Dancing in jaffa - Festival de Marseille
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Dancing in jaffa - Festival de Marseille
DANCING IN JAFFA HILLA MEDALIA DOSSIER PÉDAGOGIQUE FESTIVAL DE MARSEILLE- 20° EDITION DANCING IN JAFFA Un film de Hilla Medalia USA, 2013, 1h29 « Danser ensemble, grandir ensemble » «SENSIBLE, ÉMOUVANT ET INTELLIGENT.» ELLE «UN FILM TOUCHANT, UN SUJET FORT.» ARTE telligent. ELLE création affiche : Luc Barrois/Pretty Pictures - Impression : Ouest Affiches Un film to avec Pierre Dulaine un film de Hilla Medalia TIARA BLU FILMS ET KNOW PRODUCTIONS PRÉSENTENT EN ASSOCIATION AVEC JA-TAIL PICTURES WARRIOR POETS SHINE GLOBAL & BABY GEORGE PRODUCTIONS “DANCING IN JAFFA“ DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE DANIEL KEDEM MONTAGE PHILIP SHANE BOB EISENHARDT A.C.E MUSIQUE KRISHNA LEVI ISSAR SHULMAN ÉCRIT PAR DAN SETTON PRODUCTEURS EXÉCUTIFS MORGAN SPURLOCK & JEREMY CHILNICK LA TOYA JACKSON & JEFFRÉ PHILLIPS NIGEL LYTHGOE PRODUCTEURS EXÉCUTIFS DAN SETTON J. ARNHOLD ROBERT MACHINIST JONATHAN SHUKAT CO-PRODUCTEUR EXÉCUTIF SYDNEY HOLLAND PRODUIT PAR DIANE NABATOFF NETA ZWEBNER-ZAIBERT HILLA MEDALIA RÉALISÉ PAR HILLA MEDALIA DISTRIBUÉ PAR PRETTY PICTURES Pierre Dulaine, quadruple champion du monde de danses de salon retourne dans sa ville natale, Jaffa en Israël, avec le pari un peu fou de faire danser ensemble des enfants israéliens et palestiniens, juifs et musulmans. Une belle aventure pour la tolérance racontée dans ce documentaire émouvant. Film récompensé au Festival du Film Américain de Deauville et Festival de Tribeca 2013 Documentaire en langue anglaise, arabe, hébreu 2 I/ LE FILM DANCING IN JAFFA 1) Les auteurs PIERRE DULAINE « Je suis convaincu que lorsqu'un être humain danse avec un autre être humain, il se passe quelque chose. On apprend à découvrir l’autre d'une façon impossible à décrire. » Pierre Dulaine Pierre Dulaine, né en 1942 à Jaffa, est un danseur professionnel de danses de salon, maintes fois récompensé. Pierre Dulaine a toujours lié sa démarche de danseur à celle de pédagogue, travaillant notamment avec des enfants défavorisés à New York et aux USA. Il fonde les « Dancing classrooms » en 1994, qui ont permis depuis leur création de faire danser 400 000 enfants issus de milieux sensibles. Ce programme réunit plus de 200 écoles de New York et s’est diffusé sur le territoire américain et dans le monde. Pendant 10 semaines, des professeurs de danse reconnus enseignent les rudiments de la danse en couple aux enfants, leur permettant d’améliorer leur confiance en soi, d’apprendre la discipline et le self-‐control. Plus de 500 professeurs de danse ont été formés à la méthode par Pierre Dulaine lui-‐ même. L’une de ces expériences a d’ailleurs inspiré le film de Liz Friedlander Danse ta vie/ Take the lead en 2006, avec Antonio Banderas. Il a également fait l’objet d’un premier documentaire à New York, Dancing Classrooms en 2005. En 2012, Pierre Dulaine décide de retourner à Jaffa, la ville de son enfance, pour offrir son 3 savoir-‐faire et de l’espoir à la communauté qu’il a quitté en 1948, suite à la création de l’État d’Israël. À cette époque, sa famille se réfugie d’abord au Royaume-‐Uni, puis en Jordanie. La crise du canal de Suez en 1956 les pousse à une nouvelle fois à l’exil, au Liban et enfin au Royaume-‐Uni. Son enfance est donc marquée par des fuites successives et l’envahissante angoisse de la guerre. Il apprend à danser à l’âge de 14 ans et s’impose rapidement dans les concours de danse de salons, enchaînant une série de représentations dans des cabarets à l’international. En 1972, il s’installe à New HILLA MEDALIA Hilla Medalia est née en 1977 dans la banlieue de Tel Aviv (Israël). Elle vit désormais à New York et est réalisatrice, scénariste et productrice de documentaires, dont la plupart s’attache à décrire de manière militante le conflit israélo-‐palestinien, en faveur de la paix. Daughters of Abraham (2004), s’intéresse à la guerre, à travers la vie et la mort de deux adolescentes. Hilla obtient York avec sa partenaire Yvonne Marceau, avec qui il gagne à 4 reprises le championnat professionnel de danses de salon du British dance festival. En 1984, Yvonne et Pierre fondent The American Ballroom Theater Company et se produisent de nombreuses fois à Broadway. Pierre Dulaine enseigne auprès de danseurs professionnels ou préprofessionnels à la School of American Ballet (créée par George Balanchine), au Alvin Ailey American Dance Theatre, à l’American Ballet Theatre et à la Juilliard School en parallèle de son activité dans les Dancing Classrooms. Pour lui, la danse doit permettre de dépasser les antagonismes qui existent entre les individus. trois nominations aux Emmy Awards ainsi qu’un prix au Festival international du film des droits de l’homme de Paris pour To Die in Jerusalem (2007), qui revient sur les racines profondes du conflit israélo-‐palestinien, une fois encore à partir de la mort de deux adolescents, l’une israélienne, l’autre arabe. Dancing in Jaffa est sa dernière réalisation. 