échelle des populations, comme l’expression de cette covariation optimale de traits d’histoire de vie qui est mesurable par des paramètres démographiques quantifiables (e.g. survie et fécondité en fonction de l’âge) et qui résulte de la sélection des individus dont le génotype exprime cette co-variation particulière (Barbault 1992). La stratégie observée dans une population est donc la résultante d’une sélection individuelle dans un habitat donné où agissent différentes forces sélectives : facteurs abiotiques, prédation, compétition (Southwood 1988 ; Begon et al. 1996). ∗ Pour Darwin (1859), la valeur sélective individuelle est la probabilité qu’un individu survive jusqu’à la maturité sexuelle et produise des descendants viables et fertiles. La découverte des lois de la génétique au 20ième siècle a légèrement modifié cette définition. Ainsi, la valeur sélective individuelle est désormais considérée comme la contribution génétique d’un individu aux générations suivantes comparativement aux autres individus de la population. Toutes choses étant égales par ailleurs, un individu produisant un grand nombre de descendants fertiles qui survivent jusqu’à la maturité sexuelle a une valeur sélective plus élevée qu’un individu qui produira un plus petit nombre de descendants. En effet, dans le premier cas, plus de gènes seront transmis à la génération suivante et l’individu considéré aura donc une meilleure valeur sélective. 5 Partie 1 : Introduction générale et contexte de l’étude. Climat Environnement Ressources Acquisition des ressources Allocation des ressources Dynamique des populations Croissance Reproduction Maintenance (survie) Figure 1.2 : Relation entre les processus d’acquisition et d’allocation des ressources et la dynamique des populations (adapté d’après Boggs 1992). Les variations inter-individuelles des THV reflètent des différences dans l’allocation des ressources vers des fonctions concurrentielles comme la maintenance, la croissance, la reproduction (Gadgil & Bossert 1970 ; Boggs 1992). En effet, les individus ne disposent que d’une quantité limitée d’énergie qui devra être allouée à différentes fonctions. Ainsi, l’utilisation d’une partie de cette énergie, pour la reproduction par exemple, ne pourra pas être utilisée pour la croissance ou la maintenance (Figure 1.2 ; Williams 1966 ; Cody 1966). Ce contexte est la base de la notion de compromis entre les traits d’histoire de vie (tradeoffs ; Stearns 1992 ; Roff 1992). Par conséquent, les différentes stratégies et compromis entre THV peuvent être comparés aussi bien entre espèces, qu’entre différentes populations 6 Chapitre 1: Introduction générale. d’une même espèce, les individus d’une même population ou même chez un individu au cours de sa vie. Les stratégies bio-démographiques sont très variables chez les mammifères et de nombreuses études ont cherché quels pouvaient être les facteurs explicatifs de ces variations. Le facteur expliquant, à lui seul, près de 40% de variabilité est la composante allométrique, c’est-à-dire la taille à l’âge adulte (Gaillard et al. 1989). En effet, il semble évident qu’un éléphant africain (Loxondonta africana) qui pèse plusieurs tonnes, peut vivre jusqu’à 60 ans mais qui se reproduit en moyenne pour la première fois vers 14 ans en produisant un seul petit par portée (Moss 2001) ne peut avoir la même stratégie biodémographique qu’un campagnol de Townsend (Microtus townsendii) qui ne pèse que quelques centaines de grammes, ne vit environ que deux ans et qui se reproduit en moyenne 3 mois après sa naissance en produisant jusqu’à huit petits par portée (Lambin & Yoccoz 2001)! Une fois cette composante allométrique prise en compte, deux grands axes de variabilité peuvent encore être distingués (Gaillard et al. 1989). Tout d’abord un gradient continu des taux de renouvellement, analogue aux labels r-K (sensu Stearns 1976) de Pianka (1970) et qui explique 45% des variations. A une extrémité de ce gradient, se trouvent les espèces prolifiques pour leur taille présentant un âge de première reproduction précoce, une fécondité élevée mais une survie adulte faible (label r) et à l’autre, se trouvent les espèces longévives pour leur taille présentant un âge de première reproduction tardif, une fécondité faible mais une survie adulte élevée (label K). Ainsi par exemple, une fois les paramètres démographiques corrigés par la taille adulte, à l’extrémité du label r se distingue le lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus) avec un âge de première reproduction à l’âge de un an, une fécondité moyenne par an de 20 jeunes, et une espérance de vie de 2.32 ans. A l’extrémité du label K, se distingue au contraire par exemple le verspertilion brun (Myotis lucifugus) avec un âge de première reproduction de 1 an, une fécondité moyenne faible avec la production d’un jeune par an et une espérance de vie élevée de 5.50 ans (Gaillard et al. 1989). Le dernier axe, qui explique près de 15% des variations (Gaillard et al. 1989), peut être envisagé comme un gradient de l’allocation d’énergie dans la reproduction au cours du temps. Ce gradient reflèterait le degré d’investissement parental à chaque occasion de reproduction (Pontier et al. 1993), mesuré par les taux de croissance pré- et post-natale avec les espèces itéropares (les individus se reproduisent plusieurs fois au cours de leur vie) 7 Partie 1 : Introduction générale et contexte de l’étude. à une extrémité et les espèces semelpares (les individus ne se reproduisent qu’une seule fois et meurent) à l’autre extrémité. Il existe différentes mesures pour essayer de positionner une espèce sur ce continuum de stratégies bio-démographiques : des mesures composites intégrant l’âge de première reproduction, la fécondité annuelle, l’espérance de vie (Gaillard et al. 1989) ou, l’intervalle de temps entre deux gestations successives ou l’âge des jeunes au sevrage avec le temps de gestation ou le poids du jeune à la naissance (Bielby et al. 2007). Certains auteurs ont également essayé de trouver une seule variable pouvant différentier les espèces entre elles le long de ce gradient, comme le ratio de la fécondité annuelle avec l’âge de première reproduction (Oli & Dobson 2003 mais voir Gaillard et al. 2005 pour une critique) ou le temps de génération (Gaillard et al. 2005 voir aussi Oli & Dobson 2005 pour une réponse). Bielby et al. (2007) suggèrent qu’une seule variable ne suffise pas pour résumer les variations des traits d’histoire de vie observables parmi les différentes espèces. Toutefois, l’existence d’un continuum entre des stratégies bio-démographiques « rapides » et « lentes » est désormais bien conceptualisée et mise en évidence empiriquement (Gaillard et al. 1989 ; Promislow & Harvey 1990 ; Oli 2004 ; Bielbly et al. 2007 pour une réévaluation récente). Ce cadre conceptuel permet ainsi d'étudier et de comprendre les relations entre les variations environnementales et la dynamique des populations mais également l’évolution des traits d'histoire de vie entre les espèces. Chez les populations d’Ongulés par exemple, la structure en classes d’âge est forte et cette structuration contrôle le cycle de vie des espèces à travers (Caughley 1977, Stearns 1992, Gaillard et al. 2000): 1/ Les variations du nombre de jeunes produits (fécondité) qui vont dépendre des variations des proportions des femelles participant à la reproduction et des variations de la taille de portée (Gaillard et al. In press). 2/ Les variations de la survie. 3/ L’âge de première reproduction. L’analyse de ces traits d’histoire de vie est l’étape fondamentale pour rendre compte du fonctionnement démographique des populations. Il est nécessaire ensuite de comprendre les interactions avec les facteurs abiotiques ou densité-indépendants, dont l’étude n’a connu qu’un essor récent (Sæther 1997) et également avec les facteurs biotiques ou densitédépendants. Il est ensuite possible d’estimer l’effet relatif de chaque THV sur la croissance de la population. 8 Chapitre 1: Introduction générale. C’est dans ce contexte général que se situe ce travail et il va porter plus particulièrement sur une espèce qui offre un cadre d’étude théorique et pratique très original au sein des Ongulés : le Sanglier (Sus scrofa scrofa). Je me suis attachée à replacer cette étude dans le contexte actuellement observé, caractérisé par une augmentation des tailles de populations d’Ongulés. Je présente ensuite la situation du Sanglier en France pour finalement exposer en quoi cette espèce se différencie des autres espèces d’Ongulés en présentant ses principales caractéristiques écologiques. La population et la zone d’étude sont également décrites. Dans une deuxième partie, je me suis intéressée à l’allocation aux sexes en analysant les variations de la sexe ratio et j’ai ensuite testé l’hypothèse de Byers et Moodie (1990) au niveau intra-spécifique. La troisième partie traite de la dynamique de la population en analysant les variations des proportions de femelles reproductrices, en essayant de déterminer la survie pré-sevrage et en analysant les taux de survie des mâles et des femelles. J’effectue ensuite le bilan démographique de la population en utilisant les paramètres estimés tout au long de cette partie et expose un modèle démographique conçu dans un objectif de gestion de population. Enfin dans une quatrième partie, j’effectue une synthèse des différents résultats obtenus et je discute de ces résultats à la lumière de l’avenir potentiel de la chasse au sanglier en France. 9 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. Chapitre 2: Contexte de l’étude 1 L’irruption des populations d’ongulés dans un siècle caractérisé par une augmentation des espèces en voie d’extinction L’étude des archives paléontologiques a mis en évidence le fait suivant : la biodiversité résulte d’un bilan entre des processus de spéciation et d’extinction (Ridley 1996). Bien que le nombre exact d’extinctions ne soit pas réellement connu, plusieurs épisodes d’extinction massive ont ponctué l’histoire des êtres vivants avec notamment des cas frappants comme des disparitions de groupes zoologiques entiers (ammonites, dinosaures). A la fin du XVIIIième siècle, en parallèle avec les découvertes d’extinctions d’espèces au cours des temps géologiques, furent consignés les premiers témoignages d’extinction d’espèces par la chasse intensive. Ce fut alors la prise de conscience que l’extinction pouvait concerner toute espèce vivante et que l’action de l’homme pouvait aussi être une cause de la perte de biodiversité. Les principales causes des disparitions sont dues à la chasse, à la destruction des habitats naturels (Caughley 1994), à l’introduction de prédateurs, d’animaux commensaux ou domestiques qui véhiculent des maladies ou qui entrent en concurrence avec la faune autochtone (Vitousek et al. 1997a) et ce, depuis la préhistoire (Duncan et al. 2002 pour un exemple sur les oiseaux ; Haynes 2002 pour un exemple sur la mégafaune, voir aussi Grayson & Meltzer 2002 pour une critique) ! La disparition d’une espèce peut également entraîner la disparition d’une autre qui en dépend pour survivre (pollinisateurs, prédateurs...). Ainsi, le développement de l’espèce humaine a accéléré les processus d’extinction (Vitousek et al. 1997b ; Balmford et al. 2003) en accentuant les pressions de sélection. Paradoxalement, certaines conséquences du développement humain comme la disparition des grands prédateurs, l’absence de dispersion due à la présence de barrières artificielles et naturelles, la disponibilité alimentaire accrue grâce aux champs cultivés, la création de nouveaux habitats favorables ont créé les circonstances permettant l’augmentation jusqu’à la surabondance ou ‘l’irruption’ de certaines populations animales. Le terme ‘irruption’ est employé pour caractériser l’augmentation exponentielle d’une population (Leopold 1933 ; Caughley 1970 ; McCullough 1997 ; voir Forsyth & Caley 2006 pour un test 11 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. empirique des différentes modélisations de ce phénomène). Force est de constater que les populations d’Ongulés ne cessent d’augmenter depuis une trentaine d’années (Gill 1990 ; McShea et al. 1997 ; Warren 1997) et cet accroissement se caractérise aussi bien en terme de recouvrement spatial qu’en terme d’effectif (McShea et al. 1997). Les conséquences socio-économiques de l’accroissement des populations d’Ongulés sont multiples et se chiffrent généralement en millions d’euros. Les domaines les plus touchés sont la sylviculture et l’agriculture (Fuller & Gill 2001 ; Côté et al. 2004). Les collisions avec les voitures commencent également à soulever de nombreux problèmes (Groot Bruinderink & Hazebroek 1996 ; Mysterud 2004 ; Seiler 2004) bien que les chiffres exacts soient difficilement appréciables. Toutefois, l’augmentation des populations d’Ongulés peut également engendrer de nombreuses retombées économiques positives dans la mesure où la carcasse de l’animal prélevé ou le trophée (bois, cornes, mâchoires dans le cas du sanglier) ont une valeur économique (Singer & Zeigenfuss 2002 ; Milner-Gulland et al. 2003). Dans un tel contexte, la chasse est avancée comme étant un moyen de contrôler les populations et de prévenir les ‘irruptions’ (McShea et al. 1997, McCullough 1997). En se substituant à la prédation naturelle, la chasse peut alors devenir un moyen de contrôler l’effectif des populations et par conséquent sa dynamique. Encore faut-il connaître les facteurs susceptibles d’influencer cette dynamique selon les objectifs des gestionnaires et donc estimer quels animaux chasser (jeune, mâle, femelle) et dans quelles proportions. Il est donc nécessaire de bien comprendre et analyser les mécanismes régissant la dynamique d’une population pour pouvoir en déduire et appliquer une politique de gestion. Dans le contexte social actuel, le nombre de chasseurs est en diminution constante (Riley et al. 2003) d’une part parce que la moyenne d’âge des chasseurs augmente (Enck et al. 2000) et d’autre part parce que le recrutement parmi les jeunes est faible suite notamment, au déclin des populations humaines en milieu rural (Stedman & Heberlein 2001; Heberlein et al. 2002). La France ne semble pas non plus échapper à cette observation : bien que la population soit en augmentation, le nombre de permis de chasse délivré est en constante diminution (Figure 1.3 ; Bedarida in press). 12 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. 65 000 000 2 400 000 Population française 60 000 000 2 000 000 55 000 000 1 800 000 1 600 000 50 000 000 1 400 000 45 000 000 1 200 000 1 000 000 19 3 19 0 39 19 6 19 0 68 19 7 19 0 7 19 5 79 19 8 19 0 8 19 2 84 19 9 19 0 95 19 9 19 6 9 19 8 99 20 0 20 0 01 20 0 20 2 03 20 04 40 000 000 Nombre de permis de chasse délivré 2 200 000 Figure 1.3 : Progression de la population française au cours du XXième siècle (courbe continue avec les points) et du nombre de permis de chasse délivré (courbe en pointillé avec les losanges). Source : Quid [en ligne] et INSEE [en ligne]. 2 La situation du sanglier Parmi les Ongulés, les populations de sangliers ne font pas exception à cette phase d’augmentation et sont-elles aussi en pleine expansion (Figure 1.4). En Europe, de nouvelles populations ont été signalées plus au Nord, en Russie et en Scandinavie (Baskin & Danell 2003 ; Melis et al. 2006) mais également au Royaume-Uni (Goulding et al. 2003). Il existe même un site Internet anglais où les nouvelles observations de compagnies de sangliers peuvent être consignées et répertoriées (Goulding MJ– Wild boar in Britain [en ligne])! Par ailleurs, les sangliers ont colonisé de nouveaux biotopes tels les milieux montagnards (Baubet 1998) ou même les dunes des milieux côtiers (Aureggi 2003). Une fois les populations établies, les densités atteintes peuvent être localement très fortes (Saez-Royuela et Telleria 1986 ; Dzieciolowski et Clarke 1989 ; Boitani et al. 1995 ; Gipson et al. 1998 ; Waithman et al. 1999). 13 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. Figure 1.4 : Aire de distribution du sanglier en Eurasie. Source : ligne]. World Association of Zoos and Aquariums [en En parallèle, l’espèce Sus scrofa est à l’origine de nombreux impacts sur la faune et la flore sauvage (Arrington et al. 1999 ; Hone 2002 ; Roemer et al. 2002 ; Filippi & Luiselli 2002 ; Engeman et al. 2003) et également sur l’agriculture (Geisser 1998 ; Onida et al. 1995 ; Sekhar 1998). Les différentes actions du Sanglier sur l’environnement ont été résumées récemment par Massei & Génov (2004 ; Figure 1.5). Il faut remarquer que ces impacts ne sont pas forcément négatifs sur l’environnement. En effet, l’espèce va par exemple, favoriser la dispersion des graines et une des conséquences de la modification du cycle des nutriments du sol, est d’accélérer la croissance et la régénération de certaines espèces arbustives (Figure 1.5a) telles le hêtre à grandes feuilles (Fagus grandifolia) ou l’épicéa (Picea abies). De même, il a été montré que sa consommation de larves d’insectes pouvait réduire l’impact de certains invertébrés ravageurs dans les plantations sylvicoles (Figure 1.5b). En France, la progression des populations de sangliers au cours des trente dernières années a été spectaculaire (Figure 1.6). En effet depuis 1986, la totalité des tableaux de chasse départementaux a fortement augmenté (Figure 1.6a). Ainsi, au niveau national le 14 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. tableau de chasse a augmenté régulièrement depuis 1970 et a été multiplié par cinq au cours de ces vingt dernières années (Figure 1.6b). a: Impacts du Sanglier sur les végétaux b: Impacts du Sanglier sur les animaux Figure 1.5 : Impacts du Sanglier sur l’environnement avec en (a) l’impact sur les végétaux et en (b) l’impact sur les animaux. D’après Massei & Génov 2004. 15 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. Figure 1.6: (a). Taux de multiplication du nombre de sangliers chassés depuis 1986 par département en France. (b). Globalement, le nombre de sangliers chassés augmente régulièrement en France depuis 30 ans (histogramme), parallèlement à l’augmentation des compensations financières engagées pour indemniser les dégâts agricoles (courbe). Source : Réseau des correspondants ONCFS - FDC Il semblerait que l’application de la loi d’indemnisation des dégâts cervidés-sangliers aux agriculteurs, à partir de 1970, soit en partie responsable de l’accroissement des populations (Klein et al. 2004). En effet, l’indemnisation devient une alternative à la précédente gestion couramment appliquée qui consistait en la destruction systématique de l’espèce, considérée alors comme nuisible (Vassant 1997). Certains gestionnaires, en particulier dans le Nord-Est de la France, ont également contribué à l’augmentation des populations en instaurant des mesures volontaristes telles que le tir préférentiel des jeunes et la protection des femelles reproductrices (réflexe de l’éleveur !) tout en instaurant une politique de prévention des dégâts avec la protection des champs par des clôtures électriques ou la distribution de maïs (agrainage dissuasif) lors des périodes critiques des 16 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. cultures (Vassant 1997). Par conséquent, les aides financières fournies par les Fédérations Départementales des Chasseurs aux agriculteurs ne cessent d’augmenter aussi (Figure 1.6b). Le sanglier est à l’origine de 80% des dégâts agricoles observés en France, les compensations s’élèvent donc à plus de 14 millions d’euros pour l’année 2001 sur le total des 18 millions déboursés (Réseau des correspondants ONCFS-FDC). En plus de ces politiques de gestion, les raisons avancées pour expliquer la progression des populations de sanglier sont identiques à celles identifiées pour les autres espèces d’Ongulés (cf. paragraphe précédent ; Klein et al. 2004). Cette espèce est de plus en plus soumise à des plans de chasse (Figure 1.7) : environ une trentaine de départements ont adopté un plan de chasse (voir Encadré 1) et 14 ont un plan de gestion agréé par le Préfet (Klein et al. 2004) avec pour objectif principal de diminuer les populations de sangliers trop importantes. Situation paradoxale dans la mesure où lorsque le plan de chasse a été crée dans les années 1970, l’objectif était de limiter le prélèvement quantitatif de manière à augmenter les populations d’ongulées jugées alors trop faibles (Salaün 2004)! Ceci tend à montrer que désormais le plan de chasse est un outil de gestion pouvant être utilisé selon différents objectifs. Figure 1.7 : Plan de chasse et plan de gestion du sanglier pour la saison de chasse 2002-2003. Source : Klein et al. 2004 17 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. Ainsi, comprendre et intégrer la dynamique de cette espèce dans un plan de gestion ou dans un plan de chasse est désormais un objectif primordial puisque les indemnisations fournies deviennent difficilement supportables par les FDC. En effet, la progression du tableau de chasse national (Figure 1.6b) semble bien indiquer que (1) les prélèvements effectués semblent être insuffisants et/ou que le plan de chasse est mal orienté pour réussir à ralentir la croissance des populations et que (2) les effectifs des populations de sangliers, à l’image des autres ongulés, sont probablement sous-estimés (Gaillard et al. 2003) voire totalement inconnus. Ce constat simple est probablement lié au fait que peu d’études ont été réalisées sur la dynamique de population de cette espèce avec un recul suffisant (Gaillard et al. 1987, Boitani et al. 1995, Caley 1993, Markov 1997, Massei et al. 1997, Focardi et al. 1996, Kanzaki et al. 1998) et ce, probablement du fait de l’absence de suivi à long terme. Or, à Châteauvillain Arc-en-Barrois, il existe depuis 1982 un suivi d’une population chassée avec notamment, marquage des individus capturés. Ainsi, une telle situation offre une opportunité unique pour étudier la dynamique de cette espèce très particulière parmi les Ongulés. En effet, cette espèce est d’une part extrêmement prolifique par rapport aux autres ongulés présentant le même degré de dimorphisme sexuel de taille (Carranza 1996) et d’autre part son régime alimentaire est de type omnivore au lieu d’herbivore. Encadré 1 : Qu’est-ce qu’un plan de chasse et quels en sont les objectifs ? Le plan de chasse est régi par de nombreuses lois du Code de l’Environnement et une section lui est même entièrement consacrée (livre IV concernant la Faune et la Flore, partie II sur la chasse, chapitre V sur la gestion, article L425-6 à L425-12 ; Legifrance [en ligne]). Article L425-6 : « Le plan de chasse détermine le nombre minimum et maximum d’animaux à prélever sur les territoires de chasse » de manière à, d’une part « assurer le développement durable des populations de gibiers » et d’autre part, « à préserver les habitats » tout « en conciliant les intérêts agricoles, sylvicoles et cynégétiques. » […] « Pour le grand gibier, il est fixé après consultation des représentants des intérêts agricoles et forestiers pour une période qui peut être de trois ans et révisable annuellement. » « Pour assurer un équilibre agricole, sylvicole et cynégétique, […] lorsqu'il s'agit du sanglier, le plan de chasse est mis en oeuvre après avis des fédérations départementales ou interdépartementales des chasseurs » […] 18 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. Encadré 1 (suite). Article L425-8 : Le plan de chasse doit prendre « en compte les orientations du schéma départemental de gestion cynégétique » et il « est mis en oeuvre après avis de la commission départementale compétente en matière de chasse et de la faune sauvage par le représentant de l'Etat dans le département. En cas de circonstances exceptionnelles, il peut être fixé un nouveau plan de chasse se substituant au plan de chasse en cours. » Qu’est-ce que l’orientation du schéma départementale ? (Article L414-8) « Les orientations régionales de gestion et de conservation de la faune sauvage et de ses habitats […] comportent une évaluation des principales tendances de l'évolution des populations animales et de leurs habitats, des menaces dues aux activités humaines et des dommages que celles-ci subissent. » Article L425-10 : « Lorsque l'équilibre agro-sylvo-cynégétique est perturbé ou menacé, le préfet suspend l'application des dispositions du plan de chasse précisant les caractéristiques des animaux à tirer, afin de faciliter le retour à des niveaux de populations compatibles avec cet équilibre et cohérents avec les objectifs du plan de chasse . » Qu’est-ce que l’équilibre agro-sylvo-cynégétique ? (Article L425-4) « L'équilibre agro-sylvo-cynégétique consiste à rendre compatibles, d'une part, la présence durable d'une faune sauvage riche et variée et, d'autre part, la pérennité et la rentabilité économique des activités agricoles et sylvicoles. » […] Il « est recherché par la combinaison des moyens suivants : la chasse, la régulation, la prévention des dégâts de gibier par la mise en place de dispositifs de protection et de dispositifs de dissuasion ainsi que, le cas échéant, par des procédés de destruction autorisés. » […] « L'équilibre sylvo-cynégétique tend à permettre la régénération des peuplements forestiers dans des conditions économiques satisfaisantes pour le propriétaire, dans le territoire forestier concerné. » Article L425-11 : « Lorsque le bénéficiaire du plan de chasse ne prélève pas le nombre minimum d'animaux qui lui est attribué, il peut voir sa responsabilité financière engagée pour la prise en charge de tout ou partie des frais liés à l'indemnisation […] et la prévention des dégâts de gibier […]. Il en est de même pour les personnes qui, par convictions personnelles sont opposées à la pratique de la chasse » et qui ont interdit, « y compris pour eux-mêmes, l'exercice de la chasse sur leurs biens (Article L422-10) et qui n'ont pas procédé sur leur fonds à la régulation des espèces de grand gibier. » 19 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. 3 Le sanglier 3.1 Taxonomie Le Sanglier appartient à l’ordre des Artiodactyles et au sous-ordre des Suiformes. L’ancêtre commun entre le sous-ordre des Ruminants et des Suiformes aurait vécu il y a environ 55-60 millions d’années (Graur & Higgins 1994). Les données paléontologiques mettent en évidence que la famille des Suidés était déjà présente à l’Oligocène, entre 34 et 23 millions d’années avant notre ère (Ruvinski & Rothschild 1998). Les Suidés sont divisés ensuite en trois sous-familles et cinq genres (Ruvinski & Rothschild 1998 ; Figure 1.8). Figure 1.8 : Taxonomie de la famille des Suidés et du genre Sus en particulier (d’après la synthèse de Ruvinski & Rothschild 1998). Le nombre de sous-espèces chez l’espèce Sus scrofa est incertain et les estimations varient entre 4 et 27 (Genov 1999). L’étude la plus récente, basée sur l’analyse de données de crâniométrie, suggère qu’il n’existe en réalité que quatre sous-espèces distinctes (Genov 1999 ; Figure 1.9) : 1. Sus scrofa scrofa présent dans le nord-ouest de l’Afrique, en Europe et dans l’ouest de l’Asie. 2. Sus scrofa ussuricus présent en Asie du nord et au Japon. 20 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. 3. Sus scrofa cristatus présent dans la péninsule de l’Asie Mineure, en Inde et en Extrême-Orient. 4. Sus scrofa vittatus présent en Indonésie. L’avant-dernière étude recensait environ 16 sous-espèces (Ruvinsky & Rothschild 1998) ! Figure 1.9: Répartition des quatre sous-espèces de Sanglier en Eurasie (d’après Genov 1999) De tels résultats contradictoires semblent dépendre d’une part de la définition d’une sous-espèce en elle-même (Ruvinsky & Rothschild 1998) ! En effet, le degré de différenciation entre les sous-espèces peut être relativement faible et les différences peuvent être au niveau de la taille adulte, de la couleur, de caractères crâniométriques et bien souvent aussi le nombre de chromosomes. D’autre part, l’origine de ces résultats contradictoires peut trouver une explication basée sur des faits historiques. En effet, il semblerait que l’intérêt des chasseurs envers le Sanglier se soit vraiment développé en Europe à la fin du 17ième , début du 18ième siècle suite au déclin des autres espèces d’ongulés et des grands prédateurs. De nombreuses populations ont donc été réintroduites et certaines populations locales ont été augmentées en réalisant des croisements avec des animaux provenant d’autres régions. Ceci a conduit à des croisements entre des individus d’origines 21 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. différentes et parfois de régions éloignées les unes des autres et par conséquent à l’apparition probable de nouvelles sous-espèces (Génov 1999). Il n’existe apparemment aucune donnée quantifiant cette réalité bien qu’il semble que cela soit arrivé relativement fréquemment au cours de cette période. 3.2 Un ongulé bien particulier Le Sanglier est caractérisé par une combinaison de traits d’histoire de vie bien particulière qui le différencie des autres espèces d’Ongulés. 3.2.1 Organisation sociale Le Sanglier vit en groupe tout au long de l’année contrairement à beaucoup d’autres espèces d’Ongulés qui ne se regroupent qu’en hiver (Main et al. 1996). Les groupes appelés « compagnies » sont constitués de femelles apparentées et de leurs jeunes alors que les mâles adultes sont « solitaires » (Mauget 1980; Dardaillon 1984; Mauget et al. 1984; Cousse 1994 ; Kaminski et al. 2005). Bien que la composition des compagnies puisse se dissocier au cours de l’année, principalement lors de la mise-bas, celle-ci reste relativement stable d’une année à l’autre (Kaminski et al. 2005). Toutefois, la chasse peut également influencer l’organisation sociale pour amener à un éclatement des compagnies et conduire à la formation de nouvelles associations mais celles-ci sont toujours constituées de femelles apparentées (Kaminski et al. 2005). Les jeunes mâles quittent progressivement les compagnies, tout d’abord en formant des groupes multi-mâles puis ils deviennent de plus en plus solitaires (Mauget et al. 1984). Il était couramment admis que le rut (de fin novembre à mi-janvier) et donc l’arrivée de mâles adultes, au sein de la compagnie pour féconder les femelles, était à l’origine du départ des jeunes mâles vers l’âge de huit mois (Mauget et al. 1984 ; Spitz 1992). Cependant des données relatives au suivi de compagnies marquées dans notre zone d’étude, tendent à montrer que les jeunes mâles commencent réellement leur émancipation lors de la mise-bas des femelles de la compagnie l’année suivante, c’est-à-dire lorsqu’ils sont âgés entre 11 et 14 mois (Baubet et al. en préparation, Annexe 1). 22 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. 3.2.2 Reproduction Le système d’appariement est de type polygyne, les mâles adultes combattent pour avoir accès aux femelles (Kurz & Marchinton 1972 ; Mauget 1980 ; Meynhardt 1991 ; Mauget et al. 1984 ; Barrette 1986). Comparativement aux Ongulés présentant le même degré de dimorphisme sexuel de taille, le Sanglier est une espèce très prolifique (Carranza 1996) avec des tailles de portée moyennes qui varient de quatre à six jeunes selon les populations (Ahmad 1995 ; Aumaître et al. 1982 ; Mauget et al. 1984) alors qu’une portée typique des autres espèces est de un à trois, quand les conditions environnementales sont particulièrement favorables (Hayssen et al. 1993). Les mâles sont matures sexuellement à l’âge de dix mois (Mauget 1980) mais leur participation effective à la reproduction dépendra essentiellement de la présence ou non de mâles adultes dominants. Ceux-ci risquent donc de ne participer réellement à la reproduction qu’à partir de l’âge de trois ans (Beuerle 1975 ; Martys 1991). La maturité sexuelle des femelles peut être atteinte dès leur première année (Mauget 1980) mais elle peut varier entre huit et 24 mois (Mauget et al. 1984). Celle-ci est fortement liée à l’atteinte d’un poids seuil se situant dans un intervalle de 30 à 40 kg (Mauget 1980 ; Aumaître et al. 1982 ; Gaillard et al. 1993 ; Vassant et al. 1995). Ainsi, la première participation à la reproduction d’une femelle est à mettre en relation avec les conditions trophiques du milieu et sa croissance depuis le sevrage. Il faut également souligner que la première participation à la reproduction chez les femelles a lieu très précocement par rapport aux autres espèces d’Ongulés. En effet, le poids seuil au-dessus duquel les femelles peuvent se reproduire est atteint pour un faible pourcentage du poids asymptotique adulte (environ 34% par rapport à 78% en moyenne chez d’autres espèces ; voir Partie 4, Chapitre 1, Tableau 4.1). La reproduction est saisonnière et il existe une phase annuelle de repos sexuel des femelles dite « anœstrus d’été » qui s’étend entre juillet et décembre. Cependant, la durée de cette période d’ anœstrus peut varier selon la disponibilité alimentaire qui a un impact sur les potentialités reproductives des laies (Aumaitre et al. 1982 ; Mauget 1980 ; Mauget et al. 1984). Le rut démarre généralement en fin d’année, vers la mi-décembre. Si une femelle n’est pas fécondée lors de son premier œstrus, la périodicité des cycles œstriens est de 21 jours (Henry 1968 ; Mauget et al. 1984). La gestation dure environ de 115 à 120 jours, soit quatre mois (Mauget 1980 ; Bouldoire & Vassant 1989), temps de gestation très court comparativement aux autres Ongulés de taille similaire (Kiltie 1988). Ainsi, les naissances surviennent essentiellement en avril-mai (Figure 1.10a). Toutefois, en cas de forte glandée, 23 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. l’anœstrus est généralement réduit de plusieurs mois et les naissances vont se dérouler plus précocement en février-mars au lieu d’avril-mai (Mauget 1980 ; Aumaitre et al. 1982, 1984; Vassant et al. 1994 ; Figure 1.10b). Cette observation laisse entrevoir la possibilité d’une éventuelle deuxième gestation avant l’anœstrus estival (Mauget et al. 1984 ; Klein et al. 2004 ; Figure 1.10b) bien que cela n’ait encore jamais été démontré en milieu naturel. Figure 1.10 : Phénologie du cycle reproducteur chez une laie adulte : (a) une année « normale » et (b) une année caractérisée par une forte glandée. Une autre caractéristique bien particulière de la reproduction chez les Suidés est la construction de « chaudron » de mise-bas réalisée par un apport conséquent de végétation (Gundlach 1968 ; Mauget et al. 1984 ; Dardaillon 1984, 1986 ; Brandt et al. 1997 ; Mayer et al. 2002 ; Fernández-Llario 2004). Il semblerait que l’édification d’un chaudron soit pour palier à la mauvaise régulation thermique chez les nouveau-nés durant leurs premiers jours de vie (Mauget et al. 1984 ; Magnien 1994 ; Nowak et al. 2000). Ainsi, les marcassins ont un développement néonatal altricial et non précoce∗ comme la plupart des nouveau-nés ∗ Différents traits d’histoire de vie sont utilisés pour caractériser le développement néonatal des nouveau-nés. Chez les Mammifères, la classification s’effectue selon le niveau d’indépendance acquis par les nouveau-nés durant leurs deux premiers jours de vie, en terme de thermorégulation, de système sensoriel, de capacité locomotrice et d’acquisition des ressources (Derrickson 1992). Ainsi, un nouveau-né altricial aura les yeux clos à la naissance et peu de poils donc un système nerveux et 24 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. d’Ongulés (sensu Derrickson 1992). La masse relative à la naissance, c’est-à-dire la masse d’un jeune par rapport à la masse de sa mère∗, est également faible ce qui corrobore la classification du Sanglier comme étant une espèce avec un développement néonatal altricial (Derrickson 1992). La période pendant laquelle la laie est au chaudron avec ses marcassins, semble aussi être une phase importante du développement de l’interaction mère-jeunes (Illmann et al. 2002) dans la mesure où le seul mécanisme permettant la reconnaissance des apparentés est l’apprentissage (Tang-Martinez 2001). Ainsi, c’est pendant l’occupation du chaudron que la reconnaissance mère-jeunes va s’établir et que le choix des tétines par les marcassins va s’effectuer (Fraser 1968 dans Mauget et al. 1984). Chez le porc domestique, il semblerait que ces interactions soient établies de façon stable environ 7-8 jours après la naissance (Stangel & Jensen 1991). Au bout de six jours, les marcassins commencent à suivre leur mère sur de plus grandes distances et quittent définitivement le chaudron au bout de dix jours pour rejoindre la compagnie (Gundlach 1968 ; Jensen 1986 ; Petersen et al. 1989 ; Stangel & Jensen 1991). Toutefois, il est fort possible que la période pendant laquelle les marcassins restent au chaudron soit dépendante de plusieurs facteurs, comme l’absence de dérangement, la croissance et le développement des marcassins au cours des premiers jours, les conditions climatiques… Les marcassins vont passer d’une stratégie antiprédatrice de « hiders » (ils sont dissimulés, cachés dans la végétation) à une stratégie de « followers » (ils suivent leur mère, l’évitement de la prédation repose donc sur la défense maternelle ou du groupe dans lequel sont les jeunes) (Lent 1974 ; Fisher et al. 2002). Le sevrage s’effectue petit à petit et la fréquence entre deux allaitements consécutifs commencent déjà à diminuer dix jours après la naissance (Jensen et al. 1991). Le sevrage est considéré comme définitif 17 semaines maximum, soit quatre mois, après la mise-bas (Jensen & Recén 1989). de thermorégulation peu développé. Il n’est pas capable de se déplacer seul et dans l’incapacité à manger des aliments solides. Au contraire un nouveau-né précoce a les yeux ouverts, est couvert de poils et il est capable de se déplacer indépendamment de ses parents (Derrickson 1992). Ainsi, selon les critères de classification de Derrickson (1992), les marcassins sont définis avec un développement néonatal plutôt altricial en comparaison avec les nouveau-nés des autres espèces d’Ongulés. Le regroupement en deux catégories : altricial vs précoce permet une bonne classification des Mammifères même si certains traits d’histoire de vie, comme la masse des jeunes au sevrage, la durée totale d’un épisode de reproduction (temps de gestation et temps de lactation), l’âge des femelles à leur première mise-bas ne reflètent pas cette dichotomie. La masse du jeune à la naissance va plus refléter au contraire un continuum entre ces deux phases de développement néonatal (Derrickson 1992). ∗ Un marcassin pèse à la naissance entre 800 g (Hayssen et al. 1993) et 1066 g (Aumaître et al. 1982). Sachant qu’une femelle adulte pèse en moyenne 63 kg (Gaillard et al. 1993 ; voir aussi Partie 3, Chapitre 1, Tableau 3.1), la masse relative à la naissance est d’environ 1.59%. Chez un chevreuil par exemple, le poids à la naissance varie entre 1310 et 1880 g pour des poids de femelles adultes variant entre 16.6 et 28.8 kg (Andersen et al. 1998) : la masse relative à la naissance est donc comprise entre 6 et 7%. 25 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. 3.2.3 Régime alimentaire A la différence des autres espèces d’Ongulés qui sont presque exclusivement herbivores, le sanglier est un omnivore mono-gastrique. Il peut donc disposer de ressources de nourriture variables selon les années (abondance ou non des fruits forestiers) mais également selon la saison (flush de croissance végétative au printemps) (Schley & Roper 2003 pour une revue récente). Malgré ce régime omnivore, les végétaux représentent entre 90 et 95% de leur alimentation (Massei et al. 1996 ; Schley & Roper 2003). Grâce à l’analyse des fèces et d’estomacs sur notre zone d’étude, un patron chronologique de la consommation des différents items alimentaires selon les années et les saisons a pu être établi (Figure 1.11 ; Brandt et al. 2006, Annexe 2). Lorsque la fructification est importante, la consommation de fruits forestiers est majoritaire pendant l’automne et l’hiver. Cet item alimentaire est encore consommé, au printemps, à près de 50% lorsqu’il s’agit d’une glandée et 30% lorsqu’il s’agit d’une faînée. Lorsque la fructification est qualifiée de moyenne, le pourcentage de fruits forestiers consommés chute à 30% en hiver ainsi qu’au printemps et le maïs représente également 30% de leur régime alimentaire. Les années sans aucune fructification, le maïs constitue près de 50% de leur alimentation. Généralement la consommation de maïs est également associée à une consommation importante de racines ou de la part animale car le maïs est riche en glucide mais pauvre en protéine (Groot Bruinderink et al. 1994). Par ailleurs, au printemps, une part importante de végétaux herbacés aériens (entre 25% les années avec une bonne glandée et 35% les années sans fructification) est consommée. En effet, les sangliers bénéficient d’un apport protéique supplémentaire, dans la mesure où lors de la pousse des végétaux, la valeur nutritive (au niveau protéique) des parties aériennes est maximale (Festa-Bianchet 1988). Il a également été montré qu’une part non négligeable de vers de terre, nourriture à haute valeur nutritive, pouvait être consommée en avril-mai (Baubet et al. 2003). Ainsi, cette flexibilité alimentaire contribue fortement à la capacité du Sanglier à coloniser une large gamme d’habitats, de milieux différents mais également à sa possibilité d’acclimatation aux modifications de son habitat. C’est également cette flexibilité alimentaire qui est à l’origine de la relation difficile avec le monde agricole du fait des dégâts occasionnés sur les cultures (Schley & Roper 2003). 26 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. Figure 1.11 : Changement saisonnier du régime alimentaire du sanglier à Arc-en-Barrois, selon le type de fructification forestière automnale et son importance. A : Pas de fructification. B : Glandée moyenne. C : Faînée importante. D : Glandée importante. Automne : d’octobre à décembre. Hiver : de janvier à mars. Printemps : d’avril à juin. Eté : de juillet à septembre. VHA : végétaux herbacés aériens. HS : herbacés souterrains. Voir également l’Annexe 2 pour de plus amples informations. 27 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. 4 La population d’étude 4.1 . Présentation du site d’étude 4.1.1 Localisation Le massif forestier de Châteauvillain Arc-en-Barrois (48°02’ N, 4°55’ E) est situé au sud-ouest de Chaumont, dans le département de la Haute-Marne (Figure 1.12). Ce massif couvre une surface totale de 11 000 ha et est découpé en deux zones : 1. la forêt domaniale de Châteauvillain Arc-en-Barrois, d’une superficie de 8500 ha, qui constitue le cœur du massif. 2. la zone périphérique, d’une superficie de 2500 ha qui regroupe des forêts communales et privées. Le massif boisé est bordé de plaines céréalières au nord et à l’est, par la vallée de l’Aujon au sud-ouest et par des formations boisées au sud. Il est également délimité par l’autoroute A5 au Nord et la départementale D65 à l’Ouest (Figure 1.12). Une route départementale (D107) coupe la forêt en deux au Nord et une dépression (d’environ 50 mètres) forme un vallon (le Val Mormand) en plein cœur du site. Les seuls points d’eau permanents se situent au sud-ouest, dans la vallée de l’Aujon. Toutefois, depuis l’année de forte sécheresse de 2003, l’Aujon est asséché à certains endroits du fait du déséquilibre pluviométrique, dont le déficit s’élève à 20% en 2002-2003 (Jacquemin 2004). 4.1.2 Météorologie Le climat est de type continental océanique, intermédiaire entre le climat atlantique du Bassin Parisien et le climat continental de l’Alsace. L’influence continentale se manifeste par les contrastes thermiques entre les hivers rudes et longs, et les étés chauds ponctués de perturbations orageuses (Figure 1.13). Les pluies sont apportées par les vents d’ouest largement dominants. Les précipitations annuelles sont assez bien réparties sur l’ensemble de l’année témoignant de l’influence climatique océanique (Figure 1.13). 28 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. Figure 1.12 : Localisation du site d’étude en France et en Haute-Marne. La population de sangliers est suivie principalement dans la forêt domaniale (voir la partie Outils et Méthodes de suivi pour de plus amples renseignements). 4.1.3 La chasse dans la forêt domaniale de Châteauvillain – Arc en Barrois La saison de chasse se déroule généralement d’octobre à fin Février. La gestion de la forêt domaniale est attribuée à un seul adjudicataire, à la différence des forêts communales et privées périphériques où près de 17 sociétés de chasse ont été dénombrées. De même, en plaine près de 10 sociétés de chasse se partagent le territoire. Le plan de prélèvement quantitatif est déterminé en début de saison lors d’une réunion réunissant les différents partenaires (Sociétés de chasse, Office National des Forêts : ONF, FDC, Direction Départementale de l'Agriculture et de la Forêt : DDAF, ONCFS) et il peut être augmenté à mi-saison en fonction des prélèvements déjà effectués. L’adjudicataire en charge de la gestion de la population est réélu depuis le début du suivi par l’ONCFS et il gère une équipe composée entre 50 et 60 chasseurs et 20-30 traqueurs. 