Services des pistes

Transcription

Services des pistes
R 402
RECOMMANDATION
Recommandation
de la CNAMTS adoptée
par le Comité Technique
National des Industries
des Transports, Eau-gazélectricité, Livre,
Communication,
le 28 novembre 2002.
CNAMTS (Caisse nationale
de l’assurance maladie
des travailleurs salariés)
Direction des risques
professionnels
Exploitation des domaines skiables
Services des pistes
SOMMAIRE
Difficultés rencontrées par les professionnels . . . . 5
Mesures de prévention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Introduction à l’étude des risques . . . 2
Déplacements au sol non motorisés . 7
Constatations d’ordre général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Paramètres spécifiques à la profession . . . . . . . . . . 2
Accidents et risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Mesure de prévention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Engins motorisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Travaux d’hiver . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Travaux d’aménagement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11
Utilisation des engins de travaux publics . . . . . . . 12
Utilisation des explosifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Héliportage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Déplacement du personnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Locaux de remisage et d’entretien . . 13
Chenillette de damage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Motoneige . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Quad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Personnel autorisé à conduire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Sauvetage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Communications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Équipement de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Postes de travail en altitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Cahier des charges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Production de neige de culture . . . . 14
Les accidents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Risques et mesures de prévention . . . . . . . . . . . . . . 14
Avalanches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Les causes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Travaux d’été . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
INTRODUCTION À L’ÉTUDE DES RISQUES
Entre 1985 et 1999, le personnel ayant une activité de service des
pistes a payé un lourd tribut, 25 morts pour les seuls salariés du
régime général de la Sécurité sociale au niveau national(1) dont :
10 lors de l’utilisation des engins (chenillette de damage, motoneige, quad, engin de TP),
10 par avalanche, naturelle ou provoquée,
3 suite à une chute à ski.
Il est à noter l’évolution préoccupante du nombre d’accidents lors
des déplacements sur la neige : à pied, à ski, en engin motorisé.
Ces accidents révèlent le problème général de maîtrise des risques
dans l’activité des services de pistes, compte tenu des particularités
de la profession et des problèmes qu'elle rencontre.
La maîtrise des risques passe par l’étude détaillée des différentes
situations de travail.
Constatations d'ordre général
Parmi les obstacles pour mettre en place une démarche de prévention, sont souvent cités par la profession :
des règles de sécurité non respectées,
des méthodes de travail non remises en question,
Aspect structurel
Selon les stations, les services des pistes ont des statuts différents :
entreprise privée,
service communal,
régie départementale,
SEM : Société d'Économie Mixte,
ce qui peut entraîner des modalités de prise de décisions différentes voire une moindre motivation à la prévention.
Aspect évolutif
modification rapide des conditions atmosphériques et d‘enneigement (naturel ou de culture),
augmentation de la polyvalence liée aux tâches multiples,
extension des domaines skiables,
vieillissement de la population du Service des Pistes.
C’est l’analyse des risques, effectuée sans complaisance, qui permettra, à terme, d’améliorer le niveau de sécurité de la profession :
risques mis en évidence par les accidents ou les incidents, rapportés par ceux qui y sont exposés ou qui les observent,
et traités par ceux qui ont le pouvoir de décision.
une trop grande confiance en soi, la banalisation du danger,
les exigences de rentabilité occultant les impératifs de sécurité,
les exigences croissantes de la clientèle,
ENGINS MOTORISÉS
le manque de personnel,
le manque de qualification et de formation du personnel,
Chenillette de damage
de l'information non diffusée,
la saisonnalité de l’activité et l’insuffisance de l’accueil des nouveaux embauchés,
le manque de condition physique et d’entretien hivernal de celle-ci.
Paramètres spécifiques à la profession
Certains paramètres sont à prendre en compte dans la compréhension des situations de travail. Ils peuvent être des éléments
aggravants dans la genèse des accidents. Les professionnels citent :
Aspect socio-économique
incertitudes liées aux conditions nivologiques,
Conception
L’évolution de la conception des chenillettes a permis d'améliorer
notablement les conditions de travail du personnel par :
la réduction du niveau sonore dans la cabine,
le confort et l'ergonomie du poste de conduite,
les équipements pour le travail de la neige, pour leur aptitude à
remplir une fonction et pour leur facilité de montage.
Néanmoins, nous pensons que l’expérience et les problèmes identifiés par les utilisateurs devraient être transmis de façon plus formalisée aux constructeurs afin d’être pris en compte.
pendant l’ouverture de la station, cohabitation entre ceux qui travaillent et ceux
qui sont en vacances,
le client attend du personnel un service
le plus large possible : disponibilité, bonne
humeur, attention, bienveillance et toutes
les pistes constamment ouvertes,
activités multiples dans les stations :
remontées mécaniques, commerce, hôtellerie, sport...,
travail à caractère saisonnier et turnover du personnel dans certaines stations,
services des pistes perçus comme non
rentables par rapport aux remontées
mécaniques qui vendent un service.
Chenillette transport
02
Recommandation
Recommandation R 402
Dameuse
Engin de damage avec treuil
Par exemple :
l'accès à la cabine, au plateau arrière,
le remplissage en carburant depuis le sol,
l’aménagement d'une cabine facilement montable sur le plateau arrière pour le transport occasionnel ou régulier du personnel,
associée à un accès sûr à cette cabine depuis le sol,
la standardisation des moyens de fixation des accessoires susceptibles d'être transportés sur le plateau arrière (container à
matériels et marchandises, rangements pour jalons et balises,
cabine de transport de personnes, moyens d'évacuation des
blessés...).
Treuil
Près de deux chenillettes de damage sur dix vendues actuellement
en sont équipées afin de pouvoir remonter la neige dans la pente.
Ces nouveaux équipements font apparaître de nouveaux risques
liés tant à leur propre technologie, qu’à leurs modes opératoires et
aux sites.
Problèmes liés à l’activité du dameur
Accéder au point d’ancrage et ancrer le câble de treuil nécessite de
sortir de la cabine et de descendre de la chenillette. Le dameur est
alors vulnérable, d’autant plus que l’accès à l’ancrage est difficile,
voire mal repéré.
Solutions de prévention possibles :
• plate-forme sensiblement horizontale autour de l’ancrage, hors
congère, hors glace,
• formation et glissement le long du câble de manchons de glace.
Dans tous les cas les conséquences ont été les mêmes : heurt de la
cabine par le câble, ou par l’objet détaché du sol ou glissant le long
du câble.
