Dossier de presse - Festival de Marseille
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Dossier de presse - Festival de Marseille
19 juin 12 juillet 2014 04 91 99 02 50 festivaldemarseille.com Dossier de presse Contact Francis Cossu [email protected] 04 91 99 00 23 Calendrier JUIN Samedi Cinéma Atelier 14 FOCUS ROBYN ORLIN DANSES EN L’R - CIE ÉRIC LANGUET 21 h 30 - Toit-terrasse de la Cité Radieuse Théâtre Joliette-Minoterie du dimanche 15 au mardi 17 Cinéma 19 14 h 30 - Alcazar - BMVR POWER OF BALANCE / VERTIGO DANCE COMPANY KLAP Maison pour la danse Danse Jeudi THE WIZ Atelier Mercredi Sortie de résidence 25 FORMATION COLINE / COLECTIVO CARRETEL Vertigo 20 Danse Vertigo Dance Company Partie I - Teahupoo 21 h - Le Silo Première en France Formation Coline - Emanuel Gat Partie II -Cuatro Puntos Répétition publique Colectivo Carretel VERTIGO 20 - VERTIGO DANCE COMPANY 21 h - KLAP Maison pour la danse Première en Europe 18 h 30 - Le Silo Vendredi 20 Danse Cinéma Vertigo 20 GRIGRIS Vertigo Dance Company 14 h 30 - Alcazar - BMVR 21 h - Le Silo Première en France Conférence Jeudi Dimanche Cinéma 22 21 h - L’Alhambra SOIRÉE WILLIAM KENTRIDGE 18 h 30 - KLAP Maison pour la danse 26 NALAGA’AT THEATRE OU LA RÉVOLUTION PAR LA DIFFÉRENCE 17 h - Alcazar - BMVR Danse Mirror and Music Restitution d’ateliers Saburo Teshigawara / Karas INVENTAIRES DES CORPS MOUVEMENTÉS 21 h - Le Silo 18 h - Esplanade du Théâtre Joliette-Minoterie Cinéma Danse Lundi 23 Attention fragile Danses en l’R - Cie Éric Languet 19 h - Esplanade du Théâtre Joliette-Minoterie BOYZ N THE HOOD Vendredi 27 14 h 30 - Alcazar - BMVR Danse Mirror and Music Saburo Teshigawara / Karas Danse / Théâtre 21 h - Le Silo In a world full of butterflies… Robyn Orlin Atelier 21 h - Théâtre Joliette-Minoterie ADINA TAL - NALAGA’AT THEATRE 10 h à 15 h - Théâtre Joliette-Minoterie Restitution d’ateliers Samedi INVENTAIRES DES CORPS MOUVEMENTÉS 28 18 h - Esplanade du Théâtre Joliette-Minoterie Théâtre Ubu and the Truth Commission Handspring Puppet Company / William Kentridge 21 h - Théâtre Joliette-Minoterie Première en Europe Danse Mardi 24 Attention fragile Danses en l’R - Cie Éric Languet Théâtre 19 h - Esplanade du Théâtre Joliette-Minoterie Dimanche Danse / Théâtre In a world full of butterflies… 29 Ubu and the Truth Commission Handspring Puppet Company / William Kentridge 21 h - Théâtre Joliette-Minoterie Première en Europe Robyn Orlin 21 h - Théâtre Joliette-Minoterie Théâtre Ubu and the Truth Commission Handspring Puppet Company / William Kentridge Lundi 30 21 h - Théâtre Joliette-Minoterie Première en Europe Danse Badke KVS & les ballets C de la B & A.M. Qattan Foundation Koen Augustijnen - Rosalba Torres Guerrero Hildegard De Vuyst 21 h - Grand Studio du BNM Première en France PAGE 2 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 JUILLET Atelier Opéra slam KYLE ABRAHAM / ABRAHAM.IN.MOTION Dimanche Ballet National de Marseille 6 1er 15 h - Ballet National de Marseille Danse Mardi Ballet National de Marseille Création 2014 8 Tamago Danse Badke KVS & les ballets C de la B & A.M. Qattan Foundation Koen Augustijnen - Rosalba Torres Guerrero Hildegard De Vuyst Théâtre 2 Raymond 21 h - Le Silo Créations Du mercredi KVS & Théâtre National Thomas Gunzig - Manu Riche - Josse De Pauw 9 21 h - Théâtre Joliette-Minoterie Première en France 11 au vendredi Danse Pavement Kyle Abraham / Abraham.In.Motion Jeudi 3 21 h - Grand Studio du BNM Première en France Richard Siegal Leonard Eto et Yasuyuki Endo 21 h - Grand Studio du BNM Première en France Mercredi Nathalie Négro (PIANOANDCO) / Eli Commins Alexandros Markeas 21 h - Théâtre Joliette-Minoterie COURS DE DANSE DABKE Mardi 80 000 000 de vues Danse Diario de una crucifixión Tino Fernández / Cie l’Explose 21 h - Théâtre du Lacydon Première en France Danse Samedi 12 Bosque Ardora Rocío Molina 21 h - Le Silo Avant-première à la création mondiale Théâtre Raymond KVS & Théâtre National Thomas Gunzig - Manu Riche - Josse De Pauw 21 h - Théâtre Joliette-Minoterie Première en France Conférence dansée KYLE ABRAHAM / ABRAHAM.IN.MOTION 14 h 30 - Ballet National de Marseille Danse Vendredi 4 Nederlands Dans Theater 2 Gods and Dogs – Jiří Kylián Postscript – Sol León and Paul Lightfoot Cacti – Alexander Ekman 21 h - Le Silo Danse Pavement Kyle Abraham / Abraham.In.Motion 21 h - Grand Studio du BNM Première en France Atelier KYLE ABRAHAM / ABRAHAM.IN.MOTION 10 h à 16 h 30 - Ballet National de Marseille Samedi 5 Opéra slam 80 000 000 de vues Nathalie Négro (PIANOANDCO) / Eli Commins Alexandros Markeas 21 h - Théâtre Joliette-Minoterie Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 3 PAGE 4 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 La résistance des lucioles « On ne tue pas la lumière, on ne peut que la suffoquer. » La 19e édition du Festival de Marseille s’est construite autour de cette phrase de l’écrivain Marguerite Yourcenar, mais c’est un metteur en scène sud-africain, William Kentridge, qui en livre la plus magistrale et personnelle interprétation. Il est la figure tutélaire de cette nouvelle programmation. Ubu, le monstre qui le hante depuis 1975, est la métaphore de la politique absurde de l’apartheid, mais aussi de tous les systèmes arbitraires qui broient et spolient l’humanité. Ubu and the Truth Commission, sa dernière création, plonge au cœur des ténèbres pour en extraire de beaux et rares fragments lumineux. Décréter le langage de vérité comme seule alternative à la parodie du pouvoir requiert du courage politique, de l’éthique, de la dignité. Les artistes qui donnent vie à cette édition 2014 témoignent chacun à leur façon des lumières suffoquées, ou au contraire aveuglantes qui bouleversent le cours de l’histoire de leur pays et de leur vie. Comme si ces œuvres-flammes échappées de l’Enfer de Dante n’avaient de cesse de se transformer en trouées lumineuses, symboles de résistance et d’espoir. Que ce soit en Afrique du Sud, en Colombie, au Japon, en Israël, en Belgique, aux Pays-Bas, en Égypte, en Espagne, en Palestine ou en France, ce voyage au cœur de la création parle de la mémoire et de l’oubli, du vertige de la chute, de destins brisés, de libertés menacées, mais il dit aussi la force des convictions inaliénables, la fraternité de la rencontre, la spiritualité qui nous habite ou nous déserte. Il porte le souffle inextinguible de la vie, et en ces temps de trouble profond où l’art et la culture ne doivent pas baisser la garde, le Festival de Marseille est fier d’accueillir tous ceux qui démontrent inlassablement que « le théâtre et la danse peuvent pénétrer à l’intérieur des zones les plus obscures de la terreur et de la détresse pour une seule raison : être capables d’affirmer, ni avant ni après, sinon en ce même moment, que dans l’obscurité la lumière est présente » (Peter Brook). Notre engagement sans faille depuis 19 ans auprès des artistes-lucioles en est le garant. Apolline Quintrand Mars 2014 Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 5 Sommaire 19 et 20 juin P. 9 Vertigo 20 Vertigo Dance Company 28, 29 et 30 juin P. 33 Ubu and the Truth Commission Handspring Puppet Company William Kentridge Première en France Première en Europe 23 et 24 juin P. 13 30 juin et 1er juillet Attention fragile Danses en l’R – Cie Éric Languet P. 39 Badke KVS & les ballets C de la B Première en France 23 et 24 juin P. 19 In a world full of butterflies, it takes balls to be a caterpillar… some thoughts on falling… Robyn Orlin 2 et 3 juillet P. 43 Raymond KVS & Théâtre National Première en France 25 juin P. 25 Teahupoo Formation Coline Emanuel Gat Cuatro Puntos Colectivo Carretel 3 et 4 juillet P. 49 Pavement Kyle Abraham / Abraham.In.Motion Première en France Première en Europe 4 juillet 26 et 27 juin Mirror and Music Saburo Teshigawara / Karas P. 29 P. 55 Nederlands Dans Theater 2 Gods and Dogs – Jiří Kylián Postscript – Sol León and Paul Lightfoot Cacti – Alexander Ekman PAGE 6 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 5 et 6 juillet P. 59 80 000 000 de vues Nathalie Négro (PIANOANDCO) Eli Commins / Alexandros Markeas 8 juillet Cinéma P. 75 Au fil du Festival P. 78 Un Festival engagé P. 80 Infos pratiques P. 83 Accessibilité P. 85 Les lieux du Festival P. 86 Le Festival en quelques mots P. 88 Partenaires P. 90 Ateliers de pratique artistique Conférences Répétition publique Restitutions d’ateliers Sortie de résidence P. 63 Ballet National de Marseille Création 2014 - Richard Siegal Tamago - Yasuyuki Endo et Leonard Eto La Charte culture La culture dépasse le handicap Actions éducatives et culturelles Créations 9, 10 et 11 juillet P. 67 Diario de una crucifixión Tino Fernández – Cie l’Explose Première en France 12 juillet Bosque Ardora Rocío Molina P. 71 Tarifs Abonnements Réservations Avant-première à la création mondiale Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 7 PAGE 8 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Vertigo 20 Vertigo Dance Company ISRAËL Première en France Création 2012 Chorégraphie : Noa Wertheim / Assistant chorégraphe : Rina Wertheim Koren / En collaboration avec et interprété par Yael Cibulski, Amos Micah, Tomer Navot, Sian Olles, Marija Slavec, Eyal Visner, Yuval Lev, Emmy Maya Wielunski, Gil Kerer, Alon Karniel, Ron Cohen, Dory Aben. Le Silo jeu. 19 / ven. 20 juin 21 h durée 50 min tarifs de 31 à 10 € abonnement spectacle A Pour fêter les vingt ans de sa compagnie, installée aux portes du désert, la chorégraphe israélienne Noa Wertheim réinterprète ses créations emblématiques dans une puissante succession de tableaux, sculptés à même les corps virtuoses des danseurs. Mystique, poétique et musical comme une fête. On connaît bien la puissance de la danse israélienne aujourd’hui. Le Festival de Marseille s’en est d’ailleurs plusieurs fois fait l’écho en invitant, par exemple, la Batsheva Dance Company d’Ohad Naharin, la troupe d’Emanuel Gat ou le jeune chorégraphe Sharon Fridman. Rappelant ainsi que dans peu de pays, la culture est aussi liée à la danse qu’en Israël. Et il y règne une formidable liberté des corps, une envie folle de dévorer l’espace, une incomparable puissance théâtrale, une diversité des langages hors du commun. Mais c’est la première fois que le Festival invite cette compagnie qui, depuis sa création en 1992 par Noa Wertheim et Adi Sha’al, a construit autour d’elle un écosystème chorégraphique unique en son genre composé d’une école de danse, d’un programme international de formation et d’un Éco-Art Village, campus entièrement dédié à la création et au développement durable. Quand elle parle de Vertigo 20, imaginé pour célébrer deux décennies de création, la chorégraphe Noa Wertheim se souvient d’avoir suivi « les traces de cailloux, comme s’il fallait à nouveau déchiffrer le secret du temps ». Et c’est avec optimisme qu’elle a repris la route. Dans les pas de l’histoire d’abord : cette fresque – sculptée à même le corps virtuose des danseurs – n’est pas sans évoquer l’aventure des avant-gardes artistiques européennes qui, de la tradition à la modernité, ont marqué la culture israélienne du corps. Sur la piste de sa danse ensuite : mystique, poétique, musicale comme une fête où la mort et la naissance s’entremêlent, où les lignes et les cercles se rejoignent, où les danseurs se cherchent, se croisent et se regroupent pour mieux tourner autour de la rondeur du monde. Musique : Ran Bagno / Création lumière : Dani Fishof – Magenta / Création des costumes et scénographie : Rakefet Levy – School of Theatrical Design Construction du décor : Yigal Gini / Graphiste : Dorit Talpaz Photographe : Gadi Dagon / Cinéaste : Elad Debi. Direction de la tournée : Sandra Brown Commande de la Fondazione Campania dei Festival – Teatro Festival Italia Coproduction : Vertigo Dance Company, Fondazione Campania dei Festival – Teatro Festival Italia et Israel’s Office of Cultural Affairs. Avec le soutien de Consulat général d'Israël MARSEILLE D’ailleurs, dans son désir de partage et de communion, le spectacle a la profondeur d’une ronde – forme originelle de la danse – et pourrait accueillir tout le public, finalement entraîné à revivre, lui aussi, son histoire intime à travers ce voyage intemporel. Noa Wertheim le répète souvent, elle n’aime pas la distance entre les êtres humains : « Quand je vois quelqu’un, je vois de l’énergie. Je ne vois pas l’âge, l’origine, je vois un être vivant, une personne. » C’est sans doute cette philosophie qui a poussé la chorégraphe à installer sa compagnie aux portes du désert, entre Jérusalem la sacrée et Tel-Aviv la libérée. Là, à la lisière d’un pays divisé par ses radicalismes, elle fertilise le sol sur lequel sa danse peut aujourd’hui s’extraire des dogmes, pour trouver, sans renier le passé, sa propre spiritualité, son propre enracinement. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 9 Danse contemporaine en Israël : Emanuel Gat et Noa Wertheim Par Sabine Huynh (inferno-magazine.com) Noa Wertheim et Emanuel Gat ont été interviewés durant l’été 2012 et ont répondu à des questions qui tournaient autour de certains mots : inspiration, imagination, thèmes et histoires, théâtre, contraintes, musique et écriture. Extraits. Inspiration Qu’est-ce qui inspire les chorégraphes en Israël ? Noa Wertheim s’inspire parfois des mouvements du tai-chi et du qi gong, de la lenteur, de l’énergie qui s’en dégagent. Emanuel Gat répond qu’apprécier un film ou un morceau de musique ne va pas l’inspirer pour une chorégraphie, car il ne relie pas les choses de cette façon. Il est influencé par tout ce qu’il absorbe, mais ses créations ne naissent pas d’idées spécifiques : « Mon travail n’est pas lié à ce qui m’influence. Quand je commence à créer, j’aime avoir l’esprit clair et observer ce qui se passe dans le studio, car le processus de création chez moi n’est pas esclave d’idées. Je vais au studio et je me lance. Des choses s’y passent forcément, parce que nous sommes vivants, parce que les danseurs sont vivants. J’observe et j’essaie de comprendre et de questionner ce qui ressort de ce que j’ai sous les yeux. » Imagination Désirent-ils entraîner le public dans des mondes imaginaires ? Pour Noa Wertheim, la réponse est non, d’une façon générale, même si elle aspire toujours à « une certaine abstraction ». Pour Emanuel Gat, il est préférable de « ne pas chercher à contrôler le spectateur ». Thèmes et histoires Emanuel Gat ne part jamais de thèmes. Il dit que les thèmes générés par une création constituent des dérivés du processus chorégraphique, en aucun cas son point de départ : « Tout peut constituer un point de départ, mais ce n’est pas important, car ce qui est créé provient du processus, du mouvement. Les décisions que l’on prend en chemin sont importantes, la chorégraphie vient du processus et non d’une idée. » Quant aux histoires, il dit que l’on peut certainement en tirer de toute chorégraphie parce que la danse repose sur des danseurs, des personnes vivantes, mais que chaque spectateur y verra une histoire différente. Noa Wertheim ne travaille pas avec des thèmes non plus, elle aime trop l’abstrait. « La création peut éventuellement se parer d’une histoire, mais à ce moment-là elle vient des gens avec qui je travaille. » Elle ne cherche pas particulièrement à raconter des histoires, cela ne l’intéresse pas, et ne l’intéresse pas non plus l’histoire que le public va trouver dans sa création. Théâtre En quoi la danse et le théâtre peuvent-ils être liés ? Noa Wertheim évoque son spectacle The Diamonds, qu’elle qualifie de « super-théâtral » parce qu’il comportait une scène de mariage totalement réaliste. Selon elle, il s’agit de sa seule création théâtrale et non abstraite. « En général, je préfère travailler à un niveau spirituel, qui n’exclut pas la chaleur du contact et de la communication, mais je ne suis pas trop dans le concret du théâtral. » Contraintes Noa Wertheim dit ne pas aimer la distance entre les êtres humains, et elle pense que les contraintes dressent des barrières : « Je n’aime pas les contraintes, comme je n’aime pas la hiérarchie. J’entre au studio, et nous sommes tous au même niveau, avec les mêmes libertés. Mes danseurs disent que je suis une vraie socialiste ! » Je fais remarquer à Emanuel Gat que j’ai vu un extrait d’un merveilleux spectacle qu’il a chorégraphié qui montrait des danseurs gardant constamment la même distance entre eux, quoi qu’il arrive : quand l’un bougeait, tout et tous bougeaient, reliés par un fil invisible. Il répond qu’il y a toujours des contraintes, et que oui, effectivement, il aime en rajouter, juste pour s’assurer que l’espace en est saturé. Selon lui, « il existe d’abord des contraintes liées à la taille du studio, puis il y a celles liées aux danseurs. Il y a toujours des contraintes, selon le moment, et les danseurs sont probablement la plus importante : d’où ils viennent, comment ils réagissent. Les contraintes sont artificielles, elles ne sont pas déjà là, je les ajoute. Je dis par exemple à mes danseurs : maintenant faites la même chose mais avec la main en l’air, ou bien faites la même chose mais allongés au sol. Parfois les contraintes génèrent des situations intéressantes et nous aident à avancer. » Musique « La musique est la forme artistique la plus élevée, dit Noa Wertheim, quelque chose d’intouchable, et elle compte beaucoup dans mes créations, qui contiennent des gens qui chantent, qui parlent, sur de la musique folk ou des valses, des musiques qui participent au ressenti et complètent les mouvements. La musique constitue une composante importante dans mon travail de création, même si je travaille en général dans le silence. C’est seulement lorsque j’ai plus de la moitié de ce que je voulais faire que les musiciens arrivent. » Écriture Pour finir, quelle place a l’écriture dans le processus de création ? Il fut un temps où Emanuel Gat écrivait aussi énormément pendant qu’il créait, mais il a cessé le jour où il a réalisé que cela le gênait dans le processus de création. « Si je n’écris rien, cela reste un souvenir vivant ; une fois que c’est écrit, c’est fixé, figé, et ça me bloque dans la création. Je tenais aussi un carnet de croquis, mais j’ai arrêté. » Noa Wertheim avoue ne rien écrire du tout. « Je lance d’abord des motifs, des idées, j’assigne des tâches aux danseurs, mais plus comme dans un jeu, puis les choses se tassent et prennent forme, et c’est là que nous démarrons la composition. Quand je considère que j’ai assez de matériel en ma possession, je me laisse emporter par le courant et je lâche les rênes. » PAGE 10 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Biographies The Power of Balance L’école de danse Vertigo, créée en 1997 à Jérusalem, offre diverses activités de formation et ateliers pour les danseurs de « tous les horizons de la danse », y compris le programme de danse intégrée pour les danseurs valides et handicapés qui ont nourri le projet The Power of Balance. (2001). Noa Wertheim et Vertigo Dance Company Noa Wertheim est née en 1965, aux États-Unis, et a grandi à Netanya, en Israël, où elle a commencé à danser avec Sarah Yochai au Studio Esther. En 1990, elle termine ses études à l’Académie de musique et de danse de Jérusalem. Elle devient ensuite interprète de la Jerusalem Tamar Dance Company, où elle rencontre Adi Sha’al, son partenaire dans la vie comme à la scène, avec qui elle fonde Vertigo Dance Company en 1992. Cette compagnie a reçu de nombreux prix en Israël et à l’étranger, et ses pièces reviennent sur les réalités sociales actuelles israéliennes. Vertigo, c’est aussi une école de danse qui offre des cours et des ateliers à un large public, y compris des programmes spéciaux intégrant danseurs et non-danseurs et personnes en situation de handicap, avec cette conviction que « le langage de Vertigo, unique et universel, défie les limites du corps » dans le but de « rapprocher les gens ». Avec Adi Sha’al, Noa Wertheim a également fondé Vertigo Eco-Art Village et The Power of Balance, danse intégrée pour valides et non valides qui rassemble les arts créatifs et l’écologie, installée dans l’Ella Valley, en Israël. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 11 PAGE 12 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Attention fragile Danses en l’R – Cie Éric Languet C’est en danseur qu’Éric Languet est à l’affiche du Festival de Marseille dans le spectacle de Robyn Création 2012 Orlin, In a world full of butterflies, it takes balls to Chorégraphie : Éric Languet / Assistante : Marriyya Evrard be a caterpillar… some thoughts on falling… Et Interprètes : Marriyya Evrard, Wilson Payet. c’est en chorégraphe qu’il présente cette création Esplanade du Théâtre Joliette-Minoterie bouleversante, née de sa rencontre avec un danseur en fauteuil roulant. FRANCE lun. 23 / mar. 24 juin 19 h durée : 25 min entrée libre Depuis dix ans, Éric Languet, installé à La Réunion, travaille à transformer les différences physiques en liens. La danse devenant ce moyen de sortir des corps abîmés de l’immobilité sociale, de les intégrer dans un acte créatif capable de redéfinir les contours d’une perception faussée par la peur et la méconnaissance. Souvenez-vous : le corps différent n’a pas toujours été des nôtres. Du fait de sa dissemblance, c’est son humanité même qui a été déniée. Ce qui dérange ? Cette instabilité de la nature qui a permis une altérité remarquable inspirant, aujourd’hui encore, des sentiments mêlés. Comment dépasser ce trouble généré par un corps dont les malformations sont instinctivement appréhendées comme insurmontables ? Il aura fallu attendre le XXe siècle et la psychanalyse pour que des personnes souffrant de handicaps physiques réintègrent la communauté humaine. Il aura fallu que les nouvelles technologies se développent (cœurs artificiels, prothèses high-tech, articulations bioniques) pour que l’incapacité devienne enfin une surcapacité. Dans Attention fragile, deux danseurs développent cette philosophie de plus en plus partagée dans le monde de l’art aujourd’hui. Sur le plateau, une jeune danseuse croise le chemin d’un danseur en fauteuil roulant. Ils sont différents, comme tous les êtres humains. Ils s’apprivoisent, en se souriant d’abord, chacun partant ensuite à la recherche de l’autre, jusqu’à dévoiler sa part intime. Plus qu’une ode à la différence, entre vulnérabilité et complémentarité, ce duo oublie les handicaps en invitant les spectateurs à se laisser toucher par la seule fragilité des corps. Car Attention fragile, c’est une rencontre, un échange, un jeu où chacun apprend à se découvrir, et à explorer avec l’autre cette relation nouvelle qui les unit. Production Danses en l’R – Cie Éric Languet. Où l’on remarque que l’incompréhension tient moins aux malformations physiques d’un individu qu’au regard de celui qui s’y confronte. Où l’on perçoit que le plus fragile n’est pas celui que l’on croit… Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 13 Éric Languet à propos de sa danse : « Ce qui m’intéresse depuis toujours, c’est de voir et de rendre compte comment chaque individu se détermine au quotidien ; comment il se situe par rapport à l’autre, aux autres, à la norme ou à l’anormalité. Que signifient pour lui le rejet ou l’intégration à un groupe ? J’aime mélanger des gens avec leurs différents bagages techniques, culturels, biographiques ou physiques et voir quelles histoires se racontent pendant le temps de cette rencontre. » Rencontre avec Éric Languet Par Francine George (Source : Bat’Carré n°9) Danseur, chorégraphe, fondateur de la compagnie Danses en l’R et du centre chorégraphique le Hangar, situé sur les hauteurs de Saint-Gilles (La Réunion), Éric Languet surfe sur la création, comme il aime surfer sur les vagues. Il compte aujourd’hui une quarantaine de pièces à son actif. À la recherche d’excellence, il fuit les conventions et l’élitisme, et c’est avec une grande modestie qu’il met en lumière le ballet des corps. Au point culminent de ce parcours singulier, Robyn Orlin vient de créer, pour lui, un solo ! La danse, c’est arrivé comment ? J’ai découvert la danse avec Marie-Christine Dabadie et Marielle Roque, des profs de jazz. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui avaient une grande curiosité, l’esprit ouvert et qui me faisaient tout découvrir : le classique, les spectacles, le hockey… J’ai choisi tout seul le surf, et ça ne m’a jamais lâché depuis ! La danse, c’est devenu quelque chose d’important pour moi à l’âge de seize ans. On m’a proposé le rôle du Petit Prince, et ça a flatté mon ego. Et ensuite ? Ma vie est un peu comme un conte de fées. Je rencontre le directeur du conservatoire – à l’époque, je faisais l’école normale. Nous avons passé trois jours à discuter et c’est lui qui m’a proposé d’entrer au conservatoire de Rueil-Malmaison. Et ça a été le début de ma carrière classique à l’Opéra de Paris. Deux ans plus tard, je reçois un télex me proposant un contrat en Nouvelle-Zélande. C’était du solide, un contrat d’un an ! En fait, j’y suis resté dix ans. Ensuite, je me suis lancé dans la chorégraphie, toujours pour le Ballet royal de Nouvelle-Zélande. Puis, j’ai créé ma propre compagnie avec danseurs et musiciens. J’ai joué à Singapour, je suis parti en Australie, où j’ai enseigné à l’université d’Adélaïde. Racontez-nous votre rencontre avec David Toole et le DV8… J’ai travaillé trois ans avec le DV8 à Sydney, une création dans le cadre des jeux Olympiques. Puis, plus tard à Londres, on a retravaillé la pièce The Cost of Living, qui a fait une tournée européenne. Je venais de la danse classique, port de tête, longues jambes, longs bras… et je vois sur scène David Toole, un danseur handicapé, sans jambes. J’ai pleuré en le regardant danser et je me suis demandé pourquoi ça me touchait autant ! Ensuite, j’ai eu envie de faire ça aussi avec les gens de ma compagnie. Un positionnement émotionnel, artistique. On intègre les particularités de chacun dans le groupe. Il y a une dimension politique aussi, si c’est possible dans un studio de danse, c’est possible ailleurs. Et ça a nourri mon travail chorégraphique, ne pas oublier d’où l’on vient et se nourrir de solutions créatives. Les handicapés sont obligés d’être créatifs dans leurs gestes de tous les jours, et ils arrivent à résoudre leurs problèmes. Ça procure des moments de danse qu’on ne peut pas trouver ailleurs… PAGE 14 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Wilson Payet : en roue libre ! Par Isabelle Kichenin (Source : reunion.orange.fr) Votre retour à La Réunion en 1998 ? En 1999, ma première création, Trace d’amour, est produite par les Bambous, d’ailleurs Robin Frédéric joue dans la pièce. Et puis, je fais des allers-retours entre La Réunion, l’Australie et la NouvelleZélande. Je pars en tournée avec le DV8 Physical Theatre pour la pièce The Cost of Living. Et en 2003, je décide de m’installer complètement à La Réunion. Je retrouve mes racines, mon enfance, mon adolescence… J’avais envie d’autres expériences à partager. Je quittais une compagnie de quarante à cinquante personnes pour en former une autre avec peu de monde, mais l’envie de travailler avec des gens d’ici, de les sensibiliser, de les former. L’envie aussi de confronter la danse à des amateurs, de mélanger amateurs et professionnels, et même d’aller plus loin, d’intégrer des gens sur le bord, mis de côté : SDF, personnes âgées, handicapées… Cette puissante envie, je la tiens de mon expérience avec le DV8, qui m’a beaucoup marqué. On est vraiment sortis du cercle parfait des petits rats de l’Opéra ! Votre signature artistique ? La mélancolie ! Mes spectacles sont drôles et tristes. Je trouve mes béquilles dans la danse ! Il y a un rapport au corps charnel, organique. Un rapport au sol aussi. J’aime bien les gens hors normes. Le côté chaos aussi, mais très organisé… Une de mes questions d’artiste, la trace la plus forte que j’ai envie de laisser, c’est de l’ordre du poétique. Alors que l’on s’évertue à laisser des choses concrètes. Mélancolie, gravité. Les choses me touchent, les gens autour de moi, la nature… Mon boulot, mettre une autre lumière sur les choses. Déplacer les choses pour les rendre visibles. « Il ne savait pas que c’était impossible, alors il l’a fait. » Elle lui va comme un gant, la citation de Mark Twain. Wilson Payet est danseur professionnel. Le titre lui scotche un sourire communicatif aux lèvres. Ça signifie tellement pour ce jeune homme handicapé. « Je vais bientôt quitter l’IME [institut médico-éducatif, NDLR]. Ça veut dire encore plus de liberté, plein de projets à mettre en place, une autre vie à vivre », se réjouit-il. Depuis qu’il a intégré la compagnie Danses en l’R, le jeune homme se forme et pourra bientôt animer à son tour des ateliers de danse intégrée, mêlant valides et handicapés. C’est par ces ateliers qu’il est venu à la danse : « La première fois que j’ai participé, j’ai trouvé ça super. Je me suis dit que ça serait peut-être mon truc », se souvient-il. Et ça l’est, son truc. Le jeune homme emplit la scène d’une rare présence et surprend par sa force d’interprétation. « Quand je danse… wouah… c’est quelque chose de magique. Je ne peux pas expliquer mieux que ça. C’est une telle liberté de mouvement ! » Atteint de spina bifida, une malformation de la colonne vertébrale, Wilson n’a jamais eu l’usage de ses jambes. Pour autant, il n’a jamais renoncé au sport. « Enfant, je me suis rendu compte de ma différence en voyant les autres marcher, monter les escaliers. Je me suis dit que j’allais faire avec. Et voilà », explique-t-il. Six fois médaille d’or en athlétisme, Wilson pratique aussi le basket au sein de l’association handisport de Saint-Pierre. « Je prends tout positivement. Je ne me dis pas que ça n’est pas possible. Je fonce et je vais jusqu’au bout », confie-t-il. À dix-neuf ans, sa volonté et son talent ont déjà arraché des larmes à ses parents et l’une de ses sœurs, émus face au spectacle Attention fragile. Une belle reconnaissance pour Wilson Payet, tout comme les encouragements des autres danseurs et du chorégraphe Éric Languet. « Il m’a appris beaucoup sur moi-même. C’est quelqu’un qui pousse les gens à fond », estime Wilson. Par la compagnie Danses en l’R, il a découvert David Toole, formidable danseur sans jambes, et ne cache pas son admiration pour lui. « Il fait de belles choses. Il a vraiment un mouvement excellent », sourit-il. Un modèle avec qui le jeune homme partage la même passion pour la danse. « C’est une telle liberté de mouvement ! » La danse, c’est aussi la première activité physique qu’il pratique sans son fauteuil. C’est aussi un moyen de recevoir différemment le regard de l’autre, qui n’a pas toujours été tendre avec lui. « Petit, les gens me regardaient de travers, avec des regards pas vraiment positifs. Après, je me suis dit que j’étais comme ça, que je ne pouvais rien y changer. Donc je m’accepte comme je suis, et je crois que c’est ce qui est important. » Sa positive attitude, Wilson souhaite la partager avec les pesonnes handicapées : « Je veux leur dire qu’il faut toujours aller le plus loin possible, ne pas baisser les bras, être toujours positif, quoi qu’il arrive. » Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 15 Danse et handicap, la danse intégrée Historique Aux États-Unis, dans le milieu des années 1980, Alito Alessi, précurseur de l’enseignement de la danse pour les personnes en situation de handicap, emploie le terme de dance ability, que l’on peut traduire par « la danse des compétences de chacun ». De manière plus générale, les Anglo-Saxons emploient le terme de community dance, qui renvoie à l’idée de partage entre les différents danseurs, davantage qu’à la notion de communauté, ou plus communément celui d’integrated dance. Ce terme est utilisé par Adam Benjamin, cofondateur à Londres de la première compagnie de danse avec des personnes en situation de handicap. En France, les premiers artistes chorégraphiques qui pratiquent la danse avec des personnes handicapées se sont formés avec Alito Alessi aux États-Unis ou Adam Benjamin en Angleterre. Les danseurs français ont traduit integrated dance par « danse intégrative », ou plus couramment par « danse intégrée ». Le programme Espace libre et change de la compagnie d’Éric Languet Démarré en 2004, le programme Espace libre et change (ELEC) de la compagnie d’Éric Languet, Danses en l’R, est une pédagogie innovante de la danse intégrant des personnes handicapées et non handicapées. Il ne s’agit pas de danse pour des personnes handicapées, mais bien d’une réflexion et d’une mise en pratique de l’idée d’intégration par le biais d’une pratique artistique commune. Le programme ELEC est aussi, et avant tout, la rencontre d’un public amateur avec des artistes qui ont fait de la danse leur profession. Avec ce projet, Danses en l’R souhaite changer, par le vecteur de la danse tout du moins, le regard que peuvent avoir les gens sur leur propre corps, mais aussi et surtout le corps des autres. Il y a une motivation artistique réelle, le travail d’ateliers incluant les différences (physiques et mentales) de chaque individu influence fortement les créations chorégraphiques d’Éric Languet. Dans cette démarche de projet, il existe également un questionnement pratique de la notion d’intégration. Par rapport à une contrainte donnée, l’intégration c’est de trouver la solution commune et cohérente à un groupe, quelles que soient les différences entre ses membres. Si ce projet participe à l’intégration de la danse contemporaine auprès d’une certaine population de Réunionnais, il impulse pour la première fois à La Réunion l’intégration de personnes porteuses