29 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. Figure 1.13 : Températures minimales et maximales mensuelles ± erreur standard (partie haute du graphique) et cumul mensuel moyen des précipitations ± erreur standard (partie basse du graphique). Les moyennes ont été calculées pour la période 1983-2005. Source: Météo France, à partir de la station de Châteauvillain pour la pluviométrie et de la station de Villiers-le-Sec pour les températures (voir la figure 1.12 pour leurs localisations). La méthode de chasse utilisée est la battue qui consiste à poster les chasseurs autour d’un « buisson » (de 100 à 300 ha) constitué de plusieurs parcelles forestières et de faire avancer à l’intérieur de celui-ci une ligne de traque accompagnée de chiens de petite quête. Le gibier est donc repoussé vers l’extérieur du « buisson » où attendent les tireurs postés. L’adjudicataire applique également un plan de chasse qualitatif avec un tir orienté vers les jeunes et les mâles et une protection des femelles de plus de 50 kg vidés∗. Depuis la saison de chasse 2004-2005, des nouvelles règles de tir ont été instaurées avec l’interdiction de tirer les femelles de plus de 40 kg vidés et les mâles entre 40 et 100 kg vidés ! Tout ∗ Le poids vidé fait opposition au poids plein ou poids vif, c’est-à-dire le poids de l’animal vivant. Ici, lorsque je parle de poids vidé, il s’agit du poids de l’animal une fois que tous les organes et les viscères (cœur, poumon, foie, estomac…), le sang et le tractus génital chez les femelles, ont été ôtés. 30 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. chasseur faisant une erreur de tir doit payer une amende, c’est-à-dire un prix fixé en début de saison de chasse : de l’ordre de quelques euros par kilo∗. Toutefois, malgré cette règle de tir, des femelles « amendables » sont tuées chaque année. Une des raisons que j’avancerai pour expliquer ce constat (hormis le fait qu’identifier le sexe d’un animal qui court ou arriver à estimer son poids vidé est bien évidemment difficile) est qu’une grande partie des chasseurs venant chasser dans la forêt de Châteauvillain Arc-en-Barrois semblent aisés∗∗. Ils hésitent donc peut être moins à tirer un animal pour lequel ils ne sont pas tout à fait sûrs d’avoir bien identifié le sexe ou qui a un poids « limite »… L’adjudicataire n’hésite pas non plus soit à « remonter les bretelles » d’un ou des chasseur(s) qui effectue(nt) des erreurs de tirs régulièrement, voire même à les exclure, temporairement ou non, de la chasse (Observation personnelle) ; soit au contraire, à accorder « sa clémence » (Observation personnelle ; Forum Sanglier, témoignage d’Hourvari [en ligne]). Ainsi, si chaque chasseur effectue, ne serait-ce qu’une seule fois, une erreur de tir au cours de la saison de chasse, au minimum une cinquantaine de femelles « amendables » peuvent avoir été tuées à la fin de celle-ci. 4.2 . Outils et Méthodes de suivi L’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage assure depuis 1982 le suivi scientifique de la population de Sangliers en collaboration étroite avec les gestionnaires locaux (ONF, FDC, l’adjudicataire) et la population locale. L’ONF est responsable de la gestion directe de la forêt domaniale. Les autres espèces d’Ongulés présentes sont le cerf élaphe (Cervus elaphus) et le chevreuil (Capreolus capreolus). La densité en cerfs est estimée par des comptages aux phares qui sont organisés en plaine par la FDC de HauteMarne alors qu’aucune méthode d’estimation de la densité n’est mise en application sur le terrain pour le chevreuil. La commission départementale fixe ensuite l'estimation des ∗ Pour la saison de chasse 2004-2005, l’amende était de huit euros par kilogramme. Ainsi, si un chasseur tue une femelle pesant 45 kg, il devra payer une amende de 45 x 8 = 360 euros (Forum Sanglier, témoignage d’Hourvari [en ligne]) ∗∗ Je m’appuie ici notamment sur l’observation des véhicules présents sur le parking lors des weekend de chasse. Les agriculteurs ou les résidents des alentours forment une minorité au sein des chasseurs et on les retrouve généralement en tant que traqueurs. Pour la saison de chasse 20042005, la part de chasse en battue coûtait 7500 euros, ce qui est financièrement inabordable pour la plupart des chasseurs (Forum Sanglier, Arc-en-Barrois, "Chasse de Rêve" et élitisme [en ligne]). Par ailleurs, de nombreux chasseurs viennent de toute la France, voire même de Belgique ou du Luxembourg pour chasser à Châteauvillain Arc-en-Barrois ; un week-end de chasse peut donc être associé à des frais supplémentaires comme les frais de déplacement et potentiellement des nuits d’hôtel, des restaurants. 31 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. densités par massif après consultation des chasseurs, de l’ONF et des agriculteurs. Dans la partie ouest du massif, en 2005-2006, la densité en cerfs était de 6 individus/100 ha et la densité en chevreuils de 9 individus/100 ha. Au sein de la forêt domaniale, la formation végétale est composée de fourrés et de taillis de charmes (Carpinus betulus) sous futaie de hêtres (Fagus sylvatica, 30%) et de chênes (Quercus sessiflor, 41%) (Vassant et al. 1994) où viennent s’ajouter quelques essences nobles (érable champêtre Acer campestre, alisier torminal Sorbus torminalis,…). La densité en sanglier dans le massif est estimée en mai-juin par un comptage sur places d’agrainage, répété une fois. Ce comptage mobilise de nombreux volontaires dans la mesure où près de 70 points d’observation sont répartis dans toute la forêt. 4.2.1 Suivi par Capture-Marquage-Recapture Période de capture Depuis le début du suivi par l’ONCFS, plus de 2200 individus (1175 mâles et 1075 femelles) ont été capturés et marqués. Les captures se déroulent de mars à septembre mais elles sont suspendues lors de l’agrainage dissuasif effectué pour limiter les dégâts sur les cultures avoisinantes. Ainsi, lors de l’agrainage dissuasif, du maïs est distribué en quantité importante, de 500 kg à une tonne par jour sur les 8500 ha de la forêt domaniale. Cette distribution quotidienne se déroule entre le 15 avril et le 15 mai pendant 15 jours environ pour protéger les semis de maïs et du 15 juin à la fin juillet, soit environ 45 jours, pour protéger les blés après épiaison∗. Zones de piégeage et types de pièges utilisés Les zones de piégeages généralement définies suivant le sujet d’étude, ont bien évolué durant ces 20 dernières années. Depuis quelques années, la zone de marquage est réduite à une surface d’environ 1400 hectares (voir Figure 1.14). De nombreux types de pièges sont utilisés pour capturer les sangliers : ∗ L’agrainage est un sujet fort débattu dans la gestion du sanglier. Dans la forêt domaniale, aucun agrainage permanent n’a lieu. Toutefois, en dehors de ces périodes d’agrainage dissuasif, du maïs est parfois distribué, notamment lorsqu’il n’y a pas de fructification forestière (Berkane C., comm. pers. Responsable de l’agrainage dans la forêt domaniale). Ainsi, chaque année, l’apport de maïs est de 80 à 85 tonnes sur les 8500 hectares de la forêt domaniale dont près de 70% sont distribués au moment de l’agrainage dissuasif. 32 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. 1. des pièges de type ‘corral’ (Vassant & Brandt 1995; Sweitzer et al. 1997) pour la capture de compagnies entières, c’est-à-dire avec un nombre élevé d’individus (Figure 1.15a). 2. des pièges appelés ‘grand piège mobile’ (Jullien et al. 1988) couplés par deux pour la capture de petits groupes de sub-adultes ou de petites unités familiales comme une laie avec ses marcassins (Figure 1.15b). 3. des pièges de petite taille (Jullien et al. 1988) pour la capture de marcassins (Figure 1.15c). 4. des filets tombants (Jullien et al. 1988) qui couvrent une large surface et permettent ainsi de capturer des compagnies entières (Figure 1.15d). Les trois premiers types de pièges sont équipés de balises émettrices reliées au système de déclenchement. Cela permet d’effectuer une surveillance à distance et d’intervenir plus rapidement le matin, sur les pièges qui sont supposés avoir capturés, avant d’effectuer un contrôle du dispositif de piégeage dans la journée pour les ré-appâter. Les filets tombants sont équipés d’un système de fermeture qui se déclenche à distance par un observateur situé à une cinquantaine de mètres. Dans tous les cas, l’appât utilisé est le maïs. Figure 1.14 : Localisation de la zone de capture (en jaune) au sein de la forêt domaniale de Châteauvillain – Arc en Barrois (en gris). 33 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. Figure 1.15 : Types de pièges utilisés à Châteauvillain. A : Piège corral, B : Grand piège mobile, C : Piège à marcassins, D : Filet tombant. Manipulation Une fois les animaux capturés, la manipulation consiste à faire passer les animaux du piège dans des caisses de contention (ou « sabot » de contention, Vassant & Brandt 1995). L’animal est ensuite attrapé par les pattes arrières, sorti du sabot et maintenu immobilisé au sol pendant le marquage. Les yeux sont généralement masqués, ce qui tend à calmer l’animal, et les mâchoires sont entourées d’une corde afin d’éviter les morsures. Chaque individu est ensuite sexé, pesé et équipé de deux boucles auriculaires de type Vétal ou Allflex. Afin de connaître rapidement le sexe et la compagnie à laquelle appartient l’individu, des jeux de boucles auriculaires de diverses couleurs et diverses formes sont utilisés (voir paragraphe suivant). En plus des boucles, certains animaux sont équipés de colliers émetteurs pour un suivi télémétrique. L’anesthésie est utilisée soit lorsque l’individu est trop gros (à partir de 100 kg) pour permettre une manipulation sans danger, soit lorsqu’il est équipé d’un collier GPS qui nécessite une opération un peu plus longue et minutieuse que l’installation d’un 34 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. collier émetteur. Dans ce cas, l’anesthésiant utilisé est le Zolétil® (Fournier et al. 1995). Sur les boucles comme sur les colliers, se trouvent un numéro d’identification spécifique et les coordonnées téléphoniques de l’ONCFS de Châteauvillain, pour permettre à toute personne trouvant un individu mort, de faire parvenir l’information. De plus, depuis l’année de capture 2004, tous les individus capturés sont également équipés d’un transpondeur (DX-B ISO 11784 (2,12 x 12 mm) ; Réseaumatique). 4.2.2 Suivi des compagnies A partir de 1990, un suivi spécifique des compagnies a été mis en place. Pour cela, tous les animaux capturés appartenant à une même compagnie sont équipés de boucles auriculaires de couleur identique et d’une forme spécifique pour chacune des laies ainsi qu’une forme différente selon le sexe pour les marcassins (Figure 1.16). Au sein de chaque compagnie, une ou plusieurs laies sont équipées de colliers émetteurs ce qui permet la localisation régulière de la compagnie mais aussi, plusieurs fois par mois si possible, une approche de la compagnie afin de déterminer avec le maximum de précision, le nombre d’individus composant le groupe ainsi que leur classe d’âge. Ces observations permettent ainsi de décrire les variations et la dynamique de la constitution des compagnies (Kaminski et al. 2005). 4.2.3 Suivi pendant la saison de chasse La saison de chasse est l’opportunité de récolter de nombreuses données sur une surface plus vaste que la zone sur laquelle se déroulent les captures puisque les données relatives aux individus prélevés sur la totalité de la forêt domaniale sont accessibles et collectées. Tous les individus prélevés sont sexés, pesés une fois vidés et leur âge déterminés. Trois classes d’âge sont distinguées en fonction de l’apparition des molaires (Matschke 1967 ; Baubet et al. 1994): 1. Les juvéniles jusqu’à un an que l’on distingue soit grâce à la présence de la 4ième prémolaire trilobée, soit par la présence de la 1ière molaire. 2. Les sub-adultes ont entre 12 et 24 mois. Ils ont leur 1ière incisive définitive et la 2ième molaire. La 2ième incisive définitive apparaît vers la fin de la période. 3. Les adultes qui ont la 3ième molaire trilobée et qui ont plus de 24 mois. Il est difficile d’estimer chez les adultes leur âge réel. En effet, la coupe dentaire peut être utilisée mais cette méthode demande un temps de préparation important et un matériel bien spécifique (Monaco et al. 2003). De plus, cette méthode nécessite d’une part d’être bien calibrée avec des individus marqués et d’autre part, elle serait variable d’un site à l’autre 35 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. voire même d’un individu à l’autre puisqu’il existe une croissance annuelle du cément mais également saisonnière qui est probablement influencée par la gestation chez les femelles, les maladies voire par les épisodes de disette alimentaire (Dr Serrano Ferron E., comm. pers.). Figure 1.16 : Exemples de boucles auriculaires utilisées afin de différencier à distance d’une part la compagnie à laquelle appartiennent les individus et d’autre part le sexe de l’individu marqué. 36 Chapitre 2. Le contexte de l’étude. Selon les objectifs des études en cours, le type de données recueilli peut varier mais trois types d’informations principales peuvent être distingués et sont récoltés depuis le début du suivi. Données concernant le régime alimentaire Au vue des essences d’arbres présentes dans la forêt, chaque année peut être caractérisée soit par un type de fructification forestière (glandée ou faînée), soit par une absence de production de fruits forestiers. Dans un premier temps, des visites régulières sur le terrain au début de l’automne permettent d’estimer à quel moment commence la chute des fruits forestiers mais également d’apprécier visuellement au sol la quantité de faines et de glands disponible pour la consommation des sangliers: fructification importante, moyenne ou nulle. L’analyse de contenus stomacaux pendant la saison de chasse permet de confirmer l’importance de la fructification et permet d’apprécier, mois après mois, quelles sont les variations en proportions des fruits forestiers dans le régime alimentaire. Cette analyse est complétée par l’examen de fèces menée en parallèle dans le courant de l’année permet également d’affiner cette estimation. Ainsi, il est possible de déterminer, pour chaque année, Faînée importante Glandée moyenne Pas de fructification Type de fructification forestière Glandée importante quel est le type de fructification et quelle est son importance (Figure 1.17). 1982 1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 Figure 1.17 : Type de fructification et quantité disponible de 1982 à 2005. 37 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. Une remarque importante doit être faite ici et qui sera appliquée tout au long de cette thèse : l’année est considérée en terme de saison de fructification et non pas en terme d’année civile. En effet, la disponibilité des fruits forestiers commence en automne et se poursuit jusqu’au printemps/été de l’année civile suivante. Ainsi, par exemple, une laie va pouvoir profiter de la fructification qui a débuté en automne 2002 pendant le rut mais également pendant la lactation au cours du printemps 2003 (Figure 1.17). Données concernant la reproduction Le tractus génital de chaque femelle est prélevé et analysé. Plusieurs cas sont distingués : 1. Le tractus est au repos : aucune activité ovarienne n’est détectée. 2. Lorsque des follicules de plus de dix millimètres se développent à la surface des ovaires, la femelle est en oestrus (Mauget 1980) 3. Des corps jaunes sont visibles à la surface des ovaires. Ceux-ci sont alors dénombrés. La femelle a donc ovulé et a potentiellement été fécondée. 4. Des poches fœtales contenant des embryons ou des fœtus sont visibles. Ceux-ci sont alors dénombrés, pesés et leur longueur (de la base de la queue au front) en position fœtale est mesurée (Mauget 1980). A partir d’une longueur de 40 mm, il est possible de déterminer la composition en sexe (nombre de mâles et de femelles) au sein de chaque portée. Il est également possible de distinguer des corps blancs. Ceux-ci montrent que la femelle n’a pas été fécondée lors de son premier œstrus. Données concernant les animaux marqués La saison de chasse est aussi le moment où se déroule le plus grand retour d’information sur les animaux marqués lors de la saison de capture. Grâce à une bonne intégration de l’ONCFS sur le plan local, les sangliers prélevés hors de la forêt domaniale sont également signalés soit par des appels téléphoniques des chasseurs, soit par des gardes nationaux de la chasse et de la faune sauvage ou par les agents techniques de l’ONF. Dans la forêt domaniale, tout animal marqué est également pesé plein en plus du poids vidé dans la mesure du possible. 38 Partie 2 : L’allocation maternelle 39 L’investissement parental et l’allocation aux sexes. L’investissement parental et l’allocation aux sexes 1 Investissement et soins parentaux La reproduction est une étape coûteuse dans la vie d’un individu et plus particulièrement dans la vie d’une femelle qui doit assumer la gestation, la lactation (Mammifères) ou le nourrissage (Oiseaux) ainsi que l’apprentissage (Primates plus particulièrement) des jeunes. Chez les Mammifères, et notamment chez les Ongulés, le rôle du mâle dans la reproduction se limite généralement à la copulation (Clutton-Brock 1991)! Toutefois, le coût de la reproduction chez les mâles peut être très élevé pendant la période de recherche des femelles. Cela peut même aboutir à la mort du mâle dominant lors de l’installation de harem comme chez le daim (Dama dama) par exemple (Pélabon 1994)! Un adulte reproducteur doit donc pouvoir supporter un coût inhérent à un événement reproducteur, que celui-ci se reflète sous la forme d’une diminution de la fécondité future ou de la survie (Williams 1966 ; Roff 1992 ; Stearns 1992). La valeur reproductrice totale d’un organisme (i.e. le nombre de descendants qu’il peut potentiellement produire pendant le reste de sa vie) peut donc être considérée comme la somme de deux composantes inversement corrélées (Williams 1966) : (1) l’effort reproducteur représente les ressources (i.e. temps, énergie, ou matière) allouées à un épisode de reproduction donné et dont la valeur influe directement sur le succès de celui-ci ; (2) la valeur reproductive résiduelle représente toutes les ressources économisées pour les reproductions futures. Dans ce contexte, la maximisation de la valeur reproductrice totale d’un individu nécessite un investissement optimal dans chaque épisode reproducteur de sa vie, cet effort reproducteur étant lui-même déterminé par un équilibre entre bénéfices de la reproduction actuelle et coûts pour les reproductions futures. Il est important ici de faire la distinction entre deux termes parfois employés comme des synonymes, à tort: les soins parentaux ou l’allocation parentale et l’investissement parental. Les soins parentaux sont tous les comportements réalisés par les parents et qui contribuent à augmenter la valeur sélective de leur progéniture (Clutton-Brock 1991, p8), il peut s’agir par exemple, de la préparation d’un nid, de l’approvisionnement des jeunes avant et/ou après la naissance… L’investissement parental est la quantification de la diminution de 41 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. la valeur sélective résiduelle des parents à la suite des soins parentaux prodigués à un jeune de leur progéniture (Clutton-Brock 1991, p9). Au cours d’un événement de reproduction, les parents allouent une partie de l’énergie qu’ils ont acquise à la production, la survie et la croissance de leur progéniture. Les parents sont donc limités dans la quantité d’énergie qu’ils peuvent fournir et la manière dont ils l’allouent peut avoir des conséquences sur leur future condition physique, leur survie ou même leur prochaine reproduction. 2 L’allocation au sexe et les différentes théories de la sexe ratio Chez les espèces à reproduction sexuée, l’allocation des ressources pour la production d’un mâle ou d’une femelle dans sa progéniture, plus communément appelé l’«allocation au sexe» a des conséquences directes sur la valeur sélective de la mère. Par conséquent, les femelles devraient allouer plus d’énergie à la production d’un mâle ou d’une femelle selon les cas, de manière à optimiser leur valeur sélective (Charnov 1982). La répartition des ressources pour une portée peut se diviser en quatre composantes : le nombre total de jeunes produits, la sexe ratio∗ primaire (c’est-à-dire avant la naissance), la quantité d’énergie fournie pour un mâle et celle fournie pour une femelle (Pen & Weissing 2002). L’évolution de la sexe-ratio est une des composantes de l’allocation au sexe les plus étudiées en biologie évolutive (Charnov 1982 ; Clutton-Brock & Iason 1986 ; Frank 1990 ; Godfray & Werren 1996 ; Hardy 2002 pour différentes revues) et a donné lieu à de nombreuses hypothèses évolutives et modèles théoriques (voir encadré 2 pour une revue des différentes hypothèses existants chez les Oiseaux et les Mammifères). Parmi les différents modèles, celui de Trivers & Willard (1973) permet de comprendre comment peut varier l’allocation au sexe selon les caractéristiques phénotypiques des parents en particulier la condition maternelle. Chez les espèces où (1) le succès reproducteur du mâle a une plus grande variance que celui des femelles, (2) les mâles les plus grands et lourds sont ceux qui se reproduisent avec succès et (3) une mère de bonne qualité engendre des jeunes de bonne qualité, il est attendu que les femelles en meilleure condition, par rapport à la moyenne de la population, peuvent fournir les ressources nécessaires pour produire un mâle ∗ La sexe-ratio est le rapport entre le nombre de mâles et le nombre de femelles, elle est généralement exprimée comme la proportion de mâles à l’intérieur d’un groupe (une portée par exemple) ou une population (Sheldon & West 2002). 42 L’investissement parental et l’allocation aux sexes. de bonne qualité (Trivers & Willard 1973 ; Clutton-Brock & Iason 1986). En effet, dans ce contexte, une mère de bonne qualité aura un retour sur investissement plus rapide avec la production de mâles qu’avec la production de femelles dans la mesure où les mâles produits seront de bonne qualité et auront donc plus de chance de se reproduire rapidement. Chez les ongulés sexuellement dimorphiques et qui ont un système d’appariement de type polygyne, le succès reproducteur des mâles d’une part est corrélé à leur aptitude aux combats qui est généralement corrélée positivement avec la taille et le poids (Clutton-Brock 1991) et d’autre part il est beaucoup plus variable que celui des femelles (Clutton-Brock 1988). Toutefois, ce modèle a été développé pour des espèces dont la taille de portée est généralement de un, ce qui n’est pas le cas du sanglier. Le modèle de Williams (1979) a généralisé le modèle de Trivers & Willard pour des espèces produisant plusieurs petits par portée. Il prédit que l’ajustement adaptatif des soins maternels, selon la condition corporelle de la mère, doit affecter à la fois le sexe et la taille de la portée lorsque le coût de production d’un mâle est plus grand que celui d’une femelle. Pour cela, la capacité maternelle à investir dans sa progéniture doit être corrélée à une séquence théorique combinant la taille de la portée et sa composition en sexes. Ainsi, cette séquence hiérarchise les types de portées selon la taille de la portée et selon qu’elles sont biaisées envers les femelles ou envers les mâles. Par exemple, pour une taille de portée maximale de trois et si un mâle (M) à un coût de production équivalent à 1.1 fois celui d’une femelle (F), la séquence théorique attendue est : 1F < 1M < 2F < 1M1F < 2M < 3F < 2F1M < 1F2M < 3M (voir chapitre 2). Le modèle de Trivers & Willard a été testé régulièrement sur les Ongulés, avec des résultats parfois contradictoires (Hewison & Gaillard 1999 ; Sheldon & West 2004 pour des revues). Afin de prendre en compte ces différents résultats, Byers & Moodie (1990) ont développé une nouvelle hypothèse. Ces auteurs suggèrent que chez les espèces d’Ongulés fournissant un effort reproducteur élevé par rapport aux autres espèces (cas du sanglier, Robbins & Robbins 1979), les soins maternels sont déjà tellement élevés qu’une femelle ne pourrait se permettre de fournir des soins supplémentaires aux mâles. Ainsi, si par exemple, les soins maternels différentiels étaient à l’origine d’une différence de poids à la naissance, aucune différence ne devrait être observée. 43 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. Dans cette partie, nous avons testé différents modèles de sexe-ratio qui pouvaient s’appliquer au sanglier (Chapitre 1) pour ensuite tester dans le Chapitre 2, l’hypothèse de Byers & Moodie (1990) au niveau intra-spécifique. Encadré 2 : Quelles sont les hypothèses adaptatives qui ont été avancées pour expliquer les variations de sexe-ratio chez les oiseaux et les mammifères. D’après Cockburn et al. 2002. 1. Les hypothèses « fisheriennes » : Le sexe rare (donc le moins nombreux) possède un avantage en fréquence lors de la reproduction (il a plus de chance de se reproduire) et l’allocation au sexe reflète cet avantage. 1.1. 1.2. L’hypothèse de Fisher (1930) : La stratégie évolutive stable vers laquelle converge les parents est une allocation égale pour les deux sexes. L’hypothèse d’homéostasie : Lorsqu’un sexe est moins nombreux, les parents produisent ce sexe rare. 2. Les hypothèses de Trivers & Willard : Pour un même niveau d’investissement, les parents en meilleure condition que les autres vont investir principalement dans le sexe associé à une augmentation de leur valeur sélective. 2.1. L’hypothèse de Trivers & Willard (1973) au sens strict : Chez les espèces polygynes, la variance du succès reproducteur des mâles est plus élevée que celle des femelles. Une augmentation de l’investissement parental envers les mâles sera associé à un retour en valeur sélective plus rapide pour les mères. Les mères en bonne condition devraient donc produire des fils et les mères en moins bonne condition, des filles. 2.2. L’hypothèse de l’avantage envers les filles : Chez les espèces où les femelles vivent en groupe, les filles hériteraient d’un rang hiérarchique proche de celui de leur mère. Les femelles de haut rang devraient donc produire des filles et les femelles de moins haut rang, des mâles (Silk 1983). 2.3. L’hypothèse du mâle attrayant : Si les femelles peuvent améliorer la valeur sélective de leur progéniture en se reproduisant avec des mâles attrayant (porteurs de « bons gènes ») alors elles produiraient des fils. Au contraire, elles produiraient des filles si le mâle n’est pas attrayant (Burley 1981). 3. Chez les espèces où un sexe disperse précocement par rapport à l’autre, l’investissement doit refléter les coûts ou les bénéfices selon le sexe des individus qui restent ensemble pendant une plus longue période. 3.1. L’hypothèse de la compétition locale pour les accouplements : Lorsque des individus colonisent un habitat et que leur progéniture se reproduisent entre elles, la sexe ratio devrait être biaisée envers les filles pour limiter la compétition entre mâles apparentés pour s’accoupler avec leurs sœurs (Hamilton 1967). 3.2. L’hypothèse de la compétition locale pour les ressources : Lorsqu’un sexe est philopatrique (il reste sur son habitat de naissance), la compétition pour les ressources augmente entre les individus apparentés. La production du sexe qui va se disperser devrait donc être sélectionnée pour limiter la compétition entre eux ou avec leur mère (Clark 1978). 3.3. L’hypothèse de l’amélioration locale des ressources : Quand au contraire, la présence d’individus apparentés du sexe philopatrique contribue à améliorer la valeur sélective des individus qui vont se reproduire, la production du sexe philopatrique devrait être sélectionnée (Clark 1978). 44 L’investissement parental et l’allocation aux sexes. Encadré 2 (Suite) : 4. Quand les ressources pouvant être allouées à la reproduction sont limitées, les parents peuvent manipuler leur sexe ratio afin de diminuer le risque d’échec reproductif et/ou augmenter leurs chances de survie pour qu’ils puissent se reproduire à nouveau. 4.1. L’hypothèse du coût à la reproduction : Les femelles en mauvaise condition devraient limiter leur investissement, dans le sexe le plus coûteux à produire, pour minimiser les risques d’échec reproductif ou de réduction de leur taille de portée, ou pour réduire les coûts en terme de succès reproducteur futur (Gomendio et al. 1990). 4.2. L’hypothèse de l’exploitation des mâles : Les femelles profitent du fait que les mâles, lors des soins parentaux, vont approvisionner de façon différentielle la progéniture pour réduire les coûts associés aux soins maternaux (Westerdahl et al. 2000) 5. Quand la compétition entre frères et sœurs est influencée par leur sexe, les mères devraient altérer la sexe ratio de leur progéniture de manière à maximiser sa productivité. 5.1. L’hypothèse de la réduction de la portée (nichée) : Les femelles manipulent la sexe-ratio de leur portée (nichée) de façon à diminuer la probabilité de mortalité au sein de celle-ci (Bortolotti 1986 chez les oiseaux ; Carranza 2004 chez les mammifères). 45 Chapitre 1. Taille de portée et ajustement de la sexe-ratio fœtale. Chapitre 1 : Litter size and fetal sex ratio adjustment in a highly polytocous species: the wild boar Sabrina Servanty, Jean-Michel Gaillard, Dominique Allainé, Serge Brandt & Eric Baubet. 2007. Litter size and fetal sex ratio adjustment in a highly polytocous species: the wild boar. Behavioral Ecology. 18:427-432. Résumé Les modèles théoriques de l’évolution de la sexe-ratio prédisent que les femelles en meilleure condition par rapport à la moyenne de la population devraient produire plus de fils que de filles et réciproquement, les femelles de moins bonne qualité devraient produire plus de filles. Trois hypothèses sont sous-jacentes à ces modèles : d’une part le succès reproducteur à long terme chez les mâles doit être plus variable que celui des femelles et d’autre part le succès reproducteur d’un mâle doit être corrélé à la qualité de sa mère. Enfin, la qualité d’un jeune doit être corrélé à sa qualité lorsqu’il est adulte (Trivers & Willard 1973). Par ailleurs, quand plusieurs petits sont produits dans une même portée, les femelles de bonne qualité ont généralement des tailles de portées plus élevées. Dans ce contexte, plus une femelle est de bonne qualité, plus celle-ci devrait produire une taille de portée élevée avec une sexe-ratio biaisée envers les mâles (Williams 1979). Il est donc possible de créer une séquence théorique de la distribution en sexes au sein d’une portée en fonction de la taille de portée (voir Figure 2.1). Plus récemment, il a été mis en évidence que lorsque les conditions de vie d’un individu se détériorent suite à un épisode climatique défavorable∗(Post et al. 1999 ; Mysterud et al. 2000) ou une augmentation de la densité (Kruuk et al. 1999a) , le nombre de mâles produits diminue. Nous avons testé ici ces hypothèses évolutives et nous avons examiné comment variait la sexe-ratio in utero dans la population de sangliers de Châteauvillain, Arc-en-Barrois. La sexe-ratio ne varie pas en fonction des fluctuations des fructifications forestières observées depuis 1984. La relation entre la taille de la portée et l’augmentation de la condition des mères est bien vérifiée (l’indice de condition corporelle utilisé ici est le poids ∗ L’influence de facteurs extérieurs tels le climat, sur les variations de la sexe-ratio, est appelée aussi l’hypothèse de la modification extrinsèque de la sexe-ratio (extrinsic modification). 47 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. vidé) mais les laies ne semblent pas montrer un ajustement de la sexe-ratio de leur progéniture selon la taille de la portée et leur condition corporelle (Figure 2.2). Cependant, la proportion de mâles observée dans une portée diminue lorsque la taille de la portée augmente avec des petites tailles de portée biaisées envers les mâles et des grandes tailles de portée plus biaisées envers les femelles (Figure 2.3). Ce résultat est une des premières mises en évidence empiriques d’une variation de la sexe-ratio selon la taille de la portée chez un grand mammifère. Ainsi, au cours d’un épisode de reproduction, les laies en bonne condition pourraient avoir à faire face à un compromis entre la quantité (produire une grande taille de portée) et la qualité (produire de nombreux mâles) de leur effort reproducteur. Figure 2.2 : Relation entre la séquence théorique attendue sous le modèle de Williams (1979) lorsque 1M=1.051F et le poids vidé moyen de la mère (± 1 erreur standard). La séquence théorique a été construite d’après le dimorphisme sexuel moyen observé entre les fœtus mâles et femelles (1M=1.051F). Les lignes verticales en pointillé délimitent les différentes tailles de portée (de 2 à 9). De cette manière, la distribution en mâles et en femelles au sein de chaque taille de portée, est hiérarchisée des portées biaisées envers les femelles (sexe ratio de zéro) vers les portées biaisées envers les mâles (sexe ratio de un). Voir aussi la Table 2.2 pour la hiérarchisation des portées attendues par le modèle théorique. 48 Chapitre 1. Taille de portée et ajustement de la sexe-ratio fœtale. Summary: For species in which reproductive success is more variable in one sex than the other, the Trivers and Willard model (TWM) predicts that females are able to adjust their offspring sex ratio. High-quality mothers should provide greater investment to one sex than the other. Previous tests of the TWM have been inconsistent, and whether the TWM applies to species with several offspring per litter is unclear due to possible trade-offs between size, number, and sex of the offspring. Williams’ model (WM) accounts for confounding effects of these trade-offs on sex ratio variation. Lastly, the ‘‘extrinsic modification hypothesis’’ predicts changes in offspring sex ratio in relation to climatic conditions and population density. Using wild boar as a model, we tested 1) whether the WM fitted observed sex ratio variation and 2) whether sex ratio variations were related to maternal attributes (test of the TWM) and/or to resource availability (test of the extrinsic modification hypothesis). Females adjusted their litter size rather than their litter composition, so that the WM was not supported. Likewise, changes in resource availability did not influence the fetal sex ratio, so that the extrinsic modification hypothesis was not supported. The fetal sex ratio was negatively related to increasing litter size, providing some support for the TWM. Sex ratio was male biased for litter sizes up to 6 and then became female biased in larger litters. Our results provide the first case study showing marked changes in sex ratio in relation to litter size in a large mammal. Key words: litter size, primary sex ratio, sex ratio variation, Sus scrofa scrofa, Trivers and Willard model, Williams model. 49 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. 1 Introduction Sex-allocation theory (Charnov 1982), and most specifically sex ratio variation, is one of the most often addressed topics in evolutionary biology over the last 2 decades (Hardy 2002). Skewed sex ratios have often been reported, but whether variation of offspring sex ratio is adaptive in vertebrate populations is still controversial (for reviews, Clutton-Brock and Iason 1986; Frank 1990; Hewison and Gaillard 1999; West and Sheldon 2002). Whereas our knowledge of the physiological mechanisms involved in sex ratio variation has recently improved (Krackow 1995; James 1997; Cameron 2004), most evolutionary models are intended to assess the pattern rather than the process of variation in sex ratio (for a recent review, see Sheldon and West 2004). Among these, the Trivers and Willard model (TWM; Trivers and Willard 1973) has been tested repeatedly in vertebrate populations. According to the TWM, high-quality mothers should provide a greater investment in sons than in daughters when males have a greater variance in individual fitness than females, providing that 1) sons benefit more than daughters from extra investment by mothers, 2) offspring quality is a good proxy of adult quality, and 3) offspring quality is related to maternal quality. In this context, females should be able to adjust their offspring sex ratio in response to factors that could modify both their own lifetime reproductive success and the reproductive success of their progeny (Clutton-Brock et al. 1984). Polygynous and sexually dimorphic species are good candidates for the TWM, and among them, ungulates have been especially well studied (for reviews, see Hewison and Gaillard 1999; Sheldon and West 2004). However, results are often inconsistent because of 1) the strict conditions that must be fulfilled for the TWM to apply (for recent case studies, see Leimar 1996; Blanchard et al. 2005; Hewison et al. 2005) variable timing of the measure of maternal condition (i.e., before conception, near implantation, or during early stages of gestation; Cameron 2004; Sheldon and West 2004), and 3) possible confounding influences of environmental variation, including both extrinsic modification due to climate (Post et al. 1999; Mysterud et al. 2000; but see Weladji and Holand 2003) and a decrease in the proportion of males born with increasing population density (Kruuk et al. 1999a). In addition, whether the TWM applies to polytocous species (i.e., species that produce several offspring per litter) is unclear. Whereas recent reviews have included polytocous species in comparative analyses (Hewison and Gaillard 1999; Cameron 2004; Sheldon and West 2004), possible trade-offs between size, number, and sex of offspring might complicate the test of 50 Chapitre 1. Taille de portée et ajustement de la sexe-ratio fœtale. the TWM in highly polytocous species (Carranza 2004). Williams (1979) generalized the TWM to polytocous species by including changes in litter size in the model. Using data collected on the highly polytocous wild boar (Sus scrofa scrofa; mean litter size of 4.6; Mauget 1982; Carranza 1996), we tested 4 hypotheses. We first tested the Williams’ model (WM) by investigating the relationship between maternal body mass and the specific sequence of litter composition. Only a few empirical studies have as yet tested the WM (but see Kucera 1991; Cassinello and Gomendio 1996; Allainé et al. 2000), and all focused on species with limited variation of litter size. Under the WM, we expected a positive relationship between a specific sequence of increasing production costs based on size and sex composition of the litters and maternal body condition. In this sequence, all litters are ranked along a continuum of increasing production costs based on the relative cost of producing a male or a female. For instance, given a maximal litter size of 3 and given that producing a male (M) costs 1.1 times more than producing a female (F), the expected specific sequence should be as follows: 1F, 1M, 2F, 1M1F, 2M, 3F, 2F1M, 1F2M, 3M (Figure 2.1). Figure 2.1 : Relationship between maternal body condition and the specific sequence of increasing production costs expected under the WM. In this example, the relative cost of producing a male (M) compared with a female (F) is 1.1 (i.e., production cost of 1.1 for M, 1 for F). For instance, a litter of 3 with 2F and 1M costs 3.1 units, whereas a litter of 3 with 1F and 2M costs 3.2. According to the WM, we expected to find a positive relationship between the sequence of increasing production costs and relative maternal condition. Second, we tested 51 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. the TWM to assess whether sex ratio variation was related to maternal attributes such as age and mass. According to the TWM, we expected more males than females to be produced by old and/or large females. Third, we tested for a possible extrinsic modification of sex ratio by assessing whether yearly changes in mast production influenced sex ratio. According to the extrinsic modification hypothesis, we expected to find an increasing proportion of males with increasing food resources. Finally, we also tested whether changes in litter size influenced sex ratio variation. Indeed, adjustment of the offspring sex ratio may vary in relation to litter size (Frank 1990). Equal allocation of resources to offspring may be prevented by a differential acquisition of maternal resources between sexes because males might be more efficient than females at converting dietary protein into biomass (Redondo et al. 1992) and/or by sibling competition (Mock and Parker 1997; Carranza 2004). We thus analyzed simultaneously the influence of phenotypic attributes of mothers and the influence of environmental drivers, as recommended by West et al. (2005), to apply general sex ratio theory to a specific case. Our study makes a novel contribution to the studies of sex ratio variation by 1) focusing on a highly polytocous species for which a much wider range of litter size and composition was available compared with previous studies (Kucera 1991; Fernández-Llario et al. 1999), allowing us to perform a firm empirical test of the WM, 2) examining simultaneously both the effects of maternal influence and environmental variation on sex ratio variation, and 3) providing the first case study showing marked changes in sex ratio in relation to litter size in a large mammal. 2 Materials and methods 2.1 Study area The Châteauvillain-Arc-en-Barrois forest in eastern France (48°02’ N, 4°55’ E) is a homogenous broad-leaved deciduous woodland on a calcareous plateau. It covers 11 000 ha composed of hornbeam (Carpinus betulus) coppice with oak (Quercus sessiflor, 41%) and beech (Fagus sylvatica, 30%) stands. A national forest of 8500 ha constitutes the core of the forest, whereas the periphery (2500 ha) is private or communal. The study area is surrounded by a cultivated plain and a highway bordering the North–East side, limiting exchanges with other populations. Free-ranging populations of wild boar, red deer (Cervus elaphus), and roe deer (Capreolus capreolus) are present in the forest. The population size of these 3 ungulates is managed by hunting. In 2003, 250 roe deer, 250 red deer, and 760 wild boar were hunted in the national part of the forest. Each year between October and February, wild boars are intensively hunted during weekends using drives. In the national 52 Chapitre 1. Taille de portée et ajustement de la sexe-ratio fœtale. part of the woodland, hunters are posted around the hunted area (a patch of 250–500 ha) along roads or forest trails and wait for wild boar flushed out by trackers and dogs. In 2003, 44.76 ± 22.7 wild boars were culled on average each weekend of hunting. 2.2 Data collection Since 1984, each harvested wild boar in the national part of the forest has been eviscerated and weighed (± 1 kg; carcass mass after all the digestive system, heart, liver, lungs, reproductive tract, and blood have been removed). In this study, the dressed mass of females was used as the maternal body condition index. Age was assessed by tooth eruption and replacement patterns (Matschke 1967; Baubet et al. 1994). Wild boars were classified into 3 age classes (Pedone et al. 1991): juvenile (less than 1 year of age), yearling (between 1 and 2 years of age), and adult (older than 2 years of age). In our population, the generation time was around 2 years due to high hunting pressure (Gaillard et al. 1987). For each female, the reproductive tract was collected and, when gestation had already begun, fetuses were counted. We were able to sex fetuses visually without ambiguity from a length of 40–45 mm (i.e., about 1 month of gestation; Mauget 1980) based on the presence of a vulva in females and the presence of a penis in males. The proportion of the litter that was identified did not depend on litter size (χ²=4.392, degrees of freedom [df]=7, p=0.734). Hence, there was no bias in the identification of sex composition within a litter in relation to the size of the litter. In wild boar, many studies have reported a relationship between mast occurrence and the reproductive cycle of females (Matschke 1964; Mauget 1982; Groot Bruinderink et al. 1994), so that gestation may begin at any time during the hunting season (i.e., from early October to late February). In our study site, mast production was assessed indirectly by the analysis of stomach contents (for a similar approach, see Bieber and Ruf 2005). Three cases were distinguished for the different hunting seasons: no mast production, beech mast year, and acorn mast year (Table 2.1). 