revue de presse - Théâtre de l`aquarium
Transcription
revue de presse - Théâtre de l`aquarium
REVUE DE PRESSE ////////////////// ANNIVERSAIRE DE L’AQUARIUM 2 > 8 novembre 2015 ///////// Tél. 0 1 4 3 7 4 9 9 6 1 t h e a t re d e l a q u a r i u m . co m PEGGY VOIT LA FACE2015 DE DIEU 2 >PICKIT 8 novembre /////////////// DANS LES VEINES RALENTIES de Roland Schimmelpfennig Anniversaire de l’Aquarium ! d’après Cris et chuchotements d’Ingmar Bergman d’Elsa Granat diptyque > deux spectacles à voir ensemble outexte séparément ///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// spectacle, concerts, rencontres, débats, lectures, bal... mise en scène Aurélie Van Den Daele > du lundi 2 au samedi 7 novembre à 20h30, dimanche 8 à 17h (relâche le 5 novembre) Spectacle : L’Aquarium, d’hier à demain... mise en scène François Rancillac, assisté de Juliette Giudicelli avec la promotion sortante des comédiens de l’ESAD > 2 novembre à l’issue de la représentation Rencontre avec les fondateurs du Théâtre de l’Aquarium Jean-Louis Benoit, Didier Bezace et Jacques Nichet témoignent > 3 novembre à 19h Lecture : Paroles d’Aquarium mise en espace François Rancillac montage d’extraits de pièces, écrites par et pour l’Aquarium, par Juliette Giudicelli avec des comédiens amateurs > 4 novembre à l’issue de la représentation Débat : « Le théâtre documentaire » avec la Revue Éclair, Frédéric Ferrer et Cécile Saint-Paul > 5 novembre à 20h30 Concert-lecture : « Exils » avec le quatuor à cordes Leonis > 6 novembre à 19h Concert : « Musique et politique » avec l’Ensemble Aleph > 7 novembre à 17h Débat : « La création collective : une utopie concrète ? » animé par Jean-Pierre Thibaudat > à 18h Conférence : « La Cartoucherie : une remise à jour du théâtre de service public » par Joël Cramesnil > 8 novembre à 16h Débat : « Le théâtre, pour quoi faire ? » animé par Olivier Neveux, avec Jean-Louis Benoit et d’autres invités > à l’issue de la représentation Bal seventies ! Presse > Catherine Guizard 01 48 40 97 88 & 06 60 43 21 13 / [email protected] Paris Ile-de-France L’Aquarium : 50 ans et des craintes pour l’avenir C’est un des théâtres de la Cartoucherie de Vincennes. Le Théâtre de l’Aquarium fête ses 50 ans avec un spectacle retraçant son histoire mais s’interroge sur son avenir dans un contexte de restriction budgétaire. Un directeur a qui l’on a demandé de partir d’ici juin 2016, un budget revu à la baisse mais surtout un nouveau projet très flou pour le lieu : à la Cartoucherie de Vincennes, le Théâtre de l’Aquarium fait la grimace en soufflant ses 50 bougies. L’Aquarium c’est au départ une troupe universitaire créée au milieu des années 1960. La troupe se professionnalise et trouve, en 1972, un point d’ancrage à la Cartoucherie, au milieu du Bois de Vincennes, aux côtés des théâtres du Soleil, de la Tempête et de l’Epée de Bois. Jacques Nichet, Jean-Louis Benoit et Didier Bezace écriront quelques pages de l’histoire de l’Aquarium des années 80 au début des années 2000, cédant ensuite la direction à Julie Brochen puis François Rancillac, aux commandes aujourd’hui. En juin 2015, le Ministère de la Culture annonce que le directeur devra quitter son poste à la fin de la saison. Cela arrive parfois dans le monde du théâtre ... mais ce qui inquiète plus, c’est ce que le Ministère envisage pour l’avenir de l’Aquarium : outre des subventions revues à la baisse, un projet un peu flou qui ferait du lieu un espace de répétition et non plus de représentations. Dès lors la résistance s’organise et une pétition en ligne est lancée. Elle a déjà recueilli près de 9000 signatures. La mobilisation semble faire mouche : fin octobre, les représentants du théâtre ont été reçus au Ministère. « Le Cabinet de Madame la Ministre de la culture nous a reçus vendredi dernier (le 30 octobre, ndlr) pour nous affirmer vouloir ouvrir (enfin !) une « vraie » discussion sur l’avenir de l’Aquarium et prendre le temps de « vraiment » étudier le projet de François Rancillac. Le directeur adjoint du Cabinet, nous transmettra l’évaluation des trois dernières saisons déjà faite en interne (mais dont nous n’avions jamais eu connaissance...) et recevra courant novembre le Conseil d’administration du Théâtre de l’Aquarium pour que les deux projets en lice soient exposés et discutés avec le plus grand sérieux et en toute