Mesures de prévention
Actuellement, des solutions existent :
• double pare-brise intérieur en polycarbonate, protection grillagée ; toutefois, il subsiste une interrogation quant à l’opportunité
de protection latérale,
• cabine FOPS (Falling Object Protective Structure ou structure de
protection contre les chutes d’objets),
• derniers mètres du câble colorés signalant l’extrémité de l’enroulement,
• alarme visuelle ou sonore alertant les tiers de la présence d’un
câble,
• éclairage dans l’axe du câble,
• cabine ROPS (Roll Over Protective Structure ou structure de protection au retournement),
• point d’ancrage de la machine résistant aux efforts auxquels il
sera soumis : bloc béton, pieu explosé...
Pour les chenillettes équipées de ceintures de sécurité, inciter le
personnel à toujours l’utiliser : elle maintient bien sur le siège dans
les zones à forte déclivité et évite d’être projeté contre le pare-brise
en cas d’arrêt brutal.
Il convient donc d’acheter des machines neuves à cabine ROPS,
équipées de ceintures de sécurité.
Conduite en sécurité
• extrémité de l’élingue d’ancrage rendue apparente et accessible
par suspension à un poteau dépassant de la neige.
Compte tenu des risques liés à l'utilisation de ce matériel et du
savoir-faire nécessaire à la qualité du travail, il est indispensable
que le personnel soit formé à l'utilisation des machines.
Problèmes liés au site
Peuvent conduire les engins de damage, les salariés :
Des incidents lors de travail au treuil, heureusement sans conséquence humaine, nous ont été rapportés. Dans un cas, lors de sa
mise en tension, le câble de traction s’est soulevé suffisamment
pour entraîner son contact avec une ligne électrique. Dans d’autres
cas, la levée du câble de traction a décâblé un téléski et même un
télésiège.
Par ailleurs, la présence d’un câble génère des risques pour les personnes amenées à se déplacer sur le domaine. Un conducteur de
motoneige est passé - sans dommage - sous un câble en tension.
Un pisteur secouriste a fait une chute à ski après avoir heurté un
câble à la hauteur de ses chaussures.
Autres incidents relatés
• rupture des attaches du câble,
• entraînement de cailloux ou de petits blocs rocheux par le
frottement du câble sur le sol,
dont l’aptitude médicale a été reconnue par le médecin du
travail,
ayant suivi une formation avec contrôle des connaissances sanctionné par une attestation d'aptitude à la conduite en sécurité des
engins (à titre d'exemple, voir celle proposée par le SNTF),
connaissant bien :
• le ou les différents engins qu’il est amené à utiliser et si nécessaire l’utilisation du treuil,
• le domaine skiable,
• les emplacements de garage,
• les conditions de circulation (itinéraires, croisements, sens
uniques, priorités, connaissances du PIDA (plan d’intervention
pour le déclenchement des avalanches...),
• les données météorologiques locales,
• l’organisation du travail : horaires, moyens de communications,
consignes particulières.
R 402 Recommandation
3
Au vu des trois conditions ci-dessus, la conduite de ces chenillettes
ne sera confiée qu’aux seuls conducteurs titulaires d’une “autorisation de conduite” écrite, délivrée par le chef d’entreprise
(cf Recommandation R 372).
Motoneige
La motoneige est très vite devenue chez les professionnels de la
neige un engin de déplacement et de transport très apprécié.
Rapide, maniable, elle contribue à l'amélioration des conditions de
travail, autant du personnel des Services des Pistes que de celui des
remontées mécaniques.
Cependant, plusieurs accidents graves, voire mortels, notamment
par retournement, et plusieurs plaintes de clients ont attiré l'attention sur les risques et les nuisances occasionnés par leur utilisation
de plus en plus généralisée.
Comme toujours la prévention doit être réfléchie et organisée le
plus en amont possible.
prescriptions uniformes relatives à l’homologation des casques
de protection et de leurs écrans pour conducteurs et passagers de
motocycles(1), si possible avec dispositif radio incorporable,
• lunettes ou écran,
• vêtements contre le froid pour le corps et gants pour les mains
(tenir compte de l’effet vitesse), visibles de loin.
Conduite
• avoir en permanence le souci d’être vu : prévoir ou mettre en
place un feu à éclats, un avertisseur sonore, un fanion,
• s'assurer du bon fonctionnement des commandes et du coupecircuit relié au poignet et le porter systématiquement même
pour de petits parcours,
• veiller à ce que l’engin soit immobilisé le plus horizontalement
possible, si nécessaire en ayant prévu l’aménagement d’une aire,
avant de le quitter,
• ne transporter les charges encombrantes qu'à l'aide d'une
remorque-traîneau assurant leur arrimage et reliée par un attelage rigide sécurisé.
Circulation
Conception
Engin initialement conçu pour les vastes plaines enneigées du
continent nord-américain, son adaptation aux sites montagnards
européens n'est peut être pas encore suffisamment prise en
compte par les constructeurs.
Certaines dispositions techniques permettent d’améliorer la sécurité des utilisateurs de ce matériel :
• établir un plan de circulation,
• faire connaître ce plan aux conducteurs,
• repérer autant que possible les circuits sur le terrain par un balisage visible et permanent.
Une corde tendue même fluorescente est toujours dangereuse :
pour fermer une piste ou baliser un obstacle, utiliser de préférence
des filets, ou éventuellement des jalons.
pare-brise en plexiglas très souple ne cassant pas,
arceau ou toute autre solution protégeant le conducteur,
poignées de maintien, repose-pieds, dosseret pour le passager, si
la notice du constructeur prévoit que la motoneige peut transporter 2 personnes,
limitation et contrôle de la vitesse sans perte de puissance,
modification de la chaîne cinématique pour que le freinage
demeure efficace même en cas de rupture d’un élément,
dispositif d’arrêt type bêche ou griffes latérales à sécurité positive, asservi à la présence du conducteur par l’intermédiaire de la
câblette fixée à son poignet,
Quad
A l’origine, le quad n’est pas un engin conçu pour circuler sur la
neige : son utilisation y est dangereuse :
le centre de gravité est plus haut,
il a tendance à tirer tout droit sur la neige,
l’inclinaison du corps a moins d’influence que sur la motoneige.
La tendance naturelle est d’emprunter le même itinéraire, quelle
que soit la saison ou quel que soit l’engin ; or où l’on passe en
motoneige, on ne passe pas forcément en quad !
démarreur électrique,
poignées chauffantes,
rétroviseurs,
prise électrique pour dégivrage de casque,
moyens spécifiques de maintien et d'arrimage des charges.