4 En classe : Avant le film : Présenter Pierre Dulaine et expliquer qu’il joue son propre rôle : il est à la fois inventeur du projet, acteur et danseur. Vocabulaire : réalisateur/trice : la personne qui crée un film. Après le film : Portrait de Pierre Dulaine vu par la productrice, Diane Nabatoff : « dans des situations apparemment sans espoir, il se sert de la danse de salon pour apprendre à vivre, aidant à surmonter des désaccords de longue date et à faire taire les préjugés intégrés depuis des générations. Pierre est l’un des héros méconnus de notre temps ». Discussion autour de la notion de héros : faut-‐il avoir des super pouvoirs pour être héroïque ? Es-‐ tu d’accord pour appeler Pierre Dulaine un héros ? Si oui, en quoi est-‐il héroïque ? Quel est ton héros ? 5 2) Une histoire vraie Lorsque Pierre Dulaine part à Jaffa avec son projet de faire danser ensemble enfants palestiniens et israéliens, beaucoup sont sceptiques. À commencer par la personne qui a sollicité Pierre Dulaine pour l’aventure, l’israélienne Miri Sharaf Lev. Pierre Dulaine relate ainsi leur rencontre à New York : « elle m’a dit : « je voudrais que vous fassiez une Dancing Classroom en Israël ». J’ai répondu : « d’accord, mais à condition qu’il y ait des enfants israéliens et palestiniens qui dansent ensemble ». Elle a été stupéfaite, puis nous sommes devenus des amis inséparables ! » Diane Nabatoff, productrice de Take the Lead, un film de fiction inspiré de la vie de Pierre Dulaine, décide aussitôt de documenter l’aventure. Elle fait appel à la réalisatrice israélienne, Hilla Medalia, qui éprouve également des doutes au premier abord. « Je n’étais pas certaine du projet au début. Il y a déjà tellement de films sur des enfants israéliens et palestiniens qu’on fait se rencontrer et puis la situation actuelle est telle qu’il y a de moins en moins de programmes similaires à celui de Pierre, et il y a un grand débat sur l’idée même de « normalisation ». En plus, l’impression générale est plutôt que, vu l’état actuel de séparation, le fossé est devenu tellement large qu’il est impossible à combler." Suivre Pierre Dulaine dans son rêve représente aussi un véritable pari pour les écoles qui lui ouvrent leurs portes, juives, arabes et mixtes : plusieurs (plus de la moitié des établissements démarchés) ont d’ailleurs refusé auparavant de participer à cette aventure jugée trop risquée. Hilla Medalia avoue son découragement à ce moment et la réaction de Pierre Dulaine : « il m’a dit : quand une porte est fermée, Dieu m’ouvre une fenêtre ». Pierre réussit à convaincre cinq écoles et 150 enfants de participer. Deux de ces écoles sont juives, deux arabes et l’une mixte. S’ensuit un long travail auprès des familles pour les convaincre de laisser participer les enfants. Le fait que Pierre Dulaine parle arabe et soit lui-‐même palestinien, accompagné d’une réalisatrice juive, a beaucoup facilité les premières approches avec les parents des futurs danseurs. 6 Le travail effectué auprès d’enfants d’une dizaine d’années s’étale sur une période de quinze semaines. Le film s’attache essentiellement au parcours de trois enfants et à une enseignante, tous d’origine différente. Après dix semaines, 84 enfants sont sélectionnés pour participer à la compétition finale. Le film décrit les épreuves traversées, la méfiance réciproque puis le rapprochement, les amitiés naissantes. La violence des réactions des enfants qui ne sont pas retenus pour participer à la compétition montre bien l’adhésion rencontrée par tous au terme de ces dix semaines de travail. Le contexte social et politique reste présent en permanence, à travers l’histoire individuelle des personnes. Pourtant, ces difficultés finissent par être dépassées : Alaa, le jeune Arabe qui ne peut pas voir sa famille de Gaza, Noor, la petite musulmane de mère juive qui se révèle grâce à la danse, Lois, blondinette juive à la mère célibataire et leurs camarades finissent par ne former qu’une seule communauté. Mlle Rachel, l’institutrice, fille de rabbin et très religieuse, oeuvre à rapprocher les enfants, bien que son frère ait été sérieusement blessé lors d’un attentat-‐suicide. Pour Hilla Medalia, « ce documentaire est avant tout un film sur le pouvoir de l’art dans une communauté où les problèmes de ségrégation, de ressentiment et de préjugés sont fermement ancrés. (…) C’est aussi la possibilité sans équivoque de créer le changement, même face à d’infimes probabilités." Pour Pierre Dulaine, la conclusion de cette expérience est simple : les enfants sont les mêmes partout dans le