de handicap et non handicapées au sein d’une discipline artistique. La motivation au regard de cette intégration est de faire évoluer et s’enrichir la dynamique des rapports artistiques entre ces deux publics. Mon rapport au corps dans son pouvoir d’expression, et au geste dansé, avait été bouleversé à jamais, et j’avais besoin de comprendre pourquoi par une pratique et une réflexion sur le corps « autre » avec les danseurs de ma compagnie. La venue de Jo Parkes, pour une première formation en 2004, nous a permis de répondre à quelques questions et d’en soulever beaucoup d’autres. Même si le programme Espace libre et change est avant tout une démarche artistique, il nous a ouverts sur une réflexion plus large, notamment sur les notions d’intégration et d’inclusion, et le rapport entre accessibilité et excellence. Les activités de ce programme permettront, je l’espère, à de nombreuses personnes de découvrir la danse contemporaine ainsi que de changer leur regard sur l’autre, handicapé ou pas. Pour moi, la motivation première de ces ateliers Espace libre et change est toujours et avant tout de nourrir ma démarche artistique. Je veux confronter des danseurs professionnels ainsi que moi-même à des personnes qui ont des rapports fondamentalement différents avec le mouvement, des manières singulières de se mouvoir. Pour les personnes handicapées, il s’agit avant tout de se confronter au mouvement, non plus avec ses enjeux d’efficacité immédiate ou d’utilité, mais plutôt de plaisir esthétique et de gratuité. Chaque individu en retire une satisfaction et un plaisir différents. Le travail de la compagnie Danses en l’R reste toujours de mettre en place un environnement où chacun puisse être à son niveau d’excellence. » Danses en l’R Compagnie créée en 1998 à l’île de La Réunion par Éric Languet quand il décide de s’investir sur le territoire où il a grandi. Nourrie par une véritable fascination pour l’homme et ses difficultés à se déterminer au quotidien, la compagnie propose, à partir de cheminements collectifs, un travail de mise en espace de tableaux charnels et débridés, souvent proches de la farce. Mouvements, mots et images sont convoqués sur le plateau, sans hiérarchie, engagements physiques à la clé. N’hésitant pas à placer le spectateur au cœur de ses dispositifs scéniques, la compagnie fait sienne la question politique du spectacle et tend à redonner son sens au geste. Animées ainsi par une poétique du réel, les formes se déploient sur scène et peuvent s’ouvrir en instants uniques, moments suspendus, étranges et oniriques loin de toute figure usuelle. Dans un texte, Éric Languet revient sur cette approche de la danse : « Depuis la conception d’Espace libre et change, il m’importait avant tout de me confronter, ainsi que les danseurs de ma compagnie, au monde du handicap. En effet ayant eu l’occasion de travailler avec David Toole, danseur professionnel handicapé, et Adam Benjamin, son professeur, fondateur de la compagnie britannique Candoco, j’avais besoin de faire partager les chocs émotionnels et les bouleversements artistiques que ces rencontres avaient engendrés chez moi. PAGE 16 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Biographies Céline Amato, danseuse Éric Languet, danseur et chorégraphe Éric Languet est né à Compiègne en 1962. Il a grandi à La Réunion, où il a découvert la danse. Il quitte l’île en 1983 pour étudier au Conservatoire national régional de RueilMalmaison. Après une carrière de danseur classique qui le mènera de l’Opéra de Paris au Ballet royal de NouvelleZélande, compagnie où il fait ses débuts de chorégraphe, il commence à s’intéresser à la danse contemporaine et au théâtre. La rencontre avec Lloyd Newson du DV8 Physical Theatre sera déterminante dans son questionnement de chorégraphe et ses choix artistiques ultérieurs. De retour à La Réunion en 1999, il crée la compagnie Danses en l’R et entame une série de collaborations avec des artistes réunionnais et africains. Loin d’une recherche purement formelle et autoréférencée, les créations d’Éric Languet questionnent la notion d’insularité propre à son parcours essentiellement néo-zélandais et réunionnais. Originaire de Nice, Céline Amato rencontre la danse dès son plus jeune âge. Issue d’une culture MJC en passant par le Centre international de danse Rosella-Hightower à Cannes, elle traverse différentes techniques de danse tout en restant liée intensément à la culture hip-hop, qu’elle ne cesse de transmettre. Sa rencontre avec la danse contemporaine va bouleverser son regard sur la danse. En 1999, elle se dirige vers un diplôme d’État au Centre international de danse Rosella-Hightower à Cannes. Très vite, elle se produit sur scène grâce à de belles rencontres, tant dans le milieu hip-hop que contemporain, arts de rues ou théâtre : Cie One Step Ahead de Cannes, A’Corps de Valence, Magic Electro de Strasbourg, Les Rats Clandestins de Nice, Hervé Koubi de Brive, Jabirue de Salernes, L’Arpette et Le Grain de Sable de Nice. En 2005, elle crée à Nice, au côté de Mickaël Festin, la compagnie Artefakt, dans une volonté d’accompagner de jeunes talents et de valoriser la création hip-hop. En 2008, elle part s’installer à La Réunion et ne cesse de partager sa passion par le biais d’actions artistiques et pédagogiques entre métropole et Réunion. Marriyya Evrard, danseuse et assistante Née à Madagascar, elle grandit à La Réunion, puis part à Angers où elle obtient son baccalauréat. Également diplômée et médaillée du Conservatoire national régional d’Angers, elle travaille avec Yveline Lesueur (interprète chez Bagouet), Olivier Bodin et dans un groupe de recherche en improvisation. Elle devient interprète dans diverses compagnies, chorégraphe au sein de la Cie Scaramouche (compagnie pour enfants). Elle obtient son diplôme d’État au Cefedem de Poitiers en 2001 et enseigne dans différentes écoles, au Conservatoire national régional et à l’École nationale de musique et de danse (ENMD). Son travail pédagogique est marqué par ses rencontres avec Dominique Petit, Mohamed Ahmada, Anne Carrié, Caroline Dudan. Elle retourne à La Réunion en 2002, enseigne au Conservatoire national régional de La Réunion. Elle devient interprète de Danses en l’R, Cie Éric Languet. Elle travaille parallèlement la danse contact-improvisation et la composition instantanée avec la Compagnie Argile à La Réunion, en collaboration avec le musicien Danyèl Waro, et traverse des expériences de théâtre et de clown. Elle enseigne dans le cadre de la danse intégrant des personnes porteuses de handicaps. Depuis 2009, elle est assistante chorégraphique d’Éric Languet. Elle est sélectionnée par le Centre national de la danse et bénéficie de la formation en vue du certificat d’aptitude en danse contemporaine. Elle est depuis peu responsable pédagogique du Hangar, centre chorégraphique Éric Languet, nouveau lieu de résidence de la compagnie Danses en l’R, et formatrice de formateurs en danse intégrée. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 17 PAGE 18 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 In a world full of butterflies, it takes balls to be a caterpillar… some thoughts on falling… Robyn Orlin Régulièrement invitée par le Festival de Marseille, la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin retrouve Création 2013 Marseille avec sa dernière création. Une pièce dans Deux propositions de Robyn Orlin. laquelle ses paysages recyclés, ses mythes irrités, Avec Élisabeth Bakambamba Tambwe et Éric Languet. invitent aux noces de tout ce qui vit. Comment ? Théâtre Joliette-Minoterie En débusquant, derrière la colère, cette beauté qui résiste en se transformant. AFRIQUE DU SUD lun. 23 / mar. 24 juin 21 h durée 1 h 30 min tarifs de 20 à 10 € abonnement spectacle B À l’origine de cette nouvelle pièce (Dans un monde plein de papillons, il faut du courage pour être une chenille… Quelques pensées sur la chute…), il y a le refus des danseurs de l’Opéra de Paris de jouer devant l’image d’un homme tombant des tours du World Trade Center. C’est l’occasion pour Robyn Orlin de revenir sur les puissances tragiques à l’œuvre dans nos sociétés contemporaines. Habituée à mélanger les genres et les matériaux, à incorporer à la danse, au théâtre ou à l’opéra des éléments de friction polémiques, Robyn Orlin scrute ici l’état du monde avec un regard sans concession. Le public a du mal à s’installer confortablement dans la salle : des tentes gisent sur les fauteuils. Il est donc invité sur scène, jusqu’à ce qu’Élisabeth Bakambamba Tambwe, irrésistible dans sa folle quête de liberté, pestant contre sa chorégraphe, demande à « l’envahisseur » de remettre de l’ordre et de « libérer la zone ». Commence alors un invraisemblable solo-métamorphose. La tente qui l’abritait devient costume, change de forme, de couleurs, de genre. Permet à la danseuse de se glisser dans les chaussures d’une artiste qui se bat pour son statut, ou dans le corset d’une chanteuse de blues qui s’endort en plein play-back de Strange Fruit, avant de se rendre à l’évidence : « Je ne serai jamais un papillon. » Solo d’Élisabeth Bakambamba Tambwe. Création lumière : Laïs Foulc / Costumes : Birgit Neppl / Son : Cobi von Tonder. Solo d’Éric Languet. Création : lumière Laïs Foulc / Costumes : Birgit Neppl. Régisseur général : Thabo Pule / Régisseur lumière : Thomas Cottereau Administration et diffusion : Damien Valette, www.jgdv.net Coordination : Julie Lucas. Production : City Theater & Dance Group, Damien Valette Prod Coproduction : TEAT Champ Fleuri – TEAT Plein Air, Théâtres départementaux de La Réunion, Théâtre de la Bastille (Paris), Festival d’Automne à Paris. Avec l’aide de l’Espace des arts, scène nationale de Chalon-sur-Saône ; la Ferme du Buisson, Scène nationale de Marne-la-Vallée ; le Manège de Reims, Scène nationale ; Danses en l’R ; Le Hangar, Centre chorégraphique Éric Languet dans le cadre des accueils studio des compagnies et du Théâtre du Grand Marché, Centre dramatique de l’Océan indien. Remerciements à Philippe Lainé. Lorsque Éric Languet, venu de l’Opéra de Paris, entre à son tour, lui aussi s’oppose à la chorégraphe : il fustige ses titres-énigmes « que personne ne comprend », refuse de tomber, réclame l’envol. Il apparaît, facétieux, évoquant Giselle tout en transfigurant son amour du surf sur ses pointes. Et devient majestueux quand, suspendu à sa barre de danse, il s’accroche à la vie malgré les vents qui balayent. Lui aussi se métamorphose, mais, comme l’ange de Wim Wenders, il renonce à ses ailes et se (mor)fond dans le monde en pensant à ses rêves, eux aussi descendus sur Terre. Deux solos « comme on tombe des nues », dans lesquels les interprètes sont à la fois acteurs désabusés et spectateurs amusés de leur chute réelle et métaphorique. Même si, pour Robyn Orlin, la chute n’est que le point de départ de cette puissante allégorie du XXIe siècle. De cette réflexion urgente, vivante, parfois sauvage, sur le combat sans merci que l’élan créateur livre à nos sociétés quand il ne veut plus subir leur instabilité. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 19 Avec ce double solo, Robyn Orlin a réussi son pari. Elle retrouve l’énergie et la radicalité de ses débuts, tout en poursuivant ses vieux démons : la peur du déclassement et l’envie assumée de sortir du cadre. Rappelant ainsi que c’est l’apartheid qui a forgé sa compréhension du monde et du rôle de l’artiste. Et que depuis ses débuts, son langage de vérité dénonce ces systèmes qui cognent les individus. Entretien avec Robyn Orlin Propos recueillis par Gilles Amalvi (Sources : theatre-contemporain.net) La chorégraphe sud-africaine s’est peu exprimée après la création de cette pièce. Dans un entretien, alors qu’elle est en plein travail de préparation avec Élisabeth Bakambamba Tambwe et Éric Languet, elle évoque les lignes de forces de ce duo-solo, conçu comme un double solo. Dans votre note d’intention, vous évoquez l’image de l’homme tombant des tours du World Trade Center. De quoi cette image est-elle le symbole pour vous, et quel type de moteur a-t-elle mis en route ? Le point de départ, c’est cette anecdote survenue lorsque je travaillais sur une mise en scène à l’Opéra de Paris. Je voulais utiliser l’image de l’homme tombant des Twin Towers. Cela a déclenché une réaction de rejet très violente de la part des danseurs, qui se sont mis en grève. Il y avait d’autres raisons, mais cette vidéo a mis le feu aux poudres. Je comprends la violence que peut susciter cette image, c’est effectivement une image très polémique – et pas uniquement à cause de l’impact des attentats du 11-Septembre. Elle provoque : dans le sens où elle provoque de nombreuses émotions, elle renvoie à des peurs profondément enfouies. Il se trouve que j’étais à New York au moment des attentats ; j’ai vu le deuxième avion s’écraser sur la tour. Cela m’a très profondément affectée, pendant très longtemps. Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est pourquoi personne ne veut en parler – pourquoi ce refoulement, alors que cet attentat est fondateur de la réalité dans laquelle nous vivons ? Peut-être qu’il est trop difficile d’évoquer ce sujet. Personnellement, ce n’est que maintenant que je peux commencer à regarder des images de l’événement. L’une des photos que je peux regarder est celle de l’homme en train de sauter. C’est en quelque sorte une allégorie du XXIe siècle. Je crois que nous avons tous l’impression de sauter du haut d’un bâtiment. Nous ne savons pas où nous allons atterrir, comment nous allons atterrir. Tout paraît tellement instable. Cette réaction des danseurs m’obsède, ainsi que l’image elle-même – mais ce n’est pas le sujet de la pièce, plutôt son arrière-plan. Cela a été le déclencheur d’une réflexion plus large sur la chute et l’état du monde au XXIe siècle. L’image est ce qu’elle est, on ne peut rien en tirer à proprement parler. Ce qui m’intéresse en revanche, c’est de creuser cette idée de la chute, d’essayer de voir ce qu’elle signifie, pour moi, pour les interprètes avec lesquels je vais travailler, pour les gens, aujourd’hui, en général. On tombe amoureux, l’amour s’écroule, on tombe en dansant, on tombe en courant, on tombe des nues, on tombe enceinte, on tombe dans les pommes… Cette idée de chute est remplie de tant de choses – de peur, d’excitation, de danger. Elle convoque la différence. J’aimerais trouver un moyen de déplier les ressorts imaginaires de cette idée. La danse – le ballet en particulier – entretient une relation très ambiguë à la chute. La chute est le cauchemar de tout danseur, ce contre quoi il ne cesse de lutter. Effectivement, le ballet est très intéressant de ce point de vue : toute la danse classique est concentrée vers l’envol, la suspension – dans la terreur de la chute. Le sol sert à se propulser, pour PAGE 20 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 s’envoler. Tout tend à nier l’idée de la chute. La technique classique cherche à empêcher de tomber. Pour déplier l’idée de chute, et élargir la portée des images du WTC, vous êtes allée chercher du côté des mythes – qui symbolisent ces « peurs enfouies » dont vous parliez. Comment cette couche « mythique » sera-t-elle présente dans le travail ? Pour moi, l’homme qui tombe de la tour symbolise le mythe d’Icare – un mythe fascinant, et très éclairant pour comprendre le monde contemporain : cette idée de se rapprocher toujours plus près du soleil correspond à une pulsion insatiable de l’humanité – que le capitalisme représente parfaitement. Pour me détacher du contenu terrible de cette image, qui est à la fois belle, fascinante, terrible, triste, j’ai cherché à la prendre comme une allégorie ; par là, je ne dis pas qu’il faille oublier le contexte de l’événement – le terrorisme, Ben Laden, etc. Mais relire ces événements à la lumière des mythes permet de mieux les comprendre. Et les deux mythes fondateurs dont je voudrais me servir pour creuser cet événement, ce sont Icare d’un côté, et la chute de la tour de Babel de l’autre. Pour cette création, vous allez travailler avec deux danseurs, Éric Languet et Élisabeth Bakambamba. Avez-vous déjà des idées sur la manière dont vous allez procéder ? Je crois que les deux performances vont s’articuler autour de ce que chacun des danseurs va construire avec la notion de chute – ce qu’elle peut signifier pour eux, comment ils se l’approprient. Éric Languet est à La Réunion et Élisabeth Bakambamba est en Autriche, du coup pour le moment, nous échangeons des idées par Internet. Je leur envoie des questions, de manière à avoir une base de travail avant de commencer. Je sais déjà que chacun d’eux va apporter et traduire des matériaux, des idées très différents. J’ai déjà travaillé avec Élisabeth, notamment sur la pièce … Have you hugged, kissed and respected your brown Venus today?, mais c’est la première fois que je travaille avec Éric. C’est vraiment un danseur – il danse très bien. Il a dansé avec DV8 par exemple. C’est lui qui m’a proposé de danser dans une de mes pièces. Pour ma part, je n’ai pas envie de travailler avec quelqu’un juste pour le plaisir de travailler avec lui, mais parce que quelque chose m’intéresse en lui. Pour le travail avec Éric, j’aimerais partir du film Les Ailes du désir, et de cette figure d’ange : essayer d’opérer une déconstruction et un redéploiement imaginaire du film de Wim Wenders. Je ne sais pas encore du tout dans quelle direction cela peut m’amener, mais cela me servira de tremplin. L’ange, dans le film de Wenders, voudrait pouvoir agir sur la réalité qu’il contemple. Mais pour pouvoir entrer en contact avec la réalité, il faut qu’il renonce à ses ailes – ce qui est, là encore, une forme de chute. Pour Élisabeth, j’avoue ne pas encore être certaine à cent pour cent, mais je pense que je vais partir de l’image de la femme noire et de la manière dont certaines figures de femmes noires – Billie Holiday ou Nina Simone par exemple – se sont servies de la souffrance, de la chute comme élan créateur, comme énergie, force créatrice. Ce serait une manière de prendre la chute sur son versant métaphorique. Une autre question qui est encore en suspens concerne l’agencement des solos. Il y a plusieurs possibilités : des solos côte à côte, l’un après l’autre ou entrelacés. Les exemples que vous citez, Nina Simone, Billie Holiday, sont des chanteuses. Oui, absolument. Mon seul problème, c’est qu’Élisabeth n’est pas chanteuse. Cela dit, elle a une voix intéressante. Lorsque nous avions travaillé sur ma pièce autour de la Vénus hottentote, … Have you hugged, kissed and respected your brown Venus today?, nous avions utilisé beaucoup de matériaux vocaux – par exemple le bégaiement. Du coup, il est tout à fait possible que j’utilise la voix dans le cadre de son solo. En vous écoutant, j’ai l’impression que cette pièce cherche à convoquer à la fois une forme de littéralité très forte, et un niveau allégorique beaucoup plus large. Voulez-vous provoquer une friction entre ces deux niveaux de lecture ? Oui, tout à fait. Je crois que cette friction sera au cœur du travail, cet écartèlement entre l’aspect direct, très physique, et les couches imaginaires entrelacées. Cette pièce semble porter un regard très personnel sur l’état du monde. Est-ce que cette création a une valeur particulière pour vous ? Pour moi, cette pièce représente une sorte de retour aux sources – je voudrais travailler de la manière dont j’ai créé mes premières pièces, avec la même énergie, la même radicalité, sans me poser de questions. C’est une pièce à petit budget, j’ai besoin de très peu de choses – je ne veux pas de gros décors, de moyens énormes. Mais je voudrais aller toucher à l’essence de ma question. Actuellement, j’ai presque trop d’idées, de matériaux, tout se bouscule dans ma tête, et le sujet est énorme, effrayant ; dans la mesure où je vais travailler seule, sans vidéaste, sans scénographe, sans costumes, j’ai besoin de me retrouver dans un studio vide avec les danseurs pour que ces matériaux décantent et que la pièce prenne forme. Vous n’avez pas de compagnie et travaillez toujours avec des équipes différentes. Quels avantages y trouvez-vous ? Je n’ai jamais eu envie de fonder ma propre compagnie parce que je veux être libre de créer différents types de projets, sans avoir à me préoccuper que les danseurs de la troupe y trouvent tous un rôle qui leur convienne. Un des inconvénients est que les pièces vivent moins longtemps parce que les interprètes quittent souvent après une saison. L’avantage, c’est de pouvoir me concentrer sur la création et collaborer avec des artistes de tous horizons. Mes pièces sont toutes très différentes, et chaque fois, j’ai besoin de découvrir le pouvoir des danseurs, de savoir ce qu’ils ressentent en dansant ce que je leur demande. Il s’agit certainement d’un fil conducteur dans mon travail. Le fait que vous viviez dans l’hémisphère Nord depuis dix ans y est sans doute aussi pour quelque chose. Sentez-vous que cela creuse en vous le grand fossé Nord-Sud ? Le fait d’être une immigrante, avec tout ce que cela représente d’expériences nouvelles, influe d’une manière ou d’une autre sur mes créations. Je sais entre autres que je peux avoir accès à certaines manifestations de la beauté de l’Afrique du Sud d’une manière plus immédiate que les Sud-Africains parce que je suis à l’extérieur et que ces éléments, comme le soleil qu’on voit se lever sur le pays chaque jour, me manquent. J’ai faim du soleil d’Afrique du Sud ! Eux, ces éléments, ils ne les voient pratiquement plus, ils les tiennent pour acquis. Cela dit, je serai toujours quelqu’un du Sud. C’est d’ailleurs intéressant de voir comment ma fille de dix ans, qui est d’origine zouloue et que j’ai adoptée, possède cette même énergie sud-africaine que moi, même si elle a vécu presque toute sa vie en Allemagne. Cela fait totalement partie de nous. Et en aucune manière je ne ferais jouer aux danseurs le rôle de l’autre. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 21 L’irritation permanente : parcours en forme de fragments In Olivier Hespel, Robyn Orlin, fantaisiste rebelle, Toulouse, éditions de l’Attribut, 2007. Repris et augmenté à partir du dossier de presse du Festival de Marseille 2011. Dans Robyn Orlin, fantaisiste rebelle, la chorégraphe retrace son parcours personnel et artistique, de Johannesburg à Berlin, de New York à Paris en passant par Londres. Née de parents juifs d’Europe de l’Est ayant fui la menace nazie, marquée dans sa jeunesse par la lutte contre l’apartheid, Robyn Orlin n’a jamais dissocié ses partis pris esthétiques de son engagement politique. L’auteur Olivier Hespel nous révèle une artiste instinctive, drôle et rebelle – à l’image de ses pièces, convaincue que « l’art ne sert à rien, s’il n’est pas en prise avec le réel ». Extraits. Vivre en Afrique du Sud pendant l’apartheid Quand il s’agit d’évoquer le souvenir le plus marquant de son enfance, la danse est […] au centre de son récit. Mais pas n’importe laquelle. Rien de « classique », de « moderne » ou autres mouvements importés d’Occident. Non : des danses sud-africaines traditionnelles, celles qu’interprétaient les ouvriers noirs des mines d’or des environs de Johannesburg. Ceux-là mêmes que l’on retrouve dans son moyen-métrage réalisé en 2004 pour Arte, Hidden Beauties/Dirty Stories. « J’avais quatre ou cinq ans. Un dimanche, ma mère m’a emmenée voir des mineurs noirs danser en plein air, non loin de leur lieu de travail. Ces hommes vivaient très loin de leur famille, coupés de leurs racines, mais c’était leur seul moyen d’arriver à nourrir les leurs. C’était une forme d’oppression rare, de perte identitaire presque organisée. Chaque dimanche, pour occuper ces hommes esseulés et déracinés, mais aussi pour les diviser, les propriétaires miniers organisaient une sorte de concours de danse traditionnelle de chacune des ethnies dont provenaient les mineurs. Ce fut une expérience particulièrement poignante, essentielle pour moi, car il y avait là une telle beauté, une telle force et, en même temps, une telle douleur. […] Tout le monde regardait cela comme un simple divertissement, c’était même devenu une attraction touristique. Ma mère avait pris soin de m’expliquer le contexte politique. C’est là, je crois, que j’ai vraiment compris ce que signifiait l’apartheid. Les commentaires du public étaient souvent d’un racisme ignoble. J’y ai beaucoup appris sur la danse, mais c’est aussi là que j’ai forgé mes premières opinions politiques. » 1958, Hendrik Verwoerd, théoricien de l’apartheid, devient Premier ministre et entame une radicalisation de la politique de ségrégation raciale, instaurée dans le pays depuis dix ans. 1960, le massacre par la police de manifestants anti-apartheid à Sharpeville est suivi par l’interdiction des mouvements de libération comme l’ANC (African National Congress) ou le Congrès panafricain. Décidément, il ne fait pas bon être progressiste en Afrique du Sud. La chasse aux « traîtres » de la nation est amorcée. Dans ce contexte, politiquement très « tendu », Robyn Orlin voit beaucoup de membres de sa famille, beaucoup de proches, quitter le pays pour les États-Unis, le Canada, Israël, les PaysBas, la Belgique… Ses parents songent également à partir. Ils parlent même plus précisément du Canada. Ils ne le feront jamais à cause de problèmes d’argent. « Mon père pariait trop. Nous n’avons jamais pu partir. Nous déménagions souvent, toujours avec l’idée que nous allions partir, mais sans jamais le faire. C’était une situation peu sécurisante. » L’altérité « L’altérité ? C’est toute mon histoire ! », concède-t-elle avec une sereine légèreté. Cette curiosité de l’autre marque son quotidien. La chorégraphe avoue volontiers avoir toujours aimé scruter les autres, son côté Tootsie sans doute : « J’adore m’asseoir sur un banc ou à une terrasse, pour regarder les passants et m’imaginer qui ils sont, ce qu’ils font dans la vie, comment est leur corps ou à quoi ressemble leur intérieur… » En témoigne également une télévision, installée dans son salon, branchée presque en permanence sur une chaîne d’information continue (CNN essentiellement), où que Robyn soit (Berlin, Paris, Johannesburg…). C’est une manière pour elle de rester connectée à la réalité et à la vie des autres. Ce goût de l’altérité alimente sa conscience, sa vision du monde et son imaginaire. Il explique sa propension à cultiver les différences au sein même de ses pièces, où se croisent Noirs et Blancs, femmes et hommes, homosexuels et hétérosexuels, où se confrontent également les âges et les physiques. Plus encore, ce métissage est pour elle un outil qui lui permet de développer sa démarche artistique : « Refuser de figer les choses, mettre du mouvement et donc de la contradiction, voilà très exactement ma fonction d’artiste », affirme-t-elle. Quoi de mieux pour favoriser les contradictions sur un plateau que d’y multiplier les différences ? « J’ai besoin d’interprètes capables d’explorer d’autres horizons qu’eux-mêmes. » La question de la singularité est centrale chez Robyn Orlin. « J’aime particulièrement les travestis, pour l’humanité qu’ils traduisent. Tout comme les homosexuels, par leur différence. Le fait même qu’ils réalisent leur homosexualité les oblige à se confronter à la réalité d’une manière vraiment tangible. Cette réflexion et cette honnêteté par rapport à soi, c’est ce que j’appelle la beauté. » On comprend mieux dès lors cette autre affirmation de la chorégraphe : « Peu m’importe qu’un acteur danse ou qu’un danseur joue, même si le résultat ne touche pas à la perfection. Ce n’est pas la qualité technique des interprètes qui m’intéresse, mais leur humanité. » PAGE 22 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Biographies Robyn Orlin Éric Languet Née en 1955 à Johannesburg, Robyn Orlin a suivi les cours de la London School of Contemporary Dance de 1975 à 1980, puis ceux de la School of the Art Institute of Chicago de 1990 à 1995, où elle obtient un master. (Pour un parcours plus complet du danseur, voir aussi Attention fragile) Elle a présenté sa première performance à Johannesburg en 1980. Surnommée en Afrique du Sud l’« irritation permanente », elle relève, à travers son œuvre, la réalité difficile et complexe de son pays. Elle y intègre diverses expressions artistiques (texte, vidéo, arts plastiques…), afin d’explorer une certaine théâtralité qui se reflète dans son vocabulaire chorégraphique. On lui doit notamment Naked on a Goat (1996), Orpheus… I mean Euridice… I mean the Natural History of a Chorus Girl (1998), Daddy, I’ve seen this piece six times before and I still don’t know why they’re hurting each other (1999), qui a obtenu le Laurence Olivier Award de la réalisation la plus marquante de l’année, et We must eat our suckers with the wrappers on, pièce sur les ravages du sida en Afrique du Sud. De septembre 2005 à la fin 2007, Robyn Orlin a été accueillie en résidence au Centre national de la danse de Pantin. Elle a mis en scène l’Allegro, il penseroso ed il moderato de Haendel à l’Opéra national de Paris. Dressed to kill… killed to dress… pour des swenkas sud-africains, a été créé en février 2008 à Johannesburg. Elle a mis en scène Porgy & Bess à l’Opéra-Comique à Paris. Walking next to our shoes… intoxicated by strawberries and cream, we enter continents without knocking… met en scène les chanteurs de la chorale Phuphuma Love Minus. En septembre 2009, Robyn Orlin a créé une pièce au Louvre, avec huit gardiens du musée : Babysitting Petit Louis. En 2010, elle monte un solo avec le danseur de hiphop Ibrahim Sissoko : Call it… kissed by the sun… better still the revenge of geography et reprend Daddy… au festival les Hivernales à Avignon. Elle crée en novembre 2011, une pièce sur Sara Baartman, la « Vénus hottentote », … Have you hugged, kissed and respected your brown Venus today? au Grand Théâtre du Luxembourg. C’est en coproduction avec l’Ina et Arte qu’elle a réalisé en 2004 son premier film, Beautés cachées, sales histoires. Robyn Orlin a été nommée chevalier dans l’ordre national du Mérite par l’ambassadeur de France à Johannesburg. Éric Languet est né à Compiègne en 1962. Il a grandi à La Réunion, où il a découvert la danse. Il quitte l’île en 1983 pour étudier au Conservatoire à Rayonnement Régional de Rueil-Malmaison. Après une carrière de danseur classique qui le mènera de l’Opéra de Paris au Royal New Zealand Ballet, où il fait ses débuts de chorégraphe, il commence à s’intéresser à la danse contemporaine et au théâtre. La rencontre avec Lloyd Newson, du DV8 Physical Theatre, sera déterminante dans son questionnement de chorégraphe et ses choix artistiques ultérieurs. De retour à La Réunion en 1999, il crée la compagnie Danses en l’R et entame une série de collaborations avec des artistes réunionnais et africains. Loin d’une recherche purement formelle, les créations d’Éric Languet questionnent la notion de danse-théâtre propre à son parcours essentiellement ultramarin et anglo-saxon. Élisabeth Bakambamba Tambwe Née en 1971 à Kinshasa, Élisabeth Bakambamba Tambwe grandit en France et y poursuit des études artistiques. Elle a multiplié les collaborations, notamment avec Robyn Orlin, Faustin Linyekula, Serge-Aimé Coulibaly, mais aussi Graciane Finzi, Georges Momboye ou encore Oleg Soulimenko. En 2005, elle fonde la compagnie Dixit. En 2006, la compagnie est accueillie en résidence au Vivat pour y présenter une création, Concerto pour corps bruyants. En 2009, React in Silence, Please, projet développé durant le festival viennois Impulstanz, est présenté au WUK à Vienne, en Autriche. Dans les créations d’Élisabeth Bakambamba Tambwe une problématique est récurrente, celle d’une présence s’affirmant toujours sous une forme interrogative : visages grimés, corps en attente, mouvements de refus dans une relative inertie ou à l’inverse dans l’excès de leurs contradictions – absurde, grand-guignol, humour noir… Ces corps sont souvent topographiques, jouant d’une singularité dans leur capacité à s’associer à d’autres corps ou objets ; ils sont anachroniques, car ces corps peuvent être liés à d’autres temps, jusqu’à parfois ne plus appartenir au monde des vivants. Ce questionnement de la présence, au cœur des préoccupations de sa compagnie, tente de faire vaciller les certitudes afin d’interroger ce matériau qu’est le corps, part essentielle autant que monstrueuse de nous-mêmes et, par voie de conséquence, de questionner les formes de la représentation. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 23 PAGE 24 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Teahupoo Emanuel Gat - Formation Coline ISRAËL / FRANCE Cuatro Puntos Colectivo Carretel Première en Europe COLOMBIE Au XIXe siècle, la découverte des arts faisait partie de l’éducation de la jeunesse. Des voyages réputés Teahupoo – Emanuel Gat / Formation Coline – Création 2013 pour former l’esprit et forger le caractère. C’est Chorégraphie : Emanuel Gat / Création pour treize danseurs. ce que démontre ce programme aussi inédit que Cuatro Puntos – Colectivo Carretel – Création 2010 surprenant, qui fait dialoguer la danse puissante Création collective / Coordination artistique : Yenzer Pinilla García, du chorégraphe israélien Emanuel Gat, interprétée Nelson Martínez. par les jeunes danseurs de Coline, et celle, urgente, des jeunes danseurs-chorégraphes du Collectif KLAP Maison pour la danse Carretel, venus de Bogotá. mer. 25 juin 21 h durée 25 min — entracte — 50 min tarif 10 € spectacle hors abonnement Teahupoo – Emanuel Gat / Formation Coline Création lumière : Emanuel Gat en collaboration avec Sansom Milcent Régie lumière : Yvan Guacoin Musique : J.S. Bach – Allemanda et Ciaccone, extraits de la deuxième Partita en ré mineur pour violon seul interprétés par Itzhak/Perlman Costumes : Emanuel Gat / Avec les danseurs de la formation professionnelle Coline (session 2012-2014) : Lena Angster, Marine Caro, Moussa Camara, Sijia Chen, Maëva Coelo, Paul George, Jessie-Lou Lamy-Chappuis, Clément Lecigne, Diego Lloret, Eva M’Doihoma, Clara Protar, Marion Peuta. Une production de Coline avec le soutien de la Régie culturelle Scènes et Cinés Ouest-Provence, Théâtre la Colonne de Miramas En partenariat avec le Théâtre de l’Olivier, Scènes et Cinés Ouest-Provence. COLINE bénéficie de subventions de la Ville d’Istres, du Conseil Régional PACA (compétences Culture et Formation Professionnelle) ainsi que du Conseil Général des Bouches du Rhône. Cuatro Puntos – Colectivo Carretel Danseurs : Vanessa Henriquez Gámez, Yenzer Pinilla García, Diana Salamanca Torres, Ingrid Londoño Pérez, Ricardo Villota, Diego Alexander Fetecua Sarmiento, César Agusto García Rojas, Asdrubal Robayo Salcedo, Nelson Martinez, Angelica Acuña Technicien : Luis David Cáceres / Musiciens : David Leonardo Montes, Mateo Mejía Mejía / Costumes : Camila Chávez Production : Laura Barragán Rodríguez. Avec le soutien du Ministère de la Culture de Colombie. Représentation en collaboration avec Coline et en partenariat avec le Théâtre de l’Olivier, Scènes et Cinés Ouest-Provence. La formation Coline s’est distinguée des écoles de danse en plaçant la transmission et la création au cœur de son enseignement. Ici, les interprètes en formation professionnelle travaillent avec des chorégraphes venus d’horizons différents. Une politique qui trouve des prolongements internationaux, comme ce programme israélo-colombien. L’Israélien, c’est Emanuel Gat, habitué à chorégraphier pour de grandes compagnies, comme le Ballet de l’Opéra de Paris. Pour Coline, il a imaginé Teahupoo, du nom d’un petit village de la côte sud-ouest de l’île de Tahiti. Nom que l’on peut traduire par « le lieu des crânes », rappelant les massacres qui ont frappé les habitants de ce côté du Pacifique Sud. Tout en continuant à explorer les forces humaines et mécaniques qui génèrent sa danse, le chorégraphe connu pour oser tous les rapprochements, toutes les sensualités, s’est inspiré de Bach afin d’évoquer le destin oublié de ce territoire. À l’intensité de la partition pour violon seul, répond la dynamique du mouvement qui évoque les flux de l’Océan fouettant le rivage. Les Colombiens, ce sont les jeunes danseurs-chorégraphes du collectif Carretel Danza, installés à Bogotá, où ils doivent gagner leur liberté en travaillant comme ouvriers. Ils dansent Cuatro Puntos. Une pièce dont le seul horizon est un carré marqué au sol qui, en se déformant et se reformant comme un piège, contraint les danseurs. Pour leur survie, ils multiplient les points de contact et, malgré la pression environnante, s’unissent dans une même volonté de vivre ensemble. Une pièce d’une intensité surprenante qui met l’accent sur la capacité de la violence à s’autoalimenter. Une danse à l’image de ce collectif en perpétuelle combustion qui, dans un combat singulier avec le sol, multiplie les tentatives d’envol. Avec ce programme aussi inédit que surprenant, qui fait dialoguer la danse puissante du chorégraphe israélien Emanuel Gat et celle, urgente, des jeunes danseurs du collectif Carretel, la compagnie Coline démontre, une fois de plus, que l’audace est au cœur de son tempérament. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 25 Emanuel Gat chorégraphie pour Coline Trois questions à Emanuel Gat Depuis décembre, les danseurs en formation ont travaillé une quinzaine de jours avec Emanuel Gat afin de composer ce spectacle. « Ma première consigne a été de leur demander la transposition soit d’un objet ou d’un lieu familier par un mouvement tridimensionnel, traduisant l’échelle, les symboles, les détails, explique le chorégraphe. En passant de l’imaginaire au concret, par l’intermédiaire d’une image mentale, ils ont défini un territoire et construit un mouvement. » Les diverses phrases chorégraphiques de chacun constituent le matériau de base. « Le processus de création s’accélère alors, reprend Emanuel Gat. Je jette tout le monde ensemble, cela crée des rencontres fortuites qui se répondent, qui s’imbriquent. Les duos, trios, quartets se décident d’eux-mêmes. Je n’ai plus qu’à organiser, qu’à décider de l’espace, de condenser ou d’espacer... » Pour Bernadette Tripier, la responsable pédagogique de la formation Coline, « travailler avec Emanuel Gat demande aux apprentis danseurs de se responsabiliser. Ils doivent se prendre en main d’abord individuellement, puis collectivement. Emanuel apporte aussi un rapport très contemporain à la danse, dans l’autonomie musique-mouvement ». Quant au chorégraphe, il avoue que « travailler avec les Coline, qui sont encore des danseurs neufs, me met en question. Je dois être très clair dans ma démarche, leur expliquer en détail ce que je fais afin de leur permettre d’entrer dans mon univers. » La musique a toujours semblé être à la base de votre travail de chorégraphe : pour quelle raison et comment s’est développé chez vous – qui avez un temps envisagé de devenir chef d’orchestre – cet amour de la musique ? (Source : ouestprovence.fr) Propos recueillis par David Sanson (Sources : la Terrasse) En fait, mon travail est beaucoup moins guidé par la musique qu’il peut donner l’impression de l’être. À une période, pendant quelques années, je me suis certes attaché à comprendre les possibilités et les défis créatifs du travail avec les chefs-d’œuvre du répertoire musical, mais je ne dirais pas que c’est quelque chose de fondamental dans mon œuvre. C’est une phase que j’ai traversée, et comme cela correspond à la période où ma compagnie s’est fait connaître, j’imagine que c’est l’image qu’on lui attribue… Je m’intéresse bien davantage, en fait, à la déconstruction chorégraphique, à la réunion des mouvements et de la composition. C’est toujours cela, mon point de départ, et tout le reste arrive par la suite, au cours du processus créatif. Je suis revenu, par exemple dans Through the Center, All of You… à une manière de travailler que j’affectionne particulièrement – qui consiste à concevoir la plus grande partie de la chorégraphie avec une musique différente de celle qui sera utilisée au final. Votre travail semble caractérisé par une forte dimension politique, intimement liée à votre situation personnelle… Je n’essaie jamais de faire de la danse politique – je ne trouve pas ça intéressant. Je pense que si une œuvre d’art est construite avec soin et si elle possède le poids artistique nécessaire, alors un aspect politique se dégagera inévitablement, à côté de l’aspect personnel. Comment définiriez-vous votre conception de la danse aujourd’hui ? Je pense que la danse, en tant que forme artistique, offre une manière de s’exprimer qui est unique, différente de tout autre art vivant (musique, théâtre, etc.). Je suis fasciné par les possibilités qu’offre ce médium et je me sens souvent frustré en voyant la manière dont cet outil si puissant est négligé. PAGE 26 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Biographies Coline Emanuel Gat Coline est une formation professionnelle en danse contemporaine implantée à Istres, à la Maison de la danse intercommunale. La formation se déroule sur vingt et un mois. Elle concerne douze à quatorze danseurs par session. Coline existe depuis 1996 et a accueilli plus de cent danseurs en formation qui aujourd’hui font partie du paysage chorégraphique national et international. Coline a pour objectif de former des danseurs interprètes en développant leurs qualités techniques et artistiques. Le cursus de formation dispense un enseignement constitué de cours et d’ateliers quotidiens sous la direction de Bernadette Tripier, de Patricia De Anna, de Nathalie Rossi et de professeurs invités. Il accorde une place majeure au travail de création et de répertoire en invitant des chorégraphes à transmettre leurs pièces. Emanuel Gat est né en Israël en 1969. Il découvre la danse à l’âge de vingt-trois ans lors d’un atelier d’amateurs sous la direction du chorégraphe israélien Nir Ben Gal. Il intègre quelques mois plus tard la compagnie Liat Dror Nir Ben Gal, avec laquelle il se produira sur les scènes internationales. Il commence sa carrière de chorégraphe indépendant en 1994. Dix ans plus tard, il fonde la compagnie Emanuel Gat Dance au Suzanne Dellal Center à Tel-Aviv. Il y crée plusieurs pièces, dont Voyage d’hiver (2004) et Le Sacre du printemps (2004), qui recevront un Bessie Award, K626 (2006) et 3for2007 (2007), avant de choisir de s’installer en France, à la Maison intercommunale de la danse, à Istres, en 2007. Silent Ballet (2008) sera la première pièce créée en France. Suivront plusieurs créations dont Variations d’hiver en 2009, Brilliant Corners en 2011. En 2013, Emanuel Gat est artiste associé de la trente-troisième édition du Festival Montpellier Danse. Avec la compagnie, il développe le projet Up Close Up, proposant deux créations : The Goldlandbergs et Corner Etudes, une installation photographique – It’s People, How Abstract Can it Get? et un événement chorégraphique, Danses de cour. Emanuel Gat est aussi régulièrement l’invité de compagnies et de structures pour lesquelles il crée ou transmet des pièces, entre autres : le Ballet de l’Opéra de Paris, la Sydney Dance Company, le Ballet du Grand Théâtre de Genève, le Ballet national de Pologne, le Ballet national de Marseille, le Los Angeles Dance Project… En 2013, Emanuel Gat et sa compagnie se sont installés à Istres avec une mission : rayonner sur toute la région et partir sur les routes du monde. Invité partout sur la planète, et ne supportant plus les conditions précaires qui étaient les siennes en Israël, son pays, Emanuel Gat est désormais l’hôte de la communauté urbaine d’OuestProvence. La diffusion de ces spectacles permet aux danseurs de faire l’expérience de la scène. Ainsi, la formation Coline conduit le danseur à un engagement artistique en le confrontant aux réalités du métier d’artiste chorégraphique. À propos de Cuatro Puntos Le collectif Carretel (Source : La Casa del Teatro Nacional) Cuatro Puntos a commencé comme une étude dans pour la faculté des arts de l’université du district de Bogotá. Mais la pièce est progressivement devenue un travail physique exigeant au cours duquel les dix danseurs ont reçu comme contrainte de se déplacer sur quatre points d’appui (bras et jambes). Bien qu’abstraite, cette pièce parle de différents types d’organismes, quand ils se rassemblent en troupeau. « La richesse de ce travail est que chaque personne dans le public peut avoir sa propre interprétation des événements qui se produisent sur la scène », expliquent les membres du collectif. Le postulat de départ a nécessité un fort processus de formation : « Se déplacer en utilisant quatre points de contact était un postulat très exigeant, voire athlétique. Nous nous sommes rendu compte que cela nécessitait une grande force et pas seulement dans les bras et les jambes », poursuivent-ils. Le collectif Carretel est un groupe né en 2007 et composé de jeunes professionnels qui opèrent dans différentes disciplines telles que la danse, les arts visuels et la musique. Un tel mélange a donné lieu à une approche méthodologique transversale qui a permis le partage des expériences autour de la recherche et de faire émerger de nombreuses créations présentées à São Paulo, à Bogotá (Impulse Festival 2013) ou encore à Medellín. Pour en savoir plus sur la danse en Colombie, voir également Cie l’Explose / Tino Fernández. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 27 PAGE 28 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Mirror and Music Saburo Teshigawara / Karas JAPON Création 2009 Chorégraphie, conception des décors, lumières et costumes : Saburo Teshigawara Compilation musicale : Saburo Teshigawara, Izumi Nakano. Danseurs : Saburo Teshigawara, Rihoko Sato, Eri Wanikawa, Kafumi Takagi, Rika Kato, Mie Kawamura, Didda / Coordination technique & régie lumière : Sergio Pessanha / Régisseur son : Tim Wright / Régie plateau : Markus Both. Le Silo jeu. 26 / ven. 27 juin 21 h durée 1 h 15 min tarifs de 31 à 10 € abonnement spectacle A Après Miroku (2009) et Obsession (2010), c’est la troisième fois que le Festival de Marseille invite le maître japonais de la danse contemporaine. Une pièce pour sept danseurs. Le mouvement se délie, glisse et s’étourdit en infinies spirales, tressaille et soudain fend d’un trait les lumières vibrantes. Chez Saburo Teshigawara, le geste toujours aspire à la spiritualité, quêtant l’incertaine sérénité de l’âme par-delà le heurt des tumultes intimes et des ténèbres invisibles. « L’harmonie est quelque chose qui n’est ni fixe ni stable. C’est une situation d’équilibre, en constante transformation. Elle n’est jamais achevée – elle demande une lutte avec ses propres doutes », dit-il. Dessinateur, calligraphe, performer, formé à la sculpture et à la danse classique, le Japonais arque sa danse sur la tension entre l’homme et son environnement. Dans Mirror and Music, avec une économie spectaculaire, le spectateur assiste à une nouvelle plongée dans les inframondes que le chorégraphe explore avec une continuelle délicatesse. Plus exactement, dans ces vibrations, invisibles à l’œil nu, qui constituent une partie tangible de la matière. Passées au prisme des corps, ces vibrations quasi palpables dessinent des mondes insoupçonnés. De vastes territoires à explorer, poèmes de nos forces vitales et spirituelles. Noir sur scène. Jusqu’à ce que, le temps d’un éclair, le plateau s’irradie de lumière. Découvrant les corps des sept danseurs, dont Saburo Teshigawara. Noir à nouveau. La perturbation revient, disparaît, plusieurs fois, de plus en plus vite, l’espace est en syncope : « Au début, je ne laisse voir que des changements de lumière. On ne voit pas bien, seulement un clignotement. Cela me permet d’aiguiser la vue du public. » Car la lumière, celle qui va se refléter dans les miroirs dorés avant de se diffracter à nouveau pour danser avec la musique baroque, est bien plus qu’un décor ou une expérience électrique : « La lumière est une image qui donne une sensation, extrêmement complexe et diversifiée, du temps autour de nous. Elle forme des couples comme éternité et moment éternel, respiration et souffle de la vie. Elle a deux sens, qui ne sont pas des voies différentes. » Difficile de décrire un spectacle comme celui de Saburo Teshigawara. Pour que les images aient un sens, il faudrait poser que le maître japonais s’est forgé un style capable, par la seule puissance de ses corps-lianes, de révéler des espaces aussi infimes qu’infinis qui sont le contraire de la continuité du monde telle que nous la percevons. Première 25 septembre 2009 au New National Theatre Tokyo. Production Karas – New National Theatre Tokyo / Administration : Karas Production, tournées : Epidemic (Richard Castelli, Chara Skiadelli, Florence Berthaud, Claire Dugot). Sa danse serait-elle un axis mundis, ce point de connexion entre l’homme et l’Univers ? « J’essaie plutôt d’exprimer quelque chose d’invisible. Ce quelque chose n’a pas de forme spécifique, c’est plutôt une forme qui s’efface, qui est constamment en train d’ap- Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 29 paraître et de disparaître. Je me sens proche de ce qui est en train de disparaître, plutôt que de ce qui essaie de se stabiliser », conclut Saburo Teshigawara. Traversée du miroir L’apparence un peu détachée des pièces de Saburo Teshigawara, le soin méticuleux des éléments, la force symbolique troublante de l’agencement, l’élégance maîtrisée, concourent à une sensation de raffinement. Ses créations sont posées là comme un univers plastique Pendant ce temps, Saburo Teshigawara, fasciné par les renaiscohérent. Le verre comme le miroir, si fréquents dans sances, est toujours resté concentré sur la fragilité de l’Univers l’univers du chorégraphe, constituent une manière de et de sa respiration : la vie. Une fois encore : troublant. métaphore plastique de l’évanescence, d’une matière faite de lumière, polie et lisse, mais dépourvue d’existence réelle. Cette opposition était ainsi au cœur de « L’harmonie n’est jamais Glass Tooth (2007) et de l’installation-performance complète, elle est une quête aux Fragments of Time (2008) où, pendant cinq heures, la prises avec une lutte pleine de danseuse Rihoko Sato se reflétait sur un sol couvert de morceaux de verre brisé, et l’on pourrait tout à fait lire doutes. » Mirror and Music comme cette rencontre entre l’incarSaburo Teshigawara nation et l’ineffable. Entretien avec le maître japonais. Longtemps la danse japonaise a été réduite à ses ténèbres, à la violence d’Hiroshima. Depuis ce choc existentiel, une nouvelle génération est apparue, dont le rapport au monde, plus immédiat, s’est traduit par la formidable utilisation des nouvelles technologies, de leurs flux dématérialisés. Que signifie le titre de votre pièce ? Rien n’existe sur la lisse surface du miroir, mais un objet soumis à la lumière y apparaît inversé. La musique glisse sur son poli. Qu’y a-t-il au cœur du miroir ? La musique n’est pas dans le miroir. À moins, peut-être, qu’elle y soit ? Quelle est l’autre face de la lumière ? Les ténèbres ? Probablement pas. Le silence. Probablement pas. Les fragments de verre ou de miroir sont des éléments récurrents de vos œuvres. Pourtant, ce n’est pas un matériau pratique sur une scène. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Ce sont des fragments de lumière. De quelconques fragments de lumière. Des fragments matérialisés de temps. Quelque chose de fragile et dépourvu d’épaisseur. Vous réalisez la danse, la scénographie, la lumière, les costumes et même une partie de la musique de votre pièce ; pourquoi avez-vous tant besoin d’en contrôler tous les aspects ? Depuis le début de mon intérêt pour l’art, je l’ai abordé par de nombreux aspects. Il y a le mouvement du corps, lequel demande un éclairage, une musique et d’autres choses environnantes qui doivent être préparées. C’est un point de vue sur le monde, sur l’Univers. Vous réalisez également des mises en scène d’opéra. Est-ce que la danse est la voie la plus indiquée pour la recherche de la synthèse des arts ? Ce que je cherche, ce n’est pas une modification quantitative ni une synthèse, mais une transformation qualitative et l’harmonie. Même un simple corps, considéré comme une substance unique, dispose d’une structure physiquement et fonctionnellement orchestrale. Même une substance unique comme le corps requiert une synthèse qualitative. Ce n’est pas une unité de compte, mais une structure mobile et harmonieuse pour une vie élargie. Je ne sais pas encore en quoi consiste mon idéal ; mais le corps cherche toujours à aller vers plus d’intériorité tandis qu’il ouvre vers l’extérieur. Et cette énergie produit des pensées qui maintiennent le mouvement d’élargissement vers l’intérieur. Recueillis par Philippe Verrièle PAGE 30 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Biographies « Un miroir ne rejette pas le passé », poème Pour chacune de ses créations, Saburo Teshigawara écrit un poème qui sert de guide pendant les répétitions. Voici celui de Mirror and Music : « Un ciel bleu clair, aussi vide qu’un estomac affamé Un miroir ne rejette pas le passé Rien n’apparaît sur la surface d’un miroir Vous pouvez voir grâce à lui, mais rien n’existe Le miroir et… la musique, déploient le monde Notre monde est déjà cassé derrière le miroir Les gens sont cachés derrière le miroir Indice de réfraction de lumière Solubilité de la lumière Le corps et la musique Le flux d’une musique qui respire Les nombres fondront et disparaîtront, s’ils se multiplient infiniment La nuit Le soleil a une odeur d’ombre brûlée Souffle Un ciel bleu clair, aussi vide qu’un estomac affamé Des souffles innombrables viennent et vont Saburo Teshigawara Originaire de Tokyo, Saburo Teshigawara entame sa carrière de chorégraphe en 1981, après avoir étudié les arts plastiques et la danse classique. En 1985, il fonde Karas avec la danseuse Kei Miyata. Saburo Teshigawara s’intéresse aux différentes formes d’arts visuels. Dans chacune de ses créations, il conçoit l’œuvre dans sa globalité, aussi bien les costumes, les éclairages, le dispositif scénique que la chorégraphie. Parallèlement, il crée des installations, dont les récentes Double District ou Fragments of Time (2008), réalise des vidéos (comme le remarqué T-City en 1993), participe à plusieurs films et met en scène les opéras Turandot de Puccini en 1999 (coproduit par le Bunkamura, la Ville de Tokyo et le Festival international d’Édimbourg), Didon et Énée d’Henry Purcell à la Fenice à Venise en 2010 et Acis et Galatée de Georg Friedrich Haendel pour le Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence 2011. Son intérêt pour la musique et ses recherches sur l’espace le conduisent à monter des œuvres in situ. Ainsi en 1992, il crée Noiject, association de noise (« bruit ») et object (« objet ») dans un entrepôt désaffecté, puis In: Edit (1996), dans une centrale électrique. En 1999, il présente Triad à la Hayward Gallery et en 2002 Oxygen, dans un marché au bétail à Schwaz, Autriche, et à Bolzano, en Italie. Il dirige également des ateliers permanents au studio de Karas à Tokyo, dans lesquels il encourage et inspire de nombreux jeunes danseurs. En 1995, il lance à Londres un projet pédagogique appelé STEP (Saburo Teshigawara Education Project), avec plusieurs partenaires britanniques. En 2004, le Rolex Mentor and Protégé Arts Initiative lui demande d’être l’un de ses mentors pour travailler pendant un an avec un jeune danseur de son choix. Depuis 2006, Saburo Teshigawara est professeur au Department of Expression Studies de l’Université St Paul’s (Rikkyo) au Japon. En juillet 2013, il ouvre son propre espace de création, Karas Apparatus, à Tokyo, qui propose ateliers, spectacles et autres événements. Un pilote évitant l’onde hertzienne Poésie de l’humidité Karas La vie Karas (« corbeau » en japonais) est fondé en 1985 par Saburo Teshigawara et Kei Miyata. L’objectif de la compagnie est de chercher « une nouvelle forme de beauté ». Dépassant les classifications conventionnelles ou historiques appliquées à la danse, Saburo Teshigawara a su créer un langage original, qui se démarque autant de la danse moderne que du butô et explore l’interaction entre la danse, les arts plastiques et la musique, en vue de créer de nouveaux espaces poétiques. Le matin… » Saburo Teshigawara Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 31 PAGE 32 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Ubu and the Truth Commission Handspring Puppet Company William Kentridge C’est la première fois que la Handspring Puppet Company est invitée au Festival de Marseille. Ses Première en Europe marionnettes, dirigées par William Kentridge et Création 1997, reprise 2014 chorégraphiées par Robyn Orlin, donnent un sens Conception et mise en scène : William Kentridge inattendu à la férocité des personnages d’Alfred Jarry. Assistant à la mise en scène : Janni Younge Aux côtés des acteurs, elles révèlent les non-dits Texte de Jane Taylor / Avec les marionnettes d’Adrian Kohler. de l’histoire en allant au bout du langage de vérité initié par Mandela. Une réflexion sophistiquée sur Théâtre Joliette-Minoterie le mensonge politique. AFRIQUE DU SUD sam. 28 / dim. 29 / lun. 30 juin 21 h durée 1 h 30 min tarifs de 20 à 10 € abonnement spectacle B Dans ce fascinant spectacle de la prestigieuse compagnie sud-africaine, aux côtés des acteurs, des marionnettes et des vidéos sont utilisées comme les fracassants révélateurs des non-dits sur lesquels l’histoire s’appuie pour colmater les failles de sa propre histoire. Après avoir marqué les esprits avec une adaptation de Goethe, puis de Büchner, le metteur en scène William Kentridge, aussi plasticien et cinéaste, formé aux sciences politiques, est de retour en France avec un spectacle inspiré par Alfred Jarry et Ubu. Ubu ? Un personnage que le metteur en scène connaît bien. William Kentridge le côtoie depuis 1975 et ses débuts dans l’art. Il le retrouve en 1996, avec Deborah Bell et Robert Hodgins pour en faire un court-métrage d’animation, puis en 1997 avec la Handspring Puppet Company. Soit tout juste un an après l’ouverture de la Truth and Reconciliation Commission mise en place par Nelson Mandela pour enquêter sur les violations des droits de l’homme commises durant l’apartheid et pour entendre les témoignages des victimes et ceux des agents de la répression. Équipe artistique : Metteur en scène : William Kentridge Assistant à la mise en scène : Janni Younge Auteur : Jane Taylor / Marionnettes, Costumes et Décors : Adrian Kohler Création lumière : Wesley France / Chorégraphie originale : Robyn Orlin Compositeurs : Warrick Sony et Brendan Jury / Avec Busi Zokufa, Dawid Minnaar, Gabriel Marchand, Mongi Mthombeni, Mandiseli Maseti. Équipe technique : Directeur technique et directeur de tournée : Wesley France / Régisseur et opérateur vidéo : Jessica Mias-Jones / Ingénieur son : Simon Mahoney. Production : Producteur exécutif : Basil Jones / Directeur : Janni Younge / Producteur : James Nilsen / Comptable et administratrice de la compagnie : Melanie Roberts. Production : Handspring Puppet Company / Producteur associé : Quaternaire Coproduction : Edinburgh International Festival (Royaume-Uni), The Taipei Arts Festival and Taipei Culture Foundation (Taïwan), Festival de Marseille _ danse et arts multiples (France), Onassis Cultural Centre (Grèce), Cal Performances Berkeley (États-Unis), BOZAR Brussels (Belgique). Handspring Puppet Company est représenté par Quaternaire / Sarah Ford (www.quaternaire.org). Coproduction Festival de Marseille. Ici, contre toute attente, le metteur en scène semble pourtant affirmer que la réconciliation nationale et la construction d’une identité nouvelle sont inconciliables avec l’oubli, pierre angulaire de la politique de Nelson Mandela. Même anglophone, blanc, maigre, moustachu et en slip, Père Ubu ne change donc pas. Despote lâche et corrompu, il nie en bloc ses responsabilités. Toutes. Et qu’importe si ses actes reviennent chaque nuit hanter son sommeil : non, il n’a pas torturé, mutilé, égorgé, éventré, esquinté, écartelé… Quant à Mère Ubu, elle ne veut toujours pas reconnaître sa destitution. Et les témoins de leurs crimes ne manquent pas : les marionnettes de grande taille, manipulées à vue, racontent en swahili, avec une infinie délicatesse, ceux dont elles ont été les victimes. Le décors eux aussi se souviennent : ils servent d’écrans à l’explosion et à la recomposition de dessins en noir et blanc, et d’images qui illustrent, crûment, la violence d’un système arbitraire. Pour le metteur en scène, « d’un point de vue sud-africain, Ubu est une métaphore particulièrement puissante de la politique absurde de l’apartheid, présentée par l’État comme un système rationnel ». Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 33 Qu’en est-il en 2014 ? « Pendant des décennies, la souffrance de tout un chacun était niée, soumise au projet plus ample de la libération des masses. Il est aujourd’hui possible d’entendre, à travers les témoignages, des façons de penser qui donnent forme au souvenir et au deuil. » Il faut donc poursuivre le dialogue et le pousser jusque dans ses derniers retranchements. Si le principe des audiences publiques a contribué à libérer la parole, à nommer les exactions, tout indique que la réconciliation nationale et la construction d’une identité nouvelle sont inconciliables avec l’oubli. Une vision, politiquement encore à partager avec le plus grand nombre, qui ne cherche pas à cacher l’urgence de sa réflexion sophistiquée sur le mensonge et l’apparence, l’artificiel et le réel, le pouvoir et le vouloir. Dix-sept ans après sa première version scénique, le metteur en scène semble prévenir à nouveau : ne pas atteindre le langage de vérité, c’est ne pas totalement changer la nature du système. C’est, une fois de plus, reporter sur les générations futures cette responsabilité, alors qu’elles auront d’autres combats à livrer… Avec William Kentridge, la pataphysique, science des solutions imaginaires qui s’attaque aux dérives des gouvernants, à l’exercice délirant du pouvoir, à l’absurdité des hiérarchies politiques, n’aura jamais aussi bien collé à notre époque. « Je pratique un art politique, c’est-à-dire ambigu, contradictoire, inachevé, orienté vers des fins précises : un art d’un optimisme mesuré, qui refuse le nihilisme. » William Kentridge William Kentridge, force et fragilité de l’homme Par Élisabeth Rallo-Ditche, professeure émérite de littérature comparée, université de Provence-Aix-Marseille I (Source : cndp.fr) William Kentridge est issu d’une famille juive lituanienne de juristes éminents, du nom de Kantorovitz, transformé en Kentridge. Sa grand-mère maternelle, Irène Geffen, fut la première femme avocate en Afrique du Sud. Son grand-père paternel, Morris Kentridge, fut avocat parlementaire pour le Labour Party et emprisonné parce qu’il était socialiste dans les années 1920. Son père, Sydney, fut un avocat célèbre en Afrique du Sud pour avoir défendu les victimes de l’apartheid, et sa mère, Félicia, une des fondatrices du Legal Ressources Center, qui fournit une assistance judiciaire aux personnes démunies. On comprend mieux le travail de Kentridge lorsqu’on connaît ces origines familiales. Il a cherché à appréhender la violence dans son pays, et même s’il n’a pas, en tant que Blanc de famille aisée, directement été victime de l’apartheid, il y a toujours été sensible, car il a côtoyé, enfant, les clients de ses parents et ne les a jamais oubliés. Son entrée dans le monde artistique est inattendue. Après une licence de sciences politiques et d’études africaines, puis un semestre d’études en arts plastiques à l’université de Johannesburg, il étudie avec un artiste connu, Bill Ainslie, puis passe un an à Paris à l’École de mime Jacques-Lecoq, avant de revenir à Johannesburg, où débute sa carrière. Vers la fin des années 1990, il s’installe dans sa maison d’enfance et fait construire en 2002 un atelier pour travailler chez lui : avec seulement deux assistants, il dessine et construit des maquettes de ses mises en scène, ce qui, pour un spectacle, peut prendre six mois. Il collabore avec les compositeurs et les musiciens : « Les sons changent ce que vous voyez et les images, ce que vous entendez. La musique contribue à rendre claires les images et les histoires. » Kentridge utilise diverses techniques : son œuvre passe du dessin à l’estampe, de la vidéo au théâtre et à la mise en scène d’opéra. Avant de travailler pour l’opéra, il a réalisé plusieurs pièces mêlant film d’animation et document historique, acteurs et marionnettes, dans un dialogue incessant entre culture européenne et culture sud-africaine : Faustus in Africa d’après Goethe, Zeno at 4 pm, présenté au Centre Georges-Pompidou en octobre 2001, où il s’inspire du roman La Conscience de Zeno (1923) d’Italo Svevo, dans un travail en collaboration avec la Handspring Puppet Company. Les tourments intérieurs pour Kentridge deviennent le reflet de la situation sociale de violence et d’oppression. Dans Ubu and the Truth Commission, il met en scène le personnage d’Ubu d’Alfred Jarry, et mêle encore politique et littérature : cette pièce explore les rapports de la Commission Vérité et Réconciliation, créée après la fin de l’apartheid, qui visait à recueillir les témoignages des victimes et les confessions des bourreaux. Kentridge exprime l’exploration du monde intérieur de l’être humain par deux procédés : l’effacement et les images du corps. PAGE 34 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 La technique qu’il emploie, en particulier dans Le Retour d’Ulysse, mais aussi dans la mise en scène de La Flûte, travaille sur l’apparition et l’effacement permanent de dessins : contrairement à une représentation fixe ou à une photographie, Kentridge utilise le dessin d’animation, celui qui se fait sous les yeux du public, se transforme et passe. Dans Le Retour d’Ulysse, les images projetées sur un écran au fond, en guise de décor, sont en perpétuelle métamorphose ; elles s’enchaînent et s’imbriquent les unes dans les autres ; d’une image intérieure de corps, on passe insensiblement à une fleur, à une image de la nature. Un dessin unique est modifié plusieurs fois pour introduire l’idée de mouvement ; il peut être filmé et modifié plusieurs fois : on efface des marques, on en réintroduit d’autres, en filmant chaque infime transformation, pour signifier que chaque dessin porte la trace du précédent, dans un mouvement fluide et permanent. L’image originale n’existe plus, mais elle est encore là, comme le moi d’un être humain qui se transforme en permanence au fil du temps mais perdure quand même. L’autre procédé fondamental est l’utilisation de l’imagerie médicale. Sa femme étant radiologue, Kentridge a été inspiré par les radios, qu’il utilise en les transformant au gré de sa création. L’exploration psychique et sociale se fait par la représentation de l’exploration du corps. Le travail de Kentridge est analogique, et marque ainsi la relation fondamentale chez l’homme entre son corps et son âme. Par ces images, travaillées, transformées, l’artiste approche l’homme et son « irréfragable noyau de nuit ». Un art politique Propos recueillis par Jean-François Perrier (Source : France Culture) Présenter William Kentridge, c’est entamer un voyage au cœur des multiples disciplines artistiques qui composent l’univers de cet artiste polymorphe, tout à la fois dessinateur, auteur de films d’animation, sculpteur, performeur, vidéaste, metteur en scène de théâtre et d’opéra. Mais à y regarder de près, à travers ses différentes pratiques, William Kentridge poursuit un seul et même objectif : « Pratiquer un art politique, c’està-dire ambigu, contradictoire, inachevé ; un art d’un optimisme mesuré, qui refuse le nihilisme. » Entretien. Vous avez fait des études de sciences politiques avant de devenir metteur en scène. Votre théâtre est-il influencé par ce parcours universitaire ? Disons que je me suis toujours intéressé aux rapports politiques et que je considère que je pratique un art politique. Mais dans ce travail sur la globalisation du temps, il n’y a pas une volonté spécifique de parler « de façon politique » de l’Afrique du Sud, même si nous en sommes très vite venus à envisager ce « temps colonial », qui a marqué profondément le xixe siècle. Il a été créé pour relier les pays européens à leurs colonies africaines. Et cette régulation du temps colonial est devenue pour moi une métaphore qui exprime le contrôle exercé par les colons sur tous les éléments de la vie des colonisés, sur leur mode de vie. Mais notre travail parle aussi de ce temps intérieur que nous possédons tous, à partir du moment où nous savons que nous allons tous mourir. À cause de cette horloge que nous avons en nous, nous ne pouvons pas remonter le temps, nous ne pouvons pas le modifier. Le temps qui passe passe inexorablement. En Afrique du Sud, nous ne pouvons pas, par exemple, revenir au temps colonial, le temps est passé, et nous devons donc penser en termes de mélange. La ville de Johannesburg, où je réside, est le lieu parfait pour vivre le mélange entre les différents habitants qui la composent, quelles que soient leurs origines géographiques – européennes, africaines ou asiatiques. C’est une ville cosmopolite et, pour moi, c’est une image de l’avenir. Vous revendiquez le droit de faire un art de l’ambiguïté, un art politique, mais vous refusez le nihilisme. Pourquoi ? Oui, je le refuse obstinément. En Afrique du Sud et dans le reste du monde, il y a une possibilité de réel changement des comportements humains. Nous devons développer ce sens du « possible », ce sens d’une volonté positive et donc d’un engagement, même si nous n’avons aucune certitude de réussite. Rangeriez-vous votre travail du côté des œuvres théâtrales ? Quand on voit mon travail dans un théâtre, c’est une œuvre théâtrale. Quand on le voit dans une galerie d’art, c’est une exposition ou une performance d’arts plastiques. Quand on le voit dans une salle de concert, c’est une pièce de musique, peut-être même une forme opératique. Je ne me pose donc pas cette question. Je considère que je dessine et que mes dessins bougent, dans une troisième ou quatrième dimension de l’espace et du temps. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 35 Je crois, par contre, que le regard du spectateur est différent selon l’endroit à partir duquel il regarde mon travail. J’aime justement changer de lieux de représentation. Mes spectacles peuvent se jouer indifféremment dans tous les lieux que je viens de citer. Vos spectacles sont très « écrits », très organisés et cependant, on a le sentiment que les éléments qui les composent se confrontent plus qu’ils ne s’associent… Certainement. Je veux, par exemple, que la musique venue d’Afrique du Sud se confronte à celle de Berlioz. Je cherche à exposer les contraires, à provoquer des rencontres entre des éléments contradictoires pour voir ce qui se passe dans ces moments d’opposition. Je cherche quelle est la pression maximale que l’on peut exercer avant éclatement et séparation. Cela est également valable pour les rapports entre les corps et les objets. Handspring Puppet Company C’est au milieu des années 1980 qu’Adrian Kohler et Basil Jones, diplômés de la Michaelis School of Fine Art, forment la Handspring Puppet Company, au Cap. Les cinq premières années, ils créent des pièces pour jeune public et tournent dans des écoles en Afrique du Sud. Ils se déplacent dans un camion équipé de quatre couchettes et s’installent sur les parkings pour caravanes. Les visites dans les écoles ayant été interdites en raison de l’état d’urgence décrété dans tout le pays, ils s’installent à Johannesburg pour se rapprocher des producteurs de l’industrie de la télévision, et construisirent un studio. Ils travaillent sur Mina Moo et Professor Fossie et créent leur propre série, Spider’s Place. En 1985, ils réalisent leur première pièce pour adultes, Episodes of an Easter Rising (« Épisodes de l’insurrection de Pâques ») de David Lytton. Le succès de cette production leur permet de collaborer avec des metteurs en scène célèbres, comme Esther van Ryswyk, Mark Feishman, Malcolm Purkey, Barney Simon et William Kentridge. Leur travail avec Kentridge les conduit en tournée dans les festivals du monde entier. En 1999, ils s’installent de nouveau au Cap et construisent un studio à Kalk Bay. Ces dernières années, ils ont créé plusieurs pièces sur la vie des animaux : The Chimp Project, Tall Horse et War Horse. Cette dernière, produite par le National Theatre de Londres, a remporté un grand succès au box-office ; elle a ouvert à Londres en 2007 et depuis a été à l’affiche en Allemagne, au Royaume-Uni, en Irlande, en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande. William Kentridge et la Handspring Puppet Company Handspring mène une collaboration étroite avec William Kentridge, directeur artistique, metteur en scène, sculpteur et concepteur de dessins d’animation au noir de charbon. Son travail avec Handspring a débuté en 1992 sur la production de Woyzeck on the Highveld. Depuis, ils ont, entre autres, créé Faustus in Africa!, Ubu and the Truth Commission, Zeno at 4 am et Confessions of Zeno – une version longue de Zeno at 4 am et l’opéra Il Ritorno d’Ulisse, sous la direction musicale de Philippe Pierlot. PAGE 36 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Biographies William Kentridge Jane Taylor L’artiste sud-africain William Kentridge, né à Johannesburg en 1955, est connu essentiellement pour ses films d’animation composés de dessins au fusain, mais il travaille aussi la gravure, le collage, la sculpture, la performance, le théâtre et l’opéra. Associant le politique et le poétique, ses premières œuvres dénonçaient l’apartheid et les méfaits du colonialisme. William Kentridge connaît une notoriété internationale dans les années 1990 grâce à une série de petits films d’animation – qu’il préfère appeler « dessins pour projection » – dépeignant la vie quotidienne à l’époque de l’apartheid. Plus tard, dans la période post-apartheid, il élargit sa thématique, sortant de son environnement immédiat pour s’intéresser à d’autres conflits politiques. Ainsi va-t-il retracer une sorte d’histoire universelle de la guerre et de la révolution dans laquelle il évoque les complexités et les tensions de la mémoire postcoloniale et met en images les traces résiduelles de certains régimes politiques dévastateurs. Contrairement à ce que l’on observe traditionnellement dans l’art politique, Kentridge fait dans la nuance, explorant la dynamique ambivalente et souvent contradictoire qui anime les auteurs d’exactions, les témoins et les victimes. Écrivaine sud-africain, dramaturge et universitaire, c’est la plume de ce spectacle. En 1987, elle coécrit avec David Bunn From South Africa (« De l’Afrique du Sud »), une anthologie qui revient sur la situation du pays dans la dernière décennie de l’apartheid, réunissant des œuvres originales d’artistes contemporains (photographes, dessinateurs, auteurs). En 1996, elle a été commissaire de Fault Lines, une exposition sur la Commission Vérité et Réconciliation. En 2001, elle retrouve William Kentridge, pour qui elle écrit le livret des Confessions de Zénon. Elle a récemment édité Handspring Puppet Company, une étude approfondie sur le travail de cette célèbre troupe. Elle a reçu le prestigieux prix Olive Schreiner de la meilleure fiction en 2006. En 2009, elle a publié un roman qui examine la vie du chirurgien cardiaque sud-africain Chris Barnard. Elle est chercheuse invitée aux universités de Chicago, d’Oxford, de Cambridge ainsi qu’au Fellow Rockefeller à l’Université d’Atlanta Adrian Kohler et Basil Jones Adrian Kohler est le directeur artistique de la Handspring Puppet Company. C’est lui qui, au fil des ans, a conçu et fabriqué la plupart des marionnettes de la compagnie. Ses réalisations ont été exposées à la National Gallery d’Afrique du Sud (au Cap) et au Museum for African Art de New York. Les marionnettes de Kohler figurent dans les collections de The Old Mutual Art Collection au Cap, de la Cour constitutionnelle d’Afrique du Sud (à Johannesburg) et du Stadtmuseum de Munich. Basil Jones est le producteur de Handspring. Il a fondé le Handspring Trust, actif dans les townships de Barrydale et de Smitsville. Kohler et Jones ont reçu de nombreux prix VITA pour le théâtre (Bénévoles de l’art), ainsi qu’un prix pour l’ensemble de leurs réalisations artistiques (Lifetime Achievement Award), décerné par la Tshwane University of Technology (2006), et la médaille d’or Molteno de la fondation Cape Tercentenary (2010). Pour War Horse, la compagnie Handspring (avec Rae Smith) a reçu de nombreux prix, tous récompensant la conception : le prix du London Critics Circle (2007), celui de l’Evening Standard (2007) et l’Olivier Award 2007. La compagnie a également remporté un Special Tony Award en 2013 à New York. Kohler et Jones ont en outre reçu un prix (Special Achievement Award) décerné par l’Outer Critics Circle et (avec l’ensemble de l’équipe artistique de War Horse) le Critics Circle Award et le Drama Desk Award pour mise en scène exceptionnelle. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 37 PAGE 38 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Badke KVS, les ballets C de la B & A.M. Qattan Foundation Koen Augustijnen Rosalba Torres Guerrero Hildegard De Vuyst Création 2013 / KVS & les ballets C de la B Concept et création : Koen Augustijnen, Rosalba Torres Guerrero et Hildegard De Vuyst / Assistante régie : Zina Zarour Bande sonore : Naser Al-Faris montée par Sam Serruys Costumes : Britt Angé / Création et régisseur lumière : Ralf Nonn Régisseur son : Steven Lorie. Avec Raymond, Badke est le second spectacle du KVS à l’affiche du Festival de Marseille cette année. Depuis 2006, le KVS, les ballets C de la B et l’A.M. Qattan Foundation (Ramallah) forment de jeunes danseurs et comédiens palestiniens. Badke, inversion du mot « dabke », nom d’une danse pratiquée du Liban à la Syrie, est le fruit de cette collaboration durable. En collaboration avec et interprété par Fadi Zmorrod, Ashtar Muallem, Farah Saleh, Yazan Eweidat, Salma Ataya, Ayman Safiah, Samaa Wakeem, Mohammad Samahnah, Samer Samahnah, Maali Maali (aussi créé par Ata Khatab). Tout commence dans le noir avec le son des voix, des corps qui se déplacent, des pieds qui frappent le sol. Premiers balbutiements d’une ronde qui, bientôt, va surgir en pleine lumière et entraîner son monde dans un tourbillon de couleurs et de plaisir. PALESTINE Première en France Grand Studio du BNM lun. 30 juin / mar. 1er juillet 21 h durée 60 min tarifs de 20 à 10 € abonnement spectacle B Un instant, la musique s’interrompt tandis que les lumières s’éteignent. Alerte, couvre-feu, coupure accidentelle de l’approvisionnement électrique ? La pièce, indomptable, reprend et, emportée par l’irrésistible musique de Naser Al-Faris, fait tanguer la salle. Dabke, c’est le nom d’une danse populaire pratiquée du Liban à la Syrie. D’ailleurs, dans cette nation fragmentée, isolée, c’est par la tradition, comme souvent sur cette rive de la Méditerranée, que les danseurs approchent le monde d’aujourd’hui, fureur de vivre chevillée au corps. Badke : c’est le titre-anagramme de ce spectacle qui porte la signature de Koen Augustijnen, de Rosalba Torres Guerrero et de Hildegard De Vuyst. Un trio qui se connaît bien : Hildegard De Vuyst a été dramaturge de la première création autonome de Koen Augustijnen (To Crush Time) et de celle de Rosalba Torres Guerrero (Pénombre). Ils ont déjà travaillé en Palestine, pendant l’été 2009, lorsqu’ils ont monté In the Park avec dix jeunes Palestiniens, résultat d’un processus de création présenté en mai 2010 par le Ramallah Contemporary Dance Festival. Badke, c’est surtout un mot détourné pour mieux déplacer le regard occidental sur cette région du Moyen-Orient. Une sonorité qui claque comme l’espoir du futur exaltant que ces dix danseurs et comédiens appellent, de Gaza à Ramallah. Production KVS, les ballets C de la B et A.M. Qattan Foundation Gestion de tournées : Nicole Petit / Coproduction : Zürcher Theater Spektakel, les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Festival de Marseille_ danse et arts multiples. Remerciements au Ballet National de Marseille et à l’ École Nationale Supérieure de Danse de Marseille Coproduction Festival de Marseille. Badke, ce sont aussi des séquences plus intimes qui permettent aux spectateurs de surprendre des moments inattendus de tendresse, de douleur, d’affrontement, de solitude. Oui, parfois les danseurs s’échappent du groupe pour faire l’expérience de leurs individualités. Mais ils reviennent, comme ils retournent à leur présent encerclé avec de nouveaux désirs. Badke ? Une pièce comme un véritable ouragan de sourires et de corps bondissants interprété par de jeunes danseurs palestiniens qui illustrent leur incroyable capacité à réinventer l’avenir et la liberté. Une heure d’un étonnant moment de danse. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 39 Dabke Le KVS Danse folklorique présente du Moyen-Orient à la Méditerranée en passant par Israël, la Jordanie, le Liban, les Territoires palestiniens, l’Irak et la Syrie, une dabke (en arabe, « taper du pied ») est une danse dans laquelle les interprètes se tiennent par la main et frappent très fort le sol de leurs pieds. La dabke existe sous deux formes, qui varient selon les régions. Mais on peut dire pour schématiser qu’il existe deux grands courants. D’une part, la dabke « populaire », dansée lors des mariages. D’autre part, la dabke « académique », qui exige de l’entraînement et sillonne le monde en tant qu’emblème des ambitions palestiniennes. Celle-ci est une version stylisée, épurée de la première. Théâtre Royal Flamand (Koninklijke Vlaamse Schouwburg) à Bruxelles. Connu pour jeter des passerelles entre différentes communautés dans la capitale belge divisée et, au niveau international, pour ses échanges artistiques avec le Congo et la Palestine. La musique La A.M. Qattan Foundation Implantée à Ramallah et à Gaza, A.M. Qattan est une fondation privée qui investit dans la culture et l’enseignement dans les territoires occupés. Elle vise à soutenir le développement culturel, scientifique et relatif à l’éducation du peuple Arabe en général et des Palestiniens en particulier. Ainsi que la préservation de l’héritage culturel. Naser Al-Faris Chef d’un orchestre de bal en Cisjordanie, très demandé lors des mariages. Pour cette pièce, il s’est inspiré d’un morceau joué au mijwiz (instrument traditionnel) apporté par un des danseurs et qui a été transformé en un morceau d’une heure par Sam Serruys. La mijwiz est aussi une sorte de dabke où le rôle principal est dévolu à un instrument à vent composé de deux tuyaux de bambou actionnés par un seul jonc. Naser Al-Faris ponctue sa musique de saluts de bienvenue aux spectateurs et d’annonces diverses faites au micro : une jeep Mitsubishi mal garée, par exemple. Les effets sonores sont générés par Steven Lorie, qui mixe en live le son électronique des drones et le clapotis de l’eau dans le bourdonnement de la fête. Les initiateurs du projet Badke est une collaboration artistique entre les ballets C de la B (Gand), le KVS (Bruxelles) et la A.M. Qattan Foundation (Ramallah). Ces organisations se sont unies en 2007 pour mettre en place une formation professionnelle multidisciplinaire, baptisée Performing Arts Summer School (PASS), « trajet-Palestine », pour de jeunes artistes palestiniens. Badke est la troisième production née de cette formation. La première, In the Park, était le résultat d’un atelier de quatre semaines en août 2009, conçu comme un processus de création collaboratif. La deuxième était une pièce de théâtre, Keffiyeh/Made in China, dirigée par Bart Danckaert et Joris Van den Brande sur la base de textes de l’auteure palestinienne Dalia Taha. La première de cette production avec cinq acteurs belges et cinq acteurs palestiniens a eu lieu en mars 2012 au KVS avant de partir en tournée en Cisjordanie et dans les théâtres arabes en Israël. Le KVS en Palestine Pourquoi le Théâtre royal flamand bruxellois est-il en Palestine ? Dans sa note d’intention, le KVS répond : « En Palestine (tout comme au Congo, d’où également l’existence du “trajet-Congo” du KVS), il n’existe aucune formation pour le théâtre et la danse. Les troupes de théâtre et de danse existantes sont des ONG qui dépendent financièrement de donateurs étrangers et de leurs visées. En outre, en règle générale, l’art doit servir la politique. Le besoin d’une expression autonome n’en est pas moins grand, bien au contraire. L’explosion de productions vidéo contemporaines à laquelle on assiste aujourd’hui en Palestine en témoigne. Le “trajet-Palestine” du KVS veut mettre à la disposition d’artistes individuels de la scène des outils leur permettant d’élargir leurs horizons artistiques et d’aboutir à leurs propres créations. Parmi ces outils, citons des échanges avec d’autres artistes, des ateliers internationaux et sur le long terme de théâtre et de danse, des rencontres… Les participants sont des artistes débutants issus de n’importe quel contexte, qui peuvent être, à l’avenir, le moteur de spectacles, en tant qu’auteurs, dramaturges, metteurs en scène, chorégraphes, acteurs, danseurs ou designers. » Les ballets C de la B Plate-forme artistique basée à Gand (Belgique) dont le pilier central est le chorégraphe et metteur en scène Alain Platel. PAGE 40 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Le printemps de la danse arabe contemporaine Figure centrale de la danse contemporaine au Proche-Orient, Omar Rajeh mérite bien une place à part dans cette rapide présentation, ne serait-ce que pour le rôle qu’il a joué dans la promotion de cette pratique artistique dans la région. Par Yves Gonzalez-Quijano Enseignant-chercheur au Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo) de l’université de Lyon (Source : hypotheses.org) Ancien membre de la troupe Caracalla (du nom de son fondateur, Abdel-Halim Caracalla), il a lui-même créé la troupe Maqamat et initié BIPOD (Beirut International Platform of Dance), un festival de danse contemporaine lancé à Beyrouth en 2004. Année après année, BIPOD s’affirme comme le principal rendez-vous de la danse contemporaine au niveau régional. Quel écart entre les représentations qu’on se fait en France du monde arabe et ce qui s’y passe réellement ! Alors qu’on en est encore, ici, à débattre de minarets, de burqas et des menaces que tout cela ferait peser sur la démocratie, les scènes du monde arabe offrent une autre réalité, plus complexe et, à bien des égards, plus encourageante. La danse contemporaine, avec toutes les questions qui accompagnent cette forme de pratique artistique, en offre une illustration assez étonnante. Jusque dans les années 1990, seuls Le Caire, Tunis, Beyrouth ou encore Casablanca offraient à une petite élite de rares spectacles, le plus souvent proposés par des compagnies venues de l’étranger. Mais depuis dix ans, on assiste à un véritable printemps de la danse arabe contemporaine, avec des manifestations qui attirent un public de plus en plus nombreux dans des endroits aussi inédits pour cette forme d’art que Damas, Ramallah ou Amman. À tel point que le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat pouvait titrer, dans un article paru en 2009 : « La danse moderne a gagné sa bataille arabe. » Certes, cette année-là encore, le festival organisé à Ramallah a provoqué bien des réactions dans certains milieux conservateurs choqués par cette forme d’art allogène (dakhîl) associée pour certains à la débauche et à l’immoralité. Ironisant sur les propos de Khaled Ellayan, un des responsables du Théâtre Al-Kasaba, décrivant la danse comme une forme de résistance, des voix, au sein du Hamas en particulier, avaient entonné le traditionnel couplet sur « ceux qui dansent sur les blessures du peuple palestinien » (article en arabe paru dans Al-Akhbar) en mettant en œuvre un « agenda occidentalo-sioniste » subventionné par le dollar américain ! Le public est venu encore plus nombreux qu’à l’habitude à cette neuvième édition du Festival de la danse contemporaine, auquel a participé notamment la troupe des arts populaires palestiniens avec un spectacle, intitulé Lettre à… inspiré du grand dessinateur de presse Naji Al-Ali, assassiné à Londres en 1987. En effet, depuis 2007, BIPOD s’est doté d’une dimension régionale à travers le réseau Masahat, qui a intégré, en plus du pôle libanais, des acteurs palestiniens (Ramallah Contemporary Dance Festival), jordaniens (Amman Contemporary Dance Festival) et syriens (Damascus Contemporary Dance Platform). Depuis 2007, les compagnies étrangères invitées arrivent à circuler – c’est un vrai tour de force – entre les quatre États concernés en développant ainsi un véritable réseau régional qui permet les rencontres, les échanges, les découvertes dans un espace qui fait renaître les anciennes circulations au sein du Bilâd al-Sham (la « Grande Syrie » si l’on veut, ou encore l’ancien « Levant »). Bien entendu, ce n’est possible que grâce à l’intelligente collaboration des services culturels de plusieurs pays européens (Belgique, Allemagne, Danemark, Norvège, France…), confirmant ainsi dans leurs noirs soupçons tous ceux qu’effraie le spectacle de ces corps sur scène. Il est vrai également qu’une partie des danseurs arabes qui se produisent résident à l’étranger, là où se trouvent les troupes dans lesquelles ils travaillent. Mais le succès que rencontrent les représentations et le nombre croissant de professionnels travaillant dans leur propre pays sur une perception contemporaine et arabe du corps montrent à ceux qui veulent bien le voir que le monde arabe ne vit plus au temps des danseuses orientales (bien souvent étrangères d’ailleurs), cet équivalent, presque aussi exotique dans l’imaginaire occidental, de la femme « en voile intégral »… Le GREMMO est un laboratoire CNRS - Université Lumière-Lyon 2 - Sciences Po Lyon spécialisé sur les mondes arabe, turc et iranien à travers une approche pluridisciplinaire. Au-delà de la situation palestinienne et des rivalités entre le Hamas et le Fatah, le chorégraphe et danseur libanais Omar Rajeh reconnaissait bien volontiers les enjeux politiques de la danse contemporaine, dont les représentations dans le monde arabe – comme il le souligne, toujours dans un article du Asharq Al-Awsat – continuent à faire problème, à la différence des pièces de théâtre, aussi critiques et avant-gardistes soient-elles. Pour Omar Rajeh en effet, les « Arabes ont peur de leur corps [car il a] un pouvoir qui dépasse celui des mots », surtout quand la danse contemporaine n’est pas simple exercice de style, pure exaltation du corps, mais se veut au contraire une forme artistique fondée sur une lecture politique du monde. Ainsi, L’Assassinat d’Omar Rajeh, le spectacle qu’il a présenté à Beyrouth notamment, propose aux spectateurs une réflexion, par le biais de la chorégraphie, sur les assassinats de journalistes qui ont jalonné l’histoire du Liban entre 1915 et 2005. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 41 Biographies LES CHORÉGRAPHES ET DIRECTEURS ARTISTIQUES Salma Ataya Koen Augustijnen Membre de Sariyyet Ramallah, elle a fait ses débuts comme danseuse de dabke et apprend les techniques de danse contemporaine ; elle est particulièrement fascinée par la technique Release, imaginée par Martha Graham. A été pendant de nombreuses années un des chorégraphes des ballets C de la B. Il y a fait ses débuts en tant que performer dans les créations d’Alain Platel, et crée ses propres œuvres depuis plus de quinze ans. Parmi ses créations récentes figure le solo Gudirr Gudirr, avec la danseuse aborigène Dalisa Pigram. Rosalba Torres Guerrero Danseuse avec à son actif presque neuf années de créations avec Rosas, la compagnie d’Anne Teresa De Keersmaeker, elle a ensuite travaillé sept ans avec Alain Platel aux ballets C de la B. En 2012, elle crée sa première œuvre mêlant danse et vidéo, Pénombre. Elle vient de travailler à l’opéra Lulu avec Warlikowski et elle a joué, en allemand, dans une mise en scène de Karin Beier, de la Schauspielhaus Hamburg. Hildegard De Vuyst Depuis douze ans membre du noyau artistique du KVS. Depuis 1995, elle est dramaturge d’Alain Platel et initiatrice et coordinatrice de PASS, le « trajetPalestine ». Ayman Safiah Danseur de formation classique qui travaille à Londres et à Tel-Aviv. Il a fait ses études à la Rambert School of Ballet and Contemporary Dance School à Londres. Il a dansé avec la Rambert Dance Company comme dans les comédies musicales Dear World et Cats. La BBC et CNN le citent régulièrement comme le premier danseur classique professionnel palestinien. Mohammad Samahnah Autodidacte et exceptionnellement talentueux. Il ne méprise rien : dabke ou hip-hop, popping ou locking. Samer Samahnah Frère aîné de Mohammad, ardent défenseur du hip-hop dans le camp Askar, près de Naplouse. Maali Maali LES DANSEURS Cofondateur et entraîneur d’un groupe de danse à Ramallah, axé sur de la danse très spectaculaire et acrobatique, avec des influences capoeira et kung-fu. Fadi Zmorrod Samaa Wakim Cofondateur et entraîneur à l’École du cirque palestinienne, il a suivi une formation à l’École du cirque Vertigo à Turin (Italie) ; ses spécialités sont le mât chinois et la roue Cyr. Elle a bénéficié d’une formation de danse en tant qu’habitante palestinienne en Israël. Elle a suivi une formation en danse classique et moderne dans un kibboutz avant de se convertir au théâtre. Elle suit des cours de théâtre à l’université d’Haïfa. Elle est aussi membre de Shiberhurr, la compagnie de théâtre du metteur en scène palestinien Amir Nizar Zuabi à Haïfa. Ashtar Muallem Elle fait ses débuts à l’Ashtar Theater à Ramallah et dans la danse avec les YWCA à Jérusalem. Puis elle rejoint l’École du cirque palestinienne, avant de se perfectionner en tissu aérien au Centre national des arts du cirque. Farah Saleh Membre de Sariyyet Ramallah, elle a étudié en Italie, dansé avec les ballets C de la B pendant la création d’Out of Context. Elle a reçu une bourse afin d’étudier à Paris, où elle s’est plongée dans la méthode Feldenkrais. Elle a signé sa première création avec Sariyyet Ramallah, Ordinary Madness. Yazan Eweidat Membre de Sariyyet Ramallah, il aime aussi jouer avec le Cirque de Palestine, danse la dabke comme la danse contemporaine, mais ce qu’il voudrait par-dessus tout, c’est suivre une formation d’acteur physique. PAGE 42 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Raymond KVS & Théâtre National Thomas Gunzig - Manu Riche Josse De Pauw BELGIQUE Première en France Création 2012 Compagnie KVS & Théâtre National / Texte : Thomas Gunzig Mise en scène : Manu Riche Interprétation par Josse De Pauw. Scénographie : Herman Sorgeloos (décor, lumière, costumes) Traduction & dramaturgie : Mieke Verdin & Josse De Pauw Concept son : Bart Aga. Théâtre Joliette-Minoterie mer. 2 / jeu. 3 juillet 21 h durée 1 h 35 min tarifs de 20 à 10 € abonnement spectacle B Après le succès de Mission (2011) avec Bruno Vanden Broecke dans le rôle d’un prêtre belge en poste au Congo, le Koninklijke Vlaamse Schouwburg (Théâtre royal flamand), plus connu sous le nom de KVS, retrouve le Festival de Marseille avec Raymond, interprété par le génial Josse De Pauw. Mis en scène par Manu Riche d’après un prodigieux texte de Thomas Gunzig sur les moments-clés d’une vie, ce spectacle s’inspire très librement de la vie de Raymond Goethals. Un personnage interprété par Josse De Pauw, qui s’approprie le récit et joue dans les deux langues nationales. Un nouveau point culminant de son impressionnant parcours. Loin du docu-fiction, ce spectacle bilingue sur le légendaire entraîneur qui a emmené l’OM à son titre de champion d’Europe s’inspire librement des stratégies sportives d’attaque et de défense pour en extraire le suc d’un conte sur l’existence. Qu’y a-t-il de commun entre un stade de foot et une salle de spectacles ? Le terrain de jeu ? Les gradins ? La lumière ? Les spectateurs ? Le match ? Les applaudissements ? L’attente fébrile de la victoire ? Des coulisses, « caché par le soleil de novembre », à grands coups de schémas et de théories, Raymond se raconte. Son père, son enfance, sa mère, les autres, « ces pourrisseurs de jeux », les femmes, sa femme. Derrière lui, les images de son roman intérieur défilent, trop rapidement : « Tu sais combien de temps a duré cette action ? Dat heeft vijf seconden geduurd! » Au théâtre, la société, qui a besoin d’exploits, semble chercher une autre magie : voir éclater sa vérité, quel que soit le score. Il parle sans fausse pudeur, comme il pense, dans sa langue à lui, magma cocasse et truculent de français et de néerlandais : « Et là d’un seul coup… Op de moment zélf… Tu comprends plein de choses sur la vie… het is simpel. » Mais comme elle a déjà marié toutes les métaphores, osé tous les combats, sa langue à lui est intelligible sans surtitrage. Cette langue, c’est aussi celle du théâtre, les mots de Jarry, disloqués, déformés, les mots-valises que Beckett adorait. Une langue absurdement simple qui vise la vérité du langage. Vérité dont s’est emparé Josse De Pauw, acteur qui a l’arme des grands maîtres : une simplicité férocement acquise. « J’ai travaillé une composition dans laquelle les deux langues s’enchevêtrent d’une manière telle que le récit est compréhensible aussi bien par les spectateurs francophones que néerlandophones et ce sans surtitrage », explique l’auteur. Production KVS & Théâtre National Et il en faut de la force et de l’humilité pour déchirer les masques de la métaphore, pour débusquer les mots universels derrière ceux de Raymond. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 43 Deux langues, une voix « J’ai travaillé une composition dans laquelle les deux langues s’enchevêtrent d’une manière telle que le récit est compréhensible aussi bien par les spectateurs francophones que néerlandophones, et ce sans surtitrage. Un texte qui remonte au fondement du langage : être compris. » Manu Riche Raymond : du film à la pièce de théâtre Entretien croisé réalisé par Olivier Monssens (Source : rtbf.be) C’est le documentariste Manu Riche qui a nourri l’idée de réaliser un projet autour du légendaire entraîneur Raymond Goethals (1921-2004). Raymond devait initialement être un film. « J’avais en tête une sorte de biopic à la belge, pas un grand récit mythologique de type hollywoodien, mais une recherche des petits traits particuliers de cet homme hors du commun », explique Manu Riche. Enfin, au lieu d’être transposée dans un film, la vie de Raymond sera relatée dans un monologue théâtral écrit par Thomas Gunzig, connu depuis plusieurs années en Belgique francophone en tant qu’écrivain, éditorialiste et invité régulier de programmes radio et TV. Depuis qu’il a troqué les colonnes du journal Le Soir pour celles du Standaard, sa notoriété progresse également en Flandre. L’entretien avec Manu Riche et Thomas Gunzig a été réalisé pendant le travail d’écriture de Raymond, et revient sur la naissance du projet. Manu Riche, qu’est-ce qui vous a attiré dans le personnage de Raymond Goethals ? M.R. : Comme de nombreux habitants du Limbourg, région où j’ai passé ma jeunesse, j’ai toujours été un supporter assidu du Standard. J’avais dix-huit ans en 1982, au moment où l’équipe conduite par Goethals est redevenue championne de Belgique après une longue période de vaches maigres. Et cela a été un terrible choc pour moi, lorsqu’il est apparu deux ans plus tard que le match décisif contre l’équipe de Waterschei – soit dit en passant, une commune voisine de celle où je vivais – avait été truqué. À partir de ce moment-là, Goethals a été banni du football belge en tant qu’entraîneur. Il a trouvé à se recaser à Bordeaux avant de rejoindre Marseille, le club où il a connu ses plus grands succès. Cette victoire, l’affaire de corruption et le bannissement qui s’est ensuivi, tout cela a pris une place importante dans ma mythologie personnelle. Il faut dire aussi que Goethals était une sorte de légende vivante des deux côtés de la frontière linguistique. Il mélangeait allègrement le français et le néerlandais dans un dialecte bruxellois savoureux. Il était le symbole de la Belgique dans laquelle j’ai grandi et qui est en train de disparaître – à vrai dire, c’est déjà le cas – après toutes ces réformes de l’État. Vos documentaires sont souvent des portraits de dirigeants, comme Fernand Huts, le patron du port d’Anvers, ou Steve Stevaert, le responsable socialiste. L’histoire est-elle déterminée par certaines personnalités, ou est-ce que ce sont les faits historiques qui les mettent en évidence ? M.R. : Mes films ne sont pas tant des esquisses psychologiques de caractères particuliers que des portraits sociologiques, qui cherchent à montrer le contexte dans lequel un individu déter- PAGE 44 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 miné fonctionne et la relation qu’il entretient avec son milieu. C’est comme ça que je me suis retrouvé dans le monde de la politique, de l’économie, de la musique… Et maintenant dans celui du sport. Non, je ne crois pas à l’influence réelle des individus, je suis d’avis que ce sont eux qui se laissent conduire. Et cela vaut aussi pour les dirigeants dans mes films. Ils entretiennent souvent l’illusion qu’ils ont les commandes en main, qu’ils ont la faculté de décider. Cela touche au tragique, et c’est ce qui me fascine. En partageant la perspective de l’homme de pouvoir, on perçoit bien mieux le mécanisme ambivalent du pouvoir qu’en se plaçant du côté du subordonné, ou plus encore, de celui de la victime. Ce faisant, on voit surtout l’injustice et la souffrance, qui sont les effets du pouvoir. Thomas Gunzig, dans ce monologue, vous prenez une certaine distance par rapport au projet du documentaire initial de Manu Riche. Votre personnage fictif Raymond effleure à peine la biographie de Goethals. Pourquoi ce choix ? T.G. : Les contraintes peuvent être très stimulantes pour un écrivain. C’est pourquoi j’aime bien travailler sur commande et m’attacher au sujet spécifique qui m’est proposé. Lorsque le KVS m’a contacté cet été pour me demander si cela m’intéresserait d’écrire un monologue centré sur le personnage de Raymond Goethals, j’ai immédiatement indiqué que j’aimais le sport, mais pas particulièrement le football. En fait, je ne connais pas bien le sujet, et la seule manière dont je pouvais réagir à cette question était de me distancier quelque peu du « vrai » Goethals en inventant du neuf. Quel a été votre point de départ dans la rédaction du texte ? T.G. : Je souhaitais partir d’un moment de « basculement », en quête de ce qui pourrait se révéler être le fondement du mythe. Pas celui du véritable Goethals, mais celui de « mon » Raymond. Ce qui a amené le personnage à se ruer dans l’existence avec une telle énergie et à être à ce point obsédé par son sujet. En effet, nous ne sommes pas prédestinés à devenir ce que nous sommes. Un tas de facteurs sociologiques, historiques, personnels… contribuent à nous façonner. Votre monologue est construit de façon assez particulière. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à raconter l’évolution de votre personnage sur un mode non linéaire ? T.G. : Je considère le texte comme un objet auquel l’écrivain peut insuffler de l’énergie par des interventions spécifiques. Dans Raymond, un certain nombre d’éléments sont mis en place au début, auxquels il est fait référence à plusieurs reprises par la suite. Au fur et à mesure de la progression du texte, j’enrichis ces éléments par un apport d’informations supplémentaires. Une touche subtile au début peut être soulignée davantage ensuite, pour être même présentée à la fin sous un jour totalement différent. Plutôt que de construire mon texte linéairement, avec les causes débouchant mécaniquement sur les conséquences, j’ai préféré me lancer dans une construction complexe, bien que restant facilement compréhensible. En fait, c’est comme cela que nous pensons et parlons dans la vie de tous les jours. Nous disons quelque chose et y revenons par la suite. La reformulation d’une idée permet souvent de mieux faire comprendre ce qu’on tentait d’exprimer au départ. Le foot comme métaphore de la vie Entretien réalisé par Olivier Mouton et Catherine Makereel (Source : Le Soir) Thomas Gunzig, êtes-vous fan de foot ? Pas du tout. Ce n’est pas que je n’aime pas le foot, mais je ne suis pas supporter. Je regarde parfois les coupes du monde, mais je ne connais rien au championnat belge. J’aime bien le sport – j’en ai toujours fait, notamment du karaté quand j’étais plus jeune. J’ai des souvenirs marquants de textes littéraires qui se sont inspirés du sport : Ernest Hemingway ou Norman Mailer ont écrit sur la boxe. Ou encore Albert Londres, qui a écrit sur le Tour de France. La littérature et le sport vont bien ensemble. Mais ce qui m’a surtout séduit dans le projet de Raymond, c’est d’écrire sur un sujet imposé. J’aime écrire sous cette contrainte. L’idée, à la base, vient de Manu Riche, le metteur en scène, qui voulait faire une pièce sur Goethals. Il avait d’abord demandé à Dimitri Verhulst (La Merditude des choses) d’écrire le texte, mais celui-ci a été trop occupé. Le sujet était déjà là quand ils sont venus me voir, et ça, ça m’a plu. Vous vous êtes documenté sur Raymond Goethals ? Ça ne m’intéressait pas de faire un texte documenté sur Goethals. De toute façon, il ne reste pas grand-chose sur lui. J’ai trouvé quelques petits bouts d’interviews sur YouTube. Ce qui m’a marqué dans ces vidéos, c’est de le voir rentrer tout seul dans sa chambre d’hôtel, alors qu’il est au faîte de sa gloire à Marseille avec Tapie, et que tous les autres vont faire la fête. J’avais alors l’impression de quelqu’un qui court après quelque chose qui n’est pas du foot, que le foot n’est que le moyen d’atteindre un autre but. Le désir d’être aimé peut-être. J’ai donc imaginé le personnage de Tinneke. Je voulais me pencher sur le côté tragique du personnage, m’interroger sur la force, la rage qu’il faut pour devenir un personnage comme ça. Ce qui était frappant chez Goethals, c’est qu’il réfléchissait en termes de schémas de foot de manière presque obsessionnelle. Ça m’a intéressé d’imaginer comment ce cerveau fonctionnait, comment ça pouvait sous-tendre sa lecture complète de la vie. Comment on peut vivre selon le schéma d’un entraînement de foot. Je me suis renseigné sur la théorie du foot. J’ai lu des articles sur des matchs cultes : la main de Maradona ou les Belges à Mexico. J’ai toujours aimé les langages de spécialistes ; ce jargon donne une couleur à l’écriture. Au final, votre texte se joue en français et en néerlandais. Au début, ça devait être joué en français, traduit et sous-titré en flamand, mais, en discutant du texte avec Josse De Pauw et Manu Riche, on voyait Raymond parler en français, s’énerver en flamand, utiliser les deux pour expliquer ses idées. C’est assez propre à la Belgique ça. Pour avoir vu Josse répéter, je trouve que les deux langues se marient très bien. Ça crée une puissance poétique sans rien perdre au niveau du sens. Les Flamands ou les francophones peuvent le voir et ne rien perdre de la pièce. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 45 Extrait de la première scène de la pièce : « On entend des cris de joie et tous les bruits d’une foule fêtant une victoire. We horen de kreten en gezangen van een menigte die een overwinning viert. Un homme apparaît dans la lumière. Een man verschijnt in het licht. Il a l’air fatigué, comme si la journée avait été longue. Hij ziet er moe uit, de dag is lang geweest. Zijt ge hier al lang? Ge moet genieten van wat dat ge hebt op mijn leeftijd. Ça fait longtemps que tu es là ? Quand on a mon âge… Je suis désolé… Enfin… T’as bien fait de rentrer. Je vais te dire. Als ge zo oud zijt als ik… Tu as tout ce qu’il te faut ? Hebt ge geen dorst? Sinon, sers-toi… Il reste des trucs dans le minibar… Quand on a mon âge, la plupart des gens ont une théorie sur la vie. Een theorie… over het leven, verstaat ge? Eh bien moi j’ai pas une théorie sur la vie… Il prend une cigarette. J’en ai quatre. Vier! Hij neemt een sigaret. Et des bonnes théories tu sais. Excuse-moi… hein… Ik moet… ik moet een beetje… Il fait signe qu’il faut qu’il décompresse un peu. Hij doet teken dat hij een beetje moet ontspannen. Eh bien tu vois, là je suis bien. Zo ben ik op mijn gemak. Toi tu es bien aussi ? Zijt gij ook op uw gemak? Parfait… Moi aussi… Je suis bien… Des théories que j’ai vérifiées des milliers de fois. Getest, verstaat ge? Geteste theoriën! Verschillende keren getest. Tu veux que je te dise ? Ge gaat daar tijd mee winnen. Wilt ge dat ik ze u vertel? Ça va te faire gagner du temps dans la vie, tu sais… C’est important le temps. Want er is er minder dan ge denkt hé. » We zijn alle twee op ons gemak. Quand on a mon âge, tu sais… On essaye un peu de profiter de ce qu’on a. PAGE 46 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Biographies Thomas Gunzig, auteur Josse De Pauw, acteur Né à Bruxelles en 1970, Thomas Gunzig est licencié en sciences politiques. Il a commencé son parcours d’écrivain par un recueil de nouvelles, Situation instable penchant vers le mois d’août, qui recevra en 1994 le Prix de l’écrivain étudiant de la Ville de Bruxelles. Ce fut la première étape d’une longue série de publications et de distinctions littéraires. Depuis lors, il a diversifié ses activités d’écriture, passant de la nouvelle au roman (Mort d’un parfait bilingue, prix Rossel 2001), de la fiction radiophonique au livre pour la jeunesse (Nom de code : Super-pouvoir, 2005) en passant par la comédie musicale (Belle à mourir, en 1999). Il a aussi travaillé, avec Jaco Van Dormael, Harry Clevens et Didier Comès, sur une adaptation de la bande dessinée Silence au cinéma. Ses récits ont fait l’objet de nombreuses adaptations scéniques, tant en France qu’en Belgique. En 2008, lui-même monte pour la première fois sur les planches dans sa pièce Les Origines de la vie, qu’il met en scène avec Isabelle Wéry. En outre, son texte Spiderman a été adapté à l’écran par Christophe Perie dans une production de Jan Kounen. Ses livres ont été abondamment traduits (allemand, russe, italien, tchèque…). Thomas Gunzig s’affirme également comme homme de médias : chroniqueur pour divers journaux et revues, il donne de la voix au « Jeu des dictionnaires » sur les antennes radiophoniques de la RTBF et s’assied parfois dans « Les Salons du pouvoir », à la télévision, pour croquer ceux qui nous gouvernent. Né en 1952 en Belgique, Josse De Pauw – acteur, auteur et metteur en scène – est aujourd’hui une des figures les plus marquantes du théâtre européen. En 1976, après la fin de ses études au Koninklijk Conservatorium de Bruxelles, Josse De Pauw fonde Radeis, compagnie de théâtre légendaire. Plus tard, avec Hugo De Greef, il est à l’origine de la structure Schaamte, qui devient ensuite le Kaaitheater à Bruxelles. Dès 1985, il se met à l’écriture de textes de théâtre, pour lui-même et pour d’autres acteurs. C’est en 1989 qu’il interprète son premier grand rôle à l’écran, et il a depuis joué, en tant qu’acteur dans plus de cinquante films dont Hombres Complicados et Iedereen Beroemd, qui a été sélectionné pour les Oscars. Avec des artistes tels que Jan Lauwers, Jan Fabre et Anne Teresa de Keersmaeker, il fait partie de la « vague flamande » qui émerge au début des années 1980 et qui a connu depuis un écho international considérable. Ses pièces de théâtre Weg et Larf sont couronnées en 2000 par le prix Océ Podium. En 2001, il publie Werk, un ouvrage autobiographique comprenant des histoires, des anecdotes et des textes théâtraux. Travaillant en quatre langues – néerlandais, français, allemand et anglais –, il a interprété plus d’une centaine de spectacles, notamment sous la direction de Guy Cassiers (Au-dessous du volcan, Méphisto, etc.) ou dans ses propres productions, tels que Übung, Ruhe, Die siel van die Mier ou encore La Version Claus, qui ont toutes un grand succès international. Il a aussi dirigé deux films en personne : Vinaya et Übung. De Pauw écrit aussi de la fiction, des commentaires, des réflexions et des récits de voyages. Depuis qu’il a assuré pour un an la direction artistique de la Toneelhuis, en 2005-2006, il est un compagnon d’armes de Guy Cassiers par excellence. Il a interprété le rôle de Willy Loman dans Dood van een handelsreiziger et celui du ministre de la Culture dans Mefisto for Ever. En 2007, il a monté Ruhe au Muziektheater Transparant, en 2008 Liefde / zijn handen chez LOD et De versie Claus à la Toneelhuis. En 2009-2010 Guy Cassiers lui demande d’adapter Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry en version néerlandaise et d’y tenir le rôle du consul. En tant qu’artiste indépendant, Josse De Pauw conserve des liens avec toutes les maisons précitées. Le KVS et le Théâtre national, à Bruxelles, et la Toneelhuis se sont engagés à soutenir de concert son travail théâtral à partir de 2010. Manu Riche, metteur en scène Manu Riche, né en 1964, est un documentariste, réalisateur et metteur en scène belge. Il était un membre du magazine légendaire « Strip-Tease », produit par la RTBF. Durant les années 1990, il a travaillé sur plusieurs films indépendants en coproduction avec les radiodiffuseurs publics européens. En 2002-2003, il explore la relation entre fiction et documentaire dans deux grands films sur des personnalités belges, le roi Baudouin Ier et Georges Simenon (coécrit par Patrick Marnham). Il est l’initiateur, le producteur et le réalisateur de Hoge Bomen, une série de portraits sur le pouvoir formel et informel en Belgique au début du XXIe siècle. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 47 Le KVS, ses missions En toutes lettres Koninklijke Vlaamse Schouwburg (Théâtre royal flamand). A pour objet la diffusion du théâtre professionnel en langue néerlandaise en Belgique et à l’étranger. En tant que théâtre bruxellois, le KVS choisit d’être une plate-forme pour toute une panoplie de voix et d’histoires de la capitale plurilingue de la Belgique et de l’Europe. La réalité urbaine, ses défis et ses efforts et ses opportunités sont les germes à partir desquels se développe l’activité artistique du KVS. Le KVS veut contribuer à la ville de demain et croit au travail artistique qui puise sa substance dans les contextes locaux. Dans cette optique, le KVS rencontre chaque année sur son chemin des artistes, des compagnies, des scientifiques, des penseurs, des activistes et des institutions, tous très divers. Dans une ville fragmentée telle que Bruxelles, il existe un besoin prononcé d’expériences partagées et de projets qui jettent des passerelles par-dessus les frontières linguistiques, culturelles et socio-économiques. Le KVS veut par conséquent être un lieu cosmopolite où se reconnaissent des artistes et des publics très hétéroclites. Et où ils peuvent se rencontrer. De son ancrage bruxellois, le KVS tend résolument vers le monde, qui est plus grand que l’Europe, par le biais de collaborations et d’échanges avec des artistes, des compagnies et des théâtres internationaux. Avec, comme centre vital, des trajets internationaux de longue durée, comme au Congo et en Palestine, basés sur la réciprocité et l’égalité. PAGE 48 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Pavement Kyle Abraham / Abraham.In.Motion ÉTATS-UNIS Première en France Création 2012 Chorégraphie : Kyle Abraham en collaboration avec Abraham.In.Motion Dramaturgie : Charlotte Brathwaite / Conseillère artistique : Alexandra Wells / Création costumes : Kyle Abraham / Scénographie & création lumière : Dan Scully / Relations avec les publics : Maritza Mosquera Montage son : Sam Crawford Vidéo – avec l’aimable autorisation de Chris Ivey. Danseurs : Kyle Abraham, Matthew Baker, Rena Butler, Chalvar Monteiro, Jeremy « Jae » Neal, Maleek Washington et Eric Williams. Ballet National de Marseille jeu. 3 / ven. 4 juillet 21 h durée 60 min tarifs de 20 à 10 € abonnement spectacle B Musique : J.C. Bach, Jacques Brel, Benjamin Britten, Antonio Caldara, Sam Cooke, Colin Davis, Emmanuelle Haïm, Heather Harper, Donny Hathaway, Edward Howard, Concerto Köln, Philippe Jaroussky, Le Cercle de l’Harmonie, Alan Lomax, Ensemble Matheus, Fred McDowell, Hudson Mohawke, Alva Noto, Jérémie Rhorer, Ryuichi Sakamoto, Carl Sigman, Jean-Christophe Spinosi et Antonio Vivaldi. Ces représentations reçoivent le soutien de FUSED : French-US Exchange in Dance, un programme de la New England Foundation for the Arts’ National Dance Project, des services culturels de l’Ambassade de France aux États-Unis en partenariat avec FACE (French American Cultural Exchange), financé par la Doris Duke Charitable Foundation, la Andrew D. Mellon Foundation et la Florence Gould Foundation. Accueil au Studio Ballet National de Marseille Remerciements au Ballet National de Marseille et à l’ École Nationale Supérieure de Danse de Marseille En 2011, les Marseillais découvrent Kyle Abraham quand il présente sa pièce Corner, chorégraphiée pour la compagnie Alvin Ailey. Cette année, il retrouve le Festival de Marseille avec une histoire bouleversante, racontée dans un fascinant métissage de danses urbaine, moderne, classique, et de théâtre. Plus que jamais la danse noire américaine est métissée. Depuis qu’elle est sortie de la ségrégation culturelle grâce à ses aînés – Alvin Ailey, Bill T. Jones – une nouvelle génération a pris la route et multiplié les points de contact, souvent vers l’Afrique. Pour son retour aux sources, Kyle Abraham, lauréat du prestigieux prix MacArthur 2013, a choisi, lui, de rester aux États-Unis. Dans la rue, plus précisément. Celles de Homewood et de Hill District, quartiers de Pittsburgh qui, dans les années 1950, abritaient les entresols où se produisaient Ella Fitzgerald et Duke Ellington. Un demi-siècle plus tard, le chorégraphe regarde ce que sont devenus les berceaux de cette contre-culture. Ils sont ravagés par les guerres de gangs et la violence policière, le crack et la pauvreté. Pavement est une transposition de cette évolution de la condition des Noirs américains qui, en ce début de XXIe siècle, se délabre toujours plus dans les marges. Un sujet électrique, comme le vocabulaire de ce jeune chorégraphe dont les inspirations tiennent autant de Merce Cunningham que de Michael Jackson, du hip-hop que des avant-gardes américaines, du classique que du théâtre. Autant d’éléments constitutifs d’une danse intuitive, énergique, sensible et très personnelle, affranchie de toute contrainte de style ! Une pièce qui évoque les multiples visages de cette histoire urbaine marquée par « la constante quête de ce billet de loterie que représente la liberté ». Mais comment construire sur cette croyance ? Pendant le spectacle, une réponse est esquissée : menottés, les six danseurs se réfugient au milieu de corps empilés, se débattant pour faire face au regard de ceux qui les plaquent au sol. Ils font bloc et montrent une solidarité puissante. Des liens depuis longtemps garants d’une liberté certaine, encore trop contrainte… De l’esclavage au bal d’investiture de Barack Obama, des claquettes à la lutte pour les droits civiques, la danse noire a accompagné les combats qui ont bâti l’histoire américaine. Aujourd’hui, la nouvelle génération continue à interroger et à défier les rapports entre danse et appartenance, entre spectacle et culture. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 49 « Les hommes en appellent aux Kyle Abraham, légende urbaine préjugés, en les justifiant comme Par Stéphanie Ballet (Source : Journal La Presse) des défenses naturelles de la culture contre la barbarie, de la À trente-sept ans, le danseur et chorégraphe Kyle connaissance contre l’ignorance, Abraham a été acclamé par la critique pour des pièces comme The Radio Show et Live! The Realest MC, de l’honnêteté contre le crime, inspirées du quartier noir de Hill District, à Pittsburgh, des races “supérieures” contre les où il a grandi. Pavement, sa dernière création, met en scène un groupe d’amis luttant pour rester ensemble “inférieures”. » W.E.B. Du Bois (sociologue américain, 1868-1963) alors que leur communauté est déchirée. Quel a été le point de départ de Pavement ? J’ai surtout été inspiré par Boyz N the Hood de John Singleton (1991), un film qui constitue une véritable capsule temporelle sur les gangs de South Central à Los Angeles. Ça me ramène à l’époque où j’allais à l’université à Pittsburgh ! Je me suis également inspiré de The Souls of Black Folk, le livre de W.E.B. (William Edward Burghardt) Du Bois, paru en 1903, qui parle de l’identité afro-américaine dans la société américaine post-esclavagiste. Qu’avez-vous pensé la première fois que vous avez vu Boyz N the Hood ? J’étais à Pittsburgh et j’avais peur d’aller le voir, car j’avais entendu parler des fusillades qui avaient eu lieu dans les salles de cinéma. C’est fou, on en entendait peu parler aux nouvelles, car ça se passait dans des quartiers noirs ! Je me rappelle cette anxiété. J’ai fréquenté deux écoles durant mon adolescence, et elles appartenaient à deux gangs différents. Je devais donc faire attention à la couleur de mes vêtements : porter du rouge en descendant de l’autobus aurait pu être dangereux ! Je connaissais donc bien la réalité dont parlait le film de John Singleton. Que vouliez-vous montrer dans Pavement ? J’ai voulu examiner la vie des Afro-Américains dans les communautés de Hill District et d’East Liberty Homewood depuis vingt ans. La communauté urbaine était pleine de vitalité de la fin des années 1950 jusqu’aux années 1970. Puis, dans les années 1990, les crimes perpétrés par les gangs, la pauvreté, le trafic de drogue et l’apparition du sida ont durement frappé la communauté. Les bâtiments se sont peu à peu dégradés, et les vitres brisées à cette époque le sont encore ! Personne n’a rien fait pour préserver ces structures, et je voulais m’interroger sur la manière dont la communauté se sent devant ça. C’est très frustrant de voir que rien n’a changé. On doit voir comment il est possible de travailler avec les communautés. PAGE 50 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 La danse, un art militant Par Francis Cossu, d’après Danses noires/blanche Amérique de Susan Manning. Quel genre de musique avez-vous choisi d’utiliser pour accompagner ce propos ? Surtout de l’opéra. J’avais adoré la musique du film Farinelli (1994) et, en faisant des recherches, j’ai découvert la voix de Philippe Jaroussky, que j’ai tout de suite voulu utiliser dans Pavement. Mais j’ai aussi employé des voix plus austères pour incarner la réalité urbaine, les sirènes de police ou les fusillades ; des voix plus masculines rappelant la logique des gangs de rues : tuer pour devenir un homme. J’aime le fait de les opposer à des voix de hautes-contre lyriques évoquant celles des castrats. Travaillez-vous à une nouvelle création ? En fait, je viens de terminer quatre pièces inspirées de l’album We Insist! Max Roach’s Freedom Now Suite, de Max Roach. Elles seront présentées en deux temps, dans le cadre de deux programmes doubles à New York à l’été 2014. Entre 1930 et 1965, les chorégraphes et danseurs noirs américains tentent de sortir des circuits commerciaux pour inventer de nouvelles formes aptes à traiter de la contestation sociale, du racisme et de leurs origines. Les luttes politiques et antiracistes rapprochent les activistes noirs et blancs, les danseurs noirs et blancs. Le développement d’une danse fortement politisée dans les années 1930 permet aux chorégraphes noirs et blancs de se retrouver, de partager les mêmes scènes, les mêmes spectacles et les mêmes combats. Mais les danseurs noirs sont pris entre le désir de revendiquer et de valoriser leurs origines africaines et le risque de se voir enfermés dans une identité et dans des esthétiques, de renforcer ainsi les stéréotypes et de limiter leur expression. Ils sont aussi pris entre la nécessité de revaloriser leur identité ethnique et sociale aux yeux des Blancs comme de la communauté noire, et celle de montrer qu’ils peuvent tout autant incarner des thèmes et des valeurs universels. La chorégraphe Pearl Primus (1919-1994) affirme vouloir « montrer la culture et la dignité de l’Afrique ». Elle pose la question noire comme universelle, et ajoute : « Pour moi, le problème noir est le problème de la démocratie. » Dans le sillage du Black Power, l’appellation de Black Dance tend à s’imposer. Abraham.In.Motion Kyle Abraham a fondé la compagnie Abraham.In.Motion (A.I.M) en 2006 pour créer des œuvres interdisciplinaires à forte teneur émotionnelle en lien avec sa quête identitaire et son histoire personnelle. Souvent inspiré par les thèmes de l’adversité, des comportements et des relations humaines, il crée des éléments visuels forts et combine un vocabulaire sensuel et provocant à des trames sonores étudiées pour exalter la relation entre danse et musique. Regrouper dans A.I.M, des danseurs issus de différents horizons et disciplines lui permet de jouer sur leurs individualités pour créer une énergie particulière, des propositions rafraîchissantes et renforcer le caractère unique de sa signature. Toute première pièce créée pour A.I.M, Fading into Something Tangible a été suivie, entre autres, de : The Radio Show, sur les effets de différents types de ruptures des communications ; A Ramp to Paradise, qui raconte l’histoire vraie d’un club underground gay noir de New York, ou encore Live! The Realest MC, une reconstitution du Pinocchio de Walt Disney dans un environnement urbain. Créé en 2012, Pavement traite d’un groupe d’amis qui luttent pour rester ensemble alors que leur communauté est déchirée. Abraham. In.Motion est fière d’appuyer Dancers Responding to AIDS. Entre 1965 et 1990, la danse noire américaine va s’inscrire dans la vaste mouvance des Black Arts, qui met en avant les relations entre les origines africaines, les engagements politiques et le travail de création des artistes ; un mouvement qui travaille aussi à diffuser la culture et la création dans les milieux noirs. Depuis plus de vingt ans maintenant, les choix esthétiques des chorégraphes deviennent de plus en plus singuliers et diversifiés dans leurs contenus et leurs styles, de même que leurs formes d’engagement (ou de non-engagement). Impossible d’identifier clairement ce que serait une danse noire aujourd’hui. On assiste alors à un éclatement, véritable révélateur du chemin parcouru et de la multiplication des perspectives. On parle volontiers d’African American Dance, une terminologie qui privilégie les diversités et non plus exclusivement une communauté de destins ou la recherche d’une esthétique commune. Des chorégraphes choisissent l’abstraction, les formes académiques ou encore les avant-gardes ; certains revendiquent d’autres aspects identitaires : identités sexuées ou de classe. Mais tous sont les héritiers d’un mouvement qui a produit de multiples formes et mémoires dans un contexte oppressif. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 51 Biographies Kyle Abraham Kyle Abraham est né en 1977 à Pittsburgh, en Pennsylvanie. Jeune danseur et chorégraphe installé à New York, il présente The Radio Show, pour lequel il remporte un Bessie Award. Dans cette pièce pour sept danseurs, il s’intéresse à la perte de la voix : la voix de son père atteint d’alzheimer mais aussi l’extinction de la voix d’une station radiophonique urbaine disparue, avec authenticité, chaleur et humour. En 2006, il crée la compagnie Abraham.In.Motion, au sein de laquelle il cherche à créer des œuvres interdisciplinaires fortes et évocatrices. En novembre 2012, Kyle Abraham est nommé artiste résident du New York Live Arts pour la période 2012-2014. La gestuelle, ancrée dans la culture hip-hop de la fin des années 1970 et nourrie par sa formation en violoncelle, piano et arts visuels, explore la notion d’identité en lien avec l’histoire personnelle du chorégraphe. En usant d’un vocabulaire sensuel et provocant tout en mettant l’accent sur le son, le comportement humain et l’aspect visuel, la compagnie cherche à développer la réflexion personnelle et à lui donner une forme scénique. Abraham.In.Motion regroupe des danseurs issus d’horizons et de disciplines différentes. Kyle Abraham a présenté The Serpent and The Smoke au sein du Jacob’s Pillow Dance Festival, en duo avec la danseuse étoile du New York City Ballet Wendy Whelan. Il a également travaillé comme interprète pour de nombreuses compagnies, et notamment David Dorfman Dance, Burnt Sugar Dance Conduction Continuum, Nathan Trice/Rituals, Mimi Garrard Dance Theater, Bill T. Jones/Arnie Zane Dance Company, Dance Alloy, The Kevin Wynn Collection et Attack Theatre. Son travail a été récompensé cette année par une bourse de la fondation MacArthur, une des plus hautes et prestigieuses gratifications aux États-Unis. Kyle Abraham crée une qualité de mouvement intuitive, énergique, sensible et très personnelle. Ses chorégraphies sont affranchies de toute contrainte de style, elles se développent avec liberté et intelligence à partir de sources multiples. Kyle Abraham été déclaré « meilleur et plus brillant nouveau chorégraphe new-yorkais de l’ère Obama » par le magazine OUT. LES DANSEURS Matthew Baker Il est originaire du Michigan, où, avant de se lancer dans le monde de la danse, il a été gymnaste et joueur de soccer. Avant de s’installer à New York, Matthew Baker a obtenu son Bachelor of arts en danse de l’Université Western Michigan en avril 2008. En plus de son travail avec Abraham.In.Motion, il danse avec la compagnie Keigwin + à New York. En 2012, Matthew Baker s’est produit au Kennedy Center, au Joyce Theatre, à l’American Dance Festival, au Bates Dance Festival. Il a récemment participé comme chorégraphe à la Fashion Night Out : The Show de Vogue, le plus grand défilé de mode de New York. Rena Butler Originaire de Chicago, elle a étudié à l’Académie des arts de cette ville sous la direction d’Anna Paskevska et de Randy Duncan. Elle a reçu le prix Bert Terborgh et elle est diplômée, depuis 2011, du SUNY Purchase Conservatory of Dance. Elle a également étudié la danse, la chorégraphie, le kung-fu et l’opéra chinois à l’Université nationale de Taipei. Elle a dansé avec la compagnie Pasos con Sabor à Puerto Rico, avec Doug Varone, Kevin Wynn, Luca Vegetti, Eduardo Vilaro et Pam Tanowitz. Elle a rejoint Abraham.In.Motion en janvier 2011. Chalvar Monteiro Originaire du New Jersey, il a commencé sa formation à l’Académie de Sharron Miller pour les arts de la scène. Il a poursuivi ses études à l’École Ailey sous la direction de Denise Jefferson, et a obtenu un diplôme en danse du SUNY Purchase Conservatory of Dance. Il a été membre de plusieurs compagnies : Sidra Bell Danse, Kevin Wynn Collection et Elisa Monte Dance. Il a interprété des pièces de Judith Jamison, de Thaddeus Davis, de Paul Taylor, de Merce Cunningham, de George Balanchine, de Doug Varone et d’Helen Pickett. Chalvar Monteiro a rejoint Kyle Abraham en juin 2010. PAGE 52 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Jeremy « Jae » Nealwas Après avoir grandi dans le Michigan, il a reçu une formation à l’Université Western Michigan, époque où il danse dans Strict Love de Doug Varone ou Temporal Trance du chorégraphe Frank Chaves. Installé à New York, il danse depuis avec Christina Noel Reaves, Katherine Helen Fisher, Nathan Trice et maintenant Kyle Abraham. Maleek Washington Il est né dans le Bronx, à New York. À sept ans il s’est présenté au Broadway Dance Center et à la Harlem School of the Arts. Il a poursuivi ses études au Conservatoire de Boston. Il a collaboré avec le City Dance Ensemble et avec des chorégraphes tels que Azure Barton, Helen Pickett, Michael Uthoff, Milton Meyers, Yuriko Takata et Tim Rushton. C’est sa première saison aux côtés de Kyle Abraham. Eric Williams Il a commencé sa formation au Harid Conservatory sous la tutelle d’Oliver Pardina et de Svetlana Osiyeva. Il poursuit ses études à l’Université de Floride du Sud. Là, il étudie avec Michael Foley, Gretchen Ward Warren et John Parks, et fait ses premiers pas en danse sur des pièces de Donald McKayle, de Rick McCullough, de Bill T. Jones et de Doug Varone. À New York, il travaille avec Jennifer Muller, Cherylyn Lavagnino et Darcy Naganuma. C’est sa première saison aux côtés de Kyle Abraham. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 53 PAGE 54 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Nederlands Dans Theater 2 Gods and Dogs Jiří Kylián Postscript Sol León et Paul Lightfoot Cacti Alexander Ekman PAYS-BAS Gods and Dogs an Unfinished Work Création 2008 Chorégraphie : Jiří Kylián / Mise en scène : Gerald Tibbs. Postscript Création 2005 Chorégraphie : Sol León et Paul Lightfoot. Cacti Création 2010 Chorégraphie : Alexander Ekman. Le Silo ven. 4 juillet 21 h durée 1 h 55 min avec entracte tarifs de 31 à 10 € abonnement spectacle A Emmenée par le génial Jiří Kylián, la plus prestigieuse compagnie de danse au monde retrouve Marseille avec un programme exceptionnel interprété par les jeunes danseurs de NDT2. La clé de leur succès ? Une excellence inégalée, entre liberté contemporaine et raffinement classique. C’est Jiří Kylián, l’âme du Nederlands Dans Theater, qui ouvre ce programme avec Gods and Dogs, sa dernière grande création. La centième pour le Nederlands Dans Theater. Une merveille d’harmonie et d’équilibre qui illustre parfaitement le style fluide et musical du chorégraphe, dans lequel on retrouve ce goût prononcé pour les lumières qui s’évanouissent au bord du plateau. Pourtant l’opus est savamment désaxé, comme le décor : un rideau à franges support de sombres aurores boréales dont s’approche un chien puissant qui n’a rien d’amical. Le monde du chorégraphe est comme hanté par des questionnements intimes sur les limites séparant la normalité de l’étrangeté. L’ambiguïté émotionnelle de cette pièce de la maturité est sans doute le meilleur exemple des constantes de la danse du maître tchèque : ce regard introspectif qui va à la rencontre de cet inconnu suprême qu’est le moi. La musique créée par Dirk Haubrich à partir d’un quatuor de Beethoven représente, avec l’usage de vidéos projetées à même le corps des danseurs, la partie la plus caractéristique de ce qui est au contraire nouveau dans le travail de Kylián depuis 2000. Postscript Gods and Dogs an Unfinished Work Musique : Jiří Kylián (concept), Dirk Haubrich, Ludwig van Beethoven, Quatuor à cordes Opus 18, n° 1 en fa majeur (1799), Allegro con brio, Adagio affettuoso ed appassionato / Lumières : Kees Tjebbes / Décors : Jiří Kylián / Costumes : Joke Visser / Projection vidéo : Tatsuo Unemi, Daniel Bisig. Postscript Musique Philip Glass : 1. Strung Out for Amplified Violin (solo) (1967) ; Metamorphosis One to Five for Piano (1988) 2. Metamorphosis One 3. Metamorphosis Two / Costumes et décors : Sol León et Paul Lightfoot Lumières : Tom Bevoort / Musiciens : Cécile Huijnen, violon ; Jan Schouten, piano. Cacti Musique : Joseph Haydn : Sonate n° V Sitio de Die sieben letzten Worte unseres Erlösers am Kreuze, Hoboken XX, 1B | Ludwig van Beethoven : Quatuor à cordes n°9 en do majeur, Opus 59, section d’Andante con moto quasi allegretto | Franz Schubert : Presto du quatuor à cordes Der Tod und das Mädchen, arrangé pour l’orchestre par Andy Stein et pour le quatuor à cordes par Gustav Mahler | Allegro de Joseph Haydn du Quatuor à cordes Opus 9, n° 6 en la majeur enregistré par Harmen Straatman : Tinta Schmidt von Altenstadt (premier violon), Saskia Viersen (second violon), David Marks (violon alto), Artur Trajko (violoncelle) / Lumières : Tom Visser / Décors et costumes : Alexander Ekman / Textes : Spenser Theberge. Changement d’univers avec Postscript du tandem Paul Lightfoot et Sol León, aujourd’hui à la tête de la prestigieuse maison. Une création interprétée sur des musiques du compositeur Philip Glass jouées en live. Une pièce au graphisme envoûtant, où des panneaux percés de portes composent un couloir temporel déformant qui rend hommage à l’univers néogothique de la photographe Desiree Dolron. Les couleurs – le vert, le noir –, les lumières tamisées, les ombres et le poids de la mort qui plane sont bien ceux de l’artiste néerlandaise, qui puise elle-même ses références dans l’expressionnisme des peintres flamands. Pour donner au corps les contours des portraits austères de Dolron, Lightfoot et León le secouent, le fragmentent, le soumettent à la violence puis au repos. Et les danseurs de se cambrer, d’être tiraillés entre les énergies contraires qui habitent la pièce. Mais c’est la composition scénique qui ménage les effets les plus impressionnants. Costumes et décor participent du mouvement des tableaux et du trouble qui s’en dégage autant que les chorégraphies. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 55 Sans doute plus cinématographique que le travail généralement proposé par le Nederlands Dans Theater, Postscript donne à la composition habitée de ses danseurs un cadre nouveau et, aussi sombre soit-il, profondément moderne et vivifiant. Le style Kylián Par Florence Poudru, historienne de la danse, biographe de Serge Lifar (Source : CND.) Cacti Le final est assuré par Alexander Ekman, jeune chorégraphe de vingt-neuf ans. Avec Cacti (« cactus », en français), le Suédois s’empare de la virtuosité néoclassique de la compagnie et s’en sert pour se moquer justement de ses codes, mais surtout pour faire surgir la musicalité des corps. Alexander Ekman aime la danse, mais pas seulement. Il aime la vidéo, le travail plastique ou les installations chorégraphiques et beaucoup la musique. Et là, c’est du sérieux : Haydn, Beethoven, Schubert. Mais non, ce n’est pas de la danse classique. Commençant à genoux, vêtus d’un pantalon noir et d’un haut couleur chair, identiques et asexués, les danseurs et danseuses sont chacun sur un carré de scène transportable. Le ton est donné, les corps sont dévoués tout entiers aux rythmes et nous donnent très vite l’impression – par la rapidité de leur exécution – d’entendre une musique différente de celle que l’on croit connaître. Alexander Ekman emballe la scène avec des mouvements effrénés et beaucoup d’humour. Par moments, il transforme les danseurs en personnages de bande dessinée ou en robots accomplissant des gestes sans se poser de questions, allant jusqu’à les ridiculiser sous des douches de lumière dans des poses figées. Dans ce tourbillon scénique, il révèle le joli duo d’un couple où la danse se vêt d’une chair sensuelle et intime. En même temps que la danse s’apprend, les êtres se rencontrent. La pièce finit sur un tableau drôle et surprenant où sur fond de scénographie blanche, les danseurs jouent avec des cactus bien verts, dont certains, posés sur leurs corps, s’érigent tels des sexes humains ! Une conclusion qui marie humour, virtuosité et musicalité. Bien que Jiří Kylián réfute la notion de style et se renouvelle, son registre, d’abord proche de celui d’Antony Tudor, renvoie au classicisme mêlé à la danse moderne de Martha Graham. L’Américaine avait fait de la respiration une action physique accentuée, accordant au buste une part capitale. Les relations entre les personnes, en particulier dans les duos, sont au cœur de l’œuvre de Jiří Kylián : les mouvements décalés créent une interdépendance, le jeu de contrepoids entre partenaires est nécessaire. L’amplitude des développés, des arabesques, l’aspect précaire des portés, rappellent son classicisme. Mais l’usage des pointes est exceptionnel (Nuages, Stepping Stones), et le passage par les positions classiques, sortes de points d’orgue, est ténu. Créant une danse d’aujourd’hui, Jiří Kylián a su développer un continuum du mouvement, particulièrement dans les duos où le caractère coulé fait oublier la virtuosité sous-jacente. La sensualité des contacts est caractéristique : c’est la main plate d’un danseur qui caresse avant un porté ou un adage. Au fil des créations, les mouvements plus angulaires se sont développés : pieds espacés, jambes repliées, genoux serrés, cette position récurrente peut être inspirée par la czardas et elle peut évoquer la vulnérabilité. Kylián aime particulièrement le XVIIIe siècle, auquel il réserve de nombreux clins d’œil (Sechs Tänze, Petite mort, Bella Figura) : une époque où le corps intime est doublé d’un corps social, le vêtement, forme trompeuse. Si Jiří Kylián se plaît à montrer davantage la chair des danseurs, c’est parce que le corps ne ment pas, mais il l’anime avec un sens exceptionnel de la beauté. Nederlands Dans Theater « La danse passe par le concret du corps, qui travaille, sue, souffre, tout en cherchant une dimension métaphysique. » Jiří Kylián Fondé en En 1959, par Benjamin Harkarvy, Aart Verstegen et Carel Birnie avec dix-huit membres du Het Nationale Ballet, le Nederlands Dans Theater avait pour intention première de se démarquer du répertoire traditionnel, représenté par le Het Nationale Ballet, en explorant de nouvelles formes et techniques de danse. Dans les années 1960, sous la direction artistique de Hans van Manen, le répertoire du NDT s’est articulé autour de la danse classique et d’une forte influence de la danse moderne américaine. En 1975, l’arrivée de Jiří Kylián comme directeur artistique a permis au NDT d’obtenir un succès et une reconnaissance sans précédent. Depuis 1987, le Nederlands Dans Theater réside au Lucent Danstheater à La Haye, sur le Spui. PAGE 56 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Biographies Paul Lightfoot et Sol León Jiří Kylián Né en 1947 à Prague, Jiří Kylián est formé à la danse dans sa ville natale, à l’école du Ballet national dès l’âge de neuf ans. En 1962, il entre au Conservatoire de Prague, qu’il quitte pour se former au Royal Ballet de Londres en 1967. Puis il intègre le Ballet de Stuttgart, alors dirigé par John Cranko. Jiří Kylián fait ses débuts de chorégraphe avec Paradox pour le Noverre Gesellschaft. Après avoir créé trois pièces pour le Nederlands Dans Theater, il en devient le directeur artistique en 1975. Mais c’est en 1978 avec Sinfonietta, sur une musique du Tchèque Leoš Janáček, que la compagnie acquiert sa renommée internationale. Cette même année, Jiří Kylián fonde avec Carel Birnie le Nederlands Dans Theater 2, compagnie qui donne aux plus jeunes danseurs l’occasion de développer tout leur talent. Jiří Kylián occupera la fonction de directeur artistique du NDT jusqu’en 1999. Aujourd’hui, il conserve le rôle de chorégraphe résident et de conseiller artistique. Son répertoire est riche de pièces parfois grinçantes d’humour, souvent traversées d’images étranges aux confins du rêve et du réel, mais toujours imprégnées de gravité. Elles témoignent de l’incessant questionnement de Kylián sur notre époque. « Je ne cherche pas à créer un style, dit-il. Le corps est si riche qu’il ne peut être cloisonné. J’aime retrouver dans la danse les fondements, les mouvements les plus élémentaires du comportement des gens. Je prends dans la technique classique, dans la danse moderne américaine, dans la danse populaire et, bien sûr, dans le mouvement naturel, ce qui me permet le mieux d’exprimer cela. J’essaie de former un langage avec tous ces éléments, un langage me permettant d’aller plus loin, d’approcher de plus près l’être humain. » Le style très personnel de Jiří Kylián défie toute tentative de catégorisation académique. « Sans abandonner cette fluidité rare du mouvement qui a fait sa gloire première, il sait aujourd’hui l’entretenir de brisures, de saccades, d’altérations, qui la nourrissent, la vivifient et traduisent les doutes, les déchirures, les ambiguïtés », écrit JeanClaude Diénis. Si la danse est pour lui, par essence, sensuelle, c’est la vulnérabilité plus que la sexualité qu’il veut montrer. Ses pièces inoubliables ont fait de lui un géant du monde du ballet, dont le seul nom inspire le plus grand respect aux danseurs, aux critiques et à tous les amoureux de la danse. Paul Lightfoot et Sol León ont été nommés chorégraphes résidents du Nederlands Dans Theater au début de la saison 2002-2003. Depuis 2003, avec Jiří Kylián, ils occupent également les fonctions de conseillers artistiques. Paul Lightfoot (né à Kingsley, GrandeBretagne) et Sol León (née à Cordoue, Espagne) se sont rencontrés en 1987, alors qu’ils dansaient pour le NDT. Ils ont interprété les créations de nombreux chorégraphes tels que Jiří Kylián, Hans van Manen, Mats Ek, Ohad Naharin ou Nacho Duato. Depuis le début de leur collaboration en 1991, ils ont créé une vingtaine de ballets pour les trois compagnies du NDT. Alexander Ekman Alexander Ekman est né en 1984 à Stockholm, en Suède. Il a été formé au Royal Swedish Ballet School puis, sa formation terminée, il entre au Royal Swedish Ballet. Entre 2002 et 2005, il devient un danseur de tout premier plan du Nederlands Dans Theater 2 de Jiří Kylián. Durant la saison 2005-2006, il danse avec le Cullberg Ballet en Suède, où on lui demande de créer deux pièces. En novembre 2006, il fait ses débuts de chorégraphe au sein du NDT2 avec la pièce Flockwork, qu’il crée pour ses anciens acolytes. Un an plus tard, en novembre 2007, il crée LAB 15, cette fois pour la célèbre Nederlands Dans Theater 1 (NDT1). En 2012, il poursuit cette collaboration avec la création de Left Right Left Right. Alexander Ekman est l’auteur de nombreuses pièces de danse pour diverses compagnies, telles que le Cullberg Ballet, la Compañia Nacional de Danza de España, le Göteborg Ballet, l’Iceland Dance Company, le Bern Ballet, le Cedar Lake Contemporary Dance, le Ballet de l’Opéra du Rhin, le Royal Swedish Ballet ou le Norwegian National Ballet. Chorégraphe aux talents multiples, Alexander Ekman réalise fréquemment des films de danse, en général intégrés au sein de ses chorégraphies, mais aussi diffusés sur les chaînes nationales de la télévision suédoise. Il crée des installations pour des musées où les danseurs deviennent objets d’art. Il collabore avec des musiciens de renommée internationale, tels qu’Alicia Keys. En 2010, il remporte le deuxième prix et le prix de la critique du Concours chorégraphique international de Hanovre avec sa pièce Swingle Sisters. Deux ans plus tard, sa pièce Cacti a été nommée « meilleure nouvelle chorégraphie moderne » par la Fondation des critiques de danse britannique. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 57 PAGE 58 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 80 000 000 de vues Nathalie Négro (PIANOANDCO) Eli Commins / Alexandros Markeas Jeune Égyptienne inconnue, transformée en héroïne de l’histoire immédiate, Asmaa Mahfouz incarne le Création 2013 refus de la peur face à l’oppression du régime d’Hosni Directrice artistique : Nathalie Négro Auteur et metteur en scène : Eli Commins Moubarak. Pour les révolutionnaires de la place Tahrir Compositeur : Alexandros Markeas. comme pour les internautes du monde entier, elle devient messagère de l’imaginaire d’un peuple en insurrection. 80 000 000 de vues est son histoire. Théâtre Joliette-Minoterie Sous la forme originale d’un opéra-slam, entre fiction et documentaire, le récit voyage à travers cette sam. 5 / dim. 6 juillet actualité récente et les souvenirs personnels que 21 h chacun peut conserver du soulèvement égyptien. FRANCE durée 1 h 15 min tarifs de 20 à 10 € abonnement spectacle B Scénographe : Serge Meyer / Plasticiens : Pénélope de Bozzi & Matthieu Lemarié, les Chevreaux Suprématistes / Vidéo : Renaud Vercey Son : Guillaume Rouan, Christophe Sanchez / Costumes : Véronique Seymat Régie technique & lumière : Gérard Garchey, Karim Bekkar. Voix : Gaëlle Méchaly (soprano) : Asmaa ; Véronique Bauer (mezzo-soprano) : sa grand-mère ; Paul-Alexandre Dubois (baryton) : le soldat / Slameuses Camille Case, Samia Ben Guetaïb, Anaïs Ben Lalli, Mélissa Contaret, Marion Goudard, Fanny Liatard / Le chœur des internautes (projection vidéo) : Chœur de l’Opéra Junior de Montpellier / Musiciens : Nathalie Négro (piano), Marine Rodallec (violoncelle), Rémi Durupt (percussions). Production : PIANOANDCO / Coproduction : Festival de Marseille _ danse et arts multiples, Marseille-Provence 2013 – Capitale européenne de la culture et Théâtres en Dracénie, avec l’aide à la production d’Arcadi Île-de-France, de la Clef des Chants, Région Nord-Pas-de-Calais et du DICRéAM, avec le soutien de la Fondation Orange, du Fonds de création lyrique et de la Spedidam et l’aide au projet de la Drac PACA / Avec l’aide à l’écriture de l’association Beaumarchais-SACD / Avec le soutien de l’Opéra Junior de Montpellier, de la résidence d’artistes de l’étang des Aulnes du conseil général des Bouches-duRhône, du Théâtre Gyptis, de l’Opéra de Reims, du gmem-CNCM-Marseille, du Théâtre Toursky, de la Cie Baraka de Lyon et de la Maison Louis-Jouvet. Coproduction Festival de Marseille. Pour ce projet au long cours, issu d’un laboratoire participatif auquel plusieurs femmes et slameuses de Marseille ont participé, la pianiste Nathalie Négro, à l’origine de 80 000 000 de vues, s’est entourée d’un auteur et metteur en scène, Eli Commins, d’un compositeur, Alexandros Markeas, et d’une slameuse, Camille Case. Les deux premiers ont été choisis pour la force de leurs créations et leurs expérimentations, notamment dans l’improvisation et les nouvelles technologies. C’est d’ailleurs Eli Commins qui oriente Nathalie Négro vers la vidéo d’Asmaa. Une révélation ! « Tout était là. La rythmique verbale devenait une mélodie et formait une unité » explique-t-elle. « À l’origine de mes créations, il y a la volonté de provoquer des rencontres atypiques et d’explorer des univers différents, parfois discordants, chacun nourrissant l’autre tout en ouvrant de nouvelles pistes en rupture avec les codes traditionnels. » Pour Eli Commins, auteur et metteur en scène, ce geste a aussi été son facteur déclenchant. Lui dont le travail mêle fiction et documentaire trouve là un puissant ressort, aussi politique que dramaturgique, pour faire dialoguer le monde et la tradition de l’opéra. Le slam et la musique contemporaine ? « L’idée de l’opéra-slam est celle du mélange des genres, celle d’une musique qui correspond à un quotidien sonore, faite de références urbaines, de souvenirs méditerranéens et d’explorations bruitistes », indique Eli Commins, dont le travail est fondé sur le recueil de témoignages comme sur l’exploration de nouvelles formes dramaturgiques numériques. « Le slam déclenche la dynamique et marque l’énergie particulière de chaque séquence composée. Trouver des correspondances entre le slam et l’écriture instrumentale est un défi passionnant, l’exploration d’un vrai potentiel expressif », précise le compositeur Alexandros Markeas. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 59 Sur scène, ce sont justement les slameuses-bâtisseuses, dont Camille Case, qui construisent le décor : des maquettes manipulées en direct, filmées et projetées, deviennent la place, un quartier, la ville. Autant d’espaces que la population occupe afin de débarrasser la démocratie de son radicalisme et de l’armée. Une tension qui nous parvient grâce à la retransmission de témoignages issus des réseaux sociaux. L’opéra, ou la revanche des femmes Pour Nathalie Négro, pianiste et directrice artistique de cet opéra nourri par la poésie populaire, Asmaa, interprêtée par Gaëlle Méchaly, est cette héroïne singulière dont « la voix fictionnelle et réelle charge notre regard d’une histoire universelle ». « Asmaa fait pleinement écho à Aristophane et sa vision de la parole politique portée par les femmes dans l’agora. C’était cette histoire emblématique, amplifiée par la puissance des réseaux sociaux, qu’il fallait raconter », se souvient-elle encore. À l’origine de mes créations, il y a la volonté de provoquer des rencontres atypiques et d’explorer des univers différents, parfois discordants, chacun nourrissant l’autre tout en ouvrant de nouvelles pistes en rupture avec les codes traditionnels. Et tout se passe comme si l’opéra était joué en direct sur les lieux du rassemblement. Même frémissements, même ferveur, savamment orchestrés par Alexandros Markeas, compositeur faisant émerger du chaos sonore de cette révolution les voix singulières de ces femmes qui, en guise de répression, subissent de violents tests de virginité. Des voix meurtries, mais pas affaiblies, dialoguant avec les musiciens, un incroyable et chaleureux trio de chanteurs lyriques et le chœur du Junior Opéra de Montpellier. Tous pris par la même force déterminée qui refuse la peur. Trois ans après le début du Printemps égyptien, la jeunesse s’inquiète à nouveau de la montée des conservatismes – y compris médiatiques –, qui, argument sécuritaire en poche, prennent le relais des dictatures en arrêtant libéraux et laïques, trahissant ainsi les aspirations de la révolte de 2011… Note d’intention, Nathalie Négro Pianiste, j’ai toujours été captivée par le rapport entre texte et musique. J’avais envie de les rapprocher davantage, dans une sorte de symbiose au sein de laquelle la scansion se transformerait, via le rythme, en mélodie et en un motif verbal répétitif accéléré, voire dépassé par lui-même. J’ai alors imaginé une forme singulière proche de l’opéra, avec une mise en exergue de la parole poétique contemporaine incarnée par le slam, qui rebondit et commente la narration « classique ». Pour tordre et désarticuler la forme classique de l’opéra, il fallait à mes côtés des artistes traversés par les nouvelles écritures contemporaines mais également nourris de l’opéra traditionnel. L’auteur et metteur en scène Eli Commins et le compositeur Alexandros Markeas se sont naturellement imposés par la force de leurs créations et de leurs expérimentions dans l’improvisation et les nouvelles technologies. Lors de mes premiers échanges avec Eli Commins, celui-ci m’a très vite renvoyée vers une vidéo de l’une des figures de la révolution égyptienne : Asmaa Mahfouz. Place Tahrir, elle scandait une phrase reprise par la foule. Tout était là : la rythmique verbale devenait mélodie et formait une unité. Qui plus est, Asmaa Mahfouz faisait pleinement écho au texte d’Aristophane, L’Assemblée des femmes, qui est pour moi une source d’inspiration originelle dans ce qu’il véhicule sur la parole politique portée par les femmes dans l’agora. La place des femmes dans l’opéra du XIXe siècle a toujours été confinée à des rôles et des fins tragiques. Je voulais au contraire leur redonner une place d’héroïnes fortes, indépendantes d’un référent masculin. Asmaa était cette femme. Une femme qui ne subit pas et qui de surcroît, mène une révolution. C’était cette histoire emblématique, amplifiée par la puissance des réseaux sociaux, qu’il fallait raconter. Les jeunes femmes amateures de Marseille sont au cœur du processus de création et constituent le chœur de slameuses. Au sein de la création encore, plusieurs îlots, les slameuses donc, deux chanteuses lyriques, le chœur des jeunes de l’Opéra Junior de Montpellier, les musiciens mais aussi le public, et tous gravitent autour du noyau central : Asmaa Mahfouz. S’installe alors un langage chanté et slamé entre ces différents îlots qui passent d’une position statique à une forme en mouvement autour de cette femme méditerranéenne dont la voix fictionnelle et réelle charge notre regard d’une histoire forte, singulière et universelle. PAGE 60 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Le slam, une révolution dans l’opéra Biographies Entretien avec Alexandros Markeas, compositeur de 80 000 000 de vues. Nathalie Négro, pianiste Quelles ont été vos pistes de départ pour cet opéra d’un nouveau genre ? L’idée originelle de la musique de l’opéra-slam est celle du mélange des genres, celle d’une musique qui correspond au quotidien sonore, faite de références urbaines, de souvenirs méditerranéens et d’explorations bruitistes. Et pour les voix ? J’imagine un mélange vif, contrasté, violent, source d’expression musicale et d’énergie festive. Tout en cherchant une unité formelle et une clarté de propos, il s’agira d’exprimer à travers un matériau hétérogène les différentes sources d’identité qui composent la personnalité des protagonistes. L’esthétique sera celle de la multitude. Plus précisément, l’écriture vocale s’appuiera sur les métamorphoses de la voix féminine : voix d’enfant, voix de jeune femme, voix parlée ou chantée, berceuse murmurée ou cri de colère, toute la richesse des voix que le livret propose sera explorée. À propos de la musique, vous parlez de « parfums sonores ». Qu’en est-il ? L’écriture instrumentale sera fortement marquée par l’esprit des musiques urbaines, comme le hip-hop ou le RnB. Sans volonté d’imitation ou de transcription fidèle de cet univers, nous essaierons de trouver un parfum sonore, des chemins de développement possibles à travers les caractéristiques particulières de ces musiques : motifs répétés, tempo lancinant, mélodies animées. Les différents allers-retours que l’on peut faire entre les sons électroniques et la virtuosité instrumentale seront aussi sondés. Quelle place faites-vous au slam dans cette composition ? La présence du slam, du rythme de la parole et de la parole rythmée sont au cœur de la composition musicale, à la fois dans leur forme pure et comme point de départ pour différents types de développements. Le slam déclenchera la dynamique et marquera l’énergie particulière de chaque séquence composée. Trouver des correspondances entre le slam et l’écriture instrumentale est un défi passionnant, l’exploration d’un vrai potentiel expressif. Comment avez-vous imaginé le dispositif sonore de 80 000 000 de vues ? Le dispositif électroacoustique que j’ai imaginé pour 80 000 000 de vues répond à trois souhaits artistiques. En premier lieu, placer le public au cœur de la diffusion sonore et travailler le son en mouvement. Ensuite, amplifier voix et instruments afin de mettre en lumière les différentes couleurs sonores jusqu’aux nuances intimistes. Enfin, recréer un univers acoustique qui évoque le son du Web, le quotidien sonore des internautes. Nathalie Négro obtient ses différents prix de piano, musique de chambre et accompagnement, aux CNR de Marseille et de Nice, ainsi qu’une licence de musicologie à l’université d’Aix-en-Provence. Elle a enseigné le piano à la Cité de la musique de Marseille. Pianiste accomplie, au répertoire très vaste, du classique jusqu’à la musique improvisée, elle est sollicitée pour de nombreuses créations, et elle est invitée dans différents festivals en France et à l’étranger… Nathalie Négro se produit avec diverses formations, comme l’ensemble Capricorne de Londres, le groupe de création Art Zoyd, l’ensemble Musiques nouvelles, Ars Nova… Animée par un fort esprit de création, elle imagine des projets qu’elle réalise toujours dans une relation forte avec d’autres artistes. En 2003, elle a fondé PIANOANDCO, structure de production qui lui permet de donner à ses rencontres artistiques de véritables espaces d’expression. Eli Commins, auteur, metteur en scène Depuis qu’il écrit pour le théâtre, Eli Commins s’intéresse au rapport entre le texte et le temps réel de la représentation. Ses premiers travaux pour la scène (Pas de plus tard, Les Fragiles, Prendre et laisser), qui tentent de rapprocher l’expérience de la représentation et le texte imprimé, se soldent par une remise en question et une recherche nouvelle à compter de 2007. L’auteur commence alors à explorer de nouvelles façons de mettre le texte en rapport avec le dispositif scénique. Avec 120 Times, une œuvre qui est modifiée pendant le cours de la représentation en fonction de la relation mise en place avec les spectateurs, il se lance dans la mise en scène. En 2008, il travaille avec Éric Joris et le collectif flamand Crew à la création d’Eux, un parcours immersif où le spectateur se trouve placé au centre d’une expérience sensorielle et théâtrale, autour du thème de l’oubli de l’identité. En 2009, Eli Commins crée la première version de la série Breaking à la Chartreuse d’Avignon. Un des épisodes de cette série a été présenté en 2010 au Théâtre des Treize Vents à Montpellier dans le cadre du festival Hybrides. La série est ensuite continuée à travers différentes formes jusqu’en 2011. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 61 Alexandros Markeas, compositeur Né en 1965 à Athènes, le compositeur et pianiste grec a étudié au Conservatoire national de Grèce et au Conservatoire de Paris. Sensible aux langages des musiques traditionnelles et aux rencontres avec des musiciens improvisateurs de cultures différentes, il s’inspire également de différents domaines d’expression artistique (architecture, théâtre, arts plastiques) pour chercher des alternatives au concert traditionnel et créer des situations d’écoute musicale particulières. Ses pièces (Conlon’s Dream, Cris de la crise, They Said Laura Was Somebody Else, Bacchanales ou encore Outsider – pour ne citer que les plus récentes) sont marquées par un esprit théâtral et par l’utilisation des techniques multimédias. Il occupe aujourd’hui le poste de professeur d’improvisation générative au CNSM de Paris. Pensionnaire de la Villa Médicis de 1999 à 2001, il a reçu le prix Hervé Dujardin de la Sacem en 2001. Camille Case, slameuse Après quelques années d’enseignement, trois pièces de théâtre écrites et confiées à des amateurs, Camille se découvre slameuse et démissionne de l’Éducation nationale. Elle ne se consacre plus désormais qu’à sa passion des mots qui détonnent et partage son goût pour la poésie de proximité sur les scènes ouvertes parisiennes. Elle organise aussi des tournées en France avec cette conviction profonde que le slam est un mouvement naissant et significatif, dans une société en appel de renouveau. Elle anime des ateliers d’écriture et d’expression. Deux fois lauréate du Tremplin du Mans 2011 (dans les catégories spoken word et slam), elle travaille actuellement à un album. Gaëlle Mechaly C’est des mains de Pierre Bergé et de Manuel Rosenthal que Gaëlle Méchaly reçoit le Grand Prix Henri Sauguet / Yves Saint-Laurent. Débute alors une carrière internationale la menant à Scala de Milan (dirigée par Riccardo Muti) la Fenice( Venise), l’Opéra de Paris… dans un parcours musical riche et éclectique passant avec aisance du répertoire baroque, à l’opéra-comique, de la comédie musicale à la musique contemporaine. La critique salue sa virtuosité vocale, la clarté de son timbre, son jeu et sa présence scéniques. William Christie la remarque et l’invite a chanté comme soliste avec Les Arts florissants lors de tournées mondiales (Australie, USA, Japon). Elle sera nominée à ses côtés aux Grammy Awards. Elle crée régulièrement des œuvres des compositeurs de musique de films (Gabriel Yared, Bruno Coulais, Michel Legrand…). Elle a été particulièrement remarquée la saison dernière dans le rôle-titre de L’Enfant et les sortilèges à l’Opéra National de Paris. Elle chantera le rôle-titre de La Petite renarde rusée de L. Janacek, mise en scène par Stephan Grögler dans une sculpture monumentale d’Arne Quinze. Son dernier Livre-CD, Sortilèges et Carafons un récital enregistré sous la direction artistique de Natalie Dessay vient de sortir (Éd des braques). PAGE 62 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Ballet National de Marseille Création 2014 Richard Siegal Tamago Leonard Eto et Yasuyuki Endo FRANCE Créations Création 2014 – Richard Siegal Concept & chorégraphie : Richard Siegal Interprétation : les danseurs du Ballet National de Marseille. Tamago – Leonard Eto et Yasuyuki Endo Concept et musique originale créée, interprétée par Leonard Eto Chorégraphie et mise en scène : Yasuyuki Endo Le Silo mar. 8 juillet 21 h durée 1 h 35 min avec entracte tarifs de 31 à 10 € abonnement spectacle A Création 2014 – Richard Siegal Concept & chorégraphie : Richard Siegal Interprétation : les danseurs du Ballet National de Marseille. Musique : Lorenzo Bianchi Hoesch / Lumières : Gilles Gentner Costumes : Alexandra Bertaut. Production Ballet National de Marseille. Coproduction Festival de Marseille_danse et arts multiples Tamago – Leonard Eto et Yasuyuki Endo Concept et musique originale créée, interprétée par Leonard Eto Chorégraphie et mise en scène : Yasuyuki Endo Distribution : Malgorzata Czajowska, Yasuyuki Endo, Nonoka Kato, Ji Young Lee Lumières : Bertrand Blayo. Production : Ballet National de Marseille. Avec le soutien de l’Agence nationale japonaise de la Culture et de la Maison de la Culture du Japon à Paris. Le Ballet National de Marseille reçoit le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Ville de Marseille et de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pour ses tournées et projets à l’étranger, le Ballet National de Marseille bénéficie du soutien de l’Institut français. Véritable constellation de talents, ce programme du Ballet National de Marseille fait dialoguer la danse puissante de l’Américain Richard Siegal et celle des Japonais Yasuyuki Endo (chorégraphe) et Leonard Eto (musicien). De son parcours académique, Richard Siegal a gardé cet amour inconditionnel de la ligne finement ciselée et puissamment musicale. Mais de son passage chez William Forsythe, dont il fut le soliste, il tire une physicalité anguleuse, souple et nerveuse, d’une sensualité quasi animale. Comme dans cette création pour les danseurs du Ballet National de Marseille. Avec eux, il aimerait faire chalouper l’art de la pointe. Mais pas seulement : « Ce que je veux, c’est leur communiquer l’envie de faire apparaître des relations jamais explorées entre eux dans une véritable explosion de joie », précise-t-il à quelques jours d’entrer en studio. Pour Richard Siegal, qui n’a de cesse de relier les univers et les individus, le verbe « communiquer » a un sens particulier. Il revient sur notre capacité à mettre au jour des liens inédits entre environnement corporel, émotionnel, visuel, sonore. Changement de registre avec Tamago, du chorégraphe et danseur japonais Yasuyuki Endo, soliste du Ballet National de Marseille. Pour cette création, un quatuor, il retrouve son complice Leonard Eto, l’un des joueurs de taiko, tambour traditionnel japonais, les plus novateurs de sa génération. Désigné trésor national par l’Agence japonaise de la culture, il a reçu pour mission de multiplier les collaborations avec des artistes européens pendant une année. Sur des rythmes traditionnels – mais aussi plus groovy – des tambours, ils imaginent une pièce dont le nom (littéralement, « œuf ») revient sur l’énigme de la vie. Briser la coquille, grandir et puis survivre : ensemble ils cherchent à démasquer la beauté et la puissance de corps libérés dans l’espace. De ceux qui partent à la découverte de leur humanité avec pour leitmotiv : « Ne jamais finir, continuer, commencer. Produire une tornade d’énergie primitive. » Le Ballet National de Marseille ? C’est une maison de création dont les trente danseurs permanents font chaque jour le pari de se mettre au service de chorégraphes venus d’univers parfois radicalement différents, comme dans ce programme inédit. Pari réussi, tant la vénérable institution a, au fil de son histoire, su montrer à quel point elle est capable de dépasser le clivage traditionnellement installé entre danse classique et danse contemporaine. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 63 Un Américain à Paris Entretien avec Richard Siegal réalisé par Francis Cossu. De son père, plasticien et enseignant, il a reçu le sens de la composition et le goût de la transmission. De sa mère, travailleuse sociale, il a hérité d’une farouche volonté de travailler en communauté avec ses danseurs, mais aussi avec des artistes venus de différentes disciplines avec qui il noue un dialogue enrichissant. Dans cet entretien, Richard Siegal, qui a choisi la France comme terre de création, revient sur son parcours. Quels souvenirs gardez-vous de vos débuts aux États-Unis ? plurivoque qui respecte la subjectivité du spectateur, mette en valeur son regard, lui donne la possibilité d’investir totalement les sens du spectacle. C’est très technique (la danse est aussi une technique), mais c’est passionnant du point de vue de la recherche. Depuis 2004, vous avez choisi de vivre en France. Pourquoi ? Lors de mon passage au Ballet de Francfort, très largement diffusé sur les grandes scènes françaises, j’ai appris à considérer ce pays comme ma seconde maison. Je me suis rendu compte de l’influence de la France dans le domaine de la danse. Après sept ans avec William Forsythe, j’avais hâte de revenir à une capitale culturelle majeure. Paris s’est imposée. De plus, mon travail a rapidement rencontré le soutien de personnalités ou de structures françaises : Philippe Decouflé, le Théâtre national de Chaillot, le Festival d’automne, l’Ircam, le Centre Pompidou ou encore les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis. Que la danse est un sujet inépuisable ! Je ne vivais que pour apprendre, voir et danser. Ayant commencé relativement tard, à vingt ans, j’étais assez mûr pour faire des choix. C’est comme cela que j’ai rencontré des professeurs qui m’ont guidé et que je me suis retrouvé plongé au cœur d’une histoire artistique aussi riche que passionnante. J’ai adoré cette époque qui consistait à « devenir danseur ». Et puis j’ai eu de la chance, tout s’est enchaîné : les cours, les répétitions, la recherche, la scène. Avec des expériences chorégraphiques très diverses. Ce qui me sert encore aujourd’hui. Vous arrivez en Europe à l’âge de vingt-neuf ans pour intégrer le prestigieux Ballet de Francfort. Comment cela a-t-il modifié votre perception de la danse ? Grâce à mes nombreuses tournées en Europe, j’ai pu constater à quel point la perception de la danse, mais aussi de l’art, était très différente de celle des États-Unis. Là-bas, le public n’était pas toujours au rendez-vous, les soutiens publics quasi inexistants tandis que les théâtres adaptaient leurs programmations en fonction des profits qu’ils pouvaient en retirer. Et les chorégraphes eux-mêmes ont réagi à ces nouvelles réalités en rendant leur travail moins ambitieux : moins de danseurs, moins de collaborations entre les disciplines, moins de temps de recherche… La danse souffrait d’un cruel manque de soutien et de stabilité. En France, la danse est considérée comme une forme d’art digne et respectée, jouissant à la fois d’une grande popularité et d’un discours critique. J’ai eu le sentiment de recouvrer ma liberté. Comme Ohad Naharin, chorégraphe et directeur de la Batsheva Dance Company, qui a créé sa propre technique (GaGa Dance), vous avez développé votre propre méthode de travail, intitulée « If/Then ». Pouvez-vous nous en parler ? If/Then est méthode de composition chorégraphique basée sur le jeu, la syntaxe et la notation, qui est née de l’observation et de l’analyse de neuf années de travail au sein de The Bakery. Cette approche méthodologique se préoccupe d’abord de l’ordre des choses (mouvement, espace, temps, son, texte…) mais pas de leur nature. Une dialectique chorégraphique qui privilégie la notion de choix et me permet d’inscrire des relations causales entre des événements distincts, pas toujours prévisibles. Et elle concerne tous les paramètres de la création : la collectivité dansante, la musique, la littérature… Le résultat de ce travail collectif est fonction des choix que chaque individu ou discipline opère et de son aptitude à coopérer avec l’ensemble au sein d’un groupe. Ces questionnements me permettent aussi de créer un espace PAGE 64 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Biographies Ballet National de Marseille Des Ballets de Marseille, fondés en 1972, au Ballet national de Marseille (BNM) né en 1981 et devenu Centre chorégraphique national en 1984 : pendant vingt-six ans, Roland Petit a donné à la ville une troupe de stature culturelle internationale. Après son départ en 1998, c’est Marie-Claude Pietragalla, ex-danseuse étoile de l’Opéra de Paris, qui est nommée à la tête de l’institution. En 2004, Frédéric Flamand, chorégraphe belge, lui succède et prend la direction de cette compagnie qui compte trente danseurs permanents. Le chorégraphe oriente alors l’activité de la maison vers une réelle ouverture d’esprit qui dépasse le clivage traditionnellement installé entre danse classique et danse contemporaine. En 2014, Emio Greco et Peter Scholten sont à leur tour nommés directeurs artistiques de cette vénérable maison qui présente les spectacles de son répertoire en France et dans le monde entier. Le BNM en quelques dates • 1972-1998 : Roland Petit bâtit une stature internationale à la danse et à Marseille. • 22 novembre 1972 : création de Pink Floyd Ballet, accompagné par le groupe lui-même. • 1974 : La Rose malade, costumes d’Yves Saint Laurent, dansé par Maïa Plissetskaïa. • 1978 : La Dame de pique avec Mikhaïl Barychnikov. • 1984 : Le Mariage du Ciel et de l’Enfer, décors de Keith Haring. • 1 992 : Roland Petit crée l’École nationale supérieure de danse. • 1 996 : Marie-Claude Pietragalla signe Corsica. • 1998-2004 : Marie-Claude Pietragalla prend la suite de Roland Petit. • 2004 : Ni Dieu ni maître, hommage à Léo Ferré, dernière création de Pietragalla pour le Ballet. • 2004-2014 : Frédéric Flamand prend les commandes du Ballet national de Marseille. • 2005 : La Cité radieuse, en collaboration avec Dominique Perrault. • 2006 : Metapolis II, en collaboration avec Zaha Hadid. • 2010 : La Vérité 25 fois par seconde, en collaboration avec le plasticien chinois Ai Weiwei. • 2013 : Olivier Dubois, artiste invité, crée Élégie. • 2014 : Édouard Lock et Richard Siegal sont invités à chorégraphier pour la compagnie. • Mars 2014 : Emio Greco et Peter Scholten sont nommés directeurs artistiques du Ballet. Yasuyuki Endo Danseur et chorégraphe japonais, Yasuyuki Endo se forme à la Shigyo Ballet School de Tokyo. Il commence sa carrière au Star Dancers Ballet à Tokyo et à l’Australian Ballet, compagnies pour lesquelles il est interprète dans des pièces de Peter Wright, de Kenneth McMillan, de George Balanchine, de William Forsythe… En 1999, Frédéric Flamand l’engage à Charleroi/Danses – Plan K en Belgique. Depuis, Yasuyuki Endo fait partie de toutes les créations du chorégraphe et le suit au Ballet national de Marseille, où il est engagé comme soliste en 2005. Parallèlement, il développe son propre travail chorégraphique, dispense de nombreux cours classiques et contemporains en Europe et au Japon, et collabore avec Saburo Teshigawara, célèbre chorégraphe japonais, sur les spectacles I Was Real Document et Turandot. Leonard Eto Leonard Eto est l’un des plus célèbres maîtres de taiko (tambour japonais) et sans doute le plus original et novateur. Il est né à New York en 1963, tandis que son père, le joueur de koto Kimio Eto, poursuit sa carrière internationale en travaillant avec l’Orchestre de Philadelphie, alors placé sous la direction de Leopold Stokowski et d’Harry Belafonte. En 1984, il rejoint le groupe Kodo et s’investit dans la recherche et la composition. Depuis sa création en 1981, l’identité de l’ensemble Kodo est restée sensiblement la même : une troupe de percussionnistes-danseurs totalement dévoués à leur art, au point de vivre en communauté selon des règles quasi monastiques. Une expérience qu’a vécue Leonard Eto jusqu’en 1992, faisant partie du groupe non seulement en tant que musicien, mais aussi en tant que compositeur et directeur artistique de plusieurs tournées. Sa notoriété influence rapidement – et durablement – la nouvelle scène taiko, mais aussi des formations venues d’horizons différents, comme Stomp et Blue Man. Ses compositions pour Kodo sont devenues des standards du répertoire de taiko contemporain. En 1992, il quitte Kodo pour suivre une carrière solo, multipliant les collaborations avec des artistes issus de tous les styles musicaux. En 1994, à son tour, il acquiert une stature internationale grâce à ses performances aux côtés de Bob Dylan, de Bon Jovi, des Chieftains, d’INXS, de Ray Cooper ou encore de Roger Taylor (Queen). En 2004, il rejoint la tournée américaine de Siouxsie Sioux. Ses œuvres composent les bandes-son de productions cinématographiques hollywoodiennes, telles que JFK, Le Roi lion, The Hunted et The Thin Red Line. Ces collaborations, qui ont augmenté ses compétences techniques et expressives, l’amènent aujourd’hui à travailler avec des danseurs, à faire se rencontrer taiko et tambours occidentaux et à combiner taiko et sons numériques. Il poursuit avec brio sa propre carrière internationale, notamment avec un ensemble instrumental Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 65 baptisé Blendrums. Leonard Eto a été choisi comme envoyé culturel du Japon pour travailler une année en Europe en 2014, avec le titre de trésor national. Le taiko Taiko veut dire « tambour » en japonais, littéralement : « tambour le plus grand ». Mais le mot est généralement utilisé pour désigner toutes les différentes formes de tambours. La pratique du taiko fait appel à un travail corporel exigeant. Faire le « bon son » demande un ancrage et une stabilité du bassin qui permettent d’accéder « à la souplesse, au silence intérieur et à une joie profonde ». En ce sens, le taiko peut-être considéré, selon les sensibilités, comme une musique, un art martial, une méditation ou une danse. Chaque groupe développe généralement plus fortement l’un de ces aspects. Richard Siegal Richard Siegal, quarante-cinq ans, est né en Caroline du Nord, aux États-Unis. Mais c’est à New York que le plus européen des chorégraphes américains de la nouvelle génération se forme dès l’âge de vingt ans Repéré par hasard par le chorégraphe William Forsythe, qui le surprend en train d’improviser, il rallie l’Allemagne en 1997 et intègre le phénoménal Ballet de Francfort. Tout au long de sa carrière, Richard Siegal a reçu de nombreuses bourses internationales de création. En 2006, il reçoit le prix SACD au Monaco Dance Forum. En 2008, il se voit décerner le très envié New York Dance and Performance Bessie Award. En 1998, en 2000, 2003 et 2011, il rafle l’Oscar du danseur de l’année, décerné par le BalletTanz International Worldwide Critics Survey. En 2010, il reçoit le German National Theater Faust Award. En 2013, il est lauréat du Münchner Tanzpreis, récipiendaire du Dance Europe Critic’s Choice, et trois fois nominé au Ballet-Tanz International Worldwide Critics Survey (meilleur chorégraphe, meilleure production, meilleure première mondiale). Une longue série de prestigieux prix internationaux qui a débuté en 2004, quand le Ballet du Bolshoi le nomme membre honoraire du Benoi de la danse et qu’il est récompensé par la prestigieuse MacDowell Colony. Depuis, Richard Siegal a travaillé comme chorégraphe pour le Centre d’art et de technologie des médias de Karlsruhe (Allemagne), au Bennington College (Vermont, États-Unis) et au Centre des arts Barychnikov (New York City, États-Unis). En tant que membre du corps professoral de l’American Dance Festival, il a organisé le festival annuel Forsythe. Depuis, il vit entre Paris et Munich, et voyage partout en Europe et dans le monde grâce aux projets qu’il développe au sein de The Bakery, pôle de création artistique qu’il a fondé et qu’il dirige depuis 2005. Une structure unique qui multiplie les échanges artistiques en invitant des artistes venus d’horizons différents (poésie, musique, performance, littérature, peinture, arts numériques…) à collaborer à ses projets. PAGE 66 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Diario de una crucifixión Tino Fernández – Cie l’Explose COLOMBIE Première en France Création 2012 Chorégraphie et direction artistique : Tino Fernández Dramaturgie : Juliana Reyes / Danse : Ángel Ávila. Théâtre du Lacydon mer. 9 / jeu. 10 / ven. 11 juillet 21 h durée 50 min tarif 10 € spectacle hors abonnement Les compagnies colombiennes sont rares sur les scènes européennes. Tino Fernández, implanté à Bogotá depuis 1995, revient en France avec un solo, librement inspiré d’une étude de Francis Bacon. Ce solo interprété par Ángel Ávila, inspiré par Francis Bacon, explore la forme psychologique de la violence sociale qui règne en Colombie. Une étude qui fait écho à ces hommes et femmes aujourd’hui tiraillés entre la réalité sociale et leur cri intérieur. La cage de verre dans laquelle Ángel Ávila est enfermé ressemble à s’y méprendre à celles qui tiennent en otage des reliques pour les offrir à l’abnégation des masses. Mais alors qu’il se lève et s’avance, vêtu du parme liturgique, celui de la pénitence, le spectateur s’interroge sur la réalité de ce corps donné en partage. Plus encore quand le mouvement s’empare du danseur, maintenant dénudé, pour le mordre de l’intérieur, le déchirer par le muscle. Il aura beau fuir, la douleur sans repos l’isole chaque fois un peu plus dans l’enfermement et la folie : la Terre s’est réduite à ce fragment de roche sur lequel il ne tient plus qu’en déséquilibre. Pour le chorégraphe, l’enjeu est simple : « J’essaie de faire exploser le corps au-delà de ses limites charnelles. De le diviser dans l’espace, de l’étourdir et, soudainement, de le suspendre dans un silence inquiet pour le laisser vibrer. » Bien que prenant comme référence Francis Bacon et son Étude sur le portrait du pape Innocent X par Vélasquez, ce solo n’est pas seulement – pour reprendre un commentateur du peintre – « l’expression d’un dogme pris dans la situation d’un condamné à mort sur son saint-siège transformé en chaise électrique ». Traversé d’un érotisme sacrificiel, l’œuvre du chorégraphe renvoie aussi à la position d’un individu écartelé entre l‘expérience sociale et sa souffrance intérieure. Une métaphore, à peine voilée, de « la démocratie sans peuple » qui est le vertige de la nation colombienne. Musique originale : Camilo Giraldo / Musiques : Vivaldi (Nisi Dominus, Rv 608) Mozart (La Flûte enchantée) / Création Lumières : Humberto Hernández Scénographie : Tino Fernandez / Réalisation du décor : Nicolas Duque Costumes : Servando Diaz. Diffusion : Mister Dante. Un solo qui rappelle qu’il y a dix ans encore, en Colombie, le budget annuel dédié à la culture équivalait à celui engagé, en une seule journée, pour le conflit armé. Et que malgré cela, la danse a connu un développement, long mais constant. Son objet ? Actualiser le regard sur la société, donner de nouveaux points de vue sur la contemporanéité colombienne. Une véritable éthique. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 67 « La faim, la violence, la cruauté La danse en Colombie gratuite, la violation, l´assassinat : Texte : Sandra Gómez et Andrés Lagos. En collaboration avec Peter et Natalia Orozco. ce sont les compagnons constants Palacios Avec la coordination du secteur danse du ministère de la Culture, dans les temps actuels. La danse Bogotá, Colombie. Extraits. (Sources : sur-sur.info*) et le théâtre peuvent pénétrer En Colombie, la danse folklorique occupe de plus en plus d’espaces, à l´intérieur des zones les plus avec une présence croissante des compagnies et des danseurs, obscures de la terreur et de la et un plus grand soutien à la recherche et à l’étude des danses traditionnelles. Cependant, on observe une nette croissance du détresse pour une seule raison : nombre de compagnies de danse contemporaine. La majorité est concentrée à Bogotá ; compagnies de petit et moyen formats avec pour être capables d’affirmer, ni un développement artistique notable, mais avec des possibilités avant ni après, sinon en ce même économiques insuffisantes pour donner à leurs danseurs la stabilité nécessaire pour pouvoir exclusivement se consacrer à leur moment, que dans l’obscurité la activité d’interprétation, de direction ou de gérance de la danse. Parmi les compagnies professionnelles reconnues au niveau lumière est présente. » Peter Brook Bacon : le cri de la chair Par Philippe Sollers, Gallimard (1996). Extrait. La vision d’Innocent X dans la situation d’un condamné à mort sur son saint-siège transformé en chaise électrique ne va pas de soi. Surtout si on strie la toile d’une pluie de plis bruns et jaunes, tout en fonçant dans sa bouche ouverte en trou noir (ici, Bacon constate calmement son échec : il aurait fallu, dit-il, traiter cette béance comme un soleil couchant de Monet). Le plus inattendu est que les « papes » de Bacon ne sont nullement caricaturaux ou ridicules, au contraire, pas plus que ses crucifix ne sont des blasphèmes ou des parodies. On peut même dire que ces vieilles figures de la tradition reçoivent, à travers cette profanation ou ce saisissement érotique, un coup de fouet inquiétant. Après tout, un pape, s’il savait (et il ne peut pas ne pas se douter de quelque chose), crierait peut-être à mort, de la sorte, dans un studio d’enregistrement mondial. Le pape est assis sur un drôle de volcan. L’essentiel est de démontrer qu’aucune pose n’est plus envisageable. Ni pose ni pause. Le portrait officiel n’a plus cours comme indice de vérité. C’est même la raison qui va fonder non pas un tabou du portrait mais sa réinvention nécessaire. international, nous pouvons notamment citer El Colegio del Cuerpo, l’Explose, Danza Concierto et Objet-Fax, qui ont été très importantes pour le développement de la danse dans le pays et qui ont servi d’espaces de formation. C’est le cas du Colegio del Cuerpo, dirigé par les maîtres Álvaro Restrepo et Marie-France Delieuvin. Le Colegio del Cuerpo, dont le siège se situe à Cartagena, propose un diplôme de baccalauréat artistique en convention avec des institutions éducatives de la ville. Il faut aussi reconnaître le travail réalisé par l’Institut colombien de ballet classique, Incolballet, créé dans la ville de Cali par le maître Gloria Castro, qui offre un programme de baccalauréat artistique en spécialité danse contemporaine et dont le noyau de base fonctionne comme une compagnie. Sur le plan historique, l’entrée de la danse moderne en Colombie est due au maître de ballet Irinna Brecker, danseuse roumaine de renommée mondiale, qui a ouvert une école à Bogotá appelée El Estudio, où a été formée la première génération de danseurs en danse moderne. Dans les années 1970 se sont constituées les classes de Martha Graham, de jazz et de classique. Cependant, il existait depuis les années 1940 des lieux pour la formation classique, lieux où ont été réalisées les premières rencontres de danse entre professionnels, avant l’arrivée d’Irinna. Cette première génération reconnaît le maître Jacinto Jaramillo en tant que précurseur des nouvelles techniques de danse moderne dans le pays, qu’il a appliquées au folklore, au sein de sa formation technique. Par conséquent, nous pouvons dire que la danse contemporaine en Colombie trouve ses racines dans le folklore, le ballet et même dans le mouvement du jazz, où de nouvelles connaissances se sont infiltrées. Dans les années 1980, de nombreux danseurs sont partis pour étudier à l’étranger ; à leur retour, ils ont formé de petites compagnies au niveau national. Elles utilisaient les différentes nouvelles techniques, comme celles de Graham, de Cunningham, de Release, de danse-contact et de Limón. Les membres de la première génération, constituée des professionnels partis à l’étranger pour approfondir leurs études, de ceux qui étaient restés au pays et des étrangers venus résider en Colombie se sont aussi bien occupés de leurs carrières d’interprètes que de la formation des générations suivantes. Cela s’est produit au sein même des compagnies et dans des espaces indépendants de formation de PAGE 68 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 danse. Dans les années 1990, la danse a commencé à se diffuser dans les universités. Cela a été consolidé, depuis 1994, avec un programme universitaire pour la formation d’interprètes en danse contemporaine à l’Académie supérieure des arts de Bogotá (ASAB) et à la faculté des arts de l’Université du district Francisco José de Caldas. Il y a plusieurs entités gouvernementales chargées du développement de la danse en Colombie. Le secteur danse de la Direction des arts du ministère de la Culture, le secrétariat départemental de la Culture, des Loisirs et du Sport (SDCRD) et le gouvernement d’Antioquia s’occupent des soutiens économiques et planifient les projets destinés à promouvoir la danse au moyen de bourses pour la création, la recherche et la formation. De plus, ils ont permis la création de festivals et de scènes pour la diffusion de la danse contemporaine. Il existe un Conseil national de la danse, constitué par des représentants de différentes régions du pays dont le travail est de conseiller le ministère de la Culture dans le domaine des politiques nationales à appliquer. À cela s’ajoute le Conseil départemental de la danse situé à Bogotá. D’autres espaces diffusent la danse, comme le réseau de bibliothèques publiques, le Musée national et le musée d’Art de l’Université nationale de Colombie. Néanmoins, il existe en Colombie une insuffisance inquiétante d’activités associatives pour le secteur de la danse. Ce manque de représentativité devant l’appareil gouvernemental réduit la participation et influence les discussions de budgets et les politiques pour le secteur. De ce fait, la danse est désavantagée en comparaison d’autres arts, comme le théâtre ou le cinéma, qui obtiennent des avantages pour leur développement à partir de leurs associations. * Le site Internet sur-sur.info (Sud-Sud) a pour objectif d’offrir une vision générale des principaux contextes d’échanges de la danse contemporaine, dans les pays de la région sud de la planète, en incluant des informations sur ses principaux festivals, ses espaces de diffusion, ses interlocuteurs, ses publications, etc. Par cette initiative, le site Internet essaye de stimuler et de faciliter l’échange international, la coopération et la circulation des artistes et des idées du Sud au Sud. Biographies Tino Fernández Né en Espagne, Tino Fernández s’installe Paris en 1983, où il poursuit des études de danse classique et contemporaine auprès de chorégraphes reconnus, comme Jacques Patarozzi, Éléonore Ambash, Catherine Diverrès, Emmanuelle Lyon, Sara Sugihara ou Jacqueline Fynnaert. En tant que danseur, il collabore avec les compagnies de François Larochevalière, de Jean-Marc Colet, de Gilles Mussard et de Catherine Berbessou. Il fait également partie du groupe de recherche parisien La Règle d’Or. Il fonde sa propre compagnie en 1991, l’Explose, avec laquelle il crée ses première pièces. Après une collaboration avec la troupe Mapa Teatro en Colombie, Tino Fernández décide de s’installer à Bogotá et emmène sa compagnie dans ses bagages en 1995. De Soleil en solitude (1996) à Diario de una crucifixión (2012), il signe une quinzaine de pièces présentées sur des scènes internationales. Cet homme curieux de tout est un ardent défenseur des arts et de la culture. Il dirige le Festival Internacional Impulsos à Bogotá, qui compte parmi les plus importants du pays. Le chorégraphe, pour qui le geste est comme une succession d’explosions, d’ébats, d’empêchements, ne cesse d’élaborer des allégories de la Colombie : un territoire où il devient de plus en plus périlleux de poser le pied. On connaît et on redoute l’instabilité terrestre de cette zone de séismes, d’éruptions volcaniques, de glissements de terrain (le 13 novembre 1985, une coulée de boue engloutissait 25 000 habitants d’Armero). On pense aussi, bien sûr, aux ravages de l’actuelle guérilla. De l’exiguïté menaçante d’une table jusqu’aux verres hérissant le sol, tout, dans les danses de Tino Fernández, suggère l’enfermement des citadins colombiens dans leurs villes, l’impossibilité d’emprunter une route sans risquer l’enlèvement. L’Explose L’Explose a été créée par Tino Fernández à Paris, après un travail intense de recherche sur la danse contemporaine. Par la suite, la compagnie s’est implantée en Colombie. Elle est née d’une nécessité d’expression propre ; dans sa recherche, elle met l’accent sur l’aspect émotionnel plutôt que sur le mouvement. Le résultat est un travail qui, à travers une énergie rude et violente, réussit à exprimer sa rencontre avec « la réalité et le rejet d’un imaginaire intime, codifié dans une société d’artifices ». L’Explose est aussi un lieu de rencontre d’artistes venant de différentes disciplines. Dans ses créations, l’Explose porte une attention particulière à la fusion entre la danse contemporaine et le théâtre grâce à une dramaturgie scénique concrète et étudiée. De cette façon, chaque intention est traduite physiquement, et les interprètes peuvent construire un univers émotionnel clairement identifié. Ainsi de chaque mouvement résulte l´expression d’une situation théâtrale. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 69 PAGE 70 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Bosque Ardora Rocío Molina ESPAGNE Avant-première à la création mondiale Direction et chorégraphie : Rocío Molina Directeur artistique et dramaturge : Mateo Feijoo Danse : Rocío Molina, Eduardo Guerrero et David Coria Guitare : Eduardo Trassiera / Chant : José Angel Carmona Palmas Compás : José Manuel Ramos « Oruco » Percussions : Pablo Martín Jones Trombone : Paco Blay et José Vicente Ortega Sierra « Cuco ». Le Silo 12 juillet 21 h durée 1 h tarifs de 31 à 10 € abonnement spectacle A Depuis ses débuts en 1995, le Festival de Marseille a toujours fait du flamenco, cet art « du destin dans la conscience », la musique secrète de sa programmation. Après Oro Viejo (2011), la jeune Andalouse Rocío Molina retrouve Marseille avec sa dernière création. Un court-métrage, suivi d’un spectacle concertant réunissant musiciens et chanteurs, inspiré par le théâtre japonais, les poétesses de l’Âge d’or et la plus contemporaine Maite Dono. Rocío Molina ? Barychnikov s’est agenouillé devant elle après l’avoir vue danser. Désormais artiste associé au prestigieux Sadler’s Wells Theatre de Londres, depuis son apparition à Séville à l’âge de dix-sept ans, cette surdouée dessine l’une des trajectoires les plus novatrices du flamenco contemporain. Aujourd’hui, elle crée un spectacle par an : « Il est important pour moi de me sentir en vie. Si je suis statique, si je garde le même état artistique, je me sens comme, en quelque sorte, en train de mourir. » Bords de Seine, galeries d’art, ruelles, prison, avec des hip-hopeurs ou des artistes multimédias : c’est désormais partout qu’elle cherche cette vie, dans des lieux improbables, en essayant des croisements inédits. Là où, guettant l’allumage des sens, elle piste la trace d’une œuvre à venir. Toujours plus audacieuse, plus intérieure. À l’image de cette création : un spectacle dans lequel Rocío Molina, sur un sol qui transforme le son en pulsations électroniques, tout en faisant référence au minimalisme expressif du théâtre japonais, met ses pas dans ceux des poétesses de l’Âge d’or et de la plus contemporaine Maite Dono. Direction musicale : Rosario Guerrero / Composition originale pour guitare et arrangements pour trombones : Eduardo Trassierra / Composition de la pièce « Mandato » pour trombones : David Dorantes / Poèmes : Maite Dono Conception lumières : Carlos Marquerie / Costumes : Josep Ahumada. Production : Compagnie Rocío Molina / Production déléguée : Mister Dante. Coproduction : Biennale de la danse de Lyon, Théâtre national de Chaillot, Festival de Marseille_danse et arts multiples, Théâtre de l’Olivier – Régie culturelle Scène et Cinés Ouest-Provence, Biennale de Flamenco de Séville, Théâtre de Nîmes – Scène conventionnée pour la danse contemporaine, Ballet National de Marseille, Festival international Madrid en Danza, Théâtre de Villefranche. Avec le soutien de INAEM – Instituto Nacional de las Artes Escénicas y de la Música. Accueil studio Ballet National de Marseille. Création mondiale : Biennale de la Danse de Lyon - 19 septembre 2014 Coproduction Festival de Marseille. Un spectacle qui débute par la projection d’un court-métrage surprenant dans lequel on découvre la relation particulière qui lie la danseuse et la nature. Un film qui rappelle que le flamenco est cet art qui accomplit une fiction de l’être, un art immémorial qui célèbre le lien vulnérable unissant la vie et le monde. Une prière en mouvement qui exalte la solitude sonore de l’humanité entière. Comme le souligne un critique renommé : « Rocío est plusieurs danseuses en une et détient la stupéfiante capacité d’assimiler à son propre style les formes les plus éloignées. » Un style qu’elle a su imposer malgré sa différence, sa modernité, grâce à cette manière bien à elle « de fondre ingénuité et puissance, sensualité et profondeur ». Et si Rocío Molina connaît toutes les références traditionnelles de son art, cette nouvelle pièce prouve une fois encore qu’elle n’a de cesse de les augmenter, avec pour seul mot d’ordre : l’extase. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 71 « Il y a un temple dans lequel Entretien avec Rocío Molina : toute la joie, le chagrin, le danger, « Sur scène, il n’y a pas la lutte et la rédemption du d’injustice » danseur sont rassemblés. […] Propos recueillis par Muriel Mairet Traduction : Stéphanie Boulard (questions), un temple qui toujours change, Murielle Timsit (interview) (Source : flamenco-culture.com) se balance et construit des danses qui sont des prières en Rocío Molina s’exprime rarement. Dans cet entretien, mouvement. » elle revient sur son parcours, sa carrière, ses envies. Rudolf Laban Rocío, tu es de Málaga ; tu as commencé à trois ans. Quel est ton tout premier souvenir ? « L’amour est l’amour / L’amour exige / Rencontres lie / Love Kills » Je me souviens très bien que ma mère m’a emmenée à l’académie de mon village à l’âge de trois ans, je buvais de l’eau dans un biberon, et j’ai fait un cours d’étirements et de coordination, c’est comme cela que ça a commencé ! Maite Dono Je n’ai pas eu un professeur en particulier. Tu sais, j’ai étudié avec beaucoup de monde, j’ai étudié avec Rafaela Carrasco quand j’étais plus jeune, avec des gens de Séville ; j’ai appris le folklore, l’école boléra, j’ai étudié avec plusieurs professeurs à Málaga et à Grenade, j’y ai suivi l’enseignement de Mariquilla, quelqu’un qui m’a transmis un peu plus de passion. Avec qui as-tu étudié le flamenco ? Ton parcours croise celui d’Antonio Canales, de María Pagés. Que retires-tu de ces expériences ? Ce sont de bonnes et jolies expériences. Par exemple, j’ai un souvenir tendre de María, car j’ai appris beaucoup de choses et surtout la convivialité au sein de la compagnie. María est une personne extrêmement intelligente, j’ai beaucoup appris d’elle. En ce qui concerne Antonio, j’ai peu travaillé avec lui, mais ce que je retiens, c’est l’énergie qu’il transmet au groupe ; on en ressort tous plus forts. Tu parles souvent de liberté dans ta danse. Libre de tes envies, en sincérité totale, que cherches-tu à dire à travers cette vérité ? Que t’apporte-t-elle ? C’est comme cela que j’aimerais que le monde soit. Parce que je n’aime pas les gens faux, ni les mensonges ni les imposteurs. Je déteste l’injustice et tout ce type de choses. Comme tout le monde je me sens impuissante, mais j’ai la grande chance de pouvoir monter sur scène, et là il n’existe pas d’injustice. C’est ça ma liberté, ma vie : pouvoir exprimer ce que je veux. En réalité je deviens intouchable sur scène. Si le public aime ou non, c’est son choix ; il peut se lever et partir, moi je fais ce dont j’ai envie. PAGE 72 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Aimerais-tu interpréter un personnage de roman ou réel, comme Frida Kahlo ? Tout le monde aimerait interpréter Frida ! Nous les femmes, on peut facilement s’identifier à ce personnage si fort. Dans le flamenco, on en parle beaucoup. J’ai été dans sa maison, je l’ai vue, j’ai lu sa biographie. J’adore cette femme. Cependant, je ne pense à personne de particulier que j’aimerais interpréter. Avec le temps sûrement, oui. J’aime les contes, mais plus pour transmettre un message, une émotion. Dans mes spectacles, pour l’instant, je travaille plus sur l’émotion que sur une histoire concrète. J’aime transmettre un sentiment, une émotion, pas une histoire. As-tu deux adjectifs pour décrire ton tempérament ? Prudente… Et forte. Je suis forte, bien que je sois petite dans les moments critiques. Je peux être faible, mais j’en ressors toujours plus forte ! Comment vis-tu le temps sur scène mentalement et physiquement ? Je ne sais pas si c’est bien ou mal, mais je cherche toujours à atteindre mes limites et bien sûr cela requiert un effort physique bestial. Et parfois je ne me contrôle plus. Bon, maintenant c’est parce que je suis très jeune et j’ai beaucoup d’énergie ; quand je serai plus âgée, je freinerai un peu. Je m’investis totalement, je cherche toujours à atteindre les limites. Il y a des jours où j’y arrive et d’autres non. Le flamenco au Festival de Marseille Par Francis Cossu Dès la première édition, le Festival de Marseille s’est jeté dans l’arène du flamenco, de tous les flamencos. Avec audace, il a fait confiance à l’intuition des nouvelles générations de danseurs, tous porteurs d’une identité élargie. Baile, cante, toque : le flamenco est un art aux multiples visages qui renferme, de façon inextricable, les mémoires de l’Andalousie – la musulmane, savante et raffinée ; la juive, pathétique et tendre ; la gitane enfin, rythmique et populaire. Ce qui fait dire à l’écrivain Tomás Borrás qu’être flamenco, « c’est posséder le destin dans la conscience, la musique dans les nerfs, la fierté dans l’indépendance, la joie dans les larmes : c’est la peine, la vie et l’amour porteurs d’ombre ». Bien sûr, il y a les puristes. Les irréductibles. Les garants de l’esprit flamenco. Ceux qui protègent les secrets. Gardent le cœur vibrant et intact. Et pourtant, quand, en 2001, Israel Galván entre en scène dans La Metamorfosis et danse sur Ligeti, Kurtág ou Luigi Nono, presque rien ne filtre de l’incompréhension des gardiens du temple. Ils observent, scrutent. La pièce bouleverse les codes, mais l’art est grand. Le duende est là. On pourrait continuer et citer le sauvage Joaquín Cortés, la cristalline Yerbabuena, la déesse María Pagés, l’infante Rocío Molina. Ces artistes qui ont ouvert les plus belles pages du flamenco contemporain à Marseille et dans le monde. Chacun avec leur caractère, ils ont exploré des rivages encore inconnus de la danse, de la musique et du chant, les trois piliers de cet art millénaire, nomade, gitan, andalou, qui s’est construit en traversant l’Europe des cultures et des peuples. De cet art modelé par la joie et la souffrance. Un héritage que les nouvelles générations cherchent à enrichir toujours plus, en s’appropriant les fondements de la danse pure tout en leur imprimant un souffle nouveau, en métissant les genres, les techniques, les musiques, en allant puiser l’inspiration dans d’autres mythologies… Ils nous rappellent ainsi que le flamenco n’est pas un art identitaire. Qu’il s’est toujours modifié en s’imprégnant de son environnement immédiat. Et que s’il prend soin de ses racines, il est, et sera toujours perméable aux bruits du monde. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 73 Biographies Rocío Molina Icône du flamenco contemporain, elle revisite son art dans un va-et-vient perpétuel entre tradition et innovation. Plusieurs fois récompensée, Rocío Molina frappe le public par son style éblouissant, saisissant panache de candeur et de puissance. Née à Málaga en 1984, elle commence la danse au conservatoire à l’âge de sept ans. Elle quitte Málaga pour Madrid à treize ans, découvre le Japon et les États-Unis à dix-sept, se produit en soliste deux ans plus tard et s’offre même, à New York, un duo avec Israel Galván. En 2001, elle fait partie de la compagnie de María Pagés, pour qui elle crée une chorégraphie avec laquelle elle entame une tournée internationale. En 2002, elle reçoit le prix d’honneur du Conservatoire de danse de Madrid. En 2003, elle participe à un festival flamenco aux États-Unis et danse en tant que soliste aux côtés de Manuela Carrasco. Elle fait également un duo avec Israel Galván. Elle donne son premier spectacle, Entre Paredes, en 2005 et elle est choisie la même année par l’Agencia Andaluza para el Desarrollo del Flamenco pour réaliser un spectacle, El Eterno Retorno, basé sur des textes de Nietzsche, salué unanimement par la critique. Depuis, elle danse dans de nombreux festivals et spectacles aux côtés de grands musiciens et danseurs : Laura Rozalén, Carmen Linares, Belén Maya, Rafaela Carrasco, Chano Lobato. En 2010, consacrée aux États-Unis avec Cuando las piedras volan, elle est la plus jeune danseuse à recevoir le Prix national de danse, la plus haute distinction d’Espagne. Depuis 2013, elle est artiste associée au prestigieux Sadler’s Wells Theatre (Londres). Maite Dono Depuis 1993, elle poursuit une carrière d’actrice, de poète et de chanteuse. En 1998, elle a publié son premier album solo : A Tiempo, en hommage au chanteur folk Emilio Cao, dans lequel elle chante ses œuvres, accompagnée au piano par Manuel Gutiérrez. Maite Dono a collaboré avec différents artistes de la scène galicienne : accompagnant Baldo Martínez et Alberto Conde, jouant des ballades médiévales avec Carlos Beceiro ou travaillant avec Roberto Somoza. Depuis 2006, elle produit des expériences poétiques et musicales comme Intruder. Ses dernières contributions à la musique étaient dans le projet Miño avec le bassiste Baldo Martínez, et un duo avec le musicien Sergio Martinez. En 2013, elle a participé en tant que comédienne à la pièce Hamlet post scriptum, dirigée par Roberto García de Mesa. Elle vit actuellement à Saint-Jacques-de-Compostelle. PAGE 74 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 CINÉMA Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 75 Cinéma Carte blanche à marseille objectif DansE Toit-terrasse de la Cité Radieuse samedi 14 juin | 21 h 30 Soirée William Kentridge L’Alhambra dimanche 22 juin | 21 h Ubu Tells the Truth (1996-97) Focus Robyn Orlin Shadow Procession (1999) « L’art ne sert à rien s’il n’est pas en prise avec le réel » : cette citation de Robyn Orlin pourrait définir l’œuvre de la chorégraphe, considérée comme « l’enfant terrible » de la danse sud-africaine. La programmation de cette carte blanche s’attachera, à travers une programmation de films et vidéos, à mettre en lumière les multiples facettes de cette artiste rebelle, instinctive et drôle, à l’image de ses pièces, dont les partis pris esthétiques sont indissociables de ses engagements politiques. 10 Drawings for Projection (1989-2011) Entrée libre / réservation indispensable au 04 91 99 00 20 ou [email protected] L’artiste sud-africain William Kentridge, connu essentiellement pour ses films d’animation composés de dessins au fusain, travaille aussi la gravure, le collage, la sculpture, la performance, le théâtre et l’opéra, en associant le politique et le poétique. Le Festival a choisi de montrer certains de ses films sur grand écran, dont Ubu Tells the Truth, où l’on retrouve certaines images du spectacle Ubu and the Truth Commission, présenté au Théâtre Joliette-Minoterie et dont il signe la mise en scène. Tarif plein : 5 € / Réservations : 04 91 99 00 20 ou 04 91 46 02 83 ou [email protected] Programmation complète : marseille-objectif-danse.org festivaldemarseille.com PAGE 76 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Cycle écran [s] total, l’été cinéma à l’Alcazar L’ Alcazar-BMVR mercredi 25 juin | 14 h 30 The Wiz États-Unis / 1978 / Réal. Sidney Lumet Un Michael Jackson en épouvantail écervelé et une Diana Ross en jeune fille introvertie cherchent le magicien d’Oz sur une musique signée Quincy Jones. La célèbre comédie musicale transposée dans un New York fantasmé prend une coloration pop, réjouissante et acidulée. Entrée libre dans la limite des places disponibles durée 2 heures 14 / VOST jeudi 26 juin | 14 h 30 Grigris Tchad / France / 2013 / Réal. Mahamat Saleh Haroun Grigris, 25 ans, se rêve danseur. Un défi alors que sa jambe paralysée devrait l’exclure de tout. Ses espoirs diminuent lorsque son oncle tombe gravement malade… Projection suivie d’une rencontre avec Adina Tal : « Nalaga’at Theatre ou la révolution par la différence ». Entrée libre dans la limite des places disponibles durée 1 heure 14 / VOST vendredi 27 juin | 14 h 30 Boyz N the Hood États-Unis / 1991 / Réal. John Singleton Au cœur du ghetto South Central de Los Angeles, entre violence et espoir, trois amis, Tre, Ricky et Doughboy luttent pour leur survie. Boyz N the Hood s’est imposé comme le film culte d’une génération. Entrée libre dans la limite des places disponibles durée 1 heure 52 / VOST Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 77 Au fil du Festival Ateliers de pratique artistique, conférences, répétitions publiques, restitutions d’ateliers, sorties de résidence… Entrée libre Ateliers de pratique artistique Vertigo Dance Company Power of Balance Stage intensif : dimanche 15 juin Ateliers de danse-contact animés par Hai Cohen et Tali Wertheim, accessibles à des danseurs et non-danseurs, valides ou handicapés. Classes d’1 h 30 : lundi 16 juin et mardi 17 juin Classes destinées aux jeunes handicapés en établissements spécialisés et danseurs valides professionnels et avancés. KLAP Maison pour la danse Entrée libre / Infos et réservations au 04 91 99 02 56 ou [email protected]. Cours de danse dabke Danse traditionnelle, la dabke est une danse de groupe en ligne où les danseuses et les danseurs frappent fortement le sol du pied. Présente lors des mariages et festivités, elle connaît de nombreuses variantes régionales à travers les pays du Moyen-Orient. Venez vous initier à cette danse traditionnelle en compagnie des danseurs du spectacle Badke. Ouvert à tous à partir de 14 ans. Mardi 1er juillet à 15 h 00 Grand Studio du BNM Entrée libre / Infos pratiques et réservations au 04 91 99 00 20 ou [email protected]. Kyle Abraham / Abraham.In.Motion Éric Languet Danses en l’R Atelier de danse intégrée animé par Éric Languet destiné aux jeunes handicapés en établissements spécialisés et danseurs valides professionnels et avancés. Ateliers à destination des scolaires : Mardi 1er juillet BNM Entrée libre / Infos et réservations au 04 91 99 00 28 ou [email protected]. Mercredi 25 juin Théâtre Joliette-Minoterie Entrée libre / Infos et réservations au 04 91 99 02 56 ou [email protected]. Adina Tal Nalaga’at Theatre – Tel-Aviv Stage intensif de danse contemporaine destiné aux danseurs hip hop professionnels et avancés : Samedi 5 juillet de 10 h à 16 h 30 BNM Entrée libre / Infos et réservations au 04 91 99 02 56 ou [email protected]. Suite à la conférence donnée le jeudi 26 juin à l’Alcazar, Adina Tal, directrice du Nalaga’at Theatre animera un atelier basé sur le travail unique qu’elle mène avec des comédiens déficients sensoriels. Ateliers destinés aux formateurs en théâtre et professionnels de l’accompagnement des personnes handicapées. Samedi 28 juin de 10 h à 15 h Théâtre Joliette-Minoterie Entrée libre / Infos et réservations au 04 91 99 02 56 ou [email protected]. PAGE 78 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Conférences Restitutions d’ateliers Nalaga’at Theatre ou la Révolution par la Différence Inventaires des corps mouvementés Le Festival de Marseille reçoit Adina Tal, directrice du Nalaga’at Center de Tel-Aviv, pour une conférence exceptionnelle. Inventaires des corps mouvementés est le titre des ateliers de pratique artistique encadrés par Christine Fricker, menés à bien dans le cadre des actions éducatives et culturelles du Festival en milieu scolaire. Des valeurs de la Post modern dance à une interprétation et une expression corporelle actuelle. Metteuse en scène d’une création théâtrale pour onze comédiens sourds et aveugles (Not by Bread Alone, programmée dans le monde entier) Adina Tal réalise un travail unique centré sur les capacités plutôt que les incapacités, développant ainsi un nouveau langage théâtral. Jeudi 26 juin à 17 h Alcazar - BMVR Entrée libre. Deux restitutions sont prévues : Lundi 23 juin à 18 h Mardi 24 juin à 18 h Esplanade Théâtre Joliette-Minoterie Entrée libre Kyle Abraham / Abraham.In.Motion Conférence dansée Kyle Abraham propose une entrée dans son univers et son parcours de créateur avec une rencontre ponctuée de courts extraits dansés de son spectacle. Vendredi 4 juillet à 14 h 30 Grand Studio du BNM Entrée libre / Réservation indispensable au 04 91 99 00 20 ou [email protected]. Sortie de résidence Formation Coline / Colectivo Carretel Les danseurs de la formation Coline (Istres) et du collectif colombien Carretel présentent une restitution de leur travail collaboratif suite à leur semaine de résidence à Istres. Après cette sortie de résidence, Coline et Carretel présenteront leurs spectacles. Mercredi 25 juin à 18 h 30 KLAP Maison pour la danse Entrée libre/ Réservation indispensable au 04 91 99 00 20 ou [email protected] Répétition publique Vertigo Dance Company Vertigo 20 Vendredi 20 juin à 18 h 30 Le Silo Entrée libre / Réservation indispensable au 04 91 99 00 20 ou [email protected]. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 79 Un Festival engagé La Charte culture, un dispositif unique de billetterie solidaire Le Festival de Marseille fédère autour de lui un groupe de 8 partenaires mobilisés pour un même combat : celui de l’accès à la culture pour le plus grand nombre. Ainsi, depuis 2009, la Charte culture a permis à des milliers de Marseillais défavorisés de découvrir pour 1 euro symbolique des artistes, des lieux, des événements qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de fréquenter. Ensemble, ils ont éprouvé le plaisir d’être émus, troublés, amusés, bouleversés par la création contemporaine du monde entier. Le partenaire principal de la Charte Culture est ARTE Actions culturelles. Depuis 2009, la Charte Culture a reçu les soutiens de la Ville de Marseille, du Conseil général des Bouches-du-Rhône et de 6 mairies de secteur : 15/16, 13/14, 11/12, 9/10, 4/5 et 2/3. 2 000 places disponibles sur l’ensemble de la programmation : 2 000 places sont disponibles en 2014 sur l’ensemble de la programmation, mais plus qu’une mise à disposition de places à tarif très préférentiel, la Charte culture permet de tisser un réseau d’associations et d’établissements travaillant auprès des publics précarisés ou en situation de handicap. Le Festival de Marseille les accompagne tout au long de l’année avec des présentations de la programmation adaptées, des interventions de médiation, des ateliers de pratique artistique. Autant d’actions et de rencontres pour sensibiliser au spectacle vivant les personnes qui s’en tiennent à l’écart pour des raisons économiques, sociales ou de santé. Témoignages recueillis en 2013 : « En fait c’est la première fois que je peux venir voir un spectacle dans une salle comme ça. C’est quand même super de pouvoir accéder à des spectacles de grande qualité à ce tarif. » (jeune en structure de formation et d’insertion) « C’était vraiment génial. Les enfants étaient très calmes et attentifs. Je pense qu’ils ont vraiment été bluffés par les danseurs. On était au premier rang en plus. Merci encore, ce sont des moments inoubliables pour eux comme pour moi. » (un professeur des écoles en zone d’éducation prioritaire) « Je souhaitais vous remercier pour votre implication et votre disponibilité dans ce projet d’accès à la culture pour tous. La danse contemporaine m’a toujours attiré mais je n’ai jamais osé, grâce à vous je me suis jeté à l’eau et j’ai découvert un univers qui m’a fasciné. J’ai voyagé dans le monde artistique de ces chorégraphes et danseurs que je ne connaissais pas. Aujourd’hui je garde une part de l’imaginaire de ces artistes en moi, grâce à vous. » (un spectateur déficient visuel) Pour plus d’informations sur le dispositif Charte culture et sur les actions de sensibilisation, contactez Julie Moreira-Miguel au 04 91 99 02 56 ou [email protected]. PAGE 80 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 La culture dépasse le handicap Le Festival de Marseille met en œuvre une politique d’accessibilité saluée par des centaines de spectateurs en situation de handicap tant pour sa qualité que pour l’étendue des propositions artistiques adaptées. Il est soutenu dans cette démarche par la Fondation de France et la Division des personnes handicapées de la Ville de Marseille. Des ateliers gratuits de danse intégrée mêlant danseurs valides et handicapés Des ateliers de danse-contact seront animés par Hai Cohen, danseur en fauteuil, et la danseuse valide Tali Wertheim dans le cadre du programme Power of Balance développé par la Vertigo Dance Company. Un atelier sera également mené par Éric Languet, chorégraphe et ancien danseur de l’Opéra de Paris, qui mène depuis 2004, avec la compagnie Danses en l’R, une reflexion sur les notions d’intégration et d’inclusion et le rapport entre accessibilité et excellence. Il présentera son spectacle Attention Fragile, duo pour une danseuse valide et un jeune danseur en fauteuil, Wilson Payet, qui animera avec lui cet atelier ouvert à des danseurs valides et des danseurs à mobilité réduite. Pour que le handicap ne soit plus un frein dans l’accès à l’art et la culture, le Festival de Marseille propose des rencontres publiques adaptées en Langue des signes, des boucles magnétiques pour les malentendants, des spectacles en audiodescription, des ateliers de pratique artistique intégrés, une communication numérique et Du théâtre avec des comédiens sourds et aveugles papier spécifique… Adina Tal s’est lancé ce défi. Le résultat est unique et puissant. La metteuse en scène israélienne animera un atelier et une conférence autour du travail exceptionnel qu’elle mène auprès des extraordinaires comédiens du Nalaga’at Theatre de Tel-Aviv. Les spectateurs sourds ont naturellement accès à la majeure partie des spectacles en raison de leur caractère très visuel. Toutes les rencontres publiques sont adaptées en Langue des signes. De plus, une médiatrice sourde a rejoint cette année l’équipe du Festival pour mener des actions de sensibilisation en LSF. La pièce Raymond sera rendue accessible aux spectateurs déficients visuels grâce aux Souffleurs d’images formés par le CRTH. Deux spectacles seront également proposés en audiodescription : 80 000 000 de vues de Nathalie Négro, Eli Commins et Alexandros Markeas et In a world full of butterflies… de Robyn Orlin. Pour les personnes malentendantes, appareillées ou non, tous les lieux de spectacles sont équipés d’un système d’amplification adapté. Et bien sûr, l’accessibilité physique des spectacles est garantie pour les personnes à mobilité réduite. Le Festival de Marseille propose également cette année un ensemble d’événements et d’actions liés au handicap et à l’accessibilité. Des ateliers en milieu hospitalier par la compagnie Pianoandco La compagnie Pianoandco proposera des ateliers d’écriture slam, de musique et de vidéo au Centre Hospitalier Valvert ainsi qu’à l’Espace Méditerranéen de l’Adolescence. Une restitution aura lieu dans les jardins de l’EMA avec la participation de Nathalie Négro au piano et Sonia Wieder-Atherton au violoncelle. Pour plus de détails sur les événements et l’accessibilité, contactez Julie Moreira-Miguel au 04 91 99 02 56 ou [email protected]. Pour les personnes sourdes, contactez Fathia Haski par SMS au 07 85 28 38 44 ou [email protected] Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 81 Les actions éducatives et culturelles Le Festival de Marseille renforce chaque année les actions à destination des publics jeunes. Le parcours Dance is a weapon Des partenariats sur la durée En 2014, Dance is a weapon, projet conventionné par l’Académie d’Aix-Marseille, explore la manière dont la danse peut constituer un art engagé dans la défense de la liberté ; des interventions sont menées par le Festival au sein de classes du primaire au lycée et des ateliers de danse sont animés par la compagnie Itinerrances, dirigée par Christine Fricker. Nous travaillons depuis 2012 avec la web radio dont dispose l’EMA, Espace méditerranéen de l’adolescence, structure pédopsychiatrique au sein de l’hôpital Salvatore : Christophe Haleb, chorégraphe de la compagnie LA ZOUZE intervient entre décembre 2013 et avril 2014 auprès des adolescents sur des ateliers d’improvisation artistique. Un blog a été mis en place pour suivre l’avancement du projet http://projetdanceisaweapon.wordpress.com/ Pour plus d’informations contactez Aurore Frey, chargée de de relations avec les publics de l’éducation au 04 91 99 00 28 ou [email protected]. Deux restitutions sont prévues : 23 et 24 juin à 18 h Inventaires des corps mouvementés Esplanade du Théâtre Joliette-Minoterie Nos axes d’intervention Les parcours de spectateurs Les parcours de spectateurs ont pour but de développer l’écoute et le regard ; ils permettent de découvrir les métiers du spectacle, l’histoire de la danse ou de préparer la venue à un spectacle. Ces parcours spectacles se découpent en plusieurs temps, selon la formule choisie : - rencontre(s) avec la classe et la chargée de relations avec les publics de l’éducation pour présenter : un spectacle en particulier, le Festival, les métiers du spectacle, l’histoire de la danse, ou intervenir sur une thématique plus précise en lien avec la programmation… Nous choisissons les axes d’intervention avec les équipes pédagogiques. - visite des coulisses - spectacle(s) - rencontre avec les artistes à l’issue des représentations - possibilité de rencontre en aval pour échanger sur le spectacle vu Des ressources en téléchargement libre sont disponibles sur notre site internet (festivaldemarseille.com accès dédié Scolaires) PAGE 82 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 INFOS PRATIQUES Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 83 Tarifs et réservations Réservations À la billetterie du Festival 17, rue de la République, Marseille 2e (3e étage) Jusqu’au 18 juin : du mardi au samedi - 11 h - 18 h Du 19 juin au 12 juillet : tous les jours - 11 h - 18 h Métro 1 : arrêt Vieux-Port Tram 2 : arrêt Sadi Carnot Parking : Vinci Park République En ligne festivaldemarseille.com Par téléphone +33 (0)4 91 99 02 50 Aux horaires d’ouverture de la billetterie du Festival Abonnements Abonnement 3 spectacles : 65 € 3 spectacles dont au moins 1 spectacle B + chaque spectacle supplémentaire à 20 € (spectacles A) et 15 € (spectacles B) Abonnement 2 spectacles : 45 € 1 spectacle A + 1 spectacle B Carte Flux, 5e édition 6 festivals marseillais s’associent = 6 sorties pour 45 € = 1 manifestation par festival Sur le lieu du spectacle 1 h avant le début de la représentation, dans la limite des places disponibles. Règlement par chèque ou en espèces uniquement Pour les personnes sourdes Par SMS au 07 85 28 38 44 ou par mail à [email protected] Et auprès de nos partenaires Espaceculture_Marseille 42, la Canebière, Marseille 1er Tél. 04 96 11 04 61 espaceculture.net Office de Tourisme et des Congrès 11, la Canebière, Marseille 1er Tél. 0826 500 500 (0,15 €/min) marseille-tourisme.com Réseau Fnac Fnac, Carrefour, Géant Casino Tél. 0892 683 622 (0,34 €/min) fnacspectacles.com Pour les tarifs de groupe (à partir de 10 personnes) et les comités d’entreprise contactez Elena Bianco au 04 91 99 00 29 ou [email protected]. Pour les groupes scolaires contactez Aurore Frey au 04 91 99 00 28 ou [email protected]. Pour les personnes en situation de handicap contactez Julie Moreira-Miguel au 04 91 99 02 56 ou [email protected]. Pour les personnes sourdes, contactez Fathia Haski par SMS au 07 85 28 38 44 ou par mail à [email protected]. Digitick Tél. 0892 700 840 (0,34 €/min) digitick.com PAGE 84 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Dates Lieu Type Plein tarif Vertigo 20 Vertigo Dance Company 19/20 juin 21 h Le Silo A Attention fragile Danses en l’R - Cie Éric Languet 23/24 Juin 19 h Esplanade Théâtre Joliette-Minoterie Entrée libre In a world full of butterflies… Robyn Orlin 23/24 Juin 21 h Théâtre Joliette-Minoterie B 20 € 15 € 10 € Teahupoo Emanuel Gat - Formation Coline Cuatro puntos Colectivo Carretel 25 juin 21 h Klap HA* 10 € 10 € 10 € Mirror and Music Saburo Teshigawara / Karas 26/27 juin 21 h Le Silo A Cat. 1 : 31 € Cat. 1 : 20 € Cat. 2 : 25 € Cat. 2 : 15 € 10 € Ubu and the Truth Commission Handspring Puppet Company William Kentridge 28/29/30 juin 21 h Théâtre Joliette-Minoterie B 20 € 15 € 10 € Badke KVS & les Ballets C de la B & A. M. Qattan Foundation 30 juin/1er juillet 21 h Grand Studio du BNM B 20 € 15 € 10 € Raymond KVS & Théâtre National 2/3 juillet 21 h Théâtre Joliette-Minoterie B 20 € 15 € 10 € Pavement Kyle Abraham / Abraham.In.Motion 3/4 juillet 21 h Grand Studio du BNM B 20 € 15 € 10 € Nederlands Dans Theater 2 Gods and Dogs Postscript Cacti 4 juillet 21 h Le Silo A Cat. 1 : 31 € Cat. 1 : 20 € Cat. 2 : 25 € Cat. 2 : 15 € 10 € 80 000 000 de vues Nathalie Négro (PIANOANDCO) Eli Commins / Alexandros Markeas 5/6 juillet 21 h Théâtre Joliette-Minoterie B 20 € 10 € Ballet National de Marseille Création 2014 Richard Siegal Tamago Leonard Eto et Yasuyuki Endo 8 juillet 21 h Le Silo A Cat. 1 : 31 € Cat. 1 : 20 € Cat. 2 : 25 € Cat. 2 : 15 € 10 € Diario de una crucifixión Tino Fernández – Cie l’Explose 9/10/11 juillet 21 h Théâtre du Lacydon HA* 10 € 10 € Bosque Ardora Rocío Molina 12 juillet 21 h Le Silo A Cat. 1 : 31 € Cat. 1 : 20 € Cat. 2 : 25 € Cat. 2 : 15 € (1) Tarif réduit : demandeurs d’emploi (2) Tarif préférentiel : moins de 26 ans & bénéficiaires des minima sociaux * Hors abonnement Tarif réduit(1) Tarif Accessibilité préférentiel(2) SPECTACLES Cat. 1 : 31 € Cat. 1 : 20 € Cat. 2 : 25 € Cat. 2 : 15 € 15 € 10 € 10 € 10 € Tous les lieux de spectacles sont accessibles aux personnes à mobilité réduite et sont équipés d’une boucle magnétique. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 85 Les lieux du Festival Le Silo Théâtre Joliette-Minoterie 35, quai du Lazaret, 2e Tél. 04 91 90 00 00 silo-marseille.fr 2, place Henri Verneuil, 2e Tél. 04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr Tram 2 : arrêt Arenc Silo Métro 2 : arrêt Joliette Parkings : Espercieux et Arvieux Tram 2 : arrêt Euroméditerranée Gantès Métro 2 : arrêt Joliette Parkings : Espercieux et Arvieux Ballet National de Marseille Théâtre du Lacydon 20, boulevard de Gabès, 8e Tél. 04 91 32 72 72 ballet-de-marseille.com 3, montée du Saint-Esprit, 2e Métro 2 : arrêt Rond-Point du Prado Bus 19 et 83 : arrêt Prado Tunis KLAP Maison pour la danse 5, avenue Rostand, 3 Tél. 04 96 11 11 20 kelemenis.fr e Métro 2 : arrêt National Bus 89 : arrêt National/Loubon L’Alhambra Métro 1 : arrêt Vieux-Port Tram 2 : arrêt Sadi Carnot Parkings : Hôtel de Ville et République L’Alcazar – BMVR 58, cours Belsunce, 1er Tél. 04 91 55 90 00 bmvr.marseille.fr Métro 1 : arrêt Vieux-Port, Colbert - Noailles Tram 2 : arrêt Belsunce-Alcazar Parking : Centre Bourse 2, rue de Cinéma, 16e Tél. 04 91 03 84 66 alhambracine.com La Cité Radieuse Métro 2 : arrêt Bougainville + bus 36 : arrêt Rabelais frère Métro 2 : arrêt Rond-Point du Prado + bus 21 dir. Luminy arrêt Le Corbusier Parking de l’immeuble accessible au public 280, boulevard Michelet, 8e marseille-citeradieuse.org PAGE 86 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 87 Le Festival de Marseille en quelques mots Festival de premier plan dans le réseau international des grandes plateformes de la création contemporaine et référence sur son territoire, le Festival de Marseille affiche, depuis sa création en 1996, une programmation audacieuse et pluridisciplinaire. Voilà 19 ans qu’il réunit grands noms de la création internationale et artistes émergents : nombreux sont ceux qui ont fait leurs premiers pas au Festival et qui sont aujourd’hui invités sur les plus grands plateaux. Au cœur de sa programmation : la danse, que croisent le théâtre, la musique et les arts visuels. Festival nomade mais résolument ancré dans sa ville, il investit chaque année de nouveaux lieux ; engagé dans une véritable démarche citoyenne, il a fait de l’accès à la culture pour tous l’une de ses priorités. Le Festival, ce sont aussi des interventions en espace public, des performances, des ateliers de pratique artistique, des rencontres avec les artistes, des répétitions publiques, des rendez-vous en coulisses, des cycles de projection... Le Festival de Marseille assume avec fierté son rôle de passeur, de penseur, d’agitateur, et de rassembleur. PAGE 88 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Le Festival de Marseille, c’est... Un parti-pris pour la création grâce à une programmation audacieuse et pluridisciplinaire et de nombreuses coproductions et résidences avec des artistes régionaux, nationaux et internationaux. Anne Teresa de Keersmaeker, Alvin Ailey, Akram Khan, Ballet de l’Opéra National de Lyon, Bill T. Jones, Robert Cantarella, Frédéric Flamand, Emanuel Gat, Sidi Larbi Cherkaoui, Wim Vandekeybus, Nederlands Dans Theater, Robyn Orlin, Pierre Rigal, Alonzo King Lines Ballet, Catherine Marnas, Batsheva Dance Company, Joaquin Cortés, Eva la Yerbabuena, Merce Cunningham, Maceo Parker, Sasha Waltz, Big Soul, Sonia Wieder Atherton, Susheela Raman, Christian Rizzo, La Zouze _ Christophe Haleb, Willi Dorner, Yayoi Kusama, Peeping Tom… ont marqué de leur présence le Festival ces 18 dernières années. Un Festival nomade… … qui investit les lieux emblématiques de sa ville : structures culturelles phares, patrimoine urbain, architectural, industriel, sportif ou portuaire et espace public ; un Festival inventif et dynamique dans une ville protéiforme et aux multiples facettes. Il investit ces lieux de façon unique en programmant : - dans la piscine olympique du prestigieux Cercle des nageurs Waterproof et ses douze danseurs en apnée en 2007 - au cœur de l’activité du port industriel, au Hangar 15 entre deux quais de déchargement en pleine activité en 2008 : Anne Teresa de Keersmaeker avec Fase et Operation Orfeo d’Hotel Pro Forma Un Festival qui a fait de l’accès à la culture pour tous sa priorité Le Festival a mis en place un dispositif de billetterie solidaire unique, la Charte culture: il a permis d’offrir 2 000 places à 1 euro aux personnes aux revenus les plus modestes et ce grâce au soutien financier de nos partenaires et à l’implication des associations et structures relais. Une attention particulière aux spectateurs sourds et malvoyants avec des dispositifs d’accessibilité dédiés (boucles magnétiques, traduction en langue des signes française…) et pour la première fois à Marseille un spectacle de danse audio-décrit en direct pour l’ouverture du Festival. Des actions culturelles et pédagogiques dans plus d’une dizaine d’établissements scolaires : ateliers de pratique artistique, parcours spectacles, performances dansées… Un Festival en réseau avec les structures culturelles les plus significatives de sa ville Théâtre du Gymnase, La Criée, Le Merlan, le Ballet National de Marseille, l’Alcazar, l’Alhambra, Le Silo, et avec de nombreux festivals en France et en Europe aux côtés des plus grandes manifestations et structures de spectacle vivant. Fluxdemarseille, ce sont 6 festivals marseillais qui s’associent : Les Musiques 2014, un festival éclaté (GMEM) / marseille objectif DansE / Festival de Marseille _ danse et arts multiples / FID Marseille, Festival International de Cinéma / Festival Mimi (AMI) / Festival de Jazz des Cinq Continents. Ils offrent, grâce à la carte Flux la possibilité de naviguer d’un festival à l’autre. - dans la mythique salle Vallier, haut lieu de la boxe devenue l’un des lieux de vie du Festival ces dernières éditions, accueillant Alvin Ailey, Christian Rizzo ou Akram Khan... La Vieille Charité, le Musée d’ Art Contemporain de Marseille, l’Opéra de Marseille, le Théâtre des Bernardines, le Théâtre national de Marseille La Criée, le Théâtre du Gymnase, le Palais de la Bourse, les escaliers de la gare St Charles, le Ballet National de Marseille, le parc Henri Fabre, la Cité Radieuse - Le Corbusier, le parc et le théâtre de La Sucrière dans les quartiers Nord, le château Borély, le Palais du Pharo, l’Espace Villeneuve Bargemon, les cinémas (L’Alhambra, César, Variétés, Le Miroir), L’Alcazar - BMVR, le Pavillon Noir (Aix-en- Provence), le Centre Hospitalier Valvert, le Vieux Port, le Hangar 15 du Port Industriel de Marseille, La Friche la Belle de Mai, les plages du Prado, le Museum d’Histoire Naturelle, le Silo, la salle Vallier, le Cercle des Nageurs… ont accueilli artistes et spectateurs du Festival ces 17 dernières années. Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 - PAGE 89 le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction régionale des affaires culturelles, PREFET DE LA REGION PROVENCE - ALPES CÔTE D'AZUR le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction régionale des affaires culturelles, Partenaires le Conseil général des Bouches-du-Rhône. PREFET DE LA REGION PROVENCE - ALPES CÔTE D'AZUR le Conseil général des Bouches-du-Rhône. Pour la Charte culture, il reçoit le soutien des Actions Culturelles d'ARTE Le Festival de MarseillePour est la subventionné médias Charte culture,par il reçoit le Partenaires soutien des Actions Culturelles d' A RTE la Ville de Marseille, partenaire principal, de la Ville de Marseille et du Conseil général des Bouches-du-Rhône. QUA EST Depuis 2009, la Charte culture est soutenue par les mairies de secteurs des 15/16, 13/14, 11/12, 9/10, 4/5, 2/3. de la Ville de Marseille et du Conseil général des Bouches-du-Rhône. la Région Provence-Alpes-Côte d!Azur, Depuis 2009, la Charte culture est soutenue par les mairies de secteurs des 15/16, 13/14, 11/12, 9/10, 4/5, 2/3. LE GUIDE DE VOS SORTIES CULTURELLES Partenaires médias Avec le soutien de LE GUIDE DE VOS SORTIES CULTURELLES Partenaires médias le Ministère de la Culture et de la Communication, Direction régionale des affaires culturelles, Avec le soutien de Animés p ils ont inv La Chart places de fois enco pour une LE GUIDE DE VOS SORTIES CULTURELLES PREFET DE LA REGION PROVENCE - ALPES CÔTE D'AZUR Les Actio ensemble fécond. Avec le soutien de le Conseil général des Bouches-du-Rhône. Le Festival de Marseille est partenaire de LES ACTIO arte.tv/fr/3 Le Festival de Marseille est membre de Pour la Charte culture, ilLereçoit le de soutien Festival Marseille est partenaire de des Actions Culturelles d’ARTE Le Festival de Marseille est partenaire de Le Festival de Marseille est membre de 84 – 85 de la Ville de Marseille et du Conseil général des Bouches-du-Rhône. 84 – 85 Le Festival de Marseille est membre de Depuis 2009, la Charte culture est soutenue par les mairies de secteurs des 15/16, 13/14, 11/12, 9/10, 4/5, 2/3. PAGE 90 - Dossier de presse - FESTIVAL DE MARSEILLE _ danse et arts multiples - 19 juin/12 juillet 2014 Twitter : @ facebook. Photos et visuels HD téléchargeables sur www.festivaldemarseille.com (accès presse) Login : presse Mot de passe : edition19 Direction : Apolline Quintrand 17, rue de la République, 13002 Marseille - France + 33 (0)4 91 99 00 20 [email protected] festivaldemarseille.com partenaire principal