Utilisation
A partir des risques et nuisances mis en évidence dans
plusieurs stations, les utilisateurs ont mis en œuvre
différentes actions telles que :
Formation à la conduite
L'employeur assure ou fait assurer la formation à la
conduite en sécurité et délivre une “autorisation de
conduite” (voir chenillette de damage p. 2).
Équipement du conducteur
• casque de protection pour conducteur et passager de
motoneige selon pr EN 13781 ou casque type moto
conforme à la norme NF S 72-305 ou casque selon les
(1) selon les dispositions du règlement 22 des Nations Unies.
4
Recommandation R 402
Personnel autorisé à conduire
Pour maîtriser les risques liés à l’utilisation des différents engins, il
importe de considérer l’activité réellement exercée, de faire l’inventaire des tâches et des déplacements à effectuer afin d’y affecter
les moyens nécessaires :
de transport,
de secours,
de communication,
et de doter les utilisateurs des équipements individuels dont ils ont
besoin, par exemple :
tenue vestimentaire adaptée au froid,
chaussures ou bottes de neige antidérapantes en évitant autant
que possible les chaussures de ski,
pour motoneige l’hiver ou quad l’été : casque, étui pour porter la
radio sur soi,
pour chenillette de damage avec sortie pour ancrage : crampons
légers, petit piolet pour dégager l’ancrage, étui pour loger la radio
et procédure d’intervention.
La démarche consistant à prendre en compte l’activité réellement
exercée permet également :
de rationaliser les déplacements,
de limiter les utilisations sauvages en définissant la gestion des
clés de contact,
et de pouvoir établir et gérer la liste du personnel titulaire autorisé à conduire et/ou à emprunter en tant que passager les différents engins.
Difficultés rencontrées par les professionnels
L’inventaire des difficultés rencontrées par les professionnels
montre le chemin qui reste à parcourir pour maîtriser les risques
dans cette activité.
Déclenchement des avalanches
difficulté d’appréciation de la situation et des mesures à prendre
(grande marge d’incertitude),
récupération des charges non explosées,
accès difficile (aller et retour) aux points de tir,
tentation de déclencher skis aux pieds,
pression des clients et des services environnants (école de ski,
remontées mécaniques, commerces...),
AVALANCHES
Les causes
L'analyse des compte rendu d’accidents met en évidence des causes
multiples :
avalanche naturelle non répertoriée ou d'ampleur inhabituelle,
mise en service des remontées mécaniques alors que les déclenchements d'avalanches ne sont pas terminés,
avalanche déclenchée par des skieurs évoluant dans la zone
interdite au public pendant la mise en œuvre du PIDA,
évacuation par les pisteurs de personnes se trouvant en zone
dangereuse,
non déclenchement après tirs successifs (compte tenu des
conséquences sur l'ouverture des pistes),
dispositifs de recherche et de repérage insuffisants, inadaptés,
PIDA parfois difficile à respecter, compte tenu des contraintes
d’effectif, de délai...,
risques propres aux CATEX(1) :
accès aux zones en hauteur (échelles, matériel à monter),
protection des poulies,
incidents de tirs (mèche lente, descendeur...).
(1) Câble Transporteur d’Explosif.
déclenchement à ski volontaire ou involontaire,
positionnement des intervenants trop bas en raison des
contraintes d’accès, par économie de fatigue ou par perte de repères
dans le brouillard,
déclenchement artificiel provoquant une avalanche plus importante que d'habitude,
déplacement trompeur de la ligne de crête, sous l'effet du vent et
de la neige,
redoublement d'avalanches,
incident de tir à l'explosif (sur trois tirs alignés, les deux premiers
ne déclenchent rien, le dernier déclenche les trois zones simultanément),
intervention à pied ou en chenillette pour récupérer les charges
qui n'ont pas explosé,
explosion fortuite d'une charge pendant les préparatifs de mise
à feu.
R 402 Recommandation
5
Échelle européenne de risque d’avalanche
à l’intention du public pratiquant la montagne hors des pistes balisée et ouvertes
1
2
3
INDICE
DU RISQUE
STABILITÉ
DU MANTEAU NEIGEUX
PROBABILITÉ
DU DÉCLENCHEMENT
FAIBLE
Le manteau neigeux
est bien stabilisé
dans la plupart des pentes.
Les déclenchements d’avalanches
ne sont en général possibles que
par forte surcharge3 sur de très rares
pentes raides1. Seules des coulées
ou petites avalanches peuvent
se produire spontanément.
LIMITÉ
Dans quelques2 pentes suffisamment
raides, le manteau neigeux n’est que
modérément stabilisé.
Ailleurs, il est bien stabilisé.
Déclenchements d’avalanches
possibles surtout par forte
surcharge3 et dans quelques pentes
généralement décrites dans
le bulletin. Des départs spontanés
d’avalanches de grande ampleur
ne sont pas à attendre.
Dans de nombreuses pentes
suffisamment raides, le manteau
neigeux n’est que modérément
à faiblement stabilisé.
Déclenchements d’avalanches
possibles parfois même par faibles
surcharge et dans de nombreuses
pentes, surtout celles généralement
décrites dans le bulletin.
Dans certaines situations, quelques
départs spontanés d’avalanches
de taille moyenne, et parfois assez
grosse, sont possibles.
Le manteau neigeux
est faiblement stabilisé
dans la plupart2 des pentes
suffisamment raides.
Déclenchements d’avalanches
probables même par faible
surcharge3 dans de nombreuses
pentes suffisamment raides.
Dans certaines situations,
de nombreux départs spontanés
d’avalanches de taille moyenne, et
parfois assez grosse, sont à attendre.
L’instabilité du manteau neigeux
est généralisée.
De nombreuses et grosses
avalanches se produisant
spontanément sont à attendre
y compris en terrain peu raide.
MARQUÉ
4
FORT
5
TRÈS FORT
1• Pentes particulièrement propices aux avalanches en raison de leur déclivité, de la configuration du terrain,
de la proximité des crêtes…
2• Les caractéristiques de ces pentes sont généralement précisées dans le bulletin : altitude, exposition,
topographie…
3• Surcharge indicative : forte (par exemple skieurs groupés) ou faible (par exemple skieur isolé, piéton).
Le terme déclenchement concerne les avalanches provoquées par surcharge, notamment par le(s) skieur(s).
Le terme départ spontané concerne les avalanches qui se produisent sans action extérieure.
Secours, localisation, communication
sélection du type d’ARVA(1),
incompatibilité, manque de fiabilité de ces équipements,
formation incomplète à l’utilisation,
composition du sac d’intervention : pelle, sonde, couverture de
survie...,
repérage et suivi des différentes équipes disséminées sur le
domaine skiable.