monde. Il relate ainsi que les difficultés rencontrées, les garçons qui ne veulent pas toucher la main des filles, ceux qui ne veulent pas danser avec des inconnus, sont les mêmes partout, que l’on soit à New York, en Europe ou à Jaffa. À travers les enfants, ce sont aussi les adultes qui se retrouvent, qui baissent les armes, comme le relate la productrice Diane Nabtoof : « cinq cent personnes ont assisté à la compétition et nous avons vu des femmes musulmanes voilées assises à côté de femmes juives en train d’échanger leurs numéros de téléphone – du jamais vu avant le programme ». Le projet se poursuit à Jaffa avec trois professeurs et il s’est également développé à Tel Aviv, à Haïfa et en Galilée, soutenu par le ministère de l’éducation israélien. En classe : Avant le film : Discussion sur le rôle de la danse : la danse est-‐elle purement un objet esthétique ? Quelles valeurs véhicule t-‐elle ? Après le film : Comment la danse permet-‐elle de rapprocher les individus ? Pierre Dulaine atteint-‐il son but ? Avec les enfants ? Avec les adultes ? Les difficultés Les solutions proposées Le résultat Est-‐ce une difficulté que tu rencontrées par Pierre Dulaine pourrais toi aussi rencontrer ? 7 8 3) Le contexte israélo-‐palestinien L’indépendance et la Nakba En 1948, l’ONU décide de la création de l’état d’Israël, faisant suite aux massacres des populations juives pendant la seconde guerre mondiale. Le 14 mai, les britanniques se retirent des territoires qu’ils occupaient jusqu’alors. Pour les Israéliens, ce jour est célébré comme celui de l’indépendance, pour les Palestiniens, il est nommé la Nakba (la « catastrophe »). La première guerre israélo-‐arabe commence le lendemain, opposant Israël à l’Egypte et à la Jordanie. Elle entraîne un très important exil de la population palestinienne. En janvier Jaffa Jaffa est la partie sud, ancienne de la ville de Tel Aviv-‐Jaffa en Israël. C'est un des ports les plus anciens du monde sur la côte orientale de la mer Méditerranée. Suite à l'exode de 1948 due à la guerre civile et à plusieurs bombardements successifs par Israël, il ne reste que 4 100 Arabes sur une population initiale de 70 000 à 80 000. Jaffa a fusionné en 1950 avec la ville juive de Tel Aviv. Jaffa est désormais une ville à deux vitesses, où les inégalités sont fortes. C’est dans la vieille partie de la ville, tout autour de la place appelée aujourd'hui Kedumim, que se sont installés les Arabes de condition pauvre. 1949, la guerre se termine par une victoire d’Israël qui partage avec l’Égypte et la Jordanie le territoire proposé par l’ONU pour l’État palestinien. Le 14 mai, Fête nationale d’Israël, est donc porteur de mémoires très différentes pour la population israélienne. Ce moment est d’ailleurs représenté dans le film, on voit très bien comment les discours des enseignants et des enfants diffèrent d’une école à l’autre, comment un même événement historique est interprété par les deux populations. Cette zone de Jaffa, longtemps négligée, s'est beaucoup dégradée, et la misère et le niveau bas de l'enseignement d'État s'accompagnent de la croissance de la criminalité et de la consommation de drogues. Elle abrite un tiers de Palestiniens n’ayant pas fui lors de la guerre de 1948 et deux tiers de juifs arrivés majoritairement à leur départ. Le film montre donc une ville sous tension et la particularité peu représentée de la situation des Arabes israéliens. La méfiance des israéliens envers une population considérée comme marginale est bien sûr réciproque, les gens cohabitent avec difficulté. 9 Le conflit dans le film Lorsque la caméra sort des écoles, elle ne peut que constater l’incessant défilé des manifestants palestiniens et la présence d’une armée israélienne lourdement armée. Les tensions et les violences servent donc de trame de fond au film. Pour les enfants eux-‐mêmes, la notion « d’ennemi » est fermement ancrée. Au-‐delà du fait de devoir toucher un garçon ou une fille, fraterniser avec un juif ou un musulman leur paraît d’abord infranchissable. Ce préjugé est bien sûr lié à une forme d’ignorance, la naïveté des enfants transparaît dans les dialogues. « Est-‐ce que tu avais déjà vu un juif de près avant ? » demande l’une d’elle à sa copine. Ils semblent déroutés de s’apercevoir que le fameux ennemi héréditaire n’est, finalement, qu’un enfant semblable à eux. Pierre Dulaine raconte la difficulté à surmonter les préjugés. « Le projet n’a pas été facile à mettre en œuvre (…) pour les deux communautés bien sûr, le fait de danser avec « l’Autre ». J’ai d’ailleurs été obligé de modifier mon programme à Jaffa et de faire trois séances par semaine pour mieux convaincre les enfants. Plusieurs fois, je me suis même dit : « j’arrête ». On ne voit pas tout dans le film, qui ne dure qu’une heure 30, mais il y a 500 heures de rushs ! » Dans l’histoire personnelle des individus, les tensions sont également très présentes, rares sont ceux dont la famille n’a pas été touchée par la guerre. Que le conflit soit actif ou non, les enfants grandissent dans son ombre, qui les dépasse. Et pourtant, ils restent, comme veulent le montrer la réalisatrice et Pierre Dulaine, des enfants comme les autres, qui aiment jouer, se chamailler, manger des pastèques ou sauter à pieds joints sur des tapis…. 