transparence. » explique-t-on sur le site de la pétition. De quoi remettre un peu de baume au coeur à la veille des célébrations du 50e anniversaire de l’Aquarium. Du 2 au 8 novembre, le théâtre proposera un spectacle, écrit et mis en scène par François Rancillac, retraçant l’histoire de l’Aquarium. Intitulée « l’Aquarium d’hier à aujourd’hui », la pièce sera interprétée par la promotion sortante de l’Ecole supérieure d’art dramatique de Paris. De nombreux événements sont prévus autour de ses représentations : lectures, rencontres et concerts. Audrey Natalizi le 1 novembre 2015 er Au théâtre de l’Aquarium, 50 ans de réflexion Ce théâtre, composante de la Cartoucherie à Vincennes fête en spectacle un demi-siècle de création dans un climat d’inquiétude quant à son avenir. Dès son arrivée à la direction de l’Aquarium en 2009, François Rancillac a voulu fouiller les cartons et les mémoires pour raconter son histoire. II lui donne la forme d’un spectacle à I’occasion du cinquantième anniversaire du théâtre, du 2 au 8 novembre, à la Cartoucherie de Vincennes. Chaque représentation gratuite se prolongera d’une rencontre, d’un concert ou d’une table ronde. C’est qu’il y a beaucoup à raconter. Le théâtre de I’Aquarium fut d’abord une troupe universitaire réunie autour de son jeune meneur Jacques Nichet. Elle est vite remarquée pour ses Guerres picrocholines, inspirées du Gargantua de Rabelais, qui la mènent dès 1967 au théâtre du Vieux-Colombier à Paris et en 1969 en Amérique latine. La presse trouve un écho à la révolte étudiante de Mai 68 dans la pièce L’Héritier jouée au même moment. Au début des années 1970, la troupe se professionnalise. Les comédiens Jean-Louis Benoit et Didier Bezace viennent grossir ses rangs. Tous à I’intérieur aspirent à créer un théâtre d’aujourd’hui nourri d’enquêtes de terrain. Ils vont à la rencontre des expropriés du centre de Paris pour créer Marchands de ville en 1972. Après la spéculation immobilière, ils s’attaquent par le rire aux compromissions de la presse (Cab ou le journal d un homme normal, 1973) ou au système educatif (Un conseil de classe très ordinaire, 1981). Longtemps sans subventions ou presque, le théâtre est condamné au succès. En 1972, la troupe s’installe à la Cartoucherie sur les encouragements d’Ariane Mnouchkine et de JeanMarie Serreau déjà sur place. C’est là que la troupe de I’Aquarium va construire (de ses mains) son théâtre. Dans ce lieu d ‘expérimentation tant en matiàre de création que de gestion, Jean-Louis Benoit évoque un âge d’or. La rémunération est la même pour tous, les assemblées générales prennent parfois plus de temps que les répétitions. Longtemps sans subventions ou presque, le théâtre est condamné au succès. II en connaîtra de nombreux « dans les contradictions et les joies d’un collectif », témoigne Didier Bezace. Dans les années 1980, les utopies s’altèrent, le collectif aussi. Un triumvirat, puis un binôme, JeanLouis Benoit et Didier Bezace, gère le théâtre. Enfin, en 2001, la direction est transmise à Julie Brochen, à laquelle succédera François Rancillac. Pour le théâtre, ce spectacle doit permettre de faire le point « pour mieux se souvenir de I’avenir » à I’heure où celui-ci est des plus incertains. François Rancillac qui postulait à un troisième et dernier mandat devrait partir le 30 juin prochain. Que deviendra le lieu ? Le ministère se refuse pour I’heure à toute communication alors qu’une pétition a déjà reuni 8 700 signatures et que la profession se mobilise. Marie Soyeux le 30 octobre 2015 L’Aquarium, l’un des théâtres qui compose la Cartoucherie (XIIe), célèbre ce lundi son demi-siècle. Une semaine de spectacles gratuits va retracer l’histoire de ce lieu incontournable de la création théâtrale à Paris. Mais c’est un anniversaire en double teinte puisque l’actuel directeur, François Rancillac serait obligé d’abandonner son poste à la fin de la saison. « On m’a dit que c’était pour régler le problème économique de la maison », expliquet-il avec amertume. Le ministère de la Culture, auquel il a présenté son projet en fin de semaine dernière, et qui se garde de toute polémique, remettrait en cause le fonctionnement économique de l’Aquarium et travaillerait donc à trouver un remplaçant et un nouveau projet. C’est sur ce dernier point que ça coince pour l’équipe de la