Utilisation des explosifs
différence d'utilisation entre l'hiver (avalanches) et l'été (travaux
publics),
conditions de mise en œuvre en altitude (froid, orage),
transport et stockage des explosifs,
nature et conditionnement de l’explosif,
danger pour récupérer ou traiter sur le site les charges non
explosées.
Poste de déclenchements des avalanches…
Mesures de prévention
Toutes les mesures de prévention figurant dans la Recommandation R 324 “Déclenchement artificiel des avalanches” doivent
être prises en compte.
De plus, l’expérience de ces dernières saisons a prouvé que
même en basse altitude, il est indispensable que chaque intervenant
soit équipé, outre l’ARVA, d’un sac d’intervention comprenant au moins
une sonde, une pelle à neige et une couverture de survie.
Pour une personne ensevelie sous une avalanche, chaque seconde
compte.
Chaque membre de l’équipe d’intervention doit être doté d’un
moyen de communication (cette préconisation va aujourd’hui plus
loin que celle contenue dans la Recommandation R 324).
Des informations de qualité sur les paramètres météorologiques
et l’état de la neige doivent être recueillies et faire l’objet d’une
large diffusion auprès du personnel concerné.
Le contrôle périodique des ARVA doit être assuré par une personne compétente et faire l’objet d’un enregistrement.
Des exercices réguliers d’entraînement sont nécessaires.
(1) Appareil de Recherche de Victime d’Avalanche
6
Recommandation R 402
Plus globalement, en application des principes généraux de prévention, il importe que :
de prévenir le déclenchement des avalanches à l’aide d’ouvrages
retenant la neige : filets, claies, râteliers,
à défaut, d’utiliser un moyen de déclenchement à distance n’exposant pas le pisteur : CATEX, GAZEX (2), canon avalancheur,
AVALHEX(3),
en dernier recours, si le déclenchement de proximité est nécessaire, d’assurer la sécurité lors de l’accès aller et retour et sur le
point de tir.
et rendre les plates-formes antidérapantes,
• Aménager les postes de remplissage des flèches de canon-avalancheur, ...
le transport des charges doit se faire de préférence à l'aide des
installations fixes ou des chenillettes ou des motoneiges, être organisé et planifié aux moments les plus favorables.
Équipement personnel du pisteur-secouriste
Les skis, les fixations et les chaussures sont des outils de travail
pour le pisteur-secouriste au même titre que sa combinaison.
DÉPLACEMENTS AU SOL NON MOTORISÉS
Accidents et risques
Déplacement à ski
Les déplacements à ski représentent environ 40 % de l’activité du
pisteur-secouriste. Ils sont à l'origine d’un accident sur trois (chute,
collision...), toutes activités confondues (remontées mécaniques et
service des pistes). Certains de ces accidents peuvent entraîner de
lourdes incapacités de travail.
Risques
Ils sont aggravés par :
le transport de charges (palans, balises...),
la mise en œuvre du matériel d'évacuation des blessés,
un matériel (skis, chaussures, fixations) inadapté,
une condition physique insuffisante,
S’il n’est généralement pas nécessaire d’attirer l’attention sur les
vêtements et les skis parce qu’ils sont porteurs d’un look, de
l’image de la station, il en est tout autrement des chaussures : il
n’est qu’à constater leur état sur les râteliers de séchage. Sans
doute parce que l’implication des décideurs est différente d’un
équipement à l’autre :
Les vêtements sont de qualité, le personnel est impliqué dans la
définition des besoins et dans le choix,
Les skis sont souvent fournis par l’employeur, parfois sous forme
d’accords avec les fabricants ou les distributeurs,
Les chaussures sont souvent choisies à titre individuel sans
regard des décideurs.
Suite à l’étude menée auprès de 37 stations pendant les saisons
94/95 et 95/96 par les CRAM, différentes réflexions menées avec
les professionnels ont mis en évidence, entre autres, le besoin :
de faire évoluer la conception des chaussures afin qu’elles satisfassent mieux à la double fonction : pratique du ski et marche à
pied,
d’améliorer la compatibilité de l’ensemble ski/fixations/chaussures,
et la nécessité de vérifier les réglages des déclenchements des fixations
au début et en cours de saison.
de mauvaises conditions nivo-météorologiques.
Déplacement à pied
Risques
Pendant les 60 % du temps de travail où les pisteurs-secouristes ne
sont pas à ski, ils conservent cependant aux pieds leurs chaussures
de ski. Les accidents au cours de leurs déplacements sont nombreux : glissades de plain pied ou avec dénivelé :
à l’intérieur des locaux,
sur les zones de cheminement extérieures,
lors des secours sur pistes,
lors des montées aux pylônes (CATEX, appareil de remontées
mécaniques...),
Mesures de prévention
Aménagements collectifs
Ils résultent de l'analyse des situations de travail prenant en
compte les accidents de travail survenus :
l'organisation des déplacements doit viser à les limiter afin de
réduire l'exposition aux risques :
• Dégager, sabler, saler les accès les plus empruntés,
• Aménager les entrées et sorties des postes de secours et autres
locaux (caillebotis, tapis antidérapant,escalier avec main courante...),
• Prévoir ou ramener les gares de CATEX au niveau du sol enneigé
(2) Système à Explosion de Gaz
(3) AVAlancheur Hydrogène AIR
R 402 Recommandation
7
Polyvalence des chaussures
Compte tenu de l’utilisation alternée des chaussures tant pour la
marche à pied ou l’accès à des structures que pour les déplacements à ski, il apparaît judicieux de concevoir une chaussure polyvalente.
Dans ce sens, le service Prévention de la CRAM Rhône-Alpes a synthétisé les besoins exprimés en divers CHSCT1) par les utilisateurs,
sous la forme d’un cahier des charges de la chaussure idéale, dont
les clauses sont les suivantes :
Portée 8 heures par jour, 5 jours par semaine, pendant une saison
d’environ 4 mois, n’occasionne ni inconfort majeur, ni trouble vasculaire, ni échauffement inconsidéré dû au frottement,
Conforme à la norme ISO 5355,
Toute la surface de la semelle (à l’exception de la surface normalisée des patins impartie à la tenue des fixations) est en matériau
cranté antidérapant de type VIBRAM,
Ces secteurs antidérapants considérés comme des pièces d’usure
ont une durée de vie minimum d’une saison pleine d’utilisation 5
mois x 30 jours x 8 heures et sont facilement remplaçables,
La marche est aisée grâce à une double position marche ou ski
facilement permutable,
La partie centrale de la semelle évite l’accumulation de neige
(phénomène de la botte de neige) lors de marche et présente un
redan permettant la butée de la chaussure lors de l’ascension
d’une échelle verticale,
Le chaussage est aisé,
Elle est légère,
Le serrage du pied se fait avec des crochets à réglage micrométrique,
Le chausson interchangeable est facile à ôter et à remettre en
place,
Elle est imperméable à l’eau et permet à l’utilisateur de ne pas
avoir froid aux pieds.