2.3 Data analysis To take into account the difference in gestation stage among reproductive females, we used the observed sexual dimorphism in mass of fetuses to assess the relative cost of producing a male versus a female (for a similar approach, see Fernández-Llario et al. 1999). Male fetuses were on average 5.1% heavier than females in our sample (Office National de 53 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. la Chasse et de la Faune Sauvage, unpublished data), so that the direct metabolic cost of producing a male was slightly greater than that associated with the production of a female (i.e., on average 1M = 1.051F; Table 2.2). We then calculated the costs of production of all litters. For instance, a litter of 2 females and 3 males costs 2 x 1 + 3 x 1.051 = 5.153 production units, whereas a litter of 3 females and 2 males costs 5.102 production units. We looked for a relationship between the sequence of increasing production costs and maternal dressed mass to test the WM (Figure 2.1). We also tested whether there were significant relationships among maternal dressed mass, litter size, and sex ratio. Table 2.1 : Number of litters born to juveniles, yearlings, and adults available for each year (hunting season) and for each age class. The mast production for the considered hunting season is also indicated. Acorns were produced by oak (Quercus sessiflor), and beechnuts were produced by beech (Fagus sylvatica). Year (hunting season) 1989/1990 1995/1996 1998/1999 1999/2000 2000/2001 2001/2002 2002/2003 2003/2004 2004/2005 Mast production Juvenile Yearling Adult Acorn 6 9 7 Beechnut 6 2 2 Acorn 0 13 10 Beechnut 12 24 13 No mast production 1 3 3 Acorn 8 33 22 Beechnut 5 5 11 Acorn 3 16 7 Beechnut 8 14 7 Second, to assess whether maternal attributes, food resources, and litter size influenced sex ratio variation in wild boar, we fitted weighted logistic models as recommended by Wilson and Hardy (2002). Sex ratio (the dependent variable) was defined here as the proportion of males in the litter of a given mother and was treated as grouped binary data. To determine which of the candidate models provided the best description of the data, model selection was based on Akaike’s information criterion (AIC; see Burnham and Anderson 1998). AIC quantifies the relative goodness of fit of different statistical models and then provides an objective way of determining which model among a set of models is the most parsimonious. Generally, the model with the lowest AIC was retained. However, when differences in AIC values between models were less than 2, the model with the lowest number of parameters was retained (parsimony criterion; Burnham and Anderson 1998). We tested whether sex ratio could be influenced by age, year, maternal dressed mass, and litter size, as well as the interactions among these factors. Then, we tested whether mast production could also account for between-year variation in sex ratio. 54 Chapitre 1. Taille de portée et ajustement de la sexe-ratio fœtale. Once the best model was selected, we checked whether its residual mean deviance was close to 1 and when it exceeded 1.5, we corrected for overdispersion (e.g., Krackow and Tkadlec 2001; Wilson and Hardy 2002). We also checked that the standardized residuals of the selected model were randomly distributed around zero with respect to the fitted values and that the standardized residuals were normally distributed (Wilson and Hardy 2002). In addition, we analyzed in more detail the relationship between sex ratio and litter size. To do so, we calculated the probabilities of occurrence of each litter composition for a given litter size expected under a binomial distribution of sex within litters. Then, because of the small sample size per litter of a given size, we pooled those probabilities of occurrence to obtain the expected probabilities of producing a male-biased versus a female-biased litter of a given size. Finally, we performed a chi-squared test using the observed numbers of malebiased and female-biased litters (Table 2.2). We only included litters when all data were collected (i.e., female age, female dressed mass, number of males, and females within the litter) as recommended by Anderson and Burnham (2002) when a model selection procedure is used. Moreover, to test for between-year differences in sex ratio, we only included years when at least 2 females per age class were collected (Table 2.1). However, we also included the 1998/1999 hunting season because large samples were available for 2 age classes although no data were available for juveniles (Table 2.1). The inclusion of this latter hunting season in our analysis did not change the results. All analyses were performed with R 1.7.1. (R Development Core Team 2004). 3 Results We obtained complete data from 254 litters. Litter size varied between 1 and 14 fetuses (mean: 5.5 ± 0.1 standard error [SE]). However, data obtained for litter sizes of 1, 10, 11, and 14 were discarded because each was only represented by a single litter. Furthermore, maternal dressed body mass was not standardized in relation to culling date as the hunting month only explained 1.8% of variation in adult maternal dressed mass. 55 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. Table 2.2 : Observed distribution of males (M) and females (F) within each litter size. Litters are classified according to their relative cost of production (from the lowest cost of production: 2F to the highest cost: 9M). Here the relative cost of producing a male is 1.051 times higher than the one for producing a female and is based on observed sexual dimorphism in mass of fetuses. Each theoretical probability is calculated using a binomial distribution of sex within litters. For instance, the probability to have a litter of 4 females and no male is C40 /( C 40 + C41 + C42 + C43 + C44 ).Then the calculated probabilities were summed in order to obtain those associated with the production of a male-biased or a female-biased litter for a given litter size. Litter size 2 3 4 5 6 7 8 9 56 Observed sex composition within litter 2F 1F1M 2M 3F 2F1M 1F2M 3M 4F 3F1M 2F2M 1F3M 4M 5F 4F1M 3F2M 2F3M 1F4M 5M 6F 5F1M 4F2M 3F3M 2F4M 1F5M 6M 7F 6F1M 5F2M 4F3M 3F4M 2F5M 1F6M 7M 8F 7F1M 6F2M 5F3M 4F4M 3F5M 2F6M 1F7M 8M 9F 8F1M 7F2M 6F3M 5F4M 4F5M 3F6M 2F7M 1F8M 9M Sample size N=1 N=5 N=1 N=1 N=12 N=12 N=4 N=2 N=3 N=14 N=14 N=4 N=1 N=6 N=19 N=24 N=10 none N=3 N=2 N=10 N=16 N=12 N=7 N=2 none N=3 N=8 N=10 N=8 N=3 N=4 N=1 none N=1 N=1 N=7 N=6 N=1 N=3 none none none N=1 none N=2 N=2 N=2 N=1 N=1 none none Sample size of biased litters Theoretical probability 1/4 1/2 1/4 N=13 1/2 N=16 1/2 N=5 5/16 3/8 N=18 5/16 N=26 1/2 N=34 1/2 N=15 11/32 5/16 N=21 11/32 N=21 1/2 N=16 1/2 N=9 93/256 35/128 N=4 93/256 N=5 1/2 N=4 1/2 Chapitre 1. Taille de portée et ajustement de la sexe-ratio fœtale. 3.1 Test of the WM Maternal dressed mass was positively related to the sequence of increasing costs of production (r = 0.744, df = 41, P<0.0001). However, sex ratio did not contribute to that relationship, neither in interaction with litter size (F = 0.64, df = 7, P = 0.723) nor alone (F = 2.041, df = 1, P = 0.154). The observed relationship was therefore more an adjustment of litter size (i.e., number of fetuses; F = 11.95, df = 7, P<0.0001) in relation to mass than an indication of adaptive offspring sex ratio variation within a given litter size. Hence, the WM was not supported. 3.2 Sex ratio variation Neither maternal age, maternal dressed mass, year, nor mast production influenced the proportion of males in wild boar litters (Table 2.3). Furthermore, none of the interactions among those factors improved the model fit (Table 2.3). Hence, both the TWM and the extrinsic modification hypothesis were not supported. On the other hand, sex ratio decreased as litter size increased (slope ± 1 SE: -0.078 ± 0.034, χ² = 5.25, df = 1, P = 0.022). Sex ratio was male biased in small litters and female biased in large ones (Figure 2.3). Accordingly, the observed sex ratio in litters of a given size differed from a random distribution. Male-biased litters occurred significantly more often than expected for litter sizes of 4 (χ² = 16.93, df = 1, P<0.0001) and 6 (χ² = 6.57, df = 1, P = 0.01), and litters were female-biased for litter size of 8 (χ² = 3.98, df = 1, P = 0.045). This adjustment of offspring sex ratio in relation to litter size, involving higher sex ratio when more per capita resources are available, might support the TWM. Table 2.3 : Model selection for fetal sex ratio variation in wild boar. SR, sex ratio; LS, litter size; W, mother’s dressed mass; A, mother’s age class; Y, year (i.e., hunting season), M, type of mast production. The selected model occurs in bold. Models tested Logit (SR)= LS Logit (SR)= LS + W Logit (SR)= LS + M Logit (SR)= LS + W + M Logit (SR)= LS + LS² Logit (SR)= W*LS Logit (SR)= constant Logit (SR)= M Logit (SR)= LS + A Logit (SR)= A*LS Logit (SR)= LS + A + M Logit (SR)= W AIC 773.6 774 774.45 774.8 775.5 776.75 776.9 776.9 777.1 777.4 777.9 778.9 ΔAIC 0 0.4 0.45 1.2 1.9 3.15 3.3 3.3 3.5 3.8 4.3 5.3 57 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. Models tested Logit (SR)= A Logit (SR)= A*W Logit (SR)= Y*LS Logit (SR)= LS + Y Logit (SR)= LS + W + Y Logit (SR)= Y Logit (SR)= LS + A + Y Logit (SR)= Y*W Logit (SR)= A*Y AIC 780.7 781.6 784.2 786.0 786.7 788.8 789.2 790.1 806.6 ΔAIC 7.1 8 10.6 12.4 13.1 15.2 15.6 16.5 33 Figure 2.3 : Mean proportion of males and 95% confidence interval in relation to litter size. The dotted line corresponds to the selected model (sex ratio decreased when the litter size increased; Table 2.3), and the dashed line corresponds to a balanced sex ratio. Sample sizes for each litter size are indicated. 4 Discussion In wild boar, females adjusted their litter size, rather than their litter composition for a given litter size, in relation to their condition (indexed here by their dressed mass). 58 Chapitre 1. Taille de portée et ajustement de la sexe-ratio fœtale. William’s hypothesis was therefore not supported. However, the fetal sex ratio of wild boar decreased as litter size increased (Figure 2.3). So, for an increasing reproductive effort, mothers might not be able to provide extra investment in males in large litters. Although the sex ratio of wild boar was not influenced by maternal age or dressed mass, our result suggests that the Trivers and Willard hypothesis could be supported. Indeed, in small litters, mothers should have more resources for each individual offspring, and therefore, each offspring will be weaned in good condition. In these conditions, mothers should benefit from having male-biased litters. In large litters, there are fewer resources for each offspring, such that each individual will be weaned in poorer condition. Consequently, daughters would be a better investment because mothers will have a faster fitness return via female progeny, and this effect may be stronger in large litter sizes. Indeed, in wild boar, females become sexually mature and pregnant at approximately 8 months of age, whereas males become sexually mature at nearly 2 years of age (Mauget 1980). This result also is in agreement with the Byers and Moodie (1990) hypothesis. These authors postulated that male-biased energy allocation to offspring is constrained in species that have high reproductive output because mothers cannot allocate extra resources to males. Mothers should thus face a trade-off between total maternal expenditure and the magnitude of male-biased allocation of maternal care. A negative relationship between litter size and sex ratio has recently been observed in domestic pigs (Górecki 2003) but has not been yet reported in wild boar. In Spain, Fernández- Llario et al. (1999) analyzed wild boar fetal sex ratio variation but did not report any influence of litter size. However, the low sample size (N = 58 litters) and the low range of observed litter sizes (mean litter of 3.69, range 1–7) in that study could account for the absence of a significant relationship between sex ratio and litter size. Litter sizes of wild boar in Mediterranean countries such as Spain or Italy are generally smaller than those observed in more eastern countries of Europe (Pedone et al. 1991; Table 1 in Bieber and Ruf 2005), probably due to a drier climate and lower resource availability. Primary sex ratio adjustment could occur at 3 different stages: 1) gamete selection, 2) differential implantation of embryos, and 3) differential mortality of fetuses (Krackow 1995). Here, sex-specific fetal mortality (e.g., Gosling 1986) is unlikely to be the mechanism behind the observed variation. Indeed, during the whole study period, only 5 cases out of the 483 pregnant females that were examined showed evidence of fetal mortality (i.e., nonfresh stillborn piglet or mummified fetuses; van der Lende and van Rens 2003). 59 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. Moreover, the possibility that large fetal litters of all males are so costly that they are already lost by the time we took our measurements is unlikely to be the case here. Observed embryonic mortality was on average 15% (e.g., mean percentage of corpora lutea not represented by fetuses, van der Lende et al. 1990; Hewison and Gaillard 2001), and the mean embryonic mortality was even less for large litter sizes, reaching only 6% for a litter size of 6 or more (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, unpublished data). Hence, even if mothers were selectively reabsorbing embryos from only one sex, this level of embryonic mortality would have been too small to account for the effect we reported here. The observed pattern of sex ratio variation in wild boar highlights the determinant role of litter size. Producing large female-biased litters may be an adaptive adjustment to avoid strong sibling competition during lactation and hence to optimise the growth and the survival of the whole litter. Indeed, in farmed wild boar, piglet fighting is more intense in male-biased litters than in female-biased ones (Harris et al. 2000). Moreover, in domestic pig, piglets that fail to establish consistent use of a teat are likely to die or to suffer severe reduced weight gain (de Passillé et al. 1988). This behavior has not been substantially modified through domestication, and a strong teat order also occurs in wild boar (Horrell 1997; Gustafsson et al. 1999). Thus, low within-litter competition may lead to a reduction of begging by the piglets and an improvement in milk utilization (Dostálková et al. 2002) that might increase the survival of most offspring within a litter (e.g., Carranza 2004). Access to a teat during the release of milk is then likely to be more important to piglets than a decrease in milk received when the litter size increases (Fraser 1990). A few observations of postnatal survival of large litters in our population seem to confirm this hypothesis (Brandt S, personal observation). Hence, the production of one sex can be favored when the allocation of maternal expenditure in one sex is more profitable in terms of fitness returns. Even when the production of large female-biased litters might result in a decrease of performance for each individual offspring of the litter (e.g., the daily gain in weight will probably be lower than in smaller litters), the total return from the whole litter will be higher. Nevertheless, further studies of postnatal survival of piglets in relation to litter composition are needed. 60 Chapitre 1. Taille de portée et ajustement de la sexe-ratio fœtale. 5 Pour aller plus loin : la mortalité embryonnaire Un des mécanismes pouvant être à l’origine d’une sexe ratio biaisée envers les mâles pour les petites tailles de portée est la mortalité embryonnaire. En effet, la mortalité embryonnaire est un moyen pour la mère de contrôler la taille de sa portée ainsi que sa sexe-ratio à moindre coût (Birney & Baird 1985) dans la mesure où les plus grosses dépenses énergétiques associées à la reproduction sont lors de l’allaitement et non lors de la gestation chez les Mammifères (Oftedal 1985 ; Gittleman & Thompson 1988 ; Clutton-Brock 1991). Les femelles vont donc investir de façon sélective dans des jeunes de qualités différentes et de sexes différents lors de différentes étapes après la conception. Elles vont à la fois fournir de manière différentielle des quantités de nutriments à un ou des jeunes en particulier et pratiquer une mortalité non aléatoire (Gosling 1986). Certaines études laissent entrevoir l’existence d’un mécanisme par le biais duquel les variations entre le développement des fœtus sont réduites suite à une mortalité sélective des embryons les moins développés (Van der Lende et al. 1990). La mortalité embryonnaire est calculée de la manière suivante (Mauget 1972 ; Abaigar 1992 ; Hewison & Gaillard 2001): 100*((nombre de corps jaune-nombre de fœtus)/nombre de corps jaune). Dans notre population, la mortalité embryonnaire moyenne est de 15.45% (SE=0.008). Toutefois, la mortalité embryonnaire diffère selon l’âge de la mère (F 2,416 = 3.35, p=0.036) avec une mortalité qui diminue avec l’âge (Tableau 2.4). Ce résultat corrobore celui d’Abaigar (1992) qui observait que la perte intra-utérine était plus faible pour les femelles de plus de 60 kg (26.97%, N=18) que pour celles entre 40 et 60 kg (30.43%, N=17) et ce, bien que la taille de portée soit supérieure pour les femelles de plus de 60 kg. Tableau 2.4 : Nombre de corps jaune et d’embryons moyens observés chez les femelles pour chaque classe d’âge. La mortalité embryonnaire moyenne ainsi que le poids moyen sont également indiqués. Nombre de corps jaune Nombre d’embryons Mortalité embryonnaire (%) Juvénile n=129 33.58±0.45 kg Sub-adulte n=172 48.43±0.61 kg Adulte n=121 63.11±0.8 kg 5.03±0.09 3-8 4.12±0.11 1-8 17.95±0.02 0-80 6.16±0.1 4-11 5.16±0.11 2-8 15.67±0.01 0-75 7.50±0.14 5-16 6.49±0.15 2-11 13.10±0.01 0-71.43 61 Partie 1. Introduction générale et contexte de l’étude. ∗ L’analyse par classe d’âge révèle que différents facteurs sont impliqués dans les variations de la mortalité embryonnaire. En effet, chez les juvéniles un seul facteur parmi ceux testés, la taille de portée, explique 51.6% de la variance et la mortalité embryonnaire diminue avec l’augmentation de la taille de portée (pente : -0.8650 ± 0.104, p<0.00001 ; Figure 2.4a). Ainsi, la mortalité intra-utérine passe de près de 80% pour une taille de portée de trois à 0% pour les tailles de portée de sept ou huit. Pour les sub-adultes, le meilleur modèle rendant compte des variations de la mortalité embryonnaire est celui où le poids interagit avec la taille de portée (Figure 2.4b) et il explique 47.7% de la variance. Ainsi, pour un poids donné, la mortalité embryonnaire est d’autant plus forte que la taille de portée est petite. Par contre, pour une même taille de portée, la mortalité sera plus forte pour les femelles avec un poids vidé plus élevé (Figure 2.4b). Cette différence peut être due à un coût à la reproduction. En effet, parmi les sub-adultes se trouvent des femelles qui se reproduisent pour la première fois et d’autres qui se sont déjà reproduits lorsqu’elles étaient juvéniles. L’analyse un peu plus fine du jeu de données permet de pouvoir corroborer cette hypothèse. En effet, lors de la récolte des données au tableau de chasse, la présence d’allaites développées ou non, chez les sub-adultes, est notée depuis quelques années. Cette observation nous permet donc de distinguer les femelles qui se sont déjà reproduites, de celles qui sont primipares. Il existe une différence en moyenne de la mortalité embryonnaire observée chez ces deux catégories de femelles sub-adultes (16 ± 0.031%, N=15 pour les femelles qui se sont déjà reproduits en tant que juvénile, 10.44 ± 0.023%, N=33 pour les femelles primipares, W=324.5, p=0.071). Chez les femelles adultes, la mortalité embryonnaire est fonction de l’interaction entre la taille de portée et la fructification forestière de l’année en cours (Figure 2.4c) et 39.27% de variance est expliquée. Plus la taille de portée est petite, plus la mortalité embryonnaire est élevée. De même, lorsque la fructification est moyenne ou absente, la mortalité est plus élevée (Figure 2.4c). Il faut également remarquer que pour une taille de portée supérieure à six, la mortalité passe en dessous des 15% sauf lorsque l’année en cours est une faînée. Bien que ces résultats nécessitent d’être approfondis∗, ils nous permettent de pouvoir observer un patron de variation commun aux trois classes d’âges : la mortalité embryonnaire ∗ La mortalité embryonnaire variant entre zéro et un, j’ai effectué des modèles logistiques comme pour l’analyse de la sexe ratio et la sélection de modèle a été effectuée en utilisant l’AICc. Les facteurs testés sont les mêmes que pour l’analyse de la sexe ratio. ∗ Ces résultats ont été présentés oralement en Septembre 2007, à Sienne en Italie lors du 5ième Congrès Européen de Mammalogie (voir Annexe 3). 62 Chapitre 1. Taille de portée et ajustement de la sexe-ratio fœtale. diminue avec l’augmentation de la taille de la portée. Ce résultat laisse entrevoir la possibilité de l’ajustement de la sexe ratio par la mère. Dans ce cas, la mortalité sélective aurait lieu envers les femelles pour les petites tailles de portée, ce qui conduirait donc à une sexe ratio biaisée envers les mâles. Au contraire, lorsque les tailles de portées sont élevées (supérieures à six), la mortalité sélective effectuée par les mères serait moindre, ce qui aboutirait à une sexe ratio biaisée envers les femelles. 63 Partie 2. L’allocation maternelle. Figure 2.4 : Variations de la mortalité embryonnaire en fonction : (a) de la taille de portée pour les juvéniles. La courbe est celle prédite par le modèle avec son intervalle de confiance. La mortalité moyenne observée par taille de portée est également représentée (± erreur standard) et la taille de l’échantillon indiquée. (b) de l’interaction avec le poids vidé et de la taille de portée pour les sub-adultes. Les courbes représentées sont celles prédites par le modèle. La mortalité moyenne observée par classe de poids est également représentée (± erreur standard). Pour plus de lisibilité, seulement trois tailles de portées différentes ont été représentées. (c) de l’interaction avec le nombre de fœtus et la fructification de l’année en cours pour les adultes. Les courbes sont celles prédites par le modèle. La mortalité moyenne observée par taille de portée selon les différentes fructifications est également représentée (± erreur standard). (c) 1.0 (b) 1.0 (a) 0.4 0.4 0.2 0.2 0.0 0.0 20 30 40 50 60 Dressed mass (kg) 64 Acorn-mast year No fructification Medium acorn mast-year Beechnust mast-year 0.6 0.6 0.8 0.8 3 4 7 70 80 2 4 6 8 Number of foetuses 10 Chapitre 2. Investissement reproducteur et allocation biaisée envers les mâles. Chapitre 2 : High maternal expenditure may decrease male-biased allocation in polygynous ungulates Summary: In polygynous species, males are generally larger than females and explanations tend to focus on the advantages of large body size for direct male–male competition over access to fertile females. Moreover, parents, primarily mothers may also influence the sexual size dimorphism of their offspring through differential investment. Among polygynous and dimorphic vertebrates, ungulates have been especially well studied to test whether mothers adjust their offspring sex-ratio according to their body condition. To explain some controversial results shown in previous studies, Byers and Moodie (1990) suggested that it may exist a trade-off between sex-biased maternal care and the total amount of maternal expenditure allocated in reproduction but this hypothesis was not supported by analyses at the interspecific level. In this study, we tested this hypothesis at the intraspecific level on wild boar (Sus scrofa scrofa). Our results highlight that (1) a detectible sexual size dimorphism already occurs within foetal litters and (2) a tendency for a decreasing sexual size dimorphism within a litter with an increasing litter size. The last result might show that there is a trade-off between the magnitude of male-biased allocation of maternal care and the absolute level of maternal expenditure for large litters. If confirmed, this result would be the first empirical support of the Byers and Moodie’s hypothesis at the intraspecific level . Key words: parental investment; maternal care; reproductive tactic; sexual selection; sexual size dimorphism; wild boar; Sus scrofa Sabrina Servanty, Jean-Michel Gaillard, Eric Baubet & Serge Brandt. High maternal expenditure may decrease male-biased allocation in polygynous ungulates. En preparation. 65 Partie 2. L’allocation maternelle. 1 Introduction In polygynous species, males and females are under contrasted selective pressures, which lead to differences in body composition and morphology between sexes (Andersson 1994 for a review). Although the direction of sexual size dimorphism (SSD) usually reflects sexual selection (Loison et al. 1999); ecological factors (Shine 1989) or reproductive output (Carranza 1996) may also shape the degree of SSD in Vertebrates. In highly dimorphic polygynous species, male mating success mainly depends on fighting ability, endurance and fighting success (Clutton-Brock et al. 1980; Andersson 1994). In such a context, males benefit from maximizing adult body size, leading to a high risk-high benefit life history tactic (Clutton-Brock 1991). However, both sexes share most of the genes that control growth and SSD arises through a sex-biased expression of these genes during development (Badyaev 2002). Parents, primarily mothers, may also influence SSD of their offspring through differential investment (sensu Trivers 1972). Hence, Trivers and Willard (1973) proposed that in polygynous species when males show a greater variance in reproductive success than females, high quality mothers can provide greater investment in sons than in daughters providing that (i) extra-investment by mothers benefit more to sons than daughters, (ii) a pathway links maternal and offspring quality and (iii) adult quality is related to offspring quality. Indeed, in such conditions fitness returns for a better than average mother is greater when she provides an extra-investment in males because early growth often determines final adult body size (Case 1978; Shine 1990; Kruuk et al. 1999b; Pettorelli et al. 2002). Among polygynous and dimorphic vertebrates, ungulates have been especially wellstudied to test these assumptions (see Hewison & Gaillard 1999; Sheldon & West 2004 for reviews). However, previous studies have shown inconsistent results in this respect. While sex-biased maternal expenditure has been reported in some species (e.g. red deer, Cervus elaphus: Kruuk et al. 1999b), no between-sex differences in maternal care have been found in others (e.g. pronghorn, Antilocapra americana: Byers 1997). To account for possible contradictory results among species, Byers and Moodie (1990) postulated that the total maternal expenditure may limit the magnitude of the between-sex difference of maternal care that mothers could allocate. Ungulates are an appealing group to test that hypothesis because (1) they have a higher reproductive output relative to their size than most others mammals (Pontier et al. 1993) and (2) female reproductive output varies widely among ungulate species (Robbins & Robbins 1979). Hence, according to the Byers & Moodie’s 66 Chapitre 2. Investissement reproducteur et allocation biaisée envers les mâles. hypothesis, we should expect that son-biased energy allocation provided by mothers is constrained in species that have high reproductive output, because mothers cannot allocate extra-resources to males (Byers & Moodie 1990). While such a prediction has not been supported by analyses at the inter-specific level (Pélabon et al. 1995), it has not been yet tested at the intraspecific level although Bigersson (1998) suggested that in fallow deer (Dama dama) this hypothesis could account for the observed difference in maternal care between young mothers and old mothers. We aimed here to test the Byers and Moodie’s hypothesis at the intraspecific level on wild boar (Sus scrofa scrofa, L.) an especially relevant model in that context because it is highly polygynous and dimorphic in size (Pépin et al. 1987; Gallo Orsi et al. 1992) and has much larger reproductive output (mean litter of 4.6; Mauget 1982; Carranza 1996) compared to similar-sized ungulates (usually one offspring per litter, Hayssen et al. 1993). Thereby, according to Byers & Moodie (1990), in wild boar more than in any other ungulate, mothers should face a trade-off between total maternal expenditure and the magnitude of malebiased allocation of maternal care. A previous study of sex ratio variation showed that malebiased litters were negatively related with the increase in litter size (Servanty et al. 2007), which leads to expect that the Byers & Moodie hypothesis could be supported in this species. From a large sample of wild boar females collected over more than 20 years, we tested the differences in maternal expenditure according to litter size. 2 Material and methods 2.1 Study area The Châteauvillain-Arc-en-Barrois forest in eastern France (48°02’N; 4°55’E) covers 11.000 ha and is composed of 41% oak, Quercus sessiflora, and 30% beech, Fagus sylvatica. A National forest of 8 500 ha constitutes the core of the forest while periphery (2.500 ha) is private or communal. The study area is surrounded by a cultivated plain and a highway is bordering the North-East side, limiting exchanges with other populations. Wild boar, red deer and roe deer (Capreolus capreolus) are present in the forest. The population size of all these three ungulates is controlled by hunting and in 2003 the game hunting bags was of 250 roe deer, 250 red deer and 760 wild boars in the national part of the forest. Each year between October and February, wild boars inhabiting the national part of the forest are intensively hunted during week-ends by using drives. Hunters are posted 67 Partie 2. L’allocation maternelle. around the hunted area (a patch of 250-500 ha) and wait for wild boars which are flushed out by trackers and flushing dogs. In 2003, an average of 44.7 ± 22.7 wild boars have been culled per hunted week-end. 2.2 Data collection Since 1984, each harvested animal is eviscerated and weighed (± 1kg, carcass weight after all the digestive system, heart, liver, lungs, reproductive tract and blood have been removed). Age is assessed by tooth eruption and replacement patterns (Matschke 1967; Baubet et al. 1994). We considered three main age classes (Pedone et al. 1991): young (less than one year of age), yearlings (between one and two years) and adults (older than two years). For each reproductive tract and when gestation has already begun, we counted the number of foetuses and sexed them visually from a length of 40-45 mm (i.e. about one month of gestation, Mauget 1980). Each foetus was also weighed (± 1g) and measured in foetal position (length from snout to tail in the largest length (± 1mm), Henry 1968). In wild boar, many studies have stressed a clear relationship occurs between the fall mast production and the restart of oestrus cycle in females in relation to changes in the quantity and quality of resource available (Matschke 1964; Mauget 1982; Groot Bruinderink et al. 1994). Thereby the gestation could start during the hunting season from early October to late February. Thus important variation in gestation stages occurred among females throughout the hunting season. To account for among-foetus differences due to development stages, we distinguished four stages of gestation based on foetal growth (Mauget 1980; Vassant et al. 1994): Stage 1: [35mm-100mm[, between 32 days and 63 days of gestation Stage 2: [100mm-200mm[, between 63 days and 98 days Stage 3: [200mm-250mm[, between 98 days and 112 days Stage 4: ≥ 250 mm In our analyses, litter size was used as a measure of the total maternal expenditure allocated to offspring. Foetus mass or length were used as an index of early maternal care so the mean differences between males and females among a litter was considered as the measure of the magnitude of male-biased allocation of maternal care. 68 Chapitre 2. Investissement reproducteur et allocation biaisée envers les mâles. 2.3 Data analysis To test whether sexual size dimorphism occurred among foetuses within a litter, we used a Wilcoxon test for paired data. Only litters including both males and females were included in the analysis. We looked for an inverse relationship between total maternal expenditure (i.e. litter size) and an extra-investment in males by the mothers after controlling for the stage of gestation. Our analyses involved three steps. First, the changes in length and mass of foetuses according to gestation stage and litter size were tested by a two-way ANOVA. Then we corrected both the length and the mass of foetuses for differences in the stage of gestation (i.e. obtaining a length or weight for a foetus at a given stage). We estimated for each litter the mean sex-specific difference of length and weight (i.e. mean length or weight of males within a litter minus mean length or weight of females within the same litter). Finally, in order to test the Byers & Moodie’s hypothesis, we regressed the mean betweensex difference in litter size for both length and weight against the litter size. 3 Results 3.1 Sexual size dimorphism Since 1984 until the hunting season 2004-2005, data for 221 (for weight measurements) and 219 (for length measurements) litters were obtained. Litter size varied between 2 and 14 foetuses (mean: 5.6 ± 0.1 SE). We discarded data obtained for litter size of 11 and 14 because only one litter of each size was found. Within litters, males were on average 4.9% heavier (t220=6.63, p<0.00001) and 1.1% larger (t218=4.86, p< 0.0001) than females. Hence, a male-biased prenatal care did occur in this wild boar population. Within a litter, mothers provided in utero more care toward their sons than towards their daughters. 3.2 Test of the Byers and Moodie’s hypothesis For both length and mass there was no interaction between stages of gestation and litter size (F14, 194 = 0.65, p = 0. 8235 for length and F14, 196 = 0.91, p = 0.549 for weight). The effects of stages of gestation (F3, 194 = 233.59, p < 0.0001 for length; F3, 196 = 251.09, p < 0.0001 for mass) and of litter size (F9, 194 = 10.63, p < 0.0001 for length; F9, 196 = 7.55, p < 0.0001 for mass) were additive (Table 2.5). We then 69 Partie 2. L’allocation maternelle. standardised length and mass for the stage 2 of gestation (stage1: length + 68.78mm, weight + 169.89g; stage3: length - 68.68mm, weight - 378.14g; stage4: length - 116.97mm, weight – 725.997g). There was a trend for a decreasing mean difference between males and females within a litter when litter size was increasing (Figure 2.5). Although not significant, there was a negative relationship (r = -0.394, p = 0.1469 for mass; r = -0.4977, p = 0.0863 for length). So there might be a trade-off between total maternal expenditure (i.e. litter size) and extra maternal care in males in wild boar. Table 2.5 : Mean foetal mass and length observed (± 1 error standard) in wild boars according to litter size and stage of gestation. The numbers of litters in each category are indicated in italic in brackets. Litter size Mass (4) Stage 1 of gestation Stage 2 of gestation Stage 3 of gestation Stage 4 of gestation 10.17 ± 3.22 (3) 254.00 (1) Length (4) 50.83 ± 7.595 (3) 161.50 (1) Mass (23) 24.79 ± 4.16 (11) 148.00 ± 24.14 (12) Length (23) 72.51 ± 4.72 (11) 132.72 ±6.44 (12) Mass (28) 32.17 ± 5.17 (3) 227.05 ± 27.44 (23) 659.50 (1) 994.0 (1) Length (27) 81.42 ± 3.29 (3) 152.375 ± 6.75 (22) 219.00 (1) 265.75 (1) Mass (56) 27.07± 3.03 (22) 193.74 ± 21.27 (27) 588.04 ± 47.78 (5) 929.3 ± 104.5 (2) Length (55) 74.61 ± 3.61 (21) 143.61 ± 5.05 (27) 214.84 ± 5.69 (5) 266.10 ± 6.70 (2) Mass (49) 24.25 ± 4.93 (12) 196.30 ± 21.98 (31) 539.33 ± 25.53 (4) 891.0 ± 5.67 (2) 2 3 4 5 6 Length (49) Mass (26) 70.57 ± 4.97 (12) 142.90 ±5.63 (31) 49.025± 21.89 (17) 182.74 ± 33.18 (13) 209.875 ± 4.34 (4) 255.08 ± 0.58 (2) 639.89 ± 52.86 (4) 7 Length (26) 81.72± 6.67 (17) 137.99 ± 7.30 (13) 224.18 ± 9.13 (4) Mass (18) 35.84 ± 4.21 (7) 306.21 ± 34.50 (9) 578.065 ± 30.81 (2) Length (18) 84.59 ± 3.86 (7) 168.39 ± 7.81 (9) 215.69 ± 5.31 (2) Mass (7) 21.445 ± 9.445 (2) 171.36 ± 53.34 (5) Length (7) 70.89 ± 11.22 (2) 137.11 ± 12.59 (5) Mass (2) 42.35 ± 20.55 (2) 8 9 10 Mass (2) 70 85.10 ± 13.60 (2) 6 4 2 0 -2 -4 2 4 6 8 10 Mean difference in weight between males and females (g) Mean difference in length between males and females (mm) Chapitre 2. Investissement reproducteur et allocation biaisée envers les mâles. 30 25 20 15 10 5 0 -5 Litter size (foetuses) 2 4 6 8 10 Litter size (foetuses) Figure 2.5 : Relationship between wild boar litter size (number of foetuses) and (A) the mean between-sex differences in length (± 1 standard error) within a litter, (B) the mean between-sex differences in weight (± 1 standard error). The dotted line indicates the expected relationship when no sexual dimorphism occurs within a litter. 4 Discussion Within a litter, males were on average heavier (4.9%) and larger (1.1%) than females. During gestation, maternal expenditure was thus higher for males than females and males grew faster in utero than females or there was a differential allocation tactic in sexes (e.g. Arnould et al. 1996). The between-sex differences in weight were lower in our study than those reported in a wild boar population in Spain (7.6%, Fernández-Llario et al. 1999). 71 Partie 2. L’allocation maternelle. This may involve sex-specific differences in the sensitivity of foetal growth to environmental conditions (Pélabon et al. 1995). We found that mean between-sex differences in weight and length tended to decrease as litter size increased after we accounted for differences among stages of gestation (Figure 2.5). As the maternal output increased with increasing litter size, the absolute level of maternal expenditure seems to limit the ability of males from large litters, relatively to females, to grow as fast as males from a small litter (Byers & Moodie 1990). Thus, differential maternal allocation in favour of males decreased as litter size increased. This result is the first empirical support of the Byers & Moodie’s hypothesis at the intraspecific level. When producing large litters (Figure 2.5), mothers cannot afford an extraallocation to their sons. It may be possible that observed differences in mass or length would not be due to differential maternal expenditure but rather to differential resource allocation by foetuses (i.e. male assimilate energy more efficiently, Arnould et al. 1996). However, as between-sex differences vary according to the amount of maternal allocation, a mother-drive process is more likely. The decreasing allocation to males relative to females, when the maternal expenditure spent in reproduction increases, could account for the difference in the average between-sex differences in weight reported between Spain (Fernández-Llario et al. 1999) and France (this study). In Spain the mean litter size was 3.69 while in our study mean litter size was 5.6 suggesting that wild boar females studied in France allocated more resources to reproduction than those studied in Spain. In a previous study, Servanty et al. (2007) found that the foetal sex-ratio was negatively related with litter size but not with maternal mass. This results on sex-ratio also support the Byers & Moodie’s hypothesis. Indeed, in large litters not only mothers cannot afford an extra-allocation to their sons but also they produce more daughters. Both these results would seem to demonstrate that there is a trade-off between the magnitude of malebiased allocation of maternal care and the absolute level of maternal expenditure for large litters which emphases the importance of adjustment according to litter size (Byers & Moodie 1990; Frank 1990; Carranza 2004). Between-sex differences in size and mass should have implications in subsequent development and they should increase up to weaning. Indeed, in domestic pig the largest piglets usually occupy the most productive teats (Bøe & Jensen 1995) because there are better competitors within the litters and because milk intake is correlated with piglet mass 72 Chapitre 2. Investissement reproducteur et allocation biaisée envers les mâles. (Bøe & Jensen 1995). The establishment of a teat order observed in pigs could limit competition among piglets (Algers 1993) and improve milk distribution (Dostálková et al. 2002). In our wild boar population, Gaillard et al. (1992) did not report between-sex differences in postnatal growth in the first six months of age indicating that the maternal extra-expenditure in favour of male, at low and average litter sizes, occurs primarily in utero. After birth, piglets of both sexes may grow at the same rate but the differences observed in utero should still persist. In this way, males should still be larger than females within a same litter. However, for large litter size between-sex differences should be less pronounced. Lastly, our study has the powerful advantage to use a precise and suitable measure of maternal expenditure: information relative to foetuses. Although the level of maternal expenditure is lower during gestation than during lactation (Oftedal 1985; Clutton-Brock et al. 1989), the variables related to lactation or postnatal growth rate may provide only poor indices of the level of maternal expenditure. For instance, when young are born, it is difficult to tease apart the relative roles of sex-biased maternal expenditure and of individual variations in growth due to a differing physiology or time budget between sexes (Glucksmann 1974; Clutton-Brock et al. 1985; Arnould et al. 1996; Cameron 1998). Here, the information relative to foetuses are relevant to test whether sex-biased maternal expenditure is related to the energetic constraints on total expenditure during a reproductive event (e.g. Byers & Moodie 1990). 73 Partie 3 : La dynamique de population 75 Comment établir un bilan démographique ? Comment établir le bilan démographique d’une population ? Un des objectifs de l’étude démographique d’une population est de pouvoir quantifier sa croissance. Dans le cas d’une population structurée (en âge et en sexe par exemple) et pour laquelle, le cycle de vie peut être représenté sur un pas de temps annuel ou saisonnier, la méthode classiquement retenue est d’utiliser une méthode matricielle (Leslie 1945 ; Caswell 2001 pour une revue récente) qui prend en compte les variations des paramètres démographiques selon la structuration de la population (Tuljapurkar & Caswell 1996). Chez les grands mammifères, le cycle de vie est généralement centré sur les femelles de la population puisque ce sont elles qui représentent essentiellement le potentiel reproducteur et donc le potentiel de croissance de la population. Cette représentation fait l’hypothèse néanmoins que les mâles ne sont pas en quantité limitante lors de la reproduction, ce qui est généralement le cas pour les espèces avec un système d’appariement de type polygyne. Figure 3.1 : Schéma du cycle de vie d’une femelle de grand mammifère (d’après Gaillard et al. 2000). NV : nouveaux-nés, JS : jeunes sevrés. Ces deux stades représentent la phase juvénile. 1 an : jeunes femelles entre un et deux ans, SA : sub-adulte (femelles entre deux et trois ans), A : femelles adultes, AS : femelles adultes sénescentes. Les flèches horizontales représentent les probabilités de survie avec : la survie pré-sevrage, la survie post-sevrage, la survie entre un et deux ans, la survie des femelles de plus de deux ans jusqu’à la sénescence (entre deux et sept ans pour des mammifères de tailles moyennes comme le chevreuil, le mouflon d’Amérique Ovis canadensis et entre deux et douze ans pour une espèce comme le cerf élaphe ; Gaillard et al. 2000) et enfin, la survie des femelles sénescentes. Les flèches courbées représentent la reproduction. Chaque classe d’âge a une fécondité particulière qui est le produit de la probabilité de se reproduire avec le nombre moyen de jeunes produits. Ici, la sexe ratio est considérée comme équilibrée. Le nombre moyen de jeunes produits est donc divisé par deux pour obtenir le nombre de femelles produites. A un instant t au cours d’une année, une femelle appartenant à une classe d’âge donnée va se reproduire avec une certaine probabilité et produire un certain nombre de jeunes (Figure 3.1). La sexe ratio est généralement considérée comme équilibrée (0.5 ; 77 Partie 3. La dynamique de la population. Figure 3.1) mais il est tout à fait possible d’intégrer une sexe ratio biaisée. Les individus dans chaque classe d’âge ont également une probabilité particulière de survivre et de passer dans la classe d’âge supérieure (Figure 3.1). Ce cycle de vie peut ensuite être utilisé pour écrire une matrice de transition ou de projection où tous les paramètres (survie, fécondité) sont intégrés. Si le nombre d’individus par classe d’âge est connu au temps t, il est alors possible d’estimer combien d’individus par classe d’âge seront présents au pas de temps suivant, c’est-à-dire au temps t+1. Bien que la matrice de transition soit constituée de paramètres moyens par classe d’âge et donc que la variabilité inter-annuelle ne soit pas prise en compte, les propriétés de cette méthode sont intéressantes. Lorsque le temps t tend vers l’infini, la croissance de la population va tendre de façon exponentielle vers une valeur asymptotique. C’est cette valeur qui représente le taux de multiplication de la population (noté λ) et il peut être obtenu en calculant la plus grande valeur propre positive de la matrice de projection. Lorsque λ est supérieur à un, la population est en croissance et lorsqu’il est inférieur à un, la population est en décroissance. Enfin, lorsque λ est égal à un, la croissance de la population est nulle et l’effectif de la population reste constant∗. Il est également possible de connaître la contribution de chaque classe d’âge à la reproduction et la proportion que représente chacune au sein de la population en calculant les vecteurs propres associés à la plus grande valeur propre. Une autre caractéristique de la démographie de la population est le temps de génération. Il peut être calculé de plusieurs manières mais l’âge moyen des mères au moment de la naissance de la progéniture (Tb, sensu Leslie 1966) est la mesure la plus appropriée (Lebreton & Clobert 1991 ; Gaillard et al. 2005). En effet, le calcul de Tb∗∗ est fonction de tous les paramètres démographiques du cycle de vie (Charlesworth 1994). De plus, une fois le régime asymptotique atteint, l’inverse de Tb va mesurer l’augmentation du nombre de génération par unité de temps (année ou saison) et peut donc être interprété comme une vitesse de renouvellement de la population (Leslie 1966). ∗ Il existe plusieurs mesures du taux de croissance d’une population. Lorsque je parle du taux de multiplication, je parle du λ. Il est possible de parler aussi du taux de croissance exponentiel (exponential growth rate) qui est égal à ln (λ) et qui est noté généralement r. Enfin, λ-1 (per capita change) peut également être utilisé pour calculer le taux de recrutement net une année donnée (Gaillard et al. In press). ∗∗ Tb = ∑i×l ×m ×λ i i −1 avec i l’âge de la mère, li la probabilité de survivre de la naissance jusqu’à i l’âge i, mi le nombre de filles engendrées par une femelle d’âge i (Charlesworth 1994). 