Cartoucherie. Le ministère voudrait installer un mode de fonctionnement sous forme de résidence. Un artiste, ou une compagnie, serait donc maître des lieux. Un fonctionnement « suicidaire » pour l’Aquarium selon François Rancillac. « L’Aquarium, c’est un vrai théâtre, varié et en lien avec le public et on veut qu’il continue à l’être », précise Jean-Louis Benoit, un des fondateurs. Un théâtre multiculturel en effet puisque actuellement deux compagnies et deux groupes de musiques jouent à la Cartoucherie. Si ce projet de résidence voit le jour, cette diversité pourrait être moins présente. « C’est que de l’affichage, une belle opération de communication » s’insurge François Rancillac. Pour l’artiste, cette programmation signerait la fin de l’esprit de l’Aquarium. Depuis quelques mois, une pétition circule pour tenter de contrer cette décision (déjà 8 000 signatures) et l’équipe de l’Aquarium n’entend pas baisser les bras. Les 50 ans sont donc une belle manière de faire valoir l’esprit de l’Aquarium. Derwell Queffelec er le 1 novembre 2015 L’ Aquarium, d’hier à demain François Rancillac célèbre les 50 ans 60 et 70 (qui donne à réfléchir sur l’actuelle collectif et les désirs des différents artistes création théâtrale universitaire…). Jacques (et quels artistes !). Jusqu’à , en toute lucidité, du théâtre qu’il dirige Conjuguer les turbulences de la création et l’exigence d’un théâtre Service Public a toujours été pour François Rancillac une ardente obligation, qu’il dirige le Théâtre du Peuple à Bussang (1991-1994), la Comédie de Saint-Étienne (2002-2009) et aujourd’hui le Théâtre de l’Aquarium qu’il anime depuis 2009. Incertain sur son avenir à la tête de ce théâtre, le Ministère de la culture n’ayant encore pas statué, semble-t-il, sur la reconduction d’un troisième mandat, François Rancillac a décidé de célébrer et fêter le cinquantenaire du Théâtre de l’Aquarium. Il nous dit comment et pourquoi. J’ai toujours été très sensible à l’histoire des lieux dont on me confiait la direction. Comprendre l’histoire de ces théâtres, les enjeux qui ont présidé à leur naissance, à leur évolution, est pour moi essentiel afin d’en mieux imaginer le présent et les promesses d’avenir. Afin aussi de partager ces réflexions avec mes équipes qui font vivre ces théâtres au quotidien, et bien évidemment avec les publics qui en dernier ressort fondent notre légitimité. Etant un homme de plateau, c’est par la scène que je pense pouvoir le mieux transmettre ce regard sur le passé en partant chaque fois de mon point de vue de metteur en scène-directeur, reprenant le flambeau de ces maisons à un moment précis de leur histoire, de leurs forces et de leur fragilité. Avec la conscience aiguë et sereine d’être un héritier (je n’ai pas fondé ces maisons !) et un transmetteur (il s’agira chaque fois de passer le flambeau à un(e) autre artiste qui continuera, à sa manière propre mais (j’espère !) dans une continuité organique, à faire grandir ce lieu et à promouvoir les valeurs essentielles de “ théâtre de Service Public ” au plus grand nombre de spectateurs les plus divers, à l’image de notre société. Transmettre, c’est d’abord transmettre aux jeunes générations. C’est pourquoi je tiens à ce que ces spectacles “ historiques ”, didactiques (au meilleur sens du terme) soient l’occasion d’une transmission à de jeunes comédiens en formation qui, en général, ignorent tout ou presque tout de l’histoire du théâtre qui les a précédés. Pour raconter l’aventure du Théâtre de l’Aquarium, j’ai donc sollicité toute une promotion de l’ESAD, école supérieure parisienne (qui vit au cœur des Halles). Son directeur, Serge Tranvouez, a tout de suite répondu à l’appel, en me confiant ses 14 jeunes comédiens actuellement en troisième année. Dans ce spectacle, faites-vous référence aux origines universitaires de la troupe et évoquez-vous ses premiers spectacles, ceux d’avant la Cartoucherie ? Bien sûr ! Il était indispensable, à travers l’histoire de l’Aquarium, de rendre hommage à la vitalité du théâtre universitaire des années Nichet et ses comparses d’alors (dont surtout Bernard Faivre) n’auraient sans doute jamais orienté leur compagnie sur les chemins d’un théâtre engagé dans les questions sociales contemporaines, s’ils n’avaient pas baigné dès le début dans le bouillonnement estudiantin de la fin des années 