Sur la base de ce cahier des charges, le Service Prévention travaille
actuellement avec les fabricants de chaussures pour obtenir un
produit mieux adapté aux besoins de la profession.
Entretien des chaussures
De même que les semelles des skis sont régulièrement bien entretenues, il convient de veiller avec la même attention au maintien
de la qualité des semelles de chaussures en changeant autant
que nécessaire les patins
d’usure (talonnettes, extrémités avant...) suivant les
préconisations des fabricants.
selon les interlocuteurs, des positions très tranchées - bien que
contradictoires - sur le degré de réglage,
des comportements qui évoluent parfois à la suite d’une atteinte
grave (type rupture du ligament croisé antérieur du genou) et qui
permettent de constater que la descente d’une barquette est tout
à fait possible avec des fixations non bloquées,
une modification des seuils de déclenchements de la fixation
due à la fréquence de son utilisation.
Les fabricants respectent les processus de réglage normalisés en fonction de 3 paramètres chiffrés (poids, taille, longueur de la semelle de
chaussure), et 2 paramètres correcteurs (âge et manière de skier).
Ces valeurs, qui font l’objet de la norme ISO 11088 (voir tableau cidessous), ont été déterminées expérimentalement pour ne pas
déclencher intempestivement et pour déclencher - sur un effort sans créer de traumatisme.
Il s’avère donc nécessaire :
en début de saison, et plusieurs fois en cours de saison (suivant
les prescriptions des fabricants) :
• de vérifier le niveau de déclenchement des fixations,
• et corriger le réglage (le cas échéant).
entre chaque saison, d’effectuer un stockage correct et un entretien, qui, selon les fabricants, consiste à :
• détendre les ressorts de tension des butées avant et arrière,
• nettoyer l’intérieur de ces fixations de toute trace de terre, de sable...
Ne jamais “clipper” les chaussures dans leurs fixations durant le
stockage d’été.
Réglage des fixations
On n’en parle généralement
pas parce que chacun pense
que c’est une connaissance
acquise.
En fait, on constate :
au cours de la formation de
pisteur-secouriste 1er degré :
une certaine méconnaissance de la nécessité d’avoir
des fixations bien réglées,
(1) Comité d’hygiène, de sécurité
et des conditions de travail
8
Recommandation R 402
Contrôle manuel
du réglage de la talonnière.
Les équipements permettant la vérification
du bon réglage des fixations peuvent être :
Valeurs données par la table de réglage
soit du type clé de
contrôle
dynamométrique, avec ou sans affichage digital du seuil,
soit du type banc de
réglage avec édition d’un
enregistrement de la
mesure.
Prévention
des accidents
musculaires
et articulaires
Avant la saison
Une saison de ski se
prépare ! Les exigences
physiologiques du ski
alpin doivent inciter le
professionnel à travailler
son aptitude physique
sur trois points dès
l’automne :
Entraînement aérobie
(course à pied, notamment en dénivellation),
Entraînement de la
force musculaire, avec
des activités proches du
ski (cyclisme, VTT, musculation...),
Travail de la souplesse
(étirements).
Pendant la saison
Le métier de pisteursecouriste comporte des
phases actives avec
parfois des charges physiques
très
élevées
(secours, déclenchements,
ascensions de pylônes...) et
des
phases
plus
passives (surveillance,
permanences secours...).
La prévention des lésions musculaires et articulaires, fréquentes
dans ce métier, peut se faire à deux niveaux :
Santé globale
Comme tout sportif de haut niveau, le pisteur secouriste doit gérer
son capital santé et être attentif particulièrement aux points suivants :
• Le sommeil et la récupération physique,
• Une hydratation et une alimentation équilibrées et adaptées
aux besoins. Le ski alpin sollicite à la fois les métabolismes aérobies et anaérobies. Une alimentation permettant de recharger
les muscles en glycogène (glucides lents et rapides) doit être privilégiée, notamment la veille d’une journée potentiellement
physique,
• Éviter les abus d’alcool, de tabac, de médicaments,
• Travail quotidien d’étirements musculaires passifs (stretching),
en insistant notamment sur le quadriceps et les ischiojambiers.
Au poste de travail
Beaucoup d’accidents du travail surviennent en fin de poste et/ou
après une longue phase de travail statique, alors que l’organisme
n’est pas encore en condition. Quelques règles simples de prévention gagneraient à être appliquées :
Échauffement musculaire
Primordial, il élève la température interne du muscle, favorise les
échanges d’oxygène entre le sang et les tissus (muscles, tendons),
augmente la capacité de travail physique. Il doit être réalisé juste
avant de chausser les skis et être d’autant plus intense qu’il est bref
(au minimum 5 minutes).
R 402 Recommandation
9
Durée et intensité doivent être d’autant plus augmentés que la
température est basse et l’habillement léger.
Étirements
Privilégier quadriceps et ischiojambiers, notamment en effectuant
du :
• stretching d’échauffement : l’étirement de quelques secondes
permet d’augmenter l’élasticité tissulaire et ligamentaire,
• stretching de fin de journée ou de fin d’activité physique : appliquer la technique du “contracté - relâché - étiré” 4 à 6 fois :
- contraction statique maximale de 6 secondes,
- relâchement musculaire de 6 secondes,
- puis étirement progressif à vitesse lente maintenu 30 secondes.
Hydratation
Le froid, l’activité musculaire intense, et le faible degré d’hygrométrie en altitude sont des facteurs importants de perte hydrique.
La déshydratation qui en résulte diminue la capacité des performances physiques, d’un point de vue musculaire et cardio-vasculaire, et de ce fait, majore le risque d’accidents.
Une hydratation régulière et fractionnée au cours de la journée
doit être un souci permanent chez les personnels des services des
pistes, sans attendre la sensation de soif (il est alors trop tard).
Le besoin minimal en eau est de 2,5 à 3 litres par jour auquel il faut
rajouter 1 litre pour des altitudes supérieures à 2 000 mètres.
parfois dans des conditions météorologiques défavorables.