78 Comment établir un bilan démographique ? Néanmoins, pour effectuer le bilan d’une population, il faut de toute évidence pouvoir attribuer des valeurs aux différents paramètres ! Les trois prochains chapitres sont donc consacrés à l’estimation des différents paramètres du cycle de vie du Sanglier. Dans le chapitre 1, nous avons quantifié les proportions de femelles reproductrices et étudié leurs patrons de variations en fonction des caractéristiques individuelles comme le poids et l’âge mais également des facteurs de variation environnementale comme les ressources disponibles et les conditions climatiques. Dans le chapitre 2 sont exposées les méthodes mises en place et les résultats obtenus pour estimer la survie entre la naissance et le sevrage. Le chapitre 3 est consacré à l’estimation des taux de survie selon les classes de sexe et d’âge. Nous avons utilisé les développements récents des analyses de CMR pour différencier la mortalité naturelle de la mortalité due à la chasse. Ce n’est qu’une fois ces paramètres estimés que le bilan démographique de la population a été effectué (Chapitre 4) et qu’un modèle appliqué à la gestion a été mis en place (Chapitre 5). 79 Chapitre 1. Les proportions de femelles reproductrices. Chapitre 1 : Facteurs influençant la reproduction des femelles∗ Sabrina Servanty, Carole Toïgo, Jean-Michel Gaillard, Eric Baubet & Serge Brandt. Pulsed resources and climate-induced variation in reproductive traits of a temperate large mammal. En preparation. 1 Introduction Age and size at maturation are important life history traits, shaping the demographic tactics of mammals (Gaillard et al. 1989; Gaillard et al. 2005) through their influence on survival, reproductive effort and growth, offspring survival and length of the reproductive lifespan (Roff 1992; Stearns 1992). Therefore factors affecting the distribution of those traits in the population may influence expected individual fitness, and can profoundly affect population size fluctuations and the genetic potential for evolution dynamics within the population (Lande 1982). Hence, understanding which factors are influencing the variation of age at first breeding and which factors are generating temporal variation in the breeding pattern is crucial for both the development of management strategies and the understanding of the effects on dynamics of mammals. The age at first breeding can be easily assessed via the analysis of ovulation and birth rates, which are the most typical measures of reproductive performance in mammals (Langvatn et al. 1996 in red deer Cervus elaphus; Sand 1996 in moose Alces alces). In several ungulates, age at maturity and to some extent fecundity, are condition-dependent: body mass predicts quite well age at maturity (Millar 1977; Wootton 1987) and most large mammals have to attain a critical body mass above which females have an increasing probability of breeding (see Gaillard et al. 2000 for a review). Local climate and food resources are thus important determinants of life history (Sæther 1997; Gaillard et al. 1998). and the onset of sexual maturity in females is very sensitive to food availability (Langvatn et al. 1996). ∗ Les résultats préliminaires de cet article ont fait l’objet d’une communication orale lors du 5ième Symposium International sur le Sanglier et les Suidés, à Cracovie en Pologne en Septembre 2004 (voir Annexe 4) 81 Partie 3. La dynamique de la population. Our study aims to quantify the reproductive parameters throughout the breeding season in a wild boar (Sus scrofa) population using a long-term data set (1983-2005) on ovulation of hunted sows. Variation in age at first breeding and in fertility may have a higher impact on the rate of increase in populations with a short generation time than in populations with a long generation time (Gaillard et al. 2005), and is thus expected to be a stronger driver of wild boar population dynamics. Actually, the critical body mass threshold above which females can reproduce is attained at a relatively low percentage of the asymptotic adult body mass compared to other ungulates (Table 3.1). Wild boar have a hence precocious reproduction, wild sows being able to conceive as early as eight months of age (Mauget et al. 1984). Moreover, wild boar have a high fertility with a mean litter size as high as five (e.g. Náhlik and Sándor 2003; Boitani et al. 1995; Servanty et al. 2007), when most other similar-sized ungulates produced singletons. Accordingly, wild boar exhibit a shorter generation time than other ungulates, and this characteristic is accentuated in our study population because of a strong harvesting pressure (Gaillard et al. 1987). Previous studies showed that wild sows sexual maturity is determined by resource availability (Matschke 1964; Mauget 1982; Pépin & Mauget 1989) and highlighted the importance of mast. However tree-mast is a typical pulsed resource (e.g. Ostfeld and Keesing 2000) which fluctuate from year to year and to our knowledge, no study analysed the long-term trend of variation in breeding proportions yet. Here, we analysed long term data on ovulation to identify the factors shaping yearly and age-specific variation in reproductive output. Our study encompassed a period of wide variation in temperature and precipitations, and with marked fluctuations in tree mast. We tested the relative influence of intrinsic factors (age and body mass) and extrinsic factors (resource available in winter, climate factors known to influence plant phenology in spring and summer) on female reproduction. Since we expected age-dependent interactions with climate and resources (Gaillard et al. 1998; Gaillard et al. 2000), we assessed breeding proportion for three different age-classes: juvenile, yearling and adult females. We expected that heavier females would have a greater probability to breed and that the probability would increase throughout the hunting season since more and more females would become reproductive and get in oestrus during winter. We also expected that available resources should positively influence reproduction: the higher is the availability of resources, the higher the proportion of breeding females is to be. Moreover, as reproduction involves costs in terms of subsequent reproduction and changes in body mass, we also expected that 82 Chapitre 1. Les proportions de femelles reproductrices. resources available the year before a given year would interact and influence the next breeding proportions. 2 Material and methods 2.1 Study area and hunting procedure The study was conducted in the 11,000 ha Châteauvillain-Arc en Barrois forest (Haute-Marne), in the North-Eastern part of France (48°02’N; 4°55’E). In this area, the climate is intermediate between the continental one found in eastern France and the oceanic one of the Parisian Basin. During the last 20 years, the mean annual rainfall was 890mm and mean monthly temperatures ranged from 2°C in January to 18.5°C in August (Météo France). This caducifolious forest is mainly composed of oak, Quercus sessiflora (41%) and beech, Fagus sylvatica (30%). The forest clump is administratively divided into two parts: (1) the 8,500 hectares core, which is managed by The Office National des Forêts and divided by forest trails into plots of about 15 ha, and (2) the 2,500 hectares periphery, which are private or communal. The study area is surrounded by a cultivated plain and bordered by a highway at the North-East, limiting exchanges with other ungulate populations. The three ungulate species present in the forest (i.e. wild boars, red deer and roe deer) have no natural predators, but are consistently hunted each year (between October and February). The number of hunted wild boar increased regularly during the last 20 years, with a minimum of 165 in 1986 and a maximum of 1261 in 1996. Supplemental feeding (in most cases, maize Zea mays) is mainly provided in the national part of the forest during June and July to reduce wild boar damage on agricultural crops. The quantity of grain supplied can reach between 500 kg and one ton by day during this period. Moreover, maize is also provided every two or three days from October to April in years with no mast production in order to prevent an exponential increase of the damage on the fields and/or meadows. 83 Partie 3. La dynamique de la population. Table 3.1 : Body mass at first reproduction and adult body mass for ten ungulate species. Percentage of the asymptotic size at which females reproduce for the first time was then calculated. On average, females ungulate reproduce at 78.02 % ± 9.045 SD. Bighorn sheep (in bold in the table) was excluded from the mean calculation since Festa-Bianchet et al. (1995) showed that body mass was not a good predictor for the first reproduction. The asterix indicated that the body mass in the considered study was dressed mass. For bighorn sheep, data were obtained from two different studies but they were done at the same study site. Species Roe deer (Capreolus capreolus) Reindeer (Rangifer tarandus) Red deer (Cervus elaphus) Mouflon (Ovis gmelini musimon) Alaskan Moose (Alces alces gigas) Moose (Alces alces) Bison (Bison bison) Moutain goat (Oreamnos americanus) Bighorn sheep (Ovis canadensis) Wild boar (Sus scrofa) 84 Body mass at first reproduction Adult body mass % of the asymptotic size Study site Reference 18.1 kg 21.2 kg 85.4% France Gaillard et al. 1992b 34.3 kg* 63.455 kg 47 kg* 45 kg* 44.70 kg* 71.3 kg 67.2 kg* 60 kg* 76.7% 89% 69.9% 75% Norway (North Ottadalen) Norway (Riast/Hylling) Belgium France Reimers et al. 2005 Weladji et al. 2002 Bertouille and De Crombrugghe 2002 Bonenfant et al. 2002 12-15.5 kg* 21 kg* 57.1-73.8% France Garel et al. 2005 340 kg 450 kg 75.55% Alaska Schwartz and Hundertmark 1993 120 kg* 140 kg* 150 kg* 180 kg* 178 kg* 180 kg* 66.7% 78.65% 83.33% Sweden Norway Norway Sand 1996 Sæther et al. 1996 Solberg et al. 2004 325-375 kg 424 kg 76.65-88.44% USA Green & Rothstein 1991 62-66 kg 72-75 kg 86.1-88 % Canada Côté and Festa Bianchet 2001 26 kg° 55 kg 47.27% Canada ° Jorgenson et al. 1993 Festa-Bianchet et al. 1995 20-22.5 kg* 63 kg* 31.74 - .35.71% France Gaillard et al. 1993, this study Chapitre 1. Les proportions de femelles reproductrices. 2.2 Data collection In the national part of the forest, the mass, the ovaries, and the reproductive tract of all culled females have been collected from the hunting season 1983/1984 onwards. We measured the dressed mass (± 1kg) after the animal has been eviscerated (i.e. without the digestive system, heart, lung, liver, reproductive tract and blood). In this study, dressed mass which is approximately 80% of total live body mass (Gaillard et al. 1993; Mattioli and Pedone 1995; Baubet 1998 for a review) measured the maternal body condition. In seasonal breeders like wild boar, the reproductive state can be determined from reproductive tracts and ovaries (see Langvatn 1992 on red deer; Sand 1998 on moose; Abaigar 1992 on wild boar). Rut begins generally in mid-December but it can happens early when there is an acorn mast production (Matschke 1964; Mauget 1980; Aumaître et al. 1982, 1984; Vassant et al. 1994). Ovaries were examined and sagitally cut to observe (1) the presence of Graafian follicle which indicated that females were in oestrus and/or (2) the presence of corpora lutea which indicated a recent ovulation (Langvatn 1992; FernándezLlario et al. 2004; Fernández-Llario 2005). Finally, the presence of embryos or foetuses in the reproductive tract clearly indicated that females were pregnant. Then, the reproductive state of all females was classified into two categories: reproductive (either in oestrus, or having ovulated or pregnant) vs non reproductive (when none of these states was observed). Age was assessed according to tooth eruption and replacement patterns (Matschke 1967; Baubet et al. 1994). Three main age classes have been considered: (1) juvenile (less than one year of age), (2) yearling (between one and two years of age) and (3) adult (older than two years of age). Diet composition was assessed by the analysis of stomach contents throughout the year and notably during the hunting period (Brandt et al. 2006). This data set was used to characterize indirectly food availability for each year, creating a composite food index. Wild boar are opportunistic omnivores, but their diet is primarily composed of vegetable food, and, when available, oak and beech mast is highly preferred to any other food resource, and namely to agricultural crops (Schley and Roper 2003 for a review). In this way, four categories of year were distinguished (Table 3.2): (1) years with high oak mast production when acorn represented 75-90% of stomach contents during the hunting season (2) years 85 Partie 3. La dynamique de la population. with medium oak mast production when acorn represented 50-65% of stomach contents (3) years with high beech mast production when beechnut represented 65-85% and lastly (4) years with no mast production when maize was the preferred item (15-55%) whereas acorn or beechnut represent less than 3% (see Bieber and Ruf 2005 for a similar approach). Climatic data were provided by Météo France. Temperatures were obtained from the Villiers-le-Sec’s weather station and precipitations were obtained from the Châteauvillain’s weather station. As weather may affect quality and abundance of forage during critical periods for females such as lactation and thereby influence timing of reproduction, we examined the influence of mean spring and summer temperatures and precipitations. Mean spring temperatures and precipitations were calculated from April to June; the period during which those variables should influence plant growth in the temperate study habitats (Geisser and Reyer 2005) and thus affect timing of availability and quality of forage. Mean summer temperatures and precipitations were calculated from July to September, the period during which climatic conditions affect the green forage duration and when females show a seasonal inhibition of reproduction (Mauget 1982). During our study, precipitations and temperatures were particularly variable (Figure 3.2): (i) total spring rainfall varied more than three-fold (101 mm-385 mm) (ii) total summer rainfall varied almost three-fold (103 mm-285 Figure 3.2 : Climatic conditions during spring and summer since 1983. Spring rainfall is represented by the punctuated histogram and summer rainfall by the shaded histogram. Spring temperature is the curve with square and summer temperature is the curve with triangle. 86 Chapitre 1. Les proportions de femelles reproductrices. mm), (iii) mean spring temperatures ranged from 8°C to 15°C, (iv) mean summer temperatures ranged from 15°C to 19°C. 2.3 Data analysis We wanted to test whether between-individual differences in the onset of oestrus were generated by individual traits such as age or dressed mass and by extrinsic factors such as month, mast production (during the given year, during the year before, and an interaction of both) and climate. Since a strong effect of age on reproduction has been consistently highlighted and different responses of the reproductive pattern to climate and resources fluctuations are expected (Gaillard et al. 1998; Gaillard et al. 2000), we conducted separate analyses for the three age-classes. To test for a possible interaction between mast production during the year of hunting and during the previous year, we created a new variable (called MIXTURE here after) that incorporated information about alimentation for the two years (Table 3.2). During our study period, nine different cases of MIXTURE were observed. However, due to (i) small sample sizes and (ii) cases that happened only once (e.g. no fructification followed by a beechnut-mast year, two consecutive years with no fructification) analyses were performed only on six cases that were possible to consider to test for a potential effect of MIXTURE on breeding proportion (Table 3.2). Although our data set was reduced to test for a potential effect of MIXTURE (1518 vs 1666 individuals), the inclusion of this variable significantly improved our results (AIC=1279.9 when MIXTURE was considered vs AIC=1614 when only additive effects of mast production during the current and the previous years were taken into account). Since only small samples of females were available each year in October and February, those two months were not included in further analyses and we thus considered November, December and January. The response variable (reproductive status of the female) followed a binomial distribution and we fitted generalised linear models with a logit link function in an ANCOVAlike procedure (see Festa-Bianchet et al. 1998 for details). Model selection was based on Akaike Information Criterion with adjustment to correct for small-sample bias (AICc; Burnham & Anderson 1998) which is well adapted to perform comparisons between nonnested models. The most parsimonious model (i.e. lowest AICc) was selected as the best 87 Partie 3. La dynamique de la population. model. When the difference in AICc was lower than two, the parsimony criterion was then used and the simplest model was retained (Burnham & Anderson 1998). Residual deviance was always less than the associated numbers of degrees of freedom, so we had no indication of overdispersion (McCullagh and Nelder 1989). The proportion of explained variation by the selected model was calculated as recommended by Schemper (1990). All analyses were performed with R 1.7.1. (R Development Core Team 2004). Table 3.2 : Number of females for which the reproductive stage was identified for each year (hunting season) and for each age class. We also indicated the observed mean dressed mass for each age class and hunting season (± 1 SE). The mast production for the considered hunting season is also indicated. A: Acorn-mast year; AA: Average acorn-mast year; B: Beechnut-mast year; N: No fructification. MIXTURE is the combination between the mast production the previous year and the mast production the current year. For instance, in 1983/1984, MIXTURE is AB since 1982/1983 was an acorn-mast year (A) and 1983/1984 is a beechnut-mast year (B). Cases that were considered in the analyses are indicated in bold. Hunting Season Juvenile Yearling Adult 1982/83 1983/84 1984/85 1985/86 1986/87 1987/88 1988/89 1989/90 1990/91 1991/92 1992/93 1993/94 88 Mast production MIXTURE A 21 30 9 28.95±0.99 47.47±1.41 59.67±3.27 11 8 5 29.18±1.06 45.75±3.09 56.80±3.43 9 7 4 22.61±0.90 48.43±2.11 65.25±1.44 12 4 2 29.42±1.31 49.25±2.87 71.5±2.50 31 12 6 33.42±1.29 52.75±2.69 65.83±2.50 35 16 9 28.57±0.94 49.69±1.44 67.56±2.97 66 17 16 27.92±0.57 50.29±1.63 66.00±2.09 118 35 19 29.91±0.76 49.74±1.23 61.11±1.73 13 9 6 24.00±1.13 41.22±1.26 62.33±3.74 51 0 27.78±0.71 25 2 79.5±0.50 5 5 32.12±1.74 51.60±1.69 65.40±1.44 B AB AA BAA N AAN B NB AA BAA N AAN A NA B AB N BN AA NAA N AAN Chapitre 1. Les proportions de femelles reproductrices. Hunting Season Juvenile 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04 2004/05 33 Yearling Adult 6 4 26.88±0.95 47.17±2.23 67.00±7.78 36 9 4 31.75±1.1 50.00±1.63 76.50±5.50 2 31.00±7 1 29.00 43 29 18 45.00±1.20 59.28±2.53 19 14 49.16±1.30 59.00±1.92 57 32 28.58±0.62 45.05±0.90 59.31±1.93 34 33 24 29.47±1.04 50.61±1.30 60.33±1.67 46 31 23 23.20±0.59 44.16±1.25 54.91±1.61 75 39 39 25.75±0.60 47.21±1.17 59.41±1.61 73 40 22 31.85±0.83 48.38±1.09 63.55±1.93 38 66 30 25.00±0.68 45.97±1.04 60.73±1.47 93 22 13 26.46±0.56 48.27±1.30 62.52±3.03 Mast production MIXTURE AA NAA B AAB N BN N NN A NA B AB N BN A NA B AB AA BAA B AAB 3 Results 3.1 Juvenile females The selected model explained 39.6% of the observed variation in the proportion of reproductive females (Table 3.3a). Body mass had a positive effect on the breeding probability and the rate of breeding females increased throughout the hunting season (Table 3.3a). 89 Partie 3. La dynamique de la population. Table 3.3 : Model selection for proportion of breeding females during the study period: 19832005. For each model (number within parentheses), the table gives the terms included in the model, the AICc, the difference in degree of freedom (df) between models that are compared. The models compared at each step and the model selected at the end of the analysis are indicated. W: dressed mass; M: month of hunting; A: age class; MIXTURE: combination of the alimentation the current year and the previous year (see Table 3.2). Table 3.3a: Model selection for juvenile females. 39.6% of variation was explained by the selected model. Tested models AICc Δdf Global model: (1) Logit (breeding proportion) = W +M + MIXTURE + Tspring + Rspring + Rsummer + Tsummer + W*M+ M*MIXTURE + W*MIXTURE 672.25 (2): (1) - M*MIXTURE 675.665 10 (3): (1) - W*MIXTURE 670.38 5 (4): (1) - W*M 671.76 2 (5): (3) - W*M 669.6 2 (6): (5) -Tspring 672.05 1 (7): (5) - Rspring 670.03 1 (8): (5) - Rsummer 675.82 1 (9): (5) - Tsummer 677.72 1 (10): (5) - W 893.73 1 Selected model: Logit (breeding proportion) = W +M + MIXTURE + Tsummer + M*MIXTURE 668.90 Moreover, whatever the available resources, there was a threshold body mass for the onset of breeding among juvenile females, but this threshold was dependent on food availability. In January in most years, less than 10% of juvenile females were breeding when they weighed 20 kg (Figure 3.3). However, this proportion increased to 20%-30% when an average acorn year was followed by no fructification (AAN), or when no fructification was followed by an acorn year (NA; Figure 3.3). Among the climatic data, only mean summer temperature improved the fit of the model and breeding success increased with increasing temperature (Table 3.4a). The effect of MIXTURE on proportion of breeding females suggested that there was a time-lag in the onset of breeding according to available resources (Figure 3.4). Indeed, for example when MIXTURE is BN (i.e. current year is characterized by no fructification whereas the year before was a beechnut mast-year), no females are reproductive in December whereas more than 40% are already reproductive in November when MIXTURE is NA. In January, when we considered the mean observed dressed mass (i.e. 28.7 kg), between 40 and 80% of juvenile females were reproductive. 90 Chapitre 1. Les proportions de femelles reproductrices. Table 3.3b : Model selection for yearling females. 42.2% of variation was explained by the selected model Tested models AICc Δdf Global model: (1) Logit (breeding proportion) = W +M + MIXTURE + Tspring + Rspring + Rsummer + Tsummer + W*M+ M*MIXTURE + W*MIXTURE 420.50 (2): (1) - M*MIXTURE 394.97 10 (3): (1) - W*MIXTURE 406.12 5 (4): (1) - W*M 397.77 2 (5): (2) - W*M 393.04 2 (6): (2) - W*MIXTURE 398.77 5 (7): (5) -Tspring 404.76 1 (8): (5) - Rspring 401.44 1 (9): (5) - Rsummer 398.82 1 (10): (5) - Tsummer 402.68 1 Selected model: Logit (breeding proportion) = W +M + MIXTURE + Tspring + Rspring + Rsummer + Tsummer + 393.04 W*MIXTURE Table 3.3c : Model selection for adult females. 59.8% of variation was explained by the selected model Tested models AICc Δdf Global model: (1) Logit (breeding proportion) = W +M + MIXTURE + Tspring + Rspring + Rsummer + Tsummer + W*M+ M*MIXTURE + W*MIXTURE 192.73 (2): (1) - M*MIXTURE 180.37 10 (3): (1) - W*MIXTURE 198.39 5 (4): (1) - W*M 200.15 2 (5): (2) -Tspring 199.65 1 (6): (2) - Rspring 185.69 1 (7): (2) - Rsummer 190.40 1 (8): (2) - Tsummer 204.77 1 Selected model: Logit (breeding proportion) = W +M + MIXTURE + Tspring + Rspring + Rsummer + Tsummer + 180.37 W*M+ W*MIXTURE 91 Partie 3. La dynamique de la population. 3.2 Yearling females The selected model explained 42.2% of the observed variation in the proportion of reproductive yearling females (Table 3.3b). As in juvenile, body mass had a positive effect on the breeding probability and the rate of breeding females increased throughout the hunting season (Table 3.4b). However, the relationship between body mass and probability of breeding was not so pronounced as in juveniles, suggesting that most females (82-100%) would reproduce independently of their body mass at the end of the hunting season. All of the considered climatic data improved the fit of the selected model (Table 3.3b). Mean spring temperature and rainfall were negatively correlated to breeding proportion whereas mean summer temperature and rainfall were positively correlated (Table 3.4b). The effect of MIXTURE on proportion of breeding females was more pronounced than in juveniles and highlighted a delay for becoming reproductive (Figure 3.5a). For example, when MIXTURE is AB (i.e. the current year is a beechnut mast-year whereas the year before was an acorn mast-year) less than 20% of females were reproductive whatever was their body mass whereas when MIXTURE is NA between 80 and 100% of the females were already reproductive. 3.3 Adult females The selected model explained 59.8% of the observed variation in the proportion of reproductive adult females (Table 3.3c). Unlike juvenile and yearling, body mass alone did not explained variation in breeding proportion. So, at the end of the hunting season adult females would be reproductive (i.e. between 98 and 100%) independently of their body mass (Figure 3.4). Like in yearlings, all of the climatic conditions that were tested greatly improved the fit of the model and the relationship was the same as in yearling with a decrease in breeding proportion when spring temperature and rainfall increased and an increase in breeding proportion when summer temperature and rainfall increased (Table 3.4c). Delayed ovulation is also highlighted depending on the available resources (Figure 3.5b). For example, when MIXTURE is BN between 0 and nearly 80% of females were reproductive whereas when MIXTURE is AAN (i.e. the current year is characterized by no fructification whereas the year before was an average acorn year) more than 70% already ovulated. However unlike yearlings, proportion of reproductive females in November were decreasing with the increase in body mass when MIXTURE is AB (Figure 3.5b). Moreover in November, for a same dressed mass, proportion of reproductive yearlings were higher than adult females in three cases: AAB, BAA, BN (Figure 3.5). 92 Chapitre 1. Les proportions de femelles reproductrices. Table 3.4 : Estimated parameters (± SE) for the selected model (See Table 3.3 and Results). Table 3.4a: Estimated parameters for juvenile females. Parameters Estimates SE p-value -14.523 2.990 <0.00001 Dressed mass 0.266 0.023 <0.00001 December 0.949 0.437 0.030 January 1.148 0.426 <0.01 MIXTURE: AAN -3.184 1.196 <0.01 MIXTURE: AAB -0.417 0.551 0.449 MIXTURE: BN -7.852 8.602 0.361 MIXTURE: BAA -1.468 0.681 0.031 MIXTURE: AB -4.099 0.658 <0.00001 Mean summer temperature 0.394 0.163 0.015 (Intercept) December*MIXTURE: AAN 2.28970 1.37391 0.09560 January*MIXTURE: AAN 1.34351 0.00720 3.61068 December*MIXTURE: AAB -0.03546 0.72463 0.96097 January*MIXTURE: AAB -0.29726 0.71717 0.67852 December*MIXTURE: BN -0.23990 14.64008 0.98693 January*MIXTURE: BN 6.33651 8.62277 0.46243 December*MIXTURE: BAA -1.08731 0.87495 0.21398 January*MIXTURE: BAA 0.28188 0.91308 0.75754 December*MIXTURE: AB 1.67367 0.76239 0.02814 January*MIXTURE: AB 3.58968 0.76526 2.72e-06 93 Partie 3. La dynamique de la population. Table 3.4b: Estimated parameters for yearling females. Parameters 94 Estimate SE p-value (Intercept) -7.662 3.501 0.029 Dressed mass 0.110 0.055 0.045 December 1.637 0.3245 <0.00001 January 3.951 0.4495 <0.00001 MIXTURE: AAN -0.906 5.749 0.875 MIXTURE: AAB -10.596 6.804 0.119 MIXTURE: BN -4.993 3.5395 0.158 MIXTURE: BAA -6.389 3.124 0.0409 MIXTURE: AB 0.767 2.777 0.782 Mean spring temperature -0.594 0.182 0.001 Mean spring rainfall -0.009 0.003 0.002 Mean summer rainfall 0.011 0.004 0.006 Mean summer temperature 0.731 0.233 0.002 Dressed mass*MIXTURE: AAN -0.040 0.120 0.736 Dressed mass*MIXTURE: AAB 0.176 0.154 0.253 Dressed mass*MIXTURE: BN 0.002 0.078 0.977 Dressed mass*MIXTURE: BAA 0.049 0.067 0.464 Dressed mass*MIXTURE: AB -0.106 0.062 0.087 Chapitre 1. Les proportions de femelles reproductrices. Table 3.4c: Estimated parameters for adult females. Parameters Estimate SE p-value (Intercept) -9.424 6.086 0.121 Dressed mass -0.055 0.053 0.295 December -11.567 3.915 0.003 January -5.088 7.813 0.515 MIXTURE: AAN -8.055 14.647 0.582 MIXTURE: AAB -14.461 8.106 0.074 MIXTURE: BN -17.446 5.622 0.002 MIXTURE: BAA -16.235 5.147 0.002 MIXTURE: AB -3.043 4.217 0.470 Mean spring temperature -1.423 0.347 <0.00001 Mean spring rainfall -0.015 0.006 0.008 Mean summer rainfall 0.023 0.007 0.001 Mean summer temperature 1.931 0.428 <0.00001 Dressed mass*December 0.219 0.066 <0.0001 Dressed mass*January 0.189 0.143 0.188 Dressed mass*MIXTURE: AAN 0.118 0.230 0.608 Dressed mass*MIXTURE: AAB 0.161 0.137 0.241 Dressed mass*MIXTURE: BN 0.190 0.090 0.034 Dressed mass*MIXTURE: BAA 0.179 0.079 0.023 Dressed mass*MIXTURE: AB -0.033 0.069 0.634 95 Partie 3. La dynamique de la population. Figure 3.3 : Proportion of breeding juvenile females in January in relation to dressed mass and the combination of alimentation (MIXTURE; see Table 4.2). Predicted curves are corrected for the mean observed summer temperature (i.e. 17.29°C). 96 Chapitre 1. Les proportions de femelles reproductrices. Figure 3.4 : Effects of months and of MIXTURE on proportion of breeding females (see Table 3.2). The average ± 1 SE is represented. November is represented by black circles, December is represented by squares and January by triangles. Here, predicted means for each age-class are corrected by the mean observed body dressed mass in each age-class (i.e. 61kg for adults, 47.3 kg for yearlings and 28.4 kg for juveniles) for the mean observed spring temperature in juveniles (i.e. 12.82°C) and the mean observed summer temperature (i.e. 17.29°C), mean summer rainfall (i.e. 192.73 mm), mean spring rainfall (i.e. 219.75 mm) in yearling and adult. In this way, we represented here the “average” climatic conditions that influence females to breed. 97 Partie 3. La dynamique de la population. Figure 3.5: Proportion of breeding in November in yearling (a) and adult females (b) in relation to dressed mass and the combination of alimentation (MIXTURE; see Table 3.2). Predicted curves are corrected for the mean observed spring temperature (i.e. 12.82°C) and the mean observed summer temperature (i.e. 17.29°C), mean summer rainfall (i.e. 192.73 mm), mean spring rainfall (i.e. 219.75 mm). Beware of the scale of the x-axis. 98 Chapitre 1. Les proportions de femelles reproductrices. 4 Discussion In our population, most yearling and adult females (90-100%) are reproductive at the end of the hunting season irrespective of their dressed mass or the available resources (Figure 3.4). Although this trend was suggested by previous studies in wild boar (Mauget 1982; Groot Bruinderink et al. 1994; Massei et al. 1996), we clearly show here that once sexual maturity has been reached, nearly every female attempt to reproduce every year. This result has also been observed in other ungulates (Gaillard et al. 2000 for a review; but see Weladji et al. 2002) although age at primiparity is generally at two or three years. Our results highlight also the importance of juvenile females in reproduction. Indeed, although there is a threshold weight around 20 kg (i.e. 26.8 kg live-weight; Landry in Gaillard et al. 1993) above which yearling females will reproduce, up to 80% of juvenile weighing 28 kg (i.e. mean observed dressed weight for this age-class) are reproductive in January (Figure 3.3). Juvenile females reproduce at a higher level compared to other sites in France such as la Petite Pierre and les Dhuits (Gaillard et al. 1987). This threshold mass may be the result of a trade-off between growth and reproduction (e.g. Stearns 1992) and seems to demonstrate that our study site (i.e. the national forest of Châteauvillain-Arc en Barrois) is particularly rich since Pépin & Mauget (1989) reported a threshold weight of 35 kg (i.e. 28 kg dressed mass) for females raised in captivity and fed ad libitum. Interestingly in juveniles, little variation within months are observed while considering older females, we observed a high variation in breeding patterns between months (Figure 3.4). Timing of breeding may thus reveal recovery constraints from their former breeding season before restarting reproduction. Indeed for a same dressed mass, yearlings still reproduce at a higher proportion than adult females in three cases (Figure 3.5), but among yearlings there is a mixed between females that reproduce for the second time (i.e. first reproduction as juvenile so that they have already encountered lactation and the associated cost; Oftedal 1985) and others that reproduce for the first time (i.e. the resource allocation in growth and body reserve is longer) whereas among adult females, all were reproductive the year before. It shows that females must have sufficient energy and nutrients to meet high costs of a reproductive bout and then to recover from this energy expenditure before meeting another reproductive bout (Gittleman and Thompson 1988). Thereby, the delay in recovery may be explained by food level. Obviously, producing and rearing young may cause 99 Partie 3. La dynamique de la population. a negative energy balance among females that will not be totally compensated for by the end of the vegetative growing season. Hence, it may be possible that there is a mixed effect of capital and income breeding that will affect the breeding pattern (e.g. Jönsson 1997). A level of body reserve is needed to become reproductive (i.e. the capital) but the level of food the current year also determines the proportion of breeding females (i.e. the income) and this pattern varies also with age classes. The fact that MIXTURE is also significant for juvenile females shows the influence of maternal effects (e.g. Mousseau and Fox 1998; Lindström 1999) on the reproductive potential, and hence on recruitment of a mother’s offspring. Indeed, reproduction of juvenile females is both influenced by resources the current year and resources the year before (i.e. when they were in utero). Since mast production is an unpredictable and pulsed resource (e.g. Ostfeld and Keesing 2000), current level of food is a poor predictor of the level of food that juvenile will encounter at the time of their potentially first reproduction. It may be possible that the mother-offspring resemblance is higher when available resources are limited like it has been shown in red squirrel (Tamiasciurus hudsonicus) when spruce cones were limited (McAdam & Boutin 2003). This could explain the high proportion of juvenile females breeding when MIXTURE is AAN and on the contrary the low proportion when MIXTURE is BN (Figure 3.3; Figure 3.4). This compensation growth may also be confirmed by a preliminary analysis of growth rate of juvenile in our population that shows that growth rate of piglets during year with no fructification is nearly the same that the one associated with a good mast year (ONCFS, unpublished data). Finally, our results support the importance of environmental variation in determining the nutritional condition of females and ultimately their reproductive performance. While in Spain, drought condition is the climatic factor that most heavily influenced the proportion of breeding females (Fernández-Llario and Carranza 2000), it is not the case here, probably due to less limiting climatic conditions compared to a Mediterranean country. Although, precipitations during spring or summer do not influence reproduction, there is ample evidence that the timing of many phenological phases is mostly a function of temperature (Michael et al. 1992; Badeck et al. 2004) and that (i) the start of the thermal growing season in spring begin at about 5°C and (ii) the mean air temperature must be higher than 13°C to favour the growth of the thermophilic plants in summer (Jaagus and Ahas 2000). In wild boar, temperature in spring is negatively correlated with the proportion of yearling and adult females breeding (Table 3.4) which can be surprising at first sight since higher temperatures 100 Chapitre 1. Les proportions de femelles reproductrices. are known to speed up plant development (Saxe et al. 2001). Nevertheless two explanations can be advanced: (i) the leaf-stem ratios and the digestibility of plants decline more slowly with cooler temperature thus enhancing quality of the available diet (Langvatn et al. 1996) and (ii) the phenology of growth in many temperate bulbous plants appears to be controlled by their ability to grow at low temperature in early spring (Fenner 1998). Diet analyses of wild boar in our study site seem to confirm this result (Brandt et al. 2006). In contrast, higher temperature in summer influence positively reproduction (Table 3.4) since it is extending the vegetative growing season with the growth of plants that need higher temperature (Fenner 1998). In this way, a low temperature in spring and a high temperature in summer may underlie the association between climate and resources and reflect a climate-associated energy balance in females at this time of the year when nutritional plane and maternal body condition influence in utero growth, birth weight, lactation, and early juvenile growth. Hence, our study shows that timing of reproduction is greatly influenced by densityindependent factors operating through climate and food-resources. Furthermore, it highlights that multiparous females adjust the timing of a reproductive bout (i.e. short-term adjustment) and so a time delay will occur which is likely to generate some complex population fluctuations in the timing of birth and thus in juvenile growth. We also raise the importance of juvenile in reproduction which probably reflect the high hunting pressure in our study area. Indeed, if very few females survive more than two to four hunting seasons, a reproductive tactic is to increase reproductive success early in life and so, reproduction as juvenile would be favoured even if it had a negative effect on lifespan (Festa-Bianchet 2003). Our results can thus explained the fact that wild boar populations in France are still increasing despite high hunting pressure (Réseau des Correspondants, ONCFS-FDC). 101 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. Chapitre 2 : La survie juvénile pré-sevrage 1 Introduction La survie juvénile est une des composantes majeures à l’origine des variations du succès reproducteur à vie (Clutton-Brock 1988). Chez les grands mammifères, cette composante démographique peut être dissociée en la survie pré-sevrage (de la naissance à six mois en moyenne) puis post-sevrage, c’est-à-dire jusqu’à la fin de la première année de vie (Gaillard et al. 2000). Cette distinction en deux phases caractérise une indépendance progressive entre la survie du (des) jeune(s) et les soins maternels qui lui (leur) sont fournis (Gaillard et al. 2000b). Dans les milieux tempérés, la discrimination entre ces deux phases peut être réalisée via la distinction entre la survie estivale et la survie hivernale chez les jeunes. La difficulté chez les mammifères réside surtout dans l’estimation de la survie présevrage principalement à cause de problèmes techniques sur le terrain (difficulté de capturer les nouveaux-nés ; cabris des bouquetins (Capra ibex ibex) par exemple, Toigo 1998 ou même suite à des difficultés d’observations ; marmottons alpins (Marmota marmota) par exemple, Farand et al. 2002). Certaines études contournent cette difficulté en incluant la mortalité pré-sevrage dans l’estimation des paramètres de reproduction comme le nombre de jeunes produits par femelle (Gaillard et al. 1998) et donc dans l’estimation du recrutement au sein de la population. Ainsi, cette composante démographique est souvent associée à une sorte de « boîte noire » et les estimations de la survie juvénile reposent souvent sur celles de la survie post-sevrage alors même qu’il semblerait que le plus fort taux de mortalité juvénile soit associé à la survie pré-sevrage et même plus précisément pendant le premier mois de vie (Gaillard et al. 1998, 2000). Ce résultat a pu être mis en évidence grâce au suivi à long terme de nouveaux-nés marqués (Guinness et al. 1978 chez le cerf ; Gaillard et al. 1997 chez le chevreuil). Par ailleurs, il est désormais reconnu que comparativement à la survie adulte, la survie juvénile chez les grands mammifères itéropares est très variable et plutôt faible (Gaillard et al. 2000) alors que la survie adulte a été canalisée contre les variations environnementales au cours de l’évolution (Gaillard and Yoccoz 2003). Dans ce contexte, les variations de la survie juvénile pourraient être le paramètre « clé » responsable des fluctuations des effectifs d’une population (Coulson et al. 1997), ce qui démontre bien la nécessité d’évaluer ce paramètre démographique. Or à notre connaissance, aucune 103 Partie 3. La dynamique de la population. estimation de la survie pré-sevrage n’existe chez le sanglier et les estimations de la survie juvénile reposent donc essentiellement sur celles de la survie post-sevrage (Massei et al. 1997). En effet, au plus tôt, les marcassins commencent à être pris dans les pièges à l’âge de trois mois, voire légèrement plus tôt si les captures sont exclusivement orientées vers les marcassins. De plus, l’observation du nombre de jeunes produits par femelle ne peut pas vraiment être utilisée comme une estimation de la survie pré-sevrage, du fait de la structuration sociale. En effet, lorsque les jeunes sont généralement observés avec les femelles, la compagnie est déjà reformée et peut donc être constituée de plusieurs femelles reproductrices d’âges différents (Mauget 1980 ; Bouldoire & Vassant 1989 ; Cousse 1994 ; Kaminski et al. 2005) ayant produit des tailles de portée différentes. De même, comme il est rare de réussir à observer plusieurs fois de suite une compagnie entière, c’est-à-dire avec tous les individus la constituant, il est relativement difficile de pouvoir estimer la survie des jeunes à partir de ces observations. Ainsi, bien que les laies puissent se reproduire à l’âge d’un an et donc que la contribution de la survie juvénile au taux d’accroissement de la population soit attendue à être plus marquée, ce paramètre démographique n’a jamais été estimé. Un des objectifs de cette thèse a donc été d’essayer d’obtenir une estimation de ce paramètre démographique. Toutefois, comme toute nouvelle expérimentation, les méthodes appliquées au début ont été actualisées et remaniées pour essayer d’améliorer les résultats d’une année à l’autre. Après trois années de travail, aucune estimation précise de la survie pré-sevrage n’a pu être obtenue mais la méthode commence à se mettre en place. Pour ces raisons, j’ai donc décidé de présenter les faits de façon chronologique (année après année) afin de montrer aux lecteurs la difficulté de travailler sur la faune sauvage en conditions naturelles et celle liée à la mise en place de nouvelles expérimentations. 2 Méthode générale D’après la littérature, les femelles gestantes sur le point de mettre-bas s’isolent du reste de la compagnie (Dardaillon 1984) et diminuent fortement leur activité locomotrice dans les 48H précédant la parturition (Janeau et Spitz 1984 ; Maillard 1996). De plus, elles construisent un « chaudron » dans lequel elles mettent-bas (Gundlach 1968 ; Dardaillon 1986 ; Brandt et al. 1997 ; Mayer et al. 2002 ; Fernandez-Llario 2004). Ce comportement, qui existe d’ailleurs toujours chez le porc domestique, semble avoir été peu modifié lors de la 104 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. domestication (Gustaffson et al. 1999) bien que les chaudrons construits par les porcs soient moins élaborés (Diong 1982). Les petits sont ainsi protégés des écarts de température et ils restent dans ce chaudron le temps d’acquérir complètement leur homéothermie (Nowak et al. 2000). Cet isolement dure au minimum une semaine (Gundlach 1968 ; Jensen 1986 ; Petersen et al. 1989 ; Stangel & Jensen 1991). Nous avons donc décidé d’essayer de capturer les marcassins dans leur chaudron de mise-bas. En plus de mesures biométriques (poids, longueur de tarse), l’objectif était de les équiper de transpondeurs (pour permettre leur identification lors de recaptures ultérieures) et d’émetteurs. Nous voulions d’une part évaluer la faisabilité de la manipulation : quelle est la réaction de la mère face à cette perturbation ? comment s’effectue son retour au chaudron ? et d’autre part observer les mouvements des marcassins et essayer de déterminer leur survie pendant leur premier mois de vie. En revanche, pour ceux qui ne survivraient pas, il serait alors possible de déterminer les facteurs à l’origine de leur mortalité. Deux types d’émetteurs ont été achetés chez la firme Biotrack : le modèle TW-3 pesant 10 grammes et TW- 4 plus petit, ne pesant que 5 grammes. 