60, avec l’explosion que l’on sait durant un certain mois de mai 68… passer du collectif à la collégialité, à partir des années 80. Les premiers succès de l’Aquarium universitaire (qui a été très vite remarqué pour son inventivité et sa méthode de travail en collectif) l’ont aidé à passer le cap du professionnalisme. Reste que le travail d’enquête, d’allers-retours incessants entre la réflexion dramaturgique et les improvisations au plateau, d’où naissait peu à peu une écriture, un spectacle, réclamaient un abri qui puisse permettre ce très long temps de maturation (de 4 à 12 mois de travail par spectacle !). L’Aquarium a donc cherché à se poser quelque part, mais en dehors de l’institution, afin de s’inventer son propre outil, son propre lieu où accueillir à sa manière les spectateurs. La main tendue (en octobre 72) d’Ariane Mnouchkine et Jean-Marie Serreau, qui avaient déjà investi la Cartoucherie depuis fin 70, en les invitant à venir occuper la dernière nef en friche, a été pour eux une bénédiction. Et un rebond essentiel dans leur aventure. Au moment où vous célébrez le cinquantenaire de l’Aquarium, quelle est la situation du directeur que vous êtes ? Le ministère persiste-t-il dans sa décision de ne pas reconduire votre mandat ? Quelles raisons vous a-t-il données ? Outre le spectacle que je prépare, cet anniversaire sera émaillé de nombreuses autres manifestations, lectures, débats, rencontres, colloques, et des concerts proposés par l’Ensemble Aleph et le quatuor Leonis qui nous feront entendre des musiques d’aujourd’hui où résonnent les bruits et les Une autre manière de penser le théâtre fureurs de l’Histoire. Et on fera aussi la fête, après la dernière Y évoquez-vous ce que représente son représentation du dimanche 8, avec un bal implantation dans la Cartoucherie ? seventies (à 21h). Au jour d’aujourd’hui, j’attends encore la décision de la Ministre de la culture qui doit trancher entre le renouvellement pour trois ans de mon projet mis en place depuis six ans et le projet avancé par la DGCA d’un “ phalanstère à compagnies’”, qui renfermerait le lieu sur le travail d’un(e) seul(e) artiste. Ce qui signifierait la fin de l’esprit de partage du formidable outil de travail qu’est l’Aquarium, avec les artistes associés, invités , avec les multiples actions de sensibilisation des publics et de pratique artistique en direction des adolescents, des amateurs, des jeunes en formation dans les Conservatoires d’arrondissements de Paris et Je me suis surtout attaché dans le spectacle à de banlieue, dans les Ecoles supérieures, etc. venir sur ces années-là : l’invention d’une autre Ce projet de “ phalanstère’” (pour compagnies manière de penser le théâtre en cohérence déjà bien cotées et bien dotées) est assurément avec l’espoir d’une autre société plus juste, une très mauvaise idée pour l’Aquarium et pour plus démocratique. L’Aquarium est à ce titre l’ensemble de la Cartoucherie, car, refermé exemplaire de toute une époque : il a tendu sur lui-même, un lieu s’asphyxie. Encore plus vers une réelle “ création collective ”, avec à Paris. égalité des salaires, refus de toute hiérarchie, de toute division du travail, pour rendre compte Pour quelle raison souhaitez-vous effectuer collectivement de quelques sujets chauds de la un troisième mandat ? société capitaliste des années 70 : la servitude volontaire (Les Evasions de Mr. Voisin), la Lorsque je suis arrivé à l’Aquarium, mon spéculation immobilière (Marchands de ville), objectif était d’en faire une fabrique de théâtre la presse (Gob, ou le journal d’un homme , un chantier d’expérimentation des formes normal), la justice à deux vitesses (Tu ne voleras en même temps qu’un lieu de rencontres et point), les luttes ouvrières (La jeune lune tient d’échanges où se conjuguent en même temps la vieille lune toute une nuit dans ses bras), la la création et la transmission. J’ai dans cet condition féminine (La sœur de Shakespeare), esprit crée le Festival des Ecoles de théâtre le troisième âge (Pépé), le système éducatif autour duquel se rassemblent le public et les (Conseil de classe très ordinaire), etc. professionnels. Nous avons ainsi amorcé une dynamique qu’il faut aujourd’hui consolider. Evidemment, cette utopie en actes d’une On commence depuis trois ans à en voir communauté égalitaire a été très difficile