10 En classe : Avant le film Pour comprendre l’histoire, il est essentiel de savoir qu’une guerre se déroule entre Israël et Palestine, juifs et musulmans, parfois à l’intérieur d’une même ville. Après le film : Quels personnages suit-‐on particulièrement ? Que peut-‐on dire sur chacun d’eux ? Leur nationalité, leur religion, leur(s) langue(s) ? On peut effectuer un travail sur la manière dont l’identité de chacun est représentée, en particulier au travers des enfants. Voir ANNEXE 2 : fiche d’activité « identifier les individus », d’après un dossier d’accompagnement réalisé par Zéro de conduite-‐ Catherine Magistry, professeur d’histoire-‐ géographie Repères chronologiques : La Terre d’Israël, appelée « Eretz Yisrael » en hébreu, est considérée comme la terre sacrée du peuple juif depuis les temps bibliques. Entre la période des royaumes israélites et la conquête musulmane au VIIe siècle après J.-‐C., la Terre d’Israël tombe aux mains successives des Assyriens, Babyloniens, Perses, Grecs, Romains, Sassanides et Byzantins, entraînant des persécutions et fuites des populations juives en Europe. En 1516, sous le règne de Soliman le Magnifique, la Palestine fait partie intégrante de l’Empire ottoman, qui gouverne la région jusqu’au début du XXe siècle. En 1917, les Britanniques prennent le contrôle de la Palestine à la suite de la défaite de l’Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale. Dans les années 1920 est créée la Palestine mandataire, objet de négociations entre les forces en puissance (colonisatrices) pour l’établissement d’un « foyer national juif ». 1948 : L’Onu décide de la création de l’Etat d’Israël. Les conflits avec le monde arabe, et en particulier la Palestine, démarrent immédiatement. De nombreux processus de paix sont mis en place sous la supervision des organisations internationales de 1993 à 2000. En 2000, c’est le début de la seconde Intefada qui se poursuit jusqu’en 2012. 2014 marque une nouvelle vague de violences et de tensions. 11 4) La danse dans le film D’après un entretien avec Marielle Brun, inspectrice de l’éducation nationale et directrice de Passeurs de danse L’origine des danses de couple Les danses ont historiquement commencé à ouverte, traduit une certaine ouverture vers se constituer en danses collectives, avec les le monde extérieur. Les danses de couples se rondes puis les chaînes. Les rondes développent par la suite, elles évoquent un symbolisent le village, la communauté déplacement du noyau fondateur vers le protectrice et l’organisation par tribu ou couple. groupe. La chaîne, une ronde qui s'est Les codes de la danse de salon Les danses de salon sont des danses de « Dans le film, on voit que Pierre Dulaine couple, et donc nécessairement liés à la introduit une forme de réciprocité : lorsque le question du féminin et du masculin. L’homme garçon guide un tour, la jeune fille peut guide la femme dans les mouvements comme guider le suivant. De façon générale, le fait dans les déplacements. Les attitudes, que le garçon soutienne la jeune fille permet postures, ne sont pas forcément identiques, il à cette dernière d'effectuer des figures y a un rôle dévolu à chacun. Elles introduisent esthétiques qui la mettent en valeur. Pierre donc une dimension genrée. Pour autant, il Dulaine le dit très bien, il doit y avoir du ne faut pas voir quelque chose de négatif en respect et une mise en valeur réciproque des soi dans la différence des rôles. danseurs ». Marielle Brun Les règles mises en place par Pierre Dulaine « Pierre Dulaine propose un cadre contraignant qui s'appuie sur des éléments structurants. C'est ce cadre qui permet aux enfants d’accepter cette activité qui bouscule tous leurs repères. On pourrait trouver cela paradoxal par rapport à ce que l'on imagine de la danse : une activité placée sous le signe de la liberté, de l'art, de la créativité, de l'imaginaire. Pour autant, si l'on ne propose pas de cadre pédagogique fort, il est difficile de faire entrer tout le monde dans une leçon de danse ». Marielle Brun Les codes des danses de salon sont très 12 précis. Le garçon invite la fille ("puis-‐je avoir cette danse ?") avec un geste conventionnel, celle-‐ci doit accepter en répondant « avec plaisir » et en posant sa main dans la sienne. Ceci est un héritage du cadre du bal, un espace de liberté mais très surveillé