Pour répondre à ces contraintes, le sauvetage qui doit faire appel à
des comportements réflexes nécessite :
la formation des pisteurs-secouristes dans le cadre du diplôme,
l’entraînement à l’utilisation du matériel de secours (barquettes,
traîneaux, moyens radio...),
la connaissance des risques liés aux remontées mécaniques,
la coordination avec le personnel d'exploitation des remontées
mécaniques et avec les autres services publics de secours au cours
d’exercices permettant des simulations de situations,
une anticipation sur les risques encourus pendant l’intervention
(sauvetage dans un couloir d’avalanche, derrière une rupture de
pente...),
et l’entretien du matériel.
Pour les personnels prévus dans les plans d’évacuation, l'entraînement régulier à l’évacuation des véhicules de téléportés (mise en
œuvre du plan d’évacuation), complété si possible par l’utilisation
d’équipements en salle, permettra d’acquérir le savoir-faire et les
comportements réflexes.
(Voir projet de norme européenne EN 1909 “Prescriptions de sécurité des installations
de transport à câble destinées aux personnes. Évacuation et sauvetage”.)
Communications
TRAVAUX D’HIVER
Sauvetage
Une des missions essentielles des services des pistes est de porter
secours à toute personne blessée ou en détresse sur le domaine
skiable, et dans certains cas, de participer à l’évacuation du public
lors de pannes de téléportés.
Cette mission peut exposer le personnel, entre autres, aux risques
d'avalanche, aux chutes avec dénivelé et ce d'autant plus que l'intervention se situe hors piste avec un caractère d'urgence et
10
Recommandation R 402
Les communications revêtent un caractère essentiel compte tenu
de la dispersion du personnel sur le domaine skiable et de l'impérative coordination entre les personnes, les services et les équipes
pour assurer aussi bien le travail courant que le sauvetage.
Il convient donc de veiller particulièrement :
à la qualité des transmissions liée aux choix des matériels
(nombre, implantation des relais, puissance) et de l’expression (se
nommer et parler de façon claire et précise),
à la qualité des informations transmises par l’utilisation de procédures de communication (réitération du message reçu, écoute
permanente des liaisons radio, connaissance de la localisation du
personnel sur le domaine skiable en fonction des tâches, affichage
d’informations dans les postes de secours),
à la maîtrise par le personnel du service des pistes du matériel et
des procédures (information, formation, exercices, entraînements),
à la bonne application
de ces dispositions par
des vérifications périodiques.
Équipement
de travail
Compte tenu du milieu
dans lequel travaillent le
personnel des services
des pistes, il est nécessaire que leur équipement vestimentaire soit
adapté aux situations
météorologiques locales
et aux tâches à accomplir.
Son maintien en état
nécessite le rangement
dans des vestiaires individuels, avec possibilité de
séchage. Pour les chaussures par exemple, il
existe sur le marché des
appareils de séchage avec aseptisant assurant de bonnes conditions de confort et d'hygiène.
Le séchage des gants et des tenues demandera à être rationalisé.
Ces conditions concourent à la sécurisation de l’activité pratiquée.
TRAVAUX D’ÉTÉ
La qualité du domaine skiable résulte aussi de l'intervention de
divers corps de métier durant la saison estivale, ce qui nécessite :
la réalisation de travaux d'aménagement (construction de bâtiments, débroussaillage, bûcheronnage, concassage...),
l'utilisation d'engins de travaux publics et de levage,
l’emploi d’explosifs,
l'héliportage (pose de lignes, paravalanches, buses...),
le déplacement des équipes vers leur lieu de travail et les liaisons
avec la station,
et ce, avec des délais de réalisation de plus en plus courts dans des
conditions climatiques difficiles, et des équipes de plus en plus
polyvalentes.
Le problème de la sécurité des salariés se pose donc également en
été, selon des risques proches de l’activité BTP avec la spécificité
liée au milieu de la montagne (pentes, foudre...).
Travaux d'aménagement
Divers travaux de montage d’installations de remontées mécaniques et d'aménagement sont réalisés par les Services des Pistes :
travaux de maçonnerie (réalisation de socles de pylônes, de bâtiments...),
élagage ou abattage d’arbres,
Postes de travail en altitude
préparation des pistes (concassage, épierrage, débroussaillage,
engazonnement),
Sur le domaine skiable, les abris destinés au personnel de services
des pistes doivent être aménagés et chauffés.
creusement des tranchées (alimentation en eau des canons à
neige, drainage...), réalisation de retenues d’eau.
Le chauffage électrique est préférable ; en cas d'impossibilité, le
chauffage au gaz n’est possible qu'avec des installations
réalisées conformément aux prescriptions des Professionnels Gaz
Naturel (PGN). La prévention des risques d’incendie et d’asphyxie
repose sur l’équipement de ces abris selon les normes applicables
aux véhicules habitables de loisir.
Mesure de prévention
En fonction des secteurs et de l’effectif concerné, prévoir des WC
dans certains de ces abris.
De préférence, séparer le local de secours du local de rangement
des matériels.
Il y a lieu de procéder à une préparation de chantier consistant en :
une étude spécifique des tâches,
des risques encourus et des moyens
de prévention à mettre en œuvre,
une formalisation par l’établissement d’un Plan de Prévention,
avec l’appui du coordonnateur SPS
(Sécurité Protection de la Santé) pour
les chantiers soumis à une telle disposition.
R 402 Recommandation
11
Utilisation des engins
de travaux publics
Les engins de travaux
publics présentent des
risques généraux aggravés
par les conditions d'utilisation particulières :
engin utilisé pour des
tâches non prévues par le
constructeur,
difficulté de manœuvre
sur les pistes (gabarit, résistance des sols) dans des
éboulis et dans les terrains
à forte déclivité ou instables,
matériels parfois anciens soumis à rude épreuve,
éloignement des garages pendant toute la durée des travaux, ne
permettant pas un entretien aisé,
dégradation brutale des conditions climatiques,
repli tardif de l’engin (de nuit, après premières chutes de neige...)
consécutif au retard dans l’exécution des travaux.
Mesures de prévention
La conduite en sécurité de ces engins nécessite :
une aptitude médicale reconnue par le médecin du travail,
une formation spécifique,
la délivrance d’une autorisation de conduite pour chaque
conducteur, dans chaque catégorie d‘engins.
Utilisation des explosifs
Il faut avoir présent à l’esprit que les quantités d’explosifs à utiliser
en hiver pour le déclenchement des avalanches et en été pour les
travaux d’aménagement sont très différents, ce qui nécessite,
comme mesures de prévention (entre autres) :
de compléter la formation à l’utilisation des explosifs en début de
saison d’été (au moins deux heures),
de délivrer le permis de tir correspondant à ces travaux d’été,
Des dispositions particulières sont à adopter pour éviter les accidents à cause de :
la projection de neige, de glace, de poussières, d’objets divers,
l'aspiration de détritus (sacs de ciment, polyane...) par l'appareil,
le bruit important rendant les communications entre les différents intervenants difficiles,
les oscillations ou la rotation des charges suspendues (par
exemple bennes à béton pouvant heurter ou renverser des personnes),
le coup de fouet de l'élingue au moment du décrochage des
charges.