à les retours en spectateurs (le nombre de inventer, à mettre en place, à tenir dans la spectateurs payants a augmenté de 50%, ces durée. Mais, à travers les innombrables et trois dernières années !) – avant de transmettre interminables AG (où tout se discutait et se le flambeau à un(e) artiste directeur/trice qui décidait), à travers de multiples textes de continuera à sa manière à faire de l’Aquarium réflexion (publiques, en interne, journaux un lieu bouillonnant, ouvert sur le monde de la de travail…), on découvre un Aquarium en création et ouvert aux générations futures. perpétuelle réflexion sur lui-même, en permanente autocritique pour tenter de déjouer les effets pervers de l’égalitarisme Dominique Darzacq forcené, de dénouer les tensions entre le le 30 octobre 2015 L'Aquarium a 50 ans et toutes ses dents Pour célébrer dignement les 50 ans de la création de la troupe de l'Aquarium, François Rancillac actuel directeur du lieu dont les autorités prétendument compétentes ont décidé de ne pas renouveler le contrat - fait jouer par un groupe d'élèves comédiens (en formation à l'ESAD) nombre d'épisodes qui retracent le parcours hasardeux de ce collectif. Nourri par les souvenirs de ceux qui furent de l'aventure (Jacques Nichet, Didier Bezace, Jean-Louis Benoit, Karen Rencurel, Martine Bertrand, Alain Macé, Philippe Marioge, Thierry Bosc, Bernard Faivre, Louis Merino, Joceline Lion, Henri Gruvman, Geneviève Yeuillaz ...). Le spectacle subjugue. Comme l'ont fait de nombreuses créations de ces garçons et filles qui avaient une vingtaine d'années en 68. Ces productions réalisées avec des moyens financiers dérisoires étaient au début le fruit d'improvisations. Et des actes citoyens. "Marchands de villes" vit, par exemple, le jour pour dénoncer les menées des promoteurs immobiliers qui, soutenus par les banques, rasaient des quartiers de Paris, en chassaient les habitants et construisaient des immeubles pour une population nantie. Il fallut, pour inventer ce théâtre sociologique et politique, où l'humour était fréquemment de la partie, déployer des trésors d'ingéniosité et de patience. Une grande partie du temps était consacrée aux assemblées générales où les décisions étaient prises à main levée. Beaucoup se souviennent des tensions guerrières qui traversaient les réunions. Mais aussi de moments poétiques tel celui où Jean-Louis Barrault entrouvrit la porte du bâtiment de la Cartoucherie de Vincennes qui allait devenir l'Aquarium, mais où étaient encore entassés les costumes de sa troupe, et, voyant répéter les jeunes membres de la compagnie, demanda, amusé, "on fait du théâtre ici?". Plus tard ce furent des auteurs aussi différents que Flaubert, Bove, Camon, Kafka, Feydeau... qui furent mis en scène par Jacques Nichet, Didier Bezace et Jean-Louis Benoit. Puis chacun entama une trajectoire différente. Maître d'œuvre accompli, François Racillac a su de facétieuse façon rendre compte de cette fourmillante aventure artistique si représentative de la France des années 70 où l'on conjuguait ses forces et croyait ne pas s'en laisser conter. Quelle joie enfin de découvrir des comédiens en herbe qui, avec une énergie sidérante, jouent, changeant continuellement d'identité, ces aînés qui ont inventé un théâtre en rupture avec les conventions de leur époque. Joshka Schidlow le 3 novembre 2015 L’Aquarium d’hier à demain Ils sont jeunes et dégagent une énergie toute neuve, à l’image des personnages qu’ils vont interpréter. Sur le plateau nu de la petite salle, avec quatorze chaises pour tout décor, leurs vêtements pour tout costume, les comédiens frais émoulus de l‘ESAD (Ecole supérieure d’art dramatique de Paris) nous content, deux heures et demi durant, les aventures du Théâtre de l’Aquarium. En ouverture, sagement assis, ils se posent une série de questions comme « Pourquoi ce nom ? » Réponse : l’Aquarium est le sobriquet donné au hall d’entrée de l’Ecole Normale Supérieure, rue d’Ulm, dont était issu Jacques Nichet, alors étudiant en lettres. Ils lancent des dates, des faits, pour situer l’action, puis très vite, des individus émergent du groupe d’acteurs : ils se nomment, et là, commence l’épopée d’une troupe, née en janvier 1965, sous la houlette de Nichet. Dans le cadre de la manifestation : L’Aquarium a 50 ans et toutes ses dents, François Rancillac, assisté