3 Saison de reproduction de l’année 2004 : Echantillonnage systématique et suivi par télémétrie de femelles équipées de colliers-émetteurs 3.1 Méthodes Cette première année, nous avons décidé de tester deux méthodes. Dans un premier cas, il s’agissait d’échantillonner une surface de façon systématique au cours de la période de reproduction. L’objectif de cette manipulation était double : d’une part, caractériser les zones où des chaudrons étaient trouvés et décrire ces derniers et d’autre part, si nous découvrions des marcassins à l’intérieur, essayer de les capturer et les marquer. Parallèlement à cet échantillonnage systématique, nous avons également suivi les femelles adultes équipées de colliers-émetteurs afin d’aller à leur approche lorsque leurs localisations indiquaient une stabilisation de leur domaine de bauge. 3.1.1 Méthodes de prospection de l’échantillonnage systématique Nous avons procédé à un échantillonnage systématique des parcelles forestières de notre zone de marquage (~1200 ha ; voir Figure 1.14 de la Partie 1) afin de trouver des chaudrons de mise-bas et potentiellement capturer des portées. Afin d’être le plus exhaustif 105 Partie 3. La dynamique de la population. possible et de bien couvrir le pic principal de mise-bas, nous avons décidé d’effectuer trois passages successifs pour rechercher les chaudrons. Tous chaudrons décrits lors d’un passage ont été identifiés spécifiquement à l’aide de peinture et sa localisation en coordonnées Lambert repérée à l’aide d’un GPS (Sportrak de Magellan) afin d’éviter des doubles comptages lors des passages suivants. Nous avons re-divisé notre zone de marquage en 11 zones de surface comparable puis nous avons tiré aléatoirement un ordre de prospection. Ces 11 zones ont été ensuite parcourues de façon systématique dans le même ordre aux trois passages, afin de laisser le même intervalle de temps entre les zones visitées. Pour optimiser les recherches et éviter de manquer le pic de mise-bas du fait d’un temps de prospection trop long, nous nous sommes organisés en deux équipes, de deux à cinq personnes selon les disponibilités journalières, qui exploraient deux zones différentes en simultané. Les parcelles (de forme rectangulaire) ont été prospectées par bandes parallèles. L’intervalle entre deux personnes était d’autant plus réduit que le couvert était dense. Dans des parcelles de taillis, un écart de 40 mètres était suffisant tandis que dans les parcelles fourrées, l’écart était réduit autant que nécessaire. Lorsque des cloisonnements sylvicoles espacés de 20-35 mètres étaient présents dans les parcelles, ils étaient préférentiellement utilisés. Dans les parcelles sans cloisonnement, nous suivions une direction parallèle aux layons délimitant la parcelle, à l’aide d’une boussole. A la fin de chaque traversée, nous procédions lorsque cela s’avérait nécessaire, à un ré-alignement de l’équipe de « traqueurs ». Lorsqu’un chaudron était découvert, la ligne de traque était stoppée. Nous relevions des informations descriptives sur les caractéristiques du chaudron ainsi que des informations décrivant l’environnement immédiat du chaudron et au niveau d’un point apparié dont la direction et la distance par rapport au chaudron étaient tirées aléatoirement. Les données relatives à la description des chaudrons ne seront pas, par la suite, abordées ici dans la mesure où cela se rapporte plus à l’étude de la sélection du site de mise-bas qu’à la quantification de la survie juvénile∗. 3.1.2 Détermination des périodes de prospection Afin de choisir la période de temps pour effectuer les trois passages, nous avons utilisé les résultats de l’analyse des tractus génitaux de la saison de chasse 2003-2004. Ainsi, ∗ Les résultats concernant la sélection du site de mise-bas ainsi que les caractéristiques du chaudron en lui-même ont d’ailleurs été présentés oralement lors du 5ième Symposium International sur le Sanglier et les Suidés, à Cracovie en Pologne en Septembre 2004 (Annexe 5). 106 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. à partir de 48 tractus de femelles gestantes, nous avons calculé les dates de mise-bas attendues à partir de la relation linéaire établie par Mauget (1980) entre la longueur et l’âge des fœtus (y = -6.18 + 1.85 x ; y : longueur fœtale en cm, x :âge fœtal en semaines ; N=34 fœtus pour 9 portées, r²=0 ;98) afin de prévoir le pic et l’étalement des naissances du printemps 2004. Ainsi, la majorité des mise-bas étaient prévues entre le 1ier Avril et le 15 Mai (Figure 3.6). Afin de maximiser le nombre de chaudrons trouvés, nous avons décidé de commencer la prospection pendant le pic de mise-bas et ensuite de réaliser un passage chaque mois d’avril à juin. Les périodes de prospection arrêtées ont été les suivantes : - du 08 au 22 avril - du 10 au 19 mai - du 14 au 28 juin Figure 3.6 : Prévision du pic de mise-bas et de l’étalement des naissances du printemps 2004, obtenue à partir de l’analyse des tractus génitaux des femelles au tableau de chasse. 3.1.3 Suivi des laies équipées de colliers émetteurs Nous avons également couplé cette recherche systématique avec un suivi plus intensif des laies adultes équipées de colliers émetteurs pendant cette période. En effet, les premiers enseignements de l’échantillonnage systématique nous ont montré qu’il était illusoire de vouloir trouver des chaudrons au hasard avec des marcassins encore inféodés à celui-ci et donc suffisamment petits et peu mobiles pour qu’ils puissent être capturés. En revanche, lorsqu’une laie semblait se stabiliser, c’est-à-dire lorsqu’elle était localisée plusieurs jours au même endroit, nous allions l’approcher avec une antenne à main avec pour objectif de capturer les marcassins au chaudron. 107 Partie 3. La dynamique de la population. 3.1.4 Marquage des marcassins au chaudron. Nous avons décidé de tester la méthode suivante pour maintenir les émetteurs sur les marcassins. Elle consistait à coller directement les émetteurs sur le poil des marcassins grâce à de la colle biologique utilisée chez les chauve-souris (Skinbond, BatGlue fournit par Biotrack). Cette colle, mélangée à un activateur, permet une fixation rapide et inoffensive sur la peau (cas des chauve-souris) ou sur les poils coupés à ras des marcassins. Pour augmenter les chances de succès, nous avons décidé de fixer d’abord une bande d’Élastoplasme sur le poil (en utilisant la colle biologique et son activateur) et de coller sur cette bande, l’émetteur. L’émetteur est ensuite protégé par une autre bande d’Élastoplasme qui le recouvre largement ainsi que la première bande. Afin de gêner le moins possible le marcassin dans ses mouvements, nous avons décidé de positionner l’émetteur en arrière de la tête, en parallèle à la colonne vertébrale. Nous supposions que cela limiterait les risques « d’accrochage » à la végétation ou de perte, supposés plus probables si le système était fixé en position ventrale. Figure 3.7 : Photographie d’un des chaudrons découvert avec des marcassins. Celui-ci a été construit au sein de la strate arbustive basse formée de semis de charmes et de hêtres, ce qui a permis aux marcassins de s’échapper très facilement et de se camoufler rapidement… 108 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. 3.2 Résultats Au total, cent chaudrons différents ont été découverts et décrits : - 5 chaudrons lors du premier passage - 54 chaudrons lors du second passage - 41 chaudrons lors du dernier passage. Le plus souvent, les chaudrons ont été découverts vides. Par deux occasions seulement, lors du second passage, une des deux équipes a surpris une laie et ses marcassins quittant le chaudron suite au bruit des « traqueurs ». Les tentatives de capture se sont soldées par des échecs. En effet, dans les deux cas, les marcassins se sont dispersés dans plusieurs directions en même temps. De plus, la strate herbacée et arbustive basse étaient denses, ce qui limitaient la visibilité d’une part et la progression d’autre part (Figure 3.7)… Figure 3.8 : Photographie du chaudron dans lequel les marcassins ont été trouvés et capturés. Le suivi des laies équipées de colliers émetteurs nous a permis de capturer une portée de cinq marcassins (Figure 3.8). Nous les avons pesés, sexés et équipés d’émetteurs (Tableau 3.5). Le lendemain, nous avons retrouvé des restes de pattes arrières ainsi que l’émetteur du plus petit de la portée. Les trois autres marcassins étaient avec leur mère dans une autre parcelle forestière de l’autre côté de la route départementale. Il semblerait donc que la manipulation ait conduit la mère à déplacer ses marcassins et que le plus petit 109 Partie 3. La dynamique de la population. (généralement qualifié de « cul de portée » ; Bouldoire & Vassant 1989) ait eu du mal à suivre le rythme du déplacement. Une autre alternative possible est que le renard ait profité de l’abandon du chaudron par la mère pour l’emporter et le consommer. Il est difficile de savoir si la prédation par le renard a eu lieu suite à notre dérangement ou si elle aurait eu lieu dans tous les cas. A première vue, il semblerait que notre dérangement en soit à l’origine. Le terrier auprès duquel l’émetteur a été retrouvé avec le reste du corps du marcassin, semblait être situé sur le chemin emprunté par la mère lorsqu’elle est revenue chercher ses petits pour les emmener dans l’autre parcelle. Il semblerait donc que la prédation ait eu lieu lors de ce déplacement. Toutefois, il est vraiment difficile de conclure et toutes les précautions doivent être prises par rapport à cette interprétation. Tableau 3.5 : Sexe, poids et longueur de tarse récoltés sur les portées de marcassins capturées au chaudron au cours de ces trois dernières années. Le devenir de chaque portée est également indiqué (pour de plus amples informations voir dans le texte). Date de capture 13 mai 2004 1ier mars 2005 14 avril 2006 8 mai 2006 Nom de la laie suivie Flore Vrille Samare Ambre Sexe Poids (g) Tarse (mm) Devenir des marcassins Mâle 1050 Mâle 700 Revus vivants avec la mère Mâle 980 le 19 mai Mâle 1030 Mâle 650 Mâle 1280 85 Abandonnés par la mère Femelle 1480 92 Retrouvés morts le 3 mars Mâle 1380 87 Femelle 940 Femelle 1340 87,5 Femelle 1270 84 Femelle 1170 85 Mâle 1390 88 Mâle 1300 89 Abandonnés par la mère Femelle 1020 80 Consommés par des renards Femelle 1020 82 Consommé par un renard Recapturés tous vivants en juin Cinq jours plus tard, deux émetteurs étaient retrouvés au sol. Le dernier émetteur quant à lui, n’a plus jamais été entendu. Le 19 mai, soit six jours après la manipulation, une approche nous a permis de revoir la mère en compagnie de ses quatre marcassins et accompagnée d’une autre femelle, accompagnée elle aussi de quatre marcassins plus petits. Nous avons donc eu confirmation que le dernier émetteur était tombé au sol et en panne. Notre manipulation n’a donc pas induit un abandon total de la portée et la perte de celle-ci. 110 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. 3.3 Discussion et modification du protocole pour l’année suivante Cette première année d’expérimentation nous a permis de définitivement exclure la méthode d’échantillonnage systématique comme méthode possible pour capturer des marcassins au chaudron. En effet, le problème n’est pas de trouver des chaudrons puisque ces constructions restent plusieurs semaines en état (Brandt S., comm. Pers. ; ONCFS données non publiées) mais bien de découvrir un chaudron avec des marcassins à l’intérieur ! Par cette méthode, cela s’avère beaucoup trop aléatoire et peu fréquent. Le premier passage effectué normalement pendant le pic de mise-bas nous a permis de constater que l’estimation effectuée à partir de l’analyse des tractus génitaux au tableau de chasse était incorrecte. En effet, seulement cinq chaudrons de mise-bas ont été découverts à ce moment-là alors que nous espérions en découvrir beaucoup plus. Les dates d’échantillonnage avaient été déterminées selon le pic de mise-bas estimé grâce à l’analyse des tractus génitaux. En revanche, lors du deuxième passage effectué entre le 10 et 19 mai, la majorité des femelles avait déjà mis-bas. Deux hypothèses peuvent venir étayer cette constatation : 1/ Il est possible que la courbe de référence de la croissance fœtale (Mauget 1980) utilisée pour estimer les dates de naissance des marcassins ne soit pas exactement transposable à celle caractérisant les conditions de développement intra-utérin des fœtus de notre milieu d’étude. En effet, Mauget (1980) a réalisé ses mesures sur la population de sangliers de Chizé (Deux-Sèvres ; France), milieu considéré comme pauvre par rapport à la forêt de Châteauvillain qui est très productive. La croissance fœtale à Chizé pourrait donc être plus faible que celle observée à Châteauvillain. Si c’est le cas, nous surestimons l’âge des fœtus, ce qui nous conduit bien à estimer un pic de mise-bas plus précoce que celui qui est ensuite observé. 2/ Il est possible aussi que l’estimation du pic de mise-bas à partir du tableau de chasse complet ne soit pas représentatif du fonctionnement de notre zone d’étude cette année-là. En effet, l’année 2003 a été caractérisée par des conditions climatiques très particulières avec un printemps et un été très chauds (+ 2.8°C en moyenne au printemps, +2.4°C en été ; Météo France, voir Figure 3.2 du chapitre précédent) et très secs (-114 mm en moyenne au printemps, -106 mm en été ; Météo France, voir Figure 3.2 du chapitre précédent). Il semblerait que le côté Est du massif et le côté Ouest aient été affectés de manière différentielle par cette sécheresse, avec le côté Est moins affecté (Serge Brandt 111 Partie 3. La dynamique de la population. Comm. pers.). L’analyse des contenus stomacaux semble révéler que la glandée de l’automne a été moins importante dans la partie Ouest par rapport à l’Est (Novembre : 15 estomacs contenant 91% de glands à l’Est vs 4 estomacs avec 34% de glands à l’Ouest ; Décembre : 15 estomacs avec 79% de glands à l’Est vs 6 estomacs avec 8.8% de glands). Le pic de mise-bas ayant été estimé à partir des tractus génitaux récoltés sur l’ensemble du massif, il est possible que le pic de mise-bas ait été estimé précocement du fait de cette différence en ressources alimentaires. Les femelles à l’Est du massif ont pu entrer en reproduction plus tôt que les femelles à l’Ouest du massif, ce qui semble avoir été le cas puisque des marcassins ont bien été observés mi-avril à l’Est (Berkane C, comm. Pers). Nous avons donc décidé, pour la reproduction de l’année 2005, d’axer notre méthode de capture de marcassins au chaudron sur le suivi intensif des laies équipées de colliers émetteurs pendant leur période de mise-bas potentielle. Pour maximiser le nombre de femelles suivies au moment de la mise-bas (printemps 2005), nous avons décidé d’orienter la fin de la saison de capture 2004 sur les femelles adultes afin d’en équiper un maximum avec des colliers émetteurs. Nous espérions ainsi anticiper les pertes lors de la saison de chasse 2004-2005. 4 Saison de reproduction de l’année 2005 : Suivi intensif des laies équipées de colliers émetteurs 4.1 Méthodes 4.1.1 Méthodes du suivi intensif et des approches Durant la période supposée de mise-bas, les femelles étaient localisées tous les jours de façon la plus précise possible. D’un jour à l’autre, les localisations étaient effectuées à partir des mêmes points repères afin de déterminer par triangulation si les laies avaient bougé ou non. Lorsqu’une femelle était localisée deux jours de suite exactement au même endroit, nous allions à l’approche le lendemain après-midi pour constater si elle était au chaudron et essayer de capturer les marcassins. Nous avons décidé d’aller les approcher l’après-midi quand les conditions climatiques s’avéraient favorables afin de limiter d’une part la période d’absence de la mère au chaudron et donc de minimiser les risques de pertes par mortalité liées à des déperditions thermiques, la faim et/ou éventuellement à de la prédation directe sur les marcassins plus vulnérables alors isolés et sans protection maternelle. 112 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. 4.1.2 Détermination de la période de suivi intensif De la même manière que l’année précédente, le pic de mise-bas a été déterminé à partir de l’analyse des tractus génitaux au tableau de chasse de la saison 2004-2005 et à l’aide de la courbe établie par Mauget (1980). Il faut signaler que lors de cette saison de chasse, une nouvelle règle de tir a été instaurée, interdisant de tuer les femelles faisant plus de 40 kg une fois vidées au lieu de 50 kg comme les années précédentes. L’analyse des tractus génitaux des femelles adultes et sub-adultes a donc été effectuée sur un échantillon encore plus réduit que les années précédentes, et le pic a été estimé à partir de 35 tractus (Figure 3.9). Figure 3.9 : Prévision du pic de mise-bas et de l’étalement des naissances du printemps 2005, obtenue à partir de l’analyse des tractus génitaux des femelles au tableau de chasse. Nous pouvons d’ores et déjà observer que le pic est beaucoup plus avancé que l’année précédente et est prévu courant février-mars. Cette constatation nous a amené à essayer de recapturer quelques femelles avant même que la saison de chasse 2004-2005 soit terminée afin d’augmenter notre effectif de laies adultes équipées de colliers émetteurs. En effet, depuis le début de la saison de chasse, nous avons perdu la moitié de l’effectif de femelles équipées de colliers et seulement huit en possèdent encore un. Il a donc fallu procéder rapidement à la remise en état des pièges, recommencer l’agrainage et retendre les pièges pour effectuer quelques tentatives de captures qui se sont malheureusement soldées par des échecs… 113 Partie 3. La dynamique de la population. 4.1.3 Méthode de marquage des marcassins et pose des émetteurs La pose des émetteurs directement sur le marcassin n’ayant pas du tout été une méthode probante, nous avons décidé de fabriquer des « sac à dos » qui contiendraient les émetteurs. Nous avons donc réalisé des mesures de cou et de thorax sur une portée de huit marcassins collectés dans le ventre de leur mère, suite à sa mort pendant la mise-bas. En effet, cette dernière a été trouvée avec le premier marcassin encore coincé au niveau de la ceinture pelvienne. A partir des mesures récoltées, nous avons confectionné différents types de « sac à dos » pouvant contenir soit un émetteur de 5 g, soit un émetteur de 10 g. Les lanières du « sac à dos » sont des élastiques sur lesquels sont également cousues des coutures de façon à ce qu’elles puissent céder au fur et à mesure de la croissance du marcassin (Figure 3.10). Ce principe de coutures découle de la méthodologie employée sur les colliers émetteurs élastiques, développés pour les animaux sub-adultes et adultes dans la station d’étude (Brandt et al. 2004). Différentes tailles ont été confectionnées afin de pouvoir l’adapter au mieux à la taille du marcassin capturé. Figure 3.10 : « Sac à dos » pour émetteur marcassin. 4.2 Résultats Les captures au chaudron ne se sont pas du tout déroulées comme prévu ! En effet, le pic de naissance a été très précoce cette année-là. Or malgré une tentative de capture en fin de chasse de laies adultes, le piégeage s’est révélé difficile (conditions alimentaires défavorables au piégeage) et n’a donc pas été couronné de succès. Notre échantillon de femelles suivies n’était donc que de huit alors même que plus d’une quinzaine possédait un collier avant le début de la saison de chasse. De plus, les conditions climatiques hivernales 114 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. ont été particulièrement rigoureuses mais tardives (début février), ce qui n’était pas arrivé depuis 25 ans en Haute-Marne. Ainsi, lorsque les naissances ont débuté, il y avait 20 cm de neige dans la forêt et les températures étaient extrêmes, descendant à –20, -25°C, la nuit en plaine (Figure 3.11) ! Figure 3.11 : Photographies prises fin février 2005 sur notre site d’étude. Les conditions climatiques, cet hiver-là, étaient extrêmes ! Nous avons néanmoins tenté une capture et réussi à capturer une portée de deux marcassins (Tableau 3.5). Malgré les nombreuses précautions prises : protection des marcassins contre le froid lors de la manipulation et relâché dans un chaudron spécialement rembourré de foin et préalablement chauffé grâce à des bouillottes, la manipulation s’est soldée par un échec. En effet, leur mère n’est pas revenue les rechercher…. Elle a traversé la route départementale et s’y trouvait encore le lendemain matin. Nous avons laissé passer la journée, les marcassins se déplaçant entre leur lieu de mise-bas et le lieu de capture et marquage, pourtant distant de plusieurs centaines de mètres. Quand nous avons décidé dans l’après-midi d’aller à nouveau recapturer les petits pour les re-déposer vers leur mère, ils étaient morts de froid. Nous avons donc suspendu l’expérimentation en attendant que les conditions climatiques s’améliorent. A la fin de cette période de neige et de froid intense, la majorité des femelles suivies par colliers émetteurs avait déjà mis-bas. Une tentative de capture d’une portée de trois marcassins a malheureusement échoué puisque uniquement deux marcassins sur les trois ont réussi à être capturés. Par précaution, nous avons préféré abandonner l’expérimentation. En effet, nous ne savions pas quel aurait pu être le comportement de la laie si un seul de ses marcassins l’avait rejoint alors que nous manipulions les deux autres. Dans le doute nous n’avons pas voulu prendre le risque que la 115 Partie 3. La dynamique de la population. mère ne revienne pas chercher les deux autres marcassins si le troisième avait réussi à la suivre ou à la retrouver. Nous ne savons pas exactement comment se comporte une laie en nature face à l’absence d’un de ses jeunes ou d’une partie de sa portée. Horrell & Hodgson (1992a) ont d’ailleurs montré chez le porc, que la femelle est incapable de reconnaître sa portée pendant les deux premières semaines suivant la naissance si ce n’est par l’identification du site de mise-bas ou par une reconnaissance olfactive de ses petits. Il est donc possible que si des marcassins n’arrivent pas à suivre leur mère alors que d’autres y arrivent, la femelle ne soit pas « consciente » que sa portée est incomplète (Nowak et al. 2000). Ce phénomène n’est pas forcément lié à un départ précipité du chaudron induit par un dérangement dans la mesure où il peut avoir lieu une fois que la reconnaissance « mèrejeune » s’est établie (Jensen 1986). Deux femelles ont encore été suivies jusqu’à la mi-juin et approchées régulièrement, mais nous ne les avons jamais observées au chaudron ou accompagnées de marcassins… 4.3 Discussion et modification du protocole pour l’année suivante Ce qui s’est passé cet hiver montre une fois de plus la difficulté à travailler sur la faune sauvage en milieu naturel et que nous ne pouvons pas forcément agir comme nous l’aimerions ! Les conditions climatiques très rigoureuses ne s’étaient pas produites depuis 25 ans en Haute-Marne (-3°C en moyenne par rapport à la température moyenne en février ; Météo France) et n’ont évidemment pas joué en notre faveur. Il est également difficile de pouvoir tirer des conclusions. En effet, il est possible que l’abandon de la portée par la mère soit dû à son manque d’expérience (Nowak et al. 2000) puisqu’il s’agissait de sa première portée en tant que sub-adulte. Il est possible également que les conditions climatiques exceptionnelles ne soient pas étrangères à cet abandon. Toutefois, il est intéressant de souligner que les marcassins, même seuls pendant 24H, n’ont pas été prédatés. Les « sac à dos » pour les émetteurs semblent donner de meilleurs résultats que le simple « collage » sur le poil dans la mesure où ils ont tenu le temps de cette « mauvaise » expérience. Nous avons donc décidé de continuer à utiliser cette méthode l’année suivante. De même, suivre intensément les laies équipées de colliers émetteurs semble être le moyen d’arriver à capturer des marcassins au chaudron. Nous avons donc reconduit cette méthode en intensifiant encore plus le suivi lors de la période de mise-bas présumée. 116 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. 5 Saison de reproduction de l’année 2006 : Suivi intensif des laies équipées de colliers émetteurs 5.1 Méthodes 5.1.1 Méthodes du suivi intensif et des approches La méthode appliquée est la même que celle appliquée en 2005. Par contre, nous avons encore intensifié le suivi en retournant localiser les laies la nuit, pendant leur période d’activité, lorsqu’elles avaient été localisées deux jours de suite aux mêmes endroits. En effet, nous avons constaté que les laies restaient parfois très peu de temps au chaudron (parfois juste 48H), ce qui pouvait nous amener à manquer la mise-bas. Il a aussi été constaté que les marcassins pouvaient être nidifuge très rapidement et qu’à quelques dizaines d’heures près, il devenait très difficile de tous les attraper. Ceux-ci s’échappent rapidement du chaudron et pas forcément tous dans la même direction, au moins au démarrage. Evidemment, plus le temps passe après la naissance, plus les marcassins deviennent agiles et rapides et les chances de captures deviennent très faibles. Ainsi, si deux localisations diurnes étaient similaires et que le suivi nocturne indiquait encore la femelle dans la même zone ainsi qu’une absence d’activité, alors une approche était tentée le lendemain après-midi si les conditions climatiques étaient favorables. En cas d’échec, et si la laie était encore localisée dans la même zone la nuit suivante, alors une autre tentative d’approche était à nouveau effectuée le lendemain. Pour optimiser le déplacement des participants lors de l’approche et afin d’encercler au mieux la femelle approchée dans les milieux fourrés ou avec une faible visibilité, des talkies-walkies ont été utilisés. Ce système permettait, grâce à des oreillettes, de communiquer en masquant au mieux les émissions sonores et de faire avancer de façon synchronisée les différents participants sous les directives de Serge Brandt qui déterminait, grâce à l’antenne portative, la position de la laie et du chaudron probable à quelques mètres près. 117 Partie 3. La dynamique de la population. 5.1.2 Détermination de la période de suivi intensif De la même manière que les autres années, le pic de mise-bas a été déterminé à partir de l’analyse des tractus génitaux au tableau de chasse de la saison 2005-2006 et à l’aide de la courbe établie par Mauget (1980). Ainsi à partir de 31 tractus, le pic de mise-bas pour le printemps 2006 est prévu en Avril-mai (Figure 3.12). La période du suivi intensif des laies équipées de colliers émetteurs a été arrêtée du 1ier avril au 15 mai. Figure 3.12 : Prévision du pic de mise-bas et de l’étalement des naissances du printemps 2006, obtenue à partir de l’analyse des tractus génitaux des femelles au tableau de chasse. 5.2 Résultats Bien que 18 femelles aient été équipées de colliers émetteurs pendant la saison de capture 2005, seulement neuf femelles en possédaient encore un à la fin de la saison de chasse 2005-2006. Durant la période de suivi intensif, une portée de cinq marcassins et une portée de quatre ont réussi à être capturées et marquées (Figure 3.13 ; Tableau 3.5). En revanche, le devenir de ces deux portées a été diamétralement opposé. La première portée capturée (celle de cinq marcassins) a bien été récupérée par leur mère. La totalité de la portée a survécu et a été recapturée dans les pièges lors de la saison de capture 2006. Un des marcassins a, par contre, perdu son « sac à dos » seulement deux jours après le marquage. La seconde portée a, quant à elle, été abandonnée par la mère et les marcassins ont été victimes d’un ou de renards. Deux autres portées ont réussi à être vues mais nous n’avons pas réussi à les capturer dans la mesure où nous sommes intervenus trop 118 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. tardivement. Les marcassins étaient déjà trop âgés et donc trop agiles et rapides ! Il faut également signaler que quatre femelles n’avaient toujours pas mis-bas à la fin de cette période de suivi intensif pendant laquelle était censé se dérouler le pic principal de mise-bas. Toutefois pour des contraintes techniques et de personnel il a été décidé de suspendre le protocole de suivi et donc la manipulation à partir du 15 mai. L’effort de recherche par la méthode d’approche a été quantifié. Ainsi, en moyenne, avec une voiture classique et une antenne à main, il faut environ 25 minutes pour localiser une laie (IC 95% = [21.51 – 27.42]). Cela correspond à une moyenne de quatre heures par jour pour localiser neuf laies gestantes (IC 95% = [3.58 – 4.57] ; Garnier 2006). Cependant, le temps passé à déterminer la position de chaque laie varie d’une part selon l’emplacement des parcelles (près d’une route ou non) et d’autre part selon l’utilisation du véhicule tout terrain ou pas et donc avec l’utilisation de l’antenne à main ou de l’antenne fixée sur le toit du véhicule. L’approche en elle-même d’une laie prend en moyenne 95 minutes pour arriver soit à observer la laie au chaudron, soit pour conclure que la femelle se défile rapidement et qu’elle n’est donc probablement pas accompagnée de marcassins en bas âge (IC 95% = [71.4 – 118.6] ; Garnier 2006). Figure 3.13 : Photographies d’un des marcassins capturés au chaudron et que nous avons équipé d’un émetteur avec un système de « sac à dos ». 5.3 Discussion Le suivi intensif des laies équipées de colliers émetteurs semble être une méthode prometteuse. En effet, deux portées ont réussi à être capturées et nous avons réussi à approcher deux autres portées bien qu’il était un peu trop tard pour réussir à capturer les marcassins. Vu que quatre femelles n’avaient toujours pas mis-bas à la fin de la période de suivi intensif qui avait été déterminée, la réussite de capture et de marquage a été de 50% ! Toutefois, cette méthode est très lourde à mettre en place en terme d’effort à fournir. En 119 Partie 3. La dynamique de la population. effet, il faut parfois effectuer plusieurs approches avant que celle-ci ne permette soit d’observer la femelle en compagnie de ses marcassins, soit de réussir à capturer la portée. De plus, le synchronisme des naissances entre les laies d’une même compagnie ou entre compagnies n’est pas aussi marqué que le signale la littérature (voir Kaminski et al. 2005). Ainsi, l’effort à fournir sur le terrain, pour le marquage des très jeunes individus, ne peut pas être très ciblé dans le temps comme cela est le cas pour d’autres espèces d’Ongulés comme le chevreuil par exemple où 80% des naissances ont lieu dans un laps de temps de 20 à 30 jours (Linnell et al. 1998). Les « sac à dos » semblent être un moyen efficace pour suivre par télémétrie les marcassins pendant leurs premiers jours, voire dans les premiers mois de vie. En effet seulement un « sac à dos » a tenu moins de deux jours. Toutefois, le système de couture demande à être retravaillé et amélioré. En effet, les marcassins ont été recapturés presque deux mois après le marquage et aucune couture n’avait cédé. Les élastiques avaient donc commencé à entailler leur peau. Ainsi, la solidité des coutures doit être suffisante pour éviter qu’elles cèdent dès que nous équipons un marcassin, mais elles ne doivent pas être trop robustes pour éviter ce genre d’incident. Il est difficile de déterminer pourquoi la mère de la portée de quatre marcassins n’est pas revenue les chercher. En effet, il s’agissait cette fois-ci d’une femelle adulte ayant déjà eu plusieurs portées. De même, les conditions climatiques n’étaient pas très défavorables le jour de la manipulation. Toutefois, les marcassins ont subi une forte averse orageuse. Aucune conclusion vraiment définitive ne peut donc être tirée quant aux conséquences de cette manipulation sur l’abandon de la portée dans la mesure où nous avons eu cette année, une portée qui a totalement survécu et une portée qui a été abandonnée. Bien qu’il reste encore des avancées à réaliser pour mettre au point cette méthodologie, les efforts à fournir dans le temps semblent d’ores et déjà rédhibitoires pour envisager cette expérimentation à large échelle. 6 Conclusions globales Cette expérimentation ainsi que les différentes méthodes utilisées au cours de ces trois années de thèse, bien que n’apportant aucune estimation de la survie pré-sevrage du marcassin, nous permettent néanmoins de tirer quelques conclusions. 120 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. Tout d’abord, cette expérience nous permet pour l’instant de réfuter une croyance souvent transmise et largement admise par une grande majorité (chasseurs, randonneurs…), qui affirme qu’une laie attaque et défend ses marcassins si un promeneur a l’audace d’approcher de trop près un chaudron ! Diderot et d’Alembert dans leur Encyclopédie ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers (1751-1772, Vol 14 p 619 ; Projet ARTFL de l’Université de Chicago [en ligne]) disaient déjà que « la laie ne se met en fureur que lorsqu'on attaque ses petits ». Ce fait est encore souvent relaté et transmis au grand public : « Une laie pressentant un danger pour ses marcassins, peut se montrer dangereuse et charger, ou attaquer un chien, de même qu'un adulte blessé. » (Page Wikipédia sur le Sanglier [en ligne]). Au cours de ces trois années, aucune attaque n’a été subie (!) alors même que la laie était bien présente et qu’elle ne partait qu’au dernier moment lorsque nous découvrions le chaudron. La distance de fuite était parfois très minime, quelques mètres nous en séparaient! Ce constat devrait donc soulager certains promeneurs qui redoutent de tomber nez à nez avec une laie accompagnée de marcassins ! De toute évidence, il est quand même préférable dans la mesure du possible d’éviter le dérangement trop important des chaudrons puisqu’il risque d’être fatal à la portée si la mère ne revient pas les chercher. L’abandon systématique de la portée après la manipulation, ne semble pas être la règle. Cependant, ce point qui a été longuement débattu lors de la mise en place des expérimentations (Observation personnelle ; E. Baubet Comm. pers.) pose encore des interrogations. Bien que cela soit arrivé pour deux portées, l’abandon de la portée en 2005 est peut être dû aux conditions climatiques exceptionnelles et au manque d’expérience de la mère (Nowak et al. 2000). Par contre, il est difficile de trouver des explications pour la portée qui a été abandonnée en 2006. Il apparaît aussi que la courbe de la croissance fœtale établie par Mauget (1980) nécessite d’être ajustée pour représenter la croissance fœtale de la population de Châteauvillain-Arc en Barrois. En effet, de nombreuses femelles suivies par collier émetteur n’ont pas mis-bas pendant le pic de mise-bas estimé à partir de cette courbe. L’explication la plus vraisemblable serait que cette courbe sous-estime légèrement la croissance des fœtus de notre site d’étude, habitat riche comparativement au site de Chizé dans lequel a été établie cette relation. Des données relatives à des embryons proches du terme ainsi que les poids moyens des marcassins âgés d’un ou deux jours, capturés au chaudron, semblent venir confirmer cette hypothèse. 121 Partie 3. La dynamique de la population. La laie ne reste probablement pas une semaine au chaudron comme cela est souvent affirmé par certains auteurs (Gundlach 1968 ; Jensen 1986 ; Peterson et al. 1989) et semble réintégrer très rapidement le reste de la compagnie, ce qui restreint fortement la fenêtre temporelle dans laquelle agir. Elle semble se stabiliser et limiter ses déplacements parfois à peine 48H alors qu’il était souvent affirmé que la laie ne se déplaçait pratiquement plus 48H avant la mise-bas en plus de la semaine au chaudron (Janeau & Spitz 1984 ; Maillard 1996). Chez les truies en conditions semi-naturelles, Jensen & Redbo (1987) semblent mettre en évidence que les conditions climatiques peuvent être déterminantes quant à la durée qu’une truie va rester au chaudron. Ces auteurs ont ainsi observé une truie abandonnant, au bout de trois jours, son chaudron détrempé par la pluie à la différence des autres truies qui l’ont quitté au bout d’une dizaine de jours. Il semblerait aussi que la compagnie ne se sépare pas forcément totalement pendant qu’une des laies met-bas. Nous avons effectivement eu le cas en 2005, d’une femelle suivie par collier émetteur qui ne s’est jamais séparée du reste de la compagnie alors qu’elle a bien eu une portée. Les autres femelles de la compagnie, également suivies par collier émetteur, sont restées aux alentours. Ce comportement a également été observé chez la truie en conditions semi-naturelles lorsque les conditions climatiques sont froides et humides (Jensen et al. 1993). Il semblerait aussi qu’une femelle construise plusieurs chaudrons de mise-bas au cours d’une saison de reproduction (Brandt et al. 1997). Les laies procéderaient soit à des essais de construction avant la mise-bas, soit plus tard à des amoncellements de végétaux pour abriter les marcassins. Plusieurs observations viennent entériner ce fait : 1/ En 2004, une laie équipée d’un collier-émetteur a été observée une première fois avec ses marcassins dans un chaudron construit à découvert au milieu d’une zone enherbée entre deux bandes de fourré. Deux jours plus tard, la mère et ses jeunes sont retrouvés 150 mètres plus loin, dans un amas conséquent de mousse, accompagnés d’une autre femelle de la compagnie et de ses marcassins. 2/ Une autre laie a été observée par deux fois avec ses marcassins dans deux chaudrons différents. 3/ Lors de l’échantillonnage systématique, nous avons trouvé plusieurs amas ronds de mousse d’un diamètre moyen de 40 cm, ainsi que des amoncellements de végétaux d’une taille inférieure à celle d’un chaudron moyen (Grosbety 2004). Certaines fois, une bauge aménagée se situait non loin de ces chaudrons en « miniature » qui semblent être des abris 122 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. à marcassins et qui permettent potentiellement de les isoler du sol lors des phases de repos. Ces observations rejoignent celle de Martys (1982) qui avait constaté que les laies pouvaient construire jusqu’à neuf chaudrons différents pendant les dernières semaines avant la misebas. Ce phénomène a également été décrit chez les truies en conditions semi-naturelles (Jensen 1986 ; Jensen et al. 1991) et Per Jensen appelle ces constructions des « mock nest », ce que l’on pourrait traduire par des « chaudrons blancs ». La malheureuse expérience de 2005 montre également une résistance assez surprenante des marcassins ainsi qu’une mobilité acquise précocement. L’observation de leurs déplacements pendant la journée qui a suivi leur capture nous permet aussi de vérifier les résultats obtenus par Horrell & Hodgson (1992b). Ces auteurs ont montré que les porcelets sont capables de discriminer leur environnement natal de façon très sûre et très précoce, entre 12 et 24 heures après leur naissance. Les deux marcassins ne se sont déplacés effectivement qu’entre les deux lieux qu’ils connaissaient déjà : leur lieu de misebas et leur lieu de capture. De plus, et malgré les prédispositions médiocres à la régulation thermique chez les marcassins, cet exemple montre que les marcassins ne semblent pas aussi fragiles que l’on aurait pu le penser jusqu’à maintenant. Ainsi, le rôle du chaudron pourrait avoir des fonctions autres que celle de régulateur thermique, ce qui pourrait aussi expliquer que la construction de chaudron soit assez systématique et ce, même en été lors de naissances tardives alors que les conditions de températures sont moins défavorables. Il faut néanmoins souligner que les deux marcassins ont été marqués le 1ier mars alors que la mise-bas de la mère a été soit le 26 ou le 27 février. Lors de la capture, les marcassins étaient alors déjà âgés de trois ou quatre jours. La prédation par le renard pourrait être un facteur important de la mortalité pendant les premiers jours de vie. Toutefois, cette composante nécessite de pouvoir être appréciée dans des conditions différentes, c’est-à-dire sans une sur-exposition de la portée au risque de prédation due à l’éloignement de la laie suite à notre dérangement. En effet, deux portées ont manifestement subi une action nécrophage, voire prédatrice de la part des renards. Il reste néanmoins difficile de statuer réellement sur le type d’action et le niveau réel de prédation que pourrait avoir le renard sur l’espèce Sus scrofa. Nous pouvons nous demander également si nous pouvons essayer de contrecarrer l’abandon de la portée par la mère en re-capturant les petits et en les rapprochant à nouveau de leur mère. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de tester cette possibilité. Il 123 Partie 3. La dynamique de la population. s’agirait dans ce cas, d’essayer de modifier le moins possible l’odeur des marcassins afin que la mère puisse les identifier comme étant sa portée dans la mesure où pendant les sept premiers jours, elle les reconnaît uniquement via son odorat (Horrell & Hodgson 1992a). Si lors d’une prochaine année, l’abandon d’une portée a encore lieu, nous pourrions quand même essayer de tester cette alternative puisque la portée est de toute manière condamnée. En effet, Per Jensen (1986) a observé chez la truie en conditions semi-naturelles, deux cas où des porcelets n’avaient pas réussi à suivre leur mère une fois qu’elle quittait le chaudron pour retourner avec les autres femelles du groupe et qui étaient donc restés dans celui-ci. Comme la mère ne revenait pas les chercher, ce sont les expérimentateurs qui les ont ramenés à son contact. L’acceptation des porcelets s’est faite sans problème même deux jours et demi après l’abandon… Il est difficile de préconiser une méthode sûre puisque les connaissances éthologiques sur les premières jours de vie sont absentes. Nous ne savons donc pas si les marcassins pourraient identifier et remonter la trace de leur mère s’ils étaient mis sur sa voie ou s’ils n’identifient réellement que les lieux qu’ils connaissent déjà (cas de l’année 2005). De même, nous ne savons pas exactement comment se passe le retour de la mère. Est-ce uniquement la mère qui revient au chaudron ? Emet-elle des vocalisations pour permettre à sa portée de l’identifier et celle-ci effectue alors une partie du chemin à sa rencontre ? Comment se font les déplacements lors d’une réaction de fuite suite à notre dérangement ? Est-ce que les marcassins reviennent au chaudron et attendent le retour de leur mère ou est-ce qu’ils se placent « en paquet » à proximité du chaudron ? Au vu de ces résultats, il est difficile pour le moment de pouvoir avancer un chiffre quant à la survie pré-sevrage. Une recherche un peu plus approfondie dans les données d’observations des compagnies a permis de trouver quelques données éparses concernant des laies marquées, observées au chaudron ou peu de temps après la mise-bas, pour lesquelles le nombre de marcassins a pu être établi avec précision et pour lesquelles les marcassins ont été ré-observés par la suite. Ceci nous permet quand même de constater que la mortalité pré-sevrage doit être assez faible (19.5% en moyenne, Tableau 3.6). Deux cas se distinguent parmi les autres (cas en gras dans le Tableau 3.6): 1/ La laie sub-adulte observée au chaudron avec six marcassins a été ré-observée et filmée pendant un mois, pratiquement tous les soirs, sur un point d’agrainage en compagnie de ses marcassins. Ce n’est qu’un mois après la mise-bas qu’un marcassin a disparu… 2/ La laie adulte ayant perdu cinq marcassins sur les six de sa portée, a été dérangée par une battue alors qu’elle était prête à mettre-bas. Elle est partie à 3 km de l’endroit qu’elle avait sélectionné pour construire son chaudron. Il semblerait qu’elle n’ait pas réussi, 124 Chapitre 2. La survie juvénile pré-sevrage. par la suite, à trouver un nouveau site favorable et elle a mis-bas à même la terre, sans construire de chaudron. Les six marcassins sont morts de froid. Tableau 3.6 : Données d’observations de laies au chaudron ou peu de temps après la mise-bas avec leur taille de portée respective et leur taille de portée ré-observée par la suite. Deux cas intéressants ont été mis en gras et les explications concernant ces deux cas sont données en détail dans le texte. Année Age de la laie Nombre de marcassins Nombre de marcassins ré-observés % de mortalité 1999 A 6 5 17% 1999 A 6 6 0% 1999 S 6 5 17% 2000 A 5 4 20% 2000 A 9 7 22% 2000 A 4 4 0% 2000 A 6 0 100% 2001 A 5 5 0% 2001 A 4 4 0% Mortalité moyenne 19.5% Ces résultats bien qu’épars et peu nombreux nous permettent quand même de constater que la mortalité pré-sevrage est de l’ordre de celle estimée par Jezierski (15%, 1977) et identique à celle estimée par Martys (17%, 1982) dans leurs premières semaines de vie. Elle est par contre faible par rapport à l’étude de Diong (1982) qui estimait la mortalité jusqu’à l’âge de six mois proche de 60% ! Il faut quand même noter que l’estimation de Cheong Diong est effectuée au niveau de la population, à partir de la différence entre le nombre de fœtus moyen observé dans les tractus génitaux des femelles tuées à la chasse et le nombre moyen d’allaites lactantes des laies capturées. FernándezLlario & Mateos-Quesada (2005) en utilisant la même méthode mais en regardant les allaites lactantes de femelles tuées à la chasse, trouvent une mortalité néonatale de 20.5%. Ce procédé est quand même relativement biaisé. En effet, tout dépend du moment pendant lequel se déroule les captures (étude de Diong 1982). De plus, une allaite fonctionnelle ne régresse que deux-trois jours après qu’elle ait cessé d’être sollicitée et utilisée deux jours consécutifs (Jensen & Recén 1989). Par ailleurs, l’observation des allaites lactantes à la chasse est également biaisée dans la mesure où normalement en début de saison de chasse, les femelles adultes ont fini d’élever leur portée et qu’en fin de saison de chasse, les femelles n’ont pas encore mis-bas sauf les années caractérisées par une forte glandée. Toutefois, il faut signaler que l’objectif principal de l’étude menée par Fernández-Llario & MateosQuesada (2005) était de déterminer quelles allaites étaient utilisées préférentiellement par 125 Partie 3. La dynamique de la population. les marcassins et non d’estimer une survie néonatale ! De toute évidence, notre résultat est à considérer avec prudence et il est fort possible qu’il ne reflète pas ou peu la gamme de variation possible de la survie en fonction par exemple, des conditions environnementales ou de l’âge de la mère… Il faut également noter que les années de fortes disponibilités alimentaires et donc les années où les mises-bas sont précoces (Vassant et al. 1995 ; chapitre précédent), la chasse peut être à l’origine d’une mortalité néonatale élevée. En effet, d’une part la chasse peut influencer indirectement la mortalité néonatale en créant un dérangement à un moment critique pour la mère, comme la période de sélection de l’habitat pour la construction du chaudron (cas de la portée avec une mortalité de 100% ; Tableau 3.6) voire possiblement, au moment même de la mise-bas. D’autre part, la chasse peut influencer directement la mortalité des marcassins en étant à l’origine du départ de la mère du chaudron et donc de l’abandon possible de la portée mais également parce que les marcassins au chaudron sont une proie facile pour les chiens lors de la battue (Observation personnelle lors de la saison de chasse 2004-2005). Si nous ne considérons plus ce cas extrême, nous obtenons une mortalité post-natale moyenne de 9.5%. En définitive, le bilan de ces trois années d’expérimentation est assez mitigé. Bien qu’il s’agisse d’une méthode assez lourde, celle-ci commence à se mettre en place et pourra peut-être amener des résultats dans l’avenir. Il convient néanmoins de se donner les moyens de réussir et cela, si possible, en toutes circonstances. Il semble aussi évident que le protocole doit encore être adapté et s’adapter aux conditions du moment. Il ne faut pas hésiter à abandonner l’opération si par exemple, toute la portée n’a pas réussi à être capturée ou ne pas tenter de capture lorsque les conditions climatiques sont défavorables… Ce genre de situation ne doit pas non plus nous démotiver pour continuer l’expérience dans la mesure où ici nous travaillons en milieu naturel et sur la faune sauvage et non en conditions contrôlées en laboratoire ! Nous sommes donc tributaires en partie de l’environnement… 126 Chapitre 3. Survie naturelle et mortalité due à la chasse. Chapitre 3 : Survie naturelle et mortalité due à la chasse Carole Toïgo, Sabrina Servanty, Jean-Michel Gaillard, Eric Baubet & Serge Brandt. Survival patterns in an intensively hunted wild boar population: disentangling natural from hunting mortality. Soumis à Journal of Wildlife Management. Abstract We assessed age-specific natural survival (i.e. excluding hunting mortality) and hunting mortality of 1,175 male and 1,076 female wild boar (Sus scrofa) from ChâteauvillainArc en Barrois (Eastern France), using a 22 year dataset (1982-2004) and markrecapture/recovery methods. Overall yearly survival was less than 50%, regardless of sex and age-class considered. This low survival was mostly due to high hunting mortality: all age-classes confounded, and whatever the sex, a wild boar had more than 40% of chance to be hunted in one year, and this risk was even as high as 70% for adult males. Compared to other ungulates, wild boar natural survival rates (close to 0.85) were usual for males, but low for females, which generally exhibit survival rates over 0.95. Moreover, wild boar survival did not vary in relation to sex and age-class, whereas females and prime-aged individuals generally outlive other age- and sex-classes in other ungulate populations. Despite high hunting mortality, we did not detect any evidence of compensatory mortality. While natural survival for males was constant over time, female survival varied annually, independent of fluctuations in mast availability. Female wild boar, exhibited survival patterns that differed from those reported in other ungulates: they had low and variable natural survival. In other ungulates, natural survival is typically high and quite constant over a wide range of environmental conditions. These differences may partly reflect high litter sizes for wild boar, which may be part of a life-history strategy that diverges from other ungulates. High hunting mortality may induce a high investment of females in reproduction early in life, at the cost of decreased survival. Despite a high hunting pressure, the study population size still increased. We advocate that to control the population abundance, the hunting pressure should be better 127 Partie 3. La dynamique de la population. balanced among the different age- and sex-classes, increasing the harvest of piglets and reproductive females. Key-words: capture-mark-recapture/recovery, compensatory mortality, deciduous forest, France, hunting mortality, life history tactic, natural survival, Sus scrofa, wild boar 1 Introduction The wild boar (Sus scrofa) is a widespread species in Western Europe, and have been consistently increasing in numbers for the last three decades, leading to increased damage to crops and forests (Boitani et al. 1995 in Italy, Neet 1995 in Switzerland, Schley and Roper 2003 for a review in Western Europe, Klein et al. 2004 in France, Bieber and Ruf 2005 in Austria). In France the numbers of wild boar harvested annually increased eight-fold between 1974 and 2001, and wild boar currently occur throughout the country. Similarly, damage caused to agriculture has markedly increased, and the costs of compensation to farmers have become very high (17, 000, 000 euros in 2001, Klein et al. 2004). Despite economic costs and other management problems caused by wild boar, the species remains poorly known from a life history viewpoint when compared to other temperate zone ungulates. Although reproductive traits such as age at primiparity, proportion of breeding females, and litter size, have been well-documented (Gaillard et al. 1993, Boitani et al. 1995, Neet 1995, Carranza 1996, Fernández-Llario and Carranza 2000, Nahlik and Sandor 2003), very few studies have provided reliable estimates of age-specific survival for wild boar. Because most European wild boar populations are heavily hunted, their population dynamics are strongly influenced by human activities. Disentangling natural from hunting mortality is important to understanding the dynamics of heavily exploited populations. The functional relationship between hunting mortality and natural mortality may range from additive to compensatory effects (Anderson and Burnham 1976, Burnham and Anderson 1984). Degrees of partial compensation can also occur. Lebreton (2005) showed that compensation between hunting and natural mortality is expected to be very low in long-lived vertebrates such as wild boar. In long-lived vertebrates, adult female survival consistently has the highest demographic elasticity (i.e., the highest potential effect for changing population growth 128 Chapitre 3. Survie naturelle et mortalité due à la chasse. rate). As a consequence, in large herbivores, annual adult survival of females is usually high (over 90%) and little sensitive to environmental variation, whereas juvenile survival is low (under 70%) and highly variable over time and among populations (see Gaillard et al. 1998, 2000 for reviews). Wild boar are unusually productive for their body size, with a mean litter size as high as five (e.g. Boitani et al. 1995, Nahlik and Sandor 2003, Servanty et al. 2007), whereas most other similar-sized ungulates only produce singletons (Hayssen et al. 1993). High productivity could lead wild boar to exhibit lower and more variable prime-age survival than usually reported in other ungulates, because of the high energetic costs of producing larger litters. Our research goal was to assess the relative contribution of age and sex-specific hunting and natural mortality in an intensively monitored wild boar population in Eastern France using the recent developments of Capture-Mark-Recapture/Recovery (CMRR) methods. This strategy would allow us to combine live recaptures and hunting recoveries (see Schaub and Pradel 2004 for a similar approach) into a unified analysis. We tested the following 3 hypotheses: (1) According to the hunting regulations applied in our study area, we expected the hunting mortality would be higher for males and young females than for adult females. (2) Because of their high litter size, and according to the current theory on life- history tactics of large vertebrates (Stearns 1992, Gaillard and Yoccoz 2003), we expected natural survival of adult wild boar females to be low as compared to females of other ungulate species, and to exhibit detectable among-year variation. (3) Based on Lebreton (2005), we predicted no compensation between hunting and natural mortality. 2 Materials and methods 2.1 Study area The study was conducted in northeastern France, in the 11,000 ha forest of Châteauvillain-Arc-en-Barrois (48°02N, 4°56E). The territory was administratively divided into 2 parts: a core area that covered 8,500 ha of national forest, and a surrounding area of 2,500 ha of private or communal forests. Dominant tree species were oak (Quercus sessiflor), beechnut (Fagus sylvatica) and hornbeam (Carpinus betulus). The climate was intermediate between continental, typical of Eastern France (Alsace region), and oceanic, 129 Partie 3. La dynamique de la population. characteristic of the Parisian Basin. During the last 20 years (1983-2003), the mean annual rainfall was 74.4 ± 8.6 mm and average monthly temperatures ranged from 2.34 ± 2.06 °C in January to 18.6 ± 1.58 °C in August (data provided by Météo-France), which is in the norm for this kind of climate. Wild boar has no natural predator in the study area, except red fox on newborns. The non harvest-based causes of mortality were mainly diseases, starvation, injuries and exhaustion linked to the rut for males, parturition complications for females, and also boarvehicle collisions. Since 1982, the wild boar population has been monitored by CMRR methods. Captures occurred each year in the national part of the forest between March and September, using corral traps (Vassant and Brandt 1995, Sweitzer et al. 1997), box traps (Jullien et al. 1988, Choquenot et al., 1993), piglet traps (Jullien et al. 1988) and falling nets (Jullien et al. 1988), all methods approved by the French Environment Ministry. Each trapped animal was marked with ear-tags allowing individual identification (combination of colors and numbers). The age of each individual captured was determined on the basis of Matschke’s (1967) procedure, validated and adjusted to our study area by Baubet et al. (1994). We distinguished 3 age-classes: piglets (aged between 1 and 6 months at capture), yearlings (aged between 13 and 18 months at capture) and adults (over 18 months at capture). The youngest animals trapped were 1 month-olds having survived the critical neo-natal period (i.e., the first weeks of life for ungulates, Gaillard et al. 2000). Beat-hunting of wild boar with ambush shooters was performed each year between October and February. The number of wild boar harvested annually over the entire study area steadily increased from 200 in 1984 to 1000 in 2004. Wild boar are sexually dimorphic in size, adult sows weighing on average 72 kg (±11, n= 379), and adult males 102 kg (±16, n= 176) in our population (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, unpubl. data). Based on body size, and social behavior (females live in matriarchal groups, whereas adult males are most often solitary, Kaminski et al. 2005), hunters can select target animals according to sex. Because they want to protect reproductive sows, hunters avoid shooting individuals over 60 kg when they harvest a social group. Hunters have no directive concerning identified individuals and harvest randomly marked and unmarked wild boar. Besides, ear-tags are small, almost totally hidden by the deep autumn hair, and thus difficult to see before the animal is dead (Baubet pers. Obs). 130 Chapitre 3. Survie naturelle et mortalité due à la chasse. In the National part of the forest, cooperation between hunters and the Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS, the French Wildlife Agency) ensured that all wild boar harvested were checked by a governmental agent (from the ONCFS). We assumed that all marked animals harvested were recovered. Hunters in the surrounding areas received information about our study. However, wild boar harvested from these areas were not checked by a governmental agent, so that there may have been some unreported harvest of marked animals. We assumed that the recovery rate was equal to 0.9 based on field data and preliminary analysis of CMRR models. 2.2 Methods Between 1982 and 2003, we captured and marked 1,175 males (1,065 piglets, 102 yearlings, and 8 adults), and 1,076 females (927 piglets, 95 yearlings, and 54 adults). The capture-recapture histories were coded to reflect captures and recaptures of wild boar still alive and of recoveries of harvested animals. We analyzed these data using multi-state models recently implemented in MSURGE 7 (Choquet et al. 2005a) to estimate the overall survival rate, the mortality rate due to hunting, and the rate of natural survival (i.e., excluding hunting mortality). To separate natural mortality from hunting mortality, we used a 3-state model: (1) the animal is alive, (2) the animal is harvested and (3) the animal is dead from natural causes. The third state is not observable (see Gimenez et al. 2003 for a similar approach). All the information was included in the capture (P) and transition (Ψ) probabilities. Survival probabilities were constrained to be equal to 1 for this analysis. Recapture probabilities depended on the arrival state, with P(1) the probability of being captured in state 1 (i.e. alive in a trap); P(2) the probability of being captured in state 2 (i.e. recovered when hunted, a probability set equal to 0.9); and P(3) the probability of being captured in the unobservable state 3 (i.e. naturally dead, a probability set equal to 0). The transition probabilities depended on departure and arrival states, with: Ψ 1→1= P(alive)= overall survival rate= OS, Ψ 1→2= P(harvested)= hunting mortality rate= HM, Ψ 1→3= P(dead from natural causes)= natural mortality rate= NM The survival-mortality parameters were defined as: NS= 1-NM= natural survival rate, 131 Partie 3. La dynamique de la population. HM+NM= P(dying)= overall mortality rate, In addition, the following constraints were included: -The overall survival rate should match with the overall mortality rate so the model included the constraint OS+HM+NM= 1, -Once a wild boar is dead, it cannot be alive again, and once a wild boar has been shot, then it is dead, so that the model implicitly included the constraints: Ψ 2→1 = Ψ 3→1 = 0 and Ψ 2→3 = 1. We conducted separate analyses for males and females. We first tested the goodness-of-fit (GOF) of the Arnason-Schwartz (AS) model, which is the multi-state extension of the Cormack-Jolly-Seber model (Lebreton et al. 1992) with time-dependent survival and recapture probabilities (noted Ψt, Pt). The GOF test was conducted using U-CARE software (Choquet et al. 2005b). Then, starting from this model, we tested for time variation in the recapture probability by comparing the AS model to a model with time-dependent survival and constant probability of recapture (Ψt, P). Then, from the best model, we tested for time and age variation in survival embodied in the following hypotheses: (1) Wild boar survival is age-specific and varies annually, but independently for the 3 age-classes (model Ψ3a*t including interactive effects between age-class and time), (2) Wild boar survival is age-specific and varies annually, but similarly for the three age-classes (model Ψ3a+t including additive effects of age-class and time), (3) Wild boar survival is age-specific and is constant over time (model Ψ3a including differences among the three age-classes), (4) Wild boar survival only differs between piglets and older animals (model Ψ2a including differences between two age-classes). To assess whether the total number of wild boar harvested in a given year was related to the annual hunting mortality, we used the annual variation in annual harvest as a covariate (see Lebreton et al. 1992). To explore the possibility of a compensatory mortality, we assessed the link between hunting mortality and natural survival for each given year, using the model including 132 Chapitre 3. Survie naturelle et mortalité due à la chasse. between-year variation in survival probabilities. If compensatory mortality occurs, natural survival should increase when hunting rate increases. Wild boar are opportunistic omnivores, but their diet is primarily composed of vegetable food, and, when available, oak and beech mast is highly preferred to any other food resource, and namely to agricultural crops (Schley and Roper 2003 for a review). The availability of mast was quantified by analyzing the stomach contents of harvested animals since 1982 (see Bieber and Ruf 2005 for a similar approach). Each year was classified according to 4 categories: (1) no mast production when maize was the preferred item, 1555% of stomach contents, whereas acorn or beechnut represented less than 3%, (2) high beech mast production when beechnut represented 65-85% of stomach contents, (3) medium oak mast production when acorn represented 50-65% of stomach contents, and, (4) high oak mast production when acorn represented 75-90% of stomach contents. When natural mortality was year-dependent, we tested whether mast conditions could account for observed variability over time, using an ANOVA. Model selection was based on the corrected Akaike Information Criterion (AICc) (Lebreton et al. 1992, Burnham and Anderson 2002). We calculated for each model the AICc weight (wi) and used it as evidence for statistical support of a given model. Indeed, the wi ratio provides a direct measure of the relative likelihood for a given model to be the best among the set of fitted models (Burnham and Anderson 2002). We also compared agespecific survival probabilities using Wald tests. 3 Results 3.1 Males (Table 3.7a) Transience (i.e. the difference in survival between newly marked and previously marked animals) could be tested only in piglets, because the sample size of animals caught for the first time as yearlings or adults was too small. No transience was detected (Test G: χ² = 27.775, df = 29, P = 0.530). We detected positive immediate trap-dependence (i.e. trap-happiness process) in piglets (test M: χ² = 100.215, df = 42, P = 0.0001), but not in yearlings (χ² = 5.590, df = 9, P = 0.750). Sample sizes were too small to allow us to test for immediate trap dependence in adults. The recapture probability the year following the first capture of piglets was higher than the recapture probability in subsequent years and than 133 Partie 3. La dynamique de la population. the recapture probability of individuals captured for the first time as yearlings or adults. To take this result into account, we fitted an age-specific recapture probability. Recapture probability was time-dependent (model Ψt, Pt with a lower AICc than model Ψt, P, respectively 3632.805 vs. 3645.259). The recapture probability of piglets varied between 0.0 in 7 years, and a maximum of 0.618 (SE = 0.221), in 1999/2000. Recapture probability of yearlings and adults varied between 0.0 in 16 years, and a maximum of 0.161 (SE = 0.110), in 2000/2001. The selected model was the one with hunting mortality correlated to annual harvest in interaction with age, and constant natural mortality. This model received great support, with an AICc weight of 0.88, and was 8 times more likely than the second best model. Accordingly, we did not find evidence of time-dependence in any components of survival (all models with time-dependent survival had higher AICc than models without), but did detect age-class differences among piglets, yearlings and adults: models with all components of survival depending on 3 age-classes with lower AICc than models with constant or 2 ageclasses survival (Table 3.7a). Looking at age-dependence in the 2 components of survival (hunting and natural mortality), we found that the probability of being harvested varied among the 3 age-classes, whereas natural survival did not (i.e., the models including agedependent hunting mortality and constant natural mortality all had lower AICc than the models including age-dependence in both components). The natural survival of wild boar males was estimated at 0.86 regardless of age-class (Table 3.8a). The probability of being harvested was high and increased with age, from 0.41 for piglets to 0.70 for adults (Table 3.8a). In accordance, the overall survival rate was low and decreased from piglets (0.44) to adults (0.23) (Table 3.8a). The hunting mortality increased with the total number of harvested males (i.e., models including a linear relationship between the hunting mortality and the annual harvest best fit our data). For piglets and adults, the slope of the linear increase of the hunting mortality with increasing annual harvest was the same (0.0024 ± 0.0003 for piglets, 0.0029 ± 0.0008 for adults, on a logit scale), but the intercept was higher for adults (0.4640 ± 0.0007 vs. –0.5738 ± 0.0124), indicating that for a given annual harvest, relatively more adults than piglets were shot (Figure 3.14a). For yearlings, the hunting probability did not depend on the total number of wild boar males shot in a given year (slope of –0.0001 ± 0.0004 on a logit scale) (Figure 3.14a). 134 Chapitre 3. Survie naturelle et mortalité due à la chasse. Table 3.7: Number of parameters (Np), AICc, and ΔAICc (difference in AICc between each tested model and the best model) and Akaike weights (wi) for the effects of year (t), age-class (noted 3a for 3 age-classes: piglets, yearlings and adults; noted 2a for 2 age-classes: piglets and adults), and annual harvest (AH) on survival probability (ψ, including overall survival, OS, hunting mortality, HM, and natural mortality, NM) of a) male and b) female wild boar in the Chateauvillain/Arc en Barrois forest, France (see text for further details on model notation). The selected model appears underlined. The probability of re-sighting is modeled as age- and yeardependent (see text). a) Model Model biological meaning Np ΔAICc wi ψ(HM)_AH*3a-(NM) HM correlated to AH and 3a (interaction) – NM constant 49 0 0.885 51 4.164 0.110 0.004 ψ(HM)_AH*3a-(NM)_3a HM correlated to AH and 3a (interaction) – NM dependent on 3a ψ(HM)_3a-(NM) HM dependent on 3a – NM constant 46 10.925 ψ3a OS, HM and NM dependent on 3a 48 14.473 <0.001 ψ2a OS, HM and NM dependent on 2a 46 15.745 <0.001 ψ3a+t OS, HM and NM dependent on 3a and t (additivity) 68 17.294 <0.001 48 21.945 <0.001 ψ(HM)_AH*2a-(NM)_2a HM correlated to AH and 2a (interaction) – NM dependent on 2a ψ(HM)_AH-(NM)_3a HM correlated to AH – NM dependent on 3a 47 31.921 <0.001 ψ2a*t OS, HM and NM dependent on 2a and t (interaction) 126 46.049 <0.001 ψ OS, HM and NM constant 44 63.715 <0.001 ψt OS, HM and NM dependent on t 83 72.495 <0.001 ψ3a*t OS, HM and NM dependent on 3a and t (interaction) 165 141.002 <0.001 b) to be continued Model Model biological meaning Np ΔAICc wi ψ3a+t OS, HM and NM dependent on 3a and t (additivity) 68 0.000 0.681 ψ2a+t OS, HM and NM dependent on 2a and t (additivity) 66 3.929 0.096 ψ(HM)_AH-(NM) HM correlated to AH – NM constant 45 4.132 0.086 ψ(HM)_AH-(NM)_3a HM correlated to AH – NM dependent on 3a 47 4.290 0.080 ψ(HM)_AH*3a-(NM)_3a HM correlated to AH and 3a (interaction) – NM dependent on 3a 51 5.133 0.052 ψ(HM)_AH*3a-(NM) HM correlated to AH and 3a (interaction) – NM constant 49 10.048 0.004 ψt OS, HM and NM dependent on t 83 17.413 <0.001 ψ2a*t OS, HM and NM dependent on 2a and t (interaction) 126 18.433 <0.001 ψ(HM)_AH-(NM)_t HM correlated to AH – NM dependent on t 65 23.833 <0.001 ψ(HM)-(NM)3a HM constant – NM dependent on 3a 46 39.848 <0.001 ψ(HM)-(NM)2a HM constant – NM dependent on 2a 45 40.638 <0.001 ψ OS, HM and NM constant 44 40.812 <0.001 135 Partie 3. La dynamique de la population. Model Model biological meaning Np ΔAICc wi ψ3a OS, HM and NM dependent on 3a 48 41.086 <0.001 ψ2a OS, HM and NM dependent on 2a 46 42.247 <0.001 ψ(HM)_2a-(NM) HM dependent on 2a – NM constant 45 42.908 <0.001 ψ(HM)_3a-(NM) HM dependent on 3a – NM constant 46 45.044 <0.001 ψ(HM)_AH-(NM)_3a*t HM correlated to AH – NM dependent on 3a and t 107 65.420 <0.001 165 114.155 <0.001 (interaction) ψ3a*t OS, HM and NM dependent on 3a and t (interaction) Table 3.8: Overall age-class specific survival, hunting mortality, and natural survival [95% Confidence Interval] for the wild boar population of Chateauvillain/Arc en Barrois, France a) males b) females. Estimates from the selected model are provided (see text) a) Age-class Overall survival Hunting mortality Natural survival Young (1-12 months) 0.439 [0.393, 0.484] 0.410 [0.378, 0.442] Yearling (13-24 months) 0.351 [0.244, 0.475] 0.590 [0.542, 0.637] Adults (≥2 years) 0.228 [0.169, 0.299] 0.696 [0.608, 0.771] Age-class Overall survival Hunting mortality Natural survival Young (1-12 months) 0.426 [0.381, 0.472] 0.392 [0.358, 0.427] 0.818 [0.770, 0.857] Adults (≥ 13 months) 0.475 [0.437, 0.512] 0.401 [0.361, 0.443] 0.876 [0.836, 0.907] 0.856 [0.831, 0.878] b) Yearly natural survival was not related to differences in mast availability for any age class (piglets: F = 1.463, df =3,16, P = 0.261, yearlings: F = 1.607, df = 3, 16, P = 0.227, adults: F = 1.655, df = 3, 16, P = 0.216). The absence of an influence of mast availability on age-specific survival and the absence of detectable between-year variation in natural survival both supported low variation over time (CV = 10% for adults) in natural survival of wild boar males. Because we did not detect any age-variability in natural survival, we tested whether there was compensation between natural survival and the hunting mortality of all pooled age-classes. Natural survival in a given year was not correlated with hunting mortality, in neither the same year (t = 0.175, df = 19, P = 0.863, r2 = 0.002) nor the previous year (t = 0.039, df = 18, P = 0.969, r2 = 0) (Figure 3.15a), indicating that no compensatory mortality occurred. 136 Chapitre 3. Survie naturelle et mortalité due à la chasse. 3.2 Females (Table 3.7b) We did not detect any transience for any age class (test G: χ² = 33.045, df = 40, P = 0.774 for piglets; χ² = 6.331, df = 14, P = 0.957 for yearlings; and χ² = 0.936, df = 3, P = 0.817 for adults). As for males, we detected positive immediate trap-dependence in piglets (test: χ² = 82.081, df = 57, P = 0.016), but not for yearlings (test M: χ² = 13.359, df = 20, P = 0.861) and adults (χ² = 14.848, df = 18, P = 0.672). The recapture probability the year following the first capture of piglets was higher than the recapture probability the following years and than the recapture probability of individuals captured for the first time as yearlings or adults. As in males, such patterns suggest real age-specific recapture probabilities. Recapture probabilities varied across years (model Ψt, Pt with a lower AICc than model Ψt, P, respectively 3986.676 vs. 3993.817). We thus started with the model including time-dependent recapture probabilities to test for the effects of year and age on survival. The recapture probability of piglets varied between 0.0 in 4 years, and a maximum of 0.688 (SE = 0.140), in 2000/2001. The recapture probabilities of yearlings and adults varied between 0.0 in 3 years, and a maximum of 0.441 (SE = 0.219), in 1992/1993. The model with the lowest AICc, with a weight of 0.68, was 7 times more likely than the second best model and included additive effects of time and 3 age-classes on survival probabilities (Table 3.7b). However, the natural mortality of yearlings could not be estimated, so we selected the model with additive effects of time and 2 age-classes: piglets, and adults (hereafter for females from 13 months at capture and older). The age-dependence of both natural and hunting mortality differed from the pattern exhibited by males. Models with age-dependent hunting mortality and constant natural survival had higher AICc than models with constant hunting mortality and age-dependent natural survival. Accordingly, the probability of being harvested did not differ between piglets and adults, and averaged 0.38 (Table 3.8b). However, piglet females had a slightly lower natural survival rate (0.82) than adults (0.88) (Table 3.8b). Females had an overall annual survival rate of 0.43 for piglets and 0.47 for adults. In contrast with male survival and in support to the life history prediction, female survival varied over time, with marked between-year variation (CV of 25% for adults). In addition, constraining the hunting mortality as a function of the total number of females 137 Partie 3. La dynamique de la population. harvested in a given year did not improve model fit: for any given year, the probability of a female being harvested was independent of the total number of females killed that year. However, the trend was the same as for males, with a tendency of increases in the annual harvest corresponding with increased hunting mortality (slope of 0.0030 ± 0.0002, Figure 3.14b). a) 1 0.9 Hunting mortality 0.8 adults 0.7 yearlings 0.6 0.5 0.4 piglets 0.3 0.2 b) 0 100 200 300 Annual harvest 0 100 200 400 500 0.8 Hunting mortality 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 300 400 500 Annual harvest Figure 3.14: Relationship between the annual hunting mortality and the total number of wild boar a) male and b) female hunted each year (annual harvest) in the population of Châteauvillain/Arc en Barrois, France. Plain circles and plain line: piglets, open squares and dashed line: yearlings, crosses and dotted line: adults (pooled yearlings and adults for females) 138 Chapitre 3. Survie naturelle et mortalité due à la chasse. We did not detect any relationship between observed fluctuations in mast availability and the yearly natural survival for any age class, (piglets: F = 1.259, df = 3,16, P = 0.322; adults: F = 1.248, df=3,16, P = 0.325). The between-year variation of female natural survival we reported was not accounted for by variations of oak and beech mast production. We did not find any relationship between natural survival of piglets and adults in a given year and the global hunting mortality for females the same year (piglets: t = -0.660, df = 19, P = 0.517, r² = 0.022; adults: t = 1.475, df = 19, P = 0.157, r² = 0.103), or the previous year (piglets: t = 0.395, df = 18, P = 0.697, r² = 0.009; adults: t = 1.562, P = 0.136, r² = 0.119), suggesting little evidence of compensatory mortality for female wild boar, even though there was a slight positive tendency for adults (Figure 3.15b). 139 Partie 3. La dynamique de la population. b) 1 a) 1 0.9 Natural survival Natural survival 0.9 0.8 0.7 0.6 0.2 0.8 0.7 0.6 0.5 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.5 0.6 Hunting mortality (t) Hunting mortality (t) 1 1 0.9 Natural survival Natural survival 0.9 0.8 0.7 0.6 0.2 0.8 0.7 0.6 0.5 0.3 0.4 0.5 Hunting mortality (t-1) 0.6 0.7 0.2 0.3 0.4 Hunting mortality (t-1) Figure 3.15 : Relationship between wild boar natural survival and hunting mortality the same year (t) and the previous year (t-1) for a) male and b) female wild boar in the population of Châteauvillain/Arc en Barrois, France. For females, plain circles: piglets, open squares: yearlings and adults, all 3 age-classes pooled for males (see text) 140 Chapitre 3. Survie naturelle et mortalité due à la chasse. 4 Discussion The overall annual survival rate in our study population was very low for a large mammal in both sexes. An adult male had less than a 25% chance of surviving from one year to the next, due to high hunting pressure (~70% chance of harvest in a given year). The overall survival rate of adult females older than 1 year of age was slightly higher, but still low (less than 50% chances of surviving annually), with a relatively high probability of hunting mortality (about 40%). Natural survival of adults (~0.85) was similar for males and females (W = 0.924, P = 0.260). In ungulates, annual adult survival of 0.85 is usual for males, with an average of 0.88 among 18 species (Toïgo and Gaillard 2003), but is low compared to the average survival of females, which is commonly higher than 0.95 in predator-free populations (Gaillard et al. 2000). In addition, after excluding hunting mortality, female survival exhibited yearly variation, whereas male survival did not. Such between-year variation of adult female survival (CV of 0.22) relative to male survival (CV of 0.10) is unusual for a dimorphic (males are 40% heavier than females in our study population, Baubet unpubl. data) and polygynous species. Male survival is typically more dependent on environmental variation because males expend considerable energy during mating, which can lead to exhaustion and starvation under harsh environmental conditions (see Coulson et al. 2001 for an example on Soay sheep Ovis aries, Toïgo and Gaillard 2003 for a review, Toïgo et al. 2007 on Alpine ibex Capra ibex). Moreover, the observed amount of between-year variation in natural survival of adult females (CV of 25%) was almost five times higher than that commonly reported in other ungulates (median CV of 5.5% on 15 populations of 9 species, from Gaillard and Yoccoz 2003). The energy allocated by wild boar females to reproduction early in their lifetime could account for their relatively low and highly variable adult survival. In ungulate females, adult survival has been shown to be generally high and buffered against environmental conditions and is thought to have been evolutionary canalized because of the very high sensitivity of population growth to adult survival (see Gaillard et al. 2000; Gaillard and Yoccoz 2003 for reviews). Accordingly, when conditions are not optimal, female ungulates should restrain their reproductive effort in a given year to favor their own survival (Gaillard and Yoccoz 2003; see Festa-Bianchet et al. 1998 for empirical evidence on bighorn sheep). Wild boar females seem to have an unusual life-history strategy among ungulates, involving a high 141 Partie 3. La dynamique de la population. investment in reproduction by adult females. Wild boar females can reproduce as early as one year of age, whereas age at primiparity is at 2 or 3 years of age for the other similarsized ungulates, and they produce average litters as large as 5 (Taylor et al. 1998; Servanty et al. 2007). Compared to other ungulates, the population growth rate of wild boar could be relatively less sensitive to adult survival and relatively more sensitive to reproductive parameters, such as breeding proportions or litter size, as recently reported by Bieber and Ruf (2005). Such a different demographic tactic might account for the relatively low and variable adult survival of wild boar females. The low natural survival we reported in this intensively hunted population might have occurred through compensation (Schaub and Lebreton 2004; Lebreton 2005). Compensation may arise through density-dependent mortality (as hunting decreases the population size, the survival rate may increase through a density-dependent response) and individual heterogeneity in survival (if the individuals more susceptible to hunting also have a higher risk of natural mortality, see e.g. Tveraa et al. 2003 for a case of compensation between predation and survival in reindeer Rangifer tarandus). The latter mechanism arises when hunting is selective and targets lower than average quality individuals within an age- and sex-class. Alternatively, hunting and natural mortality can be over-compensatory when hunters select higher than average quality individuals. Under this scenario, natural survival should decrease because the animals remaining in the population and thus subject to natural mortality have lower performance and are more susceptible to die from natural causes than animals that have been removed by hunting. Trophy hunting is expected to lead to overcompensatory mortality (see Coltman et al. 2003 and Garel et al. 2007, for the influence of trophy hunting on individual phenotypic quality in bighorn sheep and mouflon Ovis gmelini, respectively). If, however, hunters shoot individuals they encounter randomly, they should kill disproportionately the individuals easiest to catch, which may be those with lower performance. If so, natural survival will be higher than in a non-hunted population because high quality individuals, which are not targeted by hunters, will be less susceptible to die from natural causes. In our population, hunters shoot indifferently any individual except adult females, leading to very little possibility of selection of individual quality within an ageand sex-class. However, even in the absence of selective harvesting, compensation between hunting and natural mortality can occur if hunting reduces population size, and natural survival increases via release from density-dependence. We found little evidence of compensation between natural survival and hunting mortality. We did not detect any relationship between harvest rate and natural survival in males or females. The absence of 142 Chapitre 3. Survie naturelle et mortalité due à la chasse. detectable compensation occurred despite high hunting pressure. These results support Lebreton’s (2005) conclusions that compensation is expected to be rare in exploited populations of long-lived vertebrates, even under strong selectivity or high hunting rates. Therefore, our estimates of natural survival do not seem to have been influenced by hunting and could be expected to be close to wild boar survival in non-hunted populations with similar environmental conditions. As expected, we found that, for a given year, the hunting mortality for both sexes increased with increasing harvest tallies. This simply means that when more wild boar were harvested, the risk to individual wild boar increased for both sexes, which is logical. These results would imply that hunters were able to control population increases in wild boar, whereas the field evidence demonstrated that this did not occur. Such a paradox can be solved when considering the numerical response of wild boar to hunting. According to our results (displayed on Figure 3.15), a six-fold increase in harvest led to less than a two-fold increase of hunting mortality. The absence of influence of mast availability on natural survival was not surprising. The forest of the studied population is highly productive, and wild boar are likely on a high nutritional plane (Gaillard et al. 1993). Such a very favorable environment for wild boar could also account for the absence of compensatory survival we reported here. 5 Management implications The hunting pressure was high in our study population: since 1995 over 800 wild boar have been harvested every year, though in a unbalanced way between age- and sexclasses. A female whatever its age or a piglet male had a 40% annual risk of being shot, a yearling male a 60% risk, and an adult male a 70% risk. Yet, the wild boar population still increased during our study, as shown by the five-fold increase in the number of wild boar harvested over the past twenty years. This increase suggests that the hunting regulations currently applied do not allow managers to control wild boar abundance despite high hunting pressure (Klein et al. 2004). In this population, hunters protect reproductive females, and target preferentially yearling and adult males. In long-lived iteroparous ungulates, adult female survival has the highest elasticity (Gaillard and Yoccoz 2003), and has an overwhelming influence on population growth rate compared to other demographic parameters. In wild boar, because of large litter size and early reproduction, the elasticity of 143 Partie 3. La dynamique de la population. the recruitment parameters is higher than in other ungulates, and both juvenile and adult survival have a marked influence on wild boar population dynamics (Bieber and Ruf 2005). Accordingly, we advocate that thinking in terms of qualitative harvest, rather than just quantitative, would offer a better tool to allow managing wild boar abundance and associated damage. To control wild boar populations, hunting, which is the main authorized method in France, should be better balanced among males and females, and among ageclasses, to increase the harvest rate on females and piglets. 144 Chapitre 4. Le bilan démographique. Chapitre 4 : Bilan démographique 1 Introduction Les chapitres abordés dans cette partie nous ont permis d’estimer les différents paramètres démographiques de la population de sangliers de Châteauvillain-Arc en Barrois. Il est possible désormais de calculer le taux de multiplication de la population mais également de quantifier les relations liant les variations de ces paramètres démographiques aux fluctuations des effectifs. Par exemple, si la survie adulte des femelles est augmentée d’un pourcent, quelle est la répercussion sur le λ ? Est-ce que l’impact sur le λ sera le même si, au contraire, c’est la survie des jeunes femelles qui est augmentée de la même quantité ? Des analyses de sensibilité et d’élasticité permettent de quantifier l’effet d’une petite variation d’un des paramètres démographiques sur le taux de multiplication (de Kroon et al. 1986 ; Benton & Grant 1999). Plus la sensibilité ou l’élasticité d’un paramètre est forte, plus son impact sur λ sera important. Alors que la sensibilité quantifie l’effet d’une modification donnée en absolu, l’élasticité quantifie l’effet d’une modification proportionnelle (pourcentage donné) sur le taux de multiplication (voir de Kroon et al. 2000 pour une revue récente de la méthode). L’impact sur le taux de multiplication sera plus grand quand un paramètre avec une forte élasticité ou sensibilité est modifié, que quand le même changement est effectué sur un paramètre avec une faible élasticité ou sensibilité. Ce type d’analyse présente un intérêt à la fois dans un objectif de gestion ou de conservation d’une population mais également en biologie évolutive. En effet, si nous nous plaçons dans le cadre établi par Lande (1982) où il existe une relation entre la dynamique de population et l’évolution des traits d’histoire de vie∗, les analyses d’élasticité nous permettent de quantifier comment un individu augmentera le plus sa valeur sélective, si c’est par le biais d’une meilleure survie ou d’une meilleure reproduction par exemple (Benton & Grant 1999). Le but de ce chapitre est donc d’effectuer le bilan démographique de la population en calculant d’abord le taux de multiplication de la population actuellement observé en utilisant les paramètres de recrutement (fécondité, survie juvénile, proportions de femelles ∗ Pour rappel, les valeurs des paramètres démographiques (taux de survie et de fécondité d’une population principalement) résultent de l’ensemble des THV pris au niveau individuel (voir la Partie 1, Introduction). 145 Partie 3. La dynamique de la population. reproductrices) et de survie. J’ai regardé ensuite quelle était la part relative d’une modification de ces différents paramètres sur le λ tout en comparant ces résultats avec ceux connus chez d’autres espèces d’Ongulés (e.g. Gaillard 1992 ; Gaillard et al. 1998, 2000 ; Gaillard & Yoccoz 2003). Les modèles multi-états nous ayant permis de différencier la mortalité naturelle de celle due à la chasse (Chapitre précédent), j’ai regardé aussi quel était le taux de multiplication si je considérais la population comme étant non chassée. 