Déplacement du personnel
Les équipes partent souvent pour la journée. L'éloignement, l'accès
difficile (pistes plus ou moins déformées par les engins de travaux
publics ou les orages), le transport sur les plateaux non aménagés
des engins tout terrain, rendent leurs déplacements pénibles. De
plus, le personnel se trouve fréquemment en présence de matériels
non arrimés (marteaux perforateurs, barres à mines, explosifs,
treuils et outils divers).
Il peut arriver que l'accès aménagé soit devenu impraticable : les
véhicules utilisent alors un autre chemin, plus dangereux (risque
de renversement de l'engin par exemple). Les premiers froids
rendent plus difficiles ces déplacements.
et d’actualiser les notes de prescriptions.
Transport, stockage et
utilisation des explosifs à la station et sur
le domaine skiable
doivent être effectués
conformément aux
réglementations sur
les explosifs.
Héliportage
Cette technique maintenant très répandue
permet la réalisation
de travaux dans des
délais plus rapides
avec une moindre
pénibilité mais avec
une pression du temps
très forte liée au coût
horaire élevé de l’héliportage.
12
Recommandation R 402
L’éloignement des équipes sur le site pose le problème de l’alerte et
de la mise en œuvre des secours du fait de l’allégement des structures d’encadrement en été.
Mesures de prévention
Il importe de différencier le transport des personnes et le transport du matériel. Par exemple :
• un véhicule à cabine double permettant de transporter 4 ou 5
personnes en cabine et le matériel, bien arrimé, sur le plateau
arrière,
• ou un véhicule transporte le matériel et un autre est réservé au
transport des personnes dans une cabine.
Le perfectionnement à la conduite en terrain difficile qu’ont mis
en place certains exploitants s’est avéré profitable. Nous en recommandons la généralisation.
L’établissement d’un plan de secours concernant les différentes
équipes veillera tout spécialement à la prise en compte des
moyens de communication.
LOCAUX DE REMISAGE ET D’ENTRETIEN
Historiquement, après avoir eu le souci de transporter le public
dans les meilleures conditions possibles (remontées mécaniques),
il s’est agi d’offrir au client le domaine skiable le plus attractif et le
plus sûr possible. Ce qui a conduit, entre autres, à utiliser du matériel de travail de la neige plus performant, puissant, encombrant,
sophistiqué... Les locaux d’entretien et de remisage de ce matériel
se trouvent souvent sous dimensionnés voire inadaptés aux tâches
à y effectuer.
La nécessité de faire évoluer ces locaux est aujourd’hui fortement
ressentie par le personnel d’exploitation.
Dans cette phase de réflexion qui porte aussi bien sur l’extension
de locaux existants que sur la création de nouveaux locaux, l’expérience a montré que prendre en compte, dès la conception, les
nuisances, les risques et les diverses contraintes qui peuvent
naître de l'exploitation et de la maintenance des bâtiments et de
leurs équipements afin de les réduire, voire les éliminer s'avère
toujours plus efficace et plus économique.
Méthodologie
En concertation avec les utilisateurs :
Dresser un inventaire des besoins en fonction des différentes
tâches à accomplir,
Établir le cahier des charges précis de l’ouvrage à construire et
des équipements à y installer, ce que les architectes nomment la
phase de programmation,
Intégrer l’évolution prévisible de l’activité dans le choix des solutions à mettre en œuvre,
Vérifier la compatibilité de ces choix avec la réglementation.
Aux différentes étapes de cette démarche, prendre conseil auprès
des préventeurs et organismes compétents (service Prévention de
la CRAM, inspection du travail, DRIRE(1), organismes de contrôle
agréés...),
Cahier des charges
Doivent y figurer les exigences pour répondre aux problèmes d'exploitation et de maintenance. Par exemple :
Implantation
séparer dans des corps de bâtiments différents, les locaux d'exploitation d'éventuels locaux d'habitation,
Par exemple :
Parcours type
d'une chenillette rentrant
en fin de poste
au remisage :
• lavage, dégivrage, séchage,
• prise de carburant,
• contrôle : niveaux, gonflage...
• entretien courant effectué
par le conducteur,
• remisage,
• cheminement à pied du
conducteur.
Parcours type
d'un employé prenant
son travail :
• parking de son véhicule
personnel,
• passage au vestiaire,
• passage dans un bureau pour la prise d’instructions,
• prise de poste (conduite de chenillette, accès au poste de
secours, départ en patrouille...).
Déchargement et cheminement de matériel
depuis le véhicule de livraison jusqu'au lieu de stockage :
• mode de déchargement, moyens de manutention, continuité des
aires de circulation.
isoler les bureaux des pollutions possibles des ateliers,
implanter, dans la mesure du possible les différents locaux d’un
même bâtiment sur un même niveau.
Organisation des circulations (tous locaux)
Conjuguer les facilités d'accès aux pistes pour les engins et les
facilités d'accès aux voies communales pour les véhicules routiers
(livraison de carburant, de pièces détachées...).
Veiller à ce que toutes ces circulations aient le moins d’interférences possible entre elles et à ce qu’elles soient convenablement
balisées, éclairées, faciles à entretenir.
Choisir la qualité de chaque sol suivant sa destination (caillebotis, allées de circulation antidérapantes, sol renforcé pour les chenillettes...) et prévoir l’écoulement des eaux, afin de réduire le
risque de glissade et de chute.
Établir un plan de circulation prenant en compte les différents
flux (matériel, personnel, livraison...).
(1) Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement.
Sanitaires, vestiaires
De préférence, les grouper en un seul bloc contigu aux ateliers et
sur le passage entrée-sortie du personnel,
Prévoir les aménagements spécifiques à la profession :
• local ventilé équipé de sèche-chaussures,
• local hors gel pour le rangement des skis,
• équipements pour le séchage des gants et des tenues.
Réfectoires
Positionner les réfectoires de manière telle qu’ils bénéficient de
l’éclairage naturel par des fenêtres à hauteur des yeux, donnant
sur l’extérieur. Prévoir leur ventilation mécanique.
Locaux d’entretien
Isoler les activités polluantes (fumée, bruit, solvant...) par des
cloisons allant jusqu'au plafond :
• serrurerie,
• atelier polyester,
• local batteries,
• poste de peinture.