pour les jeunes, public et donc soumis aux regards. « On peut voir dans le film comment Pierre Dulaine instaure un espace social du bal, par la façon dont il dispose les couples de danseurs tout autour d'un cercle. Il incarne ici le maître à danser, dans la pure tradition classique. Au XVIIe et XVIIIe siècle en France, lorsqu'on instaure la danse de cour, le maître à danser est le garant des codes de la danse : celui qui apprend et fait répéter les pas, qui scande la musique, qui garantit le respect des codes et des postures. On sait qu'au XVIIème siècle par exemple, les jeunes filles avaient des consignes très strictes sur la façon de tenir la main de leur partenaire. Si l'on offrait la main entière, cela signifiait que l'on était consentant à un éventuel développement de la relation au-‐delà de la danse. Si l'on touchait du bout des doigts, au contraire, on signifiait sa réticence ». Marielle brun Rencontre entre la culture orientale et occidentale La question de l'inter culturalité apparaît non séduction garçon/ fille, d’où la réticence de seulement au niveau religieux, mais certaines familles dans le film, pour qui également dans les différents styles de toucher implique mariage. Pierre Dulaine danse. La danse orientale, évoquée dans le relate ainsi : « le plus compliqué fut de film, s’éloigne totalement des danses de convaincre les parents palestiniens, car salon. C’est une danse féminine, avec une culturellement, les filles ne dansent pas avec valeur de séduction à distance, d’où est les garçons et, en plus, le projet allait être absente la fonction du toucher. filmé. Mais parce que je parle arabe avec un L’introduction du rapprochement entre les accent palestinien un rapport de confiance corps est bien évidemment celle d’un jeu de s'est progressivement installé ». 13 Les problématiques mises en lumière Certaines problématiques sont universelles, car le film, au-‐delà de son contexte sensible, propose un regard touchant sur le monde de l’enfance et sur l’humanité en général, avec pudeur et espoir. Certaines questions spécifiquement liées à la danse et son enseignement se retrouvent d’autre part dans le film. Pour Marielle Brun, ainsi, l’entrée dans la danse est l’un des enjeux des premières séquences avec les enfants : « la première leçon est la plus L’enseignement de la danse en France Marielle Brun : « L'enseignement de la danse en France est centré sur l'invention, l'expression de l'individualité au sein de la création collective. On met en relief une danse qui vise à émanciper, à ce que chacun puisse trouver son propre mode d'expression artistique. C'est pour cela que les programmes prennent pour référence la danse moderne et contemporaine, tout en Les danses de salon Pierre Dulaine, dans ses Dancing classrooms enseigne plusieurs types de danses de salon : foxtrot, rumba, merengue, swing et tango de salon (différent du tango argentin). Le terme générique « danses de salon » est utilisé avant 1950 pour désigner l’ensemble des danses pratiquées dans les bals et les difficile, car si on la rate, les élèves risquent de rejeter l'activité. Dans les sports collectifs, l'entrée est facilitée par le jeu, les apprentissages techniques ne viennent qu'ensuite. Dans la danse on est obligé de construire et de mettre en place un cadre et des règles ». Il y a aussi le passage d’un apprentissage purement technique, (le rythme, le geste) à une valeur esthétique du mouvement, qui va « faire » la danse en elle-‐même. gardant la possibilité de s'inspirer de styles différents. Par conséquent, les élèves acquièrent des compétences méthodologiques mais ne partagent pas de patrimoine gestuel commun. Or c'est ce patrimoine commun qui permet le partage et la rencontre ». salons qu'elles soient collectives ou à deux, elles sont souvent une évolution de danses folkloriques, venues d’Europe de l’Est (polka), de France (java), d’Espagne (paso doble), des pays anglo-‐saxons (fox-‐trot), de Cuba et du Brésil (rumba) ou de l’Argentine (tango). 14 Les « danses anciennes et classiques » ou «danses historiques » regroupent : la polka, l'ostendaise, la berline, la landaise, la badoise, la gigue, la gavotte, le quadrille, la marche, la mazurka, la scottish, la valse, le pas de quatre… Sous l'appellation « danses modernes », on trouve le one-‐step, le slow fox ou foxtrot, le quickstep, le tango, le boston, la valse anglaise, le paso-‐doble, la rumba. La danse se décompose en : -‐ Un « pas de base » qui est uniquement généré par les jambes. Ce pas de base est généralement calé sur la musique (3 temps pour la valse, 4 temps pour le paso doble, 8 pour le lindy…). -‐ Des mouvements de corps, appelés « passes» ou « enchaînements », guidés par un des danseurs. Ces mouvements commencent sur le premier temps du pas de base et s'étalent généralement sur toute sa durée. -‐ Une posture, un style adapté à la danse. 