de Juliette Giudicelli, a pioché dans les volumineuses archives du théâtre, pour concocter un parcours savamment architecturé. Il a aussi interviewé une quinzaine de fondateurs : leurs paroles rendent la pièce très vivante et lui évite d’être un catalogue d’événements : elle est jalonnée de scènes, de confrontations, d’affrontements, d’actions… Bref, on ne s’ennuie pas. « Me replonger dans le passé, cela m’aide à mieux imaginer un avenir cohérent pour cette maison », dit l’actuel directeur des lieux, au moment où ont lieu des pourparlers houleux avec le ministère de la culture pour qu’il puisse conserver cet outil de travail (voir l’article de Christine Friedel et Philippe du Vignal dans Le Théâtre du Blog). Jouant le pari du collectif, comme les protagonistes de cette fresque, le metteur en scène fait tourner les rôles, chaque comédien ou comédienne jouant alternativement Jacques Nichet (reconnaissable à ses lunettes cerclées de noir), Didier Bezace, Thierry Bosc, Jean-Louis Benoit, Bernard Faivre, et bien d’autres, puisqu’ils ont été jusqu’à vingt permanents… Un traitement particulier est réservé au personnage de l’administrateur, celui qui trouve les sous… Par sa bouche, s’expriment les problèmes - toujours actuels - de l’économie du spectacle vivant : nécessaires concessions à faire au système, gratuité des actions militantes, hiérarchie des salaires, statut d’intermittent et passage obligé par la case chômage. L’éternelle question de l’artiste face à l’argent... On se trouve bientôt plongé au cœur des événements de mai 1968 : les barricades, l’occupation de l’Odéon, le militantisme. Et quid de la Révolution ? Marx, Trotski, Mao sont convoqués ainsi que des sociologues, philosophes, et économistes. Tous les questionnements - là aussi toujours actuels - qui préoccupaient les intellectuels engagés, et plus spécifiquement, le théâtre de l’époque. Comment représenter la classe ouvrière au théâtre ? Comment soutenir les luttes ? Comment s’opposer à la spéculation immobilière et aux expulsions et combattre le pouvoir des banques… ? Les réponses se trouvent d’abord dans l’autogestion de cette troupe universitaire qui se professionnalise en 1970 : on voit concrètement, sur le plateau comment s’opérait le partage des tâches manuelles et artistiques et on assiste, amusés, à leur vie démocratique lors d’interminables assemblées générales dans la cuisine enfumée. Et cela ne va pas de soi, comme en témoignent altercations, moqueries,contradictions qui opposent ici les jeunes comédiens. Nous assistons avec bonheur au récit de leur arrivée à la Cartoucherie, en 1972. Certains, qui n’avaient même jamais planté un clou, se mettent à déblayer les gravats, à gâcher du plâtre. Jacques Nichet n’est pas très à l’aise quand il manipule une échelle… On découvre sa méthode pour créer un théâtre politique et documentaire; on voit aussi comment s’élaborent des spectacles. Ainsi sont nés, après de longues enquêtes sur le terrain, de multiples lectures et des mois d’improvisations : L’Héritier (inspirés des Héritiers de Bourdieu et Passeron), Marchands de ville, Gob ou le journal d’un homme normal, Tu ne voleras point, Un Conseil de classe très ordinaire… et bien d’autres succès de la compagnie. Avec cette histoire du Théâtre de l’Aquarium, ce sont les années soixante-dix qui défilent, ponctuées par les discours de Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing (qui chante horriblement faux) et François Mitterrand, dont l’élection marque la fin d’une période d’effervescence, riche en créations et porteuse de rêves. On glisse ensuite un peu vite sur la suite, la transformation du collectif en triumvirat, les départs successifs, vécus comme une désertion, de Jacques Nichet pour Montpellier, de Didier Bezace pour Aubervilliers et enfin, en 2001, de Jean-Louis Benoît pour Marseille… Leur succède Julie Brochen, montrée comme un personnage BCBG, sage et appliquée puis François Rancillac. Quand le noir se fait, on entend un « C’est fini ? ». Mais c’est une fausse fin : la scène se rallume : clin d’œil à la situation actuelle. Non, ce n’est pas fini, espérons-le ! Ce spectacle évite toutes les chausse-trappes du genre et il y a une belle inventivité du scénario, une qualité de la direction d’acteurs et de la mise en scène à l’écart de toute hagiographie, commémoration