2 Méthodes Pour calculer le taux de multiplication, j’ai utilisé la méthode matricielle (voir l’Introduction de cette partie) à partir du cycle de vie obtenu chez le Sanglier (Figure 3.16) et en utilisant les estimations des paramètres obtenues au cours des chapitres précédents. Figure 3.16 : Cycle de vie du Sanglier avec les différents paramètres démographiques estimés au cours des trois chapitres précédents. En haut est représenté le compartiment femelle et en bas le compartiment mâle de la population. NV : Nouveaux-nés, JS : Jeunes sevrés, 1 an : Jeunes entre un et deux ans, SA : Sub-adulte (entre deux et trois ans), A : adulte (plus de trois ans). Les flèches horizontales représentent la probabilité de survivre jusqu’à la classe d’âge suivante. La survie pré-sevrage est indiquée en italique car il s’agit d’une estimation moins fiable que les autres. SC indique les probabilités de survivre si la population n’était pas chassée. Les flèches courbées représentent la reproduction. Les laies peuvent se reproduire à partir de l’âge de un an. La fécondité de chaque classe d’âge est le produit de la probabilité de se reproduire avec le nombre moyen de jeunes mâles et de jeunes femelles produits. La sexe ratio est ici considérée comme équilibrée et donc égale à 0,5. 146 Chapitre 4. Le bilan démographique. Deux cas ont été étudiés : le cas réel observé avec une population de sanglier subissant la chasse et un cas hypothétique où la population ne serait pas chassée (Figure 3.16). Pour chaque cas, j’ai calculé le taux de multiplication, le temps de génération et j’ai regardé l’élasticité des différents paramètres pour estimer l’impact de leurs modifications relatives sur λ. L’estimation de la survie juvénile avant sevrage n’étant pas connue de manière fiable, j’ai considéré trois cas possibles : 1/ 0,805 (donc une mortalité de 19.5%) qui correspond à la valeur que nous avons obtenue dans le Chapitre 2 (Tableau 3.6). 2/ 0,84 (donc une mortalité de 16%) qui correspond à la moyenne de la survie entre la naissance et le sevrage estimée par Jezierski (15%, 1977) et par Martys (17%, 1982). 3/ 0,905 (donc une mortalité de 9,5%) qui correspond à la survie entre la naissance et le sevrage estimée dans le Chapitre 2 sans le cas de la portée dont la mortalité a été induite par la chasse (Tableau 3.6). La proportion de femelles de moins de un an participant à la reproduction variant beaucoup plus d’une année à l’autre que pour les femelles plus âgées (Chapitre 1), j’ai aussi voulu regarder différentes possibilités : 1/ 0,5 qui correspond à la proportion moyenne de jeunes femelles reproductives observée au tableau de chasse au mois de février. 2/ 0,7 qui est la proportion prédite en fin de saison de chasse lorsque la fructification est une glandée importante (Figure 3.3). 3/ 0,38 qui est la proportion prédite en fin de saison de chasse lorsqu’au contraire il n’y a pas de fructification (Figure 3.3). Les analyses ont été réalisées avec le logiciel ULM (Unified Life Models ; Legendre & Clobert 1995). 3 Résultats Quand nous considérons la population comme chassée, quelles que soient les valeurs attribuées à la survie entre la naissance et le sevrage (Sps) ou aux proportions de jeunes femelles reproductrices (Pj), le taux de multiplication de la population est toujours supérieur 147 Partie 3. La dynamique de la population. à un (Tableau 3.9). Ainsi, malgré la forte pression de chasse appliquée à Châteauvillain-Arc en Barrois, la population est encore en croissance. Cet accroissement annuel est compris entre 6% (cas où Sps = 0,805 et Pj = 0,38) et 24% (cas où Sps = 0,905 et Pj = 0,7). Le temps de génération est compris entre 2.1 ans et 2.48 ans (Tableau 3.9). Cette croissance est bien évidemment encore plus marquée lorsque nous considérons la population comme non chassée. Le taux de multiplication est alors compris entre 1,99 et 2,33, ce qui signifie que sans la chasse, l’effectif de la population serait au minimum multiplié par deux environ à chaque pas de temps (Tableau 3.9) ! Le temps de génération est alors compris entre 3.37 ans et 3.92 ans (Tableau 3.9). Tableau 3.9 : Taux de multiplication (λ), temps de génération (Tb) et élasticité des paramètres démographiques au taux de multiplication pour différentes valeurs de survie juvénile avant sevrage (Sps) et de proportion de femelles de un an qui vont se reproduire (Pj). Les paramètres ont été calculés en prenant les estimations de survie associées à une population chassée (partie haute du tableau) et pour une population non chassée (partie basse du tableau). Voir la Figure 3.16. Sj : survie des femelles de un à deux ans, Ssa : survie annuelle des femelles sub-adultes, Sa : survie annuelle des femelles adultes, Psa : proportion de femelles sub-adultes se reproduisant, Pa : proportion de femelles adultes se reproduisant. Pj λ Tb 0.38 1.06 2.475 0.805 0.5 1.099 2.34 0.7 1.17 2.15 0.38 1.08 2.46 0.84 0.5 1.12 2.32 0.7 1.19 2.13 0.38 1.12 2.43 0.905 0.5 1.16 2.29 0.7 1.24 2.099 Sj 0.31 0.302 0.286 0.311 0.303 0.286 0.314 0.304 0.285 Ssa 0.153 0.144 0.1297 0.151 0.142 0.127 0.148 0.138 0.122 Elasticité Sa 0.123 0.11 0.089 0.118 0.105 0.084 0.109 0.096 0.076 Pj 0.104 0.142 0.209 0.108 0.147 0.217 0.115 0.157 0.231 Psa 0.157 0.157 0.156 0.161 0.160 0.159 0.166 0.165 0.163 Pa 0.153 0.144 0.1297 0.151 0.142 0.127 0.148 0.138 0.122 0.38 1.99 3.92 0.5 2.06 3.75 0.7 2.19 3.48 0.38 2.03 3.88 0.84 0.5 2.10 3.71 0.7 2.24 3.44 0.38 2.096 3.81 0.905 0.5 2.18 3.64 0.7 2.33 3.37 0.311 0.303 0.286 0.313 0.303 0.286 0.315 0.304 0.284 0.151 0.142 0.127 0.149 0.140 0.125 0.146 0.136 0.12 0.118 0.105 0.085 0.113 0.100 0.08 0.105 0.092 0.072 0.108 0.147 0.216 0.112 0.153 0.224 0.119 0.163 0.239 0.16 0.16 0.159 0.163 0.163 0.161 0.169 0.168 0.165 0.151 0.142 0.127 0.149 0.140 0.124 0.146 0.136 0.12 Sps Avec chasse 0.805 Sans chasse Le taux de multiplication de la population est relativement plus sensible à une variation de survie juvénile qu’à une variation de tous les autres paramètres démographiques (élasticité comprise entre 0.284 et 0.315 ; Tableau 3.9). Une variation donnée de la survie juvénile aura donc un impact plus fort sur le taux de multiplication que la même variation de la survie sub-adulte et adulte. Cependant, comparativement aux autres espèces d’ongulés, 148 Chapitre 4. Le bilan démographique. une variation donnée de la fécondité aura un impact quasiment aussi fort sur le taux de multiplication qu’une même variation dans les paramètres de survie. En effet, la somme des élasticités des paramètres de reproduction est comprise entre 0.414 et 0.54 (Tableau 3.9 ; Heppell et al. 2000) et donc respectivement l’élasticité aux paramètres de survie est comprise entre (1-0.414=0.586 et 1-0.54=0.46). La contribution aux variations du taux de multiplication est donc presque identique pour les paramètres de survie et de reproduction. La structure en âge stable de la population chassée est constituée de plus de 60% de jeunes, environ 25% de sub-adultes et 15% d’adultes (Tableau 3.10) et ce, quels que soient les scénarii testés. Les femelles adultes sont généralement deux fois plus nombreuses que les mâles, avec entre 3.3-4.3% de mâles pour 7.9-10.9% de femelles (Tableau 3.10). Cette différence disparaît lorsque nous considérons la population comme non chassée : les proportions de mâles et de femelles adultes sont alors similaires. La proportion globale d’animaux adultes est légèrement augmentée pour être proche des 17% au détriment des juvéniles qui constituent désormais moins de 60% de la population (Tableau 3.10). Tableau 3.10 : Structure en âge stable observée avec les différentes valeurs de survie présevrage (Sps) et de proportion de femelles de un an qui vont se reproduire (Pj). Les résultats sont donnés en proportion. La partie haute du tableau correspond à la population chassée et la partie basse à une population non chassée. JM : jeunes mâles, JF : jeunes femelles, SAM : sub-adulte mâles, SAF : sub-adultes femelles, MA : mâles adultes, FA : femelles adultes. Sps 0.805 Avec 0.84 chasse 0.905 0.805 Sans chasse 0.84 0.905 Pj JM JF SAM SAF MA FA 0.38 0.5 0.7 0.38 0.5 0.7 0.38 0.310 0.317 0.328 0.314 0.32 0.331 0.32 0.327 0.301 0.307 0.318 0.3045 0.311 0.322 0.31 0.317 0.102 0.101 0.099 0.102 0.10 0.098 0.100 0.099 0.1345 0.133 0.13 0.134 0.132 0.128 0.132 0.13 0.043 0.041 0.037 0.042 0.0395 0.036 0.04 0.037 0.109 0.101 0.089 0.1045 0.097 0.085 0.098 0.09 0.338 0.328 0.096 0.126 0.033 0.079 0.289 0.297 0.31 0.293 0.301 0.314 0.300 0.308 0.321 0.276 0.284 0.296 0.28 0.288 0.3 0.287 0.294 0.307 0.124 0.123 0.121 0.124 0.122 0.12 0.123 0.121 0.118 0.121 0.12 0.118 0.121 0.12 0.117 0.12 0.118 0.115 0.093 0.087 0.077 0.090 0.084 0.074 0.085 0.078 0.067 0.095 0.089 0.079 0.092 0.085 0.075 0.086 0.08 0.07 0.5 0.7 0.38 0.5 0.7 0.38 0.5 0.7 0.38 0.5 0.7 149 Partie 3. La dynamique de la population. Les femelles adultes et sub-adultes contribuent presque identiquement à la reproduction dans la population et forment 77% du potentiel reproducteur de la population (Tableau 3.11). Les jeunes femelles contribuent néanmoins à plus de 20% à la reproduction (Tableau 3.11). Tableau 3.11 : Contribution relative des femelles à la reproduction pour chaque classe d’âge et pour chaque valeur de survie pré-sevrage (Sps) et de proportion de femelles de un an qui vont se reproduire (Pj). JF : Jeune femelle, SAF : Sub-adulte femelle, FA : Femelle adulte. Sps 0.805 Avec chasse 0.84 0.905 0.805 Sans chasse 0.84 0.905 Pj JF SAF FA 0.38 0.5 0.7 0.38 0.5 0.7 0.38 0.22 0.23 0.25 0.219 0.23 0.249 0.22 0.23 0.37 0.36 0.35 0.371 0.365 0.355 0.37 0.36 0.41 0.40 0.39 0.41 0.405 0.396 0.41 0.41 0.25 0.35 0.4 0.22 0.23 0.249 0.22 0.23 0.242 0.21 0.23 0.25 0.37 0.365 0.355 0.37 0.365 0.359 0.37 0.37 0.35 0.41 0.405 0.396 0.41 0.405 0.4 0.41 0.41 0.40 0.5 0.7 0.38 0.5 0.7 0.38 0.5 0.7 0.38 0.5 0.7 4 Discussion La population de Châteauvillain-Arc en Barrois est encore en croissance malgré la forte pression de chasse exercée dans le massif avec un taux de multiplication probablement proche de 9%. Ce taux d’accroissement est obtenu pour la valeur de survie entre la naissance et le sevrage estimée à Châteauvillain (0.805) et une proportion de jeunes femelles reproductrices de 50% (proportion moyenne observée au tableau de chasse en février, N=168). Si la population n’était pas chassée, elle doublerait en effectif chaque année. Il est important de souligner ici que le taux de multiplication sans chasse est probablement assez élevé par rapport, par exemple, à des populations méditerranéennes. Le 150 Chapitre 4. Le bilan démographique. recrutement est sûrement plus faible notamment avec des tailles de portée plus petites (3.69 ± 1.22 jeunes par portée en moyenne en Espagne, N=58 ; Fernandez-Llario et al. 1999). Dans tous les cas, nous sommes loin des 300% annoncés récemment par Arnold Tirsh dans une revue cynégétique en février 2007! Ce bilan démographique révèle également des caractéristiques démographiques bien particulières comparativement à la démographie des grands mammifères. Tout d’abord, le temps de génération de la population chassée de 2.24 ans et de 4–5 ans lorsqu’il n’y a pas de chasse, est très faible pour une espèce de cette taille (Tableau 3.9). Gaillard (1992) a recensé les temps de génération de 25 espèces d’Ongulés et toutes ont un Tb supérieur à quatre ans, le plus faible étant de 4.2 ans pour la chèvre (Capra hircus). En utilisant la relation qu’il a établi (T=2.122*W0.2933 avec W le poids en kg) et en prenant le poids moyen de 63 kg qui correspond au poids moyen des femelles adultes (Tableau 3.1), la population devrait avoir un temps de génération de 7.15 ans. Tout tend à montrer que le renouvellement de la population est très rapide. Par ailleurs, le temps de génération est une mesure fiable pour positionner une population de mammifères sur le gradient continu lentrapide caractéristique des mammifères (Gaillard et al. 2005) qui opposent des espèces avec une maturité précoce, une forte fécondité et une vie courte à des espèces ayant les valeurs des traits d’histoire de vie opposés (Gaillard et al. 1989 ; Introduction p7). Pour sa taille, le Sanglier est donc bien une espèce proche de l’extrémité « rapide » du gradient r-K (label r-K, sensu Stearns 1976). Chez les grands mammifères, un certain nombre de preuves empiriques montrent que la survie adulte est le paramètre démographique avec la plus forte élasticité et donc avec un fort impact potentiel sur le taux de multiplication en cas de variation. Il semblerait qu’au cours du temps (sur une échelle évolutive), la survie adulte des femelles ait été canalisée par le processus de sélection naturelle pour que celle-ci soit justement maintenue élevée et peu variable aux changements des conditions environnementales comme les conditions climatiques ou des variations de densité de population (Gaillard et al. 2000 ; Gaillard & Yoccoz 2003). La survie juvénile, au contraire, montre de fortes variations temporelles ce qui accentue son rôle déterminant dans le taux de multiplication bien que son élasticité soit plus faible comparée à la survie adulte (Gaillard et al. 1998, 2000). Contrairement à ce qui est observé chez les grands mammifères, les résultats de ce chapitre montrent que bien que la survie des juvéniles (Sj) soit le paramètre démographique avec la plus forte élasticité, la contribution relative aux variations du taux de multiplication est 151 Partie 3. La dynamique de la population. quasiment identique entre les paramètres de survie et de fécondité (Tableau 3.9). Ainsi une variation des paramètres de fécondité aura un impact aussi fort que la même variation appliquée aux paramètres de survie. Par ailleurs, la survie adulte est caractérisée par un fort coefficient de variation (CV=0.25, Chapitre 3 de cette partie vs CV=0.087, N=48 populations, Gaillard et al. 2000) et ne semble donc pas avoir été soumise au processus de canalisation. Le coefficient de variation calculé dans le Chapitre 3 pour la survie des femelles adultes se rapproche d’ailleurs plus, de celui observé par Gaillard et al. (2000) pour la survie juvénile (CV=0.279). L’impact potentiel sur le λ est donc potentiellement plus fort lorsque la survie juvénile est modifiée. Ces résultats concordent en partie avec les résultats trouvés par Bieber & Ruf (2005). Ces auteurs ont simulé des bilans démographiques selon des conditions environnementales différentes : mauvaises, intermédiaires et bonnes. Lorsque les conditions environnementales sont bonnes, c’est-à-dire avec une fructification forestière importante et un hiver doux, l’élasticité à la survie des juvéniles est la plus élevée. En revanche, l’élasticité à la survie adulte est la plus élevée lorsque les conditions sont mauvaises. Le nombre de jeunes produits et la proportion de femelles juvéniles reproductrices utilisés dans ce chapitre correspondent aux valeurs des paramètres qu’ils ont testé dans leur scénario « bonne condition environnementale ». Une contradiction mérite néanmoins d’être soulevée ici. Ces auteurs ont paramétré leur modèle matriciel pour simuler de bonnes conditions environnementales avec des proportions de femelles reproductrices sub-adultes et adultes plus faibles que lorsque les conditions environnementales étaient mauvaises ou intermédiaires (Tableau 2 dans Bieber & Ruf 2005). Ceci semble quand même peu vraisemblable. Dans tous les cas, ce bilan démographique souligne la spécificité du Sanglier au sein des Ongulés et tend à montrer qu’il ne peut pas être géré de la même façon que les autres espèces. Ceci nous a donc amené à vouloir construire un modèle de gestion spécifique et à l’appliquer aux données de Châteauvillain-Arc en Barrois. 152 Chapitre 5. Démographie du Sanglier : conséquences pour la gestion de l'espèce. Chapitre 5 : Démographie des populations de sangliers : conséquences pour la gestion de l'espèce∗ Choix d’un modèle démographique bien particulier Au cours du bilan démographique effectué avec un modèle matriciel en classes d’âge, il a été mis en évidence que le Sanglier se distinguait des autres espèces d’Ongulés (Chapitre précédent). Il est donc nécessaire d’ajuster la gestion appliquée à cette espèce bien particulière. Pour cela, il faut que les gestionnaires puissent ajuster la pression de chasse∗∗ selon l’objectif de gestion recherché : augmentation, diminution, stabilisation de la population. L’utilisation d’un modèle en classes d’âge n’est donc pas vraiment très pertinent dans un contexte de gestion dans la mesure où l’estimation de l’âge des sangliers est difficile sur le terrain et demanderait un ajustement lourd dans chaque unité de gestion. Nous avons donc décidé d’utiliser un modèle matriciel avec comme variable démographique catégorielle, le poids au lieu de l’âge. En effet, le poids est souvent une information relevée sur les sangliers prélevés et ce, quelque soit l’échelle de gestion considérée. Ce type de modèle matriciel est utilisé plus classiquement en botanique ou pour l’étude des invertébrés puisque le passage d’un stade à un autre de leur développement, au cours du cycle de vie, est facilement identifiable et il a été décrit pour la première fois par Lefkovitch (1965 in Sauer & Slade 1988). Il est défini comme un modèle classé en stade (stage-classified model ; Lebreton 2005b) où les individus, au lieu de passer d’une classe d’âge à la classe d’âge supérieure, vont dans notre cas passer d’une classe de poids à l’autre (e.g. size-based demographic model, Sauer & Slade 1987). La matrice de projection inclut donc des probabilités de passage d’une classe de poids à une classe de poids supérieure. Ainsi, au lieu d’estimer les paramètres de fécondité ou de survie par classe d’âge, ils sont estimés par classe de poids. A ma connaissance, ce type de modèle n’a été employé que deux fois pour ∗ J’ai présenté oralement, lors de deux congrès, les résultats de ce chapitre. Tout d’abord en août 2005, au 27ième Congress of the International Union of Game Biology à Hanovre en Allemagne (voir Annexe 6 pour le résumé « étendu » en anglais) puis en mars 2007 lors du Colloque sur les Modalités de gestion du sanglier, qui s’est déroulé à Reims en France. Je reprends ici l’acte du colloque rédigé suite à celui-ci. Ce travail va également donner lieu à un article pour lequel Jean-Michel Gaillard est premier auteur et dans lequel je serai associée. ∗∗ La pression de chasse est définit ici comme la proportion des animaux prélevés à la chasse. A ne pas confondre avec l’effort de chasse qui peut être, par exemple : le nombre de jours chassés, le nombre de chasseurs, le nombre de chiens présents dans la traque… 153 Partie 3. Gestion et dynamique de population. décrire la dynamique de populations de mammifères (baleine (Sous-ordre des mysticètes), Allen 1980 in Sauer & Slade 1988 ; rat du coton (Sigmodon hispidus) et campagnol des prairies (Microtus ochrogaster), Sauer & Slade 1988). Sabrina Servanty, Jean-Michel Gaillard, Carole Toïgo, Jean-Dominique Lebreton, Eric Baubet, François Klein, Serge Brandt. In press. Démographie des populations de sangliers : conséquences pour la gestion de l'espèce. Actes du colloque Modalités de gestion du sanglier (Reims, France, 1-2 mars 2007) Introduction La réalisation de ce colloque et les différentes interventions qui se sont déroulées au cours de celui-ci, montrent que le sanglier occupe une place importante dans le monde cynégétique et le milieu agricole, sylvicole ou même en zone péri-urbaine. A l’heure actuelle les populations de sangliers sont encore plutôt en augmentation et cela, malgré les fortes pressions de chasse qui sont parfois exercées. Toutefois depuis ces trois dernières années, au niveau national, une certaine stabilisation du tableau de chasse des sangliers (Pfaff & Saint-Andrieux in press) et de l’indemnisation des dégâts dus à cette espèce semble observée (Guibert in press). Cette tendance, récente, doit néanmoins être confirmée. En effet, il est fort possible que la stabilisation observée traduise aussi la diminution régulière du nombre de chasseurs (Bedarida in press). Ceci indiquerait donc une situation où la pression de chasse sature malgré l’augmentation des effectifs des populations de sanglier et où continuer à augmenter le prélèvement au tableau de chasse deviendrait difficile à réaliser. Toutefois, un des enseignements de ce colloque est que la gestion appliquée, ou plutôt les gestions appliquées actuellement (Lagier in press), montrent quelques hésitations à limiter la progression des effectifs des populations. Ce fait est d’autant plus marqué que les gestionnaires ne disposent pas d’estimations fiables des paramètres démographiques (les survies par exemple) pour simuler différents scénarii de gestion. Il leur est donc difficile de définir ensuite les règles de prélèvement à réaliser selon les objectifs qu’ils se sont fixés : augmentation, stabilisation ou diminution de la population. Nous avons donc voulu modéliser le fonctionnement de la dynamique d’une population chassée de sangliers. Cette modélisation a été élaborée de manière à obtenir des paramètres « de sortie » pouvant être comparés à des données de terrain classiquement recueillies par la majorité des 154 Chapitre 5. Démographie du Sanglier : conséquences pour la gestion de l'espèce. gestionnaires. Ainsi, nous avons axé notre analyse sur les deux informations les plus souvent collectées sur les individus chassés : le sexe et le poids. De plus, ces informations sont aussi souvent disponibles quelque soit l’échelle spatiale de gestion (société de chasse, Unité de Gestion, Groupement d’Intérêt Cynégétique, Départementale….). Nous avons donc décidé de construire un modèle utilisant ces deux informations. Etape 1 : Construction du cycle de vie des laies et estimation des paramètres. Pour réussir à modéliser le fonctionnement de la dynamique d’une population, il faut dans un premier temps représenter schématiquement les différentes étapes de la vie d’un individu au cours d’une année (Figure 3.17). Le principe de cette modélisation s’applique de façon identique aux mâles comme aux femelles, seul les bornes des trois classes de poids varient en fonction du sexe. Toutefois, ici, nous allons focaliser notre analyse sur les laies dans la mesure où ce sont elles qui forment essentiellement le potentiel reproducteur de la population. Nous avons donc défini trois classes de poids : des femelles de moins de 30 kg vidés (appelées ensuite petites femelles), des femelles entre 30 et 50 kg vidés (appelées ensuite moyennes femelles) et des femelles de plus de 50 kg vidés (appelées ensuite grosses femelles). La limite de 30 kg vidés a été retenue dans la mesure où il s’agit le plus souvent du poids seuil observé en dessous duquel les laies ne se reproduisent pas (Aumaître et al. 1982 ; Mauget & Pépin 1985 ; Gaillard et al. 1993 ; Vassant et al. 1995). La limite de 50 kg vidé a été retenue car il s’agit de la règle de tir arbitraire, la plus communément utilisée par les gestionnaires. Au cours d’une année (Figure 3.17), par exemple de mars à mars, les femelles vont se reproduire et en fonction de leur classe de poids vont avoir, d’une part une probabilité différente de participer à la reproduction et d’autre part, de produire un nombre différent de jeunes (Figure 3.17, flèches en rouge). Nous considérons que la sexe-ratio à la naissance est équilibrée, par conséquent, en moyenne, la moitié des jeunes produits seront des femelles. Une fois nés, les marcassins ont une survie particulière jusqu’au sevrage (Figure 3.17, flèche bleue). Au cours de l’année, les femelles vont grandir et grossir et elles vont donc avoir une certaine probabilité de passer dans la classe de poids supérieure ou au contraire, de rester dans la même classe de poids (Figure 3.17, flèches vertes). Nous considérons qu’au cours de l’année, les retours en arrières ne sont pas possibles, c’est-à-dire qu’une fois que les femelles 155 Partie 3. Gestion et dynamique de population. sont passées dans la classe de poids supérieure, elles ne peuvent pas maigrir et repasser dans la classe de poids inférieure. Par conséquent, les femelles qui ont atteint la classe de poids supérieure à 50 kg, vont rester dans cette catégorie. Ce raisonnement s’applique bien évidemment à chaque classe de poids. Les laies de chaque catégorie ont ensuite une certaine probabilité de survivre jusqu’au moment de la chasse (Figure 3.17, flèches bleues). Enfin, lors de la chasse, les femelles vont avoir une certaine probabilité de mourir à la chasse ou au contraire de survivre à la chasse et donc de vivre jusqu’à la reproduction suivante et ce, quelle que soit la classe de poids (Figure 3.17, flèches noires). Figure 3.17: Représentation schématique du cycle de vie annuel pour les femelles. Chaque flèche de couleur représente un paramètre démographique qui doit être estimé ou calculé. Nous obtenons ainsi une représentation du cycle de vie annuel fondé sur des données récoltées de façon massive par les gestionnaires, à savoir le sexe et le poids vidé pesé. La correspondance poids plein-poids vidé peut s’obtenir assez aisément (Baubet 1998 pour une synthèse). L’intérêt de ce modèle est que la performance d’une nouvelle règle de gestion pourra être, en retour, évaluée facilement par les gestionnaires. En effet, le modèle donne accès à des proportions d’animaux tués selon des classes de poids. Il est donc possible de comparer les distributions de poids estimées par le modèle selon le scénario démographique souhaité et celles observées lors de la saison de chasse. 156 Chapitre 5. Démographie du Sanglier : conséquences pour la gestion de l'espèce. Les paramètres du modèle ont été obtenus de deux manières. La majorité d’entre eux ont été calculés et/ou estimés à partir des données récoltées sur du long terme dans la station de Châteauvillain Arc-en-Barrois (52, Haute-Marne). Ainsi, l’analyse des tractus génitaux des femelles prélevées sur ce site, pendant la chasse, permet d’estimer la probabilité qu’une femelle de chacune des classes de poids participe ou non à la reproduction. De plus, cette analyse permet aussi de déterminer le nombre de petits (donc de futures laies) que celle-ci va procréer. A partir des données de Capture-MarquageRecapture, il a été possible d’estimer la mortalité naturelle et la mortalité due à la chasse. Par contre, pour certains paramètres peu renseignés, des estimations à dire d’expert ont été utilisées. Nous avons donc discuté pour s’accorder sur la valeur à attribuer à la survie juvénile, de la naissance jusqu’au sevrage, ainsi que les différentes probabilités de passage d’une classe de poids à l’autre. Etape 2 : Validation de la structure du modèle et des valeurs des paramètres associés. Pour vérifier la vraisemblance de la structure de notre modèle ainsi que la validité des valeurs des paramètres associés, nous avons calculé le taux de multiplication de la population. Nous obtenons une valeur de 1,075, ce qui signifie que l’effectif de la population augmente encore de 7,5% par an. Si nous considérons un modèle en classe d’âge avec les trois classes d’âge classiquement retenues : les jeunes de l’année, les sub-adultes âgés entre 12 et 24 mois et les adultes de plus de 24 mois, nous obtenons un taux de multiplication de 1,06 à Châteauvillain Arc-en-Barrois, soit une augmentation de 6%. Enfin, si nous considérons le tableau de chasse sanglier à l’échelle nationale, nous obtenons un taux de multiplication de 1,088 donc une augmentation de 8,8%. De fait, le taux de multiplication obtenu avec notre modèle en classe de poids reflète donc assez bien la croissance généralement observée des populations de sangliers. Nous avons ensuite regardé comment se distribuaient les classes de poids dans le tableau de chasse de Châteauvillain Arc-en-Barrois. Un classement dans l’ordre décroissant montre que ce sont les petits mâles qui sont les plus prélevés puis viennent les moyennes femelles, ensuite les mâles de poids moyens, puis les grosses femelles, les petites femelles et enfin les gros mâles (Tableau 3.12). Lorsque nous regardons la distribution estimée par notre modèle pour ces six classes d’individus, nous observons une parfaite concordance 157 Partie 3. Gestion et dynamique de population. entre les prédictions et le résultat observé (Tableau 3.12). Ainsi, la structure de notre modèle, de même que les paramètres associés, semblent être vraisemblables et valides. Tableau 3.12 : Comparaison de la distribution observée au tableau de chasse à Châteauvillain Arc-en-Barrois sur les animaux prélevés et pour chaque classe de poids avec celle estimée à partir du modèle. Les silhouettes en bleu représentent les mâles, celles en rose les laies. La catégorie de poids est indiquée par la taille de la silhouette. Les chiffres indiqués sur chaque silhouette sont les bornes des catégories de poids retenues. Avec ces paramètres, il est également possible de déterminer le temps de génération, c’est-à-dire de calculer l’âge moyen des femelles qui vont se reproduire lors des naissances. Le temps de génération estimé est de 2,16 ans. Ainsi, au moment de la reproduction, les femelles de la population sont âgées en moyenne de 2,16 ans. La population a donc une moyenne d’âge peu élevée et le temps de génération est très court. En effet, chez les ongulés, le temps de génération est toujours supérieur à deux ans et chez des ongulés d’une taille similaire au sanglier, ce temps de génération est généralement de l’ordre de sept ans (Gaillard 1992). Ceci démontre encore la particularité de l’espèce sanglier parmi les ongulés et souligne aussi que cette espèce ne peut pas être gérée de la même manière que les autres espèces comme le cerf ou le chevreuil. 158 Chapitre 5. Démographie du Sanglier : conséquences pour la gestion de l'espèce. Etape 3 : Utilisation du modèle dans un but prédictif : quelles mesures de gestion appliquées pour stabiliser les populations ? La structure de notre modèle étant validée, il est possible d’élaborer des scénarii de chasse permettant de prédire quels types de prélèvement peuvent limiter ou stabiliser la croissance de la population étudiée. Pour stabiliser la croissance de la population, il faut que son taux de multiplication soit ramené à un. Nous sommes partis de la situation observée à Châteauvillain Arc-en-Barrois où la pression de chasse moyenne exercée sur les femelles est de 43% et ce, quelle que soit la classe de poids à laquelle elles appartiennent. Ceci signifie que 43% des femelles présentes en début d’année vont être prélevées au cours de la saison de chasse. Nous rappelons que cette pression de chasse moyenne de 43% se traduit à l’heure actuelle par un taux de multiplication de 1.075. Grâce aux connaissances acquises dans le domaine des analyses démographiques (Brooks & Lebreton 2001), il est possible de déterminer comment il faudrait modifier la pression de chasse exercée sur une classe de poids donnée en supposant que la pression de chasse, exercée sur les deux autres classes, reste fixe. Ainsi pour stabiliser l’accroissement de la population, avec une pression de chasse de 43% sur les petites et les moyennes femelles, il faudrait augmenter l’effort de prélèvement sur les grosses femelles de 10,9%, c’est-à-dire exercer une pression de chasse de 53,9% (Tableau 3.13). De la même manière, en maintenant le pression de 43% inchangée chez les petites et des grosses femelles, il faut alors augmenter le prélèvement sur les moyennes femelles de 8,4% pour stabiliser la population (Tableau 3.13). Enfin, si l’effort veut être porté sur les petites femelles, tout en maintenant la pression sur les moyennes et les grosses femelles à 43% alors il faut augmenter de 38,8% la pression sur les petites femelles pour réussir à stabiliser l’évolution démographique de la population (Tableau 3.13). 159 Partie 3. Gestion et dynamique de population. Tableau 3.13 : Proportion de femelles à prélever dans chaque catégorie de poids pour aboutir à une stabilisation de l’accroissement de la population. Nous sommes partis de la situation observée à Châteauvillain Arc-en-Barrois où la pression de chasse exercée, en moyenne sur les femelles, est de 43%. En faisant varier la pression de chasse pour une seule classe de poids à la fois, il est possible de regarder dans quelle mesure il faut modifier les prélèvements sur une classe de poids donnée pour obtenir le résultat fixé : une population stable (voir dans le texte pour de plus amples explications). Pour illustrer concrètement ces résultats et comment cela se traduit effectivement sur le terrain, nous proposons l’exemple suivant : Avant chasse, considérons par exemple, une population constituée de 160 petites femelles, 44 moyennes femelles, 28 grosses femelles soit un total de 232 femelles. Avec une pression de chasse de 43% sur les trois catégories de femelles, le tableau de chasse sera donc constitué de 69 petites femelles, 19 moyennes femelles et 12 grosses femelles : soit un tableau de chasse de 100 laies prélevées (Figure 3.18). Si les gestionnaires décident, pour stabiliser la population, de porter leur effort de prélèvement uniquement sur les petites femelles, alors la proportion à prélever sera de 81,8% soit 131 petites femelles au lieu des 69 actuellement chassées. Il faut aussi que le prélèvement sur les deux autres classes de poids soit maintenu en prélevant toujours 19 moyennes femelles et 12 grosses femelles. Le tableau de chasse total à réaliser avec cette option de tir préférentiel sur la classe de poids la plus faible, sera de 162 laies (Figure 3.18). 160 Chapitre 5. Démographie du Sanglier : conséquences pour la gestion de l'espèce. Figure 3.18 : Illustration chiffrée de l’effort de prélèvement à réaliser pour réussir à stabiliser l’accroissement de la population. Dans ce cas de figure, la pression de chasse est exercée uniquement sur la catégorie des petites femelles. 43% d’effort de prélèvement reste exercée sur les moyennes et les grosses femelles. Les silhouettes en rose représentent les femelles vivantes et les silhouettes en gris représentent les femelles prélevées à la chasse. Une autre possibilité est que les gestionnaires décident pour stabiliser l’accroissement de la population, d’augmenter le prélèvement sur les moyennes femelles. Avec le même raisonnement que précédemment, il faut alors prélever 23 moyennes femelles au lieu de 19 et maintenir le prélèvement des 69 petites femelles et des 12 grosses femelles. Dans ce schéma-là, le tableau de chasse total sera donc de 104 femelles (Figure 3.19). Enfin, les gestionnaires peuvent décider de stabiliser la population en augmentant exclusivement le prélèvement des grosses femelles. Dans ce cas, 15 grosses femelles devront être prélevées au lieu des 12 actuelles, tout en continuant à prélever 69 petites laies et 19 laies moyennes. Le tableau de chasse total sera donc de 103 femelles (Figure 3.20). Ainsi, à partir de la situation actuelle à Châteauvillain Arc-en-Barrois (43% de prélèvement en moyenne sur les femelles), il est possible de résumer les différentes possibilités, illustrées ici, qui s’offrent aux gestionnaires pour stabiliser une population. Nous voyons qu’en terme 161 Partie 3. Gestion et dynamique de population. d’effectifs, le tableau de chasse le plus important à réaliser sera lorsque la pression de chasse est orientée sur les petites femelles avec 62 petites laies supplémentaires qui devront être inscrites au tableau (Tableau 3.14). Pour les autres options développées, le prélèvement de quatre femelles moyennes supplémentaires ou celui de trois grosses femelles permet d’aboutir au même résultat final (Tableau 3.14). Figure 3.19 : Illustration chiffrée de l’effort de prélèvement à réaliser pour réussir à stabiliser l’accroissement de la population. Dans ce cas de figure, la pression de chasse est exercée uniquement sur la catégorie des moyennes femelles. 43% d’effort de prélèvement reste exercée sur les petites et les grosses femelles. Les silhouettes en rose représentent les femelles vivantes et les silhouettes en gris représentent les femelles prélevées à la chasse. De toute évidence, si la pression de chasse exercée initialement sur les catégories de poids des femelles est différente de 43%, des ajustements sont à faire mais le modèle permet de fournir le même type d’estimation. Il peut aussi être utilisé avec un objectif différent, c’est-à-dire pour augmenter (taux d’accroissement supérieur à un) ou diminuer l’accroissement d’une population (taux d’accroissement inférieur à un). 162 Chapitre 5. Démographie du Sanglier : conséquences pour la gestion de l'espèce. Figure 3.20 : Illustration chiffrée de l’effort de prélèvement à réaliser pour réussir à stabiliser l’accroissement de la population. Dans ce cas de figure, la pression de chasse est exercée uniquement sur la catégorie des grosses femelles. 43% d’effort de prélèvement reste exercée sur les moyennes et les petites femelles. Les silhouettes en rose représentent les femelles vivantes et les silhouettes en gris représentent les femelles prélevées à la chasse. Conclusions et recommandations : Bien que notre modèle demande encore à être testé sur d’autres populations ou à d’autres échelles de gestion pour permettre sa validation définitive en tant qu’outil d’aide à la gestion, il permet d’ores et déjà d’affirmer qu’il n’existe pas une et une seule règle de gestion pour obtenir un même résultat : ici, la stabilisation de la population. Diverses approches sont possibles pour aboutir à un but fixé même si les contraintes (en terme d’effectifs à prélever) selon les diverses approches ne seront pas les mêmes. En effet, il paraît, en pratique, plus difficilement réalisable d’augmenter de presque 40% le tableau de chasse des petites femelles ! C’est pourquoi, nous préconisons donc d’augmenter de préférence l’effort de prélèvement sur les femelles de plus de 30 kg une fois vidées. Bien évidemment, tout dépend aussi des conditions de chasse dans la zone considérée : quel est l’effectif des chasseurs disponibles ? Quel est le nombre de jour de chasse hebdomadaire 163 Partie 3. Gestion et dynamique de population. autorisé ? Ou même, quelle est la durée totale de l’action cynégétique sur l’espèce sanglier ? Ainsi, le choix retenu par le gestionnaire dans la méthode à appliquer pour stabiliser l’accroissement de la population pourra être différent. Tableau 3.14 : Synthèse des différents scénarii de gestion possibles pour réussir à stabiliser une population de sangliers. Pour chaque scénario est indiqué (1) sur quelle catégorie des femelles (symbolisée par la taille des silhouettes des laies) va s’exercer l’augmentation de la pression de chasse et (2) le nombre total de femelles à prélever pour obtenir une stabilisation de la population. La colonne de gauche sert de référence. Elle indique que dans la situation de départ, pour laquelle le taux de multiplication de la population est de 1,075, 100 laies sont prélevées. Toute chose étant égale par ailleurs, le taux de multiplication de la population égal à un, implique selon les différents scénarii une augmentation du prélèvement indiquée sous la silhouette. Voir le texte et les figures 2, 3 et 4 pour de plus amples explications. Le triangle orange matérialise l’intensité de l’effort de prélèvement à fournir pour aboutir au même résultat final. Toutefois, et bien que nous ayons parlé en pourcentage, une des clés de la réussite est intimement liée à la quantité, c’est-à-dire l’effectif du prélèvement réalisé. Pour arriver à stabiliser une population, la gestion doit d’abord être basée sur une certaine quantité à prélever et des ajustements qualitatifs doivent être apportés en fonction des catégories de poids qui vont être prélevées en priorité. Par conséquent, il est nécessaire d’effectuer un prélèvement à la fois quantitatif, c’est-à-dire un nombre de femelles à prélever, mais également qualitatif, c’est-à-dire prélever des femelles dans toutes les classes de poids et surtout dans les plus lourdes lorsque l’objectif est de réduire la croissance des populations. 164 Partie 4 : Synthèse et perspectives 165 Chapitre 1. Résumé et perspectives. Chapitre 1 : Résumé des principaux résultats et perspectives Tout au long de ce travail, nous avons mis en évidence la particularité du sanglier comparativement aux autres espèces d’Ongulés. Dans la partie traitant de l’allocation aux sexes, nous avons montré que la sexe ratio diminuait avec l’augmentation de la taille de portée (Servanty et al. 2007). Il semblerait que la mortalité embryonnaire soit un des mécanismes de sélection permettant à la mère de résorber préférentiellement les femelles dans les petites tailles de portée afin de produire des portées biaisées envers les mâles. Ces résultats semblent également corroborer l’hypothèse de Byers & Moodie (1990) au niveau intra-spécifique. Le dimorphisme sexuel tend en effet à diminuer avec l’augmentation de la taille de portée. Il semblerait donc qu’il existe une taille de portée « critique » ou « seuil » à partir de laquelle l’allocation aux sexes est modifiée. A ma connaissance, aucun résultat semblable n’a encore été montré empiriquement. Dans la partie consacrée à la dynamique de la population, nous avons montré le rôle non négligeable des juvéniles (femelles de moins de un an) dans la reproduction à partir d’un poids seuil de 28 kg (poids plein). Les femelles sub-adultes et adultes vont se reproduire chaque année mais leur entrée en reproduction une année donnée dépend des ressources qui sont disponibles mais également de celles qui étaient disponibles l’année précédente. Ces résultats tendent à mettre en évidence des coûts à la reproduction. Dans la mesure où les données présentées sont des données longitudinales, ce résultat ne peut être affirmé mais les patrons de variations des proportions de femelles reproductrices au cours de la saison de chasse (effet du mois) sont quand même bien différentiés et le décalage dans l’entrée en reproduction est bien visible. Les analyses des taux de survie montrent que la pression de chasse exercée à Châteauvillain est forte (jusqu’à 70% pour un mâle adulte). La survie naturelle des femelles est faible et variable dans le temps alors qu’elle est élevée et canalisée chez les autres espèces (Gaillard & Yoccoz 2003). De plus, la survie juvénile (du sevrage jusqu’à la fin de la première année) est le paramètre démographique qui a le plus fort impact potentiel sur le taux de multiplication alors qu’il s’agit de la survie adulte chez les autres espèces (Gaillard et al. 1998, 2000). Tout ces résultats tendent à montrer que le Sanglier a une stratégie bio-démographique de type « r ». 167 Partie 4. Synthèse et perspectives. Le modèle en classe de poids qui fait apparaître explicitement les proportions prélevées à la chasse, peut être un outil fonctionnel pour le gestionnaire. De toute évidence, il est néanmoins nécessaire de le tester sur d’autres populations et à des échelles de gestion différentes avant de pouvoir affirmer son réel bon fonctionnement et l’utiliser en tant que tel. Toutefois, les résultats semblent prometteurs et le modèle va être testé avec des données de tableaux de chasse du département du Doubs (25) en début d’année 2008. Cependant, les paramètres démographiques ont besoin d’être ajustés selon la localisation et les disponibilités alimentaires. Une population de sanglier habitant la garrigue n’aura certainement pas la même fécondité, et les femelles ne se reproduiront pas dans les mêmes proportions. De même, les fructifications de chênes verts (Quercus ilex) par exemple, sont beaucoup plus fréquentes que les fructifications de chênes sessiles ou de hêtres. Il est donc possible que les proportions de jeunes femelles reproductrices soient plus élevées dans ce cas. L’avantage de ce modèle réside dans la simplicité des données à récolter par les gestionnaires (sexe et poids) et dans la possibilité de pouvoir choisir plusieurs scénarii de gestion pour aboutir à un même résultat. Certains résultats de ce travail méritent d’être explorés plus en profondeur : L’expérimentation mise en place pour essayer d’estimer la survie pré-sevrage doit faire encore ses preuves puisqu’il est avéré que nous induisons un biais dans la survie ou la mortalité des marcassins dans certains cas. Il est néanmoins important de trouver une méthode pour essayer d’obtenir cette information. En effet, le nombre de jeunes produits par une femelle est encore parfois estimé au tableau de chasse par l’observation des fœtus. Or la mortalité pré-sevrage est le filtre le plus important dans le cycle de vie et les estimations du recrutement peuvent être relativement biaisées si elles sont basées sur ces données (Gaillard et al. In press). L’approche régulière des femelles équipées de colliers émetteurs pour essayer d’observer leur taille de portée lorsqu’elles sont encore au chaudron peut être une piste. Mais dans ce cas, il serait difficile une fois que les femelles ont rejoint la compagnie, de pouvoir différentier les différentes portées issues des femelles de la compagnie. Le taux de survie estimé de cette manière correspondrait donc plus à un taux de survie moyen des jeunes au sein d’une compagnie donnée. L’observation d’un décalage dans l’entrée en reproduction selon les ressources disponibles une année donnée et les ressources qui étaient disponibles l’année précédente semblent montrer qu’il existe des coûts à la reproduction. La mise au point d’un indice de condition 168 Chapitre 1. Résumé et perspectives. serait donc intéressante afin de révéler plus précisément les coûts individuels associés à la reproduction. Depuis la saison de chasse 2005-2006, le tarse est mesuré sur tous les individus aussi bien pour les individus capturés dans les pièges que pour ceux prélevés à la chasse. D’autres pistes sont possibles comme la mesure du gras sous-lombaire par laser (techniques utilisées en routine dans les élevages de porcs ; Dr Rossi S comm. pers.) même si la mise en application sur le terrain demanderait un peu d’entraînement ! Les résultats de l’allocation maternelle au sexe montrent que l’ajustement effectué par la mère est différent selon la taille de portée. Il serait intéressant de pouvoir obtenir plus de données pour ces portées extrêmes afin de pouvoir étudier plus précisément ces différents mécanismes d’ajustement. Pour cela, il faudrait que plus de femelles adultes soient prélevées lors de la chasse. Ce qui peut être possible à Châteauvillain si l’adjudicataire décide d’appliquer le modèle proposé en augmentant la pression de chasse sur les grosses femelles ! Toutefois, à priori, cela ne sera pas le cas à court terme dans la mesure où la règle de tir a été modifiée au début de la saison de chasse 2005-2006 avec désormais l’interdiction de tirer les femelles de plus de 40 kg vidées. Ce constat simple m’amène à aborder le sujet de l’avenir de la chasse en général et de la gestion du sanglier en particulier. 