15 En classe : Avant le film : Découverte des différents types de danse dans le monde VOIR ANNEXE 3 : activité « danses du monde » Après le film : Quelles sont les règles/ codes des danses de salon ? Quelle est la différence entre la danse orientale et la danse de salon ? Les enfants ont-‐ils l’habitude de danser ce type de danse ? Est-‐ce une danse qui te plaît ? On peut aussi regarder davantage de types de danses de salon : Dans des films de fiction Ballroom dancing de Baz Lurhman : https://www.youtube.com/watch?v=08E8-‐Am95mE Shall We Dance ? de Peter Chelsom : https://www.youtube.com/watch?v=tqLh6rQqkoA Dirty dancing d’Emile Ardolino, (mambo) : https://www.youtube.com/watch?v=luuJSeK5-‐T8 Ou dans l’émission très connue Danse avec les stars : Quickstep : https://www.youtube.com/watch?v=YRarfR8FBis Salsa : https://www.youtube.com/watch?v=Hkxwz4jsHKg 16 5) Un documentaire Un documentaire peut être un documentaire de création, reposant sur la vision d'un auteur et proposant une lecture créatrice du réel, ou encore un documentaire de type informatif ou didactique (historique, social, animalier). Il peut être conçu pour la radio, la littérature, la télévision ou le cinéma comme c’est le cas de Dancing in Jaffa. Le contexte socio-‐historique et géographique a une grande importance. La ville de Jaffa est un des personnages principaux du film : cette juxtaposition d’édifices anciens et moderne, cette dichotomie entre quartiers délabrés et demeures confortables, reflètent les antagonismes de la population et la ségrégation sociale. Elle est en elle-‐même un objet esthétique, de par la présence de la mer et son hétéroclisme urbain. Les premiers plans du film suivent ainsi le retour de Pierre Dulaine à Jaffa, la découverte de sa maison d’enfance. Ce procédé cinématographique Cette dimension du rire est essentielle. Loin d’aborder les choses sous l’angle du pathos, le documentaire adopte au contraire un ton léger en choisissant de s’attacher à l’espoir et de multiplier les scènes positives, de jeux, de rencontres. Celles-‐ci deviennent de plus en plus présentes au fur et à mesure du film, alors que le ton du début reste un peu plus grave. Il s’adresse à tous les publics, mais la réalisatrice a voulu que ce film puisse être vu permet d’ancrer Pierre dans sa ville et de lui donner la légitimité nécessaire pour intervenir auprès de ces populations sensibles. Un rapport émotionnel est de plus créé, le projet prend une valeur personnelle intime qui devient indissociable de celle plus symbolique. La ville est présente à divers moments, dans les manifestations -‐ qui parfois tournent mal, dans le cimetière où est enterré le père de Noor : la réalisatrice a choisi de replacer le destin de chacun dans un cadre global. Elle aurait très bien pu décider de rester dans l’univers clos de l’école ou du foyer des enfants : au contraire, elle les montre en prise avec le quotidien, fait de tensions et de violences. Pour elle : « Jaffa est un microcosme des aléas de la vie, représentant les profonds fossés qu’il faut combler par l’ouverture et la compréhension mutuelle — dans cas, à travers la danse et le rire ». par des enfants, grâce à sa dimension divertissante. Les choix esthétiques sont très marqués dans le film. En extérieur, la réalisatrice met en valeur les lumières dorées créées par le soleil. Un important travail est réalisé sur la profondeur de champ, qui permet de mettre en valeur certains enfants (dont les protagonistes) et d’observer les réactions des 17 jeunes danseurs face à Pierre Dulaine. « J’ai voulu être sûre que le film serait aussi cinématographique. Ça a eu une influence sur tout le processus de la réalisation depuis la décision de tourner avec un Canon 5D (ce qui donne de la profondeur de champ et un rendu cinéma) jusqu’au choix du style visuel décidé en production et qu’on a suivi au montage ». Enfin, le film prend ouvertement position pour la démarche de Pierre Dulaine et contre la guerre. Le militantisme reste cependant discret, aucune voix off ne vient nous asséner de vérités. « La grande délicatesse des sujets abordés était le plus grand défi de la réalisation du film. Il n’était pas facile de trouver le bon équilibre, la bonne manière de dire les choses et de bien choisir les images qui allaient représenter à la fois mon opinion et les évolutions des différents personnages tout en rendant audible leur voix personnelle ». 