respectueuse ou reconstitution compassée. Instructif pour ceux qui n’ont pas connu les débuts de la troupe, touchant pour les témoins de cette histoire, toujours pertinent et drôle, le spectacle recrée l’esprit de l’Aquarium. Tout en ouvrant sur demain. Un brin nostalgique, il propose une utopie pour l’avenir, un avenir pour l’utopie. On aimerait que cette pièce soit reprise et tourne un peu partout pour témoigner d’un pan de l’histoire du théâtre très fortement liée à l’histoire politique et sociale française. Pour mieux « se souvenir de l’avenir », dirait Louis Aragon. Ce soir-là, étaient présents, entre autres, Jacques Nichet, Didier Bezace, Jean-Louis Benoit. Ce fut l’occasion de les revoir sur scène, après le spectacle, avec quelques-uns de leurs compagnons de route, et d’entendre leurs réactions, à la fois amusées et émues. Ils saluèrent le travail de François Rancillac et des comédiens. «Jacques était souvent joli, à travers la jeune comédienne qui le jouait », plaisanta Didier Bezace. « Quand je repense aux années soixante-dix, c’était formidable, extraordinaire ! », dit Jean-Louis Benoit. Quant à Jacques Nichet, il évoqua son départ en se référant aux conteurs africains qui terminent ainsi leur récit : « Mon conte est terminé, j’en reste là ; quelqu’un viendra le reprendre et le reracontera. » Ils expliquèrent ensuite, comment, au départ de JeanLouis Benoit, l’existence de l’Aquarium fut menacée par les voisins de la Cartoucherie. Comme elle l’est encore aujourd’hui… Mireille Davidovici le 4 novembre 2015 « L’Aquarium, d’hier à demain… » mise en scène de François Rancillac, Théâtre de l’Aquarium L’Aquarium a 50 ans. Et comme il est précisé, « toutes ses dentss». Et François Rancillac montre les dents devant le danger qui menace ce lieu emblématique. C’est tout sourire, ce sourire qui le caractérise si bien, qu’il met en scène « L’Aquarium d’hier à demain… ». Ils sont importants ces points de suspension tant l’avenir de ce théâtre semble menacé. Avec Juliette Giudicelli, ils ont plongé dans les archives de ce précieux théâtre : textes des spectacles, notes de travail et de mises en scène, articles de presse, photos… Ils ont rencontré les pionniers de cette aventure incroyable : Jacques Nichet, Jean-Louis Benoit, Didier Bezace, les acteurs qui les ont accompagnés, les techniciens, les administrateurs… qui parfois étaient tout cela à la fois dans cette utopie réalisée, cette aventure humaine, fragile parce que utopique et humaine, où chacun se devait d’être sur le plateau et hors du plateau, comédiens et plâtriers, comédiens et costumiers… C’était quoi l’Aquarium ? D’abord de 1964 à 1970 une troupe universitaire, celle de la rue d’Ulm soit l’E.N.S, comme il y en avait tant à l’époque et d’où sortirent d’autres metteurs en scène et directeurs de lieux dont Ariane Mnouchkine et Patrice Chéreau. Avant qu’elle ne devienne professionnelle en 1970 et de s’installer en 1972, par l’entremise de Jean-Louis Barrault et l’accord d’Ariane Mnouchkine, dans un entrepôt désaffecté de la Cartoucherie. Jusqu’en 1982 c’est un collectif qui devient dès cette année-là un collégial avec Jacques Nichet, JeanLouis Benoit et Didier Bezace. Ce trio devient duo avec le départ de Jacques Nichet en 1986. En 1997 Jean-Louis Benoit devient l’unique directeur. Julie Brochen prend le relais en 2001. 2009 c’est l’arrivée de François Rancillac qui risque fort par l’incurie d’un ministère de la culture, ne voyant en ce lieu qu’une ligne budgétaire, d’être remercié à la fin de son mandat exemplaire. C’était quoi d’autre l’Aquarium ? C’était aussi et surtout une aventure collective, une énergie au service d’un théâtre résolument engagé, politique jusque dans son fonctionnement interne où chacun percevait le même salaire, où la parole de chacun était écoutée, les propositions mises à l’épreuve du plateau, les discussions enflammées. Enfants de 68 qui furent aussi les désenchantés des lendemains de 1981, ils sont en cette fin de siècle la mémoire d’un théâtre en pleine ébullition, ouvert sur le monde et révolutionnaire dans son appréhension, un théâtre sans concession sur ses idéaux artistiques novateurs et politiques. Et la mémoire d’une certaine gauche bientôt désillusionnée. Des créations marquantes, des échecs cinglants, des réussites éclatantes. C’est un spectacle joyeux, sans