Paul Mc Carthy / Peter Paul Chocolates
Transcription
Paul Mc Carthy / Peter Paul Chocolates
Paul Mc Carthy / Peter Paul Chocolates Extrait du Art & Flux http://www.art-flux.org Paul Mc Carthy / Peter Paul Chocolates - RESSOURCES - Articles - Date de mise en ligne : jeudi 30 octobre 2008 Description : "Paul Mc Carthy" "peter paul chocolate" pere noel en chocolat plug "Aurelie Bousquet" cadeau de noel oeuvre comestible galerie new york "art économie" "art economy" "art entreprise" "art business" "art company" "art marché" "marché de lart" "art market" "art marketing" "art contemporain" "artiste économie" "artist economy" "artiste entreprise" "artist business" "artist company" "artiste société""artist économie" "artist economy" "artist entreprise" "artist business" "artist company" "artiste société" "artist society" "entreprise critique" "art critique" Art & Flux Copyright © Art & Flux Page 1/5 Paul Mc Carthy / Peter Paul Chocolates La relation entre artistes et économie est au beau fixe. Lartiste californien Paul McCarthy a choisi la galerie Maccarone, à New York, pour nous présenter son nouveau projet diabolique, Peter Paul Chocolates. Un projet qui sent bon, mais qui laisse un arrière goût de critique acerbe. A New York, durant les fêtes de fin dannée, la superstar de lart contemporain, Paul McCarthy, a créé lévénement à la galerie Maccarone. En partenariat avec sa galerie londonienne Hauser & Wirth, Paul McCarthy a transformé la galerie de Greenwich Street en une véritable chocolaterie. Lartiste a fait appel au maître chocolatier Peter P. Greweling pour veiller au bon déroulement de la production. Lentreprise créée par la rencontre de ces deux hommes, et vouée à perdurer, sappelle Peter Paul Chocolates. La galerie Maccarone, investie de telle sorte quelle napparaisse plus comme une galerie mais bel et bien comme une chocolaterie, a été divisée en quatre sections dévouées à la production, lemballage, le stockage et la vente. Dans un souci de créer une véritable usine fonctionnelle, à même de produire et vendre en accord avec les normes industrielles en vigueur, la galerie a du subir des modifications considérables (plomberie, électricité, système de ventilation&) En outre, il a fallu concevoir le lieu en tenant compte du fait que les visiteurs ne pouvaient pas, pour des raisons dhygiène, pénétrer dans lespace de production (fonte, moulage&) Un habile jeu de cloisons, miroirs, vitres dobservation et tapis roulants a donc été mis en place. Paul McCarthy, Santas Chocolate Factory, Vue de linstallation à la galerie Maccarone, New York, 2007 Peter Paul Chocolates sétait fixé comme objectif de produire 1000 figurines en chocolat par jour, entre la mi-novembre et noël. Copyright © Art & Flux Page 2/5 Paul Mc Carthy / Peter Paul Chocolates Paul McCarthy, Santas Chocolate Factory, Vue de linstallation à la galerie Maccarone, New York, 2007 Celles-ci étaient vendues dans la boutique et sur leur site internet, 100$ pièce. Certains penseront que cest un peu cher pour un père noël en chocolat. Dautres, que cest vraiment donné pour une Suvre de Paul McCarthy. Les figurines en chocolat ne sont pas de simples pères noël comme on peut en trouver dans toutes les boutiques de chocolat, en période de fêtes. Elles sont la réitération comestible et périssable, en nombre considérable, dune sculpture de Paul McCarthy dont il existe déjà plusieurs versions. Lune delles a été exposé en juin 2007 lors dArt Basel : en bronze, elle mesurait 6 mètres de haut pour 9 tonnes. A première vue, il semble que cette pièce représente un père noël, tenant de la main gauche, une cloche, et de lautre, un sapin. Paul McCarthy, Santa With Tree and Bell, 2007 Chocolat noir, 25 cm de haut A bien y regarder, le père noël a plutôt des allures de nain de jardin. Quant au sapin, ce nest en fait pas un sapin stylisé mais un plug. Afin que la subtilité de la chose soit comprise par tous, précisons ce quest un butt plug : il sagit dun objet destiné à être introduit dans le rectum, par lanus. Il peut être porté durant plusieurs heures et a pour but de provoquer une stimulation et une excitation sexuelle. Notons que le plug sert en outre à dilater lanus et quil rend plus aisé la sodomie ou le fist-fucking anal. Au regard de lSuvre antérieur de Paul McCarthy on saisi donc limportance métaphorique du plug. Un godemiché naurait pas été aussi pertinent et porteur de sens critique envers la société de consommation. On comprend ainsi pourquoi les bloggeurs New-yorkais insistent sur le fait que Paul McCarthy avait un petit sourire en coin durant le vernissage mondain et pourquoi ils aiment à utiliser lexpression « in-your-face » pour ce type dart. Copyright © Art & Flux Page 3/5 Paul Mc Carthy / Peter Paul Chocolates Certains se demandent encore pourquoi cette figurine en chocolat est vendue le prix exorbitant de 100$. Dautres se renforcent dans lidée que 100$, est un prix vraiment bas pour une Suvre de Paul McCarthy, et cherchent où est le hic. Il convient