18 En classe : Avant et après le film : Travail en vocabulaire : objectivité/ subjectivité Un documentaire s’inspire d’une histoire vraie et reporte des faits réels. Pour autant, il n’est pas objectif, car il implique des choix de la part du réalisateur. Par exemple : Hilla Medalia a filmé pendant 500 heures, le film ne dure qu’1h30. Quels sont les choix évidents ? Pourquoi la réalisatrice a t-‐elle choisi de parler surtout de ces trois enfants Noor, Alaa et Loïs et moins des autres ? Ils condensent son propos sur les différences culturelles et la réussite de l’expérience. Après le film : Montrer un extrait du film Take the lead (par exemple la scène pendant laquelle Pierre fait une démonstration de tango aux enfants new-‐yorkais) et expliquer la différence entre fiction et documentaire. https://www.youtube.com/watch?v=E6VvR3hkePI Comment est montrée la démonstration de Pierre Dulaine et sa partenaire dans Dancing in Jaffa ? Comment est filmée la même séquence dans Take the lead ? On peut souligner les « effets » exagérés de la fiction : la salle est un sous-‐sol humide, Antonio Banderas et sa partenaire sont costumés et très maquillés, il y a beaucoup de gros plans sur des parties du corps, permettant de souligner l’aspect sensuel du tango. Dans le documentaire, on insiste sur le mouvement global et la réaction des spectateurs, moins démonstrative que dans la fiction. Les contrastes sont moins forts, et donc plus proches de la réalité. 19 La même scène dans Dancing in Jaffa et Take the lead 20 II/ QUELQUES ÉLÈMENTS DE CULTURE CINÉMATOGRAPHIQUE 1) Une brève histoire du cinéma 1891 : l'Américain Thomas Edison invente le kinétoscope 1892: Emile Reynaud invente le Théâtre optique, ancêtre du dessin animé 1895 : les Lyonnais Louis et Auguste Lumière créent le cinématographe 1897 : L’entrée en gare du train de la Ciotat, des frères Lumière, provoque l’émoi des spectateurs, persuadés que le train va percer l’écran ! 1906 : le 1° long-‐métrage, The Kelly Gang est réalisé par Charles Tait, australien 1915 : Naissance d'une nation de D. W. Griffith marque les débuts du cinéma classique 1922 : The Toll of the Sea est le premier film en couleur (Technicolor bicolore) 1927 : Le chanteur de jazz, est le premier film parlant 1935 : le film Becky Sharp voit l’apparition du Technicolor trichrome. 1946 : le Festival de Cannes fête sa première édition 2000 : Le cinéma numérique fait ses débuts 2) Le vocabulaire de l’analyse filmique Angle de prise de vue : point de vue selon lequel le plan est filmé. Cadre : partie de l’espace visuel enregistré et apparaissant à l’écran. Contre-‐plongée : prise de vue du bas vers le haut. Dramaturgie : étude de la composition d’un film, de la façon dont l’histoire est racontée. Ellipse temporelle : omission d’une période de temps, ce qui permet d’accélérer le récit. Fondu enchaîné : surimpression d’une ouverture et d’une fermeture de plans (une image disparaît pendant que la suivante apparait). Hors-‐champ : action se déroulant hors du champ de la caméra (action non visible à l’écran). Intertitre (ou carton) : texte d’explication ou de dialogue inséré entre deux plans, en général dans le cinéma muet. Panoramique : mouvement de rotation de la caméra sur elle-‐même. Plan : morceau du film enregistré au cours d’une même prise. Gros plan : cadrage du visage d’un personnage. Plan rapproché : cadrage d’un personnage en buste. Plan américain : cadrage d’un personnage à mi-‐cuisse. Plan moyen : cadrage d’un personnage de la tête aux pieds. Plan de demi-‐ensemble : cadrage d’un personnage avec des éléments du décor. Plan d’ensemble : cadrage couvrant la totalité du décor et les personnages qui s’y trouvent. 21 Plan de très grand ensemble : le personnage apparaît minuscule, voire invisible, au regard de l’immensité du décor (exemple : plan montrant une ville en vue aérienne). Plongée : prise de vue du haut vers le bas. Travelling : déplacement latéral ou avant-‐arrière de la caméra. La caméra est souvent placée sur des rails ou une voiture en mouvement. Séquence : ensemble de plans ayant une unité de lieu ou d’action. Surimpression : superposition de deux images. Synopsis : résumé du scénario d’un film Zoom : objectif donnant l’impression de se rapprocher de l’objet. 22 ANNEXES ANNEXE 1 : Ma fiche film (fiche à imprimer et compléter recto-‐verso) ANNEXE 2 : IDENTIFIER LES INDIVIDUS (fiche à imprimer et compléter) ANNEXE 3 : DANSES DU MONDE ANNEXE 4 : EXTRAITS DE PRESSE 23 MA FICHE FILM Titre : DANCING IN JAFFA Réalisatrice : Hilla Medalia Genre : Documentaire de cinéma Lieu : Bibliothèque de l’Alcazar Date : Jeudi 19 mars 2015 à 14h «UN FILM TOUCHANT, UN SUJET FORT.» ARTE «SENSIBLE, ÉMOUVANT ET INTELLIGENT.» ELLE ent. ELLE création affiche : Luc Barrois/Pretty Pictures - Impression : Ouest Affiches Un avec Pierre Dulaine un film de Hilla Medalia TIARA BLU FILMS ET KNOW PRODUCTIONS PRÉSENTENT EN ASSOCIATION AVEC JA-TAIL PICTURES WARRIOR POETS SHINE GLOBAL & BABY GEORGE PRODUCTIONS “DANCING IN JAFFA“ DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE DANIEL KEDEM MONTAGE PHILIP SHANE BOB EISENHARDT A.C.E MUSIQUE KRISHNA LEVI ISSAR SHULMAN ÉCRIT PAR DAN