169 Chapitre 2. L’avenir de la chasse. Chapitre 2 : L’avenir de la chasse ou comment la chasse est à la fois un moyen de contrôler les population et une pression de sélection exercée sur les populations L’image négative de la chasse par la société a augmenté graduellement au cours du temps et il est prévu que celle-ci continue à se détériorer (Brown et al. 2000). Les sentiments anti-chasse sont souvent plus forts chez les personnes vivant en milieu urbain et sub-urbain qu’en milieu rural (Brown et al. 2000) et depuis une trentaine d’années nous assistons à une diminution régulière du nombre de chasseurs (Riley et al. 2003 aux EtatsUnis, Bedarida In press en France). En parallèle, l’« irruption » des populations d’Ongulés a induit une augmentation des dégâts causés aux activités humaines. La tolérance de la société aux dégâts de la faune étant fortement influencée par des facteurs culturels (Woodroffe 2000), le terme « gestion des populations » va imposer par conséquent des valeurs sociales sur et dans le contrôle de la faune (O’Rourke 2000). Dans la plupart des cas, une des premières limites au contrôle d’une population∗ est la capacité des personnes concernées à prélever la faune (Treves & Karanth 2003). C’est pourquoi, la chasse est devenue pour de nombreuses espèces, le seul moyen de contrôle des populations. La question se pose néanmoins si dans le futur, la chasse sera suffisante pour réguler les populations et les études laissent entrevoir que la gestion à large échelle, risque d’être difficile juste en utilisant la chasse « récréative » (Brown et al. 2000 ; Riley et al. 2003). 1 Quelles sont les conditions pour que la chasse ait un rôle effectif dans le contrôle des populations ? Cinq critères ont été retenus par Brown et al. (2000) pour que la chasse soit un moyen de contrôler l’effectif d’une population : 1/ Le gestionnaire doit avoir les moyens d’influencer la gestion et de changer régulièrement le mode de gestion (Diefenbach et al. 1997). Par exemple en ∗ Le contrôle d’une population est défini ici comme les moyens utilisés pour arriver à augmenter ou à diminuer l’abondance d’une population à un niveau souhaité ou à la stabiliser à un niveau acceptable Brown et al. (2000). 171 Partie 4. Synthèse et perspectives. diminuant le nombre d’individus prélevés quand la population s’est stabilisée ou en augmentant au contraire les prélèvements lorsque la population a augmenté. Dans le contexte actuel, cette situation peut poser un problème surtout si l’augmentation du tableau de chasse doit être importante. Inversement, les chasseurs peuvent avoir du mal à accepter que le tableau de chasse soit fortement diminué. 2/ La chasse doit être un mécanisme de contrôle fiable et précis. Il faut arriver à convaincre les chasseurs que les populations doivent être contrôlées et que leur rôle est primordial dans la gestion (Diefenbach et al. 1997). 3/ Il faut adapter l’étendue effective du mécanisme de contrôle à l’échelle de gestion pour obtenir l’objectif de gestion souhaité. Il s’agit ici d’un effet numérique. Combien de chasseurs sont nécessaires pour une surface de gestion donnée selon un objectif de gestion donné ? 4/ Il faut que l’intégration d’un autre mode de gestion utilisé en parallèle soit possible. Il s’agit ici de moyen alternatif à la chasse comme par exemple la contraception de la faune. Ce genre de méthode est pour le moment, encore moins bien accepté par la société que la chasse (Curtis et al. 1997) 5/ La faculté d’adaptation du mécanisme de contrôle. La chasse peut-elle pallier par exemple au fait que l’accès à certaines zones soit restreint et qu’elles forment donc des zones refuges ? Cela peut-il affecter l’efficacité du moyen de contrôle de la population. Un travail de doctorat est actuellement en cours afin de déterminer l’influence des zones de réserve sur l’occupation de l’espace du sanglier lors de la saison de chasse (Thèse de Vincent Tolon dans le Bassin Genevois, Tolon et al. In press). 2 Le gibier et le chasseur : une relation proieprédateur ? Quel que soit l’objectif de la gestion appliquée à un endroit donné, la maîtrise et la réalisation des prélèvements dépend surtout de la participation des chasseurs et notamment de leur coopération avec plus particulièrement l’acceptation des règles de tirs (Brown et al. 2000 ; Riley et al. 2003 ; Stedman et al. 2004). C’est pourquoi certains auteurs essayent de caractériser un « chasseur type » pour aider les gestionnaires à savoir comment seront acceptées leurs décisions de gestion (Stedman et al. 2004). 172 Chapitre 2. L’avenir de la chasse. Ainsi, certaines études sociologiques recherchent quels sont les facteurs de motivation des chasseurs et quelles sont les décisions prises par les gestionnaires qu’ils sont près à accepter et ce, afin de déterminer comment augmenter leur participation efficace au contrôle de la population (Enck et al. 2000 ; Stedman & Heberlein 2001). En effet, la relation entre le chasseur et le gibier peut s’apparenter à un système prédateur-proie (Van Deelen & Etter 2003) même si peu d’informations sont connues sur la réaction des chasseurs lorsque la densité en gibier est modifiée. Ceci reste une question cruciale qui n’est pas encore résolue pour le moment. Il existe effectivement peu d’études étudiant le comportement du chasseur sur le terrain. Seulement deux études ont été recensées par Stedman et al. (2004) dans lesquelles les chasseurs ont été équipés de GPS afin que leurs déplacements soient localisés lors de leur action de chasse. Une étude suivait des chasseurs de cerfs élaphe et une autre suivait des chasseurs de lagopèdes des saules (Lagopus lagopus). Ce type d’informations est important dans la mesure où l’efficacité réelle de la gestion va dépendre de leurs comportements. Est-ce que le chasseur n’a rien prélevé parce que la densité en animal est vraiment faible ou par exemple, est-ce parce que l’habitat est très fourré et que la recherche du gibier a donc été moins efficace ou effectuée de façon moins approfondie ? 3 Les chasseurs et les gestionnaires : vers une nouvelle pédagogie ? Brown et al. (2000) concluent leur étude en estimant qu’il est possible de réaliser le contrôle d’une population de cerfs à queue blanche (Odocoileus virginianus) grâce à la chasse si il existe suffisamment de chasseurs près à : 1/ se soumettre aux règles imposées par le gestionnaire. 2/ participer avec bonne volonté à des chasses dans différentes conditions environnementales ou dans différents contextes sociaux. 3/ mettre de la bonne volonté pour chasser des cerfs non coiffés à un taux jugé nécessaire. Ce dernier point est particulièrement intéressant. En effet, aux Etats-Unis la situation des populations de cerfs à queue-blanche est analogue à celle observée pour le sanglier en France. Les populations sont nombreuses et les effectifs surabondants (McCullough 1997). Pourtant les chasseurs ont toujours autant de réticence à prélever des femelles ou des jeunes notamment parce que ce ne sont pas des cerfs coiffés. En France, une majorité de 173 Partie 4. Synthèse et perspectives. chasseurs et/ou de gestionnaires n’acceptent qu’à contrecœur de chasser des femelles adultes (d’où l’existence d’une règle de tir, souvent fixée à 50 kg vidés). Cette politique de protection des « grosses » femelles, débutée dans les années 70 lorsque l’objectif était d’augmenter les effectifs des populations, est désormais bien ancrée. Il est possible qu’une longue période s’écoule encore avant que cette « barrière mentale » (Ne pas tuer de grosses femelles) ne soit levée. Le colloque sur les Modalités de Gestion du Sanglier qui s’est déroulé en Mars 2007 en présence de nombreux acteurs de la gestion du Sanglier en France laisse entrevoir quand même une certaine réactivité par rapport à ce sujet épineux (Theret In press : « Nous connaissons les solutions mais aurons-nous le courage de les appliquer pour que le sanglier redevienne l’ami de la chasse qu’il était il y a une trentaine d’années ? »). L’utilisation du mot courage montre bien la complexité du domaine ! Aux Etats-Unis, Brown et al. (2000, p 805) précise qu’à son avis « dans le futur, aucun autre domaine de gestion de la faune sauvage ne comportera autant d’interactions complexes entre des aspects biologiques, économiques, sociaux et culturels que l’utilisation de la chasse comme un moyen de contrôler les effectifs des populations de cerfs ». J’aurai tendance à dire que la situation en France sera vraisemblablement identique avec l’espèce Sanglier. Comment arriver alors à (ré)concilier tout le monde ? Brown et al. (2000) pensent que pour réussir à réaliser l’objectif de prélèvement souhaité, il faut coupler des quotas poids et sexe spécifiques avec des programmes de formation intense des chasseurs/gestionnaires. Ces auteurs préconisent de sensibiliser les différentes personnes concernées à l’écologie de l’espèce ainsi qu’aux conflits qui émergent lors de l’augmentation des tailles de population. Il est nécessaire également de bien leur démontrer la valeur actuelle de la chasse : le moyen indispensable pour obtenir les objectifs de gestion de l’espèce. Il est également nécessaire de transmettre ce message à un public beaucoup plus large afin de recruter une nouvelle population de chasseurs dans la mesure où il n’existe pas encore de solution alternative à la chasse qui soit socialement mieux acceptée (Curtis et al. 1997). Cette méthode semble prometteuse puisqu’une enquête réalisée par Bhandari et al. (2006) a montré que les chasseurs de cerfs non coiffés d’une part se sentent plus concernés par la gestion de la population que les chasseurs de cerfs avec trophée et qu’ils considèrent d’autre part la chasse comme un moyen d’accomplir celle-ci. Ces chasseurs ont conscience de leur rôle en tant que gestionnaire de la faune. 174 Chapitre 2. L’avenir de la chasse. 4 Le rôle évolutif de la chasse Ce n’est que récemment que les chercheurs se sont intéressés au rôle évolutif de la chasse. Pourtant, à une échelle de temps évolutive pertinente, la chasse peut modifier les gradients de sélection et entraîner la sélection de traits d’histoire de vie dans la population en agissant comme déterminant de processus micro-évolutifs. Ce potentiel évolutif a été mis en évidence initialement dans les pêcheries et Ratner & Lande (2001) ont montré par modélisation que l’exploitation directionnelle (en fonction de la taille) d’une population à génération discrète comme les saumons roses (Oncorhynchus gorbuscha) ou les calmars (Loligo vulgaris) pouvait induire de profonds changements évolutifs selon l’intensité de la pêche et la sélection phénotypique des individus. Lorsque la chasse est concentrée sur une seule catégorie d’individus, les plus âgés par exemple, les individus se reproduisant précocement vont être sélectionnés. Cette stratégie bio-démographique sélectionnée permet de maximiser le succès reproducteur à vie des individus qui atteignent la maturité sexuelle précocement et donc de minimiser l’investissement reproducteur dans les classes d’âge supérieures plus exposées au risque de prédation (Stearns 2000). Les preuves empiriques existent et par exemple, Gaillard et al. (1987) a mis en évidence un âge de première reproduction plus précoce chez les femelles sangliers dans les populations chassées. Ainsi, la participation des jeunes femelles à la reproduction contribue à augmenter le taux de renouvellement des individus. La concentration de la chasse sur les mâles adultes peut également créer des déséquilibres dans le système d’appariement (Greene et al. 1998). En effet, chez les espèces polygynes il est souvent considéré que les mâles ont peu d’impact sur la démographie des populations du moment que leur nombre est suffisant pour fertiliser l’ensemble des femelles (Caughley 1977). Des simulations ont cependant mis en évidence que sous certaines conditions de prélèvement, la proportion de mâles pourrait devenir insuffisante, au point d’affecter le potentiel reproductif de la population (Ginsberg & Milner-Gulland 1994). En effet, bien que les jeunes mâles soient souvent sexuellement mâtures, l’accès à la reproduction est plus tardif et ils pourraient donc ne pas avoir la même capacité que les adultes à inséminer un grand nombre de femelles (Solberg et al. 2002). Certains auteurs suggèrent même que les jeunes mâles ne seraient pas capables de stimuler l’œstrus des femelles (Singer & Zeingenfuss 2002 ; Holand et al. 2006). Ainsi, si le système d’appariement est perturbé, il est possible que la fécondité, la survie de certaines catégories 175 Partie 4. Synthèse et perspectives. d’individus (une classe d’âge ou un sexe) et la sexe ratio des jeunes soit également perturbée (voir Milner et al. 2007 pour une revue récente). A Châteauvillain-Arc en Barrois, la pression de chasse exercée sur les mâles adultes est forte puisqu’un mâle adulte n’a que 30% de chance de survivre jusqu’à l’année suivante. La population de mâles est donc jeune et de plus en plus de mâles sub-adultes participent désormais à la reproduction (Brandt S, comm. pers.). Des analyses génétiques réalisées dans notre population semblent également montrer que le système d’appariement est en train de se modifier pour peut-être devenir de type monogame. En effet, les analyses de paternité révèlent que peu de portées sont issues d’un même père (Baubet E, comm. pers.). Cette observation risque peut-être de changer d’ici quelques années dans la mesure où depuis la saison de chasse 2005-2006, l’adjudicataire a instauré une règle de tir pour les mâles. Les chasseurs ne peuvent plus tirer les mâles pesant entre 40 et 100 kg vidés. Selon la durée et le bon respect de cette règle de tir, les mâles pourront peut être vieillir un peu plus. Il est regrettable qu’à ce jour, peu de données soient disponibles en ce qui concerne l’estimation des conséquences à long terme des perturbations des systèmes d’appariement. Dans un tel contexte, certains auteurs recommandent de pratiquer une chasse de manière à conserver une sexe ratio opérationnelle proche de celle existant dans les populations non chassées et ce, afin d’éviter les possibles répercussions négatives sur les populations à plus ou moins long terme (Laurian et al. 2000). Au vue des conséquences démographiques potentielles (Milner et al. 2007) et des conséquences évolutives de la chasse sélective (Festa-Bianchet 2003), il devient important que les gestionnaires comprennent qu’il vaut mieux établir des plans de chasse ou de gestion mimant mieux la mortalité naturelle que ce qui est actuellement effectué. Cela peut signifier par exemple de changer la période de chasse pour attendre la fin du rut et permettre ainsi aux mâles les plus âgés (et donc les plus exposés à la chasse) de se reproduire. Pour déterminer quand les effets démographiques de la chasse vont se faire ressentir sur le taux de multiplication de la population, il est nécessaire de passer en situation expérimentale à grande échelle et de recueillir comme données, l’estimation de la taille de la population mais également le recrutement et la sexe ratio juvénile (Milner et al. 2007). 176 Chapitre 3. La gestion adaptative. Chapitre 3 : La gestion adaptative ou l’incarnation de l’expression : « C’est en tombant qu’on apprend à marcher ! » Les résultats présentés tout au long de ce travail sont issus de données d’observations. Une meilleure inférence des causes et des effets peut être obtenue par l’utilisation d’expérimentation. Or la chasse peut être considérée comme une situation expérimentale qui se déroule à grande échelle et qui peut donc s’avérer très utile dans la compréhension de multiples processus écologiques globaux (Sinclair 1989). En 1990, Walters & Holling utilisent l’expression “learning by doing”. Ces auteurs suggèrent que certaines connaissances, biologiques ou autres, peuvent être obtenues directement à partir de l’évaluation des conséquences d’une exploitation plutôt que de forcément mettre en place un programme de recherche. Ces nouvelles connaissances peuvent ensuite être mises en application pratique. En effet, cette méthode permet d’améliorer continuellement la politique de gestion et sa mise en œuvre s’effectue selon un cycle présentant sept étapes (Figure 4.1). Les connaissances tirées de la méthode de gestion appliquée sont par la suite communiquées et intégrées dans la gestion de populations d’autres régions. Cette approche de gestion a été développée pour faire face aux différentes sources d’incertitude auxquelles doivent faire face les gestionnaires (Nichols et al. 2001): 1/ L’incertitude environnementale (comme les effets du climat). 2/ L’incertitude dite de structure qui est liée à l’impossibilité des gestionnaires à prédire comment une règle de gestion va induire un changement dans l’effectif de la population. 3/ La perception partielle de la population (quelle est la taille exacte de la population gérée ?) 4/ La maîtrise partielle de la gestion qui est liée à l’impossibilité des gestionnaires à imposer une méthode de gestion avec des conséquences parfaitement connues. Il est nécessaire en effet d’estimer la distribution des taux de mortalité qui résulteront de chaque politique de gestion. 177 Partie 4. Synthèse et perspectives. Partenaires (scientifiques, gestionnaires, politiques) 1 Conception de la gestion: objectifs, contraintes, toutes informations devant être prises en compte Communication des leçons tirées et applications à d’autres régions. 2 Développement méthodologique et/ou réglementaire 3 7 Incorporation des leçons tirées des gestions précédentes Mise en oeuvre 6 4 Evaluation du succès de la gestion selon les objectifs d’origine Suivi 5 Figure 4.1 : Aspects clés des différentes étapes d’un cycle de gestion adaptative. Ainsi, les gestionnaires suivent l’état de leur exploitation (l’effectif de la population et d’autres paramètres environnementaux par exemple ; Etape 4, Figure 4.1) et prennent des décisions quant à la poursuite de leur gestion (augmentation ou diminution de la chasse ; Etape 5). La population exploitée va répondre différemment sous l’action combinée de la nouvelle politique de gestion et des variations environnementales. Les gestionnaires observent alors le nouvel état de leur exploitation (Etape 6, Figure 4.1) et prennent une nouvelle décision (Etape 7, Figure 4.1)… Cette méthode a souvent été recommandée par les scientifiques (Milner et al. 2007 pour un cas récent) mais nombreux sont les gestionnaires qui ne souhaitent pas la mettre en application dans la mesure où d’une part la réalisation est difficile et qu’elle peut entraîner d’autre part, une diminution du nombre de prélèvements à court terme et donc engendrer des conflits socio-politiques (Sutherland 2001). En effet, l’objectif premier qui est l’exploitation et donc, l’obtention d’un certain rendement, est remplacé temporairement par une ‘volonté d’en savoir plus’, c’est-à-dire une volonté de 178 Chapitre 3. La gestion adaptative. vouloir discriminer différentes hypothèses alternatives de la dynamique de la population exploitée (Williams et al. 2002). Selon Sutherland (2001), ce type de gestion devrait faire parti intégrante de n’importe quelle exploitation de la faune. Milner et al. (2007, p45) insistent sur le fait que « pour réussir à faire des prédictions plus fiables quant aux effets de la chasse sur la croissance de la population et sa viabilité, des manipulations empiriques des règles de tir, sur une large échelle spatiale, combinées à des études théoriques basées sur des simulations, sont nécessaires de toute urgence » ! Reste à savoir comment les différentes communautés (chasseurs, agriculteurs, forestiers…) peuvent adopter cette vision de la gestion... 179 Références bibliographiques 181 Références bibliographiques. A Abaigar T (1992) Paramètres de la reproduction chez le sanglier (Sus scrofa) dans le sud-est de la péninsule ibérique. Mammalia. 56: 245-250. Ahmad E, Brooks JM, Hussain I, Khan MH (1995) Reproduction in Eurasian wild boar in central Punjab, Pakistan. Acta Theriologica. 40: 163-173. 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Our study clearly shows that yearling males (11 months olds) are still inside their social group just before parturition of females within their social group. Sexual segregation only comes after this parturition period. These results demonstrate that yearlings males aged 8 months are not evicted from the social group by dominant males at the time of the rut as was usually describe in literature. In fact, yearlings males stay inside the social group until the period of parturition and form same age-sex group. Furthermore, sub-adult males become definitively solitary shortly after the rut. Key words: Sexual segregation; social group; emancipation; parturition; rut; Sus scrofa Eric Baubet, Sabrina Servanty, Franck Guerra, Serge Brandt. Sexual segregation in sub-adult male wild boar. En preparation. 211 Annexes. Introduction Sexual segregation plays an important role in the behavioural ecology of many animals, notably for most ungulates, and in particular in their social organisation. Many recent studies of sexually dimorphic ungulates, relating to the segregation between males and females, have been carried out (Corti et al. 2002; Ruckstuhl 1998; Gross et al. 1995; Main et al 1996). Hence sexual segregation can be separated (Mysterud 2000) into social segregation (grouping with their own sex), spatial segregation (sexual differences in space use), diet segregation (sexual differences in diet use) and finally habitat segregation (sexual differences in habitat use). Three hypothesis have been proposed to explain which factors may influence sexual segregation in ungulates: (1) The sexual dimorphism in body size hypothesis (Main et al. 1996): In many ungulates, males are considerably larger than females. This difference in body size induces different energy requirements and food selection. In polygynous species, dominance is related to the stoutness and is established at the time of the rut by male to male fighting. Thus to be the most competitive for reproduction, an adult male will benefit from having a body size as large as possible when competing with other males. In this way, males usually prefer abundant and lower quality forage to growth rapidly. On the contrary, females select higher quality forage, satisfying high-energy demands related to gestation and lactation. Furthermore, larger ruminants have a larger rumen and a slower turnover ratio than smaller ones. In this way, food stays longer in the stomach and is assimilated more efficiently than in a smaller body (Demment & Van Soest 1985). For sexual dimorphic species, males have longer ruminating bouts (Ruckstuhl 1998) than females which lead to an increase in their foraging times or in selection of a high-quality forage to compensate for this digestive inferiority. These differences in foraging times or in activity budgets prevent males and females from staying in the same social group. It has been suggested that in red deer (Cervus elaphus) and Rocky Mountain bighorn sheep (Ovis canadensis), activity budgets between male and female are so different that it would be energetically difficult for each other to stay in the same group (Conradt 1998; Ruckstuhl 1999). Thus sexual segregation could be considered as a trade-off between the optimisation of individual time budget according to body size and activity synchronization with the others individuals inside the social group (Ruckstuhl 1998). 212 Annexe 1. L’émancipation des mâles sub-adultes. (2) The social preference hypothesis: it has been suggested that sexual segregation is based on the social affinities between male and female. Bon (1998) proposed that social preferences in young males are related to the practice of fighting skills, the establishment of hierarchies and social bonding. In this context males preferred forming single-sex groups to optimise their social learning (Conradt 1998). Such groups have been reported in chamois (Rupicapra rupicapra; Kramer 1969), ibex (Capra ibex; Villaret & Bon 1995), and mouflon (Ovis gmelini; Bon et al. 1993). Females, however, could evict males from the social group to avoid male harassment (Ruckstuhl 1998) as it is observed in impala (Aepyceros melampus) (Estes 1991). Moreover, males isolate themselves, in order to avoid conflict with other males due to the presence of females. (3) The predation risk hypothesis: In sexually dimorphic ungulates, males are less vulnerable to predation than females and offspring (Ruckstuhl & Neuhaus 2000). Hence, females will select a habitat, not only for nutrition, but also to protect their litter from predation. Instead of staying within a female group in a poor habitat, males seek habitats with high food availability despite the risk of predation. However, this prediction is in opposition with the sexual-dimorphism-body-size hypothesis, where females prefer to use higher quality habitats than males to compensate for their large energy expenditure which is required for gestation and lactation. Although sexual segregation is strongly studied in ungulates, no work describes and explains this phenomenon in male wild boar (Sus scrofa scrofa). In sexually dimorphic ungulates, sexes are often segregated outside the rut (Main et al. 1996). Young males stay within the female group for one to several years before inserting a bachelor group, composed of sub-adult males. In this way, we decided to observe seasonal patterns of association among natural groups of wild boar. The investigation concentrated on three factors that could influence sexual segregation in wild boar and male emancipation: the parturition, sub-adult male age and month of the monitoring. Material and methods 1 Study area The wild boar population was studied in the Chateauvillain-Arc-en-Barrois forested area (48°02’N; 4°55’E, alt 240-405m), at 20 km west of Chaumont in the Haute-Marne 213 Annexes. department (France). Our study area includes a 3,000-ha open forest, essentially composed of thickets, on calcareous soil. The wood component is in the majority beech, Fagus sylvatica, oak, Quercus petraea, and hornbeam, Carpinus betulus. Wild boar are abundant with densities higher than 5 per 100-ha before parturition. An intense hunting season, which strongly affects the demography of the population (Gaillard et al. 1987), occurs once a year, every week end from October to February. 2 Nomenclature and life cycle Many terms are used in wild boar studies. The young striped wild boar or “piglet” is the general term to define the female’s litter. After 4 months of lactation, “piglets” become “juveniles”. Then, between 12 and 24 months olds, wild boar is a “sub-adult”. Lastly, from the beginning of the 3rd year, and onwards the term “adult” is usually used. The wild boar society has a matriarchal family form, the basic unit being the mother and her litter. Depending on the region, the rut normally takes place from September to January. After a gestation of four months, parturitions are between April and June (Mauget 1980). 3 Capture, marking and monitoring The wild boar population has been intensively monitored by capture-mark-recapture since 1983. Animals are captured using 1.50m wide 16m² corral type traps and with trap doors of 1.20m height which allow capture of a whole group (Vassant & Brandt 1995). All boars caught from a same group are marked with ear tags of the same colour (visible at a distance), and weighed. Age is estimated by observation of tooth eruption (Matschke 1967; Baubet et al. 1994). When individuals weighing more than 40 kg are captured, they were equipped with an extensible radio-collar and located at their resting place (i.e. during the day) at least three times a week. Furthermore, social groups were also observed by visual sighting once a week to determine their composition. These methods allowed us to analyse stability and kinship of groups. 4 Data collection Between 1992 and 2001, the composition of 9 social groups was observed over the annual cycle in the study area. Social groups, retained for the present study, were monitored until all emancipation of sub-adult males were observed. Then at the beginning juveniles 214 Annexe 1. L’émancipation des mâles sub-adultes. males were inside a social group and at the end of the monitoring sub-adult males were solitary. To examine group stability, indices of association between collared individuals were calculated as follow: a=2N / (n1 + n2) (Perrin & Allen-Rowlandson 1992) where a is the index of association, n1 and n2 are the numbers of sightings of two individuals during the time in which their periods of observation overlapped and N is the number of times they were seen together. Localisations of males were classified into three categories: (1) Male is localised inside a social group or female group, (2) inside a single sex-age group or (3) localised alone. With visual sighting, we were enable to determine the period of parturition inside a social group. To consider a possible effect of parturition on behaviour of sub-adult male, we classified localisation into 3 categories: localisation before parturition (1), during parturition (2), after parturition (3). 5 Analysis To study the variations of localisation inside a social group type, we used logistic regressions. According to the social group type considered and for each male radio-collared, localisations were coded as follows: 1 when the localisation is inside the considered group type and 0 when the localisation is in another social group type. To account for the unbalanced sampling design (different sample sizes for the different modalities of factors), we used a backward procedure to select the final model (Searle 1971). In this manner, we first fitted the most general additive model: logistic regression of localisation in a social group type according to age of sub-adult male, the month of the year and the fact that female adults in the social group are pregnant or not. Proportion of variation given by this general model is calculated following Schemper (1990): (deviance 1 – deviance 2)/ deviance 1, where deviance 1 is the deviance of the null model (i.e. localisation in the social group considered did not vary) and deviance 2 is the deviance of the general additive model. We then test the main effect of each factor by withdrawing them from the general additive model. Thus, the effect of a given term was always tested by accounting for the effects of all the other factors, whether they were significant or not. The effect of a factor was tested with a likelihood-ratio test that compares the difference in deviance between two nested models, which is distributed as a χ² statistic with a number of degrees of freedom equal to the difference in the number of parameters in the two models. Finally, selected models were compared with the null model to determine the proportion of variance explained. All analyses were performed with R 1.7 ((http://cran.r-project.org/). 215 Annexes. Results: 1 Wild boar monitoring From 1992 to 2001, 23 males and 17 females were trapped between February and November and 1810 sub-adult male localisations were collected. The sub-adult male wild boar monitoring lasted on average 9,2 months (± 0,29 SE). A temporal variation in localisation was observed during the year (p<0,05). In fact, during February and March, then, November and December, the localisations are significantly less frequent than the other months of the annual monitoring. For this reason, only the months of April to November were retained for logistic regressions. % of localisation inside a female group 0.8 Before parturition Parturition After parturition No parturition 0.6 0.4 0.2 0.0 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 Age of subadult males (month) Figure 1 : Percentage of sub-adult male localisations inside a female group and according to the moment of parturition. 2 History patterns modelisation The result of the GLM analysis demonstrates the importance of the parturition in the history patterns. The percentage of sub-adults localisations in the female group (figure 1) decreases during the parturition period, when sub-adults males are between 11 and 14 216 Annexe 1. L’émancipation des mâles sub-adultes. months. This first patterns whose explain the departure of sub-adults males outside the female group was analysed in a mixed model age x parturition ANCOVA(d.f.=121, p= 1,3e-8 and d.f. = 123, p< 0,001) (Table 1). 217 Annexes. Table 1: Results of the logistic regression models. The dependent variable is the proportion of localisation inside a social group (%). Final models included only significant terms. NS: no significant. Category Model Female group Global model : Tested effect Deviance df 600.22 120 Difference of p value for deviance the likelihood with global ratio test model logit (%) = age+ month + parturition 39% of logit (%) = age + month Parturition 636.20 123 35.98 7.6e-08 *** variation explained logit (%) = age + parturition logit (%) = parturition + month Selected model : Month Age 600.59 632.63 121 121 0.37 32.40 0.55 1.3e-08 NS *** 858.83 119 logit (%) = age + parturition Sub-adult male group Global model : logit (%) = age+ month + parturition 10.6% of logit (%) = age + month Parturition 817.33 115 44.24 1.3e-09 *** variation logit (%) = age + parturition Month 883.04 120 109.95 3.9e-20 *** explained logit (%) = parturition + month Selected model: logit (%) = age+ month + parturition Global model : logit (%) = age+ month + parturition Age 778.55 113 5.46 0.02 * 903.65 134 40% of logit (%) = age + month Parturition 928.59 137 24.94 1.6e-05 *** variation logit (%) = age + parturition Month 906.22 135 2.57 0.11 NS explained logit (%) = parturition + month Age 958.12 135 54.47 1.6e-13 *** Solitary male Selected model : 218 logit (%) = age + parturition Annexe 1. L’émancipation des mâles sub-adultes. After parturition period, the percentage of sub-adults localisations inside a same agesex group increases (figure 2). Parturition, sub-adult age and the months of the monitoring that were significant were entered into the final model (d.f.=115, p< 0,001; d.f.=120, p< % of localisation inside a subadult males group 0,001 and d.f.=113, p<0,05) (Table 1). 0.6 Before parturition Parturition After parturition No parturition 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0.0 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 Age of subadult males (month) Figure 2 : Percentage of sub-adult male localisations inside a sub-adult males group according to the moment of parturition. The last model shows the percentage of solitary sub-adults localisations (Figure 3). This pattern demonstrates that sub-adults males becomes progressively solitary after the parturition period. The pattern was analysed in a mixed model age x parturition ANCOVA (d.f.=135, p< 0,001and d.f. = 137, p< 0,001) (Table 1). 3 Discussion The goal of this study was to determine which factors could influence the emancipation of males wild boars. Our results clearly show that sub-adult males leave their social group after the period of parturition (April to June) to stay within a sub-adult group and then finally become solitary just before the rut (November to January) (Figure 4). 219 Annexes. 1.0 Before parturition Parturition After parturition No parturition % of solitary localisation 0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 Age of subadult males (month) Figure 3 : Percentage of solitary sub-adult male localisations according to the moment of parturition. Male inside a same Male inside social group Age (month) 6 age-sex group Rut Parturition 8 12 Solitary male Rut 14 18 Figure 4 : Timing of the sub-adult male emancipation according to the reproductive cycle. Thus the widespread assumption in the literature is not validate in our case: yearling males are not separated from the social group by the dominant males during their first winter rut (Teillaud 1986; Dardaillon 1984; Mauget et al. 1984). Despite the fact that yearling males (aged 8 months during the rut) are sexually mature (Mauget, 1980) they probably do not constitute a real competition for the dominating male. So when an adult male arrives inside a social group during the rut to mate with females, juvenile males are not considered as rivals and thus are not driven out from theirs social groups. Consequently, the 220 Annexe 1. L’émancipation des mâles sub-adultes. rut is not the main factor which induces the sexual segregation of wild boar as it has been claimed in the former studies. Our study showed that a link between parturition and sub-adult male emancipation may exist in wild boar. We could suggest three assumptions to explain this history pattern in the sexual segregation of wild boar. (1). The reproductive-strategy hypothesis could explain the diet segregation: subadult male could seek high quality forage in order to improve body condition and growth, since fighting ability, which is correlated with body size, greatly influences their reproductive success. These diet segregation induced by the fallowing of piglets could explain the forming of sub-adult male group. Indeed, out of the breeding period, all members of a social group (i.e. piglets, sub-adults and adult females) appear to share the same activity or time budgets (Cousse & Janeau 1992 ). Hence, during this period, there is no significant time budgets variation according to age and sex. After parturition, females should select habitats that maximise their ability to raise young. Furthermore, females in lactation and their piglets increase their activity budgets with the highest level of diet activity coming 6 weeks after birth (Fraser 1978). This increase results from a higher energetic request during lactation than during gestation (Oftedal 1984). However, sub-adult males are not subjected to this particular energy demands and probably don’t need to spend the same amount of searching food time as female adults and piglets. There is probably a trade-off between the synchronisation of behaviours inside a social group and the optimisation of individual activity budget. In this way, forming a sub-adult male group could be an advantage as similar-sized males have similar activity budgets and nutritional needs. Indeed, synchrony of behaviour seems to be an important factor in maintaining group cohesion. Synchrony is highest in groups of animals with similar body sizes (Conradt 1998) and time budgets (Ruckstuhl 1999). (2). Predation risk strongly increases with the presence of piglets so it would be more risky for sub-adult males to stay within the group. Females take care of young, they should find areas with few predators, even at the expense of forage quality. That’s why ungulate females select a habitat that is safe for their offspring (Jakimchuk et al. 1987). In the opposite, males have higher foraging efficiency and use habitat with higher predator densities. Most offspring in our area study were born in April-June and weaned by October. It is therefore not surprising that sexual differences in vigilance were greatest when piglets were dependant on theirs mothers and representing an easy prey for predators. To validate 221 Annexes. this assumption, it would be interesting to study the habitat segregation after parturition. However the study area has a very weak predation during the period of parturition, with fox (Vulpes vulpes) as predators. Only young piglets are at risk from fox predation. (3). Lastly, we can suppose that sexual segregation in wild boar results from the behavior of the females and the males after the parturition. Indeed, sexual segregation can be result of aggression of females towards the sub-adult males (Main et al. 1996) which lead to their dispersion. Baettig (1988) explained that sub-adult males are driven out of the social group by the dominant females to avoid any consanguineous coupling. Moreover, Mansergh (1989) proposed that females, after parturition, become aggressive to avoid a second pregnancy, which could compromise piglets survival during the winter as mothers would probably not be able to face the high energy demand of lactation during this period. Indeed as the first peak of parturitions takes place between April and June and as gestation lasts 4 months (Mauget 1980), a second pregnancy would be possible during the winter. Acting in this way (e.g. evicting sub-adult male from the group) would allow females to wait until the food resources are sufficient to give rise to a new litter. Additional researches are necessary to evaluate which segregation hypothesis is the most meaningful. In fact, we should test whether the differing nutritional demands, due to sexual dimorphism in body size, would lead to different movement patterns and time budgets. However, our study may lead to a better understanding of the mechanisms underlying sexual segregation and group formations in ungulates. 222 Annexe 1. L’émancipation des mâles sub-adultes. References Baettig (1988) Recherche et étude du Sanglier dans la République et le Canton du Jura. Office des eaux et de la protection de la nature. Les Champs Fallat, 2882 Saint-Ursanne, Suisse. Baubet E, Brandt S, Jullien JM, Vassant J (1994) Valeur de l'examen de la denture pour la détermination de l'âge chez le sanglier (Sus scrofa). Gibier Faune Sauvage. 11:119-132. 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Le régime alimentaire à Châteauvillain-Arc en Barrois. 231 Annexes. 232 Annexe 3 . La mortalité embryonnaire (Congrès Grosseto ; 2007). Annexe 3 : Résumé envoyé pour le 5ième Congrès Européen de Mammalogie (Italie, Septembre 2007) What factors shape embryonic mortality in wild boar ? S. Servanty, J. M. Gaillard, E. Baubet, S. Brandt. Reproduction of female mammals generally requires substantial energy expenditure, notably for polytocous species such as the wild boar (Sus scrofa scrofa) in which females produce large litter mass at birth relative to their mass. Moreover, females may selectively adjust their reproductive effort in producing offspring of different sex and quality after conception, both by channelling different quantities of nutrients to particular young and by selective mortality. We studied here one form of maternal control, the embryonic mortality defined as the mortality occurring during the beginning of gestation. Embryonic mortality should be favoured because the energy cost of resorption is minimal as compared to that of gestation and lactation. We investigated the factors shaping embryonic mortality in a population of wild boar in eastern France. We took benefit of data gathered since the 1983-1984 hunting season to get accurate information from female reproductive tracts. Embryonic mortality was calculated for three different age-classes: juvenile, yearling and adult females. We investigated whether embryonic mortality was influenced by mother’s body mass (dressed mass measured as the mass after all the digestive system, heart, liver, lungs and reproductive tract have been removed), litter size and availability of resources during the breeding season. Mean embryonic mortality was 15.6% irrespective of the age-class considered (SE = 0.008, min = 0, max = 80, n = 422). In juveniles, embryonic mortality decreased with increasing litter size and variation in litter size accounted for more than 50% of the observed variation in embryonic mortality. In yearlings, the effects of litter size and dressed mass account for 47.7% of the observed variation in embryonic mortality: embryonic mortality was highest in large female producing small litters. Moreover, when the yearling female already reproduced as juvenile, the embryonic mortality was higher, indicating a reproductive cost in terms of reproduction. In adult females, nearly 40% of the observed variation in embryonic mortality was accounted for by the interacting effects between litter size and available resources during the 233 Annexes. breeding season. In absence of mast embryonic mortality peaked in small litters whereas in mast years, the embryonic mortality was lowest in large litters. Based on our previous findings that small litters are male-biased whereas large litters tend to be female-biased, the present results suggest that female wild boar would be able to resorb selectively female embryo when producing small litters. 234 Annexe 4. Les proportions de femelles reproductrices (Colloque Varsovie, 2004). Annexe 4 : Résumé de la communication orale que j’ai présenté à Cracovie. 235 Annexe 5. Sélection du site de mise-bas par les laies (Colloque Varsovie, 2004). Annexe 5 : Résumé de la communication orale présentée par Eric Baubet à Cracovie. 237 Annexe 6. Gestion et démographie du sanglier (Congrès Hanovre, 2005). Annexe 6 : Résumé de la communication orale que j’ai présenté à Hanovre. 239 Annexes. 240