en fait de prendre un peu recul, et de ne pas considérer uniquement le père noël en chocolat, mais la totalité du projet. Paul McCarthy ne fait pas vendre par sa galerie des sculptures en chocolat. Il crée une entreprise, Peter Paul Chocolates, qui produit des figurines en chocolat et qui les vend. Lors de « lexposition », la galerie nétait plus une galerie mais le siège, lusine, lentrepôt et la boutique Peter Paul Chocolates. Paul McCarthy, Santas Chocolate Factory, Vue de linstallation à la galerie Maccarone, New York, 2007 Cest lactivité de la chocolaterie, et la qualité dentrepreneur de lartiste Paul McCarthy qui doivent être considérés. Les figurines en chocolat ne sont pas à proprement parler des Suvres dart, mais la production de lentreprise de Paul McCarthy, processus plus vaste dans lequel lart se déploie. La création de lartiste, Peter Paul Chocolates, une entreprise, nest pas à vendre, mais si tel devait être le cas, Paul McCarthy prévient que la personne qui lachèterait devrait la faire marcher. [ 1] Le projet de Paul McCarthy nest pas réellement original dans le sens où lintérêt des artistes pour la sphère commerciale nest pas récent. Le rapport à la marque ou à lentreprise nous renvoie indéniablement à l IKB dYves Klein, à la Société Anonyme de Marcel Duchamp ou à la Factory dAndy Warhol. Dautres artistes ont aussi déjà maquillé des galeries pour quelles ressemblent à des boutiques. A Paris, citons par exemple Kader Attia a simulé une activité commerciale avec louverture dune (fausse) boutique en 2004, à Saint-Germain des Près, censée vendre les articles de la marque Hallal. Dans la galerie Kamel Mennour transformée en boutique étaient ainsi proposés des joggings, vêtements de sport et voiles pour les jeunes filles musulmanes. Ces créations nétaient pas à vendre, il ne sagissait en aucun cas de lancer cette nouvelle marque sur le marché, mais de proposer une réflexion mêlant les banlieues, le marketing, et les problèmes entre différentes couches sociales. Le projet de Paul McCarthy nest pas non plus innovant dans le sens où de nombreux artistes s'affirment aussi en tant qu'entrepreneurs et developpent un art qui se situe dans un processus dynamique, dont le point de contact avec le public se fait par les produits d'art - des artistes très souvent critiques envers la société, et qui interrogent sans cesse le statut de lartiste, de lSuvre, du spectateur et du collectionneur. Toutefois, Paul McCarthy enfonce encore un peu profondément le clou des produits d'art et de leur statut : les pères noël sont en chocolat, matériau comestible et périssable. Ils ne sont donc pas voués à perdurer. Sachant cela, que va faire le collectionneur ? Michele Maccarone qui ne perd pas de vue quun galeriste doit faire du profit, et donc vendre, annonce aux collectionneurs que sils font attention à leur père noël, et quils le gardent dans un endroit frais et sec, ils pourront le garder toute leur vie. Certes. Mais si Paul McCarthy a fait le choix demployer une matière comestible et périssable, cela nest pas innocent, et ne se justifie pas uniquement par le fait quil en a déjà utilisé dans le passé. Copyright © Art & Flux Page 4/5 Paul Mc Carthy / Peter Paul Chocolates Dautres artistes inscrivent leur art dans un processus entrepreneurial amenant la création de produits destinés à être considérés pour ce quils sont, des produits destinés à etre commercialisés, plutôt que comme des Suvres, accomplissement, point final dune démarche. Mais ceux-ci peuvent être considérés comme des Suvres dart par certains. En les rendant consommables, et périssables, Paul McCarthy semble vouloir définitivement tirer un trait sur lobjet dart, en en rendant difficile sa conservation, et recentrer lart sur le processus, ici, sur lactivité et la structure Peter Paul Chocolates. Que ce désir émane dun artiste tel que Paul McCarthy, figure incontournable de lart contemporain, est inespéré pour dautres plus jeunes artistes qui sinscrivent dans une même tendance et pour tous les artistes tissant des liens sans cesse plus étroits et plus critiques avec léconomie, et la société occidentale actuelle. Cet événement, à la galerie Maccarone, à New York, sera peut-être le point de départ dun intérêt plus vif de la part du public pour ce type dart. Je me réjouis de constater que Beaux Arts Magazine [2] en ait fait écho en France. Aurelie Bousquet. [1] "the piece is not something that ends. Its meant to be an operating factory, so somebody who buys it would have to operate it." in Calvin Tomkins, « Naughty or nice » in The New Yorker, 26 novembre 2007 [2] Isabelle de Wavrin, « McCarthy et la chocolaterie », Beaux Arts Magazine n283, Janvier 2008, p. 113. Copyright © Art & Flux Page 5/5
Documents pareils
Paul McCarthy - PETER PAUL CHOCOLATES
léconomie, et la société occidentale actuelle. Cet événement, à la galerie Maccarone, à New York, sera peut-être le
point de départ dun intérêt plus vif de la part du public pour ce type dart. Je m...