SETTON PRODUCTEURS EXÉCUTIFS MORGAN SPURLOCK & JEREMY CHILNICK LA TOYA JACKSON & JEFFRÉ PHILLIPS NIGEL LYTHGOE PRODUCTEURS EXÉCUTIFS DAN SETTON J. ARNHOLD ROBERT MACHINIST JONATHAN SHUKAT CO-PRODUCTEUR EXÉCUTIF SYDNEY HOLLAND PRODUIT PAR DIANE NABATOFF NETA ZWEBNER-ZAIBERT HILLA MEDALIA RÉALISÉ PAR HILLA MEDALIA DISTRIBUÉ PAR PRETTY PICTURES 24 L’histoire : Dancing in Jaffa est une histoire vraie. Pierre Dulaine, champion du monde de danses de salon, va faire danser des enfants dans sa ville natale, Jaffa, en Israël. Ce pays est en guerre depuis longtemps avec la Palestine. La plupart des israéliens sont de religion juive et les palestiniens sont surtout musulmans. À Jaffa, ils vivent ensemble avec beaucoup de tensions. Pierre va faire danser ensemble des enfants israéliens et palestiniens. Les personnages principaux : Pierre Dulaine est champion du monde de danses de salon (tango, rumba, swing, merengue, fox-‐trot et beaucoup d’autres). Il adore apprendre la danse à des enfants, surtout ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir en faire. Loïs va à l’école juive. Elle vit seule avec sa maman. Elle vient d’un milieu aisé (sans problème d’argent). Elle adore la danse et n’a pas du tout peur de danser. Son partenaire dans le film est Alaa. Alaa est palestinien et musulman. Il vient d’une famille pauvre. Le reste de sa famille vit dans la bande de Gaza, où il y a la guerre et où il ne peut pas aller. Il est timide et la danse l’aide à avoir confiance en lui. Noor est aussi palestinienne et musulmane. Son papa est mort pendant la guerre. Elle n’a pas beaucoup d’amis. La danse va l’aider à rencontrer les autres. Quel personnage est mon préféré ? Pourquoi ? ……………………………….……………………………….……………………………….……………………………….……………… ……………….……………………………….……………………………….……………………………….………………………………. Ce que j’ai aimé : ……………………………….……………………………….……………………………….……………………………….……………… ……………….……………………………….……………………………….……………………………….………………………………. Ce que je n’ai pas aimé : ……………………………….……………………………….……………………………….……………………………….……………… ……………….……………………………….……………………………….……………………………….………………………………. 25 ANNEXE 2 : IDENTIFIER LES INDIVIDUS 26 ANNEXE 3 : DANSES DU MONDE 27 ANNEXE 4 : EXTRAITS DE PRESSE Aucun commentaire, mais des petits cartouches sur la situation politique et sociale de la ville, ainsi que sur chacune des cinq écoles approchées par le "maître de danse". C'est clair, limpide et, du coup, instructif. C'est aussi prenant qu'une fiction. Tout en suivant Dulaine pas à pas (la moindre des choses, vu le sujet), la réalisatrice transmet ses doutes, ses joies, ses colères, ses déceptions... L’Express La portée symbolique du sujet du film traduit un didactisme évident dont l’objectif est de faire réfléchir les plus jeunes spectateurs sur les fondements d’une intolérance que leurs communautés respectives cultivent. L’intention est à priori d’autant plus louable que la question politique est ici prise de biais, en prenant pour nouvel espace géopolitique une simple piste de danse. Chacun y redevient l’égal de l’autre et l’enjeu du conflit est ramené à hauteur d’enfant. Dancing in Jaffa parvient à produire quelque chose d’intéressant, notamment lorsqu’il s’intéresse au parcours d’une jeune élève arabe, un peu boulotte et maladroitement agressive avec ses camarades. On ressent chez elle une authentique blessure qui trouve un écho troublant lorsque sa mère l’emmène à une manifestation pro-‐palestinienne qui dégénère. À ce court instant, le film semble tenir la disproportion à laquelle on confronte la jeune génération en ne lui offrant rien d’autre qu’une tension permanente pour cadre de vie. Par ce jeu de double échelle, on mesure alors à quel point la démarche de Pierre Dulaine n’a pas d’autre objectif que de ramener les enfants dont il a la charge à une discipline du corps et des gestes qui devient ici source de plaisir. Critikat Des tournois de foot et des cours de danse, il y en a eu beaucoup entre Israël et la Palestine : ça attendrit le public occidental, mais après soixante ans de conflit, une certaine amertume gagne ces initiatives “à valeur de symbole”, de “main tendue”, etc. Une amertume qui obscurcit Dancing in Jaffa, sans tout à fait l’anéantir. Il reste un joli petit docu sur l’apprivoisement, avec ses hésitations, ses entrechats et son dénouement un brin fleur bleue Les Inrocks Sans verser dans l'optimisme béat, la réalisatrice donne quelques raisons d'espérer : comme les pas de rumba, il est possible que la paix s'apprenne, un jour... Télérama 28 FESTIVAL DE MARSEILLE- 19 EDITION Les productions effectuées au sein des classes et les réactions de nos jeunes spectateurs nous intéressent. N’hésitez pas à nous en faire profiter. Par courrier à : Aurore Frey Festival de Marseille 17 rue de la République 13002 Marseille Par mail à : [email protected] 29