R 402 Recommandation
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•
•
•
•
•
S’il est prévu une fosse de visite, penser :
à la protection permanente contre le risque de chute,
à l’accès à chaque extrémité,
à la ventilation,
à l’éclairage,
à l’évacuation des eaux en fond de fosse.
Compte tenu de ces contraintes, envisager des ponts élévateurs
(à plate-forme, à 4 colonnes...) ou des portiques fixes avec rampe
d’accès.
Gonflage des pneus : prévoir une cage de gonflage.
Compresseur d'air : installer le compresseur dans un local distinct et insonorisé.
Chauffage des locaux et ventilation générale.
Captage des gaz d'échappement avec rejet à l'extérieur.
Captage des fumées de soudage avec rejet à l'extérieur.
Stockage
Séparer les divers stockages :
• carburant (prévoir un poste de distribution abritant le véhicule
et le personnel),
• huile,
• produits toxiques,
• pièces détachées,
• pneus.
Prévoir des bacs de rétention sous le stockage des produits
liquides.
Ventiler les locaux.
Moyens de manutention et de levage
Vu l'importance des pièces ou éléments de véhicules pouvant être
manutentionnés, un pont roulant couvrant tout l'atelier est le
moyen de manutention le plus pratique et le plus efficace à préférer à tout autre (potence, chariot élévateur, chèvre...).
Même si ce pont roulant n’est pas installé immédiatement, dimensionner la charpente et les structures du bâtiment, afin qu'elles
puissent recevoir ultérieurement le chemin de roulement et le
pont roulant en prévoyant éventuellement des réservations dans la
structure.
14
Recommandation R 402
PRODUCTION DE NEIGE DE CULTURE
Les accidents
Deux technologies de base existent aujourd’hui pour produire la
neige de culture :
bifluide (haute pression),
monofluide (basse pression),
qui génèrent des risques, certains communs aux deux systèmes,
d’autres spécifiques à la technologie utilisée (présence d’un ventilateur sur les systèmes monofluides...).
Risques et mesures de prévention
Chute dans les regards :échelle fixe avec crosse escamotable dépassant de 1 mètre, trappe équilibrée de 0,40m x 0,60m minimum, espace libre pour les pieds au fond du regard avec possibilité de se retourner,
fond drainé.
Utilisation de l'énergie électrique en milieu humide : matériel de
classe II (à double isolement) alimenté par l’intermédiaire d’un
transformateur de séparation des circuits, conforme à la norme EN
60-742 (NF C 52-742), disposé à l’extérieur de la fosse et n’alimentant qu’un seul récepteur.
Éclatement et fouettement des flexibles : raccords type KAMLOCK avec goupille de verrouillage.
Manutentions des équipements : points d’ancrage, monorail,
potence.
Bruit : choisir les techniques les moins bruyantes, insonoriser les
postes de commande et les locaux techniques.
Mécanique : assurer la protection des organes en mouvement.
Travail isolé, travail de nuit : organiser l’assistance due au personnel en situation de travail isolé en créant une chaîne d’information continue entre le salarié en question et les organes de secours
par :
• la mise à disposition et l’obligation de port d’équipements individuels du type Protection de Travailleur Isolé (PTI) ou Dispositif
d’Alarme pour Travailleur Isolé (DATI),
• la mise en place de postes de surveillance, en relation permanente avec le salarié, pouvant à tout moment faire intervenir les
secours,
• l’équipement du site si nécessaire en relais, pour s’affranchir de
toute «zone d’ombre »,
• l’écriture d’une procédure en collaboration avec les acteurs euxmêmes, afin que soient définis leurs rôles respectifs, les moyens
utilisés...,
• la formation des différents acteurs à l’utilisation de cette procédure, afin de leur donner les capacités à réagir correctement en
temps voulu et les sensibiliser sur l’importance de ce travail,
• des entraînements, simulations permettant aux acteurs d’améliorer leur
comportement attendu dans ce
genre de situation,
• la mise en place de contrôles techniques pour s’assurer périodiquement
du bon fonctionnement des équipements,
• la mise en place d’audits pour s’assurer du bon usage des procédures par
les acteurs et de la pertinence de la
procédure elle-même.
CONCLUSION
L’analyse effectuée dans les pages précédentes a permis d’inventorier les principaux risques rencontrés et de proposer des pistes de
solutions pour y faire face.
Pour les risques non cités, compte tenu de la complexité des situations de travail, il convient de se référer aux principes généraux de
prévention :
Éviter les risques,
Évaluer les risques subsistants,
Combattre les risques à la source,
Adapter le travail à l’homme,
Tenir compte de l’évolution de la technique,
Remplacer ce qui est dangereux par ce qui ne l’est pas, ou ce qui
l’est moins,
Noyade dans les réserves d’eau (lac,
bâche, réservoir...) :
• échelle fixe, clôture périphérique
avec accès condamnable.
• berge en pente douce antidérapante.
• points d’accrochage ou ligne de vie
pour l’ancrage d’un équipement de
protection individuelle contre les
chutes de hauteur.
• gilet de sauvetage.
R 402 Recommandation
15
Planifier la prévention,
Prendre des mesures de protection collective plutôt qu’individuelle,
Donner des instructions appropriées aux travailleurs.
La recherche de solutions préventives doit donc s’appuyer sur l’approche des risques en faisant participer l’ensemble des personnes
concernées et compétentes sur les différents thèmes et se décliner
en terme d’action dans les quatre domaines :
L’environnement
• aménagement des sites.
Les hommes
• information,
• formation professionnelle intégrant la prévention,
• aptitude physique,
Le travail
• définition des tâches,
• organisation du travail et application des procédures ;
Le matériel
• adaptation aux tâches,
• facilité d’entretien,
La profession doit s'attacher à maîtriser ses risques pour lesquels le
personnel a payé un lourd tribut. C’est une composante de son professionnalisme.
Ce texte a été élaboré avec l’appui technique
d’un groupe de travail constitué par les CRAM
Rhône-Alpes, Aquitaine, Auvergne,
Bourgogne-Franche-Comté, Languedoc-Roussillon,
Midi-Pyrénées, Nord-Est et Sud-Est.
Initialement il avait donné lieu à un document
technique édité par la CRAM Rhône-Alpes.
Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles
30, rue Olivier-Noyer 75680 Paris cedex 14 Tél. 01 40 44 30 00 Fax 01 40 44 30 99 Internet : www.inrs.fr e-mail : [email protected]
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Recommandation R 402
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Édition 2003 • réimpression juillet 2004 • 1 000 ex. • ISBN 2-7389-0666-4 • photographies : droiits réservés