nostalgie, mais avec la conscience aigüe de François Rancillac d’être l’héritier, le dépositaire et le passeur de toute cette histoire. C’est une création où se révèle encore sa formidable direction d’acteur. Les élèves de l’ENSAD forment un chœur mobile, potache et sérieux qui s’empare de cette histoire avec une sacré énergie, un talent certain. Sur le plateau nu, juste quelques chaises, ils sont tour à tour Jacques Nichet, Didier Besace, Jean-Louis Benoit, l’administrateur, les comédiens… Ils sont l’Aquarium dans tous ses états. Il n’y a rien non plus de romantique dans cette évocation. Il n’est pas éludé les difficultés, les rancœurs, les fatigues, les coups de gueule, les dissensions. C’est d’ailleurs par une ronde répétée qui peu à peu se disloque, image simple et efficace, que se révèle la fragilité d’une telle aventure. « Société tu ne m’auras pas » chante Renaud pendant que tournent jusqu’à épuisement les acteurs de cette histoire. Douce ironie puisque 1981 et l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République marque un tournant qui voit les protagonistes historiques – Nichet, Bezace, Benoit – peu à peu s’éloigner de l’Aquarium pour d’autres aventures, intégrer le théâtre public. C’est à pas de loup qu’ils disparaissent du plateau, s’effaçant avec discrétion. François Rancillac passe vite sur cette période car ce qui l’intéresse c’est de constater combien cette épopée de trente ans, jusqu’aux années 80 donc, avec ses hauts et ses bas, a considérablement marqué les générations futures, héritières indirectes d’une autre façon de faire du théâtre, de s’engager, et de révéler le monde. Si les élèves de l’ENSAD nous racontent l’histoire de l’Aquarium c’est aussi la leur qu’ils racontent. Dire, chaussés de lunettes, « je suis Jacques Nichet » quand celui-ci est dans la salle – il y était ce soir-là – n’est pas qu’une facétie, c’est aussi affirmer combien cette génération est le fruit d’une utopie réalisée vent-debout. Et c’est cela qu’un ministère de la culture et ses conseillers veulent mettre à bas, faire de ce lieux un garage théâtral dont le projet est des plus flou, pour des raisons d’ignorance et de budget. C’est anéantir cinquante ans d’une histoire singulière et forte, exemplaire, qui perdure encore, qui doit perdurer. Notre ministre de la culture devrait « se taper » cette création pour comprendre, au-delà de l’Aquarium, que le théâtre est avant tout une aventure humaine, fragile et forte, et que nous ne sommes pas là pour être « rassurés » mais conforter dans nos rêves d’un théâtre citoyen, ouvert sur la société, le monde. Le théâtre est affaire de révélation et de transmission. François Rancillac, combatif et sans illusion, mais convaincu et chevillé à cet idéal, ne mérite pas un tel traitement. Ce n’est pas pour lui qu’il se bat mais pour la pérennité d’un projet dont il est certes l’héritier mais également le garant pour les générations à venir, lesquelles sont invitées en ces lieux pour des résidences fructueuses et riches de partage. « Bon anniversaire ! » jamais titre de manifestation ne fut plus ambigu. Mais par cette création ludique et intelligente François Rancillac signe non un manifeste, non une charge revancharde, aigrie, mais une réponse ouverte et ludique sur l’avenir parce que riche d’une histoire encore une fois, j’insiste, profondément humaine, politique et généreuse. Denis Sanglard le 6 novembre 2015 L’Aquarium ! Le théâtre de « L’Aquarium » a investi la Cartoucherie dans le bois de Vincennes en 1972 pour y inventer ce Théâtre Politique, qui cultive le collectif et le singulier comme vous le savez certainement ! Cette année, il fête ses 50 ans avec toutes ses dents mais en garde une contre quiconque voudrait le voir fermer ! Les temps sont durs, raison de plus pour aller soutenir ce Théâtre qui propose toute cette semaine un spectacle qui retrace son histoire, avec des concerts, des rencontres, un bal seventies... Rencontre avec ses fondateurs, Jean-Louis Benoit, Didier Bezace, Jacques Nichet... Ils viendront témoigner ! Lecture, débats, conférences... Paroles d’Aquarium, ça va décoiffer à la Cartoucherie et c’est gratuit pour souffler sur ses 50 bougies ! Bon Anniversaire de la part de Fip (légèrement plus jeune mais tellement complice) et qu’il en ait encore plein d’autres ! Jane Villenet le 3 novembre 2015