dimanche 27 novembre – 20h rickie Lee Jones joue Pirates Rickie
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dimanche 27 novembre – 20h rickie Lee Jones joue Pirates Rickie
dimanche 27 novembre – 20h Rickie Lee Jones joue Pirates Rickie Lee Jones, chant Jeff Pevar, guitares Tom Canning, claviers Reggie McBride, basse Johnny Friday, batterie Scott Mayo, saxophones Andrew Lippman, trombone Jamelle Williams, trompette Fin du concert vers 21h30. Lorsque paraît en juillet 1981 son deuxième album, Pirates, Rickie Lee Jones est en proie à des sentiments mêlés d’euphorie et de mélancolie que reflète à merveille sa musique. En couverture de Rolling Stone, elle est statufiée en star montante de la pop américaine sophistiquée, tandis qu’en arrière-plan de ce chromo idéal son histoire de femme brisée embrunit à la fois ses chansons et la majorité de ses pensées. Elle qui apparaissait deux ans plus tôt sur la pochette de son premier album en gavroche moderne, béret pourpre et cigarillo, les yeux clos et le visage incliné par la béatitude, a choisi cette fois de s’effacer au profit d’une image beaucoup plus dure. Une photographie noir et blanc de Brassaï montrant un couple au bord des adieux, un nuage de fumée séparant leurs visages et leurs silhouettes raidies découpées par la pénombre. Sa relation tumultueuse avec Tom Waits a pris fin pendant l’écriture de Pirates et on ne saurait envisager ce disque autrement qu’à travers l’afflux des émotions et des douloureuses résignations qui le traversent. Déjà bouleversante par temps calme, la voix de Rickie aura gagné dans la tempête quelques degrés d’intensité, au même titre que son songwriting s’est affermi, au point désormais de raccourcir la distance qui la séparait de sa muse Laura Nyro, s’appropriant avec une élégance naturelle et une personnalité déterminée des langages musicaux qui vont du jazz au rhythm’n’blues et du folk à la pop, sans faux raccords ni artifice mais avec une sincérité qui palpite derrière chaque mesure. Fille de grands nomades, Rickie Lee Jones est née en 1954 à Chicago mais a vécu une partie de son enfance et de son adolescence en Arizona avant de mettre le cap sur Los Angeles. C’est ici, dans la Mecque du soft rock des années 70, qu’elle parviendra à gagner ses premiers galons de musicienne et de chanteuse, interprétant notamment des standards de jazz dans les clubs, chaperonnée par Lowell George, le leader de Little Feat. C’est en partie grâce l’album solo de George, en 1978, dont elle a écrit la chanson phare « Easy Money », qu’elle accède à la notoriété et se voit offrir un contrat au sein de la prestigieuse écurie Warner Bros. Désormais sous la protection des deux producteurs maison, Lenny Waronker et Russ Titelman, elle devient à 24 ans l’un des plus étourdissants phénomènes de la fin des années 70, et sa relation amoureuse avec Tom Waits rajoute encore une touche de romantisme bohème – et assez sauvage par moments – au tableau qui se dessine autour d’elle. Avec le hit « Chuck E.’s in Love » – dédié à l’ami de Tom Waits, le bluesman iconoclaste Chuck E. Weiss –, elle parvient d’emblée à toucher le (grand) public en plein cœur. Pirates est enregistré à Los Angeles, avec la crème des musiciens du jazz et de la pop west-coast, et l’orchestrateur Nick de Caro au pupitre. Mais il fut écrit essentiellement à New York, dans ce Manhattan où Rickie s’est exfiltrée après sa rupture avec Waits et que Woody Allen vient de mettre sous cloche, l’atmosphère du film rappelant de manière troublante la photo de Brassaï. Comme Steely Dan, groupe qui fait également à l’époque le grand écart, musicalement, entre L.A. et New York, Rickie Lee Jones fait preuve sur ce disque d’une méticulosité exemplaire et d’un grand talent d’alchimiste dans les alliages complexes entre le jazz et la chanson, Laurel Canyon et Broadway. Donald Fagen est d’ailleurs l’un des nombreux invités de cet album foisonnant, dont chacun des huit titres est un joyau serti d’arrangements d’une finesse incroyable – avec en point culminant une suite cinématographique de huit minutes intitulée « Traces of the Western Slopes ». Cette chanson épique porte la co-signature de Sal Bernardi, un musicien et chanteur natif du New Jersey dont elle a fait la connaissance quelques années plus tôt en Californie et qui l’a accueillie dans son appartement de Greenwich Village où l’album fut conçu. Un seul autre titre de l’album est né d’une collaboration, l’hommage pétulant et joyeux au be-bop intitulé « Woody and Dutch on the Slow Train to Peking », coécrit avec le guitariste David Kalish. Le reste porte la seule empreinte d’une Rickie Lee Jones qui prend soin de masquer les messages personnels qu’elle adresse à Tom Waits derrière des paravents romanesques, comme sur le titre qui ouvre l’album, « We Belong Together », où son histoire intime se mélange à celle des héros de celluloïd que sont James Dean, Natalie Wood et Marlon Brando. Sur la chanson « Pirates (So Long Lonely Avenue) », elle évoque les « rainbow sleeves », référence à une chanson que Waits a écrite quelques années plus tôt pour Bette Midler et qu’elle finira par reprendre en 1983 sur son album Girl at Her Volcano. Pirates n’a rien pourtant d’un disque de femme éplorée, il est encore moins un règlement de comptes à distance, il est bien trop subtil pour ça. Il témoigne toutefois d’une période parmi les plus violemment secouées de la vie de son auteur, qui naviguait alors en eaux troubles entre ses problèmes de cœurs, sa dépendance à la drogue et à l’alcool, et la pression écrasante de la notoriété. Rickie Lee Jones vit aujourd’hui beaucoup plus apaisée et trente ans après sa sortie, Pirates reste son album le plus aimé, non seulement pour ses qualités propres mais aussi parce qu’il est l’un des derniers chefs-d’œuvre de la musique west-coast telle qu’on l’entendait au cours des années 1970 et dont ils ne furent pas nombreux à prolonger les vibrations au-delà de 1980. Rickie Lee Jones fête ce soir Pirates et Rickie Lee Jones (son premier album) avec un nouvel équipage de sept musiciens capables à la fois d’en reproduire les nuances et d’en réinventer certaines. Christophe Conte AaRON SAMEDI 14 JANVIER | 20H – Nouvelle date DIMANCHE 15 JANVIER | 20H © Vanessa Filho 01 42 56 13 13 | www.sallepleyel.fr 3
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